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1356 - Du 10 au 16 juillet 2020 © Photo DR Le Chef du gouvernement avait promis des investissements supplémentaires pour relancer l’économie. Mais il n’en sera rien, au final. PROJET DE LOI DES FINANCES RECTIFICATIVE Prix : 15 Dhs Marocains bloqués en Turquie: Immersion au cœur d’un séjour “forcé” DE QUI SE MOQUE EL OTHMANI?

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DR

Le Chef du gouvernementavait promis desinvestissements supplémentairespour relancerl’économie. Mais il n’en sera rien, au final.

PROJET DE LOI DES FINANCESRECTIFICATIVE

Prix : 15 Dhs

Marocains bloqués en Turquie: Immersion au cœur d’un séjour “forcé”

DE QUISE MOQUEEL OTHMANI?

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Absents de la scène depuis le début de la pandémie du Covid-19 au Maroc, les artistes de la place Jamaa El Fna ont pu retrouver les Marocains à travers un Live organisé en ligne. Quatre heures de vidéo en direct sur Facebook ont été consacrées aux arts de la Halka.La rencontre a été animée par un plateau d’artistes, d’acteurs culturels et d’experts dans un élan de solidarité artistique reliant le passé au présent, à l’horizon de la reprise de la fonction artistique de la place historique Jamaa El-Fna.À travers “Jamaa El Fna en live”, les anciens de la Halka, ainsi que les jeunes et artistes contemporains ont permis de retracer l’histoire, le

présent et le futur de cet art tant apprécié par les Marocains et les étrangers. Transmission de savoir, et partage d’expériences positives, les artistes ont pu communiquer à coeur ouvert avec les internautes, qui à leur tour, ont démontré leur amour et leur respect à travers les interactions en commentaires. L’intégralité de l’événement est disponible sur Marrakech demain sur Facebook l

A chacun sa cause. Si certains se battent pour des aides financières en ces temps de crise sanitaire, d’autres ne

cherchent que de l’eau potable pour subsister. Depuis lundi 6 juillet 2020, de par le Maroc, des habitants de douars de Taounat et de la province de Benslimane (Sidi Bettache), comme dans le sud du Maroc, notamment dans la zone de Zagora, privés d’eau potable, ont manifesté pour faire entendre leurs voix et inciter les responsables locaux à leur trouver une solution urgente. Chaque année, surtout en été, la colère des populations touchées par les pénuries d’eau rappelle que le Maroc est confronté à un stress hydrique élevé. Une situation qui ne fait qu’empirer d’année en année. Et les annonces rassurantes du gouvernement ne rassérènent personne. Et malgré la feuille de route royale, les pénuries d’eau continuent. Pour rappel, pour anticiper les situations de pénurie, le Roi a fait établir, en juin 2018, une feuille de route ordonnant au gouvernement d’activer des mesures d’urgence (creusement de nouveaux puits, édification rapide de barrages, stations de dessalement, envoi de camions-citernes dans les zones touchées

…). Deux ans après, c’est le statu quo. Et la colère des populations concernées ne fléchit pas. Bien au contraire. Face à l’atermoiement du gouvernement, le Maroc risque de voir naître une «révolution de la soif». Les «manifestations de la soif» se multiplient. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) en avait parlé. Il a alerté sur ce problème, en rappelant que «la demande en eau est aujourd’hui supérieure à la quantité disponible en ressources annuelles renouvelables d’eau douce». Au niveau international, un pays est considéré en situation de pénurie hydrique lorsque la disponibilité en eau est inférieure à 1.000 m³/habitant/an. Au Maroc, cette part est de 650 m³/habitant/an. Cette situation devra s’aggraver à l’horizon 2030 puisqu’elle va passer à moins de 500 m³.Les changements climatiques, qui auront un impact considérable sur le Maroc, devraient provoquer la disparition de 80% des ressources d’eau disponibles dans les prochaines 25 années. Pourtant, la surexploitation des ressources hydriques se poursuit. Les pouvoirs publics «sont dans l’incapacité de mettre en place des moyens de contrôle efficaces», conclut le CESEl

La grogne des habitantsdes douars de Taounat et Benslimane

“Jamaa El Fna en live”, une expérience qui a ravi les Marocains

HALKA Pénurie d’eau potable

M.K.LBS

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L e Conseil économique, social et environnemental (CESE) a présenté son avis intitulé «Accélérer la transition énergétique

pour installer le Maroc dans la croissance verte», qui propose les fondamentaux à même de soutenir la mise en place d’une nouvelle stratégie sous l’angle de la transition énergétique. S’exprimant à cette occasion, le président du CESE, Ahmed Reda Chami, a indiqué que le Maroc peut devenir «un champion du monde» dans le domaine des énergies renouvelables, mettant en avant le potentiel éolien et solaire «exceptionnel» dont dispose le Maroc. Il a, à cet égard, appelé à s’investir davantage pour accélérer le processus de la transition énergétique, rappelant les multiples acquis engrangés par le Royaume à travers sa stratégie énergétique adoptée en 2009. «Il s’agit maintenant d’aller plus loin et plus vite», a souligné Chami, qui a mis en relief les retombées «extrêmement positives» de l’accélération de la transition énergétique aussi bien sur les citoyens que sur les entreprises.Mettant en avant, grâce à cela, la baisse de la dépendance énergétique, il a indiqué que «D’abord notre dépendance énergétique va vraiment baisser pour atteindre un taux qui peut aller jusqu’à 17% en 2050», a-t-il relevé. Ahmed Reda Chami a également mis en avant les avantages des opérations de dessalement de l’eau de mer et a appelé à développer la mobilité électrique. Il a également déclaré que «l’exploitation de ces différents gisements serait à même d’ériger le Maroc en tant qu’exportateur de l’énergie soit

électrique ou sous forme d’hydrogène vers l’Europe principalement», ce qui va renforcer «notre position géostratégique avec ce partenaire extrêmement important».Pour sa part, Abdellah Mouttaqi, rapporteur du thème, «Accélérer la transition énergétique pour installer le Maroc dans la croissance verte» a indiqué lors d’un atelier de restitution dédié à la présentation de cet avis, que «cette stratégie doit en définitive, permettre de bien gérer les impacts, en maitrisant et en minimisant les plus nocifs d’entre eux

et en maximisant les plus avantageux pour l’ensemble de la communauté. A cet effet, le CESE appelle pour l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages à augmenter la part de l’électricité verte dans le mix énergétique, à encourager la production décentralisée et la digitalisation des services énergétiques. Le CESE recommande en outre à retranscrire les engagements de l’ensemble des parties prenantes, au sein d’une Charte Nationale de la Transition Energétique l

Le Maroc compte s’installerdans la croissance verte

Transition énergétique

Réda BENADADA

Se drogueravec des effets sonores

La drogue numérique, ou e-drogue, est un procédé naturel qui utilise des fréquences sonores spéci-

fiques capables de synchroniser les hémisphères droit et gauche du cerveau. Débarquée aux Etats-unis, cette nouvelle drogue attire de plus en plus d’addicts, qui banalisent son effet. La e-drogue ne se fume pas, ne se sniffe pas et ne s’injecte pas. Il suffit d’avoir un casque, un bandeau sur les yeux, et une playlist “I-dose”, et le tour est joué. La drogue numérique agit à travers un mé-lange de fréquences sonores d’une durée de 15 à 30 minutes pour déclencher une sorte d’hypnose sonore, et donc un effet assimilé à celui causé par les drogues. Les fréquences sonores de la e-drogue sont composées des battements binau-raux, découverts en Allemagne en 1839. Le fait d’entrer deux sons de fréquence légèrement différente dans chaque oreille permet de produire un effet sur les ondes du cerveau, conduisant ainsi la personne à éprouver une détente profonde et rapide. Dans des dossiers consacrés à ce type de drogue, plusieurs médecins qui luttent contre toutes les formes d’addic-tions, affirment que la e-drogue constitue un vrai danger pour la santé. En Turquie 2.000 cas sont traités pour dépendance à la e-drogue, la plupart des adolescents l

DANGER

Lors d’une rencontre virtuelle, jeudi 9 juillet 2020, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a appelé à mettre en place une nouvelle stratégie dont les fondamentaux permettraient d’accélérer la transition énergétique et installer le Maroc dans la croissance verte.

Ahmed Reda Chami.

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Un total de 231 projets d’un investissement global de 1,7 milliard de dirhams sont en cours de réalisation dans le cadre du programme relatif à la lutte contre les disparités territoriales et sociales en milieu rural 2016-2020, dans la région de Fès-Meknès.Ces projets se répartissent entre les routes et les pistes rurales, l’électrification du monde rural, le raccordement à l’eau potable et les secteurs de la santé et de l’éducation, selon des données présentées à l’occasion de la session ordinaire de juillet du conseil régional de Fès-Meknès.167 projets, d’une valeur budgétaire de 1 milliard de dirhams, sont réalisés par le Conseil régional ou l’Agence régionale d’exécution des projets, avec un taux d’engagement de 65%. Les projets restant sont en cours de réalisation par les départements partenaires ou les collectivités locales pour un coût global de 640 millions de dirhams.

A près avoir réalisé des grands projets d’infrastructure comme le TGV, le port Tanger Med ou encore le complexe Noor, voilà que le Maroc est en train d’ajouter une voie express qui s’étend sur 1.000 kilomètres dans le sud du Maroc. Cette route exceptionnelle, à

double voie, a aussi une dimension continentale qui lui confère une portée stratégique indéniable. Projet titanesque, ce chantier a fait l’objet d’une convention de partenariat signée devant S.M. le Roi Mohammed VI à Laâyoune en 2015, dans le cadre du nouveau modèle de développement des provinces du sud.Avec un impact direct sur le quotidien d’une population de plus de 2,2 millions d’habitants, répartie sur 10 provinces du Sud marocain, le chantier se décline en deux composantes: Dédoublement de la route nationale No 1 entre Tiznit et Laâyoune sur 555 km, et élargissement à 9m de la voie entre Laâyoune et Dakhla sur une distance de 500 km. Son financement est assuré par l’Etat et les quatre régions concernées (Laâyoune-Sakia El Hamra, Guelmim-Oued Noun, Dakhla-Oued Eddahab et Souss-Massa) à hauteur de 8,5 milliards de dhs, auxquels il faut ajouter plus d’un milliard de dirhams pour le projet de contournement ouest de la ville de Laâyoune sur 7 km et le franchissement de l’Oued Sakia El Hamra l

Des projets pour 1,7 milliardde dirhams pour Fès-Meknès

La voie express Tiznit-Dakhla avance à grands pas

L’affaire fait la Une des journaux allemands dont le prestigieux tabloïd Bild, qui rapporte une information explosive dans son édition du vendredi

10 juillet 2020. Il s’agit de la découverte d’un espion de nationalité égyptienne qui travaille dans l’entourage de la chancelière allemande, Angela Merkel. Le suspect est un collaborateur de l’office de presse et de communication fédéral dont le chef, Steffen Seibert, est le porte-parole du gouvernement allemand depuis 2010.L’espion aurait, selon le ministère de l’intérieur allemand, travaillé au profit d’un service de renseignement égyptien pendant plusieurs années. Si elle a été révélée par la presse allemande, l’information émane, en fait, de l’office de protection de la constitution, qui dépend du ministère de l’Intérieur. L’arrière-plan de cette mission d’espionnage n’est pas encore officiellement connu mais une enquête est

actuellement ouverte par la police allemande. La presse allemande rapporte que les services secrets égyptiens sont très actifs sur le territoire allemand pour collecter des informations sur les opposants au régime du président, Abdelfattah Al Sissi, en particulier les quelques 1300 frères musulmansl

Un espion égyptien dans l’entourage d’Angela Merkel

A.A.

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Pour qui roule Amnesty International ?

On a rarement vu le gouverne-ment marocain engager un bras-de-fer ouvert avec une organisation internationale.

Connu historiquement pour être respec-tueux des institutions internationales, le Maroc ne se laisse pourtant jamais mar-cher sur les pieds lorsqu’il s’agit de dé-fendre ses intérêts supérieurs. C’est le cas notamment de cette brouille diplomatique sévère avec Amnesty International qui, il faut bien le dire, s’est hasardée à réali-ser un rapport, diffusé le 22 juin 2020, où elle accuse gratuitement le Maroc, sans preuves tangibles, d’espionnage sur le té-léphone du journaliste Omar Radi, grâce

La fermeté des autorités marocaines face aux manœuvres d’Amnesty International n’a surpris personne. Pour beaucoup d’experts internationaux, le Maroc est dans son droit d’exiger une réponse dans les règles de l’art.

LE MAROC EXIGE DES PREUVES MATÉRIELLES PAR RAPPORT AUX GRAVESACCUSATIONS PORTÉES CONTRE LUI

LES RAPPORTS D’AMNESTY SONT

DICTÉS PAR UN AGENDA SANS LIEN AVEC LES

DROITS DE L’HOMME.

Aissa AMOURAG

à la technologie avancée d’une société israélienne, NSO. Alors qu’Amnesty In-ternational persiste et signe en affirmant avoir envoyé les preuves de son accusa-tion via la directrice régionale de l’ONG pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, le Maroc rejette cette réponse et maintient ainsi son offensive en demandant des ré-ponses officielles au Secrétariat général de l’ONG basée à Londres. Une lettre a été adressée, le 1er juillet, par le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, à la Secrétaire générale adjointe d’Amnesty, Julie Verhaar, dans laquelle il exige des explications convaincantes et des preuves matérielles sans faille. La fermeté des au-torités marocaines face aux manœuvres

d’Amnesty International n’a surpris per-sonne. Pour beaucoup d’experts interna-tionaux, le Maroc est dans son droit d’exi-ger une réponse dans les règles de l’art.Cette fermeté a été vivement exprimée par le gouvernement marocain, à travers trois ministres qui se sont expliqués devant les médias, le 2 juillet, à la suite d’un conseil du gouvernement tenu le même jour. Il s’agit ainsi du porte-parole du gouvernement, Saïd Amzazi, de ses homologues Nasser Bourita, ministre des affaires étrangères, et Mostafa Ramid, ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme.

Mauvaise foiLes trois responsables affirment que le Maroc prendra les mesures nécessaires pour défendre sa sécurité nationale, ainsi que pour éclairer l’opinion publique na-tionale et internationale au sujet de ces allégations rejetées. Le Maroc étend son rejet aux derniers rapports d’Amnesty In-ternational, étant donné qu’ils sont dictés par un agenda n’ayant aucun lien avec la défense des droits de l’Homme en tant que valeurs universelles, citant, à cet effet, ses deux rapports publiés en octobre 2019 et en juin 2020, lesquels vont sciemment à l’encontre de l’histoire et des orientations de la communauté internationale qui ne cesse de saluer et d’apprécier les efforts et les initiatives du Maroc, notamment dans le domaine des droits de l’Homme. Concernant les graves accusations d’es-pionnage portées contre le Maroc, la mau-vaise foi dans la démarche alambiquée d’Amnesty International est manifeste. Si-non, pourquoi ses dirigeants ordonnent-ils, depuis leurs bureaux londoniens, à leurs collaborateurs installés à Tunis de ré-pondre au Chef de gouvernement d’un pays souverain, au lieu de le faire eux-mêmes? l

Une réuion au siège d’Amnesty à Rabat, jeudi 9 juillet 2020.

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L’excellence académique qu’in-carne l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) sera calquée ailleurs qu’à Bengué-

rir, par la naissance du sein même de cette université de prestige d’une Faculté de Gouvernance, des sciences économiques et sociales (FGSES) qui sera basée à Rabat dès la rentrée universitaire 2020-2021. Petit rappel, c’est en 2017 que le Roi Mohammed VI a inauguré le premier campus de l’UM6 à Benguérir. Depuis, l’UM6P a étendu sa présence au Maroc selon une logique de campus thématiques adaptés aux réalités économiques des régions et aux enjeux de développement du Royaume. Avec ce nouveau-né du monde académique, les for-mations et la recherche à l’UM6P couvrent ainsi les domaines suivants: la Faculté de Gouvernance, des Sciences Économiques et Sociales (Rabat), Administration des af-faires, intelligence collective et coaching au sein de l’Africa Business School (Rabat

étudiants prennent le temps d’élaborer des solutions pertinentes, adaptées aux spé-cificités nationales et continentales, ainsi qu’aux évolutions sociales et géopolitiques, et applicables localement. L’ambition étant de comprendre et anticiper les enjeux géo-politiques internationaux, concevoir des modèles de développement économique et social pour le continent, analyser les évolu-tions de la société et participer au décloi-sonnement des savoirs.

Formation individualisée Pour y arriver, la faculté implémente une pédagogie innovante, comme le «learning by doing», méthode éprouvée à l’interna-tional, en permettant aux étudiants d’ap-prendre de manière active, afin de dévelop-per leur capacité à apporter des réponses nouvelles aux défis contemporains, voire à formuler les nouvelles questions qu’il convient. Dans des Policy Lab, des solutions pouvant déboucher sur de nouvelles poli-tiques publiques sont co-construites par les étudiants et les principaux bénéficiaires de ces politiques. Tout au long de sa forma-tion, l’étudiant est au cœur du dispositif d’apprentissage, il est responsabilisé, invi-té à développer son autonomie, son ouver-ture sur l’autre, et bénéficie de formations individualisées.L’université est ainsi un laboratoire du sa-voir, où la co-création est bâtie sur la base de l’expérimentation. «Dans un monde de plus en plus connecté, dominé par la technologie, l’université défend un projet humaniste, en mettant à profit cette tech-nologie pour créer, échanger, interagir et élargir nos savoirs», éclaire-t-on du côté de l’UM6P l

puis Casablanca dans un second temps), Sciences fondamentales, recherche ap-pliquée et coding (Benguérir), Chimie et biochimie (El Jadida), Agriculture biosa-line et caractéristique des zones arides (Laâyoune).La FGSES enrichira donc cette offre par un enseignement en relations internationales, sciences politiques, économie et sciences sociales comportementales et de ce fait, elle contribuera à former les leaders de de-main, aptes à définir et appliquer des poli-tiques publiques plus efficientes et au plus près des attentes des populations.«La Faculté assume un point de vue venu du Sud, de manière à appréhender les problématiques telles qu’elles se posent sur le terrain et à y apporter des réponses adéquates. Il s’agit également pour les étudiants d’apporter une contribution per-tinente à la résolution des grands défis de notre temps», explique l’équipe pédago-gique de la faculté. Dans cette faculté, les

L’excellence académique, de Benguérir à Rabat

L’UM6P DÉVELOPPE L’ÉCOLE DES POLITIQUESPUBLIQUES DE DEMAIN

Dès la rentrée universitaire 2020-2021, Rabat accueillera la Facultéde Gouvernance, des Sciences Économiques et Sociales (FGSES)

de l’Université Mohammed VI Polytechnique, un nouveau campusspécialisé dans les champs disciplinaires au cœur des questions

des politiques publiques.

M. KABBAJ

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C’ est ce qu’on appelle, dans le jargon de la comptabili-té, un jeu d’écriture. Mar-di 9 juillet, le ministre de l’Education, porte-parole

du gouvernement, Saïd Amzazi, annonçait la mobilisation de 15 milliards de dirhams (MMDH) au titre du projet de loi des finances rectificative (PLFR) en faveur de l’économie nationale pour l’aider à surmonter la crise due à la pandémie de Covid-19 qui frappe le monde depuis plusieurs mois. Sauf que les détails de ce projet, révélé le lendemain sur le site du ministère de l’Économie et des Finances, disent autre chose: s’il est bien question de 15 MMDH “pour accélérer la redynamisation de l’économie nationale”, ceux-ci ne participent cependant pas d’un effort financier de la part du gouvernement mais procèdent plutôt d’une “réaffectation des dépenses d’investissement aux priorités stratégiques”.

Investissements en baisseQuelles priorités au juste? Le ministère de l’Économie et des Finances énumère les “projets en cours de réalisation notam-

ment ceux ayant fait l’objet de conventions signées devant Sa Majesté le Roi et ceux bénéficiant de financements extérieurs”, mais le fait est que, en réalité, l’investisse-ment public va se réduire de… 16 MMDH! En effet, celui-ci va passer de 198 MMDH à 182 MMDH seulement, et les 15 MMDH dont avait parlé M. Amzazi constituent plutôt des “investissements budgétaires” supplé-mentaires, comme le responsable l’avait, il est vrai, souligné -il fallait donc lire entre les lignes.

Engagements suspendusDans les détails, le budget général, les comptes spéciaux du Trésor (CST) et les services d’État gérés de manière autonome (SEGMA) se verront allouer 94,483 MMDH au lieu des 72,517 MMDH initialement pré-vus, soit 22% de ressources financières en plus à leur disposition, mais, en même temps, les établissements et entreprises publics (EEP) et les collectivités territoriales devront respectivement renoncer à respecti-vement 28,3% et 23% de leur budget, pour ne plus représenter entre eux que 87,517 MMDH, contre 120,695 MMDH au départ.

PROJET DE LOI DES FINANCES RECTIFICATIVE

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DE QUI SE MOQUEEL OTHMANI?Le Chef du gouvernement avait promis des investisse-ments supplémentaires pour relancer l’économie. Mais il n’en sera rien, au final.

Par Wissam EL BOUZDAINI

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Saâd Eddine El Othmani. s

L’ÉTAT S’ASTREINDRA À SE SERRER LA CEINTURE POUR LES DEUX

ANNÉES À VENIR.

Or ces EEP et ces collectivités ter-ritoriales jouent également un rôle essentiel dans le fonctionnement de la machine économique par le biais de la commande publique. En fait, et sans vouloir le dire, le gouverne-

ment Saâd Eddine El Othmani est bel et bien en train d’adopter un plan de sortie de crise austéritaire, comme pouvait le laisser deviner l’hypothèse d’un déficit budgétaire correspondant “seulement” à 7,5% du produit inté-

rieur brut (PIB) retenu dans le PLFR et qui déjà dans les milieux écono-miques, à sa sortie dans les médias, avait interpellé à plus d’un titre.Cela est-il d’ailleurs vraiment pour surprendre? Car il faut rappeler que déjà, le 6 avril, l’Exécutif était en passe de suspendre les engage-ments de dépense. M. El Othmani se contentera de faire parvenir, huit jours plus tard, une circulaire aux ministres, ministres délégués, hauts-commis-saires et au commissaire général les incitant à réduire d’eux-mêmes la voilure, et pour cause: dès lors que les intentions de son gouvernement et surtout de son ministre de l’Écono-

mie et des Finances, Mohamed Ben-chaâboun, avaient été ébruitées dans les médias, la levée de bouclier avait été immédiate à son encontre.Son propre ministre de l’Agriculture et par ailleurs président du Rassem-blement national des indépendants (RNI), Aziz Akhannouch, prendra même la plume le 13 avril pour publier une tribune taxant “ceux qui prônent aujourd’hui une politique d’austérité [de faire] une grossière erreur”. Mais ce n’était donc que partie remise.

“Une grossière erreur”Et on sait d’ores et déjà que l’État s’astreindra à se serrer la ceinture non seulement pour ce qui reste de cet exercice, mais aussi pour les deux années suivantes, puisque M. El Othmani a officiellement fait geler, le 1er juillet, les recrutements dans la

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LE PROJET DE LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE DONNE L’IMPRESSION DE

SORTIR DES CARTONS DU FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL.

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fonction publique jusqu’à fin 2022 au minimum, en dehors des postes rele-vant du ministère de l’Intérieur, celui de l’Éducation nationale et celui de la Santé. A presque se demander si le PLFR n’a pas été concocté par les soins du Fonds monétaire internatio-nal (FMI), tellement le projet donne l’impression de sortir des cartons de l’institution de Bretton Woods.

Le dirham ébranléA cet égard, il y a lieu de rappeler que le Royaume doit désormais à

cette dernière quelque 2,97 milliards de dollars, après avoir tiré, le 7 avril, sur la totalité de la ligne de précau-tion et de liquidité (LPL) qu’il avait souscrite auprès d’elle en décembre 2018; en échange de quoi le gouver-nement El Othmani devra consentir, à l’avenir, à davantage de concessions ou “réformes”, comme on aime à les appeler pour faire passer la pilule. Ainsi, c’est au titre de ces conces-sions que par exemple la décision relative à l’arrêt des recrutements dans la fonction publique a été prise,

puisque M. Benchaâboun et le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdella-tif Jouahri, au moment de solliciter la LPL fin novembre 2018, s’étaient engagés à limiter la masse salariale à 10,5% du PIB maximum-ce qui de-vient intenable dans une économie qui enregistrera, au bas mot, 5% de récession.Dans le même sens, l’élargissement de la bande de fluctuation du dirham, entamé en janvier 2018, devrait être accéléré, ce qui ne devrait pas être sans conséquence: on l’a vu, la der-nière décision en la matière, en date du 9 mars, de fixer ladite bande à ±5% au lieu de ±2,5% auparavant a failli amener à une véritable catas-trophe, dans la mesure où, fin mars, la monnaie nationale s’était d’ores et déjà dépréciée, selon les statistiques de BAM, de 4,56% face au dollar et de 3,40% face à l’euro.Et c’est justement pour parer à cette chute que MM. Benchaâboun et Jouahri s’étaient vus obligés… de re-courir à la LPL. Certes, on dira que le dirham se serait mieux comporté n’était la pandémie de Covid-19, ce qui est indéniable, mais qu’est-ce qui peut, demain, prévenir un effon-drement de son cours à la prochaine crise, car il y en aura toujours? Enfin, si, pour l’heure, le PLFR écarte toute opération de privatisation d’ici fin dé-cembre, il y ouvre toutefois la voie pour 2021 et 2022.

La leçon de la SAMIRCe qui ne saurait forcément être per-tinent: le sort que connaît actuelle-ment la Samir est là pour le rappeler. Ainsi, la société en est venue à être liquidée, dans la première moitié de l’année 2016, par la justice, moins de vingt ans après avoir été cédée au groupe saoudien Corral; or il s’est no-tamment avéré, suite au krach pétro-lier du 20 avril (jusqu’à -38,94 dollars sur la bourse de New York), qu’elle était importante pour le Maroc pour garder des stocks d’hydrocarbures Mohamed Benchaaboun répondant aux interventions des députés membres

de la commission des finances à la chambre des représentants, le 10 juillet 2020.

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SI LE PLFR ÉCARTE TOUTE OPÉRATION DE

PRIVATISATION D’ICI FIN DÉCEMBRE, IL Y OUVRE

TOUTEFOIS LA VOIE POUR 2021 ET 2022.

Des préalables pour relancer la machine économique.

propres. D’ailleurs, décision avait été prise, le 2 juin par le ministère de l’Énergie et des Mines, de réqui-sitionner ses réservoirs à Mohamma-dia et de les confier à l’Office natio-nal des hydrocarbures et des mines (ONHYM). Et il est même désormais question de la renationaliser:l’Union socialiste des forces popu-laires (USFP) vient ainsi, dans ce sens, de se fendre d’une proposition de loi au niveau de la Chambre des conseillers, dans la lignée du com-muniqué de son bureau politique du 2 juin appelant à “racheter les dettes de certaines [entreprises], voire de participer à leurs capitaux en vue d’alléger le poids des crédits sur leurs budgets et de leur permettre de conti-nuer à investir et à embaucher et leur nationalisation intégrale ou partielle en vue de les protéger de la faillite”. On peut bien sûr comprendre que la méfiance soit de mise à l’égard de l’État, étant donné les décennies de gabegie qui ont conduit nombre d’EEP jusqu’au bord de la faillite, mais en même temps des contre-exemples tels le groupe OCP -5

MMDH de contribution au budget du Trésor à fin 2019- existent pour prou-ver que la nouvelle gestion publique, comme on appelle dans la littérature spécialisée cette façon de conduire les affaires des entités publiques à l’instar de leurs pendants privés, peut avoir de beaux jours devant elle au Maroc.Et par là même aussi, permettre aux pouvoirs publics de diversifier leurs ressources et ne plus compter seule-ment sur l’impôt.

Revoir sa copieUne certaine idéologie semble ceci dit prédominer dans les rangs des décideurs pour restreindre le rôle de l’État à ses seuls pouvoirs réga-liens, et même si M. El Othmani nous confiait dans l’interview qu’il nous avait accordée pour notre édition quotidienne du 27 avril (lire Maroc Hebdo au quotidien nº21) “réfléchir à renforcer davantage l’orientation sociale du gouvernement”, le fait est qu’il semble y en avoir encore loin: rien que le 21 juin, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, confiait vou-

loir capitaliser sur les partenariats pu-blic-privé (PPP) “pour parvenir à une justice sanitaire territoriale effective en termes de prestations et de soins”, ce qui revient à dire que l’État en se-rait incapable seul et représenterait, de fait, un aveu d’échec.Alors que l’on parle, depuis bientôt trois ans, d’un nouveau modèle de développement et que la Covid-19 est venue rappeler à tous les vertus de l’existence d’un État au vrai sens du terme et non plus seulement “un État régulateur”, comme l’y appe-lait l’ancienne directrice générale du FMI, Christine Lagarde, lors d’une conférence de presse qu’elle avait donnée début mai 2014 à Rabat en clôture d’une visite qu’elle avait alors effectuée au Maroc, il est sans doute plus que jamais temps pour le Maroc de revoir sa copie et de donner lieu à des politiques publiques qui partent de ses réalités et non plus du logiciel intellectuel de quelque bureaucrate d’ailleurs. Mais à l’évidence, le gou-vernement El Othmani est en train de rater le coche l

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“L’augmentation de l’investissement public ne doit pas inciterà l’optimisme excessif”

Quels sont les impératifs d’ordre macro-économique qui ont justifié une loi de finances rectificative?Il ne fait aucun doute que la loi de finances rectificative intervient dans un contexte particulier que traverse l’économie natio-nale, marqué par deux postulats: D’abord, les effets de la pandémie sur les finances publiques ont aggravé la crise de ces der-nières. La rareté et le retard des précipi-tations ont entraîné une mauvaise saison agricole et une production céréalière faible par rapport aux sept dernières an-nées. Par conséquent, le projet de loi de finances rectificative devait modifier un ensemble d’hypothèses et actualiser des données et des chiffres sur lesquels s’est basée la loi de finances annuelle, devenus obsolètes et difficiles à réaliser.La loi de finances rectificative s’appuie sur trois priorités principales: la première concerne l’accompagnement de la reprise progressive des activités économiques à travers des aides et des incitations en faveur des entreprises marocaines, et la deuxième est inhérente au maintien et à la préservation des emplois dans le sec-teur privé, tandis que la dernière est liée à l’accélération de la mise en œuvre des ré-formes administratives, notamment dans la partie ayant trait à la transformation numérique de l’administration publique.

Pouvez-vous nous énumérer les principales mesures de cette loi rectificative?Porter à 40% les droits de douane appli-qués à l’importation a été imposé par plusieurs facteurs, dont la protection et l’encouragement du produit national et la réduction du déficit de la balance commer-ciale, ainsi que la création de ressources supplémentaires eu égard à la baisse sen-sible des recettes fiscales.En relation avec les ressources publiques, et concernant la baisse des recettes fis-cales entre la loi de finances annuelle 2020, qui prévoyait 233.373.290.000 de dirhams, et la loi de finances rectifica-tive qui a réduit cette attente de 18,59% à 189.994.603.000 de dirhams, cela est attribué principalement aux répercussions

de la pandémie et à l’arrêt d’activité de nombre d’entreprises, ce qui a impacté né-gativement leur contribution fiscale. Le Co-mité de veille économique a déjà pris une série de décisions relatives notamment à la suspension des contrôles fiscaux et dé-clarations de revenus, ainsi que la notifica-tion ou la mise en demeure qui permettait à l’administration fiscale de recouvrer ses créances.

Après la circulaire du 1er juillet du Chef du gouvernement, il n’y a rien qui évoque l’annulation de nouveaux postes d’em-plois dans le secteur public pour l’année en cours. Est-ce une volte-face?Concernant les emplois créés dans le sec-teur public au sein de la loi de finances rectificative, cette loi est venue sans au-cune exigence qui modifie ou réduit ce qui était stipulé dans l’article 26 de la loi de finances annuelle 2020. Il semble que le gouvernement n’ose pas modifier cet article ou le supprimer car cela risque de lui valoir des critiques acerbes au sein du Parlement ou ailleurs. En revanche, le gou-vernement a annoncé dans la note intro-ductive du projet de loi de finances rectifi-cative que les dépenses des fonctionnaires diminueront de 1,56% en raison de la mise en veilleuse des promotions et de l’emploi. Autrement dit, le gouvernement sait qu’au

“ PORTER À 40% LES DROITS DE

DOUANE APPLIQUÉS À L’IMPORTATION

A ÉTÉ IMPOSÉ PAR PLUSIEURS

FACTEURS. ”

INTERVIEW DE OTMAN MOUDEN, président du Forum des chercheurs du ministère de l’Economie et des Finances.

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d’échange ne pourront pas respecter leurs engagements et dépenser 70% des crédits qui leur sont accordés, ce qui entraînera à terme une annulation de ces budgets d’in-vestissement avec l’avènement de la loi de finances 2021. Deuxièmement, le gouvernement dispose de mécanismes, en particulier dans le cadre de la loi organique dans son article 62 qui lui permet de suspendre la mise en œuvre des dépenses d’investissement après en avoir informé la commission des finances au Parlement, ainsi que l’article 46 de la loi de finances pour l’année 2020 qui est toujours en vigueur et qui n’a pas été annulé, lié à la gestion efficace des dépenses d’investissement qui autorise le gouvernement à recourir aux réserves de précaution (à hauteur de 15%) relatives aux dépenses d’investissement du budget général.

L’immobilier bat de l’aile, sérieusement impacté par un arrêt d’activité qui a duré près de 4 mois. Quelle nouveauté a appor-té pour ce secteur la loi de finances recti-ficative?Concernant les mesures incitatives au pro-fit des entreprises notamment dans le sec-teur immobilier, le projet de loi de finances rectificative, dans son article 3, a instauré deux mesures importantes: Rallongement de six mois des délais des accords liés à la mise en œuvre des programmes de lo-gements sociaux, et réduction de 50% des droits d’enregistrement des contrats d’ac-quisition de logements, à condition que le montant de l’acquisition ne dépasse pas 1 million de dirhams et que le processus soit finalisé avant le 31 décembre 2020. L’Etat a la volonté de redynamiser le mar-ché immobilier au Maroc qui a connu une récession. Cependant, le succès de cette dynamique est tributaire de l’engagement des banques appelées à baisser leurs taux d’intérêt sur les crédits immobiliers sa-chant que la banque centrale a revu à la baisse son taux directeur l

Propos recueillis parMarouane KABBAJ

fil des jours et des mois, ces nouveaux postes d’emplois seront automatiquement supprimés, après qu’il sera difficile d’an-noncer l’organisation des concours pour le reste de l’année. Donc, bon nombre de postes énumérés dans l’article 26 disparaî-tront d’ici la fin de l’année ou à fin juin prochain. Le gouvernement atteindra donc son objectif sans gêne et sans avoir besoin d’inclure une nouvelle mesure dans la loi de finances rectificative.

Concernant le budget de l’investissement public, il y a eu une augmentation de 15 milliards de dirhams. Faut-il s’en réjouir?Le projet de loi de finances rectificative a augmenté le budget d’investissement

public de 9,6% pour atteindre plus de 85 milliards de dirhams pour relancer la machine économique. Néanmoins, l’aug-mentation du budget d’investissement (94 milliards si l’on y ajoute les investisse-ments des comptes spéciaux du Trésor et des établissements autonomes de l’État), il ne faut pas tomber dans l’optimisme excessif, pour plusieurs raisons. Première-ment, la question du transfert de crédits. La loi organique des finances, dans son article 63, fixe le plafond de transfert à 30% des crédits ouverts au cours de l’an-née en cours, et étant donné que la fin de l’année législative est dans 5 mois et que les procédures des marchés publics traînent, la plupart des donneurs d’ordres

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Quatre ruptures obligatoiresNOUVEAU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

L’Institut royal des études stratégiques a consacré son rapport stratégique 2019/2020 au thème «Vers un nouveau modèle de développement». Des propositions et des mesures pouvant être

appliquées rapidement indépendamment des nouvelles politiques publiques.

La loi de finances rectificative est enfin là! Elle a un peu tardé. Et elle ne sera finalement adoptée que quinze jours après son dépôt au Parlement, soit vers la der-

nière semaine de ce mois de juillet. Elle a retenu trois axes: la relance de la machine économique; la promotion de l’emploi dans le secteur privé; enfin, l’accélération des réformes de l’administration. Rien de bien nouveau, dira-t-on.C’est que ce menu s’imposait à l’évidence. Il reste à voir si les mesures déclinant ces orientations seront d’une grande efficience -à la fin de cet exercice, davantage d’élé-ments d’évaluation seront disponibles.

Une équation complexeCette tâche n’est pas facilitée par les contraintes de l’agenda législatif, qui impose que le projet de loi de finances 2021 soit déposé au Parlement avant le 20 octobre 2020. Voilà bien de quoi compliquer le travail gouvernemental: corriger le budget 2020 à compter de la fin juillet et en même temps ar-rêter la note de cadrage et les grandes lignes de celui prévu en 2021. Une équation en-core plus complexifiée, d’autant plus qu’en janvier 2021, la Commission Benmoussa doit remettre son rapport sur le nouveau mo-dèle de développement. Un rapport auquel seront adjointes des propositions et des me-sures devant -ou pouvant- être appliquées rapidement indépendamment des nouvelles -et fortes?- inflexions des politiques pu-bliques futures. Alors? Que faire? L’Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) apporte des réponses

monnaie par la spéculation. De quoi porter atteinte à la vie familiale et au lien social. Ce qui explique les mouvements communau-taires -voire même communautaristes-, les crispations identitaires ainsi que des aspi-rations morales et éthiques (refus de la vio-lence, respect de la personne humaine, tolé-rance, égalité de traitement et des chances, transparence, justice, liberté responsable). Autant de valeurs humaines supplantant

Mohammed Tawfik Mouline,Directeur général de l’Institut Royal des Etudes Stratégiques.

dans son rapport stratégique 2019/2020 intitulé «Vers un nouveau modèle de déve-loppement».En termes méthodologiques, c’est ce trip-tyque qui est retenu: comprendre, anticiper et proposer. Quatre grandes ruptures sont ainsi mises en avant. La première est bap-tisée «De la valeur aux valeurs», faisant référence à la remise en question de la mar-chandisation du temps par le salariat et de la

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Mustapha SEHIMI

la «valeur» au sens économique du terme. Une autre réponse a trait à «la fin de l’éco-nomie de la prédation». L’état des lieux de cette fin des deux pre-mières décennies du XXIème siècle est préoc-cupant avec de grands bouleversements: un changement climatique de grande ampleur, la raréfaction des ressources naturelles et la désertification. C’est un système de produc-tion qui finit, marqué qu’il a été par l’exploita-tion des ressources du Sud par le Nord. Une économie de prédation qui n’est plus accep-table ni tenable. De fortes règles éthiques

de la chaîne de production/distribution est également à réorganiser. Les politiques pu-bliques sont à l’épreuve en matière de gou-vernance et d’éthique, de commerce interna-tional, d’éducation et d’économie.

Revalorisation de l’humainLe bon usage des technologies disruptives est la troisième rupture. Il s’agit d’introduire une mutation majeure des modes actuels de faire, de vivre et de penser. Le péri-mètre ainsi concerné est large: énergies renouvelables, internet, automatisation du travail, intelligence artificielle, impression 3 D, robotique avancée, technologie cloud, ... Dans ce registre, il faut ajouter la blockchain -ou chaîne de blocs- contenant l’historique de tous les échanges partagés entre ses différents utilisateurs, sans tiers ni autorité centrale. Les technologies de la dématé-rialisation (commerce, musique,...), la 5 G et d’autres avancées sont autant de boule-versements émergents à promouvoir dans le cadre de la stratégie du «leapfrog» per-mettant des sauts se concentrant sur ces technologies d’avenir en faisant l’économie des techniques appelées à être obsolètes. Dernière rupture: celle de «le revalorisation de l’humain». C’est là une problématique majeure dans le monde d’aujourd’hui alors que l’automation croissante et la robotique matérielle et virtuelle vont se déployer dura-blement. Au Nord, l’on observe le vieillisse-ment de la population et les difficultés äe la cohésion sociale.Au Sud, le tableau est davantage contras-

té, notamment par suite de l’affaiblissement des traditions de solidarité communautaire et de l’aggravation des inégalités sociales. D’où des fractures nourrissant la contesta-tion sous diverses formes, des mouvements alternatifs jusqu’à l’économie du bas de l’échelle dans le secteur informel où pré-vaut la précarité corrélée avec la pauvreté comme seul horizon. Dans une approche prospective, quelles contraintes d’avenir pèsent sur le Maroc? Des atouts et des acquis, le Royaume n’en manque pas: une image internationale glo-balement positive, une richesse économique qui a doublé en quinze ans (1998-2013), un capital immatériel de 77% dans la richesse

globale, des stratégies sectorielles avec des métiers mondiaux, un redéploiement des entreprises à l’international et surtout en Afrique, un secteur bancaire solide qui a été réformé, un développement des infrastruc-tures d’une nouvelle ère. Mais, en creux, pourrait-on dire, des cligno-tants préoccupants subsistent. Ainsi, la gou-vernance publique ne permet pas la réalisa-tion d’un rythme de développement soutenu. Le capital humain accuse encore bien des insuffisances: analphabétisme des adultes (32%), bas niveau d’instruction de la popu-lation âgée de 15 ans et plus (5 ans de sco-larisation, contre 7 ans pour les pays émer-gents et 11 ans pour les pays développés), système éducation-formation peu efficient, système sanitaire insuffisant et couverture médicale limitée à 60% à de la population.

Un nouveau pacte socialIl faut y ajouter la dégradation du capital na-turel portant atteinte à l’environnement, le stress hydrique aussi. Autant de facteurs qui coûtent pas moins de 3,5% au PIB. Quant aux performances économiques du modèle de développement actuel, elles restent mo-destes: un palier de 4,2% en moyenne par an sur la période 2009-2013 puis de 3,1% seulement sur la période 2014-2018. Pour 2019, le taux de croissance a été de 2,8% et pour 2020, il est prévu une chute de plus de 5% au moins… Autant d’éléments à prendre en considéra-tion, par-delà la loi de finances 2020 ou celle de 2021, pour inscrire résolument les poli-tiques publiques dans une nouvelle vision. Pas celle des promesses électoralistes qui ne vont pas manquer d’ici 2020 ni des po-pulismes qui les accompagnent. Mais autre chose: un nouveau pacte social entraînant l’adhésion et la mobilisation. Une transition volontariste, à marche forcée, de partici-pation et d’implication des forces vives et de toutes les potentialités nationales. Une autre gouvernance sans doute adossée à des politiques publiques intégrant le change-ment vers une société où la justice sociale, la solidarité et l’économie humaine seront le référentiel partagé l

UNE TRANSITION VOLONTARISTE DE PARTICIPATION ET

D’IMPLICATION DES FORCES VIVES ET DE TOUTES LES

POTENTIALITÉS NATIONALES.

s’imposent donc contre le gaspillage et la corruption; elles couvrent également une juste redistribution des ressources naturelles et financières et la réduction des inégalités générationnelles, de genre, ... De même, il convient d’assurer un meilleur équilibre au niveau national entre les produits locaux, notamment agricoles, et les produits des chaînes de valeur mondiales. L’autonomie des PME doit être renforcée; l’ensemble

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Safi, la ville de la sardine, en quarantaine

Marouane KABBAJ

Une ville de 300.000 habitants mise en quarantaine. Les ac-cès à la ville de Safi sont fer-més depuis l’apparition, le 2

juillet 2020, d’un foyer énorme de conta-mination dans une usine de conserverie de sardines, appartenant au groupe Uni-mer de la famille Alj. Le virus avait déjà fait ses ravages sans crier gare. Tout allait bien, d’après les résultats des rapports des commissions de la préfecture désignées par le comité de veille pour surveiller, entre autres, les usines de conserverie de sardines qui font la notoriété de la ville. Quand on a décou-vert par centaines des ouvrières contami-nées. Ces dernières avaient déjà porté le virus chez elles. Longtemps épargnée par les plans de confinement, la nonchalance et l’irresponsabilité des usines de sar-dines en ont fait une ville fantôme où il ne faut surtout pas s’y approcher. Ce qui s’est réellement passé, c’est que le coronavirus et le confinement de plusieurs villes importatrices de sardines safiotes, comme Casablanca, premier marché de destination des conserves de sardines, a créé une surabondance de ce poisson tant prisé au Maroc comme à l’étranger.

Une ville fantômeLa conséquence est que les prix au kilo ont drastiquement chuté, passant de 3 dirhams à 50 centimes. Cette surabon-dance signifiait, pour les propriétaires de ces usines, une surproduction. A Safi, il y a 11 usines de conserverie de sardines. Chaque usine a engagé de nouvelles ou-vrières intermittentes (90% des employés de ces usines sont des femmes), variant entre 100 et 300 par usine. Les mesures

Le cahier des charges relatif notamment à la distanciation physique et à la réduction de moitié du personnel n’a pas été respecté, pire encore, le nombre des employées a été doublé. Voilà donc le résultat de l’exploitation

intensive de ces usines tolérées par les autorités locales.

L’EXPLOITATION INTENSIVE ET TOLÉRÉE DES USINES DE CONSERVERIE MISE EN CAUSE

de prévention sanitaires étaient le dernier souci de ces opérateurs. Le contrôle des autorités locales et des commissions de la préfecture a conclu qu’il n’y a rien qui inquiète.Sachant que le cahier des charges relatif notamment à la distanciation physique et à la réduction de moitié du personnel n’a pas été respecté, pire encore, le nombre des employées a été doublé. A l’intérieur de ces usines, l’on a interdit même aux employées de porter leurs téléphones portables de peur qu’elles filment ce qui se passait à l’intérieur. Puis, d’un coup, le drame s’est produit. Voilà donc le résultat de l’exploitation

intensive de ces usines tolérées par les autorités locales. La section de l’OMDH à Safi et différents acteurs associatifs ont dénoncé cette situation et avaient tiré la sonnette d’alarme un peu tôt, mais sans succès.Le comble, c’est que le ministère de la Santé, malgré le nombre élevé des contaminations, n’a pas daigné doter la ville d’unités mobiles Covid-19 et rou-vrir les dispensaires fermés de la ville pour faire face à cette situation et sé-parer les malades du coronavirus et les autres malades qui affluent sur l’hôpital Mohammed V l

DIFFÉRENTS ACTEURS

ASSOCIATIFS ONT

DÉNONCÉ CETTE

SITUATION ET AVAIENT TIRÉ LA SONNETTE D’ALARME UN

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A quand la délivrance ?

PROLONGATION DE L’ÉTAT D’URGENCE SANITAIREAU 10 AOÛT

C’est la deuxième fois que l’état d’urgence sanitaire est prolongé depuis l’apparition de la pandémie du Covid-19 dans le Royaume. Elle risque de faire beaucoup de mécontents puisque ce sont toujours les foyers industriels qui sapent les efforts des autorités et des médecins dans la lutte contre la propagation du coronavirus.

Présenté par le ministre de l’Intérieur, le projet prévoit la pro-longation de la période de validité de l’état d’urgence sanitaire dans tout le territoire afin de faire face à l’épidémie du Co-vid-19 jusqu’au 10 août 2020 à 18h00 a été finalement validée au conseil de gouvernement du jeudi 9 juillet 2020. Cette pro-

longation représente le cadre juridique pour permettre aux autorités de prendre toutes les mesures nécessaires, en cas de besoin, pour contrer tout développement de la pandémie.Ce texte prévoit également que le ministre de l’intérieur, ainsi que les walis et gouverneurs, pourront prendre des mesures pour alléger cer-taines restrictions, en fonction de l’évolution de la situation épidémio-

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Marouane KABBAJ

et des Marocains Résidant à l’Étranger et de la Santé, avait informé que les ci-toyens marocains et les résidents étran-gers au Royaume, ainsi que leurs familles pourront accéder au territoire national, à partir du 14 juillet 2020 à minuit par voies aérienne et maritime. Un soulagement ineffable pour près de 21.000 Marocains encore bloqués à l’étranger, dans plu-sieurs pays de par le monde. Ce sont des touristes, des hommes d’affaires, des hommes ou des professionnels de l’en-seignement en mission ponctuelle, entre autres, qui se sont retrouvés à l’étranger au moment de la décision prise de ferme-ture des frontières des pays d’accueil ou du Royaume.

Vague d’indignationLeur retour est préparé à l’avance. Les compagnies aériennes RAM et Arabia programmeront autant de vols que néces-saires pour la réussite de cette opération. Les passagers seront tenus de présenter, avant l’embarquement, un test PCR de moins de 48 heures, ainsi qu’un test sé-rologique. Cela leur fera éviter des tests similaires dès leur retour au Maroc.Par ailleurs, le rallongement de la durée de l’état d’urgence sanitaire d’un mois est tout à fait compréhensible, car la situation épidémiologique au Maroc oscille d’un jour à l’autre, caractérisée par l’apparition et la réapparition de rares foyers fami-liaux mais surtout de foyers industriels. L’exemple de celui de Safi qui a incité les autorités à fermer l’accès à la ville est très édifiant. L’apparition le 19 juin 2020 de trois foyers du Covid-19 au niveau des usines de conditionnement de fraises dans la com-mune de Lalla Mimouna, dans la région du Gharb, puis d’un foyer dans une usine de conservation de sardines à Safi, début juillet, qui ont donné ainsi lieu à un foyer épidémiologique, a suscité une grande vague d’indignation en raison notamment des conditions de travail des ouvriers agricoles et agro-industriels et du man-quement aux mesures sanitaires préco-nisées pour la non propagation du virus. Jusque-là épargnée par le Covid-19, Safi

rejoint, à cause d’un manque de sérieux des gérants de l’usine de Safi, les villes qui enregistrent le plus de cas de conta-mination. Des centaines d’ouvriers ont été contaminés. Si l’enquête à Safi n’a pas encore abou-ti, l’ampleur du foyer à Kénitra a poussé, un peu tardivement certes, le Procureur du Roi près la Cour d’appel de Kénitra à ordonner l’ouverture d’une enquête judi-ciaire sur les causes et circonstances de la propagation du Covid-19 au sein de trois unités de conditionnement de fruits rouges dans la région de Lalla Mimouna, province de Kénitra.Depuis, on n’en sait plus rien. Aucune communication sur la suite de l’enquête ou ses premières révélations alors que l’enquête judiciaire s’assigne pour objec-tif de déterminer les infractions pénales ayant causé la contamination au Covid-19 de plusieurs employés agricoles, notam-ment la négligence, la non-prise des me-sures nécessaires à leur protection ou le non-respect des lois et réglementations, en particulier les dispositions juridiques et organiques relatives aux mesures pré-ventives et gestes barrières décidés par les autorités publiques durant l’état d’ur-gence sanitaire.

Deux poids, deux mesuresCela ne présage rien de bon, à l’image du traitement des enquêtes des autres clusters découverts ailleurs et notamment à Casablanca (Aïn Sebaâ et Bernoussi).Le retard du traitement de ces dossier ren-voie à croire qu’à chaque fois qu’il s’agit d’un opérateur économique, la répression tourne au ralenti et la délimitation des responsabilités traîne. Une justice à deux vitesses? En tout cas, c’est regrettable puisque ces foyers industriels sapent les efforts des autorités et des médecins dans la lutte contre la propagation du co-ronavirus et justifient, une fois de trop, la prolongation de l’état d’urgence sanitaire. C’est ce qui pousse les citoyens, ceux qui respectent vigoureusement les mesures sanitaires, à se demander: Pour quand la délivrance? l

CE NOUVEAU RALLONGEMENT

ÉTAIT ATTENDU ET EST TOUT À FAIT

COMPRÉHENSIBLE.

logique. Les mêmes prérogatives qui leur ont été dévolues depuis le 20 juin, date du début du déconfinement progressif.Petit rappel, si besoin est, le gouverne-ment avait décrété le 20 mars 2020, l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national afin de lutter contre le coronavirus. Le 9 juin 2020, il a prolongé l’état d’urgence au 10 juillet et autorisé le déconfinement progressif.

Un soulagement ineffable Ce nouveau rallongement était attendu et est tout à fait compréhensible. Attendu, il a été précédé 24 heures auparavant d’une décision qui a donné de la visibilité et rasséréné une frange de Marocains qui a pris son mal en patience depuis trois mois et demi. Un communiqué conjoint des départements de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de la Coopération africaine

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12 mars 2020, Istanbul. Dans le Grand Bazar, des foules de touristes et non touristes animent cet emblématique marché de la ville. Déam-

bulant dans ces sentiers, les senteurs des épices, les cris des marchands et les rires des enfants, Ayoub Taoussi, avant sa longue promenade le long du Bosphore, profite du moment, de ce voyage sensoriel, avant de se rendre à la mythique et imposante Mos-quée Bleue. Un parcours qu’il a le bonheur de parcourir à chaque fois qu’il visite cette métropole qui fait rêver, où les vestiges du passé côtoient majestueusement une mo-dernité surprenante. Ce trentenaire, employé d’un organisme financier à Casablanca, ne se doutait pas que ce séjour touristique de 9 jours allait durer «une éternité», 108 jours. Plus de trois mois dans un pays étranger, mais des mois pleins de rebondissements, d’attente, de frustration, de colère parfois et même de désespoir, mais aussi et surtout de rencontres humaines, d’instants de joie et d’euphorie, de stupéfaction et de solida-rité qui «resteront à jamais gravés dans sa mémoire», nous confie-t-il. Des moments qui l’ont fait surement grandir et qui lui ont permis une véritable découverte de soi.

Flashback. Nous sommes le 9 mars 2020. Notre jeune Casablancais, accompagné de sa femme, et un autre couple, atterrissent à Istanbul. «A notre arrivée en Turquie, on ne se sentait point inquiets. La vie était très normale et aucune menace ne nous guettait», se rap-pelle Ayoub. Mais tout a été chamboulé lors de la fermeture des frontières marocaines le 15 mars.

Vol Istanbul-Casablanca: CancelledPris de court, ils ont contacté la compagnie Turkish Airlines pour changer la date de leurs billets. «Nous sommes partis le 15 mars à l’aéroport et avons récupéré nos Boarding Pass pour un vol le lendemain. Ils nous ont rassurés quant au maintien des vols le 16 mars. Le jour J, à 6h du matin, nous avons fait nos valises et pris la route pour regagner notre pays». A leur grande déception, le tableau des vols affichait dans la case Istanbul-Ca-sablanca «Cancelled». Sans mots, choqués, désabusés, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Personne n’avait de réponse, ni les agents d’informations, ni les agents au sol de Turkish Airlines et le Consulat général du Ma-roc à Istanbul ne décrochait pas. Ils n’étaient pas les seuls à vivre ce cauchemar, mais près de 400 Marocains. Vent de panique, des cris

et pleurs, femmes, vieux, enfants… de la dé-tresse, de l’inquiétude et une manifestation improvisée qui a vite dégénéré. Des agents d’autorité turcs sont entrés en ligne et ont contacté le consulat du Maroc. Les esprits semblent s’apaiser. Quelques minutes plus tard, 4 fonctionnaires de la représentation diplomatique marocaine, dont 2 Turcs, sont sur place. La situation est vite maîtrisée. Les centaines de concitoyens ont été répartis au niveau de trois hôtels. Notre couple est logé au Vision Deluxe Hôtel, un établissement touristique réputé propre, calme et jouissant d’un très bon em-placement, dans un quartier shopping assez animé. La nuitée est généralement facturée entre 500 et 800 dirhams, selon la saisonnali-té. «Le consulat nous a pris en charge. Nous étions en demi-pension», précise Ayoub. Le séjour dure un mois. Ils sont ensuite trans-férés dans un autre hôtel, La Quinta by Wy-ndham Istanbul Gunesli. Un 5 étoiles dont la nuitée est facturée à partir de 700 dirhams, mais que le consulat a pu négocier à moitié prix. Motif de changement: le risque de conta-mination au Covid-19 est élevé car l’ancien hôtel est situé dans une zone très animée, leur explique le consulat. «Je tiens à témoi-gner un énorme respect et remerciement au

Immersion au cœurd’un séjour “forcé”

MAROCAINS BLOQUÉS EN TURQUIE

Ayoub Taoussi, un trentenaire de Casablanca, bloqué avec sa femme à Istanbul à cause de la fermeture des frontières marocaines, ne s’attendait pas à vivre l’une des expériences humaines les plus enrichissantes de sa vie. Pendant plus de trois mois, il est passé par plusieurs épreuves, découvertes, déceptions mais surtout par des instants de bonheur qu’il nous livre sans modération. Immersion au cœur d’un inédit et beau voyage «forcé» dans l’une des villes les plus mythiques de la Méditerranée.

Par Mohamed Amine Hafidi

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Des Marocains bloqués en Turquie.

En tout cas, malgré cette situation de crise et le mal du pays, notre jeune couple a continué de vivre et de profiter des richesses et de la beauté d’Istanbul. «Nous avons effectué beau-coup de sorties et nous avons eu le plaisir de découvrir de plus près la grandeur de ce pays, sa culture, ses imposants sites historiques et surtout son peuple. Des gens tolérants et ex-trêmement accueillants», se rappelle Ayoub, un brin nostalgique. Car il faut savoir que la Turquie n’a pas opté pour un confinement to-tal, le pays ne l’ayant instauré que les samedis et dimanches.

La vie continue, malgré les incivilités…Et ceux qui tenteraient de l’enfreindre, sont sommés de payer une amende de 7.500 di-rhams. D’ailleurs, deux jeunes Marocains des 350 logés à La Quinta ont enfreint, par inad-vertance, cette règle. Un drone les a filmés et des agents d’autorité se sont vite rendus sur place, mais le consulat a dû intervenir pour régler le problème. Et les interventions, elles étaient multiples et surtout épuisantes pour un staff consulaire débordé, surtout Latifa, qui fai-sait preuve d’une disponibilité à toute épreuve, 24h/24. Malheureusement, et malgré l’esprit de famille qui régnait dans l’hôtel, des ba-garres et altercations ont émaillé le quotidien des occupants de l’établissement.On pouvait assister à des scènes ahurissantes où des occupants jettent de la nourriture sur les réceptionnistes, ne la trouvant pas à leur goût, d’autres veulent tout bonnement changer de chambre, et puis il y avait ceux qui ne se souciaient guère des règles établies par l’hô-tel, notamment celles relatives aux horaires de prière, des piscines et de distanciation sociale.Le pire, c’était les cas de vols de téléviseurs! Ceci n’a pas empêché un personnel et des forces de l’ordre, désabusés certes, de faire preuve de patience et de compréhension. Des cadeaux, gâteaux et du chocolat ont même été offerts aux Marocains à l’occasion de Aïd

Consulat du Maroc à Istanbul, qui n’a pas lé-siné sur les moyens pour que nous nous sen-tions en sécurité. Ils ont tout fait pour essayer de répondre efficacement à nos moindres do-léances, alors qu’ils n’étaient que 5 ou 6 fonc-tionnaires à gérer des milliers de cas. Ils ont été aux petits soins malgré l’énorme pression qu’ils subissaient. Nous avions un médecin sur place pour suivre régulièrement notre état de santé. Ceux qui étaient atteints de mala-dies chroniques recevaient chaque jour leurs médicaments gratuitement, on nous ramenait même des laits pour nourrissons et des ciga-rettes pour ceux qui fumaient. Tout a été pris en charge par les services consulaires. Même ceux qui n’étaient pas dans une situation lé-

gale en Turquie, ils ont été pris en charge et hébergés avec nous», tiens à souligner Ayoub, qui nous confie que le Consul les a accueillis trois fois pour les rassurer, les tenir informés de l’état d’avancement de la situa-tion au Maroc et leur témoigner son soutien. A terme, ils étaient 4.700 marocains concernés par ce dispositif d’accompagnement et de soutien. Concernant les vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux, décriant le travail du Consu-lat, «il s’agit de cas de résidents en Turquie. Ils n’étaient pas concernés par ce disposi-tif qui a ciblé les Marocains de passage en Turquie, bloqués à cause de la fermeture des frontières marocaines», nous explique Ayoub.

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AYOUB TAOUSSI TIENTÀ RENDRE HOMMAGE

AU CONSULAT GÉNÉRALDU MAROC À ISTANBUL

Ayoub Taoussi.

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el-Fitr ou pendant le mois de Ramadan. «Je n’oublierai jamais Serdar, un réceptionniste qui nous a invités à prendre le ftour avec sa famille. Nous avons pu échanger pendant des heures sur nos cultures respectives et m’a appris énor-mément sur une Turquie méconnue des guides de tourisme. Nous n’étions pas de simples clients, mais une famille. Les chambres étaient toujours ouvertes et tout le monde se connais-sait», se remémore Ayoub.En dépit des quelques incivilités, l’ambiance était globalement à la convivialité et à la soli-darité. Pour ceux qui étaient dans le besoin à cause de dépenses exceptionnelles ou une ur-gence, une caisse commune leur a été dédiée, initiée par les occupants de l’hôtel, en plus des dons qu’effectuaient régulièrement des Marocains établis en Turquie. Si l’employeur d’Ayoub a continué de lui verser son salaire, il faut savoir que plusieurs ont eu des réductions ou ont été carrément mis au chômage. «J’ai été très touché par cette solidarité exemplaire. Je me rappelle toujours de Hicham, un Marocain altruiste établi aux États-Unis. On ne tarissait pas d’éloges à son égard grâce à sa générosité sans faille. Il a aidé énormément de gens dans le besoin», déclare Ayoub.

Hajja Mbarka et son fameux thé sahraoui Malgré les milliers de kilomètres séparant le Maroc de la Turquie, l’ambiance ramadanienne a bel et bien été au rendez-vous. Ftours collec-tifs, danses et chants, distribution de cadeaux, préparation de mets traditionnels marocains, de Rfissa et cette Harira que préparait Hajja Mbarka, «un vrai délice». Avec l’aide de trois jeunes femmes, Hajja Mbarka, une Sahraouie venue à Istanbul pour des raisons de santé, préparait plusieurs spécialités locales succu-lentes. Après les Tarawih, aucune excuse n’est valable pour ne pas déguster le fameux thé sucré sahraoui que seule Hajja Mbarka savait

faire. Et des Rfissa, Ayoub s’en est régalé. Trois belles naissances ont eu lieu lors de ce séjour, toutes réussies et prises en charge par le consulat, notamment en ce qui concerne les papiers administratifs. En 108 jours, Ayoub en a vu de toutes les couleurs. Solidarité, am-biance bon enfant, fierté, joie et émotion mais aussi de la frustration et des pleurs. Le 19 juin, il figure parmi la deuxième opéra-tion de rapatriement de Marocains bloqués en Turquie. Si certains étaient en liesse, beau-coup étaient en pleurs. De tout âge et de tout horizon, malgré la séparation de leur famille, ils ont vécu de purs moments de joie et de bonheur, de découvertes, des naissances, d’espoir, des histoires humaines et une géné-rosité hors norme.

Bloqué en Turquie, tu pleures deux fois…«Cette expérience te fait pleurer à deux re-prises, la première face au choc de l’annula-tion des vols à destination du Maroc et l’in-quiétude qui en a suivi, la deuxième lorsque tu quittes la Turquie et cette belle aventure humaine».En tout cas, Ayoub s’en rappellera longtemps. «Cela peut sembler ironique, mais même si ma famille m’a énormément manqué, je ne vous cache pas que j’ai ressenti une cer-taine amertume à l’idée de devoir quitter la Turquie. Je garde de bons souvenirs et je ne remercierais pas assez l’effort fourni par le Consul général du Maroc à Istanbul, en plus

du Gouverneur de la province de Berkane, la Gendarmerie Royale, la Sûreté Nationale, les Forces Auxiliaires, le Croissant rouge et le personnel de Royal Air Maroc. Tous les inter-venants ont été à la hauteur de cette situation de crise. Ce fut une véritable réussite», nous lance-t-il. De retour au Maroc, Ayoub est mis en qua-rantaine pour 9 jours, dans une suite avec sa femme, au Meliá Saïdia Golf Resort. Une qua-rantaine où il a été «choyé», selon ses dires. Son employeur lui proposant quelques jours de repos, Ayoub a préféré reprendre son bou-lot, délivré certes de cette expérience, mais se sentant déjà nostalgique d’une Turquie qui ne quittera pas de sitôt son cœur l

MALGRÉ LES MILLIERS DE KILOMÈTRES SÉPARANT

LE MAROC DE LA TURQUIE, L’AMBIANCE

RAMADANIENNE A BEL ET BIEN ÉTÉ AU RENDEZ-VOUS.

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Le Maroc ouvre partiellement ses frontières à partir du 15 juil-let 2020. Un soupir de soulage-ment pour plusieurs personnes

bloquées soit au Maroc ou à l’étranger, notamment les étudiants marocains à l’étranger. «Il y a actuellement près de 80.000 étudiants marocains bloqués à l’étranger et cette décision va leur per-mettre d’enfin entrer au pays et rejoindre leurs familles, qui pendant des mois s’in-quiétaient sur leur sort», nous déclare Youssef Gharbi, président de la Commis-sion des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des MRE à la Chambre des représentants. Cette ouverture partielle des frontières augure d’une imminente ouverture totale des frontières. Même si la date de cette ouverture n’est pas encore connue, des bruits de couloir laissent entendre qu’elle le sera fin-juillet, début août.

Manque de communicationCe qui est en tout cas sûr, c’est que plu-sieurs voix appellent aujourd’hui à l’ou-verture des frontières, notamment les opérateurs touristiques. «Ça ne sert à rien de laisser les frontières fermées. Monsieur le ministre de la Santé a déclaré récem-ment que la propagation du virus Covid-19 est désormais sous contrôle. Ouvrons les frontières et laissons les hôteliers travail-ler, il y va de la pérennité d’un secteur vital pour l’économie du pays», déclare à Maroc Hebdo Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie

pelle le gouvernement à décréter qu’il faut désormais cohabiter et apprendre à vivre avec le virus, tout en renforçant les mesures de précaution et de sécurité, et imposer des tests PCR de 24 ou 48h au moins. Même avis pour Youssef Gharbi, qui dé-plore le manque à gagner économique et les crises socio-économiques générées à cause de la fermeture des frontières. «Oui, il faut ouvrir les frontières, certes, mais avec prudence car la santé et la sé-curité des Marocains doit être la priori-té», souligne Gharbi l

hôtelière (FNIH). En effet, s’il y a un sec-teur qui pâtit le plus de cette fermeture, c’est bien celui du tourisme. «Les compagnies aériennes et les TO veulent vendre la destination Maroc. Mais face à cette non visibilité quant à une date d’ouverture des frontières, ils sont obligés de voir ailleurs. Nous per-dons énormément de marchés à cause de ce manque de communication et des milliers de licenciements sont en cours, en plus des faillites qui se multiplient», s’alarme, pour sa part, Fouzi Zemrani, vice-président de la Confédération natio-nale du tourisme (CNT). Ce dernier ap-

De plus en plus de voix appellentà l’ouverture totale des frontières

IMPACT SOCIO-ÉCONOMIQUE

L’ouverture partielle des frontières marocaines a été bien accueillie. Toutefois, plusieursprofessionnels, notamment touristiques, appellent le gouvernement à ouvrir totalement les frontières,

avant que les drames sociaux ne s’aggravent davantage.

Mohamed Amine HAFIDI

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères.

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“Le modèle de développement doit êtrele produit de notre génie collectif”

ENTRETIEN AVEC GHALI FASSI FIHRI,cofondateur d’Al-Mountada

Votre think tank, Al-Mountada, vient de pu-blier sur son site web une “contribution”, comme vous l’avez intitulée, sur le nouveau modèle de développement. Pouvez-vous nous en dire plus? C’est effectivement une contribution de notre part au débat relatif à notre modèle de développe-ment, que S.M. le Roi appelle, comme vous le savez, à revoir depuis le discours qu’il avait fait au parlement en octobre 2017. Ce que je dois d’abord préciser, c’est que ce n’est pas la pre-mière fois que nous nous saisissons de la ques-tion, puisque nous avons déjà eu l’opportunité de la traiter, certes de façon partielle, dans des docu-ments que nous avions précédemment réalisés à l’occasion des dernières Assises de la fiscalité, début mai 2019 à Skhirat, et des dernières As-sises de la régionalisation, les 20 et 21 décembre à Agadir. Ce qui fait que beaucoup des idées que vous trouverez dans notre contribution ont déjà été développées par Al-Mountada, en particulier l’urgence de passer d’un modèle économique basé sur la consommation à un modèle basé sur la production, ou l’importance de l’approche territoriale dans la définition du nouveau modèle de développement, tant les réalités ou les atouts divergent entre les régions et à l’intérieur des régions. En outre, je souhaite ajouter que cette contribution est le fruit des cercles de travail me-nés par Al-Mountada dans seize provinces et qui ont réuni plus de 300 citoyens de tous horizons. Et je dois dire, à cet égard que nous avons été

Dans cette interview, Ghali Fassi Fihri revient pour Maroc Hebdo sur la contribution que le think tank Al-Mountada, que lui et Ghassane Benchekroun avaient fondé en juillet 2018, a récemment apporté au débat sur le modèle de développement.

agréablement surpris par la qualité des interve-nants. Le Maroc est, pour vous dire, riche de ses forces vives, et il faut simplement offrir à celles-ci une tribune. C’est aussi d’ailleurs là la vocation d’Al-Mountada.

Vous venez de citer les interventions des ci-toyens lors des débats que vous avez orga-nisés. Sur quoi ces interventions ont-elles le plus porté? En général, il y a un consensus sur l’urgence des questions comme l’éducation, la santé. Ce sont les deux priorités qui se dégagent le plus. Mais ce qui nous a le plus interpellé, quand je vous ai dit que nous avons été agréablement surpris, c’est par rapport par exemple au fait que beau-coup des interventions ont porté sur l’impératif, pour que l’économie nationale puisse passer le cap, de favoriser le made in Maroc et sur la né-cessité du développement d’un tissu productif et d’une croissance endogène à l’intérieur des terri-toires tenant compte de leurs spécificités, ce qui pour nous reflète un grand niveau de conscience eu égard aux enjeux actuels. Aussi, l’impor-tance de l’activation de la reddition des comptes comme base du contrat social et du retour de la confiance.

Vous défendez justement, dans votre contri-bution, le protectionnisme comme option de base pour le futur modèle de développe-ment…Absolument, mais il faut préciser qu’il s’agit, pour reprendre l’économiste allemand Friedrich List, d’un protectionnisme éducateur qu’on mettrait en place uniquement pour les filières et branches pour lesquelles il existe des atouts et un poten-tiel de développement de l’industrie nationale. Je tiens à préciser que cette protection doit être faite de manière temporaire, le temps de bâtir la com-

“ NOUS NE POUVONS PAS PERSISTER SUR LE MÊME CHEMIN, CE SERAIT UN SUICIDE. ”

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Propos recueillis par Wissam EL BOUZDAINI

idéologie; une idéologie justement libre-échan-giste, qui soutient le laissez-faire avec toujours moins d’Etat et davantage de prépondérance pour le privé. Ce n’est pas que toutes ces idées soient à jeter, certaines d’entre elles sont bonnes, mais il y a une certaine uniformité entre les différentes formations, et ceci n’est, à mon avis, pas très sain. Et c’est d’ailleurs aussi cela qui nous avait poussés Ghassane Benchekroun et moi, en juillet 2018, à lancer Al-Mountada. Nous avions eu ce sentiment qu’il fallait enrichir le débat, le sortir du cadre dans lequel il était enfermé, mettre en avant des idées alternatives et les personnes qui les portent.

Vous avez fait référence à l’uniformité qui, se-lon vous, caractérise notre paysage politique et à l’effet néfaste que cela peut avoir. N’y a-t-il pas un risque que l’on fasse la même chose avec le nouveau modèle de développement, c’est-à-dire que l’on s’oriente vers une seule et même piste sans, des années durant, pouvoir la contester et donc, au besoin, la corriger?Ce qui peut donner un résultat différent cette fois, c’est que le pan le plus large de la population soit associé à la conception du nouveau modèle, que la vision soit comprise et partagée. Ce qui peut donner un résultat différent cette fois, c’est que le pan le plus large de la population soit associé à la conception du nouveau modèle, que la vision soit comprise et partagée. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut agir, à notre sens, à terme sur les mentalités, qu’on peut demander une mobilisation et des efforts aux citoyens.

La Commission spéciale sur le modèle de dé-veloppement, que le roi Mohammed VI avait installée le 12 décembre, devait remettre son rapport fin juin, mais un délai supplémentaire lui a été accordé en raison de la pandémie de Covid-19. A vous, que vous a appris cette der-nière? A-t-elle influencé dans quelque mesure que ce soit la version finale de votre contribu-tion? Il se trouve que la pandémie de Covid 19 n’a pas ébranlé nos travaux dans la mesure où parmi les enseignements tirés il y a des convictions que nous portons déjà depuis la création. Parler de substitution aux importations ou de consommer marocain n’est plus tabou. La pandémie est de ce point de vue un accélérateur en termes de diffusion de nos idées l

pétitivité nécessaire, et qu’elle doit être basée sur des engagements clairs des professionnels, et ce au risque de créer de nouvelles situations de rente. Car force est de constater que le modèle actuel, basé sur la consommation des ménages et l’inves-tissement public, souvent de biens importés, alors même que le tissu productif national est embryon-naire, encourage indirectement les économies étrangères, en plus de peser de manière lourde sur la balance commerciale ou celle des paiements.

Pourrait-on dire de votre programme qu’il est, finalement, de gauche? Ni de gauche ni de droite, je dirais qu’il s’agit sim-plement d’une conception souveraine et souverai-niste de notre modèle de développement, centrée sur les citoyens et leurs priorités. C’est d’ailleurs une certaine souveraineté dans la prise de déci-sion, en comparaison à d’autres pays, qui a permis au Maroc de réagir de manière pragmatique et effi-cace à la pandémie.

Le souverainisme a, comme vous le savez, très mauvaise presse ailleurs, en ce sens qu’on

l’associe souvent à l’extrême droite… Effectivement, et c’est quelque chose que je ne conçois pas vraiment, il y a eu un véritable glissement sémantique au cours des deux der-nières décennies qui, à mon sens, n’a pas lieu d’être et nous empêche d’adresser les vraies problématiques. Pourrait-on par exemple taxer Jean-Pierre Chevènement de fasciste; plus ré-cemment Michel Onfray? Ce sont simplement des personnes patriotes, centrés sur les intérêts de leur pays.

Revenons au clivage gauche/droite. Il semble que vous le rejetiez…Oui, car pour nous il ne reflète pas véritable-ment la donne politique de notre époque. J’ai parlé de souverainisme, pour moi celui-ci forme, avec le mondialisme, un des courants politiques majeurs d’aujourd’hui. Nous pouvons par exemple prendre notre champ politique, marocain: vous avez des partis dits de gauche, des partis dits de droite, des partis islamistes, etc. Mais fondamentalement, si vous voyez de près, vous trouvez qu’ils défendent la même

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Le cahier de charges de l’Etat réhabilité

Il y a eu durant près de quatre mois bien des inquiétudes et des angoisses du côté des citoyens -un climat anxio-gène qui persiste cependant mais avec moins d’amplitude par suite d’un dé-confinement progressif. Et puis s’ouvre

de plus en plus le temps de l’évaluation et des pistes futures des politiques publiques. Des travaux spécialisés viennent d’être finalisés -ceux du CMC, de l’IRES et de Policy Center for the New South (PCNS). Ce dernier centre vient en effet de publier ces jours-ci un rapport d’une cinquantaine de pages sur L’Etat révé-lateur de la Covid-19 (policycenter.ma). Près d’une quinzaine de contributeurs y ont partici-pé sur la base de cette hypothèse de travail: le rôle de l’Etat comme puissance publique dans ses missions de protection et d’assistance des populations ainsi que de soutien aux activités économiques. Une dizaine de chapitres articulent ce rap-port collectif. Va-t-on vers un Etat «pleine-ment social»? Ce qui marque sans doute le changement aujourd’hui, c’est la nécessaire priorisation de la question sociale comme di-mension régalienne (protection sociale, santé, éducation, emploi, logement). La demande est très forte à cet égard. Pas de «tâches de sa-peur-pompier» avec des mesures conjonctu-relles pour faire face aux urgences; mais autre chose: une véritable stratégie sociale inscrite dans la durée. Cela commande un socle de politiques sociales vigoureuses, notamment autour des crédos de la citoyenneté et de la solidarité. Rien de commun donc avec des politiques d’austérité et de restrictions budgé-taires. De quoi conforter l’idée d’un Etat stra-tège -et développeur, bien entendu-, mais un «Etat fort et juste». Un nouveau paradigme où les politiques publiques devraient avoir à cœur

de viser les besoins du citoyen et ses espoirs. Avec cette crise, l’Etat a été responsabilisé avec les mesures d’urgence. Les revendica-tions, les attentes et les besoins des citoyens se sont portés sur l’Etat. Dans le même temps, le monde académique a dû être associé parce qu’il fallait apporter une réponse médicale conjuguant les efforts et les actions des dépar-tements de l’Intérieur et de la Santé. Le monde académique et de la recherche s’est trouvé ainsi sollicité mais il reste encore à définir une démarche globale pour permettre d’optimiser les compétences existantes et leurs potentia-lités. Le rapport fait des propositions dans ce sens: la mise en place de passerelles entre la décision politique et l’expertise, la fin d’une ri-gidité par trop prégnante dans l’administration, un écosystème fécond associant l’expertise tant au secteur public qu’au secteur privé.

Une doctrine nouvelleCette crise doit être une opportunité pour mettre à plat un autre aspect: celui de l’effi-cience de l’administration territoriale. Le rap-port évoque «le malaise» de celle-ci, couplé à «la léthargie des élus et des autres services extérieurs». La Covid-19 a été un banc d’essai d’un certain nombre d’insuffisances marquant tant la décentralisation que la déconcentration. Les relations entre l’Etat et les collectivités locales doivent être revues et corrigées, de nouvelles politiques territoriales s’imposent à l’évidence. Plus encore, au niveau central, le rapport formule des propositions quant à l’adaptation de la défense aux exigences de l’autonomie stratégique. La pandémie a montré la place que celles-ci font peser aujourd’hui. Référence est faite à une doctrine nouvelle sur les armes biologiques et la préservation de la santé

Une réflexion stimulante nous est offerte dans le rapportdu PCNS. Un ouvrage sur L’Etat révélateur de la Covid-19.

LE MAROC POST- PANDEMIE, SELON LE POLICY CENTER FOR THE NEW SOUTH

Le comité de veille écono-mique mis en place suite au déclenchement de la pandémie du Covid-19.

publique, la biosécurité et la bio-défense. Le risque épidémique est désormais une priorité au même rang que d’autres, nucléaire, radio-logique, bactériologique et chimique. A cette fin, l’idée de création d’une Agence maro-caine de défense est avancée. Il s’agit d’offrir un cadre opératoire à l’approfondissement de l’indépendance technologique pour consolider l’efficacité économique et l’autonomie straté-gique. Un champ marqué par la coordination civile-militaire en matière de R&D avec des moyens budgétaires conséquents -le Maroc ne consacre que 0,8 % du PIB à la R&D… Par delà le rôle de l’Etat, il faut mettre en exergue la résilience nationale. Les quatre mois écoulés sont l’expression d’une polari-sation, «une histoire singulière: un patriotisme et une nation». Une dynamique nouvelle a été ainsi enclenchée; elle a enrôlé la nation, le

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Mustapha SEHIMI

Une face cachée est ainsi apparue: celle de la violence à l’égard des femmes. Ce fait n’est pas propre au Maroc; il s’est vérifié à l’international. Le Fonds de Nations Unies pour la Population (FNUAP) s’est ému de cette situation en indi-quant que, dans le monde en 2020, pas moins de 15 millions de cas de violences domes-tiques supplémentaires seraient enregistrés pour chaque trimestre de confinement. Au Ma-roc, l’on a compté quelque 900 plaintes avec 148 suites judiciaires. Par ailleurs, les femmes sont les plus touchées par la Covid-19. Une bonne partie d’entre elles se trouvent dans le secteur informel; une précarité qui va les faire basculer dans la pauvreté. Le rapport propose de «transformer la pandé-mie en opportunité» pour réduire les fractures sociales: en structurant le secteur informel, en garantissant aux femmes une vie décente et en les protégeant des aléas des conjonctures. Voilà un secteur encore où l’Etat doit imprimer

son empreinte par une plus grande implication des femmes, la reconnaissance effective de leurs droits et leur protection au sein de la fa-mille et dans le monde du travail. A noter encore toutes les mesures prises par l’Etat en faveur d’une communauté particu-lière: celle des migrants irréguliers, encore plus exposés sans doute à la pandémie. Une coopération significative a été mise en œuvre entre l’Etat et des acteurs non-étatiques, et ce avec la distribution de 4.000 paniers alimen-taires et plus de 40.000 masques aux migrants à Casablanca par exemple.Une réflexion stimulante nous est ainsi offerte dans cet ouvrage. De quoi nourrir le débat avec un matériau novateur. Le nouveau chemin des politiques publiques et de l’Etat dans la pers-pective d’un contrat social à l’ordre du jour? l

gouvernement, la société civile et toutes les forces vives de la nation. Reste à prendre en compte l’après-pandémie et, partant, l’impéra-tif de l’inflexion des politiques publiques.

Déficit chronique de confianceDemain, il faudra bien mettre en œuvre un nou-veau rôle économique de l’Etat dans le sens d’une adaptation à un choc inédit, imprévisible aussi, où il n’y a pas dans le monde l’on ne sait trop quel mode d’emploi. Dans le même temps, il faut se projeter dans l’avenir pour tenter d’ap-préhender des évolutions pas encore maîtri-sées. Cette interrogation est, entre autres, le fil directeur de cet ouvrage. Comment l’Etat va-t-il rénover ses méthodes? Comment seront redé-finies ses relations avec les autres acteurs pu-blics et privés? Et comment répondre aux be-soins et aux attentes des citoyens? La barque est chargée, lourde même: régulation de la vie économique et sociale, compétitivité nationale, services publics, solidarité sociale et cohésion nationale, partenariat stratégique public-privé. Autant d’interrogations qui ne peuvent qu’être prises en compte par le débat national ouvert sur le nouveau modèle de développement. Dans ce registre, une communication particu-

lière doit prévaloir. La crise a mis à nu bien des insuffisances en la matière. Il fallait rassurer la population, réceptive dans son inquiétude à toutes les informations jusqu’aux rumeurs et même aux fake news. Là encore, l’Etat, confronté à cette nouvelle situation, a déployé une action déclinée autour de ces points: don-ner de l’information, traquer et démentir les fake news, relations étroites et suivies avec les médias, élargir le périmètre des intervenants et des spécialistes. Tout cela a permis de mieux porter le discours officiel alors qu’il y a «un dé-ficit chronique de confiance des populations dans les médias et dans l’Etat». Il vaut de noter les efforts de mobilisation des autorités pour une communication politique en temps de crise, même si certaines mesures ont été «prises dans la précipitation» voire avec «fé-brilité». La pandémie a également mis à nu les insuffi-sances de l’Etat dans la politique des genres.

IL FAUDRA BIEN METTRE EN ŒUVRE UN NOUVEAU RÔLE ÉCONOMIQUE DE

L’ETAT DANS LE SENS D’UNE ADAPTATIONÀ UN CHOC INÉDIT.

* A.Bassou, A.Boucetta, K, Chegraoui,IV.Chekrouni, Y. Drissi Daoudi, M. Dryef,

K. E1 Aynaoui, R. El Houdaigui, A. Ouessif, L. Jaidi, M. Loulichki, M. Rezrazi, A. Saaf.

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Du sang neuf dans la diplomatie marocaine

La diplomatie marocaine se renforce et surtout se ra-fraîchit par une vingtaine de nouveaux ambassadeurs qui se sont vu confier la mis-sion de dynamiser le rôle

du Maroc sur la scène internationale. Un mouvement diplomatique justifié par le nouveau contexte international, dure-ment touché par la crise sanitaire et son corolaire la crise économique. Plus que jamais tourné vers l’avenir, le Maroc ap-préhende désormais les changements géopolitiques internationaux qui ne manqueront pas d’influer sur la position internationale du Royaume. C’est pour anticiper ces changements afin de pré-

server ses acquis et défendre les intérêts politiques supérieurs du pays que S.M. le Roi Mohammed VI a procédé, lundi 6 juillet 2020, en conseil des ministres, à la nomination de nouveaux profils aptes à relever les défis diplomatiques du Ma-roc à l’échelon international, au premier rang desquels on trouve, bien entendu, la défense de l’intégrité territoriale du Royaume. Placée au centre de toute ac-tion diplomatique internationale, la ques-tion du Sahara marocain a été érigée par le Souverain en priorité absolue qui doit constamment figurer sur l’agenda poli-tique des nouveaux ambassadeurs. La dynamisation des relations économiques entre le Maroc et ses partenaires straté-

Des profils jeunes et hautement qualifiés ont été nommés à des postes diplomatiques straté-giques. Cette vague est venue apporter un souffle nouveau à la diplomatie marocaine dans un contexte international difficile. Outre la défense de l’intégrité territoriale du Royaume, les nouveaux arrivants sont manda-tés pour dynamiser les relations économiques entre le Maroc et ses partenaires internationaux.

UNE VINGTAINE D’AMBASSADEURS NOMMÉS PAR S.M. LE ROI

MohamedAit Ouali.

Hakim Hajoui Nabila Freidji

KarimMedrek

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Du sang neuf dans la diplomatie marocaine

Aissa AMOURAG

tretient de fortes relations. Au niveau du monde arabe, plusieurs capitales ont connu des changements: Ali Benaissa, au Koweït; Mohamed Ham-zaoui, à Abu Dhabi; Mohamed Ait Ouali, à Alger; et Abderrahim Mouziane, ambas-sadeur chef du bureau de représentation du Maroc à Ramallah, en Palestine.En Amérique latine, Hicham Elaloui a été nommé à La Havane; Hicham Dehhane en République dominicaine; et Bou-chra Kadiri Boudchich à Panama. Les autres nommés sont: Wissane Zailachi à Sydney, Mohamed Rachid Maaninou au Kazakhstan et Abderrahim Rahali en Thaïlande. Le moins que l’on puisse dire est que le Maroc s’apprête à affronter les nouveaux défis auxquels le monde est confronté. Parmi les plus importants: la relance économique qui semble désor-mais être la priorité absolue de tous les pays gravement touchés par la crise du Covid-19 l

giques figure aussi parmi les missions qui sont dévolues aux nouveaux nommés. C’est ainsi que plusieurs capitales euro-péennes, réputées stratégiques pour le Royaume, ont vu un changement des titu-laires des postes diplomatiques. Il s’agit, en effet, de Karim Medrek, nommé am-bassadeur à Stockholm; Mohamed Sbihi, à Athènes; Hakim Hajoui, à Londres; et Nabila Freidji, à Oslo.

Nouveaux défisVenu d’Australie où il a passé plusieurs années en tant qu’ambassadeur, Karim Medrek est un pur produit du ministère des affaires étrangères où il a progressi-vement gravi les échelons jusqu’à deve-nir directeur de la communication et des relations institutionnelles. Un poste stra-tégique où il a brillé après avoir construit de solides relations d’amitié avec de nombreux journalistes qui l’apprécient énormément pour son sens élevé de la communication. Karim Medrek est amené à déployer tout son talent et toute son ex-périence en faveur de la cause nationale dans une capitale européenne connue pour son soutien au Polisario. Une mis-sion qui ne sera pas de tout repos pour ce diplomate hors pair. La capitale britannique, Londres, va, elle, accueillir Hakim Hajoui, fils de l’actuel se-crétaire général du gouvernement, Moha-med Hajoui. Natif de Rabat en 1983, diplô-mé de l’université Concordia, à Montréal, et de Télécom Paris, il début sa carrière en conseil en stratégie et organisation chez Capgemini Consulting, à Paris. En 2012, il intègre l’OCP en tant que chargé de mission au cabinet du PDG du groupe, Mostafa Terrab, avant de rejoindre la di-rection de la stratégie et du Corporate Development. Il y est en charge de l’ex-pansion des activités d’OCP en Afrique et

contribue au développement de partena-riats de coopération Sud-Sud dans plu-sieurs pays, notamment en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Ghana. En 2015, il ac-compagne la création de la filiale OCP Africa et dirige les opérations en Afrique de l’Ouest, avant d’être nommé, depuis 2016, directeur de cabinet du président du groupe. Au même titre que l’Europe, l’Afrique est également un continent stratégique pour le Royaume. Depuis son retour dans l’enceinte de l’Union africaine, en janvier 2017, le Maroc ne cesse d’orienter ses priorités diplomatiques vers l’Afrique. Plu-sieurs capitales africaines ont ainsi connu des changements au niveau des repré-sentations diplomatiques. C’est ainsi que Hassan Naciri a été nommé à Dakar, Driss Isbayene au Mali, Zakaria Koumiri en Tanzanie, Abderrezzak Laassel à Nai-robi et Issam Taib à Conakry. Des profils aussi pointus qu’expérimentés pour des pays africains avec lesquels le Maroc en-

D ans la foulée des récentes nominations royales de nouveaux ambassadeurs,

l’ancienne Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Mounia Boucetta, vient d’être nommée en tant que Secrétaire générale du même ministère. Elle est, ainsi, la première femme à occuper ce poste prestigieux et stratégique. Le choix porté sur cette fonctionnaire aguerrie, diplômée de l’Ecole Mohammedia des ingénieurs, est d’autant plus significatif qu’elle dispose d’une carrière distinguée dans le monde économique, notamment en tant que directeur général de MADAEF (Groupe CDG), de 2014 à 2017. Elle a également occupé le poste de Secrétaire générale du ministère

du Commerce, de l’Industrie et des Nouvelles technologies. Après son départ du gouvernement, en tant que secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, elle avait intégré le cabinet du président du groupe OCP, Mostafa Terrab l

Une valeur sûre

MOUNIA BOUCETTA, SECRÉTAIRE GÉNÉRALEDU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

A. A.

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Vous avez appelé l’administration Donald Trump, lors de l’émission “Avec le Maroc depuis Washington” diffusée le 28 juin sur “Médi 1 TV”, à condamner le mouvement séparatiste sahraoui du Front Polisario du fait de son “idéologie marxiste”. Pouvez-nous en dire plus sur votre position eu égard au conflit du Sahara marocain?Ce n’est pas seulement l’idéologie du Polisario qui pose problème à mon avis, mais c’est aussi le fait qu’il représente, aujourd’hui, une véritable menace pour la sécurité et la stabilité de toute la région du Sahara et du Sahel, car comme chacun le sait les connexions entre le mouvement et l’Iran sont, depuis belle lurette, un secret de polichinelle. Or nous ne pouvons pas d’un côté sanctionner l’Iran et de l’autre lui laisser le champ libre pour agir à sa guise. D’où le fait que je considère que l’administration Trump se doit de prendre les mesures qui s’imposent, et notamment donc de condam-ner ouvertement le Polisario.

On a récemment parlé d’une recon-naissance de la marocanité du Sahara justement par l’administration Trump et l’ouverture d’un consulat américain dans la région, dans le sillage de nombreux pays africains qui en ont fait de même depuis le mois de décembre 2019. En avez-vous eu vent?Pas vraiment à vrai dire, mais si vous voulez que je vous dise, je suis d’avis que le Maroc doit être soutenu aujourd’hui par les États-Unis. C’est un pays partenaire, notre plus ancien allié pas seulement dans la région

“Le Maroc est un modèlede coexistence”

Dans cet entretien,le député américainde l’Arizona, Paul Gosar, revient pour Maroc Hebdo sur ses récentes déclarations surle plateau de Médi 1 TV appelant l’administration de son pays à condamner “ouvertement” le Front Polisario. Pour lui,les Etats-Unis se doivent aujourd’hui, et plus que toujours, de soutenir le Royaume.

INTERVIEW DE PAUL GOSAR,DÉPUTÉ AMÉRICAIN.

mais dans le monde; nous avons un traité d’amitié qui nous lie depuis plus de 240 ans, et aujourd’hui le Maroc joue un grand rôle dans le maintien de la sécurité et de la stabilité de l’Afrique. Le Maroc nous aide beaucoup, grâce à la coopération fruc-tueuse qu’il y a entre nos institutions, entre nos différents services de renseignement, et c’est la moindre des choses que nous en fassions de même en sens inverse. Nous n’avons aucunement intérêt, aujourd’hui, à nous priver d’un tel allié.

Que pensez-vous de l’intrusion de l’Al-gérie dans le conflit? Comme vous avez dû le voir, le Conseil de sécurité la cite désormais nommément comme partie prenante...Avant toute chose, j’ai déjà eu l’occasion par le passé de visiter l’Algérie comme, d’ail-leurs, j’ai également eu l’occasion de visiter le Maroc; ce sont deux pays magnifiques, deux pays qui sont très très importants pour nous dans la région, et c’est dommage que la coopération entre les deux ne soit pas au mieux. Maintenant, il y a un processus qui est en cours depuis le cessez-le-feu de dé-but septembre 1991 au niveau de l’Organi-sation des Nations unies (ONU), il faut faire en sorte que celui-ci aboutisse. Le blocage actuel n’a de toute façon que trop duré. Il est impératif, aujourd’hui, qu’on se mette autour de la table pour négocier, et que cela se fasse avec des réelles intentions de paix et non qu’on s’exécute seulement pour la forme.

Et que pensez-vous de l’implication amé-

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Interview réalisée parWissam EL BOUZDAINI

ricaine dans le processus de paix?Si cela peut aider à rapprocher les vues, elle ne peut bien sûr qu’être la bienve-nue. Mais en fin de compte, j’ai la ferme conviction que si une solution se dessine un jour, elle sera d’abord du fait des prin-cipales parties prenantes et non de tel ou tel pays ou de telle ou telle institution.

Vous avez tout à l’heure fait allusion au rôle que joue le Maroc dans la sta-bilisation de l’Afrique, quel commen-taire avez-vous sur son implication dans le processus de paix en Libye

où, comme vous le savez, une guerre civile déchire actuellement le pays?Ce qui se passe en Libye est regret-table. C’est un pays avec tellement de potentialités, et c’est dommage que sa population ait à subir ce conflit intestin

depuis de si nombreuses années. Le rôle que joue le Maroc en Libye pour aider les différentes parties à parvenir à la paix est bien sûr à saluer. J’espère que les Libyens sauront se réunir un jour, indépendamment de leurs différences et de leurs divergences de vues, d’identités, de religions, et c’est d’ailleurs quelque chose que vous, au Maroc, parvenez à réaliser remarquablement bien. On voit qu’il y aussi bien des Marocains juifs que des Marocains musulmans, des Berbères et des Arabes, et tout le monde vit en symbiose depuis plusieurs siècles. C’est un très très bon exemple de coexistence entre populations d’ethnicités différentes.

Vous avez donc déjà visité le Maroc. Comment aviez-vous trouvé le pays?Je n’y suis malheureusement pas resté aussi longtemps que je l’aurais voulu; mon voyage a duré à peine 48 heures, et on avait tenu beaucoup de réunions no-tamment au niveau de l’ambassade des États-Unis, qui avait organisé le séjour de A à Z. Ceci dit j’en garde d’excellents souvenirs; j’ai vraiment adoré la nour-riture, très typique de la Méditerranée. Vous devez savoir que j’ai des origines

basques françaises du côté de ma mère, et donc je me suis partiellement reconnu dans les saveurs marocaines. A ne pas rater au Maroc l

“ SI UNE SOLUTION SE DESSINE UN JOUR AU SAHARA, ELLE SERA D’ABORD DU FAIT

DES PRINCIPALES PARTIES PRENANTES ET NON DE TELLE OU TELLE INSTITUTION. ”

Paul Gosar.“C’est dommageque la coopérationentre le Maroc et l’Algérie ne soitpas au mieux.”

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Répression, détournement…L’Europe presse le pouvoir algérien

LA PROPAGANDE ALGÉRIENNE CONTRE LE MAROC BAT SON PLEIN

De mauvaise foi, le pouvoir algérien joue la bonne foi pour faire accroire à une main tendue à son voisin le Maroc, au moment où les institutions européennes enquêtent et prennent des résolutions attestant

la répression violente des manifestants algériens et le détournement par l’Algérie et le Polisario des aides humanitaires destinées à Tindouf.

LE CHEF D’ETAT ALGÉRIEN, ABDELMAJID TEBBOUNE, SAIT GRÉ ENVERS CEUX

QUI L’ONT PORTÉ AU POUVOIR.

Contesté depuis le 12 décembre 2019 (date de son élection) à ce jour, le chef d’Etat algérien, Abdelmajid Tebboune, sait gré envers ceux qui l’ont porté au

pouvoir. Il se démène pour maintenir les privilèges de l’armée et assurer l’impunité de ses fidèles et limiter, autant que faire se peut, l’ampleur de la révolution populaire née il y a 18 mois, ayant provoqué le départ de Bouteflika.Il est même très reconnaissant, à telle en-seigne qu’il assume bien et sans complexe sa schizophrénie, ses propos contradictoires au gré de la température des réactions exté-rieures à la répression dans son pays. Voix autorisée de l’establishment militaire, Abdel-majid Tebboune joue à l’apaisement avec la France et le Maroc et affiche une bonne foi drapée d’hypocrisie politique inégalée, suite à des critiques acerbes et récurrentes no-tamment venant de l’Union européenne au sujet de la répression violente et meurtrière dont sont victimes la population kabyle en particulier, les manifestants et les journalistes algériens.Dans une interview diffusée dans le soir du samedi 4 juillet, par France24, Abdelmadjid Tebboune, dont le pays a célébré dimanche 5 juillet le 58e anniversaire de son indépen-dance, a, en plus de la situation intérieure difficile de son pays (le mouvement du Hi-rak, chute des prix du pétrole, pandémie de Covid-19 meurtrière...), abordé les relations

extérieures d’Alger avec la Libye, la France et le Maroc.S’il a reconnu qu’avec la France les relations ont été très compliquées, passionnelles et passionnées à cause d’un lourd héritage mémoriel, au contraire, avec «nos frères ma-rocains, nous n’avons aucun problème. Non. Aucun problème. Et je le dis de la manière la plus officielle: nous n’avons aucun problème avec nos frères marocains», a-t-il déclaré.

Discours manipulateurAvant de changer de discours: «On est allé à l’insulte verbale, on nous prête des intentions. Chaque fait interne algérien est analysé à travers le prisme d’arrière-pen-sées. Nous n’avons aucune arrière-pen-sée. Nous n’avons aucun problème avec le peuple marocain, ni avec le roi du Maroc … Jusqu’à présent l’escalade était verbale mais nous constatons que nos frères marocains passent à une autre forme d’escalade».C’est l’incarnation même de la manipulation dans le discours politique. Hélas, l’histoire est lancinante et sans pitié pour tous ceux qui croient que les autres sont amnésiques ou crédules.Si M. Tebboune joue la bonne foi, il doit ou-

blier que depuis son élection le 12 décembre 2019 à ce jour, il n’a eu de cesse de s’atta-quer au Maroc et à son intégrité territoriale. Sur ses dix déclarations officielles, six l’ont été sur le Maroc.Il a, sans vergogne, appelé, le 4 mai 2020, lors du Sommet virtuel des chefs d’Etat non-alignés, à la «cessation des hostilités du Maroc» et a exprimé son «inquiétude» face à la «situation d’occupation» dans deux ré-gions du monde, en Palestine et au Sahara occidental, nous confie une source autori-sée au ministère des Affaires étrangères. Quoique le pays vit une crise économique sans précédent, il n’a pas lésiné sur les moyens pour faire pression sur le Secrétaire général des Nations-Unies afin qu’il nomme un nouvel Envoyé spécial au Sahara qui donnerait de la visibilité à sa création et à son «protégé», le Polisario.On ne peut cacher le soleil d’été par un tamis quand on sait qu’en octobre 2019, l’Etat algé-rien a contesté, seul, l’annonce par plusieurs pays africains de l’ouverture de représenta-tions consulaires à Laâyoune et à Dakhla. Et comme le destin est imprévisible, la résolu-tion du Conseil de sécurité est venue mettre fin à sa volonté délétère. Cette résolution a

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Marouane KABBAJ

tendre cette crise sanitaire et la crise écono-mique qui s’en est suivie notamment en Eu-rope pour voir ses institutions manifester leur ras-le-bol de voir leurs aides humanitaires destinées aux camps de Tindouf détournées par l’Algérie et le Polisario.

Contestation populaireJeudi 9 juillet 2020, le mécanisme de saisine officielle du Parlement européen au sujet du détournement de l’aide humanitaire desti-née aux populations séquestrées à Tindouf est actionné. Le projet de résolution dépo-sé dénonce la poursuite de cette fraude et appelle à un audit de l’aide européenne détournée par le Polisario et l’Algérie. Puis, le lendemain, vendredi 10 juillet, la Commis-sion européenne été interpellée au sujet des exécutions extrajudiciaires dans les camps de Tindouf. Dans une question parlementaire, l’eurodé-putée italienne Silvia Sardone rappelle que le 28 avril 2020, l’armée algérienne a ouvert le feu sur un groupe de personnes dans les camps de Tindouf lorsqu’il tentait de se dé-placer entre deux camps. Trois personnes

ont été blessées et six autres arrêtées. La députée européenne explique qu’après le tollé que cet événement a soulevé dans les camps, où la répression a été accentuée au motif de l’état d’urgence lié à la pandémie de Covid-19, les autorités algériennes ont for-cé les proches des blessés à ne pas porter plainte auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, en subor-donnant la libération des six détenus à leur silence. Mme Sardone souligne que cet agis-sement n’est pas un acte isolé, notant que l’usage d’armes à feu contre les civils des camps de Tindouf a été signalé par plusieurs organisations non gouvernementales qui ont dénoncé au moins huit autres assassinats depuis 2014.Le régime algérien, en proie à une contesta-tion populaire en interne et dans les camps de Tindouf, fait également face à une crise économique due à la chute des revenus du pétrole. Mais cela ne l’empêche de s’investir et d’investir le peu de ressources du pays en ces temps de crise pour mener des cam-pagnes contre le Maroc l

TOUTE SUPERCHERIE ET TOUTE PSEUDO CAUSE A UNE FIN. IL SEMBLE BIEN QUE LA

MAGIE S’EST RETOURNÉE FINALEMENT CONTRE LE MAGICIEN !

X

non seulement cautionné les paramètres des négociations depuis 2007 mais en plus a invité l’Algérie à s’impliquer dans le proces-sus de table ronde comme étant un des ac-teurs du dossier clairement identifiés, à l’ins-tar du Maroc, du Polisario et de la Mauritanie, jusqu’à ce que le processus aboutisse à une solution politique «réaliste, pragmatique et durable» à la question du Sahara marocain.Elle a le mérite de dénuder la thèse long-temps défendue par Alger et qui voulait que ce voisin de l’est est un simple pays obser-vateur et non pas un pays impliqué dans ce dossier artificiel. Une thèse pourtant qui se contredit avec les réactions des respon-sables algériens, à leur tête le président Te-bboune. Notamment les deux lettres, la pre-mière envoyée par le président Tebboune à l’Union africaine et la seconde adressée sur un ton menaçant par Brahim Ghali, le leader contesté des séparatistes, au SG des Na-tions Unies. Les deux acolytes avaient, vai-nement, tenté d’exercer une pression pour la désignation d’un nouvel Envoyé spécial qui donnerait de la visibilité au Polisario et à la pseudo Rasd que 165 Etats (sur 193) des Nations-Unies ne reconnaissent pas.Ignoble encore fut l’offensive algérienne quand le ministre algérien des Affaires étran-gères a déclaré, devant la commission des affaires étrangères au Parlement de son pays a deux priorités, deux dossiers d’occu-pation en Palestine et au Sahara occiden-tal. Mais toute supercherie et toute pseudo cause a une fin.Il semble bien que la magie s’est retournée finalement contre le magicien! Il a fallu at-

AbdelmajidTebboune.

Une réunion du parlement européen.

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I l n’était pas ce candidat issu de l’environnement révolution-naire. Il n’est pas, non plus, le successeur putatif des anciens présidents de la République

ou des pivots de la révolution algé-rienne, tels Ben Bella qui se voulait en guerre pour rassembler, ou un Boumediene qui lâche une larme en criant Hagrouna, ou l’ami Boudiaf, martyr de ses propos, ni même du valeureux Krim Belkacem, l’unique victime des Accords d’Evian et de de Gaulle…Le Président Abdelmadjid Tebboune n’est plus donc le candidat qu’il fut, mais ses interventions sur le Maroc furent particulièrement agressives. Si elles le furent, à priori, pour plaire à ses soutiens, fût-ce un seul, il n’en reste pas moins que le propos, la forme, le fond, la posture, le ton et le timing ne relèvent pas d’une contingence passagère ou d’un inté-rêt inopiné. L’on peut soupçonner du subconscient inaccessible et de l’in-timité maîtrisée. Tentons de les sur-prendre. Seule possibilité: le passé; un passé riche, fécond et révélateur. Il sera donc question ici, hors com-plaisance ou animosité, de revoir l’Histoire d’une famille de renom

DRISS ENNAHDI EL IDRISSI

BOUSSEMGHOUN,L’UNIQUE SOURCE D’UN RESSENTIMENT !

Née en Algérie, la Tariqa Tijania s’était trouvé, en Fès, une capitale devenue un incontournable lieu de pèlerinage. Abdelmadjid Tebboune, descendant de dignitaires

tijanis nous rappelle que cette mésentente historique est toujours d’actualité.

avec ses influences sur l’actualité contemporaine du Maghreb.

LE TOUAT OU LA CONVICTION PASSE PAR LE REFUSSi, dans la totalité des pays du Ma-ghreb, la dévolution des pouvoirs

politiques était restée dans la conti-nuité séculaire, même en Algérie, le Président Abdelmadjid Tebboune ne serait pas devenu chef d’Etat, par le biais d’une boîte appelée urne, mais il aurait pu prétendre à la plus haute des fonctions, par la volonté unanime de sa oumma, vu le passé indiscu-table de ses aïeux et parents, tous ouléma, fouqaha ou cheikhs musul-mans, et ce, historiquement, sociale-ment, cultuellement, culturellement.En effet, cette famille originaire du Touat, limitrophe de notre Tafilalet, était le pivot incontournable de l’Islam dans cette région.Parlons donc du Touat, pour com-prendre le caractère trempé de tous les originaires de cette région où le coup de feu était facile, la trahison im-possible; et être rebelle, une liberté. Coups de feu… pour tout et pour rien: contre la région de Figuig et ses zaouias, qui en faisaient continuel-lement la dure expérience; contre le Tafilalet, pour ses liens africains, son aura, sa richesse; contre le Bey Otto-man à Oran et sa terrible répression.Pour la liberté, ce fut celle de la contestation des pouvoirs depuis les Idrissides de Tlemcen, aux Saadiens de Mansour Eddahbi à Tombouctou.

Abdelmadjid Tebboune, président algérien

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Pour leur part, les ottomans ont pré-féré en rester à l’écart, sauf escar-mouches subites et assassines. Pour ce qu’elle a appelé la «pacification», la France n’en fut pas plus heureuse au prix de colonnes, voire d’esca-drons, massacrés, malgré de sévères représailles aveugles.Pour la trahison, les gens du Touat n’ont jamais admis l’article VI du trai-té pour la délimitation des frontières dit de Lalla-Maghnia, signé en 1845 entre le Maroc et la France, et où les plénipotentiaires marocains ont ac-cepté une malheureuse déclaration sur le Touat, pourtant connu pour ses Bay’a à nos sultans. En effet l’article VI de ce traité stipule, «quant au pays qui est au sud des k’sours des deux Gouvernements, comme il n’y a pas d’eau, qu’il est inhabitable, et que c’est le désert proprement dit, la dé-limitation en serait superflue.». Une césure tragique…Or, à 120 km à l’est de Figuig, la vie existait bien à Boussemghoun, à l’eau abondante et à la palmeraie verdoyante… Il suffisait alors de re-trouver son histoire cultuelle, pour re-trouver un fait particulier: la naissance d’une importante zaouia, la toute der-nière avec un impact mondial.

BOUSSEMGHOUN: PRESTIGE, DE-CEPTION ET RESSENTIMENTQuand on remonte le temps et préci-sément à la fin du XVIIIème siècle, les aïeux du chef d’Etat algérien actuel y offrent un moment historique pres-tigieux à Boussemghoun, ce k’sar de leur origine. Ce village est l’objet de leur fierté mais il reste aussi celui du ressentiment et de la possible ran-cune visant notre pays. L’actuel Président de l’Algérie a été certainement nourri par ces faits his-toriques qui conditionnent un compor-tement plus qu’une position.En effet, l’Histoire retient que c’est à Boussemghoun que le Cheikh Sid

Ahmed Tijani a créé la Tariqa Tijania en s’y s’installant et en y prêchant à partir de 1781.Et si Sid Cheikh Ahmed Tijani est le maître incontesté de la Tariqa Tijania, les aïeux du président de la Répu-blique algérienne furent les premiers adeptes, les premiers protecteurs, et aussi les premières victimes tant du Bey d’Oran que des autres Tariqa hostiles, pour la plupart marocaines. Ces aïeux furent aussi les premiers compagnons de Cheikh Sid Ahmed Tijani, ces compagnons à qui la Tija-nia doit les luttes pour son existence, l’enthousiasme pour son dévelop-pement et l’abnégation pour son ex-

traordinaire expansion internationale. Boussemghoun était donc, au cœur de la Tijania fleurissante.

ET FES: CE CHOIX VISIONNAIRE DE SID AHMED TIJANIDonc tout était parfait dans le quo-tidien des Semghoun, sauf que, en 1799, et donc après 18 ans de prêches à Boussemghoun, le fonda-teur Sid Cheikh Ahmed Tijani, dont la famille est originaire de notre Douk-kala, décide de s’installer définitive-ment à Fès, prétextant les multiples contrariétés ottomanes. Il trouva à Fès un accueil populaire, et aussi une notable bienveillance du Sultan Moulay Slimane. Allégresses à Fès et

absolue affliction à Boussemghoun !Les Semghoun ont fini, certes, par accepter la sentence du chef de la Tariqa, mais cette décision sonnait comme un terrible abandon; une souffrance qui est toujours d’actuali-té, ce que reflètent les relations entre la branche tijania marocaine et la branche source algérienne, malgré des ententes épisodiques.Au décès de Sid Ahmed Tijani, ses deux enfants ont été vite rapatriés par ses compagnons semghouns, dans un premier temps à Bous-semghoun puis à Aïn Madi, lieu de naissance du fondateur de la Tariqa. Trop tard pour restituer au K’sar son pouvoir religieux: la Tijania s’était trouvé, en Fès, une capitale deve-nue un incontournable lieu de pèle-rinage; et le tombeau de Sid Ahmed Tijani consolida définitivement cette aura. Et en 2019, soit 220 années après ce départ de Boussemghoun pour Fès, le candidat Abdelmadjid Tebboune, en indexant le Maroc, nous rappelle que cette mésentente est toujours d’actualité; et si la nation algérienne est d’abord son premier souci, c’est cette mésentente de plusieurs siècles qui influe sur sa position par rapport au Maroc.Reste une interrogation d’actualité: Dans ce bruit de bottes régional, le Président algérien, serait-il dans une totale hostilité pour des engage-ments militaires? Tout est possible, Touat et Boussemghoun obligent plus que la nation algérienne, avec l’exclusion d’une totale pensée pour un groupe dans la dissidence!Mais une clé, sorte de sésame, existe: elle est entre les mains des deux branches de la Tijania et de leurs partenaires africains. L’on peut ajouter que, pour ses actuels adeptes, le Cheikh Sid Ahmed Tijani veille sur le Royaume. Et qui vivra verra. Qui tentera aussi! l

LE PRÉSIDENT ALGÉRIEN, SERAIT-IL

DANS UNE TOTALE HOSTILITÉ POUR

DES ENGAGEMENTS MILITAIRES?

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SOCI

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Noureddine Boutayeb, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, était de passage le 3 juillet 2020 à la Commission de l’intérieur, des collectivités

territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville au sein de la Chambre des représentants pour présenter le projet de loi N° 72.18 relatif au système de ciblage des bénéficiaires des programmes d'appui social et portant créa-tion de l'Agence nationale des Registres.Le ministère de l’Intérieur espère à travers cette loi mettre en place le cadre et l’écosys-tème pour une protection sociale globale plus transparente grâce à un système pour l’enre-gistrement et la notation des familles bénéfi-ciaires des aides avec un taux d’exclusion le plus bas possible.

Multiplicité des programmesCe dernier point est central dans la nouvelle stratégie, car quand le taux d’exclusion est faible cela veut dire que les personnes ci-blées sont celles qui bénéficient réellement des aides. A contrario, quand ce taux est éle-vé cela veut dire que les aides sont attribuées aux mauvaises personnes et que les cibles sont exclues des programmes d’aides.C’est là l’un des problèmes majeurs auxquels a été confronté l’Etat dans le cadre des pro-

Mettre en place le cadre pour une protection sociale globale plus transparente au profit des personnes réellement dans le besoin.

Tout ce qu’il faut savoir surles programmes d’appui social

NOUREDDINE BOUTAYEB DEVANT LES PARLEMENTAIRES

grammes sociaux mis en place jusqu'ici. Ce ne sont pas toujours les personnes dans le besoin qui bénéficient des aides mises en place. Cela a malheureusement été constaté à cause de la multiplicité des programmes, de l’absence de coordination entre les pro-grammes, ainsi que l’inefficience du système d’authentification des personnes.

Dans son intervention, Noureddine Boutayeb a expliqué que la nouvelle réforme cherche à apporter des réponses à toutes ces insuf-fisances en verrouillant le programme per-mettant d’identifier les personnes cibles et en mettant en place un système d’authentifica-tion difficile à contourner notamment via l’em-preinte biométrique et l’empreinte rétinienne

Noureddine Boutayeb.

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Seddik MOUAFFAK

bouteilles de gaz et les paie au prix du mar-ché. Le système remboursera à la famille la différence."

La généralisation entre 2023 et 2025L’authentification des données passe soit par l’identifiant digital civil et social en plus de l’empreinte biométrique, soit l’identifiant en plus d'un OTP (one-time password, Un mot de passe à usage unique reçu au téléphone). Selon le projet de loi, l’une des missions de l’Agence nationale des registres est d’offrir les services d’authentification des données contenues dans les registres, donner les accréditations aux instances intermédiaires dans ce domaine et les contrôler. Point qui a été particulièrement soulevé par les par-lementaires lors des discussions sur la loi. Dans sa réponse, le ministre n’a pas man-qué, là aussi, de souligner que «sans cette instance intermédiaire, il faut que tous les prestataires de services soient directement reliés à l’agence nationale des registres». «Cela comporte un risque sécuritaire difficile à gérer», dit-il.Enfin, en ce qui concerne l'Etat d'avancement du projet de réforme, le ministre précise que pour le registre national de la population, «le travail a démarré. Les appels d’offres sont lancés. «Pour le RSU, on a fait un premier appel d’offres déclaré infructueux, nous al-lons lancer une deuxième». «Nous avons besoin d’une année pour finali-ser la plateforme. Après nous aurons besoin d’expérimenter ce nouveau système dans une région donnée. Le problème c’est qu’il y a les échéances électorales. (…) C’est la raison pour laquelle, nous prévoyons une en-trée en vigueur de la réforme au niveau de la région Rabat Salé Kenitra début 2022».«La généralisation se fera entre 2023 et 2025. Cela prend autant de temps pour la mise en place des unités pour le relevé des empreintes, la formation des effectifs, l'en-registrement des familles, le lancement de l'opération du relevé des empreintes , ... tout cela prend du temps même en enregistrant 60.000 personnes par jour. Et c’est une opé-ration que nous ne pouvons pas externali-ser», souligne le ministre Boutayebl

L’inscription au registre national des popu-lations (RNP) est volontaire, mais elle est obligatoire pour les membres des familles qui veulent bénéficier des programmes so-ciaux et qui s’inscrivent dans le registre social unique (RSU). L’enregistrement sur le RSU peut se faire en ligne ou physiquement. C’est le ménage qui s’inscrit au RSU, contraire-ment au RNP, où l'inscription est individuelle. Le représentant du ménage remplit une base de données avec les informations de-mandées. «Nous ne demandons pas d’in-formations sur le revenu ou sur les biens possédés. On leur demande le lieu d’habita-tion, le nombre de personnes composant le ménage, les dépenses d’eau et d’électricité, celles du téléphone ou celles du gaz, … On prend comme base les dépenses et non les revenus, car rares sont les ménages qui dé-clarent la vérité de leurs revenus». M. Bou-tayeb s'est également attardé sur la notion de scoring. «C'est une opération mathéma-tique basée sur les données des charges et des dépenses. Le score prend également en considération si le ménage est en milieu rural ou urbain». «La formule du scoring sera mise à jour tous les trois ans pour éviter les décalages entre la réalité et le modèle mis en place», poursuit-il.Comment fonctionnera ce nouveau sys-tème où l’authentification est un facteur clé pour s’assurer de l’efficience des aides ? Dans sa réponse, le ministre délégué donne un exemple avec la bouteille de gaz «Sup-posons que la bonbonne de gaz n’est plus subventionnée de la même façon qu’elle l'est actuellement. Peut-être que le programme d’aide avancera que chaque famille ciblée aura accès à deux bouteilles de gaz par mois. La personne en question part chez le commerçant, renseigne son numéro d’iden-tification, donne son empreinte, récupère les

et en réduisant au maximum l’intervention humaine dans la décision d’octroi de l’aide.«Cette loi est l’infrastructure sur la base de laquelle le pays mettra en place sa stratégie de protection sociale». Selon les explica-tions données par le ministre délégué, les paradigmes de la conception des aides vont changer.D'un côté, le registre permet de regrouper les familles qui se sont enregistrées dans le re-gistre social et estiment avoir besoin d’aide. Une fois enregistrées, l’Agence vérifie la vé-racité des déclarations et attribue un score au ménage basé sur des critères socio-écono-miques. Il s’agit là d’un travail indépendant.En parallèle, quand un programme d’aide est sur le point d'être mis en place, le dépar-tement étatique concerné doit revenir vers l’Agence pour prendre les données à sa disposition pour savoir s’il n’y a pas un pro-gramme similaire déjà en place… Si ce n’est pas le cas, il prendra alors les statistiques lui permettant de concevoir son programme de la façon la plus optimale. Ces données sont, notamment, le nombre de familles répondant aux critères cibles.

Centraliser l’information«Il peut ainsi demander à l’agence de lui four-nir le nombre de familles ayant un score en dessous d’un seuil donné. Si ce nombre est de 100.000 familles, par exemple, il dispose donc d’une donnée précise et fiable qui lui permet de faire ses simulations financières et concevoir son programme en fonction du budget disponible. Ainsi l’Etat a de la visibilité et a cette capacité de planifier. De l’autre côté, à la fin de l’année, les départements étatiques fournissent à l’agence les données des aides distribuées. Cela permet de centraliser l’infor-mation et donne à l’Etat une meilleure visibili-té sur le montant total des aides distribuées», explique le ministre.

L’INSCRIPTION AU REGISTRE NATIONAL DES POPULATIONS EST OBLIGATOIRE POUR LES INDIVIDUS QUI VEULENT BÉNÉFICIER DES

PROGRAMMES SOCIAUX.

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Lors de l’assouplissement du confine-ment, plusieurs foyers industriels ont vu le jour. Quel est, selon vous, le rôle de la santé au travail dans la limitation de ces foyers?La santé au travail est la responsabilité de plusieurs acteurs, mais elle incombe surtout aux managers des entreprises, qui doivent appliquer de manière stricte la réglementation en vigueur. Depuis le drame de Rosamor en 2008 à Casa-blanca, la législation s’est sensiblement améliorée. Les entreprises marocaines ont compris aujourd’hui qu’il faut inves-tir dans la santé et la sécurité de leurs ressources humaines et aussi matérielles. Toutefois, nous avons observé, lors de cette crise sanitaire, plusieurs manque-ments notamment au niveau du personnel qui occupe les postes de médecins ou infirmiers de travail. Si le Maroc dispose aujourd’hui d’une formation médicale spécialisée de qualité en santé du travail et d’un arsenal juridique important, il faudra redoubler d’efforts en matière de prise de conscience du rôle important que

autres techniciens de santé qui occupent des postes d’infirmier en santé du travail dans plusieurs entreprises. Ceci doit cesser car ça risque de nuire à la santé du personnel. Les inspecteurs du travail doivent entrer en jeu et sanctionner ces charlatans du métier.

Que proposez-vous pour combattre ces agissements?Je pense qu’on doit s’intéresser, en premier lieu, à la formation. Il faudra, par exemple, introduire un module de santé au travail dans la formation de base des infirmiers, ou, mieux encore, instaurer une spécialité d’infirmier en santé au travail dans les instituts supérieurs de formations des infirmiers. Outre la forma-tion, on sait tous que le secteur public de la santé souffre aujourd’hui d’un manque criant en termes de ressources humaines et matérielles, mais surtout d’une crise de gouvernance et de transparence. Il faut tirer des leçons de la crise actuelle et la considérer comme une opportunité de changement pour un meilleur développe-ment sanitaire l

peut jouer un médecin au travail. Je reste convaincu que grâce aux leçons tirées de cette crise sanitaire, la réglementation sera davantage renforcée et les patrons d’entreprises vont s’intéresser davantage à ce métier indispensable dans la préser-vation d’un climat sain et sécurisé au sein de leurs organisations.

Comment le personnel de santé dans le secteur privé a-t-il géré cette crise sanitaire? Les médecins de travail ont effectué un travail colossal pour instaurer les me-sures de prévention dans les entreprises et pour éduquer le personnel en matière d’hygiène et de distanciation sociale. Tou-tefois, nous avons reçu plusieurs récla-mations concernant des sages-femmes et

L’apparition de plusieurs foyers industriels, après l’assouplissementdes conditions de confinement, interpelle sur la nécessité de disposer d’une véritable politique de santé au travail. Le point avec Zoheir Maazi, Coordinateur national de Nursing Now Morocco.

“IL FAUT TIRER DES LEÇONS DE LA CRISE ACTUELLE ET LA CONSIDÉRER COMME UNE OPPORTUNITÉ DE CHANGEMENT POUR UN

MEILLEUR DÉVELOPPEMENT SANITAIRE”.

“La santé au travail est indispensable pourla limitation des foyersindustriels”

ENTRETIEN AVEC ZOHEIR MAAZI,Coordinateur national de NursingNow Morocco.

Propos Recueillis par Mohamed Amine HAFIDI

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Des femmes franco-marocaines ministres, il y en a eu déjà en France. Rachida Dati comme Garde des Sceaux sous Nicolas

Sarkozy et Najat Valaud Belkacem comme ministre de l’éducation nationale sous François Hollande. Emmanuel Macron vient d’avoir sa Franco-marocaine dans le gouvernement actuel de Jean Castex. Il s’agit de la jeune Nadia Hai, 40 ans, qui certes n’est aussi célèbre que ses deux concitoyennes mais qui est parvenue à devenir ministre déléguée chargée de la politique de la ville. Un domaine qu’elle maîtrise à la perfection puisqu’elle a été députée membre de la commission des fi-nances où elle a plancher sur des sujets liés à la politique de la ville. Elle est également vice-présidente du groupe d’étude Villes et banlieues et a notamment été chargée d’une mission d’information parlementaire pour évaluer et contrôler l’utilisation des financements de l’Agence nationale de ré-novation urbaine. Nadia Hai a été aussi dé-signée par le président de l’Assemblée na-tionale, Richard Ferrand, pour travailler sur la réforme de l’Impôt sur la fortune (ISF). Native de la ville de Trappes, dans le dé-partement des Yvelines, au sein d’une fa-mille nombreuse de quatre enfants, d’un

département, à savoir le socialiste Benoît Hamon, qui avait remporté les primaires du parti socialiste pour la désignation d’un candidat de la gauche à l’élection présiden-tielle. Nadia Hai n’oublie pas pour autant les origines de sa famille et est également vice-présidente du plus grand groupe d’amitié parlementaire, le groupe France-Maroc, qui compte 137 membres. Elle faisait ainsi partie de la délégation française menée par l’ancien Premier mi-nistre, Edouard Philippe, au Maroc en 2017 et a participé dans ce contexte au Forum économique France-Maroc, co-organisé par les patronats français et marocain à Skhirat. Nadia Hai comptera certainement parmi les appuis de son pays d’origine au sein du nouvel Exécutif français l

père ouvrier originaire d’Oujda et d’une maman femme au foyer, Nadia Hai, la stu-dieuse et la brillante, réussit à décrocher un BTS Banque. Elle se lance ensuite dans une longue carrière de gestionnaire finan-cière notamment au sein de la prestigieuse banque HSBC avant de rejoindre la banque Barclays, où elle s’est vu confier la gestion de patrimoine pendant une période de quinze ans.

Talent et jeunessePassionnée par la politique au service des gens, elle rejoint en 2017 le parti d’Emma-nuel Macron, La République En Marche, et cofonde avec lui le comité des femmes du parti. Un comité qu’elle dirigera avec brio jusqu’à être choisie par Emmanuel Macron pour représenter son parti aux élections législatives de juin 2017 dans les Yvelines. Nadia Hai, grâce à son talent et à sa jeunesse, a réussi à se faire élire comme députée, an battant le plus favori dans ce

Ascension d’une jeune politique marocaineen France

NADIA HAI, MINISTRE DÉLÉGUÉECHARGÉE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE DANS LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS

Grâce à sa proximité avec le président français, Emmanuel Macron,mais aussi à son talent politique, elle a été choisie comme ministre déléguée chargée de la politique de la ville. Cette Franco-marocaine originaired’Oujda, née dans une famille nombreuse de quatre enfants, a réaliséun parcours professionnel pour le moins fulgurant.

NADIA HAI EST VICE-PRÉSIDENTE DU PLUS GRAND GROUPE D’AMITIÉ PARLEMENTAIRE,

LE GROUPE FRANCE-MAROC.

A. AMOURAG

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Crise sanitaire, canicule, suspension précoce des cours… une édition pénible

BACCALAURÉAT 2020

181.662 candidats, dont 150.655 présents, ont été inscrits au baccalauréat 2020, toutes branches confondues. Un bac chamboulé par le coronavirus, et des aspirant bacheliers qui dénoncent des examens extrêmement difficiles, voire prohibitifs. Détails d’une édition au goût amer.

P leurs, cris, malaise ou éva-nouissement, les scènes de déception des candidats du baccalauréat 2020 ont fait le tour des réseaux sociaux.

Les parents et aspirants bacheliers ont dénoncé des examens extrême-ment difficiles pour une session bous-culée par une suspension précoce des cours. Au terme d’une année scolaire per-turbée par la crise due au Covid-19, le baccalauréat 2020 s’est claire-ment déroulé dans des conditions cocasses. Mesures anti-triche, gestes barrières, suspension précoce des cours, le bac 2020 ne ressemble à aucun autre. Tant de difficultés que les élèves ont été obligés de gérer en plus du stress du baccalauréat avant d’être heurtés à des examens de ma-thématiques et de physique particuliè-rement complexes. “Les examens étaient très difficiles. L’épreuve des mathématiques a été longue et inaccessible. J’ai bien ré-visé et j’ai toujours eu de bonnes notes, mais je suis déçue que les

examens soient rédigés au dessus de nos connaissances”, nous déclare une jeune candidate, à sa sortie de l’épreuve des mathématiques mardi 7 juillet. Cette situation concerne les trois matières scientifiques, à savoir les maths, sciences naturelles et phy-sique, selon les déclarations diffusées par plusieurs élèves.

Un long protocoleLa réponse de Amzazi n’a pas tardé! Le ministre de l’éducation a déclaré à la Chambre des conseillers qu’il n’y a pas eu de surprises dans les exa-mens. Le commentaire du ministre a été émis quelques heures seulement après la diffusion des vidéos dénon-çant la dureté des examens. “Une enquête sera ouverte pour étudier

LE MINISTRE DE L’ÉDUCATION A DÉCLARÉ À LA CHAMBRE DES CONSEILLERS QU’IL N’Y A PAS

EU DE SURPRISES DANS LES EXAMENS.

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Lamiae BELHAJ SOULAMI

réat 2020. Malgré le mise en place de mesures anti-triche strictes, 1.107 cas de fraude ont été enregistrés dans le rang des candidats de la branche Lettres, sciences humaines et enseignement

original. Rappelons à ce titre, que pour cette année, Il a été demandé aux candidats qui passeront l’examen national de présenter une déclaration sur l’honneur signée par le candidat lui-même ou son tuteur, attestant de la prise de connaissance des disposi-tions de la loi contre la fraude lors de l’examen unifié du baccalauréat.

Surveillance minutieuse“Incroyable de voir autant de distance entre les tables et la taille géante des salles d’examen! J’aurais aimé passer mon baccalauréat dans des classes ordinaires, ça m’aurait évité un supplément de stress, quand tout me rappelle les conditions exception-nelles de cette année”, nous déclare une candidate. Une surveillance minutieuse a été au rendez-vous. Les candidats de la session du bac 2020 n’avaient pas le droit à l’erreur. Avec 10 personnes par salle, les surveillants ont facilement pu maîtriser les agissements les tri-cheurs. En parallèle, les téléphones portables et tout support électronique ont été interdits dans les espaces dé-diés à l’examen. La possession de tels supports a été considérée comme un cas de fraude punissable, d’ailleurs certains candidats ont été sanction-nés pour avoir gardé leurs téléphones dans la salle de l’examen l

et l’interdiction de tout échange de fourniture entre candidats, un long protocole a été appliqué sur tous les élèves, enseignants, cadres adminis-tratifs et l’ensemble du personnel, lors de la session normale du baccalau-

quelques cas particuliers”, déclare Amzazi, affirmant que lors d’une vi-site de terrain faite au niveau de Fès-Meknès, les élèves ont été satisfaits des examens des mathématiques, et n’ont évoqué aucune difficulté. Prise de température des candidats, respect de la distanciation physique et mise en place de mécanismes or-ganisationnels, gels désinfectants à disposition des candidats, avec obli-gation de se désinfecter les mains et de porter un masque de protection

Les conditions exceptionnelles du coronavirus n’ont pas empêché un Marocain de 80 ans de passer son baccalauréat, cette année. La photo de l’octogénaire, vêtu d’une djellaba et portant un masque au moment de passer les épreuves écrites, ont fait le tour des réseaux sociaux. Applaudi et encouragé par les internautes, ce Marocain incarne la détermination et le courage.

IL PASSE SON BAC À 80 ANS.

“JE SUIS DÉÇUE QUE LES EXAMENSSOIENT RÉDIGÉS AU DESSUS DE NOS

CONNAISSANCES”.

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Comment pouvez-vous décrire l’expérience du e-learning au Maroc?Inédite! Inédite car personne n’était évidem-ment préparé et l’ensemble des établisse-ments, qu’ils soient publics ou privés, issus du primaire, du secondaire ou du supérieur ont dû, en un rien de temps, trouver les moyens de s’adapter. Il faut dire qu’avec cette crise, beaucoup d’activités se sont malheureusement arrêtées ou ont avancé au ralenti. Le secteur de l’éducation a la «chance», lui, de pouvoir utiliser diverses technologies, des plus simples aux plus complexes, gratuites ou non, pour justement continuer, tant bien que mal, ses activités pédagogiques. Certains outils

“Le E-learning permet de suivreune formation en ligne avecla qualité pédagogique du présentiel”

Plusieurs scénarios seraient à l’étude par le ministère de l’éducation pour la prochaine rentrée, prévue le 2 septembre 2020. Cours en présentiel, e-learning ou formation hybride? Tout dépendra de l’évolution de la situation épidémique du Coronavirus dans notre pays. Demeurant une option possible à adopter pour la reprise des cours, la formation à distance divise! Efficace ou non? Suffisante ou pas? Réponses avec Yasmine Benamour, docteur en Sciences de Gestion, directrice générale de HEM et présidente du Réseau LCI Education Afrique.

ENTRETIEN AVEC YASMINE BENAMOUR,docteur en Sciences de Gestion, présidente du Réseau LCI Education Afrique

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Propos recueillis par

Lamiae BELHAJ SOULAMI

composantes) de le mettre en place de la bonne manière et d’opérer ainsi un virage en termes d’état d’esprit car, finalement, le côté plateforme technologique n’est pas, en soi, la partie la plus difficile; il y a pléthore de professionnels du domaine qui ne demandent qu’à déployer leurs solutions (et les budgets pour ce faire se trouvent quand tout le monde est motivé…). Le second élément clé est le degré de connectivité des apprenants. Pas d’internet, pas de e-learning. Mauvaise connexion, mauvaise séance de cours en ligne. Il faut donc que l’étudiant ou l’élève dispose au mieux d’un ordinateur connecté, sinon d’un smartphone. Aujourd’hui, hormis dans les ré-gions les plus reculées peut-être, le Marocain est plus ou moins connecté et dispose au moins d’un smartphone. Si l’on améliore un tant soit peu sa connectivité, accompagnée de prix abordables, le e-learning ne peut être considéré comme une option élitiste; il peut, au contraire -utilisé à bonne dose et de la bonne manière- devenir la solution pour démocratiser l’accès à un enseignement adapté, de qualité et partout… Avant de former les étudiants, il faut former les enseignants pour mieux gérer la nouveau-té du e-learning. Quel est le meilleur moyen de réussir cette transition?Tout à fait. Cela rejoint ce que je disais plus haut lorsque je parlais de volonté de l’établissement incluant toutes ses composantes et donc bien sûr les professeurs. La technologie a beau être utilisée à des degrés différents, il y a toujours un professeur derrière pour concevoir les choses d’un point de vue pédagogique. Le meilleur moyen de réussir cette transition est de les impliquer, recueillir leurs idées, les motiver et surtout les former. La démarche ne peut être que participative.

Les écoles marocaines préparent des cours à distance pour la prochaine rentrée scolaire, bon ou mauvais signe? Signe de prudence ou signe de modernité… Dans les deux cas, c’est très bien! l

nécessitent une connexion internet à domicile, d’autres nécessitent un smartphone ou juste une télévision. Certains outils sont plus performants que d’autres car vraiment dédiés au e-lear-ning (Adobe Connect Pro, Blackboard, Teams Classroom…), d’autres ne le sont pas vraiment à la base mais leur usage peut s’y prêter au vu des circonstances (Zoom, WhatsApp, …). L’expé-rience a certainement dû être vécue de façon bien différente selon les établissements.

Instauré à cause de la situation exception-nelle de la pandémie, le e-learning sera t-il adopté de façon continue dans l’éducation post-covid? Comme il y a eu un ‘avant’ et un ‘après’ 11 septembre, il y aura bien un ‘avant’ et un ‘après’ Covid dans beaucoup de domaines, incluant bien sûr celui de l’éducation. Cette situation inattendue où nous avons été «contraints» de mettre en place, en un temps record et avec l’adhésion de tous, des plateformes d’enseignement à distance est en réalité une formidable fenêtre d’opportu-nité. L’ensemble des parties prenantes (profes-seurs, étudiants et administration) ont découvert qu’il était possible d’apprendre, de faire et de travailler autrement. Il faut donc capitaliser sur cette expérience et en tirer les leçons pédago-giquement et ce, non seulement pour être plus efficaces mais également, peut-être, avec une nouvelle façon de réduire le présentiel des cours en faveur d’autres activités d’ouverture, diffé-rentes, plus épanouissantes pour les étudiants. C’est un peu le concept du «Wei-Ji» chinois qui signifie «crise/danger– opportunité»…

Le e-learning peut-il remplacer le présentiel, ou il sera toujours un complément de l’ensei-gnement classique? J’aimerais tout d’abord préciser les choses d’un point de vue lexique et définition: Le e-learning, aussi appelé formation à distance, est un service permettant de suivre une formation en ligne avec la qualité pédagogique du présentiel. Sans aller dans les détails, ce e-learning peut se diviser en deux catégories: l’apprentissage synchrone et l’apprentissage asynchrone. L’apprentissage synchrone implique un enseignement avec un professeur qui donne lui-même le cours en ligne (comme dans une vraie classe) et échange avec ses élèves ou étudiants, notamment à l’aide d’un système de messagerie instantanée.

“ LE E-LEARNING PEUTDEVENIR LA SOLUTION POUR DÉMOCRATISER L’ACCÈS À UN

ENSEIGNEMENT DE QUALITÉ.”A l’inverse, l’apprentissage asynchrone se fait généralement hors ligne (il n’y a donc pas de cours prodigué par le professeur comme dans une vraie classe). Dans ce cas, les supports pédagogiques et les travaux à effectuer sont envoyés aux étudiants ou élèves par email ou déposés sur une plateforme dédiée ou autre; ils doivent ainsi travailler dessus et rendre leurs devoirs ou projets à temps. Chaque appren-tissage a ses avantages et ses inconvénients. L’avantage du synchrone est qu’il permet d’avoir un «vrai» cours interactif mais cela peut être fatiguant si la séance est trop longue ou l’apprenant trop jeune; L’avantage de l’asyn-chrone est qu’il permet d’étudier de manière autorégulée, à son rythme, mais nécessite donc un apprenant motivé et suffisamment responsable et autonome. Tout cela pour vous dire que nous devons trou-ver de nouvelles façons de transmettre, les plus efficientes possibles dépendamment de l’appre-nant que nous avons en face, et utilisant tous les moyens possibles. Pour la formation initiale en particulier, je pense que la part du présen-tiel reste essentielle mais c’est le contenu du cours qui va devoir évoluer surtout si celui-ci est couplé à du e-learning (modèle hybride). En matière de formation continue, les choses sont différentes: pour certains programmes, le e-learning peut remplacer le présentiel, en synchrone ou asynchrone. En réalité, la conclusion est qu’il n’y a pas une seule façon de faire mais plusieurs, selon le type de formation, sa durée, son contenu, l’âge de l’apprenant, son degré d’autonomie, sa disponibilité, etc. Le débat est ouvert!

Contrairement aux établissements publics qui ont eu du mal à trouver une formule efficiente, le secteur privé a facilement pu transiter du présentiel à l’enseignement à distance... Peut-on considérer que le e-lear-ning est une option plus ou moins élitiste au Maroc? Je pense que l’enseignement à distance repose sur deux éléments clés: le premier est la volonté de l’établissement (incluant toutes ses

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Le retour aux plages cette année n’est pas semblable aux années précédentes. Interdites à la bai-gnade pendant toute la période de confinement, qui a durée

trois mois, les plages retrouvent peu à peu de l’animation, après le déconfinement, mais avec un goût amer dans un contexte

lité des plages marocaines. Ainsi, selon le récent rapport rendu public lundi 6 juillet 2020, plus de 87% des eaux de baignade sur les plages marocaines sont conformes aux normes de qualité microbiologique.Le rapport, piloté par la Fondation Mo-hammed VI pour la protection de l’Envi-ronnement et dont les résultats ont été présentés lors d’une conférence de presse à distance, indique que sur 461 stations programmées pour surveiller la qualité des eaux de baignade, 422 stations pos-sèdent un nombre suffisant d’échantil-lons afin de mener à bien le processus de classification selon la nouvelle norme marocaine (199.7.03 NM), et donc 370 sta-tions de surveillance (soit 87,68%) ont été

sanitaire difficile marqué par le stress et la crainte des Marocains d’attraper le Co-vid-19. Comme chaque année, les plages marocaines font l’objet d’un classement et d’une évaluation réalisés par le départe-ment de l’environnement. Ce classement permet aux Marocains de se construire une idée plus ou moins précise sur la qua-

OÙ PEUT-ON SE BAIGNER CETTE ANNÉE ?PLUS DE 87% DES EAUX DE BAIGNADE SUR LES PLAGES MAROCAINES SONT CONFORMES AUX NORMES DE QUALITÉ

52 plages ne sont pas conformes aux normes de la qualitéet donc impropres à la baignade. Et ce en raison de la pollutionrésultant principalement des rejets d’eaux usées, de la forteconcentration des baigneurs, conjuguées à l’insuffisancedes infrastructures d’hygiène et aux changements climatiques.

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OÙ PEUT-ON SE BAIGNER CETTE ANNÉE ?PLUS DE 87% DES EAUX DE BAIGNADE SUR LES PLAGES MAROCAINES SONT CONFORMES AUX NORMES DE QUALITÉ

Aissa AMOURAG

DEPUIS 2014, LE MAROC A ADOPTÉLA NOUVELLE NORME QUI DÉCOULE DES NOUVELLES DIRECTIVES EUROPÉENNES

POUR LA GESTION DE L’EAU DE BAIGNADE.

préserverla qualitédes eauxde baignade.

évaluées avec une qualité microbiologique conformément à la nouvelle norme.Les 52 stations restantes (soit 12,32%) ne sont pas conformes à ces normes au cours de la saison actuelle, en raison de la pol-lution résultant principalement des rejets d’eaux usées, de la forte concentration des baigneurs, conjuguées à l’insuffisance des infrastructures d’hygiène et aux change-ments climatiques, et particulièrement en ce qui concerne les apports en eaux plu-viales parfois polluées, qui rejoignent di-rectement les plages par le biais des cours d’eau.Concernant la Surveillance de la qualité du sable des plages, les déchets marins des plages se caractérisent par la pré-

pondérance de la catégorie «Plastique/polystyrène», qui représente, à elle seule un taux de 84% de la totalité des déchets marins au niveau national.À cet égard, deux projets pilotes ont été menés également, en partenariat avec deux associations opérant sur la Méditer-ranée, dont le premier concerne le projet Adopter une Plage avec l’AESVT/section de Tanger, qui a concerné la caractérisa-tion des déchets au niveau de 4 plages méditerranéennes, alors que le deuxième concerne le projet Pêche aux Déchets, avec l’association des plongeurs Abtal Fnideq, qui s’est déroulé au niveau du port de pêche de Fnideq.

Un atout pour le tourisme côtierPour ce qui est du programme Plages Propres et du fameux label Pavillon Bleu, les données de surveillance issues de ce programme constituent également des sources d’information pour l’évaluation des dossiers des plages candidates à l’éco-label Pavillon Bleu, piloté par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’En-vironnement, dont le drapeau a été hissé en 2019 sur les 21 plages. En 2020, 39 can-didatures ont été déposées parmi les 102 plages inscrites dans le programme Plages Propres et dont le résultat d’examen des dossiers sera communiqué par la Fonda-tion. Afin de préserver la qualité des eaux de baignade, le rapport recommande de lut-ter contre le rejet aléatoire des eaux usées s’écoulant directement dans les zones de baignade ou à travers les cours d’eau plu-viale, de sensibiliser et d’orienter les pro-priétaires des établissements touristiques, la surveillance régulière des réseaux de drainage des eaux de pluie pour éviter le raccordement aléatoire des eaux usées do-

mestiques, et une surveillance régulière de l’état du réseau d’assainissement. Le rapport prône aussi d’interdire le rejet des eaux usées domestiques et/ou in-dustrielles, de renforcer les systèmes de lutte contre la pollution au niveau des estuaires, des villes et des centres urbains côtiers, d’équiper les plages d’infrastruc-tures et d’installations d’hygiène appro-priées, de sensibiliser les baigneurs aux comportements écologiques et de les im-pliquer dans le nettoyage des baignades. Le nombre de plages qui font l’objet de la surveillance évolue depuis plusieurs an-nées. Il est passé de 50 en 2000, à 79 en 2002 et à 175 plages en 2020. Cependant, la qualité a connu une nette amélioration au fil des années. La qualité des eaux de baignade constitue un atout important pour le développement du tourisme cô-tier, en particulier.Depuis 2014, le Maroc a adopté la nou-velle norme (199.7.03 NM), qui découle des nouvelles directives européennes pour la gestion de l’eau de baignade, qui ont été progressivement appliquées à la classification de la qualité de l’eau des plages du Royaume.Cette nouvelle norme marocaine est ba-sée sur la mise en place d’un mécanisme de gestion proactive de la qualité de l’eau de baignade sur la base de la classifica-tion de l’eau au cours des quatre dernières années consécutives. Cette norme défi-nit des «niveaux standards» plus stricts que l’ancienne norme, avec l’analyse des sables des plages et la finalisation des dossiers environnementaux permettant l’évaluation de toutes les procédures et mesures pour protéger les baigneurs du risque de contamination de l’eau de bai-gnade l

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Très tôt le matin, ce vendredi 10 juillet, soit 15 jours après la levée du confinement, Aïn Diab a perdu son climat clair et son air frais.

Alors que plusieurs poubelles ont été ins-tallées le long de la corniche, dans le cadre des dernières rénovations qu’a connues le paysage côtier, les Casablancais ne peuvent s’empêcher de jeter leurs déchets un peu partout, en n’épargnant ni la corniche, ni la plage. Les joggeurs, nageurs, et sportifs casablan-cais, qui adorent profiter du calme de la corniche aux premières heures de la mati-née, ont été déçus de voir à quoi ressemble la plage de la ville. Les estivants ont fait de cet espace de détente et de rencontre avec la nature une décharge à déchets. Couches de bébé, bouteilles en plastique, canettes, restes de repas… ces déchets habituels qui remplissent nos plages, deviennent de plus en plus nombreux. Masques et gants, les nouveaux ennemis de l’environnement ont également fait leur ap-

plages n’ont cessé de tenter de sensibiliser les estivants quant à l’importance de préser-ver ces espaces des déchets. Mais rien n’y fait, si le département de l’Environnement vient d’indiquer dans un rapport que plus de 87% des eaux de baignade sur les plages ma-rocaines sont conformes aux normes de qua-lité microbiologique pour la période 2016-2019, ce chiffre peut réellement se dégrader si les Marocains ne se réveillent pas, en fai-sant de la nature de leur pays, une priorité. Avec des gestes simples, que nous pouvons adopter, et transmettre à nos enfants, la na-ture de notre pays peut respirer. Quelle est la différence entre jeter nos déchets par terre ou dans une poubelle appropriée? En terme d’effort, cela ne nous demande rien, mais en terme de gain, cela nous épargne beaucoup de maladie, de pollution et nous permet d’alléger le travail monstre des agents de la propreté. Rondons un hommage aux hommes et femmes, gendarmes de la propreté, qui s’activent quotidiennement en toute discré-tion pour assurer leur mission. Ahmed, ce quarantenaire qui a été présent ce matin à Aïn diab, se penche toutes les minutes pour ramasser les déchets des autres. Avec une poubelle qui dépasse sa taille, ce monsieur ose espérer qu’un jour, les citoyens puissent penser à lui et à ses collègues en ayant un comportement plus responsable afin d’allé-ger leur lourde tâche au quotidien. Pour faire face à ces agissements allant à l’encontre du civisme de la part des citoyens qui se débarrassent des déchets de manière anarchique, les autorités de la ville de Casa-blanca avaient envisagé d’activer le volet lié aux sanctions prévu dans la loi 20.00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination. Ladite loi prévoit une amende de 200 à 10.000 dirhams lorsqu’il s’agit de dépôt, de rejet, d’enfouissement, de stockage, de traitement, d’incinération ou d’élimination des déchets ménagers ou assimilés, ou des déchets industriels, médicaux et pharmaceu-tiques non dangereux ou des déchets inertes ou des déchets agricoles en dehors des en-droits désignés à cet effet. Cette action n’a jamais vu le jour, et l’impunité nourrit les transgressions l

parition dans la plage de la ville blanche. Malgré les nombreuses campagnes visant à sensibiliser les Marocains sur l’importance de l’hygiène et du respect des espaces pu-blics, en cette période de Coronavirus, le message ne semble pas donner effet. L’inci-visme et la nonchalance des citoyens atteint son comble, en cette période de crise sani-taire, qui nécessite plus que jamais une cor-rection des mauvaises habitudes.

A quand les sanctions?Dans l’un de ses discours, le défunt Abderra-him Harouchi, ancien ministre de la Santé et membre fondateur de l’Association Afak Civisme et Développement, avait dit que «Le développement ne relève pas de la seule res-ponsabilité des gouvernants, pas plus qu’il ne doit se réduire à la croissance des indi-cateurs macro-économiques. La vraie loco-motive du développement, c’est d’abord le facteur humain». Boundif, Bahri de Saad Abid, ou actions vo-lontaires, les campagnes de nettoyage des

Déconfinés, les Casablancaiss’attaquent à leur plage

RETOUR DE L’INCIVISME

Les habitants de la métropole qui ont attendu avec impatience le déconfine-ment pour reprendre leurs activités estivales, ont fait preuve d’un manque

de civisme inouïe. Masques, canettes, couches de bébé… la plage dela ville blanche ressemble à une décharge.

Lamiae Belhaj SOULAMI

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PAR ABDELATIF LAAMRANI

ÉLOGE DE L’AUTORITÉmis. Il y a autorité quand un pouvoir bénéficie d’un capital de confiance et quand les indivi-dus sur qui le pouvoir s’exerce lui conservent leur confiance. Ce pouvoir est alors perçu comme légitime et il acquiert l’autorité de ce qui échappe à la contestation.En effet, même sur le plan religieux, l’Islam, en matière de pouvoir, confère au chef, d’abord à Mohammad le Prophète, et, après sa mort, au Khalif, un pouvoir hégémonique. Il est le dé-tenteur du pouvoir suprême et sacré. Il cumule entre ses mains les pouvoirs exécutif, admi-nistratif, judiciaire et religieux. Mais il n’exerce pas le pouvoir législatif (censé être une autori-té), car Dieu seul est législateur. Comme il est conféré un pouvoir divin au représentant d’Al-lah et du Prophète sur terre, on serait tenté de penser que le gouvernant, ne devant rendre des comptes qu’à Dieu et au Prophète, dis-pose d’un pouvoir illimité. Il n’en est rien, car son pouvoir est largement pondéré. En effet, la loi donne la force légitime à l’Etat, qui la dé-cline par décrets, arrêtés et circulaires.

Un rapport actif de commandementEn matière d’autorité, il n’y a point de violence physique. L’autorité est cette forme de pouvoir qui s’exerce sans contrainte. Ensuite, le pou-voir qui en découle est indiscutable. L’autorité s’impose comme du non-négociable, c’est cette qualité qui entre en contradiction avec un éthos démocratique et égalitaire pour le-quel tout se discute. D’habitude, l’inégalité écrase. Mais pas dans le cas de l’admiration: si vous admirez un philosophe, un musicien ou un dirigeant politique, vous êtes grandi par cet affect. Condillac touche un point très juste lorsqu’il affirme, dans son Traité des animaux [1755], que l’Homme doit son intelligence à sa capacité d’imitation. Nous avons besoin de modèles à imiter, afin de faire jouer en nous une espèce d’habitude à prospérer à évoluer et à devenir meilleurs.Une question se pose toutefois dans cette dis-

L’énigme du dirigeant

L’idée d’autorité comprend au moins deux dimensions. D’abord, elle implique une sorte de soumission volontaire répondant à la légitimité d’un ascendant

naturel, un charisme qui en impose. De là provient la distinction qu’elle a avec le pouvoir, celui-ci est plus une injonction qu’une inclina-tion naturelle à faire adhérer les autres à sa doctrine. L’exemple le plus patent est celui de l’autorité de l’avocat et du juge. Le premier n’a que l’autorité qu’on veut bien lui reconnaître. Celle de son vécu, de son expertise, de sa personnalité et de sa compétence, ce qui crée sa légitimité.Ces éléments font sa grandeur ou sa petitesse. L’avocat n’a de sacerdoce qu’en proportion de sa contribution. Le juge est «magistrat» par sa nomination par l’Etat, son «magistère», il l’obtient de cet acte et non pas d’une autorité ou d’une compétence person-nelle. Un juge incompétent n’en perdrait pas son titre, ni son impérium de magistrat, pour autant. Un avocat incompétent dépérit et se meurt.C’est la distinction principale entre autorité et pouvoir. L’autorité, vous l’avez. Le pouvoir, on vous le donne. L’autorité est généralement considérée par la sociologie juridique comme un pouvoir légitime: un pouvoir qui n’a donc besoin que d’un minimum de coercition pour se faire respecter et obéir. «On parle de l’au-torité d’une personne, d’une institution, d’un message», écrivent Boudon et Bourricaud, «pour signifier qu’on leur fait confiance, qu’on accueille leur avis, leur suggestion ou leur injonction, avec respect, faveur, ou du moins sans hostilité ni résistance, et qu’on est dis-posé à y déférer». L’autorité ne peut donc être considérée purement et simplement comme un attribut du pouvoir, car il s’agit d’un concept relationnel. Il ne peut être question d’autorité que dans le cadre d’une relation entre les dé-tenteurs d’un pouvoir et ceux qui lui sont sou-

tinction entre liberté et pouvoir. Discipline et li-berté sont-elles incompatibles? Tout se passe comme s’il fallait, au cours d’une éducation, passer par cette première couche de disci-pline pour s’en affranchir ensuite: le vrai pro-blème est de définir les styles d’obéissance (conformisme, soumission, subordination, consentement, etc.) et d’étudier leurs limites. La subordination, c’est quand on obéit en re-connaissant la légitimité du donneur d’ordres. La soumission, c’est une obéissance contrainte qui repose sur l’impossibilité de dé-sobéir, à cause du coût trop grand à endurer. Mais l’énigme du dirigeant, c’est qu’il produit une obéissance consentie par les assujettis eux-mêmes. La Boétie écrivait à propos de la tyrannie: «D’où a-t-il pris tant d’yeux sur vous, si vous ne les lui donnez? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne les prend de vous?».L’énigme et le scandale du rapport pouvoir/politique tiennent dans ce qu’on pourrait ap-peler la «surobéissance», et c’est elle qu’il faut en soi désamorcer. À l’inverse de cette passivité complaisante, Aristote, au livre III des Politiques, définit l’obéissance du citoyen comme un rapport actif de commandement: le sujet libre, même quand il obéit à un autre, le fait de son propre chef. Obéir politiquement, c’est se commander à soi-même d’obéir. Dès lors, la désobéissance (à l’autre) peut s’en-tendre depuis cette convocation de soi devant soi-même, cette responsabilité donc: confron-té à un abus du pouvoir ou à un ordre inique, je décide de désobéir, car il m’est devenu im-possible de me commander d’obéir à ceci ou cela. Il s’agit de rester en toutes circonstances l’auteur de ses actes l

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Un soutien spécifique exceptionnel

ATTIJARIWAFA BANK ET SA FILIALE ATTIJARI INTERNATIONAL BANK OBTIENNENT LE PRIX STP AWARD 2019 DE COMMERZBANK AG

FONDS INNOV INVEST: UN PLAN D’URGENCE COVID-19 POUR L’ÉCOSYSTÈME START-UPS

L e ministère de l’Economie et des Finances, en concertation avec la Caisse Centrale de

Garantie (CCG), vient de mettre en place une nouvelle composante au sein du

Fonds Innov Invest dédiée à appuyer l’écosystème start-ups face aux effets de la crise sanitaire. Cette initiative, intitulée Plan d’urgence Covid-19, vise à apporter un appui additionnel pour faire face aux charges courantes des bénéficiaires des interventions du Fonds et faciliter ainsi le redémarrage de leurs activités. Aussi, les structures d’accompagnement labélisées vont bénéficier d’un soutien spécifique exceptionnel pour maintenir leur dynamique en termes d’assistance technique destinée aux jeunes porteurs de projets innovants.En outre, pour le soutien de l’innovation

C’est une double consécration pour Attijariwafa bank Maroc et sa filiale offshore Attijari

International Bank (AIB) qui viennent d’obtenir le prestigieux prix STP Award 2019 de Commerzbank AG. En effet, Attijariwafa bank et Attijari International Bank ont été primées pour la qualité de leurs prestations dans la livraison des paiements commerciaux et des transferts financiers internationaux. Le STP Award, institué par Commerzbank AG, l’une des plus grandes institutions financières et bancaires présente dans plus de 50 pays, récompense chaque année les banques leaders dans le monde qui offrent la meilleure qualité de service dans le traitement des transactions financières internationales (paiements et transferts). À cette occasion, Sanaa Drissi-Alami, responsable Trade Finance, F.I. et Correspondent Banking à la C.I.B., a affirmé: «Nous sommes fiers de recevoir le STP Award 2019 et nous en remercions vivement Commerzbank. Ce prix récompense la qualité de service de

nos process de traitement des transactions internationales, le respect des règles de compliance et rend hommage à nos équipes. D’aucuns diront que la qualité de service est le cheval de bataille de toutes les institutions financières. C’est l’élément différenciateur par excellence et le KPI sur lequel notre attention et notre sens de l’innovation doivent être constamment portés. À ce titre, nous sommes pleinement mobilisés pour relever ce défi en continu.» De son côté, Mohamed Benjelloun, directeur général d’Attijari International Bank a déclaré: «Nous exprimons nos vifs remerciements à Commerzbank pour l’octroi de ce prix prestigieux. C’est une fierté pour nos équipes et notre groupe. C’est aussi un gage de confiance, socle de la relation avec nos clients et nos partenaires. Ce prix est aussi un challenge dans le sens où il nous incite à innover et

Quand la qualité de service paie

à améliorer en continu notre qualité de service tout en respectant les règles de compliance, de plus en plus rigoureuses imposées par les correspondants bancaires internationaux.» Créée en 1994 à Tanger, Attijari International Bank occupe aujourd’hui la position de leader dans la zone financière offshore. Elle jouit, en effet, d’une solide réputation de banque de référence dans la zone et a réussi à tisser un large réseau de partenariats stratégiques avec des institutions financières internationales et supranationales l

S. M.

S. M.

dans les métiers de la santé, le gouvernement prévoit de lancer prochainement un fonds d’amorçage dédié aux porteurs de projets et des start-ups actifs dans le domaine de la santé.Pour rappel, le Fonds Innov Invest est un mécanisme public d’appui aux start-ups, géré par la CCG. Doté de 500 millions de dirhams, il vise des interventions sous forme d’aides, de prêts et d’investissements en faveur des start-ups innovantes. Depuis son lancement officiel en 2017, près de 200 projets ont pu bénéficier des financements dans ce cadre pour un montant de 100 millions de dirhams l

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L’ animation est totalement retombée sur la Place casablancaise en ce début

du mois de juillet. D’une moyenne quotidienne de 181 millions de DH en juin et de 136 millions de DH depuis le début de l’année, le volume d’affaires sur le marché central est retombé à 29 millions de DH après quatre séances en juillet. Quant au Masi, l’indice de la bourse, il a bouclé le premier semestre sur une contre-performance annuelle de 16,5%, après une chute de 20,68% des cours sur le seul mois de mars 2020. L’indice s’est ressaisi en mai et juin 2020, mais le rebond est timide. Ainsi, les investisseurs, dans l’attentisme, ont quasi fait la grève de la cote depuis le début du mois de juillet 2020.Cet attentisme des investisseurs s’expliquerait en partie par les derniers développements liés à la crise sanitaire et les incertitudes qui planent sur la situation économique. La remontée de la courbe des contaminations renforce la méfiance de certains investisseurs.Les investisseurs personnes physiques en particulier ont quasiment déserté la cote. Surtout, le marché s’interroge sur les mesures de relance de l’économie que va défendre le gouvernement dans le projet de loi de finances rectificative.Les décisions d’investissement sont en partie suspendues à une meilleure visibilité sur le plan de relance l

A l Barid Bank a obtenu en juin dernier une double consécration à travers la certification ISO 9001 de ses Services Mobile Banking et le renouvellement de la certification de ses activités Monétique.

«Al Barid Bank devient ainsi, le premier établisement bancaire au Maroc à certifier ses activités Mobile Banking et confirme sa ferme volonté de digitaliser sa relation avec ses clients», peut-on lire sur un communiqué de l’établissement.Dans le détail, la même source révèle que les audits réalisés par l’organisme de certification n’ont révélé aucun écart par rapport à la norme ISO 9001 mais ont identifié plusieurs points forts, ce qui démontre la cohérence du Système de Management de la Qualité d’Al Barid Bank et son degré de maturité.«L’obtention de cette double reconnaissance représente une confirmation de la dynamique Qualité enclenchée qui, grâce à l’esprit créatif et innovant des collaborateurs du Groupe Al Barid Bank et leur culture de la satisfaction client, permettront d’assurer la durabilité du Système de Management Qualité mis en place», souligne Al Barid Bank dans son communiqué.À noter que la banque a également maintenu sa certification ISO 9001 pour ses activités de Transfert suite au deuxième audit de surveillance réalisé par l’organisme certificateur Bureau Veritas l

Les investisseurs veulentplus de visibilité surles mesures de relanceLa bourse vit dans l’attentisme

Al Barid Bank a obtenu une double consécrationà travers la certification ISO 9001 de ses Services Mobile Bankinget le renouvellement de la certification de ses Activités Monétique

Tout pour satisfaire le client

En certifiant ses activités Mobile Banking, Barid Bank confirmesa ferme volonté de digitaliser sa relation avec ses clients.

Seddik MOUAFFAK

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29ANSENSEMBLE

Par Seddik MOUAFFAK

L’URGENCE CLIMATIQUEFAIT L’OBJET D’UN LARGE

CONSENSUS

COMBAT POUR LE CLIMAT,COMBAT POUR L’EMPLOI

A près le confinement, la vie reprend. Les frontières s’ouvrent partiellement et les voyages avec l’étranger sont rendus possibles. Mais il ne faut pas se leurrer, la vie ne reprend pas comme avant. Le coronavirus sévit encore. Il est toujours là. On ne sait pas pour combien de temps. Surtout qu’il a laissé

derrière lui beaucoup de dégâts. Une économie en récession, presqu’à l’arrêt. Un État dont les ressources sont presqu’à sec à force de venir en aide aux entreprises en diffi-culté et aux salariés en chômage partiel, sans parler des laissés-pour-compte et autres couches défavorisées de la population. Un État plus que jamais appelé à une action urgente afin d’éviter que la crise de l’emploi consécutive à la pandémie du nouveau coronavirus ne se transforme en une crise sociale généralisée.Le vivre-ensemble se fait désormais à distance. La crise sanitaire a, en effet, considéra-blement accéléré les mutations déjà en cours avec l’explosion du télétravail, de l’e-en-seignement et de l’e-commerce et l’envolée des valeurs «stay at home». Certaines habitudes changent, les comportements aussi, bien que plus lentement. Par ailleurs, les vagues de chaleur et les pics de pollution que connait le Royaume ces derniers jours nous rappellent que les changements climatiques constituent cette lame de fond qui conditionne non seulement notre présent mais aussi notre avenir. L’urgence climatique fait désormais l’objet d’un large consensus par le monde. Des sommes colossales sont mobilisées pour la transition vers une économie moins gourmande en carbone. Les secteurs clés sur lesquels ce type d’investissement se concentre sont la production d’électricité sans carbone, le transport, les précurseurs dans la transition hors des hydrocarbures ainsi que l’agriculture et l’agro-alimentaire. Dans son dernier rapport, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) signale qu’une accélération de la transition énergétique permettrait d’ancrer sur le long terme le Maroc dans une croissance verte et pourrait donner un bon coup d’impulsion à l’investissement productif et à la création d’emplois au Maroc. Car le combat pour le climat rime plus que jamais avec le combat pour l’emploi. Selon le CESE, la filière éner-gétique pourrait, en effet, créer 300.000 emplois permanents. Ces emplois, répartis sur l’ensemble du territoire, concerneraient notamment les métiers des installateurs, des intégrateurs, des logisticiens, des process industriels, des auditeurs, des commerciaux, des sociétés de services (ingénierie équipements, systèmes, mécanique, électronique, logiciel, financement, assurance, etc.) et des prestataires dans diverses filières d’exploi-tation et de maintenance. Ces ambitions sont grandes, et pour les concrétiser dans la pratique, le CESE reven-dique la mise en place d’une «nouvelle stratégie avec des options claires, une gou-vernance adaptée et un positionnement international renouvelé». Par ailleurs, cette nouvelle stratégie doit reposer sur des valeurs de justice sociale, «être équitable et in-clusive, responsable sur le plan environnemental et soutenable sur le plan financier» l