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LE TROU DU SOURCIER ET LE TROU SOPHIE Son histoire 1. Historique des recherches du club la Corde . Suite à des informations reçues par Joël et données par Christophe Goffin, nous savons que des nouvelles grottes ont été découvertes à Dinant en face de la Merveilleuse, et ce en 1936. Voici l’article qui parle de cette découverte.

1. Historique des recherches du club la Corde. Rifflet/LE_TROU_DU... · Extrait tiré du journal « L’Informateur » quotidien économique et financier d’intérêt général et

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LE TROU DU SOURCIER ET LE TROU SOPHIE

Son histoire

1. Historique des recherches du club la Corde. Suite à des informations reçues par Joël et données par Christophe Goffin, nous savons que des nouvelles grottes ont été découvertes à Dinant en face de la Merveilleuse, et ce en 1936. Voici l’article qui parle de cette découverte.

Extrait tiré du journal « L’Informateur » quotidien économique et financier d’intérêt général et ce daté du 03 juin 1936. Nous avons donc commencé nos recherches en pensant avoir trouvé dans un premier temps ce fameux puits mais après quelques désobs, ce n’était pas le bon. Comme nous avons trouvé lors de la désob une plaque émaillée « Bière Delbruyère » nous avons décidé de l’appeler ainsi, le trou des Bruyères.

Fred dans le trou des Bruyères.

Le 16 février 2008, nous sommes allés dans une cavité située derrière le Centre Evangélique et ce sur les indications de notre ami Alain Mersch qui connaissait bien le concierge. Nous pensions avoir trouvé la bonne grotte mais finalement, la topographie de ce trou ne correspondait pas aux indications données par le vieil extrait du journal. Vu que cette cavité se trouve derrière le Centre Evangélique, nous avons décidé de l’appeler : trou du Temple.

Couloir dans le trou du Temple. Donc, encore une fois, nous n’avons pas trouvé ce fameux puits creusé sur les indications du sourcier. 2. Le trou du Sourcier, pourquoi ? Le puits a été trouvé grâce à l’aide d’un sourcier. Cette personne possède un don. Elle travaille le plus souvent avec une baguette de sourcier, un pendule ou parfois, à mains nues.

Voici le sourcier en action.

Le sourcier détecte le plus souvent et comme son nom l’indique, les sources. Mais il sait également trouver les failles, les cours d’eau souterrains et le vide résultant de la présence de cavités souterraines. Dans le cas qui nous intéresse, Jules Collard a fait appel à un sourcier qui l’a aidé à trouver le bon endroit pour creuser. Ce sourcier, c’était tout simplement…lui ! De plus, les bons sourciers, et il y en a, parviennent à donner la profondeur approximative du chantier. . 3.Pourquoi Jules Collard creusait-il ? Jules Collard habitait en face des grottes la Merveilleuse. Il tenait avec son épouse un café qui est devenu maintenant un centre Evangélique. D’après sa petite-fille, madame Monique Collard, ce café s’appelait : le café des grottes ( à ne pas confondre avec le café des grottes de la Merveilleuse de chez Briasco).

L’emplacement du café tenu par Jules Collard et son épouse.

En plus de son travail de cafetier, Jules Collard était également guide à la grotte la Merveilleuse. Il s’est rendu compte que détenir une grotte assez grande et bien concrétionnée pouvait rapporter un supplément pécunier assez conséquent. Il a commencé à creuser derrière son café car il y avait un départ de grotte. Cette cavité s’appelle actuellement le trou du Temple. Nous sommes allés la visiter le 16 février 2008.

Exploration dans le trou du Temple.

Cette grotte doit encore être topographiée mais on peut apercevoir à l’intérieur plusieurs aménagements et différents départs peu conséquents. On remarque très bien qu’elle a été vidée dans l’entre deux guerres. Ne voyant pas de passages intéressants, ni de belles grandes salles, ni de belles concrétions, et bien Jules Collard a du creuser autre part et c’est pour mettre toutes les chances de son côté qu’il se base sur les dires d’un radiésthésiste sourcier qui comme expliqué supra, n’est autre que lui-même ! 4. Qui est Jules Collard ? Jules Collard est né à Dinant le 12 avril 1884. Il a épousé à Dinant le 31 mai 1905 Maria Lagalis, née à Gochenée le 05 janvier 1883. Comment l’a-t-il connue ? Et bien elle travaillait non loin du coin chez sa tante qui tenait à l’époque la ferme de Wespin ! Le couple a eu 5 enfants : Emile Collard, né en 1906, qui a épousé en 1931 Virginie Noël de Onhaye et n'a eu qu'une seule enfant: madame Monique Colllard puis Marie Collard née en 1908, toujours à Dinant, qui a épousé un coiffeur ( de Dinant) Camille Haimaut : ils ont eu quatre enfants. ensuite Arthur Collard (dit Auguste), né en 1904 et qui a épousé Ida Goffin. Ils ont eu un fils. encore Elisabeth Collard (dite Juliette) qui a épousé Henri Denison de Maillen, a longtemps habité la route de Philippeville et a eu un fils

et enfin la petite dernière Lucienne Collard (dite Loulou) qui a épousé un Dinantais également, Adelin Monmart. le couple a eu une fille.

Jules Collard, sa femme et 4 de ses 5 enfants.

Le papa de madame Monique Collard est le petit garçon assis à gauche. Jules Collard est décédé le 8 février 1946 à Dinant, dans la fameuse maison grise et il a été inhumé dans le cimetière de Dinant dans la partie basse. Non loin d'ailleurs de son père, Emile Collard, qui se trouve dans la première allée côté gauche. lui! et son épouse sont dans la rangée suivante en hauteur. Jules Collard et sa femme tenaient le café mais quand les enfants ont grandis, ils aidaient leur mère pendant que Jules allait creuser dans les grottes. Il était de santé fragile, car il était cardiaque et souffrait de terribles crises d’asthme. Il était herboriste amateur et récoltait les plantes utiles pour la santé qu’il mettait sécher dans son grenier, les triait, les traitait et en réalisait des tisanes avec lesquelles il soignait sa famille et ses amis.

Il est bien sûr passionné par la radiesthésie et la recherche de sources. Pendant la guerre 1914-18, quand les combats des canons faisaient rage entre la citadelle de Dinant et le plateau d'Onhaye, il s'en, allait, le soir, quand la mitraille s'était tue faute de visibilité, chercher les blessés pour les soigner, dans la mesure de son possible ou assister les mourants. Il lui arrivait d'en ramener sur son dos pour les héberger et les soigner chez lui. Ceci a été raconté à madame Monique Collard par des personnes âgées qui lui ont relaté ces faits sur son grand-père. Il a été également guide aux grottes de la Merveilleuse mais cela de façon saisonnière, voir parfois occasionnelle. 5.La découverte. Jules Collard va après ses heures et quand il en a le temps, creuser à l’emplacement désigné par le radiesthésiste. Qui n’est autre que lui-même ! Il croit dans cette science qui fait appel au paranormal. Il a bien raison d’y croire car il commence à creuser un puits dans la roche même et il s’enfonce chaque jour un peu plus bas.

Vue du trou du Sourcier. (Le puits vu d’en haut). Il place des crochets en fer de part et d’autres du puits pour pouvoir s’y agripper. Le calcaire est dur mais en forant et en cassant cette roche, il descend de plus en plus bas. Il utilise même de l’explosif ! Sa motivation, il la doit à ces fameuses salles qu’il a ressenti à l’aide de ses baguettes de radiesthésie.

Il utilise pour sortir les déblais, un système de cordes fixées à une grosse poulie et un palan.

La poulie retrouvée au fond du puits. La voilà à l’air libre. Il va descendre jusqu’à la profondeur de 12 mètres cinquante et là, bingo, il arrive à ces fameuses salles. De plus il y a 2 départs de galerie qui arrive à deux niveaux différents dans le puits. Ces 2 galeries seront agrandies pour jonctionner par après avec une grotte située non loin de là.

Jules Collard occupé avec sa massette et son burin. Jules a trouvé sa grotte ! La découverte est extraordinaire et il va découvrir 5 salles magnifiques et encore plus belles que la Merveilleuse. Les stalagmites et les stalactites sont vraiment inégalables. La découverte est de taille mais il reste un gros problème. La cavité est accessible pour un Martel digne de ce nom, mais pour un quidam ou une belle élégante, pas question de passer par le puits. Il faut donc trouvé un accès plus aisé, quitte à le creuser. 6.Le trou Sophie. Jules Collard a remarqué non loin de l’entrée du trou du Sourcier, une fissure qui plonge vers le bas. En élargissant cette fissure, il voit que cela pourrait arriver au fameux puits. Il commence à creuser dans les départs situés avant le fond et dans le fond du puits. Après de nombreux travaux, la jonction se réalise. Il décide d’élargir et de prévoir un couloir qu’il aménagera plus tard avec des escaliers.

Il commence par agrandir le couloir du trou Sophie en en faisant un couloir circulaire comme un tunnel à 90°.

L’entrée de la grotte Sophie. Il réalise également quelques sondages car il existe également quelques départs ici et là. 7.La fin des travaux. Jules Collard s’est beaucoup investi dans ce chantier, surtout physiquement. Sa santé décline et il ne sent plus capable de continuer et de terminer ce travail titanesque. La mort dans l’âme il va devoir arrêter et mettre un terme à son projet. Rappelons qu’il est cardiaque, asthmatique et que maintenant sa santé ne lui permet plus de travailler comme avant. Pendant 2 ans il va devoir subir jusqu’à sa mort une longue maladie. Saluons son immense travail et sa pugnacité à vouloir parvenir à terminer son projet. Spéléologue dans l’âme, Jules Collard est un personnage à ne pas oublier et qui marquera à tout jamais son empreinte dans la glaise des grottes de nos contrées. S’il fallait choisir deux mots pour résumer ses qualités et son caractère, et bien ce serait sans nul doute la persévérance et la ténacité. Voilà un personnage qui à l’image des Martel, Casteret, et autres spéléologues connus, mérite de ne pas être oublié et d’être un exemple pour les générations futures. .

Jules Collard Je remercie chaleureusement madame Monique Collard pour ses informations et anecdotes, ses photos et surtout pour sa gentillesse et sa patience suite à mes nombreuses questions et interrogations. Les photos d’époque proviennent de la collection de madame Monique Collard.

J-C GARIGLIANY Reproduction autorisée uniquement en mentionnant le nom de l’auteur et la provenance de certaines sources (collection Monique Collard).