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La prévention secondaire du PTSD
p. 1
La prévention secondaire du syndrome de stress pot-traumatique : les débriefings
psychologiques en question ?
Céline Baeyens & Pierre Philippot
Unité de recherche en Psychologie Clinique : Emotion, Cognition, Santé
Université de Louvain à Louvain-la-Neuve, Belgique
Notes de l'auteur:
Toute correspondance à propos de cet article peut être adressée à l'auteur, Faculté de
Psychologie, 10, place Cardinal Mercier, B 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique ou sur courrier
électronique: celine.baeyens @ psp.ucl.ac.be. L’écriture de cet article a reçu le soutien des
subventions 8.4510.99 & 8.4505.00 du "Fonds National de la Recherche Scientifique" belge et
des « Consultations Psychologiques Spécialisées » de l’Université de Louvain.
Les auteurs remercient Bernard Rimé et Anne-Cécile Dewulf pour leurs précieux
commentaires sur une version précédente de ce manuscrit.
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Résumé
Cet article examine l’efficacité des procédures d’intervention psychologique utilisées en
prévention secondaire suite à un événement traumatique (débriefing psychologique). Après
une présentation des processus psychologiques menant à l’installation d’un syndrome de stress
post-traumatique, trois méthodes de prévention sont présentées: le CISD de Mitchell, la
procédure de Brom et Kleber et une procédure cognitivo-comportementale. Les études
d’efficacité de ces procédures sont recensées; elles indiquent que le CISD n’a pas pu prouver
son efficacité alors que la procédure cognitivo-comportementale réduit très significativement
la probabilité d’apparition d’un syndrome de stress post-traumatique suite à un trauma. Un
ensemble de recommandations pratiques sont proposées pour optimiser l’efficacité des
débriefing psychologiques.
Mots-clés : prévention secondaire, syndrome de stress post-traumatique, traitements validés
empiriquement.
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Abstract
This paper examines the efficacy of secondary prevention procedures following a trauma
(psychological debriefing). After examining psychological processes leading to the onset of
PSTD, three prevention procedures are presented : the CISD of Mitchell, the debriefing
procedure of Brom and Kleber, and a cognitive and behavioral debriefing procedure.
Outcome studies of these procedures are reviewed. They suggest that CISD has no proven
efficacy, while the cognitive and behavioral debriefing procedure significantly decreases the
probability of onset of PTSD following a trauma. Guidelines are provided for designing
optimal debriefing procedures.
Key words: secondary prevention, posttraumatic stress disorder, empirically validated
treatments
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La prévention secondaire du syndrome de stress post-traumatique :
les débriefings psychologiques en question ?
Les vingt dernières années ont vu apparaître une littérature scientifique de plus en plus
importante concernant le développement du Syndrome de Stress post-traumatique
(Posttrraumatic Stress Disorder, PTSD ; APA, 1994) après l’exposition à un ou plusieurs
événements traumatiques. Parallèlement à cet essor, de nombreuses formes de prévention
secondaire se sont développées, dont le débriefing psychologique (DP) reste la forme la plus
connue. Le DP est une technique de prise en charge des personnes, victimes ou intervenants,
ayant vécu un événement potentiellement traumatique. La formalisation de cette intervention
psychologique en 1983 par Mitchell est d’emblée apparue utile aux différents praticiens. En
est pour preuve le développement important de cellules de crises sur le terrain (commissariats,
hôpitaux, pompiers) et le nombre croissant d’ouvrages dédiés à la thématique du DP (e.g.
Raphaël & Wilson, 2000). Cette intervention a pour but d’atténuer la détresse psychologique
aiguë et de prévenir ou d’atténuer l’intensité des conséquences psychologiques du
traumatisme. Ainsi, tant d’un point de vue clinique que scientifique, la question de
l’efficacité des méthodes de prévention secondaire et plus particulièrement du débriefing
psychologique apparaît comme essentielle.
Pour aborder cette question, nous proposons de décrire les caractéristiques cliniques du
syndrome de stress post-traumatique et les processus supposés intervenir dans le
développement et le maintien de celui-ci. Ensuite, nous présenterons trois modèles de
prévention secondaire, le débriefing psychologique de Mitchell (Mitchell & Everly, 1983 ;
2000), le programme de prévention de Brom et Kleber (Brom & Kleber, 1989) et un
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programme de prévention cognitivo-comportemental (Foa, Hearst-Ikeda, & Perry, 1995). Pour
chacune des techniques de prévention, nous tenterons de déterminer quels sont les processus
pathogéniques qui en sont la cible. Enfin, nous proposerons une critique des interventions
existantes et des recommandations pour les praticiens.
I. Le syndrome de stress post-traumatique
En 1980, le syndrome de stress post-traumatique apparaît pour la première fois comme
une catégorie nosographique du DSM III (APA, 1980). Classé parmi les troubles anxieux, le
PTSD est le seul syndrome anxieux dont on reconnaît une étiologie spécifique à savoir
l’exposition à un événement traumatique particulier. La prévalence de ce trouble dans la
population générale est estimée en moyenne à 13 % (APA, 1994).
1. Description clinique
Le PTSD est diagnostiqué en fonction d’une série de critères (APA, 1994). Le premier
critère concerne l’exposition à un événement traumatique. D’un point de vue objectif, le sujet
doit avoir vécu, été témoin ou avoir été confronté à un ou plusieurs événements durant
le(s)quel(s) des personnes ont pu mourir ou être gravement blessées, ont été menacées de mort
ou de graves blessures ou encore durant le(s)quel(s) l’individu a vu son intégrité physique ou
celle d’autrui menacée. L’individu doit également avoir réagi à l’événement par une peur
intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.
A un niveau symptomatique, le PTSD se caractérise par un nombre défini de
symptômes dans chacune des trois catégories suivantes : réexpérience de certains aspects de
l’événement (souvenirs, pensées, rêves, flashbacks), évitements comportementaux / cognitifs
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et émoussement émotionnel, et enfin, signes d’hyperactivation neurovégétative (irritabilité,
réaction de sursaut exagérée, trouble du sommeil). L’ensemble de ces symptômes cliniques
doit avoir une répercussion sur le fonctionnement social ou professionnel de la victime.
Le diagnostic de PTSD est posé après le mois qui suit l’événement traumatique et si
les symptômes persistent durant au moins un mois. Les personnes ayant des réactions
émotionnelles, cognitives et physiologiques dans le mois qui suit l’événement sont
susceptibles de remplir les critères diagnostiques d’Etat de Stress Aigu (APA, 1994). Ces
manifestations aiguës seraient pour la majorité des personnes le signe d’un traitement de
l’information émotionnelle. Le syndrome de stress post-traumatique serait quant à lui le signe
d’un traitement non adéquat de l’information émotionnelle.
2. Fondements théoriques
Partant du postulat que le PTSD est le signe d’un traitement non adéquat de
l’information émotionnelle (pour une revue de la littérature, voir Dalgleish, 1999), de
nombreuses théories ont tenté de rendre compte des processus à l’œuvre dans le
développement et/ou le maintien du syndrome de stress post-traumatique. De manière
générale, deux conceptions de l’événement traumatique se dégagent (Brillon, Marchand, &
Stephenson, 1996). D’une part, l’événement est considéré comme une source importante
d’informations qui paraissent incompatibles avec des schémas ou des croyances de base (e.g
Horowitz 1986, 1993 ; Janoff-Bullman, 1992). D’autre part, l’événement peut être considéré
comme un stimulus inconditionnel aversif (Mowrer, 1960; Foa, Steketee & Rothbaum, 1989 ;
Jones & Barlow, 1990, 1992). Ces deux conceptualisations de l’événement traumatique
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amènent des considérations différentes quant aux processus impliqués dans l’étiologie du
PSTD (Brillon, Marchand, & Stephenson, 1996).
Dans la perspective où l’événement est considéré comme une source importante
d’informations, des processus d’accommodation et d’assimilation sont mis en œuvre suite à
l’exposition à l’événement. Les structures existantes, schémas ou croyances, doivent être
modifiées (accommodation) et l’information traumatique doit être transformée afin d’être
intégrée aux nouvelles structures (assimilation).
Des processus d’interprétation des causes, des conséquences et des états émotionnels
peuvent également être mis en oeuvre (e.g. Joseph, Williams, & Yule, 1995). Très souvent,
les informations traumatiques sont traitées sous forme d’une chaîne causale inadéquate. Les
individus ont tendance à attribuer l’occurrence d’un événement incontrôlable à des causes
internes, stables, et globales. Différentes recherches montrent que ces attributions augmentent
la probabilité de développer un PTSD (Joseph, Brewin, Yule & Williams, 1991 ; Joseph,
Brewin, Yule, & Williams, 1993). Inversement, l’attribution de l’événement à des causes
externes, temporaires et spécifiques réduit le risque de développement du PTSD.
Dans la perspective de l’événement traumatique comme stimulus inconditionnel
aversif, les processus responsables du développement du PTSD sont les processus impliqués
dans le conditionnement classique et opérant. Les réponses de peur ressenties durant
l’événement sont associées à des stimuli internes et externes. Ces stimuli ainsi conditionnés
peuvent à leur tour réactiver les réactions de peur.
Afin de rendre compte du développement différentiel du PTSD, les modèles sont
également amenés à spécifier les variables liées à l’événement, à la victime ou à son
environnement social, qui peuvent faciliter ou entraver le traitement de l’information. L’état
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actuel des recherches permet d’identifier un large spectre de variables intervenant dans le
développement différentiel du PTSD. Celles-ci peuvent être décrites en termes de variables
prédisposantes, modératrices ou médiatrices (pour une revue de la question entre variables
médiatrices et modératrices, voir Baron, & Kenny, 1986).
Les variables prédisposantes représentent l’ensemble des facteurs qui préexistent à
l’événement et qui rendent les individus plus vulnérables, d’un point de vue biologique ou
psychologique, au développement du PTSD. Certains individus présentent une prédisposition
biologique à l’hyperactivation neurovégétative et /ou une vulnérabilité psychologique par
l’expérience de traumatismes antérieurs, ou par l’existence de troubles psychologiques ou
psychiatriques, tels que dépression, troubles de la personnalité, traits de sensibilité à l’anxiété
(e.g. Marchand & Brillon, 1999).
Le soutien social, le style de coping et le style de personnalité sont trois variables
modératrices importantes dans le développement du PTSD. Ainsi, différentes recherches ont
montré que les personnes ayant un réseau social élargi, des stratégies actives de confrontation
et un style d’attribution à des causes externes, temporaires et spécifiques sont moins
susceptibles de développer un PTSD par comparaison à des personnes ayant peu de soutien
social, un style de coping centré sur l’évitement et un style d’attribution à des causes internes,
stables et générales (Joseph, & al., 1991 ; 1993 ; McCormick, Taber, & Kruedelbach, 1989).
Enfin, les variables médiatrices principales expliquant le développement et le maintien
du PTSD sont l’appréhension anxieuse et l’évitement. Ces deux variables sont étroitement
liées, l’appréhension anxieuse menant à éviter, cognitivement ou comportementalement, tout
indice, interne ou externe, pouvant être lié à l’événement traumatique.
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Toute intervention doit prendre en considération les processus supposés intervenir
dans le traitement de l’information émotionnelle et les variables prédisposantes, modératrices
ou médiatrices qui interagissent avec ce traitement émotionnel. La connaissance de ces
différentes variables de même que leur mécanisme d’action n’est cependant pas encore assez
formalisée ni prise en compte dans la prise en charge des victimes. Le tableau 1 présente une
synthèse des symptômes post-traumatiques dont rendent compte les différentes conceptions
théoriques de l’événement traumatique, les processus post-traumatiques et les variables
médiatrices les plus importantes.
Tableau. 1. Comparaison des conceptions de l’événement traumatique
En fonction de ces différents éléments, nous sommes amenés à répondre à trois
questions fondamentales concernant les techniques de prévention secondaire. Premièrement,
nous devons déterminer “ quelles ” interventions mettre en place : quelles sont les
interventions efficaces sur les processus visés ? Ensuite, nous devons déterminer le moment
auquel il faut procéder aux interventions : quand devons-nous intervenir afin d’optimiser le
décours du processus ? Enfin, nous devons déterminer pour quels individus ou groupes
d’individus les interventions sont indiquées. Dans cette perspective, les questions auxquelles
nous soumettons les interventions de prévention secondaire ne sont pas différentes de celles
auxquelles nous soumettons les interventions tertiaires. Dans la suite de l’article, nous allons
décrire trois méthodes de prévention secondaire. Nous envisagerons ensuite les études
concernant l’efficacité de ces différentes interventions et tenterons enfin de déterminer quelles
sont les techniques utilisées et quels sont les processus visés.
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II. Prévention secondaire du PTSD
1. Critical Incident Stress Debriefing (Mitchell, 1983 ; Mitchell & Everly, 2000)
Le Critical Incident Stress Debriefing (CISD) est la forme la plus connue de débriefing
psychologique (DP). Initialement développé comme intervention unique d’aide psychologique
destinée aux intervenants des services de secours, ce protocole d’intervention s’est largement
répandu comme technique d’intervention auprès des victimes directes d’événements de
différents types. Par ailleurs, cette intervention a été intégrée dans un programme plus large,
le CISM (Critical Incident Stress Management). Nous décrirons tout d’abord le déroulement
du CISD destiné aux intervenants des services de secours avant d’aborder la description du
CISM.
Le CISD est une rencontre organisée en groupe de 6 à 15 personnes, dans les 24 à 72
heures après l’incident. Ainsi, le groupe est un groupe non clinique dont les membres peuvent
présenter des réactions aiguës après un événement émotionnellement intense (cfr supra). Le
CISD se déroule selon un modèle en sept phases : (1) phase d’introduction, (2) phase de faits,
(3) phase de pensée, (4) phase de réactions, (5) phase de symptômes, (6) phase d’informations
et enfin (7) phase de “ re-entrée ”. Ces différentes étapes sont réalisées lors d’un entretien
semi-structuré de groupe durant lequel les participants sont regroupés dans un lieu rassurant.
Concrètement, après la phase d’introduction durant laquelle sont expliqués les règles, les buts
et le rôle des “ débriefeurs ”, les membres du groupe sont invités à décrire l’événement dans
ses aspects factuels (“ que s’est-il passé, qui était là, … ”). La troisième phase est centrée sur
la discussion des pensées des membres du groupe au moment de leur arrivée sur le site de
l’incident. Durant la quatrième phase, les personnes partagent le large éventail des émotions
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qui ont pu être ressenties. Cette phase est elle-même suivie d’une discussion sur les
symptômes analogues à ceux du PTSD qui peuvent être présents au moment du débriefing.
Enfin, le débriefing se clôture par deux phases, l’une d’informations sur les stratégies de
coping à mettre en place face aux conséquences de stress suite à l’événement et l’autre de
préparation au retour au travail après le débriefing. L’ensemble de la procédure prend en
moyenne de une à trois heures.
Le CISD a progressivement été intégré à un programme plus large de prévention, le
critical incident stress management (CISM). Cette intégration est sous-tendue par l’idée
qu'une intervention de crise ne peut se limiter à une seule composante d'intervention mais
qu'elle doit être intégrée dans un système d'intervention de crise qui se veut compréhensive,
intégrée et multicomponentielle. Ainsi, en 1997, Everly et Mitchell présentent le programme
intégré sous forme de sept étapes. Ces différentes étapes couvrent des interventions pré-
incident (éducation avant l’incident, préparation mentale), des interventions de crise
(intervention de crise individuelle, service de soutien sur le terrain) et des interventions post-
incident (démobilisation après le désastre, defusing, CISD, services de soutien pour les
familles et les enfants, et services de suivi et référents professionnels).
2. Programme de prévention (Brom & Kleber, 1989)
En se basant sur une perspective temporelle du processus de coping face à un
événement de vie négatif, Brom et Kleber (1989) proposent un programme de prévention qui
insiste sur la normalité de trois phases importantes (Fig.1).
Fig. 1. Phases de réactions au traumatisme (Brom & Kleber, 1989).
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Celles-ci sont caractérisées par une alternance de périodes d’intrusions et de “ dénis ”
et peuvent être conçues comme une recherche de sens à un événement qui en a peu ou pas du
tout. En effet, les victimes d’événements potentiellement traumatiques chercheraient à
restaurer un certain contrôle sur ceux-ci afin diminuer la peur de l’occurrence d’un événement
similaire. Dans cette perspective, le syndrome de stress post-traumatique est considéré
comme l’extrême d’un continuum, comme des manifestations plus intenses et plus fréquentes
du processus de coping “ normal ”.
Selon ces auteurs, les interventions psychologiques doivent viser trois objectifs :
stimuler une bonne manière de faire face à l’événement et à ses conséquences, reconnaître de
manière précoce les manifestations pathologiques, et proposer des traitements
psychothérapeutiques dans les cas nécessaires. Ainsi, les interventions visent à fournir une
aide et une information pratique, un soutien, à permettre aux personnes de faire un test de la
réalité, et à favoriser la confrontation de la victime avec son expérience.
L’aide et informations pratiques. Afin de faire face aux difficultés d’ordre pratique, un
ensemble d’informations sont fournies concernant les procédures à suivre afin d’obtenir divers
types d’assistances (par ex. médicales ou financières) (Brom & Kleber, 1989).
Les victimes sont également informées des différentes réactions, tant physiques que
psychologiques, pouvant survenir suite à un événement traumatique. Ces différentes réactions
seront décrites comme normales et faisant partie intégrante d’une phase d’adaptation.
Le soutien. Afin d’initier un processus de coping adéquat, le récit des victimes est
écouté avec empathie en essayant de structurer les différentes expériences et de nommer les
émotions qui sont exprimées, et en évitant des discussions intenses autour des réactions à
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l’évitement, au risque d’augmenter la confusion. Les victimes sont par ailleurs encouragées à
mobiliser leur réseau social et à être attentives à leurs situations et leurs sentiments.
Le test de la réalité. Dans la perspective adoptée par Brom et Kleber, les processus
d’évitements et d’intrusions font partie intégrante du traitement de l’information
émotionnelle. Ainsi, la victime rumine sans cesse son expérience et essaie de reconstruire
l’événement. Souvent, elle se rend compte que ce qui lui est arrivé est légèrement différent de
la première impression qu’elle a eue. Cependant, les victimes peuvent être effrayées par ces
réactions secondaires. Une discussion sur ces réactions peut les rendre moins effrayantes.
La confrontation avec l’expérience. Si jusqu’à un certain point, le déni ou l’évitement
permet aux victimes de ne pas se sentir submergées par leurs émotions, un déni ou un
évitement massif de tout indice lié à l’événement est considéré comme un facteur de risque
important dans le développement et le maintien du PTSD. Les victimes sont donc
encouragées à passer en revue l’événement dans ses détails.
Plusieurs contacts sur une longue période. A la différence du DP de Mitchell, le
programme d’intervention de Brom et Kleber est réalisé en plusieurs séances dont la dernière
prend place 2 ou 3 mois après l’événement (Brom, Kleber, & Hofman, 1993) et ce, afin de
prendre en compte le décours temporel des phases de réactions décrites à la fig. 1.
3. Programme cognitivo-comportemental de prévention secondaire
A l’instar de Brom et Kleber, d’autres programmes de prévention ont adopté une
procédure constituée de plusieurs séances réparties dans le temps. Chacune des séances
rencontre un objectif relatif aux connaissances actuelles sur les facteurs de risque du
développement du PTSD et sur les techniques éprouvées empiriquement pour leur efficacité
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dans un cadre psychothérapeutique (e.g. Foa, 2000 ; Richards, & Lovell, 1999 ; Rothbaum,
Meadows, Resick, & Foy, 2000 ; Stephenson, Marchand, & Brillon, 1996).
Sur base des modèles étiologiques du PTSD, trois techniques se révèlent efficaces.
D’une part, l’exposition en imagination ou in vivo permet l’induction d’anxiété et promeut
l’habituation. D’autre part, la restructuration cognitive vise à modifier les pensées
dysfonctionnelles, les croyances et les présupposés irrationnels. Enfin, les techniques de
gestion du stress visent à l’apprentissage de stratégies de gestion des symptômes physiques
d’anxiété (e.g., Foa, Rothbaum, Riggs, & Murdock, 1991).
L’idée qui sous-tend l’application de techniques comportementales et cognitives
efficaces dans le traitement d’un diagnostic de PTSD dans le cadre d’une intervention
secondaire consiste à agir sur les variables médiatrices pouvant être à l’origine du
développement du PTSD. En effet, les évitements comportementaux ou cognitifs
apparaissent déjà dans les jours et le mois qui suivent l’événement traumatique. Dans un
lapse de temps très court, les victimes construisent une représentation de l’événement et de
leur rôle dans celui-ci. De même, les réactions de détresse, d’anxiété, d’hyper réactivité
peuvent également être très précoces. Ces manifestations en phase aiguë montrent une
similitude importante avec les symptômes de stress post-traumatique. Elles peuvent
également être le signe d’un traitement en cours de l’information émotionnelle.
Plusieurs études ont tenté d’évaluer l’efficacité de programme cognitivo-
comportemental de prévention (Kilpatrick & Veronen, 1984 ; Foa, Hearst-Ikeda, & Perry,
1995; Bryant & al., 1998). Ces programmes de groupe débutaient dans les quinze jours après
l’événement traumatique et consistaient en 4 ou 5 sessions hebdomadaires d’une heure et
demie à 2 heures. Les sessions avaient respectivement pour objectifs la psycho-éducation sur
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les traumatismes et ses conséquences, l’entraînement à la respiration et à la relaxation
progressive, l’exposition en imagination, l’exposition aux situations, et la restructuration
cognitive. La description détaillée de ces techniques peut être trouvée dans Foa & Keane
(2000).
Le tableau 2 résume les similitudes et différences entre les trois types de débriefings
qui ont été décrits.
Tableau. 2. Similitudes et différences principales entre trois techniques de prévention
III. L’efficacité de la prévention secondaire
Quelle est l’efficacité des techniques de prévention secondaire ? Seules des études
rigoureuses d’un point de vue méthodologique peuvent nous aider à répondre à cette question
fondamentale. Déjà en 1994, Bisson et Deahl publiaient un article influent appelant à la
réalisation de recherches répondant à certains critères méthodologiques tels que (1) une
répartition aléatoire des sujets dans des groupes recevant ou non une intervention précoce
(recherches contrôlées), (2) l’utilisation de questionnaires validés comme mesures des
variables dépendantes à des moments déterminés, (3) le contrôle de variables déterminantes
telles que la sévérité du traumatisme ou les facteurs prédisposants, et enfin (4) un accord sur
les procédures qui sont évaluées.
Les études d’évaluation de l’efficacité des programmes de Brom et Kleber et des
programmes de type cognitivo-comportemental répondent à ces critères méthodologiques.
Ces recherches sont néanmoins peu nombreuses à l’heure actuelle. Brom, Kleber & Hofman
(1993) ont appliqué leur programme à des victimes d’accidents de la route. Un mois après
l’accident, les victimes étaient réparties dans un groupe avec intervention ou sans
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intervention. Six mois après l’accident, 10% des victimes présentaient un syndrome de stress
post-traumatique, quel que soit le groupe. Ainsi, les résultats de cette étude ne permettent pas
d’affirmer l’efficacité de cette intervention dans la prévention du PSTD. Il se peut cependant
que le taux de PTSD très faible dans cette population (10 %) aie généré un effet plancher,
empêchant la mise en évidence d’un effet de la procédure de prévention. Une réponse
conclusive sur l’efficacité de cette procédure ne pourra être apportée qu’après d’autres études
portant sur des populations plus exposées.
Les études sur les programmes de type cognitivo-comportemental sont un peu plus
nombreuses (Foa & Keane, 2000). Elles montrent que ces interventions sont plus efficaces
sur la prévention du syndrome de stress post-traumatique que l’absence d’intervention ou
qu’une intervention de soutien. Ces résultats se maintiennent également 6 mois après
l’événement (Bryant & al., 1998). Plus spécifiquement, ces interventions se montrent
efficaces dans la diminution des symptômes d’intrusions et d’évitements, de même que sur les
symptômes dépressifs (Bryant & al., 1998; Foa & al., 1995).
Il reste que, parmi les trois types d’interventions que nous avons décrites, le débriefing
de Mitchell est de loin la technique la plus populaire et la plus utilisée par les praticiens.
Cependant, la question de son efficacité a été la source d’une importante littérature et d’un
débat toujours en cours. En effet, beaucoup de praticiens affirment que le DP est efficace.
Cette conclusion repose cependant sur la sélection de résultats à partir de sources
anecdotiques (e.g. Armstrong, & al., 1991 ; Dyregrov, 1989), d’études non contrôlées (e.g
Flannery, & al., 1991; Robinson & Mitchell, 1993 ; Sloan, 1988) ou d’études avec un groupe
de comparaison (e.g. Jenkins, 1996). Il s’agit bien de sélection de résultats étant donné qu’il
existe tant des études non contrôlées (e.g. Dyregrov & al., 1996 ; Searle & Bisson, 1992 ;
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Weisaeth, 1989) que des études avec un groupe de comparaison (Bisson, & al., 1997 ; Deahl,
& al., 1994 ; Hobbs, & al., 1996 ; Kenardy & al., 1996 ; Lee, & al., 1996 ; Matthews, 1998 ;
McFarlane, 1988) qui montrent que le DP n’est pas une technique efficace. Par ailleurs, les
recherches contrôlées ne permettent pas de répondre de manière univoque à la question de
l’efficacité du débriefing psychologique. Ainsi, deux méta-analyses des études ayant examiné
l’efficacité de débriefings reprenant les grandes composantes du DP de Mitchell montrent que
celui-ci ne remplit pas sa fonction de prévention des difficultés psychologiques suite à un
événement traumatique (Rose & Bisson, 1998 ; Gageldonk & Rigter, 1998). Dans la revue de
Rose et Bisson (1998), 6 études sont examinées : deux d’entre elles montrent un effet positif
du DP, deux une absence d’effet et deux autres indiquent que les victimes présentaient plus de
séquelles psychologiques que le groupe contrôle, non débriefé. Dans la revue de van
Gageldonk et Rigter (1998), sur huit études prises en compte, seule une étude montrait des
effets positifs, tandis que 6 ne montraient aucun effet et une étude présentait des effets
négatifs. Depuis la publication de ces deux méta-analyses, d’autres études contrôlées ont été
réalisées sans pouvoir démontrer l’efficacité du DP (e.g. Colon, Fahy, & Conroy, 1999).
Outre le constat de résultats divergents, il existe un second problème à l’évaluation de
l’efficacité du DP, à savoir le type de variables dépendantes prises en considération. En effet,
de nombreuses études montrent que les personnes ayant participé à un DP rapportent un degré
élevé de bénéfices perçus. En d’autres termes, les personnes rapportent que le DP a été
bénéfique pour elles (e.g. Hytten, & Hasle, 1989; Kenardy & al., 1996 ; Robinson & Mitchell,
1993). Or, pour ces mêmes études, l’analyse des résultats montre soit qu’il n’y a pas
d’évaluation systématique des symptômes post-traumatiques par des instruments standardisés
(e.g. Robinson & Mitchell, 1993), soit qu’il n’y pas de différence entre un groupe
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expérimental et un groupe contrôle sur les symptômes post-traumatiques (Hytten & al., 1989),
soit encore que les résultats vont en sens inverses des résultats attendus, les personnes ayant
bénéficié d’un DP montrant plus de symptômes post-traumatiques ou de stress en général que
les personnes n’ayant pas bénéficié du DP (e.g. Kennardy & al., 1996). Ces résultats
suggèrent que, indépendamment des bénéfices perçus par les participants, le DP peut ne pas
être utile, pis encore, il pourrait avoir des effets délétères.
Face aux détracteurs du DP, ses partisans avancent différents arguments pour soutenir
ou maintenir l’idée que le DP est efficace. Ils dénoncent la difficulté voire l’impossibilité de
réaliser des études contrôlées suite à un événement souvent soudain et inattendu, la difficulté
de faire une synthèse des études portant sur des événements de nature différente, les
problèmes éthiques liés à la répartition aléatoire des victimes dans un groupe bénéficiant ou
non du DP, les changements adoptés dans la procédure-même du DP appliquée dans le cadre
de recherche, le choix et l’opérationnalisation des mesures dépendantes et enfin le temps
écoulé entre l’événement, l’intervention et l’évaluation des mesures dépendantes (Everly,
Flannery, & Mitchell, 2000). Force est de constater que ces arguments semblent peu
pertinents pour mettre en doute les résultats des recherches réalisées. Ce type
d’argumentation correspond à celui des pseudo-sciences dénoncé par différents auteurs
(Herbert, Lilienfeld, Lohr, Montgomery, O’Donohue, Rosen, & Tolin, 2000 ; VanRillaer,
1991).
IV. Mécanismes d’action dans les procédures de prévention
Quelles sont les variables qui peuvent expliquer les résultats des recherches sur
l’efficacité des interventions ? Afin de répondre à cette question, nous détaillerons quatre des
La prévention secondaire du PTSD
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mécanismes d’action supposés être déterminants dans les procédures de prévention du
syndrome de stress post-traumatique (Mitchell et Everly, 2000), à savoir (1) la précocité de
l’intervention, (2) la psycho-éducation, (3) l’opportunité d’une expression, d’une verbalisation
de l’événement dans ses différentes composantes, et enfin (4) la mobilisation d’un soutien
psycho-social.
La précocité de l’intervention et son caractère unique
Le caractère précoce de l’intervention a été proposé comme déterminant dans
l’application du DP de Mitchell. Ce principe de précocité repose sur l’hypothèse qu’au plus
l’intervention est précoce, au moins il y a d’opportunités à l’installation de patterns cognitifs
et comportements maladaptés. Ainsi, le DP est généralement proposé dans les 24h à 72h
après l’événement. Le nombre de critiques faites aux recherches ayant réalisé les DP dans les
15 jours témoignent de l’importance accordée au principe fondamental de précocité. Or, le
délai de 24 à 72 heures repose plus sur un a priori que sur des bases empiriques fiables. Par
ailleurs, dans les jours qui suivent l’événement, les victimes sont encore en état de choc
(Horowitz, 1986 ; Brom & Kleber, 1989). Cette phase est généralement caractérisée par des
évitements massifs, pouvant être considérés comme une première étape avant le traitement de
l’information. Dans une phase où les victimes font encore face à l’horreur et n’ont pas encore
de ressources pour donner du sens à l’événement, l’intervention précoce, en terme
d’exposition forcée aux informations traumatiques, peut agir comme un facteur sensibilisant
plutôt que désensibilisant.
La prévention secondaire du PTSD
p. 20
La psycho-éducation
Introduite sur base des recherches sur la perception du sentiment de contrôle (e.g.
Bandura, 1997), la psycho-éducation vise deux objectifs. Par une information correcte, elle
vise d’une part, à augmenter le sentiment de contrôle des victimes, en leur permettant de
normaliser leurs réactions et d’autre part, à prévenir l’apparition de stratégies de coping
maladaptées, tel que l’évitement comportemental ou cognitif.
A priori, l’information procurée semble utile, voire nécessaire. Cependant, nous ne
possédons aucune donnée sur les effets spécifiques des informations fournies ni sur le
meilleur moment pour les donner et la manière de les donner. Les différents types
d’intervention que nous avons décrits se distinguent très clairement sur la façon dont est
donnée cette information. Dans le DP, les victimes reçoivent une information uniquement
verbale très rapidement après l’événement. Dans les interventions de Brom et Kleber ou dans
les interventions de type cognitivo-comportemental, cette information est donnée un peu plus
tardivement et est souvent accompagnée d’un support écrit. Elle est de plus suivie, dans le
temps, de tentatives d’expositions, soit cognitives, soit comportementales, aux informations
traumatiques.
La verbalisation ou ventilation émotionnelle
La verbalisation de l’événement dans ses différentes dimensions a d’emblée été
proposée comme une étape indispensable dans la prévention des conséquences suite à un
événement émotionnel négatif. On remarque ainsi que 80% des personnes tout-venant croient
que parler d’une difficulté psychologique apporte un soulagement (Zech, 1999, 2000). De
La prévention secondaire du PTSD
p. 21
même, dans la lignée analytique, la psychologie a très tôt adhéré à l’idée que le traitement de
l’information émotionnelle devait commencer par une verbalisation de celle-ci (e.g. Janet,
1889). Plus récemment, Pennebaker (e.g. 1993) a montré que l’expression orale ou écrite
d’événements émotionnels avait des effets bénéfiques au niveau de différents indicateurs de
santé physique (pour une revue de la littérature, voir Esterling, L’Abate, Murray, &
Pennebaker, 1999).
Cependant, peu d’études ont réussi à répliquer les résultats de Pennebaker (e.g. Brown,
& Heimberg, 2001 ; Kovac, & Range, 2000 ; Kloss, & Lisman, 2002). Par ailleurs, une autre
lignée de travaux initiés par Rimé (Rimé, Finkenauer, Luminet, Zech, & Philippot, 1998 ;
Pennebaker, Zech & Rimé, 2001) montrent que la simple verbalisation d’événements
émotionnels n’a pas d’effet sur l’intensité émotionnelle que suscite la ré-évocation de ces
événements, même si les individus sont persuadés que parler de leurs émotions a des effets
bénéfiques. En d’autres termes, les personnes ayant l’opportunité de verbaliser un événement
émotionnel rapportent que cela a été bénéfique, sans que cette impression subjective ne
s’accompagne d’un effet sur des variables de récupération émotionnelle. Il apparaît ainsi que
la verbalisation n’a probablement pas d’effet préventif sur les conséquences post-traumatiques
bien qu’elle montre des effets subjectifs en termes de bénéfices perçus. Ces résultats
permettent de comprendre les effets du DP sur les bénéfices perçus des participants mais pas
sur la symptomatologie post-traumatique (e.g. Hytten, & Hasle, 1989; Kenardy & al., 1996 ;
Robinson & Mitchell, 1993).
Cependant, une autre question, plus essentielle doit être soulevée: la verbalisation
peut-elle avoir des effets négatifs sur le traitement de l’information émotionnelle? En d’autres
termes, la verbalisation détaillée et précoce de l’événement peut-elle agir comme des indices
La prévention secondaire du PTSD
p. 22
immédiats de rappel de l’événement et ainsi participer à un processus de re-victimisation ?
C’est ce que suggèrent les résultats de certaines recherches (e.g. Bisson & al., 1997). Or,
certaines techniques se centrent essentiellement sur la verbalisation détaillée de l’événement
(Mitchell, 1983) tandis que d’autres, tout en reconnaissant l’importance de la verbalisation,
soulignent les effets délétères d’une verbalisation détaillée pouvant induire une détresse
importante chez les victimes (Brom & Kleber, 1989). Enfin, dans le cadre des interventions
cognitivo-comportementales, la description verbale de l’événement apparaît non pas comme
une stratégie en soi mais comme une source importante d’information nécessaire à
l’élaboration d’un travail comportemental de confrontation émotionnelle au souvenir de
l’événement, en terme d’exposition, et d’un travail cognitif, en terme de restructuration
cognitive.
Le soutien psycho-social
Le soutien social agit comme une variable modératrice importante dans le
développement du PTSD (e.g., Flannery, 1990). Dans les débriefings, le processus de groupe
est supposé agir comme un facteur de soutien social et les victimes sont encouragées à
mobiliser leur entourage suite à l’événement. Cependant, il reste à s’interroger sur ce que
peut recouvrir le concept de soutien social. Ce concept recouvre en effet différentes
dimensions : émotionnelle, pratique et cognitive. Le soutien émotionnel consiste à donner des
renforcements, verbaux ou non verbaux, amenant la victime à se sentir comprise, acceptée,
estimée. Le soutien pratique concerne la fourniture de ressources matérielles, telle qu’une
aide financière. Enfin, le soutien cognitif concerne tous les conseils ou les informations
relatives à la situation. Certains modèles ont avancé l’idée que le soutien social le plus
La prévention secondaire du PTSD
p. 23
efficace correspond aux besoins particuliers d’une victime ou d’un groupe de victimes en
fonction de la situation (e.g. Cutrona & Russell, 1990). Certaines situations nécessiteraient
plus de soutien émotionnel tandis que d’autres nécessiteraient plus de soutien pratique.
Par ailleurs, outre le soutien réellement procuré, la perception de ce soutien par les
victimes apparaît également une variable déterminante dans la modération des conséquences
post-traumatiques. Cette perception peut varier en fonction (1) de l’adéquation entre les
besoins et le type de support social fourni et (2) des phases du processus post-traumatique.
Directement après l’événement, les victimes peuvent bénéficier d’un support émotionnel et
pratique. Ce n’est que dans une phase ultérieure, lorsque les victimes sont prêtes à traiter
l’information émotionnelle, qu’un soutien cognitif peut s’avérer efficace (e.g. Jacobson,
1986).
Conclusions :
Sur les quatre mécanismes principaux postulés par le DP de Mitchell, deux semblent
particulièrement sujets à questions : la ventilation des émotions et la précocité de
l’intervention. Il est en effet très préoccupant de constater que certains résultats de recherche
suggèrent que ces facteurs peuvent avoir un effet négatif sur l’évolution des conséquences
psychologiques d’un traumatisme. Ces deux mécanismes sont par ailleurs ceux qui
distinguent fondamentalement le débriefing de Mitchell des autres procédures d’intervention
proposées (Brom & Kleber, 1989 : Foa & al., 1995). Les données de la littérature sont par
contre plus en accord avec l’idée que la psycho-éducation et le soutien social, bien interprétés
aient des effets positifs. Il faut noter que ces deux facteurs sont précisément les facteurs
communs à toutes les procédures d’intervention secondaire proposées dans la littérature.
La prévention secondaire du PTSD
p. 24
V. Conclusions et recommandations
En conclusion, il n’existe pas, actuellement, de données démontrant l’efficacité du
débriefing tel que proposé par Mitchell et largement pratiqué dans de nombreux pays. La
croyance fondamentale dans l’efficacité de ce type de débriefing, indépendamment des
données disponibles, est vraisemblablement maintenue par des processus de sélection de
données tels que (1) se baser sur des études méthodologiquement incorrectes qui montrent des
résultats positifs plutôt que des études méthodologiquement correctes qui n’en montrent pas,
(2) se baser sur des résultats positifs concernant des variables qui ne sont pas la cible du
débriefing, comme la satisfaction, alors qu’il existe une absence d’effet, voire des effets
négatifs, sur des variables qui en sont la cible, comme les symptômes de stress post-
traumatiques à moyen et à long terme.
Ce processus de sélection de données renforce les praticiens dans l’application de
méthodes qui reposent en grande partie sur des croyances populaires : “ parler, ça aide ”, “ au
plus vite, au mieux ”. Cet état de fait est particulièrement préoccupant étant donné que ces
méthodes peuvent agir comme des facteurs sensibilisants, prédisposant plus les victimes au
développement de conséquences post-traumatiques. Ainsi, le débriefing, tel qu’il est
formalisé par Mitchell, peut avoir plus d’effets négatifs que positifs, et ce, d’autant qu’il est
très précoce et force l’expression émotionnelle chez des victimes qui ne sont pas prêtes à
traiter l’information émotionnelle.
Doit-on supprimer les débriefings ? Ce n’est certainement pas la thèse que nous
voulons soutenir, d’autant plus que d’autres formes de prévention secondaire ont démontré
leur efficacité (par ex., Bryant & al., 1998; Foa & al., 1995 ; Sydor & Philippot, 1996). Il
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p. 25
convient donc, pour le praticien, de fonder ses interventions sur les procédures éprouvées ou,
à tout le moins sur les facteurs dont l’efficacité est suggérée dans la littérature. Au vu des
éléments que nous avons développés, nos recommandations principales seraient les suivantes.
Premièrement, et contrairement à beaucoup de pratiques actuellement
commercialisées, une intervention psychologique précoce n’est pas souhaitable. Plus
spécifiquement, une intervention psychologique autre que du soutien (par ex. : susciter la
ventilation émotionnelle, opérer une restructuration cognitive) doit être proscrite dans les
heures qui suivent le traumatisme. Tant que l’individu est en état de choc et n’est pas capable
d’effectuer le traitement de l’information--émotionnelle ou non--requis par ces interventions,
au mieux, celles-ci n’auront pas d’effet, au pire, elles agiront comme une re-victimisation.
Deuxièmement, différentes procédures semblent avoir une efficacité préventive. Il est
intéressant de noter que ces procédures sont également celles qui ont fait leurs preuves dans le
traitement du PTSD. Il s’agit (a) de fournir une information adéquate quant aux symptômes
induits par une expérience traumatique, quant à leur décours temporel, et quant aux stratégies
de « coping » efficaces dans cette situation (psycho-éducation), (b) de l’exposition (empêcher
la mise en place des évitements), (c) de la régulation de l’activation physiologique suscitée par
le traumatisme (par exemple, par la relaxation), et (d) du soutien social. Ces différentes
procédures doivent être implémentées selon une séquence qui respecte la capacité
d’intégration des individus. L’exposition ou la prévention des évitements est normalement la
dernière procédure de cette séquence. La nature de la séquence est détaillée dans le point
suivant.
En effet, il conviendrait de réaliser les interventions en plusieurs phases. Dans les
jours qui suivent l’événement, l’intervention devrait se limiter d’une part à sécuriser les
La prévention secondaire du PTSD
p. 26
victimes en les prévenant des conséquences psychologiques possibles dans les jours qui
suivent l’événement et d’autre part, à leur apporter un soutien pratique et émotionnel. Quand
celles-ci seront sorties de leur état de choc, la phase de psycho-éducation pourra prendre place.
Dans une phase ultérieure, durant le mois qui suit l’événement, lorsque les individus sont
prêts à se confronter avec le souvenir de l’événement, l’intervention aurait comme objectif
principal de déterminer les évitements cognitifs et comportementaux mis en place et d’adopter
des stratégies afin de les supprimer. Dans ce dernier cas, la seule information ne suffit pas.
Les victimes doivent pouvoir faire l’expérience concrète de stratégies de confrontation, tel que
le récit de l’événement, l’exposition en imagination ou l’exposition in vivo.
Deux autres objectifs de la prévention consisteraient à déterminer quelles sont les
personnes les plus à risque de développer un PTSD et à donner toute l’information nécessaire
pour un suivi thérapeutique si les victimes en ressentent le besoin.
Enfin, la mise en place de ces procédures, au moment qui est le plus opportun, exige
des compétences professionnelles de psychothérapeute. Outre la maîtrise technique des
procédures, il s’agit de pouvoir estimer cliniquement les ressources et les capacités des
individus, afin de pouvoir proposer la bonne intervention au bon moment. De plus, certaines
études ont mis en évidence qu’un débriefing réalisé par des personnes non qualifiées a des
effets délétères (Kenardy, & al., 1996). Nous recommandons donc que les interventions
soient menées par des psychologues ou psychiatres avec une formation en psychothérapie et
une expérience dans le domaine du traumatisme.
En conclusion, la littérature actuelle suggère de nombreuses pistes de procédures de
prévention secondaire du PTSD et en déconseille d’autres. Il faut souligner que la procédure
actuellement la plus populaire, le débriefing psychologique de Mitchell, est en fait celle qui
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p. 27
suscite le plus de réserves dans la littérature. Nous conseillons donc d’abandonner cette
pratique, de la remplacer par d’autres qui répondraient aux recommandations énoncées ci-
dessus et de mettre en place les recherches cliniques visant à la validation de ces nouvelles
procédures. Des avancées significatives ont déjà été effectuées à ce sujet (e.g. Bryant & al.,
1998; Foa & al., 1995) et l’avenir apparaît prometteur.
La prévention secondaire du PTSD
p. 28
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Tableau 1.
Comparaison des conceptions de l’événement traumatique
Conceptions de l’événement:
Processus post-traumatiques : Variables médiatrices Symptômes expliqués :
Informations incompatibles avec
schémas et croyances de base
Assimilation/accommodation Mécanisme de défense Intrusions
Evitements
Evènement imprévisible et lourd de
conséquences personnelles
Interprétation des causes et
conséquences
Inopérance acquise Intrusions
Evitements
Emoussement de la réactivité générale
Stimulus inconditionnel aversif Conditionnement classique et opérant Appréhension anxieuse Intrusions
Evitements
Hyperactivation neurovégétative
La prévention secondaire du PTSD
p. 38
Tableau 2.
Similitudes et différences principales entre trois techniques de prévention
Mitchell (1983) Brom & Kleber (1989) Foa, & al. (1995); Bryant & al.
(1998)
Quand ? 24 à 72h00 Endéans les 15 jours et sur une
période de deux ou trois mois
Endéans les 15 jours et sur au moins
un mois et demi
Pour qui ?
Groupe Groupe Groupe
Comment ?
Séance unique de 2 à 3 heures Plusieurs séances Plusieurs séances
Quoi ?
Psycho-éducation Psycho-éducation Psycho-éducation
Description détaillée de l’événement
et des réactions
Description libre de l’événement et
des réactions
Description libre de l’événement et
des réactions
Expression des émotions Confrontation émotionnelle au
souvenir de l’événement (exposition)
Information sur les stratégies de
coping
Apprentissage de stratégies de coping
Sur base de quoi ?
Données parcellaires Connaissances de processus Connaissances de processus et de
techniques validées empiriquement