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La prévention secondaire du PTSD p. 1 La prévention secondaire du syndrome de stress pot-traumatique : les débriefings psychologiques en question ? Céline Baeyens & Pierre Philippot Unité de recherche en Psychologie Clinique : Emotion, Cognition, Santé Université de Louvain à Louvain-la-Neuve, Belgique Notes de l'auteur: Toute correspondance à propos de cet article peut être adressée à l'auteur, Faculté de Psychologie, 10, place Cardinal Mercier, B 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique ou sur courrier électronique: celine.baeyens @ psp.ucl.ac.be. L’écriture de cet article a reçu le soutien des subventions 8.4510.99 & 8.4505.00 du "Fonds National de la Recherche Scientifique" belge et des « Consultations Psychologiques Spécialisées » de l’Université de Louvain. Les auteurs remercient Bernard Rimé et Anne-Cécile Dewulf pour leurs précieux commentaires sur une version précédente de ce manuscrit.

[Secondary prevention of posttraumatic stress disorder: challenging psychological debriefings]

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La prévention secondaire du PTSD

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La prévention secondaire du syndrome de stress pot-traumatique : les débriefings

psychologiques en question ?

Céline Baeyens & Pierre Philippot

Unité de recherche en Psychologie Clinique : Emotion, Cognition, Santé

Université de Louvain à Louvain-la-Neuve, Belgique

Notes de l'auteur:

Toute correspondance à propos de cet article peut être adressée à l'auteur, Faculté de

Psychologie, 10, place Cardinal Mercier, B 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique ou sur courrier

électronique: celine.baeyens @ psp.ucl.ac.be. L’écriture de cet article a reçu le soutien des

subventions 8.4510.99 & 8.4505.00 du "Fonds National de la Recherche Scientifique" belge et

des « Consultations Psychologiques Spécialisées » de l’Université de Louvain.

Les auteurs remercient Bernard Rimé et Anne-Cécile Dewulf pour leurs précieux

commentaires sur une version précédente de ce manuscrit.

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Résumé

Cet article examine l’efficacité des procédures d’intervention psychologique utilisées en

prévention secondaire suite à un événement traumatique (débriefing psychologique). Après

une présentation des processus psychologiques menant à l’installation d’un syndrome de stress

post-traumatique, trois méthodes de prévention sont présentées: le CISD de Mitchell, la

procédure de Brom et Kleber et une procédure cognitivo-comportementale. Les études

d’efficacité de ces procédures sont recensées; elles indiquent que le CISD n’a pas pu prouver

son efficacité alors que la procédure cognitivo-comportementale réduit très significativement

la probabilité d’apparition d’un syndrome de stress post-traumatique suite à un trauma. Un

ensemble de recommandations pratiques sont proposées pour optimiser l’efficacité des

débriefing psychologiques.

Mots-clés : prévention secondaire, syndrome de stress post-traumatique, traitements validés

empiriquement.

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Abstract

This paper examines the efficacy of secondary prevention procedures following a trauma

(psychological debriefing). After examining psychological processes leading to the onset of

PSTD, three prevention procedures are presented : the CISD of Mitchell, the debriefing

procedure of Brom and Kleber, and a cognitive and behavioral debriefing procedure.

Outcome studies of these procedures are reviewed. They suggest that CISD has no proven

efficacy, while the cognitive and behavioral debriefing procedure significantly decreases the

probability of onset of PTSD following a trauma. Guidelines are provided for designing

optimal debriefing procedures.

Key words: secondary prevention, posttraumatic stress disorder, empirically validated

treatments

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La prévention secondaire du syndrome de stress post-traumatique :

les débriefings psychologiques en question ?

Les vingt dernières années ont vu apparaître une littérature scientifique de plus en plus

importante concernant le développement du Syndrome de Stress post-traumatique

(Posttrraumatic Stress Disorder, PTSD ; APA, 1994) après l’exposition à un ou plusieurs

événements traumatiques. Parallèlement à cet essor, de nombreuses formes de prévention

secondaire se sont développées, dont le débriefing psychologique (DP) reste la forme la plus

connue. Le DP est une technique de prise en charge des personnes, victimes ou intervenants,

ayant vécu un événement potentiellement traumatique. La formalisation de cette intervention

psychologique en 1983 par Mitchell est d’emblée apparue utile aux différents praticiens. En

est pour preuve le développement important de cellules de crises sur le terrain (commissariats,

hôpitaux, pompiers) et le nombre croissant d’ouvrages dédiés à la thématique du DP (e.g.

Raphaël & Wilson, 2000). Cette intervention a pour but d’atténuer la détresse psychologique

aiguë et de prévenir ou d’atténuer l’intensité des conséquences psychologiques du

traumatisme. Ainsi, tant d’un point de vue clinique que scientifique, la question de

l’efficacité des méthodes de prévention secondaire et plus particulièrement du débriefing

psychologique apparaît comme essentielle.

Pour aborder cette question, nous proposons de décrire les caractéristiques cliniques du

syndrome de stress post-traumatique et les processus supposés intervenir dans le

développement et le maintien de celui-ci. Ensuite, nous présenterons trois modèles de

prévention secondaire, le débriefing psychologique de Mitchell (Mitchell & Everly, 1983 ;

2000), le programme de prévention de Brom et Kleber (Brom & Kleber, 1989) et un

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programme de prévention cognitivo-comportemental (Foa, Hearst-Ikeda, & Perry, 1995). Pour

chacune des techniques de prévention, nous tenterons de déterminer quels sont les processus

pathogéniques qui en sont la cible. Enfin, nous proposerons une critique des interventions

existantes et des recommandations pour les praticiens.

I. Le syndrome de stress post-traumatique

En 1980, le syndrome de stress post-traumatique apparaît pour la première fois comme

une catégorie nosographique du DSM III (APA, 1980). Classé parmi les troubles anxieux, le

PTSD est le seul syndrome anxieux dont on reconnaît une étiologie spécifique à savoir

l’exposition à un événement traumatique particulier. La prévalence de ce trouble dans la

population générale est estimée en moyenne à 13 % (APA, 1994).

1. Description clinique

Le PTSD est diagnostiqué en fonction d’une série de critères (APA, 1994). Le premier

critère concerne l’exposition à un événement traumatique. D’un point de vue objectif, le sujet

doit avoir vécu, été témoin ou avoir été confronté à un ou plusieurs événements durant

le(s)quel(s) des personnes ont pu mourir ou être gravement blessées, ont été menacées de mort

ou de graves blessures ou encore durant le(s)quel(s) l’individu a vu son intégrité physique ou

celle d’autrui menacée. L’individu doit également avoir réagi à l’événement par une peur

intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.

A un niveau symptomatique, le PTSD se caractérise par un nombre défini de

symptômes dans chacune des trois catégories suivantes : réexpérience de certains aspects de

l’événement (souvenirs, pensées, rêves, flashbacks), évitements comportementaux / cognitifs

La prévention secondaire du PTSD

p. 6

et émoussement émotionnel, et enfin, signes d’hyperactivation neurovégétative (irritabilité,

réaction de sursaut exagérée, trouble du sommeil). L’ensemble de ces symptômes cliniques

doit avoir une répercussion sur le fonctionnement social ou professionnel de la victime.

Le diagnostic de PTSD est posé après le mois qui suit l’événement traumatique et si

les symptômes persistent durant au moins un mois. Les personnes ayant des réactions

émotionnelles, cognitives et physiologiques dans le mois qui suit l’événement sont

susceptibles de remplir les critères diagnostiques d’Etat de Stress Aigu (APA, 1994). Ces

manifestations aiguës seraient pour la majorité des personnes le signe d’un traitement de

l’information émotionnelle. Le syndrome de stress post-traumatique serait quant à lui le signe

d’un traitement non adéquat de l’information émotionnelle.

2. Fondements théoriques

Partant du postulat que le PTSD est le signe d’un traitement non adéquat de

l’information émotionnelle (pour une revue de la littérature, voir Dalgleish, 1999), de

nombreuses théories ont tenté de rendre compte des processus à l’œuvre dans le

développement et/ou le maintien du syndrome de stress post-traumatique. De manière

générale, deux conceptions de l’événement traumatique se dégagent (Brillon, Marchand, &

Stephenson, 1996). D’une part, l’événement est considéré comme une source importante

d’informations qui paraissent incompatibles avec des schémas ou des croyances de base (e.g

Horowitz 1986, 1993 ; Janoff-Bullman, 1992). D’autre part, l’événement peut être considéré

comme un stimulus inconditionnel aversif (Mowrer, 1960; Foa, Steketee & Rothbaum, 1989 ;

Jones & Barlow, 1990, 1992). Ces deux conceptualisations de l’événement traumatique

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amènent des considérations différentes quant aux processus impliqués dans l’étiologie du

PSTD (Brillon, Marchand, & Stephenson, 1996).

Dans la perspective où l’événement est considéré comme une source importante

d’informations, des processus d’accommodation et d’assimilation sont mis en œuvre suite à

l’exposition à l’événement. Les structures existantes, schémas ou croyances, doivent être

modifiées (accommodation) et l’information traumatique doit être transformée afin d’être

intégrée aux nouvelles structures (assimilation).

Des processus d’interprétation des causes, des conséquences et des états émotionnels

peuvent également être mis en oeuvre (e.g. Joseph, Williams, & Yule, 1995). Très souvent,

les informations traumatiques sont traitées sous forme d’une chaîne causale inadéquate. Les

individus ont tendance à attribuer l’occurrence d’un événement incontrôlable à des causes

internes, stables, et globales. Différentes recherches montrent que ces attributions augmentent

la probabilité de développer un PTSD (Joseph, Brewin, Yule & Williams, 1991 ; Joseph,

Brewin, Yule, & Williams, 1993). Inversement, l’attribution de l’événement à des causes

externes, temporaires et spécifiques réduit le risque de développement du PTSD.

Dans la perspective de l’événement traumatique comme stimulus inconditionnel

aversif, les processus responsables du développement du PTSD sont les processus impliqués

dans le conditionnement classique et opérant. Les réponses de peur ressenties durant

l’événement sont associées à des stimuli internes et externes. Ces stimuli ainsi conditionnés

peuvent à leur tour réactiver les réactions de peur.

Afin de rendre compte du développement différentiel du PTSD, les modèles sont

également amenés à spécifier les variables liées à l’événement, à la victime ou à son

environnement social, qui peuvent faciliter ou entraver le traitement de l’information. L’état

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actuel des recherches permet d’identifier un large spectre de variables intervenant dans le

développement différentiel du PTSD. Celles-ci peuvent être décrites en termes de variables

prédisposantes, modératrices ou médiatrices (pour une revue de la question entre variables

médiatrices et modératrices, voir Baron, & Kenny, 1986).

Les variables prédisposantes représentent l’ensemble des facteurs qui préexistent à

l’événement et qui rendent les individus plus vulnérables, d’un point de vue biologique ou

psychologique, au développement du PTSD. Certains individus présentent une prédisposition

biologique à l’hyperactivation neurovégétative et /ou une vulnérabilité psychologique par

l’expérience de traumatismes antérieurs, ou par l’existence de troubles psychologiques ou

psychiatriques, tels que dépression, troubles de la personnalité, traits de sensibilité à l’anxiété

(e.g. Marchand & Brillon, 1999).

Le soutien social, le style de coping et le style de personnalité sont trois variables

modératrices importantes dans le développement du PTSD. Ainsi, différentes recherches ont

montré que les personnes ayant un réseau social élargi, des stratégies actives de confrontation

et un style d’attribution à des causes externes, temporaires et spécifiques sont moins

susceptibles de développer un PTSD par comparaison à des personnes ayant peu de soutien

social, un style de coping centré sur l’évitement et un style d’attribution à des causes internes,

stables et générales (Joseph, & al., 1991 ; 1993 ; McCormick, Taber, & Kruedelbach, 1989).

Enfin, les variables médiatrices principales expliquant le développement et le maintien

du PTSD sont l’appréhension anxieuse et l’évitement. Ces deux variables sont étroitement

liées, l’appréhension anxieuse menant à éviter, cognitivement ou comportementalement, tout

indice, interne ou externe, pouvant être lié à l’événement traumatique.

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Toute intervention doit prendre en considération les processus supposés intervenir

dans le traitement de l’information émotionnelle et les variables prédisposantes, modératrices

ou médiatrices qui interagissent avec ce traitement émotionnel. La connaissance de ces

différentes variables de même que leur mécanisme d’action n’est cependant pas encore assez

formalisée ni prise en compte dans la prise en charge des victimes. Le tableau 1 présente une

synthèse des symptômes post-traumatiques dont rendent compte les différentes conceptions

théoriques de l’événement traumatique, les processus post-traumatiques et les variables

médiatrices les plus importantes.

Tableau. 1. Comparaison des conceptions de l’événement traumatique

En fonction de ces différents éléments, nous sommes amenés à répondre à trois

questions fondamentales concernant les techniques de prévention secondaire. Premièrement,

nous devons déterminer “ quelles ” interventions mettre en place : quelles sont les

interventions efficaces sur les processus visés ? Ensuite, nous devons déterminer le moment

auquel il faut procéder aux interventions : quand devons-nous intervenir afin d’optimiser le

décours du processus ? Enfin, nous devons déterminer pour quels individus ou groupes

d’individus les interventions sont indiquées. Dans cette perspective, les questions auxquelles

nous soumettons les interventions de prévention secondaire ne sont pas différentes de celles

auxquelles nous soumettons les interventions tertiaires. Dans la suite de l’article, nous allons

décrire trois méthodes de prévention secondaire. Nous envisagerons ensuite les études

concernant l’efficacité de ces différentes interventions et tenterons enfin de déterminer quelles

sont les techniques utilisées et quels sont les processus visés.

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II. Prévention secondaire du PTSD

1. Critical Incident Stress Debriefing (Mitchell, 1983 ; Mitchell & Everly, 2000)

Le Critical Incident Stress Debriefing (CISD) est la forme la plus connue de débriefing

psychologique (DP). Initialement développé comme intervention unique d’aide psychologique

destinée aux intervenants des services de secours, ce protocole d’intervention s’est largement

répandu comme technique d’intervention auprès des victimes directes d’événements de

différents types. Par ailleurs, cette intervention a été intégrée dans un programme plus large,

le CISM (Critical Incident Stress Management). Nous décrirons tout d’abord le déroulement

du CISD destiné aux intervenants des services de secours avant d’aborder la description du

CISM.

Le CISD est une rencontre organisée en groupe de 6 à 15 personnes, dans les 24 à 72

heures après l’incident. Ainsi, le groupe est un groupe non clinique dont les membres peuvent

présenter des réactions aiguës après un événement émotionnellement intense (cfr supra). Le

CISD se déroule selon un modèle en sept phases : (1) phase d’introduction, (2) phase de faits,

(3) phase de pensée, (4) phase de réactions, (5) phase de symptômes, (6) phase d’informations

et enfin (7) phase de “ re-entrée ”. Ces différentes étapes sont réalisées lors d’un entretien

semi-structuré de groupe durant lequel les participants sont regroupés dans un lieu rassurant.

Concrètement, après la phase d’introduction durant laquelle sont expliqués les règles, les buts

et le rôle des “ débriefeurs ”, les membres du groupe sont invités à décrire l’événement dans

ses aspects factuels (“ que s’est-il passé, qui était là, … ”). La troisième phase est centrée sur

la discussion des pensées des membres du groupe au moment de leur arrivée sur le site de

l’incident. Durant la quatrième phase, les personnes partagent le large éventail des émotions

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qui ont pu être ressenties. Cette phase est elle-même suivie d’une discussion sur les

symptômes analogues à ceux du PTSD qui peuvent être présents au moment du débriefing.

Enfin, le débriefing se clôture par deux phases, l’une d’informations sur les stratégies de

coping à mettre en place face aux conséquences de stress suite à l’événement et l’autre de

préparation au retour au travail après le débriefing. L’ensemble de la procédure prend en

moyenne de une à trois heures.

Le CISD a progressivement été intégré à un programme plus large de prévention, le

critical incident stress management (CISM). Cette intégration est sous-tendue par l’idée

qu'une intervention de crise ne peut se limiter à une seule composante d'intervention mais

qu'elle doit être intégrée dans un système d'intervention de crise qui se veut compréhensive,

intégrée et multicomponentielle. Ainsi, en 1997, Everly et Mitchell présentent le programme

intégré sous forme de sept étapes. Ces différentes étapes couvrent des interventions pré-

incident (éducation avant l’incident, préparation mentale), des interventions de crise

(intervention de crise individuelle, service de soutien sur le terrain) et des interventions post-

incident (démobilisation après le désastre, defusing, CISD, services de soutien pour les

familles et les enfants, et services de suivi et référents professionnels).

2. Programme de prévention (Brom & Kleber, 1989)

En se basant sur une perspective temporelle du processus de coping face à un

événement de vie négatif, Brom et Kleber (1989) proposent un programme de prévention qui

insiste sur la normalité de trois phases importantes (Fig.1).

Fig. 1. Phases de réactions au traumatisme (Brom & Kleber, 1989).

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Celles-ci sont caractérisées par une alternance de périodes d’intrusions et de “ dénis ”

et peuvent être conçues comme une recherche de sens à un événement qui en a peu ou pas du

tout. En effet, les victimes d’événements potentiellement traumatiques chercheraient à

restaurer un certain contrôle sur ceux-ci afin diminuer la peur de l’occurrence d’un événement

similaire. Dans cette perspective, le syndrome de stress post-traumatique est considéré

comme l’extrême d’un continuum, comme des manifestations plus intenses et plus fréquentes

du processus de coping “ normal ”.

Selon ces auteurs, les interventions psychologiques doivent viser trois objectifs :

stimuler une bonne manière de faire face à l’événement et à ses conséquences, reconnaître de

manière précoce les manifestations pathologiques, et proposer des traitements

psychothérapeutiques dans les cas nécessaires. Ainsi, les interventions visent à fournir une

aide et une information pratique, un soutien, à permettre aux personnes de faire un test de la

réalité, et à favoriser la confrontation de la victime avec son expérience.

L’aide et informations pratiques. Afin de faire face aux difficultés d’ordre pratique, un

ensemble d’informations sont fournies concernant les procédures à suivre afin d’obtenir divers

types d’assistances (par ex. médicales ou financières) (Brom & Kleber, 1989).

Les victimes sont également informées des différentes réactions, tant physiques que

psychologiques, pouvant survenir suite à un événement traumatique. Ces différentes réactions

seront décrites comme normales et faisant partie intégrante d’une phase d’adaptation.

Le soutien. Afin d’initier un processus de coping adéquat, le récit des victimes est

écouté avec empathie en essayant de structurer les différentes expériences et de nommer les

émotions qui sont exprimées, et en évitant des discussions intenses autour des réactions à

La prévention secondaire du PTSD

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l’évitement, au risque d’augmenter la confusion. Les victimes sont par ailleurs encouragées à

mobiliser leur réseau social et à être attentives à leurs situations et leurs sentiments.

Le test de la réalité. Dans la perspective adoptée par Brom et Kleber, les processus

d’évitements et d’intrusions font partie intégrante du traitement de l’information

émotionnelle. Ainsi, la victime rumine sans cesse son expérience et essaie de reconstruire

l’événement. Souvent, elle se rend compte que ce qui lui est arrivé est légèrement différent de

la première impression qu’elle a eue. Cependant, les victimes peuvent être effrayées par ces

réactions secondaires. Une discussion sur ces réactions peut les rendre moins effrayantes.

La confrontation avec l’expérience. Si jusqu’à un certain point, le déni ou l’évitement

permet aux victimes de ne pas se sentir submergées par leurs émotions, un déni ou un

évitement massif de tout indice lié à l’événement est considéré comme un facteur de risque

important dans le développement et le maintien du PTSD. Les victimes sont donc

encouragées à passer en revue l’événement dans ses détails.

Plusieurs contacts sur une longue période. A la différence du DP de Mitchell, le

programme d’intervention de Brom et Kleber est réalisé en plusieurs séances dont la dernière

prend place 2 ou 3 mois après l’événement (Brom, Kleber, & Hofman, 1993) et ce, afin de

prendre en compte le décours temporel des phases de réactions décrites à la fig. 1.

3. Programme cognitivo-comportemental de prévention secondaire

A l’instar de Brom et Kleber, d’autres programmes de prévention ont adopté une

procédure constituée de plusieurs séances réparties dans le temps. Chacune des séances

rencontre un objectif relatif aux connaissances actuelles sur les facteurs de risque du

développement du PTSD et sur les techniques éprouvées empiriquement pour leur efficacité

La prévention secondaire du PTSD

p. 14

dans un cadre psychothérapeutique (e.g. Foa, 2000 ; Richards, & Lovell, 1999 ; Rothbaum,

Meadows, Resick, & Foy, 2000 ; Stephenson, Marchand, & Brillon, 1996).

Sur base des modèles étiologiques du PTSD, trois techniques se révèlent efficaces.

D’une part, l’exposition en imagination ou in vivo permet l’induction d’anxiété et promeut

l’habituation. D’autre part, la restructuration cognitive vise à modifier les pensées

dysfonctionnelles, les croyances et les présupposés irrationnels. Enfin, les techniques de

gestion du stress visent à l’apprentissage de stratégies de gestion des symptômes physiques

d’anxiété (e.g., Foa, Rothbaum, Riggs, & Murdock, 1991).

L’idée qui sous-tend l’application de techniques comportementales et cognitives

efficaces dans le traitement d’un diagnostic de PTSD dans le cadre d’une intervention

secondaire consiste à agir sur les variables médiatrices pouvant être à l’origine du

développement du PTSD. En effet, les évitements comportementaux ou cognitifs

apparaissent déjà dans les jours et le mois qui suivent l’événement traumatique. Dans un

lapse de temps très court, les victimes construisent une représentation de l’événement et de

leur rôle dans celui-ci. De même, les réactions de détresse, d’anxiété, d’hyper réactivité

peuvent également être très précoces. Ces manifestations en phase aiguë montrent une

similitude importante avec les symptômes de stress post-traumatique. Elles peuvent

également être le signe d’un traitement en cours de l’information émotionnelle.

Plusieurs études ont tenté d’évaluer l’efficacité de programme cognitivo-

comportemental de prévention (Kilpatrick & Veronen, 1984 ; Foa, Hearst-Ikeda, & Perry,

1995; Bryant & al., 1998). Ces programmes de groupe débutaient dans les quinze jours après

l’événement traumatique et consistaient en 4 ou 5 sessions hebdomadaires d’une heure et

demie à 2 heures. Les sessions avaient respectivement pour objectifs la psycho-éducation sur

La prévention secondaire du PTSD

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les traumatismes et ses conséquences, l’entraînement à la respiration et à la relaxation

progressive, l’exposition en imagination, l’exposition aux situations, et la restructuration

cognitive. La description détaillée de ces techniques peut être trouvée dans Foa & Keane

(2000).

Le tableau 2 résume les similitudes et différences entre les trois types de débriefings

qui ont été décrits.

Tableau. 2. Similitudes et différences principales entre trois techniques de prévention

III. L’efficacité de la prévention secondaire

Quelle est l’efficacité des techniques de prévention secondaire ? Seules des études

rigoureuses d’un point de vue méthodologique peuvent nous aider à répondre à cette question

fondamentale. Déjà en 1994, Bisson et Deahl publiaient un article influent appelant à la

réalisation de recherches répondant à certains critères méthodologiques tels que (1) une

répartition aléatoire des sujets dans des groupes recevant ou non une intervention précoce

(recherches contrôlées), (2) l’utilisation de questionnaires validés comme mesures des

variables dépendantes à des moments déterminés, (3) le contrôle de variables déterminantes

telles que la sévérité du traumatisme ou les facteurs prédisposants, et enfin (4) un accord sur

les procédures qui sont évaluées.

Les études d’évaluation de l’efficacité des programmes de Brom et Kleber et des

programmes de type cognitivo-comportemental répondent à ces critères méthodologiques.

Ces recherches sont néanmoins peu nombreuses à l’heure actuelle. Brom, Kleber & Hofman

(1993) ont appliqué leur programme à des victimes d’accidents de la route. Un mois après

l’accident, les victimes étaient réparties dans un groupe avec intervention ou sans

La prévention secondaire du PTSD

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intervention. Six mois après l’accident, 10% des victimes présentaient un syndrome de stress

post-traumatique, quel que soit le groupe. Ainsi, les résultats de cette étude ne permettent pas

d’affirmer l’efficacité de cette intervention dans la prévention du PSTD. Il se peut cependant

que le taux de PTSD très faible dans cette population (10 %) aie généré un effet plancher,

empêchant la mise en évidence d’un effet de la procédure de prévention. Une réponse

conclusive sur l’efficacité de cette procédure ne pourra être apportée qu’après d’autres études

portant sur des populations plus exposées.

Les études sur les programmes de type cognitivo-comportemental sont un peu plus

nombreuses (Foa & Keane, 2000). Elles montrent que ces interventions sont plus efficaces

sur la prévention du syndrome de stress post-traumatique que l’absence d’intervention ou

qu’une intervention de soutien. Ces résultats se maintiennent également 6 mois après

l’événement (Bryant & al., 1998). Plus spécifiquement, ces interventions se montrent

efficaces dans la diminution des symptômes d’intrusions et d’évitements, de même que sur les

symptômes dépressifs (Bryant & al., 1998; Foa & al., 1995).

Il reste que, parmi les trois types d’interventions que nous avons décrites, le débriefing

de Mitchell est de loin la technique la plus populaire et la plus utilisée par les praticiens.

Cependant, la question de son efficacité a été la source d’une importante littérature et d’un

débat toujours en cours. En effet, beaucoup de praticiens affirment que le DP est efficace.

Cette conclusion repose cependant sur la sélection de résultats à partir de sources

anecdotiques (e.g. Armstrong, & al., 1991 ; Dyregrov, 1989), d’études non contrôlées (e.g

Flannery, & al., 1991; Robinson & Mitchell, 1993 ; Sloan, 1988) ou d’études avec un groupe

de comparaison (e.g. Jenkins, 1996). Il s’agit bien de sélection de résultats étant donné qu’il

existe tant des études non contrôlées (e.g. Dyregrov & al., 1996 ; Searle & Bisson, 1992 ;

La prévention secondaire du PTSD

p. 17

Weisaeth, 1989) que des études avec un groupe de comparaison (Bisson, & al., 1997 ; Deahl,

& al., 1994 ; Hobbs, & al., 1996 ; Kenardy & al., 1996 ; Lee, & al., 1996 ; Matthews, 1998 ;

McFarlane, 1988) qui montrent que le DP n’est pas une technique efficace. Par ailleurs, les

recherches contrôlées ne permettent pas de répondre de manière univoque à la question de

l’efficacité du débriefing psychologique. Ainsi, deux méta-analyses des études ayant examiné

l’efficacité de débriefings reprenant les grandes composantes du DP de Mitchell montrent que

celui-ci ne remplit pas sa fonction de prévention des difficultés psychologiques suite à un

événement traumatique (Rose & Bisson, 1998 ; Gageldonk & Rigter, 1998). Dans la revue de

Rose et Bisson (1998), 6 études sont examinées : deux d’entre elles montrent un effet positif

du DP, deux une absence d’effet et deux autres indiquent que les victimes présentaient plus de

séquelles psychologiques que le groupe contrôle, non débriefé. Dans la revue de van

Gageldonk et Rigter (1998), sur huit études prises en compte, seule une étude montrait des

effets positifs, tandis que 6 ne montraient aucun effet et une étude présentait des effets

négatifs. Depuis la publication de ces deux méta-analyses, d’autres études contrôlées ont été

réalisées sans pouvoir démontrer l’efficacité du DP (e.g. Colon, Fahy, & Conroy, 1999).

Outre le constat de résultats divergents, il existe un second problème à l’évaluation de

l’efficacité du DP, à savoir le type de variables dépendantes prises en considération. En effet,

de nombreuses études montrent que les personnes ayant participé à un DP rapportent un degré

élevé de bénéfices perçus. En d’autres termes, les personnes rapportent que le DP a été

bénéfique pour elles (e.g. Hytten, & Hasle, 1989; Kenardy & al., 1996 ; Robinson & Mitchell,

1993). Or, pour ces mêmes études, l’analyse des résultats montre soit qu’il n’y a pas

d’évaluation systématique des symptômes post-traumatiques par des instruments standardisés

(e.g. Robinson & Mitchell, 1993), soit qu’il n’y pas de différence entre un groupe

La prévention secondaire du PTSD

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expérimental et un groupe contrôle sur les symptômes post-traumatiques (Hytten & al., 1989),

soit encore que les résultats vont en sens inverses des résultats attendus, les personnes ayant

bénéficié d’un DP montrant plus de symptômes post-traumatiques ou de stress en général que

les personnes n’ayant pas bénéficié du DP (e.g. Kennardy & al., 1996). Ces résultats

suggèrent que, indépendamment des bénéfices perçus par les participants, le DP peut ne pas

être utile, pis encore, il pourrait avoir des effets délétères.

Face aux détracteurs du DP, ses partisans avancent différents arguments pour soutenir

ou maintenir l’idée que le DP est efficace. Ils dénoncent la difficulté voire l’impossibilité de

réaliser des études contrôlées suite à un événement souvent soudain et inattendu, la difficulté

de faire une synthèse des études portant sur des événements de nature différente, les

problèmes éthiques liés à la répartition aléatoire des victimes dans un groupe bénéficiant ou

non du DP, les changements adoptés dans la procédure-même du DP appliquée dans le cadre

de recherche, le choix et l’opérationnalisation des mesures dépendantes et enfin le temps

écoulé entre l’événement, l’intervention et l’évaluation des mesures dépendantes (Everly,

Flannery, & Mitchell, 2000). Force est de constater que ces arguments semblent peu

pertinents pour mettre en doute les résultats des recherches réalisées. Ce type

d’argumentation correspond à celui des pseudo-sciences dénoncé par différents auteurs

(Herbert, Lilienfeld, Lohr, Montgomery, O’Donohue, Rosen, & Tolin, 2000 ; VanRillaer,

1991).

IV. Mécanismes d’action dans les procédures de prévention

Quelles sont les variables qui peuvent expliquer les résultats des recherches sur

l’efficacité des interventions ? Afin de répondre à cette question, nous détaillerons quatre des

La prévention secondaire du PTSD

p. 19

mécanismes d’action supposés être déterminants dans les procédures de prévention du

syndrome de stress post-traumatique (Mitchell et Everly, 2000), à savoir (1) la précocité de

l’intervention, (2) la psycho-éducation, (3) l’opportunité d’une expression, d’une verbalisation

de l’événement dans ses différentes composantes, et enfin (4) la mobilisation d’un soutien

psycho-social.

La précocité de l’intervention et son caractère unique

Le caractère précoce de l’intervention a été proposé comme déterminant dans

l’application du DP de Mitchell. Ce principe de précocité repose sur l’hypothèse qu’au plus

l’intervention est précoce, au moins il y a d’opportunités à l’installation de patterns cognitifs

et comportements maladaptés. Ainsi, le DP est généralement proposé dans les 24h à 72h

après l’événement. Le nombre de critiques faites aux recherches ayant réalisé les DP dans les

15 jours témoignent de l’importance accordée au principe fondamental de précocité. Or, le

délai de 24 à 72 heures repose plus sur un a priori que sur des bases empiriques fiables. Par

ailleurs, dans les jours qui suivent l’événement, les victimes sont encore en état de choc

(Horowitz, 1986 ; Brom & Kleber, 1989). Cette phase est généralement caractérisée par des

évitements massifs, pouvant être considérés comme une première étape avant le traitement de

l’information. Dans une phase où les victimes font encore face à l’horreur et n’ont pas encore

de ressources pour donner du sens à l’événement, l’intervention précoce, en terme

d’exposition forcée aux informations traumatiques, peut agir comme un facteur sensibilisant

plutôt que désensibilisant.

La prévention secondaire du PTSD

p. 20

La psycho-éducation

Introduite sur base des recherches sur la perception du sentiment de contrôle (e.g.

Bandura, 1997), la psycho-éducation vise deux objectifs. Par une information correcte, elle

vise d’une part, à augmenter le sentiment de contrôle des victimes, en leur permettant de

normaliser leurs réactions et d’autre part, à prévenir l’apparition de stratégies de coping

maladaptées, tel que l’évitement comportemental ou cognitif.

A priori, l’information procurée semble utile, voire nécessaire. Cependant, nous ne

possédons aucune donnée sur les effets spécifiques des informations fournies ni sur le

meilleur moment pour les donner et la manière de les donner. Les différents types

d’intervention que nous avons décrits se distinguent très clairement sur la façon dont est

donnée cette information. Dans le DP, les victimes reçoivent une information uniquement

verbale très rapidement après l’événement. Dans les interventions de Brom et Kleber ou dans

les interventions de type cognitivo-comportemental, cette information est donnée un peu plus

tardivement et est souvent accompagnée d’un support écrit. Elle est de plus suivie, dans le

temps, de tentatives d’expositions, soit cognitives, soit comportementales, aux informations

traumatiques.

La verbalisation ou ventilation émotionnelle

La verbalisation de l’événement dans ses différentes dimensions a d’emblée été

proposée comme une étape indispensable dans la prévention des conséquences suite à un

événement émotionnel négatif. On remarque ainsi que 80% des personnes tout-venant croient

que parler d’une difficulté psychologique apporte un soulagement (Zech, 1999, 2000). De

La prévention secondaire du PTSD

p. 21

même, dans la lignée analytique, la psychologie a très tôt adhéré à l’idée que le traitement de

l’information émotionnelle devait commencer par une verbalisation de celle-ci (e.g. Janet,

1889). Plus récemment, Pennebaker (e.g. 1993) a montré que l’expression orale ou écrite

d’événements émotionnels avait des effets bénéfiques au niveau de différents indicateurs de

santé physique (pour une revue de la littérature, voir Esterling, L’Abate, Murray, &

Pennebaker, 1999).

Cependant, peu d’études ont réussi à répliquer les résultats de Pennebaker (e.g. Brown,

& Heimberg, 2001 ; Kovac, & Range, 2000 ; Kloss, & Lisman, 2002). Par ailleurs, une autre

lignée de travaux initiés par Rimé (Rimé, Finkenauer, Luminet, Zech, & Philippot, 1998 ;

Pennebaker, Zech & Rimé, 2001) montrent que la simple verbalisation d’événements

émotionnels n’a pas d’effet sur l’intensité émotionnelle que suscite la ré-évocation de ces

événements, même si les individus sont persuadés que parler de leurs émotions a des effets

bénéfiques. En d’autres termes, les personnes ayant l’opportunité de verbaliser un événement

émotionnel rapportent que cela a été bénéfique, sans que cette impression subjective ne

s’accompagne d’un effet sur des variables de récupération émotionnelle. Il apparaît ainsi que

la verbalisation n’a probablement pas d’effet préventif sur les conséquences post-traumatiques

bien qu’elle montre des effets subjectifs en termes de bénéfices perçus. Ces résultats

permettent de comprendre les effets du DP sur les bénéfices perçus des participants mais pas

sur la symptomatologie post-traumatique (e.g. Hytten, & Hasle, 1989; Kenardy & al., 1996 ;

Robinson & Mitchell, 1993).

Cependant, une autre question, plus essentielle doit être soulevée: la verbalisation

peut-elle avoir des effets négatifs sur le traitement de l’information émotionnelle? En d’autres

termes, la verbalisation détaillée et précoce de l’événement peut-elle agir comme des indices

La prévention secondaire du PTSD

p. 22

immédiats de rappel de l’événement et ainsi participer à un processus de re-victimisation ?

C’est ce que suggèrent les résultats de certaines recherches (e.g. Bisson & al., 1997). Or,

certaines techniques se centrent essentiellement sur la verbalisation détaillée de l’événement

(Mitchell, 1983) tandis que d’autres, tout en reconnaissant l’importance de la verbalisation,

soulignent les effets délétères d’une verbalisation détaillée pouvant induire une détresse

importante chez les victimes (Brom & Kleber, 1989). Enfin, dans le cadre des interventions

cognitivo-comportementales, la description verbale de l’événement apparaît non pas comme

une stratégie en soi mais comme une source importante d’information nécessaire à

l’élaboration d’un travail comportemental de confrontation émotionnelle au souvenir de

l’événement, en terme d’exposition, et d’un travail cognitif, en terme de restructuration

cognitive.

Le soutien psycho-social

Le soutien social agit comme une variable modératrice importante dans le

développement du PTSD (e.g., Flannery, 1990). Dans les débriefings, le processus de groupe

est supposé agir comme un facteur de soutien social et les victimes sont encouragées à

mobiliser leur entourage suite à l’événement. Cependant, il reste à s’interroger sur ce que

peut recouvrir le concept de soutien social. Ce concept recouvre en effet différentes

dimensions : émotionnelle, pratique et cognitive. Le soutien émotionnel consiste à donner des

renforcements, verbaux ou non verbaux, amenant la victime à se sentir comprise, acceptée,

estimée. Le soutien pratique concerne la fourniture de ressources matérielles, telle qu’une

aide financière. Enfin, le soutien cognitif concerne tous les conseils ou les informations

relatives à la situation. Certains modèles ont avancé l’idée que le soutien social le plus

La prévention secondaire du PTSD

p. 23

efficace correspond aux besoins particuliers d’une victime ou d’un groupe de victimes en

fonction de la situation (e.g. Cutrona & Russell, 1990). Certaines situations nécessiteraient

plus de soutien émotionnel tandis que d’autres nécessiteraient plus de soutien pratique.

Par ailleurs, outre le soutien réellement procuré, la perception de ce soutien par les

victimes apparaît également une variable déterminante dans la modération des conséquences

post-traumatiques. Cette perception peut varier en fonction (1) de l’adéquation entre les

besoins et le type de support social fourni et (2) des phases du processus post-traumatique.

Directement après l’événement, les victimes peuvent bénéficier d’un support émotionnel et

pratique. Ce n’est que dans une phase ultérieure, lorsque les victimes sont prêtes à traiter

l’information émotionnelle, qu’un soutien cognitif peut s’avérer efficace (e.g. Jacobson,

1986).

Conclusions :

Sur les quatre mécanismes principaux postulés par le DP de Mitchell, deux semblent

particulièrement sujets à questions : la ventilation des émotions et la précocité de

l’intervention. Il est en effet très préoccupant de constater que certains résultats de recherche

suggèrent que ces facteurs peuvent avoir un effet négatif sur l’évolution des conséquences

psychologiques d’un traumatisme. Ces deux mécanismes sont par ailleurs ceux qui

distinguent fondamentalement le débriefing de Mitchell des autres procédures d’intervention

proposées (Brom & Kleber, 1989 : Foa & al., 1995). Les données de la littérature sont par

contre plus en accord avec l’idée que la psycho-éducation et le soutien social, bien interprétés

aient des effets positifs. Il faut noter que ces deux facteurs sont précisément les facteurs

communs à toutes les procédures d’intervention secondaire proposées dans la littérature.

La prévention secondaire du PTSD

p. 24

V. Conclusions et recommandations

En conclusion, il n’existe pas, actuellement, de données démontrant l’efficacité du

débriefing tel que proposé par Mitchell et largement pratiqué dans de nombreux pays. La

croyance fondamentale dans l’efficacité de ce type de débriefing, indépendamment des

données disponibles, est vraisemblablement maintenue par des processus de sélection de

données tels que (1) se baser sur des études méthodologiquement incorrectes qui montrent des

résultats positifs plutôt que des études méthodologiquement correctes qui n’en montrent pas,

(2) se baser sur des résultats positifs concernant des variables qui ne sont pas la cible du

débriefing, comme la satisfaction, alors qu’il existe une absence d’effet, voire des effets

négatifs, sur des variables qui en sont la cible, comme les symptômes de stress post-

traumatiques à moyen et à long terme.

Ce processus de sélection de données renforce les praticiens dans l’application de

méthodes qui reposent en grande partie sur des croyances populaires : “ parler, ça aide ”, “ au

plus vite, au mieux ”. Cet état de fait est particulièrement préoccupant étant donné que ces

méthodes peuvent agir comme des facteurs sensibilisants, prédisposant plus les victimes au

développement de conséquences post-traumatiques. Ainsi, le débriefing, tel qu’il est

formalisé par Mitchell, peut avoir plus d’effets négatifs que positifs, et ce, d’autant qu’il est

très précoce et force l’expression émotionnelle chez des victimes qui ne sont pas prêtes à

traiter l’information émotionnelle.

Doit-on supprimer les débriefings ? Ce n’est certainement pas la thèse que nous

voulons soutenir, d’autant plus que d’autres formes de prévention secondaire ont démontré

leur efficacité (par ex., Bryant & al., 1998; Foa & al., 1995 ; Sydor & Philippot, 1996). Il

La prévention secondaire du PTSD

p. 25

convient donc, pour le praticien, de fonder ses interventions sur les procédures éprouvées ou,

à tout le moins sur les facteurs dont l’efficacité est suggérée dans la littérature. Au vu des

éléments que nous avons développés, nos recommandations principales seraient les suivantes.

Premièrement, et contrairement à beaucoup de pratiques actuellement

commercialisées, une intervention psychologique précoce n’est pas souhaitable. Plus

spécifiquement, une intervention psychologique autre que du soutien (par ex. : susciter la

ventilation émotionnelle, opérer une restructuration cognitive) doit être proscrite dans les

heures qui suivent le traumatisme. Tant que l’individu est en état de choc et n’est pas capable

d’effectuer le traitement de l’information--émotionnelle ou non--requis par ces interventions,

au mieux, celles-ci n’auront pas d’effet, au pire, elles agiront comme une re-victimisation.

Deuxièmement, différentes procédures semblent avoir une efficacité préventive. Il est

intéressant de noter que ces procédures sont également celles qui ont fait leurs preuves dans le

traitement du PTSD. Il s’agit (a) de fournir une information adéquate quant aux symptômes

induits par une expérience traumatique, quant à leur décours temporel, et quant aux stratégies

de « coping » efficaces dans cette situation (psycho-éducation), (b) de l’exposition (empêcher

la mise en place des évitements), (c) de la régulation de l’activation physiologique suscitée par

le traumatisme (par exemple, par la relaxation), et (d) du soutien social. Ces différentes

procédures doivent être implémentées selon une séquence qui respecte la capacité

d’intégration des individus. L’exposition ou la prévention des évitements est normalement la

dernière procédure de cette séquence. La nature de la séquence est détaillée dans le point

suivant.

En effet, il conviendrait de réaliser les interventions en plusieurs phases. Dans les

jours qui suivent l’événement, l’intervention devrait se limiter d’une part à sécuriser les

La prévention secondaire du PTSD

p. 26

victimes en les prévenant des conséquences psychologiques possibles dans les jours qui

suivent l’événement et d’autre part, à leur apporter un soutien pratique et émotionnel. Quand

celles-ci seront sorties de leur état de choc, la phase de psycho-éducation pourra prendre place.

Dans une phase ultérieure, durant le mois qui suit l’événement, lorsque les individus sont

prêts à se confronter avec le souvenir de l’événement, l’intervention aurait comme objectif

principal de déterminer les évitements cognitifs et comportementaux mis en place et d’adopter

des stratégies afin de les supprimer. Dans ce dernier cas, la seule information ne suffit pas.

Les victimes doivent pouvoir faire l’expérience concrète de stratégies de confrontation, tel que

le récit de l’événement, l’exposition en imagination ou l’exposition in vivo.

Deux autres objectifs de la prévention consisteraient à déterminer quelles sont les

personnes les plus à risque de développer un PTSD et à donner toute l’information nécessaire

pour un suivi thérapeutique si les victimes en ressentent le besoin.

Enfin, la mise en place de ces procédures, au moment qui est le plus opportun, exige

des compétences professionnelles de psychothérapeute. Outre la maîtrise technique des

procédures, il s’agit de pouvoir estimer cliniquement les ressources et les capacités des

individus, afin de pouvoir proposer la bonne intervention au bon moment. De plus, certaines

études ont mis en évidence qu’un débriefing réalisé par des personnes non qualifiées a des

effets délétères (Kenardy, & al., 1996). Nous recommandons donc que les interventions

soient menées par des psychologues ou psychiatres avec une formation en psychothérapie et

une expérience dans le domaine du traumatisme.

En conclusion, la littérature actuelle suggère de nombreuses pistes de procédures de

prévention secondaire du PTSD et en déconseille d’autres. Il faut souligner que la procédure

actuellement la plus populaire, le débriefing psychologique de Mitchell, est en fait celle qui

La prévention secondaire du PTSD

p. 27

suscite le plus de réserves dans la littérature. Nous conseillons donc d’abandonner cette

pratique, de la remplacer par d’autres qui répondraient aux recommandations énoncées ci-

dessus et de mettre en place les recherches cliniques visant à la validation de ces nouvelles

procédures. Des avancées significatives ont déjà été effectuées à ce sujet (e.g. Bryant & al.,

1998; Foa & al., 1995) et l’avenir apparaît prometteur.

La prévention secondaire du PTSD

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La prévention secondaire du PTSD

p. 37

Tableau 1.

Comparaison des conceptions de l’événement traumatique

Conceptions de l’événement:

Processus post-traumatiques : Variables médiatrices Symptômes expliqués :

Informations incompatibles avec

schémas et croyances de base

Assimilation/accommodation Mécanisme de défense Intrusions

Evitements

Evènement imprévisible et lourd de

conséquences personnelles

Interprétation des causes et

conséquences

Inopérance acquise Intrusions

Evitements

Emoussement de la réactivité générale

Stimulus inconditionnel aversif Conditionnement classique et opérant Appréhension anxieuse Intrusions

Evitements

Hyperactivation neurovégétative

La prévention secondaire du PTSD

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Tableau 2.

Similitudes et différences principales entre trois techniques de prévention

Mitchell (1983) Brom & Kleber (1989) Foa, & al. (1995); Bryant & al.

(1998)

Quand ? 24 à 72h00 Endéans les 15 jours et sur une

période de deux ou trois mois

Endéans les 15 jours et sur au moins

un mois et demi

Pour qui ?

Groupe Groupe Groupe

Comment ?

Séance unique de 2 à 3 heures Plusieurs séances Plusieurs séances

Quoi ?

Psycho-éducation Psycho-éducation Psycho-éducation

Description détaillée de l’événement

et des réactions

Description libre de l’événement et

des réactions

Description libre de l’événement et

des réactions

Expression des émotions Confrontation émotionnelle au

souvenir de l’événement (exposition)

Information sur les stratégies de

coping

Apprentissage de stratégies de coping

Sur base de quoi ?

Données parcellaires Connaissances de processus Connaissances de processus et de

techniques validées empiriquement

La prévention secondaire du PTSD

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Figure 1.

Phases de réactions au traumatisme (Brom & Kleber, 1989).

Evitements

Intrusions

Emotions

Réintégration

Incrédulité

Choc

Evénement