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UNIVERSITE SAINT JOSEPH
FACULTE DE MEDECINE
INSTITUT DE PSYCHOMOTRICITE
Le stress post-traumatique en lien avec l’inattention et
l’impulsivité chez des enfants réfugiés irakiens et
palestiniens au Liban
Mémoire de master en vue de l’obtention du Master Professionnel
en Psychomotricité
Préparé par
RACHELLE EL HASROUNY
Sous la direction de
Mme MARYSE HAYEK
BEYROUTH
2013
3
Remerciements
La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui je
voudrais témoigner toute ma reconnaissance :
Mme Maryse Hayek, mon superviseur de mémoire, pour sa disponibilité et ses conseils,
qui ont contribué à alimenter ma réflexion.
Ma famille, et surtout mes parents, qui m’ont permis de poursuivre mes études jusqu’à
aujourd’hui.
Georges, pour m’avoir soutenue, et surtout aimée, tout au long de ces années.
Le Centre JANAH, et surtout Mme Lama Yazbek, et tous les enfants irakiens pour leur
intérêt et implication.
The National Institution of Social Care And Vocational Training, l’UNRWA et tous les
enfants palestiniens pour leur désir de participation à cette évaluation.
4
Résumé
Le stress post-traumatique est un trouble décrit par le DSM-IV par plusieurs symptômes de
répétition, d’évitement et d’hyperactivité neurovégétative, suite au vécu des événements
traumatiques. Il est fréquemment associé à des difficultés cognitives. L’attention et l’impulsivité
cognitive des enfants réfugiés irakiens et palestiniens, au Liban, auraient-elles des
caractéristiques spécifiques liées aux guerres et immigrations qu’ils ont vécues ? Pour répondre à
cette question, cette étude a été réalisée au Liban, sur une population de 30 enfants réfugiés
irakiens et 30 enfants réfugiés palestiniens, âgés entre 8 et 12 ans, sur lesquels nous avons fait
passer le QSPT Questionnaire du Stress Post-Traumatique, le test de Stroop, le test
d’appariement d’image et subtest de barrage de la NEPSY. Les résultats obtenus ne montrent pas
de différence significative entre les deux populations au niveau de toutes les variables.
Cependant, les scores obtenus aux différents tests sont pathologiques par rapport aux normes.
Mots clés : enfants réfugiés, PTSD, impulsivité, attention.
Abstract
The post-traumatic stress disorder is defined by the DSM-IV by several symptoms of
repetition, avoidance and arousal, after traumatic events. It is frequently associated with
cognitive difficulties. Do attention and cognitive impulsivity of Iraqi and Palestinian refugees
children in Lebanon, have specific characteristics related to immigration and wars those children
have lived? To answer this question, this study was conducted in Lebanon, with a population of
30 Iraqi refugee children and 30 Palestinian refugee children, aged between 8 and 12 years, over
whom we have passed the QSPT Post-Traumatic Stress Questionnaire, the Stroop test, the image
matching test, and the dam subtest of the NEPSY. The results showed no significant difference
between the two groups at all variables. However, all scores showed deficiency comparing to
normal population.
Key words: refugees children, PTSD, impulsivity, attention.
5
Sommaire
Page
Introduction………………..……………………………..………………………………………..6
PARTIE THEORIQUE…..………………………………...…………………………………10
Chapitre 1 : Les enfants réfugiés….....…………………………...……………………………...11
I. Définition du refuge……………………………...…………………………………………….11
II. Historique des réfugiés irakiens au Liban…………………………………………………….12
III. Historique des réfugiés palestiniens au Liban…………………………………….................14
IV. Aspects psychologiques du refuge chez les enfants…………………………………………17
Chapitre 2 : Le stress post-traumatique PTSD……..…………………………………………….19
I. Définition et critères diagnostiques………………………………………………....................19
II. Conséquences du PTSD sur les fonctions cognitives.………..……………………………….20
PARTIE PRATIQUE………………………………………...…………………….…………..23
Chapitre 3 : Méthodologie de la recherche……………………………………………..………..24
I. Problématique………………………………………………………………………………….24
II. Hypothèses……………………………………………………………………………………26
III. Cadre et population cible………………………………………………………………….…31
IV. Outils de travail…………………………………………….………………………………...33
A- Questionnaire du PTSD (QSPT)…………………………………………………………33
B- Test de Stroop……………………………………………………………………………34
C- Test d’appariement d’images………………………………………………………….....35
D- Subtest de barrage de la batterie NEPSY………………………………………………...35
V. Démarche méthodologique…………………………………………………………………...36
VI. Limites de l’étude…………………….…………………………………………………..…37
VII. Résultats quantitatifs………………………………………………………………………..38
6
1. Questionnaire…………………………………………………………………………….39
2. Tests et subtests………………………………………………………………..…………40
Résultats au test d’appariement d’images…………………..........................................40
Résultats du test de Stroop……………..……………………………………………43
Résultats au subtest de barrage de la NEPSY…………...…………………………...….48
3. Corrélation………………………………………………………………………………..49
VIII. Analyse qualitative et synthèse.………………………………………………………..…..52
Discussion des hypothèses………………………………………………………………….52
Profil des enfants réfugiés irakiens…………………………………………………………54
Profil des enfants réfugiés palestiniens……………………………………………………..57
Conclusion……………………………………………………………………………………….60
Bibliographie……………………………………………………………………………………..63
Annexes…………………………………………………………………………………………..67
8
Plus de 21 millions de personnes, dans le monde, ont été obligées de quitter leur maison et
fuir leur pays parce qu’elles sont en danger. Si elles restent, elles risquent d’être maltraitées du
fait de leur race, de leur religion, de leur nationalité ou des opinions politiques de leurs parents.
Peut-être fuient-elles parce que leur pays est déchiré par la guerre.
Lorsque ces personnes se réfugient dans un pays d’asile, elles espèrent que leur séjour sera de
courte durée. Mais souvent, les persécutions qui les ont obligées à fuir, s’éternisent et par la
suite, leur domicile provisoire devient permanent. C’est le cas du Liban, qui malgré l’instabilité
qui y réside, embrasse les réfugiés de différentes provenances.
Dans la littérature et dans la réalité, plus de la moitié des réfugiés sont des enfants. Ces
derniers ne sont en sécurité ni dans leur pays en pleine guerre, ni dans le chaos de la fuite vers un
pays qui leur est totalement étranger. Si beaucoup d’entre eux sont séparés de leurs parents, ils
emmènent peu de choses avec eux, il n’y a pas assez de place pour leurs objets préférés, donc ils
s’enfuient seulement avec leurs rêves et leurs espoirs. Ils ne comprennent pas vraiment ce qui se
passe, et ils ont peur. (Barenbaum J., Ruchkin V., et Schwab-Stone M. ; 2004)
Par conséquence, certains enfants réfugiés traumatisés, restent immobiles toute la journée,
sans dire un mot, se balancent continuellement, pleurent sans raison apparente, ou bien piquent
des colères incontrôlables, s’agitent, parlent sans cesse, deviennent agressifs,… Des souvenirs
terrifiants les hantent. Quand cela est possible, ces enfants bénéficient d’un traitement médical et
psychologique. Peu à peu, entourés de soins et d’amour, soutenus par l’alternance régulière de
leçons et de jeux, beaucoup d’entre eux parviennent à retrouver une vie à peu près normale.
(Nasir, Laeth S, Arwa Abdul-Haq ; 2008)
Au Liban, les consultations de la part de ces enfants réfugiés, font apparaître une fréquence
élevée d’agitation, de troubles psychomoteurs, de troubles d’apprentissage, de troubles
comportementaux,… Lors de mon travail dans un projet intervenant auprès des enfants réfugiés
irakiens au Mont-Liban, et dans un centre accueillant des enfants palestiniens au Sud du Liban,
je me suis interrogée sur le vécu de ces enfants, leur bien-être face à tous les événements
traumatiques par lesquels ils sont passés, l’instabilité des cadres spatio-temporels, la permanence
9
de la peur de l’avenir, l’angoisse de leurs parents, le manque d’espoir, la discrimination entre eux
et les autres, le manque de protection de la part du pays accueillant, etc.
Est-ce que leurs difficultés se lient directement au refuge traumatisant? Quels symptômes de
stress post-traumatique sont les plus présents chez eux ? Quels effets ces derniers ont sur les
fonctions cognitives des enfants réfugiés ? Quels points différencient les enfants réfugiés
palestiniens et irakiens au Liban, et quels points communs peut-on trouver chez les deux
groupes ? Jusqu’à quel point les facteurs familiaux, régionaux, personnels, psychologiques,…
interagissent et aboutissent à une impulsivité et à des difficultés attentionnelles chez ces enfants ?
Quels axes de travail auprès des enfants réfugiés sont les plus urgents ? Quelles stratégies
d’intervention auprès des populations réfugiées sont les plus adaptées ?
Dans ce présent travail, nous nous intéressons à étudier le stress post-traumatique, le vécu de
refuge des enfants irakiens et palestiniens au Liban, et les difficultés d’attention et d’impulsivité
chez ces derniers.
Tout d’abord, nous rappellerons dans une revue de la littérature, la situation et les
caractéristiques des enfants réfugiés irakiens et palestiniens au Liban, le concept du stress post-
traumatique, et celui des troubles de l’attention et de l’impulsivité.
Puis, nous exposerons la démarche pratique que nous avons mise en place auprès de 30
enfants réfugiés irakiens et 30 enfants réfugiés palestiniens.
Nous terminerons par une discussion qui aura pour but d’infirmer ou de confirmer nos
hypothèses de travail. En considérant l’importance du traumatisme de la guerre chez les
populations qui le subissent, il parait opportun, à la fin, de présenter le profil de chaque
population, qu’il faut prendre en considération en intervenant auprès de ces enfants.
11
CHAPITRE 1 : LES ENFANTS REFUGIES
I. Définition du refuge
La Convention de Genève de 1951 ayant pour titre officiel « convention relative au statut des
réfugiés » présente le terme « réfugié » comme étant toute personne qui « craignant avec raison
d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un
certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la
nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce
pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa
résidence habituelle, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner. »
Trois périodes jalonnent le parcours du réfugié :
1- La première s’écoule de l’arrivée au pays d’accueil, à la réponse à la demande d’asile ;
elle est caractérisée par l’effort d’adaptation au nouveau pays et l’attente de la réponse de
ce pays à ses besoins.
2- La deuxième est l’instant du refus de la demande d’asile au troisième pays voulu, et ses
conséquences directes ; donc, le réfugié reste dans le pays d’accueil.
3- La troisième se situe à la suite du refus de la demande ; elle a trait aux conséquences
indirectes, soit les différentes situations administratives qu’entraîne une réponse négative
à la demande d’asile. Cette dernière période est de loin la plus inquiétante, ceci pour deux
raisons. D’une part, elle touche le plus grand nombre des personnes recevant une réponse
à leur demande d’asile, et d’autre part, ses effets paraissent, d’un premier abord peu
signifiants, alors que leur accumulation a un effet gravement péjorant sur la santé
psychique, voire même physique, des personnes.
Tandis que si la demande d’asile est acceptée par le troisième pays, le réfugié va y aller et
revivre de nouveau l’étape d’accueil, d’adaptation et d’intégration.
12
Dans le cadre de notre travail, nous allons choisir deux échantillons de deux populations de
réfugiés. D’abord, nous prenons des irakiens arrivés au Liban depuis quelques années, suite à
une recherche d’asile provisoire, attendant toujours leurs visas aux Pays Occidentaux. La
deuxième population est celle des palestiniens présents au Liban depuis plusieurs générations,
parce qu’il est interdit qu’ils reviennent à leur pays, donc ils essayent de s’adapter et d’aménager
leur vie là pour toujours, et ils ne cherchent pas à quitter.
Dans la partie suivante, nous repérons, d’une manière plus détaillée et séparément, les
nombreuses différences trouvées entre les réfugiés irakiens et ceux palestiniens, telle que
l’exposition aux combats, la culture, la religion, le statut socio-économique, la forme de trauma
vécu, …
II. Historique des réfugiés irakiens au Liban
C’est dès le lendemain du 11 septembre 2001 que l’administration Bush décida de faire du
renversement du régime irakien l’une de ses priorités. La guerre d’Irak a commencé le
20 mars 2003 avec l’invasion de l’Irak par la coalition menée par les États-Unis contre le parti
Baas de Saddam Hussein, et s’est terminée le 18 décembre 2011 avec le retrait des dernières
troupes américaines. L’invasion a conduit à la défaite rapide de l’armée irakienne, à la capture et
l’exécution de Saddam Hussein et à la mise en place d’un nouveau gouvernement.
Le gouvernement irakien de Saddam Hussein n’avait d’autre politique que celle de
l’arabisation intensive. Cette politique consiste à imposer simplement l’unilinguisme arabe par
tous les moyens... surtout militaires.
Les réfugiés irakiens qui ont obtenu un asile provisoire au Liban, sont dont la plupart des
chrétiens ; ainsi que la plupart des réfugiés irakiens musulmans ont cherché asile dans d’autres
pays voisins (Syrie, Jordanie, …). Tous ont été forcés, depuis l’invasion des Américains en Irak
en 2003, à abandonner brutalement leurs maisons suite à des problèmes politiques, militaires, et
religieux ; avec un départ qui figure dans le contexte d’un exode massif. Spécifiquement au
13
Liban, il leur est difficile de régulariser leur statut ou de s’intégrer, leurs droits de déplacement et
de travail sont très restreints, et les opportunités d’éducation et de récréation sont insuffisantes ;
surtout que le Liban n’a pas signé la Convention de Genève citée là-dessus.
Selon l’UNHCR, une fois sur place, une infime minorité de réfugiés irakiens bénéficient d’un
séjour légal. Les autres (près de 80 %) n’ont aucun statut juridique, vivent dans l’illégalité, sont
soumis aux risques de la détention et de l’expulsion, et leur protection n’est pas assurée par le
droit international. Mais, un accord a été conclu entre le Haut-Commissariat des Réfugiés
(UNHCR) et le gouvernement libanais, qui rend plus difficile leur expulsion.
Au niveau démographique, le Haut-Commissariat des Réfugiés estime qu’avant 2003, il y
avait au Liban 10.000 irakiens. En 2006, la Sécurité Générale a délivré 60.410 visas d’entrée au
Liban pour des irakiens, et 21.998 visas en 2007. Ces réfugiés irakiens vivent au Liban, surtout
dans les banlieues de Beyrouth, dont au moins 80% sont dans l’illégalité, et d’autres se trouvent
dans les prisons libanaises (Human Rights Watch ; 2007). Dans la mesure où l’Irak demeure un
pays dangereux pour eux, leur retour est non envisageable. Les irakiens réfugiés au Liban sont
venus du centre et du Sud de l’Irak, et courent toujours un risque de persécution, d’où la
nécessité d’assurer une protection internationale. 20% seulement retournent chez eux. A partir de
2008, les Etats-Unis, l’Australie, les pays européens,… ont commencé à accepter la demande
d’asile de plus de 15.000 irakiens.
Pour leur survie, les réfugiés irakiens au Liban comptent principalement sur l’aide des
organisations internationales et nationales non gouvernementales, qui offrent des services
éducatifs, sociaux, récréatifs, médicaux, … En avril 2008, le Haut Commissariat des Réfugiés de
l’ONU se déclarait préoccupé par le niveau de financement des programmes dédiés aux réfugiés
irakiens et aux déplacés internes.
Les enfants réfugiés au Liban ont accès à l’éducation dans les établissements publics, dans la
limite des sièges disponibles dans les écoles. Souvent, les jeunes irakiens travaillent pour aider
leurs familles à subvenir à leurs besoins notamment parce qu’ils sortent plus souvent que leurs
14
parents qui craignent de sortir, surtout après l’an 2005, avec le fameux attentat de l’ex-ministre
Harriri, quand les mesures de sécurité et de prévention ont été durcies.
L’insécurité de la vie de réfugié, le chômage et la perte de compétences professionnelles des
irakiens dont les diplômes ne sont pas reconnus, les mauvaises conditions de vie et l’accès
difficile aux services sociaux, y compris à l’éducation et aux soins de santé ont aggravé la
situation des irakiens au Liban.
En Irak, les pères travaillaient et les mères étaient des femmes au foyer ; mais, quand ils sont
arrivés au Liban, les rôles ont été inversés : les pères ont peur d’être arrêtés par l’état libanais
puisqu’ils n’ont pas de papiers légaux ; tandis que les femmes ne le sont pas quand elles passent
à des points de contrôle armés. Les immigrés irakiens éprouvent souvent de la méfiance à l’égard
de la société d’accueil. Plusieurs familles ont raconté leurs difficultés à trouver un logement ;
ceci est dû au refus de certains propriétaires de louer un appartement à une famille étrangère, ou
à la malhonnêteté d’autres qui augmentent le loyer sous prétexte que les familles ont un besoin
urgent de se loger.
Les irakiens peuvent accéder aux soins médicaux au Liban, même s’ils n’ont pas une carte de
résidence. Cependant, leurs médicaments et leurs opérations chirurgicales ne sont pas couverts
par les ministères de santé ou la sécurité sociale.
III. Historique des réfugiés palestiniens au Liban
Les réfugiés palestiniens sont arrivés au Liban en 2 temps :
- En 1948, L’Etat d’Israël a été effectivement créé. L’ONU, par la résolution 181 du
Conseil de Sécurité, partage la Palestine en deux parties, l’une juive en définissant « les
frontières de 1947 » et l’autre arabe. Devant l’explosion de la violence, environ 100 000
palestiniens, ont quitté leur foyer en espérant revenir une fois que les armées arabes
auraient pris le contrôle du pays ou que les violences auraient cessé. Ceci a entraîné une
15
première grande émigration palestinienne vers des camps en Cisjordanie et à Gaza.
(Morris, 2003)
- En 1967, une seconde vague d’émigration des palestiniens remplit les camps de Jordanie
et du Liban, suite aux attaques israéliennes. La résolution 242 du Conseil de Sécurité de
l’ONU ordonne à Israël de revenir sur ses frontières et de laisser revenir chez elle, la
population palestinienne chassée par la guerre (c’est le « droit au retour »). Les
gouvernements successifs israéliens entament une politique d’implantation de colonies
juives sur tout le territoire palestinien, plus particulièrement sur les terres riches en eau et
en agriculture. Dans ce contexte d’occupation israélienne et de lâcheté de la communauté
internationale, les palestiniens s’organisent en créant des organisations de résistance.
Le peuple palestinien est en effet fortement divisé : Palestiniens résidant en Israël (1.2
million), en Cisjordanie (2.3 millions), à Gaza (1.4 millions), et dans les autres pays arabes (4.8
millions, dont 3.1 millions en Jordanie). En 2010, ils étaient environ 250.000 personnes à vivre
dans les camps du Liban, et sont catégorisés parmi les plus pauvres des réfugiés. Beaucoup de
familles réfugiées connaissent des situations économiques difficiles, d’instabilité et d’incertitude
(30% des personnes en âge de travailler sont au chômage). Au Liban, certains enfants
représentent donc la troisième génération de palestiniens vivants dans des situations précaires.
(UNRWA ; 2011)
Le statut juridique des réfugiés palestiniens au Liban est caractérisé par un flou. Ils sont
maintenus au Liban, vu le caractère « temporaire » de leur séjour (datant pour beaucoup d’entre
eux de 1948), dans une situation d’exclusion organisée, et sont confrontés à un impératif
quotidien de survie : Statut juridique quasi-inexistant, aucune protection juridique, interdiction
d’exercer des dizaines de professions, absence de protection sociale, impossibilité d’acquérir des
immeubles, restrictions à la liberté de circulation et à la liberté d’association, etc. Chaque réfugié
palestinien établi au Liban ne bénéficie que d’un droit de résidence, pas trop respecté de la part
du gouvernement libanais (Perdigon ; 2008).
Le problème des réfugiés palestiniens est unique par sa complexité, sa durée et sa
signification. L’un de ses aspects particuliers est que la plupart des réfugiés palestiniens ne
16
pensent pas quitter le Liban pour trouver en Amérique ou en Europe par exemple, un pays
d’asile ; parce qu’ils veulent retourner chez eux ou sur leurs terres. Cependant, les autorités
israéliennes leur interdisent de pénétrer à l’intérieur des Territoires Palestiniens Occupés ou
d’Israël (Elsayed-Ali ; 2004). Pour cela et pour plusieurs autres causes politiques et régionales,
ils essayent de participer à la vie politique libanaise, et provoquent des conflits avec les partis
libanais.
Le logement est l’un des problèmes les plus graves touchant les réfugiés palestiniens du
Liban. Les 12 camps de réfugiés officiels du Liban connaissent trop de problèmes : des
infrastructures insuffisantes, la surpopulation, la pauvreté et le chômage, le manque d’espace de
jeux pour les enfants... C’est au Liban que le pourcentage de réfugiés palestiniens vivant dans
une extrême pauvreté et bénéficiant du programme de « grande précarité » de l’office de secours
et de travaux des nations unies (UNRWA) est le plus élevé. Plusieurs ONG nationales et
internationales aident l’UNRWA à offrir des services sociaux, éducatifs, médicaux,
paramédicaux,… aux palestiniens, à l’intérieur et à l’extérieur des camps. (Sfeir ; 2008)
Les parents expliquent qu’ils ne peuvent pas offrir à leurs enfants, ni de bons repas ni de
nouveaux vêtements, et ne peuvent les emmener à la montagne ou à la mer. Pour quelques-uns,
leurs enfants devaient interrompre leurs études car, à leurs yeux, les années consacrées à
l’éducation sont une perte de temps, puisqu’elles ne leur permettraient pas d’exercer au Liban un
emploi bien rémunéré.
Le vécu dans les camps palestiniens expose les enfants à plusieurs facteurs de risque. Par
exemple, le déclenchement des événements agressifs, des bombardements, des assassinats, … est
souvent brutal et durable, rendant les camps des lieux sociaux non sécurisés. En plus, les enfants
et leurs parents ne sont pas préparés à l’exposition et à la survenue de ces événements majeurs.
Ceci expose les enfants à des situations psychologiques redoutables tel que la fatigue, le manque
de sommeil, l’absentéisme scolaire, … De même, les enfants risquent de voir des personnes
blessées ou mortes, perdre des membres de leurs familles, être face à des réactions parentales
agressives ou plutôt très sévères, avoir des difficultés à étudier et à aller aux écoles.
17
IV. Aspects psychologiques du refuge chez les enfants
Le refuge considéré comme un traumatisme, produit souvent une rupture de la continuité du
temps, une brisure entre l’avant et l’après du refuge. Le traumatisme produit une modification
radicale, rapide et sans préparation du sens et de la qualité de la vie de l’enfant. Il remet en cause
les lignes fidèles que chacun trace pour ne pas tomber dans le chaos ou dans l’immobilité : la
ligne du temps, la ligne du sens de la vie, la ligne du projet de vie et de celle de l’espoir (Vila &
al. ; 2000).
Freud (1893-1895) écrit « toute expérience qui provoque les affects pénibles de terreur,
d’angoisse, de honte, de douleur psychique, peut agir comme un traumatisme». Chez les enfants
réfugiés, le traumatisme psychique intervient, quand ils se sont sentis subjectivement sans
défense et impuissants face aux évènements considérés comme inévitables et sans échappatoire.
L’impossibilité de trouver une issue ou de fuir produit un état initial de paralysie et
d’hébétement, une inhibition des fonctions mentales qui réduit la faculté d’observation et la
perception cognitive de soi.
D’après la recherche de Horowitz (1976), les victimes d’un traumatisme délimité dans le
temps manifestent habituellement, outre de la douleur ou de la tristesse, des sentiments de
culpabilité, de peur, de colère et de honte. Elles éprouvent souvent une colère intense dirigée
contre la source du traumatisme et, en même temps, elles en ressentent de la culpabilité,
craignant de devenir destructrices, et vivent avec honte les sentiments d’impuissance et de vide.
Aux conséquences du traumatisme, s’ajoutent les difficultés découlant directement des
conditions de la migration, soit les deuils et les pertes multiples tant matérielles, affectives que
sociales. En effet, tout changement de contexte de vie implique certaines pertes qu’il s’agit
d’accepter, afin de pouvoir pleinement investir la nouvelle situation. Les sujets décrivent leur
état comme une perte de tous leurs repères, un sentiment d’absurdité, une incompréhension totale
de leur situation face à la mise en doute de la véracité des brusqueries qu’ils ont subi. (Crocq ;
1996)
18
Nous constatons de façon générale que la problématique traumatique est toujours, dans le cas
de la migration forcée (Grinberg, 1986), associée à une symptomatologie propre aux processus
de deuil. Vivant dans la réalité immédiate, le requérant est confronté au fait qu’il n’a pas les
mêmes droits que les autres citoyens. Il peut en découler au fil des mois, une atteinte de l’estime
de soi, un sentiment de dévalorisation et d’exclusion. En plus, ne pas savoir ce qui l’attend
demain, et ne pas pouvoir faire des projets de vie, lui seront totalement insupportables (Subilia,
2002).
A ces aspects émotionnels cités là-dessus, s’ajoutent des aspects sociaux de l’impact du
refuge chez les enfants. Les réfugiés sont souvent éloignés de leurs proches et de leurs familles
élargies. Les enfants seront élevés dans un nouveau contexte socioculturel, avec une
transformation de rôles familiaux, et une diversité d’approches et de valeurs. (Lucille ; 1997)
Des pressions sont en général, exercées sur les enfants réfugiés de la part de leurs pairs, pour
« entrer dans le moule », tout en naviguant entre leurs deux identités socioculturelles. Ils se
sentent déchirés entre leur désir de se fondre dans le groupe, sans pour autant décevoir les
attentes de leurs parents. Ils souhaitent conserver leurs antécédents culturels, mais ils sont
obligés d’agir comme les citoyens du pays d’accueil, pour continuer à bien vivre. (Mikus ; 1993)
En ce qui concerne la langue de l’immigrant qui peut l’empêcher de trouver un emploi ou de
poursuivre ses études, Violette en 2008 a mentionné le choc linguistique que subissent les
familles aux prises de cette dure réalité, qui les force à remettre en question la pertinence de
préserver leur identité, et donc les porte à abandonner leur langue. Ceci est le cas des réfugiés
irakiens qui ont leur accent arabe spécial, et qui ont le kurde comme langue d’enseignement
principale en Irak. Tandis que pour les palestiniens, la langue arabe est la même que celle utilisée
au Liban.
Parmi les conséquences psychologiques qui peuvent être en lien avec le vécu de refuge, nous
allons spécifiquement choisir pour ce travail, l’Etat de Stress Post-Traumatique, comme variable
que nous détaillons par la suite et nous évaluons chez la population de cette recherche.
19
CHAPITRE 2 : LE STRESS POST-TRAUMATIQUE PTSD
I. Définition et critères diagnostiques
L’état de stress post-traumatique a été décrit après la guerre de Vietnam, et appelé au début
«la névrose de guerre». C’est une réaction à un traumatisme physique ou psychique, une scène à
laquelle on a assistée ou on a subie. L’intervalle entre le vécu du trauma et l’apparition du
trouble, varie selon les études, par rapport au degré de stress, aux âges, au sexe,... Le patient va
présenter des flash-back des traumas, des troubles du sommeil, etc.
Les éléments du diagnostic présentés par le DSM IV (American Psychiatric Association ;
1994) sont :
A- Le sujet a été exposé à un événement traumatique :
- Il a vécu, a été témoin ou confronté à un ou des événements durant lesquels un ou des individus
ont pu mourir ou être gravement blessés, ou bien ont été menacés de mort ou de grave blessure.
- La réaction du sujet à l’événement s’est traduite par une peur intense, un sentiment
d’impuissance ou d’horreur. Chez les enfants un comportement désorganisé ou agité peut se
substituer à ces manifestations.
B- L’événement traumatique est constamment revécu: chez les enfants à travers des jeux, des
dessins, des cauchemars répétitifs.
C- Évitement persistant des stimuli associés au traumatisme et émoussement de la réactivité
générale: le sujet évite des pensées, des sentiments, des conversations, des activités, des endroits
et des gens susceptibles de réveiller le souvenir de l’événement traumatique. Il a un sentiment de
détachement des autres et il souffre d’une restriction affective.
20
D- Présence de symptômes traduisant une activation neurovégétative: irritabilité ou accès de
colère, insomnie ou hypersomnie, difficultés de concentration, hypervigilance, réaction de
sursaut exagérée.
II. Conséquences du PTSD sur les fonctions cognitives
Les effets néfastes des brutalités de guerre et des conflits armés, sur le développement et la
santé mentale des enfants, ont été documentés depuis la deuxième guerre mondiale. A ce jour,
une quantité considérable de connaissances ont été accumulées, concernant notamment les effets
des traumatismes sur la santé mentale et le développement de l’enfant, ainsi que les techniques
d’intervention, et les méthodes de prévention.
Des études montrent la présence d’une association entre les émotions et les fonctions
cognitives (Blaskey, Harris & Nigg, 2008). En effet, les émotions apparaissent et sont
maintenues grâce à des processus cognitifs, tels que l’attention, la mémoire autobiographique, les
processus exécutifs, l’inhibition, etc. (Ohman, 1999, cité par Philippot et al., 2008)
Les expériences traumatiques, en particulier de type prolongé, peuvent donc marquer une
régression ou une détérioration de certaines fonctions mentales - par exemple de l’attention, de la
mémoire, de l’imagination, des associations, de la capacité de résoudre le problème ou
d’échafauder de plans… (Renard F., Martin E., Deccache A. ; 2006)
Janet montre que chez les enfants qui ont fait l’expérience de certains traumas, ils les gardent
en leur mémoire. Quand leur mémoire est ravivée par quelques évènements ou stimuli stressants,
les enfants souffraient de troubles attentionnels dus à l’influence de ces remémorations. Des
survivants qui ont des hauts niveaux d’exposition à la guerre, ont montré une déficience
d’attention et de rappel immédiat de l’information, ainsi qu’un QI faible. (Janet, 1909)
Les conséquences du stress post-traumatique sur les fonctions cognitives sont nombreuses,
selon les études, mais pour notre recherche, nous choisissons juste l’attention et l’impulsivité,
21
chez les enfants. D’une part, l’attention intervient dans le maintien des informations dans la
mémoire de l’élève, le traitement des informations et par la suite dans l’accomplissement des
taches et la compréhension de ce qui est lu ou entendu. D’autre part, l’impulsivité est le fait de ne
pas résister à ses envies, donc l’élève impulsif répond immédiatement et impétueusement à une
incitation au lieu de réfléchir et de planifier ses réponses, et par la suite, il aura de difficultés
d’apprentissage (Furnham, 2003)
Donc, nous limitons, dans la partie suivante, nos hypothèses sur ces deux fonctions mentales
indispensables pour une réussite scolaire et une bonne intégration sociale.
23
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
I. Problématique
Nous tenterons dans cette recherche de répondre à la question suivante : Jusqu’à quel point, le
stress post-traumatique lié au vécu du refuge, peut-il avoir des répercussions sur les capacités
attentionnelles et sur l’impulsivité, des enfants réfugiés irakiens et palestiniens au Liban,
appartenant à la tranche d’âge 8-12 ans ?
Une certaine comparaison des profils cognitifs sera dressée entre les populations, irakienne et
palestinienne, qui ont toutes les deux subi des traumatismes de guerre.
Toute guerre peut être considérée comme un ensemble d’épisodes stressants, causant des
troubles psychologiques, neuropsychologiques, comportementaux, cognitifs, langagiers, moteurs,
neurologiques, etc. Le syndrome le plus mis en évidence parmi ceux-ci est le syndrome du stress
post-traumatique, connu par le PTSD. Ce dernier ne représente pas le seul type de trouble
observable, chez l’enfant ou l’adolescent, comme conséquence d’un trauma, mais il constitue la
forme la plus caractéristique et la plus fréquente de l’atteinte psycho-traumatique. Selon
McNally (1995), parmi les facteurs qui provoquent le stress post-traumatique chez les enfants, la
guerre a été associée au taux le plus élevé.
L’évènement traumatique vient bouleverser la personnalité dans son présent, dans son futur et
même dans son passé. Un enfant qui est soumis à un stress intense et répété, comme c’est le cas
dans cette recherche, ne va pas développer ses capacités de la même manière qu’un enfant élevé
dans des conditions normales. Les enfants irakiens et palestiniens réfugiés vivent dans un stress
permanent apporté par le vécu angoissant des parents, par l’existence d’un entourage violent, par
leur vécu personnel des événements traumatisants, …
24
Le vécu de guerre ou de refuge a empêché les enfants de vivre leurs conditions d’enfants et
les a privés des éléments qui devaient participer à leur développement. La différence dans la
gravité des symptômes, entre les deux groupes de notre recherche, peut éventuellement
s’expliquer par un certain nombre de facteurs qui varient selon les études (Sandler, 1967 ; Jones
& Kafetsios, 2002 ; Kuterovac-Jagodic, 2003), notamment :
1- la gravité du stress post-traumatique, et l’accumulation de facteurs préexistants de nature
traumatique, que les irakiens ont vécu en Irak, et que les palestiniens subissent tous les
jours jusqu’à maintenant.
2- la permanence des perturbations traumatiques en Irak que les enfants irakiens regardent
dans la presse toujours, et les perturbations quotidiennes dans les camps auxquelles les
enfants palestiniens assistent.
3- le milieu psychosocial environnant dans lequel vit les deux populations de réfugiés, où
les conditions se considèrent très précaires.
4- la présence ou l’absence d’une certaine vulnérabilité, les causes génétiques, etc.
En ce qui concerne les enfants réfugiés irakiens au Liban, ils sont passés par des moments de
non scolarisation, avant d’être inscrits dans des écoles, où ils n’ont pas été toujours acceptés par
les élèves libanais. Ils vivent dans de petites maisons de deux chambres au maximum. Les
enfants donc n’ont pas leurs propres espaces d’études, de jeux et de repos. Leurs parents, face
aux changements familiaux et socio-professionnels, sont parfois violents.
Pour différents auteurs, c’est l’organisation, l’attitude et la psychopathologie familiales pré- et
post- traumatiques qui influencent le plus, le développement des syndromes psycho-traumatiques
chez l’enfant. Ainsi, parmi les facteurs de risque, on retrouve des facteurs intra-familiaux comme
l’absence d’un adulte masculin à la maison, une attitude devenant plus protectrice chez la mère,
une symptomatologie de PTSD chez les parents, des antécédents psychiatriques parentaux, une
ambiance familiale tendue, une mauvaise intégration sociale de la famille,… (Vila G, Witkowski
P., Tondini M.C., Perez-Diaz F., Jouvent R., Mouren-Simeoni M.C.; 2001). Ce qui pourrait être
le cas des réfugiés irakiens, en ajout des facteurs sociaux comme le vécu des problèmes
25
d’intégration sociale dès leur arrivée au Liban, et des ambiances familiales dures à cause des
changements socio-économiques.
En ce qui concerne les enfants réfugiés palestiniens, quelques-uns soumis aux conflits armés
dans les camps, ont été assassinés, violés, affamés, ou exposés aux brutalités, été sujets au chaos
(Machel, 2001). Aussi, ces enfants exposés à un grand nombre d’événements traumatiques, y
compris les bombardements, les obus, et les tireurs isolés (Amnesty International, 1996), ont été
souvent exposés à la perte de membres de la famille, des amis, des structures de la communauté
et du soutien social (Machel, 1996).
Donc, la différence entre le vécu et le profil des deux populations est clarifiée : les premiers
sont de passage, et leur trauma est plus récent ; tandis que les seconds veulent la nationalité, et
leur trauma est hérité.
Chez les irakiens, les facteurs caractéristiques de leur vécu sont les conditions socio-
économiques mal assurées, l’immigration récente, la transition entre l’Irak et le Liban, le
détachement des enfants de leurs objets, leurs maisons, leurs écoles,… l’insécurité causée par le
refus de la population accueillante, les souvenirs sur les bombardements et les kidnappes, les
rôles changés des parents, le chômage des pères, l’attente de leurs visas, … .
Tandis que chez les palestiniens, les facteurs les plus mis en évidence sont la militarisation
que les parents acceptent et invitent leurs enfants à appliquer, la participation des parents et
parfois des enfants aux conflits, l’armement des gens que les enfants rencontrent au quotidien, la
violence, la pauvreté, la surpopulation, la brutalité des événements de guerre dans les camps, ….
Tous ces éléments caractéristiques des populations réfugiées, s’accumulent et sont considérés
comme entravant un développement normal des capacités cognitives, et aggravant le
cheminement éducatif des enfants réfugiés palestiniens et irakiens au Liban.
En général, les sujets souffrants du PTSD se plaignent des difficultés cognitives. La grande
majorité des études qui ont étudié le PTSD concerne la mémoire dans son versant explicite plutôt
26
qu’implicite (Bremner, 2004 ; Koso & Hansen, 2006 ; Stein, 2002 ; Vasterling, 2002 ; Winter &
Irle, 2004 ; Yehuda, 2004). Aussi, dans la littérature sur le PTSD, les études portant sur les
fonctions exécutives, suggèrent que les sujets souffrant du stress post-traumatique, présentent
une atteinte de la mémoire de travail, laissant supposer l’existence d’un dysfonctionnement
exécutif. Puisque les processus exécutifs sont les processus cognitifs qui contrôlent et régulent
les autres activités cognitives, leur dysfonctionnement peut causer l’atteinte des autres fonctions
surtout l’attention et l’impulsivité.
II. Hypothèses
1- Les symptômes de stress post-traumatique sont aussi élevés chez les enfants réfugiés irakiens
vivant au Liban depuis environ 2 ans, que chez les enfants palestiniens vivant au Liban dès leur
naissance.
Les enfants réfugiés irakiens au Liban, vivent un grand bouleversement de l’existence. Parmi
ces changements, notons le biculturalisme et le bilinguisme, une baisse du niveau socio-
économique par rapport au statut antérieur en Irak, les remaniements familiaux secondaires aux
nouvelles conditions de vie (séparation, regroupement familial…). Les enfants irakiens ont vu
leurs maisons, leurs écoles et d’autres bâtiments, endommagés, et ils ont peut-être conclu qu’ils
ne sont plus à l’abri nulle part, et que leurs parents ne peuvent plus les protéger. Avoir été
soudainement déracinés, être témoin de la démolition de sa maison par des bombardements, et
devoir fuir pour assurer sa protection peuvent également être traumatisants.
Actuellement, au Liban, les réfugiés irakiens ne sont plus exposés à des bombardements ou à
des combats armés, donc, les événements violents se sont arrêtés. En réalité, chez la population
irakienne au Liban, nous pouvons dire que les conséquences de leur déplacement, surgissent
comme traumatisants : le rejet de la société libanaise vis-à-vis des enfants irakiens dans les
écoles, dans les quartiers, dans les endroits publiques,…
27
Cependant, les chercheurs intéressés à comprendre l’impact de la guerre chez l’enfant,
montrent que les troubles de la vie d’après-guerre et les changements qui ont ébranlé le sort de
ces enfants aux différents niveaux – économique, social, familial – mettent en danger leur
développement à long terme et leur apprentissage. Les enfants irakiens pendant et après la
guerre, ont rarement reçu l’attention et l’assistance nécessaires pour faire face à ce qu’ils ont
vécu, et pour être aidés dans le rétablissement de leur futur développement (Machel, 1996).
L’instabilité sur le plan matériel chez les enfants irakiens peut avoir des inconvénients. Les
changements fréquents de résidence ou d’école des irakiens, peuvent être nocifs dans la mesure
où ils obligent l’enfant à abandonner chaque fois la constellation affective de ses amitiés pour en
créer une nouvelle. Cet inconvénient, au lieu d’être tempéré par une stabilité affective familiale,
est accompagné par une instabilité familiale conjugale, dans la plupart des cas, persistant à
travers les changements spatiaux successifs ; ce qui n’aide pas les enfants à rétablir un certain
équilibre. (Vila et Mouren-Simeoni ; 1999)
Les enfants irakiens évitent de nous parler des événements traumatiques qu’ils ont vécus. Ils
parlent rarement de l’agression et se rétractent souvent. On trouve aussi comme un déni massif
du traumatisme (puisque l’ensemble des réfugiés irakiens préfère ne pas parler de ce qui s’est
passé en Irak, mais parle surtout et souvent de leurs attentes des visas), avec restriction des
intérêts et des relations.
Quant aux enfants réfugiés palestiniens au Liban, ceux-ci ont vécu dès leur naissance, dans le
même camp, donc le même milieu culturel et socio-économique, mais qui est soumis à plusieurs
violences, et à peu de gratifications. Dans les camps palestiniens, les perturbations et les conflits
armés sont brutaux, continuels,… exposant toujours les enfants à des événements traumatisants.
En plus, ces derniers écoutent tout le temps les récits des exodes traumatisants précédents. Leurs
parents sont installés au Liban depuis longtemps. (Bertrand et Lescarret ; 2003)
Ces enfants n’ont pas vécu de changements d’abri et de pays. Ils n’ont pas été brutalement
obligés à quitter les jouets préférés, leurs amis proches, … Mais le trauma chez ces enfants est
plutôt causé par l’insécurité, la menace et les conditions socio-économiques indigentes : ils
28
subissent un continuum d’instabilité, de danger, de violence, de peur, de perturbations, de
pollution, … à tous les niveaux. Donc, ils ont peu de chance de « guérir » d’un premier trauma,
avant la survenue d’un autre (Thabet, 2004).
Pour les enfants palestiniens vivant dans les camps, se sentir menacés dans un endroit qui
jusqu’alors avait été considéré sécuritaire, donne lieu à des sentiments de désespoir, aboutissant
par la suite au stress. En réalité, leurs parents ont peu d’énergie à leur consacrer (Gaza
Community Mental Health Program, 2009). Durant les conflits violents, les enfants et les parents
se sentent profondément impuissants. Ces derniers sont plus susceptibles de se joindre à des
groupes militants pour tenter de surmonter ce sentiment d’impuissance, et d’inciter leurs enfants
à continuer cela, dans leur futur (Hauslohner, 2010). Contrairement aux irakiens, ils ne sont pas
des victimes de guerre mais des acteurs de guerre, qui ont un rôle à jouer quand il y a des
conflits. Donc, l’esprit de guerre persiste chez les enfants, quand ils pensent à leur avenir.
2- La deuxième hypothèse est que les enfants réfugiés irakiens et palestiniens présentant des
symptômes de stress post-traumatique, pourraient avoir des difficultés au niveau de l’attention
sélective et soutenue visuelle.
En effet, les retentissements post-guerre ont été associés à des troubles cognitifs impliquant la
mémoire et l’attention. L’association entre les difficultés cognitives et les symptômes est
inconnue, mais cette corrélation peut entrainer une dégradation du traitement des souvenirs
traumatiques. A noter que la guerre peut causer des manifestations comme l’anxiété, dont les
aspects cognitifs ont été largement étudiés, mettant en évidence ses effets sur les capacités de
mémoire de travail et sur les ressources attentionnelles (Sarason, 1988).
Comme définition, la fonction attentionnelle est un pré-requis à toute autre fonction cognitive.
D’après William James (1890), « l’attention est la prise de possession par l’esprit, sous une
forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de pensées parmi plusieurs qui semblent possibles.
Elle implique le retrait de certains objets afin de traiter plus efficacement les autres.» L’attention
29
est un système complexe et hiérarchisé comprenant plusieurs fonctions impliquées dans un vaste
réseau neuro-anatomique.
L’attention soutenue permet de maintenir un niveau attentionnel suffisant pendant une période
de temps assez longue, avec la présence d’une fréquence élevée de stimuli. Dans une tache
d’attention soutenue, un traitement d’information est nécessaire.
Aussi, l’attention sélective correspond-elle au processus permettant de sélectionner et de
traiter un stimulus ou une classe de stimuli particuliers parmi l’ensemble des stimulations de
l’environnement. Ces processus impliquent donc l’inhibition des réponses aux stimuli non
pertinents pour la tâche en cours. On distingue les capacités d’attention sélective sur matériel
auditif et sur matériel visuel. (Posner, 1971-1987)
Les facteurs d’insécurité et le fait de penser aux évènements violents immédiats auxquels les
enfants doivent faire face, perturbent leurs capacités d’attention sur les taches proposées. Quand
on propose des taches mettant en jeu l’attention sélective, un traitement trop actif sera nécessaire
(Williams, Mathews et MacLeod ; 1996). Comme définition, l’attention soutenue permet de
maintenir un niveau attentionnel suffisant pendant une période de temps assez longue, avec plus
de stimuli et beaucoup d’informations à traiter. Donc, chez les enfants présentant des symptômes
de stress post-traumatique, le traitement rapide de plusieurs informations pourrait poser des
difficultés, puisque l’exposition à une insécurité dans les camps palestiniens, et à une instabilité
quotidienne chez les réfugiés irakiens, pourrait diminuer l’attention de ces enfants sur la tache
demandée.
Le stress post-traumatique de ces enfants peut les rendre plus attentionnés à leurs soucis
personnels anxiogènes/stressants, qu’aux taches demandées par l’autre. Ainsi, plusieurs facteurs
peuvent entrer en jeu afin de diminuer le degré d’attention des deux groupes : le stress personnel
et collectif, l’instabilité de l’environnement, les attentes futures, les souvenirs traumatisantss,…
30
3- La troisième hypothèse serait que la présence des symptômes de stress post-traumatique chez
des enfants réfugiés irakiens et palestiniens au Liban, pourrait être associée à un taux élevé
d’impulsivité cognitive.
L’impulsivité est généralement définie comme une tendance à répondre rapidement et sans
réfléchir (Murray, 1938), et à ne pas contrôler les élans spontanés (Lorr & Wunderlich, 1985).
Différents processus cognitifs sont impliqués dans l’impulsivité, essentiellement l’attention et la
mémoire de travail (Whiteside & Lynam ; 2000) ; ce qui nous a poussé à choisir l’attention
sélective, comme une variable pouvant être corrélée à l’impulsivité cognitive.
En effet, l’impulsivité est une dimension qui se retrouve au niveau moteur, cognitif et social,
mais pour cette recherche, nous étudions seulement celle cognitive. D’ailleurs, un sujet impulsif
dans les activités cognitives a une réflexion insuffisante avant la réponse. Corraze et Albaret
(1996) ont réalisé une synthèse de l’état actuel des connaissances sur la notion d’impulsivité. Ils
ont mis en relief le côté plurifactoriel du concept d’impulsivité et distinguent quatre situations où
elle peut se manifester:
- Dans les activités cognitives, elle équivaut à une réflexion insuffisante avant la réponse,
- Dans le contrôle de l’inhibition, c’est l’incapacité à inhiber une réponse inadaptée aux
différentes demandes exigées par la situation,
- Dans l’attente d’une récompense, le sujet préfère une petite récompense immédiate à une
plus importante délivrée tardivement dans une tache présentant un délai de gratification,
- Dans le contrôle des situations sociales, on retrouve l’incapacité à inhiber une réponse
inadaptée.
Ces sujets n’attendent pas et ne prennent pas leur temps, non pas parce qu’ils ne veulent pas,
mais parce qu’ils ne peuvent pas. Les enfants impulsifs ont du mal à se concentrer, car ils se
sentent poussés à l’action et à la parole (Miller & al. ; 2003). Les stimuli émotionnels des enfants
réfugiés captent l’attention, ce qui perturbe les capacités d’inhibition de réponse dominante.
31
Selon la théorie de Damasio (1995), l’individu se trouvant dans une situation incertaine, fait
des réponses non conscientes, suite aux conséquences positives ou négatives de ses réactions
émotionnelles déjà vécues dans le passé. Le stress post-traumatique chez les enfants réfugiés
irakiens et palestiniens, provoque des souvenirs traumatiques, qui viennent perturber le processus
d’inhibition des réponses automatiques rapides.
III. Cadre et population cible
Nous allons effectuer notre recherche auprès des enfants réfugiés palestiniens et irakiens au
Liban, dont la présence est considérée comme illégale, leur liberté de mouvement est sévèrement
restreinte… Donc, les conditions socio-économiques sont considérées faibles, comme décrites
auparavant.
Pratiquement, l’échantillon concerne la population irakienne qui vit dans la région Zaatryeh à
Bauchrieh-Fanar (Mont-Liban), et la population palestinienne qui vit dans les camps de Nahr El
Bared (Liban Nord) et de Ain EL Helwe (Liban Sud).
Pour la population irakienne, la passation de tests était individuelle et s’est déroulée dans le
Centre JANAH à Sabtyeh, dans une salle des cours, que les enfants sont habitués à visiter, calme
où les participants peuvent facilement se concentrer. Ces derniers sont habitués à me rencontrer
dans le centre, puisque je travaillais là-bas.
Le centre JANAH a été créé en 2006, par l’Institut Européen de Coopération et de
Développement (IECD) et par l’organisation libanaise Arc-en-ciel, dans le but de lutter contre
l’échec scolaire des jeunes irakiens et de leur donner les moyens de construire un meilleur
avenir. Ce centre accueille 130 garçons et filles, âgés entre 4 à 15 ans. Tous les jours, des
enseignants accompagnés par une orthopédagogue, leur donnent des cours de remise à niveau
académique. Ainsi qu’une psychologue prend en charge quelques adolescents ayant des
difficultés spécifiques. Les parents sont suivis par une assistante sociale qui les sensibilise aux
32
dangers de la déscolarisation. Ils participent également à des groupes de parole sur leur vie
quotidienne.
Afin de favoriser le développement personnel, chaque vendredi, des activités ludiques sont
organisées pour que les enfants expriment leurs émotions, canalisent leur agressivité et
reprennent confiance en eux. Dans le cadre de ces activités, nous avons conçu un atelier de
psychomotricité pour chaque tranche d’âge, depuis septembre 2011.
Quant à la population palestinienne, je n’ai pas eu la chance de travailler auprès d’elle, que
dans le cadre de notre recherche. Donc, les enfants ne me connaissent pas et c’est la première
fois qu’ils me rencontrent. Pour un nombre de ces enfants, la passation de tests s’est déroulée
dans une classe, d’une école ordinaire pour l’UNRWA dans la région de Sayda (à côté du camp
de Ain El Helwe). Une autre partie de cette population était rencontrée dans le centre de « The
National Institution of Social Care And Vocational Training » au camp de Nahr El Bared. Cette
institution également appelée « Beit Atfal Al Soumoud », a été créé en 1976. Sa mission est de
contribuer au développement des conditions économiques et sociales pour les familles des
réfugiés palestiniens dans les camps. Des prises en charge psychiatriques, psychologiques,
orthophoniques et psychomotrices sont offertes aux enfants.
Ces enfants réfugiés choisis appartiennent à la tranche d’âge 8-12 ans, car Levin et al. (1991)
montrent que les fonctions exécutives se développaient bel et bien entre 6 et 12 ans, ce qui
correspond globalement au développement des lobes frontaux. Par rapport à l’âge et au sexe,
plusieurs études n’ont rapporté aucune différence importante d’âge, concernant le degré de
gravité du stress post-traumatique (Cooley-Quille et al, 1995 ; Richters, 1993). D’autres études
n’ont pas réussi à trouver des différences significatives entre les sexes à tous les niveaux
d’exposition à une guerre (Bell & Jenkins, 1993), bien qu’il y ait indications que les hommes
semblent être plus directement exposés à la violence que les femmes (Fitzpatrick & Boldizar,
1993; Singer et al, 1995).
Nous avons exclu les enfants non scolarisés, et qui ont des problèmes de santé. Tous les
enfants pris pour la recherche maîtrisent bien la langue arabe.
33
Au début, nous avons effectué la passation du questionnaire QSPT (décrit dans la partie
suivante), sur 90 enfants dont 50 irakiens et 40 palestiniens. Puis, nous avons limité notre
échantillon à un total de 60 enfants seulement : 30 enfants palestiniens et 30 enfants irakiens,
ayant le degré le plus élevé de symptômes de stress post-traumatiques, répartis en nationalité, en
âge et en sexe selon le tableau suivant :
Tableau 1 : Répartition de la population
Age Irakiens Palestiniens Total
Filles
8 ans - 4
29 9 ans 1 3
10 ans 5 4
11 ans 4
12 ans 7 1
Garçons
8 ans 1 4
31 9 ans 2 3
10 ans 3 2
11 ans 3 5
12 ans 4 4
Total 30 30 60
IV. Outils de travail
Notre recherche est constituée d’un questionnaire, de 2 tests, et d’un subtest de la batterie
NEPSY:
A- Questionnaire du PTSD (QSPT)
Ce questionnaire est créé par Weathers en 1993, publié par M. Bouvard dans « Echelles et
questionnaires d’évaluation de l’enfant et l’adolescent », et adapté pour les enfants. Nous avons
utilisé la version destinée aux civils en temps de guerre, tandis qu’il y a une autre version
destinée aux militaires.
34
1- Objectif : Il évalue la sévérité des symptômes de PTSD selon les critères diagnostiques du
DSM-IV, suite à un épisode de vie stressant.
2- Construction de l’outil : Il est constitué de 17 questions. Ce questionnaire évalue les trois
dimensions théoriques du trouble : la répétition, l’évitement et l’hyperactivité neurovégétative,
correspondant aux critères du DSM IV.
3- Cotation : Le sujet évalue l’intensité de chaque item par rapport à l’évènement traumatique sur
une échelle de « pas du tout » (1 point) à « très souvent » (5 points). Le score total est la somme
des points obtenus aux 17 questions.
Notons que ce questionnaire était administré par l’examinateur oralement et non pas comme
une auto-évaluation que chaque enfant remplit tout seul. Ainsi, le QSPT était traduit en arabe, car
les deux populations de la recherche ne maitrisent pas très bien la langue française ou anglaise.
(Cf. Annexe)
B- Test de Stroop
Ce test est créé par John Ridley Stroop en 1935. La version arabe, que nous avons utilisée, a
été créée et validée par l’Institut de Psychomotricité, de l’Université Saint Joseph de Beyrouth,
mais reste en cours de publication.
1- Objectif du test : Il est utilisé en neuropsychologie pour l’évaluation de l’attention
sélective. Il mesure la disposition à l’interférence couleur-mot, c’est-à-dire la perturbation
de la vitesse de lecture ou de la reconnaissance de la couleur par des informations
interférentes.
2- Construction du test : Il est construit de trois planches : la planche 1 contient des mots de
couleurs écrits en encre noire, la planche 2 contient des rectangles de couleurs, la planche
3 contient des noms de couleurs écrits en encre de couleur. Planche par planche, la tâche
du sujet est soit de lire, soit de dénommer les couleurs le plus rapidement possible.
3- Cotation : L’examinateur cote le test en mesurant le nombre de mots lus ou de couleurs
déterminées, pendant la durée de 45 secondes pour chaque planche. Dans la récolte des
35
données, nous aurons le nombre de mots lus pour chaque planche, le score d’erreur de
chaque planche et le score d’interférence.
C- Test d’appariement d’images
Ce test est créé par Marquet-Doléac J., Albaret J.M., Bénesteau J. en 1999.
1- Objectif du test : Il mesure uniquement l’aspect cognitif de l’impulsivité.
2- Construction du test : Le matériel se compose de 11 planches : 1 exemple et 10 items.
L’organisation interne de chaque planche est sensiblement identique avec, en haut, un
modèle de référence appelé le standard, et en dessous, 6 copies différentes du standard par
un ou plusieurs détails, à l’exception d’une seule que le sujet doit retrouver. Pour cela, il
dispose d’une minute par planche. Le but est de la retrouver la plus vite possible sans
commettre d’erreur. Les items sont classés par ordre de difficulté croissante.
3- Cotation : l’index d’impulsivité et l’index d’exactitude nous intéressent le plus, mais aussi
le nombre d’erreur, le nombre de réussite, le temps précédant la première réponse et le
temps total de toutes les planches. L’analyse qualitative des résultats du test permettra de
mettre en évidence le type de fonctionnement cognitif utilisé par le sujet, selon les deux
dichotomies (lent ou rapide, précis ou imprécis), en privilégiant les aspects pathologiques
qui sont l’impulsivité et la lenteur excessive.
D- Subtest de barrage de la batterie NEPSY
La batterie NEPSY est un bilan neuropsychologique complet de l’enfant de 3 à 12 ans, créée
par Korkman en 1997.
1- Objectif du subtest de barrage : il évalue l’attention visuelle soutenue.
2- Construction du subtest : On donne deux papiers A3 au sujet, séparément. Il consiste à
observer des images et barrer les cibles (chats/visages) aussi rapidement et précisément
que possible.
36
3- Cotation : Le score de précision (dépendant du nombre d’erreurs et d’omissions) et le
temps total (pour les 2 papiers) nous intéressent dans ce test. Qualitativement, nous
observons la stratégie de recherche, le mode utilisé (verbal, moteur,…), les réactions
anxiogènes dues au facteur vitesse, la vérification de ses réponses,…
Pour le test d’appariement d’images et le subtest de barrage, nous nous allons comparer les
résultats de notre étude à l’étalonnage français, puisque ces tests ne sont pas encore étalonnés au
Liban.
V- Démarche méthodologique
Nous avons opéré le choix d’expérimenter le stress post-traumatique chez les enfants réfugiés,
car le refuge et la recherche d’asile sont maintenant un défi auquel plusieurs pays arabes sont
confrontés (Egypte, Syrie, Irak, Yémen,…). D’autres pays arabes comme le Liban, la Jordanie,
les pays du Golf, … jouent le rôle des pays d’accueil, sans vraiment avoir les stratégies
convenables d’interventions, au niveau social, éducatif, médical, paramédical, … auprès des
enfants, des adultes et des familles.
Nous avons décidé de nous focaliser sur les fonctions cognitives plus particulièrement chez
les enfants réfugiés, sachant que ce domaine est large, et que d’autres domaines psychomoteurs
auraient pu être évalués, mais l’attention et l’impulsivité nous semblaient les plus pertinentes, car
elles sont des fonctions indispensables dans la vie quotidienne.
Pour cette évaluation, nous nous sommes concentrés surtout sur l’attention sélective et
soutenue visuelle, et l’impulsivité cognitive. Il aurait été possible de tester aussi l’attention
auditive, l’attention divisée, et l’impulsivité motrice, mais l’évaluation aurait été beaucoup plus
longue. Aussi, nous avons remarqué lors de nos lectures, que beaucoup de chercheurs ont discuté
l’hyperactivité, l’inattention en général, l’échec scolaire, … sans vraiment spécifier quels aspects
cognitifs sont atteints chez les enfants réfugiés qui ont un PTSD.
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La procédure sur le terrain a débuté par l’obtention de l’accord des établissements choisis,
suite à une lettre officielle envoyée de la part de l’Institut de Psychomotricité, confirmant que
cette recherche est effectuée dans le cadre d’un travail de mémoire. Pour la population irakienne,
le travail a plus rapidement commencé, et les rendez-vous étaient organisés, puisque c’était mon
lieu de travail et j’avais déjà une relation de confiance avec les responsables du centre. Tandis
que pour la population palestinienne, je visitais les lieux de passation et j’attendais les enfants
pour qu’ils aient du temps libre. Pour ces derniers, le contact était plus difficile, car les
responsables des centres ne me connaissaient pas personnellement. A noter que tous les
responsables étaient intéressés par l’étude, et demandaient les résultats finaux de notre recherche.
Les étapes du protocole d’évaluation sont les suivantes :
1- Nous avons commencé par faire passer le questionnaire du stress post-traumatique sur 90
enfants comme déjà noté (50 irakiens et 40 palestiniens). Puis, nous avons pris 30
enfants irakiens et 30 enfants palestiniens, qui ont eu des scores supérieurs à 17 points.
2- Les sujets constituant l’échantillon ont été testés : au début le test de Stroop, puis le
subtest de barrage de la batterie NEPSY, et à la fin le test d’appariement d’image.
Il existe aussi une partie d’observation où nous avons essayé de noter chaque détail clinique,
chaque comportement en lien ou non avec la tâche proposée, et chaque verbalisation de la part
des enfants. La passation durait environ 30 minutes.
VI. Limites de l’étude
Cette étude, comme toutes les autres, comporte des obstacles méthodologiques. En clair,
l’échantillon étudié est scrupuleusement analysé et décrit, mais il n’est pas comparé à une
population témoin qui aurait exactement les mêmes caractéristiques d’âge, de sexe, de langue
arabe, ... Les scores obtenus ont été comparés avec l’étalonnage de la population française, pour
certains tests.
38
En comparaison avec ce que nous avons présenté à propos des données démographiques des
réfugiés irakiens et palestiniens trouvés au Liban, l’échantillon de notre étude représentaient
presque 2% des réfugiés irakiens qui sont entrés au Liban depuis 2006 (30/60.0000). Pour les
250.000 réfugiés palestiniens présents au Liban, la population prise pour notre étude considère
moins que 1% (30/250.000). Mais, ceci est dû à la durée de la recherche et à son cadre de
mémoire de master professionnel en psychomotricité.
Pour les réfugiés palestiniens choisis pour notre recherche, ils vivent dans deux camps qui ont
des points communs, mais aussi des spécificités propres à chacun, au niveau sécuritaire,
géographique, politique, social,… Ce qui pourrait être une variable qui aurait joué un rôle dans
les résultats.
Les critères d’exclusion n’ont pas spécifié le statut familial des parents (divorcés ou pas),
avec qui vit cet enfant dans la même maison, s’il a vécu un événement de vie important, autre
que le refuge et la guerre (décès, mariage, naissance, opérations chirurgicales…), et plusieurs
autres facteurs qui peuvent causer un stress. Le fait de ne pas rencontrer les parents des enfants
choisis pour la recherche et de ne pas visiter leur domicile, nous empêche d’analyser le rôle du
couple familial, la sécurité maternelle, les lois paternels, le niveau de stress post-traumatique
chez les parents, les souvenirs des parents et leur verbalisation, la maltraitance, …
Même si plusieurs facteurs limitent la méthodologie de notre recherche, l’étude a abouti à des
résultats que nous analysons par la suite.
VII. Résultats quantitatifs
Une étude comparative est effectuée à l’aide d’une analyse de variance entre les résultats du
groupe des enfants réfugiés irakiens et du groupe des enfants réfugiés palestiniens, en
comparaison avec l’étalonnage de chaque questionnaire et test.
39
On considère que l’intervalle de confiance est 95% alors que le risque d’erreur (p) est 5%. Si
p < 5%, on conclut l’existence d’une différence significative, et si p > 5%, c’est impossible de
conclure l’existence d’une différence.
Les tableaux qui suivent montrent les scores des deux groupes d’enfants, dans les trois
épreuves. Les résultats sont donnés en termes de moyennes, avec les écarts-types.
1. Questionnaire
Le questionnaire du PTSD se focalise sur les trois dimensions : de répétition, d’évitement et
d’hyperactivité neurovégétative, évaluée chacune par un sous-score :
- Score 1 : pour la dimension de répétition (la somme des items de 1 à 5)
- Score 2 : pour la dimension d’évitement (la somme des items de 6 à 12)
- Score 3 : pour la dimension d’hyperactivité neurovégétative (la somme des items de 13 à 17).
Dans le tableau 2, les résultats finaux du score total et des sous-scores du Questionnaire du
Stress Post-traumatique, sont présentés :
Tableau 2 : Moyennes et écarts-types des 2 groupes au niveau du PTSD
Irakiens Palestiniens
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Score total 39.07 8.65 44 10.5
Score de répétition 11.33 3.33 14 3.9
Score d’évitement 16.27 3.1 16.4 3.3
Score d’hyperactivité neurovégétative 11.47 4.1 13.4 5.12
Les résultats ont montré que pour le score de répétition, il y a une différence significative
(p=0.006) entre les 2 groupes d’enfants réfugiés, qui est plus élevé chez les palestiniens. Tandis
qu’il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes, pour le score total de stress
40
post-traumatique (p=0.06) (à cause des grands écarts-types), pour le score de la dimension
d’évitement (p=0.809) et pour le score d’hyperactivité neurovégétative (p=0.101).
2. Tests et subtests
Notons que l’analyse des variances des tests et des subtests, s’est effectuée sous 2 aspects :
1- Comparaison entre la population expérimentale (enfants réfugiés) et les normes
étalonnées des tests.
2- Comparaison des 2 populations des réfugiés entre elles, pour chaque tranche d’âge.
Résultats au test d’appariement d’images
Tableau 3 : Comparaison des moyennes et des écarts-types de l’index d’impulsivité
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage français
Moyenne Moyenne Ecart-type Ecart-type Moyenne Ecart-type
Index
d’Impu
-lsivité
8 ans 0.56 0 0.44 0.4 1.09 1.02
9 ans 1.9 1.14 1.3 0.9 0.89 1.09
10 ans 1.2 1 0.63 0.2 0.36 0.55
11 ans 1.2 0.63 0.56 0.33 0.32 0.54
12 ans 1 10.9 1.64 1.2 0.36 0.55
Les résultats mettent en évidence que les deux populations de réfugiés présentent des scores
significativement supérieurs à la norme avec p=0, donc il y a une différence significative entre le
groupe expérimental et le groupe témoin.
Dans la comparaison entre les 2 populations de réfugiés, le plus significatif est que les enfants
palestiniens âgés de 12 ans ont les scores les plus élevés d’impulsivité cognitive avec p=0.01.
41
Tableau 4 : Comparaison des moyennes et des écarts-types de l’index d’exactitude
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage français
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Index
d’Exac-
titude
8 ans 0.42 0 0.33 0.31 0.47 0.23
9 ans 0.47 0.06 0.13 0.02 0.51 0.24
10 ans 0.9 0.48 0.55 0.33 0.65 0.27
11 ans 0.69 0.53 0.48 0.21 0.79 0.35
12 ans 0.64 0.42 0.5 0.17 0.84 0.26
Le tableau 4 met en évidence les indexes d’exactitude pour le groupe des enfants réfugiés
irakiens et réfugiés palestiniens. P=0.009 est significatif dans la mesure où le groupe des enfants
réfugiés palestiniens présente des scores moins élevés que celui des irakiens.
Toutefois, nous notons que les deux groupes des enfants réfugiés présentent des scores
d’exactitude faibles par rapport aux normes françaises.
Tableau 5 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du nombre d’erreurs
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage français
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Nombre
d’erreu-
rs
8 ans 3 0 3 2.8 7.3 5.6
9 ans 10.67 5.9 9 6.7 5.8 5.8
10 ans 6.13 4.7 5 3.21 2.5 3.3
11 ans 6.14 4.4 4.75 3.87 2.2 3.2
12 ans 5.91 6.4 4.5 6.1 2.4 3.1
Ce tableau montre le nombre d’erreurs en fonction du groupe. P=0.005 est significatif dans la
mesure où les erreurs sont nettement élevés chez le groupe expérimental des réfugiés.
Tandis qu’il n’y a pas de différence significative entre les 2 populations des enfants réfugiés.
42
Tableau 6 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du nombre de réussite
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage français
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Nomb-
re de
réussit-
es
8 ans 3 0 2.8 1.2 3.6 1.7
9 ans 3.33 0.5 1 0.16 4 1.8
10 ans 4.5 0.75 4 2.8 5.2 1.8
11 ans 4 1.2 3.5 1.92 5.9 2
12 ans 3.18 2 1.5 1.1 6.4 1.8
Ce tableau présente le nombre de réussites en fonction du groupe. P=0.007 est significatif vu
que le nombre de réussite des enfants réfugiés palestiniens est inférieur au nombre de réussite
chez les enfants irakiens.
Le facteur groupe a un autre effet significatif, car les scores de réussite des 2 populations des
enfants réfugiés sont inférieurs aux normes de leurs âges.
Tableau 7 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du temps de la première réponse
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage français
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-
type Temps de
la première
réponse (en
secondes)
8 ans 28.6 0 31.2 11.7 38.1 14.3
9 ans 19.53 5.326 22.8 6.7 40.6 14
10 ans 28.58 15.1 29.3 11.5 46.1 9.9
11 ans 26.7 11.8 28.2 8 44.5 9.8
12 ans 30.9 17.37 31.7 13.2 43.8 9.5
Pour le temps de la première réponse, il n’existe pas de différences significatives entre les 2
populations des enfants réfugiés.
Toutefois, les résultats des enfants réfugiés du groupe expérimental (irakiens et palestiniens)
sont significativement inférieurs à l’étalonnage du test, avec p=0.005, montrant que l’ensemble
des 2 populations réfugiés présente un temps de réflexion précédant la première réponse, très
court.
43
Tableau 8: Comparaison des moyennes et des écarts-types du temps total
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage français
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Temps
total (en
second-
es)
8 ans 428 0 449 84.3 468.9 97.7
9 ans 348.3 30.5 354.2 92 478.1 90.6
10 ans 362.4 118.57 376.8 94.4 492.3 71
11 ans 388.6 93.65 390.7 65.5 475.2 74.7
12 ans 466.5 85 486.6 105.1 462.5 73
Le facteur nationalité a un effet significatif avec P=0.009, mettant en évidence que les enfants
réfugiés palestiniens ont un temps total supérieur à celui des enfants réfugiés irakiens.
Le temps total de réflexion pour les 10 planches de ce test, se trouve évidemment inférieur
chez les enfants réfugiés, par rapport aux étalonnages de chaque âge, mettant en relief un taux
élevé d’impulsivité chez le groupe expérimental des enfants réfugiés.
Résultats du test de Stroop
Tableau 9 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du score de la planche 1
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage libanais
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Planche
1
8 ans 45 0 47.8 7 47.9 9.7
9 ans 48 10.1 50.5 12 57.8 10.3
10 ans 44.25 8.7 51 13.2 64.6 12.5
11 ans 46.71 9.9 53.7 3.9 66.3 12.6
12 ans 53.55 7.3 39 9 76.5 11.7
Le plus significatif est que les enfants irakiens ont des scores plus bas dans ce domaine, avec
une différence par rapport aux enfants réfugiés palestiniens, posant P=0 et montrant que les
enfants réfugiés irakiens ont une lenteur plus manifestée. Uniquement, les enfants palestiniens
âgés de 12 ans présentent un score inférieur à celui des irakiens du même âge.
44
Le tableau 9 montre aussi des scores chez les enfants réfugiés palestiniens et irakiens,
nettement inférieurs par rapport à la norme, au niveau de la lecture des mots de couleurs, avec
p=0.009.
Tableau 10 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du score de la planche 2
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage libanais
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Planche
2
8 ans 47 0 48.6 12 44 10.4
9 ans 47 9.54 50 14 54.8 10.2
10 ans 41.25 7.44 49 14 60.5 10.7
11 ans 48.14 11.64 52 7.9 61.4 14.8
12 ans 52.55 9.94 42 5 70.3 11.3
Au niveau de la lecture des mots écrits en couleurs, les différences entre les scores se trouvent
significatives, vu que les enfants réfugiés ont des scores inférieurs à ceux de la norme.
Entre les enfants réfugiés palestiniens et irakiens, P se trouve aussi significatif dans la mesure
où ces derniers sont plus lents. Tandis que pour la tranche de 12 ans, les enfants palestiniens sont
plus lents dans la lecture de ces mots.
Tableau 11 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du score de la planche 3
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage libanais
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Planche
3
8 ans 34 0 35 13 37.1 8.7
9 ans 41.67 7.23 42 12 41.8 9.2
10 ans 38.88 7.6 42 9 46.6 9.9
11 ans 34.43 9.2 38 7 47.3 10.1
12 ans 46.91 6.7 36 3.8 55.3 10.8
Le tableau 11 montre des scores significativement inférieurs à la norme, au niveau de la
lecture des rectangles colorés, chez les enfants réfugiés palestiniens et irakiens, avec p=0.01,
mettant en relief une lenteur d’association visuelle des couleurs aux mots.
45
P est aussi significatif entre les 2 groupes de réfugiés, dans la mesure où les enfants irakiens
sont plus lents que les enfants palestiniens ; sauf que ces derniers âgés de 12 ans sont plus lents
que les enfants irakiens du même âge.
Tableau 12 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du score de la planche 4
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage libanais
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Planche
4
8 ans 13 0 15.6 5.1 22
6.4
9 ans 24.67 6.5 23.5 2.1 25.1 6.4
10 ans 20.62 4.63 21.4 4.1 27 6.6
11 ans 17.29 2.75 19.7 4.5 26.4 8.2
12 ans 22.55 4.61 18 6.8 32.5 8.4
Des différences significatives sont mises en évidence entre les scores des enfants réfugiés,
lors de la lecture de la quatrième planche du test de Stroop, et les scores étalonnés, avec p = 0.
Aussi, il existe une différence significative uniquement entre les enfants réfugiés âgés de 12
ans, avec p=0.03, montrant que les enfants palestiniens sont significativement lents par rapport
aux irakiens.
Tableau 13 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du score d’erreur à la planche 1
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage libanais
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Score
d’erreur
1
8 ans 4 0 3 1 0.5 1.1
9 ans 2 1 2 0 0.6 1
10 ans 2 2.5 2.2 1.5 0.4 0.8
11 ans 2.29 2.43 3.75 5 2.3 2.2
12 ans 2.36 2.7 0.25 0.5 2.2 2.2
East
West
North
46
Ce tableau montre le nombre d’erreurs, à la première planche, en fonction du groupe. P=0.009
est significatif dans la mesure où les erreurs sont nettement élevés chez le groupe expérimental
des réfugiés.
Tandis qu’il n’y a pas de différence significative entre les 2 populations des enfants réfugiés,
que pour les enfants palestiniens âgés de 12 ans, qui ont eu peu d’erreurs, par rapport aux
irakiens de cet âge.
Tableau 14: Comparaison des moyennes et des écarts-types du score d’erreur à la planche 2
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage libanais
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Score
d’erreur
2
8 ans 4 0 4.6 3.6 1.1 1.6
9 ans 2.33 2.1 2 0 1.6 1.8
10 ans 2.75 2.31 4.4 2.1 1.1 1.2
11 ans 2.43 2.1 5 4.7 3.2 2.2
12 ans 2.64 3 1.75 1.25 2.9 2.4
Le tableau 14 met en évidence le score d’erreur à la deuxième planche de Stroop. P est
significatif dans la mesure où le groupe des enfants réfugiés palestiniens âgés de 10 et 11 ans,
présente des scores d’erreur 2, plus élevés que celui des irakiens.
Toutefois, nous notons que les deux groupes des enfants réfugiés présentent des scores
d’erreur 2, supérieurs par rapport aux normes libanaises.
Tableau 15: Comparaison des moyennes et des écarts-types du score d’erreur à la planche 3
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage libanais
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Score
d’erreur
3
8 ans 4 0 6.6 5.5 2 1.8
9 ans 6 3 6.5 2.1 2.4 1.9
10 ans 4.38 4.17 8 4.3 2.5 1.9
11 ans 3.57 2.88 9.25 7 5.4 3.9
12 ans 3.82 3.12 5.5 4.1 4.2 2.5
47
Pour le score d’erreur à la troisième planche de Stroop, il existe des différences significatives
entre les 2 populations des enfants réfugiés, dans la mesure où les scores des enfants palestiniens
sont plus élevés que ceux des enfants irakiens.
Toutefois, les erreurs des enfants réfugiés du groupe expérimental (irakiens et palestiniens)
sont significativement supérieurs à l’étalonnage du test, avec p=0.005.
Tableau 16 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du score d’erreur à la planche 4
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage libanais
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Score
d’erreur
4
8 ans 14 0 21.8 11 4.9 3.3
9 ans 8.33 6.65 22.5 10.6 5.1 2.6
10 ans 8.75 5.15 20.6 6.6 5.1 3.5
11 ans 8 4.97 19 6.2 6.5 4.9
12 ans 8.18 5.53 20.75 3.87 6.2 3.8
Pour le nombre d’erreurs commises par les enfants réfugiés irakiens et palestiniens, à la
quatrième planche du test de Stroop, des différences significatives sont trouvées par rapport aux
scores étalonnés, avec p=0.007.
Pour les enfants du groupe expérimental, les scores des réfugiés palestiniens sont très élevés
par rapport aux scores des enfants irakiens, pour toutes les tranches d’âge, posant p à 0.001,
valeur hautement significative.
Tableau 17 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du score d’interférence
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage libanais
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Score
d’interf
-érence
8 ans 21 0 23 2.1 15.2 7.7
9 ans 17 9.85 21 1.4 16.9 6.9
10 ans 19.12 6.53 21.6 1.5 19.6 8.5
11 ans 20.57 6.8 23.7 4.1 20.2 7.3
12 ans 26.36 7.35 23 1 22.8 8.2
48
Le tableau 17 met en évidence les scores d’interférence pour le groupe des enfants réfugiés
irakiens et réfugiés palestiniens. P=0.006 est significatif dans la mesure où le groupe des enfants
réfugiés palestiniens présente des scores plus élevés que celui des irakiens. Uniquement pour la
tranche d’âge de 12 ans, le score d’interférence des enfants palestiniens est plus bas de celui des
enfants irakiens.
Toutefois, nous notons que les deux groupes des enfants réfugiés présentent des scores
d’interférence élevés par rapport aux normes libanaises.
Résultats au subtest de barrage de la NEPSY
Tableau 18 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du score de précision
Age Irakiens Palestiniens Etalonnage français
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Score de
précision
8 ans 14 0 10 3 16.6 4.1
9 ans 16.3 2 12 1 18.8 5.3
10 ans 15.4 6 13.5 5 19.2 5
11 ans 13.7 8 12.7 2 20.3 4.4
12 ans 13.7 8 13.2 3 23.1 7.4
Ce tableau montre le score de précision en fonction du groupe. P=0.002 est significatif dans
la mesure où la précision est nettement faible chez le groupe expérimental des réfugiés.
Toutefois, il y a des différences significatives entre les 2 populations des enfants réfugiés,
avec p= 0.001, dans le sens où les enfants palestiniens ont des scores de précision moins élevés
que ceux des irakiens.
49
Tableau 19 : Comparaison des moyennes et des écarts-types du temps total de barrage
Age Irakiens Palestiniens
Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type
Temps
(en secondes)
8 ans 303 0 315 72
9 ans 239 34 318 66
10 ans 245 62 265 84
11 ans 275 92 336 88
12 ans 251 77 260 81
Le temps pris pour l’épreuve de barrage de la NEPSY est calculé mais il n’est pas étalonné.
Les temps pris par les enfants réfugiés pour les deux feuilles de barrage de la NEPSY, montrent
des différences significatives, dans le sens où les enfants irakiens ont pris moins de temps que les
enfants palestiniens.
3. Corrélation des variables
Une matrice de corrélation a été réalisée à partir des variables mesurées. Plus le coefficient est
proche des valeurs extrêmes -1 et 1, plus la corrélation entre les variables est forte. Si les
corrélations trouvées sont positives, cela montre que lorsque le score de l’une augmente, le score
de l’autre augmente aussi. Et, si les corrélations trouvées sont négatives, c’est que lorsque le
score d’une variable augmente, le score de l’autre diminue.
D’abord, nous avons analysé les corrélations, entre les scores totaux de chaque test, et nous
les présentons dans le tableau 20. Ceci a permis de montrer une forte corrélation entre le score
d’interférence (l’attention sélective) et le score de précision (l’attention soutenue), entre
l’attention soutenue et l’index d’impulsivité, et aussi entre le score de stress post-traumatique
(QSPT) et les 3 autres scores totaux (fonctions cognitives étudiées).
50
Tableau 20 : corrélation entre les scores totaux
Score d’interférence Index d’impulsivité Score de précision
Index d’impulsivité 0.317*
Score de précision 0.309* 0.311*
Score total de QSPT 0.297* 0.293* -0.416*
Cette table de corrélation confirme que les enfants qui ont une mauvaise attention sélective,
ont aussi une mauvaise attention soutenue, et vice versa. La faible attention soutenue et sélective
est associée à un taux élevé d’impulsivité cognitive. Également, le taux élevé de stress post-
traumatique est associé à des scores élevés d’impulsivité et d’interférence. La corrélation
négative entre le score total de QSPT et le score de précision, montre que plus les enfants
réfugiés ont un stress post-traumatique, moins ils ont de précision dans leurs réponses.
Tableau 21 : corrélation entre les sous-scores du QSPT avec d’autres variables
Nombre d’erreurs au
test d’appariement
d’images
Score de
précision au
subtest de barrage
Score d’erreur
à la planche 4
de Stroop
Temps total
au subtest de
barrage
Score de répétition 0.164 0.225 0.130 0.392*
Score d’évitement 0.433* -0.328* 0.215 0.186
Score
d’hyperactivité
neurovégétative
0.5 -0.269* 0.416* 0.045
Pour les autres sous-scores des 2 tests et du subtest utilisés, et les sous-scores du
questionnaire, nous présentons, dans le tableau 21, uniquement les variables entre lesquelles, il
existe une corrélation.
La répétition des souvenirs, des rêves et des impressions soudaines que l’événement
traumatique se reproduisait, est corrélée avec une lenteur dans le barrage au subtest de la
NEPSY.
Le taux élevé d’évitement persistant des stimuli associés au traumatisme, entrave les scores
des capacités attentionnelles des enfants réfugiés irakiens et palestiniens ; ceci s’explique par la
51
présence de corrélation entre le score d’évitement du QSPT, le score de précision au subtest de
barrage et le nombre d’erreurs au test d’appariement d’images.
La planche 4 du test de Stroop demande davantage d’effort attentionnel, pour inhiber des
réponses automatiques face aux stimuli distractifs. Le nombre d’erreurs élevé à la planche 4 de
Stroop et le nombre d’erreurs élevé au barrage de la NEPSY, sont corrélées à un score élevé
d’hyperactivité neurovégétative (difficultés de sommeil et de concentration, irritabilité)
Tableau 22 : corrélations entre l’âge des enfants et d’autres scores
Score total du
QSPT
Score
d’interférence
Index
d’impulsivité
Temps total du
barrage
Age -0.349* -0.322* 0.285* 0.068
L’âge, un critère de notre échantillonnage, se trouve, dans le tableau 22, corrélé avec d’autres
scores :
- La corrélation négative entre le score total au Questionnaire du Stress Post-Traumatique
QSPT et l’âge, montre que chez les enfants les moins âgés, le score du QSPT est le plus
élevé.
- La corrélation négative entre l’âge et le score d’interférence de Stroop, met en évidence
que plus les enfants réfugiés avancent en âge, plus leurs scores d’interférence de Stroop
est bas.
- La corrélation positive entre l’index d’impulsivité et l’âge montre que cet index est plus
élevé chez les enfants les plus âgés.
Après avoir présenté quantitativement les différents scores obtenus, dans des tableaux bien
détaillés, il serait intéressant de faire dans ce qui suit une analyse qualitative de ces derniers, afin
de mieux cerner les conséquences du vécu du refuge, sur l’attention et l’impulsivité des enfants
irakiens et palestiniens au Liban.
52
VIII. Analyse qualitative et synthèse
Dans les souvenirs des enfants, un évènement dépourvu de sens peut laisser des traces. Donc,
comment nous suspectons que plusieurs évènements successifs submergés de sens et d’émotions,
ne laissent pas de signification, de traces durables et du stress post-traumatique chez ces
enfants ? Et par la suite, comment nous suspectons que ce stress ne cause pas des difficultés
cognitives ? Comment expliquer les différences entre les deux populations ?
En réalité, l’enfance est considérée comme étant une période sans contraintes sociales et
économiques, marquée par l’apprentissage et le jeu. Mais, les enfants réfugiés irakiens et
palestiniens ont vécu différemment leur enfance, qui est marquée par un manque de stimulations.
Ces enfants sont passés par une période traumatisante, pendant et après la guerre et les conflits,
durant laquelle les lieux spécifiques aux jeux étaient détruits, les parents avaient peur de les
laisser jouer dehors comme ils veulent, les enfants eux-mêmes étaient anxieux de ce qui peut se
passer à n’importe quel moment (bombes, attaques, …). Ce qui a limité leur manipulation des
jeux pour un certain temps, et leurs expériences cognitives.
Discussion des hypothèses
Nous pouvons dire que l’exposition aux événements traumatiques, qu’elle soit à long terme
chez les enfants réfugiés irakiens, ou bien à court terme chez les enfants réfugiés palestiniens,
elle a causé des symptômes de stress post-traumatique chez les deux populations. Ce qui
confirme notre première hypothèse.
Le vécu d’un traumatisme psychique n’induit pas systématiquement l’apparition d’un PTSD.
Parmi les facteurs de risque, le nombre élevé d’événements vécus (El-Hage & Gaillard ; 2003) et
la perception subjective du danger, sont presque aussi essentiels à la production de symptômes
que la sévérité objective de l’événement lui-même (El-Hage ; 2003).
53
Plusieurs évènements de vie peuvent être durs aux enfants, mais la guerre et les conflits armés
se trouvent des événements particulièrement difficiles à supporter et causants davantage du
stress, pour les enfants réfugiés.
Egalement, nous pourrons confirmer la deuxième hypothèse, en envisageant qu’à partir d’un
certain seuil de stress post-traumatique, les difficultés attentionnelles apparaissent, chez les
enfants réfugiés irakiens et palestiniens, ayant un certain taux de stress post-traumatique, et qui
ont eu des scores bas de précision et d’interférence. Donc, le stress post-traumatique chez les
enfants réfugiés irakiens et palestiniens au Liban, est associé à des difficultés d’attention
soutenue et sélective.
En réalité, la réalisation d’une tâche cognitive nécessiterait une mobilisation importante des
fonctions cognitives, pouvant entraîner une sensation de fatigue. Cette fatigue est apparue chez
les enfants réfugiés irakiens et palestiniens, car ils n’ont pas pu accéder à un effort cognitif
supplémentaire, pour maintenir un niveau d’attention soutenue suffisant au cours des épreuves
proposées.
Au niveau de l’attention sélective, une certaine lenteur est retrouvée chez les enfants réfugiés
irakiens et palestiniens au Liban, au niveau de la lecture des mots et de la dénomination des
couleurs, avec un plus grand nombre d’erreurs commis lors de ces tâches, et un temps de latence
plus important dû à la recherche des mots. Lors de la dernière étape de ce test, la sélection et
l’extraction d’une des dimensions des stimuli, étaient difficiles pour ces enfants, (Cf. tableaux 12
et 16) avec un taux élevé d’erreur et d’hésitations, qui peuvent s’expliquer par leur impulsivité.
Aussi, après expérimenter l’impulsivité cognitive, chez les enfants réfugiés irakiens et
palestiniens, nous pouvons confirmer notre troisième hypothèse, stipulant que le stress post-
traumatiques chez ces derniers vivants au Liban, a des conséquences sur leur contrôle de
l’impulsivité.
Au niveau du test d’appariement d’images, des différences significatives se trouvent entre la
population des enfants réfugiés et celle contrôle. Ceci peut être relié au cadre instable dans lequel
54
ont vécu ces enfants et qui ne favorise pas le contrôle sur soi, ainsi qu’à la surcharge des
informations, que les enfants irakiens et palestiniens ne sont pas capables d’organiser, à cause du
manque de stratégies mentales chez eux.
L’impulsivité cognitive que présentent ces enfants, est associée à une impulsivité motrice,
entravant leur éducation et leur relation aux autres, et fatiguant leur entourage. Le manque
d’inhibition et de freinage chez ces enfants peut être relié au manque de contrôle des émotions.
Puisqu’ils réagissent de façon non réfléchie, l’impulsivité chez les enfants réfugiés irakiens et
palestiniens, les rend incapables de contrôler leurs comportements en rapport avec les exigences
du milieu physique et social ; ce qui augmente les conflits entre les enfants d’une part, et les
parents, les éducateurs, les citoyens, les élèves,… d’autre part.
En effet, multiples différences sont trouvées entre les enfants réfugiés irakiens et palestiniens
au Liban, et qui ne sont pas dues au hasard, mais plusieurs facteurs caractéristiques de chaque
population, de chaque trauma, de chaque culture, de chaque famille,… entrent en jeu.
Profil des enfants réfugiés irakiens
Chez les enfants irakiens, les difficultés de la migration, les conditions de séjours provisoires,
l’attente,… s’additionnent pour aggraver les conséquences psychiques et cognitives chez ces
enfants. Même si le trauma le plus dramatique fait partie de leur passé, mais leur mémoire, leur
identité et leur histoire agissent sur leur vie actuelle.
Dans leur cas, le trauma le plus marquant était brutal et momentané, quand ils ont quitté leur
pays, s’ajoutant aux tortures et kidnappes vécus en Irak, aux ruptures familiales subies, au
problème de transmission culturelle des parents irakiens envers leurs enfants, au déracinement,
au changement de statut parental au Liban face aux conditions économiques, sociales et
culturelles,…
55
Au Liban, les enfants irakiens sont scolarisés dans les écoles libanaises, où ils vivent un
sentiment exceptionnel de ne pas être du monde de leurs pairs libanais, scolarisés et vivants dans
leurs pays. Les éducateurs méconnaissent les aspirations éducatives des parents irakiens, ce qui
cause des tensions entre l’école et les familles des réfugiés. Cet état demande de la part des
enfants irakiens un effort relationnel, et les rend étiquetés, pas suffisamment intégrés, montrant
des réactions parfois agressives pour s’affirmer ou se révolter,… situation non propice à
l’apprentissage et le développement de leurs capacités attentionnelles.
Avec tout ce à quoi le parent irakien, demandeur d’asile, est confronté, nous pouvons
comprendre qu’il ne peut pas facilement assurer un espace sécurisant dans sa relation à ses
enfants, mais il devient soucieux et hyper-protecteur. Le Liban, appelé « pays d’accueil » pour
eux, n’est pas en réalité un lieu sécurisé et protecteur, à cause de sa situation géopolitique, ne
leur permettant pas une intégration plus ou moins normale. Sans papiers, les parents vivent dans
une menace d’expulsion, qu’ils transmettent à leurs enfants, et qui leur rappelle la menace de
mort qu’ils ont eu pendant la guerre dans leur pays.
Ainsi que, ce n’est pas facile pour les enfants réfugiés irakiens, de s’adapter à la culture
libanaise nouvelle, et de s’éloigner du système de valeurs de l’Irak. La société libanaise dit d’eux
« ils sont pauvres, ont perdu tous, vivent dans des petites maisons, … » ; ceci entrave le
rétablissement des liens affectifs et le développement cognitif des enfants irakiens.
Par contre, paradoxalement, ils perçoivent le pays d’accueil comme un lieu convenable car
dépourvu de guerre, en comparaison avec ce qu’ils ont vécu de « violence » en Irak. Le fait
qu’ils soient séparés et éloignés des lieux traumatiques irakiens, rend leurs résultats d’attention et
de contrôle d’impulsivité, meilleurs que ceux des enfants palestiniens, qui vivent généralement
dans les mêmes espaces des traumas.
Pratiquement, le subtest de barrage de la NEPSY a mis en évidence une fluctuation
attentionnelle, chez tous les enfants réfugiés irakiens qui ont vécu des traumas. En situation de
guerre, l’attention de ces derniers était partagée entre la tâche qu’ils effectuent et entre ce qui
56
peut se passer à l’extérieur. Donc, le rappel des évènements violents immédiats auxquels les
enfants réfugiés doivent faire face, a causé une attention profondément affectée.
Après l’évènement traumatique, ce qui reste en mémoire ce sont les images qui ont pris un
sens, et une fonction dans le nouveau contexte de vie. Ces enfants réfugiés irakiens parviennent à
comprendre les images des évènements, mais ils n’ont pas pu les verbaliser, dans leur société qui
les fait taire. Cet excès de mémoire augmente les symptômes liés au stress post-traumatique.
Ils n’arrivent pas à ordonner leurs souvenirs et à s’adapter aux situations nouvelles. Ceci est
apparu suite aux résultats affectés au test de Stroop. Ce stress vécu et emmagasiné en mémoire
par les enfants réfugiés irakiens, peut influencer leur capacité à inhiber les distracteurs et les
informations non pertinentes pour la tâche. Pour cela, nous trouvons que la précision est plus
affectée que la rapidité.
Au niveau de l’attention sélective, ceux-ci commencent leurs réponses avant que le traitement
de l’information et l’encodage perceptif ne soient terminés. Leur encodage est automatique
impulsif, sans faire les efforts nécessaires quand deux stimuli interfèrent, et sans diviser en série
ce qu’ils reçoivent comme informations visuelles.
L’impulsivité des enfants réfugiés irakiens peut être due aux souvenirs qui peuvent intervenir
soudainement, apportant des émotions non contrôlables et causantes des réactions incontrôlables.
Ces enfants ont vécu plusieurs changements d’abri, d’écoles, de voisinage,…, et décrivent leurs
états comme une perte de tous leurs repères, un sentiment d’absurdité, une incompréhension
totale de leur situation face à l’attente de réponse,… Aussi, ils ont dans un état d’attente de
papiers pour voyager à un troisième pays. Ceci les empêche de s’attacher ou de s’intéresser à ce
qu’ils exécutent au Liban, et les met dans un mode de fonctionnement rapide, pour faire passer
leurs jours ici.
57
Profil des enfants réfugiés palestiniens
Les difficultés des enfants réfugiés palestiniens apparaissaient quasiment plus graves que chez
les enfants irakiens, au niveau de l’attention et de l’impulsivité ; ceci est dû aux multiples
particularités de cette population.
Concernant le trauma, la durée d’exposition diffère entre les 2 populations : les difficultés des
enfants palestiniens peuvent être reliées à l’exposition prolongée et répétée aux événements
traumatiques à l’intérieur des camps. Les évènements de guerre que les réfugiés palestiniens
vivent au quotidien, ont survenu à un âge précoce, dès la naissance de ces enfants à l’intérieur
des camps. Ils ont provoqué une altération précoce des fonctions cognitives, causée par la
représentation de l’histoire traumatisante que chacun a dans sa mémoire, et par l’alentour
familial et social produisant des faits traumatiques permanents.
Même si les enfants réfugiés palestiniens sont regroupés entre eux, dans des écoles
spécifiques à eux, ne se comparent pas aux pairs différents (libanais) et ne sont pas étiquetés
comme « étrangers », leurs difficultés au niveau de l’attention et l’impulsivité sont apparues.
Pour eux, l’école est un lieu où ils rencontrent leurs amis, ils jouent, ils voient des adultes
mettant des rituels sécurisants, et où ils ont pu étayer un sentiment d’appartenance ; mais, elle n’a
pas pu avoir de meilleures conséquences sur leurs capacités cognitives.
Les parents réfugiés palestiniens ont souffert d’un certain taux de stress à cause des traumas
continuels aux camps, et de leur représentation de ces traumas. Ils ne sont pas bien intégrés dans
la société libanaise (en dehors des camps), car cette dernière les juge, porte sur eux un regard
défavorable pour des causes politiques et religieuses… Leurs enfants, entourés des parents
affectivement touchés, ont eu des particularités dans leur développement cognitif, bien relié au
développement affectif.
Au niveau de l’attention soutenue, pour les enfants palestiniens, lors des guerres et des
conflits qui n’arrêtent plus dans les camps, ils étaient habités par la guerre et préoccupés par ce
qui peut arriver à tout moment à eux-mêmes, à leurs voisins et leurs membres de leur famille.
58
Dans ces situations, les enfants palestiniens n’avaient pas les conditions propices pour se
concentrer totalement sur ce qu’ils exécutaient. Donc, les facteurs d’insécurité perturbent leurs
capacités d’attention sur les tâches proposées, et ces conditions environnementales particulières
empêchent davantage le maintien de l’attention soutenue de ces enfants.
La précision et la rapidité, facteurs pris en compte au test de Stroop, différencient les enfants
palestiniens de ceux irakiens. Les résultats caractérisent la performance cognitive des enfants
palestiniens, par un ralentissement d’encodage (moins de mots lus), mais aussi une meilleure
précision (moins d’erreurs).
Un effet de fatigabilité et un manque de maintien de contrôle attentionnel, sont apparus suite
au test de Stroop, où les erreurs des enfants palestiniens ont augmenté aux planches 3 et 4.
Nous constatons que les scores d’interférence au test de Stroop sont influencés par les pensées
non verbalisées des enfants réfugiés palestiniens, emmagasinées dans leurs mémoires, et
entravant leurs capacités attentionnelles.
La gestion des ressources attentionnelles et la gestion des contraintes situationnelles sont
d’autres composantes de l’effet de Stroop, et demandent un déploiement de stratégies de
mémorisation à court terme, de catégorisation, d’anticipation et d’inhibition. Ces composantes
sont apparues plus déficitaires chez les enfants réfugiés palestiniens : l’adaptation aux situations
nouvelles est plus difficile pour eux, car elle demande l’établissement des stratégies mentales,
requérant une attention sélective et soutenue bien développées.
Cette absence de stratégies d’organisation chez les enfants réfugiés palestiniens, a causé un
nombre plus bas de réussite, et donc un bas index d’exactitude. Ceci montre que ces enfants ne
peuvent ni conserver leur attention quand la charge cognitive augmente, ni garder tous les
éléments demandés dans leur mémoire de travail. Ils désignent le premier élément qui tombe
sous leur regard, et prennent celui qui est à portée de main (avec un temps de première réponse
plus court).
59
Les enfants réfugiés palestiniens vivent dans une instabilité et une insécurité. Puisque le
danger faisait partie de leur vie quotidienne, l’imprévisibilité quasi-quotidienne des attaques dans
les camps, rendait difficile la projection de ces enfants dans l’avenir, les empêchait de planifier et
de donner du sens, de l’intérêt et du temps aux tâches. Leur peur des événements inattendus et
brutaux les oblige parfois à être rapides dans ce qu’ils exécutent, et peut causer leur impulsivité
cognitive.
Les enfants réfugiés palestiniens âgés de 12 ans, ont eu les scores les plus inférieurs. A cet
âge d’adolescence, plusieurs changements physiologiques, corporels, psychologiques,
relationnels, maturatifs, sociaux, … surgissent, pouvant causer des difficultés cognitives et donc
influencer les résultats. Ces adolescents bâtissent leur identité à travers leurs forts liens avec la
famille et la culture palestinienne de leurs ancêtres, qui les encouragent à participer aux batailles
assez tôt, et les exposent à un taux encore élevé de traumas.
Également, l’entourage palestinien dans les camps, dévalorise un peu l’école, l’aventure
intellectuelle, la réussite scolaire, et encourage les jeunes à s’orienter vers des métiers manuels, à
un âge aussi précoce, pour aider leurs familles financièrement. Donc, ces adolescents âgés de 12
ans, s’intéressent moins au développement des capacités cognitives indispensables à une bonne
scolarisation, pourtant ils s’intéressent à entrer dans le monde du travail.
61
Il est apparu suite à cette étude que, le trauma aigu spectaculaire que les enfants irakiens ont
vécu, est aussi délabrant que le traumatisme chronique, insidieux mais répété que les enfants
palestiniens vivent toujours. Ces deux types de trauma ont surgi pendant un temps où le
psychisme en voie de développement s’imprègne de son milieu, ont marqué leur trace dans la
mémoire, et ont modifié les émotions, les cognitions et la personnalité en cours du
développement.
De plus, le Stress Post-Traumatique est un syndrome qui a de nombreuses facettes. Il
s’exprime à des degrés divers et ne se limite pas exclusivement aux aspects psychologiques du
développement de l’enfant, d’autres troubles peuvent se manifester à court et long terme. Cet état
nécessite donc une prise en charge précoce et immédiatement après le refuge, de l’enfant et de
son entourage surtout familial. Contrairement à ce qui est connu, le stress post-traumatique
apparait fréquemment, chez les enfants réfugiés ; mais reste peu compris par l’entourage familial
et social, et garde des conséquences selon différents degrés.
En effet, les hypothèses 2 et 3, stipulant que le PTSD présent chez les enfants réfugiés
irakiens et palestiniens vivant au Liban, ont été vérifiées par les résultats des 3 tests administrés.
Particulièrement, l’attention était la plus affectée, par le vécu d’un stress post-traumatique. Cette
fonction essentielle intervient dans le maintien des informations et la compréhension de ce qui
est vu et entendu. Non seulement l’attention influence l’organisation des tâches, la sélection de
celles-ci et leur perception, mais a également un rôle dans l’organisation cognitive en relation
avec les représentations, la mémoire, le langage, et l’autonomie. La globalité du fonctionnement
psychique se trouve donc impliquée par le fonctionnement de l’attention, y inclus le contrôle de
l’impulsivité.
Cette étude met en évidence les difficultés rencontrées par les enfants réfugiés irakiens et
palestiniens, ayant vécu un parcours de stress post-traumatique, dans le but de comprendre leur
besoin d’être accompagnés et guidés, face aux conditions difficiles de vie. Les deux populations
ont des vécus particuliers, mais leur adaptation face aux changements et aux traumas est
entravée, à cause des capacités cognitives perturbées. Il est vrai que nous nous n’étions intéressés
62
qu’aux composantes cognitives du stress post-traumatique ; cependant, il serait intéressant de
rajouter d’autres éléments dans la pratique, auprès des enfants réfugiés.
Enfin, l’état de stress post-traumatique chez l’enfant n’a pas fait l’objet d’études suffisantes.
La complexité des cas requiert une prise en charge spécialisée multidisciplinaire, des enfants et
de leurs familles, afin d’améliorer leur vie et de diminuer le risque de pathologie psychique et
cognitive. Ce mémoire apporte aux futures études, certaines bases permettant de restreindre
l’origine multifactorielle des déficits cognitifs observés chez les enfants souffrant de PTSD, et
d’aboutir à une compréhension claire des mécanismes cognitifs en jeu dans ce syndrome.
63
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