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1 « Le Déplacement forcé kurde après les années 1990 sur la naissance d’une identité communautaire à Tarlabaşı, İstanbul » Övgü Ülgen

Le Déplacement forcé kurde après les années 1990 sur la naissance d’une identité communautaire à Tarlabaşı, İstanbul

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« Le Déplacement forcé kurde après les années 1990 sur la

naissance d’une identité communautaire à Tarlabaşı,

İstanbul »

Övgü Ülgen

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Nom du Directeur : Hamit Bozarslan

Nom du Jury : Franck Mermier

Date de Soutenance : 23 Septembre 2013

Master Sociologie Générale (M2)

École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).

Paris, France.

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T A B L E D E S M A T I È R E S

CARTES ET PHOTOGRAHIES

INTRODUCTION…………………………………………………………………….

- Pourquoi Tarlabaşı ?

- La méthodologie

- L’organisation du mémoire

PREMIERE PARTIE : Le déplacement involontaire

Chapitre premier : Le Conflit armé entre le gouvernement turc et le PKK

1. Le déplacement kurde dans les années 1990 à Istanbul

1.1. La différence entre la migration volontaire et le déplacement involontaire

1.2. Un déplacement forcé méconnu : Kurdes

1.3.Stigmatisation ethnique

Chapitre II : La communauté vivant à Tarlabaşı

1. Pauvreté

1.1. Une nouvelle définition concernant les déplacés

1.2. Stratégie de survie

2. L’apprentissage des langues

2.1. L’histoire spatiale et construction de la région

2.2. L’intériorisation du pouvoir étatique

2.3. La rupture et la formation de l’identité

DEUXIEME PARTIE : TARLABAŞI COMME UN QUARTIER

Chapitre III : La taudification de Tarlabaşı

1. L’histoire brève du quartier

1.1. 19eme siècle

1.2. La première période républicaine, les années 1950 et 1980

2. La taudification après les années 1990

2.1. Ségrégation spatiale

2.2. Stigmatisation spatiale

Chapitre IV : L’esprit du quartier

4

1. La solidarité entre le peuple turc et kurde et les autres groupes

CONCLUSION……………………………………………………………………….

ANNEX (LISTE DES ENTRETIENS)

BIBLIOGRAPHIE

5

La carte du quartier :

Source : http://images4.emlakjet.com/emlak-haber/2011/07/28/foto_galeri/l/tarlabasi-haritasi-1311841309.jpg

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I N T R O D U C T I O N

Après avoir obtenu un diplôme en sociologie à l'Université Technique du Moyen-

Orient à Ankara, pour mon mémoire de recherche, j'ai décidé d'étudier un quartier à Istanbul

dont les minorités sont dominantes. La notion de « la ville d'or » est reflétée toujours comme

une des impulsions majeures pour les migrants qui sont venus à Istanbul dans la littérature

turque. Aujourd'hui, supprimant toutes les caractéristiques qui y sont attribuées, Istanbul

représente une nouvelle histoire qui a été écrite par des villageois Anatoliens. Autrefois,

Istanbul avait l'habitude de civiliser ses nouveaux venus et leur enseigner des bonnes

manières; cependant, actuellement c'est impossible pour Istanbul d'accomplir statistiquement

cette fonction.1 Ainsi, Istanbul est une des exemples des villes qui détache sévèrement ses

liens avec des habitants urbains.2 De ce point de vue, Istanbul est une ville où la polarisation

sociale se désigne durement avec ses migrants et je pense qu'il faut profondément tenir

compte d’Istanbul pour que nous puissions comprendre, sociologiquement parlant, la Turquie

comme un pays. D'autre part, de la part des étrangers, Istanbul se montre comme une ville

exotique et exploratoire par exemple, particulièrement, que les Européens devraient visiter ce

monde « différent » où les composants de l'Est et de l'Ouest se croisent. Comme Pérouse

précise, les recherches académiques sur Istanbul se démontrent même avec les travestis, les

femmes voilées, la violence urbaine et les enfants dans les rues qui s'accordent avec cet

exotisme en empoisonnant ainsi qu’en embrouillant des études sur Istanbul.3 Ainsi, c’est

pourquoi, ayant influencé par les lectures que j'ai faites sur Istanbul, j'ai décidé de choisir un

sujet intéressant qui toucherait à la question Kurde en Turquie.

Pamuk (1999 :84) revendique que si nous nous sentons déçus et refoulés à partir du

moment où nous sommes nées dans la vie, le centre de carte urbaine au sein de nos esprits

peut se montre avec d'autres personnes, pas nous. Alors, nous commençons à désirer les

maisons des autres, d’autres voisinages et voulons aborder là, c’est-à-dire, ces centres. Ayant

1Doğan Kuban (1998) « İstanbul’a Bakmak », İstanbul Yazıları, İstanbul : Yapı Endüstri Merkezi Yayınları, 1998. 11-14. [Regard à İstanbul]. 2Tomris Uyar. « Değişme Sancısı, Kent Kadını ». İstanbul, 17 (1996) [La douleur de Changement, La femme Urbaine] 3Jean-François Pérouse, İstanbul’la Yüzleşme Denemeleri Ç e p e r l e r , H a r e k e t l i l i k v e K e n t s e l B e l l e k , İletişim Yayınları. [Les essais sur des expériences d’affrontement avec Istanbul], p.22.

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inspiré aussi par le roman de Pamuk « Istanbul : Souvenirs d’une ville », les récits de vie, la

pauvreté et la très forte polarisation sociale et ethnique de la Turquie ont laissé un tas de

questions qui devraient être interrogées pour moi. Ainsi, pour comprendre tous ces aspects,

nous suivrons une recherche interdisciplinaire qui sera liée avec la science politique, la

sociologie et la sociologie urbaine en générale.

Pourquoi Tarlabaşı ?

Puisque j'ai décidé de travailler, dans le cadre de mon terrain, un quartier où les

minorités sont dominantes à Istanbul, j'ai commencé à me concentrer sur Tarlabasi. La seule

chose que je connaissais à propos du quartier de Tarlabasi était un quartier historique où les

gitans, la population de la partie du sud-est et de l’est du pays ainsi que les migrants africains

habitaient. Cependant, le déplacement forcé après les années 1990 du sud-est du pays à

Istanbul est devenue une des raisons majeures pour lesquelles j'ai choisi Tarlabasi comme un

terrain pour ma recherche. J'ai voulu comprendre des raisons derrières de cet acte aussi bien

qu'embourgeoisement dont le processus actuellement se perpétue. En raison de la guerre

civile intense entre les Turcs et les Kurdes, Tarlabasi a commencé à recevoir un grand nombre

des déplacés kurdes au début des années 1990 et le but de l'évacuation obligatoire était pour la

destruction de cohésion sociale et culturelle parmi des Kurdes et leur assimilation ultérieure

chez des Turcs.4

Ainsi, Tarlabasi est devenu un quartier kurde à faible revenu, surtout après les années

1990, qui principalement satisfait aussi des populations marginalisées de la Turquie.5 Donc,

Tarlabasi s’est montré comme une destination très séduisante pour les déplacés kurdes après

les années 1990 et la disponibilité de bâtiments abandonnées l’a fait un abri pour les déplacées

en conduisant l’isolation socio - spatiale et économique qui a augmenté au cours des années

1990. Mais quel est l’enjeu pour Tarlabasi comme quartier ? On peut répondre cette question

avec sa culture diverse. Dans les années 1950 et les années 1960, la région de la Mer Noire,

l'Anatolie du Nord-est aussi bien que les provinces de l'Anatolie Centrale étaient des régions

principales pour les déplacements ce qu’on peut les appeler comme déplacements volontaires

et c'était seulement pendant les années 1970, étant principalement basé sur des facteurs

économiques, que le déplacement des provinces kurdes a commencé vers İstanbul. 4J. Jongerden, « Resettlement and Reconstruction of Identity. The Case of the Kurds in Turkey », The Global Review of Ethnopolitics, 2001, p. 80. 5Jessica Bourque, « Poor but Proud Istanbul Neighborhood Faces Gentrification », New York Times Journal, le 4 juillet 2012. Accessible : http://www.nytimes.com/2012/07/05/world/middleeast/05iht-m05-turkeytarlabasi.html?pagewanted=all&_r=0

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Cependant, dans les années 1980 et particulièrement dans les années 1990, le déplacement

kurde a accru à cause de la guerre civile entre l’État turc et le PKK.6 Donc, dans notre

recherche, à travers des entretiens qu’on a effectués avec certaine population kurde à

Tarlabaşı, nous essayons d’aborder aux récits de vie de la communauté kurde pour

comprendre les violences politiques réalisées par le gouvernement turc qui ont entrainé les

souvenirs traumatisants pour construction de leur propre région. Nous attachons également à

la signification d’étudier la transformation urbaine à Tarlabaşı ce qui est soutenu par l’État

turc dans laquelle le projet de transformation urbaine a été attribué à GAP inşaat en 2007

conformément à la loi 5366. Ainsi, l’analyse de la transformation urbaine nous permet de

mettre bien en évidence explicitement la pauvreté et la stigmatisation ethnique à Tarlabaşı.

La méthodologie

En embrassant une méthodologie qualitatif, cette recherche se servira de l’entretien en

profondeur (récit de vie) et l’observation directe. « Comme le montre Jacques Revel à propos

de la micro-histoire, cette démarche a pour effet de désubstantialiser des objets qui étaient au

centre de l'analyse. Il se produit donc une sorte d'implosion dans des domaines. »7 (Abélès,

1996 : 101) Pour cette étude, nous pensons que le « micro » est au mieux l'épreuve du

« macro ». Alors, c'est ce dernier qui donne à cette épreuve son importance en limitant les

frontières.

« Au coeur de la démonstration micro-analytique, gît effectivement l'individu.

Cependant sa centralité, tout comme celle du contexte, est instrumentale. L'individu est

important surtout en tant que lieu de cette activité intense et spécifiquement humaine de

lecture, d'interprétation et de construction du "réel". »8 (Gribaudi, 1996 : 123) Pour cette

raison, nous envisageons de mener des entretiens avec la population kurde et turque ainsi que

avec des autres groupes minoritaires afin de mieux comprendre les récits de vie en embrassant

une micro-analyse avec des questions spécifiques. Nous chercherons à étudier l’opinion du

peuple turc à l’étranger, c’est à dire au peuple kurde, pour appréhender la relation entre eux

aussi bien que l’opinion du peuple kurde au peuple turc sur la naissance d’une identité

communautaire à Tarlabasi. Toujours autour de la question du conflit armée entre le

6Heidi Wedel (2000) Migration and Displacement: Kurdish Migrants in Istanbul in the 1990s. In F. Ibrahim & G. Gürbey (eds) The Kurdish Conflict in Turkey. New York: St Martin’s, 181 - 193. 7Jacques Revel (sous la dir. de) (1996) Jeux d’Echelles : La micro-analyse à l’expérience, Paris : Gallimard-Le Seuil. p.101. 8Ibid.p.123.

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gouvernent turc et le PKK, nous essayons d’analyser les récits de vie afin de mieux

comprendre les violences contre la population kurde effectués par l’État turc. Après, pour

comprendre la stigmatisation spatiale, nous posons des questions particulières aux habitants à

propos du quartier. Nous tentons d’expliquer le système politique spécifique de la Turquie

après les années 1990 pour comprendre le déplacement involontaire kurde ce qui nous permet

de mieux appréhender le déplacement kurde à Tarlabaşı. Après, nous allons tenter de

comprendre s’il y a une solidarité entre la population kurde et les autres groupes ethniques

dans ce quartier.

Particulièrement, il est important de noter que l’analyse des entretiens au terrain nous a

permit d’approfondir sur les récits de vie des habitants kurdes au quartier. Pour cela, nous

nous sommes posé différentes questions: Pouvons-nous définir ce quartier solidaire afin de

comprendre la relation entre la population kurde et la population turque ? Puisqu’ils seront

tous évacués du quartier à l’issue de la transformation urbaine, est-ce que cela crée une

solidarité parmi tous les habitants de Tarlabaşı pour qu’ils puissent survivre ? Comment peut-

on définir les récits de vie quant à la communauté kurde politiquement séparés? Comment

peut-on décrire la production de connaissance ? Comment les trajectoires et les connaissances

spontanées deviennent les connaissances « mainstream »? Comment pouvons-nous définir la

formation de l’identité et l’intériorisation du pouvoir étatique par les habitants ? Est-il

vraiment possible de parler d’une rupture et d’une nouvelle formation de l’identité à l’égard

de la population kurde à Tarlabaşı ? Ainsi, mon hypothèse de départ est que malgré leur très

grande stigmatisation et marginalisation dans le milieu urbain après les années 1990, il y a

une solidarité entre les habitants kurdes et les autres groupes ethniques grâce à leurs stratégies

de survie et leurs propres réseaux. Tout au long du mémoire, nous remettrons en question la

validité de cette hypothèse.

L’organisation du mémoire

La première partie ce qui est constitué deux chapitres se focalise sur le déplacement

involontaire kurde à Tarlabaşı après les années 1990 et le conflit armé entre le gouvernement

turc et le PKK pour comprendre la violence politique construit par l’État turc contre la

communauté kurde en Turquie. D’ici, je précise, en effet, le conflit armé entre le

gouvernement turc et le PKK afin de nous faire mieux comprendre le déplacement forcé

kurde dans les années 1990. Depuis le coup d’État en 1980 en Turquie, la surveillance de la

population kurde a été mise en pratique plus strictement que des années précédentes et dans

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tous les domaines où les nationalistes Kurdes étaient actives, les opérations militaires ont été

effectuées et les villages ont violemment été pillés. L'armée turque et la police ont agi avec la

brutalité pour intimider la population kurde et le gouvernement turc a arrêté des dizaines de

milliers de gens, surtout par l’interrogation de la population kurde sous la torture grave et

cruelle.9 Ainsi, ce premier chapitre nous conduit suffisamment à fournir des preuves du conflit

armé entre le gouvernement turc et le PKK dans les années 1990 afin d’avancer plus notre

sujet de recherche.

A la suite de ce premier chapitre, nous nous consacrons à la pauvreté et à l’importance

de l’économie informelle en Turquie qui crée un espace riche où la plupart des effets pervers

du changement social ont réduit en devenant une stratégie pour les déplacés qui s’est frayé un

chemin pour eux afin de résister à la pauvreté avant de crise financière.10 Cependant, dans

notre recherche, dans le cadre de la population kurde du quartier de Tarlabaşı, on se rend

compte que les déplacés kurdes de ce même quartier démontrent d’autant qu’ils sont des

personnes qui peuvent être catégorisé comme les plus pauvres de la Turquie. Ainsi, tout au

long de ce chapitre, nous mettons l’accent sur ce phénomène afin de saisir cette nouvelle

pauvreté de la population kurde de Tarlabaşı.

Jusqu’ici, en tant qu’ayant les sous chapitres descriptifs, le deuxième sous chapitre du

deuxième chapitre s’approfondit à la question de l’apprentissage des langues à Tarlabaşı

autour du débat concernant l’identité et la stigmatisation ethnique. A cause du fait que les

déplacés kurdes ont dû se débrouiller dans une société qui a nié et n’a pas interrogé les

injustices faites contre eux, ils sont restés « méconnus » en perdant leur langue origine dans le

centre ville stambouliote dès qu’ils sont arrivés.11 Pour cela, c’est grâce à nos entretiens

effectués avec la population kurde, nous avons remarqué que l’apprentissage de la langue

kurde au village d’origine et de la langue turque au centre ville stambouliote toujours prend de

l’importance sur la construction de leur région en menant à une formation d’une nouvelle

identité au quartier de Tarlabaşı.

La deuxième partie du mémoire se concentre sur la question de l’espace comme un

taudis et de l’esprit du quartier en soulignant le terme de bon voisinage existant entre les

9 Martin van Bruinessen, « The Kurds in Turkey », in: MERIP Reports no. 121, 1984, p.11. 10Oğuz Işık, M.Melih Pınarcıoğlu (2003) « Yoksulluğun değişen yüzü - Nöbetleşe yoksulluktan kuralsız yoksulluğa », Görüş, Juillet, [Le visage changeant de la pauvreté- De la pauvreté à tour de rôles à la pauvreté sans règles], p.51 11M.T. Geerse, The everyday violence of forced displacement. Community, memory and identity politics among displaced Kurds in Istanbul, Turkey, Thèse de doctorat, Utrecht University, 2011, p. 25-26.

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groupes différents à Tarlabaşı. Donc, dans le troisième chapitre, nous définissons l’histoire du

quartier à nos jours en quelques mots, mais surtout autour des années 1990 pour mieux

comprendre la stigmatisation spatiale et l’embourgeoisement soutenu par l’État turc. Ainsi,

nous essayons d’expliquer brièvement les années 1950 afin de comprendre l'histoire

d'urbanisation de la Turquie avec l'existence d'un nouveau phénomène, à savoir gecekondu.12

Et puis, la dernière période ce que nous focalisons sera les années 1980 dont l'introduction des

nouvelles politiques et des valeurs ont suscité les conséquences sérieuses au sujet de la

transformation urbaine de la ville stambouliote. Tous ceux-ci seront faits pour fournir un

contexte historique pour les années 1990 à nos jours qui seraient examinés pour la recherche

principale.

Enfin, ayant nourri dans le cadre de la question kurde à travers des récits de vie

obtenus sur la structuration du sentiment de démenti des kurdes qui a laissé des traces

significatives concernant cette population ethnique, nous discussions les effets de

stigmatisation ethnique ainsi que spatiale qui mènent, tous ensemble du pays, au cercle

vicieux de cette même question kurde. Aussi, autour du débat de la transformation urbaine

déjà en marche qui essaie d’exclure encore cette population ethnique, nous ne pensons que la

communauté kurde de la Turquie demeure encore exclue et en marge dans la société turque.

12Littéralement situé/ installé dans la nuit subitement.

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PREMIERE PARTIE: LE DEPLACEMENT INVOLONTAIRE

Chapitre premier : Le Conflit armé entre le gouvernement turc et le PKK

1. Le déplacement forcé dans les années 1990 à Istanbul

1.1. La différence entre la migration volontaire et le déplacement forcé

Tout d’abord, la Turquie est un pays où il existe des inégalités socio – économiques

très fortes entre régions. En général, elles peuvent être décrites comme la division entre zones

rurales et zones urbaines et aussi entre l’est et l'ouest.13 Bediz Yılmaz précise que, « Istanbul

représente le pôle d’emploi le plus important de Turquie, ce qui la rend attractive pour toutes

les couches sociales, de toutes les provenances, non seulement de Turquie mais aussi de

nombreux pays, notamment de ceux des Balkans et de l’Europe de l’est. » (2006 : 65) Dans

cette recherche comme je l'ai déjà expliqué dans l'introduction, nous examinons le

déplacement forcé dans les années 1990 à Istanbul. Pour comprendre ce phénomène, nous

faisons la distinction entre la migration volontaire et le déplacement forcé ou involontaire

pour que nous puissions saisir le contexte carrément.

La migration volontaire

Pendant la constitution de la République en 1923, les minorités religieuses d’Istanbul

ont quitté la ville. La plupart d'entre elles ont laissé leurs marchandises et sont parties à

l'étranger. Pour l’ensemble des non-musulmans, l’assujettissement des individus considérés

comme riches a eu lieu avec l’impôt sur le revenu en 1942 et pendant la création d’Israël en

1948. En 1955, suite aux événements du 6-7 septembre et après les violences à Chypre, des

Anatoliens se sont installés à İstanbul - à la place des populations minoritaires émigrées - avec

cette expression très connue : İstanbul’un taşı toprağı altındır” (la terre et les pierres

d’İstanbul sont de l’or).14

Cependant, cette lente augmentation s’est ensuite accélérée sous l’effet des initiatives

libérales dans le domaine économique, les investissements d'infrastructure dans l'industrie et

les demandes de main-d'œuvre dans le tertiaire ont entrainé le flux de centaines de milliers de

personnes vers la ville. Le nouvel idéal de la Turquie était de devenir les « petits États-Unis » 13Bediz Yılmaz, « Migration, exclusion et taudification dans le centre-ville istanbuliote : étude de cas de Tarlabasi » Thèse de doctorat, Institut Français d’Urbanisme/ Université Paris VIII, p.49 14F. Deli, & J.F. Pérouse(2002), « İstanbul et les Migrations Internes Turques. Discours, Sources et Quelques Réalités », La Turquie Aujourd’hui 9, p.4

16

et Istanbul signifiait l'impulsion économique de cet idéal. Ainsi, Istanbul a connu une

transformation radicale sans précédent. La population prévue de 3-4 millions pour les 50 ans

suivants dans les années 1950 a été dépassée dans les années 1970.15

Dans les années 1950 et 1960, la région de la Mer Noire, de l'Anatolie du nord-est

ainsi que les provinces du sud et de l’est de l'Anatolie centrale étaient les principales régions

de migration - ce qu’on appelle la migration volontaire. À ce moment-là, la région qui

connaissait la migration la moins développée était l'Anatolie du Sud-est.16 La plupart des

migrants des années 1950 et 1960 était majoritairement des hommes seuls en quête d’un

nouvel emploi et qui avaient peu de liens sociaux dans la ville d’Istanbul. D'autres ont quitté

le village pour soulager leurs parents d’un fardeau du fait d’un accroissement de la population

rurale qui grandissait à toute allure et qui contraignait les familles rurales afin de subvenir aux

besoins. Beaucoup de migrants de première génération ont travaillé dans les villes régionales

avant de partir pour la grande ville où ils travaillaient souvent, dans un premier temps, comme

ouvriers saisonniers. (Karpat, 1976: 85-86) Par contre, trouver un emploi ou soulager leur

famille d’un fardeau n'étaient pas les seules motivations pour migrer. Les querelles entre

familles ou factions d’un village ou encore le manque d’installations médicales et éducatives

suscitèrent également des départs. (Karpat 1976: 59). Les migrants étaient pleins d'espoirs et

d'aspirations pour l'avenir. Ils étaient plus instruits que la moyenne turque parce qu’ils avaient

travaillé dur et qu’ils étaient déterminés à réaliser leur rêve de succès économique. Pour

limiter leurs dépenses, des migrants en grande difficulté financière dans la ville ont partagé

une chambre avec six ou sept personnes. Au départ, ils ont eu des difficultés à trouver des

emplois puisque le secteur industriel/urbain était toujours petit et en grande partie dépendant

des investissements étrangers. Comme la sociologue Mübeccel Kiray (1970) l’a souligné, « la

Turquie a passé une phase de de-paysannerie rapide et d’ouvriérisation lente ».17

Wedel souligne que « la migration est la plus grande à Istanbul et son taux de

croissance démographique est deux fois plus important que la moyenne du pays ». (Wedel

2000 : 183) En outre, Pérouse précise que « dans les années 1950, avec l’industrialisation

d’İstanbul, le mouvement migratoire s’intensifie. Mais il y a plus de migrants que de besoin

en main-d’œuvre dans le secteur industriel ». (2002 : 24) Ainsi, la main-d’œuvre dans le

15Atilla Yücel (1996), « Republican Period İstanbul ». İstanbul –World City. Türkiye Ekonomik ve Toplumsal Tarih Vakfı, p.200 16 Wedel, Migration and Displacement: Kurdish Migrants in Istanbul in the 1990s, p.182. 17 M.T. Geerse, The everyday violence of forced displacement. Community, memory and identity politics among displaced Kurds in Istanbul, Turkey, p.163.

17

secteur des services et dans les travaux saisonniers urbains, comme le bâtiment, prend plus de

poids. En 1990, 60% des habitants travaillaient dans les services, et 34% dans l’industrie à

İstanbul. (Deli et Pérouse, 2002 : 24)

Le gouvernement et les municipalités n’ont pas développé des lotissements pour les

migrants. Ils ont donc construit leur propre gecekondus18 sur le terrain public. Ce sont des

bâtiments à un étage réalisés avec une diversité de matériaux de construction d’occasion et

bon marché, et avec une petite parcelle de terre autour.19 Dans les décennies précédant le

déplacement forcé, beaucoup de migrants ruraux étaient venus à la ville avec le rêve de

construire leur propre maison en commençant à un étage et en ajoutant des étages lentement

pour fournir une habitation à toute leur famille. Jusqu'au milieu des années 1980, İstanbul a

permis l'appropriation de terrain par les migrants ruraux en offrant à ces migrants un toit et

une base pour qu’ils puissent améliorer leurs conditions de vie.20 C’est seulement dans les

années 1970 que la migration dans les provinces Kurdes a commencé. Cependant, elle était

principalement basée sur des facteurs économiques. Dans les années 1980 et particulièrement

dans les années 1990, le déplacement intérieur des kurdes a augmenté à cause de la guerre

civile et des destructions de villages. (Wedel 2000 : 182) Quand les personnes victimes du

déplacement forcé sont arrivées à İstanbul au début des années 1990, les espaces urbains

libres pour s’installer étaient presque épuisés. Ainsi, contrairement aux migrants précédents,

la plupart des Kurdes déplacés n'ont pas pu construire des abris dans les terrains urbains qui

ont été transformés au fil du temps en logements avec plusieurs étages. Ils ont été ainsi

contraints de tenter leur chance sur le marché pour le logement à louer.21

Le déplacement forcé ou involontaire

Afin de comprendre ce qu’on entend par déplacement forcé, plus précisément en

Turquie, on peut définir trois zones de destinations privilégiées par les populations

différentes. D’abord, c’est la population kurde qui s’est installée dans les villes sous régime

d’exception (OHAL) qui a été commencé à mettre en pratique dans un premier temps entre

1987 et 2002 en Turquie pour les raisons de sécurité ou alentours de ces villes.

Deuxièmement, une population qui s’est dispersée vers les métropoles localisées au sud et à

l’ouest de la Turquie et finalement, une population qui s’est déplacée au début dans l’ouest de 18 littéralement situé/ installé dans la nuit subitement 19M.T. Geerse, The everyday violence of forced displacement. Community, memory and identity politics among displaced Kurds in Istanbul, Turkey, p.164. 20 Ibid, 184. 21 Ibid, 184.

18

la Turquie et après dans les pays étrangers.22 Cependant, puisque notre recherche est basée et

se focalise sur les déplacés d’Istanbul en tant que métropole, notre étude correspond à la

deuxième catégorie citée ci-dessus.

Pour la population qui venait des villages ou des villes Kurdes en Turquie, la ville

d'Istanbul était perçue comme un endroit charmant et presque magique. Selon Baydar, le

déplacement Kurde à Istanbul a augmenté après 1975. Elle est passée de 578.572 personnes

en 1980 à 1.096.379 en 1990. Ainsi, ils ont constitué 15 % de la population totale d'Istanbul.

(Baydar : 407) En outre, Deli précise que « En 1950, 53% de la population istambouliote est

née dans la province d’Istanbul, en 1990, le pourcentage n’est plus que de 37% ». (Deli : 118)

Pourtant, les Kurdes qui ont été déplacés de leurs villages au début des années 1990 ne

se sont pas exactement attendus à un avenir doré à Istanbul comme les migrants volontaires. Il

nous semble nécessaire d’établir une distinction claire entre le déplacement forcé et la

migration volontaire. Le déplacement s’est effectué dans des circonstances différentes

puisqu’il se caractérise par la violence et la contrainte contrairement aux migrations

économiques et volontaires des années 50 aux années 70.23

La migration de main-d’œuvre, par exemple, est le produit d’une décision réfléchie et

murie tandis que le déplacement forcé est vécu comme une contrainte et réduit in fine la

population au rang de marionnettes dirigées par l’État.24 Non seulement ces Kurdes migraient

pour des raisons différentes que les migrants volontaires de l'Anatolie Moyenne ou de

l’Anatolie de l’Est et la région de la Mer Noire, mais en plus ils arrivaient à Istanbul ce qui

était différent des migrants ruraux précédents. Tandis que dans les années précédentes,

Istanbul était pleine de promesse pour presque tout le monde, dans les années 1990 Istanbul

était devenu inhospitalière et extrêmement compétitive. Tandis que les migrations précédentes

avaient vu des gens qui s'efforçaient d'améliorer leur situation économique ou voulaient

élargir leurs horizons, le déplacement Kurde dans les années 1990 a été forcé par le

gouvernement turc. Le conflit armé entre le gouvernement turc et le PKK est l’une des

expressions la plus visible et violente de la question Kurde, autrement dit, de l'incapacité de la

Turquie de parvenir à un accord face aux réclamations identitaires de sa population Kurde.

22 Rojda Alaç, « Stratégies de vie et recréation de “foyer”: le cas de la population kurde déplacée dans les espaces urbains de sa propre region en Turquie (1987-2010) », Thèse de doctorat, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, p.23 23 Geerse, 159. 24 Ibid, 9.

19

La violence de l’armée a provoqué la mort de plus de 40.000 personnes. (Kirişçi et

Winrow, 1997 : 126) De plus, le régime d’exception (OHAL – Olağanüstü Hal)25 a mené au

déplacement forcé subi par plus d’un million de personnes.26 Dans les années 1990, sous la

direction du Premier ministre Tansu Çiller et du nouveau président Süleyman Demirel, il y eut

une augmentation énorme des violations des Droits de l'homme, des évacuations et des

destructions de villages. (Bruinessen, 2000 : 12-13) Ainsi, en termes juridiques, en restant sur

le territoire turc, les villageois Kurdes sont devenus les personnes intérieurement déplacées

(IDP) par opposition aux réfugiés qui sont définis par leur croisement de frontière de l'État

pour trouver un refuge. Alors, l'étiquette du «déplacement intérieur» se réfère au peuple qui a

été déplacé par la force dans les frontières de leur propre pays.27

La Turquie a historiquement utilisé l'évacuation obligatoire et a forcé le déplacement

du peuple comme instruments pour l'assimilation des Kurdes, car le but de ces efforts de l'État

turc était de créer une société homogène sur le plan ethnique. La Turquification des civils a

été considérée comme la base pour la cohésion sociale de la société et de l’État. Selon

Jongerden, bien que la définition de la modernisation dans la théorie sociale soit souvent

associée aux processus de désintégration des réseaux traditionnels et d'intégration dans la

bureaucratie d'État, pour lui, les concepts clés de l'approche de la ville et du village en

Turquie étaient la « modernisation » et « la sécurité ». De plus, il explique que l'approche de

la ville et du village suppose que la modernisation est un processus accompagné par

l'intégration sociale, c’est-à-dire l'assimilation. En ce qui concerne les Kurdes, cette

intégration sociale s’exprime dans le remplacement des liens sociaux par des liens

« nationaux », à travers la bureaucratie de l’État turc. Ainsi, la preuve suggère que l'approche

de la ville et du village est principalement un concept lié avec la sécurité par rapport à une

tentative de modernisation. (Jongerden : 84) En outre, comme nous avons déjà indiqué le

régime d’exception (OHAL) qui a été appliqué au cours du conflit armé entre le

gouvernement turc et le PKK a suscité « une totale suspension des droits sociaux,

économiques, politiques et civiques en vertu des décret-lois judiciaires émis au nom de la

sécurité nationale ».28

25 Le régime d’exception (OHAL) a été mis en ouvre dans la région kurde qui possède majoritairement une communauté ethnique minoritaire. 26 Alaç, p.18 27Geerse, p.7-8. 28 Alaç, p.21

20

Maintenant, après avoir précisé les termes de la « migration volontaire » et le

« déplacement forcé ou involontaire » en Turquie, nous allons approfondir le déplacement

forcé ou involontaire ce qui doit être interrogé pour nous afin de le mieux comprendre.

1.2. Un Déplacement Forcé Méconnu : Kurdes

Il est important de noter que, en Turquie, l'existence des Kurdes dans la République

turque a été niée pendant des décennies. Selon Pérouse, les recherches portant sur le

déplacement forcé kurde à Istanbul sont peu développées et discutées. Néanmoins, dans les

dernières années, les sources turques ont souligné que plus que la moitié de la population

Kurde de la Turquie se sont déplacée à l'Ouest.29 De plus, Pérouse attire l’attention sur les

conséquences sociales du phénomène migratoire : la vie citadine tend à établir une distinction

entre les bonnes mœurs du citadin et grossières du rural, les migrants sont alors relégués au

rang de citoyens de second rang. Cet effet est renforcé concernant les déplacés forcées des

années 90. (Pérouse, 2012 : 51)

D’après Geerse, les migrants kurdes sont restés « méconnus » parce qu'ils ont dû se

débrouiller dans une société qui a nié les injustices faites contre eux. Quand les villageois

n'étaient pas encore forcés de quitter leurs habitations, les autorités les avaient considérés

comme des terroristes potentiels. De plus, cette image du villageois Kurdes en terroristes

s'était répandue dans l'opinion publique et elle a amplifié les stigmatisations dans la ville: les

personnes intérieurement déplacées de leur villages ont été écartées par le peuple de la

région.30

En outre, bien évidemment, les polices armées et les soldats dans les rues d’İstanbul

qui portaient les mêmes uniformes que les polices au Sud-Est ont déclenché les souvenirs de

l'intimidation et de la torture de la communauté kurde à İstanbul. Aussi, les déplacés forcés

ont été soumis aux mêmes lois discriminatoires auxquelles ils avaient été soumis dans leur

propre région, par exemple les lois interdisant l’apprentissage de la langue kurde à İstanbul.

Par conséquent, tandis que leurs parents et leurs amis ont continué à vivre dans leur propre

région, le conflit a manifestement continué de façon différente à Istanbul ce qui revient, peut-

être, au même à l’issue de ses conséquences catastrophiques.31

29 Wedel, p.181. 30 Geerse, 9-10. 31 Ibid, 40.

21

Un État qui ne reconnaît pas l'existence de Kurdes et qui tente d’effacer par la violence

toute conscience d'une identité séparée, il était impossible de se référer aux évacuations

obligatoires de Kurdes comme tel. Donc, la population Kurde intérieurement déplacé était une

question sans signification en Turquie. Très lentement, la recherche critique devenait être

incorporée dans les discours dominants, les récits de vie Kurde et la société turque. Alaç

précise que « c’est à partir des années 2000, donc depuis la reconnaissance par le pouvoir

central du déplacement forcé en tant que déplacement causé par la terreur, que le chiffre de

déplacés est devenu l’objet de discussion ». (2012 : 16) Néanmoins, même aujourd'hui, il y a

peu de connaissances afin de comprendre le déplacement massif obligatoire et son impact à

long terme sur les Kurdes et sur la société turque.32 C’est pourquoi nous envisageons ce

phénomène comme un problème important qui doit être discuté dans cette recherche afin de

mieux comprendre les récits de vie des déplacés de Tarlabaşı, dans un quartier particulier au

cœur d’Istanbul.

Selon Ünalan, un certain nombre de confrontés à des mouvements séparatistes ou

armés, sont plus enclins à les cataloguer de « terroristes ». De plus, ils ont présenté leurs

opérations contre les insurrections comme un facteur pour « se battre contre le terrorisme »

dans un environnement international. En conséquence, grâce à ces approches, quelques

gouvernements disposaient d’alliés militaires de taille, particulièrement les États-Unis. Ces

gouvernements ont ainsi pu échapper aux enquêtes internationales en cas d’atteintes aux

droits de l'homme lors d’opérations militaires. La plupart des gouvernements qui s’appuient

sur ce type d’opérations armées lors des campagnes anti-terroriste sont des régimes anti-

démocratiques et ont des déséquilibres à long terme, des coups d’états et la violation de droits

de l'homme. En outre, dans un tiers des pays où le déplacement forcé a eu lieu, les personnes

intérieurement déplacées n'ont pas confiance en leur gouvernement à propos de la protection.

Plus globalement, les déplacements forcés qui ont lieu dans les pays en voie de

développement aux économies et aux infrastructures limitées ne font qu’accroitre les

disparités sociales et économiques. (Ünalan, 2006 : 30-31-32)

La vie à Istanbul aurait pu faire oublier aux déplacés les violences subies dans leur

région d’origine. Au final, les personnes déplacées, déjà privées de leurs terres et de leurs

biens, ont subi la répression policière, ce qui pouvait réveiller des souvenirs douloureux. La

plupart des déplacés forcés ne pouvaient retourner dans leurs villages ou se retrouvaient face à

32 Ibid, 10.

22

des ruines les rares fois où ils avaient l’occasion de retourner dans leur région d’origine, alors

ils ne pouvaient pas revisiter leurs « passés » avec leurs enfants. En outre, il y avait peu de

rappels visibles de leurs vies au village à Istanbul. Il n'y avait aucun monument ou mémorial

pour témoigner le passé violent, aucun musée dans lequel des villages Kurdes ont été

reconstruits pour l'exposition, aucun nom de rue leur rappelant leurs passés au village de

façon significative.33 Ainsi, à Istanbul, les déplacés forcés ont été vus comme des personnes

sans passé incapables également de s’approprier un passé turc pour se faire turc.34

La coercition a conduit à une réaction de repli, d’autocensure de la part de la

population qui tait un ensemble de récits et d’histoires de famille. Comme Geerse l’exprime,

on peut expliquer ce phénomène comme « la censure interne des souvenirs ».35

Bien que beaucoup de personnes en Turquie soient sensibles à la souffrance des

enfants palestiniens qui ont été ciblés par la violence de la police israélienne, ils ferment les

yeux sur des enfants Kurdes.36 Ainsi, cela signifie le démenti du passé de l'État turc et son

évitement de l’affrontement avec la question Kurde.

Maintenant, après avoir décrit l’ignorance du déplacement forcé par le gouvernement

turc, nous allons expliquer la stigmatisation ethnique faites contre les déplacés à İstanbul.

1.3. Stigmatisation ethnique

« … Le problème Kurde est tout d’abord un problème de dignité humaine. Mais plus techniquement parlant, c'est un problème de la colonisation Kemalist du Kurdistan. Le Kurdistan qui est sous l'occupation de nationalisme turc. Tous les autres composants, peu importe à quel degré les problèmes peuvent être sérieux, sont par les produits de ce problème de base. En Turquie, les Kurdes n'étaient pas et ne sont pas toujours égaux aux Turcs. Les Kurdes sont égaux aux Turcs seulement s'ils se présentent comme des Turcs. Les Kurdes comme eux-mêmes ne sont pas reconnus comme un être humain égal. » (Mücahit Bilici, 2013 : Today’s Zaman Journal)

Elias précise que « La montée de la société de cour est incontestablement liée aux

poussées de centralisation du pouvoir étatique avec la monopolisation croissante des deux

sources de pouvoir décisives entre les mains de tous les seigneurs détenteurs d’un pouvoir

central : l’ensemble des taxes sociales, ce que nous appelons les impôts et les forces de

l’armée et de la police. » (1985 : XXX- XXXI) Selon Elias, la centralisation du pouvoir et de

la violence dans l'État et les modulations des codes des individus et des groupes sont les deux

33 Ibid, 330. 34 Ibid, 329. 35 Ibid, 331. 36 Ibid, 340.

23

visages des mêmes processus de changement social, à savoir la civilisation. La formation de

l'État et de l'individualité sont simultanées, ils sont complémentaires socialement et

intimement liés l'un et l'autre. Une des institutions qui constituent l'organisation sociale est

l'État et c'est la monopolisation de droits pour exercer la violence physique. Elias rapporte que

l'Europe avait fait face à un long processus du changement commençant du Moyen Âge

passant le 18ème siècle en termes de la relation entre la noblesse et la monarchie. Surtout en

France; Louis XIV mettait ses efforts en œuvre afin d'exercer le pouvoir sur sa noblesse pour

que le statut prestigieux de la noblesse ait changé dans la société. (Elias : 1985, XXXII)

Elias souligne aussi que les formations humaines prennent un rythme d’évolution lent

et un processus historique. (Elias, 1985 : XLVIII) Autrement dit, il précise que les modes

typiques du comportement humain civilisé sont en effet historiques et personne n'est venu au

monde comme éduqué dans les sociétés modernes. Ainsi, il est apparu une transformation des

émotions de la répression sociale à l’oppression en soi par premièrement, la sanction des

effets extérieurs et ensuite par la domestication d'eux avec des impulsions intérieurs. En

conséquence, pour lui, la société de cour a pris un rôle essentiel pour décrire l'évolution des

manières.

Ici, les idées d'Elias peuvent être adaptées au processus de modernisation Turque, avec

sa discussion sur l'évolution du contrôle social aux corps de sang-froid qui avaient frayé un

chemin pour les corps civilisés pour se domestiquer dans une société de cour. Cependant, ce

processus de modernisation qui a entraîné une création de l’'individu séculaire et raisonnable

comme un corps urbain dans ce même espace a apporté sa rupture commençant de la

formation de la République turque comme un État en évoquant les problèmes qui ont menés à

une dualité culturelle sérieuse sur des corps urbains après les années 1990 sous le discours de

la civilisation en Turquie. À Istanbul, nous pouvons remarquer les discours de stigmatisation

par les anciens stambouliotes qui critiquent le manque de manières civilisées des migrants.

Les anciens stambouliotes ne peuvent pas accepter l’augmentation de nouvelles classes dans

le centre-ville parce qu'ils pensent que les migrants doivent passer par un processus de

civilisation pour être défini comme stambouliotes. Pour Pérouse, ce processus est fortement

culturel et basé sur une longue période de transformation dans le concept de la culture de la

ville qui est décrit avec la civilisation et la conscience. De plus, comme nous approfondirons

dans la partie prochaine du mémoire, les politiques de transformation urbaine qui ont été

24

mises en pratique depuis 2004 se produisent sous le prétexte de moderniser ces migrants

forcément.37

Yılmaz souligne qu’« il est possible de considérer le groupe ethnique kurde de Turquie

comme une minorité territoriale dont le territoire historique est situé à l’est et au sud-est

anatolien ». (2006 : 120) Geerse précise que la plupart des personnes en Turquie ont été

élevés pour croire qu'il n'y avait aucun Kurde en Turquie mais seulement qu’il y avait « les

Turcs de montagne ». C’était difficile pour le peuple de faire face à l'idée qu'il existe vraiment

un groupe ethnique séparé dans ce même pays, ce qui était impossible à assimiler par l'État

turc qui a résisté à l'intégration de ce groupe dans la société, en vain. (Geerse, 34) La

description du « déplacement Kurde » apporte deux positions que l’on peut expliquer comme

des dimensions différentes aussi bien que symétriques. Premièrement, on a la position de

centralisation ethnique qui essaye de supprimer le genre, la génération, l'âge et les différences

économiques pour ignorer tout sauf l'identité ethnique mutuelle. Et l'autre est appelé la

position de la stigmatisation qui a la tendance de mettre tous le peuple venant de l'Est au

même endroit.38 Cependant, nous essayons de nous soutenir la stigmatisation Kurde afin de

comprendre le déplacement involontaire et ses conséquences dans la ville.

Yılmaz (2006 : 115) précise que « toutes les réclamations pour les droits des groupes

qui mettent en évidence l’identité kurde ont été non seulement interdites, mais également

punies sérieusement dans la plupart des cas. Autrement dit, aussi paradoxal que cela puisse

paraître, l’assimilation a engendré l’exclusion ». Avant le conflit armé entre le gouvernement

turc et le PKK, le mot « Kurde » n'avait pas signifié beaucoup de choses à la plupart des

Turcs, pourtant, on peut dire qu’il a été associé à sous-développement culturel. Dans sa thèse

sur le déplacement forcé kurde à İstanbul, Geerse (2011 : 183) donne un exemple en

expliquant l'état de son mari Kurde à l'époque : Son mari Kurde qui s’appelle Göksel a des

parents Kurdes. Cependant, ses parents Kurdes ont élevés leurs enfants comme des Turcs.

Geerse revendique qu’un souvenir d'enfance de son mari Göksel suggère que dans des

décennies précédentes le fait « d'être kurde » soit resté non reconnu. Son mari s'est rappelé

que quand il était petit au début des années 1970, les écoliers avaient l'habitude de prendre la

nourriture faite à la maison à l'école pour partager avec leurs camarades dans la classe. Et sa

mère a préparé quelques mets délicats avec grand soin et les a mis dans une boîte. Pourtant,

37 J.F. Pérouse, « İstanbul’a Kürt Göçleri : Yeniden İnşa Edilmesi Gereken Bir Araştırma Konusu », Praksis, 28(2012), [Les déplacements Kurdes à Istanbul : une recherche qui doit être reconstruit], p.50. 38Ibid, 53.

25

lorsqu’il a ouvert la boîte fièrement pour partager ses plaisirs avec ses camarades dans la

classe, ils ont refusé de manger et l’ont appelé çingene (gitan). Quand il a crié qu’il n’était pas

un gitan et qu’il était Kurde en détresse, ses camarades ont décidé de ne pas manger. Pour

Geerse, « d’être Kurde ne lui avait jamais signifié beaucoup, mais il a été étonné de voir que

ses camarades dans la classe ne l'ont pas considéré comme quoi que ce soit mieux qu'être un

gitan ».

Cependant, le mot kurde, étant devenu synonyme avec « le terroriste » et « le

meurtrier » au cours du conflit armé entre le gouvernement turc et le PKK, anti- kurde MHP

(le parti de mouvement national) avait vu ses votes grandir pendant ces années et les

sentiments des anti-kurdes ont augmenté. (Geerse, 183) D’après Deli et Pérouse (2002 : 3)

« selon le discours dominant, la ruralisation d’İstanbul, produite par la migration, est en

même temps une aliénation ou un “devenir-étranger” (yabancılaşma) d’İstanbul. Quand il

s’agit de Kurdes, cette altération de la ville par la migration semble encore plus redoutée ». En

conséquence, dans les métropoles, les déplacés Kurdes sont devenus de plus en plus

conscients d'être différent d’un groupe ethnique dominant et de la discrimination adressée

contre eux.39 Parfois sanctionné par les autorités de l'État, le cas de Kurdes étant attaqués en

Turquie dans la métropole et la discrimination manifeste sont très en vues. On peut expliquer

ceci comme le malaise de la Turquie avec les Kurdes vivant dans leur milieu. De plus, le ton

du discours officiel a potentiellement fait des relations plus mauvaises que, par exemple, les

Kurdes sont souvent directement et indirectement représentés par les leaders politiques

comme des ennemis. (Barkey et Fuller : 1997, 78)

Par conséquent, le facteur le plus remarquable pour la croissance et la radicalisation du

mouvement Kurde pendant les années 1970 peut avoir été la migration des provinces Kurdes

aux villes de l’ouest de la Turquie. Cela a atteint d'énormes dimensions dans les années 1960

et a continué toujours aussi intensément pendant les années 1970.40 Cependant, comme

indiqué dans le premier chapitre, cette migration Kurde n’était pas un déplacement forcé et

elle était basée sur les facteurs économiques. Ainsi, tels grands nombres des migrants ne

pouvaient plus être urbanisés et assimilés progressivement comme des générations

39 Martin van Bruinessen, « Nationalisme Kurde et ethnicités intra-Kurdes », in: Peuples Méditerranéens, no. 68- 69 (1994), p.28. 40 Martin van Bruinessen, « The Kurds in Turkey », in: MERIP Reports no. 121, 1984, p.6.

26

précédentes. Alors ils ont vécu ensemble dans leurs propres communautés fermées et dans

une certaine mesure, ils ont soutenu leur vie traditionnelle quotidiennement.41

Pérouse fait des critiques sur les études d’İstanbul puisqu’il y a une relation forte entre

gecekondu et la migration dans ces recherches en générale. Les urbanistes et les architectes

qui prennent le problème de migration à Istanbul semblent considérer gecekondu comme un

fétiche pour la migration. En outre, selon lui, ceci crée des préjugés du peuple Kurdes comme

s'ils étaient ceux qui deviennent les sujets principaux pour la pollution et la ruralisation de la

ville. Ainsi, nous pouvons conclure que la migration Kurde à Istanbul peut être stigmatisée

comme tel : « déplacement kurde = déplacement des pauvres = déplacement des

villageois ».42

De plus, le déplacement Kurde à Istanbul grandit selon « les anciens stambouliotes ».

Paradoxalement, l'ancien maire d'Istanbul (1994-1998), Recep Tayyip Erdoğan, appelait

souvent à une exécution de visa pour l'entrée et la sortie en se mettant lui-même dans une

position comme les anciens stambouliotes menacés du pays de nos jours. Cependant, il oublie

son propre passé en faisant cela car son père qui est venu de la partie du Nord-est du pays a

migré à Istanbul dans les années 1940.43

Selon Pérouse (2012 : 48), aujourd’hui, il y a trois formes de paradigme qui ont la

transitivité entre l'académie, la politique et le média quand ils traitent du déplacement Kurde à

Istanbul : le paradigme raciste, le paradigme terroriste et le paradigme humaniste.

Premièrement, le paradigme raciste voit des têtes noires, chaque personne de l’est ou les

Kurdes représentent une menace importante pour la paix d'Istanbul. Un autre facteur qui

accompagne à cette stigmatisation signifie que les personnes de la partie de l’est du pays sont

en effet des criminels. Toutes les activités qui sont associées au meurtre, à la mafia, au trafic

de drogue, au vol et autres, sont associées à ces personnes et sont tenus responsables de ces

actes criminelles à Istanbul. Même les crimes d'honneurs et les violences contre les femmes

sont attribués au peuple Kurde.44 Il y a aussi un rapport religieux au peuple Kurde en ayant vu

comme les menaces pour une Turquie laïque sous le paradigme raciste. Selon cette

41 Ibid. 42 Pérouse, « Les déplacements Kurdes à Istanbul… », p.50. 43Ibid, 46. 44Ibid, 48.

27

perspective, la violence faite aux femmes, le travail des enfants etc. se croisent avec les

pratiques religieuses extrêmes.45

Le deuxième paradigme utilisé souligne le lien du déplacement Kurde à la menace de

terreur. Ici, nous voyons un changement léger du paradigme précédent. La combinaison du

déplacement Kurde et des actes de violence dans la partie de l’est du pays par le parti Kurde

manifestait toujours dans les médias rapidement. La répétition fréquente que nous voyons

dans les médias essaye de lier le déplacement Kurde avec la précarité dans le milieu urbain.46

Chaque soldat mort à l'est du pays offre aux médias l’opportunité de montrer le peuple Kurdes

comme des complices.47 Ainsi, ce que nous pouvons faire remarquer ici, est qu'il y a une

relation inverse entre les périodes de violence ethniques et les possibilités pour vivre

ensemble. Plus il y a une durabilité sur la violence et le conflit armé, moins nous pouvons voir

les chances de cohabitation.48

Puisqu'il reconnaît les différences d'identité, le dernier paradigme qui est appelé le

paradigme humaniste a une distance considérable de deux premiers paradigmes. Ainsi, celui-

ci peut être décrit comme compassionnel et qu’il correspond à la position politique plus

pluraliste et plus libérale parce que le déplacement involontaire est traitée comme ayant

interrompu un environnement particulier.49

En conséquence, les peuples qui ont été intérieurement déplacés de leurs propres

territoires ces vingt dernières années sont grandement privés de chances éducatives, de droits

pour les services de santé et de possibilités d’être considérés comme humain. De plus, ceci a

engendré des problèmes chroniques chez la génération des enfants pendant le processus du

déplacement ou aux générations qui sont nées dans des endroits déplacés. Il est important de

souligner que les déplacés kurdes n'ont aucun accès à la santé et à la sécurité en termes

d’éducation, d’économie ou de politique dans la métropole. En outre, ils n'ont pas pu

s’installer dans la ville et s’intégrer correctement dans un nouvel environnement. Encore, il et

important de noter que, comme nous avons essayé d’analyser dans le cadre de notre étude

pour définir la stratégie de survie des habitants au quartier de Tarlabaşı, sans l’assistance des

autres déplacés Kurdes, leur situation serait encore plus catastrophique. Pour cela, cette 45Ibid, 48-49. 46 Ibid, 48. 47 Ibid, 49. 48Mithat Sancar, Nakarat [Le Refrain]. Taraf Journal, le 5 septembre 2012, Accessible : http://www.taraf.com.tr/mithat-sancar/makale-nakarat.htm

49 Pérouse, « Les déplacements Kurdes à Istanbul… » p.49.

28

condition renforce la séparation des Kurdes du reste de la métropole en évoquant une nouvelle

persécution, parce que n'importe quel engagement pro-kurde est souvent appelé comme une

activité séparatiste. S'il n'y a aucune solution politique du conflit armé et si l'intégration socio-

économique et politique de Kurdes à l'Ouest continue à être empêchée, on ne va pas cesser de

voir l’augmentation des problèmes ainsi que la croissance de tensions ethniques et de conflit à

l'Ouest dans les métropoles. Donc, on peut conclure que le déplacement forcé ou involontaire

ne résout pas évidemment la question Kurde en Turquie ; au contraire, on commence à

témoigner à la difficulté du temps d’adaptation des déplacés dans les métropoles comme nous

avons tenté de démontrer dans notre recherche.50 Analysant les différentes populations, nous

pouvons relever que les incompréhensions et les difficultés d’adaptation sont des

cheminements longs et difficiles inhérents à tout conflit.

50 Wedel, « Migration and Displacement.. », p.193.

29

Chapitre II : La communauté vivant a Tarlabaşı

1. Pauvreté

1.1. Une nouvelle définition concernant les déplacés

« Tarlabasi a longtemps été un voisinage où les communautés les plus marginalisées de la Turquie vivent. Près du cœur qui est prospère de la ville et de l'Avenue Istiklal animée, le domaine représente un monde différent, un monde de 'l'autre'. »51

En Turquie, le secteur informel qui ouvre la voie pour diminuer les effets pervers de

changements conjoncturel et qui permet de faire face à la pauvreté pendant les temps de crises

se sont révélés créatrices d’un champ de richesse partielle dans la société turque. Donc, les

nouveaux venus à la ville ont trouvé les moyens pour résoudre les problèmes

d’accommodation et d'emploi facilement en s'articulant dans les réseaux des vieux résidents.

Non seulement ces pauvres ont atteint des moyens d'adaptation autonomes à la ville avec le

réseau social dans lequel la famille demeure centrale et le rôle de hemserilik52 joue un rôle

important, mais aussi ces personnes avaient partiellement les possibilités pour devenir riche.

Grâce aux occasions de trouver un abri dans les gecekondus et un travail dans la ville, ces

nouveaux venus ne sont pas tombés sur une menace d'appauvrissement dans le centre-ville.

De plus, à cause des réseaux que les migrants précédents ont constitué dans la ville,

cette condition a menée pour transmettre leur pauvreté qui peut être surmontée par la nouvelle

génération des migrants qui est appelée la « pauvreté à tour de rôle » par Işık et Pınarcıoğlu.

(2008 : 50-53) Ainsi, nous ne pouvons pas observer une telle pauvreté qui peut être tracée

dans les pays de l'Amérique Latine en raison des mécanismes de pauvreté baptisé la pauvreté

à tour de rôle. Néanmoins, la pauvreté en Turquie a continué à être un phénomène qui peut

être plus partiel et contrôlé. Et puis, à cause des opportunités positives de ce cercle vicieux

sur la pauvreté, la Turquie a surmonté les conséquences négatives de la pauvreté sans avoir un

système de sécurité sociale inclusive et plus important encore sans avoir une politique

officielle qui a ciblé la pauvreté.53

Selon Paugam, on peut élaborer trois types-idéaux de la pauvreté et du lien social : la

pauvreté intégrée, la pauvreté marginale et la pauvreté disqualifiante. Pour lui, les pauvres ne 51Svetlana Eremina. « Tarlabaşı,: The Dusk », Mashallah News, le 14 mars 2013, Accessible: http://mashallahnews.com/?p=10024 52 Personnes qui sont nées dans la même ville et qui ont des réseaux solidaires dans le-centre ville. 53 Işık et Pınarcıoğlu, Le visage changeant de la pauvreté- De la pauvreté à tour de rôles à la pauvreté sans règles, p.50-53

30

forment pas une underclass au sens anglo-saxon dans la pauvreté intégrée; au contraire, ils constituent

une communauté qui n’est pas strictement stigmatisé. (1996c : 393) D’après Yılmaz, « en adoptant

la conceptualisation de Paugam, on constate que la pauvreté en Turquie pourrait être qualifiée

de pauvreté intégrée car les pauvres sont nombreux, la pauvreté est très répandue et elle ne

constitue pas un facteur favorisant l’exclusion ou la formation d’une underclass ». (Yılmaz,

2006: 147). Le secteur informel en Turquie a créé un espace riche où la plupart des

conséquences négatives du changement social sont réduites. Cela est devenu une stratégie

pour les déplacés qui a conduit et conduit encore à résister à la pauvreté devant les crises

financière.54 Ainsi, on pourrait conclure que les pauvres n’étaient pas exclus particulièrement

à cause de l’économie informelle en Turquie. Les réseaux sociaux et les liens d’être hemşeri

de quelqu'un sont très fonctionnelles pour les travailleurs afin d’entrer dans le marché du

travail dans les grand métropoles en Turquie comme İstanbul. Surtout, les déplacés qui

viennent au centre ville d’İstanbul depuis les mêmes villages, villes et régions ; se sont

intensifiés dans les domaines économiques particulières au centre-ville.

C’est pourquoi, en raison des réseaux sociaux et les liens d’hemşerilik, les migrants se

sont installés dans les mêmes régions au centre-ville en Turquie. Donc, comme Yılmaz

précise qu’ « il est désormais admis que le secteur informel, qui, auparavant, n’était considéré

que comme une solution temporaire aux problèmes d’emploi des nouveaux migrants, est une

partie intrinsèque du capitalisme dans les pays en voie de développement ».55 Ainsi, ce n’est

pas possible de poser une question sur la pauvreté avec une échelle universellement valable.

Ce qui différencie la Turquie des autres pays développés pourrait être exprimé comme tel : il

y avait un processus très remarquable pour la structuration de la pauvreté en Turquie dans les

années 1980 en mettant œuvre des nouveaux programmes économiques et sociaux. Pourtant,

en raison des crises financières qui avaient lieu après les années 1990 successivement, on voit

une dégradation dans l’économie et l’augmentation du chômage.

Cependant, ce que nous voyons aujourd’hui c’est que la crise financière a aussi

profondément affaibli le secteur informel et continuera de le faire. C'est pourquoi pour se

débarrasser de la crise financière, le secteur informel devrait s’informaliser de plus en plus ce

qui se réfère à la remise de bas salaires et la précarité dans l'emploi avec des conditions plus

mauvaises à moins de personnes. En bref, le secteur informel est dans une situation de jouer

un rôle beaucoup plus profond par opposition à son ancien rôle qui a eu l'habitude d'empêcher 54Ibid. 55 Yılmaz, « Migration, exclusion et taudification… », p.232.

31

les effets pervers de la pauvreté dans la société turque. Donc, ce que nous verrons à l'avenir

c’est la famille et les réseaux sociaux qui ont eu l'habitude d'être nourris grâce au secteur

informel perdre sa vieille puissance. Alors, ceci entraine à la formation d'une nouvelle

pauvreté plus durable et excluante qui peut être appelée comme la pauvreté sans règles.56

Cette nouvelle pauvreté est beaucoup plus expansive, permanente et plus difficile à surmonter

que la pauvreté traditionnelle en Turquie.

D’après Yılmaz, la notion de la « pauvreté intégrée » indiquée ci-dessus et présentée

par Paugam (1996 : 394) fournit un moyen utile pour questionner l'intégration sociale et

l'exclusion sociale en se référant à une situation de pauvreté dans le « sens traditionnel ».

Néanmoins, en Turquie, la pauvreté intégrée décrite par Paugam, qui a permis aux pauvres

des villes de s’intégrer dans la société urbaine à l'aide des activités informelles, se transforme

sous les effets destructifs des programmes néolibérales en affaiblissant les liens de solidarités

sociales. Ainsi, il est possible d’observer un certain déclin de la capacité d'intégration des

activités informelles aussi bien que de la capacité protectrice de l’assistante familiale. Pour

Yılmaz, on pourrait remarquer les signes de cette transformation mais surtout, on voit une

formation d’une nouvelle pauvreté urbaine à Tarlabaşı. Puisque la société turque de plus en

plus se polarise à travers les lignes de fracture qui son basées sur la classe, la religion et

l’ethnicité, Tarlabaşı s’illustre comme un quartier où les activités informelles ne suffisent plus

pour s’intégrer et les quartiers pauvres démontrent qu’ils ne sont plus les endroits transitoires

pour les déplacés, mais les espaces perpétuels pour la relégation urbaine. Parce qu’il y a une

exclusion sociale à propos des Kurdes ou des déplacés qui s’enracinent dans la pauvreté ainsi

que la ségrégation ethnique et la stigmatisation en générale, on constate que les déplacés qui

restent souvent en marge sont les candidats principaux pour devenir « underclass » en

Turquie. Et puis, on remarque que cette ségrégation ethnique a doublé inévitablement avec la

ségrégation spatiale.57

Par conséquent, à cause du déplacement forcé qui était un catalyseur très remarquable,

traumatique, massif et considérable pour l’exclusion de ce groupe dans la société réalisé par le

gouvernement turc dans les années 1990, les Kurdes subissent une exclusion plus forte en

termes des droits politiques, sociaux, civils et culturelles. Ils sont devenus ceux qui sont 56 Işık et Pınarcıoğlu, Le visage changeant de la pauvreté- De la pauvreté à tour de rôles à la pauvreté sans règles, p.50-53. 57 Yılmaz, « Far Away, So Close: Social Exclusion and Spatial Relegation in an Inner-City Slum of Istanbul », in Fikret Adaman & Çağlar Keyder (eds.),Poverty and Social Exclusion in the Slum Areas of Large Cities in Turkey , European Commission, Employment, Social Affairs and Equal Opportunities DG & Ministry of Labour and Social Security of Turkey, 2006 , p.38-39

32

soumises à l’exclusion accompagné de la ségrégation socio-spatiale au quartier de Tarlabaşı58

que nous analysons dans notre recherche.

1.2.Stratégie de suivre

On sait que les pauvres qui sont venus à la ville ont apporté leurs réseaux sociaux pour

établir une solidarité forte l'un l'autre ; et ce réseau social se nourrit à la fois de la famille ainsi

que des relations de parenté plus importantes encore. Le concept de famille est essentiel non

seulement pour les déplacés, mais aussi pour toutes les couches sociales dans l'ensemble de la

Turquie. La Famille est une institution qui est assurée et essentielle pour les individus ainsi

que pour l'État. Donc, la famille demeure dans une position spéciale pour la relation entre

l'État et l'individu à l’égard de l'organisation sociale. En Turquie, l'État soutient constamment

la famille légalement, politiquement et idéologiquement et attribue à la famille presque

chaque question liée à la solidarité sociale.59

Les populations qui se sont déplacées de leurs villages dans les grandes villes recréent

une communauté vivant dans l'homogénéité et font face à d’autres communautés qui diffèrent

de leur culture d’origine. Ainsi, cette procédure devenait un processus qui était dur à propos

des déplacés pour s’occuper de la ville depuis un certain temps. De ce point de vue, nous

pouvons déclarer que le déplacement forcé a crée une occasion concernant les certains

groupes culturels pour se reconnaître efficacement.

En outre, on pourrait mentionner la division entre la périphérie et le centre ville avec le

terme de classe et culturels. C’est pour cela, tandis que certains groupes qui ont des codes

culturels semblables, comme les citadins riches et les élites politiques qui se concentrent

beaucoup plus en centre-ville, les groupes culturels pauvres se dirigent vers la périphérie.60

Cependant, dans notre recherche sur le cas de Tarlabaşı, il est important de noter que tandis

que ce quartier reste dans le centre ville, la ségrégation spatiale mène manifestement à la

cristallisation de marginalisation dans l'espace urbain pour les populations Kurdes.

Dans un pays comme la Turquie où il n'y a presque aucune sécurité institutionnalisée

pour les pauvres, les sans-abri ou les chômeurs, on pourrait remarquer que le capital social

demeure primordial pour la survie. En outre, étant capable de se mobiliser avec les liens 58 Ibid, 39. 59Sema Erder, « Göç, yerleşme ve “çok” kültürel tanışma », Birikim, no:123, Juillet 1999, [La Migration, le déplacement et la reconnaissance multiculturelle] p.68-75. 60 Ibid.

33

sociaux, les Kurdes déplacés en masse dans des circonstances extrêmement difficiles sont

encore plus nombreux que d'autres migrants ruraux.61

Les chances de survivre pour les déplacés dans la ville ont augmenté énormément à la

fois grâce aux réseaux solidaires entre les parents et hemşeri de la même région, ainsi que par

les contacts avec le village qui a contribué à la création d’une sauvegarde contre l’aliénation

urbaine.62 :

« Les gens qui habitent dans ce quartier sont des prolétariats. Par exemple, j'attends quelque chose pour être arrivé mais je ne sais pas vraiment j'attends pour faire quoi. Je te jure, je m’assois ici et j’attends. Tous les jours je viens ici et je m’en vais mais je sais que si je quitte ce quartier je résiste. Comme tu me vois ici, il y a des gens qui m'aiment bien. Particulièrement cet homme par exemple (montrant son ami), je sais qu'il est descendu de cette rue pour boire du thé ici. Son intention est de boire du thé chez son hemşeri puisqu'il pense que son hemseri peut gagner de l'argent comme ça. Également, je pense comme ça aussi, si j'achète des cigarettes dans l'épicerie de mon hemseri, je me sens beaucoup mieux. »

De plus, les réseaux de solidarité du quartier qui non seulement ont empêché les

pauvres de tomber dans la pauvreté absolue mais aussi qui leur ont donné la possibilité de

monter l'échelle sociale jouent toujours un rôle important dans les stratégies de survie des

pauvres au centre ville.63 Par exemple, le système le plus commun chez les déplacés Kurdes

pour avoir un abri à Tarlabasi est de rester chez un hemşeri ou des parents qui sont dans une

condition relativement stable et qui gagne de l'argent en échange de son emploi.64 :

« À ce moment-là, j'avais onze ans quand je me suis déplacé à Tarlabasi. En réalité, même si j'étais seul je ne me suis pas senti solitaire depuis que je venais ici avec la permission de mes parents. J’habitais à Tarlabasi pendant 18-19 ans et je suis venu ici à cause de la répression du gouvernement qui a eu lieu dans notre village et je voulais connaître ce que ces oppressions signifient et comment la vie continue à l'extérieur de notre village. Je voulais éprouver quelque chose de différent de notre village. Quand je suis venu ici pour la première fois, je suis resté chez mon oncle depuis un certain temps et mon oncle et sa famille se sont déplacées à Tarlabasi à cause des répressions dans notre village aussi. »

D’un autre coté, pour Yılmaz, les réseaux sociaux à Tarlabasi marchent plus comme

des réseaux informationnels dans un environnement de pauvreté répandue que des réseaux

solidaires basés sur les villes natales des déplacés. Néanmoins, cela ne démontre pas que les

réseaux solidaires sont complètement absents à Tarlabasi. C’est-à-dire dans le cas de

Tarlabasi, les familles peuvent être serviables en fournissant des informations utiles aux

personnes qui ont besoin d’apprendre comment postuler aux aides publiques ou comment

61Geerse, p.9 62 Ibid, 164 63Yılmaz « Far Away, So Close … », p.34 64Pérouse (2011), İstanbul’la Yüzleşme Denemeleri…,p.291

34

acheter du bois bon marché pour l'hiver et d’un foyer etc. Cependant, d’après Yılmaz, le

réseau social, malgré leur formulaire qui signifie affaiblissement de solidarité, cohésion et

homogénéité de Tarlabaşı en tant qu’un aspect beaucoup plus considérable dans les villes

d’origines des déplacés avant, pour nous, il constitue encore une ressource primordial au sujet

des stratégies de survie pour les déplacés afin de mesurer une pauvreté urbaine à Tarlabasi.65

Alors, ayant réalisé notre entretiens surtout avec la population des déplacés qui sont expulsé

de leur village dans les années 1990, dans notre recherche on constate que les réseaux

solidaires sont encore beaucoup plus important que les réseaux informationnels pour les

stratégies de survie sur les déplacés et les autres groups minoritaires de Tarlabaşı.

Dans les années 1990, 63 % de la population d’Istanbul est composée de personnes qui

sont nés dans d’autres villes. Bien que cette population soit constituée d’individus en âge de

travailler, ces personnes n'ont pas trouvé d'offres d’emplois opérationnels pour un travail

productif. En outre, à partir des années 1970, la période de stagnation dans laquelle l'industrie

manufacturière est entrée et a affecté négativement la demande en main-d'œuvre des ouvriers

et a mené les travailleurs à s’impliquer dans des activités marginales qui étaient

économiquement improductives.66 C’est pourquoi l’économie informelle de la Turquie vient à

jouer un rôle essentiel en fournissant une « issue de secours » et empêche la marginalisation

des individus.67 Dans le quartier de Tarlabaşı aussi, puisque que l'accès au marché du travail

formel est extrêmement limité et uniquement ouvert sur les travaux précaires, irréguliers,

provisoires avec de bas salaires et sans sécurité sociale dans le secteur informel sont

disponibles à propos de la structure d’emploi de Tarlabaşı, on voit que les employeurs

accumulent les activités commerciales comme les épiceries, les cafés, les restaurants, les

travaux de réparation etc. ou dans les activités de production comme le textile, le bois, le

papier etc. ; alors que les employés travaillent dans le secteur de d’alimentation et dans le

domaine du divertissement comme serveurs, gardes de jour ou nuit, plongeurs ou bien

nettoyeurs etc.68

De plus, les tâches les plus répétés par tous mais spécifiquement par les Kurdes du

quartier sont les travaux de la rue comme la vente de fruits et légumes qui diffèrent selon les

65 Yılmaz, Bediz, « Far Away, So Close… », p.34-35 66Sönmez, Mustafa. « Küreselleşmenin Istanbul’a Etkileri ». Istanbul, 15 (1995), p.22. [Publication en anglais: « Istanbul and the Effects of Globalization » Istanbul Biannual, 1- 94- 95 Selections (1996), 101- 111] 67 Yılmaz « Migration, exclusion et taudification dans le centre-ville istanbuliote… » .p.149. 68 Yılmaz, Bediz, « Far Away, So Close… », p.30-31

35

saisons, de bouteilles d'eau, de jouets, d’accessoires, de tickets de bus, de gadgets etc. et

récupérateurs de matériaux recyclables, le cirage de chaussures etc.69

2. L’apprentissage des langues

Selon Bourdieu, les individus parlent du monde dans lequel nous vivons comme s’ils

ne s’occupaient pas fidèlement des problèmes que nous sentons dans le monde entier, mais ils

agissent comme s'ils voulaient l'oublier; autrement dit, comme s’ils font cela la manière dont

ils ont envie de refuser ou d’ignorer. (2000, 5) Cependant, pour lui, la tache des sociologues

pourraient correspondre à dire que les événements se produisant dans le monde social

pourraient casser la chambre charmante de démenti social dès que les sociologues s’en

occupent. Pour Bourdieu, la doxa s’adresse au « realm » des pensées qui ne sont pas mises en

doute ou bien étudiées, ainsi la doxa constitue un champ des idées qui se transforme, au fil du

temps, comme croyances dans un sens naturel. (1977, 164) Avoir une sorte d'idée de la doxa

dans le monde signifie qu'une personne faisant ces discours a une pensée constante et stable.

Donc, pour Bourdieu, la réalité sociale qui est fictive et construite spontanément dans

l'identité entre les structures objectives et l’esprit qui le conçoit, suscite un acte de doxa, à

savoir, la perception et l'expérience qui accepte naturellement cette réalité sociale. Et les

critiques possibles qui peuvent être mises en pratique viennent par la source et l'existence de

dissidents. Néanmoins, pourvu que les personnes qui ont des idées contraires et qui produisent

ces idées n'ont pas les moyens suffisants et puissants de questionner et de fragiliser la réalité

fictive dans la société, la doxa maintient sa structure de puissance avec ses vues dominantes.

(1977, 169) Alors, les sociologues doivent premièrement croire que pour se débarrasser de

doxas dans leur esprit, ils devraient être conscients du fait que la connaissance qu'ils

produisent par le domaine scientifique exclut n'importe quelles vues de doxa. (1991, 72)

La réalité sociale substantiellement ne demeure pas là, il est nécessaire de l'obtenir et

de l'acquérir par le biais des outils scientifiques. Ainsi, ce sont les moyens de production qui

mènent à une rupture des pensées quotidiennes de sociologie, donc cette rupture pourrait

seulement arriver par les moyens de production scientifique comme techniques scientifiques,

concepts, archives etc. Donc, nous pensons que l'interdiction de la langue kurde pendant une

longue période de temps par le gouvernement turc a conduit à une absence des écritures et des

archives qui pourraient représenter la répression de kurdes en Turquie. Comme cela, nous

69 Ibid, p.31

36

pouvons précisément revendiquer que l’absence de n'importe quelles découvertes

scientifiques comme écrites ou archivées sur la question kurde en Turquie crée la formation

de doxas. Plus particulièrement, nous pensons que pour les déplacés, l’interdiction de langage

kurde avec des restrictions extrêmement violentes, traumatiques et dégradantes prend

beaucoup plus d’importance tout au long de nos entretiens effectués. Parce que, selon nous, le

manque d’exprimer sa langue maternelle dans l’écriture ainsi qu’oralement, empêche

d’apprendre les moments violents des déplacés dans leur villes d’origine, mène tout

simplement à une formation des doxas dans la société turque. Pour cela, nous croyons que les

récits de vie dans cette partie de notre étude sont fidèlement très importants pour notre

recherche que nous avons effectuée à travers une série d’entretiens avec une partie de la

population kurde de Tarlabaşı.

2.1.L’histoire spatiale et construction de la région

La société turque a réalisé une transformation sociale profonde appelée processus de

modernisation commençant par la création de la république turque comme État dans les

années 1920. Ce processus qui peut aussi être décrit comme un processus de civilisation a,

notamment, visé à assimiler la population minoritaire, et a apporté ses conséquences cruciales

dans la société turque. Cependant, ce processus de civilisation qui a entraîné la formation d'un

corps urbain séculaire ainsi que raisonnable a engendré des fractures, a l’issue de la formation

de la république turque comme État, en évoquant les problèmes qui ont mené à une dualité

culturelle sérieuse. En résumé, ce processus basant ses caractéristiques sur la distinction entre

des corps ruraux et des corps urbains, a mis les Kurdes en position de discrimination en les

définissant comme ruraux et les qualifiant de Turcs de montagne qui peuvent être des

terroristes potentiels ou des bandits.

L'arrivée de la période républicaine turque moderne, mise en place par les élites

bureaucratiques et militaires, a conduit fortement à légitimer le « leadership » de ces élites en

positionnant les personnes qui savent assez bien dans la société turque.70 Donc, par le biais du

projet élitiste des Kemalistes, l'État turc a essentiellement essayé de construire un État-nation

« homogénéisé ». Cependant, ce que nous voyons après, au gré des conflits armés entre le

gouvernement turc et le PKK, à propos des kurdes, l'identité de ce groupe a rapidement été

mise à l’écart par l'Etat turc comme un élément majeur du pays. Les entretiens, effectués

70Tahire Erman (1998) « Becoming “urban” or remaining “rural »: the views of Turkish rural-to-urban migrants on the “integration” question’, International Journal of Middle East Studies, N°30, p. 547.

37

individuellement à Tarlabaşı surtout avec ses personnes déplacées, nous ont permis de

comprendre les traitements inhumains par l’État turc dans les années 1990 :

« Mon histoire d'arrivée ici est très différente, à cause des répressions qui ont eu lieu dans les années 1990 dans notre ville d’origine réalisées par le gouvernement turc, nous nous sommes déplacés ici. Je suis venu ici tout seul, pas avec mes parents. J'étais soumis à beaucoup d'oppressions réalisées par le gouvernement dans ma ville d’origine, je ne pouvais pas les supporter désormais donc j'ai quitté ma ville natale. Cela fait dix-huit ans que j’habite à Istanbul. Il y avait beaucoup de disputes qui se sont trouvées dans notre quartier. Quand il n'y avait aucun conflit, le gouvernement turc a eu l'habitude de sortir des armes à feu et le tirer en l'air deux fois. À 5 heures du matin par du son d'ezan71, il a été interdit de sortir de notre maison. L'équipe spéciale de tireurs a eu l'habitude de faire une descente dans toutes les maisons du quartier. J'étais un enfant à ce moment-là, quelques personnes ont eu l'habitude de nous poser des questions. Mais on ne comprenait rien ce que ces questions signifiaient. Oui, j'allais à l'école mais au cours de notre enseignement, nous n’avons rien appris! Nous avons seulement eu l'habitude d’aller à l'école car c’était justement une école dans laquelle son nom signifiait beaucoup de chose. Les équipes spéciales de tireurs qui portaient des masques et des bottines ont eu l'habitude de nous poser les questions en turc. Donc, nous avions vraiment peur d'eux, nous n'avons pas connu cette langue et on avait du mal à répondre à leurs questions puisque nous ne pouvions pas parler en turc. Il y avait simplement une répression sur nous pour que la population Kurde puisse être exilée. »

« Notre histoire d'arrivée ici signifie seulement une occupation de notre terrain réalisé par le gouvernement turc. Ils ne nous ont pas considérés comme êtres humains et ils nous ont forcés à nous assimiler leur culture, à savoir, la culture turque. Ainsi, en rebellant contre le gouvernement, nous avons été massacrés et nous étions soumis aux tortures considérables faites par le gouvernement. Finalement, la population qui s’est restés vivante après ce combat s’est déplacée à Istanbul pour leurs enfants puisqu’ils s’inquiétaient pour leur avenir. Et nous avons pensé comme ça aussi. »

Pour autant, une majorité de Kurdes, à partir des années 1990, s’est auto-définie en

tant qu’être kurde72 et qui a essayé de faire reconnaitre son identité déterminant plus à la

population turque. Néanmoins, à cause de l'immutabilité du discours officiel et du pouvoir

central au cours du conflit armé, on perçoit toujours les Kurdes comme un groupe négligé en

Turquie :

« Lorsque je suis arrivé à Tarlabasi pour la première fois, j'avais quatorze ans. Je suis venu par le train avec mon père. Après, notre famille est venue ici. Jusqu'à la date j’ai trouvé un travail et je me suis installé, j'étais avec mon père. A Mardin, il y avait des forces militaires dans notre village, le gouvernement turc a évacué notre village. Quand nous sommes restés là, ils ne nous ont pas donné d'offres d'emploi. Si vous avez commencé un travail, ils ont eu l'habitude d’opprimer cette population qu’ils travaillaient puisqu’ils avaient peur de les voir riches plus tard. Cependant, s'il y avait de bonnes offres d'emploi dans notre ville d’origine, nous ne pouvions pas venir ici par exemple. J'ai fait face aux soldats à Mardin, j'étais petit, j'avais presque huit ans. Ces soldats ont eu l'habitude de venir dans notre village souvent, quand ils trouvaient des cassettes ou des magnétophones, ils ont eu l'habitude de supprimer et casser toutes depuis qu’ils ont voulu interdire au peuple d'écouter des cassettes Kurdes. Je me souviens très clairement, ils ont tué beaucoup de personnes dans notre village. Les répressions par des soldats avaient toujours lieu. »

71 Prière à genou. 72Hamit Bozarslan (2000) Why The Armed Struggle? Understanding the violence in Kurdistan of Turkey. In F. Ibrahim & G. Gürbey (eds) The Kurdish Conflict in Turkey. New York: St Martin’s, p.23.

38

Les mémoires collectives toujours signifient des inquiétudes d’oppressions pour la

construction de leurs propres régions :

« Si je commence par les années 1990 et si nous vivons en 2013, je peux dire qu'il y a pleine de souvenirs traumatiques dans mon esprit. Pour autant, j’ai du mal à effacer ces souvenirs. Par exemple, nous avons été témoin de la destruction de nos tracteurs, de l'explosion d'animaux dans l’air etc. Même si maintenant quand je les visualise, je me sens vraiment effrayé, je parle... Encore maintenant j’ai peur depuis que je ne peux jamais oublier ces moments de ma vie entière. Si nous nous sommes adaptés à cette métropole, c'est grâce à notre détermination de vivre ensemble. »

Dans un pays multiculturel qui a tenu compte de la « Turquification » en tant

qu’unification et homogénéisation forcée, les déplacés, faisant face à la répression de l’Etat

turc dans leur villes d’origine, sont considérés infidèles à la nation turque. Ainsi, les déplacés,

vivant au sud-est de la Turquie, autrement dit, une communauté qui s’est situé dans leurs

villes natales dans les années 1990, ont vécu dans un état extrêmement constant de

surveillance :

« Combien de fois ils m'ont capturé, ils étaient en train de me tuer ! Heureusement, Dieu m'a sauvé. J'étais un berger dans un village de Muş. Je ne me rappelle pas exactement la date quand j’y étais. Tout à coup, je me suis rendu compte qu'il y avait une opération militaire au village par le gouvernement turc. Ainsi, nous nous sommes enfuis dans les montagnes. J'ai laissé ma carte d'identité et tout au commissariat de police. C'était la fête du Ramadan, j’étais en train de faire ma prière. Il y avait un de mes amis avec moi, à ce moment-là, j'ai remarqué qu'il a été arrêté par la police. Bref, je les ai salués et j’ai continué de faire ma prière. Soudain, ils me criaient en disant de me lever. Je leur ai demandé ce qui est arrivé et ce que j’avais fait; je leur ai dit que j’étais juste un berger. Ils m'ont répondu uniquement en disant non! Donc, j'ai été également arrêté, ils ont attaché mes mains et ils m’ont forcé d’aller avec eux. Après, le propriétaire est venu, il leur a dit que j'étais son berger. Néanmoins, ils m'ont pris dans une zone forestière, il y avait un sous-officier aussi et son prénom était Fatih, je me rappelle toujours son prénom. Il a pris son arme à feu en disant qu'il voulait me tuer. Je voyais une autre personne aussi, un sergent qui venait de Diyarbakir et qu’il s’appelait Hasan. Il s’est opposé le sous-officier qui a voulu me tuer. Il a dit à Fatih qu'il a su que j'étais un berger et c’était pour cela que j'étais innocent. Même, il s'est fâché contre ces soldats. Cependant, le sous-officier était si insistant, il avait vraiment envie de me tuer. Il y avait beaucoup de soldats derrière nous. Je jure devant Dieu; si ce sergent n'était pas intervenu, ce sous-officier pourrait m'avoir tué. Finalement, il les a convaincus que j'étais innocent. C'était le temps du régime d’exception (OHAL), peut-être a-t-il pensé que j'avais des enfants et que je travaillais pour ma famille. Ensuite, ils nous ont emmenés au commissariat de police, il y avait mon propriétaire aussi au commissariat de police. Et puis, il leur a demandé qui allait s'occuper de ses moutons chèvres sans moi. Et si quelque chose pouvait arriver à ses animaux, le propriétaire leur a averti de s'engager à demander de conseil juridique pour cela. Il venait et repartait au commissariat de police pour nous. Nous avons été retenus dans le commissariat de police pendant trois jours. Heureusement, ils nous ont laissés partir; j’ai récupéré ma carte d'identité et d'autres photocopies aussi. Nous avons vécu ces moments, nous avons fait face à la persécution. Voici la Turquie, tout peut arriver ici ! J'avais mille moutons et j'étais propriétaire aussi. Bon sang, j'étais un homme aisé ! »

D’ailleurs, les déplacés, manifestant de l’'identité ethnique qui ont été soumis à

l'aliénation par l'Etat turc, dont la plupart d'entre eux veulent plus tard retourner à leurs villes

d’origines. Car, ils pensaient que la situation pourrait s’améliorer, tant que la paix et la

sécurité régneraient. Néanmoins, ils n’ont pas pu exaucer leur souhait puisque la violence ne

s'est pas arrêtée et la paix n'est pas revenue :

39

« À Bingöl, dans ma ville d’origine, il y avait des policiers en permanence qui avaient l'habitude de me déranger. Mes parents étaient très gênés à cause de cela. Ainsi, je suis enfui à Istanbul. Je pensais que les policiers pourraient changer à Istanbul et je pourrais y être tranquille. Et je pensais que revenir à Bingöl après un certain temps à Istanbul. Je voulais aider ma famille au moins si je pouvais retourner à Bingöl. Mais je suis venu ici et je ne pouvais pas y retourner. »

Encore, la mémoire collective demeure très présente et marquée par la violence

politique et étatique qui était, selon eux, assez traumatisante et cruelle :

« Je n'ai jamais vu Mardin, je me souviens seulement d’une région à Mardin qui est appelée Nusaybin. C’est la région d’origine de mon père et j'étais là quand j'avais trois ans. Je ne me rappelle pas beaucoup de choses quand même. Mais il y a quelques images dans ma tête que c'est impossible pour moi de les oublier. C'était les temps les plus durs et dont je me souviens j'étais chez ma grand-mère; je dormais sur le toit avec ma grand-mère. À ce moment-là, c'était minuit et il y avait un affrontement entre les soldats turcs et les soldats Kurdes dans la montagne. Je me rappelle des balles volantes juste sur nous, ils étaient comme de grandes étincelles comme s'ils volaient sur nos têtes. J'étais si petite mais parfois quelque chose peut vous influencer profondément dans votre vie pour que cela devienne impossible pour vous de l’oublier. Vous savez comment ces se sont senti, ces étincelles … C'était minuit et ces balles passaient sur nous comme des étincelles. »

« Je viens de Siirt et je suis venu à Istanbul suite aux évacuations de mon propre village à ce moment-là. Je n'ai pas justement quitté mon village parce que j'ai voulu, nous étions forcés d’aller ailleurs. Je suis Kurde, Kırmançi, j'ai fini mon service militaire obligatoire en 1986 et je suis revenu à mon village. Après trois ans, la population a été forcée de quitter leurs villages d'origine à Siirt en 1989 par le gouvernement. Le gouvernement nous a menacés. Donc, cette période était vraiment pénible pour nous, nos troubles étaient visibles. Et puis, nous avons quitté notre village, qu’est-ce qu’on pouvait faire ? Nous sommes arrivés à Siirt en 1987, après cette date nous sommes venus à Istanbul.»

« Il y a une colline appelée Binaytepe à Mardin, c'était vers la soirée du jour. Dans une ou deux heures, nous avons envisagé d'aller lentement chez nous. Tout à coup, on a fait face aux bombes qui nous ont attaqués. Ensuite, nous avons appris que le PKK avait fait un raid au commissariat de police. Au lieu de jeter des bombes au PKK, les soldats turcs ont tiré des bombes aux villages et aux animaux justement sans ayant pris en considération de quoi que ce soit autour du village. Il y avait une perdrix dont je me rappelle qui restait près de notre village; il y avait deux ovipares dans son nid qu'elle avait l'habitude de garder avec elle. J'ai eu l'habitude d'aller regarder cette perdrix pour voir ses petits enfants. Au jour exact où ses enfants sont sortis, j'étais là et ils étaient tout petits. Le lendemain, je suis allé pour voir la perdrix et ses enfants, j'ai remarqué brusquement qu'ils étaient morts. Je ne peux pas oublier cet animal, j'ai eu l'habitude de prendre bien soin de son nid et j'ai eu l'habitude de le nettoyer délicatement pour préserver cette perdrix et ses petits enfants des loups qui pouvaient venir et manger. Par le feu qui a été mis dans l'air, ils étaient en flammes. Pouvez-vous imaginer ? Cela peut être un homme aussi. Nous avons eu l'habitude de trouver refuge sur ce toit de notre maison et d’entendre tous les bruits de ces bombes. Si cette bombe pourrait être tombée sur notre village, les habitants peuvent être morts. »

Face à ces persécutions, certaines d’entre elles se rappellent l’importance de

l’insécurité et de la difficulté de survivre dans un environnement extrêmement hostile et de la

difficulté à subvenir à leurs besoins quotidiens :

« Il y avait plus de problèmes de survie que des ennuis de substances dans la partie du sud-est de la Turquie car les répressions considérables et les tortures assez forte par le gouvernement turc ont eu lieu dans ces territoires. Les soldats ont interdit au peuple de faire paitre leurs animaux, ils les ont également forcés à entrer dans la milice. Autrement, ils nous ont menacés de quitter notre village. En tout cas, nous ne pouvions pas supporter ce traitement inhumain. Ainsi, nous nous sommes enfuis à İstanbul. L'Etat a revendiqué que c'était devenu difficile de protéger sa propre

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population. Donc, il a pris la population qu'elle ne pouvait pas sécuriser plus. Pourquoi le gouvernement a-t-il fait cela ? Parce qu'il a voulu diviser la population vivante à ce terrain. »

«Quand nous avons quitté Mardin, nous sommes allés à Batman et nous y sommes restés pendant un ou deux ans. Apres, nous nous sommes déplacés à Istanbul. Par exemple, je me rappelle parfaitement que les soldats ont donné une claque à mon frère en le menaçant de l’empêcher de faire brouter ses animaux à Mardin. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils ont voulu nous expulser de notre village. Vous devriez soient korucu (un milicien) soient vous deviez quitter le village. J'ai beaucoup fait face à cette oppression, je les ai personnellement éprouvés. Vous ne brouteriez pas vos animaux pour que vous n'ayez pas trouvé d'autres offres d'emploi. Leur but principal était cela. Il y avait des soldats prenant les habitants vivants aux champs pour les tuer. Ils les torturaient et puis ils partaient. J'ai vu ces choses, j'étais tout petit. Ils ont eu l'habitude de brûler des objets. Nous n'avons pas voulu devenir korucu (milice) ; je m'excuse mais cela signifie être un chien de l'Etat. Cela indique l’obéissance à l'Etat. »

Depuis le coup d’Etat qui a eu lieu en 1980, l'interdiction de la langue kurde a été mise

en œuvre plus strictement que les décennies anciennes. Les leaders militaires actuels de la

Turquie ont prétendu que le mouvement Kurde devrait être éliminé, autrement dit; toutes les

consciences favorables à la population Kurde devraient être détruites :

« Quand j'étais à l'école primaire, ayant grandi toujours avec la peur, on habitait à Mardin/Dargeçit. À ce moment-là, il y avait une maîtresse qui avait l'habitude de nous jeter le pot de fleurs lorsqu’on parlait en kurde l'un l'autre dans la classe. Pouvez-vous imaginer ? Il y avait les maitres/ maitresses qui avaient cette sorte de mentalité. Les personnes qui nous ont enseignés n'étaient pas en réalité des maîtres/ maîtresses; ils étaient plutôt des soldats. Je me souviens qu’un jour un maître a pris mes deux oreilles, qui m’a soulevé en l'air et je suis tombé par terre. Mes oreilles saignaient, après je suis allé à la maison et mon père est allé plus tard à l'école pour parler avec le maître et comprendre pourquoi il m’a fait quelque chose comme ça. Mais savez-vous qu'est-ce qui est arrivé ? Tout à coup, ce maître a sorti son arme à feu. Pouvez-vous imaginer l’environnement dans lequel nous avons vécu ? Nous avons vécu dans une atmosphère pleine de crainte. Ce maître était un sous-officier et il nous a dit que nous n'avions pas de droit de lui demander quelque chose comme tel à lui. Soit vous deviez récupérer votre l'enfant de cette école; soit vous deviez supporter ce traitement inhumain. Jusqu'en 1992, il n'y avait aucun maîtres/ maîtresses à proprement parler. Ils étaient composés de docteurs, des soldats et des policiers. Les gens qui ont étudié à l’université pendant quatre ans et qui connaissait le turc aurait pu nous enseigner à l'école. D’un autre coté, on était cent étudiants dans la classe, nous avons eu l'habitude d'assembler des bancs… Par exemple, nous avons eu l'habitude d'unir deux bancs et d’être assis sur ça avec dix étudiants au total. Puisque les villages ont été évacués; d'autres étudiants de villages venaient également à notre école. Il y avait trois écoles dans le centre-ville qui ont été appelées Sakarya, Atatürk et Cumhuriyet (République Turque). Pour l'amour de Dieu, il n'y avait pas d'écoles dont les noms étaient en notre langue maternelle, à savoir en kurde. La région que nous appelons Kurdistan consiste en vingt-deux villes et dans chaque ville, il est écrit ‘Ne mutlu Türk'üm diyene!’ (Heureux celui qui peut se dire turc !) avec les images d'Atatürk sur les montagnes les plus hautes des villes. Mais dans des villes turques, vous ne pouvez pas voir quelque chose comme tel. Quel genre de mentalité est cela je demande ? »

De plus, dans la perspective de construire une région, la cohabitation pacifique avec

d’autres communautés ethniques prend, pour les kurdes, une grande importance :

« Je veux souligner quelque chose. Êtes-vous jamais allés au Kurdistan ? Je vais vous parler de Mardin. Il y a des Arabes, des Kurdes, Turkmènes, des Assyriens, Yezidis etc. Regardez cette culture! Personne n'a demandé à quelqu'un pourquoi il était kurde, arabe, assyrien ou sunnite. Parce que le peuple sait vivre ensemble ce territoire, ils connaissent effectivement l'humanité. Je veux vous raconter une histoire : Il y a deux artisans, l’un d’entre eux est assyrien et l'autre est sunnite, tous les deux s’assoient devant leurs propres boutiques. Quand le temps de namaz (prière à genou) vient, le Sunnite (le Musulman) demande à l'Assyrien de s'occuper de sa boutique quand

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il va à la mosquée. Il dit à l'Assyrien qu'il va faire sa prière à la mosquée et qu’il va revenir après. De la même façon, quand le temps d'aller à l'église vient, l'Assyrien demande au Musulman de s'occuper de sa boutique. Je veux indiquer de quelque chose que crucial, si les personnes laissent leurs biens à quelqu'un, cela signifie aussi vous donnez votre confiance à quelqu'un. Ainsi, les deux se retrouvent et à la fin de la journée ils se réunissent, ils boivent du thé ensemble et ils bavardent. Ainsi, nous avons cette pratique pour la population Kurde ainsi que d'autres groupes ethniques qui vivent avec nous. »

Tous ces récits de vie de gens déplacés à Tarlabaşı, population qui a été soumise à des

traitements profondément traumatisants et qui a laissé des traces inoubliables sur l’inconscient

des individus, nous a donné des informations sur les considérations des souvenirs censurés et

opprimés concernant la construction de leur propre région.

2.2.L’intériorisation du pouvoir étatique

Dans le système étatique classique de l‘empire ottoman, l'essence de la relation entre

le centre et la périphérie signifiait une relation articulatoire plus qu'une relation exclusif.

Lorsque les tentatives d'occidentalisation ont détruit la politique ottomane classique, on

pourrait remarquer une mise sous tension de la relation entre le centre et la périphérie dans

l'Empire ottoman. Pour construire un empire ottoman modernisé, le projet de centralisation

jouait un rôle important conduisant une corruption de la structure administrative précédente

qui avait permis aux communautés ethniques, religieuses et culturelles de la périphérie

d’exister. Les tentatives d'occidentalisation de l'État ottoman avaient comme résultat

inévitable une répression de la périphérie afin d’imposer les décisions du centre.73

De plus, cette corruption de l'administration ottomane a accordé avec une croissance

du sentiment de nationalisme en Europe, provoquant un séparatisme ethnique qui a conduit à

une érosion de politique ottomane classique. Ainsi, l’augmentation de sentiment nationaliste

parmi des groupes ethniques différents a suscité un nationalisme turc qui, au fils du temps,

c’est révélé être un composant constitutif d’un discours de l’État turc émergent.74Ainsi, dans

les années 1920 et les années 1930, au cours de la période pré républicaine, les révoltes de

Kemalists soutenant ce nationalisme turc ont conduit une naissance de lutte armée parmi les

Kurdes évoquant eux la formation d’une mémoire collective de la communauté Kurde en

Turquie.75

73Mesut Yeğen (1996) « The Turkish state discourse and the exclusion of Kurdish identity », Journal of Contemporary History, Vol. 34, No. 4 (Oct., 1999), p.557-558. 74Ibid, p.558-559. 75 Bozarslan, Hamit (2000) Why The Armed Struggle? Understanding the violence in Kurdistan of Turkey. In F. Ibrahim & G. Gürbey (eds) The Kurdish Conflict in Turkey. New York: St Martin’s, p.19

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L'État turc a été défini, par la fondation de la république turque en 1923, comme une

république dont sa religion était l'Islam et sa langue officielle était le turque. À ce moment-là,

il y avait encore un champ pour l'inclusion des populations qui ne se sont pas considérés

ethniquement comme turc, mais dans les années suivantes, cela est devenu clair que les

kurdes politisé étaient perdant dans le discours d'État. La violence armée dans le sud-est du

pays, surtout dans les années 1990, ce que nous essayons d’approfondir, est apparu dans un

contexte politique où historiquement les Kurdes étaient considérés par l’État comme des turcs

inférieurs, déficients. C’est pourquoi, dans le discours de l’État turc, « la question Kurde a été

identifiée comme une opposition du passé contre le présent, de la tradition contre la modernité

et comme la résistance politique et économique de la périphérie contre l’intégration

nationale ».76

En conséquence, ce « nouveau régime » a tenté de transformer la Turquie en un État-

nation et a considéré les minorités comme un obstacle pour homogénéiser le pays. C’est pour

cela que l’État turc a essayé d’imposer une langue nationale. Ainsi, les kurdes, qui avaient

autrefois fait partie de la majorité Musulmane dominante dans le pays, se sont transformé en

une minorité qui manquait un statut juridique pour prendre leurs droits humains.77

En outre, l’État turc a mentionné la dispute du projet de création d’un État occidental,

national, central et séculaire contre la résistance de religion, la périphérie et la tradition à

chaque fois qu’il a parlé de la question kurde, ainsi, on peut fidèlement conclure que l’identité

kurde demeure comme victime dans cette dispute. De ce point de vue, on voit que le discours

de l’État turc, en réalité, s’exprime clairement par une pratique d’exclusion de l’identité kurde

de Turquie plutôt que sa dissimulation.78 Ainsi, l’adoption du pluralisme politique en 1946,

suivant les principes fondateur de Mustafa Kemal, ne pouvait aller de pair qu’avec une

protection de l’Etat par l’armé afin de maintenir l’idéologie kémaliste ou néo-kémaliste quant

à la question Kurde.79. Alors, au début des années 1980, le conduit de l’armée a aggravé

intensément la question kurde en positionnant la population kurde dans une répression

76 Yeğen, « The Turkish state discourse... », p. 567-568 77 Bozarslan, Why The Armed Struggle?..., p.23 78Yeğen, « The Turkish state discourse... », p.568 79Bozarslan, Why The Armed Struggle?..., p.20

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croissante et assimilante.80 Et cette doctrine officielle de l'État de Kemalism est évidemment

renforcée dans les années 1990 par l'armée pour créer une puissance légitime.81

Donc, plus, les attentes d’intégration sociale et politique de la population kurde dans

l’espace turc sont rejetés par l’État central, plus d’agents sont poussés violemment aux modes

clandestins de l'action par le biais de violence du PKK et cette violence est le résultat de cette

contrainte forte de l'État turc.82 Un habitant de Tarlabaşı qui vient de Mardin nous raconte :

« Les turcs nous disent qu'ils font des investissements au sud-est de la Turquie mais que le PKK les empêche de continuer. Je leur demande de venir et faire leurs investissements alors, nous pouvons descendre les montagnes après. Mais ils veulent faire des barrages au lieu de faire des écoles, des hôpitaux, des universités, des routes etc. Le PKK n'est pas tout à fait contre ça. C'est pourquoi le PKK s'est rebellé depuis longtemps dans ce pays. Ils ne se demandent pas cette question. Aujourd'hui, quand ils vont se coucher, ils ne se demandent pas pourquoi le PKK s'est formé. Ils disent que le PKK est une organisation terroriste. Les gens qui sont dans des montagnes sont notre peuple; tout ce que le PKK fait n'est pas lié avec des actes terroristes. Ça veut dire seulement une quête de la justice. Et cette recherche pour la justice ne peut pas se réaliser par des armes à feu, mais il peut seulement arriver par la politique et par le crayon à papier. Mais si vous ne permettez pas au peuple de faire cela, le peuple Kurde ne peut pas descendre de montagnes. Je connais très bien ces montagnes, ceci est ma propre géographie. Quelqu’un ne peut jamais avoir peur de sa terre. Vous torturez les pères, les mères, les frères et les sœurs du peuple et ensuite vous vous demandez pourquoi ces gens sont dans des montagnes! Le gouvernement turc ne s'accorde pas avec le PKK pour empêcher les gens de descendre des montagnes. Voyez-vous le parti de BDP (Partie pour la paix et la démocratie) dans l'assemblée faisant de la politique ? Avez-vous vu un parti d'opposition qui accepte le parti Kurde et ses délégués et qui s’interroge sur les raisons qui poussent le peuple Kurde à montrer dans les montagnes ? Ou avez-vous entendu le gouvernement qui disait ce qu'il pourrait faire pour ne pas laisser les gens aller aux montagnes ? »

Alors, on pourrait conclure qu’une contrainte forte par l’État turc et ses réponses

violentes par les Kurdes, indiquant les aspects complémentaires des décisions et des contrôles

d'espace politiques, contribuent en tout à constituer une mémoire collective.83 Plus tard, à la

suite de l'initiative de l'AKP (Partie de la Justice et du Développement) bouillant la violence

ethnique entre les non-Kurdes et les Kurdes, a également mené une continuation de la

question kurde et beaucoup de Kurdes estimaient qu’aucune évolution positive de la question

80H.J. Barkey et G.F. Fuller, G. F., 1998, Turkey's Kurdish Question: Critical Turning Points and Missed Opportunities, Middle East Journal, Vol. 51, No. 1 (Winter, 1997), p.73 81Bozarslan, Why The Armed Struggle?..., p.20 82Ibid, 25. 83Ibid, 27

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kurde n’était possible dans un avenir proche.84 Beaucoup d’entre eux connaissent des craintes

quant aux initiatives de l’AKP en faisant référence au massacre de Roboski85 :

« J’ai regardé la télévision hier, il montrait les enfants qui ont été tués à Roboski, il y avait des journalistes à télé… C’est très triste, très grave, je ne sais pas qu'est-ce que je peux dire. Bref, nous étions soumis à beaucoup de violence, d’oppressions et de tortures par le gouvernement turc. J'ai été témoin de tous. Nous aimons bien notre gouvernement tant qu'il nous aime bien. Nous ne sommes pas contre le gouvernement turc mais nous voulons qu’il nous reconnaisse et qu’il nous rappelle. Le gouvernement turc pourrait dire qu'il a une population Kurde dans ses territoires. Cependant, le premier ministre n’en dit pas un mot! Il parle que pour lui-même et pour son propre peuple. Et ces gens sont ceux qui prennent des spaghettis de lui. Le gouvernement donne de l'argent, il y a des députés Kurdes aussi qui font ça. Mais s'ils étaient de vrais Kurdes, ils s'y opposeraient et ils ne pourraient pas l'accepter. Ceci est le gouvernement qui l’a fait et il est responsable de ce massacre de Roboski. Autrement, qui peut faire quelque chose comme ça ? Le premier ministre a donné des ordres; l'avion était là parce que le gouvernement voulait que ça soit là. Le Premier ministre est responsable de cela et il en devra rendre des comptes! Peut-être pas aujourd'hui, mais demain il le fera. Il n'y a pas quelques personnes Kurdes dans ce pays. Il y a cent quatre-vingt mille personnes détenues qui se sont engagées en politique comme étudiants, journalistes, députés etc. et qui sont en prison. Le travail de ce gouvernement (référant à AKP) est de tuer et de détenir le peuple. Il arrête les gens qui exigent de la justice, qui veulent la paix du gouvernement pour empêcher ce massacre … Il y a trente-cinq maires de BDP qui sont en prison maintenant ! Je demande au gouvernement, qui a voté pour ces maires dans ce pays ? Le père du premier ministre n'a pas voté bien sûr. »

D’après Geerse, on peut définir la répression des kurdes par l’État turc, comme

l’action d’un père cruel qui bat ses enfants pour se faire obéir 86 Un autre habitant, qui vient

de Mardin aussi, nous raconte les tentatives de l’État pour faire entrer les paysans de force

dans la milice au cours du conflit armée entre le PKK et le gouvernement turc. Ils distinguent

la fonction de l’État sur les corps en Europe et en Turquie :

« En Europe, l'Etat existe pour les individus. Cependant, chez nous, c'est exactement l’inverse, autrement dit, les individus existent pour l'Etat. Ainsi, dans ce pays, les individus sont insignifiants, vous devez obéir et servir à l'Etat. Par exemple, un homme force un paysan pour le faire korucu (milice) et le paysan ne l'accepte pas. Pourquoi ce paysan serait un membre de la milice ? Ils pensent que les enrôlements forcés des paysans dans les milices permettront de les assimiler à la nation turque. Ils ont envie de voir des paysans comme milices parce que l'Etat ne veut s’expose à aucun risque. Soit l’armée dirige des paysans pour faire des entrer dans la milice, soit l’Etat force les paysans à quitter leurs villages. L’Etat essaie de mettre quelqu'un contre quelqu'un. Un guérillero est Kurde et un korucu (milice) est également Kurde. »

84Geerse, p.7 85 Le 28 décembre 2011, au cours du bombardement de l’aviation turque contre le village de Roboski à Uludere, dans la région de Sirnak, 34 kurdes, en majorité des enfants, on été tué. Quelques articles des journaux sur le sujet : « Massacre d’Uludere : Je vais te présenter ces morts que tu as assassinés – lettre de Welat Encü », Yollar Blog, Le Monde, le 8 janvier 2012. Accessible : http://yollar.blog.lemonde.fr/2012/01/08/massacre-d%E2%80%99uludere-je-vais-te-presenter-ces-morts-que-tu-as-assassines-lettre-de-welat-encu/. Jean Marcou, Uludere, le dossier noir kurde de l’AKP?, Observatoire de la vie politique turque, le 30 décembre 2012. Accessible : http://ovipot.hypotheses.org/8223 86 Geerse, p.48

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En outre, les autres expliquent aussi que l’utilisation de la force par l’armée pour

enrôler les paysannes dans milices était flagrante dans le discours de l’État turc au cours du

conflit :

« Il y avait des bombardements dans le village. Les gens ont été forcés de rester dans les cavernes à minuit. Finalement, ils ne pouvaient pas tolérer un tel comportement et, le village a été entièrement évacué. Ils nous forçaient à devenir korucu ou ils nous donnaient de l’ordre de quitter notre village. Ils nous disaient ceux-là carrément. Alors, les gens ont demandé contre qui ils seraient s’ils entraient dans la milice. Donc, les gens se sont déplacés et le village a été évacué. »

Encore, ils nous racontent la force et la brutalité de l’État turc qui conduisait à un

massacre important de la population kurde innocente au cours du conflit armé avec le PKK :

« Il y a un quartier à Diyarbakir qui s’appelle Tunceli. Je suis allé là il y a huit ou neuf ans. Quand j'étais là, un des voisins de mes parents était dans les montagnes pour mettre ses moutons au pâturage. Et son frère était avec lui à ce moment-là. Pendant qu’ils faisaient leur travail, un soldat vient et tue un des frères qu’il considère comme un terroriste. Après, depuis qu’il s'occupait son mouton, les militaires ont compris que la personne morte n’était qu’un berger, lui a alors mis une arme à feu dans les mains. Ainsi, dans les journaux, il y avait un gros titre comme ‘un terroriste de PKK retrouvé mort avec une arme à feu dans sa main’. Je vous jure que cette personne était un berger. Bref, j'ai entendu beaucoup de choses comme ça, c'est juste un exemple, j'ai été témoin des choses comme ça beaucoup. »

Selon Murat Paker, depuis des années 1980, plus de cinq millions de personnes ont été

brutalement touchées par la violence de l'État turc. Et si on ajoute les personnes proches de

ceux qui ont été menacé, torturé, disparu et tué, le chiffre des personnes touchées par la

violence d’État dépasse au moins 15 millions de personnes en Turquie. De plus, plusieurs

milliers de soldats qui se sont battus dans le sud-est de la Turquie et plusieurs milliers de

personnes qui ont torturé et tué des détenus ne sont pas inclus dans ce chiffre.87 Ainsi, on

pourrait fidèlement conclure que ces chiffres fournissent une évaluation apparente du

traumatisme psychologique de la population kurde en Turquie après les années 1980. Et cela

s’amplifie dans les années 1990 au cours du conflit armé entre le PKK et le gouvernement

turc, qui a mené à une articulation entre mémoire individuelle et mémoire collective.

D’ailleurs, les habitants de Tarlabaşı se plaignent de la répression de la langue kurde dans

tous les domaines de vie sociale à İstanbul, surtout dans les médias, donc les récits de vie

concernant l’intériorisation du pouvoir étatique et la violence sont extrêmement visibles. Ils

veulent voir leurs enfants connaitre leur langue maternelle, à savoir, le kurde :

« Par exemple, j'ai un enfant qui va à l'école. Qu’est-ce qui peut arriver s'il apprend le kurde à l'école ? Quoi ? Il peut apprendre l'anglais, l'allemand aussi bien que le français … Mais en même temps, il veut apprendre le kurde avec le turc. Je suis Kurde, je suis Zaza. Un autre dira qu’il est

87Murat Paker (2007) « Psiko-PolitikYüzleşmeler » Istanbul: Birikim Yayınları. [Les confrontations psycho-politiques]. p.19

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Laz, un autre dira qu’il est le gitan, un autre dira qu’il est Çerkez, un autre dira qu’il est Abaza. Ainsi, laissez-les apprendre ce qu’ils veulent. Avons-nous peur d'apprendre dans ce pays ? Il y a des chaînes comme le canal 7, şeş TV … Şeş TV est la chaîne sans valeur, le peuple Kurde ne le regarde pas du tout. Pourquoi ils ne le regardent pas ? Parce que le gouvernement met ses propres artistes qu'il a choisis dans cette chaîne, les gens kurdes ne peuvent pas mettre leurs artistes à cette chaîne. En outre, ils ont mis une statue en hommage à ŞivanPerver (un musicien kurde) dans ma ville d’origine, à Siverek. Je veux écouter des chansons de cet homme. Je sais que cet homme n'a aucun rapport avec le PKK et d'autres organisations terroristes. Il habite à l'étranger. Aussi, il y a une autre chanteuse qui s’appelle Dilan, vous ne pouvez pas voir Dilan également dans ces chaînes. Le gouvernement met qu’il veut voir là, on ne croit pas que la presse s’exprime l’objectivité dans ce pays. »

Encore, ils se plaignent de l’hypocrisie du média qui divise, chez eux, la société en

fragments :

« Je viens de Siirt, quand j’habitais là-bas, il y avait aussi des habitants turcs. Autrefois, un jeune garçon et sa femme venaient et ils étaient en train d'aller à Sirnak. J'ai remarqué qu'ils étaient étrangés donc je l'ai accueilli chez moi. Ils avaient peur à ce moment-là, ils avaient peur que les autorités ne viennent le tuer. Ainsi, je leur disais qu'ils ne pourraient pas aller n'importe où et qu’ils étaient mes invités depuis un certain temps. Sa femme lui disait qu'elle avait peur de moi, mais son mari lui disait que tout irait bien, parce qu'il remarquait que j'étais un personne qui ne pourrait faire du mal. Ainsi, ils restèrent chez moi pendant deux ou trois jours. Je les aidais et ils étaient assez confortables. Je leur disais que si quelque chose de mal leur arrivaient, je serais derrière eux. Ils étaient si content quand je le disais. Nous sommes des personnes comme ça, les gens qui viennent de l'est pensent comme ça. Quand vous regardez la télévision, vous voyez la crainte de la terreur. Il n'y a pas une chose comme telle. Tous cela sont des mensonges! Si vous regardez la télévision, vous croyez que les populations turques et kurdes ne peuvent pas être amies, ils peuvent seulement être des ennemis. Tout cela n’est que mensonges! Les médias racontent des mensonges, ils ne disent pas la vérité. Je regarde la télé kurde ainsi qu'arabe. Je comprends un petit arabe. J'observe des chaînes d’européennes aussi. Dans l’ensemble, j'observe beaucoup pour comprendre quelque chose. Mais le plus incertain et non véridique est le média turc. Ne serait-il pas mieux si nous disons des choses justes l'un l'autre ? Par exemple, un accident a lieu, beyaz TV dit qu’il y a quatre personnes dans la voiture, trois d'entre eux sont extrêmement blessés et un est dans le coma. D'autre part, flash TV dit que trois d'entre eux sont légèrement blessés et l'autre est dans l’unité de soins intensifs. Finalement, atv dit que trois d'entre eux ont petites égratignures et l'autre est mort. Pour l'amour de Dieu! C’est la même voiture, c’est mêmes gens… Cependant, au final deux personnes meurent. Ainsi, qu'est-ce qui est arrivé ? Deux personnes sont mortes mais personne ne le savait. Ce ne sont que des mensonges. »

Les Kurdes demandent l’accès à l’égalité et ils veulent respirer :

« Les kurdes n'ont jamais exigé un Etat indépendant tout au long de leur propre histoire dans le territoire turc. Aujourd'hui, personne ne parle de l'Etat de Sumer d’avant Jésus-Christ. Les kurdes dans la période de l'Etat Sumérien n'ont pas été impliqués dans les affaires d'Etat. Ils se sont déplacés en dessous et au dessus de la Mésopotamie où les guérilleros habitent aujourd'hui et où ils continuaient leur vie là, dans les montagnes. Si vous entendez dire que les Kurdes veulent un état indépendant, un Kurdistan ou quoi que ce soit d'autre. Parce que, comme je vous ai dit qu'ils n'ont jamais exigé d'un Etat libre dans l'histoire. Ainsi, pourquoi en voudraient-ils un aujourd'hui ? Ils veulent seulement vivre leur propre culture dans leurs propres territoires, ils veulent grandir et élever leurs enfants avec leur propre langue. Ils sont contre le gouvernement s’il n’accède pas à ces demandes. Bref, les Kurdes le veulent. Aujourd'hui, tout le monde peut apprendre facilement l'anglais, le français, l'allemand etc. en Turquie ; mais quand les Kurdes veulent parler leur langue maternelle, le gouvernement turc les considère aucunement. »

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De plus, les parties d’oppositions, selon eux, ne sont pas remarquables et ne jouent pas

un rôle important si la question kurde n’existe pas en Turquie :

« Je ne peux pas voir des partis d'oppositions dans la politique turque à moins que la question Kurde n'existe. Pourquoi ? Parce que quand vous regardez le CHP (Parti Républicain du peuple), il dure à travers son discours de terreur, il prend des votes du peuple à cause de cela. Ils ont peur si le pays se divise. Nous connaissons tous le MHP et son discours agressif, c'est fasciste! Et si nous nous focalisons sur l’AKP … Savez-vous pourquoi l’AKP est resté au pouvoir pendant trois périodes ? Parce que le peuple pensait peut-être qu'il pourrait résoudre le problème Kurde. »

Le terme de Turkification créé par l’Etat turc ou la république turque exclut les kurdes,

on se s’occupe pas de leurs craintes mais ils sont toujours soumis à l’assimilation. Donc, la

politique de Turkification ou les tentatives d’assimiler des autres groupes ethnique qui ne sont

pas turc en Turquie, n'ont pas pu convaincre les kurdes que le problème pourrait résoudre par

le processus de Turkification.88 Un autre habitant kurde de Tarlabaşı nous raconte les

difficultés qu’il a rencontrées au quartier en s’adressant à l’État turc et les tentatives de celui-

ci pour opprimer la population kurde en générale dans ce pays :

« Il y a une masse, appelée Kirmançi, qui venait de la partie du sud-est de la Turquie. Le but du gouvernement était de supprimer cette masse à Tarlabasi aussi. Le gouvernement ne peut pas prend assez de votes ici, quand les gens se réunissent, le gouvernement ne veut pas les voir collectivement organisé. Autrement dit, le gouvernement ne veut pas nous voir exiger nos droits humains et notre liberté. Il y a des choses comme ça, je vous le dis pour vous fassiez attention à eux. Il est kurde, elle est kurde, une autre personne qui s’est assise là-bas est Kurde aussi. Regardez, vous venez ici et vous nous écoutez; nous ne sommes pas des barbares, des bandits ou des terroristes. Nous sommes des individus. Nous exigeons notre justice. Nous exigeons la justice parce que nous pensons que cela représente notre droit principal. »

Certains d’entre eux pensent qu’ils ont raison de lutter pour leur liberté :

« Ils ont essayé d’exiler les Kurdes dans ce pays, ils ont essayé de nous dédaigner, ils ont essayé de nous assimiler dans des pensées d'esclavage, mais les kurdes n’ont pas laissé facilement leur culture et la langue partir, ils les ont fait connaitre à la société turque. Ils expliquent que la langue kurde est barbare, brutal et grossier dans des opérations KCK (Union des communautés kurdes); ils disent que c'est une langue non identifiée. Alors, je leurs demande! Si la langue Kurde est une langue non identifiée, pourquoi vivent-ils les gens à dans ces territoires ? »

D’ailleurs, les habitants kurdes soulignent que l’État turc ne veut pas voir

l’engagement de la population kurde en politique à Tarlabaşı :

« Quand la jeunesse Kurde a été arrêtée à cause de ses engagement en politique, les autorités turques leur disaient toujours de voler et choper. Ils les empêchaient de participer aux activités politiques. Encore, les protestataires ayant la permission de distribuer des affiches et des proclamations, étaient capturés par les policiers même s’ils étaient innocents. Pendant le newroz (la fête de premier jour du printemps) et les réunions, quand nous distribuons des affiches ayant la permission de le faire, ils nous capturaient brutalement. Ils nous disaient ‘Ne faites pas attention à la politique, allez juste, volez et chopez ! Qu'est-ce que vous allez faire avec la politique ?’ »

88 Hamit Bozarslan. Political Crisis and the Kurdish Issue in Turkey.Robert Olson (ed.), The Kurdish Nationalist Movement in the 1990s: Its Impact on Turkey and the Middle East. Lexington, KY: University of Kentucky Press, 1996, p.138

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Et puis, les habitants nous disent qu’ils étaient soumis une brutalité considérable par

les policiers quand ils étaient arrivés à Tarlabaşı pour la première fois et plus important

encore, ce que le gouvernement essaie de mettre en pratique maintenant, chez eux, est tout à

fait semblable ce qui se passait déjà dans leur villes d’origine dans les années 1990 à l’issue

du conflit armé entre le gouvernement turc et le PKK :

« Lorsque nous sommes venus pour la première fois à Istanbul, les policiers nous traitaient brutalement. Afin d’arriver à Tarlabasi de Taksim, il y avait au moins dix policiers qui nous poursuivaient et qui nous interrogeaient particulièrement entre les années 2005 et 2006. Cependant, aujourd'hui Tarlabasi est tout à fait différent, je suis plus content maintenant, donc ce n'est pas comme il était avant. Ici, à Tarlabasi, les policiers voulaient voir plus des voleurs parce qu’ils ne voulaient pas voir des habitants qui pourraient s’engager en politique. Ils essayent de décomposer et de démonter des habitants ou habitation ici. Pourquoi ? Parce qu'ils veulent distinguer des kurdes ici pour que les bourgeoisies puissent s'installer à Tarlabaşı. Nous vivons dans dans une période difficile à Tarlabaşı; les pauvres peuvent ni s'installer ni louer une maison désormais. Il y a cette crainte de nouveau la même que celle à laquelle nous faisons face dans notre village. Il semble qu'ils ne prennent pas en compte les habitants de Tarlabaşı comme ils le faisaient dans notre village auparavant. Ici, il aura lieu un déplacement forcé aussi comme ça passait dans les années 1990 dans nos villages. Au final, nous allons aller soit à nos villages soit à une autre ville. Ainsi, une nouvelle sorte de guerre aura lieu; ils nous enverront à nos villages ou à une autre ville. Dieu nous sauve de la mort, qu’est-ce que je peux dire ? »

En outre, les habitants de Tarlabaşı expliquent que le pouvoir étatique de l’AKP

signifie une réclamation considérable autours du pays en concernant les événements qui a eu

lieu dans une université à Ankara89 ainsi que les forces brutales par les policiers contre des

étudiants dans le campus de cette université :

« Par exemple, les événements qui ont eu lieu à l’ODTÜ … Cet homme (référant au premier ministre) entre à l'université avec trois milliers des policiers! Il y a un grand flux d'argent dans ce pays, mais nous ne connaissons pas encore où cet argent va. Ainsi, nous demandons ça! Le premier ministre privatisait des ponts, des routes, de l'industrie sidérurgique etc. Où cet argent est-il allé ? À son fils, à son gendre bien sûr... Nous ne recevons pas d'argent de lui, il prend tout l'argent sans réfléchir à son propre peuple. »

« Vous saviez cette rébellion qui a eu lieu à l’ODTÜ par des étudiants. Vous voyez, des milliers de policiers ont eu la permission d’attaquer les étudiants avec des gazes lacrymogènes. Cependant, les étudiants protestaient principalement à propos ce qui arrivait dans ce pays à ce moment là, c’est leurs droits de manifester contre le gouvernement. Nous avons tous notre mot à dire ! Mais, le gouvernement mettait beaucoup de policiers comme il l’a fait en massacrant le peuple à l’Hotel Madimak90 à Sivas dans les années 1990. Ceci est juste une résistance et rien ne change puisque le gouvernement a ce pouvoir fort dans ce pays. »

Encore, un habitant kurde nous raconte l’histoire d’Erdoğan :

« Demandez-moi qui est Erdogan! Vous connaissez Erdogan ? Son père avait un restaurant, il mangeait du pain avec le foie et il leur vendait. Et qui était Tayyip ? Il vient de Kasimpasa, Kocaeli … Il n’était pas accepté pour faire partie de l'équipe de jeunesse de football de Kocaeli et

89 Pour plus info, voir; Sophie Gauthier, Les manifestations de l’université technique du Moyen Orient (ODTÜ), résistance et désillusions d’une « jeunesse progressiste ». Observatoire de la vie politique turque, 24 Janvier 2013, Accessible : http://ovipot.hypotheses.org/8334 90 Le massacre de Sivas qui a eu lieu le 2 juillet 1993 dans la région de l’Anatolie centrale de la Turquie suscitant la mort de 37 personnes dont 33 étaient des alévis.

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ensuite il jouait dans l'équipe inférieure de football de Kasimpasa. De plus, son père conduisait un taxi commercial et gagnait de l'argent pour s'occuper de ses enfants. Tayyip n'est pas un homme qui était plus riche auparavant, et qui est devenu le premier président ensuite. Il était même un homme ivre! Il buvait du vin aussi. Il ne peut pas se mettre devant moi en disant qu'il ne buvait pas d’alcool. Maintenant, il parle de la religion et Kur'an. Personne ici n'est déloyal à Tarlabaşı. L'arménien croit en Dieu, le juif croit en Dieu aussi bien que les kurdes et les turcs. Aujourd’hui, Tayyip dit que les nationalistes font ça, BDP fait ça etc. Qu’est-ce que vous avez fait pour l'amour de Dieu ? L’AKP a fait des routes, des asphaltes et il a fait des autoroutes en mettant des cabines de péage à l'entrée de celles-ci. Pourquoi ? Il essaye de construire le troisième pont à Istanbul, mais pourquoi ? Parce qu'il prendra de l'argent, il ne fait pas quelque chose quand il n'y a aucun retour d'argent. »

Certains d’entre eux pensent qu’ils connaissent très bien ce que le gouvernement

essaie de faire quand ils comparent le pouvoir actuel (AKP) avec le system dans l’Empire

Ottoman :

« Je ne sais pas vraiment ce que ce gouvernement fera. Cela dépend des décisions du grand mufti comme dans l'Empire ottoman. Et le grand mufti s’appelle, vous savez, notre Fethullah91 hoca, et quelque chose arrivera quand il donne des fatwas. Regardez, maintenant il y a un système Ottoman qui dirige dans ce pays, le sultan est Recep Tayyip Erdogan, le grand vizir est Bülent Arinç92 et les autres sont les assistants des vizirs. Et le grand mufti habite aux États-Unis et ce gouvernement prend fatwa de là. »

« Comme je vous ai dit, dans ce pays il y a un système ottoman, ce gouvernement (référence à l’AKP) a apporté un système de fidélité. Dans l'Empire ottoman, ils donnaient les nourritures au peuple et pour cela, ils ouvraient des cuisines pour que le peuple n’eut pas faim, mais il n y avait pas d’offres d'emploi. Maintenant, vous devez aller à la circonscription administrative et dire que vous êtes pauvres et on vous donne deux boîtes de vivres, dix sacs de charbon ou cent livres turques par mois. Et maintenant, ce que nous voyons c’est que les circonscriptions administratives sont devenus des cuisines, vous pouvez prendre deux kilos de boulgour ou trois kilos de haricots par mois en demandant à la circonscription administrative. Alors, ils donnent quelque chose à tout le monde. Par exemple, disons que vous ayez un enfant handicapé, ils vous donnent cent ou deux cents livres turques par mois, mais ils ne vous offrent pas d'emploi. Seulement si vous êtes chômeurs et que vous avez un enfant handicapé, vous pouvez profiter d'aides. Mais, quand vous prenez quelques choses de quelqu'un, ces personnes croient pouvoir vous dicter aussi. Tant que je vous donne quelque chose, je peux vous dominer. Pourquoi les États-Unis nous ont-ils gouvernés pendant des années et nous ne disions rien et nous leur obéissions ? Parce que, nous prenions toujours quelques choses des États-Unis. Un homme ne vous offre pas d’emploi, mais il peut vous donner votre boulgour et lentille pour que vous ne puissiez pas avoir faim. Bref, il vous contrôle mais nous ne pouvons pas le comprendre et parler plus fort contre cela. Parce que, la rébellion n'est pas quelque chose immanente chez nous. »

De plus, ils affirment qu’après le coup d’État en 1980, beaucoup de chose a changé en

Turquie et les citoyens turcs ont commencé à croire plus au pouvoir de l’argent dans la

société :

« Par exemple, nous étions des enfants à ce moment-là, j'avais quinze ans dans les années 1970. Nous avions un but politique, nous n'avions pas d'espérances matérielles. Cependant, après le changement de politique, non dans les années 1980, les gouvernants étaient principalement tournés vers leurs propres intérêts, je veux dire que ce n'était plus pour transformer quelque chose dans ce pays. Après, le gouvernement a imposé l'amour d'argent des États-Unis ou des autres. Particulièrement, la génération après cette période a commencé à penser qu’une des priorités

91 Penseur musulman turc qui essaie d’enseigner un rapport d’Islam par des références modernisées d’un penseur musulman qui s’appelle Bediüzzaman Said Nursi. Actuellement, Fethullah Gülen habite aux États- Unis. 92 Actuellement, vice premier ministre de la Turquie dans la partie d’AKP.

50

dans la vie, c’est l'argent. Donc, ce n’est pas le Dieu maintenant, mais l’argent qui compte. L'amitié et la fraternité ne sont pas des priorités. Aujourd’hui, les gens désirent de l'argent. Je sais que pour vivre l'argent est nécessaire. Cependant, il ne devrait pas se révéler quelque chose à adorer, mais l'argent est devenu un objet à adoré dans notre pays. »

Aussi, ils pensent que les citoyens turcs qui habitent à l’ouest de la Turquie ne

connaissent pas bien la population qui vit au sud-est et à l’est de la Turquie parce que cette

population, pour eux, a été négligée simplement par l’État turc.

« Nous sommes venus à Tarlabasi à cause du conflit armé et de la pauvreté dans ma ville d’origine, à Agri. De plus, c'est toujours la terreur qui mène aux ennuis tout le temps. Le gouvernement turc n'a pas fait assez d'investissements dans la partie sud-est de la Turquie, les gens avaient peur de rester là à cause de la terreur. Maintenant, les gens peuvent partir en voyage en été aux villes comme Antalya, Izmir et Bodrum pendant les jours fériés. Mais ils ne vont pas au sud-est de la Turquie. Pourquoi ? Parce qu'ils ont peur d'y aller. Par exemple, j'ai vingt-neuf ans et je n’ai jamais vu Laz, Çerkez dans la partie de l’est de la Turquie. Je veux dire que je n’ai jamais été le témoin de leur présence dans la partie est et sud-est de la Turquie pour le voyage et pour s’amuser. »

Selon Bilici (2013), les Kurdes en Turquie peuvent seulement être considérer avec

égalité s’ils se présentent comme des Turcs. D’être Kurde s’exprime toujours en tant qu’une

entité inexistante dans ce pays et l’actuelle constitution turque ainsi que l'État ne reconnaît pas

les Kurdes comme une entité politique.93 Ayant effectué notre entretiens avec des habitants

kurdes dans un quartier populaire du centre-ville stambouliote, nous pouvons conclure que les

Kurdes sont politiquement traités par l'État turc comme la population qui crée des problèmes

et qui n’est pas reconnu en Turquie. De plus, quand les kurdes proclament leur identité kurde,

ils peuvent être accusés d’engagement politiques puisqu’aujourd'hui encore, le nationalisme

turc est officiellement célébré, tandis que le nationalisme Kurde est associé au séparatisme et

au terrorisme. C’est pour cela, nous pensons que l’intériorisation du pouvoir étatique par les

habitants du quartier Tarlabaşı signifie une crainte remarquable qui est le produit de

l’intériorisation forcé du pouvoir, et c’est un point important pour comprendre la question

Kurde en Turquie.

1.3. La rupture et la formation de l’identité

Par la violence visible, la censure de souvenirs pourrait être « directe » et « dure » ou

« indirecte » et « douce » pénétrant par exemple dans les systèmes d’éducation. En outre, le

système éducatif turc contribue à la création d'une ambiance hostile en Turquie, en ne tenant 93Mücahit Bilici. « Professor Mücahit Bilici: Post-PKK era willbe a Kurdishspring » Today’sZaman, 3 Mars 2013, Accessible: http://www.todayszaman.com/news-308599-professor-mucahit-bilici-post-pkk-era-will-be-a-kurdish-spring.html

51

pas compte depuis longtemps du fait que la langue maternelle de dizaines de milliers

d'écoliers est le kurde. Ainsi, ayant des caractéristiques indignes, les Kurdes déplacés sont

implicitement identifiés comme des Turcs faibles.94

C’est pour cela, la plupart des déplacés ont voulu travailler dans des emplois

régulièrement bien payés avec l'assurance, ils ont voulu devenir des propriétaires, ils ont

voulu être traités avec respect et dignité et de plus en plus de kurdes ont voulu un bon

enseignement pour eux ou pour leurs enfants. Mais les circonstances n’étaient pas

encourageantes pour que les déplacés garde leur langue vivante. Un habitant de Tarlabaşı

nous raconte :

« Je suis arrivé à Tarlabaşı en 1994 mais avant j’habitais à Aksaray. Est-ce que vous savez ce qui est arrivé quand j’étais à İstanbul pour la première fois ? J’étais avec mes amis et on était quatre jeunes garçons, dès que j’ai vu mes amis, j’ai été battu par des policiers parce que je parlais en kurde avec mes camarades alors qu’on était en train de prendre notre petit déjeuner. Ils nous demandaient instamment ce qu’on disait. » « En 2007, je me souviens qu’il a eu lieu un mouvement très fort à Tarlabaşı, c’était comme division entre la partie de l’est et de l’ouest de la Turquie. Quand j’étais en train de marcher dans la rue avec mes camarades, tout à coup, un mec qui venait de Trakya et qui était un immigré de Bulgarie ayant des émotions très nationales se fâchait comme des personnes qui crient en disant ’Vatan, millet, sakarya’ (Vive la patrie, vive la nation...) Donc, ce mec nous réagissait parce qu’on parlait en kurde entre nous. Après, on lui demandait d’où il venait et d’où il habitait. Cependant, si vous habitez à Tarlabaşı, ça veut dire que vous avez tout à fait un potentiel d’être coupable. »

D’autres nous disent qu’ils ont commencé à oublier leur langue maternelle petit à petit

après un certain temps ce qui signale une rupture de l’identité :

« Je viens de Şanlıurfa, Siverek. Je suis venu ici avec mon père et j’étais tout petit à ce moment-là. On vit dans la république turque et chacun a sa propre confession dans ce pays. Je suis Zaza, ma mère est Kırmançi, l’autre est Alevi etc. Mais quand on est arrivé à Tarlabaşı, je ne pouvais pas parler le turc. J’appris le turc en vivant ici à İstanbul et je trouve que je l’appris très bien. Même, j’ai commencé à oublié ma langue maternelle, à savoir le kurde, depuis que je ne le parle pas assez. »

De plus, certaines personnes nous disent les difficultés qu’ils ont rencontrées dans

l’apprentissage du turque dans leur village d’origine :

« Après je me suis installé chez mon oncle à Tarlabaşı, je ne suis pas allé à l’école Je ne connaissais pas le turc parce que je n’avais jamais appris le turc à l’école de mon village. Je n’avais aucune notion de la Turquie comme un pays ainsi que sur le turc comme une langue. On n’avait pas les moyens pour apprendre le turc dans notre village. De plus, la plupart de cours qu’on prenait à l’école se passait alors que les enseignants n’étaient présents. Croyez-moi, quand j’étais à l’école primaire, je n’appris rien sur la Turquie et sur la langue turc. De plus, il n’avait pas des cours en kurde dans l’école et notre existence n’intéressait personne. Les cours se passaient mais les enseignants n’étaient pas sérieux, la seule chose qui les intéressaient était leur salaries. Bref, les enseignants ne prenaient pas assez soin de nous, même ils ne venaient pas à l’école de temps en temps pour nous enseigner. On parlait chez nous, à la maison en kurde et

94 Geerse, p.46

52

quand les enseignants parlaient en turc, on ne comprenait rien à l’école parce qu’on parlait toujours en kurde dans notre vie quotidienne. A ce moment-là, les enseignants étaient tranquilles puisqu’ils ne voulaient pas travailler. On oubliait toutes les choses qu’on apprenait après l’école lorsqu’on était en train de rentrer chez nous au village. »

Aussi, comme nous l’avons indiqué ci-dessus, les déplacés demandaient régulièrement

à prendre des travails bien payés. Pourtant, l’identité des déplacés posait toujours un problème

sérieux afin de continuer leur travails :

« Autrefois, je travaillais au quartier de Çağlayan pendant trois semaines parce qu’il n’y avait évidemment pas des offres d’emplois à Tarlabaşı. Je faisais du repassage là. Personnes ne me rapprochaient rien en générale. Cependant, j’ai remarqué qu’un homme a été recruté au travail. Puisque je travaillais là bas pendant trois semaines, je lui disais bonjour et j’essayais de parler avec lui pour le contenter et pour ne pas laisser seul cet homme. Je lui demandais comment il s’appellerait et d’où il venait. Il me répondait qu’il venait de Şırnak et puis je lui demandais encore s’il voudrait déjeuner. Soudain, ce jeune homme me disait qu’un apprenti lui demandait s’il voudrait manger quelque chose. Alors, il me disait qu’il donnait un peu l’argent à l’apprenti pour qu’il put l’amener deux simit. Pourtant, ce nouveau travailleur me disait que l’apprenti apportait des simits à des personnes qui déjà les demandaient pour manger mais pas pour lui… Alors, j’appelais l’apprenti pour comprendre pourquoi il n’amenait pas des simits à ce nouveau travailleur. Vous savez ce qu’il m’a répondu. Il me disait puisque ce travailleur venait de Şırnak, il n’apportait pas des simits pour qu’il put manger. Et puis, je lui disais que je venais de Mardin, je voulais apprendre ce qu’il pensait exactement. Tout à coup, il tournait son visage vers moi, il ne croyait pas que je venais de Mardin parce qu’il pensait que je venais de Konya. Après une heure et demie, le patron venait et nous sommes démissionnés. Il nous disait qu’il ne voulait pas avoir des problèmes avec des ouvriers dans le travail. Je m’excuse mais je ne pourrais pas être soumis à l’endroit ou je pourrais condamner discrimination. Je me suis soumis à des discriminations beaucoup, c’est pour cela je suis contre ça ! » « Au moment où nous sommes venus à Tarlabaşı pour la première fois, les habitants étaient très différents ici. Quand je leur disais que je venais de Mardin, ils m’humiliaient en me demandant pourquoi j’habite à İstanbul. De plus, en 2001 et en 2003, quand je disais que je venais de Mardin, je ne pouvais pas trouver un travail. »

Afin de comprendre la violence de l’État turc contre la population kurde ainsi que sur

les autres groupes minoritaires en Turquie, on peut commencer à regarder une violence qui

devient dominante dans l'étroitesse du système politique turc ce qui ne reconnait pas des

identités comme des ressources légitimes. Donc, l’État essaie de manière insistante de

monopoliser la population en mettant en pratique une contrainte forte par le pouvoir central

pour éviter une crise qui pourrait avoir des effets pervers.95 Cependant, cette contrainte et

oppression qui avaient eu lieu dans les villages sur la langue kurde par le pouvoir étatique

sont encore bien exprimés dans les récits de vie qu’on a effectué avec les habitants de

Tarlabaşı, parce qu’ils pensent que cette répression censé éviter des crises, a conduit, au

contraire, à une rupture identitaire pour la population kurde et cela est devenu très difficile

pour eux d’oublier certaines souvenirs déjà existantes dans leurs esprits.

95Bozarslan, Why The Armed Struggle?..., p.30

53

Par exemple, un habitant nous dit qu’il a appris le turc lui-même et grâce au

mouvement kurde, donc, ce n’était pas l’État turc qui mettait ses propres efforts pour faire

apprendre le turc aux déplacés, parce que l’État turc, chez eux, était fortement oppressives et

brutal pour assimiler les déplacés par le moyen de l’apprentissage de langue turc dans l’école.

De plus, on devrait aussi souligner que la négligence des enseignants aux déplacés étaient

toujours présents :

« Quand j’étais à Konya, je comprenais le turc un peu. Bref, je n’ai jamais eu de problèmes lié à la langue. J’apprenais le turc dans les rues en parlant avec des enfants mais je n’avais aucune idée s’ils m’humiliaient avec des mots ou non. Je me souviens très bien, un jour j’essayais de mémoriser un mot turc parce que j’avais très envie de l’apprendre par cœur. Ainsi, j’apprenais le turc comme ça. Maintenant, je voyage en Turquie ainsi qu’au Kurdistan. Donc, je peux dire que je peux mieux parler le turc que des autres turques. Je peux comprendre certaines choses tandis que même les turcs ne les comprennent pas. Je peux faire de la politique bien contre l’esprit de tyrannie turque. Vous voyez, à l’école dans notre village, les enseignants écrivaient les mots turcs au tableau et ils partaient tout de suite. Ils n’avaient pas envie de nous enseigner quelque chose bien. En finissant l’école primaire, je ne pouvais même pas écrire mon nom et mon prénom parce que je ne comprenais rien à l’école... Les enseignants écrivaient les mots turcs au tableau et après on avait l’habitude de les copier. C’était tout ! Je ne connaissais pas comment les élèves se passaient des examens. Au moment où j’ai fini le collège, je ne pouvais ni parler ni écrire correctement en turc et à la fin de l’année scolaire, les enseignants nous donnaient les bulletins scolaires avec écrits très bon, bon, pas mal pour tous les séminaires qu’on prenait. Mais après un certain temps, je commençais à passer plus de temps avec des gens qui étaient engagés en politique kurde et j’appris le turc bien. Depuis que je lis et écris beaucoup en turc. Ainsi, grâce au mouvement kurde, j’ai commencé à défendre par mes propres moyens. Ce ne s’est pas réalisé par le biais des efforts du gouvernement turc. Alors, je veux souligner que c’était grâce au mouvement kurde qui me conduisait à dire mes mots. Je ne peux pas nier ça et je l’exprime partout. »

Certaines d’entre eux nous racontent qu’ils veulent parler la langue kurde librement en

Turquie, cependant les efforts de l’État turc et du premier ministre pour empêcher la

population kurde de s’exprimer, démontrent un pessimisme pour la question kurde en

Turquie :

« Je regardais récemment à la télévision ce que Tayyip disait. Il pense que des personnes qui sont contre le gouvernement turc et qui n’aiment pas son parti pourraient partir à l’étranger. Nous sommes d’accord avec la religion pour dire que nous sommes frères Musulmans, cependant la langue… Nous acceptons que nous vivions dans la république turque ayant une identité de ce pays et nous acceptions la seule religion qu’on partage tous ensemble. Mais le premier ministre ne nous reconnais pas parce qu’il n’accepte pas notre langue. Je veux dire que suis Kırmançi mais je ne peux pas le faire depuis que nous ne sommes pas reconnus dans ce pays. »

D’autres personnes se plaignent de la difficulté d’apprendre le turc au moment où ils

sont arrivés à İstanbul :

« Nous nous sommes déplacés à Tarlabaşı en 1998, avant on habitait à Batman. Evidemment parce qu’on n’avait rien à faire et à cause des difficultés pour trouver un emploi dans notre ville d’origine, nous sommes venus ici. A ce moment-la, il n’y avait pas autant de kurde à Tarlabasi qu’aujourd’hui. En générale, les gitans et les immigrés Africaines habitaient ici. Au début, j’avais du mal à m’adapter à Tarlabaşı car on parlait toujours avec nos parents et nos amis dans notre

54

village en kurde. Naturellement, on ne comprenait pas le turc dans notre village. Ainsi, je peux dire que j’ai commencé à m’habituer à Tarlabaşı après un certain temps. »

De plus, les jeunes habitants s’expriment toujours leur volontés d’apprendre

correctement leur langue maternelle même si ce n’était pas possible à l’extérieure de la

maison :

« Pour la première fois quand nous sommes venus à Tarlabaşı, ayant grandi avec les turcs ici, on ne connaissait pas le kurde, mais je trouve que c’est la faute de nos parents. Donc, on apprenait le kurde en le parlant avec nos parents à la maison. Quand on arrivait ici, il y avait beaucoup de kurdes, par exemple, il y avait un enfant qui nous humiliait en kurde et on ne comprenait rien. Ainsi, on allait au centre culture de Mezopotamya afin d’apprendre le kurde. »

En Turquie, Kemalism peut être défini comme une doctrine presque religieuse imposé

par la constitution turque.96 Un habitant pense que ce qui fait peser une menace croissante sur

l’identité kurde en Turquie sont des kemalistes qui tentent de faire taire des minorités

existantes dans ce pays :

« Notre identité est toujours menacée dans ce pays et ceux qui la mettent en danger et qui ne soutiennent pas de la paix en Kurdistan sont des Kemalists. Encore, la société turque a encore envie de supprimer, tuer et torturer les Alevis, les Kurdes etc. Il y a des personnes qui pensent à gagner plus d’argent avec le commerce des armes. Cependant, nous sommes contre cela, nous continuions notre slogan afin de faire gagner l’humanité. »

Analysant tous ensemble les entretiens effectués sur l’identité ethnique, on pourrait

remarquer deux types de ruptures pour les déplacés à Tarlabaşı, celles qui sont soumises à une

rupture de l’identité et par la suite celles qui ont formé une nouvelle identité dans le centre

ville stambouliote. D’abord, les déplacés des villages ayant une identité commune et

collective à travers la langue kurde n’avaient aucun rapports avec la Turquie. Ainsi, se situant

à Tarlabaşı par la force au cours du conflit armé entre le gouvernement turc et le PKK dans

les années 1990, l’assimilation des déplacés a procédé spontanément par les facteurs externes,

par exemple par le biais de l’interdiction de la langue kurde qui a été senti dans les villages

aussi, et par les moyennes pour trouver du boulot en conduisant à faire oublier leur identité.

Pour cela, les déplacés envisageant de parler de plus en plus en turc afin de ne pas être

discriminé, se sont trouvés assimilés dans la société turque après un certain temps.

Cependant, on pense que cette rupture de l’identité ethnique kurde à Tarlabaşı,

apporte une nouvelle identité aussi à cause de la répression de l’identité kurde dans le centre

96Bozarslan, Hamit. Political Crisis and the Kurdish Issue in Turkey.Robert Olson (ed.), The Kurdish Nationalist Movement in the 1990s: Its Impact on Turkey and the Middle East. Lexington, KY: University of Kentucky Press, 1996, p.136

55

ville stambouliote menant à une formation de l’identité qui devient plus consciente afin d’être

défenseurs de ses propres droits humains. La population kurde de Tarlabaşı fait comprendre

qu’il y a eu des oppressions très fortes dans les villages qui suscitent des souvenirs

inoubliables, surtout pendant l’enfance, et qui se dirigent aussi vers la lutte contre des

injustices réalisés par le gouvernement turc au cours du conflit armé.

56

DEUXIEME PARTIE: TARLABAŞI COMME UN QUARTIER

Chapitre III : La taudification de Tarlabaşı

1. L’histoire brève du quartier

1.1. 19eme siècle

Istanbul n’est pas une ville Occidentale, ni Musulmane, ni Turque traditionnelle. Elle

est, en effet, constitué de fragment divers.97Ici, pour élaborer notre argument, nous

comparerons et nous contrasterons la définition de ville Islamique en faisant référence à la

ville d'Istanbul pour comprendre l'unicité d'un de ses quartiers et on prendra en examen

Tarlabaşı en renvoyant à sa transition qui a eu lieu pendant le 18ème et le 19ème siècle dans

l’Empire Ottoman.

La loi Islamique qui était expansionniste dans tous les domaines de vie, à la fois dans

les domaines privé et public, et s'opposait à la structure séculaire de l'Ouest, représentait un

obstacle pour l'apparition des institutions autonomes. La société musulmane était

essentiellement une société traditionnelle; donc, le changement ne l'a pas touché. De plus,

cette structure a contribué à l’émergence de villes orientales, physiquement, par exemple,

chaque tribu a vécu isolée l'une de l'autre dans les quartiers différents et l'augmentation de la

population dans ces espaces fermés a mené à la création des rues qui étaient étroites et qui ont

été perçues comme une caractéristique indispensable des villes orientales. La ville

Musulmane a remplacé l'ordre Gréco-romain et son organisation par une structure basée sur

aucun principe logique, les rues étaient irrégulières et elles se terminaient souvent en cul-de-

sac. Pour le visiteur, « la ville arabe est un labyrinthe vu sur une carte et une confusion dans

laquelle il est dérouté ».98 L'existence de rues étroites et tournantes et le cul-de-sac étaient un

résultat remarquable des droits de propriété Islamique et de l'importance attribuée à la vie

privée dans ces sociétés.99 Ainsi, à cause de la planification de rues, la ville n'a jamais été

destinée pour faciliter l'interaction entre des groupes différents.100 Les auteurs orientalistes de

la ville ont souligné le rôle de l'Islam comme une détermination forte pour la création des

villes orientales. Pour Jean Sauvaget, par exemple, « on ne peut plus considérer la ville 97Doğan Kuban. « İstanbul Kültürünün Belirsizliği », İstanbul Yazıları, İstanbul : Yapı Endüstri Merkezi Yayınları, 1998, [L’ambiguïté de la culture d’İstanbul], p.251 98André Raymond, « Islamic City, Arab City: Orientalist Myths and Recent Views » British Journal of Middle Eastern Studies, Vol.21, No.1(1994), p.6 99Stephanos Yerasimos. « Tanzimat’ın Kent Reformları Üzerine » Modernleşme Sürecinde Osmanlı Kentleri, Paul Dumont, François Georgeon (Eds.), İstanbul : Tarih Vakfı Yurt Yayınları, 1999. p.11. 100Raymond, « Islamic City- Arab City… », p.8

57

comme une entité dans les villes orientales. Il n'y a pas des institutions municipales, au

contraire, c'est juste une collecte d'individus qui ont des intérêts contradictoires ».101

Bien que la ville Musulmane n'ait pas des institutions autonomes, elle avait créé ses

propres systèmes uniques afin de soutenir l'ordre dans la ville. Selon Albert Hourani,

l'égalitarisme de l'Islam représentant un obstacle pour la stratification sociale par les

Orientalistes, n'est pas la réalité dans les faits depuis qu’une élite commerciale a continué à

exister dans les villes Musulmanes associée à l'ulema (savant) qu’ils ont formé le leadership

urbain avec les ulema. (1970 : 17-18). Une telle inégalité a été exprimée dans l'espace urbain

par la formation de lotissements riches dans les régions centrales, de lotissements modérés

dans les régions intermédiaires et de lotissements faibles aux banlieues. Par exemple, au Caire

pendant le 18ème siècle, un cinquième de la population appartenait à une communauté

ethnique associée avec des Turcs, des Syriens, des Africains du Nord ou à une communauté

religieuse avec des Chrétiens d'origine syrienne et des Juifs etc. Tandis que selon la mesure de

leurs différences, les minorités ethniques ont été groupées inégalement et erronément, les

communautés religieuses étaient d'habitude soumises une ségrégation assez stricte.102

Il est important de noter qu’à partir du Moyen Âge, la période la plus puissante de

l'Empire ottoman, Istanbul s'est représentée comme une ville où les relations avec l'Europe et

les capitulations avaient toujours lieu. La physionomie d'Istanbul, formée par les efforts des

intellectuels et même des sultans, qui étaient influencés par les changements à l'Ouest, s'est

transformée à travers les relations intenses avec l’Ouest et par les désirs et les goûts de classes

dominantes à ce moment-là. Ainsi, au 19ème siècle avec la période de Tanzimat, Istanbul a

connu les innovations qui sont allées en parallèle avec l'éclectisme de l'Ouest.103À la fin du

18ème siècle, puisqu'il y avait des ambassades ottomanes dans les capitales européennes, les

observations d'urbanisme dans l'Ouest ont influencé les diplomates ottomans.104

Par exemple, la première remarque de Hayrullah Efendi sur Paris concernait l’ordre et

la propreté depuis que, selon lui, les rues étaient libres, les noms des rues et les numéros des

bâtiments ont été notés sur des plaques, les routes ont été asphaltées et alignées avec des

arbres et il n'y avait plus de poussière sur les trottoirs. De plus, il remarquait que toutes les

101 Ibid, p.7 102 Ibid, p.15 103 Doğan, Kuban. « İstanbul’un Batılılaşması ya da Batılılığı », Tarih ve Toplum, 59(1998),[L’Occidentalisation d’İstanbul ou son état d’être occidentalisé]. p.28-33. 104 Stephanos Yerasimos, « Batılılaşma Sürecinde İstanbul », Dünya Kenti İstanbul, Tarih Vakfı Yurt Yayınları, [Le processus d’Occidentalisation d’İstanbul], p.50.

58

maisons ont été construites en pierre et de cette façon ont été protégés contre les risques

d'incendie. Ayant décrit aussi la structure municipale, selon lui, Paris était divisée dans 21

arrondissements, chacun d'entre eux comprenant 4 quartiers. Et il raconte que les salariés de la

municipalité ont nettoyé et ont lavé les rues, ils ont rassemblé les déchets et réparé les trottoirs

après minuit et les rues ont été illuminées par des lampes à gaz. En réalité, il a été

impressionné par les œuvres de trottoir qu'il a vu à Paris et qu’il rêvait de prendre les outils

utilisés là-bas pour casser des pierres d’Istanbul et pour paver toutes les rues de la ville. En

outre, flânant à Bruxelles, Serefeddin Magmumi a affirmé que les municipalités d'Istanbul

devaient récupérer des impôts aussi puisque « les municipalités de villes européennes et

Istanbul n'étaient en aucun cas comparable ».105

En conséquence, jusqu'au 19ème siècle, Istanbul était toujours une ville qui n'avait pas

de municipalité remarquable. Ainsi, ce qui distingue Istanbul d'autres villes Arabes et

occidentales dans une certaine mesure et qui pourrait être sa caractéristique, serait le fait d'être

une ville désorganisée. À Istanbul, les citadins n'étaient pas les propriétaires de la ville, au

contraire, les habitants d'Istanbul étaient les locataires. Cependant au Moyen Age en Europe,

par un mouvement organisationnel des citadins, le fonctionnement de municipalités a donné

lieu à un antagonisme avec l'aristocratie. Ainsi, bien qu'Istanbul ait été occidentalisée en ce

qui concerne les goûts, les institutions etc., la ville a préservé son caractère désorganisé qui

s'exprime à travers sa dimension Islamique et son désordre car elle ne pouvait pas s'urbaniser

dans un sens occidental.106

Avec le processus d'occidentalisation dans l'Empire ottoman, Istanbul a exposé son

visage moderne le plus important à Galata. Galata représentait le quartier « occidental »

d'Istanbul, comparable à Genes, Naples ou encore Marseille avec son histoire, ses

constructions, ses tours, sa communauté, son commerce, ses bistrots, ses bateaux et ses

capitaines dans chaque période, ses chefs par période. Et l'extension d'une Istanbul

européenne est Beyoğlu.107 Ainsi, « pour décrire le Beyoğlu du 19e siècle, le terme le plus

105Baki Asiltürk. Osmanlı Seyyahlarının Gözüyle Avrupa, İstanbul: Kaknüs Yayınları, p.218. [Les regards sur Europe par les flâneurs ottomans], p.218. Voir également : N. Işık Demirakın (2006), « Study of the Ottoman Modernisation of the City: The Sixth Municipal District of İstanbul (1858-1877) », Department of History, Bilkent University. 106Kuban, « İstanbul’un Batılılaşması ya da Batılılığı », p.32. 107 Ibid. p.30-31.

59

approprié serait cosmopolite, au regard de la diversité des langues parlées, des restaurants et

des lieux de divertissement».108

Donc, si l'esprit européen a pu prendre forme à la fin de l'empire byzantin et au début

de l'empire ottoman, dans le quartier de Galata, c'est en revanche à Beyoglu que celui-ci s'est

par la suite épanoui. Après que les délégués étrangers eurent abandonné les murailles, ils ont

commencé à s'installer sur le côté européen d'Istanbul. Les églises, les synagogues, les

délégués, les Levantines, les minorités chrétiennes et juives d’Istanbul ont apporté leur mode

de vie européen à Pera. Comme Yılmaz le précise « Péra est devenue la partie moderne

ou occidentale de la ville grâce au commerce étranger croissant avec l’intégration de l’Empire

ottoman dans le système capitaliste mondial ».109 De plus, les portraits et les gravures du

18ème et 19ème siècle d'Istanbul exprimaient et documentaient le mode de vie extrême de

cette colonie Occidentale et reflétaient l'environnement physique de Pera au haut rivage du

Bosphore. Et à ce moment-là, la classe dominante de l'Empire Ottoman a essayé de prendre

part à ce mode de vie.110

Par conséquent, les commerçants non-musulmans dans l’Empire Ottoman étaient

désormais sous la protection des états Occidentaux et ils étaient pratiquement invulnérables.

En 1882, la population non musulmane (grecque, arménienne et juive), ayant profité du

privilège d'extraterritorialité, sont arrivées en nombre important. Au total sur les 237.293

habitants de Galata, 111.545 personnes ont été recensés comme des sujets étrangers. De plus,

la plupart d'entre eux étaient des Ottomans non-musulmans.111 L'ouverture du premier club

privé, le casino de Pera en 1849, a marqué le début d'une starification sociale, calqué sur le

modèle occidental. La décoration du casino, avec des ornements caractéristiques de l'élégance

bourgeoise, des meubles, des tables de billard ainsi que des miroirs dorés n'a pas échappé à

l'imitation européenne. Les habitants européens et les ottomans chrétiens, sous la protection

citoyenne étrangère, ont commencé à afficher leur prospérité.112

Pour élaborer la transformation de la physionomie urbaine du 19ème siècle d'Istanbul,

nous rendons compte de l'effet de cette minorité bourgeoise sur les nouvelles constructions

dans les quartiers. Ces minorités ont donné lieu aux bâtiments contemporains de l'Ouest à 108 Yılmaz, « Migration, exclusion et taudification dans le centre-ville istanbuliote… », p. 181-182. 109 Ibid, p.181. 110 Kuban, « İstanbul’un Batılılaşması ya da Batılılığı ».p.31. 111Steven Rosenthal, « Foreigners and Municipal Reform in İstanbul », International Journal of Middle East Studies, II (1980), p.228. Voir également ; N. Işık Demirakın (2006), « Study of the Ottoman Modernisation of the City: The Sixth Municipal District of İstanbul (1858-1877) », Department of History, Bilkent University. 112 Ibid, 229.

60

Istanbul et elles ont créé un environnement physique que les Européens ne peuvent pas sous-

estimer. Sa beauté est représentée dans chaque coin d'Istanbul comme dans les quartiers de

Tarlabasi, Haliç, Fener, Balat, Galata, Beyoglu, Ortaköy, Tarabya, Hasköy etc.113 Puisque

notre recherche est basée sur le quartier de Tarlabasi, maintenant nous discutons ses

caractéristiques particulières et ses changements pendant cette période en ce qui concerne

l'urbanisme et de l'architecture.

Ortayli note que quand nous descendons de la rue de Tarlabasi à Dolapdere, qui

correspond au quartier pauvre maintenant, nous entrons à un endroit où les constructions du

19ème et du 20ème siècle sont présentes. Ces bâtiments sont des exemples qui montrent

l'architecture historique de la ville, l'histoire des pompiers, la modernisation infrastructurelle

et la vivacité d'Istanbul.114 D’après Yılmaz, « le bâti de Tarlabaşı possédait une importance

historique puisqu’il est essentiellement composé des exemples de l’architecture de la fin du

19ème siècle qui sont témoins du mode de vie de la petite bourgeoisie non-musulmane».115

Tandis que la ville ancienne protégeait les citadins musulmans où les matériaux utilisés pour

les bâtiments étaient nécessairement en bois, Péra ainsi que Tarlabaşı avaient des bâtiments

avec un étage en pierre qui recevaient les citadines non-musulmanes comme des Grecs, des

Levantins, des Arméniens, des Juifs. On peut remarquer que les bâtiments de Tarlabaşı furent

édifiés à partir des exemples beaucoup plus modestes.116

En 1870, puisque l’incendie avait bouleversé la zone de Tarlabaşı, le quartier a été

rebâti conformément aux mesures contemporaines avec des constructions remplacées par des

bâtiments en massif parce qu’elles étaient plus résistantes au feu.117 Les bâtiments dans les

rues intérieures qui étaient aux 2eme et aux 3eme étages, et sur la rue de Tarlabaşı qui étaient

aux 4eme et aux 6eme étages, ont fusionné. Ainsi, « Péra représentait la facette ‘moderne’

d’Istanbul, à la fois par le mode de vie de ses habitants, et par ses bâtiments, dont la plupart

portaient la signature d’architectes européens et sont aujourd’hui considérés comme faisant

partie du patrimoine architectural du pays ».118 De plus, Péra représentait et abritait les

113 Kuban, « İstanbul’un Batılılaşması ya da Batılılığı » p.31. 114 İlber Ortaylı, « Tarlabaşı’na bir Bakış », Mimarlık, N :222, Ankara :TMMOB,[Un Regard sur Tarlabaşı] p.18. 115 Yılmaz, « Migration, exclusion et taudification dans le centre-ville istanbuliote… », p.205. 116 Ibid, p.185-186. 117 Ibid, p.205. 118 Ibid, p.182.

61

couches aisées tandis que Tarlabaşı incluait les habitants qui travaillaient pour la population

de Péra comme des ouvriers, des artisans et de la petite-bourgeoise.119

En effet, ce qui a contribué à la construction moderne de Beyoğlu fut la formation de

la première et la seule municipalité de l’empire ottoman en 1857 intitulé « Cercle municipal

du sixième arrondissement » (Altıncı Daire-i Belediye).120 Les demandes de la commission

pour une autonomie plus large et pour les ressources financières plus diverses furent des

étapes majeures vers l'établissement du Cercle municipal du sixième arrondissement et

l’influence européenne a particulièrement été remarqué dans le choix du nom de

l’arrondissement, copiant la nomination parisienne, considéré à ce moment comme la ville

référence.121

L'amélioration de la condition des rues a été considérée comme un devoir dans le

processus de modernisation puisque les avocats européens de l'Empire avaient subi un

changement majeur à l’égard du développement urbain. Comme nous l’avons déjà indiqué,

les flâneurs de l'Empire ottoman à l'Ouest racontaient fréquemment leurs souvenirs de

boulevards énormes, de rues et de places entourées par des cafés, de magasins et de jardins.

Les comptes rendus comme ceux-là ont aidé à soutenir l'idée que des culs-de-sac, des rues

étroites comme les labyrinthes, des allées sombres signifiaient sous-développement culturel

dans la ville : « On peut facilement comprendre (à Berlin) combien la connaissance

scientifique dans la vie urbaine peut contribuer à la beauté, au confort et à la propreté de la

ville. »122 Ainsi, le « Cercle municipal du sixième arrondissement » avait réussi à élargir

plusieurs rues comme la rue de Tarlabasi. Le travail semble avoir fait une grande différence

depuis qu'Ahmed Mithad dans son livre « Avrupa'da Bir Cevelan » avait comparé les rues de

Paris avec celles d’Istanbul. Il précise que « les boulevards de Paris et même le plus célèbre

comme celui des Champs Elysées ont semblé beaucoup plus étroits que je les avais

imaginés… l’extension de rue Beyoğlu est plus large et la rue de Beyoğlu est plus lumineuse

que les premières rues de Paris ».123 Comme nous l’avons souligné avant, les incendies étaient

un problème pour Istanbul et pour l'Empire ottoman depuis longtemps. Ainsi, cette question a

été utile au Cercle municipal du sixième arrondissement pour présenter la planification dans

119Stephanos Yerasimos, « Orhan Pamuk’un İstanbul’una Nazire :Bir Rum Çocuğunun Beyoğlu Hatırası », İstanbul, 30 (1999) [La carte de Beyoğlu d’un enfant grec], p.26. 120 Yılmaz, « Migration, exclusion et taudification dans le centre-ville istanbuliote… », p.183. 121 Osman Nuri Ergin, « Mecelle-i Umur-ı Belediyye », İstanbul : İstanbul Büyükşehir Belediyesi Kültür İşleri Daire Başkanlığı Yayınları, 1995, p.1313. 122 Asiltürk, p.196. 123 Ibid, p.194.

62

le style européen afin que la municipalité puisse élargir les rues et enlever les culs-de-sac.

Néanmoins, « le manque de moyens a empêché la mise en œuvre de ce plan ».124

Pour conclure, la transformation de l'Empire Ottoman du 19ème siècle a marqué une

rupture concrète avec les concepts traditionnels d'administration. Istanbul luttait pour

s'adapter à un environnement dominé par le pouvoir économique et politique de l’ouest.

L'existence du Cercle municipal du sixième arrondissement était un symbole évident de la

sécularisation de la ville et ses conséquences ont distingué Istanbul plus tard d'autres villes

arabes. Tandis que la loi Islamique avait un effet direct pour l'évolution de villes du Moyen-

Orient, les réformes qui ont été mises en pratique du 19ème siècle d'Istanbul éliminaient les

bases du système traditionnel et diminuaient finalement le rôle d'Islam dans la ville.

1.2. La première période républicaine, les années 1950 et 1980

1.2.1. La première période républicaine

D’après Yücel, le 20ème siècle d’İstanbul peut être décrit en quatre périodes : les

années entre 1910 et 1923, les années entre 1923 et 1950, les années entre 1950 et 1980 et

finalement après les années 1980 à nous jours.125 Comme nous l’avons déjà mentionné, la

vivacité de Beyoglu est prouvée par les nouveaux bâtiments qui ont été construites

conformément aux normes et aux valeurs occidentales. Avec l'arrivée récente des institutions

industrielles, les gens ont commencé à se promener à Beyoglu. Les phaétons et les voitures

ont également commencé à entrer aux quartiers et les systèmes de transport se sont

améliorés.126 Après la fin de l'occupation et au début de l'indépendance de la ville, Istanbul est

entrée dans une période silencieuse. La capitale de l'empire ottoman était Istanbul, après la

formation de la république en 1923, la capitale s’est déplacée à Ankara.127 Dans les premières

années de la République, il y avait un symbolisme intéressant entre Istanbul et Ankara;

Istanbul représentait l'obscurité et la perplexité de la ville tandis qu'Ankara représentait la

pureté et la propreté. Si Istanbul était sacré et maladroit, Ankara était séculaire et dynamique.

Istanbul a symbolisé les efforts d'Occidentalisation du 19ème siècle tandis qu'Ankara

exprimait l'Occidentalisation du 20ème siècle; Ankara a été comparé l’air de plateau propre et

124 Yılmaz, « Migration, exclusion et taudification dans le centre-ville istanbuliote… », p.183. 125 Yücel, « Republican Period İstanbul ». 189-207. 126 Ibid. 127 Ibid.

63

Istanbul à une mer oscillante.128 En arrivant dans les années 1930, nous voyons le réveil de la

ville puisqu’Istanbul décide de faire la paix avec la révolution Kemalist et ses dirigeants, M.

Kemal commence à se rendre dans l’ancienne ville d’İstanbul. Ainsi, pendant cette période,

alors que les affaires commerciales et la zone de loisir sont ranimé par non Musulmans, nous

remarquons l’arrivé d'activités et d’investissements qui sont été liés à l'administration

publique et à la bureaucratie. Et puis, un des symptômes concrets de cette reprise est la

tentative de la planification et de la construction au milieu des années 1930. La mobilité de

ces mouvements a protégé l'esprit de l'État-nation et déployé les formes de processus de

civilisation contemporain qui a été visé afin d’être réalisé. Les couches urbaines existantes de

la société qui possédaient le mode de vie et les pratiques du 19ème siècle et au début du

20ème siècle ont intégré une nouvelle vie urbaine qui était vive entre les années 1930 et

1950. Donc, dans cette nouvelle vie urbaine, la fête de la république aussi bien que les

carnavals ont commencé à être célébré. Les métiers du spectacle ont commencé à produire des

produits turcs, ainsi on voit qu’Istanbul a commencé à s'installer dans la vie turque. Ici,

l'accent du mot « turc » est important parce que la population turque a commencé à participée

au commerce urbain, à la culture urbaine et à la vie urbaine.

Cependant, cette évolution a gagné une autre caractéristique dans les années 1950. Les

visites d’Eisenhower à Istanbul, qui était le 34ème président des États-Unis, ont commencé à

influencer le processus de modernisation de la Turquie dans le nouveau contexte international

d’après-guerre. Pendant les guerres balkaniques et en 1927, la population d'Istanbul a diminué

successivement, mais à la fin de Deuxième Guerre mondiale, Istanbul est devenu surpeuplé et

dans les années 1950 a atteint 1 million d'habitants. Dans ces années, la population attendue

pour les années 2000, étaient 3-4 millions.129

1.2.2. Les années 1950

« La construction d'Istanbul est pratiquement une histoire d'une légion de conquête.

Nous allons conquérir Istanbul encore une fois. » (Adnan Menderes, 26.02.1957)130

Malgré la croissance démographique, les habitants de la ville ont aussi changé

rapidement. Les minorités qui ont gardé leur vieux privilège économique et la vivacité

128Burak Boysan, « Politik Hummanın Silinmeyen İzleri », İstanbul, 4 (1993), [Les traces inoubliables de l’exaltation politique]. p.84. 129 Yücel, « Republican Period of İstanbul » p. 189-207. 130 Boysan, « Politik Hummanın… » p.84.

64

culturelle ont commencé à perdre leur présence dans la ville. Les migrants de l'Anatolie ont

formé une nouvelle population démographique. De plus, les effets culturels et sociaux de ces

migrants sur ville se sont sentis sévèrement dans cette période. Les petits bourgeoisies ont

commencé à quitter leurs villas et a décidé de s'installer dans les appartements à partir des

1940, les grandes industries et les centres commerciaux ont quitté leurs vieux endroits à

Beyoğlu en se déplaçant vers le côté nord de la ville.131

Lorsqu’Adnan Menderes était le président de la Turquie dans les années 1950,

Istanbul est devenu une métropole nationale et homogène. Les opérations de construction

dans les années 1950 ont non seulement fait d’Istanbul un point de mire, mais aussi complété

le processus de « turkification » de la dernière ville ottomane.132 On sait qu'Adnan Menderes,

lorsqu’il était le président de la Turquie dans les années 1950, a appliqué des opérations de

construction en se présentant comme un homme seul dans un spectacle qui lui se met en

scène. Les routes nouvellement construites ont détruit les quartiers qui étaient vivants depuis

longtemps; en conséquence, la plupart des habitants de ces quartiers ont été déplacé par la

force. Donc, cela a poussé Istanbul à devenir une ville qui était ouverte à tout le monde.133

Selon Benlisoy (2012), les événements du 6-7 1955 à Beyoğlu et dans la rue d’İstiklal

sont restés dans la mémoire collective comme un grand pillage. Environ 15 personnes sont

mortes à cause de ces attaques dans lesquelles presque 100.000 personnes ont été mobilisées

et ces pillages peuvent être décrits comme un mouvement de « pogrom » dans la période

républicaine de la Turquie. Aussi, Yerasimos (1999) précise que « pendant les fêtes

républicains, nous avions un balcon que je couvrais avec les drapeaux et les chaînes qui

étaient en papiers alors que İlyaskos qui habitait juste en face de notre maison avait l'habitude

de raccrocher un drapeau grec énorme aussi bien qu'un drapeau turc jusqu'au 6-7

septembre »134. Cependant, pour Benlisoy, les événements du 6-7 septembre n'étaient pas

simplement des événements dans lesquels le pillage de population grecque riche à Pera a eu

lieu ou ce n’était pas une vengeance de Musulman Istanbouliotes contre le Pera cosmopolit.

Au contraire, pour Benlisoy, ces événements peuvent être considérés comme un pogrom

énorme que le gouvernement turc a soutenu et s'est organisé.135 D’après Yerasimos, l’effort de

131 Yücel, « Republican Period of İstanbul » p. 189-207. 132 Boysan, « Politik Hummanın… » p.84. 133 Ibid. p.89. 134 Yerasimos, « Bir Rum Çocuğunun Beyoğlu Hatırası » p.25. 135 Foti Benlisoy, « 6-7 Eylül Defteri Kapandı mı ? » Foti Benlisoy | Tumblr, le 7 septembre 2012, Accessible : http://fotibenlisoy.tumblr.com/post/31046097563/6-7-eylul-defteri-kapand-m, [Est-ce que le cahier des événements du 6-7 Septembre est fermé ?]

65

l’État-nation de Turquie peut être défini comme le processus de « turkification » qui exprime

la diminution graduelle de la communauté de non-musulmane.136

1.2.3. Les années 1980

« La mégapole se serait transformée en un “méga-village” à partir des migrations des

années 1980, les migrants d’une même origine géographique, d’une même région, voire d’un

même département, tendant à se regrouper entre eux, pour des raisons culturelles,

identitaires et/ou économiques »137

D’après Kiray (1984), une des caractéristiques majeures des zones métropolitaines est

de créer dans l’espace urbain des classes moyennes aussi bien que des classes supérieures et

des groupes avec de faibles revenus.138 Istanbul a fait face à tous ces ennuis à cause de ce

processus de mondialisation. Nazim Plani (le Plan Nazım), qui a été confirmé au 29 juillet

1980, a signifié l’élargissement d'Istanbul du côté de l’ouest de la ville parallèlement à la Mer

Marmara et ceci était un choix rationnel. Cependant, à cause des préférences d'accumulation

du capitale et des maximisations des profits, ce Plan a été abandonné en préférant une

extension de la ville vers le nord.139

Les familles riches de classe moyenne se déplacent de plus en plus vers la banlieue de

la ville où ils peuvent se différencier et éviter l'interaction avec des classes populaires. Les

villes sont alors divisées et les différences symboliques et imaginaires entre les classes et les

cultures, s'expriment à travers la création de frontières sociales et spatiales.140 Dans les années

1980, les entrepreneurs des grandes industries ont cherché d'autres endroits pour leurs

nouveaux investissements et ils ont trouvé avec succès des espaces convenables afin de

réaliser leurs projets. Ainsi, les industries construites ont lentement commencé à se déplacer

au nord de la ville à cause de leurs prétentions pour des centres de bureau alternatifs et des

136 Yerasimos, « İstanbul: La naissance d’une mégapole », Revue Géographique de l’Est, Tome XXXVII, N.2-3, Sept., p.204. 137 Deli- Pérouse, « İstanbul et les Migrations Internes… » p.2 138Mübeccel Kıray, « İstanbul : Metropolitan Kent », Mimarlık, 199 (1984), [La ville métropolitaine : İstanbul].p.28-33. 139Mustafa Sönmez. « İstanbul’da Kuzey-Güney Kutuplaşması ve Rantlar », İstanbul, 35 (2000). [La polarisation de nord- sud et les rentes d’İstanbul, p.105-108. 140Sencer Ayata, « The New Middle Class and the Joys of Suburbia » in Deniz Kandiyoti et Ayşe Saktanber (eds.), Fragments of Culture: The Everyday of Modern Turkey. I.B. Tauris: London, New York, p.25.

66

bâtiments de luxe à Istanbul.141 Cette polarisation d’İstanbul a commencé à se faire sentir

strictement à cause des changements de son espace que l'on peut expliquer comme la

distinction du Nord et du sud de la ville. Les gens qui ont gardé la richesse ont démarré à

transporter leurs centres de bureau, leur maisons et des espaces sociaux dans la partie du Nord

de la ville tandis que les classes moyennes et les couches populaires ont continué à vivre dans

les bâtiments traditionnelles et historiques dans la partie du sud de la ville. En parallèle avec

les réclamations de grandes industries pour les dispositions légales, le parti ANAP (le parti de

la mère-patrie), qui a été fondé après les années 1980 et qui a été au pouvoir pendant les

années 1980, a satisfait les revendications de propriétaires de capitaux au prix de la violation

de normes de constitution en ajoutant les grands bâtiments pour la rentabilité d'Istanbul.142

Les politiques sur Istanbul ont été conçues depuis la deuxième moitié des années 1980

en l'accord avec la thèse de Keyder. L'industrie existante dans la ville a été décentralisée et le

marché des biens et services a été soutenus. Ainsi, plusieurs projets ont été conçus et mis en

œuvre pour attirer le capital étranger à la ville afin que les hôtels de luxe, les résidences et les

centres commerciaux puissent être construits pour satisfaire la demande de consommation du

capital; et les implantations précédentes dans le centre-ville étaient soumises à une

transformation urbaine.143

De plus, la période entre 1980 et 1990 peut être décrit comme cela : la Turquie ne s’est

pas développé à partir d’un dynamisme agricole ou industriel mais plutôt à partir du critère de

rentabilité financière et elle ne s'est pas jointe au processus de mondialisation comme un pays

dont son caractère productif était dominant, c'était plutôt un pays qui était consumériste et son

industrie était stagnante. Ainsi, la Turquie est devenue un pays dans laquelle la rentabilité

était flagrante et elle a été articulée à l'économie mondiale comme tel. Donc, cette

caractéristique générale du pays dans l'ensemble s’est fait sentir dans la région la plus

développée de la Turquie ouvertement, à savoir à Istanbul.

En outre, la répartition des revenus était désavantageuse pour les familles avec de

faibles revenus à Istanbul tout comme dans le reste du pays. Comme le revenu des ménages a

diminué, cette conjoncture a touché le système familial intérieur et les familles ont commencé

141 Mustafa Sönmez, « 10 Boyutuyla 2000 Istanbul’u ». Istanbul, 36 (2001), [10 Dimension d’İstanbul dans les années 2000], pp. 86-92. 142 Sönmez, « İstanbul’da Kuzey-Güney Kutuplaşması … » p.105-108. 143Çağlar Keyder & Ayşe Öncü, « A. Globalization of a Third-World Metropolis: Istanbul in the 1980s ». p. Review (Fernand Braudel Center), 17:3, p.383-421.

67

à faire travail leur enfants au lieu de les envoyer à l’école. Deli et Pérouse (2002) souligne que

« les logements sont en nombre insuffisant et ne satisfont pas l’ensemble des besoins et plus

particulièrement ceux de la population migrante a revenus faibles. Les gecekondu furent la

solution ».144 Les migrants volontaires qui devenait plus pauvre et dont les migrants avaient

une sécurité fragile dans la ville ont répondu leur besoin d’abri avec gecekondu puisqu’il n’y

avait pas aucune demande de la main-d'œuvre dans le secteur industriel.145 En conséquence, la

plupart des migrants ont participé à un recrutement qui peut être décrit comme « les œuvres

marginales ».146

Comme nous avons déjà expliqué, puisque les classes supérieures recherchaient leur

« l'endroit pour être » vers la partie du Nord de la ville, Tarlabasi a commencé à se dégrader

dans les années 1980 avec les migrants volontaires qui venaient en particulier des provinces

d’Anatolie centrale et orientale et de la région de la Mer Noire.

Cependant, il est important de noter que les changements de ce modèle sont apparu à

partir de la période de Seconde guerre mondiale avec la mise en œuvre de l'impôt sur la

richesse (Varlık Vergisi) (1942) suivis par les événements des pillages qui ont eu lieu le 6-7

septembre en 1955 conduisant à l'expulsion de Grecs qui avaient la nationalité grecque. Après

les années 1950 et particulièrement les années 60, la population non-musulmans ont émigré et

les migrants ruraux de l'Anatolie ont migré dont les flux de population et les événements du 6-

7 septembre produisaient un impact majeur pour l'environnement construit, puisque les Grecs

avaient été expulsés, après, leurs propriétés ont été vendues sous leur valeur en frayant un

chemin pour les opérations de vente et de l'occupation de terre.147 Yılmaz (2006) précise que

« dans la deuxième moitié des années 80, l’agrandissement de l’avenue de Tarlabaşı et

l’orientation de la circulation vers cette avenue ont favorisé le regain du statut de principal

centre culturel et de divertissement d’Istanbul »148 Ainsi, au milieu des années 1980, les

documents officiels pour l'évacuation de la région Tarlabasi sont arrivés pour la première fois.

Bedrettin Dalan, le maire de la période, a attiré l'attention par des mots comme « le Plan est

dans ma tête », « je détruis et je subis ma punition » et les artisans qui ont été interviewés à ce

144 Deli-Pérouse, « İstanbul et les Migrations Internes … » p.5 145 Mustafa Sönmez, « Istanbul and the Effects of Globalization » Istanbul Biannual, 1- 94- 95 Selections (1996), p.101-111 146Ibid. 147 Deli- Pérouse, « İstanbul et les Migrations Internes… » p.4 148 Yılmaz, « Migration, exclusion et taudification… », p.197-198.

68

moment-là expriment leurs réactions comme « la Municipalité nous forcent à fermer nos lieux

de travail; nous sommes contre à cette destruction ».149

Par conséquent, en parallèle avec la perte de popularité de Beyoglu comme zone

d'activité centrale le plus prestigieuse après les années 80, Tarlabasi est entré dans « le cercle

vicieux de délabrement ». Et surtout, l'agrandissement de l'Avenue de Tarlabasi point crucial

entre la vieille ville et la zone de Beyoglu à la fin des années 1980 a approfondi la

différenciation sociale entre la rue de l'Istiklal et Tarlabasi. Donc, Tarlabasi s’est lancé dans la

période de dégradation sociale en devenant un taudis populaire avec les crimes, les trafics de

stupéfiant, les prostitutions etc. De plus, Tarlabaşı a commencé à devenir un taudis dans

lequel les gitans, les travestis, les prostituées aussi bien que les nouveaux venus à la ville

comme les migrants internationaux, particulièrement les Irakiens et les Africains cherchaient

une terre provisoire en Turquie.150 Cependant, les déplacés kurdes, sur lesquels se focalisent

notre recherche, qui venaient des régions de Sud-est et l’est de l’Anatolie, ont commencé à

compter parmi les habitants des taudis à cause du conflit entre le gouvernement turc et le PKK

après les années 1990.

En effet, il y avait des vives réactions par des habitants de Tarlabasi aussi bien que par

la Chambre des Architectes, néanmoins malgré les réactions, le processus d'élargissement de

l'avenue de Tarlabasi a commencé en avril 1986 et a été achevé en 1988 entrainant la

destruction de 368 bâtiments. De plus, parmi ces bâtiments, 167 étaient enregistré comme des

bâtiments historiques. Le but de l'agrandissement de l'avenue de Tarlabasi cherchait à rénover

la zone de détresse localisé des deux côtés de l'avenue. Cependant, la destruction des

bâtiments a été considérée comme un échec total par des experts parce que le plan

architectural de ces bâtiments était les échantillons spéciaux du mode de vie de la classe

moyenne du 19ème siècle ; donc, la ségrégation spatiale et sociale a été créé par la démolition

de l’avenue de Tarlabaşı151 qui après a conduit à la stigmatisation spatiale du quartier.

2. La taudification après les années 1990

2.1. Ségrégation spatiale

149 Pour plus info voir la documentaire « Tarlabaşı Tarlabaşı » de Hilmi Etikan. 150 Yılmaz, « Far Away, So Close… », p. 26-40. 151 Yılmaz, « Migration, exclusion et taudification… », p.200.

69

Aujourd'hui, les règles de l'urbanisme sont déterminées par l'oligarchie monétaire et

elles correspondent à l'agitation, la banalité et la dégénérescence esthétique à Istanbul ; par

exemple, on observe Swissotel juste à coté du Palais de Dolmabahçe.152 Les villes qui sont

désorganisées peuvent être interprétées comme la construction impulsive pour un

« écroulement » avec leurs dimensions irrégulières et désordonnées en Turquie. Et la

conscience et l'expérience des individus qui vivent ensemble dans ces villes n'ont pas la

capacité de résoudre les problèmes qui arrivent après l'écroulement.153 Surtout après les

années 1990, Istanbul cherche à devenir une ville mondiale et pour cela ; la ville devait se

doter d’un grand centre d’affaire et le choix de sa localisation a dépendu surtout du prix du

terrain. En outre, les centres prestigieux qui ont été administrés par le secteur des services sont

devenus importants et puisque les nouveaux centres d'affaires n'ont pas été développés avec

les projets de design urbain, Istanbul est désormais confrontée à un chaos urbain.154

Selon Aksoy et Robins (1994), « les stratégies de mondialisation suggérées pour

Istanbul consistent en des plans d'occidentalisation qui sont adaptés aux nouveaux modes de

vie ». Bien que l’image de type İstanbul européenne soit contradictoire avec la vue de

bidonvilles qui s’augmente très rapidement à chaque coin, ils affirment que la mondialisation

permettra de créer les conditions nécessaires pour l'admission de la Turquie à l’Union

Européenne ayant les buts comme la création d'une nouvelle image et d’une nouvelle identité

à même d'obtenir la reconnaissance de l'ouest. Cependant, l’image d’İstanbul, qui essaye de se

libérer de la perception islamique, est toujours caractérisée par la réflexion d'orientalisme

stérilisé, parce que, pour ceux qui voient la ville de l'extérieur exprimant leurs bonnes

volontés de voir Istanbul en forme de Péra ne peuvent pas se débarrasser de l'image de çarşaf

(voile). 155

Erman (2004) affirme que les chercheurs qui se sont concentrés sur des études de

gecekondu en Turquie ont développé des approches spécifiques au phénomène gecekondu et

ses habitants avec le temps en affectant des paradigmes qui ont formulé dans le monde aussi

bien qu'en Turquie. En outre, dans ces approches différentes, on voit que les habitants de

gecekondu sont toujours « d'autres » qui sont essentiellement en arrière, désavantageux ou

152 Kuban, « İstanbul’a Bakmak ». p. 13. 153 Kuban, « İstanbul Kültürünün Belisizliği » p.250-251. 154 Sönmez, « İstanbul’da Kuzey-Güney Kutuplaşması… ». p.105-108. 155 Asu Aksoy- Kevin Robins. « Time to Listen in İstanbul », İstanbul Biannual, 1994, p.52.

70

pauvre culturellement et économiquement. « Mais ils restent toujours comme d'autre ».156 Ici,

on peut remarquer que les approches d’Aksoy et Robins sur le problème de çarşaf sont

capables de s’adapter à la question de gecekondu ce qui peut être défini comme une forme de

sous-développement.

D’un autre coté, pour Ayata (2002), les citadines de site (des appartements de luxe) à

Istanbul où des masses plus civilisées résident, par rapport aux habitants de gecekondu,

n'aiment pas les relations sociales qui sont instables, imprévisibles et impermanentes dans le

centre ville. De plus, ils ont tendance à associer ces ennuis avec l'environnement dense et

blindé où, selon eux, « les masses non civilisées » habitent.157

Selon Kuyucu et Ünsal (2011), puisqu'İstanbul est choisi comme la capitale

européenne de la culture en 2010, les acteurs dans le gouvernement, les entrepreneurs dans la

politique et le « business » utilisent les discours de la possibilité d'un tremblement de terre et

du désir de faire Istanbul une ville mondiale compétitive. Ainsi, pour ces acteurs, la

transformation urbaine massive est extrêmement nécessaire.158

En outre, d’après Pérouse (2011), dans les discours des publicités de ces sites qui

ouvrent la voie pour la nécessité de transformation urbaine, le paradigme occidental est

toujours pris comme référence qui promet un haut degré de civilisation. De plus, avec ces

modes de vies européens et occidentaux distincts sont soumis dans les sites comme ils se

libèrent de la culture dominée qui est associé à sous-développement culturel à İstanbul. Par

exemple, nous pouvons observer ces imitations « américaines » qui sont présentées comme

les symboles de la modernité et de la conformité urbaine dans les sites comme Sunset City,

Paradise City, Sun City…159

Aussi, Pérouse (2011 : 135) déclare que les coûts d'immobilier à Istanbul sont plus

hauts qu’aux États-Unis. Il précise que quand il a posé la question de « la masse ciblée » pour

habiter dans les constructions de sites, il obtenait toujours la même réponse qui correspond à

ceux qui travaillent dans le secteur financier et aux ouvriers de grands groupes internationaux.

Les clients pour ces projets ne correspondent pas à la majorité mais seulement à des 156 Tahire Erman, « Gecekondu Çalışmalarında ‘Öteki’ Olarak Gecekondu Kurguları », European Journal of Turkish Studies, Thematic Issue No 1 , p.11. Accessible : http://ejts.revues.org/85. 157 Ayata, « The New Middle Class… » p.28. 158 Tuna Kuyucu & Özlem Ünsal, « Neoliberal Kent Rejimiyle Mücadele: Başıbüyük ve Tarlabaşı’nda Kentsel Dönüşüm ve Direniş », in GÖKTÜRK Deniz, SOYSAL Levent, TÜRELİ İpek, (yay. Haz.), İstanbul Nereye? Küresel Kent, Kültür, Avrupa, Metis Yay., Haziran 2011, [La lutte contre les régimes néolibéraux dans l’espace urbain], p.86. 159 Pérouse, « İstanbul’la Yüzleşme Denemeleri », p.136.

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« minorités » de la société turque qui ont les moyens d’acheter ces foyers. Donc, la

compétition sévère parmi ces projets conduit à « l’hyper réalité » pour la fabrication d'Istanbul

en créant des centaines de « gated communautés », des tours, des immeubles de bureaux, des

centres commerciaux qui se développent très rapidement tout autour de la ville.160

De plus, afin de mieux comprendre la ségrégation spatiale, il est très important de

noter que les unités résidentielles ont été de préférence réservées aux diplômés des universités

plus prestigieuses en Turquie. Aussi, les premiers clients de ces sites ont le potentiel de

choisir leurs propres voisins. Ici, on peut remarquer que ces sites sont des zones où

l’homogénéité domine et en devenant semblable, la population qui vit ou désire vivre dans ces

sites a envie d’exprimer un mode de vie particulier. Et puis, l’appel à une vie confortable avec

l'accomplissement social est une des caractéristiques du peuple qui créé une nouvelle sorte de

communauté dans cette conception de vie.161

Deli et Pérouse (2002) souligne que « le terrain métropolitain étant devenu source de

rente, İstanbul fait figure de ville exploitée ».162 Donc, bien que ces projets de transformation

urbains aient pour but d'enlever les foyers qui sont en ruines et redoubler le niveau de vie de

la communauté pauvre dans la ville ; au contraire, il n’y a presque aucune possibilité pour que

ces projets atteignent leurs objectifs. Parce que ces actions qui ciblent à l'espace urbain et le

marketing de foyers, se servent de la commercialisation pour créer de la rente. De plus,

malgré le fait que ces projets aient pour but d'améliorer l'apparition physique d'espaces

urbains dans la ville ; en réalité, ils visent à augmenter les prix de l’immobiliers dans les

espaces ciblés et reconstruits. En conséquence, les membres de la communauté actuel de la

ville sont expulsés de force de leurs foyers et cette situation peut être définit tout simplement

comme violation de droit de s'abriter163. Ce qui arrive à Tarlabaşı peut aussi être expliqué

comme tel quand nous allons le montrer en analysant les entretiens que nous avons effectués

avec les habitants vivant à Tarlabaşı.

Maintenant, Tarlabasi est un quartier qui se suite entre l'Avenue Tarlabasi dans le sud

qui a une position parallèle à l'Avenue Istiklal, entre l'Avenue de Dolapdere au nord, la rue

d’Ömer Hayyam dans l’ouest et l'Avenue Taksim à l’est. Tarlabaşı consiste en six voisinages

(mahalles) officiellement définis comme Bostan, Bülbül, Çukur, Kamer Hatun, Kalyoncu 160Voir, « The Authentic Dubai Experience in İstanbul », Reclaim Istanbul, le 21 juillet 2012, Accessible : http://reclaimistanbul.com/2012/07/21/the-authentic-dubai-experience-in-istanbul/ 161 Pérouse, « İstanbul’la Yüzleşme Denemeleri », p.135. 162 Deli-Pérouse. « İstanbul et les migrations internes… », p. 3 163 Kuyucu & Ünsal, « Neoliberal Kent Rejimiyle Mücadele… » p. 105-106.

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Kulluk et Sehit Muhtar. Cependant, comme nous allons le prouver prochainement, c’est un

quartier qui se présent d’une façon ambiguë entre tous les taudis d’İstanbul. C’est pourquoi

Tarlabaşı apparait géographiquement au cœur de la ville, et en même temps plus lointain

d’un point de vu socio économiquement.164

Comme nous l’avons expliqué auparavant, particulièrement les destructions effectuées

par Dalan dans les années 1980 ont mené à l'appauvrissement du voisinage qui a accéléré la

ségrégation spatiale; d'autre part, dans les années 1990, Tarlabasi est devenu un abri pauvre

pour les déplacés involontaires (les kurdes) et les autres groupes marginaux. Ici, nous pouvons

remarquer que Tarlabasi a commencé à être dévasté physiquement et cette situation a suscité à

la dégradation socio-économique du quartier puisque son lien social et économique avec

Taksim a été empêché par la ségrégation.165

Donc, Tarlabasi est devenu un quartier principalement kurde à faible revenu qui

s’abrite aussi des populations marginalisées de la Turquie166 et après les années 1990,

Tarlabasi avait été une destination très séduisante pour les déplacés involontaires. La

disponibilité de bâtiments abandonnés en a fait un abri pour les déplacés involontaires et les

autres groupes marginalisées donc, l’isolation socio - spatiale et a augmenté énormément

pendant les années 1990. Tandis que toutes ces initiatives de revitalisation sont en cours,

Tarlabasi s'est métamorphosé lentement en quartier qui a attiré les intérêts politiques,

académique et économiques d'acteurs différents à partir du début des années 2000.

En 2006, le gouvernement turc a transformé 20.000 mètres carrés de Tarlabasi dans

une zone de renouvellement conformément à la loi 5366 discutée, en 2007, le projet a été

attribué à GAP insaat, une filiale de Holding Çalik. De plus, paradoxalement, le directeur

général de l'holding est Berat Albayrak, le gendre de premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Après l'annonce officielle du projet pour le renouvellement urbain « Tarlabasi Yenileniyor »

(Tarlabasi est renouvelée) par la municipalité de Beyoglu en 2008, les habitants ont

commencé à quitter la zone.

Le maire de Beyoglu, Ahmet Misbah Demircan (2012), précise que « C'était mon rêve.

Parce que si Beyoglu est un corps et a s’il y a des douleurs dans chaque parties de son corps,

164 Yılmaz, « Far Away, So Close… », p.28. 165 Kuyucu & Ünsal, « Neoliberal Kent Rejimiyle Mücadele... » p. 93-94. 166 Voir, Jessica Bourque; « Poor but Proud Istanbul Neighborhood Faces Gentrification », New York Times Journal, le 4 juillet 2012, Accessible : http://www.nytimes.com/2012/07/05/world/middleeast/05iht-m05-turkey-tarlabasi.html?pagewanted=all&_r=0

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nous avons dû mettre fin à la douleur pour le ranimer. Tarlabasi est une zone importante pour

nous. Cette transformation urbaine créera un effet domino en s'étendant partout en Turquie et

nous réveillerons la princesse de Beyoğlu ».167 D’un outre coté, d’après Ahmet Gün (2012), le

chef de l’association de propriétaire/ locataire et de solidarité /collaboration sociale du peuple

de Tarlabaşı :

« À cause de la bureaucratie, ces domaines historiques sont devenus appauvries. Ils n'ont pas conduit de clou dans les constructions. Le peuple n’est pas ce qui a fait Tarlabasi en ruine et on ne peut pas le blâmer pour cela. Par cette loi, la municipalité tient au pouvoir central pour tout le processus de prise de décisions et puis la municipalité déclare que l'accord avec ses décisions est essentiel. Maintenant, je voudrais demander, est-ce que ceci est un accord ou une contrainte ? L'accordance doit être mutuelle. La procédure en cours n'a aucune base juridique et donc c’est contre la constitution. Il n'y a aucune bâtiments inoccupé à Tarlabasi, il y a seulement 3 ou 5 d'entre eux qui comportent des risques liés aux débris. La municipalité affirme que 70 % des bâtiments sont vides; il n'y a aucune chose comme tel ! De plus, Tarlabasi est toujours présenté comme un quartier criminel par la municipalité; cependant, il y a un commissariat de police qui est juste trois pas et ceci est leur devoir. Je ne peux pas trouver les mots pour le décrire. Aussi, la municipalité utilise les discours qu’il y a des rues sales qui sont négligés. Ce projet est plein de contradictions. La municipalité néglige délibérément Tarlabasi pour qu'il puisse être présenté comme quartier sale et pour cela une transformation urbaine peut commencer à être réalisée. »168

Ainsi, beaucoup de familles à Tarlabasi font face à l'expulsion forcée à cause du projet

de transformation urbain. De plus, ils ont été soumis à l'intimidation et à la menace par la

municipalité de Beyoglu. Comme solution alternative, la municipalité offre aux habitants

actuels de Tarlabasi de se déplacer aux bâtiments de TOKI (l’Administration de

développement immobilier de la Turquie) qui a été fondé en 1984 afin d’empêcher la mal-

urbanisation dans la ville, de ranimer le secteur du logement et d’ouvrier la voie pour les

familles aux faibles revenues pour qu’ils aient un foyer en Turquie.

Un habitant nous raconte que la transformation urbaine qui mène à la destruction des

bâtiments actuels signifie quelque chose contre le respect de l’histoire depuis que les

constructions de maisons à Tarlabaşı sont les échantillons beaucoup plus modestes du 19ème

siècle :

« On voit les voitures tout le temps, ils disent qu’ils essayent de construire le métro. Cependant, ce que nous demandons c’est de ne pas fermer les routes quand ils sont en train de construire le métro ici. Ils peuvent continuer à faire des constructions dans les nuits par exemple. Il y a beaucoup de bâtiments historiques ici, ils disaient à l’époque qu’ils avaient envie de protéger l’histoire de ce pays. Et alors ? Par exemple, ce bâtiment a été construit en 1920, celle-ci aussi ! Même, ces bâtiments datent avant la période de la formation de la république dans ce pays. L’autre bâtiment que vous voyez date les années 1905, voire il y a des bâtiments qui ont été construit dans les années 1800. »

167Voir, Eda Solmaz, « Tarlabaşı Adam Olmaz Diyenler Çok Şaşıracak », Pazar Vatan, le 26 août 2012. Accessible : http://pazarvatan.gazetevatan.com/haberdetay.asp?hid=18973 168 Pour plus info écouter le podcast du programme « Kentin Tozu » de radio Açık qui étai sur Tarlabaşı, la date du 17 Aout, 2012.

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De plus, certaines se plaignent des politiques du gouvernement à propos de la

transformation urbaine autours d’İstanbul et qui effectivement, selon eux, vont influencer le

quartier de Tarlabaşı bientôt :

« A mon avis, dans deux années, vous ne pourrez pas voir Tarlabaşı comme tel. Parce que le quartier Tarlabaşı est d’une très grande valeur. Vous connaissez Cihangir… Tarlabaşı va bientôt devenir un quartier comme Cihangir. Par exemple, si un bâtiment coute à Tarlabaşı 100 turques lires, le même bâtiment coute 1000 turques lires à Cihangir. Et alors, qu’est-ce que le gouvernement a fait ? Tarlabaşı se situe dans le cœur d’İstanbul et est très précieux pour les entrepreneurs afin de faire leurs investissements. Alors, le premier ministre a déclaré actuellement un projet de reconstruction de la caserne et du shopping-mall. Je veux demander alors, qu’est-ce que le premier ministre va faire avec le shopping mall. Bref, il y a des intérêts par les entrepreneurs sur İstanbul, ils veulent monopoliser cette vile afin d’en tirer profit. »

David Smith (2011) donne l'exemple de São Paulo où la municipalité a détruit les

zones de taudis afin de remplacer les bidonvilles par des maisons à cinq étages. Cependant il

affirme que : « Le coût de la vie était beaucoup plus chère que ce qu'ils pouvaient se

permettre. » Donc, les habitants des bidonvilles ont été « expulsés du marché ».169 Ici, nous

pouvons remarquer que ce qui est arrivé à la population vivant à Tarlabasi est une expérience

tout à fait semblable aux citadines qui ont été expulsés de leurs logements à São Paulo. Dans

les sites (TOKİ), ces communautés aux faibles revenues sont forcées de vivre dans un

environnement où ils n’ont pas les moyens de payer le loyer ou d’acheter une maison

simplement :

« GAP insaat m'a enregistré à TOKI cela fait trois années; il n'y avait aucune destruction à ce moment-là. Ils nous ont dit qu'ils démoliront tous les bâtiments, c’est pour cela que nous devions aller à TOKI. D'abord, ils m’ont demandé de payer 5 millions de lires turques en liquide. Apres, ils nous ont dit que nous payerons seulement 100 liras turques pour le loyer. Cependant, TOKI nous a dupés en nous forçant à payer 500 liras turques pour le loyer par mois cette fois. Je veux dire quelque chose, il y a un réseau social fort parmi les gens qui sont dans l’activité de TOKI. Ils préfèrent donner les maisons à leurs amis; leurs parents parce qu’ils pensent cela serait plus rentable. Ils leur donnent un traitement de faveur tandis qu'ils nous forcent à être dans une condition plus mauvaise. Comment puis-je payer 500 liras turques par mois ? De plus, il y a aussi les factures d’électricités, de gaz, et de portiers et ils nous forcent à déménager à un endroit qui prend beaucoup de temps pour arriver au centre-ville. Finalement, ils nous ont dit que si ça ne sert pas nos profits, faites ce que vous voulez! » « Ils ont trompé la communauté vivant ici, tout le monde avait une vie régulière et des centaines de familles ont été forcées d'être expulsées. Vous pensez que cela correspond à combien d’individus ? Tout le monde est allé à ailleurs, mais pas aux bâtiments de TOKI pour autant que je sache. La plupart d'entre eux se sont installé à Kurtulus qui est près de Tarlabasi ou à Haciahmet et à Kasimpasa. Ainsi, tout le monde a dispersé à des endroits différents, peu de nos voisins sont allés aux quartiers loin comme Küçükçekmece, mais à cause des occasions de loyer bas bien sûr. »

169Voir, « The House that TOKI Built », People, Places, Stories from Tarlabaşı, le 9 mars 2011, Accessible : http://www.tarlabasiistanbul.com/2011/03/the-house-that-toki-built/ .

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2.2. Stigmatisation Spatiale

Après les années 1990, Tarlabaşı a commencé à inclure les migrants involontaires

ainsi que les autres groups marginaux dans son espace. Comme nous avons déjà indiqué dans

le premier chapitre de notre mémoire, à l’issue du conflit armé entre le gouvernement turc et

PKK, le déplacement forcé par le gouvernement a suscité l’arrivée de peuple kurde de villages

à İstanbul. D’après Yılmaz (2006), on peut diviser le déplacement forcé de kurde en deux ;

d’abord dans les années 1980, c'était principalement un type de migration « volontaire » pour

des raisons économiques comme nous l’avons auparavant mentionné. Pourtant, la migration

volontaire est devenue un déplacement involontaire pour des raisons politiques aussi bien

qu’économiques après les années 1990.170

Pérouse souligne que « les migrants sont considères comme étant sans respect pour la

ville ».171 Les habitants de Tarlabasi sont soumis à une stigmatisation ethnique selon laquelle

les kurdes sont identifiés avec le terrorisme ; les gitans et les kurdes avec la criminalité et les

Africains avec le trafic de drogue. De plus, les anciens habitants de Tarlabaşı ont un avis, une

vision négative sur les arrivants et ceci joue un rôle significatif pour la construction des

stigmates172 :

« Je suis arménien et j'ai 87 ans. Dans notre époque, Tarlabasi n'était pas comme ça, maintenant il y a des gens qui sont venus de l'Anatolie, il y a des kurdes qu'ils ont envahis à Tarlabasi. Il n'y a aucuns jours nostalgiques désormais. Nos portes étaient toujours ouvertes, nous avons eu l'habitude de donner nos clés à nos voisins et il y avait une confiance parmi nous. Il n'y avait aucune crainte; maintenant nous hésitons à parler avec les kurdes, ils sont venus à Istanbul, à cette grande ville, ils ont dû s'adapter à la ville et respecter aux normes. »

Tarlabasi se situe au point de discours de stigmatisation parce qu'il représente

d'exclusion sociale en raison de sa proximité au centre ville et des activités de délinquance

liées avec son caractère comme un quartier. Tarlabasi crée une crainte et plus il est stigmatisé,

plus de ses habitants sont soumis à l’exclusion sociale :

« Les gens qui viennent ici de l'extérieur ont peur d'entrer à ce quartier; et une fois qu'ils entrent, ils ont envie de sortir immédiatement. Ce quartier est stigmatisé à cause de la présence de vendeurs de drogue, il y a les gens qui n'ont pas d'attachements à quelqu'un dans la vie, et ils sont les vagabonds. » « Quand vous parlez sur Tarlabasi, ceci est présenté comme un quartier sale avec les activités de vol et de drogues etc. Les gens pensent que personne ne peut vivre et grandir comme un individu

170 Yılmaz, « Far Away, So Close… », p.29. 171 Deli-Pérouse, « İstanbul et les migrations internes… », p.3. 172 Yılmaz, « Far Away, So Close… », p.37.

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ici. Mais cela ne reflète pas la réalité ! Si quelqu'un est capable de vivre à Tarlabasi, alors on ne peut pas dire que c’est un quartier invivable. » « Tout le monde recherche le bonheur ici mais personne ne peut pas le trouver. Tout le monde a peur de voir les policiers ainsi que les voleurs partout. »

Certaines d’entre eux racontaient la difficulté d’inviter leurs camarades au quartier à

cause de la stigmatisation spatiale liée avec la mafia, le trafic de drogue et du vol :

« Par exemple, j'avais une amie qui venait de Diyarbakir avec qui je me suis rencontré aux fêtes de newroz. Ça fait longtemps qu’on ne se voit pas. Quand nous avons rencontré et nous sommes devenus des amis proches, elle m'a demandé où je vis et quand j'ai répondu que j’habite à Tarlabasi, elle a été très étonnée. Après, elle a mentionné qu'il y a de plus en plus de vendeurs de drogue et les mafias ici. Elle venait à notre maison un jour, je l'ai prise de Taksim pour arriver à notre maison. Cependant, elle a fait un marché avec moi que je ne devrais pas dire à ses parents que je vivais à Tarlabasi, au lieu de Tarlabasi, elle m'a conseillé de dire à ses parents que je vivais à Kurtulus. Bref, il y a une image générale et une mauvaise réputation de Tarlabasi. »

« Je pense que les personnes qui viennent à Tarlabaşı de l’extérieure du quartier, disons les kemalists, voient le quartier comme une menace eux-mêmes pour faire des promenades. Je ne crois pas que personnes peuvent avoir des difficultés s’ils promènent ici. Par exemple, j’ai un ami qui s’appelle Tolga et qui habite à Silivri. Je l’ai rencontré au marché de Tarlabaşı. Il est un enseignant audiovisuel. Il me disait qu’il avait peur de venir ici avant parce qu’il me racontait qu’il venait un jour dans la nuit à Tarlabaşı et qu’il avait été forcé d’acheter quelque chose par les vendeurs. Maintenant, il dit qu’il a peur de venir encore et de se promener ici. Mais pourquoi c’est ça que je me demande ? Autrefois, les personnes venant de l’extérieure du quartier ainsi que les touristes et les étranges ont été pillé. Bref, les personnes ont peur de venir et faire des promenades ici. Par exemple, les personnes qui habitent à Moda hésitent à venir ici sauf s’ils connaissent très bien quelqu’un qui habitait ici auparavant. Cependant, aujourd’hui, Tarlabaşı n’a pas cette mauvaise réputation qu’hier. »

D’autres se plaignaient des préjugés qui sont adressés à leur mode de vie par les

habitants des quartiers « civilisés » :

« Ils pensent qu'il est grossier d'accrocher des vêtements lavés à l'extérieur. Je ne comprends pas pourquoi c'est grossier ? Les gens peuvent voir mes vêtements quand je les porte ou ils peuvent les voir sur la corde à linge aussi, quelle est la différence ? Mais pour eux, ceci est grossier et impoli. Si la politesse signifie quelque chose comme ceci, donc un vêtement accroché sur la corde à ligne exprime la meilleure politesse pour moi. Les personnes qui parlent de la politesse sont ceux qui aiment se disputer tout le temps. Un jour, deux clients sont venus; ils parlaient l'un à l'autre et j’avais entendu leur conversation. Je me suis rendu compte qu'ils parlaient en regardant notre corde à linge en disant que nous n’avons pas de bonnes manières. Et l'autre disait que ceux-ci étaient des œuvres de gitans et elle ne ferait pas quelque chose comme tel à tout prix dans sa vie. De plus, ils parlaient l'un à l'autre que les gens vivant à Tarlabasi sont très non cultivés. Tout à coup, je me suis arrêté et j’ai dit que j’habite, travaille et élève un enfant dans le quartier qu’ils trouvent sale et mauvais, donc je les ai demandé d’aller ailleurs s'ils pensent qu'ils sont trop cultivés et ne peuvent pas supporter de rester ici. »

D’autres affirment qu’il y a un changement d’opinion des personnes lorsqu’ils

viennent de l’extérieur du quartier et le regardent plus attentivement :

« Les peuples qui viennent des autres quartiers pensent que Tarlabasi est une zone dangereuse puisqu’il y a des voleurs et des toxicomanes. Ce quartier est tombé en discrédit en ayant une

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mauvaise réputation. Même si nous entrons à l'Union européenne ou même Tarlabasi serait changé complètement, on y donne ce nom et il n'y a aucune chance de le changer. Toutefois, il n'y a quelque chose comme tel. Par exemple, cela faisait trois ou cinq mois que les gens comme vous sont venus ici pour faire une enquête, ils m'ont dit qu'ils voulaient flâner dans le quartier, mais ils ont hésité à le faire parce que les gens leur ont dit qu'il était dangereux d'aller à Çukur mahallesi. J'ai été témoin de cette situation et je leur ai demandé qui a dit tout ça. Je leur ai offert une aide pour réaliser leur recherche et nous avons flâné dans le quartier ensemble. Toutefois, quand nous avons frappée à toutes les portes, les gens nous avaient offert du thé. Ces chercheurs/chercheuses ont été vraiment étonnés, ils m'ont dit que l'atmosphère diffère tout à fait ce que leurs amis leur ont dit, donc ils ont trouvé les gens hospitalier ici. »

D’ailleurs, ils soulignaient le rôle de la municipalité qui a contribué à la mauvaise

réputation de Tarlabaşı en blâmant son incapacité pour résoudre le problème :

« C’est généralement admis que la plupart de gens qui vivent à Tarlabasi sont des voleurs, des toxicomanes etc.; mais ceci est à cause de la pauvreté. Cependant, tout est sous le contrôle du gouvernement, si le gouvernement veut l'arrêter, il peut empêcher ces activités qui ont lieu ici et ceci n'est pas la tâche difficile de faire. En réalité, chaque événement est lié avec l'un l'autre, par exemple, il y a ce processus de transformation urbain maintenant. Je peux dire que ce projet de transformation urbain est utilisé comme prétexte en parlant à tout le monde qu'il y a des voleurs, des vendeurs de drogue etc. pour qu'une tentative comme tel pour nettoyer le voisinage soit nécessaire. Ils ne savent pas que le commissariat de police est juste ici ? Il y a beaucoup de sales boulots dans les rues transversales de commissariat de police. Ils ne le connaissent pas ? Par exemple, s'il y a une activité politique, la police immédiatement stoppe les gens qui sont engagés ces activités, j'ai quelques amis qui sont arrêtés même s'ils n'avaient pas d’engagement à ces activités illégales. Ainsi, si la police peut identifier ces gens et les saisir, s'ils ont le pouvoir de juger des activistes politiques, pourquoi permettent-ils aux vendeurs de drogue de faire leur affaire? Mais pour eux, ceci est beaucoup plus approprié puisque ce n'est pas pour leurs avantages si une personne kurde connaît ou lutte pour son identité. C'est pourquoi ils permettent aux voleurs et vendeurs de drogue de faire leur activité ; encore plus, ils les protègent! »

Pour cela, ils pensent aussi que le gouvernement essaie de faire déplacer la population

kurde à Tarlabaşı pour qu’ils, chez eux, aillent être massacrés encore une fois par le

gouvernement turc :

« Aujourd’hui j’habite à Tarlabaşı et au moment où vous regardez les espaces soumises à grandes opérations de transformation urbaines sont des endroits dont la plupart des kurdes habitent. Près de 90% de la population vivant à Tarlabaşı est consisté de kurdes. Il y avait un esprit de résistance ici, c’est-a dire, il y avait une population plus organisée et loyal l’un l’autre. Pourtant, l’AKP disait s’il pourrait disperser la population kurde, comme Çiller (l’ancienne première ministre de la Turquie) disait à l’époque, s’il pourrait exiler les kurdes de Kurdistan, par exemple, aux desserts de Konya, la première ministre pensait que les kurdes pourraient mourir après un certain temps là. Néanmoins, plus les kurdes sont soumises à l’oppression et la torture, plus ils ont commencé à résister. Mais voilà, ce point de vue encore se continue dans ce pays, cela tout à fait rassemble au processus de l’évacuation des villages dans les années 1990, ce qui est différent aujourd’hui c’est que seulement les facteurs à propos du processus, c’est- à dire la répression de la population kurde, changeant selon la conjoncture. » « Il y avait une population qui venait du sud-est de la Turquie ici, le gouvernement avait du mal à prendre des votes de cette population. Donc, le gouvernement a commencé à disperser cette masse de Tarlabaşı puis qu’il pense que les personnes qui peuvent habiter à ce quartier doivent être les personnes qui le soutiennent profondément. »

« Il me semble que l’évacuation effectué par le pouvoir du gouvernement, ressemble à une sorte de génocide. Plus ils gagnent, plus il y aura des personnes pauvres dans ce pays. D’ailleurs, les bâtiments ne sont pas détruits par les entrepreneurs complètement ; au contraire, ils seulement

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changent les façades des bâtiments en retouchant l’intérieur des édifices. L’utilisation de lait de chaux, de teintures, de plâtre en font des bâtiments que briller. »

En outre, ils nous disent qu’il y a déjà une diminution remarquable du nombre

d’habitant à Tarlabaşı à cause des loyers extrêmement élevés qui conduit à un changement

majeur pour la texture de l’ambiance du quartier :

« Tandis que les loyers étaient de 500-600 lires turques pour deux chambres et un salon, aujourd’hui, vous pouvez seulement acheter une maison à Tarlabaşı avec les dollars puisque les lires turques ne sont pas valables désormais. Donc, vous pourrez seulement acheter une maison en payant les euros, les dollars pour les bâtiments de Tarlabaşı. Cependant, nous n’avons pas les moyens pour faire cela, je félicite les pères de l’argent, on dit une transformation pour les rentes. Je n’ai rien à dire. Il était une fois vous voyiez les gitans, les kurdes, les alevis etc. partout. Mais, la population vivante ici diminue, les combats parmi les femmes gitans se baissent. Personnes ne restent ici maintenant, personnes ! Cela est devenu un quartier de spectre. Je demande à la Turquie d’avoir un rôle plus conscient sur ses habitants ici, je la demande de construire les bâtiments pour la population actuelle de Tarlabaşı. Personne ne pourrait avancer en abusant les habitants. Il y a un proverbe qui dit « les ennuis des oppressés petit à petit s’expriment (Mazlumun ahı çıkar aheste aheste). Ainsi, j’avertis les entrepreneurs de ne pas porter ces troubles sur leurs épaules, parce que ce monde ne peut pas demeurer suffisant pour eux aussi. »

D’ailleurs, comme nous l’avons déjà indiqué ci-dessus, les bâtiments de TOKİ, selon

eux, provoque une sorte de massacre de la population kurde de Tarlabaşı ce qui a déjà

réalisée, chez eux, au cours du conflit armé entre le gouvernement turc et le PKK dans les

années 1990 :

« Par exemple, ils donnent 50 milliard turques lires qui vaut le prix de 100 milliard turques lires afin de faire quitter des habitants de leurs lotissements. Pour l’amour de Dieu, si la construction des maisons de TOKİ est résistante aux tremblements de terre, on peut aller si loin, ce n’est pas un problème pour nous. En générale, nous, les kurdes, aimons bien marcher. Pourtant, les bâtiments de TOKİ sont au bord de la ruine ! Franchement, je demande aux architectes et ingénieurs étrangers de venir et voir la construction de TOKİ. Je pense que, ce gouvernement a commencé à mettre en pratique l’administration de TOKİ parce qu’il veut savoir comment il peut massacre la population kurde dans ce pays. »

Bref, ils nous parlent de Tarlabaşı comme un quartier où les spectres habitent à l’issue

de la transformation forte :

« Tarlabaşı est un quartier mort maintenant, la communauté existante habite dans la destruction comme vous voyez. Par exemple, la rue juste à coté d’ici… Autrefois, tout le monde avait du mal à dormir en raison des bruits faites par les enfants du quartier dans cette rue. Pourtant, aujourd’hui, quand vous passez cette rue, vous ne pouvez pas prévoir ce qu’il peut arriver après. Ce quartier est bien dégradé, quand je regarde Tarlabaşı à minuit, j’imagine s’il y a des fantômes marchant entre nous. »

Pour autant, tout ce qui se passe actuellement à Tarlabaşı, en renvoyant aux bâtiments

fragiles nouveaux construits qui ne sont pas puissantes au risque de tremblement de terre,

d’après eux, prédestine les habitants à faire à la fois quitter leurs abris ainsi qu’à terminer

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leurs interactions entre leurs voisins, qui exprime pour nous une destruction de l’esprit du

quartier :

« Par exemple, ils nous offraient 150 milliard turques lires pour faire nous déplacer de notre habitation. Donc, les habitants, en générale, se sont déplacés à Hacıahmet (un quartier très près de Tarlabaşı) en tant que locataires. Apres, ils font un dépense léger afin de vendre les maisons ce qui pourraient couter quatre fois plus chère que les anciennes. Bref, ils ne pensent pas que celles sont les maisons des habitants actuelles ici et qu’ils ont besoin de vivre. Au contraire, ils cherchent terminer les interactions entre les habitants actuelles. Par exemple, les personnes qui viennent du même village habitent tous ensemble dans le même appartement avec 4 ou 5 étages. Et c’est pour cela, il n’en demeure pas moins que la transformation urbaine est justement un prétexte créé pas le gouvernement turc. Il me semble que la maison dans laquelle nous habitons à Tarlabaşı pendant douze années est plus résistante au tremblement de terre par rapports aux bâtiments nouveaux construits. Par exemple, mon oncle habite dans une maison qui a été construit il y a cent ans et rien n’a arrivé de mal. D’ailleurs, je pense que, ces bâtiments qui ont été construit il y a 4 ou 5 ans, sont des maisons qui vont être pourris bientôt puisqu’ils ont utilisé des mauvais matériaux pour la construction des bâtiments. Le tremblement de terre suscite une destruction des constructions, mais si vous posez les fondements plus forts et plus durables pour la construction des bâtiments, vous ne pouvez pas voir les bâtiments tomber. »

Présentant sa transformation urbaine commerçant du 19ème siècle à nos jours, on

constante que les tentatives pour sa déconstruction par l’État turc, ce quartier dans lequel les

déplacés kurdes majoritairement habitent montre encore que le pouvoir étatique, afin d’être

victime sa population à l’issue des changements politiques néolibérales de ce pays, la

communauté kurde devient de plus en plus excluante sur les droits économiques, sociaux et

culturelles. Ainsi, dégradant dans son espace spatialement, Tarlabaşı illustre comme un

quartier dans lequel l’État turc mène à une sorte de massacre de la population kurde

stigmatisée comme il l’a déjà réalisé au cours du conflit armé dans la région de l’Anatolie du

sud-est de la Turquie dans les années 1990.

80

Chapitre IV : L’esprit du quartier

1. La solidarité entre le peuple turc et kurde et les autres groupes

Selon Bougarel (1996), le concept de komsiluk (voisinage) découvre ses origines

pendant toute la durée de l’Empire ottoman dont ses caractéristiques équivalent à un ordre

communautaire ottoman particulier et qui signifie un système de coexistence quotidienne

parmi les différents habitants d’une communauté qui pourrait consister en trois catégories.

Alors, on peut remarquer principalement les signes ou les traces de la notion de komsiluk tout

d’abord par le biais de l’entraide dans l’emploi ainsi que dans la vie quotidienne,

deuxièmement à travers l’invitation pour célébrer des cérémonies religieuses, finalement par

le moyen d’organisation pour les événements de la vie familiale. De plus, dans le cadre de

komsiluk, en tant qu’institution fonctionnelle, on peut se reposer et être ravi dans les périodes

de crise, de faiblesse, de prospérité et de détachement etc.173

En outre, dans le cadre de komsiluk, il n’en demeure pas moins que l’État est absent

dans un endroit où la proximité et la vie de tous les jours se sont formées. Donc, on peut

définir le komsiluk comme « recherche de la sécurité par la réciprocité et la paix » ayant un

pluralisme hiérarchisé dont son trait de l’ordre communautaire ottoman ne tombe pas dans

l’oubli.174 De ce point de vue, on peut fidèlement préciser que la nation, en tant qu’espace

politique où les personnes partageant des caractères communs, s’associe à la citoyenneté

tandis que le millet175, en tant que communauté non politique et non territoriale, correspond

au komsiluk. Aussi, laissant de coté sa particularité ethnique ainsi que religieuse, dans le

cadre de la citoyenneté, l’individu demeure abstrait dans l’espace public dans lequel il

s’imprègne, à savoir, dans la cité. Cependant, confirmant son appartenance ethnique ainsi que

religieuse et étant fondé sur un individu concret, dans le cadre du komsulik, on se rend

173 Xavier Bougarel, « Bon voisinage et crime intime », in : Xavier Bougarel, Bosnie. Anatomie d’un conflit, Paris : La Découverte, 1996, p.81-82-83.

174 Ibid, 84. 175 Le terme millet qui vient du mot arabe signifie une communauté religieuse qui intéresse la protection des minorités dans l’Empire ottoman.

81

compte que l’individu pénètre dans l’espace public concret ; autrement dit, dans les rues, les

villages, les mahallas (quartiers) etc.176

Pourtant, aujourd’hui le komsiluk, si on met de coté son rôle dans l’Empire ottoman, à

cause de l’industrialisation, l’urbanisation, la démarche visant à donner une valeur

économique à un bien ou à un service et la pénétration des villages dans l’économie globale,

tous ces changements ont extrêmement mené à la déstabilisation du komsiluk. Parce que, la

séparation du lieu de travail et du lieu d’habitation conduisant à une fragilisation des éléments

de base du komsiluk, on perçoit dans les grandes villes, en raison de l’exode rural, une

disparition des caractéristiques d’un voisinage dans un sens traditionnel.177 Néanmoins, dans

le cadre de notre recherche, le quartier de Tarlabaşı, se situant au cœur d’İstanbul à la fois par

sa ségrégation spatial/ethnique ainsi que par sa proximité au centre ville, il n’en demeure pas

moins que le terme de komsiluk reste vivant à ce quartier au sujet des entraides existant parmi

ses habitants.

Un habitant kurde nous raconte que le soutien entre des différents groupes est très

important et les habitants nouent des relations de bon voisinage avec des turcs alors même que

les personnes qui regardent le quartier de l’extérieur n’en croient pas leurs yeux :

« Il n’existe aucune différence entre les kurdes et les turcs ici. Par exemple, celles qui habitent au premier étage de cet appartement sont des turques et celles qui habitent au rez-de-chaussée sont des kurdes. Si un habitant kurde a besoin du sel ou bien du sucre pour cuisinier, il peut demander pour les emprunter à son voisin turc. Il y a une voisine qui vient de Konya et qui habite juste en face de nous. La vielle, je lui disais que je n’avais pas mangé, mais je ne lui avais jamais demandé quelque chose pour manger à lui ! Alors, je lui disais que je venais de la maison et je ne mangeais rien lorsque j’étais en train d’acheter du pain à l’épicerie pour faire la cuisine. Cependant, elle m’envoyait une baguette pleine de fromage dès que je le lui disais cela. Bref, tout le monde ici est amis l’un et l’autre mais les personnes qui viennent d’ici à l’extérieure ne le savent pas. »

En outre, il faut aussi mentionner l’interaction sociale et les relations de bon voisinage

avec d’autres groupes ethniques de leur propre communauté sont présentes : « A l’époque, il y avait des habitants grecs et les maisons de Tarlabaşı appartenaient à la population grecque. Quand nous sommes arrivés à Tarlabaşı, il y a avait un voisin grec qui habitait juste à coté de nous et il décédait entre mes mains. A ce moment là, j’emmenais cette dame de chez elle à la banque parce qu’elle avait du mal à marcher et elle me donnait quelques sous pour cela. Elle me disait ‘tiens, c’est pour ton aide, peut-être tu prendras un chocolat, tu es un enfant très bon’. Elle me parlait en grec mais je pourrais la comprendre. Elle m’aimait bien et elle me rappelait chaque mois. »

176 Xavier Bougarel, « Bon voisinage et crime intime », in : Xavier Bougarel, Bosnie. Anatomie d’un conflit, Paris : La Découverte, 1996, p.85. 177 Ibid, 86.

82

Un autre habitant qui vient de Mardin nous explique que pendant les cérémonies

religieuses, la plupart des gens du quartier se réunit pour présenter leurs condoléances à la

famille du défunt : « En ce moment, à Tarlabaşı, il existe tout à fait une unité indissoluble entre les habitants. Par exemple, on avait un enterrement et nos amis venaient des autres régions afin de le participer. Une personne faisait une crise de cardiaque alors qu’elle se promenait à İstanbul. Alors, on avait un enterrement à 6 heures à Hacıahmet. En générale, au cours des enterrements, on loue en corbillard et on escorte notre dépouille mortelle à la place de Hacıahmet, et après on renvoie l’enterrement à Mardin. Puisque nous sommes beaucoup à Tarlabaşı, les habitants qui viennent de Mardin, rassemblent de l’argent dans chaque enterrement. Apres, les personnes viennent et présentent leurs condoléances. Personne ne pense si ce n’est pas bien de participer à la cérémonie. »

Il existe des personnes qui sont contentes d’avoir des voisins turcs et qui pensent que

Tarlabaşı ressemble à leurs villes d’origine : « Notre voisin qui habite juste à coté de nous est Laz (les habitants qui viennent de la région de mer noire en Turquie). Il me semble que Tarlabaşı est un quartier comme Mardin, ma ville d’origine depuis qu’il y a des assyriens ainsi que des arabes etc. là-bas .Je pense qu’ici, c’est pareil. Par exemple, il y avait des gitans qui habitaient juste à coté de chez nous et on toujours passait du bon temps avec eux. En outre, il y a des voisins qui viennent de la région de la mer noire (Laz) qui habitent près de chez nous depuis longtemps et je peux également dire qu’on passe bon temps avec eux. Franchement, nous sommes de très bons voisins. Nous ne pensons pas puisque nous sommes kurdes, on doit faire un dialogue seulement avec les kurdes à Tarlabaşı. »

Certaines d’entre elles pensent même si les kurdes sont traités différemment en

Turquie en général, il ne serait pas erroné de dire qu’il y a une réciprocité et un respect

existant entre la population kurde et la population turc du quartier. Et puis, d’après elles, afin

de mettre fin aux préjugés de la population kurde de la Turquie, les turcs doivent

prioritairement essayer de se mêler à la population kurde : « En effet, tout le monde a du mal à rentrer à Tarlabaşı. Cependant, dès que vous commencez à vivre ici, vous rendez compte qu’il y a des personnes qui sont chaleureux. En réalité, je n’ai pas beaucoup d’amis turc ici mais je n’ai jamais rencontré de personnes qui étaient très ‘turcs’ aussi. Bref, je les respectais pour leurs idées, et également ils me respectaient pour mes pensées. Il me semble que les personnes connaissent les kurdes très mal. Etre turc signifie quelque choses. Néanmoins, à mon avis, puisque les kurdes sont soumis à beaucoup d’oppressions, ils deviennent des parias. Au contraire, je pense qu’ils sont très chaleureux. Si vous allez à la maison d’un kurde, vous pouvez remarquez qu’ils sont très hospitalières. Ma famille est comme ça aussi, quand il y a des invités chez nous, nous devenons très inquiétants afin de servir nos invités bien. Bref, les kurdes sont comme cela. Cependant, certains turcs s’approchaient des kurdes comme s’ils étaient de mauvaises fréquentations. Mais, je pense qu’ils doivent beaucoup parler avec eux afin de comprendre que les kurdes ne sont pas comme ils pensent. »

Encore, une habitante kurde nous raconte des relations de bon voisinage au sujet de la

solidarité avec des turcs au quartier : « J’ai envie de donner un exemple, la voisine qui habite juste devant de chez nous et qui vient de la région de la mer noire (Laz) m’aide de temps en temps puisque je m’évanouis souvent. Elle et ma mère s’entraident souvent financièrement. Ma mère attend que mon père rentre du travail, ils donnent sans aucune hésitation. En outre, quand elle fait la cuisine, elle nous envois le repas

83

qu’elle prépare. Par exemple, ma sœur aime bien helva (un dessert spécifique en Turquie) et cette voisine qui habite juste à coté de notre maison nous envois de temps en temps helva afin d’amuser ma sœur. Aussi, elle cuisine du aşure (un autre dessert particulière en Turquie faite au printemps) puisque son mari est alevi, et elle nous envoie du aşure avec la casserole parce qu’elle sait que tout le monde chez nous aime bien le aşure. De plus, les autres voisins qui habitent près de chez nous sont des turcs mais nous sommes très bons voisins avec eux aussi. Nous n’avons jamais rencontré des problèmes avec eux. De plus, il y a des gitans qui fêtent les mariages et de temps en temps, nous prenons part à leurs noces et nous dansons. Enfin, il n’y a pas des mauvaises relations entre les turcs, les kurdes ainsi que les gitans à Tarlabaşı. »

De plus, selon certaines, quelques habitants turcs de Tarlabaşı ne connaissent pas

vraiment les kurdes ou bien, pour elles, les kurdes de la Turquie ne sont pas très connus.

Pourtant, au sein du mariage et de la famille entre les turcs et les kurdes, les kurdes de

Tarlabaşı croient que cela signifie une rupture ce qui favorise le respect des droits d’égalité de

la population kurde : « Mon beau-frère vient de Bartın (une ville qui se suite dans la région de la mer noire) et un jour je le ramenais à des noces qui avait eu lieu dans ma ville d’origine, à Bingöl. Dès qu’il voyait l’ambiance humanitaire dans ma ville d’origine, il me disait qu’il pensait qu’il y avait toujours eu lieu le conflit lié avec la terreur là- bas. »

D’après une femme turque, les valeurs de bon voisinage, les entraides ainsi que la

solidarité, qui peuvent se trouver dans un environnement considérablement multiculturel,

invoquent que les habitants nouent bien des liens avec des gens qui montre la propre

personnalité et l’état d’esprit particulier du quartier :

« Ici, la vie est très belle, très vivante. Désormais, nous sommes habitués à vivre à Tarlabaşı. Vous devriez regarder ce qu’on fait dans les soirées ici. Nous nous amusons bien, nous rions bien. Nous partageons notre bonheur ainsi que notre tristesse tous ensemble. Bref, toutes les choses qu’on partage sont communes. Si vous passez un petit temps ici, vous pouvez le regarder plus attentivement. Tout le monde se connait bien, il existe une solidarité, une assistance parmi les habitants. Mais plus important encore, tout le monde a un cœur en or ici, personne ne pense à faire quelque chose de mal à quelqu’un. Personne ne croit les commérages. L’importance est de se confier ici. »

Un des muhtars178 de Tarlabaşı ajoute :

« Ici, il n’y a pas aucune différence parmi des gens. Cela n’a pas d’importance, tout le monde continue à vivre en fraternité, nous n’avons pas de problèmes avec des autres personnes qui sont racialement et religieusement différents que nous. Il n’y a pas de discrimination entre les kurdes, les turcs, les gitans, les assyriens et les arméniens. Nous sommes tous frères ici, nous n’avons aucun problème avec notre voisins, nous entretenons de bonnes relations avec nos voisins. Cependant, ayant peu de chances de trouver un emploi, nous sommes profondément inquiets par cette situation au quartier. »

178 L’homme qui orient vers un certain but un village ou un quartier, comme un maire, dans les pays d’Asie centrale et du Moyen-Orient

84

Un kurde nous explique, au fil du temps, on voit l’acceptation des kurdes par

différents groupes à Tarlabaşı, car, selon lui, les habitants ainsi que tous les individus dans

l’ensemble du pays commencent à croire que les chaines de télévision ne sont pas objectives

et la médiatisation ne reflète plus la réalité :

« Au début, on peut dire qu’il n’y avait pas de bonnes relations entre des groupes ethniquement et culturellement différents à Tarlabaşı. Mais aujourd’hui, ce n’est pas comme ça. Quand les kurdes sont arrivés ici pour la première fois, il y avait cette idée de réputation crée et imposée par le gouvernement qui était fortement effrayant pour des autres populations comme les gitans, les turcs et les alevis. Ils avaient peur de nous depuis que le gouvernement turc a toujours essayé de nous présenter comme des ennemies dans les médias. Cependant, au moment où ils ont commencé à nous connaitre après un certain temps à Tarlabaşı, nous sommes devenus très proches au quartier. Par contre, les muhtars des quelques quartiers (mahalle) de Tarlabaşı sont des kurdes et les personnes qui ont voté pour ces muhtars sont des personnes ethniquement différents qui habitent à Tarlabaşı. Alors, après un moment, ces personnes ont commencé à apprendre que les kurdes ont raison de se battre contre les injustices faites par le gouvernement et de revendiquer leurs droits fondamentaux dans ce pays. En effet, aujourd’hui, on se rendre compte qu’il y a énormément de signes qui montrent qu'un soutien fort des turcs, des gitans, des alevis, des arméniens ainsi que des sunnites. Maintenant, je pense que l’existence d’un peuple kurde dans ce pays est acceptée par d’autres groupes, même cela se fortifie. En fait, on peut conclure que 20% de la population croit que des médias racontent ses vérités et 80% ne croit pas quelque chose comme telle. »

Aussi, par comparaison avec les années précédentes, un kurde nous dit, actuellement,

que le quartier accueilli plus les personnes ethniquement différentes à bras ouverts :

« Ici, si vous êtes turc ou kurde, il n’y pas de différence entre des groups. Par exemple, il y a des africaines aussi à Tarlabaşı. Vous pouvez voir des gens kurdes, des turcs, des gitans, bref tous les habitants de Tarlabaşı ensemble dans les kahves (cafés) et ils s’accordent très bien entre eux. Parce que, tout le monde partage la même couche sociale et approximativement toutes les personnes ont le même niveau de dépenses. Donc, ces gens doivent s'embrasser parce que personne ne peut venir et vous donner quelque chose à l’extérieur du quartier. Surtout, au cours des dernières années, je pense qu’il y a une cohésion plus forte que les années précédentes. Sept-huit ans avant, ce n’était pas comme ça bien sur, parce que, à ce moment-là tout le monde s’approchait différemment. Peut-être que, c’était justement une phase de la reconnaissance essayant d’être trouvé par les habitants. Je l’appelle comme période de flirt ou bien comme période de fiançailles entre les habitants de Tarlabaşı. Bref, aujourd’hui, on voit l’ambiance du quartier à propos de la solidarité et l’entraide entre des habitants. Il y a des kurdes, des arméniens qui s’assoient ensemble aux cafés pour bavarder. »

D’un autre coté, un autre kurde nous raconte : « Au début, il y avait eu des problèmes parmi les habitants. Pourtant, aujourd’hui tout le monde a commencé à se connaitre et les personnes qui ont tenté de nous exclure du quartier ont déménagé vers d’autres quartiers. »

D’ailleurs, ils soulignent le fait qu’ils créent un sentiment d’antagonisme entre la

population kurde, turc et les autres groupes sont, politiquement parlant, des leaders :

« Nous sommes très contents ici. Excellente ambiance, avec une bonne solidarité entre nous et nous avons des relations amicales. Nous sommes citoyens de ce pays et nous essayons toujours

85

d’aider aux gens qui font face aux difficultés de la vie quotidienne. Nous sommes tous frères, alors il n’existe pas de ségrégation entre groupes. Les personnes qui tentent de nous séparer sont des leaders. »

Encore, en dehors du quartier de Tarlabaşı, les politiques discriminatoire turque,

d’après certaines, démontèrent les ennuis essentiels posé par l’Etat turc :

« À mon avis, je ne pense pas que cinq doigts d'une main peuvent fonctionner également. Pour les relations avec des autres personnes, je pense qu'il y a des gens pas bien chez les turcs, les kurdes, les alevis, les sunnites aussi bien que les arméniens. Par exemple, vous pouvez être une bonne personne mais je peux être quelqu’un qui a un mauvais fond. Je pense que si la politique d'Etat n'intervient pas, on ne voit pas le problème significatif. »

Dans le cadre des entretiens effectués sur l’esprit du quartier existant entre des groupes

ethniquement différents, en tant qu’ayant une identité kurde, Tarlabaşı se montre comme un

espace riche qui conduit à nous définir une communauté solidaire respirant dans sa frontière.

Pour autant, ce qui essaye de faire sa population ethnique divers comme des ennemies est

l’État turc dont le discours étatique, selon eux, divise la société en fragments.

86

C O N C L U S I O N

Les kurdes de la Turquie, au cours du conflit armé entre le gouvernement turc et le

PKK, étant soumis à répressions traumatisantes et intenses comme nous avons démontré dans

le cadre de notre recherche à traverse des entretiens qu’on a effectués avec certaines

populations kurdes de Tarlabaşı, dans un quartier qui se situe au cœur d’İstanbul, on constate

que l’occupation du terrain par la force de cette population dans leurs villages a entrainé les

ruptures sur la mémoire collective de cette communauté minoritaire en Turquie. Alors, la

seule résistance qui pouvait être réalisé par cette population était de rappeler la guerre intense,

les morts inoubliables dans les villages et les destructions de tous les aspects de la vie. Ils

devaient chercher les moyens pour s’exprimer plus afin de ne pas oublier leurs récits de vie

qui ont été fait taire par l’autorité turque depuis longtemps.

Nous pensons que, dans notre recherche, l’idée de faire connaitre aux lecteurs ces

forces brutales de l’État turc dans les années 1990 contre la population kurde de la Turquie,

demeure une des majeures impulsions qui nous a permit d’avancer tout au long de notre

étude. Parce que, selon nous, comme nous avons déjà mentionné dans ce mémoire, les

recherches sur les récits de vie de la communauté kurde ne sont pas assez développées et

assez interrogées en Turquie, et les études sur İstanbul continuent à fermer ses yeux sur la

question kurde ou sur la communauté plus excluant et plus pauvre dans un quartier dans le

centre ville stambouliote. Pour cela, aussi, nous avons essayé d’expliquer par les entretiens

effectués que faire comprendre les récits de vie de la communauté kurde en Turquie, qui ont

été formulé plus intensément dans les années 1990 au cours du conflit armé entre le

gouvernement turc et le PKK, nous ont montré que la paix avec la question kurde peut arriver

si les autres groupes ethniques, surtout les kémalistes, le comprennent profondément aussi.

En outre, selon nous, si on commence à penser sur le concept de paix en Turquie, on

doit regarder le mouvement kurde plus attentivement afin de mieux comprendre la définition

de la paix dans ce pays. Parce que, les opinions des kurdes de la Turquie, depuis la formation

de l’État turc avec ses tentatives de moderniser ce même pays, ne montre pas un accord avec

l’État turc qui est, d’après eux, plus autoritaire, plus répressive ainsi que plus brutal. Alors, en

tant qu’opposants d’un État turc violent, les kurdes de la Turquie essayent d’exister souvent

ayant une connaissance politique ainsi que collective. En conséquence, pour nous, grâce aux

87

entretiens effectué dans le quartier de Tarlabaşı où les déplacés kurdes d’İstanbul

majoritairement s’installent, on pense que les kurdes demeurent une des populations ethniques

qui ont une consciente plus paisible sur les droits de l’homme de la Turquie.

De plus, nous sommes d’accord avec l’idée que sans essayant d’analyser ou de

comprendre les injustices faites à des populations minoritaires dans le monde entier, cette

population évidemment correspond à la communauté kurde de la Turquie dans le cadre de

notre mémoire, on ne peut pas faire disparaitre ces doléances soumises à des populations

accentuées. Alors, les kurdes, ayant une identité négligée et souvent opprimée dans un

quartier qui se situe au centre ville stambouliote et qui se distingue avec ces habitants

ethniquement différents ainsi que avec sa ségrégation spatiale, sont des communautés

ethniques plus refoulées et plus pauvres à İstanbul. Pour cela, ayant réalisé nos entretiens avec

la population différent dans le quartier de Tarlabaşı, on constate que, afin de définir une

nouvelle pauvreté à propos de la communauté kurde du quartier, malgré leurs réseaux sociaux

dans le quartier qui nous ont conduits à faire une définition de bon voisinage existant entre les

groupes différents aussi, il n’en demeure pas moins que les kurdes continuent à rester plus

excluants à cause des difficultés de recrutement sur le marché du travail doublé avec la

violence direct et indirect soumise contre elles au cours du conflit armé les années 1990.

Après ayant présenté le conflit armé entre le gouvernement turc et le PKK et la

pauvreté qui exclue la communauté kurde du quartier dans le centre ville stambouliote de plus

en plus sur le marché du travail, nous avons tenté de comprendre la violence étatique au cours

du conflit armé à travers des récits de vie de la population kurde à Tarlabaşı. Pour autant, par

ce biais, nous sommes arrivés toujours à la question de l’apprentissage du turc par la

communauté kurde à İstanbul afin d’approfondir sur la construction de leurs villages au cours

du conflit armé dans les années 1990. Pour cela, nous avons obtenu beaucoup d’informations

sur la difficulté de l’apprentissage d’une langue que la population kurde ne connaissait pas

bien dans leurs villes d’origine et les tentatives de l’État turc essayant de supprimer cette

communauté existante sans tenir en compte de leur grande existence en Turquie et leur

mémoire collective qui engendre à se lutter de plus en plus contre les injustices réalisé par

l’État turc pour prendre leur droits. Enfin, nous avons abordé le problème kurde à l’échelle

identitaire avec ses ruptures construits dans le centre ville stambouliote par la communauté

kurde à Tarlabaşı.

88

A la suite, nous avons commencé à présenter un bref historique du quartier à partir du

19ème siècle à nos jours en touchant à sa transformation urbaine soutenue par l’État turc.

Après, nous avons essayé d’encadrer le quartier avec son importance liée avec ségrégation

spatiale qui engendre une stigmatisation spatiale faite par les personnes qui regardent ses

habitants attentivement en dehors du quartier. Ici, nous avons remarqué que, ayant une

mauvaise réputation par les couches aisées, ce quartier est devenu un espace plus dégradé

ainsi laissé plus aux pauvres.

D’un autre coté, nous avons commencé à nous rendre compte que, comme les

événements du 6-7 septembre qui menait à l’exode de la population grecque à leur pays

origine à cause du processus de « turkification » conduisant à la diminution des nombres de

la population non-musulmane qui peuvent être considérées à la lumière d’un pogrom

remarquable, nous soutenons l’idée que, maintenant ayant une identité kurde, Tarlabaşı

demeure encore comme un quartier dans lequel l’État turc joue un rôle important pour

dissimuler ses habitants ethniques minoritaires dans son espace.

Enfin, nous avons essayé de montrer le bon voisinage du quartier qui existe avec ses

habitants ethniquement différents, c’est- à-dire, un bon voisinage surtout entre les kurdes et

les turcs, parce que les personnes individuellement interviewés nous ont toujours raconté leurs

liens noués avec des autres groupes ethniques au quartier, ce qui nous ont mené à conclure

que ce quartier dégradant, stigmatisant et ayant une identité kurde majoritairement, a tout à

fait son propre esprit qui se distingue avec ses habitants multiculturelles.

89

ANNEX

Tableau 1 :

Personnes interviewés

Age Sexe Education Emploi Le lieu de naissance

La date d’arrivée à İstanbul

1 47 M Ecole primaire

Vendeur de thé

Siverek/Şanlıurfa Les années 1970

2 29 M Enseignement à distance (Lycée)

Profession libérale

Dargeçit/Mardin Les années 1990

3 30 M Ecole primaire

Profession libérale

Dargeçit/Mardin Les années 1990

4 24 M Ecole primaire

Ouvrier du textile

Mardin Les années 1990

5 49 M Ecole primaire

Mafia Siirt Les années 1980

6 38 M Ecole primaire

Mafia Bingöl 1989

7 25 F Lycée Ouvrier du textile

Dargeçit/Mardin Les années 1980

8 24 M Lycée Vendeur de portable

Batman Les années 1990

9 46 M Lycée Récupérateur de matériaux recyclables

Siverek/Şanlıurfa Les années 1980

10 29 M Ecole primaire

Marchand ambulant

Ağrı Les années 1980

11 62 M Ecole primaire

Ancien chauffeur

Siverek/Şanlıurfa 1972

12 87 M Lycée Menuisier İstanbul 1926 13 50 M Lycée Muhtar(maire

du quartier) Mardin Les années

1980 14 24 F Enseignement

à distance (Lycée)

Épicerie Sivas Les années 1980

90

Tableau 2 :

Personnes interviewés La vision politique 1 DSP/Partie démocrate de gauche 2 BDP/ Partie pour la paix et la démocratie 3 BDP/ Partie pour la paix et la démocratie 4 BDP/ Partie pour la paix et la démocratie 5 BDP/ Partie pour la paix et la démocratie 6 - 7 BDP/ Partie pour la paix et la démocratie 8 BDP/ Partie pour la paix et la démocratie 9 - 10 BDP/ Partie pour la paix et la démocratie 11 DSP/Partie démocrate de gauche 12 - 13 - 14 -

91

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du 17 Aout, 2012.