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Hiérarchie intra-noyau et négociabilité des éléments centraux d’une représentation sociale Intra-core hierarchy and negotiability of the central elements of a social representation Florent LHEUREUX* et Grégory LO MONACO** * Laboratoire de psychologie, Université de Franche-Comté, Besançon, France ** Laboratoire de Psychologie Sociale, Aix-Marseille Université, Aix-en-Provence, France

Hiérarchie intra-noyau et négociabilité des éléments centraux d’une représentation sociale [Intra-core hierarchy and negotiability of central elements of social representations]

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Hiérarchie intra-noyau et négociabilité des éléments centraux d’une représentation sociale

Intra-core hierarchy and negotiability of the central elements of a social representation

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Florent LHEUREUX* et Grégory LO MONACO*** Laboratoire de psychologie, Université de Franche-Comté, Besançon, France** Laboratoire de Psychologie Sociale, Aix-Marseille Université, Aix-en-Provence, France

Situés dans le cadre de la théorie des représentations sociales, on s’intéresse au concept de négociabilité intra-noyau afin de positionner celui-ci en regard des travaux relatifs à la hiérarchie du noyau central. On pose pour hypothèse que la confirmation d’un élément central prioritaire (ECP) compenserait la mise en cause (MEC) d’un élément central adjoint (ECA) et conduirait les participants à reconnaître l’objet de représentation. Inversement, on s’attendait à ce que la MEC d’un ECP ne soit pas compensée par la confirmation simultanée d’un ECA. Une étude expérimentale conforte cette hypothèse, permettant ainsi l’intégration théorique du concept de négociabilité intra-noyau et la formulation de perspectives de recherches concernant la dynamique des représentations sociales et de leur rôle en tant que grille de lecture de la réalité.

La correspondance pour cet article doit être adressée à Florent Lheureux, Université de Franche-Comté, 30 rue Mégevand, 25030 Besançon cedex, France. Courriel : <[email protected]>.

In the framework of the social representations theory, we are interested in the concept of intra-core negotiability. One aims at specifying this concept with reference to the works concerning the central core hierarchy. We assumed that the confirmation of a principal central element (PCE) would invalidate the effects of the calling into question (CIQ) of an adjunctive central element (ACE), and would lead participants to recognize the object of representation. Inversely, we considered that the CIQ of a PCE would not be invalidated by the simultaneous confirmation of an ACE. An experimental study supports these hypotheses, allowing the theoretical integration of the intra-core negotiability concept, and the formulation of research perspectives concerning both the dynamics of social representations and of their role as reading grid of reality.

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OOn s’intéresse, dans le cadre de la théorie du noyau central des représentations sociales (Abric, 1993, 1994, 2001), à la notion de négociabilité intra-noyau (Kate-relos 2003, expérience 2), dans le but d’apporter quelques précisions en regard des travaux portant sur la hiérarchie des éléments centraux (Rateau, 1994, 1995a, 1995b).

Les représentations sociales (Moscovici, 1976) ont été définies comme des en-sembles d’informations, de croyances et d’attitudes élaborés et partagés par les membres d’un groupe social donné à l’égard d’un objet de leur environnement. L’approche structurale de ces représentations (cf. Abric, 1993, 1994, 2001) consi-dère qu’une représentation est structurée autour et par un noyau central. Ce der-nier comporte des éléments à forte valeur symbolique et porteurs de significations nécessaires pour reconnaître l’objet représenté en tant que tel. Les autres éléments, dénommés périphériques, sont présentés comme secondaires et dépendants des éléments centraux, à partir desquels ils puisent leur signification. Ainsi, les élé-ments centraux apparaissent non négociables (Flament, 1999 ; Moscovici, 1992), c’est-à-dire que leur mise en cause (Moliner, 1989) entraîne, d’une manière géné-rale, une contradiction du sens attribué à l’objet qui devient méconnaissable pour la majorité des sujets interrogés. On dit alors qu’ils « réfutent » l’idée selon laquelle ils seraient confrontés à l’objet de représentation. A l’opposé, les éléments périphé-riques sont aptes à supporter cette contradiction et autorisent, par conséquent, une reconnaissance de l’objet malgré leur mise en cause. Ils sont donc négociables de ce point de vue.

Cependant, plusieurs travaux ont révélé que la non négociabilité de certains élé-ments centraux était quelque peu relative lorsque placée sous l’influence d’as-pects idéologiques (Rateau, 2000, expérience 3), affectifs et facteur de polarisa-tion comme les nexus (Lo Monaco, Rateau, et Guimelli, 2007), d’une information persuasive émise par une source épistémique de haut statut (Mugny, Moliner, et Flament, 1997), ou encore, lorsque consécutivement à la mise en cause d’un élé-ment central, un autre élément du noyau est confirmé (Katerelos, 2003, expérience 2). Dans ce dernier cas, l’auteur procède par MEC de l’élément (l’auteur parle à ce sujet de « négation », i.e. argument favorisant la non reconnaissance de l’objet) ou par confirmation (i.e. argument favorisant la reconnaissance de l’objet) selon un plan 2 (éléments centraux : élément central 1 vs. élément central 2) X 2 (condi-tion : MEC vs. confirmation). Les résultats indiquent que l’objet n’est pas reconnu uniquement dans la condition où les deux éléments centraux sont mis en cause (i.e. avec « négation »). Dans les autres conditions, l’objet est reconnu. Ce der-nier point suggère que la confirmation d’un élément central, alors même que le second est mis en cause, permet la reconnaissance de l’objet. Ces travaux ont eu, sans conteste, le mérite d’aborder la question des relations entre éléments cen-traux, en ce qui concerne la possibilité d’observer la négociation de l’un d’entre eux sous l’effet de la confirmation d’un autre. Cependant, ils ne prenaient pas en compte le statut hiérarchique intra-noyau des éléments centraux étudiés conformé-ment aux travaux conduits par Rateau (1994, 1995a, 1995b). Pourtant, considérer cet aspect permettrait de mieux comprendre ce phénomène, en précisant dans

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quelle(s) condition(s) une telle compensation de la mise en cause d’un élément central est éventuellement observable. Les recherches réalisées par Rateau (1994, 1995a, 1995b) ont permis de montrer qu’il existait une hiérarchie des éléments composant le noyau central des représentations sociales. Dès lors, il est devenu nécessaire d’établir une distinction entre des éléments centraux dits prioritaires (ECP dans la suite du texte) et d’autres éléments centraux qualifiés d’adjoints (ECA dans la suite du texte). En effet, la mise en cause d’un ECP, à l’inverse de ce qui se produit pour un ECA, donne lieu à davantage de réfutations absolues (de type « ce n’est certainement pas l’objet », « ce n’est totalement pas l’objet ») que relatives (du type « ce n’est probablement pas l’objet », « ce n’est plutôt pas l’objet ») (Lheureux, Rateau, et Guimelli, 2008 ; Rateau, 1994). La réfutation des premiers (i.e. ECP), a pour conséquence un effondrement du sens lié à l’objet, ce qui empêche sa recon-naissance en tant que tel. Pour les seconds (i.e. ECA), c’est davantage la réfutation d’un aspect moins fondamental dans l’organisation interne de la représentation de l’objet qui est en jeu. La mise en cause de celui-ci, malgré son caractère dési-rable, entraîne une non reconnaissance plus « modérée ». C’est ainsi que, selon Rateau (1995a, p. 47), l’ECP fonde le sens de la représentation, alors que l’ECA « ne fait que le spécifier ». C’est dans cette optique que Guimelli (1998, 2003) déclare que les éléments centraux adjoints sont plus négociables que les éléments centraux prioritaires. La distinction entre ECP et ECA permet d’une part de mieux comprendre le fonctionnement interne du système central mais permet également, selon nous, de spécifier les conditions sociocognitives dans lesquelles le phéno-mène de « négociabilité intra-noyau » mis en évidence par Katerelos (2003) peut prendre place. Plus précisément, on prévoit que la confirmation d’un ECP serait à même de contrarier les effets de la mise en cause d’un ECA, puisque seule l’ECP est au fondement de la représentation (il est en ce sens « premier » et indispensable). En revanche, nous ne prévoyons pas de réciprocité, dans le sens où l’on s’attend à ce que la confirmation d’un ECA ne compense pas l’écroulement du sens engendré par la MEC d’un ECP, puisque l’ECA ne joue un rôle majeur dans le système central qu’en étant mis en relation avec l’ECP. Dans cette perspective, la MEC d’un ECP rendrait « caduque » la confirmation de l’ECA, celle-ci n’ayant alors plus de sens.

1. Méthode

1.1. Objet d’étude

On propose de s’intéresser à un objet de représentation bien connu dans le champ de l’approche structurale des représentations sociales : le groupe idéal. Cet objet présente l’avantage de réunir à son propos beaucoup de contributions qui ont, d’une part, identifié sa structure, et, d’autre part, précisé le statut intra-noyau (ECP vs. ECA) des éléments centraux de sa représentation sociale. En effet, les recherches réalisées à propos de cet objet ne manquent pas (Flament, 1982 ; Moliner, 1989 ; Guimelli, 1993, 1998, 2001, 2002 ; Lheureux et coll., 2008, expérience 1 ; Lo Monaco et coll., 2007 ; Moliner, 1989, 1992a, 1992b, ; Moliner et Martos, 2005, expérience 2 ; Mugny, Moliner, et Flament, 1997 ; Mugny, Tafani, Butera, et Pigière, 1998 ; Mugny, Quiamzade, et Buchs, 2005 ; Quiamzade, 2003 ; Rateau, 1994,

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1995a, 1995b, 2000 ; Tafani, Falomir, et Mugny, 2000 ; Tafani, Mugny, et Bel-lon, 1999). Ces travaux ont donc pu confirmer à maintes reprises le statut central de deux éléments : les relations positives et l’absence de hiérarchie (souvent res-pectivement dénommées, par commodité, amitié et égalité). L’élément « relations positives » est un ECP de cette représentation, alors que l’élément « absence de hiérarchie » est identifié, quant à lui, en tant qu’ECA. Selon Rateau (1995b, p. 73), le premier est déterminant pour reconnaître l’objet en tant que groupe, le second « spécifie qu’il s’agit d’un groupe idéal ».

1.2. Participants

Ce sont 191 étudiants (Mâge = 21; s = 1.64) d’une université française qui ont accepté librement de prendre part à cette recherche. L’échantillon était composé de 60 hommes et de 131 femmes.

1.3. Procédure

Les sujets étaient recrutés près de la bibliothèque universitaire. L’expérimentateur les abordait en leur demandant s’ils souhaitaient participer à une prétendue étude par questionnaire sur la perception des groupes. L’anonymat et le caractère confi-dentiel des réponses étaient garantis et l’expérimentateur ajoutait que la saisie des questionnaires était assurée de manière informatique et automatique. Les question-naires étaient distribués de manière aléatoire et les sujets avaient pour consigne de répondre selon l’ordre indiqué (présentation d’une des variantes du scénario inducteur élaboré initialement par Moliner, 1988, puis réponse à une question de reconnaissance de l’objet).

1.4. Plan expérimental

Variables indépendantes. L’induction expérimentale de cette recherche a été opéra-tionnalisée au moyen de scenarii, conformément aux recherches réalisées antérieu-rement à propos de cet objet. À l’instar des travaux réalisés par Katerelos (2003), on a procédé par mise en cause (MEC, qui correspond à ce qu’il nomme une négation), et par confirmation, en ajoutant des conditions où le statut des éléments n’était pas précisé (l’élément n’était pas évoqué). Nous étions ainsi en présence d’un plan expérimental intersujets 3 (statut dans le scénario de l’ECP relations positives : MEC vs. confirmation vs. non précisé) X 3 (statut dans le scénario de l’ECA absence de hiérarchie : MEC vs. confirmation vs. non précisé). Nous proposions donc au final neuf scenarii différents, un pour chaque groupe expérimental (cf. annexe).

Variables dépendantes. À la suite de la lecture du scénario, les sujets devaient répondre à une question de reconnaissance de l’objet. Inspirée de travaux récents (cf. Rateau, 2000 ; Lo Monaco et coll., 2007), elle a permis de savoir si les sujets considéraient ou non le groupe présenté comme étant un groupe idéal. Après lec-ture du scenario décrivant une des variantes du groupe, on leur demandait de répondre à la question suivante : « Diriez-vous qu’il s’agit d’un groupe idéal ? ». Les sujets disposaient d’une échelle de type Likert en six points allant de 1 « Pas du tout

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d’accord » à 6 « Tout à fait d’accord ». A partir de ces réponses, on s’est notamment intéressé au taux de réfutations de chaque élément (i.e. la proportion de réponses négatives 1, 2 et 3 prises ensemble), caractéristique des éléments centraux dès lors qu’il ne se différencie pas significativement du taux théorique de 100% (selon le test du Kolmogorov-Smirnov, cf. Abric, 2003 ; Moliner, Rateau, et Cohen-Scali, 2002). D’une manière complémentaire, on a étudié les variations du score de re-connaissance de l’objet [1 ; 6] sous l’influence des deux facteurs manipulés.

1.5. Hypothèses

L’ensemble des hypothèses testées dans le cadre de cette recherche, conformément à l’expérience réalisée par Katerelos (2003), sera posé en termes de reconnais-sances vs. non reconnaissance de l’objet.

– Hypothèse 1 (H1) : dans l’ensemble des conditions ne présentant pas de MEC d’un élément central, on anticipait une reconnaissance de l’objet « groupe idéal ». Nous prévoyions donc d’obtenir dans ces conditions des taux de réfuta-tions significativement inférieurs à 100%.

– Hypothèse 2 (H2) : lorsque les deux éléments centraux étaient mis en cause, ou lorsqu’un seul l’était sans que l’autre soit confirmé, on s’attendait à une non reconnaissance de l’objet « groupe idéal », cela devant être avéré par des taux de réfutations non significativement différents de 100%.

– Hypothèse (H3) : étant donné la différence de statut entre ECP et ECA, on sup-posait que la confirmation de l’élément relations positives (ECP) compense les effets d’une MEC de l’élément absence de hiérarchie (ECA), aboutissant dès lors à une reconnaissance de l’objet « groupe idéal » (i.e. taux de réfutations signifi-cativement inférieurs à 100%). Par contraste, la réciproque n’était pas anticipée, dans le sens où la confirmation de l’absence de hiérarchie (ECA) ne devait pas compenser la MEC de l’élément relations positives (ECP) et ainsi amener une non reconnaissance de l’objet (i.e. taux de réfutations non significativement différents de 100%).

Le tableau 1 ci-contre présente une synthèse des hypothèses formulées dans le cadre de cette recherche.

Nous allons dès à présent exposer les analyses relatives à la mise à l’épreuve expé-rimentale des hypothèses formulées dans le cadre de cette recherche.

2. Résultats

Avant de procéder à l’étude des différents taux de réfutations obtenus dans chaque condition expérimentale, une ANOVA nous a permis de tester l’influence des deux facteurs manipulés : le statut de l’ECP (MEC vs. non précisé vs. confirmé) et le statut de l’ECA (MEC vs. non précisé vs. confirmé) sur le score de reconnaissance de l’objet [1 ; 6]. Cette analyse révèle des effets principaux du statut de l’ECP, F(2, 182) = 28.82, p < .0001, ηp² = .24, et du statut de l’ECA, F(2, 182) = 7.21, p < .001, ηp² = .07, ainsi qu’un effet d’interaction entre les deux, F(4, 182) = 3.52, p < .01,

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ηp² = .07. Si les deux éléments centraux ont une influence sur les réponses des participants, ils ne semblent toutefois pas être équivalents de ce point de vue. En effet, les variations du statut de l’ECP entraînent des différences plus importantes entre les conditions expérimentales du point de vue du score de reconnaissance moyen (MMEC = 2.40 ; Mnon précisé = 3.65 ; Mconfirmé = 3.81) que l’ECA (MMEC= 2.84 ; Mnon précisé = 3.50 ; Mconfirmé = 3.52). Ensuite, l’interaction confirme que le score de reconnaissance de l’objet induit par le statut d’un élément central dans le scé-nario (MEC vs. non précisé vs. confirmé) varie en fonction du statut dans ce même scénario de l’autre élément central. La figure 1 (cf. page suivante) de mieux saisir cette interaction.

Lorsque les deux éléments ont le même statut (conditions en noir – ECP/A), les scores traduisent une non reconnaissance uniquement lorsque les deux éléments font l’objet d’une MEC (Mnon précisés = 4.20 ; Mconfirmés = 4. 20 ; MMEC = 2.55). Si l’on se place du point de vue l’ECP (en gris foncé – ECP), on note que lorsque cet élément est mis en cause le score de reconnaissance ne varie pas en fonction du statut de l’ECA (MECPMEC / ECAnon précisé = 2.30 ; MECPMEC / ECAconfirmé = 2.36). À l’inverse, lorsque le statut de l’ECP est non précisé et l’ECA confirmé, le score de reconnaissance est typique de la reconnaissance de l’objet (MECPnon précisé / ECAconfirmé = 4.00). Cela est également le cas lorsque l’on se place du point de vue de l’ECA (en gris clair – ECA) (MECAnon précisé / ECPconfirmé = 4.00). Toutefois, la similitude entre ces deux éléments s’ar-rête à ce niveau. En effet, lorsque l’ECP est confirmé, la MEC de l’ECA rend compte d’un score de reconnaissance plus élevé (MECAMEC / ECPconfirmé = 3.23) comparative-ment à la condition dans laquelle cette confirmation est absente (MECAMEC / ECAnon

précisé = 2.75). Cette interaction révèle par conséquent que l’impact de la MEC de l’ECA sur le score de reconnaissance dépend du statut de l’ECP, mais pas l’inverse.

Tableau 1 : Synthèse des hypothèses de recherche

Statuts des deux éléments dans le scénario Hypothèses en termes de reconnaissance (R) vs. non reconnaissance (NR) de l’objetRelations positives (ECP) Absence de hiérarchie (ECA)

Non précisé Non précisé R

Confirmation Confirmation R

Confirmation Non précisé R

Non précisé Confirmation R

Confirmation MEC R

Non précisé MEC NR

MEC Non précisé NR

MEC Confirmation NR

MEC MEC NR

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Figure 1 : Représentation graphique des scores de réfutations obtenus pour chaque élément, en fonction de son statut dans le scénario et du statut de l’autre élément central

Figure 2 : Représentation graphique des taux de réfutations obtenus, en fonction de la mise en cause ou non et de la confirmation ou non des deux types d’éléments centraux

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Afin de vérifier si ces variations sont observables également d’un point de vue structural, nous pouvons examiner la figure 2 ci-dessous, présentant l’ensemble des taux de réfutations obtenus selon leur ordre décroissant (de gauche à droite).

Cette figure permet tout d’abord de distinguer les conditions selon qu’elles ont impliqué ou non la MEC d’un élément central. En effet, les cinq conditions ayant occasionné la MEC d’un élément central (prioritaire et/ou adjoint) sont présentes sur la gauche de la figure, car présentant les taux de réfutations les plus importants. Les autres conditions, situées sur la droite et obtenant les plus faibles taux, sont celles qui n’étaient pas concernées par une MEC. Ce qui apparaît graphiquement est confirmé statistiquement : prises ensemble, les conditions comportant au moins une MEC ont entraîné davantage de réfutations (74.77%) que les conditions sans MEC (22.50%), les réponses obtenues étant significativement différentes de l’équi-fréquence (χ²(1, N = 191) = 13.47, p <.001). Par comparaison, les réponses obte-nues en fonction de la présence ou non d’une confirmation d’un élément central ne diffèrent pas significativement de l’équifréquence (44.14% avec confirmation vs. 65% sans ; χ²(1, N = 191) = 1.91, ns). Donc, concernant les éléments centraux, il semblerait que leur MEC prime sur leur confirmation dans la détermination du score de reconnaissance de l’objet. Ce dernier constat va d’ailleurs dans le sens des observations de Katerelos (2003). Cela ne signifie pas pour autant que cette confirmation soit sans effet et importance, nous le verrons après.

La deuxième observation est relative à la différence de statut structural des deux éléments centraux étudiés. La MEC de l’élément relations positives entraîne, toutes conditions prises ensemble, 83.08% de réfutations alors que l’absence de hié-rarchie induit l’apparition de 68.18% de réfutations, la différence entre les deux étant significative (χ²(1, N = 131) = 3.94, p < .05). Ces résultats confirment dès lors le caractère prioritaire de l’un (relations positives) et adjoint de l’autre (absence de hiérarchie), comme cela a été antérieurement observé (Lheureux et coll., 2008 ; Rateau, 1994, 1995a).

On notera ensuite que la MEC d’un élément central n’entraîne pas systémati-quement une non reconnaissance de l’objet. En effet, même si cette non recon-naissance semble constituer la règle générale, on observe, à l’instar de Katerelos (2003), que la confirmation d’un élément central peut compenser la MEC d’un autre, ce phénomène étant appelé « négociabilité intra-noyau ». Cependant, les résultats obtenus diffèrent de ceux de Katerelos (2003) et cela conformément à nos hypothèses. Comme attendu, la prise en compte de la hiérarchie du noyau central, semble devoir être considérée dans le cadre de cette négociabilité. L’étude la figure 1, accompagnée de celle du tableau 2 (cf. page suivante), permet d’aboutir à cette conclusion.

La MEC de l’élément central prioritaire (ECP), en l’occurrence relations positives, occasionne une non reconnaissance systématique de l’objet, les taux (85%, 84% et 80%) ne se différenciant pas significativement des 100% théoriques. Ainsi, le statut dans le scénario de l’ECA absence de hiérarchie (MEC vs. confirmé vs. non précisé) importe peu, dès lors que l’ECP relations positives est mise en cause. Par

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contraste, la MEC de cet ECA amène un taux de réfutations de 58% lorsque l’ECP est confirmé, taux significativement inférieur à 100% et habituellement typique des éléments périphériques. Ce résultat, conforme à notre hypothèse 3, suggère ainsi que la négociabilité intra-noyau ne concerne que les ECA et confirme à nouveau l’importance de la nature et du statut hiérarchique intra-noyau des éléments cen-traux.

L’analyse de ce tableau conforte également les hypothèses 1 et 2. Effectivement, les conditions sans MEC d’un élément central entraînent des taux de réfutations (allant de 15% à 30%) synonymes de reconnaissance de l’objet (H1) et la MEC d’un élément central, lorsque l’autre élément n’est pas confirmé, entraîne bien des taux (70%, 80% et 85%) propres à une non reconnaissance de l’objet (H2).

Cette dernière constatation étant posée, nous pouvons désormais discuter des ré-sultats obtenus dans le cadre de cette expérimentation.

3. Discussion

Les implications de cette recherche concernent différents aspects de la théorie du noyau central. Elle concerne tout d’abord le concept de « négociabilité intra-

Tableau 2 : Synthèse des taux de réfutations obtenus selon les conditions expérimentales

Statuts des deux éléments dans le scénario

Hypothèses Taux Diagnostics EffectifsRelations positives

(ECP)

Absence de hiérarchie

(ECA)

Non précisé Non précisé R 25% R 20

Confirmation Confirmation R 20% R 20

Confirmation Non précisé R 15% R 20

Non précisé Confirmation R 30% R 20

Confirmation MEC R 58% R 26

Non précisé MEC NR 70% NR 20

MEC Non précisé NR 85% NR 20

MEC Confirmation NR 84% NR 25

MEC MEC NR 80% NR 20

Note : R = reconnaissance de l’objet ; NR = non reconnaissance / Seuils de centralité (Kolmogorov-

Smirnov ; α = .05) : pour n=20 : 69.59% ; pour n=25 : 72.80% ; pour n=26 : 73.59%

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noyau » développé par Katerelos (2003). Ce concept apparaît relativement surpre-nant, car autant novateur qu’a priori contradictoire avec les principes fondateurs de l’approche structurale des représentations. En effet, les éléments centraux des représentations sociales ont été initialement conceptualisés comme non négo-ciables (Flament, 1999 ; Moliner, 1989 ; Moscovici, 1992), car générateurs du sens et organisateurs du reste de la représentation (Abric, 1994). Les recherches de Katerelos (2003) illustrent le phénomène de négociabilité intra-noyau, tout en se situant dans une perspective exploratoire, perspective ne permettant pas de situer harmonieusement ce concept au sein de l’approche structurale des représenta-tions. Cela s’explique probablement par le fait que Katerelos (2003) semble plus préoccupé par l’analyse des processus différents supposément induits par la MEC d’un élément central (processus « déontique ») et par sa confirmation (processus « argumentatif »). Pour notre part, on s’attache à approfondir l’étude de la négocia-bilité intra-noyau en la mettant en perspective avec la hiérarchie du noyau central. Ce faisant, cette étude permet l’intégration du concept de négociabilité au sein des connaissances actuelles relatives à la structure des représentations sociales. De ce point de vue, seuls les ECA sont relativement négociables à condition qu’un ECP soit confirmé. A ce propos, il convient de préciser ce que l’on entend ici par le terme « négociabilité. » Katerelos (1993) parlait de négociabilité argumentative, en référant à une perspective communicationnelle. La reconnaissance de l’objet induite par la confirmation et la MEC simultanées de deux EC était vue comme prenant place dans un cadre discursif, ou peut avoir lieu une négociation. Dès lors, parler de négociabilité du point de vue structural et sociocognitif, comme nous le faisons ici, peut paraître surprenant. Il convient donc de prévenir une éventuelle ambiguïté ou contradiction perçue. Le terme négociabilité réfère ici au caractère potentiellement négociable – plus ou moins important au niveau discursif – du lien symbolique élément représentationnel / objet. Selon nous, le caractère poten-tiellement négociable (au sens propre du terme) d’un élément dépend du degré de tolérance de sa MEC au niveau sociocognitif, lui-même étant fonction de la position et du rôle de cet élément dans la structure de la représentation. En ce sens, la négociabilité argumentative (discursive) ne figure pas parmi les propriétés socio-cognitives d’un élément, mais en est fortement dépendante. C’est pour cette raison et parce que les termes « non négociable », « négociable », et « négociabilité » sont couramment employés pour différencier les éléments d’une représentation que nous conservons ce terme ici. Toutefois, à proprement parler, il n’y a pas de « négociation » au niveau sociocognitif lorsque l’on met en cause ou confirme un élément.

Cette recherche présente également des implications à propos de l’étude du noyau en tant que système hiérarchisé. Deux observations confirment bien l’existence de cette hiérarchie. En effet, tout d’abord, le fait que la MEC d’un ECP entraîne plus de réfutations que la MEC d’un ECA (ici 83.08% vs. 68.18%) plaide en faveur d’une différenciation des deux types d’éléments. Ensuite, on a observé que la MEC d’un ECA entraîne généralement une non reconnaissance de l’objet (taux de réfutations non différents de 100%), hormis lorsqu’un ECP est confirmé (taux = 58%) ; la

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MEC d’un ECP, par comparaison, entraînant systématiquement une non reconnais-sance. Cette dernière observation démontre à nouveau le caractère inconditionnel de l’ECP, étant donné que sa MEC ne peut être compensée par la confirmation de l’ECA, alors que ce dernier fait l’objet d’une non négociabilité relative. En outre, au travers du concept de négociabilité, cette dernière observation permet d’aller plus en avant dans la compréhension du fonctionnement interne du système central selon le type d’élément mis en cause.

Plus généralement, cette expérience – du fait de la négociabilité de certains élé-ments centraux – questionne la clarté de la frontière entre les systèmes central et périphérique. C’est le cas également d’autres études. Par exemple, si la structure des représentations sociales était purement dichotomique, les réfutations absolues et relatives ne seraient pas associées à des différences du point de vue de l’incon-ditionnalité / normativité des éléments étudiés ou ne rendraient pas compte d’une hiérarchie au sein des éléments identifiés comme périphériques, comme cela a été pourtant observé par Lheureux et collaborateurs (2008). Dans le même esprit, il ne suffirait pas d’introduire une modalité de réponse intermédiaire (« neutre ») dans les échelles de réponse pour faire varier le diagnostic de centralité (Bataille et Mias, 2003 ; Dany et Apostolidis, 2007), puisque cette modalité intermédiaire n’aurait finalement pas de sens pour les sujets. Autres exemples, le phénomène de sous-structuration périphérique mentionné par Katerelos (1993) et Flament (1994b), ou encore les travaux abordant les représentations sociales en tant que système de catégories (Brissaud-Le Poizat et Moliner, 2004) ne sont pas compatibles avec une stricte approche dichotomique de la structure des représentations. Ces recherches, ainsi que celle exposée ici, incitent donc à relativiser cette approche. Dans cette perspective, les ECA peuvent être conditionnels, puisque leur MEC est tolérable sous certaines conditions. La différence entre les ECA et éléments périphériques s’en trouve ainsi visiblement réduite. La différence tiendrait peut-être au carac-tère fortement désirable (c’est-à-dire « normatif », Moliner, 1992a, 1992b) des ECA alors que les périphériques le seraient moins (Lheureux et coll., 2008) ; bien que certains éléments périphériques désignent plus souvent que d’autres le « bon ordre des choses » et obtiennent des taux de réfutations plus élevés (Lheureux et coll., 2008, expérience 2). Une autre explication possible consisterait à penser que la différence entre ECA et éléments périphériques serait dû au fait que les premiers, puisque faisant partie du système central, seraient plus connexes avec les ECP que les seconds. En ce sens, en mettant en cause un ECA on mettrait peut-être implici-tement en cause un ECP, ce qui induirait une réfutation de l’objet. Dès lors, si l’ECP est confirmé, la MEC d’un ECA deviendrait plus tolérable. Quoiqu’il en soit, ces recherches suggèrent toutes une redéfinition du statut des ECA et, peut-être plus généralement, du statut d’élément central. La présente recherche ne permet pas d’aller plus loin dans cette réflexion, mais plaide en sa faveur.

Malgré ces différents apports, cette recherche présente pour limite de laisser en suspend d’autres questions importantes en ce qui concerne l’approche structurale des représentations sociales.

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À notre sens, les résultats présentés supra posent tout d’abord la question des rela-tions existantes entre négociabilité et dynamique des représentations, sans toute-fois avancer des réponses à ce sujet. Pour rappel, du point de vue de l’approche structurale dans laquelle on se situe, la transformation d’une représentation sociale implique la modification de son noyau central. L’idée développée dans ce cadre est qu’une situation contradictoire avec la configuration structurale de la représen-tation peut amener, selon les conditions décrites par Flament (1994a), un chan-gement du noyau central et donc de la représentation dans son ensemble. Selon Abric (1994), les représentations se transforment selon trois modes distincts : la transformation brutale, la transformation progressive et la transformation résistante. Parmi les travaux concernés, on relève la présence d’éléments empiriques attes-tant l’existence des deux premiers modes (cf. notamment Guimelli, 1998, pour une illustration de transformation progressive, ou Andriamifidisoa, 1982, pour un exemple de transformation brutale). Étant donné, d’une part, que la transformation d’une représentation sociale nécessite la modification de son noyau central et que, d’autre part, ce dernier est hiérarchisé, il apparaît nécessaire, selon nous, de pré-ciser ce qu’implique l’existence de cette hiérarchie relativement à la dynamique représentationnelle. Nous l’avons constaté, un ECA fait l’objet d’une non négocia-bilité relative, contrairement à son alter ego prioritaire (ECP). Cette particularité suggère que les ECA sont plus susceptibles que les ECP d’être à l’origine d’une dynamique structurale, leur nature les prédisposant davantage à devenir périphé-riques. Par ailleurs, de par leur caractère plus négociable, les ECA sont susceptibles de faire aussi bien l’objet d’une transformation brutale de leur statut structural que d’une transformation progressive, alors que les ECP, étant pour leur part, non né-gociables, sont plus insensibles aux variations situationnelles et ne peuvent donc que changer progressivement de statut (sous réserve d’irréversibilité perçue de la situation, cf. Flament, 1994a, ou encore d’implication forte, cf. Guimelli, 2002). En outre, à la lumière des résultats empiriques exposés précédemment, il est égale-ment très probable que le changement de statut structural d’un ECA soit facilité par la confirmation simultanée d’un ECP, la transformation de la représentation pou-vant alors s’opérer de manière plus soudaine à ce niveau. La mise en perspective des recherches menées en parallèle à propos de la dynamique des représentations d’une part, et au sujet de la hiérarchie du noyau central, d’autre part, permettrait ainsi, selon nous, de nouveaux développements théoriques.

Cette expérimentation invite aussi à s’interroger quant aux conséquences, en termes de perception de la réalité, de la MEC d’un ECA lorsque qu’un ECP est confirmé. En effet, selon Moliner (1988), une représentation sociale constitue une « grille de lecture » des situations, évènements ou personnes en rapports avec l’ob-jet représenté. Cette « grille » devient inapplicable dès lors qu’un « objet », rencon-tré à l’occasion d’une situation donnée, n’est pas conforme aux éléments centraux de la représentation. Cependant, comme nous l’avons empiriquement observé, en condition de confirmation de l’ECP, l’objet de représentation est « reconnu » mal-gré la MEC d’un ECA. Cela signifie par conséquent que la grille de lecture continue de s’appliquer, malgré le caractère atypique de l’objet rencontré. Partant, se pose

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la question de préciser les conséquences de cette situation particulière sur l’activité perceptive et évaluative des individus, par comparaison à une situation sans mise en cause du noyau central. On se souviendra, en effet, que les représentations sociales sont appréhendées et étudiées en tant qu’ensemble d’éléments inter-reliés sous forme de réseau notionnel, que cela soit au moyen de l’analyse de similitude (Flament, 1981 ; Guimelli, 1989, 1998), à la technique du réseau d’associations (de Rosa, 2003) ou en ayant recours au modèle des schèmes cognitifs de base (Guimelli et Rouquette, 1992 ; Rouquette et Rateau, 1998). Un élément représen-tationnel est donc associé à d’autres et cette association multiple d’éléments forme la représentation, de la même manière que l’on obtient un tissu par le maillage de plusieurs fils. Partant, selon cette conception, enlever un fil affaiblit l’ensemble et cela d’autant plus que ce fil occupe une position maîtresse dans le tissu. Dès lors, en situation de maintient de la grille de lecture malgré la MEC d’un ECA, le tissu représentationnel subit nécessairement des altérations temporaires susceptibles de supporter une vision modifiée de la réalité. La présente recherche incite à identifier et étudier ces altérations.

Enfin, cette recherche ne permet pas de situer de façon précise ce phénomène de négociabilité intra-noyau lorsque celui-ci comporte plusieurs ECP et/ou plusieurs ECA. Que se passe-t-il lorsque l’on met en cause un ECP et en confirme un autre ? Que se passe-t-il lorsque ce sont deux ECA qui sont impliqués de la sorte ? Bien que cela ne constituait pas l’objectif de cette recherche de répondre à ces questions, celles-ci sont importantes et demeurent sans réponses.

Les résultats éprouvés au cours de cette recherche, relatifs aux concepts de hié-rarchie du noyau central et de négociabilité intra-noyau, revêtent par conséquent une importance toute particulière en ce qui concerne l’étude des représentations sociales. En effet, que cela soit d’un point de vue structural, dynamique ou systé-mique, les perspectives d’évolutions théoriques et d’études empiriques s’avèrent multiples. Dès lors, outre la reproduction de ces résultats, les études ultérieures, motivées par ce constat, permettront probablement des avancées significatives en ce qui concerne la connaissance de l’organisation interne des représentations so-ciales et de leur rôle interprétatif de la réalité.

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ANNEXE – Le questionnaire utilisé : le scénario inducteur et les différentes

variantes liées à la MEC ou la confirmation des deux éléments centraux

Lisez attentivement le texte ci-dessous

Pierre, Olivier, Jean-Jacques, François et Marc forment un groupe très uni et

lorsqu’on les rencontre, ils donnent l’impression d’être satisfaits d’être ensemble. Ils

sont d’ailleurs très sympathiques et chacun d’eux s’épanouit pleinement au contact

des quatre autres et lorsqu’on les voit ensemble on ne peut s’empêcher de penser

qu’ils forment là un groupe formidable.

Vous les fréquentez depuis peu et vous vous apercevez

MEC de « relations positives » : qu’en fait certains membres du groupe entretiennent

de véritables relations d’hostilités

Confirmation de « relations positives » : qu’ils entretiennent vraiment des relations

positives

MEC de « absence de hiérarchie » : que l’un d’entre eux donne des ordres et

impose sa volonté aux autres

Confirmation de « absence de hiérarchie » : qu’aucun d’entre eux ne donne des

ordres ni n’impose sa volonté aux autres

Diriez-vous qu’il s’agit d’un groupe idéal ? Entourez la réponse qui vous convient

le mieux.