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FRANÇOIS BORDES ET L’INTERPRÉTATION DU CHANGEMENT ENTRE LE PALÉOLITHIQUE MOYEN ET LE PALÉOLITHIQUE SUPÉRIEUR François Bachellerie Laboratoire PACEA-UMR 5199, Université Bordeaux I Nicolas Teyssandier Laboratoire TRACES-UMR 5608, Université Toulouse 2 - School of Geography, Archaeology and Environmental Studies, University of the Witwatersrand, Johannesburg Jean-Guillaume Bordes Laboratoire PACEA-UMR 5199, Université Bordeaux I Renaud Lippé Laboratoire PACEA-UMR 5199, Université Bordeaux I Virginie Guillomet-Malmassari PRETECH-UMR 7055, Université Paris 10 RÉSUMÉ Partant de la conception que François Bordes se faisait de la transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur et des données archéologiques qu’il mobilisait pour celle-ci, nous nous interrogerons sur la portée de ses théories dans la constitution des interprétations actuelles. Au vu des recherches plus récentes, nous évaluons par ailleurs les principaux points de refonte des données qu’il utilisait dans son argumentation. FRANÇOIS BORDES AND THE INTERPRETATION OF CHANGE BETWEEN THE MIDDLE AND THE UPPER PALEOLITHIC ABSTRACT One of the main Paleolithic archeologists of the second half of the 20 th century, François Bordes was a faithful suppor- ter of the biphyletic approach of Denis Peyrony, which proposes that two cultural phyla occurred at the dawn of the Upper Paleolithic in south-western France, the Perigordian and the Aurignacian. His perception of the passage between the Middle Paleolithic and the Upper Paleolithic was polycentric in the sense that technically involved evolutions were expressed in a different way according to the areas considered. By reviewing F. Bordes’ model of the Middle to the Upper Paleolithic transition and the archaeological record he had to rely on at the beginning of the 1970s, some ques- tions regarding the impact of his conceptions on contemporary works and research projects focused on the same topic will be addressed.

François bordes et l’interprétation du changement entre le paléolithique moyen et le paléolithique supérieur

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FRANÇOIS BORDES ET L’INTERPRÉTATION DU CHANGEMENT ENTRE LE PALÉOLITHIQUE MOYEN ET LE PALÉOLITHIQUE SUPÉRIEUR

François BachellerieLaboratoire PACEA-UMR 5199, Université Bordeaux I

Nicolas TeyssandierLaboratoire TRACES-UMR 5608, Université Toulouse 2 - School of Geography,

Archaeology and Environmental Studies, University of the Witwatersrand, Johannesburg

Jean-Guillaume BordesLaboratoire PACEA-UMR 5199, Université Bordeaux I

Renaud LippéLaboratoire PACEA-UMR 5199, Université Bordeaux I

Virginie Guillomet-MalmassariPRETECH-UMR 7055, Université Paris 10

Résumé

Partant de la conception que François Bordes se faisait de la transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur et des données archéologiques qu’il mobilisait pour celle-ci, nous nous interrogerons sur la portée de ses théories dans la constitution des interprétations actuelles. Au vu des recherches plus récentes, nous évaluons par ailleurs les principaux points de refonte des données qu’il utilisait dans son argumentation.

FRANÇOIS BORDES AND THE INTERPRETATION OF CHANGE BETWEEN THE MIDDLE AND THE UPPER PALEOLITHIC

AbstrAct

One of the main Paleolithic archeologists of the second half of the 20th century, François Bordes was a faithful suppor-ter of the biphyletic approach of Denis Peyrony, which proposes that two cultural phyla occurred at the dawn of the Upper Paleolithic in south-western France, the Perigordian and the Aurignacian. His perception of the passage between the Middle Paleolithic and the Upper Paleolithic was polycentric in the sense that technically involved evolutions were expressed in a different way according to the areas considered. By reviewing F. Bordes’ model of the Middle to the Upper Paleolithic transition and the archaeological record he had to rely on at the beginning of the 1970s, some ques-tions regarding the impact of his conceptions on contemporary works and research projects focused on the same topic will be addressed.

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françois bordes et la préhistoire

Préhistorien majeur de la seconde moitié du xxe siècle, François Bordes a durablement sou-

tenu le modèle de Denis Peyrony, en réaffirmant la coexistence de deux phylums (Périgordien et Auri-gnacien) lors de la première moitié du Paléolithique supérieur. Pour autant, l’interprétation d’évolution polycentrique du Paléolithique supérieur de F. Bordes diffère du schéma proposé par D. Peyrony pour le passage Paléolithique moyen / Paléolithique supérieur, schéma alors exclusivement migrationniste.

Notre objectif est ici d’évaluer la portée que les théories de F. Bordes sur la transition entre le Paléo-lithique moyen et le Paléolithique supérieur ont pu avoir dans la constitution des interprétations actuelles de cet événement. Notre réflexion est basée sur l’ar-ticle qui fait suite au colloque de l’UNESCO intitulé « Origine de l’Homme moderne », organisé par lui-même en 1972 (Bordes, 1972). Cet article est une synthèse importante, car elle intègre les données et les innovations méthodologiques du moment. Nous procéderons ensuite à une réévaluation des données que F. Bordes monopolise dans ses théories, au regard des recherches récentes.

François Bordes et la transition du Paléolithique moyen

au Paléolithique supérieur

En accord avec le modèle de l’archéologie classique stigmatisé par la devise « ex Oriente lux », les pré-historiens du début du xxe siècle envisagent l’origine du Paléolithique supérieur en dehors de l’Europe, probablement au Proche-Orient ou dans des contrées plus reculées d’Asie centrale (Breuil, 1913 ; Peyrony, 1933 ; Garrod, 1938).

Dans les années 1960-1970, l’idée d’une « inva-sion » massive d’Aurignaciens venus de l’est, comme élément structurant du début du Paléolithique supé-rieur, s’estompe face au développement d’une vision polycentrique de cet événement. À la fin des années 1960, ce modèle d’évolution polycentrique existe même sous deux formes interprétatives (Guillomet-Malmassari, 2009) : « polygenèse de la leptolithisa-tion » et théorie du synthétotype chez G. Laplace, « polycentrisme » de F. Bordes (Laplace, 1968 ; Bordes, 1972).

C’est le polymorphisme des industries dites de « transition » (Szélétien, Châtelperronien, Uluzzien…) alors considérées comme le stade initial du Paléoli-

thique supérieur en Europe, qui met à mal la théorie de l’« ex Oriente lux » et permet à F. Bordes de pro-poser un développement du Paléolithique supérieur en Europe à partir de différents centres d’évolution indépendants :

On a donc nettement l’impression que le passage du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur a pu s’effectuer en différents endroits sur la surface de l’An-cien Monde, de façon grossièrement contemporaine, probablement dans les dix millénaires qui s’écoulent entre le 40e et le 30e millénaire avant notre ère. Ces formes primitives de Paléolithique supérieur sont si dif-férentes les unes des autres qu’elles évoquent l’idée de centres multiples d’évolution, et non d’un seul centre rayonnant autour de lui. (Bordes, 1972, p. 216)

Ce schéma d’évolution polycentrique implique chez F. Bordes une continuité culturelle entre le Paléo-lithique moyen et le Paléolithique supérieur en Europe, continuité qu’il argumente par la présence diffuse de caractères de type Paléolithique supérieur dans les assemblages attribués au Paléolithique moyen (fig. 1). Considérant notamment à cette époque que le Paléolithique supérieur se caractérise essentiellement par ses outils sur lames, F. Bordes indique que ces éléments (grattoirs, burins, perçoirs…) existent bien avant son émergence : « Ces prétendues «inven-tions» du Paléolithique supérieur existaient donc, au moins sous forme embryonnaire, dans divers Paléoli-thiques moyens. Elles ne peuvent donc avoir diffusé après le passage au Paléolithique moyen » (Bordes, 1972, p. 214).

Concernant les différents centres d’évolution, F. Bordes s’intéressera plus particulièrement au cas du sud-ouest de la France, proposant dans ce contexte un modèle d’interprétation du passage entre Paléolithique moyen et Paléolithique supérieur. Reprenant le modèle de D. Peyrony, et par oppo-sition du même coup au schéma monophylétique proposé par l’abbé Breuil en 1912, F. Bordes est partisan d’un biphylétisme des débuts du Paléoli-thique supérieur : le Périgordien et l’Aurignacien se seraient ainsi développés parallèlement dans le sud-ouest de l’Europe (Peyrony, 1933 ; Bordes, 1968 ; Lippé, 2007 pour une synthèse). Sur cette base, F. Bordes propose alors que si l’Aurignacien vient bien de l’Est, le Périgordien (déjà pleinement engagé dans le Paléolithique supérieur) prend lui ses racines dans le substrat culturel local, tel qu’il se manifeste à travers les industries du Moustérien de tradition acheuléenne (MTA).

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françois bordes et l’interprétation du changement entre le paléolithique moyen et le paléolithique supérieur

La filiation entre le MTA et le Périgordien est prin-cipalement documentée à partir des sites du Pech de l’Azé I, en Dordogne, et de Goderville, en Seine-Maritime (Bordes, 1958). Les arguments sont : – la position stratigraphique du MTA, souvent termi-nale pour le Moustérien et précédant directement le Périgordien ancien ;– la distribution géographique semblable de ces deux technocomplexes ;– la régression des racloirs, pointes et bifaces dans le MTA B (MTA « évolué ») au profit d’un dévelop-pement du débitage laminaire et des outils de type Paléolithique supérieur ;– la similitude morphologique des couteaux à dos du MTA avec le fossile directeur du Périgordien ancien : la pointe (ou couteau) de Châtelperron. Cette pro-position n’est pas nouvelle, le « phylum » des pièces à dos ayant déjà été évoqué au début du xxe siècle (Breuil, 1913) (fig. 2).

Concernant les enjeux biologiques de la question, F. Bordes pose l’hypothèse d’une lignée humaine non néandertalienne, responsable du MTA puis du Périgordien ; celle-ci étant à la fois distincte des

Néandertaliens würmiens auteurs des autres faciès moustériens restés, dans le sud-ouest de la France, apparemment sans descendance, et différente de l’auteur du phylum aurignacien, alors représenté par l’Homme de Cro-Magnon (Bordes, 1958).

C’est donc la filiation MTA / Périgordien qui étaye l’idée d’un enracinement local des premiers termes du Paléolithique supérieur et documente, pour le sud-ouest de la France, le schéma de centres d’évo-lution indépendants que propose F. Bordes (1972) à une échelle géographique plus large. La continuité culturelle entre Paléolithique moyen et supérieur est confirmée au même moment par d’autres auteurs pour l’Europe centrale et orientale (Chmielewski, 1972 ; Valoch, 1972) ; ceux-là indiquent de façon pertinente que toutes les industries du Paléolithique moyen n’ont pas le même potentiel évolutif : certaines en effet disparaissent sans descendance, tandis que d’autres participent à l’évolution vers le Paléolithique supérieur (Szélétien et Jerzmanovicien).

Pour conclure, rappelons que si F. Bordes se situe dans un courant de pensée « multi-régionaliste » quant à la formation du Paléolithique supérieur

Figure 1. Outils de type Paléolithique supérieur dans

le Moustérien de tradition acheuléenne type B au

Pech-de-l’Azé I (d’après Bordes, 1972)

(1) grattoir ; (2) couteau à dos sur lame ;

(3) couteau à dos sur lame large ; (4) burin double

sur troncature ; (5) burin dièdre ; (6) nucléus à lamelles ; (7) perçoir

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eurasiatique, il ne rejette cependant pas les hypo-thèses migrationnistes classiques, qu’il réserve à l’Aurignacien sensu stricto. Les débuts du Paléoli-thique supérieur en Europe occidentale marqueraient selon lui à la fois un développement local de certains Moustériens (MTA/Périgordien) et l’arrivée du nouveau type humain depuis l’Est, porteur de l’Aurignacien.

La seconde moitié des années 1970 et le début des années 1980 témoignent d’un basculement des pro-blématiques de recherche, lié à de nouvelles décou-vertes qui viennent contredire le schéma d’évolution alors en vigueur.

Après 1972 : quelques faits marquants dans le sud-ouest de la France

Il n’est naturellement pas dans notre propos de reprendre exhaustivement les découvertes accumulées depuis ces années sur la question de la formation du Paléolithique supérieur. Étant donné la conception de F. Bordes et l’intérêt central qu’il porta au schéma de D. Peyrony, nous focaliserons notre examen sur les éléments qui concernent la filiation MTA / Périgordien.

Données anthropologiques

En 1979, sur le site de la Roche à Pierrot à Saint-Césaire (Charente-Maritime), F. Lévêque et B. Vander-meersch mettent au jour un individu néandertalien en contexte châtelperronien (Lévêque et Vandermeersch, 1980). Cette découverte confirme l’association entre ce même technocomplexe et plusieurs dents néander-taliennes, signalée par A. Leroi-Gourhan pour la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Leroi-Gourhan, 1958) ; association elle-même renforcée par l’os temporal fragmenté du même site, révélateur de la structure de l’oreille interne des Néandertaliens (Hublin et al., 1996 ; Spoor et al., 2003).

Une conclusion s’impose donc : en Europe occi-dentale, le Châtelperronien représente la dernière manifestation culturelle de l’Homme de Néandertal avant son extinction.

Données stratigraphiques

Si la remise en question de l’existence du Périgordien II (Sonneville-Bordes, 1955), garant d’une contem-poranéité entre Aurignacien et Périgordien, fut un

Figure 2. Évolution des pièces à dos depuis le Moustérien de tradition acheuléenne jusqu’au Gravettien (d’après Breuil, 1913). Échelle 1/2

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premier coup porté contre le modèle de D. Peyrony, la découverte d’interstratifications entre le Châtelper-ronien et l’Aurignacien, au Piage et à Roc de Combe (Bordes et Labrot, 1967 ; Champagne et Espitalié, 1967), permit toutefois à F. Bordes de réaffirmer la validité du Périgordien, et donc du modèle biphylé-tique (Bordes, 1968).

Cela étant, une révision critique de ces interstra-tifications par l’analyse taphonomique des industries lithiques en jeu a plus récemment remis en cause leur caractère anthropique (Bordes J.-G., 2002 et 2003). De surcroît, la multiplication des datations absolues sur les séquences du sud-ouest de la France a fina-lement mis en évidence un écart chronologique de presque 10 000 ans entre les deux grands termes du phylum Périgordien, le Châtelperronien et le Gra-vettien (Delibrias et Fontugne, 1990 ; Mellars et al., 1987). Dès lors, aucun argument stratigraphique ne permet plus de documenter un quelconque parallé-lisme du Périgordien et de l’Aurignacien.

Données culturelles

L’argument qui permet à F. Bordes de discuter l’exis-tence même d’un phylum périgordien est avant tout d’ordre typologique. C’est celui de l’évolution des outillages à dos, depuis les couteaux de Châtelper-ron jusqu’aux pointes de La Gravette (Bordes, 1968). Signalons que c’était déjà sur la base de cette « phylo-génie » des outillages lithiques que D. Peyrony (1933), et même H. Breuil (1913) avant lui, faisaient reposer les filiations proposées (fig. 2).

Depuis, des approches plus comportementalistes se sont développées pour comparer entre elles les cultures matérielles préhistoriques, et le développement des études technologiques depuis le début des années 1980 (Tixier et al., 1980) est venu appuyer la différen-ciation entre Châtelperronien et Gravettien (Pelegrin, 1995). La notion même de « Périgordien » fut donc abandonnée, et le Châtelperronien, parce que témoi-gnant d’une évolution locale depuis les industries de type MTA (Pelegrin, 1990 et 1995 ; Pelegrin et Soressi, 2007), conserva pour sa part son statut d’« industrie de transition ». Pour autant, si l’ascendance du Châ-telperronien dans le MTA est une hypothèse partagée par de nombreux auteurs, il n’en est pas de même du statut de ses caractères de type Paléolithique supé-rieur, parure et industrie en matières dures animales notamment : évolution indépendante des derniers Néandertaliens pour certains (Pelegrin, 1995 ; d’Errico

et al., 1998), acculturation au contact des premières sociétés d’Hommes modernes pour d’autres (Demars et Hublin, 1989 ; Mellars, 2004).

En modifiant les contours du passage du Paléoli-thique moyen au Paléolithique supérieur en Europe occidentale, la remise sur le devant de la scène d’un épisode initial de l’Aurignacien est un autre élément de poids dans la question qui nous préoccupe. Jusqu’alors, le premier Aurignacien du sud-ouest français était le plus souvent représenté par son faciès princeps, l’Aurignacien ancien classique et ses célèbres pointes à base fendue. Réaffirmant la position initiale du Pro-toaurignacien, tout en le dégageant de l’arrière-plan théorique du synthétotype aurignaco-périgordien de G. Laplace, des travaux récents soulignent l’importance de ce technocomplexe à grandes lamelles retouchées. En accentuant la variabilité des débuts de l’Aurignacien, il modifie substantiellement les schémas d’évolution du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur (Bon, 2002 ; Bordes, 2006 ; Teyssandier, 2007 et 2008).

Ces quelques faits récents appuient l’abandon progressif du concept de Périgordien et de l’idée même du biphylétisme des débuts du Paléolithique supérieur par la communauté des préhistoriens. Le débat s’est dès lors davantage penché sur la nature de l’évolution que le Châtelperronien exprime sur un plan archéologique.

Où en est-on aujourd’hui ?

Si la filiation entre le Gravettien et le Châtelperronien est aujourd’hui une idée abandonnée, l’émergence du Châtelperronien depuis le MTA est en revanche sans cesse réaffirmée, les restes humains de Saint-Césaire et d’Arcy-sur-Cure étant le ciment de la perception du Châtelperronien comme un épi-Moustérien.

Aussi cohérente que cette conception puisse nous paraître, elle doit néanmoins être soumise à une ana-lyse critique qui considère les différents champs dis-ciplinaires à l’origine de sa constitution.

Sur le plan chronologique

L’observation de F. Bordes concernant la position stratigraphique souvent terminale du MTA dans les séquences moustériennes a été nettement nuan-cée ces dernières années. Une récente révision des séquences du sud-ouest de la France (action collec-tive de recherche « Le Paléolithique moyen d’Aqui-taine septentrionale : émergence, variabilité et

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développement », dirigée par J.-P. Texier et J. Jaubert) démontre, comme l’avaient déjà supposé quelques préhistoriens (Farizy, 1990), que le Moustérien à den-ticulés clôture plus fréquemment les stratigraphies du Paléolithique moyen, se retrouvant ainsi très régu-lièrement en position sous-jacente par rapport au Châtelperronien (Jaubert, ce volume).

Les datations absolues réalisées dans le cadre de cette action collective de recherche confirment ces observations et indiquent que le Moustérien à denticulés apparaît être le faciès le plus récent du Paléolithique moyen (Lahaye, 2005).

Sur le plan géographique

De même, une récente synthèse consacrée au Mous-térien à denticulés (Thiébaut, 2005) indique que sa répartition géographique concorde avec celle du Châ-telperronien. Cette correspondance est d’ailleurs bien plus pertinente dans certaines régions, comme les monts Cantabriques, où le MTA est absent (fig. 3).

Ces résultats ne conduisent évidemment pas à vouloir faire émerger le Châtelperronien du Mousté-rien à denticulés ; ils invalident néanmoins les argu-ments chronologiques et géographiques de la filiation entre MTA et Châtelperronien.

Sur le plan typotechnologique

Pour leur part, les études technologiques récentes du Châtelperronien, menées sur des séries homogènes souvent issues de contextes de plein air à un seul niveau archéologique : Canaule II (Creysse, Dordogne : Bachel-lerie et al., 2007), La Côte (Neuvic-sur-l’Isle, Dordogne : Pelegrin, 1995), Vieux Coutets (Creysse, Dordogne : Grigoletto et al., 2008), ou encore les Tambourets (Cou-ladère, Haute Garonne : Scandiuizzi, 2008), tendent également à relativiser les arguments proposés par F. Bordes pour expliquer l’émergence de ce techno-complexe depuis le MTA.

La production lithique du Châtelperronien est en effet quasi exclusivement orientée vers l’obtention de lames plutôt larges (1,5 à 3 cm) et assez courtes (4 à 8 cm), de profil rectiligne, principalement dévolues à la fabrication de pointes ou couteaux de Châtelperron (fig. 4). La technique employée est la percussion directe à la pierre tendre, et l’on ne distingue la présence d’aucun concept de débitage fréquent en contexte moustérien (Levallois, Discoïde stricto sensu ou Quina). De plus, la présence de « souvenirs moustériens »

100 km

N

100 km

N

100 km

N

?

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Figure 3. Cartes de répartition des sites du Moustérien de tradition acheuléenne (d’après Soressi, 2002), du Moustérien à denticulés (d’après Thiébaut, 2005) et du Châtelperronien (d’après Pelegrin, 1995)

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dans ces industries (racloirs, encoches et denticulés) (Bordes, 1958 ; Guilbaud, 1993) ne dépasse jamais plus de 10 % de l’outillage retouché ; elle entre donc finalement dans la variabilité connue pour le reste du Paléolithique supérieur (Sonneville-Bordes, 1960 ; Bon, 2002). Notons également que ces outils sont réalisés sur des produits ou sous-produits du débitage laminaire (Pelegrin, 1995 ; Bachellerie et al., 2007). Pour terminer, signalons le fait que certaines des pointes de Châtel-perron portent des stigmates d’impact révélateurs d’un usage en pointes de projectiles (Pelegrin et Soressi, 2007), et que la production lithique est prioritairement orientée vers leur confection. Ces éléments signent là un caractère d’essence proprement Paléolithique supérieur, dont on pourrait même affirmer qu’il en est constitutif (Teyssandier et al., 2010).

Concernant la mise en évidence d’un débitage d’éclats allongés dans des ensembles attribués au MTA, celle-ci est également devenue, ces dernières années, un argument technologique en faveur d’une évolution de ce faciès vers le Châtelperronien (Pele-grin, 1990 et 1995 ; Soressi, 2002). Cependant, en plus de n’être qu’anecdotique sur un plan quantitatif au sein de ces assemblages, M. Soressi précise que « d’après l’analyse critique des données publiées sur les niveaux IVa et IVb de la grotte de l’Hyène à Arcy-sur-Cure attribués au Moustérien à denti-culés, on ne peut pas exclure que la méthode de production d’éclats allongés décrite dans les séries MTA étudiées n’ait pas été utilisée dans des indus-tries attribuées à d’autres faciès » (Soressi, 2002, p. 272).

Figure 4. Vestiges lithiques châtelperroniens du Basté

(Pyrénées-Atlantiques)N° 1 à 3 : exemples de productions

laminaires (dessins M. Reduron) ; n° 4 à 7 : pointes de Châtelperron

(dessins Cl. Chauchat,1968)

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En définitive, il apparaît aujourd’hui qu’aucun argument technologique décisif ne permet de discuter réellement de l’émergence du Châtelperronien depuis le MTA, pas plus que depuis le Moustérien à denticu-lés, pourtant reconnu actuellement comme étant le faciès moustérien le plus récent. Les hypothèses sur la formation du Châtelperronien doivent donc être reconsidérées. Aucune ne doit être a priori écartée, certains allant d’ailleurs aujourd’hui jusqu’à mettre en doute la parenté néandertalienne du Châtelperronien (Bar-Yosef, 2006).

Pour conclure, il nous semble important d’insister sur la complexité qui caractérise l’interprétation de cette fameuse « transition » entre le Paléolithique moyen et supérieur, selon les focales que l’on choisit d’utiliser.

Dans ce débat, dont l’enjeu n’est rien moins que la constitution des sociétés d’Hommes modernes en Eurasie, il faut par ailleurs concilier la sécheresse de nos données (chronologiques, paléoanthropo-logiques ou culturelles au sens large du terme), l’envergure du débat (dispersion d’un type humain à l’échelle planétaire et, corrélativement, supposée extinction de son prédécesseur) et enfin les idéolo-gies propres à la question de nos origines et / ou à notre rapport à cet « Autre » que figure l’Homme de Néandertal.

Pour cette étude, nous nous sommes basés sur la pensée de F. Bordes ponctuant la fin des années 1960 et le début de la décade suivante ; choix pratique mais pas seulement, puisque ce moment est mar-qué par l’organisation et la publication d’un grand colloque au titre évocateur : « Origine de l’Homme moderne » (Bordes, 1972). Cette publication fait date ; elle constitue une synthèse riche et perti-nente, intégrant données nouvelles et innovations méthodologiques du moment. Montrant combien le renouvellement des données peut parfois entraîner le préhistorien vers des interprétations non soup-çonnées jusqu’alors, F. Bordes oriente en outre son allocution finale vers l’avenir :

Des méthodes nouvelles permettent des recherches dont on n’aurait pas osé rêver il y a seulement dix ans, et des buts qui paraissaient hors de portée deviennent accessibles, de même que, parallèlement, cette Lune que l’on promettait aux enfants et aux naïfs a senti le poids de pieds humains. L’idée que l’on se faisait de l’origine de l’Homme moderne, il y a quelques années encore, sera profondément modifiée par les résultats de ce colloque. » (Bordes, 1972, p. 295)

En l’occurrence, deux conclusions soulignées par F. Bordes représentent ces nouveautés « inattendues » (1972, p. 296) :– les industries ne coïncident pas avec les types humains. Cette idée repose sur les données de B. Vandermeersch au Proche-Orient, où les fouilles de Qafzeh remettent en question la vieille équa-tion Paléolithique moyen = homme de Néandertal ;– Les origines du Paléolithique supérieur sont plu-rielles : le passage du Paléolithique moyen au Paléo-lithique supérieur ne s’est pas fait en un point à partir duquel tout rayonne, mais bien de manière polycentrique.

Force est de constater l’actualité de ces deux idées. De fait, la remise en question de l’équation outil-lages / types humains a été renforcée par l’association entre une industrie nécessairement moderne à travers ses réalisations culturelles (le Châtelperronien) et cet Autre qu’est Néandertal. Par ailleurs, nous traversons aujourd’hui une étape disciplinaire qui repose sur la réaffirmation d’une certaine pluralité de l’histoire des sociétés du Paléolithique supérieur eurasiatique, idée parfois même intégrée par certains diffusionnistes (Koslowski et Otte, 2000 ; Bar-Yosef, 2006).

À l’instar de F. Bordes et de ses collègues qui réagissaient dans les années 1970 contre le « tout Orient » (ex Oriente lux), certains sont aujourd’hui en prise avec le « tout Afrique » (ex Africa lux). Or, la modification du paradigme diffusionniste, qui consiste en un reversement du lieu originel du ber-ceau de notre humanité, s’est faite depuis le cours des années 1980 à travers un chemin analytique que nul ne pouvait imaginer dans les années 1960 : celui de la biologie moléculaire. L’analyse de l’ADN de populations actuelles (Cann et al., 1987) marque en effet un tournant décisif dans le débat sur les ori-gines de l’Homme moderne ; en montrant que tous les individus de la planète trouvaient leur origine en Afrique, l’analyse des mitochondries réduisait à néant les hypothèses polycentriques sur le plan biologique.

Il n’est pas ici dans notre propos de réduire ni même de critiquer les profondes avancées qu’apporte la génétique à l’évolution humaine ; elles sont fon-damentales. Nous pouvons en revanche souligner le relatif désintérêt à l’époque pour la question des mécanismes culturels du changement. Pourquoi tel trait culturel plutôt que tel autre connaît-il un succès profond ? Sont-ce les idées ou les hommes qui se dif-fusent ? L’Aurignacien constitue-t-il un épisode cultu-rel de conquête migratoire, ou n’est-il pas davantage

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la trace d’une reconfiguration des pratiques socio-éco-nomiques liée à la diffusion d’idées qui entrent alors en contact avec une mosaïque d’entités culturelles ayant chacune leur propre histoire ? Si nous sommes quelques-uns aujourd’hui à trouver résonance dans les conclusions polycentristes des années 1970, c’est en effet sur des bases méthodologiques et des idées profondément différentes.

Si le paradigme diffusionniste, porté par l’appui de la biologie moléculaire à la théorie de l’out of Africa, reconsidère le Paléolithique supérieur selon un déterminisme biologique, comme le faisaient en d’autres temps Henri Breuil (1913) ou Marcellin Boule (1921), notre courant de recherche « culturaliste » rejoint pour sa part des idées « bordiennes », mais sur des bases factuelles et intellectuelles différentes.

Nul n’accepte plus ici le biphylétisme des débuts du Paléolithique supérieur ; nul ne conçoit plus non plus de quelconque filiation entre Châtelperronien et Gravettien, désormais individualisés par près de 10 000 ans d’Histoire. Si l’affinement des données chronologiques aura à cet égard été central, le déco-dage minutieux des pratiques techniques et de leur contexte socio-économique y est aussi pour beaucoup.

Sur ce dernier point, la situation a profondément évolué depuis la parution en 1972 du colloque ser-vant de base au présent article. Alors que F. Bordes ne s’intéressait pas véritablement aux mécanismes de changement, nous nous concentrons ferme-ment sur ces questions afin de montrer combien les transformations techniques à l’œuvre lors de cette charnière Paléolithique moyen / supérieur reflètent plutôt de nouvelles formes d’organisation des socié-tés humaines, dont l’ampleur a certainement eu des conséquences biologiques. En effet, l’accéléra-tion du brassage culturel à l’aube du Paléolithique supérieur, mais d’ailleurs déjà perceptible à la fin du Paléolithique moyen, pourrait aller de pair avec des échanges géniques de grande ampleur, si tant est que l’on accepte l’idée d’un possible métissage entre les populations humaines présentes en Europe par exemple, entre 45 000 et 30 000 BP (Trinkaus, 2005 ; Zilhão, 2006 ; Teyssandier et al., 2010). La prévalence conférée à la sphère économique et sociale s’appuie sur une lecture différente de la « transition ». Celle-ci tend à montrer que les changements instaurés de manière irrévocable au début du Paléolithique supérieur européen ont aussi une histoire locale, et que certaines des idées qui connaîtront un immense succès ont des antécédents dans les sociétés du Paléo-

lithique moyen récent ou dites « de transition ». Tel est le cas, par exemple, de la reconfiguration des armes de chasse : moteur important de l’évolution technique et socio-économique des groupes de cette période, et dont certains stimuli peuvent être détectés bien en amont. Par ces quelques lignes, le lecteur l’aura compris, nous insistons sur la nécessité d’une démarche qui privilégie la question des moteurs du changement par rapport à celle de l’origine exacte de tel ou tel trait, qu’il soit technique ou biologique.

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