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Textes réunis par Florence BOURILLON, Rémi FABRE, Michel RAPOPORT Affirmations de foi Études d'histoire religieuse et culturelle offertes à André ENCREVÉ Affirmations de foi Études d'histoire religieuse et culturelle offertes à André ENCREVÉ É DITIONS B IÈRE

Charles et Henri Bonnamaux, des "chrétiens musclés"

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Textes réunis par

Florence BOURILLON, Rémi FABRE, Michel RAPOPORT

Affirmations de foiÉtudes d'histoire religieuse et culturelle

offertes à André ENCREVÉ

Affirmations de foiÉtudes d'histoire religieuse et culturelle

offertes à André ENCREVÉ

ÉD I T I O N S B I È R E

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Sommaire

L’œuvre d’André Encrevé

Première partie – Lieux de foi

Deuxième partie – Lectures et interprétations

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Troisième partie – Missions, évangélisation

Quatrième partie – Itinéraires

Cinquième partie – Visages du protestantisme

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ARNAUD BAUBEROT

Charles et Henri Bonnamaux

Des « chretiens muscles »

L ES NOMS DE CHARLES ET HENRI BONNAMAUX ne sont pas totalementetrangers a qui s’interesse a l’histoire du protestantisme francais contem-

porain. Ceux-ci sont en effet identifies, avec Samuel Williamson, commeappartenant au petit groupe de personnalites protestantes qui participerentactivement a l’introduction du scoutisme en France et a la fondation, en1911, du mouvement des Eclaireurs unionistes. Ils sont egalement connuscomme les inventeurs du premier modele de marmite de camping, designeesous le nom de «Bonna » et que des generations de boy-scouts de toutesobediences ont, apres eux, utilise quotidiennement dans leurs activites. Toutceci releverait evidemment de l’anecdote si ces realisations ne s’inscrivaient pasdans la continuite d’un engagement plus large des freres Bonnamaux, asso-ciant la promotion du sport et des activites de plein air aux objectifs d’evange-lisation des Unions chretiennes de jeunes gens (UCJG) dont ils furent d’actifsmilitants.

Ce double engagement est en effet emblematique d’un stade de develop-pement auquel aboutissent les associations de jeunesse protestantes mascu-lines a l’oree du XXe siecle et qui les conduit a considerer le developpementphysique des adolescents comme relevant de leur responsabilite 1. Une telleconception n’avait pourtant, a priori, rien d’une evidence. Fondees dans ladynamique des mouvements de Reveil du XIXe siecle, les premieres associa-tions de jeunes protestants visaient avant tout a l’edification spirituelle et ala revitalisation de la foi de leurs membres. Et s’il entrait naturellementdans leurs vues qu’une foi vivante devait se traduire dans les comporte-ments quotidiens, ni la pratique de la gymnastique, ni les activites de pleinair n’etaient envisagees comme necessaires a la vie chretienne. Toutefois, apartir de la fin des annees 1880, alors que ces associations commencent aprendre une certaine envergure, diverses realisations temoignent d’unchangement d’attitude a cet egard. Plusieurs d’entre elles s’equipent de

1. Cet engouement pour les activites physiques ne touche pas, a cette epoque, les associationsfeminines. Les Unions chretiennes de jeunes femmes (UCJF), en particulier, ne connaissentpas d’evolution analogue a celle de leurs homologues masculins ; voir Genevieve Poujol, UnFeminisme sous tutelle. Les protestantes francaises, 1810-1960, Paris, Editions de Paris, 2003,p. 50. Par commodite nous ecrirons par la suite «mouvements de jeunesse protestants » pourdesigner les seules associations masculines.

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salles et de materiel de gymnastique et proposent des cours d’educationphysique a leurs adherents 2. Un peu plus tard viendront les excursions etles camps. Or, de maniere significative, ces innovations ne traduisent pasune nouvelle orientation des organisations de jeunesse protestantes vers desobjectifs plus seculiers. Bien au contraire, les pratiques sportives se trouventetroitement associees a l’ideal spirituel et au modele de piete personnellequ’elles promeuvent.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la « carriere » unioniste des freres Bon-namaux. Membres de l’UCJG de Paris depuis leur adolescence, au milieu desannees 1890, ils commencent a y exercer des responsabilites une fois parvenusa l’age adulte. Au debut des annees 1900, Charles s’y affirme comme unspecialiste inconteste de la gymnastique et de l’education physique, tandisqu’Henri devient le principal organisateur des excursions et du camping.Leur engagement et leurs competences dans ces domaines les conduisent,une dizaine d’annees plus tard, a des charges d’encadrement regional et natio-nal qui leur permettent d’elargir leur champ d’action. A ce titre, les freresBonnamaux peuvent etre regardes comme des acteurs importants de la diffu-sion des activites physiques et de plein air dans les Unions chretiennes. Dans lememe temps, la reconnaissance de leur experience et les responsabilites qu’elleleur ouvre temoignent de l’importance progressivement attribuee a ces activi-tes par le milieu unioniste, dans les decennies qui precedent la Grande Guerre.Eclairer ce processus et le role qu’ont pu y tenir Charles et Henri Bonnamauxpeut ainsi nous permettre de comprendre comment des organisations creeesdans le but de fortifier la foi des jeunes protestants en sont peu a peu venues ase preoccuper de muscler leur corps.

DEUX ITINERAIRES UNIONISTES

Nes respectivement en 1878 a l’Ile-Saint-Denis et en 1880 a Paris, d’unemere suisse et d’un pere francais, Charles et Henri Bonnamaux sont fils etpetits-fils d’architectes. Leur enfance debute probablement dans une certaineaisance, jusqu’a ce que le deces premature de leur pere, en 1890, les confronteau declassement. Le jeune Henri, qui menera toute sa scolarite en qualited’eleve boursier, frequente d’abord l’Ecole Jean-Baptiste Say, a Paris, jusqu’al’obtention du diplome d’etudes primaires superieures en 1896. Apres avoirrattrape le cycle secondaire et passe le baccalaureat, il est admis a l’Institutnational agronomique dont il sortira dans les premiers rangs 3. Helas, sonabsence de fortune personnelle ne lui permet pas d’acceder a la carriere quelui promettaient ses talents intellectuels et son travail. Ainsi en 1906, il doitabandonner un poste prestigieux mais peu remunerateur d’assistant de Mar-celin Berthelot au College de France pour devenir professeur de sciences

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2. Comme l’Union chretienne de Paris, en 1887, ou celle de Saint-Fortunat, en Ardeche,l’annee suivante.

3. Notice necrologique : «Henri Bonnamaux (1880-1935) », Bulletin mensuel de l’Associationamicale des anciens eleves de l’Institut national agronomique, septembre-octobre 1935, p. 414et «Henri Bonnamaux, notes biographiques », Annuaire de l’association des anciens eleves ducollege de Normandie, 1938, p. 23-25.

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naturelles au college de Normandie, a Mont-Cauvaire pres de Rouen. Onignore tout, en revanche, du parcours scolaire et des premieres experiencesprofessionnelles de son frere Charles, mais l’on peut supposer qu’ils furentegalement brides par le revers de fortune de sa famille 4.

Issus d’un protestantisme urbain de condition modeste, les freres Bonna-maux appartiennent a ce milieu qui constitue le terreau privilegie de recrute-ment des UCJG. Il n’est donc pas surprenant de les voir rejoindre cemouvement en adherant, au milieu des annees 1890, a l’Union de Paris dela rue de Trevise 5. On ne peut mesurer avec precision la part prise par leurexperience unioniste dans la formation de leur personnalite. On ignore notam-ment si la forte sensibilite evangelique des Unions ne fit que conforter une foitransmise par heritage familial ou si elle fut, pour eux comme pour beaucoupd’autres, la source des solides convictions chretiennes dont ils temoigneront lereste de leur vie. En tout etat de cause, la continuite de leur engagement et leurfidelite sans faille a l’egard des UCJG6 montrent avec quelle intensite ils sesentaient lies a ces dernieres. En effet, parmi bien d’autres choses, les Unionschretiennes vont leur offrir ce que le monde professionnel leur refuse : lapossibilite d’acceder a des responsabilites importantes grace a leur travail et aleurs competences, et de beneficier de la reconnaissance qui les accompagne.

Charles, tout d’abord, est employe par l’Union de Paris comme directeurdes exercices physiques et comme responsable de la section cadette 7 a partirde 1902. Dix ans plus tard, devenu membre de la commission executive duGroupe de la Seine8, il en preside egalement la commission des sports etexcursions, puis, a partir de 1913, la commission des cadets et des eclaireurs.Henri, pour sa part, anime un groupe d’excursionnistes de l’Union de Parisdes 1903. Il organise, dans ce cadre, des sorties de plusieurs jours quicomptent parmi les toutes premieres experiences de camping en France. Encompagnie de son frere et de quelques autres campeurs 9, il participe a lafondation d’une « cooperative unioniste de campement » ou l’on s’ingenie ainventer un materiel adapte a cette nouvelle pratique. Devenu professeur desciences naturelles au college de Normandie, en octobre 1906, Henri Bonna-

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4. Apres avoir ete permanent des UCJG, probablement jusqu’en 1914, Charles Bonnamaux estsignale dans les annuaires d’anciens Eclaireurs unionistes comme travaillant dans l’« agence-ment de magasins » (Bulletin du radeau, no 2, juin 1934) puis comme associe de son beau freredans l’entreprise familiale de ce dernier (Annuaire des Tisons 1953, SHPF, 033Y24-1).

5. Henri adhere a l’Union de Paris en 1895, a l’age de quinze ans, c’est-a-dire a l’age minimumrequis pour devenir membre des UCJG. On peut supposer qu’il en a ete de meme pour sonfrere qui est de deux ans son aıne. On ignore en revanche s’ils ont frequente auparavant lasection cadette de l’Union.

6. Notamment en 1920, lorsqu’a la suite d’un conflit douloureux les Eclaireurs unionistes seseparent des UCJG pour s’organiser de maniere autonome, les freres Bonnamaux, bienqu’exercant des responsabilites dans le mouvement de scoutisme, s’attachent a ce que lesmodalites de la separation preservent les interets des Unions.

7. Les sections cadettes s’apparentent a des patronages qui accueillent les enfants et les adoles-cents jusqu’a ce qu’ils aient l’age de participer aux activites des Unions chretiennes.

8. Le Groupe de la Seine federe toutes les Unions chretiennes d’Ile-de-France.9. Notamment Louis Partridge qui ouvrira, en 1912, le premier magasin specialise en materiel de

camping, le Comptoir du touring ; voir Olivier Sirost, «Du champetre au plein air. Les debutsdu camping en France », dans Arnaud Bauberot et Florence Bourillon (dir.), Urbaphobie. Ladetestation de la ville aux XIX e et XX e siecles, Pompignac, editions Biere, 2009, p. 223-224.

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maux doit interrompre temporairement ses activites au sein des Unions pari-siennes. Toutefois, apres qu’une longue maladie lui a fait perdre son poste, ilest de retour a Paris au printemps 1911, lorsque son ami Samuel Williamsoncommence a encourager la transformation des sections cadettes en troupesd’eclaireurs 10. Soucieux de mettre a profit l’experience acquise par les excur-sionnistes de l’Union de Paris, celui-ci obtient la collaboration active des freresBonnamaux. En novembre 1912, Henri est engage comme secretaire duComite national des UCJG, specialement charge d’organiser le scoutisme ausein des Unions. Des lors, il s’emploie a faire des Eclaireurs unionistes unmouvement structure : il rend visite aux troupes et en suscite de nouvelles,travaille a unifier insignes et uniformes, s’attache a promouvoir les activites deplein air et le camping. A cette fin, il publie en 1913 un Manuel pratique del’Eclaireur qui restera, jusqu’aux annees trente, une reference pour l’ensembledes associations de scoutisme. Enfin, il participe a l’encadrement des camps delyceens de la Federation des associations chretiennes d’etudiants (FFACE) aDomino, sur l’ıle d’Oleron. Avec Charles Grauss, secretaire general de laFFACE, il travaille a faire de ces camps un vivier de futurs cadres aguerrisaux techniques du camping pour les mouvements de jeunesse protestants 11.

Parallelement a cela, les freres Bonnamaux pretent leur concours a d’autresinitiatives en vue d’assurer une diffusion plus large du scoutisme et ducamping en France. En mars 1910, ils ont preside, avec d’autres membresde la cooperative unioniste de campement ainsi que Georges Benoit-Levy, ala fondation du Camping club francais 12. En 1913, a la demande du Touringclub de France, Charles et Henri compilent le fruit de leurs dix annees d’ex-perience dans un Manuel pratique de camping. Premier du genre, cet ouvragesera distribue dans les ecoles par le Touring club a plus de 5 000 exem-plaires 13. Enfin, Henri apporte son soutien a la petite association laıque desEclaireurs francais en presidant son comite parisien.

Specialistes reconnus de l’education physique et du plein-air, Charles etHenri Bonnamaux partagent leur interet pour ces activites avec de nombreuxcadres unionistes de leur generation, comme Samuel Williamson ou CharlesGrauss par exemple. Or si certaines realisations telles que le camping ou lescoutisme leurs sont propres, leur action s’inscrit neanmoins dans une dyna-mique initiee par les generations precedentes. C’est a ce stade, situe nousl’avons dit a la fin des annees 1880, qu’il faut remonter a present afin decomprendre ce qui a pu conduire les mouvements de jeunesse protestants aconsiderer que le developpement de l’aptitude physique des jeunes gens entraitnecessairement dans leur champ de mission. En identifiant, de la sorte, les

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10. Sur l’introduction du scoutisme dans les UCJG, je me permets de renvoyer au chapitre 2 demon livre L’Invention d’un scoutisme chretien, les Eclaireurs unionistes de 1911 a 1921, Paris,Les Bergers et des Mages, 1997.

11. Voir Remi Fabre, « L’Emergence d’un mouvement : les premiers camps de vacances de laFFACE, 1906-1914 », in Gerard Cholvy (dir.), Mouvements de jeunesse, chretiens et juifs :sociabilite juvenile dans un cadre europeen, 1799-1968, Paris, Cerf, 1985, p. 141-160 etArnaud Bauberot, « La Nature educatrice. La pedagogie du camp dans les mouvements dejeunesse protestants », Ethnologie francaise 4/2001 (vol. 31), p. 621-629.

12. Olivier Sirost « Les debuts du camping en France : du vieux campeur au village de toile »,Ethnologie francaise 4/2001 (vol. 31), p. 607-620.

13. Ibidem.

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conceptions dont ils sont les heritiers, on pourra alors mesurer la maniere dontles freres Bonnamaux et les cadres de leur generation ont su faire fructifier cetheritage et les inflexions qu’ils ont voulu lui donner.

LE MUSCLE PATRIOTIQUE

De maniere evidente, l’interet des organisations de jeunesse protestantespour les activites physiques s’inscrit tout d’abord dans le cadre plus vaste d’unessor de la gymnastique et des pratiques sportives en France. Marque par ladefaite de 1870, que l’on attribue en partie a une carence d’education phy-sique, le nouveau pouvoir republicain a confie a l’ecole la lourde tache deregenerer les energies juveniles. La loi Ferry du 27 janvier 1880, qui rendl’enseignement de la gymnastique obligatoire dans tous les etablissementsd’instruction publique de garcons, jette les bases de cette regeneration. Ellecontribue egalement a lui donner une forte teinte militariste. En effet l’armee,seule institution qui possede alors a la fois l’experience de la gymnastique etles infrastructures necessaires a sa diffusion massive, joue un role de premierplan dans la mise en œuvre de cet enseignement. L’education physique, enoutre, est envisagee comme une etape necessaire dans la preparation des futurscitoyens-soldats a remplir, le moment venu, leur devoir envers la Patrie 14.Certes, au debut des annees 1890, la dissolution des Bataillons scolaires, quiont pousse jusqu’a la caricature le projet de preparation militaire par l’ecole,annonce un reflux de l’emprise de l’armee sur la gymnastique scolaire. Celle-cin’en demeure pas moins etroitement associee a son objectif initial de regenererla vigueur physique de la nation.

L’ecole n’est d’ailleurs pas seule sur ce terrain, et l’on assiste a une floraisonde societes de gymnastique, associant parfois l’escrime ou le tir a leurs exer-cices, dont le patriotisme confine parfois au militarisme revanchard. Les nomsqu’elles se donnent – La Martiale, La Sentinelle, La Revanche, etc. – disentexplicitement leur ambition de mobiliser les energies viriles et de soignerl’orgueil national blesse. Leur nombre, qui n’etait que d’une quarantaine en1870, s’eleve a environ 1 500 en 1885. A la veille de la Grande guerre, oncompte plus de 2 100 societes de gymnastique, pour un total d’environ350 000 adherents 15. Du cote des patronages catholiques, le sport est egale-ment percu comme un moyen de fortifier a la fois le corps et l’esprit du garconet de le preparer a ses devoirs de soldat, de pere de famille et de chretien. En1914, la Federation gymnique et sportive des patronages de France rassembleainsi pres de 1 500 equipes sportives et plus de 150 000 adherents 16.

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14. Pierre Chambat, « Les Muscles de Marianne : gymnastique et bataillons scolaires dans laFrance des annees 1880 », Recherches, 1980, no 43, p. 139-184 et Pierre Arnaud (dir.), LesAthletes de la Republique. Gymnastique, sport et ideologie republicaine, 1870-1914, Paris, L’Har-mattan, 1998.

15. Benoıt Lecoq, « Les Societes de gymnastique et de tir dans la France republicaine (1870-1914) », Revue historique, no 559, juillet-septembre 1986, p. 158. L’auteur precise que lesorganisations catholiques n’entrent pas dans ce compte. Voir egalement Pierre Arnaud, Lesathletes, op. cit.

16. Sport, culture et religion. Les patronages catholiques (1898-1998), Actes du colloque de Brest

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Les mouvements de jeunesse protestants ne restent pas en marge de cettedynamique. Au debut de l’annee 1903, par exemple, l’Association protestanted’hommes et de jeunes gens de Mazamet cree en son sein une societe degymnastique, d’escrime et de tir. Baptisee L’Hautpouloise, en hommage augeneral tarnais Jean d’Hautpoul, heros des guerres revolutionnaires et impe-riales, elle est immediatement affiliee a l’Union des societes de gymnastique deFrance17. Les Unions chretiennes, nous l’avons dit, sont elles aussi toucheespar cet engouement pour les activites physiques. Entre 1899 et 1906, la partd’Unions locales possedant une œuvre sportive ou un gymnase passe d’un peumoins de la moitie (43 pour 90 Unions) aux trois-quarts (80 pour106 Unions) 18. Toutefois, la promotion de ces activites n’est que rarementassociee a des objectifs patriotiques. Ainsi, dans un article de 1905 qui pre-sente les bienfaits des excursions, les freres Bonnamaux ne mettent en avantque « le developpement integral du jeune homme au triple point de vue phy-sique, intellectuel, moral et religieux » et l’approfondissement des liens desolidarite et de fraternite entre unionistes. De meme, l’annee suivante,Charles ne retient pour les exercices physiques que leur utilite pour l’individuet pour les Unions chretiennes19. Leur valeur civique n’est toutefois pasignoree. En 1907, par exemple, le secretaire general de l’Union de Paris,Edouard Soulier, conclut son rapport d’activites en affirmant que l’Union« virilise le jeune homme, exerce son sens moral, augmente sa valeur sociale »et en saluant « cette forte education pour l’Eglise et pour la Patrie » 20.

La tonalite patriotique s’intensifie de maniere tres sensible a partir de 1911et de l’introduction du scoutisme dans les UCJG. Concu par Baden-Powellcomme une methode d’education civique, le scoutisme porte indeniablementla marque de l’experience militaire et coloniale de son fondateur. Dans unpremier temps, cependant, la direction des Unions chretiennes fait preuved’une grande prudence a ce sujet. Des juin 1911, L’Esperance insiste sur lefait que le mouvement eclaireur « ne cherche pas a faire des soldats pour rire »et qu’il ne poursuit pas « un but militariste » 21. Pres d’un an plus tard, la revuedes UCJG revient encore sur ce theme : «Ne nous rendons pas ridicules. Nefaisons pas de nos Eclaireurs des gamins qui singent les soldats de theatre, quifont des revues, des attaques, des contre-attaques, etc., uniquement pour leplaisir d’etonner la galerie. » 22 La crainte de voir les patrouilles d’eclaireurs

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des 24, 25 et 26 septembre 1998, reunis par G. Cholvy et Y. Tranvouez, Brest, Centre derecherche bretonne et celtique, Universite de Bretagne occidentale, 1999 et Fabien Groe-niger, Sport, religion et nation. La Federation des patronages de France d’une guerre mondiale al’autre, Paris, L’Harmattan, 2004.

17. Bulletin mensuel de l’Association protestante d’hommes et de jeunes gens de Mazamet, 6e annee,no 3, 1er mars 1903, p. 2-3.

18. Bernard Charles, Les Unions chretiennes de jeunes gens UCJG-YMCA, 1855-2005. Un mouve-ment d’inspiration protestante, de pratique laıque et de visee œcumenique, Lyon, Olivetan, 2009,p. 44.

19. Henri et Charles Bonnamaux, « Les Excursions. Reflexions et conseils sur leur organisation »,L’Esperance, septembre 1905, p. 131-132 et Charles Bonnamaux, « Les Exercices physiques,sans gymnase, sans appareil, sans professeur », L’Esperance, mars 1906, p. 36-37.

20. Edouard Soulier, Les Parisiens a l’Union de Paris, Paris, UCJG de Paris, 1907, p. 10.21. « Comment organiser des patrouilles d’Eclaireurs unionistes et ce qu’il faut leur enseigner »

et «Une brassee de conseils », L’Esperance, juin 1911, p. 92 et 97.22. « Page des Eclaireurs », L’Esperance, avril 1912, p. 62.

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percues comme une reedition des Bataillons scolaires et qu’elles soient alorspromises a un sort aussi piteux n’est pas le seul motif de ces mises en garde.Pour les dirigeants des Unions, et tout particulierement pour Samuel William-son qui en est le principal promoteur, le scoutisme unioniste vise avant tout a« creer des caracteres » et a « faire des chretiens » 23. Pourtant, dans les memescolonnes de la revue, les comptes rendus envoyes par les troupes vantentl’allure martiale des eclaireurs et font etat d’activites et de jeux largementpuises dans le registre de l’entraınement militaire. A partir de 1912, l’habitudese developpe d’organiser des ceremonies de remise de drapeau et de passagedes troupes d’eclaireurs en revue par un officier ou un notable protestant.Ces manifestations, qui se deroulent parfois devant un monument aux mortsde la guerre de 1870, donnent lieu a de vibrants discours patriotiques. Inde-niablement, la vague nationaliste des annees 1910, que Raoul Girardet acompare a « une atmosphere de veillee d’armes » 24, traverse les UCJG fran-caises et entre parmi les motifs qui incitent les Unions locales a creer destroupes d’eclaireurs.

Parvenu a la direction du mouvement des Eclaireurs unionistes, HenriBonnamaux apporte sa caution a ces manifestations patriotiques. Le1er decembre 1912, par exemple, il remet personnellement les drapeaux auxtroupes du Groupe de la Seine. Plus generalement, son travail d’unificationdes pratiques et de precision de la pedagogie contribue a faire des Eclaireursunionistes un mouvement a la fois d’education civique et d’evangelisation,œuvrant conjointement « pour la grandeur de notre chere Patrie et la gloirede notre Dieu » 25. Sur le plan personnel, en outre, Henri Bonnamaux semontre intimement convaincu de la profonde coherence de ces deux objectifs.En fevrier 1914, il participe a une seance du mouvement des volontaires duChrist, lance l’annee precedente par la FFACE, au cours de laquelle 16 jeunesgens font etat de l’appel qu’ils ont recu et annoncent la forme d’apostolatparticuliere a laquelle ils ont choisi de se consacrer. Parmi la tonalite evange-lique des discours prononces ce jour la, celui d’Henri Bonnamaux, qui pre-sente son engagement aupres des Eclaireurs unionistes, se distingue tresnettement. Apres avoir exalte « le role missionnaire de la France » et songenie particulier, il y affirme sa volonte d’œuvrer pour que celle-ci puissepoursuivre sa «mission divine ». « Conquerir la France a Jesus-Christ, declare-t-il, c’est repandre dans le monde l’ame francaise purifiee, vivifiee par l’amourdu Sauveur, c’est magnifier sur toute la terre la puissance de son Esprit, c’estapporter a tous les peuples notre rayonnement intellectuel fortifie par lescertitudes les plus pures de la vie spirituelle, c’est avancer de nombreusesannees, de plusieurs siecles peut-etre, le jour ou tous les peuples devenusfreres seront unis autour de la croix. » Mais, poursuit-il, « si la Francemanque a sa mission divine, si elle se replie sur elle-meme dans une indiffe-rence egoıste ou dans des dogmes etroits et sectaires, si elle refuse d’entendrel’appel du Maıtre, si elle ne se ressaisit pas maintenant, elle peut craindre de

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23. Samuel Williamson, « Comment organiser une troupe d’Eclaireurs pour qu’elle donne lemaximum de resultats », L’Esperance, juin 1912, p. 96.

24. Raoul Girardet, Le Nationalisme francais, anthologie 1871-1914, Paris, Seuil, 1983 [1966],p. 19.

25. Henri Bonnamaux, « Le mouvement des Eclaireurs en France », L’Esperance, fevrier 1913,p. 28.

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disparaıtre de la carte du monde. Si elle disparaıt qui sait ce que deviendra cemonde qu’elle aura abandonne ! » 26

Un tel discours traduit bien, quoique de maniere un peu forte, les preoccu-pations qui ont conduit au developpement du scoutisme dans les Unions chre-tiennes avant guerre. La montee des tensions en Europe et le sentiment que lanation est menacee de declin rendent necessaire, aux yeux des unionistescomme a bien d’autres, la regeneration des energies viriles de la jeunesse.Ainsi s’opere une synthese particuliere entre foi chretienne et foi patriotiquequi, si elle n’inflechit pas de maniere radicale la pratique des UCJG, interesseesde longue date par les activites physiques et le plein air, contribue du moins aen redessiner le sens et a en renouveler partiellement les formes.

LE MUSCLE CHRETIEN

Le contexte ideologique et politique national n’est pas seul a determinerl’essor des activites physiques et sportives parmi la jeunesse protestante. Celui-ci puise egalement a une source anglo-saxonne qui, bien qu’elle ne soit pasoriginale au regard de l’anglophilie regnant dans les milieux sportifs, passe icineanmoins par des canaux tout a fait specifiques. Depuis le milieu duXIXe siecle, les UCJG entretiennent des liens etroits avec des unionistes dumonde entier, notamment par le biais de l’Alliance mondiale des Youngmen’s christian associations (YMCA) dont elles constituent la branchefrancaise. Dans ce milieu, dont les cadres et les militants les plus actifssont habitues aux rencontres et aux echanges internationaux, s’exerce unenette influence anglo-saxonne et plus particulierement, depuis les annees1870, etats-unienne. Or, les puissantes YMCA nord-americaines sont acette epoque fortement marquees par l’ideologie de la chretiente musculaire(muscular christianity). Ce courant de pensee, apparu dans l’Angleterrevictorienne sous la plume d’ecrivains tels que Charles Kingsley et ThomasHughes, prone un christianisme vigoureux et dynamique et exalte le sportcomme agent de developpement de la force physique mais egalement de laforce morale. D’abord confine dans le milieu huppe des public schools et desuniversites anglaises, il en inspire en partie les reformes de la deuxiememoitie du XIXe siecle. A partir des annees 1870 cependant, les YMCAbritanniques et americaines commencent a s’interesser a la pratique dessports comme complement de leur œuvre religieuse aupres des jeunesadultes, permettant ainsi la diffusion des valeurs de la chretiente musculaireaupres d’un public plus large et plus modeste. Elles contribuent ainsi afaconner un modele de chretien accompli, etroitement lie a un ideal devirilite fait de maıtrise de soi, de sante et de force physique, qui va connaıtreun indeniable succes dans le monde anglo-saxon 27.

En concentrant une part importante de ses efforts sur les pratiques sporti-

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26. Le programme des volontaires du Christ, Paris, Foyer cooperatif d’edition, 1914, p. 24-30.27. Voir Tony Ladd, Muscular Christianity. Evangelical Protestants and the Development of Ameri-

can Sport, Grand Rapids, Bridge Point Books, 1999 et Clifford Putney, Muscular Christia-nity. Manhood and Sports in Protestant America, 1880-1920, Cambridge (Mass.), HarvardUniversity Press, 2001.

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ves, l’aide materielle et technique qu’apportent les YMCA etats-uniennes pourencourager et soutenir la croissance des UCJG francaises permet d’exporteroutre-Atlantique le modele anglo-saxon du « chretien muscle » 28. Cette solida-rite s’exerce principalement en direction de l’Union de Paris que les YMCAconcoivent alors comme une tete de pont propice a ouvrir la route du conti-nent europeen. A partir de 1888, des responsables unionistes parisiens sontregulierement accueillis pour un sejour d’un an a la YMCA training school deSpringfield, dans le Massachussetts, ou sont formes les secretaires generaux etles moniteurs d’education physique des Unions americaines. C’est egalement acette epoque que debute la construction du batiment de l’Union de Paris, au14 rue de Trevise, financee par un riche unioniste new-yorkais, James Stokes,et inaugure en 1893. Edifie sur le modele des batiments unionistes americains,l’immeuble est equipe d’une piscine, d’un gymnase et de la toute premieresalle de basket-ball francaise. Craignant que l’on ne trouve pas a Paris unprofesseur d’education physique suffisamment competent, James Stokesfinance egalement l’installation d’un professeur americain, Melvin Rideout,qui apporte avec lui les appareils servant a equiper le gymnase 29.

Dans les annees qui suivent, l’Union de Paris s’affranchit de cette tutelleamericaine et trouve dans ses propres ressources, humaines et materielles, lesmoyens d’assurer son fonctionnement. Elle garde neanmoins des liens etroitsavec les YMCA des Etats-Unis et continue d’envoyer regulierement sesresponsables a l’ecole des cadres unionistes de Springfield. C’est ainsi qu’enseptembre 1902, le jeune directeur des exercices physiques de l’Union,Charles Bonnamaux, s’embarque a bord d’un navire transatlantique pouraller suivre les cours de la YMCA training school. Les articles qu’il envoie aL’Esperance depuis son sejour etats-unien et ceux qu’il publie apres son retouren septembre 1904 montrent clairement la maniere dont il s’est impregne del’ideologie de la chretiente musculaire et dont il entend en promouvoir lesvaleurs.

Celles-ci se retrouvent notamment dans l’affirmation que le but desUnions, et du directeur des exercices physiques en particulier, est « d’assurerle salut des jeunes gens au triple point de vue religieux et moral, intellectuelet physique » 30. Cette idee, qui a inspire le choix du triangle equilateral commeinsigne des YMCA americaines, touche a des enjeux plus profonds qu’a unsimple developpement harmonieux des fonctions humaines. Ses soubasse-ments theoriques sont exposes dans L’Esperance de juin 1904, dans unarticle du Dr Seerley, professeur d’education physique a l’ecole de Springfieldet qui remplace Charles Bonnamaux a l’Union de Paris pendant son absence.Selon lui, la maniere dont les pulsions viriles du jeune homme sont ou

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28. Dans sa these consacree a l’introduction du basket en France, Sabine Chavinier etudie lesliens entre YMCA nord-americaines et UCJG francaise, ainsi que la diffusion, par ce biais,de l’ideologie de la chretiente musculaire ; voir S. Chavinier, La Genese du basket francais :conditions de possibilites de la diffusion du basket-ball des Etats-Unis vers la France. Balles perdueset passes decisives des protestants americains aux catholiques francais (1893-1933), doctorat enSTAPS, universite Paris-Sud-11, 2008.

29. Louis Matiffa, L’UCJG de Paris, de 1850 a 1919, These de la Faculte de theologie protes-tante de Paris, 1940, p. 44.

30. Charles Bonnamaux, « L’Ecole normale des secretaires generaux et agents des Unions chre-tiennes de jeunes gens », L’Esperance, juin 1903, p. 86.

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non mobilisees par les exercices physiques et orientees vers des ideaux supe-rieurs, au moment de la puberte, determine son developpement moral etreligieux ulterieur. « La statistique montre, affirme-t-il, que la plupart desconversions surviennent a ce moment, de meme que le debut du crime. »Ainsi la gymnastique et les sports n’ont pas pour seule vocation de fortifier lecorps de l’adolescent, mais de contribuer a developper chez ce dernier« l’amour de la famille, de la patrie, du prochain » et de « l’amener a Jesus-Christ, supreme manifestation de l’amour de Dieu » 31. On retrouve ici lamarque des travaux du psychologue Granville Stanley Hall dont la penseeexerce une forte influence sur la muscular christianity anglo-saxonne. Savision renouvelee et optimiste de l’adolescence, qui insiste sur la richesse deses potentialites et notamment dans le domaine spirituel en affirmant la possi-bilite d’une orientation salutaire des pulsions de l’eros par le moyen de laconversion, commence ainsi a penetrer le protestantisme francais. Elle vaconnaıtre une posterite notable en suscitant des travaux en psychologie reli-gieuse de l’adolescence32, qui eux-memes inspireront a leur tour aussi bien lesinitiateurs des camps de lyceens de la FFACE33 que certains promoteurs duscoutisme dans les UCJG34.

Revenons a Charles Bonnamaux. Son adhesion aux valeurs de la chretientemusculaire transparaıt egalement dans la facon dont il relie l’education phy-sique et le developpement de la virilite. Celui-ci, a ses yeux, ne se mesure pasuniquement a l’aune de la sante et de la force physique des jeunes gens, maisegalement dans sa dimension morale. Le benefice viril d’un exercice, avance-t-il, « est produit par les difficultes physiques et morales que l’eleve doit sur-monter pour executer cet exercice. Ainsi, les exercices difficiles ou douloureuxdeveloppent la volonte, le courage, l’endurance, et les jeux d’equipe la disci-pline et la solidarite » 35. Bien que l’on puisse y lire une marque de l’influenceanglo-saxonne, cette acception tres puritaine de la virilite n’est finalement passpecifique aux UCJG et l’on retrouve ici un systeme de valeurs que l’on peutconsiderer comme commun a tout le milieu sportif de la Belle Epoque. L’evo-cation des bienfaits spirituels des exercices physiques est plus originale, enrevanche. Selon Charles Bonnamaux toujours, l’entretien de la sante et de laforce corporelle est un devoir chretien : «Negliger le perfectionnement phy-sique, c’est amoindrir d’autant notre ideal. Le corps merite qu’on en prennesoin, car il est ‘‘le temple de l’Esprit’’. » Plus encore, l’education physiquestimule chez le jeune la volonte de se perfectionner. Ainsi, apres avoir suscitechez lui le desir de lutter contre ses imperfections physiques, il sera aise aumoniteur de generaliser et de «montrer que l’homme complet, l’homme idealn’est pas seulement vigoureux mais encore intelligent, cultive et surtout bon,aimant comme Jesus Christ nous a enseigne a l’etre » 36.

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31. Dr Seerley, « Force physique et force morale », L’Esperance, juin 1904, p. 81-82.32. Agnes Thierce, Histoire de l’adolescence (1850-1914), Paris, Belin, 1999, p. 210-215.33. Voir Arnaud Bauberot, « La Nature educatrice... », op. cit.34. Voir notamment l’article non signe (probablement de Samuel Williamson) « La conversion

des adolescents », L’Esperance, juin 1912, p. 93-94.35. Charles Bonnamaux, « Les Exercices physiques, sans gymnase, sans appareil, sans profes-

seur », L’Esperance, avril 1906, p. 54.36. Charles Bonnamaux, « Les Exercices physiques, sans gymnase, sans appareil, sans profes-

seur », L’Esperance, mars 1906, p. 37.

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Quelques annees plus tard, devenu cadre des Eclaireurs unionistes duGroupe de la Seine, Charles Bonnamaux s’attache encore a mobiliser leselans virils de la jeunesse au service de son evangelisation. Dans un article de1913, consacre aux « etudes bibliques pour eclaireurs », il recommande auxchefs de choisir des sujets illustrant des qualites « actives ou masculines(courage, heroısme, endurance, force physique et morale, volonte, etc.) » etde «montrer dans Jesus-Christ les qualites masculines, en faire le chef, lemaıtre, un heros, un guerrier » 37. A sa maniere, probablement un peu moinssubtile que celle du Dr Seerley, Charles Bonnamaux ne dit pas autre chose quece qu’avait expose celui-ci : la pratique des activites physiques dans les UCJGne peut se concevoir separement de leur objectif de former des chretiensaccomplis. Mais l’important, ici, reside moins dans la maniere de dire quedans ce qu’elle exprime. Ces paroles ne sont pas celles d’un theoricien maisd’un homme d’action, veritable pedagogue, qui, comme son frere Henri, atrouve grace aux Unions chretiennes le moyen de consacrer son energie atransmettre aux adolescents sa passion de l’effort physique et du grand air enmeme temps que la source d’un bonheur spirituel.

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37. Charles Bonnamaux, « Etudes bibliques pour eclaireurs », L’Esperance, mai 1913, p. 76.

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29 eISBN 978-2-85276-107-0

L’œuvre d’André Encrevé, professeur émérite à

l’Université Paris-Est Créteil (UPEC) est centrée

sur l’histoire du protestantisme français au XIXe

siècle.

Ses collègues et amis lui rendent hommage avec

ce volume de Mélanges. L’ouvrage réunit des

études d’histoire religieuse et culturelle ordonnées

en cinq volets : “Lieux de foi”, “Lectures et inter-

prétations”, “Missions, évangélisation”, “Itiné-

raires”, “Visages du protestantisme”.

Dans l'esprit des échanges intellectuels qu’ils

poursuivent avec André Encrevé, les auteurs ont

voulu mettre en évidence des affirmations de foi,

des prises de position et des choix religieux (ou

philosophiques), tout en pratiquant une histoire

relationnelle centrée sur les dialogues et les itiné-

raires.

Ce volume a été préparé au sein du Centre de

recherche en histoire européenne comparée

(CRHEC) de l’UPEC.

En couverture :Intérieur du temple de Pamproux (Deux-Sèvres), inauguré en 1840.

Affirmations

defoi

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