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Apport de l'anthropologie et de l'ethnologie dans la redécouverte de gestes industriels antiques : exemple de l'économie de la laine. Le travail de la laine en Méditerranée Occidentale dans l’empire romain sous le Haut Empire. Déjla Garmi, chercheur associé UMR 5138, Laboratoire d’archéométrie et d’archéologie, Arar, Mom, Lyon 2

Analyse textile et industrie textile : exemple de la laine

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Apport de l'anthropologie et de l'ethnologie dans la redécouverte de gestes industriels antiques : exemple de l'économie de la laine.

Le travail de la laine en Méditerranée Occidentale dans l’empire romain sous le Haut Empire.

Déjla Garmi, chercheur associé UMR 5138, Laboratoire d’archéométrie et d’archéologie, Arar, Mom, Lyon 2

Découverte d’un fragment textile

Fragment textile ayant servi de calfat, natté dérivé toile, laine, IIe siècle de notre ère – découvert sur le quai St George, Lyon.

Lorsqu’un fragment textile est découvert que se passe-t-il?

1. Etude de la surface du fragment et établissement de ses caractéristiques techniques.

2. Etude de la composition du fragment, identification de (ou des) matière(s) qui le compose.

3. Reconstitution de la chaine opératoire de réalisation.

4. Mise en évidence de la fonction de l’objet textile et de la dimension sociale dont il témoigne.

Etude des fils et identification de la fibre.

L’analyse technique de la toile permet de comprendre comment le textile a été réalisé et d’essayé de comprendre à quel usage.

L’identification de la torsion des fils en chaîne et en trame aide à cette compréhension.

L’observation au microscope quand a elle permet l’identification de la matière qui compose le textile.

Premier acteur de la production textile : le berger - ovium pastor, ocium custos et pecarius - deux fonctions qui lui sont dévolues, à savoir soigner les bêtes et leurs toisons et les nourrir comme il se doit.

Moyens Zootechniques mis en œuvres pour la production des laines :- Formation des bergers dès

l’enfance.- Aménagements des bergeries

et enclos normalisés.- La fumigation.- Sélection des espèces et

croisements.- Gestion des troupeaux.- La castration- Contrôle de l’alimentation et

de la qualité des eaux.- Onguents et frictions- Habillage des ovins : d’oves

pellitae ou tectae Horace (II, VI, 50). Les toisons des brebis couvertes sont nommées pecus molle, oves delicatissimae .

Relief de Reims, conservé sur un monument public, sur la Porte de Mars, Place de la République ; Ht : environ 120 cm – longueur environ 150 cm, tirée de Breyel C., Coessens B., Walschot J., U. L. B., « Essai d’analyse de l’image du vallus dans l’iconographie funéraire », La moissonneuse gallo-romaine, Université Libre de Bruxelles, Bruxelles, 2000, p. 41.

Photo tirée d’Espérandieu E., Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. VII, 1918, p. 334-335, n° 5824.

Pars rustica

Le toit pentu, la forme rectangulaire du bâtiment, allongée, percée de fenêtres en hauteur et la présence d’une seconde porte plus petite à hauteur d’animal. On peut clairement identifier le bâtiment comme une étable ouverte , spécialement construite et aménagée en vue de la préservation des ovins. La grande porte centrale, les ouvertures en hauteur et la porte du bas contribuent à créer un courant d’air qui permet aux animaux de toujours respirer un air sain.

Berger, bergerie et troupeaux – tirée de Fantar M. H., et allii, La mosaïque en Tunisie, Édition Alif, Tunis, 1994, p. 98 ; la mosaïque de la villa des laberii d’Oudna.

Virgile nous rapporte que le sol des bergeries était recouvert d’une litière composée de paille et de fougère afin de préserver les moutons du froid. Caton préconise l’utilisation de l’yeuse, Pline propose un troisième type de litière réalisée à partir de l’hièble, de ciguë, d’herbes hautes et de laîches de sualies.

La récolte

L’arrachage. L’arrachage et la tonte combiné. La tonte – tonsores ; la laine recueillie lors de la tonte est nommée

uellimnum en souvenir de l’arrachage. Soins poste tonte – frictions. Morphologie du mouton et découpage des différentes parties de la toison :

- La laine grossière présente des fibres inégales, jarreuses destinée à la grosse draperie, aux tapis, à la fabrication de grosse couverture, à la réalisation de lisière pour drap fin et commun, à la bonneterie, à la passementerie et enfin à la réalisation de matelas.- La laine commune moyenne et bonne qui sert à la fabrication de draps destinés à l’habillement, à la fabrication de couverture ordinaire et mi-fine, aux molletons, grosses flanelles, aux serges, aux cadis… ses laines sont lavées sans triage et conservées en toisons. - La laine refins indigène qui correspond à des fibres très fines et très longues servant à la fabrication de draps mi-fins et autres tissus précieux. Elle est en général lavée une première fois puis vendue en suint.

Une fois coupées, les fibres sont roulées et prennent sous cette forme le nom d’uellus ou uellimnum. Pline rapporte qu’une fois tondue la laine est recueillis en fonction de la région de la toison d’où elle provient.

Désuintage

Le lanipendus après la récolte des toisons veille au tri des flocons, mais aussi à leur dégraissage. Cette opération, comme la plupart des opérations de transformation de fibres pouvaient être exécutées aussi bien dans les villae suburbaines que dans des ateliers structurés ou officient des foulon-purgator.Cette opération est renouvelée trois fois afin d’en extraire tout le suint ce qui expliquerait la représentation de trois hommes sur le relief. le suint permettait la fabrication de l’oesypum. Après cette opération la laine est soigneusement séchée, puis recueillie en fonction de la région de la toison d’où elle provient.

Photo tirée d’Espérandieu E., Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. V, 1913, p. 283, n° 4125

Fresque du portique Sud du Temple Iside découverte le 13 avril 1765, conservée au Musée Archéologique de Naples, n° inv. 9909 – extrait de l’ouvrage de Pugliese Carratelli G., Pompei, Pitture e Mosaici, Regio VIII, Regio IX, partie I, Rome, 1990, p. 780, n° 77.

La mise en scène des flocons de laine placés dans des paniers à claire-voie également dénommés mannequins à jour indique qu’ils ont subi un désuintage à fond et qu’ils sont entrain de sécher à l’abri du soleil. Ce dernier rendrait les flocons secs et seraient à l’origine de fils cassant et non résistant la traction lors du tissage.

Drogues de dégraissage.

Les flocons sont épluchés et déliés puis étendus sur une table par des lanifricarii . Toutes les loquettes ou mèches et portions détachées sont mises à part. Si les toisons sont trop serrées ou tassées, on les ouvre à l’aide d’un instrument de fer appelé fourchette, à pointes courtes, écartées et recourbées. Il faut éviter toutefois de briser la laine. Cela, fait on épluche la toison en enlevant toutes les altérations ainsi que le crottin et les corps étrangers qui s’y trouve. Tous ces rebuts contenant de la laine sont recueillis pour être lavés à part ou avec les dessous de claies ou ordure qui passent à travers les claies au battage. Après donc la première opération d’épluchage, on procède à un second tri consistant à séparer les laines colorées des laines souillées par l’urine. Une fois terminée on prend soin de mettre dans des paniers ou des caisses les différentes parties triées en faisant attention à ce qu’elles ne se mélangent pas.

Photos tirée d’Espérandieu E., Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. V, 1913, p. 425, n° 4909.

Stèle funéraire représentant un atelier de foulon, provenant du Forum Popili et conservée au musée archéologique de Forlί, Antonio Santarelli.

La solution utilisée pour le lavage des laines pouvait comporter de l’eau chaude additionnée d’alcali tel que la racine de saponaire saponaria officinalis dans les ateliers des lavatorii. l’herbe à foulon. Ce type de plante déjà mentionnées pour le blanchiment, portent le nom de struthion chez les Grecs (Pline, H. N., XXIV, 18), radicula ou herba lanaria chez les Romains (Pline, H. N., XIX, 18). Dioscoride (II, 193) rapporte l’utilisation d’une saponaria par les peuples d’Arabie, pour ôter les taches des robes et pour dégraisser les laines.

Blanchiment : cavea et soufrage

Réalisé dans les ateliers de foulons-purgator.

Dessin tiré de Reinach S., Répertoire de peintures Grecques et Romaines, éditions Leroux, Paris, 1922, p. 251.

La fullonica de L. Veranius Hypsaeus (VI 8, 2.20-21).

Golvin L., Les arts populaires en Algérie, t. 1, Les techniques de tissages, Publication du Gouvernement Général de l’Algérie, Alger, 1950, p. 63.

Dessin tirée de l’ouvrage d’E. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, tome 10, 1918, p. 179, n° 7540.

Conditionnement de matière textile en vu de transport.

Photo tirée d’Espérandieu E., Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. I, 1907, p. 133, n° 164.

Document extrait de l’ouvrage de Bender Jorgensen L., North European Textiles until AD 1000, AARHUS University Press, Denmark, 1992, p. 132, fig. 162, dessin L. Dahm.

Espace de stockage de ballots de laine

Restitution d’une pièce de stockage de laine située Rue de Venise à Reims, dessin M. Poirier ; extrait de l’article de Ricardo Gonzalez Villaescusa, « Problématique archéologique sur la production de laine et d’étoffes en Gaule Belgique », Hispania et Gallia instrumenta 38, 2010, p. 135, fig. 2.

Filage des fils de chaîne

Platon indique que de son temps les fils de chaîne se distinguaient des fils de trame par la forte torsion qui leur était appliquée lors du filage : « Quand on l’a tournée au fuseau et qu’elle est devenue un fil solide, on le nomme fil de la chaîne et l’art de former ce fil s’appelle l’art de préparer la chaîne ». Scène de vie pastorale - jeune femme filant la chaîne d’une fibre courte, en suivant probablement, son époux qui paraît pousser un uallus. En Algérie, les femmes du M’zab s’installent sur un haut muret afin d’obtenir la longueur de fil la plus importante.

Photo tirée d’Espérandieu E., Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. V, 1913, p. 307, n° 4149.

Photo musée tirée du Lexicon iconographicum mythologia classicae, t. I-2, 1981, p. 69, Achilleus 102.

Vase de la collection Fauvel – Fileuse, dessin tiré de l’ouvrage de Notor G., La femme dans l’antiquité grecque, Paris, 1901, p. 255.

Filage de la chaîne et de la trame.

Photo tirée de l’article d’H. Camps-Fabrer, « Filage », Encyclopédie Berbère, Paris, 1937, p. 5, photo A. Louis ; filage du fil de chaîne (région de Douiret, sud Tunisien).

Photo tirée de l’article d’H. Camps-Fabrer, « Filage », Encyclopédie Berbère, Paris, 1937, p. 6, photo A. Louis ; filage du fil de chaîne (région de Douiret, sud Tunisien).

Platon dans Le Politique rapporte que lors de la torsion des fils de trame, une faible torsion est appliquée aux fibres.

Lanarii carminatores et lanarii pectinarii

Le filage se fait en deux opérations distinctes celui de la laine cardée et celui de la laine peignée. Le cardage et le peignage confèrent à la laine des propriétés bien différentes. Le premier permet à la laine d’en obtenir un fil velu comme l’exige la draperie, alors que le second en produisant un fil lisse, permet la réalisation d’étoffes rases.

Les fils peignés ne se prêtent qu’à la réalisation de tissus fins destinés à une production luxueuse.Le travail de ces deux grands types de laines était confié sous le Haut Empire aux lanarii carminatores ainsi qu’aux lanarii pectinarii.

Fresque de la façade de l’atelier de Verecundus, IX 7, 5-7, tirée de l’ouvrage de Monteix N., Les lieux de métier boutiques et ateliers d’Herculanum, Ecole Française de Rome, 2010, p.188 fig 92.

Lanarii pectinarii et l’atelier de Verecundus

Une des fresques qui orne la façade de l’atelier de Verecundus, située dans la zone IX 7, 5-7 à Pompéi, illustre le peignage à chaud. Il nous est possible de comprendre la scène grâce aux indications du De nominibus utensilium daté du dernier quart du XIIe siècle. Le peignage pour s’effectuer correctement nécessite obligatoirement l’utilisation de peigne chauffé. Activité artisanal de premier plan durant l’Antiquité, la communauté des lanarii pectinarii devient si importante qu’au Moyen Âge, ils battent monnaie à l’effigie du symbole qui caractérisait leur profession. Le peigne , joue alors le rôle de blason. Un plomb, découvert au pont Saint-Michel à Paris, daté du XVe s. montre un peigne représenté sur une de faces de l’objet.

Fresque de la façade de l’atelier de Verecundus, IX 7, 5-7, tirée de l’ouvrage de Monteix N., Les lieux de métier boutiques et ateliers d’Herculanum, Ecole Française de Rome, 2010, p.188 fig 92..

Tirée de l’ouvrage d’Arthur Forgeais, Collection de plombs historiés trouvés dans la Seine, V. 5, Paris, 1866, p. 151.

Les libraria et les lapinendiae

L’ensemble des foyers antiques filait et tissait la laine, dans les riches demeures le filage était sous la responsabilité d’un lanipendius ou d’une lanipendia. Ces travailleurs de la laine sont en charge de la libra balance qui sert à la pesée de la laine distribuée aux fileuses pour le travail journalier. La libra est l’instrument caractéristique de cette profession qui porte aussi le nom de libraria et plusieurs représentations pariétales l’illustrent.

Dessin Cl. Allag. Tiré de Balmelle A., et al. 1990, p. 21, fig 11 ; Dardenay A., « Circulation des images : place, fonction et interprétation des thèmes iconographies dans la peinture en Gaule romaine », dans Balmelle C., Eristou H., Monier F., Aquitania supplément 20, Bordeaux, juin, 2011, p. 346.

Tirée de l’ouvrage Vallet G., alii, la Peinture de Pompéi, témoignage de l’art romain dans la zone ensevelie par le Vésuve en 79 ap. J.-C., t. II, Hazan, Paris, 1993, p. 20 – (fig. 7b).

Photo Sepiendenza, R 2047, Lexicon iconographicum mythologia classicae, t. I-2, 1981, p. 377, Moirai 33, Ostie.

Le retordage

Cette opération s’applique à tout type de fils indépendamment de la matière qui le compose. Le retordage confère au fil une force proportionnée à son futur usage et se distingue du filage par le fait que le corder n’est pas soumis à l’étirage. Il est le résultat de deux opérations secondaires, qui sont le doublage consistant à placer deux ou plusieurs fils parallèlement et le retord qui est l’action de les entortiller dans un sens opposé à celui de la torsion obtenue lors du filage.

Tirée de l’article de Leix A., « l’Ancienne Egypte, pays des

tisseurs de lin », CIBA.Vase de la collection Faïna-Orviéto – La quenouille, dessin tiré de l’ouvrage de Notor G., La femme dans l’antiquité grecque, Paris, 1901, p. 16.

Le flambage et le grillage

Les étoffes fines, précieuses, les tissus légers reçoivent entre autres manipulations celle du grillage permettant de les rendre parfaitement rases. Cette opération doit être pratiquée avant la teinture et l’impression, car les duvets présents sur la surface des tissus pourraient nuire à l’unisson de la couleur ou des motifs. Les représentations iconographiques montrent souvent des tissus dont on devine la finesse et deux passages de Martial révèlent l’application d’un traitement spécifique aux étoffes afin de les rendre rases. Ainsi, un ami du poète demande à recevoir pour la porter l’été une toge aux poils ras (Martial, Epigr., II, 85), vêtement sans poils que porte Zoïle (Martial, Epigr., III, 82) lors des soupers qu’elle organise. Ces textiles portés en saison chaude s’opposent au surtout de laine (Martial, Epigr., XIV, 136) aux longs poils. Bien que les éléments de réflexions en rapport avec cet apprêt soient ténus, ils témoignent de procédés de transformation textile extrêmement élaborés.

Le tissage et les métiers horizontaux

L’ourdissage est l’opération qui précède le tissage. Celle-ci consiste à disposer un nombre déterminé de fils de telle sorte, de placer facilement sur le métier la chaîne. L’opération d’encollage succède à l’ourdissage et permet de conférer à la future toile maintient et cohésion.

Le métier vertical à barres fixes est probablement apparu en Méditerranée occidentale, aux alentours des IIe-Ier siècle av. J.-C. Si l’on se base, sur les témoignages de Sénèque (Epist., XC) et d’Ovide. On peut arrêter l’utilisation de cette technologie au Ier siècle av. J.-C.

Ourdissoir et cantre d’après une représentation provenant de Keurboek, Ypres, vers 1320 – tiré de l’ouvrage de Endrei W., L’évolution des techniques du filage et du tissage du Moyen Age à la révolution industrielle, Paris, 1968, p. 68.

Photo musée du Berry, Bourges

Photo musée du Berry, Bourges.

Broche de tisserand et geste te tassage des fils de trame lors du tissage.

Métiers horizontaux à ensouple

Photo tirée de l’article de Moret J.M., « Circée tisseuse sur les vases du Cabrion », Revue Archéologique, Presse Universitaire de France, Fasc. 2, 1991, pp. 234-235 ; vase n° 1925. 30. 127, conservé au Fogg Art Museum de Cambridge.

Peinture de l’hypogée du Vilale Manzoni : Ulysse chez Circé – Extrait de l’article de Picard Ch., « La grande peinture de l’hypogée funéraire dit du Viale Manzoni à Rome, et les Tentations d’Ulysse », Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 89rannée, n° 1, 1945, p. 31, fig. 1.

Photo tirée d’Espérandieu E., Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. III, 1910, p. 456, n° 2732.

Métier à tisser horizontal

Le Moyen Âge a livré certaines enluminures témoin de l’utilisation de ce genre de métier, perpétuant des pratiques artisanales antiques. l’une des enluminures allemandes, la dernière précisément témoigne d’un dispositif, sans doute intermédiaire entre les métiers à pédales et ceux qui n’en possèdent pas.

Photo tirée d’Espérandieu E., Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. II, 1908, p. 272, n° 1342.

Enluminures allemandes VIIIe-IXe siècles d’origine inconnues.

Un passage d’Artémidore (Oneirocr., III, 36) auteur grec du IIe siècle ap. J.-C. qui vécut sous les Antonins témoigne parfaitement de l’emploi des deux types de métiers à tisser (horizontaux et verticaux), était conjointe durant le Haut Empire :« Dans les songes, la vue d’une toile que l’on tisse verticalement, présage le mouvement et les voyages parce qu’il faut que celle qui y travaille change de place. Mais la vue d’une toile que l’on tisse autrement présage l’emprisonnement, parce que les femmes sont assises en les travaillant. »

Le dégraissage et le foulon-purgator

Il s’agit probablement de la catégorie d’acteurs textiles regroupement le plus de spécialiste. Leurs compétences sont spécifiques et variées, adaptées à chaque fibres traitées. Le groupe qui nous intéresse est celui des foulons-purgator et en l’occurrence comme en témoigne l’iconographie, le foulon saltus.

Fresque découverte dans la fullonica de L. Veranius Hypsaeus (VI 8, 2.20-21) ; tirée de l’ouvrage de N. Monteix, Les lieux des métiers. Boutiques et ateliers d’Herculanum, Ecole Française de Rome, 2010, p. 197, fig. 96 a.

Tirée de l’ouvrage d’E. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. IV, p. 11, n° 2768 ; musée municipal Numéro d'inventaire J 128-129.

Tendeurs ou liceurs séchage et tendiculae

Signalée au Moyen Âge, comme une spécialité liée à celle des foulons, l’action de tendre les étoffes une fois dégraissées suite au tissage, permet de les redimensionnées, tout en les mettant au droit fil. Comme en témoigne l’iconographie gallo-romaine, cette profession était déjà en activité sous le Haut Empire. Le Moyen Âge ne se fait que le témoin de la continuité d’un savoir faire.

Stèle funéraire représentant un atelier de foulon, provenant du Forum Popili et conservée au musée archéologique de Forlί, Antonio Santarelli.

Les lices ou tendiculae sont mentionnées par Sénèque (Quest. Nat., I, 3) : « …l’étoffe tendue au châssis… », le tendage se pratiquait au champs ou sous des hangars. Plusieurs mentions conservées dans les papyrii de Leyde et Stockholm, rapporte la pratique du séchage des étoffes à couvert.

Photo tirée d’Espérandieu E., Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. V, 1913, pp. 48-49, n° 3706.

Tirée de l’ouvrage de Reinach S., Répertoire de peintures Grecques et Romaines, éditions Leroux, Paris, 1922, p. 407.

Tendiculae en arrière-plan du tondeur à grandes forces, Photo tirée d’Espérandieu E., Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. IV, p. 11, n° 2768.

Le lustrage

Une fois le drap ou le vêtement terminé un dernier apprêt mécanique est appliqué au textile, il s’agit du lustrage. Probablement réalisé suite à l’application de lotions aux vertus variées, il consiste à donner du lustre, de la brillance aux étoffes. Opération commune aux deux groupes de foulons, elle nécessite l’utilisation d’une presse et se trouve mentionnée comme obligation dans une loi rapportée par Gaius au IIe siècle ap. J.-C.Un passage de Martial (Epigr., IX, 50) rapporte l’utilisation de pressorium sur une toge neuve, alors qu’un autre (Epigr., II, 46) présente le fait qu’un certain Névolus était propriétaire de plusieurs de ces machines.

Pressorium - fullonica de L. Veranius Hypsaeus (VI 8, 2.20-21) ; tirée de l’ouvrage de N. Monteix, Les lieux des métiers. Boutiques et ateliers d’Herculanum, Ecole Française de Rome, 2010, p. 197.

Pressorium relief funéraire conservé au Musée de Reims – photo Musée de Reims

Exemple de conditionnement textile

Témoins tant d’une production variée que du commerce des étoffes, ce traitement des étoffes nous permet de nous rendre compte à quel point l’industrie textile était structurée ,organisée, développée.

Photo tirée d’Espérandieu E., Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. XVI, 1938, p. 28, n° 8396 - Buzenol, France.

Scène de boutique et de présentation d’étoffe

Dessin de « présentation d’étoffe » tirée de Reinach S, Répertoire des reliefs grecs et romains, t. 3, Paris, 1909-1912, p. 44, fig 2 - Florence, Italie..

Ouverture de ballots de drap et présentation d’étoffe.

Photo tirée de Renard M., Les nouvelles découvertes de reliefs gallo-romains à Buzenol (Belgique), 1959, p. 38, fig. 11 – Buzenol.

Photo tirée de Cassagnes-Brouquet S., Les métiers au Moyen Age, Editions Ouest-France, 2010, pp. 110-111.