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Programme des subventions ROCARE pour la recherche en éducation / ERNWACA Research Grants Programme
Edition 2008/ 2008 edition
LE ROLE DE LA SOCIETE CIVILE DANS
L’EDUCATION A LA CITOYENNETE AU TOGO
Chercheurs/Researchers
• KOKODOKO Ayélé Yentineko, Doctorante en Anthropologie, Université de Lomé • KOSSI Sénamé Dodzi, Doctorant en Sociologie, Université de Lomé • SEWAVI KoKuvi Fiomegnon, Doctorant en Sociologie, Université de Lomé • TEBIE Pézalowè, Doctorant en Sociologie, Université de Lomé
Parrain/Mentor: Dr. Dzek Philippe AMEVIGBE
Pays /Country
TOGO
Recherche financée par le
Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Edu cation (ROCARE)
avec le soutien du projet Centre d’Excellence Régionale UEMOA
et du Ministère des Affaires Etrangères des Pays Bas
---------------------------------------------------------- Research financed by
Education Research Network for West and Central Afr ica (ERNWACA)
With project support from UEMOA regional Centre of Excellence
and the Ministry of Foreign Affairs of the Netherlands
ROCARE / ERNWACA • Tel: (223) 20 21 16 12, Fax: (223) 20 21 21 15 • BP E 1854, Bamako, MALI Bénin • Burkina Faso • Cameroun • Centrafrique• Côte d’Ivoire • Gambia • Ghana • Guinée • Mali • Mauritanie • Nigeria •
Niger • Sénégal • Sierra Leone • Togo www.rocare.org
2
Résumé exécutif
L’état de déliquescence dans lequel se trouvent les structures socioéconomiques et les institutions politiques
témoignent éloquemment de la crise dans laquelle est plongée la société togolaise depuis quelques décennies.
Aussi, soulève-t-il plus que jamais la problématique de l’éducation à la citoyenneté active, celle-ci étant censée
contribuer à l’émergence d’une véritable culture citoyenne, ferment d’un Etat de droit. Un certain nombre de
problèmes sociaux posent actuellement des défis majeurs à la société togolaise à savoir, le désenchantement
démocratique, la dislocation des liens sociaux, le repli des Togolais sur eux-mêmes, etc., et dont la résorption
fait appel à l’action conjuguée des divers acteurs nationaux dont les OSC. Quel est alors le rôle des
Organisations de la société civile dans l’émergence d’une éducation à la citoyenneté en matière de
responsabilité, d’implication dans les affaires publiques, de la participation volontaire aux activités d’intérêt
général, de la solidarité avec les autres membres de la communauté, de l’amour de la patrie et le respect des
lois ? C’est à cette question que la présente étude a tenté de répondre.
D’une manière générale, cette recherche a pour objectif de déterminer le rôle de la société civile dans
l’éducation à la citoyenneté au Togo.
La présente étude, menée exclusivement à Lomé où se concentrent l’essentiel des organisations de la société
civile, a été réalisée aussi bien dans une approche quantitative que qualitative. Ainsi, avons-nous administré
des questionnaires à un échantillon raisonné de 200 personnes et organisé des entretiens individuels avec des
acteurs de 20 Organisations de la Société civile togolaise. Pour ce qui est de la collecte des données, elle a été
réalisée à l’aide des techniques telles que la recherche documentaire, les enquêtes par questionnaire et les
entretiens individuels. Les données issues de la recherche quantitative ont fait l’objet de vérification,
d’apurement et de traitement à l’aide du logiciel de traitement statistique SPSS (Statistical Package for Social
Sciences), alors que celles issues de la recherche qualitative ont été ordonnées et traitées d’une façon manuelle.
A l’issue des recherches, il ressort que quatre rôles essentiels constituent le socle des interventions des OSC
dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté : le rôle de formation, le rôle d’information et de communication,
le rôle de contrôle de l’action publique et de promotion de la culture de rendre compte et le rôle de plaidoyer.
Toutefois, ces rôles et leurs effets sur les populations sont encore peu perceptibles, en raison des capacités
techniques, organisationnelles et financières limités des OSC.
En somme, le travail accompli par la société civile togolaise pour contribuer à la promotion de la culture
citoyenne est certes encore peu perceptible mais encourageant. Il convient d’apporter un appui multiforme aux
OSC actives dans ce domaine, afin de leur permettre de consolider leurs acquis et d’affirmer leur rôle de
participation et d’éducation citoyennes et de contrôle de l’action publique.
3
Table des matières
Titres Pages
Résumé exécutif 2
Acronymes 4
Introduction 5
Justification de l’étude 5
Cadre théorique et conceptuel (définition des concepts, revue de littérature, les
indicateurs de l’étude 7
Méthodologie 15
Les variables de l’étude 16
Techniques et instruments de recherche 16
Le traitement et l’analyse des données 17
Résultats de l’étude 17
Le rôle de formation 17
Le rôle d’information et de communication des OSC 20
Le rôle de contrôle de l’action publique et de promotion de la culture de rendre
compte 22
Le rôle de plaidoyer 23
Analyse de la perception des actions menées par les OSC et des pratiques
relatives à l’appropriation des valeurs liées à la citoyenneté 24
Forces et faiblesses des actions menées 27
Conclusion 29
Recommandations 30
Bibliographie 31
Annexes 33
4
Acronymes
APG Accord Politique Global
CCOFT Conseil Consultatif des Femmes du Togo
CDQ Comité de Développement de Quartier
CNDH Commission Nationale des Droits de l’Homme
CVD Comité Villageois de Développement
FIDH Fédération Internationale des Droits l’Homme
FONGTO Fédération des Organisations Non Gouvernementales du TOGO
GF2D Groupe de Réflexion Femme Droit et Démocratie
HCDH Haut Commissariat aux Droits de l’Homme
LTDH Ligue Togolaise des Droits de l’Homme
LIT Ligue des Indépendants pour la Transparence
OTBG Observatoire Togolais de la Bonne Gouvernance
ONG Organisations Non Gouvernementale
OSC Organisations de la société civile
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
REFAMPT Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires du Togo
RTDS Radio Télévision Delta Santé
TVT Télévision Togolaise
UONGTO Union des Organisations Non Gouvernementales du TOGO
WANEP West African Network for Peace Building
WILDAF Women in Law and Developement
5
Introduction
Embryonnaire jusqu’en 1990, la société civile togolaise a connu depuis cette date un développement notable
par un foisonnement d’associations et d’Organisations Non Gouvernementales (ONG) suscitées et créées grâce
aux « vents favorables » de la démocratisation. En 2005, un inventaire du PNUD avait permis de disposer d’un
Annuaire électronique de plus de 300 ONG et associations, dans le but de les ouvrir à l’extérieur vers des
partenariats plus efficaces, notamment en matière de mobilisation des ressources. Cinq types d’organisations
sont généralement observables au Togo : les associations, les ONG, les groupes de presse, les centrales
syndicales et les institutions religieuses ; elles ont chacune leurs structurations spécifiques et leurs activités
couvrent tous les domaines de la vie économique, culturelle, religieuse, politique et sociale.
Mais ces organisations (OSC), quoique n’arrivant pas encore à jouer pleinement leurs rôles d’acteurs
privilégiés du développement économique, d’intermédiaires des populations, et de contrôle citoyen de l’action
publique, ont néanmoins une mission capitale à assumer dans le processus d’édification de la nation togolaise.
En effet, des facteurs exogènes ou endogènes comme la crise socio-politique ont contribué à développer chez
les Togolais de mauvais réflexes tels que l’égoïsme, l’égocentrisme, la criminalité, l’engouement vers les biens
mal acquis et bien d’autres maux.
L’on peut se demander aujourd’hui d’où sont venues l’anarchie et l’avidité vers le pouvoir et qui ont tendance
à rompre le respect envers l’autorité et la chose publique ? Une chose est sure, aujourd’hui, les intérêts
personnels priment sur l’intérêt général, ce qui entraîne, la corruption, l’escroquerie et le mensonge politique.
Comme on peut le lire dans le Rapport CIVICUS (2006), « les vraies valeurs de tolérance, de non violence,
d'honnêteté, de sens civique s'effritent au profit de la recherche d'intérêt personnel. La corruption est
substantielle et gagne toutes les couches sociales. La violence s'installe dans les coeurs et prend des allures
incontrôlées lors des échéances électorales. » (2006 : 9).
Dans ce contexte, il échoit aux OSC un rôle important : œuvrer à l’émergence d’une culture citoyenne marquée
par l’essor de la participation à la gestion de la chose publique. Il s’agit en fait pour elles de mettre en œuvre
des actions visant la promotion d’une citoyenneté active.
Comment s’y prennent-elles pour mener cette mission ? Quelle est la portée effective de leurs actions ? Quelle
perception les divers acteurs ont de leur rôle ? Telles sont les questions auxquelles cette recherche s’est attelée
à répondre.
Ce rapport s’articule autour de quatre parties, notamment la justification, le cadre théorique et conceptuel, la
méthodologie et les résultats de l’étude.
I- Justification de l’étude
Depuis l’avènement de la démocratie en construction dans les pays du sud, l’éducation à la culture citoyenne
constitue un défi majeur pour les jeunes Etats africains. Et de l’avis des observateurs avisés de la scène socio-
politique africaine, c’est justement le
éficit de culture citoyenne qui est au fondement de la plupart des conflits qui ont secoué le continent au cours
des deux dernières décennies. « L’esprit citoyen ou le sens civique, c’est la capacité à toute action, toute
6
réaction ou toute manifestation, individuelle ou non, revendicative ou non, dans le strict respect des règles de
l’Etat de droit. » (Ouedraogo, 2004, P.17)
En effet, l’histoire récente de l‘Afrique en général et du Togo en particulier a été jalonnée de conflits violents
caractérisés par la folie meurtrière et destructrice des hommes. Et, plus d’un analyste soutiennent que ces
situations sont largement imputables à la mauvaise gouvernance mais aussi à un déficit criard de culture de
paix et de citoyenneté.
Ces situations de crise témoignent très souvent de l’échec des politiques à asseoir une coexistence pacifique,
une cohésion sociale durable. D’où de plus en plus, on s’oriente vers des modes participatifs de gestion des
crises dont la spécificité est d’intégrer dans les processus de prévention des conflits ceux que les signataires de
l’Accord de Lusaka sur le conflit en République Démocratique du Congo appellent « les forces vives de la
nation ». Il s’agit justement de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la société civile.
La société civile qui est un acteur consubstantiel de délégation des légitimités et de contre-pouvoir, y a ainsi
une grande responsabilité tant elle devrait renforcer le niveau de culture et d’esprit citoyens aussi bien des
populations et des gouvernants que de ses membres afin qu’ils puissent amplement jouer leur rôle d’éveil de
conscience contre d’incessants comportements régressifs des différents acteurs.
Malheureusement, l’expérience africaine en général et togolaise en particulier a trop de plomb dans l’aile pour
décoller. Certes, les responsabilités sont largement partagées mais, par son statut d’éveil de conscience et de
contre-pouvoir, la société civile nous semble plus concernée.
En effet, la société civile pour remplir cette mission, le fait à partir des différentes organisations qui la
composent à savoir les ONG, les syndicats, les institutions religieuses, les médias,… Les canaux traditionnels
utilisés pour atteindre cet objectif sont les campagnes de sensibilisation, les séminaires de formation et les
émissions à l’antenne. Seulement, la réalité sur le terrain semble être très loin des résultats auxquels on devrait
s’attendre.
Bien que beaucoup de formation aussi bien des formateurs que des acteurs locaux aient eu lieu et continuent au
profit de ces différentes composantes1, on note l’expression d’un manque cruel d’esprit citoyen dans les propos
et comportements des divers acteurs (leaders politiques, journalistes, religieux, responsables d’ONG de défense
des droits humains, etc.) de la vie sociale et politique togolaise.
Ainsi, quotidiennement, si ce ne sont pas des leaders politiques ou religieux tous démagogues aux propos
violents et injurieux avec des journalistes pyromanes, ce sont des responsables d’ONG de défense des droits
humains qui se lancent dans de véritables diatribes. Les uns à travers des campagnes de sensibilisations
incendiaires et d’autres à travers des débats ou des éditoriaux violents dépourvus de toute considération éthique
et civique soit à l’antenne, ou dans les colonnes des publications. Les interpellations répétées de la Haute
Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication à l’endroit de certains de ces acteurs dont la dernière
1 En effet dans le cadre du suivi du processus de renforcement de l’Etat de droit depuis 2000 et surtout à partir de 2004, beaucoup d’institutions comme les fondations Konrad Adenauer, Hans Seidel, Herbert Hulrich, le Pnud, les Ambassades des USA, d’Allemagne, ont beaucoup accompagné ce processus par des soutiens en formations des différents acteurs aussi bien sur le plan national que régional.
7
remonte au 19 février 20082, montre qu’il y a réellement un problème de culture civique chez les acteurs
togolais.
Dans une étude menée en 2003, des chercheurs de l’Université de Lomé ont mis en évidence chez les
populations togolaises un niveau très bas d’appropriation des vertus civiques (GOEH AKUE, COULIBALY,
sur Les défis de la société civile dans le développement du Togo 2003). Or comme le soutient Jean-Paul
Willaine de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris, « les valeurs civiques que sont le sens de
responsabilité, l’implication dans les affaires publiques, la participation volontaire aux activités d’intérêt
général, la solidarité avec les autres membres de la communauté, l’amour de la patrie et le respect des lois,
constituent les ferments du lien social et de la construction d’un Etat de droit, de justice et de paix. » (in Actes
de Séminaires, Société civile, esprit citoyen et contrôle social, 2004, P49)
En définitive, le déficit de culture citoyenne dans un pays où les ONG et les organes de presses se créent à un
rythme fulgurant, suscite beaucoup d’inquiétudes. Quel est alors le rôle des Organisations de la société civile
dans l’émergence d’une éducation à la citoyenneté en matière de responsabilité, d’implication dans les affaires
publiques, de la participation volontaire aux activités d’intérêt général, de la solidarité avec les autres membres
de la communauté, de l’amour de la patrie et le respect des lois ?
La quête de réponse à cette question somme toute importante dans le processus d’édification de véritables
Etats-nations constitue le facteur justificatif majeur de la présente étude. Car, un regard rétrospectif jeté sur
l’univers de la recherche sociale au Togo, révèle qu’aucune étude ou presque ne s’est préoccupée de cette
problématique. La présente recherche veut donc contribuer à combler ce vide en relevant le rôle effectif de la
société civile à l’éducation citoyenne au Togo.
Cette étude a pour objectif général de déterminer le rôle de la société civile dans l’éducation à la citoyenneté
au Togo.
Spécifiquement, l’étude vise à :
- Identifier les efforts ou actions menées par les Organisations de la Société Civile togolaise dans la
promotion des différents comportements citoyens ;
- Identifier les forces et faiblesses des Organisations de la Société Civile en matière de promotion de la
citoyenneté et de la paix ;
- déterminer la perception que les Togolais ont des différents rôles joués par la société civile dans
l’éducation à la citoyenneté ;
- Proposer des approches de solution pour une appropriation effective de la notion de citoyenneté par
les acteurs de la vie sociale, politique, culturelle, économique et politique togolaise.
II. Cadre théorique et conceptuel
Le cadre théorique et conceptuel met l’accent sur la définition des concepts liés à l’étude, la revue de littérature
recensant les travaux et écrits pertinents sur le sujet et les indicateurs de la recherche.
2.1. Définition des concepts
- Citoyenneté
2 Le Directeur de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication a ordonné la cessation de certains programmes radio et télé pour le manque d’éthique et de civisme des animateurs qui ont pourtant été interpellé à plusieurs reprises pour les mêmes injonctions.
8
Le concept de citoyenneté a son origine dans la Rome Antique et comporte des idées positives telles que la
responsabilité, l’autonomie, la conscience et la réflexivité critique. En d’autres termes, l’esprit citoyen, c’est un
état moral qui prédispose l’être humain à un certain nombre de valeurs telles que : l’implication active dans les
affaires publiques, la participation volontaire aux activités d’intérêt général, la solidarité avec les autres
membres de la communauté, l’amour de la patrie et le respect scrupuleux de ses lois.
- Education à la citoyenneté
Selon le dictionnaire universel francophone, L’éducation est « l’action de former, d’instruire quelqu’un » ou
« l’action de développer les facultés morales, physiques et intellectuelles ».
Pour Durkheim l’éducation a pour objectif « de susciter et de développer chez l’individu un certain nombre
d’états physiques, intellectuels et moraux que réclame de lui et la société politique dans son ensemble et le
milieu spécial auquel il est particulièrement destiné. » (Durkheim, L’éducation morale, Paris, PUF, 1963). Et
justement l’esprit citoyen fait incontestablement partie de ces notions essentielles que la société réclame de
l’individu qui s’y réfère.
- Société civile
« Composée de tous les citoyens constitués en différentes organisations que ceux-ci se sont donnés librement,
en marge de l’Etat et de la famille, pour conférer davantage d’impact social, de rationalité, d’efficacité, à leurs
actions et actes, dans la poursuite de leurs buts promotionnels, la société civile apparaît, selon le sociologue
sénégalais Abdoulaye Niang, comme ce double de la société qui, dans un double processus d’auto-prise en
charge et de contrôle sur l’Etat et le fonctionnement de la société se pose à la fois comme la police et le
tribunal populaires de l’Etat, d’un côté, et le promoteur – réalisateur des projets que la société, à travers ses
différentes composantes nourrit sur elle-même, de l’autre. »
Les organisations de la société civile comprennent les Organisations non gouvernementales (ONG), les
organisations de défense des droits humains, les syndicats, les associations professionnelles, les groupes de
femmes, les communautés religieuses et les autorités coutumières, les organes de presse et les médias privés,
etc.
2.2. La revue de littérature
2.2.1. L’évolution de la citoyenneté
Le terme «citoyen» est largement galvaudé. Il est utilisé dans tous les discours qu'ils soient d'ordre politique,
économique ou social. Il est demandé à tous les acteurs d'avoir un comportement citoyen. Mais souvent, celui-
ci n'est pas réellement décrit et il nous semble opportun de définir la citoyenneté et le comportement citoyen.
La citoyenneté est un legs de l'antiquité gréco-romaine qui fut remis au coeur des débats à la révolution
française après plusieurs siècles d'oubli.
À l'origine, le titre de citoyen est accordé aux notables et aux hommes libres des peuples soumis ou alliés à la
Rome antique. Il y a dans ce concept une double logique :
- une logique inclusive : puisque tout notable et homme libre a vocation à devenir citoyen,
- une logique exclusive : les esclaves, les femmes, les affranchis ne pourront jamais devenir des citoyens.
Il importe alors de savoir ce que recouvre la notion de citoyen. Trois éléments indépendants sont présents:
- le terme citoyen est le nom individuel que se donnent les membres d'une même cité (Platon, Rousseau).
9
La citoyenneté ne peut donc se concevoir que lorsqu'il y a groupement d'individus. J.J. Rousseau précise qu’« à
l’égard des associés ils prennent collectivement le nom de peuple, et s’appellent en particulier citoyens comme
participant à l’autorité souveraine, et sujets comme soumis aux lois de l’Etat » (J.J. Rousseau, 1992 : 40). Il
précise que «ces mots de sujets et de souverain sont des corrélations identiques dont l’idée se réunit sous le
seul mot de citoyen ».
- le terme citoyen n'est pas accordé à tous mais à une "élite". Il s'ensuit une parfaite indifférence à l'inégalité
des statuts (entre citoyens et non-citoyens) et des richesses. (Thierry Leterre, 1997 : 3 -10).
- le terme citoyen nécessite l'adhésion volontaire aux règles de la cité. Le citoyen est par nature un être libre qui
"obéit avec liberté". (J.J. Rousseau, idem).
La citoyenneté est donc l'espace public créé par le rassemblement des hommes. Le citoyen est celui qui prend
sa place à l'intérieur de cet espace (Thierry Leterre, idem).
Il est donc celui qui jouit des droits et s'acquitte des devoirs définis par les lois et les moeurs de la cité (G.
Durozoi, A. Roussel, 1998). La citoyenneté est avant tout le résultat d'une intégration sociale, si bien que
civiliser veut d'abord dire "rendre citoyen". Ainsi, le citoyen a pour principales vertus l'obéissance et la
capacité à commander, car il est défini par sa participation à la justice et à la magistrature (Aristote, 1970 :
167). C’est de cette participation que découlaient tous ses droits civils et politiques.
Depuis la révolution française et la déclaration des droits de l'homme, la citoyenneté est la source du lien social
: vivre ensemble, c'est être citoyen ensemble (Dominique Schnapper, 1997).
Rousseau, dans le contrat social, indique que la légitimité du pouvoir politique ne repose ni sur la volonté
divine, ni sur la force, mais sur un pacte d'association où chacun s'engage envers tous en renonçant à sa liberté
individuelle naturelle au profit de la communauté qui lui assure en retour la dignité de citoyen c'est-à-dire
l'égalité juridique et morale et la liberté civile. Cette idée est reprise dans la conception du citoyen «moderne»
puisque «le citoyen, ce n’est pas l’individu réel avec ses faiblesses, son égoïsme, son aveuglement et ses
enthousiasmes. C’est l’homme éclairé par la raison, parlant selon les impératifs de cette raison commune à
tous, et, par conséquent, débarrassé des préjugés de classe et des soucis inhérents à sa condition économique,
capable d’opiner sur la chose publique sans être dominé par son intérêt personnel, bref c’est une manière de
saint laïc qui doit sa qualité de membre souverain –la Nation- à son désintéressement» (G. Burdeau,
1976 :190).
La citoyenneté est alors ouverte à tous ; le citoyen devient un individu abstrait, sans identification et sans
qualification particulière (Schnapper). Il en résulte qu'il faut "quelque chose de plus que la citoyenneté pour
faire un espace citoyen. Deux éléments peuvent alors apparaître comme inévitables et conflictuels :
- la nation : elle est apparue comme l'organisation politique légitime et universelle qui permet de respecter
l'autonomie des individus tout en symbolisant les valeurs d'égalité et de liberté (Schnapper).
La nation est alors ouverte à tous les individus acceptant les règles d'un domaine public qui transcende tous les
particularismes.
- le marché : il se présente plus comme la réponse globale aux questions (désaffection voire méfiance à l'égard
de l'engagement politique, abstention, montée de valeurs privées...) que les théories du pacte social ne
pouvaient pas résoudre de manière totalement satisfaisante et opératoire (Pierre Rosanvallon). Le pacte social
10
garantit l'espace de la citoyenneté mais demande un engagement constant de ses acteurs. Le marché propose le
jeu spontané et transparent des intérêts mis en oeuvre par le commerce.
La citoyenneté se trouve dès lors concurrencée par le libéralisme économique. Il y aura donc un double
dilemme : citoyenneté/nationalité ; citoyenneté/individu privé.
La citoyenneté a une finalité, la socialisation. Mais, celle-ci est contrecarrée par une force concurrente à la
politique, le marché. Elle est d’autant plus forte qu’il y a actuellement un désintérêt pour les questions
politiques qui se traduit par une montée de l’abstentionnisme et s’ouvrir entre l’individu privé qui recherche sa
satisfaction au travers de sa présence sur le marché et le citoyen qui a des devoirs vis-à-vis de la communauté
et surtout des droits qu’il cherche à optimiser.
La citoyenneté "moderne" est en perpétuelle expansion (cf. Turner) puisque selon Turner la quatrième vague
d'extension actuellement en cours tend à donner des droits à la nature et à l'environnement.
À ce stade, et pour le reste de cette recherche, le citoyen sera considéré comme un être libre qui jouit de ses
droits civiques, qui a pour obligations de respecter les lois et les bonnes moeurs. En contrepartie, il dispose de
la protection de l’Etat. Le comportement citoyen peut donc être défini comme le respect des lois et bonnes
moeurs.
2.2.2. Problématique de l’éducation à la citoyenneté
Bien qu’elle ait été proclamée avec vigueur au lendemain de la souveraineté de chaque pays et inscrite même
dans les constitutions, on n’a jamais songé que l’éducation à la citoyenneté requérait une place aussi
importante dans les programmes éducatifs. De ce fait, elle a été oubliée jusqu’à ce qu’elle apparaisse comme
une crise ; ce qui explique l’existence d’une rare revue littéraire consacrée à son sujet.
Selon Yvonne Hébert & Alan Sears dans L'éducation à la citoyenneté, il se dégage incontestablement à
l’échelle mondiale et en ce début du XXIe siècle le sentiment d'une crise. Il existe actuellement une
perception fort répandue que la question de la citoyenneté est en crise. Aussi bien dans les jeunes démocraties
des pays en voie de développement que celles qui sont établies depuis longtemps, les gens ont l'impression que
la qualité de la citoyenneté démocratique est dangereusement faible et qu'il faut redresser la situation au moyen
d'un programme d'éducation à la citoyenneté efficace. Ce sentiment de crise est manifeste tant dans les textes
scientifiques que dans les médias populaires.
Le « Civics Expert Group » en Australie a inventé à cet effet le terme de « déficit civique » pour décrire la
notion de l'ignorance omniprésente des citoyennes et citoyens. Au Canada, l'Institut du Dominion fait faire des
sondages réguliers qui démontrent l'ignorance des jeunes Canadiennes et Canadiens. Au Conseil de l'Europe,
les responsables du Programme d'éducation à la citoyenneté démocratique collaborent avec les chercheurs et
les éducateurs depuis 1996. Partout dans le monde, le sentiment qu'il y a crise est l'une des principales forces
qui motivent les travaux de recherche et de développement dans le domaine de l'éducation à la citoyenneté.
Pourtant, partout dans le monde, les éducateurs accordent généralement une faible priorité à l'éducation à la
citoyenneté, quand bien même ils sont également convaincus de l'imminence d'une crise sur cette question.
Dans la plupart des cas, comme il n'y a pas d'examen sur l'éducation à la citoyenneté en tant que matière
scolaire, celle-ci reçoit nécessairement moins d'importance que les matières où les connaissances sont
contrôlées par un examen.
11
D’aucuns diront que l'éducation à la citoyenneté doit être offerte dans le cadre du programme d'études sociales,
conformément à la tradition anglophone (voir Wright et Sears, 1997; Wronski, 1987; Dufty et Cleverly, 1987),
d’autres que, l'éducation à la citoyenneté n'est qu'une composante de l'histoire (Bliss, 1992; Granatstein, 1998).
Dans la tradition francophone, c'est l'histoire qui sert de fondation à l'éducation à la citoyenneté (voir Laville,
1996; Durocher, 1996; Richard, 1995).
D'autres personnes encore estiment que l'éducation à la citoyenneté ne doit pas se limiter à une matière ou une
discipline scolaire mais se répartir parmi plusieurs disciplines, les cours de langue et de littérature (Johnston,
1997) par exemple, ou de géographie (Laurin et Klein, 1998; Laville et Dionne, 1996), ou encore s'insérer dans
une démarche de lettres et de sciences humaines.
Enfin, il y a la part de ceux qui insistent qu'il faille chercher les rudiments d'une participation civique active
dans la raison d'être et le code disciplinaire de l'école. Par conséquent, selon eux, le mandat d'assurer
l'éducation à la citoyenneté appartient à l'ensemble de la collectivité scolaire (voir Berthelot, 1991).
Il s'agit donc d'un débat complexe qui remet en question les objectifs généraux de la scolarisation, son
organisation, les programmes d'études ainsi que les valeurs et les pratiques de l'enseignement et de
l'apprentissage.
2.2.3. Citoyenneté, Pluralisme culturel et cohésion sociale
Les modèles d'ordre social ont pour but de trouver des moyens qui permettent aux êtres humains de vivre
ensemble en paix et cela avec des ressources limitées. La citoyenneté en tant que modèle social doit regrouper
les individus et les groupes de toutes les régions du pays de manière à contribuer à l'éclosion d'un état
démocratique cohésif.
Philippe PERRENOUD, dans Apprentissage de la citoyenneté… des bonnes intentions au curriculum caché
pose un certain nombre de questions.
Pour que l’apprentissage de la citoyenneté s’opère à l’école, au collège et au lycée, y a-t-il quelque chose à
faire ? Avant de charger le programme de formation initiale et continue des enseignants de missions nouvelles,
il trouve prudent de répondre à quelques questions qui s’interrogent à leur tour sur les finalités de l’école, les
programmes, le rôle des enseignants, la transposition didactique au delà des savoirs.
• La citoyenneté : de quel apprentissage parle-t-on ?
S’agit-il d’apprendre qu’on appartient à une collectivité organisée, une cité ? Qu’on y a des droits et des
devoirs ? Qu’on y soit lié aux autres membres par une loi commune, expression de la volonté de tous ? qu’il y
a au-delà de la connaissance des valeurs communes, des lois et des institutions - instruction civique élémentaire
- une obligation de solidarité, un contrat de coexistence pacifique, la recherche constante d’un juste équilibre
entre liberté et responsabilité, autonomie et ingérence ? Est-ce tout cela, la citoyenneté ? De quoi parle-t-on au
juste ?
Pour Le Robert, la citoyenneté est “ la qualité de citoyen ”, ce dernier étant, “ dans l’antiquité, celui qui
appartient à une cité, en reconnaît la juridiction, est habilité à jouir, sur son territoire, du droit de cité et est
astreint aux devoirs correspondants ”. Dans les temps modernes, le sens évolue, le mot citoyen désigne une
personne “ considérée comme personne civique ”, non plus au sens d’avant 1781 “ relatif au citoyen ” mais,
plutôt compris en terme “ propre au bon citoyen ”.
12
L’hypothèse de la crise sociale est étayée par le discours ambiant sur l’affaiblissement du lien social, la
violence urbaine, le racisme, le mal de vivre des banlieues. Loin d’être le rempart attendu, l’école serait elle-
même gagnée par le désordre et la violence. Contre les analyses un peu courtes des media, les sciences sociales
montrent que la violence des élèves est souvent une réponse malheureuse à l’état de la société qui les
stigmatise (Debarbieux, 1990 ; Defrance 1992, 1993, Pain, 1992 ; Nizet et Herniaux, 1985).
Dans le contexte des changements éducatifs du changement de siècle, il est possible d’identifier un ensemble
de propositions et de lignes d’action de réforme en cours dans différents systèmes éducatifs nationaux, qui sont
orientées par la prise de conscience des besoins signalés et par la volonté politique d’y trouver des réponses.
Ces propositions et lignes d’action sont différentes selon les régions. Malheureusement, il semble que les pays
où se concentre la pauvreté se contentent pour le moment de répéter l’expansion des structures éducatives et,
dans une forte mesure, également des curriculums inventés en Occident pour les XIXe et XXe siècles, sans une
conscience claire de leur inadéquation.
Pire encore, nous rêvons aujourd’hui d’une citoyenneté librement assumée, sans endoctrinement. Durant
longtemps, l’instruction civique s’est confondue avec l’intériorisation intensive et acritique de quelques
principes moraux et le souci de développer un respect inconditionnel des institutions, du travail, de la famille,
de la loi, s’accompagnant d’une identification à la patrie, d’une vision très nationaliste de l’histoire et de la
géographie.
Selon Yvonne Herbert & Alan Sears, il est facile d’affirmer que la citoyenneté est “ en chute libre ” ou “ en
crise ” et qu’après s’être exclamé “ Mais que fait la police ? ”, on en vient à dire “ Mais que fait l’école ? ”. Il
serait équitable de reconnaître que la conception de la citoyenneté a changé et a modifié aussi les moyens
légitimes d’éduquer et d’instruire. Lorsque quelque chose semble “ se dégrader ”, demandons-nous toujours si
la réalité a changé ou si nos attentes se sont élevées. Aujourd’hui, on stigmatise l’ignorance dans des sociétés
où le niveau d’instruction est le plus élevé de l’histoire. Il se pourrait qu’en matière de citoyenneté aussi, nos
attentes changent plus vite que les comportements, ce qui nous pousserait à voir une dégradation absolue là où
elle est simplement relative.
De là à rendre l’école responsable de cette dégradation, cette analyse semble un peu courte. La responsabilité
de l’Etat une fois encore n’est-il pas l’agent régulateur de la société ?
• Où apprend-on la citoyenneté et comment ?
L’école n’est par un État dans l’État, même si on lui reconnaît une “ autonomie relative ”. On ne peut donc,
sans autre forme de procès, lui imputer une éventuelle crise de l’éducation citoyenne.
Charles Péguy écrivait en 1904 :
« La crise de l’enseignement n’est pas une crise de l’enseignement ; les crises de l’enseignement ne sont
[que] des crises de vie partielles, éminentes, qui annoncent et accusent des crises de la vie générale ; ou, si l’on
veut, les crises de vie générales, les crises de vie sociales s’aggravent, se ramassent, culminent en crises de
l’enseignement qui semblent particulières ou partielles mais qui en réalité sont totales parce qu’elles
représentent le tout de la vie sociale ; c’est en effet à l’enseignement que les épreuves éternelles attendent,
pour ainsi dire, les changeantes humanités ; quand une société ne peut pas enseigner, c’est que cette société ne
peut pas s’enseigner ; c’est qu’elle a honte, c’est qu’elle a peur de s’enseigner elle-même ». ( Charles Péguy,
Cahiers VI, II, Oeuvres en prose, La Pléiade II, p. 1390, cité par Jacques Julliard, dans Le Nouvel
Observateur, n° 1357, 8-14 nov. 1990, p. 61).
13
Pourquoi demander à l’école d’être plus vertueuse que la société qu’elle exprime ? Ce n’est pas simplement
injuste, c’est absurde.
La thèse de Péguy souffre cependant d’une naïveté sociologique : la société n’est pas une personne, c’est
un champ de forces contradictoires. Une société ne peut globalement avoir honte d’elle-même que si elle forme
un bloc. Dans une société pluraliste coexistent toutes sortes de sentiments, de la pleine adhésion, plus ou moins
désintéressée, à l’ordre établi, à la révolte vive. Chacun peut toutefois avoir honte de sa société ou pour sa
société, ce qui ne le porte pas à transmettre ses valeurs dominantes. Une société pluraliste a nécessairement
plus de mal à s’enseigner qu’une société monolithique.
Ce que Péguy interprète comme une peur de s’enseigner est peut-être la simple rançon d’une valse-hésitation
entre ces trois voies, dont aucune n’est satisfaisante :
- la première parce qu’elle menace l’unité même de la société civile et prépare des guerres civiles ou des
sécessions ;
- la seconde parce qu’elle éloigne l’école d’une forme de neutralité à l’égard des valeurs et des idéologies
diverses qui coexistent ;
- la troisième parce qu’elle reste dans l’abstrait et ne prépare pas vraiment à affronter la complexité du monde.
Une éducation civique engagée, quelle qu’en soit l’inspiration, est reçue comme un endoctrinement par une
partie des familles…
La grande peur qui rebute toute volonté à se pencher sur la question de l’éducation à la citoyenneté peut
s’énoncer en termes du courage de l’autorité au pouvoir à affronter l’histoire avec toutes les injustices qu’elle a
érigée et qui maintient le peuple dans l’ignorance. Alors, quand bien même la société éprouve la nécessité et la
volonté d’éduquer la population à la culture citoyenne, elle aura fort à faire avec certaines réalités d’injustices
qui, en maintenant fraîches des récessivités, rend impossible l’acceptation de la participation ressentie dans ce
contexte comme un sacrifice qui n’en vaut pas la peine. C’est ce qui explique le fait que l’effort des
organisations de la société civile ne porte pas assez. Ce n’est pas tant par ignorance uniquement mais beaucoup
plus par non adhésion aux comportements politiques.
Alors, les Etats africains sont ils réellement pour la socialisation politique de leur population ? Car, c’est elle
qui concourt à la formation de bons citoyens. Si oui, ils devraient trouver des stratégies compatibles. Les
processus de justice transitionnelle peuvent être à cet effet une voie possible car, censée apaiser, tolérer,
appeler au consensus et réconcilier en renvoyant aux calendes grecques les contentieux pour répartir sur de
nouvelles bases. C’est en ces termes que semble s’inscrire la problématique du rôle de la société civile dans
l’éducation à la citoyenneté.
2.2.4. La société civile : quelle analyse ?
La notion de société civile tire ses racines des considérations philosophico-historiques des temps anciens. En
effet, s’opposant diamétralement à la notion de société naturelle ou pré-moderne, la société civile se définit
nominalement comme « une association d’individus humains reposant sur un contrat social dont les liens de
réciprocité instituent un ordre économique et politique. Cette définition du dictionnaire Larousse dont se réfère
le rapport de synthèse sur l’analyse des défis de la société civile dans le développement du Togo » (GOEH
AKUE et COULIBALY, Décembre 2003) met en relief le caractère grégaire de la société civile. En outre, elle
fait référence à la solidarité entre les membres mais ne précise pas clairement le degré et les différents niveaux
14
d’associations. La question se pose encore de savoir s’il s’agit d’une panoplie de mouvements intégrateurs dans
une société en pleine mutation.
Le premier acte politique de la société civile est généralement un acte politique au service de la paix sociale qui
constitue la condition première de tout développement humain. Dominique Colas ne pense pas autrement
quant il dit, à propos de l’Etat : « si aucune institution ne tient les hommes en respect, ils sont dans un état de
guerre de tous contre tous qui interdit l’émergence des techniques, des arts, du savoir et ils sont dans des
conditions favorables à celles des sauvages… » Renonçant à faire de la politique à plein temps afin de mieux
se consacrer directement à l’amélioration des conditions matérielles d’existence, au progrès du savoir, au
développement humain tout court, la société civile ne se détourne pas pour autant complètement de la politique
et des affaires de l’Etat.
C’est dans une large mesure, d’une part, de l’état d’avancement de la démocratie, lequel conditionne la nature
et l’importance plus ou moins grande des entraves institutionnelles à l’accès par les citoyens à la jouissance
effective des droits humains fondamentaux et, d’autre part, du degré d’attachement de ces mêmes citoyens à
ceux-ci et à leurs libertés que dépend, en réaction, la vigueur plus ou moins grande des formes dominantes de
lutte de la société civile dans un contexte socio-politique déterminé.
La nature des buts poursuivis par la société civile, les formes dominantes d’expression de celle-ci, ainsi que les
domaines où ces formes se manifestent le plus, sont variables d’une société à une autre, d’un groupe social à un
autre et d’une époque à une autre.
Déterminée par l’histoire mais aussi participant à la formation de celle-ci parce qu’action collective ayant
toujours un impact sur le cours des choses là où elle a une existence forte, la société civile manifeste toujours
une certaine singularité dans son mode d’existence, en rapport au contexte socio-historique du moment pour un
peuple donné. Dans le 18 Brumaire, K. Marx campe bien cette situation dans ce passage : « les hommes font
leur propre histoire mais ils ne la font pas arbitrairement dans les conditions choisies par eux mais dans les
conditions directement données et héritées du passé ».
Ainsi, Hegel parlera de société civile bourgeoise pour désigner cette partie de la société qui n’est ni la famille,
ni l’Etat, qui s’intercale entre ces deux et qui se démarque dans son mode d’existence de la société féodale
parce que justement elle est porteuse et annonciatrice dans sa pratique de la société même d’un autre projet de
société, c’est-à-dire, en définitive, de rapports sociaux nouveaux lesquels fondés sur la liberté individuelle et le
libre-échange devaient sonner le glas de l’ancienne société féodale et annoncer la société bourgeoise nouvelle.
Cette société civile bourgeoise, en effet, comme dit Hegel : « est le champ de bataille de l’intérêt privé
individuel de tous contre tous, de même c’est ici que le conflit de cet intérêt, avec les intérêts particuliers
commune et de ceux-ci conjointement à celui-là avec les points de vue et les dispositions de l’Etat qui sont
d’un ordre plus élevé, a son siège ».
La société civile, loin d’inscrire son action dans une dynamique d’opposition par rapport à l’Etat, se conçoit
plutôt ici comme un soutien de celui-ci, comme d’ailleurs le fait remarquer René Gallissot « La société civile
dans son sens libéral de sphère des intérêts se situe en dessous mais non à l’écart, en soutien plutôt de la société
politique ». L’Etat qui est le pivot de cette société politique assure, ici, la régulation du jeu contradictoire des
intérêts individuels et/ou collectifs car entre lui et la société civile il n’y a pas un antagonisme d’intérêts mais
plutôt une complicité et une continuité dans les représentations et les actions, la même idéologie libérale
15
partagée par tous les acteurs (ceux de la bourgeoisie en particulier) de cette nouvelle société montante
conférant, en effet, à tous la même attitude d’acceptation de l’Etat, tel qu’il existe dans sa nature actuelle mais
aussi dans ses fonctions de régulation.
Par contre, selon K. Marx qui a traité des sociétés communautaires caractérisée par l’absence de l’Etat et
fondées sur le principe de la communication des biens, la société civile est, dans un tel contexte, « la tribu (qui
est) propriétaire de tous les biens « . Pour lui, la société civile existe depuis le communisme primitif et
précéderait donc l’existence même de l’Etat, car « celle-ci (la société civile)… comprend l’ensemble des
rapports sociaux économiques… (et) repose sur les exigences de la production de la vie matérielle de
l’homme » ; elle se confond avec les actions collectives que développent les différents groupes sociaux en
confrontation ou en alliance dans le jeu des rapports de classe, tels que ceux-ci sont déterminés par les rapports
économiques et les contradictions d’intérêts qui s’y développent.
Pour Gramsci, la société civile est perçue comme le « réseau complexe des fonctions éducatives et
idéologiques, ce pourquoi la société est non seulement commandée mais encore dirigée » ! Elle est ce à quoi
doivent rester attentifs les dirigeants d’un pays pour arriver à cerner les volontés collectives de ceux qu’ils
veulent gouverner.
La société civile est donc le lieu où doit se mener la conquête des consciences nouvelles pour le changement
social et politique souhaité.
2.3. Les indicateurs de l’étude :
- Nombre de colloques, séminaires, forums, ateliers de formation organisés par les OSC ;
- Le taux de participation aux initiatives de formation ou d’échange organisées par les OSC ;
- La fréquence des actions de la société civile relatives à la citoyenneté ;
- La fréquence des programmes d’éducation à la citoyenneté organisés par les médias ;
- Le nombre d’OSC ayant des programmes d’éducation à la citoyenneté ;
- Le niveau de compréhension des populations du concept de citoyenneté ;
- Le degré d’engagement des acteurs en faveur de la promotion des notions de citoyenneté ;
- La perception des enquêtés du concept de citoyenneté ;
- La perception des acteurs externes du rôle de la société civile dans la consolidation de la citoyenneté
III. Méthodologie
La méthodologie retrace le type de recherche effectué, les caractéristiques de la population cible,
l’échantillonnage, les limites de l’étude, les variables, les instruments et techniques de collecte des données, les
techniques de traitement, d’analyse des données et d’interprétation des résultats.
3.1- Le type de recherche
La présente étude a été réalisée dans une approche qualitative.
L’approche qualitative a permis de creuser davantage en vue de recueillir et d’analyser d’une façon
approfondie, la perception, l’opinion et la compréhension de divers acteurs (universitaires, acteurs de la société
civile, acteurs politiques, acteurs des médias) du rôle de la société civile dans l’éducation à la citoyenneté.
Ceci nous a permis ainsi de susciter des idées, analyses et hypothèses pouvant aider à la compréhension et à
l’analyse du sujet.
3.2. La population cible
16
Il s’agit de l’ensemble des catégories d’individus concernées par la recherche et dont sera tiré l’échantillon.
Dans notre cas précis, elle regroupe les acteurs de la société civile (ONG, Associations, Organisations
religieuses, Médias…), les acteurs universitaires, les acteurs de la vie politique, sociale, économique et
culturelle installés à Lomé où se concentre l’essentiel des activités des Organisations de la Société Civile.
3.3. L’échantillonnage
Ne pouvant pas interroger l’ensemble de la population cible (ce qui aurait été l’idéal), il s’est avéré nécessaire
de déterminer un échantillon représentatif des diverses caractéristiques de la population cible. En raison des
contraintes financières et temporelles, nous avons limité l’étude à Lomé où se concentrent l’essentiel des
organisations de la société civile.
Ainsi avons-nous interrogé un échantillon raisonné de 200 personnes sélectionnées dans différentes catégories
de la vie sociale, économique, culturelle et politique togolaise.
En outre, des entretiens individuels ont été réalisés avec des acteurs de 15 Organisations de la Société (6 ONG
dont 1 Internationale oeuvrant dans le domaine des droits de l’homme, 5 Organes de la presse, 2 Organisations
religieuses, 2 Organisations syndicales).
3.4. Difficultés et limites de l’étude
Les recherches qui ont permis la production du présent document ne se sont pas déroulées sans encombre.
En effet, la première de ces difficultés est relative à l’insuffisance des sources de documentation qui nous
auraient permis d’approfondir encore d’autres aspects de notre question de recherche.
Ensuite, le contexte socio-politique qui prévaut dans notre pays a été aussi préjudiciable au bon déroulement de
l’étude. En effet, la question de la citoyenneté est très sensible et suscite parfois la méfiance des enquêtés.
En définitive, toutes ces difficultés ont pu être jugulées grâce à la motivation sans faille des chercheurs et aux
conseils avisés du parrain scientifique de l’étude.
3.5. Les variables de l’étude
• Rôle : cette variable a pour composantes les rôles d’information, de communication, de
sensibilisation, de contrôle de l’action sociale et politique ;
• Citoyenneté : cette variable a pour composantes essentielles la responsabilité, l’autonomie, la
conscience et la réflexivité critique, l’implication active dans les affaires publiques, la participation
volontaire aux activités d’intérêt général, la solidarité avec les autres membres de la communauté,
l’amour de la patrie et le respect scrupuleux des lois.
• Education :
L’éducation se présente sous plusieurs formes : nous avons l’éducation formelle (dispensée à l’école),
l’éducation par la sensibilisation (communication sociale), les séminaires, les émissions-débats…etc.
qui sont surtout le fait des Organisations de la Société Civile.
• La perception des acteurs : la perception que ceux-ci ont de la notion de citoyenneté, des actions
réalisées, de leurs propres rôles.
3.6. Techniques et instruments recherche
3.6.1. L’analyse documentaire
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Il a été question ci de faire une analyse de contenu des documents recueillis aussi bien dans les bibliothèques,
sur le Web que dans les institutions ciblées.
3.6.2. Les entretiens individuels
Les entretiens individuels ont été organisés à l’intention des acteurs de la société civile à l’aide de guides
d’entretien semi structurés élaborés à cet effet à chaque catégorie spécifique.
3.6.3. La formation des enquêteurs
Une session de formation a été organisée à l’intention des chercheurs de l’équipe en vue de leur permettre de
s’imprégner de la méthodologie de la recherche et des outils de la collecte.
3.6.4. La collecte des données sur le terrain
Il a été question de recueillir des données auprès de l’échantillon à l’aide des outils produits à cet effet
notamment les guides d’entretien et les grilles de lecture.
La collecte des données a été faite par les membres de l’équipe de recherche repartis en deux groupes.
Lors des entretiens, il y a un modérateur pour animer les discussions et un preneur de notes. A la fin de chaque
entretien, une réunion de synthèse est organisée.
Eventuellement, certains entretiens ont fait l’objet d’enregistrement. Ici aussi une réunion de synthèse est
organisée en vue de transcrire les données enregistrées et de rédiger un rapport d’entretien.
3.7. Le traitement et l’analyse des données
Les données issues de la recherche quantitative ont fait l’objet de vérification, d’apurement et de traitement à
l’aide du logiciel de traitement statistique SPSS (Statistical Package for Social Sciences).
Les données qualitatives quant à elles ont été ordonnées et traitées d’une façon manuelle. L’analyse des
données qualitatives a consisté à les mettre en ordre, à dégager les tendances, à organiser tout le contenu en
catégories et thèmes descriptifs, à trouver les significations aux tendances, à expliquer les thèmes descriptifs
puis à déterminer les liens ou les interactions entre eux. Elle a conduit à une présentation descriptive des
actions groupées par domaines d’intervention. Les principes de cette méthode sont l’extraction et la
hiérarchisation des thèmes ou des messages clés tels qu’exprimés par les participants, la comparaison des
messages ou thèmes dans différents groupes et l’illustration des messages dans le but de refléter la perception
exprimée par la population cible.
L’interprétation a été réalisée en se servant des indicateurs de quantité et de qualité prédéterminés
IV. Résultats de l’étude
Les résultats de l’étude s’articulent autour de cinq points, notamment le rôle de formation, d’information et de
communication, contrôle de l’action public et de promotion de la culture de rendre compte, et enfin du rôle de
plaidoyer, et de la perception des actions menées par les OSC.
4.1. Le rôle de formation
La problématique de la citoyenneté n’a pris une importance de taille dans le débat politique togolais que suite
aux violences électorales de 2005. C’est donc par rapport à ce contexte de crise que le Togo, de concert avec le
système des Nations-Unies, a amorcé une politique de promotion de la culture de la non violence et de la paix.
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Concernant spécifiquement le programme d’éducation à la citoyenneté, on peut distinguer comme acteurs
principaux : les organisations de la société civile œuvrant pour la défense des droits humains et des libertés, les
médias et journalistes et les organisations religieuses. Les organismes techniques (du système des Nations
Unies pour la plupart) et les ONG internationales constituent la première vague de formateurs des citoyens à la
citoyenneté. Ils interviennent souvent en appui et accompagnement aux actions des OSC, dans l’exécution de
certains programmes établis par l’Etat, dans le renforcement de leurs capacités.
Ainsi, dans le cadre des renforcements de capacité des différents acteurs sociopolitiques sur la culture de la
bonne gouvernance portant sur la lutte contre la corruption et les exigences de transparence de la gestion des
biens publics, le PNUD a donné plusieurs sessions de formation aussi bien au gouvernement, au parlement
qu’aux cadres des différentes administrations dans le but de renforcer la cohésion nationale.
En ce sens, le PNUD a financé un certain nombre de projets au Togo, notamment le Projet d’Enregistrement et
d’Appui au Cycle Electoral du Togo (PEACE) couvrant Avril 2007 à Mars 2008. Ce projet a permis de former
les membres des partis politiques sur la non violence et la tolérance ainsi que les observateurs nationaux.
Un autre Projet intitulé « Appui à la Consolidation de la Paix » a couvert la période de mai à décembre 2008 et
a permis d’appuyer le Ministère des Droits de l’Homme et de Consolidation de la Démocratie (MDHCD) dans
l’élaboration de "la Stratégie nationale de consolidation de la Démocratie et de la Paix pour le
développement au Togo". Le but était d’accompagner les institutions de la République dont le
fonctionnement normal participe à la consolidation de la paix et de la démocratie grâce à l’instauration d’une
plus grande confiance du citoyen, de la société civile et des partis politiques, grâce à la transparence dans la
gestion et le fonctionnement efficient des systèmes de contrôle du fonctionnement de l’Etat.
Pour sa part, le HCDH-TOGO a organisé la semaine précédant les élections législatives du 14 octobre 2007,
une rencontre avec les journalistes de la presse publique et privée pour les inviter à plus de responsabilité dans
l’exercice de leur profession. La rencontre avait pour objectif d’informer et sensibiliser les journalistes sur
leurs droits et devoirs en matière de promotion et de protection des droits de l’Homme.
Aussi, le HCDH a-t-il recruté en 2007 un Consultant Média pour la mise en oeuvre d’un Programme
d’éducation et de formation aux Droits de l’Homme par les médias. La mise en oeuvre de ce programme
d’éducation et de formation aux Droits de l’Homme par les médias répondait aux normes de la Communication
pour le Changement de Comportement (CCC).
Par ailleurs, l’initiative d’un processus vérité et réconciliation au Togo, procède d’un renforcement de la
campagne de lutte contre la violence et l’impunité lancée en juillet 2007 par le HCDH.
Enfin, initiée par le Haut commissariat des Nations unies aux Droits de l’homme (HCDH) et grâce à l'appui
financier de certains partenaires comme l'Union européenne (UE) et l'Organisation Internationale de la
Francophonie (OIF), les consultations nationales de mars à mai 2008 ont permis de recueillir les opinions des
Togolais sur la nature et les prérogatives de la Commission Vérité Justice et Réconciliation prévue par l’APG.
Ces consultations nationales constituent la première démarche dans la mise en place de cette Commission
vérité et réconciliation. Il appartiendra donc au peuple de se prononcer, afin d'éviter les frustrations", a
expliqué un ministre.
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Dans cette meme optique, au cours du séminaire intitulé Quelle commission Vérité-Réconciliation pour le
Togo ? organisé en juillet 2008, la LTDH a eu à instruire les ONG, les parlementaires et les partis politiques
sur les différentes figures de justice transitionnelle et les commissions Vérité-Justice-Réconciliation.
La fondation Konrad Adenauer quant à elle, après avoir formé les formateurs nationaux sur l’esprit citoyen au
sessions annuelles de 2003 à Ouagadougou et 2004 à Kpalimé, a également formé les jeunes des partis
politiques en avril 2008 à Brother Home et en juillet 2008 au Césal sur les subsidiarités telles que la culture de
la non violence, la tolérance, l’équité, etc.
Les OSC viennent en deuxième position et sont les plus concernées pour la formation du grand public. A cet
effet, les organisations de défenses des droits et des libertés entre autres, la LTHD, l’ONG COPED en
partenariat avec le PNUD, la CNSC, le WANEP, CCOFT, Amnesty international, etc., ont organisé diverses
sessions de formation.
Dans le cadre de sa mission qui est la promotion de la paix, le WANEP (West African Network for Peace
building) a organisé des ateliers de réflexion sur la promotion de la culture de non violence et de la paix. Son
action a accru les capacités de participation de la société civile au dialogue national. Sous son initiative, la
CODEL a été initiée en vue de l’observation des élections législatives de 2007. Au cours de ce programme,
510 observateurs dont 400 Togolais ont été formés et déployés sur le terrain. Sous son programme d’éducation
à la paix, quatre ateliers ont été organisés au cours du mois de novembre 2007 pour les associations de jeunes
dont 510 jeunes des syndicats et partis politiques. Dans le cadre de la citoyenneté, ils exécutent un programme
de formation à deux volées : le premier, Engagement citoyen et politique des jeunes et le second, Elite et
responsabilité des jeunes. Des ateliers d’échange des acteurs de la vie socioéconomique et politique ont été
également organisés d’avril 2005 à avril 2008 par le WANEP sur les avancées faites en matière de démocratie
et la non violence.
La CNSC de son coté a initié en 2006 le programme Undef (Programme d’actions communes pour
l’information, la participation citoyenne et le renforcement de la société civile togolaise) qui vise à créer les
conditions d’une participation dynamique et efficiente des citoyens et du Togo au processus démocratique et à
la gouvernance locale.
On ne saurait négliger l’action des ONG féminines telles que le WILDAF, le GF2D et le CCOFT qui
participent pour beaucoup dans l’émancipation et la promotion du statut juridique de la femme par leur action
de formation des pairs éducateurs et des para juristes, qui par devoir de restitution, constituent les principaux
relais au sein des groupements et associations. Ces groupements et associations, à leur tour, au truchement de
campagnes de sensibilisation ou visites, transmettent le message à la base.
Le GF2D, dans ce sillage forme des animateurs et des animatrices d’éducation civique dans le cadre de leur
programme de reconnaissance de la femme togolaise.
L’INADES-Formation a également initié en janvier 2009 un projet de production et de diffusion de manuels
d’éducation civique dans le cadre de son programme d’appui à la gouvernance et à la citoyenneté.
Ces différents acteurs organisent le plus souvent sur les ondes des débats autour de différents thèmes à l’ordre
du jour de leur agenda.
Amnesty international dans le cadre de son programme d'éducation à la citoyenneté mène différentes actions
entre autres, les campagnes Stop à la violence contre les femmes, des écoles plus sures: un droit pour toutes les
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jeunes filles, les droits humains comme moteur de changement en matière de respect des lois. Stop a
l’impunité. Ces projets sont exécutés au travers de panels de discussion, conférences débats, formations
publiques et aussi dans les groupes de réflexion thématiques et, également dans la production de bulletin
d’informations entre autre Dzéna et Echos d’AI.
L’action des ONG de développement est à relever. En effet l’ONG APED a organisé en janvier 2008 un atelier
national sur le projet renforcement des capacités professionnelles de la société civile en vue de l’élaboration
d’un plan d’action stratégique des OSC en vue de la culture de l’excellence et le professionnalisme.
Une autre action de formation est le renforcement des capacités des CVD et CDQ sur l’utilisation des fora pour
sensibiliser les populations au cours des campagnes de communications sociales.
Comme tel, ce sont le plus souvent des séminaires ateliers, des émissions débats, et des forums qui constituent
les canaux usités par les OSC pour divulguer leur message.
Toutefois, ces actions qui paraissent multiformes, sont peu nombreuses à l’échelle nationale, limitant ainsi les
impacts dans les zones urbaines.
4.2. Le rôle d’information et de communication des OSC
Les investigations menées dans le cadre de la présente recherche ont permis de relever un certain nombre
d’initiatives conduites par des ONG soucieuses du niveau peu reluisant des indicateurs de base liés à la
citoyenneté, notamment la participation, la responsabilité, le respect des lois, le patriotisme, etc.
En effet, de plus en plus et ce depuis quelques années, on peut remarquer l’organisation de forums, des
manifestations de célébration des journées Internationales, par des Institutions telles que HCDH, WANEP,
Amnesty International, la Commission Nationale Justice et Paix, GF2D, WILDAF, la LTDH, avec pour seul et
véritable but d’informer le peuple sur l’état de la question des droits de la personne, et sur l’existence des textes
régissant ses droits, mais aussi ses devoirs. C’est le cas des journées de la paix organisées par WANEP dans les
écoles,des Droits de l’homme, de la journée de la femme, des droits des enfants, du réfugié, etc. célébrées à
coups de campagnes médiatiques.
La question de la participation politique a aussi constitué un champ d’intervention privilégié de certaines OSC
qui se sont essentiellement illustrées lors des échéances électorales en vue d’inciter les populations, entre-
temps très déçues par les tournures que prennent souvent les dénouements des processus électoraux, à honorer
leur responsabilité citoyenne de participation. C’est le cas par exemple du projet PEACE financé en 2007 par le
PNUD et qui a permis d’appuyer les OSC à organiser des campagnes de sensibilisation, par le truchement des
médias, des caravanes, des manifestations folkloriques et autres, pour amener les populations à s’inscrire sur
les listes électorales, mais aussi à adopter des comportements de non-violence dans le règlement des
contentieux. Et pour une fois au Togo, les élections législatives de cette année (2007) n’ont souffert d’aucune
violence, d’aucune contestation ou d’actes d’incivisme majeur : destruction de biens publics, vandalisme, etc.
Les consultations Nationales organisées par le HCDH en 2008 et qui ont abouti aux travaux de mise en place
de la Commission Vérité Justice et Réconciliation ont été aussi un véritable canal d’information des
populations sur la question des droits de l’homme dans le pays et des mécanismes de justice transitionnelle qui
doivent répondre aux besoins de justice à laquelle aspirent les togolais victimes de comportements inciviques
lors des échéances électorales des années 2005.
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Aussi, plusieurs associations locales ou organisations de la société civile ont-elles initié des manifestations
pour la promotion de la paix. En effet, selon Togo presse du 12/01/2005 p.3, l’Association des Femmes pour la
Paix a appelé ses membres et tous les togolais épris de paix à prier à cet effet. La même initiative est prise aussi
par Femmes, Droit et Développement en Afrique section du Togo, (Guide pour la prise en charge des victimes
du harcèlement sexuel en milieux scolaire, universitaire et sur les lieux d’apprentissage, 2004).
Notons qu’étant les principaux canaux de diffusion, les radios et télévisions ne sont pas restées en marge et
font montre de dynamisme en proposant aux populations des émissions éducatives relatives à la citoyenneté.
Le but étant de faire assimiler aux populations les valeurs de droits et devoirs d’un bon citoyen. Nous pouvons
donner en exemple: la radio Nostalgie avec l’émission « Podium des électeurs diffusée en 2005 en vue
d’éclairer et d’instruire les électeurs, nutoményadzodzo qui porte sur toutes les questions sociopolitiques,
économiques et culturelles. Sur les mêmes questions, NaNa FM diffuse l’émission Emeneko ; la TV7 dans le
programme 7/7 fait avec ses invités, un passage en revue des questions de l’actualité politique économique et
sociale. Dans la même lignée, la chaîne LCF oraganise les émissions sans détour et Zanududu, cette dernière
s’intéressant particulièrement au phénomène de la corruption, de même que la radio Zéphyr dans Ensemble et
c’est pas clair.
La Télévision nationale (TVT) propose : le plateau de la semaine et au cœur de la nation, qui portent
également sur toutes les questions d’actualité.
On ne saurait passer sous silence les actions des acteurs organisés à la base, les leaders d’opinion, les Comités
Villageois de Développement (CVD), les Comités de Développement de Quartier (CDQ) dont le rôle est loin
d’être insignifiant en matière d’éducation à la citoyenneté. Ils constituent généralement des relais efficaces des
informations des ONG vers les populations à la base. C’est le cas des jeunes leaders venant de toutes les
régions et préfectures du Togo, formés par le HCDH et WANEP-Togo en 2006 sur la citoyenneté et la non
violence, et qui ont eu pour rôle de relayer les messages éducatifs reçus lors de leur formation auprès de leurs
pairs dans leurs milieux de provenance, soit à travers la paire-éduccation, soit à travers les ateliers
communautaires, etc. D’ailleurs, la plupart des actions de sensibilisation organisées par les ONG dans les
différentes localités du Togo s’appuient sur les leaders d’opinion et les CVD, ce qui leur donne plus de chance
de toucher quantitativement et qualitativement les masses populaires.
En outre, à travers leurs rapports d’activité, certaines organisations non seulement informent les masses
populaires, mais aussi dénoncent des comportements qui constituent un déni à la citoyenneté. Il en est ainsi par
exemple des rapports annuels publiés par Amnesty International, Transparency International, etc., de concert
avec leurs sections locales ou partenaires en l’occurrence Amnesty Internationale branche Togo et dans une
certaine mesure la LIT (Ligue des Indépendants pour la Transparence), les rapports de la CNDH, et de la
LTDH. Ces rapports annuels permettent d’informer les populations sur la situation des droits de l’homme au
Togo, les violations, de même que sur les questions relatives a la gestion des affaires publiques, la corruption
(qui est la manifestation d’un déficit d’esprit citoyen), tout en invitant les acteurs de ces différents faits à des
changements de comportement et à plus de civisme.
Sentinelle de la gestion politique, économique et sociale, la société civile avec son indépendance, sa diversité,
son dynamisme participe à la dénonciation de tout dérapage au sein de la Cité. C’est là une nécessité et il y a
22
lieu de favoriser une meilleure gouvernance en exigeant des actions multiformes concernant l’information et la
communication.
En outre, dans un autre registre, l’ONG Les Amis de la Terre a mis en œuvre, à la suite de PACIPE, une
importante campagne de sensibilisation sur la protection de l’environnement. Il s’agit essentiellement de spots
télévisés devant servir à inculquer aux citoyens les bons comportements liés à la préservation d’un
environnement propre et durable. Les affiches, pancartes, dépliants avec des messages évocateurs constituent
également des instruments privilégiés pour instruire les populations. Le CCOFT a en ce sens élaboré un
dépliant portant sur le thème de la décentralisation á l’intention des groupes de femmes.
En clair, de nombreuses campagnes sociales de courte durée s’appuient sur des activités d’information et de
communication, mais ces interventions épisodiques n’apparaissent pas être en mesure de créer une masse
critique susceptible de provoquer des changements sociaux importants et durables.
En définitive, même si leurs actions ne sont pas encore assez visibles, les OSC jouent un rôle très important
dans l’émergence de la bonne gouvernance qui constitue l’un des indicateurs majeurs de la culture citoyenne.
4.3. Le rôle de contrôle de l’action publique et de promotion de la culture de rendre compte
Très sensibles au caractère vertical qui marque le développement au Togo en matière de prise de décisions,
certaines organisations de la société civile sont favorables à toute stratégie pouvant œuvrer pour une plus
grande implication des bénéficiaires. Il s’agit notamment des Organisations Non gouvernementales :
FONGTO, GF2D, IPS-NEPAD-Coordination Nationale du Togo, UCJG INADES-Formation ; des structures
d’Etat comme les Affaires Sociales, le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation. (Plus précisément la
direction de la décentralisation).
Les efforts que déploie la société civile sont ceux qui se font dans le sens d’impliquer les bénéficiaires dans la
gestion des œuvres de leur développement. A cet effet, certains initiateurs de projet estiment que conduire
progressivement la société civile à comprendre la nécessité “de demander de compte à rendre” est un chemin
assez long.
En ce qui concerne les sociétés privées, les données sont presque les mêmes ; aucune structure n’est mise en
place pour faciliter l’implication de la société civile dans la gestion des sociétés privées.
L’éducation des populations est très limitée et n’est pas orientée dans le sens d’attirer leur attention sur la
gestion des sociétés privées. D’après certains, « l’on vient de commencer à demander des comptes aux sociétés
publiques et comment peut-on en demander aux sociétés privées dont les fonds sont considérés comme
privés ? ».
Les initiatives de certaines ONG et Associations s’évertuent à amener progressivement les populations à
l’information sur leur droit dans le suivi des actions qui se mènent en leur faveur.
L’Union Chrétienne de jeunes gens est une ONG Chrétienne qui, dans ses principes, s’évertue à éduquer la
population bénéficiaire de ses services dans le domaine de la responsabilité participative.
Une formation en cascades conduit progressivement toutes les couches sociales à se sentir parties intégrantes
de leur propre développement. La formation débouche, selon les programmations, à la constitution des comités
de gestion décentralisés, capables de rende compte de leurs actes et de réclamer des comptes aux élus. L’UCJG
a la particularité d’avoir initié une culture de rendre compte aux bénéficiaires de ses prestations.
23
INADES Formation initie une stratégie de développement participatif avec la méthode MARP qui met en
interface les gouvernants et les gouvernés. La MARP qui est une méthode active de recherche participative
constitue un socle privilégié pour INADES FORMATION. Elle permet par conséquent aux bénéficiaires de
réclamer des comptes aux élus qui ont aussi conscience de l’impératif de rendre des comptes pour les projets
qui leur sont confiés.
LaGF2D s’emploie à organiser des rencontres pour amener les femmes de toutes les régions du Togo à vivre
leur citoyenneté. Cette initiative a pour objectifs d’Initier la femme à l’audition interne et externe, et a mener
les responsables de projets à accepter de rendre compte.
En définitive, il faut faire remarquer que la société civile est encore au seuil d’une démarche embryonnaire en
matière de CCAP, même si certaines actions novatrices et pertinentes sont à déceler çà et là, en l’occurrence,
l’OTBG, la COPED, qui à travers les tables rondes, les séminaires et les ateliers de réflexion contribuent à
jouer ce rôle de contrôle citoyen de l’action publique et d’invitation des gouvernants à rendre compte de leur
gestion.
4.4. Le rôle de plaidoyer
Le concept de citoyenneté suppose l’amour de la patrie et une ardeur à la servir. En ce sens, l’idée force est que
la socialisation suppose comme valeurs essentielles l’implication a la gestion transparente des affaires et un
engagement politique.
Depuis sa création, la société civile intervient de façon importante dans la vie politique togolaise, car, supposée
proche du peuple, elle constitue le meilleur moyen pour le gouvernement de répondre aux besoins des citoyens
et vice versa. Elle est de ce fait formellement invité à présenter des suggestions pour une bonne conduite des
affaires. Plusieurs évènements témoignent de cette participation certes timide mais efficace sur certains
points : la conférence nationale souveraine, la signature des 22 engagements en 2004, l’accord politique
globale, les consultations nationales, et plus récemment son rôle dans le processus de création d’une
commission justice, vérité, réconciliation.
Le Togo fait partie des nations qui ont démontré de l’efficacité de la mobilisation de la société civile quand
l’intérêt général de la cité est menacé. L’histoire révèle qu’à la veille des indépendances, les associations de
l’époque comprenant l’urgence de mieux s’organiser face au colonisateur en ville comme dans les zones
rurales se sont rassemblées sous le mot d’ordre de la solidarité en dehors de la famille face à un patron ou
groupes de patrons. Ainsi sont nés les mouvements syndicaux organisés par décret du 7 Août 1944 instituant
les syndicats professionnels sur les territoires coloniaux, promulgué au Togo le 03 octobre 1944 (JOTT ; No.
470).
Ces groupes organisés étaient appelés forces nationalistes et syndicalistes et oeuvraient au côté de la classe
politique.
Dans son document « Rapport de conférence sur la Société Civile au Togo : Définition du concept et état des
lieux les professeurs N’buéké Adovi GOEH AKUE et B. COULIBALY affirment que :
« Les actions des syndicats furent déterminantes dans la marche du Togo vers l’indépendance, en particulier
la grève générale, décrétée les 27, 28 et 29 décembre 1957 pour réclamer la dissolution de l’Assemblée
territoriale de l’époque et l’organisation de nouvelles consultations transparentes, sous la supervision de
l’ONU. C’est celles-ci qui eurent lieu le 27 avril 1958 et annoncèrent le choix du Togo pour l’indépendance.
24
D’ailleurs le secrétaire général des syndicalistes devait être nommé dans le premier gouvernement comme
ministre du travail ».
Des résultats des actions de plaidoyer de la société civile togolaise, nous pouvons noter les recommandations
issues des assises du forum social (13 au 17 mars 2007) demandant la réduction des prix du carburant, la
révision de l’indice salarial, l’augmentation de la durée du travail et la fixation de l’âge d’admission à la
retraite à 60 ans.
Notons aussi que dans un contexte de crise permanente, les vraies valeurs de tolérance, de non violence,
d'honnêteté, de sens civique ont disparu. Cela a entraîné divers maux au chapitre desquels nous citons : la
corruption, le népotisme, le grand banditisme qui, ayant gagné toutes les couches sociales, et, gangrené la
population, font prendre aux togolais des attitudes revanchardes lors des échéances électorales. Cet état de fait
a poussé des voix à s'élever dans les OSC pour prévenir le pire; c'est pourquoi tout le peuple a salué le
démarrage des dialogues sociales et politiques tripartites. Généralement, ce sont les ONG internationales
surtout qui font ces activités de lobbying auprès de l’état. Mais elles sont très peu nombreuses au Togo. Nous
pourrons citer en exemple des actions communes engagées par Plan Togo et l’UNICEF, WAO Afrique dans le
cadre du vote de la loi interdisant la traite des enfants au Togo et de la sortie du nouveau code de protection
des enfants au Togo.
L’agenda des OSC en matière de plaidoyer n’étant pas très fourni, il s’avère important de préciser que, si au
Togo, la loi 1901 autorise les OSC à exercer des activités de plaidoyer, le déficit technique ne permet guère a la
majorité de ces OSC d’engager des actions de cette envergure avec des alliances stratégiques. Aussi, face à la
rigidité du système en place, les organisations de la société civile hésitent à engager des actions de plaidoyer.
Selon l’indice de Bertelsman Transformation, le Campus de l’Université de Lomé est sous surveillance
constante du Gouvernement. Aucun mouvement d’opposition ne peut voir le jour et se développer sans que ses
leaders ne soient identifiés comme dangereux pour le régime en place.
Force est aussi de constater que bon nombre de ces OSC manquent de compétence en matière de plaidoyer et
vivent dans une sorte de léthargie. Cependant on peut signaler en 2003 la tenue d’une campagne de plaidoyer
pour faciliter la scolarisation de la jeune fille auprès des députés par certaines ONG et associations.
Une autre limite est la quasi absence de dialogue des OSC avec l’Etat. En effet, l’état cherche seulement à
discuter avec un petit groupe d’OSC, sur une base de sujets ad hoc. Il s’agit des fédérations et réseaux d’ONG
et d’Associations pour la participation à l’élaboration des politiques sectorielles par exemple pour la jeunesse,
la femme ainsi que de certaines ONG choisies sur une base thématique : Environnement, Santé, Sida, etc.
Nous devons également préciser que l’univers politique togolais ne permet pas un dialogue avec la société
civile, en témoignent les pressions que subissent les OSC de la part des autorités de relais que sont les préfets
lors de leurs rencontres partenariales.
Néanmoins, dans la recherche de solutions à la crise togolaise, certaines OSC, notamment les confessions
religieuses, les ONG et Associations, les syndicats etc. ont été sollicités par les hautes autorités de l’Etat pour
apporter leur contribution pour la réconciliation nationale. Ce qui donne des ouvertures à saisir en vue de
renforcer le dialogue entre l’Etat et la société civile.
25
4.5. Analyse de la perception des actions menées par les OSC et des pratiques relatives à l’appropriation
des valeurs liées à la citoyenneté
Une importante mesure de l’état et du rôle de la société civile réside dans l’impact qu’elle a sur la vie des gens
et sur la société toute entière. En effet, il semble exister un fossé entre les OSC et la population et, il est clair
que la population dans son ensemble fait une mauvaise lecture du concept de citoyenneté. En effet, des
investigations, il ressort que les togolais éprouvent une certaine difficulté à définir le concept de citoyenneté. A
coté de ceux qui en ont une idée générale et qui la conçoivent comme « le sentiment d’appartenance à la cité,
l’engagement en tant que citoyen remplissant ses devoirs envers son pays, la volonté de tout patriote à faire
évoluer son pays, le sentiment de responsabilité pour le développement de la société », se trouvent ceux pour
qui citoyenneté rime avec le droit du peuple à vivre pleinement négligeant ainsi le paramètre du devoir que
couvre ce concept.
Le rôle d’éducation à la citoyenneté, qui échoit donc à la société civile, ne semble pas être totalement rempli.
Ceci renvoie à la question de l’existence de cette dernière dans l’entendement des Togolais. En effet, les
réponses sont mitigées quand on parle d’une société civile togolaise et du rôle qu’elle joue dans la vie
nationale. Sa crédibilité même est remise en cause par les enquêtés. Pour certains, la société civile n’est
qu’une représentation des ONG et associations locales, un regroupement des organisations existant sur le
territoire ayant pour vocation d’apporter un soutien aux populations vulnérables. Cela est certes vrai mais une
telle opinion révèle l’ignorance du pouvoir d’action réelle de la société civile en tant que force et contre-
pouvoir.
Cet état de fait peut être imputé au contexte, très politique, d’émergence de ces structures. En effet ,
l’historiographie de ces organisations révèle pour la plupart, une mutation d’associations et groupements au
lendemain des années 90 en ONG d’entraide et de développement. De la mémoire des togolais, à cette période,
« les ailes marchantes du parti au pouvoir (RPT) se sont transformées en ONG pour séduire et fidéliser les
électeurs ». En effet des informations recueillies, il existe des clichés bien ancrés dans les mémoires qui font
des OSC « les services sociaux » des partis politiques.
Ainsi cataloguée, cette société civile éprouve d’énormes difficultés à satisfaire et les besoins, et les exigences des
populations qui perçoivent les OSC non comme des organisations engagées dans la promotion et la défense des
valeurs citoyennes, mais comme « des opérateurs économiques ». « Les OSC togolaises n’ont ni un engagement
sérieux et volontaire, ni une intégrité morale avérée. » souligne un enquêté.
Cette perception constitue un obstacle de taille dans le travail de la SC qui peine ainsi à faire assimiler à la
population les valeurs, de responsabilité, de patriotisme, de respect des lois et des biens publics, de tolérance,
propres à la citoyenneté etc., car, peu de pratiques démontrent de l’intégration des valeurs citoyennes par le peuple
togolais même si quelques avancées sont à saluer.
Il n’est donc pas étonnant que les informations et les données recueillies lors de cette recherche révèlent que les
populations togolaises méconnaissent le bien fondé de la citoyenneté, qui en principe devrait être promue par les
OSC. Ce déficit des connaissances rejaillit donc sur les pratiques de la citoyenneté. Un responsable de COPED
s’interroge ainsi: puisque les citoyens ne connaissent pas ce qu’on appelle citoyenneté comment voulez vous qu’ils
se comportent en tant que citoyens ?
26
Comme tout pays, le Togo dispose d’un ministère de la communication et de l’éducation civique mais, de tout
temps le pouvoir n’a pu offrir au peuple que le civisme primaire.
L’un des conséquences est que, sur les plans social, économique et politique, on remarque un déficit de
comportements citoyens. Insultes, grossièretés, propos incendiaires et diffamatoires sont leur quotidien. Aussi, est-
il remarqué un déficit chronique de responsabilité des acteurs aussi bien la jeunesse que tous les acteurs de la vie
politique, de la vie économique et de la vie socioculturelle. Les indicateurs de cette irresponsabilité sont selon les
enquêtés : « la corruption, la mauvaise gouvernance économique, politique et sociale, le népotisme, le tribalisme,
les actes de vandalisme de destructions de biens publics, les insultes et grossièretés ». Sur le plan culturel, un
exemple parlant de comportement non citoyen, selon un des responsables de la station radiotélévision RTDS
est « la mésentente survenue lors de la prise de la pierre sacrée à Aného entre les acteurs culturels. » Ce
différend, selon lui, « témoigne de l’anarchie dans laquelle opèrent les organisations. Sinon comment comprendre
que des gens aussi culturellement avertis puissent à cause des intérêts individuels et égoïstes compromettre la vie
culturelle de tout un peuple ? »
Une mesure de la fréquence des actions de la société civile relative à la citoyenneté démontre que dans le
domaine de l’instruction aux droits et devoirs, elles sont relativement limitées. L’origine de ce manque de
civisme serait donc, pour bon nombre, l’inexistence de programmes d’éducation à la culture citoyenne,
l’exacerbation des préjugés ethnicistes, la crise politique, l’injustice sociale etc.
En matière de promotion et de protection des droits humains elles sont également très limitées, et il n’y a pas
d’impact appréciable. Seule la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) a une certaine visibilité sur la
dénonciation des cas de violation des droits de l’homme au Togo. Il est à préciser que cette ligue a des
alliances internationales (FIDH) qui relaient tant soit peu ses appels, ce qui fait également sa notoriété au
Togo.
Au niveau de l’indicateur des fréquences des programmes d’éducation, on peut noter qu’il n’existe pas de
programmes ou de campagnes régulières de promotion de la démocratie initiés par les OSC. C’est souvent à la
veille des échéances électorales que certaines OSC avec l’appui financier des partenaires en développement et
l’Etat organisent des émissions radios et des débats télévisés sur les médias pour informer la population sur
leurs droits et devoirs et plus spécifiquement sur les procédures de vote. Mais il manque d’appui et de visibilité
à ces actions de sensibilisation et d’éducation citoyenne puisqu’elles sont très vite couvertes par les passions
déchaînées par les campagnes électorales.
Pour ce qui est du degré d’engagement de ces acteurs en faveur de la promotion de la notion de citoyenneté et
de la confiance qui leur est donnée, on notera qu’il existe une certaine confiance du public aux OSC mais à un
niveau réduit. En effet, selon une étude réalisée par la Banque Mondiale, « Outils d’évaluation de la société
civile », il ressort que les ONG togolaises ont quelque peu réussi à asseoir une légitimité fondée sur la
pertinence des questions qu’elles posent et qu’elles cherchent à résoudre sur les enjeux humains et
spécialement sur leurs contributions à des missions d’intérêt général souvent négligées par les pouvoirs
publics.
L’une des principales causes des insuffisances relevées réside dans les exigences des bailleurs. En effet, ces
derniers préfèrent financer des programmes de développement communautaire au détriment de ceux relatifs à
l’éducation à la citoyenneté. L’Etat aussi n’apporte aucune aide aux activités de la société civile. Ces dernières
27
étant très limitées, n’ont pas d’impact appréciable. Seulement 15,47% des ONG au Togo oeuvrent dans le
domaine de l’éducation en général (Annuaire électronique des ONG au Togo) et très peu sont spécialisées dans
la citoyenneté. Selon le rapport d’activité de plusieurs associations ou ONG, telles que : Action pour la
Jeunesse d’Afrique (AJA) : Rapport annuel d’activités 2004, le programme d’éducation des citoyens est
insuffisant.
Notons juste que depuis la crise socio politique née des violences perpétrées lors des élections présidentielles
2005, les médias privés, la majorité, font de plus en plus, des émissions de sensibilisation et d’éducation à la
citoyenneté (radios Maria, Nana FM, kanal FM, Nostalgie etc.) mais les résultats ne sont pas assez visibles du
fait des attitudes adoptées par les populations et surtout de leur non maîtrise des valeurs citoyennes.
En corollaire à ces limites didactiques, les OSC ne disposent pas d’un grand pouvoir de lobbying.
4.6. Forces et faiblesses des actions menées
4.6.1. Forces des actions menées
Les forces des organisations de la société civile résident dans la multiplicité et la diversité dans leur engagement
lié à la culture démocratique, leur proximité avec les populations à la base et leur relation avec les OSC sur le plan
international.
Sur le plan de l’existence, et de la diversité des OSC, l’ouverture démocratique des années 90, a fait naître une
multitude d’associations qui évoluent dans plusieurs domaines (la lutte contre la pauvreté, la gestion de
l’environnement, la santé communautaire, la lutte contre le VIH-SIDA et autres maladies endémiques, ainsi que
les associations sportives et de défenses des droits de l’homme etc.)
Pour ce qui est de leur engagement, même si la visibilité de leurs actions n’est pas encore évidente, due a leur
faible capacité de mobilisation de ressources et d’intervention sur le terrain, l’engagement des OSC à servir la
cause des vulnérables et des démunies est aussi salutaire de part les objectifs qu’elles se sont fixés.
Aussi, l’existence de sources d’information contradictoires est un signal fort, le nombre de radio privées émettant
dans la capitale et les villes secondaires, les organes d’édition de presses privées des antennes de télévisions
privées qui diffusent des informations contradictoires que le citoyen peut apprécier pour se faire une opinion est
considérable.
Il faut signaler que la majorité des OSC sont plus proches des communautés à la base et partagent les réalités
quotidiennes de leur vie.
Ces ONG et associations sont donc mieux placées pour percevoir les besoins de la population et peuvent
facilement intégrer dans leurs actions les aspirations profondes des groupes vulnérables.
Les forces des OSC sont également redevables de leur implication par le gouvernement- Etat Togolais, aux projets
de développement.
Ainsi, l’Etat togolais reconnaît au plus haut niveau l’importance de la contribution des ONG-Associations dans le
développement du pays. Même si c’est une exigence des bailleurs de fonds il est à noter que l’appareil étatique est
de nos jours sensible aux propositions des ONG-Associations. En témoigne leur implication dans le processus
d’élaboration du document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP). Les discours politiques en font
mention et le chef de l’état a donné son accord de principe aux représentants des deux faîtières d’ONG (FONGTO
28
et UONGTO) de lui proposer un nouveau cadre de coopération entre l’Etat togolais et le Mouvement Associatif
Togolais (MAT).
Bien que ce soit élémentaire, la plupart des OSC ont des relations de partenariat avec d’autres OSC externes
d’envergure internationale pour faciliter leur ouverture sur la scène mondiale et de ce fait renforcer leurs
compétences et capacités comme acteurs de la société civile.
Enfin, malgré la faiblesse du leadership féminin au sein des OSC, l’effort d’intégration de presque tous les
programmes et politiques de développement de l’aspect genre par les autorités togolaises et partenaires en
développement est un avantage que ces OSC peuvent saisir pour améliorer la situation de la femme et de la jeune
fille au Togo.
4.6.2. Faiblesses des actions des OSC
Les OSC connaissent de multiples contraintes d’ordre institutionnel, structurel et financier, technique qui limite la
portée de leurs actions.
• Faiblesses en matière d’édification de la paix
Malgré leur nombre pléthorique, la plupart des OSC interviennent dans le domaine du développement
communautaire. Selon le rapport de la rencontre consultative nationale de WANEP, les OSC sont trop focalisées
sur les projets de développement, domaine certes important, au dépend des initiatives de paix. (WANEP2005:7).
Cette situation est imputables aux exigences des partenaires au développement qui accordent la primauté au
financement des projets a vocation communautaire.
Notre enquête a révélé que le WANEP-Togo, une structure de référence, éprouve des difficultés à mettre en
oeuvre un mécanisme d’alerte précoce et de réponse rapide.
De même l’exemple du Club d’Action Citoyenne initié à Aného par l’ONG APEP demeure en veilleuse faute de
financement. Même le réseau des journalistes pour des élections pacifiques libres et transparentes demeure inactif.
C’est dire que le domaine de la paix demeure peu exploité.
• Les faiblesses d’ordre structurel, institutionnel et technique
De par leur diversité et multiplicité, les OSC n’ont pas un véritable ancrage institutionnel. Les procédures et les
démarches administratives de reconnaissance officielle sont complexes et souvent sujettes à des pratiques
discriminatoires selon qu’elles sont soupçonnées d’être proche d’une formation politique.
Aussi, l’organisation interne de la majorité des OSC reste encore un défi. On note une absence de démocratie
interne exacerbée par la corruption car souvent, des fonds alloués à l’exécution des projets sont détournés à des
fins personnelles. La vision, la mission et les objectifs des structures ne sont pas bien maîtrisés par les structures et
leurs membres entravant ainsi la dynamique des actions.
Enfin, les enquêtés ont évoqué en terme de difficultés majeures, le déficit de renforcement de leur capacité de
relations partenariales et d’échanges techniques avec des OSC soeurs de l’extérieur.
• Les faiblesses liées aux difficultés de mobilisation des ressources matérielles et financières
Les insuffisances financières embarrassent le bon fonctionnement des OSC. La plupart des OSC visitées ont avoué
ne pas disposer de ressources suffisantes pour appuyer leurs diverses actions en matière de formation a la
citoyenneté et à l’édification de la paix. Pourtant, d’après les informations recueillies ce ne sont pas les initiatives
29
et projets qui manquent mais plutôt l’appui financier. Une ressource financière suffisante permettrait à des
structures de mettre en exécution différents projets sur la paix a renchérit un enquêté.
Sur le plan infrastructurel, certains OSC ne pas de siège ni d’espace de travail approprié.
L’insuffisance voir l’absence de matériels de travail (informatique, logistique et didactiques) constitue le quotidien
pour la plupart des OSC du Togo.
• Les insuffisances d’ordre stratégique
Comme nous l’avons souligné plus haut, les OSC, pour mener leurs actions sur le terrain, « usent plus souvent des
campagnes de sensibilisation, d’éducation et de formation pour atteindre leurs objectifs » (WANEP, 2007 : 67).
Cependant, l’inefficacité de leurs activités sur le terrain, serait en partie liée à l’absence des moyens stratégiques à
l’instar des moyens d’alerte rapide pendant les périodes électorales où on assiste à de vives tensions. Comme le
souligne le rapport de WANEP (2007), « l’échec des initiatives des OSC à éviter la violence en 2005, est en partie
lié au moindre accent accordé aux actions en faveur de la non violence ». Ces moyens demeurent indispensables,
surtout avant, pendant et après les élections.
• Déficit de renforcement des capacités des OSC
Il importe à cet effet, de relever l’absence des programmes et des curricula de formation en destination des acteurs
de la Société Civile. La majorité des personnes interviewées dans le cadre de cette étude ont déploré comme
difficulté majeure des OSC, le déficit de renforcement de leur capacité. Car estiment-elles, pour former quelqu’un,
il faut être soi-même formé. De même, on note la non appropriation des textes régissant les structures ; la non
maîtrise de la vision, de la mission et des objectifs sont autant des facteurs entravant les OSC.
• Difficulté liée à la professionnalisation des OSC
Cette étude a permis de relever que nombreux sont les responsables des organisations de la société civile qui ne
disposent pas de connaissances et d’aptitudes en matière de l’action sociale. « A part quelques responsables
d’associations qui ont eu l’occasion de se former à l’étranger, les acteurs de la société civile manquent
terriblement de connaissances et de technicité requises pour intervenir méthodiquement, efficacement et
professionnellement ».
• Un environnement politique peu favorable
Enfin, une des raisons et non des moindres, reste la politisation et la bipolarisation des OSC. Cette situation
occasionne une confusion au sein des populations qui assimilent les OSC à des organisations politiques.
C’est ainsi que, lors de nos investigations il se révèle que le REFAMPT est proche du RPT (parti au pouvoir), et le
GF2D de l’opposition.
Cette politisation et bipolarisation rendent difficile la mise en place d’une plate-forme de la SC au niveau national.
Pour certains enquêtés, toutes les difficultés viennent de la bipolarisation de la société civile. Comment peut elle
jouer son rôle dans l’éducation à la citoyenneté si elle manque de neutralité?
Conclusion
La société civile se manifeste globalement comme le moteur, l’âme d’un mouvement social porteur d’idées et
d’idéaux, de pratiques novatrices, constituant une source de progrès pour la majorité du peuple, dans divers
domaines de la vie de celle-ci ; majorité qui, pour cette raison, s’oblige, face aux autorités politiques du
moment, à défendre la légitimité de ses pratiques et idéaux et à asseoir les bases de leur légalité, obligeant ainsi
30
l’Etat à ajuster sa politique, son fonctionnement, aux exigences du champ normatif de référence du peuple, des
citoyens et d’être en phase avec l’histoire, ce qui contribue ainsi à modifier le jeu des rapports sociaux et celui
des rapports au pouvoir politique à l’Etat. Mais face à l’état de déliquescence où sont plongées la plupart des
nouvelles nations en construction comme le Togo et vu les limites des pouvoirs publics à assurer aux
populations en mal de repère et de culture civique, un rôle important échoit à ces forces vives que constituent
les OSC : l’éducation des masses populaires et de tous les acteurs de la vie sociale, politique, économique et
culturelle à un citoyenneté active. Comment la société civile s’y prend-elle pour remplir cette mission
capitale ? Telle est la question majeure à laquelle a tentée de répondre cette étude.
Au terme donc des investigations, il est ressorti essentiellement que les OSC au Togo jouent quatre rôles
essentiels dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté : le rôle de formation, le rôle d’information et de
communication, le rôle de contrôle de l’action publique et de promotion de la culture de rendre compte et le
rôle de plaidoyer.
Par rapport à son rôle de formateur, les OSC ont eu à initier des programmes de formation à l’endroit des
membres des partis politiques, des acteurs de médias et des associations telles CDQ et CDV.
Pour ce qui est du rôle d’information et de communication, les OSC, organisent des journées de réflexion sur la
paix dans les écoles, sur les Droits de l’homme, , des droits des enfants, du réfugié, des journées de la femme
célébrées à coups de campagnes médiatiques.
Quant à son rôle de contrôle de l’action publique et de promotion de la culture de rendre compte, bien que les
actions sont peu perceptibles, les initiatives de certaines ONG et Associations s’évertuent à amener
progressivement les populations à l’information sur leur droit dans le suivi des actions qui se mènent en leur
faveur. Aussi, elles, s’évertuent à éduquer la population bénéficiaire de ses services dans le domaine de la
responsabilité participative.
Enfin, s’agissant du rôle de plaidoyer, avec les maux notamment la corruption, le népotisme, le grand
banditisme qui, ayant gagné toutes les couches sociales, et, gangrené la population, des voix des OSC s’élèvent
pour prévenir le pire. Généralement, ce sont les ONG internationales surtout qui font ces activités de lobbying
auprès de l’état.
Une formation en cascades conduit progressivement toutes les couches sociales à se sentir parties intégrantes
de leur propre développement.
La question de la participation politique a aussi constitué un champ d’intervention privilégié de certaines OSC
qui se sont essentiellement illustrées lors des échéances électorales en vue d’inciter les populations, entre-
temps très déçues par les tournures que prennent souvent les dénouements des processus électoraux, à honorer
leur responsabilité citoyenne de participation.
Toutefois, ces rôles et leurs effets sur les populations sont encore peu perceptibles, en raison des capacités
techniques, organisationnelles et financières limités des OSC.
En définitive, le travail accompli par la société civile togolaise pour contribuer à la promotion des droits de
l’homme, au dialogue social et à la résolution de la crise socio-politique et à l’éducation citoyenne est certes
encore peu perceptible, mais encourageant. Il convient de fournir un appui aux OSC actives dans ce domaine,
afin de leur permettre de consolider leurs acquis et d’affirmer leur rôle de participation citoyenne et de contrôle
de l’action publique.
31
Recommandations
La présente recherche a permis de mettre en exergue le rôle important qui incombe aux OSC dans l’éducation à
la citoyenneté. Toutefois, des insuffisances et faiblesses ont été aussi relevées et suscitent un certain nombre de
recommandations :
� Dépolitiser la Société Civile Togolaise ;
� Renforcer les capacités des OSC en matière d’éducation à la citoyenneté;
� Plaider en faveur du financement des programmes relatifs à l’éducation citoyenne;
� Multiplier les actions de détection des besoins des différents acteurs en éducation à la citoyenneté;
� Assurer une meilleure coordination des actions menées par les OSC en matière d’éducation à la
citoyenneté;
� Plaider en faveur de l’intégration dans les programmes scolaires de modules de formation à la
citoyenneté;
� Développer une synergie des actions des OSC en mettant en place un cadre de concertation des OSC
spécialisées dans l’éducation à la citoyenneté;
� Renforcer les capacités organisationnelles, structurelles et techniques des OSC spécialisées dans
l’éducation à la citoyenneté;
� Mettre en oeuvre des mécanismes permettant à la population de percevoir le rôle de la société civile à sa
juste valeur;
� Eduquer les acteurs de la Société civile à plus d’objectivité et de neutralité.
32
Bibliographie
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35
ANNEXES
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX DIFFERENTS ACTEURS DE LA VIE SOCIALE, ECONOMIQUE,
POLITIQUE, RELIGIEUSE
I - Identification des enquêtés
No d’ordre Questions et filtres Codes Passer à Q101
Quel est votre sexe ? (noter simplement)
� Masc………………… ……1 � Fem………………………...2
Q102
Quel âge avez – vous ?
� [25-30] ………………….....1 � [30-37] ………. ….………..2 � [37 et +[ ………………...…3
Q103
Quel est votre niveau d’instruction ?
� Primaire……………………1 � Secondaire………………....2 � Bac……………...……...….3 � Maîtrise………………...….4 � Doctorat………………...…5
Q104
Quelle formation avez-vous reçu ?
� …………………..……..….1 � ……………..…………..….2 � ……………..…………..….3
Q105
Quel métier exercez-vous? (précisez)
� Employés ……………….....1 � Commerçants …………..…2 � Prof. Libérale…………..….3 � Cadres.………………….....4
II – Connaissance du rôle de la société civile dans l’éducation à la citoyenneté
Q201
Qu’est-ce que la citoyenneté selon vous ?
………………………………………………………..1 ………………………………………………………..2 ………………………………………………………..3 ……………………….……………………………….4
Q202
Qu’appelle-t-on société civile ? Est-ce :
� Les associations, les syndicats………………..…1 � Les ONG…………………………………..….....2 � Les centres de recherche, les universités…..……3 � Les médias……….………………….…….….…4 � Les institutions religieuses.....................................5 � Autres. Citez………………………….…………6
Q203
Quel rôle joue la société civile dans un processus de démocratisation?
� Information et communication………………..…1 � Eveil de conscience citoyen…………………..…2 � Contrôle citoyen de l’action publique………………………………………………3 � Contre-pouvoir………………………………......4 � Opposition politique………………………….....5
Q204
Quels moyens méthodologiques utilise-t-elle pour remplir cette mission ? Citez.
� ………………………………………...…………1 � ………………………………………………...…2 � …………………………………………………...3 � ………………………………………………...…4 � ………………………………………………...…5
Q205
Quelles expressions utilise-t-on le plus souvent pour désigner la culture relative à la citoyenneté ?
� ………………………………………...…………1 � ……………………………………………...……2 � …………………………………………………...3 � ……………………………………………..…….4
Q206
Saisissez-vous leur sens ?
� Oui ………………………………………………1 � Non………………………….…………...………2
Q207
En quoi leur intégration sociale est-elle nécessaire pour le Togo ?
� …………………………………………………..1 � ……………………………………….………….2 � …………………………………………………..3
36
III – les actions de la société civile dans l’éducation à la citoyenneté
Q301
Quelles sont les activités menées par les organisations de la société civile dans le sens de l’éducation à la citoyenneté ? Précisez la fréquence (régulièrement ++, souvent +, rarement –).
1 1 – Campagnes de sensibilisation
2 – les séminaires ateliers
3 – les émissions-débats 4 - Colloques 5 - Autres
Q302
Quelle appréciation faites-vous des différentes activités de promotion de l’esprit citoyen?
� Pertinence …….………...…….………...…1 � Efficacité ……………….….…..……...…..2 � Intérêts pour les populations………………3
Q303
Quelles activités mènent les populations pour prouver leur participation volontaire aux activités d’intérêt général ?
� ………………………….…….………...…1 � .…………………………….…..……...…..2 � .…………………………………………….3
Q304
Quelle compréhension avez-vous des concepts suivants ? � 1 – solidarité � 2 – patriotisme � 3 – participation volontaire aux travaux
d’intérêt collectif � 4 – respect des biens publics � 5 – le respect des lois � 6 – responsabilité
………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………… …………………………………………………… …………………………………………………… …………………………………………………… …………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………
Q305
Connaissez-vous des programmes élaborés pour la promotion de l’éducation à la citoyenneté?
� Oui ………………………………...……….1 � Non ………………………………………...2
Q307
Q306
Citez-les avec les institutions qui les promeuvent.
� …………………….. ………………...…….1 � ………………………………………...……2 � ………………………………………...……3 � ………………………………………...……4
Q307
En quoi la culture ou l’esprit citoyen est-il important pour un pays ?
� civisme………………………….... ……….1 � respect des bien public……………..………2 � patriotisme entre tous les fils du pays...……3 � tolérance………………….…….…………..4 � réprobation de la violence …………..……..5 � réprobation du népotisme……………..……6 � Autres (à préciser)…………………...……..7
Q308
Quelle appréciation faites-vous de leurs différentes activités de promotion de l’esprit citoyen ?
� Efficace et pertinente …………………..….1 � Moins pertinente……….………………..…2 � Pas du tout efficace………………………...3
Q309
Quelle note donneriez-vous aux différents acteurs de la société civile togolaise sur une échelle de valeur de 9 points en terme de degré de civisme ?
� Les populations en général……………..….1
� Les leaders politiques……..…………..…...2
� Les journalistes………………………...…..3
� Les syndicats et associations……….…..…..4
� Les ONG………………………….…..……5
� Les religions révélées………………………6
� Les sectes…………………….………….…7
37
IV – Des causes et manifestations du manque de l’esp rit citoyen Q401
Qu’est-ce qui est à l’origine du manque de civisme ou du manque de l’esprit citoyen au Togo ?
� Non volonté de définition de programmes de l’éducation à la culture démocratique…........1
� L’exacerbation des préjugés ethnicistes...….2 � Manque de culture de brassage culturel...….3 � La crise politique……...…………...……….4 � Népotisme et favoritisme…………..………5
Q402
Quels sont les ceux qui font preuve d’actes d’incivisme ? Sur une échelle de 0 à 9, donnez à chacune d’elle une note qui reflète leur niveau de culture.
� Les populations en général……………..….1 � Les leaders politiques……..…………..…...2 � Les journalistes………………………...…..3 � Les syndicats et associations…………..…..4 � Les ONG…………………………..………5 � Les religions révélées……………...………6 � Les sectes…………………………....……..7
Q403
Comment s’expriment ces actes ?
� Les actes de vandalisme………………...….1 � Destruction de biens publics…………...…..2 � La corruption……………………………….3 � Discrimination ethnique……………………4 � Les insultes et grossièretés…………………5 � Propos incendiaires ………………………..6 � Propos diffamatoires……………………….7
Q404
Dans quels cadres, contextes et places s’expriment ces actes ?
� Campagnes électorales………………..……1 � Emissions sur les antennes ……………...…2 � Services publics……………………...……..3 � Places publiques………………………...….4 � Autres………………………………………5
V – Mesures envisageables Q501
Quelles mesures pensez-vous indispensables pour l’émergence de l’esprit citoyen au Togo ?
� ………………………..……………………1 � ………………………..……………………2 � …………………………..…………………3 � …………………………..…………………4
Q502
Qui est habileté selon vous à mettre efficacement en œuvre ces actions ?
Les enseignants…………………………………1 Les médias………………………………….…...2 Les organisations de la société civile…….……..3 Les formations politiques ……………….……...4 Les autorités locales…………………………….5 Autres (à préciser)….………………………..….6
Q503
Que suggéreriez-vous pour améliorer la capacité contributive de la société civile à l’éducation citoyenne ?
� ……..…………………………………..…..1 � ……………………………………….…….2 � ………………………………………..……3 � ………………………………………..……4
Q504
Pensez-vous que l’éducation à la citoyenneté suffit pour faire éclore l’esprit citoyen ?
� Oui ……………………….…………..…….1 � Non ……………………….…………..……2
Q505 Pensez-vous qu’il faille certains préalables ? � Oui………………………………………….1 � Non…………………………………………2
Q506
Si oui, lesquels ?
� ……..………………………………...……..1 � ……………………………………...……....2 � ………………………………………...……3 � …………………………………...…………4
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GUIDE D’ENTRETIEN ADRESSE AUX ORGANISATIONS DE LA S OCIETE CIVILE
SOUS-THEME 1 : Perception, Connaissance et Pratiques des populations en matière de citoyenneté
N° Questions Pistes à suggérer
1
Quelles sont la vision et la mission de votre structure ?
- Objectifs - Programmes - Partenariat - Couverture géographique - Stratégies
2 Que vous suggère le concept de citoyenneté ?
- définition - indicateurs
3
Quelles sont les valeurs essentielles que recouvre le concept de citoyenneté ?
-dans le domaine de la gouvernance publique - sur le plan politique - sur le plan économique - sur le plan social
4
Quelle analyse faites-vous de la citoyenneté au Togo ?
- Perception des acteurs - Connaissance des populations - Pratiques des différents acteurs de la vie publique, politique, sociale, économique et culturelle
5
Que pensez-vous du niveau de responsabilité des différents acteurs de la vie publique, politique, sociale, économique et culturelle togolaise ?
- Jeunesse - acteurs de la vie publique - acteurs de la scène politique - acteurs de la vie économique - acteurs de la vie sociale et culturelle
6
Quelle appréciation faites-vous du niveau de participation de ces différents acteurs ?
- dans la vie publique - dans la vie politique - dans la vie économique - dans la vie sociale
7
Que pensez-vous du niveau de respect des lois au Togo ?
- Par les populations - Par les acteurs de la vie publique - Par les acteurs de la scène politique - Par les acteurs de la vie économique - Par les acteurs de la vie sociale et culturelle
8
Quels sont les facteurs explicatifs du déficit constaté de la culture citoyenne au Togo ?
- Facteurs sociaux - facteurs politiques - facteurs institutionnels - facteurs économiques - facteurs culturels
SOUS-THEME 2 : Analyse des actions de la SC en faveur de la promotion de la citoyenneté et perspectives N° Questions Pistes à suggérer 1
Quel peut être selon vous le rôle de la société civile dans la promotion de la culture citoyenne ?
- Education et Formation - Information et communication - Sensibilisation - Contrôle social et politique - Médiation et Intermédiation
2
Quelles sont les actions que vous avez menées dans le domaine de promotion de la citoyenneté au Togo ?
En matière de : - Formation information et communication
39
- sensibilisation - contrôle social et politique - Intermédiation
3
Quelles sont les stratégies utilisées ?
-Séminaires -Colloques - Forums -Ateliers de formation -Communication médiatique
4
Quelle est la cible des actions menées ?
- Cible prioritaire - Cible secondaire
5
Quelle appréciation faites-vous de ces actions ?
- Pertinence - Fréquence - Efficacité
6
Quelle analyse faites-vous du niveau d’engagement des divers acteurs en faveur de la promotion de la citoyenneté ?
-Acteurs de la vie publique - Acteurs de la scène politique - Acteurs de la vie économique - Acteurs de la vie sociale et culturelle
7
Que pensez-vous des actions des médias togolais en faveur de la promotion de la citoyenne ?
- Effectivité de la contribution - Programmes - Fréquence - Pertinence - Efficacité
8
Que suggérez-vous pour l’avènement d’une véritable culture citoyenne au Togo ?
- Politiques - Programmes - Actions - Normes - Stratégies
9
Quelles sont vos suggestions pour améliorer l’action de la Société civile en matière d’éducation à la citoyenneté ?
- Programmes - Actions - Stratégies
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