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Making Access Possible
République du Togo
Rendre L´Accès PossibleRapport De Diagnostic De L’Inclusion Financière
2017
CE RAPPORT A ETE REDIGE PAR ECONSULT BOTSWANA EN COLLABORATION AVEC LE CABINET ACR TOGO
AUTEURS
Keith Jefferis et Jemila Abdulai. Assistance-pays & coordination des parties prenantes : Richard Kossi Amoussou (Cabinet ACR), Euphrasie Kouame (UNCDF) et Komla Folitsè Gati (Gouvernement du Togo)
PARTENARIAT POUR UN OBJECTIF COMMUN
L'initiative "Making Access to financial services Possible - MAP"(Rendre possible l'accès aux services financiers) est une initiative multi-pays visant à appuyer l'inclusion financière à travers un processus de diagnostic pays basé sur des preuves et le dialogue entre parties prenantes. Ce processus conduit à l'élaboration d'une Feuille de route nationale identifiant les principaux moteurs de l'inclusion financière ainsi que les actions recommandées. De par sa conception, le processus du MAP vise au renforcement et à la concentration du dialogue national de développement autour de l'inclusion financière. Le projet global vise l'engagement avec diverses autres plateformes et entités internationales ayant un impact sur l'inclusion financière, en exploitant les preuves regroupées dans le pays. La méthodologie et le processus MAP ont été conjointement développés par UNCDF, FinMark Trust (FMT) et le Centre pour la réglementation et l’inclusion financière (Cenfri) pour stimuler la croissance du secteur de la finance inclusive.
Au niveau pays, les partenaires-clés du MAP collaborent avec le gouvernement, d'autres parties prenantes et des bailleurs de fonds afin d'établir un processus inclusif et holistique. MAP Togo a été financé par UNCDF et le PNUD, l’Union Européenne et le Gouvernement (le Ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes (MDBAJEJ) désormais remplacé par le Secrétariat d’Etat auprès de la Présidence de la République, chargé de la finance inclusive et du secteur informel depuis Septembre 2017, le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF)), et le diagnostic a été produit par Econsult Botswana.
Le présent document présente les résultats complets du diagnostic qui alimente la
Feuille de route développée en collaboration avec le Comité de pilotage du MAP Togo.
2
REMERCIEMENTS
Les auteurs tiennent à exprimer leur gratitude à tous ceux qui les ont aidés à élaborer le
présent rapport.
Le Secrétariat d'Etat auprès de la présidence de la République, chargé de l'Inclusion Financière
et du Secteur Informel, représenté par M. Komla Folitsè Gati, Directeur de la Promotion de la
Finance Inclusive, et le FNFI (Fonds National de la Finance Inclusive) ont fourni des conseils et
l’assistance permanente tout au long du processus de recherche. Les autres membres du
Comité de Pilotage du MAP Togo, entre autres le PNUD, les Ministères concernés dont le
Ministère de l’Économie et des Finances, le secteur privé et la Banque Centrale (BCEAO), ont
également fourni l’assistance nécessaire et apporté des retours d’informations et
contributions majeures à nos conclusions. Le Conseiller Technique régional UNCDF pour
l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale M. Mathieu Soglonou et la gestionnaire régionale du
programme MAP, Dr. Euphrasie Kouame, ont fourni l’appui technique et l’assistance
nécessaires tout au long du processus MAP. L’équipe du Cabinet ACR conduite par Dr. Richard
Kossi Amoussou a fourni une assistance précieuse dans l’organisation des rencontres, la
collecte des données et la conduite des recherches, l’organisation d’évaluations mystères et
la présentation des différents résultats. FinMark Trust a coordonné le projet, réalisé l’enquête
FinScope en collaboration avec l'Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques
et démographiques (INSEED), et a apporté un ensemble de conseils et d’appui technique
appréciables.
Enfin, nous tenons à remercier toutes les personnes que nous avons rencontrées issues du
gouvernement, les prestataires de services financiers, les organisations professionnelles, les
fournisseurs de technologie, les opérateurs de télécommunications et les partenaires
techniques et financiers pour leur disponibilité, leurs précieux apports qui ont guidé cette
étude et leurs efforts permettant d’étendre l’accès aux services financiers aux personnes qui
en sont exclues.
i
Table des matières
REMERCIEMENTS ............................................................................................................. 2
Abréviations ................................................................................................................... vi
1. A propos du MAP...................................................................................................... 1
2. Le Contexte du Pays .................................................................................................. 4
3. Prestation de Services Financiers : Aperçu de l'Offre .................................................. 9
3.1 Paysage des Services Financiers ................................................................................ 9
3.2 Types de Fournisseurs de Services Financiers ......................................................... 13
Banque ............................................................................................................................. 13
Institutions de Microfinance (IMF) ou Système Financier Décentralisé (SFD) ................ 15
Le Mobile Money ............................................................................................................. 17
Assurance ........................................................................................................................ 18
Informel ........................................................................................................................... 18
Paiements ........................................................................................................................ 19
Autres infrastructures ..................................................................................................... 20
4. Cadre Politique et Réglementaire Lié à l'Inclusion Financière ................................... 21
4.1 Cadre Politique ........................................................................................................ 21
4.2 Cadre Réglementaire du Secteur Financier ............................................................. 22
5. Demande et Utilisation de Services Financiers ......................................................... 30
5.1 Introduction ............................................................................................................. 30
5.4 Utilisation de Produits Financiers ............................................................................ 42
Épargnes .......................................................................................................................... 42
Crédit ............................................................................................................................... 44
Assurance ........................................................................................................................ 46
Paiements (Transferts d’argent et Transactions) ............................................................ 47
5.5 Besoins du Marché Cible ......................................................................................... 49
6. Carences et Opportunités ....................................................................................... 51
6.1 Introduction ............................................................................................................. 51
6.2 Améliorer la Fourniture et la Disponibilité du Crédit .............................................. 52
6.3 Élargissement de l'Utilisation des Paiements (en particulier le Mobile Money) .... 55
6.4. Faciliter l'Épargne dans les Institutions Formelles .................................................. 57
6.5 Améliorer la Disponibilité en Financement Agricole ............................................... 59
6.6 Développer les Infrastructures pour appuyer la Fourniture de Services Financiers 60
6.7 Améliorer la Gestion des Risques pour les Clients Fiables ...................................... 62
6.8 Lacunes et Opportunités en matière de Réglementation ....................................... 63
ii
6.9 Questions transversales et impacts......................................................................... 65
7. Note Complémentaire 1. Segmenter le Marché : Groupes Cibles .............................. 68
7.1 Introduction ............................................................................................................. 68
7.2 Emploi Formel ......................................................................................................... 73
7.3 PME Informelles ...................................................................................................... 74
7.4 Emploi Informel ....................................................................................................... 76
7.5 Agriculteurs ............................................................................................................. 78
7.6 Personnes à charge ................................................................................................. 79
7.7 Conclusion sur le Marché Cible ............................................................................... 81
8. Note Complémentaire 2 : Paiements ....................................................................... 82
Introduction ......................................................................................................................... 82
Infrastructure de base ..................................................................................................... 83
Institutions de paiements ................................................................................................ 83
Réglementation ................................................................................................................... 84
Utilisation ............................................................................................................................ 85
Transactions .................................................................................................................... 85
Transferts d’argent .......................................................................................................... 86
Mobile money ................................................................................................................. 87
Opportunités ....................................................................................................................... 91
Éléments d'Action ................................................................................................................ 91
Références ..................................................................................................................... 93
Liste des Figures
Figure 1 : L’Approche MAP ........................................................................................................ 2
Figure 2 : Carte du Togo ............................................................................................................ 4
Figure 3 : Croissance du PIB réel, 2000-2016 ............................................................................ 4
Figure 4 : Taux de pauvreté ....................................................................................................... 5
Figure 5 : Togo et Pays de Comparaison - Classement du Doing Business ............................... 6
Figure 6 : Scores «Distance à la frontière» sur des indicateurs du Doing Business .................. 6
Figure 7 : Pénétration du téléphone portable, pays sélectionnés, 2015 .................................. 8
Figure 8 : Paysage de la fourniture de services financiers, formel et informel ......................... 9
Figure 9 : Succursales de banques commerciales pour 100 000 habitants, 2015 ................... 10
Figure 10 : Distributeurs automatiques de billets pour 100 000 habitants, 2015 .................. 10
Figure 11 : Succursales de SFD pour 100 000 habitants, 2015 (UEMOA)................................ 11
Figure 12 : Durée du trajet pour se rendre à la succursale de banque ou de SFD (% des adultes
iii
répondants) ..................................................................................................................... 12
Figure 13 : Nombre de clients par type de fournisseur de services financiers (2016) ............ 12
Figure 14 : Agents de mobile money (pour 100 000 adultes) - pays sélectionnés de l'Afrique
subsaharienne (2014/15) ................................................................................................ 17
Figure 15 : Institutions de régulation du secteur financier au Togo ....................................... 23
Figure 16 : Comparaison de l'inclusion financière en Afrique subsaharienne ........................ 33
Figure 17 : Volet d’accès selon les localités ............................................................................ 34
Figure 18 : Volet d'accès par marché de produits ................................................................... 35
Figure 19 : Utilisation des produits selon les localités ............................................................ 36
Figure 20 : Utilisation des produits selon le genre .................................................................. 36
Figure 21 : Volet d’accès selon le genre .................................................................................. 37
Figure 22 : Largeur de l'accès .................................................................................................. 38
Figure 23 : Utilisation formelle et informelle du produit, y compris les chevauchements ..... 38
Figure 24 : Volet d’accès par intervalle de revenu .................................................................. 39
Figure 25 : Chevauchements dans l'utilisation des services financiers ................................... 40
Figure 26 : Utilisation des banques, autres services financiers formels et informels par les
adultes urbains et ruraux ................................................................................................ 40
Figure 27 : Taille et typologie des groupes cibles .................................................................... 42
Figure 28 : Accès au financement par groupe cible (%, cumulatif) ......................................... 42
Figure 29 : Formes d’épargne par nombre d’utilisateurs et valeur de l’épargne ................... 43
Figure 30 : d’Accès à l’Epargne par Marché Cible .................................................................. 43
Figure 31 : Principaux moteurs de l’épargne (pour ceux qui épargnent) ............................... 44
Figure 32 : Types de crédit utilisé, par nombre d’emprunteurs et montant emprunté ......... 45
Figure 33 : Utilisation du crédit par groupe cible .................................................................... 45
Figure 34 : Principales utilisations du crédit (pour ceux qui empruntent) .............................. 46
Figure 35 : Principaux chocs auxquels font face les ménages ................................................. 47
Figure 36 : Volet d’accès assurance par groupe cible ............................................................. 47
Figure 37 : Utilisation des transferts d’argent par groupe cible ............................................. 48
Figure 38 : Utilisation du mobile money par groupe cible ...................................................... 49
Figure 39 : Marchés cibles selon la taille, la localisation et le revenu moyen ........................ 70
Figure 40 : Accès au financement par marché cible ................................................................ 71
Figure 41 : Synthèse des caractéristiques par groupe cible .................................................... 72
Figure 42 : Indicateurs clés du groupe « emploi formel » ....................................................... 73
Figure 43 : Volet d’accès« emploi formel » ............................................................................. 73
Figure 44 : Indicateurs clés « PME informelles » .................................................................... 74
iv
Figure 45 : Volet d’accès« PME Informelles » ......................................................................... 75
Figure 46 : Indicateurs clés « emploi informel » ..................................................................... 76
Figure 47 : Volet d’accès « emploi informel » ......................................................................... 76
Figure 48 : Indicateurs clés « agriculteurs » ............................................................................ 78
Figure 49 : Volet d’accès « agriculteurs » ................................................................................ 79
Figure 50 : Indicateurs clés « Personnes à charge » ................................................................ 80
Figure 51 : Volet d’accès « Personnes à charge » ................................................................... 80
Figure 52 : Systèmes de paiement au Togo............................................................................. 84
Figure 53 : Pratique de transactions selon les groupes cibles................................................. 85
Figure 54 : Pratique de transferts d’argent (12 derniers mois) ............................................... 86
Figure 55 : Pratique de transfert d’argent par groupes cibles ................................................ 87
Figure 56 : Comparaison des coûts de téléphonie mobile, 2015 ............................................ 89
Liste des Tableaux
Tableau 1 : Emplacement des points de vente de services financiers .................................... 11
Tableau 2 : Principales banques au Togo ................................................................................ 13
Tableau 3 : Exemples de frais bancaires (CFA) ........................................................................ 14
Tableau 4 : Taux d'intérêt bancaire sélectionnés (%).............................................................. 15
Tableau 5 : SFD majeures au Togo 30 mars 2017.................................................................... 15
Tableau 6 : Nombre de Comptes de Mobile Money ............................................................... 17
Tableau 7 : Principales compagnies d'assurance (2016) ......................................................... 18
Tableau 8 : Éléments d’Action – Fourniture de crédit ............................................................. 54
Tableau 9 : Éléments d’Action : Paiements/Mobile Money .................................................... 55
Tableau 10 : Éléments d’Action : Épargne ............................................................................... 58
Tableau 11 : Éléments d’Action : Financement agricole ......................................................... 59
Tableau 12 : Éléments d’Action : Infrastructures .................................................................... 61
Tableau 13 : Éléments d’Action : Gestion des risques ............................................................ 62
Tableau 14 : Utilisation des produits de transactions sans espèces (% adultes) .................... 85
Tableau 15 : Utilisation du transfert d’argent (% des adultes) ............................................... 86
Tableau 16 : Utilisation du mobile money (% d’adultes) ........................................................ 87
Tableau 17 : Comparaison des tarifications de téléphonie mobile, 2016 (CFA) ..................... 89
Tableau 18 : Comparaison des tarifications de mobile : coût de l’envoi et du retrait (F CFA) 90
v
Liste des Encadrés Encadré 1 : Le FNFI ................................................................................................................. 16
Encadré 2 : Enquête Mystère (Février 2017) .......................................................................... 19
Encadré 3 : Microcrédit numérique ....................................................................................... 52
Encadré 4 : Constitution de Groupes de Marché Cible ........................................................... 68
vi
Abréviations
ART&P Autorité de Réglementation des Secteurs de Postes et de Télécommunications
ASS Afrique Sub-Saharienne
BCEAO Banque Centrale des États de L’Afrique de L’Ouest
BOAD Banque Ouest Africaine de Développement
BRVM Bourse Régionale des Valeurs Mobilières
CAS-IMEC Cellule d'Appuis et de Suivi des Institutions Mutualistes ou coopératives d'Épargne et de Crédit
CBU Commission Bancaire UEMOA
CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CENTIF Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (National Financial Information Processing Centre)
CIMA Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurance
CNI Carte Nationale d’Identité
DAB Distributeur Automatique de Billets
DSF Développement du Secteur Financier
FNFI Fonds National de la Finance Inclusive
GIM-UEMOA Groupement Interbancaire Monétique de l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine
IDH Indice de Développement Humain
IFD Institution de Financement du Développement
IMF Institution de Microfinance
INSEED Institut National de la Statistique et des Études Économiques et Démographiques
KYC Know Your Customer
LBC/FT Lutte contre le Blanchiment de Capitaux / Financement du Terrorisme
MPME Micro, Petites et Moyennes Entreprises
ORM Opérateur de Réseau Mobile
OTA Opérateur de Transfert d’Argent
PAR Portefeuille à risque
PIB Produit Intérieur Brut
PNP Prêt Non Productif
PSF Prestataire de Services Financiers
SA Société Anonyme
SCAPE Stratégie de Croissance Accélérée pour la Promotion de l’Emploi
SIF Stratégie d’Inclusion Financière
TEF Transfert Electronique de Fonds
TPE Terminal de Paiement Electronique
UEMOA Union Economique et Monétaire de Ouest Africaine
1
1. A propos du MAP
L’initiative « Rendre l’accès possible » (Making Access Possible - MAP) est une initiative multi
pays visant à appuyer l’inclusion financière à travers un processus de diagnostic reposant sur
des données factuelles issues du pays. C’est un partenariat entre l’UNCDF (United Nations
Capital Development Fund) 1, FinMark Trust2 et le Centre pour réglementation et l’inclusion
financière (Cenfri) 3 . Dans chaque pays, il associe les parties prenantes venant du
gouvernement, du secteur privé et de la communauté des bailleurs de fonds pour concevoir
un ensemble d'actions concrètes visant à étendre l'inclusion financière adaptée au pays. Le
MAP est déployé au Togo sous l’égide d’un comité de pilotage présidé par le Ministère du
Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes. Le comité
comprend en outre les représentants du Ministère de l’Économie et des Finances (CAS-IMEC),
de la Banque Centrale (BCEAO), du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, du
Ministère du Commerce et de la Promotion des Petites et Moyennes Entreprises, du Ministère
de l’Action Sociale, en charge du commerce, de l’Association professionnelle des Banques et
Etablissements Financiers (APBEF), de l’Association Professionnelle des SFD du Togo (AP-SFD
Togo), du PNUD, de l’Association Togolaise des Consommateurs (ATC), de l’Institut National
de la Statistique (INSEED), et du Conseiller Technique National en Finance Inclusive (CTN-FI).
Ce comité est appuyé par le Comité Technique du MAP.
Portée globale : Le MAP dresse un aperçu complet des moteurs de l’inclusion financière, les
obstacles et les opportunités dans le contexte du pays, la demande et l’offre de services
financiers ainsi que l’environnement réglementaire dans quatre principaux marchés de
produits : épargnes, crédit, paiements et assurance.
La Figure ci-dessous résume la méthodologie utilisée ainsi que les principales sources :
1 UNCDF (www.uncdf.org) communément appelé FENU (Fonds d’Equipement des Nations Unies) est l'agence d'investissement en capital des Nations Unies pour les pays les moins avancés dans le monde. Elle offre de nouvelles opportunités aux pauvres et leurs communautés en facilitant l'accès à la microfinance et aux capitaux d'investissement. UNCDF intervient surtout en Afrique et dans les pays les plus pauvres d'Asie, en particulier dans les pays sortant d'un conflit ou d'une crise. Elle fournit du capital de démarrage - subventions et prêts - et un appui technique aux institutions de microfinance afin qu’elles puissent toucher plus de ménages pauvres et de petites entreprises, et aux gouvernements locaux pour financer les investissements en capital –réseaux hydrauliques, routes de desserte, écoles, systèmes d'irrigation - qui amélioreront les conditions de vie des pauvres.
2 FinMark Trust (www.finmark.org.za) a été fondé en mars 2002 avec un financement du Département du développement international du Royaume-Uni (DFID). FinMark Trust est une fiducie indépendante à but non lucratif dont le but est de «Rendre les marchés financiers accessibles aux pauvres en promouvant l'inclusion financière et l'intégration financière régionale».
3 Cenfri (www.cenfri.org)est un groupe de réflexion à but non lucratif basé à Cape Town, en Afrique du Sud. La mission de Cenfri est d’appuyer le développement du secteur financier et l'inclusion financière en facilitant une meilleure réglementation et la fourniture de services financiers par le marché.Pour cela, le groupe mène des recherches, donne des conseils et élabore des programmes de renforcement des capacités pour les régulateurs, les acteurs du marché et les autres parties opérant sur le marché à faible revenu.
2
Figure 1 : L’Approche MAP
Source : Les auteurs.
Approche fondée sur les données : La collecte directe de données factuelles est un important
aspect de l’approche du MAP. Du côté de l’offre, cette collecte a été réalisée à travers une
série de consultations des parties prenantes menées en 2017 ainsi qu’une évaluation mystère
dans les succursales/agences des diverses institutions financières. Du côté de la demande, les
données qualitatives et quantitatives sont recueillies et analysées par l’enquête de FinScope
Togo auprès des consommateurs publiée par FinMark Trust en 2016. FinScope est une
enquête de la demande auprès d’un échantillon national représentatif sur le comportement
des consommateurs et leurs relations avec les services financiers, ainsi que la situation
financière des consommateurs et leurs perceptions des services financiers. L’enquête
FinScope Togo a été effectuée sur un échantillon de 5197 adultes (personnes âgées de 15 ans
et plus). Cet échantillon représentatif des 4,1 millions de la population adulte a été pondéré
en conséquence sous la supervision de l'Institut National de la Statistique (INSEED) qui a
réalisé l’enquête.
Les besoins du client comme point focal : Ce qui fait la particularité du MAP par rapport aux
autres études exploratoires c’est qu’elle fait de la perspective de la demande le point de
départ de son approche. L’analyse restante évalue ensuite les prestations de services
financiers au Togo par rapport aux besoins fondamentaux identifiés des consommateurs. Il
est important de noter que ces besoins diffèrent d’une région à l’autre dans le pays et entre
segments de marché cibles.
Garder l’ensemble du tableau à l’esprit : Le MAP est un diagnostic de l’inclusion financière.
En tant que tel, la manière dont l’inclusion financière va contribuer à la réalisation des
objectifs de la politique publique est au centre des préoccupations. Toutefois, l’inclusion
financière ne peut jamais être envisagée d’une manière isolée. Elle fait partie du secteur
financier global et du paysage financier du pays. L’aperçu des besoins, des lacunes et des
moteurs de l’inclusion financière développé dans le reste du présent document exprimera
l’ensemble du tableau.
Aperçu de l’inclusion financière : Le présent document résume les résultats du diagnostic de
la manière suivante :
• Le document décrit tout d’abord le contexte national, en particulier les aspects
3
sociaux et économiques qui influent sur l’inclusion financière au Togo ; (sections 1 et
2).
• La section 3 examine ensuite les services financiers au Togo offerts par les différents
types d'institutions financières.
• La section 4 examine le contexte politique et l’environnement réglementaire se
rapportant au secteur financier.
• La section 5 examine la demande et l'utilisation des services financiers par les
différents types de consommateurs et pour différents types de produits.
• La section 6 conclut sur les actions prioritaires à mener pour combler les lacunes et
développer un secteur financier plus inclusif au Togo.
Analyse approfondie des aspects cruciaux de l’inclusion : Le texte principal est complété par
des analyses approfondies des domaines thématiques spécifiques afin de fournir des
éléments de preuve et les bases analytiques des priorités. Ces analyses approfondies ont été
sélectionnées en se fondant sur les principaux risques et opportunités en matière d’inclusion
financière ; elles sont présentées dans les annexes suivantes :
• Note Complémentaire 1 : L’analyse du marché cible fournit un aperçu général du
contexte de la demande, de l’adoption actuelle des services financiers au Togo et les
obstacles à cette adoption. Elle segmente ensuite l’échantillon de population en cinq
groupes distincts, établit le profil de chaque groupe et décrit leur utilisation actuelle des
services financiers et les besoins futurs probables dans les différents marchés de produits.
• Note Complémentaire 2 : Le marché des paiements fournit une analyse approfondie des
données disponibles sur le marché des paiements. Du point de vue de la perspective axée
sur la demande, elle couvre les besoins typiques en services de paiements et l’adoption
actuelle des différents produits de paiements. Sur le plan de l’offre, elle décrit les
prestataires, la distribution et la gamme des produits. Elle analyse également les
principaux obstacles à une plus grande pénétration, y compris une liste des questions
réglementaires propres aux paiements et se termine par une analyse des lacunes et des
opportunités spécifiques au marché des paiements.
4
2. Le Contexte du Pays
Le contexte social, économique et démographique du Togo joue un rôle important dans la formation de l'environnement financier et la disponibilité et l'utilisation des services financiers par la population. Cela influence également la nature des défis dans la fourniture de services financiers et les mesures qui peuvent être prises pour améliorer l'accès à la finance.
Le paysage économique du Togo est caractérisé par
deux forces clés. La première est l'emplacement de la
capitale, Lomé, sur la côte et l'importance du port en
eau profonde de Lomé en tant que centre d'activité
économique, qui attire les gens et les entreprises dans
la région côtière du Grand Lomé-Maritime. La seconde
est l'importance de l'agriculture, le plus important
secteur économique, ce qui signifie que ce secteur
couvre tout le pays, de même que les agriculteurs qui
constituent le plus grand groupe d'adultes
économiquement actifs. En tant que population rurale,
il est peu probable que les agriculteurs soient à
proximité immédiate des services financiers en milieu
urbain.
La population est principalement rurale mais s’urbanise rapidement. La population du Togo
a été estimée à 7,3 millions en 2015, avec un taux de croissance de 2,7% par an. Le Togo est
un pays relativement petit (56 785 km2) et, par conséquent, est assez densément peuplé - à
128,6 habitants par kilomètre carré, il est le septième pays le plus densément peuplé de
l'Afrique subsaharienne continentale. Environ 60% de la population vit dans les zones rurales ;
mais avec un taux de croissance de la population urbaine estimé à 4% par an, il est probable
que plus de la moitié de la population sera urbaine d'ici 20304. Déjà, près d’un quart de la
population vit dans la région du Grand Lomé.
Le Togo est un pays à faible revenu mais la croissance économique récente a été
encourageante. Avec un PIB par habitant de 570USD en 2015, le Togo est l'un des pays les
plus pauvres d'Afrique subsaharienne. Cependant, avec un taux de croissance du PIB réel en
moyenne de 5,5% par an de 2012 à 2016, il est également l'un des pays ayant eu une
croissance rapide durant ces dernières années5. Néanmoins, le faible revenu par habitant du
Togo reflète une mauvaise performance de la croissance à plus long terme.
Figure 3 : Croissance du PIB réel, 2000-2016
4 Perspectives économiques africaines, 2016
5 Base de données sur les Perspectives Économiques Mondiales du FMI, avril 2017
Figure 2 : Carte du Togo
5
Source : Base de données sur les Perspectives Économiques Mondiales du FMI, avril 2017
La pauvreté est élevée, en particulier dans les régions du nord. Le taux national de pauvreté
a été estimé à 59% en 2011, en légère baisse par rapport à 62% en 2006. Cependant, il existe
de grands contrastes entre les zones urbaines et rurales, avec un taux de pauvreté pouvant
atteindre 90% dans la région des Savanes au Nord. L'inégalité est modérée, avec un indice Gini
de 0,393 en 2011. En prenant une perspective plus large du bien-être, le Togo a été classé au
numéro 166 (sur 188 pays) sur l'Indice de Développement Humain du PNUD en 2015.
Figure 4 : Taux de pauvreté
Source : République du Togo 2013 (SCAPE), pp.26-7
Le cadre stratégique repose sur la stimulation de la croissance menée par le secteur privé.
Le principal cadre de politique de développement économique et social du Togo est le PND
2018-2022- Pour lutter contre la pauvreté et les faibles revenus, le Gouvernement du Togo a
initié le Plan National de Développement (PND) 2018-2022 qui intervient après la Stratégie de
Croissance Accélérée pour la Promotion de l'Emploi (SCAPE) qui couvrait la période 2013-
-2
-1
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16
po
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tage
(%
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0 20 40 60 80 100
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Maritime
Plateaux
Centrale
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Savanes
Taux de pauvreté des effectifs (%)
Ré
gio
n
6
20176. Le PND repose sur trois axes articulés autour d’une croissance inclusive créatrice
d’emplois ; à savoir : (i) mettre en place un hub logistique d’excellence et un centre d’affaire
de premier ordre dans la sous-région ; (ii) développer les pôles de transformation agricole,
manufacturiers et d’industries extractives ; (iii) consolider le développement social et
renforcer les mécanismes d’inclusion.
Le niveau de la dette publique est un enjeu de politique macroéconomique important. La
dette publique du Togo (gouvernement et entreprises publiques) a augmenté rapidement ces
dernières années et dépasse 75% du PIB en 20157. Cela a été influencé par un programme
d'investissements publics à grande échelle dans les infrastructures. Bien que cela ait
contribuer à stimuler la croissance économique à moyen terme, le service de la dette a
également engendré des coûts budgétaires. La nécessité de réduire le déficit budgétaire et le
fardeau de la dette impose des contraintes à la capacité du gouvernement d’effectuer des
dépenses supplémentaires.
Besoin d'améliorer l'environnement des affaires. Il existe plusieurs aspects permettant de promouvoir la croissance du secteur privé, y compris les investissements dans les infrastructures physiques (matériels) et l'amélioration de l'environnement commercial (infrastructures immatérielles). L'une des principales évaluations internationales du climat des affaires à l'échelle mondiale est le rapport annuel Doing Business (DB) de la Banque mondiale. La performance du Togo sur le classement du DB s'est considérablement améliorée de 2014 à 2015, mais elle reste à la traîne derrière d'autres pays de l'Afrique Subsaharienne et de l'UEMOA et, en 2017, le Togo a été classé numéro 154 sur 190 pays à l'échelle mondiale8. Parmi les dix composantes de l'environnement des affaires que le DB évalue, les principaux domaines de faiblesse du Togo sont l'Obtention de Crédit et l'Enregistrement des Biens - qui sont tous deux pertinents pour l’inclusion financière.
Figure 5 : Togo et Pays de Comparaison - Classement du Doing Business
Source : Banque mondiale, 2017, Doing Business 2017
Figure 6 : Scores «Distance à la frontière» sur des indicateurs du Doing Business
6 République du Togo, 2013
7 L’UEMOA a une limite d'endettement de 70% du PIB. 8 Banque mondiale, 2017, Doing Business 2017 : Égalité des Chances pour Tous.
7
Remarque : Le score "Distance à la frontière" mesure l'écart entre la performance du pays et la meilleure
performance sur chaque indicateur, où 0 représente la pire performance et 100 la meilleure.
Source : Banque mondiale (2017) Profil Économique Togo
L'intégration régionale joue un rôle important dans l'économie du Togo. Le Togo est membre
d'un certain nombre d'organisations régionales. La plus grande est la Communauté
Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui compte 15 membres dans toute
l'Afrique de l'Ouest, et qui combine une gamme de domaines de coopération économique et
politique. La seconde est l'Union Économique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA), qui
compte huit membres d'Afrique de l'Ouest, principalement des pays ayant une origine
coloniale française. L'UEMOA est une union particulièrement forte puisque les membres
partagent une monnaie commune (le franc CFA - XOF) et, par conséquent, disposent d'une
seule banque centrale (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest - BCEAO). Cela a des
implications majeures pour la politique macroéconomique (politique monétaire et politique
en matière de change) et pour la réglementation du secteur financier.
Système juridique influencé par l'histoire coloniale. Le système juridique Togolais repose sur
le droit civil, comme il est le cas dans la plupart des anciennes colonies françaises. Cela le rend
très différent du système de droit commun qui prévaut dans les pays Anglophones. La nature
du système juridique, combinée au niveau élevé d'intégration du système financier régional,
a des implications importantes pour la réforme juridique et réglementaire des finances.
La pénétration du téléphone portable a augmenté, mais elle est encore faible selon les
normes régionales. En 2015, il y avait 68 abonnements au téléphone portable au Togo pour
100 habitants, en hausse de 64% sur cinq ans depuis 2010. Néanmoins, l'utilisation globale
des téléphones cellulaires reste relativement faible selon les normes de l'Afrique de l'Ouest.
La téléphonie mobile revêt une importance cruciale pour améliorer les communications et
soutenir l'innovation, améliorer la connectivité entre les zones urbaines et rurales et fournir
une plate-forme pour les services financiers numériques. Les coûts relativement élevés
pourraient être une barrière à l'utilisation du téléphone portable au Togo ; Selon l'UIT, le Togo
est classé 179ème sur 184 pays à l'échelle mondiale en termes d’accessibilité financière du
0
20
40
60
80
100
MESURE LAREGLEMENTATION
DES AFFAIRES
CommerceTransfrontalier
Obtention d'unpermis de construire
Créationd'Entreprise
Raccordement àl'electricité
Exécution desContrats
Obtention de prêts
Transfert depropriété
Protection desinvestisseursminoritaires
Paiement des Taxeset Impôts
Règlement del'insolvabilité
8
téléphone portable9.
Figure 7 : Pénétration du téléphone portable, pays sélectionnés, 2015
Source : ITU www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Pages/stat/default.aspx
9 Rapport Measuring the Information Society, 2016
0
20
40
60
80
100
120
140
160
Ab
on
ne
me
nts
mo
bil
es
po
ur
10
0 h
ab
ita
nts
9
3. Prestation de Services Financiers : Aperçu de l'Offre
3.1 Paysage des Services Financiers Le paysage de la fourniture de services financiers au Togo est dominé par les banques et les
SFD. Néanmoins, il existe un éventail de fournisseurs de services formels et informels, comme
le montre la figure 8 ci-dessous. Les compagnies d'assurance et les fournisseurs de services
de mobile money sont également d’importants prestataires de services formels. Pour certains
produits financiers, les services informels sont importants, en particulier en ce qui concerne
la fourniture de crédit dans les zones rurales.
Figure 8 : Paysage de la fourniture de services financiers, formel et informel
Source : Recherches et consultations du MAP
L'infrastructure bancaire est raisonnable selon les normes comparatives de l'UEMOA. En ce
qui concerne les succursales bancaires et les Distributeurs Automatiques de Billets (DAB), ainsi
que le niveau de disponibilité par rapport à la taille de la population au Togo, la disponibilité
est bonne. Cependant, la région de l'UEMOA est moins développée que certains autres pays
d'Afrique subsaharienne.
Provision formelle
Banques (13)
La Poste
SFD (87)
Prêteurs
Informels
Assureurs
(CT/vie/mic
ro) 12
Provision informelle
OTA(4)
Filières
informelles
Associations
villageoises/
tontines
Epargne
PaiementsAssurance
Crédit
Sécurité sociale
de
gouv/assurance
de santé (1)
Détaillants
Pensions (1)
ORM (2)
Associations
de solidarité (
funérailles…)
10
Figure 9 : Succursales de banques commerciales pour 100 000 habitants, 2015
Source : Enquête sur l'Accès financier du FMI, 2016
Figure 10 : Distributeurs automatiques de billets pour 100 000 habitants, 2015
Source : Enquête sur l'Accès Financier du FMI, 2016
Les données comparatives montrent également que l'infrastructure des SFD est vaste. Il y a
beaucoup plus de succursales de SFD au Togo que de succursales bancaires.
012345678
No
mb
re
Autres pays de l'ASS
UEMOA
0
2
4
6
8
10
12
No
mb
re
11
Figure 11 : Succursales de SFD pour 100 000 habitants, 2015 (UEMOA)
Source : Enquête sur l'Accès Financier du FMI, 2016
La répartition géographique est inégale, les banques et les SFD étant concentrées dans les
zones urbaines. La population du Togo est à 42% urbaine et 58% rurale (FinScope, 2016).
Cependant, les infrastructures de services financiers sont principalement urbaines, et sont en
outre concentrées dans la région côtière autour de la province du Grand Lomé et Maritime.
Tableau 1 : Emplacement des points de vente de services financiers
Grand Lomé/Maritime
Autre Urbain Rural Total
Banque – succursale >65%
> 250
Banque - DAB
> 200
SFD 60% 40% 421
Agent de mobile money La majorité Certains Très peu 5 000-10 000
Agent/courtier d’assurance La majorité Certains 0 Aucune donnée
Agent de transfert d’argent La majorité Certains Très peu Aucune donnée
Poste 90 0 90
Source : Recherche et consultations du MAP ; BCEAO
Les SFD sont un peu plus accessibles que les banques pour la plupart des adultes. Parmi les
adultes qui savaient combien de temps il faudrait pour atteindre une succursale d’un SFD, 58%
ont déclaré que cela a pris moins de 20 minutes. En revanche, parmi ceux qui savaient
combien de temps il faudrait pour se rendre à leur banque la plus proche, seulement 48% ont
déclaré que cela prend moins de 20 minutes. En moyenne, il faut 24 minutes pour se rendre
à la succursale du SFD le plus proche et 30 minutes pour la succursale bancaire la plus proche.
0
2
4
6
8
10
12
14
16
Senegal Mali Benin BurkinaFaso
Coted'Ivoire
GuineaBissau
Niger Togo
No
mb
re
12
Figure 12 : Durée du trajet pour se rendre à la succursale de banque ou de SFD (% des adultes
répondants)
Source : FinScope 2016
En termes de nombre de clients (titulaires de compte), le mobile money dépasse de loin les
banques et les SFD, bien que cela ne signifie pas nécessairement que tous les titulaires de
compte sont actifs. Il y a également un grand nombre d'utilisateurs de services informels,
notamment des groupes d'épargne informels et les fournisseurs de crédit ; le nombre
d'utilisateurs de services informels dépasse le nombre de clients des banques et des SFD.
Figure 13 : Nombre de clients par type de fournisseur de services financiers (2016)
Source : FinScope 2016 et ART&P
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
< 10 mins 11 -20mins
21 - 30mins
31 - 60mins
1 – 2 heurs Plus de 2heurs
Banques IMFs
0
200
400
600
800
1 000
1 200
1 400
1 600
1 800
Banques IMFs Argentmobile
Assurances Grp. inf.epargne
Fournisseursinf. de credit
Assur. inf.(assoc.
funéraires)
Nom
bre
de c
lients
(‘0
00)
Autre formel Informel
13
3.2 Types de Fournisseurs de Services Financiers
Banque
Le Togo compte 13 banques commerciales agréées, mais les quatre plus grandes banques
représentent les deux tiers du marché. Il y a différentes formes d’actionnariat, y compris
l’actionnariat du gouvernement, l’actionnariat privé local et l’actionnariat étranger. En outre,
La Société des Postes du Togo offre une gamme de services bancaires.
Tableau 2 : Principales banques au Togo
Nom Part de marché Actionnariat majoritaire
Local – public (Gouv)
Local – privé Étranger
Orabank 25% X
Ecobank 18% X
UTB 12% X
Diamond Bank 12% X
Banque Atlantique 8% X
Source : recherche et consultations du MAP
Le crédit bancaire au Togo augmente constamment ces dernières années. Le taux de
croissance annuel moyen sur la période de 2011-2016 était de 17%, pour atteindre un total
de 664,1 milliards de FCFA à la fin de 2016.
Les banques offrent une gamme complète de produits bancaires standards, ainsi que des
produits innovants. La gamme de produits comprend divers types de comptes de dépôt et
d'épargne, des prêts garantis et non garantis, ainsi que des services de paiements, y compris
des transferts d’argent et des cartes de paiement. Certains produits dédiés innovants ont été
introduits en mettant l'accent sur les clients à faible revenu, tels que les comptes de
téléphonie mobile. Ceux-ci peuvent être ouverts à distance et ont des exigences KYC (« Know
Your Customer ») minimales.
L'interaction avec le client se fait par l'intermédiaire de succursales (agences), de DAB et, de
plus en plus, de systèmes bancaires mobiles, mais les agents intermédiaires bancaires
(agency banking) ne sont pas autorisées. Comme indiqué ci-dessus, les succursales sont
concentrées dans le Grand Lomé, la région Maritime et dans d'autres zones urbaines, et il en
est de même avec les DAB, qui sont essentiellement urbains. Les banques sont réticentes à
développer des réseaux de succursales rurales, affirmant qu'elles sont chères et non rentables.
Conformément aux règles en vigueur, les banques ne sont pas autorisées à utiliser des services
indépendants (tiers) pour fournir des services en leur nom, ce qui limite la capacité d'offrir
des services dans des zones éloignées dans lesquelles l’implantation de succursales n’est pas
justifiée.
Les prix des produits bancaires semblent être raisonnables et montrent une certaine
variation entre les différentes banques. Les clients paient généralement des frais mensuels,
allant de 1 000 à 7 000 CFA par mois. Cela comprend un ensemble d’opérations pour lesquelles
il n'y a pas de frais supplémentaires, alors que certaines transactions (telles que les retraits
auprès des DAB ou les dépôts en espèces) comportent des frais supplémentaires. Des
exemples de frais de trois banques sélectionnées sont présentés ci-dessous :
14
Tableau 3 : Exemples de frais bancaires (CFA)
FRAIS/TARIFS BANCAIRES Ecobank Banque
Atlantique Diamond
Bank
Caractéristiques du compte
Solde minimum d’ouverture Néant Néant Néant
Carte bancaire fournie? (O/N) O O O
Service de banque en ligne disponible? (O/N) O O O Service bancaire par téléphonie mobile disponible? (O/N) O O O
Frais de maintenance et de mise en service
Frais de tenue de compte mensuel 3 000-7000 2000-5000 1000
Frais de mise en service du Service de banque en ligne Néant 6000 Néant
Frais mensuel du Service de banque en ligne Néant 1000/mois Néant Frais de mise en service du Service bancaire par téléphonie mobile Néant Néant Néant Frais mensuel du Service bancaire par téléphonie mobile Néant
400/600/1000 par mois Néant
Dépôts
Dépôts d’espèces - Succursale 100 100 100
Retraits/Paiements/Transferts
Retrait d’espèces/ chèque au comptoir 0 0 0
Retrait d’espèces au DAB chez nous 455 500 500
Retrait au DAB–autre banque (national) 455 500 500
Transaction POS (national) 0 0 0 Transferts entre propres comptes (internet/DAB) 0 0 0 Paiements à des tiers (internet/DAB) autres banques locales 0 0 0 Prélèvement/domiciliation (pour une autre banque locale) 0 0 0
Relevés
Relevés Bancaires provisoires (à la Succursale) 2 000 1000 1000/page Au DAB - mini-relevé 0 0 0
Source : recherche et consultations du MAP
Les frais bancaires sont conformes aux normes internationales, mais elles sont à un prix
inaccessible pour de nombreuses personnes. Les frais mensuels totaux dépendent du mode
d'utilisation, mais ils sont basés sur un «paquet» standard (utilisé dans d'autres pays objet
d’enquêtes MAP) ; le coût mensuel s'élève entre 3 400 CFA et 7 200 CFA (7-15USD). Cela
correspond aux résultats d'autres pays, qui varient généralement de 4 à 15USD par mois.
Toutefois, ces frais pourraient rendre inabordable la possession de comptes bancaires pour
de nombreuses personnes, étant donné que le revenu mensuel médian pour les adultes est
de 25 000 CFA.
Les taux d'intérêt varient selon les banques, mais dans une fourchette de prix assez étroite.
Les exemples sont présentés ci-dessous.
15
Tableau 4 : Taux d'intérêt bancaire sélectionnés (%)
Type de taux Min Max
Dépôts d’épargne – inférieur 2,00 4,00
Dépôts d’épargne – supérieur 5,00 7,00
Taux de base des crédits 7,70 10,85
Taux de crédit maximum 12,00 15,00
Source : BCEAO
Institutions de Microfinance (IMF) ou Système Financier Décentralisé (SFD)10
Les SFD sont des fournisseurs de services financiers extrêmement importants au Togo et
couvrent en partie l'écart causé par la concentration des banques sur les clients urbains à
revenu plus élevé. Les SFD peuvent avoir différentes formes. Elles sont en majorité des
organisations mutualistes (coopératives), appartenant à des membres. Quelques-unes sont
des sociétés anonymes (SA). Bon nombre des SFD mutualistes sont regroupées sous la forme
de réseaux de SFD, qui constituent des groupements de SFD juridiquement distinctes,
fournissant des services communs. Le plus grand réseau de SFD est la FUCEC, avec environ
60% de part de marché dans le secteur des SFD à l'échelle nationale. Le plus grand SFD
individuel est WAGES, qui est une association plutôt qu'une coopérative. Bien que les SFD
répondent à une démographie socioéconomique légèrement différente que les banques, elles
sont encore largement axées sur les zones urbaines et les clients ayant des revenus réguliers.
Tableau 5 : SFD majeures au Togo 30 mars 2017
Nom Part de marché (encours crédit)
Forme Juridique
FUCEC 40% Réseau SFD
Coopec AD 9,4% SFD mulitiagences
WAGES 7% SFD multiagences
CECA 3,5% SFD Multiagences
URCLEC 3% Réseau SFD
UMECTO 2,5% Réseau SFD
Source : recherche et consultations du MAP
Les SFD ont accordé un crédit total de 123,3 milliards FCFA à fin Juin 2016 (Source CAS-IMEC).
La BCEAO rapporte que les SFD ont 1,9 million de comptes ; ceci est beaucoup plus élevé que
le nombre de clients de SFD rapportés dans FinScope, ce qui suggère que beaucoup de
personnes ont des comptes auprès de plus d'un SFD.
Les frais pour les services auprès des SFD sont beaucoup plus faibles que pour les banques.
L'utilisation des services d'un SFD nécessite une cotisation initiale (généralement 5,000 CFA),
mais à part cela, des frais de compte mensuels de 100 CFA sont généralement payables, sans
frais supplémentaires.
Les taux d'intérêt appliqués sur les prêts auprès des SFD sont généralement supérieurs à
ceux des banques. Les taux de prêt des SFD varient généralement de 15% à 18%. Les taux de
rémunération des dépôts d'épargne sont généralement de 2,5% à 3,5%, semblables à ceux
offerts par les banques.
Il y a des préoccupations générales quant à la qualité de la gestion des SFD. Bien qu'il existe
10 Au Togo, les IMF sont généralement appelées SFD (Système Financier Décentralisé).
16
des exemples de SFD très bien gérées, dans de nombreux cas la gestion est médiocre et, dans
le passé, il y a eu de nombreuses défaillances des SFD avec des cas où des agréments ont été
retirés, ayant parfois causé des pertes pour les déposants. La mauvaise gestion est parfois due
à une croissance trop rapide, sans le développement proportionnel de la capacité de gestion.
En outre, une faible supervision signifie qu'une mauvaise gestion peut ne pas être facilement
détectée.
Encadré 1 : Le FNFI
Le gouvernement du Togo joue un rôle important dans le secteur financier. Une initiative clé
a été la mise en place du Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) en 2013, qui met des
fonds à disposition des SFD pour les prêts aux emprunteurs ciblés et dont l’objectif est
d'atteindre 2 000 000 de bénéficiaires d'ici 2018. Le FNFI a trois produits de crédit de base :
APSEF (qui cible les femmes et hommes pauvres, potentiellement actifs économiquement,
ayant ou pouvant exercer une activité génératrice de revenu par le biais de groupements) ;
AGRISEF (qui cible les agriculteurs) ; et AJSEF (qui cible la jeunesse).
Le FNFI octroie des fonds aux SFD à un taux d'intérêt de 2 et 3% (APSEF) et de 3% (pour les
autres produits). Les SFD choisissent les emprunteurs conformément aux critères
prédéterminés pour chaque produit et sont responsables de la sélection finale des
emprunteurs et des décisions de prêt. Elles apportent également certaines de leurs propres
ressources. Au 31 décembre 2016, 32 milliards de francs CFA avaient été financés par le FNFI,
dont une contribution du gouvernement de 19 milliards de francs CFA ; quelque 700 000
emprunteurs ont été atteints (République du Togo, 2017).
Les opinions sont mitigées sur le FNFI dans le secteur des SFD. L'une des préoccupations est
qu'il n'est pas financièrement attrayant pour les SFD. Les SFD paient en moyenne 2,5% au
gouvernement pour les fonds FNFI, qui sont ensuite prêtés à 5-8%, rendant leur marge
réduite, nettement inférieure à ce qu’elles gagnent normalement sur leur marge prêt-dépôt.
Toutefois, les SFD reçoivent également des frais de gestion de 8%, ce qui compense
partiellement la marge étroite. Le faible coût des prêts FNFI entraîne la réticence des
emprunteurs à utiliser les produits de prêt conventionnels des SFD qui coûtent beaucoup plus
cher.
Les SFD doivent supporter pratiquement toutes les pertes sur créances dans le cadre du
régime - seulement environ 5% des pertes sont remboursées par le FNFI. Cela signifie que le
FNFI ne fonctionne pas efficacement comme un système de garantie partielle de crédit
(SGPC). Alors que les SGPC sont largement utilisés dans le monde pour partager le risque de
crédit et accorder des prêts aux PME emprunteurs, ils supportent généralement 50 à 80% du
risque de crédit.
Les SFD rapportent que la discipline de crédit des emprunteurs est médiocre. Les fonds du
FNFI sont considérés, par certains emprunteurs, comme des fonds du gouvernement auxquels
ils ont droit, et il y a une réticence à rembourser. L'évaluation, du FNFI effectuée au début de
l'année 2017, a révélé un taux de remboursement de 78% en septembre 2016. L'évaluation a
également conclu que, plutôt que de poursuivre les objectifs initiaux à tout prix, au détriment
de la qualité du crédit et de la discipline, un objectif révisé de 1 000 000 de bénéficiaires
devrait être adopté pour 2018.
Bien que le FNFI fournisse des fonds aux SFD pour la rétrocession, cela ne résout pas les
contraintes de capital des SFD. Les SFD sont tenus de détenir des fonds propres équivalents
à 15% des actifs. Le capital peut être obtenu auprès des actionnaires/membres, ou des
excédents conservés. Étant donné que la plupart des SFD ne sont pas très rentables, il est
17
difficile de faire croître le capital par les fonds accumulés, et en plus, en tant qu'organisations
mutualistes, il n’est pas facile d’obtenir des fonds destinés à être capitalisés auprès des
membres. Par conséquent, leur capacité à utiliser efficacement les fonds FNFI en respectant
les exigences réglementaires, est limitée. Une solution serait d'utiliser une partie des fonds
FNFI comme capital permanent pour les SFD, qui ne devrait être remboursé au gouvernement
qu’à long terme.
Le Mobile Money
Le Togo a deux services de mobile money ; en dépit de l’avènement quelque peu tardif du
mobile money au Togo, sa croissance a été rapide. Les deux services de mobile money sont
T-Money (de la société publique Togocel) et Flooz (de la société privée Atlantic Telecom Togo
(Moov)). Le marché est divisé approximativement à part égale entre les deux en termes de
points de vente. Mais en termes de nombre de clients, Atlantic Telecom Togo possède 74% et
Togocel 28%. Les deux services suivent un modèle s’appuyant sur les banques pour l’émission
de la monnaie. Atlantic Telecom travaille avec trois banques, tandis que Togocel travaille avec
une seule banque. Les services ont commencé en 2014, et le nombre de titulaires de compte
de mobile money a doublé en 2015 et en 2016. Il y a maintenant beaucoup plus de comptes
de mobile money que de comptes bancaires ou comptes SFD. Cependant, on ne connait pas
le nombre de comptes actifs.
Tableau 6 : Nombre de Comptes de Mobile Money
2014 2015 2016
Nb. de comptes (‘000) 354,7 836,3 1 682,3
Source : ART&P
Une faiblesse majeure du système de mobile money au Togo a été une infrastructure de
distribution limitée. Les données comparatives ne sont disponibles que pour 2014/15, mais
celles-ci montrent que le Togo avait alors un nombre très faible d'agents de mobile money. La
faiblesse du système de mobile money au démarrage pourrait être également expliquée par
la méconnaissance des services par les usagers et par le fait que le second opérateur n’a
commencé ses activités qu’en 2016. Le réseau du Togo était comparable à celui du Nigéria -
où le mobile money n’a pas réussi à se développer - et faible par rapport au Ghana et à
l'Afrique de l'Est, où la croissance et l'impact du mobile money ont été spectaculaires.
Cependant, le nombre d'agents de mobile money a considérablement augmenté depuis cette
période, et il est estimé actuellement à 200 pour 100 000 adultes.
Figure 14 : Agents de mobile money (pour 100 000 adultes) - pays sélectionnés de l'Afrique
subsaharienne (2014/15)
18
Source : Enquête sur l'Accès Financier du FMI, 2016
Assurance
Le secteur de l'assurance au Togo est segmenté en assurance couvrant le long terme (vie),
assurance couvrant le court terme (pertes) et en micro-assurance, selon la règlementation
en matière de licence. Les plus grandes compagnies d'assurance NSIA et SAHAM se
partageaient environ 50% du marché en termes de chiffre d’affaires en 2016. Les principaux
produits proposés sont les suivants :
• A court terme : assurance véhicule
• A long terme : vie collective / pension
L'assurance véhicule est obligatoire (de par la loi), mais l’application de cette loi n’est pas toujours assurée. Par conséquent, de nombreux véhicules au Togo ne sont pas assurés (environ 50% selon les compagnies d’assurance). Le nombre d'adultes formellement assurés est relativement faible, à moins de 10% de la population adulte.
Tableau 7 : Principales compagnies d'assurance (2016)
Nom Part de marché (chiffre
d’affaires)
Type (Long-terme, court-terme, micro)
Actionnaire important
Local – public (Gouv)
Local – privé Étranger
NSIA 25,4% LT/CT X X
SAHAM 25,2% LT/CT X X
SUNU 15,4% LT/CT X X
GTA C2A IARD 13,0 LT/CT X X X
Allianz Togo 8,0% LT/CT X X
Fidelia 6,3% LT/CT X X
Source : recherche et consultations du MAP
Informel
Les prestataires de services financiers informels jouent un rôle important au Togo, en
particulier pour les assurances, l’épargne et le crédit. L’utilisation des services financiers
0
100
200
300
400
500
600
700
par
10
0 0
00
ad
ult
es
19
informels est discutée plus en détail sur la base des différents produits ci-dessous. Par rapport
à l’assurance, il existe un niveau de fourniture/couverture sociale important à travers des
régimes informels de villages. Ceux-ci incluent des régimes financiers, où les membres
procèdent à un paiement régulier en contrepartie de prestations en cas de décès (sociétés
funéraires) et des régimes non financiers (de solidarité) où l'on s'attend à un soutien
communautaire en cas de décès.
Les associations informelles d'épargne et de crédit villageois (tontines) existent et jouent un
rôle important dans les zones rurales, bien que l'étendue de leurs opérations ne soit pas bien
documentée. Celles-ci sont principalement constituées de petits groupes d'individus,
généralement des femmes, et certaines sont soutenues par des ONG. Ces associations
fournissent une plateforme pour de petites économies régulières et un crédit à court terme
pour des activités productives. Certaines tontines ont des comptes auprès des SFD.
Du crédit informel est également disponible auprès des détaillants, des voisins et des
commerçants. Les agriculteurs en particulier utilisent beaucoup le crédit informel auprès des
commerçants (acheteurs de produits) et des fournisseurs d'intrants.
Encadré 2 : Enquête Mystère (Février 2017)
Un exercice d’«enquête mystère» a été conduit, impliquant une visite à un point de vente
d'une institution financière par un client anonyme, pour connaître les produits et la qualité de
l'accueil, afin de répondre à la question «comment est-ce que les institutions financières
présentent leurs offres aux clients? ». L’échantillon était constitué de 10 banques, 10 SFD, 6
compagnies d'assurance, 2 opérateurs de mobile money et la Poste.
Qualité de l’accueil : 55% des répondants étaient généralement satisfaits de l'accueil reçu dans
différentes agences d'institutions financières, alors que 45% des répondants étaient
insatisfaits.
Gamme de produits proposés : 51% des répondants estiment que les établissements ont des
produits spécifiques pour les personnes à faible revenu.
Les SFD ont été jugés plus intéressés par les clients à faible revenu (avec des produits
appropriés et une conditionnalité plus souple) ; cependant, les taux d'intérêts sur leur leurs
crédits étaient jugés élevés.
Les compagnies d'assurance n'avaient pas de produits de micro-assurance adaptés aux clients
à faible revenu.
Les banques ont des taux d'intérêt plus bas que les SFD, mais avec une conditionnalité plus
stricte (comme l'information financière, les garanties, etc.) pour accéder aux prêts.
48,9% des répondants ont constaté que les produits ne sont pas suffisamment adaptés pour
eux.
Paiements
Le système de paiement au Togo est modérément développé et bénéficie de son
appartenance au système régional de l'UEMOA. Les éléments clés du système de paiement
sont les suivants :
Le système régional de paiement à grande valeur, exploité par la BCEAO, connu sous le nom
de STAR-UEMOA. Ce système relie toutes les banques de l'UEMOA et permet des règlements
en temps réel des transactions interbancaires.
20
Systèmes nationaux de compensation et de règlement, exploités par la BCEAO. Dans chaque
pays, l’agence BCEAO nationale gère un système de compensation et de règlement, connu
sous le nom de SICA-UEMOA, pour les chèques et les transferts électroniques de fonds
(TEF).Ce service est disponible pour les banques commerciales.
Le système régional de paiements bancaires, GIM-UEMOA, fournit des services de cartes et
relie les DAB. GIM-UEMOA fournit des services à ses membres que sont des banques de
l'UEMOA, et est agréé par la BCEAO.
Les systèmes de cartes internationales, y compris VISA et Mastercard, opèrent également dans
l'UEMOA et fournissent des liens alternatifs au niveau des DAB.
Les banques commerciales offrent des DAB, des TPE et des services de paiement par internet.
La couverture des DAB est raisonnable selon les normes de l'UEMOA, mais le réseau de TPE
n'est pas assez développé.
La Société des Postes du Togo (SPT) possède également un réseau de DAB, émet des cartes et
est membre de GIM-UEMOA. Cependant, elle n'est pas une banque agréée et doit donc utiliser
les banques commerciales comme intermédiaires pour accéder aux systèmes nationaux et
régionaux de la BCEAO.
Quatre Opérateurs de Transfert d'Argent (OTA) opèrent au Togo dont Western Union,
Moneygram, RIA et Wari. Cependant, ils ne sont pas directement sous licence et opèrent à
travers les banques commerciales et la SPT, qui sont autorisés à fournir des services de
paiement.
Les SFD offrent certains services de paiement, mais ils sont principalement limités aux
transferts. Les SFD ne disposent pas de réseaux de DAB ou de TPE et ne délivrent pas de cartes
de paiement. Ils n’ont pas d'accès aux réseaux BCEAO et doivent donc fonctionner via des
banques commerciales.
Les opérateurs de mobile money ne fournissent qu'une gamme limitée de services, c'est-à-dire
les transferts et les versements. Les services sont fournis en collaboration avec les banques.
Autres infrastructures
Un Bureau d’Informations sur le Crédit dans l’UMOA (BIC-UMOA) a été créé en 2015, basé à
Abidjan. En principe, toutes les banques et autres fournisseurs de crédit (y compris les SFD)
de l'UEMOA doivent soumettre des informations sur les crédits au BIC et consulter le BIC avant
d'octroyer le crédit, afin de vérifier l'historique de crédit d'un individu et d'autres risques de
crédit. Dans la pratique, cependant, le recours au bureau d’information sur le crédit est limitée,
les établissements affirmant que l'information est de mauvaise qualité, que les frais sont
élevés et que le rapport qualité-prix est médiocre. Outre les lacunes dans le classement des
informations sur le crédit, une autre raison de la médiocrité de la qualité évoquée par les
utilisateurs est le manque d'identifiants uniques pour les individus, étant donné que seule une
minorité d'adultes Togolais ont une carte nationale d’identité.
21
4. Cadre Politique et Réglementaire Lié à l'Inclusion Financière
4.1 Cadre Politique
Le principal cadre de politique de développement économique et social du Togo est le PND
2018-2022- Pour lutter contre la pauvreté et les faibles revenus, le Gouvernement du Togo a
initié le Plan National de Développement (PND) 2018-2022 qui intervient après la Stratégie de
Croissance Accélérée pour la Promotion de l'Emploi (SCAPE) qui couvrait la période 2013-
201711. Le PND repose sur trois axes articulés autour d’une croissance inclusive créatrice
d’emplois ; à savoir : (i) mettre en place un hub logistique d’excellence et un centre d’affaire
de premier ordre dans la sous-région ; (ii) développer les pôles de transformation agricole,
manufacturiers et d’industries extractives ; (iii) consolider le développement social et
renforcer les mécanismes d’inclusion.
Le PND comporte un certain nombre d’effets spécifiques liés à la promotion de l'inclusion
financière et, de manière plus générale, au développement et à la diversification du secteur
financier. Il s'agit notamment des effets suivants : (i) Effet 1.5 : Le numérique est développé
et facilite les transactions économiques et financières ; (ii) Effet 1.9 : Les PME/PMI ont accès
au financement adéquat ; (iii) Effet 2.1 : des chaînes de valeurs agricoles sont développées ;
(iv) Effet 3.3 : Les populations, en particulier les jeunes et les femmes, ont un accès à un emploi
productif décent et durable ; (v) Effet 3.5 : L’équité et l’égalité de genre sont renforcées ; (vi)
Effet 3.8 : Les populations, en particulier les pauvres et les vulnérables ont accès à des services
financiers adaptés à leurs besoins.
Mise en place du FNFI, l'une des principales actions de la SCAPE. L'une des actions spécifiques
à l'appui aux domaines 2, 3 et 4 ci-dessus a été la création du Fonds National de la Finance
Inclusive (FNFI), créé pour soutenir le financement des PME et des SFD, en mettant l'accent
sur les jeunes (discuté plus en détail dans la partie Paysage du Secteur Financier).
La politique de développement du secteur financier relève du Ministère des Finances et de
l'Économie. Cependant, elle est étroitement coordonnée avec les institutions régionales
compte tenu du niveau élevé d'intégration économique et financière régionale. La politique
nationale de développement du secteur financier au Togo doit être conforme au cadre
politique et légal régional.
Une Stratégie régionale d'Inclusion Financière a été développée par la BCEAO en
collaboration avec UNCDF. Le document-cadre de politique et de Stratégie Régionale
d'Inclusion Financière dans l'UEMOA (SRIF) a été adopté par le Conseil des Ministres de
l'UMOA, en sa session du 24 juin 2016, à Lomé, au Togo. La stratégie couvre la période allant
jusqu'en 2020 et comporte cinq composantes principales :
• Promouvoir un cadre légal, réglementaire et une supervision efficaces ;
• Assainir et renforcer le secteur de la microfinance ;
• Promouvoir les innovations favorables à l'inclusion financière des populations exclues (jeunes, femmes, PME, populations rurales, personnes à faible éducation financière) ;
• Renforcer l'éducation financière et la protection du client de services financiers ; et
• Mettre en place un cadre fiscal et des politiques favorables à l’inclusion financière.
11 République du Togo, 2013
22
La Stratégie régionale est assortie d’un plan d’actions décliné autour des cinq axes, avec un
budget estimatif de 20,0 milliards FCFA sur un horizon de cinq (5) années,, des structures de
coordination ainsi qu’un cadre de suivi-évaluation incluant des objectifs quantitatifs à réaliser
au cours de la durée de la Stratégie. La Stratégie s'applique à tous les pays membres de
l'UEMOA, y compris le Togo, et présente des indicateurs et des cibles aussi bien nationaux que
régionaux.
4.2 Cadre Réglementaire du Secteur Financier
Organes de régulation
La réglementation du secteur financier au Togo se fait par une combinaison d'institutions
régionales et nationales. Beaucoup de lois et de règlements sont formulés au niveau régional
et, par conséquent, sont uniformes dans l'UEMOA. Néanmoins, ils doivent être mis en œuvre
au niveau national, ce qui nécessite parfois l'adoption de lois nationales.
Le principal organe de régulation du secteur financier de l'UEMOA est la banque centrale
régionale, la BCEAO et son institution associée, la Commission Bancaire de l'UMOA. Ces deux
institutions sont responsables de la réglementation des banques, des SFD, des paiements et
du mobile money, des opérateurs de transfert d'argent et des bureaux de change. Bien
qu'elles soient des institutions régionales, elles ont une présence nationale au Togo.
L'assurance est réglementée séparément et est sous le contrôle de la Conférence
Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA), qui a pour organe régulateur la Commission
Régionale de Contrôle des Assurances (CRCA).
Il y a également des organes nationaux de régulation pour les SFD et les assurances, relevant
du Ministère de l'Économie et des Finances. La CAS-IMEC réglemente les SFD (même si elle
s’en remet à la BCEAO pour les plus grands SFD). La Direction Nationale de l'Assurance
réglemente tous les acteurs du secteur de l’assurance, conformément au cadre réglementaire
régional établi par la Commission Régionale de Contrôle des Assurances.
Il y a d'autres institutions de réglementation ayant des responsabilités régionales qui sont
pertinentes pour le Togo. Il s’agit entre autres de :
• Marchés des capitaux : la CREPM réglemente la bourse régionale, basée à Abidjan ;
• Les Institutions de Financement du Développement (IFD) : la Commission de la
CEDEAO réglemente les Institutions de Financement du Développement (IFD)
régionales (BIDC) ;
• La commission de l’UEMOA responsable de la Banque Ouest Africaine de
Développement (BOAD)
• La BCEAO réglemente également le bureau d’information sur le crédit de l’UMOA
(basée à Abidjan) et les opérateurs de paiements régionaux.
L’organe national chargé de la régulation des télécommunications, l'ART&P, est également
un acteur clé pour le développement du secteur financier. L'ART&P est responsable de la
régulation des activités de la Société des Postes du Togo (SPT ), qui fournit également des
services financiers. Cependant, la SPT doit rendre compte à la BCEAO, même si elle n'est pas
une banque agréée. L'ART&P régule les Opérateurs de Réseau Mobile (ORM), qui fournissent
les services de mobile money (bien que ces services de mobile money soient réglementés par
la BCEAO). Le ministère des Postes et de l'Économie Numérique joue également un rôle dans
la réglementation des ORM car il est responsable de l’octroi des autorisations d’entrée sur le
23
marché des communications électroniques.
Il existe également une agence nationale de renseignement financier. L’unité de
renseignements financiers du Togo, à savoir la Cellule Nationale de Traitement de
l'Information Financière (CENTIF), agit en tant qu'administrateur en chef des lois du pays en
matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et de lutte contre le financement du
terrorisme. Le CENTIF analyse les déclarations d’opérations suspectes et les rapports de
tentatives de transport d'argent à travers les frontières excédant les montants autorisés par
la loi. Le CENTIF relève du Ministère de l'Économie et des Finances.
Figure 15 : Institutions de régulation du secteur financier au Togo
1.Les institutions du Togo sont réglementées et supervisées par la BCEAO
2. Institutions réglementées et supervisées par d'autres régulateurs du secteur financier
3. Institutions régionales de réglementation
BCEAO
Institutions de dépôt
Banques Commerciales
[13]
Grandes IMF (15)
Paiements
Argent mobile (2)
Forex & Transfrontalier
Opérateur de Transfert
d'Argent (4)
Bureaux FX (9)
LBC/FT (intersectoriel)
Commission bancaire de
l'UMOA
C
Ministère de l'Economie et des
Finances
CAS-IMEC
Institutions de Micro finance
Direction Nationale des
Assurances
Assureurs à court teme
Assureurs à long terme (vie)
Micro-assureursAgents et courtiers
d'assurance
CIMA/Commission Régionale de Contrôle des Assurances
Ministère de la Poste et de l'Economie Numérique
Régulateur des télécommunicatio
ns (ARTP)
SPT ORM
Mobile money
24
Source : Consultations du MAP
Le fait que la réglementation du secteur financier soit largement déterminée au niveau
régional présente des conséquences importantes. L’aspect positif est qu’il existe une
uniformité dans les dispositions et les normes réglementaires à travers tous les États
membres. Cela contribue à apporter de la cohérence et de la clarté aux agents économiques
ainsi qu’à minimiser les possibilités d’”arbitrage réglementaire” entre les pays. Cela signifie
également qu'il y a un gain d’efficacité grâce à des économies d’échelle ; c'est-à-dire qu’un
pays ne supportera pas seul les coûts de l’ensemble des infrastructures réglementaires. Pour
ce qui est de l’aspect négatif, cela peut signifier que les changements de la réglementation
pourraient être difficiles et lentes à entreprendre, étant donné que l’accord des différents
pays membres est nécessaire. Ainsi, un État membre ne peut pas décider seul de modifier une
disposition règlementaire en réponse à l'évolution de ses besoins et des circonstances.
Réglementation bancaire
La Commission Bancaire de l'UMOA (CBU) est responsable de la réglementation et de la
supervision des banques dans l'UMOA. Elle a été créée en 1990 et est régie par une
convention révisée adoptée en 2007. L’un de ses objectifs est d’assurer une supervision et
une intégration uniformes du milieu bancaire dans l'UEMOA. Bien qu’elle soit juridiquement
distincte de la BCEAO, les deux organisations sont étroitement liées ; le gouverneur de la
BCEAO est le président de la Commission Bancaire et la BCEAO assure le secrétariat de la
Commission Bancaire. La BCEAO et la CBU tirent leur autorité des traités de l'UEMOA et sont
supervisées par le Conseil des Ministres de l'UEMOA.
La Loi Bancaire Uniforme s'applique dans tous les pays de l'UEMOA, tel que prévu par les
parlements nationaux. Le minimum de capital requis pour une banque est de 20 millions de
dollars américains et l'exigence en matière de fonds propres (capital de base) est de 8% des
actifs pondérés, conformément aux exigences de Bâle I. Les banques sont autorisées à
entreprendre des opérations de dépôt, de crédit et de paiements. Les demandes d’agrément
bancaires sont étudiées et évaluées par la CBU, bien que l’agrément en lui-même soit accordé
par le Ministère de l'Économie et des Finances, sur recommandation de la CBU.
Certaines banques ne respectent pas les exigences statutaires en matière de fonds propres.
Cela constitue une source de préoccupation pour les organes de régulation et une source
potentielle de risque et d'instabilité dans le système bancaire. Cela explique également le fait
qu’il existe parfois, dans le secteur bancaire, une réticence des banques à prêter à d'autres
banques, ce en raison de la crainte de pertes possibles. La conséquence directe est l’inactivité
du marché interbancaire.
CREPM (Marchés de capitaux)
BRVM
Commission UEMOA/ CEDEAO
(IFD Régionale)
BOAD BIDC
BCEAO
Informations Crédit
BIC-UMOA (Abidjan)
Paiements
GIM-UEMOA
25
Les exigences sur fonds propres sont augmentées dans le cadre de Bâle II/III. En juin 2016, le
Conseil des ministres de l'UEMOA a adopté les normes de capital de Bâle II et III, ce qui
augmentera l'exigence de base de fonds propres à 9% des actifs pondérés, ainsi que le
resserrement d'autres normes réglementaires pour les banques. Ces dernières seront
introduites pendant la période 2018-22. Leur capacité à réduire les risques du secteur
bancaire dépendra d'une application efficace.
Les banques agréées ont des comptes à la BCEAO. Cela leur donne accès au système de
paiement et de règlement de la BCEAO. Elles peuvent également accéder aux facilités
d'emprunt d'urgence (liquidités) de la BCEAO.
Réglementation de la Microfinance
Les SFD sont soumis à la même réglementation, toutefois les organes en charge de la
supervision diffèrent selon leur taille. Les grands SFD, définies comme étant celles ayant un
encours de dépôt ou de crédit supérieur à 2 milliards FCFA, sont soumises au contrôle de la
Commission Bancaire de l'UMOA (CBU). Il existe 15 "grands" SFD au Togo supervisées par la
CBU. Les autres SFD relèvent de la CAS-IMEC (Cellule d'appui et de suivi des institutions
mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit) du ministère de l'Économie et des
Finances. La CBU est un superviseur plus strict et doté de meilleures ressources, ce qui
convient aux plus grands SFD. En revanche, la CAS-IMEC a moins de ressources adéquates
pour la supervision. La CAS-IMEC ne peut superviser que près de 35 SFD par an, sur un total
d'environ 200 si l’on compte chaque membre des réseaux de SFD. L'obligation pour les SFD
disposant d’un encours de crédit ou de dépôt de plus de 2 milliards de francs CFA d'être
soumises à une surveillance plus stricte (par la CBU) peut pousser certains SFD proches de la
limite de ces performances à restreindre délibérément leur croissance. Néanmoins, il existe
certains avantages à être supervisé par la CBU, notamment le respect de normes plus élevées
et une crédibilité accrue, qui incitent d’autres SFD à « entrer dans la cour des grands ». Il n’en
demeure pas moins que le Ministère de l’Economie et des Finances est responsable de tout le
secteur de la microfinance c’est-à-dire aussi bien les SFD de petite taille que de grande taille.
Les exigences sur fonds propres sont plus strictes pour les SFD que pour les banques. Il
n’existe aucun capital minimum requis (sur le plan monétaire) pour les SFD, mais l'exigence
de base en matière de fonds propre est de 15% des actifs totaux (c'est-à-dire significativement
plus élevé que celui des banques et calculé sur une base d'actifs plus importante - l'actif total
au lieu des actifs pondérés). Bien que les exigences en fonds propres plus élevées pour les SFD
puissent être justifiées par des expositions à des risques plus élevés, l'application des
exigences en fonds propres par rapport aux actifs totaux plutôt que les prêts est inhabituelle.
Les agréments de SFD sont accordés par le Ministère de l'Économie et des Finances. Toutes
les demandes d’agrément sont déposées au Ministère de l’Economie et des Finances.
L’instruction des dossiers est assurée conjointement par la CAS-IMEC et la BCEAO.
Les SFD n'ont pas de comptes à la BCEAO. Par conséquent, elles sont exclues de la
participation directe au système de compensation et de règlement et doivent passer par une
banque pour effectuer des paiements à d'autres institutions financières.
Les SFD ont généralement une liquidité plus faible que les banques (elles prêtent une forte
proportion de leurs dépôts) et certaines recherchent un refinancement auprès des banques
afin de soutenir la croissance des prêts. Ceci n'est pas toujours facile : certaines banques se
méfient des prêts accordés aux SFD en raison des soucis liés au risque de non-remboursement.
Un des avantages d'être supervisé par la CBU plutôt que la CAS-IMEC repose sur le fait que les
normes de surveillance plus élevées facilitent l'obtention du refinancement bancaire pour les
SFD.
26
Les SFD peuvent être des Sociétés anonymes ou des coopératives. La majorité des IMF sont
constitués en mutuelles – essentiellement des coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC).
Quelques-unes sont établies en tant qu'entreprises – Sociétés Anonymes (SA). Les principales
différences entre les deux formes résident dans leurs structures de gouvernance, leur capacité
à collecter des capitaux et leur imposition. Les organisations mutuelles doivent augmenter le
capital de la vente d'actions aux membres, tandis que les SA peuvent vendre des actions au
public. Cela a des répercussions sur la capacité des deux formes à se développer et à satisfaire
aux exigences statutaires en matière de capital à mesure qu'elles s'élargissent. Les
organisations mutuelles ne paient pas d'impôt sur leurs bénéfices, tandis que les SA sont
imposables.
Les exigences sur fonds propre et les exigences réglementaires pour les SFD ne sont pas
véritablement appliquées. Certains SFD ont fait faillite, entraînant des pertes pour les
déposants membres. Dans certains cas, les SFD ont vu leur agrément retiré en raison de la
violation des exigences sur fonds propres ou d'autres exigences réglementaires comme la
cessation d’activités. L'une des faiblesses de la CAS-IMEC est sa lenteur dans l’application des
sanctions (mise en administration provisoire, retrait d’agrément, fermeture des SFD non
autorisés). Le fonctionnement des SFD non autorisés, dont certaines sont assez importantes,
constitue une source de risque pour les déposants et le secteur en général.
.
Réglementation des assurances
Le règlement des assurances distingue trois types d'assureurs : à long terme (vie), à court
terme et à la micro-assurance. Il prévoit également des courtiers et des agents d'assurance.
Les assureurs doivent respecter un certain nombre d'exigences légales réglementaires, dont
notamment les ratios minimum de capital et de solvabilité.
L'application et la surveillance des assurances sont faibles. L'une des principales exigences
réglementaires concerne l'assurance obligatoire des véhicules, mais elle n'est pas appliquée.
Les données sur le contrôle et la règlementation du secteur de l'assurance sont limitées, car
les exigences de déclaration pour les compagnies d'assurance ne sont pas toujours respectées.
Réglementation sur les paiements et le mobile money
Les banques et les SFD sont autorisés à fournir des services de paiement au public. À
l'exception du mobile money non bancaire (voir ci-dessous), il n’existe aucune disposition
règlementaire pouvant permettre aux fournisseurs de services de paiement non bancaires
d’obtenir un agrément auprès par la BCEAO. Les opérateurs de transfert d'argent doivent
s'associer à une banque et utiliser leur licence. Seule la BCEAO peut fournir des services de
compensation et de règlement des paiements.
Les services de mobile money dans l'UEMOA peuvent être fournis par des banques ou des
institutions financières non bancaires12. Au Togo, les deux fournisseurs de mobile money
opèrent dans le cadre d’une collaboration entre les ORM et les banques, ces dernières étant
responsables des aspects financiers tandis que les premiers s’occupent des aspects techniques
et des relations avec les clients. Sous le modèle de la banque, l'argent électronique doit être
émis par les banques et non par les ORM. Le modèle de mobile money non bancaire n'a pas
encore été utilisé au Togo, bien qu'il existe ailleurs dans l'UEMOA. Cela nécessiterait la
12 Le mobile money est supervisé par la BCEAO en vertu de la directive n ° 008-95-2015
27
création par l’ORM d’une filiale financière dédiée à l’émission de l’argent électronique et qui
par conséquent devra avoir l’agrément de la BCEAO pour fournir des services de mobile
money(sans l’intermédiaire d’une banque). Il n'est pas permis aux produits de mobile money
de payer des intérêts.
L'environnement réglementaire des ORM, qui affecte la fourniture de services de mobile
money, est loin d'être idéal. L’organe de régulation des télécommunications, l’ART&P, n'est
pas autorisé à octroyer des licences de réseau ouvert au public. Les décisions d’octroi de
licences sont prises par le Ministère des Postes et de l'Économie Numérique. Cependant, il
pourrait y avoir conflit d'intérêts dans la mesure où le Ministère est propriétaire d'un des ORM
existants, Togocel, dont les bénéfices constituent une source importante de revenus pour le
gouvernement. Ce dernier aurait donc intérêt à empêcher la concurrence qui pourrait réduire
le flux de revenus pour Togocel. Selon la Banque Mondiale (2016)13, la lourdeur administrative
a entravé les opérations du concurrent unique à Togocel (Moov) et des barrières ont empêché
l’entrée d'un troisième opérateur. Dans l'ensemble, la Banque Mondiale a conclu que « la
performance du marché des TIC au Togo est un exemple coûteux d’une réglementation
biaisée par des conflits d'intérêt». Néanmoins, certains signes indiquent que la situation
pourrait s'améliorer, suite aux décisions d’octroi de licence à de nouveaux fournisseurs de
services internet durant le premier semestre 2017. Le ministère joue également un rôle dans
la régulation des tarifs de détail des services de téléphonie mobile, tandis que l’ART&P régule
les tarifs d’interconnexion. Conformément aux meilleures pratiques, l'ART&P devrait être le
seul régulateur et devrait fonctionner complètement et indépendamment du gouvernement.
Une autre source d’inquiétude est qu’il n’existe pas d’accord formel explicite entre le
régulateur des télécommunications (ART&P) et le régulateur des services de paiement
(BCEAO) quant à la manière dont les responsabilités réglementaires devraient être partagées
concernant le mobile money.
L'accès aux codes USSD par les institutions financières non bancaires peut être difficile.
L'accès aux codes USSD est essentiel pour la prestation de services financiers via la téléphonie
mobile (pour les téléphones autres que les Smartphones et sans connexion internet) et ceux-
ci doivent être fournis par les ORM. Cependant, le constat général est que les ORM sont la
plupart du temps réticents à faciliter l’accès aux codes USSD pour les tiers (SFD, assurances,
Fintech, etc.), ceci dans le but d’empêcher ou de restreindre la concurrence pour les produits
et services digitaux. Il n'y a aucune obligation réglementaire pour les ORM de fournir des
codes USSD à des tiers ; ce qui ne facilite pas le développement des innovations
technologiques. Au sein de l’UEMOA, pour le Sénégal par exemple, la BCEAO travaille en
collaboration avec l’ARTP depuis deux ans pour mettre en place cette disposition
réglementaire. L’expansion des innovations financières via le canal digital au Togo
nécessiterait également un accès sans conditions des autres institutions aux codes USSD.
Obligation « Know Your Client » (KYC)
Les exigences de KYC pour les banques, les SFD, les assureurs et les opérateurs de paiement
sont imposées avec souplesse au Togo, en particulier pour les comptes à faible valeur. En
principe, les clients sont tenus de fournir une preuve d'identité et d'adresse. Bien qu'il existe
une disposition pour les cartes nationales d'identité, la plupart des adultes ne possèdent pas
ce document. Toutefois d'autres formes de preuves d’identité peuvent être utilisées ;
13 Banque Mondiale, Togo Strategic Country Diagnostic, septembre 2016, paragraphe 140.
28
notamment les passeports et les cartes d’électeur. La plupart des adultes ne peuvent fournir
de preuve d'adresse et sont autorisés à indiquer simplement leur adresse. Les comptes de
mobile money peuvent être ouverts à l'aide de cartes SIM enregistrées, étant entendu que
l'enregistrement de la carte SIM requiert une preuve d'identité. Les exigences de KYC ne sont
en pratique pas un obstacle à l'ouverture de comptes dans les institutions financières.
Bien qu'il n'y ait pas de dispositions formelles pour le KYC différencié, en pratique, cela
existe. Les banques sont autorisées à ouvrir des comptes sans identification si les montants
n’excèdent pas 200 000 FCA.
Réglementations en matière d’agence
Les sociétés de mobile money peuvent nommer des super-agents et des agents
(techniquement, principaux distributeurs et sous-distributeurs). Les entreprises de mobile
money ne peuvent pas obliger les distributeurs à opérer sur une base exclusive.
Les SFD peuvent utiliser des agents pour exécuter certaines fonctions. Il s'agit notamment de
la collecte de l'épargne et du remboursement des prêts, des demandes de crédit et des
demandes d'ouverture de compte. Cependant, ces agents ne peuvent pas entreprendre
l'ouverture de compte directement. Les SFD utilisent principalement des agents pour générer
des demandes de crédit. Toutefois, les banques ne sont pas autorisées à utiliser des agents
bancaires indépendants (tierce partie).
Informations sur le crédit
La BCEAO réglemente la fourniture et l'utilisation des informations de crédit. En principe, les
fournisseurs de crédit doivent enregistrer les prêts auprès du Bureau régional d’Information
sur le Crédit (BIC-UMOA) et doivent également effectuer des vérifications en matière de crédit
sur les clients avant d'accorder de nouveaux prêts 14 . Cependant, cette disposition est
relativement récente et la plupart des fournisseurs de crédit – bancaires et non bancaires –
ne l’appliquent pas encore. La réglementation sur l'information en matière de crédit n'est pas
encore mise en œuvre. En outre, le manque d'identifiant unique pour les adultes au Togo (en
raison du manque de cartes nationales d'identité universelles) rend difficile la tenue de
dossiers de crédit précis.
Assurance-dépôt
L'assurance-dépôt pour les banques et les SFD est en cours d'introduction, mais n'est pas
encore effective. En vertu de la Loi Uniforme pour les Banques et les SFD, la BCEAO a mis en
place un régime d'assurance-dépôts pour protéger les déposants en cas de défaillance des
banques ou des SFD. Cependant, cette disposition est récente et n'est pas encore entièrement
fonctionnelle.
Réglementation des taux d'intérêt
La BCEAO impose de facto des taux d’intérêt minimum sur les dépôts et des taux d’intérêt
maximum sur les prêts . Le taux d'intérêt minimum sur les dépôts d'épargne pour les banques
et les SFD est de 3,5%, bien que cela ne soit pas toujours observé. En pratique, les taux de
prêts bancaires ne peuvent dépasser 15% et pour les SFD ils sont plafonnés entre 15% et 18%.
Ces taux de prêt maximum sont relativement bas comparés aux normes internationales, en
14 La loi uniforme de la BCEAO sur les centrales de risques, 2013
29
particulier pour les SFD.
Signatures électroniques
En général, les signatures électroniques sont autorisées au Togo, donc les contrats peuvent
être effectués par voie électronique ou en ligne. Par conséquent, certains comptes peuvent
être ouverts à distance, en particulier pour les comptes bancaires de faible valeur. Cependant,
l'inscription électronique n'est pas permise pour les polices d'assurance, ce qui constitue un
obstacle majeur à la distribution de micro-assurance par le biais du mobile money/téléphones
cellulaires.
30
5. Demande et Utilisation de Services Financiers
5.1 Introduction Cette section exploite les informations tirées de l’étude sur la demande des services
financiers effectuée auprès de la population adulte du Togo. L’analyse est basée sur les
résultats quantitatifs de l'enquête FinScope 2016. Elle va en profondeur en subdivisant la
population adulte en segments de marché cibles pour permettre une compréhension plus
précise de l'utilisation des services et produits financiers ainsi que des besoins par marché
cible.
5.2 Utilisation de Services Financiers
« Volet d’Accès »
Cette section présente une analyse de l’enquête FinScope Togo 2016, en utilisant l'outil
« Volet d’Accès ».
Le Volet d’Accès illustre l’utilisation des services et produits financiers. Il suppose que
l'objectif des initiatives d'inclusion financière est d'améliorer l'adoption de services et de
produits financiers formels. La méthodologie MAP a adapté la catégorisation standard des
Volets d’Accès utilisée par FinScope pour définir les groupes d'adultes suivants au Togo.
Financièrement Exclus : Ce groupe comprend des personnes qui ne possèdent ni utilisent
actuellement de produits ou de services financiers, qu'ils soient réglementés ou non
réglementés.
Financièrement Inclus. Ceux qui ne sont pas exclus mais qui ont accès15 ou sont servis d'une
certaine manière par des services financiers formels et/ou informels. Ils sont divisés en deux
groupes :
• Informellement Inclus - Produits et services financiers non réglementés / informels :
Ce groupe est constitué par des personnes qui sont financièrement incluses par
l'utilisation de produits ou services financiers fournis par des entités non enregistrées
et non supervisées pour la fourniture de services financiers (ou tout autre aspect de
leurs activités) ; notamment les «tontines», et qui n'utilisent aucun produit ou service
formel. On y trouve également des personnes qui utilisent des produits ou services
financiers fournis par des établissements enregistrés auprès d'une autorité publique
mais qui ne sont pas assujettis à la supervision sur la fourniture de services financiers
tels que les sociétés funéraires/solidarité et les groupes d'épargne.
• Formellement inclus - Produits et services réglementés / formels : Ce groupe est
constitué d'individus qui sont financièrement inclus par l’utilisation de produits ou de
services financiers d'institutions réglementées et supervisées par les autorités
compétentes pour la fourniture de services financiers.
o Produits et services fournis par les banques VS ceux fournis par les
institutions non bancaires formelles : la composante réglementée est en
outre répartie entre ceux qui ont un compte bancaire et ceux qui n'en ont
15 Conformément à la terminologie "Volet d’Accès", on se réfère souvent à "avoir accès à" comme synonyme de "utiliser ou avoir"
31
pas, mais ont un autre service financier formel. Les premiers peuvent
également avoir d'autres services financiers non bancaires, mais les
seconds excluent tout service nécessitant un compte bancaire. Les autres
services financiers formels incluent les services tels que le mobile money,
les transferts d'argent, l’assurance.
Il est important de noter que le Volet d’Accès ne présente aucun chevauchement en matière
d'utilisation de produits et de services financiers. En tant que tel, un individu utilisant des
produits réglementés et non réglementés (formels et informels) ne sera reflété que dans le
groupe réglementé (formel) et un individu utilisant un produit formel à la fois bancaire et non
bancaire ou à la fois un compte bancaire et un produit informel, ne sera reflété que dans la
catégorie bancarisé. Un individu utilisant un produit formel non bancaire tel qu'un compte
mobile money, mais aucun compte bancaire, ne sera reflété que dans la catégorie «autre
formel ».
Cependant, il est reconnu que les services financiers informels / non réglementés jouent un
rôle important, soit comme un produit complémentaire pour ceux qui utilisent également des
produits formels ou comme un produit qui étend l'accès à ceux qui n'utilisent pas de produits
formels. En conséquence, la discussion sur l'utilisation du produits financiers prend également
en compte l'utilisation totale de différents groupes de produits sans exclure les
chevauchements, comme dans le cas du Volet d’Accès. Par conséquent, l'utilisation informelle
totale sera plus grande que l'utilisation "uniquement informelle".
Le Volet d’Accès peut également être utilisé pour illustrer l'utilisation de groupes de produits
particuliers (crédit, épargne, assurance ou paiements). Au niveau du groupe de produits (par
exemple épargne ou crédit), l'utilisation de la «famille et des amis» est incluse dans la mesure
de l'accès, même si cette catégorie n'est pas incluse dans la catégorie générale « Volet
d’Accès », ni dans les calculs. Tous les produits, services, activités et mécanismes financiers
qui ont été inclus pour chaque catégorie « Volet d’Accès » de groupe de produits sont listés
ci-dessous :
Rubrique crédit
Souscription réglementée/formelle : il s’agit de l'utilisation du crédit formel, dont notamment
le crédit bancaire. Les principales sources sont les banques commerciales et les institutions de
microfinance («autres sources formelles»).
Souscription non réglementée/informelle uniquement : ceux qui, sans service réglementé, ont
emprunté de l'argent à un employeur, un groupe d'épargne informel («tontine»), un prêteur
de fonds sans licence ou un magasin de détail.
Emprunt uniquement auprès de la famille ou des amis : ceux qui, sans service réglementé ou
non réglementé, ont emprunté de l'argent auprès de la famille ou des amis qu’il faut
rembourser.
Rubrique épargne
Souscription réglementée : l’épargne ou la possession d'un compte d'épargne auprès d'une
banque commerciale ou d'une institution financière formelle (non bancaire) telle qu'un
établissement de microfinance.
Souscription non réglementée : ceux qui n'ont pas de compte d'épargne formel et qui
appartiennent à un groupe d'épargne informel, ou tontine.
32
Épargne avec la famille, les amis ou seul : épargne dans le foyer, auprès de la famille ou une
communauté qui la garde en sécurité, épargne dans un lieu secret à la maison, épargne en
nature (p. Ex. Bovins).
Rubrique assurance
Souscription réglementée / formelle : tout produit d'assurance formel avec une compagnie
d'assurance, qu’il soit effectué directement ou par l'intermédiaire d'un courtier, d'un agent,
ou par l'intermédiaire d'une institution financière telle qu'une banque ou un SFD.
Souscription non réglementée / informelle : sans produit formel, mais appartenant à un
groupe informel comme un organisme de soutien mutuel villageois pour les enterrements,
etc. Cela implique le paiement de cotisations régulières (par exemple mensuellement), ou tout
simplement un consentement à cotiser lorsqu'un un membre du groupe a besoin d'un soutien
financier.
Rubrique paiements : Transferts d’Argent et Transactions
Souscription réglementée / formelle : effectuer des paiements, notamment des transferts
d’argent par virement bancaire (ou paiement vers un compte bancaire), DAB, Mobile Money,
le Bureau de Poste, un opérateur de transfert d’argent tel que Western Union, MoneyGram,
etc., ou utiliser le compte bancaire d’une autre personne pour des transferts d’argent.
Souscription non réglementée / informelle : n’a pas eu recours à des services réglementés,
mais ayant effectué des transactions et des transferts d’argent au cours des 12 derniers mois
par le biais d’un mécanisme de transfert d'argent non réglementé, entre autres des canaux
informels tels que les chauffeurs d'autobus ou de taxi.
Envoi d'argent avec la famille ou les amis : rien de ce qui précède, mais ayant envoyé ou reçu
des fonds au cours des 12 derniers mois directement via des amis ou la famille.
Comparaison d'Accès Régional
Le Togo a une inclusion financière modérément faible par rapport à d'autres pays d'Afrique
subsaharienne ; le Togo occupe le 14ème rang en matière d'accès global aux finances dans les
21 pays africains dans lesquels les enquêtes FinScope ont été réalisées. 40% de la population
adulte du Togo est exclue financièrement et seulement 18% des adultes sont bancarisés. 45%
des adultes togolais sont formellement inclus. La dépendance à l'égard des services financiers
informels est comparable aux autres pays à faible revenu en Afrique, avec 15% des adultes
utilisant uniquement des canaux informels.
33
Figure 16 : Comparaison de l'inclusion financière en Afrique subsaharienne
Source : Togo FinScope 2016
Utilisation selon les localités au Togo
Disparités entre zones urbaines et zones rurales en termes d'accès à la banque. À l'échelle
nationale, 18% des adultes togolais sont bancarisés, mais l'accès varie considérablement entre
les zones urbaines et rurales, avec 28% des adultes urbains bancarisés contre seulement 10%
des adultes ruraux.
L'utilisation d’«Autre formel» est également plus élevée dans les zones urbaines. Il y a une
utilisation relativement élevée d’"autre service financier formel" parmi ceux qui ne sont pas
bancarisés ; cela se réfère principalement à l'utilisation des SFD et du mobile money. Comme
pour l'utilisation des banques, l'utilisation d’"autre service financier formel" est plus élevée
dans les zones urbaines, à 34% contre 22% dans les zones rurales.
Utilisation modérée de l’"informel uniquement". Le recours aux services financiers informels
uniquement (15%) est conforme aux résultats des autres pays à faible revenu. Cependant, il
est évident qu'en raison de l'accès limité aux banques et aux autres fournisseurs formels de
services financiers, beaucoup plus d'adultes doivent utiliser le financement informel dans les
zones rurales (21%) que dans les zones urbaines (6%). Néanmoins, il est important de se
rappeler que le Volet d’Accès masque le fait qu'il existe un chevauchement important entre
l'utilisation de la banque formelle et l’utilisation d'autres produits formels et informels.
L'exclusion financière est similaire au Nigéria et au Burkina Faso : en Afrique de l'Ouest, les
études de type FinScope ont récemment été réalisées uniquement au Nigeria16et au Burkina
Faso, tous deux en 201617. Le niveau d'exclusion financière au Togo s’élève à 40%, et est
16 L'enquête au Nigéria, menée par EFInA, est connue sous le nom de l'enquête Access to Finance (A2F).
17 Il y a eu un sondage FinScope au Ghana en 2010, mais il est maintenant obsolète.
9485
2677
2042
3830
5062
5414
1818
2512
3834
2712
20
13
428
3433
2339
188
1043
222713
1710
77
244
221
331
720
883
916
2115
2130
1015
1512
16
3101111
1517
192324
272727
3940414142
445152
60
Seychelles 2016Ile Maurice 2014
Rwanda 2016Afrique du Sud 2016
Ouganda 2013Kenya 2016
Lesotho 2011Zimbabwe 2014Botswana 2014
Namibie 2011Swaziland 2014Tanzanie 2013
Burkina Faso 2016Togo 2016
Zambie 2015Madagascar 2016
Nigeria 2016Ghana 2010
Malawi 2014RDC 2014
Mozambique 2014
Bancarisé Autre formel (non-bancaire) Informel uniquement Financièrement exclu
34
sensiblement similaire aux niveaux du Nigeria (42%) et du Burkina Faso (39%).
Figure 17 : Volet d’accès selon les localités
Source : FinScope Togo, 2016
Utilisation selon les produits
Une hypothèse de base du MAP est que les gens utilisent une gamme de services pour
répondre à leurs besoins financiers et qu'il existe des liens croisés entre les marchés de
produits. En analysant l'utilisation/la souscription de/aux marchés de produits, nous pouvons
mieux comprendre les besoins financiers des gens et formuler des recommandations plus
précises / ciblées.
La figure ci-dessous décrit le pourcentage d'adultes desservis dans chacun des cinq marchés
de produits :
• Assurance
• Épargne
• Crédit
• Transactions
• Transferts d’argent
18
28
10
27
34
22
15
6
21
40
32
47
National
Urbain
Rural
Bancarisé Autre formel (non-bancaire) Informel Exclu
35
Figure 18 : Volet d'accès par marché de produits
Source : FinScope Togo 2016
Accès élevé aux produits d'épargne. 43 % des adultes ont accès à une forme de produit
d'épargne, que ce soit formel ou informel. Environ un cinquième des adultes ont un compte
d'épargne auprès d'une banque ou d'une institution financière non bancaire formelle.
L'utilisation du crédit est modérée. Comparé aux autres produits, le crédit est le deuxième
produit le plus utilisé après l’épargne (27%) ; cependant, une part assez faible provient de
banques ou des SFD, et la plupart des adultes qui utilisent le crédit l'obtiennent à partir de
sources informelles.
Les transferts d’argent sont pour la plupart informels. Environ un quart des adultes envoient
ou reçoivent des transferts d’argent, mais à travers principalement des canaux informels ou
des amis et membres de la famille. Environ 10% des adultes utilisent des canaux formels
(banques, SFD, bureau de poste, opérateurs de transfert d'argent, etc.).
Les transactions et les paiements sont encore largement effectués en espèces. Plus de 85%
des adultes font usage des espèces pour effectuer les paiements, tandis que 13% utilisent des
instruments émis par les banques et les SFD (des cartes de débit essentiellement).
L'utilisation de l'assurance est faible. Seulement 8% des adultes utilisent des produits
d'assurance auprès des compagnies d'assurance agréées, il s’agit de la plus faible utilisation
de produits formels dans l'ensemble des cinq groupes de produits. Il existe en plus une
utilisation significative des mécanismes informels qui incluent le recours aux groupes de
solidarité villageoise.
L'utilisation des produits varie considérablement entre les zones urbaines et rurales. Bien que
l'accès soit plus élevé dans les zones urbaines, l'utilisation de l’épargne et des emprunts est
plus élevée dans les zones rurales, mais majoritairement portée par des mécanismes
informels.
36
Figure 19 : Utilisation des produits selon les localités
Source : FinScope Togo, 2016
Utilisation selon le genre
Il existe des différences considérables dans l'utilisation des produits financiers selon le genre.
Les femmes épargnent et empruntent plus, tandis que les hommes sont plus susceptibles
d'être assurés et de réaliser plus de transferts d’argent et de transactions. Dans l'ensemble,
les hommes ont un taux d'inclusion financière plus élevé, et les femmes dépendent davantage
des canaux informels.
Figure 20 : Utilisation des produits selon le genre
Source : Togo FinScope 2016
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
Accès global Crédit Epargne Assurance Transfertd'argent
Transactions
% d
'adultes
urb
ain
s/ru
raux
Urbain Rural
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
Accès global Crédit Epargne Assurance Transfertd'argent
Transactions
% d
e f
em
me
s/h
om
me
s ad
ult
es
Homme Femme
37
Figure 21 : Volet d’accès selon le genre
Source : FinScope 2016
Largeur et profondeur d'utilisation
Il est utile de différencier la profondeur et la largeur de l'accès. La profondeur de l'utilisation
se réfère au niveau d'inclusion financière, c'est-à-dire mesuré par la proportion d'adultes qui
sont inclus financièrement selon le Volet d’Accès. Toutefois, le Volet d’Accès ne présente
aucun chevauchement d'utilisation de produits et de services financiers ; en tant que tel, un
individu avec de multiples produits, réglementés ou non réglementés, ne sera reflété que dans
un seul groupe, avec une préférence traditionnellement accordée à la banque. La largeur de
l'accès se réfère à l'utilisation de produits multiples tels que l'épargne et le crédit, provenant
d'institutions financières réglementées (formelles).
Les consommateurs n'utilisent généralement pas de combinaison de produits. Relativement
peu d'adultes togolais utilisent plus d'un type de produit financier. Seulement 18% des
utilisateurs formels (11% des adultes) sont largement servis, en ce sens qu'ils utilisent un
service financier formel dans plus d'un marché de produits. La majorité des adultes sont
"finement servis", avec 34% utilisant un seul produit formel et 15% utilisant uniquement des
produits informels.
Bancarisé22%
Autre formel
28%Informel11%
Exclu39%
Homme
Bancarisé14%
Autre formel
26%
Informel18%
Exclu42%
Femme
38
Figure 22 : Largeur de l'accès
Source : Togo FinScope 2016
Le secteur informel joue un rôle important. En plus d'utiliser des services financiers formels,
de nombreux consommateurs utilisent également des services et des produits informels. 27%
de ceux qui sont financièrement inclus utilisent une combinaison de mécanismes formels et
informels pour gérer leurs besoins financiers. Le secteur informel joue un rôle
particulièrement important dans les zones rurales où 69% des financièrement inclus utilisent
des produits / services informels, seuls, ou en combinaison avec des produits formels. Les
canaux financiers informels sont les moyens les plus importants d'épargne, d'emprunt,
d'assurance et de transfert d’argent.
Figure 23 : Utilisation formelle et informelle du produit, y compris les chevauchements
Source : FinScope Togo, 2016
L'accès au financement s'améliore avec les revenus, mais même à des niveaux élevés de
0
100 000
200 000
300 000
400 000
500 000
600 000
700 000
800 000
900 000
1 000 000
Epargne Crédit Assurance Transfertd'argent
Transactions
Nb
. d'a
du
lte
s
Bancarisé Formel non bancaire Informel A la maison/famille et amis
Finement
servi
Non
réglementé
Largement
servi
Amis,
famille, auto
ou exclus
financière-
ment
11% des adultes ont
accès à plus d'un
service financier
d'une institution
réglementée
34% utilisent un
seul service financier
formel
15% Utilisent
uniquement des
services financiers
informels
40% n'utilisent
aucun produit
financier
39
revenu, il existe des personnes exclues. Les revenus plus élevés, comme on pouvait s’y
attendre, ont un meilleur accès au financement. Néanmoins, même à des niveaux de revenu
élevés, il existe encore des possibilités d'améliorer l'accès, car certains salariés à haut revenu
sont exclus financièrement ou utilisent uniquement des services financiers informels. Dans
presque tous les groupes de revenu, au moins 40% des adultes sont exclus de l'accès formel.
Figure 24 : Volet d’accès par intervalle de revenu
Source : FinScope 2016
Utilisation des services financiers formels et informels
Alors que 18% de la population adulte est bancarisée, seulement 2% des adultes dépendent
exclusivement des banques pour les services financiers. 15% des adultes utilisent les banques
et les autres fournisseurs de services formels (incluant les SFD et le mobile money). La
dépendance envers les fournisseurs des autres services formels uniquement est cependant
beaucoup plus fréquente avec 18% des adultes qui le pratiquent.
Dans l'ensemble, la catégorie “autres services formels” est la plus importante pour les
adultes togolais. 42% des adultes utilisent d'autres services financiers formels. La majorité de
ces adultes utilisent également des banques et/ou des fournisseurs de services informels.
Le secteur informel joue un rôle important en complément de la fourniture de services
financiers formels. 16% des adultes utilisent des services financiers informels en combinaison
avec des services bancaires ou autres services formels, alors que 15% des adultes utilisent
uniquement des services financiers informels.
0% 20% 40% 60% 80% 100%
None
<35
35-50
50-100
100-150
150-200
200-300
300-400
>400
Re
ven
u m
en
sue
l (FC
FA '0
00
)
Bancarisé Autre formel Informel Exclu
Potentiel pour l'inclusion formelle
40
Figure 25 : Chevauchements dans l'utilisation des services financiers
Source : FinScope Togo 2016
Figure 26 : Utilisation des banques, autres services financiers formels et informels par les
adultes urbains et ruraux
Source : FinScope Togo, 2016
5.3 Groupes Cibles18
L’utilisation de marchés cibles permet de diviser la population adulte en groupes distincts et
18 La Note Complémentaire 1 contient une «immersion profonde» avec plus de détails sur la dérivation des groupes cibles, leurs caractéristiques et leurs besoins en matière de services financiers.
0
200
400
600
800
1 000
1 200
Bancarisé Autre formel Informel Exclu
Nb. d'a
dultes
(‘000k)
Urbain Rural
Cibles Prioritaires
41
permet de se concentrer davantage sur l'utilisation et les besoins spécifiques en services
financiers. Ils sont au cœur du processus MAP, dans lequel l'ensemble de la population adulte
est divisée en plusieurs groupes, avec des caractéristiques partagées au sein des groupes (par
exemple, l'accès démographique, économique et financier) et les principales différences entre
les groupes. Il est probable que les besoins en services financiers varient selon les groupes
cibles.
La principale source de revenu des adultes sert de proxy pour le niveau et la régularité du
revenu (tiré du sondage FinScope). Les groupes cibles utilisés au Togo sont les suivants :
Agriculteurs ; Emploi Formel ; Emploi Informel ; PME Informelles ; et les Personnes à charge.
L'accès au financement varie considérablement selon les groupes cibles. Les employés
formels ont le plus haut niveau d'accès au financement, grâce à l'accès à la banque et à
l'assurance. Il existe un accès financier moyen pour les employés informels et les PME, mais
ils sont beaucoup plus dépendants d'autres fournisseurs formels de services (SFD) que des
banques. Le financement informel est important pour les agriculteurs. Les personnes à charge
ont un très faible accès au financement.
42
Figure 27 : Taille et typologie des groupes cibles
Source : recherche MAP, basée sur FinScope 2016
Figure 28 : Accès au financement par groupe cible (%, cumulatif)
Source : FinScope 2016
5.4 Utilisation de Produits Financiers
Épargnes
Les épargnants utilisent plusieurs canaux, incluant les institutions financières formelles, les
mécanismes informels, les économies à la maison et les économies en nature. Les
épargnants les plus aisés utilisent les banques ou épargnent en achat de bétail. Les comptes
SFD sont les plus couramment utilisés en épargne, mais pour des épargnes de faible valeur,
de nombreuses personnes utilisent la famille et les amis, ou un lieu secret, ou les tontines.
L'une des raisons pour lesquelles les épargnes sont faites dans les SFD est que les dépôts
d'épargne sont l'un des critères requis pour accéder au crédit.
0
20
40
60
80
100Dépendants
Agriculture
Emploi formelEmploi informel
PME informelle
Bancarisé Autre formel Informel
5%29% 9%23% 28%
Dépendants (0.94 mn)
Agriculteurs (1.19 mn)
Emploi formel
(0.38 mn)
Emploi informel (0.21 mn)
PME informelles (1.16 mn)
43
Figure 29 : Formes d’épargne par nombre d’utilisateurs et valeur de l’épargne
Source : Recherche MAP, à partir de FinScope 2016
L’épargne varie suivant les groupes cibles, mais elle est généralement importante, sauf pour
les personnes à charge qui ont un faible revenu en espèces. Les employés formels et les PME
informelles épargnent le plus, et surtout dans les établissements formels. Bien que près de la
moitié des agriculteurs épargnent, mais principalement par des canaux informels.
Figure 30 : d’Accès à l’Epargne par Marché Cible
Source : FinScope 2016
Les épargnes sont principalement utilisées pour faire face aux risques et aux chocs. Parmi les
personnes qui épargnent, les trois principales raisons sont pour faire face aux déficits de
revenus, aux urgences non médicales et aux dépenses médicales. Cependant, il existe
Bijoux/Or
Banques
IMFs
Endroit secret
Famille & Amis
Bétail
Groupe villageois / Groupes informelles
/tontines
0
100 000
200 000
300 000
400 000
500 000
600 000
700 000
800 000N
o. d
'ep
arg
na
nts
Epargne moyenne (FCFA)
Taille de la bulle = Epargne totale
En nature
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Dépendants
Agriculteurs
Emploi formel
Emploi informel
PME informelles
Total
Bancarisé Autre formel Informel A la maison/Amis/Famille N'épargne pas
44
également des épargnes importantes à des fins de développement - commerce, agriculture,
éducation ou logement. Pour ceux qui n'épargnent pas, les principales raisons sont le manque
de revenus, ou l'absence de surplus d'argent après les dépenses de subsistance.
Figure 31 : Principaux moteurs de l’épargne (pour ceux qui épargnent)
Source : FinScope 2016
Crédit
L'emprunt provient le plus souvent de sources informelles. Les emprunteurs à haut revenu
utilisent les banques, mais sont relativement peu nombreux. Les SFD sont davantage utilisées
pour emprunter, principalement pour les prêts de faible montant. Les sources les plus
communes de crédit sont informelles (détaillants, famille et amis).
0 10 20 30 40 50
Frais funéraires
Paiement des factures d'eau ou de l'electricité
Achat de terrain
Achat ou construction d'une maison
Intrants agricoles
Education ou les frais de scolarité
Création ou expansion d'une entreprise
Frais medicaux - prevu et d'urgence
Urgence, non-medical
Frais journaliers lorsque qu'il n'y a pas d'argent
% des adultes qui économisent
Objectifs de développement
45
Figure 32 : Types de crédit utilisé, par nombre d’emprunteurs et montant emprunté
Source : FinScope 2016
Le crédit n'est pas très utilisé au Togo, plus de 70% des adultes n'ont pas du tout contracté
de prêts. Il est intéressant de noter que les agriculteurs empruntent plus que tout autre
groupe cible. Cela reflète la nature du calendrier cultural, avec le besoin de crédit pour
financer les intrants et autres dépenses agricoles. Ce groupe cible comprend également ceux
qui vivent du commerce de produits agricoles, souvent achetés à crédit. Seuls les employés
formels empruntent dans une large mesure auprès des banques.
Figure 33 : Utilisation du crédit par groupe cible
Source : FinScope 2016
La raison la plus courante d’emprunter est pour démarrer ou développer une entreprise,
Membre de la communauté
Groupes villageois / informelles
Compte IMF
Comptes bancaires
Famille et Amis
Marchandises vendues par agriculteur /
détaillant
0
50 000
100 000
150 000
200 000
250 000
300 000
350 000
400 000
450 000N
o. d
'em
pru
nte
urs
Taille moyenne du prêt (F CFA)
Taille de la bulle = Total du portfeuille de prêts
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Dépendants
Agriculteurs
Emploi formel
Emploi informel
PME informelles
Total
Bancarisé Autre formel Informel N'emprunte pas
46
ensuite pour faire face aux besoins médicaux et aux imprévus. Le crédit pour le commerce
des produits agricoles est également important, ainsi que le logement et les autres besoins
agricoles.
Figure 34 : Principales utilisations du crédit (pour ceux qui empruntent)
Source : FinScope 2016
Différents obstacles s’opposent à l'utilisation du crédit, en particulier le crédit formel. Les
banques et les SFD exigent généralement du client une épargne préalable avant l'octroi de
crédit, de sorte que le dépôt d'épargne serve de garantie partielle pour le prêt. Des garanties
sont également fréquemment requises, auprès des employeurs ou d'autres personnes.
Certains prêts sont assortis de garanties, comme le foncier, des bâtiments ou des biens tels
que des véhicules. Un problème existe du fait que l’opérationnalisation du registre des
garanties pour les titres fonciers et les bâtiments est assez limitée ; le registre est basé sur du
papier et ainsi ne peut pas être consulté par voie électronique, en plus le processus
d'enregistrement d'une réclamation (par exemple, une caution hypothécaire) est très lent.
Assurance
L'assurance est la moins utilisée de toutes les catégories de produits financiers au Togo. Les
raisons qui l’expliquent sont de plusieurs ordres : une connaissance insuffisante des produits
d'assurance et le manque de disponibilité de produits appropriés.
0 5 10 15 20 25 30
Frais funéraires
Achat d'un vélo, un moto, une voiture, un camion
Traitement des plantes
S'occuper de parent (s) malade (s)
Achat d'Équipement agricole
Amélioration ou la rénovation d'une maison
Paiement des travailleurs agricoles
Achat ou construction d'une maison
Paiement des factures d'eau ou de l'electricité
Frais medicaux - prevu et d'urgence
Achat de produits agricoles pour le commerce
Urgence, non-medical
Frais journaliers lorsque qu'il n'y a pas d'argent
% des adultes qui empruntent
47
Figure 35 : Principaux chocs auxquels font face les ménages
Source : FinScope 2016
Les principaux chocs auxquels sont confrontés les adultes et les ménages sont la sécheresse
et la maladie. Il est possible de s’assurer contre ces deux chocs, mais il faut des produits
spécifiques, pour l'assurance agricole et l'assurance médicale.
Il existe un contraste frappant dans l'utilisation de l'assurance par différents groupes cibles.
Les employés formels utilisent largement l'assurance, principalement en assurance médicale
/santé et/ou l'assurance automobile. Pour tous les autres groupes, l'utilisation d'une
assurance - surtout une assurance formelle - est très faible. Pour ceux qui ne sont pas assurés,
les principaux obstacles incluent le manque de revenus réguliers, le manque de
compréhension de l'assurance et le manque de connaissance des produits d'assurance.
Figure 36 : Volet d’accès assurance par groupe cible
Source : FinScope 2016
Paiements (Transferts d’argent et Transactions)19
Les paiements - le transfert de valeur d'une personne ou entité à une autre - sont effectués
pour diverses raisons. Ceux-ci peuvent incluent les transferts d’argent (d'une personne à une
19 Les paiements sont analysés plus en détail dans la Note Complémentaire 2 (section 8)
25,9
1,5
3,7
10,0
24,8
2,7
3,0
4,7
2,4
3,2
7,0
7,4
0 5 10 15 20 25 30
Sécheresse
Innodations
Prix des intrants agricoles élevé
Prix des produits alimentaires élevé
Maladies
Vol
Dégradation des sols
Destruction des cultures
Maladies des plants ou du betail
Perte du salaire/travail/rev de l'activité
Mort d'un membre du ménage
Autre
% des adultes
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Dépendants
Agriculture
Emploi formel
Emploi informel
PME informelles
Total
Formel Informel Non assuré
48
autre) et les transactions relatives à l'achat de biens et services. En général, le paiement de
transactions par le biais de moyens de paiement n’utilisant pas la monnaie en espèce est assez
limité au Togo. Le groupe cible des employés formels est le seul qui, de manière significative,
utilise ces méthodes de paiement, en grande partie parce que c’est le principal groupe qui a
accès aux comptes bancaires, auxquels sont liées les cartes de paiement.
Un certain nombre de raisons président à l'utilisation relativement faible des transactions
non monétaires au Togo.
- Les moyens de paiement sont largement limités aux cartes bancaires, qui à leur tour
ne sont disponibles que pour les détenteurs de comptes bancaires. Les SFD, largement
utilisés, n'émettent pas de cartes de paiement ;
- L'infrastructure d’utilisation des cartes de paiement - telle que les TPE - est limitée ;
- L'utilisation du mobile money pour les transactions (par opposition aux transferts
d’argent) est limitée ;
- Dans le commerce, la capacité à accepter les paiements via le mobile money est très
réduite et se limite principalement aux paiements de factures d’eau et d'électricité ;
- Les commerçants sont réticents aux paiements électroniques et ont une forte
préférence pour la liquidité ;
- L'utilisation du mobile money pour le paiement d'autres services financiers tels que
les assurances, n'est pas encore développée.
Les transferts d’argent sont plus largement utilisés que les transactions ; 24% des adultes
déclarent avoir effectué des transferts (en tant qu'émetteur ou receveur) au cours des 12
derniers mois. Cependant, les canaux informels (y compris les amis et la famille) sont plus
largement utilisés que les canaux formels.
Figure 37 : Utilisation des transferts d’argent par groupe cible
Source : FinScope 2016
L'argent mobile est un phénomène relativement nouveau au Togo bien qu'il se développe
rapidement. Au moment de l'enquête FinScope en 2016, 24% des adultes étaient enregistrés
comme utilisateurs de mobile money. Parmi ceux qui utilisent le mobile money, 62% le font
pour envoyer de l'argent et 74% pour recevoir de l'argent. L'utilisation de mobile money est
plus importante dans les zones urbaines que dans les zones rurales, et plus chez les hommes
que les femmes. Les utilisateurs apprécient leur commodité et leur prix, et les fournisseurs de
services sont généralement fiables. Bien que le prix soit perçu comme avantageux, les
49
données comparatives révèlent que le mobile money est quelque peu plus cher qu’au Ghana
sur des produits comparables. De même pour ce qui concerne la commodité, cela se perçoit
beaucoup plus dans les zones urbaines que dans les zones rurales, où il y a moins d'agents qui,
en outre, sont plus susceptibles de faire face à des contraintes de liquidité (pour des
opérations de retrait d’argent).
Figure 38 : Utilisation du mobile money par groupe cible
Source : FinScope 2016
Le développement de produits est limité, avec le mobile money principalement utilisé pour
l'envoi et la réception d'argent, ainsi que des paiements de factures (par exemple, eau,
électricité). Le mobile money ne peut généralement pas être utilisé pour les paiements au
détail. Il y a eu une certaine utilité pour la distribution des paiements de subventions agricoles
aux agriculteurs.
5.5 Besoins du Marché Cible Les besoins en services financiers des marchés cibles diffèrent considérablement en fonction
de leurs besoins et de leurs caractéristiques économiques et de leur accès aux différents
types de services financiers. Les besoins du marché cible peuvent être résumés comme suit :
Emploi formel : ce groupe des employés formels est bien desservi, présente un haut niveau
d'inclusion financière, utilise des produits multiples et a un revenu moyen élevé. Par
conséquent, ce n'est pas un groupe prioritaire pour l'inclusion financière. Néanmoins, ils ont
des besoins de services financiers à satisfaire. Étant les mieux rémunérés, les employés
formels soutiennent des familles élargies et ont ainsi besoin de faire des transactions et des
transferts à tarifs réduits. Bien qu'ils utilisent les services d'assurance et de crédit plus que
d'autres groupes, le niveau d'utilisation formelle est néanmoins faible en termes absolus et, il
y a ainsi un besoin pour un accès amélioré. Comme tous les groupes, ils ont besoin d'une
éducation financière.
PME informelles : il s'agit du deuxième groupe le plus large, avec une prédominance féminine
et à faible revenu. En tant qu'entrepreneurs/propriétaires et gérants de petites entreprises,
ils ont besoin de moyens alternatifs et non monétaires pour recevoir et faire des paiements,
et d'une réserve de valeurs à court terme. Outre l'accès aux paiements et les canaux d'épargne
à court terme, ils ont besoin de crédit adapté aux PME.
Employés informels : ils constituent un petit groupe, à faible revenu, et sont principalement
payés en espèces. Ils pourraient bénéficier de moyens alternatifs pour recevoir les paiements,
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%
Dépendants
Agriculture
Employés formels
Employés informels
PME informelles
Total
50
ainsi que des facilités pour des épargnes à court terme (assurant la consommation face aux
irrégularités de revenus).
Les agriculteurs : ils forment le groupe cible le plus large et (en moyenne) ont des revenus
plus élevés que ceux du secteur informel (PME et employés) et des personnes à charge. Ils
comprennent à la fois ceux impliqués dans la production agricole et le commerce de produits
agricoles. Ils ont des besoins financiers considérables, d'épargne et de crédit pour acheter des
intrants et des actifs agricoles, pour financer les déficits de trésorerie entre la semence et la
récolte et l'achat de produits agricoles pour la vente. Tout cela peut être qualifié de
financement de la chaîne de valeur (ou filière). Les agriculteurs utilisent déjà plus de crédit
que les autres groupes, mais il reste pour la plupart informel ; il est donc nécessaire d'ouvrir
des canaux plus formels de crédit agricole. En outre, étant donné que les agriculteurs sont
exposés à des imprévus, en particulier les aléas climatiques liés à la sécheresse (et dans une
moindre mesure les inondations), ils pourraient bénéficier d'une assurance agricole. Les
produits de crédit et d'assurance doivent être calibrés aux besoins particuliers des
agriculteurs.
Personnes à charge : elles constituent le troisième groupe le plus large et ont les plus bas
revenus. Elles dépendent généralement des transferts et du soutien des autres membres du
ménage et du soutien de la famille élargie. Une grande partie de ce soutien est en nature, et
beaucoup de ces personnes n’ont pas de revenu monétaire. Leurs principaux besoins
consistent à accéder facilement aux transactions et aux services d'épargne. L'amélioration de
l'accès au financement pour ce groupe est une priorité secondaire, étant donné qu'il s'agit
d'un objectif à long terme bien que de nombreuses personnes à charge sont hors de
l'économie monétaire.
Tous les segments : les résultats de FinScope et les consultations avec les parties prenantes
dans le cadre de l’étude sur l’offre des produits financiers montrent que l’insuffisance
d’éducation financière est un problème général transversal à tous les groupes et les marchés
cibles. Cela s'applique en particulier à l'assurance (qui n'est pas bien comprise) et au mobile
money qui, comme tout nouveau produit, n’est pas encore assez familier. Dans certains cas,
il existe également un manque de discipline eu égard au remboursement du crédit, en
particulier lorsqu'il s'agit de fonds gouvernementaux acheminés par le FNFI et les SFD, que
certains emprunteurs croient ne pas devoir rembourser. L'amélioration de l’éducation
financière par le biais à d’une éducation appropriée est de ce fait un besoin transversal.
51
6. Carences et Opportunités
6.1 Introduction Les résultats clés de l'analyse diagnostique concernant les écarts de l'offre et de la demande
sont les suivants :
• La fourniture de services financiers est concentrée dans les zones urbaines, et chez
les individus avec un emploi formel. Les segments clés sous-desservis sont
notamment :
o Les agriculteurs et les PME informelles - tous deux étant de grands groupes ;
o Les employés informels et les Personnes à charge –il y a un petit nombre de
personnes au sein des deux groupes qui reçoivent des revenus en espèces ;
• Les branches ou les réseaux d'agents pour les institutions financières formelles dans
les zones rurales sont insuffisants;
• Les produits financiers adaptés à ceux qui n'ont pas d'actif ni de revenu régulier sont
insuffisants;
• Les produits pour faire face aux principaux aléas auxquels sont confrontés les
ménages (santé et agriculture) sont insuffisants;
• Le développement de l'innovation et le déploiement des services financiers
numériques (DFS) ont manqué de dynamisme ; et
• La compréhension par les consommateurs des produits et services financiers est
limitée.
Les résultats clés de l'analyse diagnostique concernant les lacunes institutionnelles et
réglementaires sont les suivants :
• Un certain nombre de faiblesses institutionnelles existent dans les banques et les SFD,
notamment :
o Niveaux élevés de créances douteuses ;
o Insuffisance des capitaux (requis tant pour la stabilité que pour la croissance) ; et
o Risques (pour les clients).
• Fragmentation des secteurs bancaires et des SFD et intégration insuffisante entre les
institutions ;
• Impact mitigé des produits FNFI (FNFI fournit des fonds prêtables aux SFD, mais ne
traite pas de la pénurie de capital nécessaire aux SFD pour accroître leurs prêts) ;
• Carences réglementaires :
o Exigences de fonds propres des SFD ;
o Octroi de licences et réglementation ORM ;
o Réglementation du mobile money ;
o Application de la réglementation sur l'adéquation du capital (pour les banques et
les SFD)
L'analyse diagnostique conclut qu'il existe six domaines prioritaires de réforme pour améliorer
l'accès au financement au Togo. Il s’agit de :
• Améliorer la qualité et élargir l'utilisation des paiements (en particulier le mobile
money) ;
• Faciliter l'épargne dans les établissements formels ;
• Améliorer la disponibilité du financement agricole ;
• Développer l'infrastructure pour soutenir l’octroi des services financiers ;
• Améliorer la gestion des risques pour les clients fiables ; et
• Améliorer la disponibilité et la fourniture de crédit.
52
La plupart des domaines ci-dessus cités incluent des éléments de réforme réglementaire, qui
est une action transversale importante.
Dans certains cas, de nouveaux produits ou services ont été proposés. Ces derniers pourraient
avoir besoin d’être testés par le biais de systèmes pilotes, avec peut-être l’appui du
gouvernement ou des bailleurs de fonds.
6.2 Améliorer la Fourniture et la Disponibilité du Crédit Le crédit n'est pas largement utilisé ni disponible au Togo, et il y a une forte dépendance à
l'égard de sources informelles. Les programmes FNFI (APSEF, AGRISEF, AJSEF) ont tenté
d'améliorer la disponibilité du crédit pour les groupes dans le besoin via les SFD, avec un
succès mitigé. En outre, les portefeuilles à risque (PAR) et les prêts non productifs sont élevés
à la fois dans les banques et les SFD, reflétant le fait que les prêts sont à haut risque. De
nombreuses banques et SFD ont une faible base de capital, ce qui limite leur capacité à
étendre les prêts. Les restrictions sur les taux d'intérêt et les marges rendent également plus
difficile pour les banques et les SFD d'imputer adéquatement les coûts et les risques liés aux
prêts. Bien que les emprunts à partir de sources informelles (par exemple crédit
marchand/fournisseur) soient utiles et flexibles, il serait préférable que les consommateurs
puissent disposer de diverses sources tant formelles qu’informelles afin de choisir l'option la
plus appropriée (plutôt que d'avoir une gamme restreinte de choix). La fourniture de crédit
sur téléphone cellulaire serait une piste dans ce sens. Ainsi, les données d'utilisation de mobile
money/ téléphone mobile peuvent être utilisées, entre autres, pour la notation de crédit (voir
Encadré 3).
Encadré 3 : Microcrédit numérique
L'amélioration de l'accès au crédit est l'un des principaux moteurs de l'inclusion financière,
que ce soit à des fins de consommation ou d’affaires. Dans de nombreux cas, la demande
porte sur des petits montants de prêts (microcrédit). Cependant, le crédit traditionnel des
institutions de microfinance présente plusieurs inconvénients, en ce sens qu'il faut beaucoup
de main-d'œuvre pour recouvrer les remboursements, et qu’il peut présenter un niveau de
risque élevé (risque de non-remboursement) ; ce qui dans certains cas est compensé par une
responsabilité de groupe (solidaire) pour le remboursement des prêts individuels.
La croissance des services financiers numériques (DFS) et l'utilisation associée des téléphones
mobiles ont ouvert une nouvelle voie pour le microcrédit numérique. Les DFS et les
téléphones portables génèrent de nombreuses quantités de données («grandes données»)
sur l'utilisation, qui peuvent servir à analyser le comportement du client. En particulier, ces
données peuvent servir de base à la «notation du crédit», c'est-à-dire en développant un profil
de risque des consommateurs et la probabilité qu'ils puissent (ou souhaitent) rembourser des
prêts. De tels algorithmes de notation de crédit peuvent être utilisés pour appuyer les prêts à
court terme aux consommateurs.
Les utilisateurs de téléphones portables - presque tous les utilisateurs en prépayé - génèrent
des données sur les achats de crédits (montants, fréquence, régularité, soldes moyens). Les
utilisateurs de mobile money génèrent également des données sur les transferts, y compris
les montants, en tant qu’émetteur ou receveur, la fréquence, etc. ; les sources de mobile
money (achats en espèces, recettes d'autres utilisateurs, salaires, etc.) ; et l’utilisation chez
les commerçants et pour le paiement des factures.
Les algorithmes de notation de crédit sont de plus en plus largement utilisés dans les systèmes
de monnaie électronique. La grande quantité de données disponibles signifie que cette
notation de crédit peut devenir assez sophistiquée et peut également évoluer au fil du temps,
53
dans la mesure où l'expérience réelle de remboursement du crédit peut être corrélée avec les
entrées de données. Ceci peut révéler des informations importantes, par exemple, une
personne qui achète des crédits en quantité et fréquence régulières est susceptible d'avoir un
meilleur risque de crédit que celui qui achète du crédit plus irrégulièrement.
L'éligibilité au crédit peut être taillée sur mesure à des clients individuels, et cela évolue aussi
avec le temps ; par exemple, le remboursement à l’échéance d'un emprunt entraîne
normalement l'éligibilité à un montant plus élevé sur le prochain prêt.
Cette notation de crédit est automatisée et implique peu ou pas d’intervention humaine. Le
processus typique est qu'un client accède à un menu de prêt via son compte de mobile money,
trouve le montant du crédit pour lequel il est éligible et organise le prêt qui est
immédiatement crédité sur le compte de mobile money. Il est également informé du montant
qui devra être remboursé et de la date d'échéance. Lorsque le remboursement est dû, le
montant sera déduit du compte de mobile money, en supposant que le solde est suffisant.
L'automatisation du système signifie que les coûts sont faibles et que de très petits prêts
peuvent être fournis. M-Shwari, offert par Safaricom (M-Pesa) et la Banque commerciale
d'Afrique (ABC) au Kenya est un exemple de ce genre de système, qui offre des prêts d'un
mois allant de 1 à 1 000 USD. Ces petits prêts ne seraient tout simplement pas viables avec
d'autres processus manuels.
Les institutions impliquées dans ce type de microcrédit comprennent généralement un service
de mobile money (généralement un opérateur de réseau mobile), un fournisseur de crédit
(comme une banque ou un SFD) et un fournisseur de technologie financière (fintech). Le
service de mobile money fournit la plateforme et l'interface avec le client, et souvent le
marketing ; le fournisseur de crédit est la source de fonds pour les prêts, et le fintech fournit
l'algorithme de notation de crédit.
Une fois que l'emprunteur a reçu les fonds, ils peuvent être utilisés pour le paiement direct
par mobile money (par exemple, pour les frais de scolarité) ou, alternativement, retirés en
espèces.
Comme pour la plupart des microcrédits, ces microcrédits numériques ne sont pas sécurisés.
Lorsque le remboursement est dû, le système va automatiquement retirer l'argent du compte
de mobile money de l'emprunteur (ou du compte bancaire lié) à la date d'échéance. Si cela
échoue, le prêt pourrait être automatiquement prorogé, ou d'autres tentatives de
recouvrement peuvent être opérées. Le non-remboursement des emprunts à l’échéance
entraîne généralement d'autres frais et affecte également la notation de crédit du client, et
ainsi sa capacité à accéder à d'autres prêts. Si le recouvrement échoue complètement, le client
serait alors signalé à une centrale de risques, ce qui entraverait sa capacité à obtenir des prêts
d'autres fournisseurs de crédit.
En raison des pénalités pour non-remboursement (coûts financiers et accès restreint au crédit
futur), jusqu'à présent les taux de remboursement sur le microcrédit numérique ont été assez
bons ; M-Shwari, par exemple, rapporte un taux de prêts non productifs (NPL - Non Performing
Loans) de 2,2% à 60 jours. La sophistication croissante des algorithmes de crédit au fur et à
mesure qu'ils «apprennent» permet également de maintenir les taux de prêts non productifs
à un bas niveau.
Les éléments d'action proposés pour améliorer l’octroi de crédit sont présentés ci-dessous,
chacun avec une brève justification.
54
Tableau 8 : Éléments d’Action – Fourniture de crédit
Éléments d’Action Justification
Appuyer le développement du crédit via les téléphones cellulaires
Utiliser de grande bases de données «big data», des algorithmes de notation de crédit et des chaînes de distribution de téléphones portables et de mobile money pour fournir des crédits accessibles aux ménages à faible revenu et aux agriculteurs pour des investissements à petite échelle et la gestion des risques (par exemple, les coûts des soins de santé). Cela résulte généralement d'un partenariat entre un opérateur de mobile money (données), un établissement de crédit (banque ou SFD) et une société fintech (pour l'algorithme de notation de crédit). Le fonctionnement d’un tel system est meilleur lorsqu’il est relié à un bureau d’information sur le crédit.
Imposer l’utilisation du Bureau d’Information sur le Crédit (BIC) [M]
La centrale des risques CIB existe mais elle est peu utilisée. Les fournisseurs de crédit doivent être tenus de fournir des données de crédit et de faire des chèques de crédit avant de faire des prêts. Cela aidera à améliorer la qualité du crédit, à réduire les risques et les exigences de garanties pour couvrir le crédit. La conformité avec l’utilisation du BIC devrait faire partie des exigences de contrôle ou d’inspection pour les banques et les SFD. La connectivité pour le BIC devra être améliorée pour soutenir la communication des informations à temps réel.
Développer des règles appropriées de protection des données
S'assurer que l'utilisation des données du consommateur à des fins de crédit (BIC, notation de crédit) est protégée de manière appropriée
Réforme des exigences en matière de fonds propres pour les SFD [R]
Les SFD sont tenus de détenir des fonds propres équivalents à 15% des actifs. Pour les banques, l’exigence en capital à détenir est relative aux prêts (c.-à-d. actifs risqués). La modification de l'exigence en matière de fonds propres pour les SFD en les reliant aux prêts (plutôt qu'à tous les actifs) allégerait la contrainte en termes de fonds propres sur les SFD, qui constitue l'un des principaux obstacles à l'augmentation des prêts.
Renforcer les SFD par la consolidation
Le secteur des SFD est très fragmenté et caractérisé par une gestion faible, des petites institutions et le manque d'économies d'échelle. Des SFD plus importants surmonteraient plus facilement certains de ces problèmes et devraient être plus résilientes. La plupart des SFD sont des organisations mutuelles et ont tendance à résister à l'idée de fusion ou de consolidation. CAS-IMEC / FNFI devrait encourager la consolidation des SFD.
Promouvoir l'utilisation de la forme SA par les SFD
Les SFD peuvent être une coopérative (mutuelle) ou une Société Anonyme (SA). Cette dernière peut augmenter plus facilement de capital, et cette forme devrait être encouragée parmi les nouveaux SFD.
Améliorer la qualité des prêts des SFD et utiliser le mobile
Les SFD doivent accorder plus d'attention à la qualité du crédit, avec des règles plus strictes en matière de prêts et des efforts plus intenses pour recouvrer les remboursements. L'utilisation de mobile
55
Éléments d’Action Justification
money comme canal pour les remboursements de prêts
money comme canal de remboursement réduirait les coûts des recouvrements et fournirait également un mécanisme pour les rappels.
Réformer les produits / règles FNFI
Le FNFI fournit des fonds prêtables à des SFD sélectionnés pour qu’elles étendent le crédit aux groupes identifiés d'emprunteurs. Toutefois, le FNFI ne couvre qu'une faible proportion (5%) du risque de crédit, ce qui est bien inférieur à la proportion normale couverte par les systèmes de garantie de crédit. Aussi, les marges / honoraires perçus par les SFD sur les prêts financés par le FNFI en font une proposition peu attractive. De plus, la réglementation exige que les SFD disposent de fonds propres équivalent à 15% des actifs (y compris les prêts). Ainsi, s’engager dans des prêts financés par le FNFI exige également des SFD d’augmenter leurs fonds propres à hauteur de l’équivalent de 15% de la valeur des prêts. Les SFD sont lourdement contraints sur le plan capital (surtout celles qui sont mutuelles) et bon nombre ont du mal à respecter la réglementation. Le soutien du FNFI aux SFD est donc à revoir pour résoudre ces problèmes (marges faibles, faible proportion du risque de crédit souscrit et contraintes de capital)
Examiner les limites des taux d'intérêt bancaires / SFD
Les plafonds des taux de prêts peuvent sembler bénéficier aux consommateurs, mais peuvent entraîner une offre restreinte de crédit, ainsi que des banques et SFD plus faibles car elles ne peuvent pas facturer les risques et les coûts liés à l’octroi de crédit.
NB : (R) Réglementation. (M) Mise en œuvre.
6.3 Élargissement de l'Utilisation des Paiements (en particulier le Mobile Money) Les paiements sont un canal clé vers d'autres produits financiers (par exemple, paiement des
primes d'assurance, transferts d’argent, remboursement de prêts). Sous la forme de
transactions (pour l'achat de biens et services), ils sont largement utilisés. Au Togo, il y a une
forte dépendance vis-à-vis de la liquidité pour les transactions et les transferts d’argent, plutôt
que l’utilisation des moyens bancaires, SFD ou de Mobile Money.
Le mobile money offre la possibilité de transactions moins coûteuses et plus pratiques, mais
peine à décoller. En plus des avantages offerts pour les transactions individuelles, il offre
également l’alternative de nouveaux canaux de distribution des paiements gouvernementaux
(G2P), par exemple les pensions, subventions. Les données d'utilisation (par exemple MM,
crédit téléphonique) aident également à édifier des données financières pour débloquer
d'autres produits (par exemple, crédit).
Les éléments d'action proposés pour améliorer les services de paiement sont présentés ci-
dessous, chacun avec une brève justification.
Tableau 9 : Éléments d’Action : Paiements/Mobile Money
Éléments d’action Justification
Promouvoir une plus grande concurrence dans l'espace
L'espace ORM / MM a été lent à se développer. La présence d’un troisième opérateur bénéficierait au secteur en ce sens
56
Éléments d’action Justification
ORM / Mobile Money, peut-être en octroyant une licence à un troisième opérateur avec une présence internationale étendue
qu’elle permettra d’accélérer l’introduction des innovations et pourrait contribuer à une réduction des prix dans une perspective d’accroissement de la concurrence. Avec seulement deux opérateurs et un contrôle gouvernemental fort, les prix de la téléphonie mobile au Togo sont relativement élevés.
Utiliser pleinement le potentiel de mobile money et plus généralement les services financiers numériques, afin de réduire les coûts de prestation des services financiers et améliorer l'accès
L'accès aux services financiers est limité par les prix (qui peuvent être élevés pour les adultes à faible revenu) ; les coûts des transactions (qui compromettent la viabilité des produits de faible valeur) ; et des réseaux de distribution physique limités. Le mobile money peut aider à réduire les prix (par conséquent, améliorer l'accessibilité financière), améliorer la viabilité des produits destinés aux consommateurs à faible revenu, et surmonter les limites des réseaux physiques de distribution.
Envisager des façons d'utiliser les données ORM / MM pour lancer d'autres produits financiers (par exemple, les données pour la notation de crédit)
L'utilisation du service MM et ORM génère de grandes quantités de données sur les achats et l'utilisation de crédit, l'utilisation de mobile money, etc., ce qui contribue à édifier un bilan des transactions financières pour les particuliers et les PME.
Étendre les réseaux d'agents de Mobile Money et améliorer la disponibilité de la liquidité des agents
L'utilisation de Mobile Money reste dépendante des services d'envoi et de retrait fournis par les agents. Cependant, les réseaux d'agents sont limités, en particulier dans les zones rurales. Aussi, les agents doivent constamment rééquilibrer l’argent liquide disponible et l'argent électronique afin d’éviter le défaut de liquidité (qui les empêche de faire des transactions). Les approvisionneurs (en espèces et en monnaie électronique) sont nécessaires pour soutenir la disponibilité de la liquidité des agents.
Développer des services de paiement MM pour les achats de biens et services (par exemple dans les magasins de détail)
Le Mobile Money est principalement utilisé pour les transferts d'argent et de fonds, qui nécessitent des espèces pour effectuer les transactions (envoi / retrait) ou pour les paiements (l'achat de biens et services). Encourager l'utilisation de mobile money pour les paiements réduira la demande de liquidité (et les risques liés à l'utilisation d’espèces).
Développer des produits MM en partenariat avec les fournisseurs de crédit et les compagnies d'assurance
Le MM fournit un mécanisme de paiement peu coûteux qui peut rendre viables des produits qui, autrement, seraient limités par les coûts élevés des transactions (par exemple, les recouvrements fréquents de primes d'assurance de faible valeur ou les remboursements de prêts). La fourniture de tels produits aux clients à faible revenu via le MM pourrait être viable.
Améliorer la compréhension de l'argent mobile chez les adultes et les détaillants.
La résistance à l'utilisation de mobile money ou la préférence pour l’argent liquide est en partie due à une méconnaissance ou une compréhension insuffisante de ses avantages. Cela
57
Éléments d’action Justification
réduit l’expansion de l’utilisation des services de mobile money.
Restructurer le cadre réglementaire des télécommunications, pour éliminer les éventuels conflits d'intérêts [R]
L'octroi de licences de nouveaux ORM est géré par le Ministère des Postes et de l'Économie numérique, et non par le régulateur (ARTP). Mais le ministère est également le propriétaire d'un des ORM, Togocel. Il pourrait ainsi exister un conflit d'intérêts évident entre ces deux rôles. De ce fait l'introduction d'un troisième ORM signifierait un nouveau concurrent pour Togocel. Le deuxième opérateur privé Moov a fait face à des obstacles réglementaires en entrant en compétition avec Togocel. Conformément aux meilleures pratiques internationales, les décisions d'octroi de licences devraient être prises par le régulateur, ART&P, qui devrait être opérationnellement et institutionnellement indépendant du Gouvernement bien qu’exerçant une action d’utilité publique. Le ministère assure la régulation des tarifs de détail, ce qui pourrait paraitre également inapproprié. Le secteur des ORM bénéficiera de la concurrence et de l'innovation qui proviendraient de l'entrée d'un troisième opérateur.
Élaborer un protocole d’accord entre l’ART&P et la BCEAO sur la répartition des responsabilités de supervision [R]
L’ART&P réglemente les opérateurs de réseaux mobiles tandis que la BCEAO réglemente la fourniture de services de mobile money par les ORM. Il serait utile que la répartition des responsabilités réglementaires soit clarifiée par un protocole d'accord entre les deux régulateurs (conformément aux meilleures pratiques internationales).
S’assurer que les opérateurs non-ORM ont un accès facile aux codes USSD [R]
L'accès aux codes USSD est essentiel pour la fourniture de services financiers via la téléphonie mobile. Les ORM doivent être tenus de fournir un accès facile aux codes USSD pour les tierces parties, même si cela crée une concurrence pour les produits et services des ORM.
Permettre aux entreprises privées non bancaires de fournir des services de paiement
À l'heure actuelle, il n'y a que les banques, les SFD et les opérateurs de mobile money qui fournissent des services de paiement (avec la BCEAO). Les autres fournisseurs de services de paiements (par exemple, les opérateurs de transfert d'argent) doivent s'associer aux banques. Des dispositions légales devraient être prises afin que les autres acteurs puissent fournir des services de paiement et de commutation (switch) avec l’agrément de la BCEAO.
6.4. Faciliter l'Épargne dans les Institutions Formelles L’épargne est largement utilisée au Togo, mais elle dépend fortement des circuits informels.
Bien que les circuits informels paraissent convenables pour les épargnants, ils ne peuvent, le
plus souvent, pas être intermédiés ; ce qui signifie que les épargnes sont «gelées» et ne
peuvent être utilisées pour fournir des crédits aux emprunteurs, contrairement aux épargnes
réalisées dans les institutions financières formelles.
58
Il est souvent nécessaire pour les individus d’épargner formellement dans les banques et les
SFD pour pouvoir accéder au crédit. Un certain volume de dépôts épargné sur une période de
temps donné constitue dans la plupart des cas une condition préalable à l'obtention d'un prêt.
Il existe des risques de pertes pour les épargnants, même dans les banques et les SFD, compte
tenu de la situation financière précaire de certains établissements. Dans les zones rurales, les
groupes informels (tontines) sont largement utilisés, mais ils ne sont pas reliés aux institutions
formelles.
Les éléments d'action proposés pour améliorer l'épargne dans les établissements formels sont
présentés ci-dessous, chacun avec une brève justification.
Tableau 10 : Éléments d’Action : Épargne
Éléments d’action Justification
Encourager l'utilisation du mobile money comme produit d'épargne accessible
Cela élargirait la gamme de produits d'épargne disponibles pour la population, en particulier pour ceux qui n'ont pas accès aux succursales bancaires et aux SFD, et offrirait un produit formel à ceux qui doivent compter sur des réseaux informels.
Autoriser le mobile money à payer des intérêts sur les sommes épargnées [R]
Cela améliorerait l'attractivité du mobile money en tant que produit d'épargne.
Rendre opérationnel le nouveau régime d'assurance-dépôts UEMOA (pour les banques / SFD)
L'assurance-dépôts fournira une certaine protection aux épargnants dans les établissements de dépôt (banques et SFD), en cas d'effondrement. Cela aidera à améliorer la confiance en de telles institutions.
Renforcer les banques et SFD en appliquant les exigences en termes de fonds propres (pour réduire les risques pour les épargnants) [M]
Certaines banques et SFD courent un risque potentiel en raison d'un capital insuffisant, ce qui expose les épargnants / déposants à des pertes potentielles si les institutions financières venaient à s'effondrer. Cela explique également que dans le secteur bancaire, il y ait des réticences à faire des prêts entre banques, par peur des pertes potentielles, d'où l'inactivité du marché interbancaire. L'application des exigences en capitaux pourrait exiger la fermeture des institutions faibles ou leur fusion avec d'autres, si elles ne peuvent réunir le capital additionnel.
Améliorer la solidité des SFD en encourageant la consolidation et l'utilisation de la structure SA
Le secteur des SFD est fragmenté, et pourrait bénéficier d'institutions plus solides et plus importantes et d'économies d'échelle. L'un des obstacles à la consolidation est que la plupart des SFD sont des organisations mutualistes. Elles ont tendance à résister à la fusion/consolidation ou à la conversion en Sociétés Anonymes (SA), qui peuvent augmenter leur capital plus facilement.
Lier tontines au mobile money / aux SFD
Les groupes informels (tontines ou associations villageoises d'épargne et de prêt ) jouent un rôle important dans la mobilisation de l’épargne des ménages ruraux à faible revenu, ainsi que dans la fourniture de crédit. En reliant les tontines aux institutions financières formelles (telles que les SFD ou les banques) ou en utilisant le mobile money pour effectuer des paiements, des dépôts et des retraits, les fonds détenus par les
59
Éléments d’action Justification
tontines seront plus sûrs. Les membres des tontines auront aussi l'opportunité de développer un historique de transactions avec des institutions financières, ce qui permettrait un meilleur accès financier.
Aider les tontines à devenir semi-formels à travers l’utilisation de modèles de statuts et de manuels d’opération
Dans d’autres pays, des ONG ont développé des modèles de statuts et manuels d’opération pour les tontines, explicitant les structures, droits et devoirs etc. Les manuels d’opération aident à la standardisation des opérations et diminuent les risques de pertes que pourraient subir les membres.
Développer un programme d’éducation financière pour les tontines
Dans la mesure où les membres sont souvent des pauvres ruraux marginalisés, le niveau de connaissance financière est peut-être faible, et il peut être amélioré par des programmes appropriés (par exemple mettre l’accent sur les avantages de l’épargne et comment gérer le crédit)
Affecter la réglementation des activités de services financiers de La Poste à la BCEAO [R]
La Poste (la Poste du Togo) fournit un certain nombre de services financiers, tels que l'épargne, les prêts et le transfert d'argent. Si ces services sont fournis par des banques ou de grands SFD, ils relèvent de l'autorité de réglementation de la BCEAO. La Poste est cependant supervisée par le régulateur des communications, ART&P. Ceci pourrait créer des risques potentiels. Les activités bancaires de la Poste du Togo devraient donc être réglementées et supervisées par le régulateur bancaire.
6.5 Améliorer la Disponibilité en Financement Agricole L'agriculture a des besoins financiers spécialisés, par exemple le financement des cultures de
saison, à travers la chaîne de valeur. Elle est également soumise à des types particuliers de
chocs, comme la sécheresse. Les agriculteurs forment un grand groupe au Togo et l'agriculture
est le secteur ayant la plus grande part dans le PIB. Cependant, les agriculteurs sont mal
desservis financièrement, notamment en ce qui concerne l'accès au financement formel, bien
qu’ils aient des o revenus relativement plus élevés, en moyenne, par rapport aux autres
groupes cibles. Ceci montre qu'il existe là un marché potentiel pour l’accroissement de
l’inclusion financière. Toutefois, leurs besoins financiers étant à la fois spécifiques et
spécialisés, les agriculteurs attendent des types de services financiers particuliers qui soient
adaptés à leurs besoins, plutôt que des services bancaires standards.
Les éléments d'action proposés pour améliorer les financements agricoles sont présentés ci-
dessous, chacun avec une brève justification.
Tableau 11 : Éléments d’Action : Financement agricole
Éléments d'action Justification
Développer une assurance météo (sécheresse) dans un format approprié (d’une grande échelle à une petite échelle)
La sécheresse est le principal risque auquel sont confrontés les agriculteurs et la disponibilité d'un produit d'assurance pour gérer ce risque contribuerait à renforcer la sécurité financière des agriculteurs.
60
Éléments d'action Justification
Développer un financement spécialisé des cultures, par exemple en fonction des reçus de magasins et liées à l'assurance.
Les caractéristiques du crédit agricole sont différentes de la plupart des autres formes de crédit et exigent une conception spécialisée. Une option couramment utilisée ailleurs est d'étendre le crédit en fonction des reçus de magasins (les cultures stockées dans des entrepôts sécurisés peuvent assurer la sécurité du prêteur). La disponibilité de l'assurance agricole peut également réduire les risques pour les prêteurs.
Améliorer la couverture des réseaux mobiles / mobile money dans les zones rurales pour permettre la fourniture des services financiers mobiles
Les services financiers numériques devraient constituer un canal important pour la fourniture de services financiers peu coûteux aux agriculteurs et autres dans les zones rurales (épargne, prêts, assurances, paiements, subventions, etc.). Toutefois, cela requiert une couverture plus étendue des réseaux mobiles (en particulier des données) et des réseaux d'agents de mobile money.
Développer une infrastructure appropriée aux filières agricoles, comprenant les magasins de stockage et les facilités de transport
Ceci contribuera à réduire les pertes et à augmenter les revenus des agriculteurs.
Entreprendre une éducation financière pour les agriculteurs afin d'améliorer leur compréhension des services et des problèmes financiers
Les agriculteurs ont un faible niveau d'instruction et de compréhension financière, et utilisent peu les produits formels.
Utiliser le mobile money pour les paiements gouvernementaux aux agriculteurs
Ceci contribuera à réduire les coûts de transaction et à intégrer les agriculteurs dans le système financier formel
Plus généralement, digitaliser les paiements dans les filières pour réduire les coûts de transaction
Ceci contribuera à réduire les coûts de transaction et construire un historique de transactions financières qui pourrait être utilisé pour débloquer le crédit.
6.6 Développer les Infrastructures pour appuyer la Fourniture de Services Financiers Les infrastructures financières et non financières sont essentielles pour soutenir le
déploiement des services financiers dans les zones mal desservies. Cependant, les
infrastructures physiques (comme les succursales bancaires) sont souvent coûteuses et non
rentables dans les zones rurales à densité de population plus faible et avec des niveaux de
revenus plus bas, présentant ainsi de faibles opportunités d’affaires. De ce fait, la réflexion sur
l'extension des infrastructures devrait plutôt viser le déploiement de canaux et d'agences
électroniques (réseau d’agents) plutôt que de branches physiques. Dans certains cas, des
subventions ou l’aide de l’Etat peuvent être nécessaires.
61
En outre, l'utilisation limitée de la carte nationale d'identité universelle (CNI) rend plus difficile
la satisfaction des exigences KYC et la constitution d'enregistrements fiables en matière de
crédit. Si tous les adultes détenaient une CNI, avec un identifiant unique, cela deviendrait
beaucoup plus facile à satisfaire. Les autres infrastructures non financières telles que les
téléphones portables et les réseaux de données (pour les services financiers numériques) les
propriétés (foncières et immobilières) et l'enregistrement des propriétés (pour la garantie)
jouent également un rôle important dans le soutien à l'inclusion financière.
Les éléments d'action proposés pour améliorer les infrastructures financières et non
financières sont présentés ci-dessous, chacun avec une brève justification.
Tableau 12 : Éléments d’Action : Infrastructures
Éléments d'action Justification
Étendre la couverture du réseau ORM (voix / SMS / données) aux zones mal desservies, en utilisant les subventions du fonds établi à cette fin
Il existe des carences dans la couverture du réseau mobile qui le déploiement des services financiers numériques. Un fonds existe pour subventionner la fourniture de services mobiles dans des zones insuffisamment desservies, et il devrait être utilisé de manière active et efficiente.
Envisager la mise en place d’un réseau national d'infrastructures de surveillance météorologique (précipitations, température), utile pour étayer l'indice d'assurance météorologique pour les cultures.
L'assurance contre la sécheresse nécessite un système d'infrastructure de surveillance performant afin de suivre et observer la survenance de pertes liées au climat
Développer l'infrastructure agricole, en particulier pour le le stockage et le transport, afin de réduire les risques pour les fournisseurs de crédit.
Outre les pertes liées au climat, il existe des risques de pertes pendant le transport et le stockage. La gestion de ces risques est primordiale pour la fourniture de crédit. Les magasins fournissent également un stockage sécurisé qui peut constituer de base pour la garantie.
S'assurer que les fournisseurs de crédit peuvent accéder au Bureau d’Information sur le Crédit (via Internet)
Renforcer le reporting sur le crédit afin de permettre une meilleure gestion du risque de crédit
Entreprendre des efforts pour améliorer l’attribution de cartes nationales d'identité
Les cartes d'identité nationales universelles peuvent contribuer significativement à accroitre l'inclusion financière, en facilitant l'identification du client (pour la conformité KYC), l'ouverture de compte dans les institutions financières et le maintien d’informations correctes sur le crédit.
Développer des registres électroniques / en ligne pour les crédits fonciers, immobiliers et mobiliers afin de faciliter l'enregistrement
Le manque de registres électroniques des garanties et la dépendance vis-à-vis des enregistrements manuels rendent difficile la vérification de disponibilité des garanties pour l’octroi des prêts. Un registre en ligne rendrait ce processus beaucoup plus rapide et réduirait la marge d'erreur et de
62
Éléments d'action Justification
des garanties (pour le crédit) fraude.
6.7 Améliorer la Gestion des Risques pour les Clients Fiables De nombreuses personnes sont exposées à des dépenses de santé imprévues ou des chocs
agricoles (sécheresse), qui ont été identifiés comme les risques les plus courants auxquels les
adultes sont confrontés. De tels chocs peuvent accroitre le niveau de pauvreté (en raison de
dépenses supplémentaires ou de revenus réduits) si la capacité de gestion des risques est
faible ou si les ménages partent déjà d’une position financièrement difficile.
Il existe diverses manières de gérer les risques ; par le biais de produits d'assurance,
d’épargnes antérieures (qui fournissent une réserve financière qui peut être utilisée en cas
d'urgence) ou l'accès au crédit (en particulier, le crédit accessible dans une période de temps
très courte).
En dehors du groupe cible « Emploi formel » , il existe peu de personnes utilisant l'assurance
formelle. Cela est en partie dû à une insuffisance de compréhension des produits d’assurance
disponibles et un manque de sensibilisation à l'assurance. Il existe également une faiblesse
dans l’application des règles (par exemple, bien que l'assurance automobile soit obligatoire,
les véhicules ne sont souvent pas assurés pour la plupart). Par ailleurs, l’informel joue ici un
rôle important, en particulier les sociétés funéraires. A noter qu’il y a eu peu d'innovation dans
l'assurance, comme la micro-assurance et les liens avec d'autres fournisseurs de services
financiers.
Les éléments d'action proposés pour améliorer la capacité de gestion des risques sont
présentés ci-dessous, chacun avec une brève justification.
Tableau 13 : Éléments d’Action : Gestion des risques
Éléments d’action Justification
Développer des produits pour faire face aux principaux risques - santé et sécheresse
Les principaux risques auxquels sont confrontés les adultes togolais sont les risques liés à la santé et à la sécheresse. Toutefois, il n’existe pas de produit d’assurance spécialisé pour ces domaines. Les compagnies d'assurance doivent envisager de développer des produits appropriés.
Mettre l'accent sur les produits de micro-assurance, distribués via les réseaux mobiles
Il existe une disposition réglementaire pour la micro-assurance (avec une licence distincte) mais aucune licence de ce type n'a encore été délivrée. Les produits de micro-assurance (les valeurs assurées et les primes sont de faible valeur) conviennent particulièrement aux ménages à faible revenu, et devraient être développés par les compagnies d'assurance. L'utilisation du mobile money comme plateforme de paiement aiderait à surmonter le problème des coûts de recouvrement élevés des primes lorsque celles-ci sont de faible valeur et fréquentes.
Améliorer l'accès au crédit d'urgence
L'accès au crédit est un important outil de gestion des risques. L'utilisation de plateformes de mobile money pour un accès rapide au crédit facilitera cette tâche.
Développer des produits Il existe un large recours aux «assurances» informelles pour les
63
Éléments d’action Justification
d'assurance-funérailles / assurance-vie peu coûteux
dépenses funéraires par le biais des groupes de solidarité villageoise. Cela suggère que des produits formels similaires assortis de primes de faible valeur, payables via mobile money, pourraient être attrayants.
Appliquer les réglementations en matière d'assurance [M]
L'assurance obligatoire des véhicules est un important produit pour les compagnies d'assurance au Togo, mais la loi n'est pas efficacement appliquée, avec environ 40 à 50% des véhicules non assurés. L'application de cette loi permettrait de gérer plus efficacement les risques liés aux accidents, de renforcer la base financière des compagnies d'assurance et de soutenir ainsi le développement de nouveaux produits.
Collaborer avec les ORM / les fournisseurs de mobile money
Le mobile money est susceptible d'être le canal le plus efficace pour recouvrer des paiements de prime pour les produits d'assurance mobile (en raison de faibles coûts de transaction) et également un canal important pour la vente / commerce de produits, l'acceptation de réclamations et effectuer des paiements. Les compagnies d'assurance devraient collaborer avec des fournisseurs de mobile money pour développer des produits appropriés.
Développer des produits groupés (par exemple, une assurance maladie combinée avec crédit)
Le manque de compréhension de l'assurance rend les personnes réticentes à contracter directement une assurance. Si elle est groupée avec d'autres produits, cette résistance pourrait être surmontée.
Promouvoir l'éducation financière en matière d’assurance et de gestion des risques
Le manque de compréhension de l'assurance et de la gestion des risques peuvent exposer les ménages à des risques excessifs. L'éducation financière peut aider à fournir aux personnes l'information et la compréhension en vue d’une gestion des risques plus efficace.
Autoriser l'inscription électronique aux polices d'assurance [R]
La distribution de l'assurance via les téléphones cellulaires et le paiement via mobile money nécessitent l'inscription électronique aux polices d’assurances pour être légalement valides. Ceci est particulièrement important pour la micro-assurance.
6.8 Lacunes et Opportunités en matière de Réglementation La discussion ci-dessus identifie un certain nombre de lacunes et d'opportunités en matière
de réglementation, qui peuvent être considérées comme des questions transversales
touchant de nombreux aspects du secteur financier particulièrement en rapport avec
l'inclusion financière.
Certaines banques sont fragiles en raison d'un capital insuffisant, contribuant ainsi aux
risques dans le secteur bancaire, ce qui affecterait la confiance et la volonté d’utiliser les
banques. L’autorité de régulation bancaire (CBU) doit appliquer plus strictement la
réglementation bancaire et les exigences en termes de capital, afin d’augmenter la confiance
envers le secteur. L'application des exigences en capitaux, qui obligerait les institutions
fragiles à fermer ou à fusionner avec d'autres, diminueraient les risques du secteur financier.
La confiance sera également renforcée en mettant en place un régime d'assurance-dépôts.
64
Cela renforcera davantage l'application des exigences en capitaux, et ces deux mesures
protègeront les intérêts des clients (seule l'assurance-dépôts conduirait à une prise de risque
accrue par les banques - le problème de risque moral).
Les exigences en fonds propres pour les SFD semblent excessives et les désavantagent vis-à-
vis des banques. Alors que les banques ont un ratio d'adéquation des fonds propres de 8%,
pour les SFD, il est de 15%. Dans une certaine mesure, cela peut se justifier par la prise de
risques plus importants et la taille plus réduite des SFD par rapport aux banques, néanmoins,
cela augmente les coûts pour les SFD (le capital est cher) et entrave leur entrée en compétition
avec les banques. En plus, pour les banques, l'adéquation du capital est spécifiée par rapport
aux actifs pondérés en fonction des risques (certains actifs, comme les biens immobiliers, les
autres immobilisations et les prêts au gouvernement sont à risque zéro, et les autres prêts ont
un risque réduit s'il existe une garantie adéquate - cela est conforme aux exigences de fonds
propres de Bâle). Par contre, pour les SFD, l'adéquation des fonds propres est calculée par
rapport à l'actif total, ne tenant pas compte du caractère à risque de l'actif. Une réforme des
exigences en matière d'adéquation des fonds propres des SFD, calculée par exemple par
rapport aux prêts et avances, plutôt que par rapport aux actifs totaux, réduirait le désavantage
des SFD sur les banques.
Réforme de la supervision des SFD et renforcement de la capacité de la CAS-IMEC. La CAS-
IMEC a des capacités limitées pour superviser les SFD de manière efficace. Cela entraîne des
risques pour les membres du SFD et les déposants. Le retrait d’agrément des SFD est prise par
le Ministère de l'Économie et des Finances.
Il devrait être plus facile pour les SFD de se consolider. Le secteur des SFD est très fragmenté
et caractérisé par la mauvaise gestion, de petites institutions et l’absence d'économies
d'échelle. Faciliter la consolidation des SFD aiderait à résoudre ce problème. L'un des
obstacles vient de ce que la plupart des SFD sont des organisations mutualistes. Il leur est
difficile de réunir les exigences de fusion/consolidation ou de conversion en Société Anonyme
(SA), qui, elle, peut fusionner plus facilement. Bien qu'une partie du problème concerne aussi
la réticence de nombreux membres à consolider ou se convertir, une voie légale plus
permissive aiderait à encourager le processus. En outre, le régime fiscal décourage la
consolidation.
Réformer les dispositions réglementaires pour la délivrance de licences et la régulation du
secteur de la téléphonie mobile. Conformément aux meilleures pratiques, l'ART&P devrait
être le seul régulateur et fonctionner de manière totalement indépendante du Gouvernement.
Cela résoudrait les problèmes de conflit d'intérêts dans les dispositions actuelles et rendrait
l'environnement de la téléphonie mobile/mobile money plus attrayant pour l'investissement
du secteur privé.
Développer un Protocole d’accord entre l’ART&P et la BCEAO sur la répartition des
responsabilités de supervision. L’ART&P réglemente les opérateurs de réseaux mobiles tandis
que la BCEAO réglemente la fourniture de services de mobile money par les ORM. Il serait
utile de clarifier la répartition des responsabilités réglementaires par un protocole d'accord
entre les deux régulateurs (conformément aux meilleures pratiques internationales).
L'interdiction des paiements d'intérêts sur les dépôts de mobile money réduit la gamme de
produits d'épargne disponibles, en particulier pour les clients à faible revenu. Les comptes
de mobile money peuvent, en principe, fournir une facilité d'épargne pratique, accessible et
peu coûteuse, adaptée en particulier aux adultes non bancarisés et qui ne sont pas clients des
SFD, notamment en zones rurales, où l'accès au financement est réduit. Permettre aux
opérateurs de mobile money de payer des intérêts sur les dépôts d'épargne permettrait
65
d'accroître l'attrait de ces comptes pour les ménages à faible revenu et d'augmenter la gamme
des options d'épargne qui leur sont offertes. Il fournirait également un produit formel pour
ceux qui ne peuvent compter que sur des canaux informels. Cette proposition pourrait faire
l’objet une étude conjointe et plus approfondie de la BCEAO et de l’ART&P afin d’en mesurer
tous les contours au vu la nature du service.
Réglementation des taux d'intérêt : l'imposition de taux d'intérêt et de plafonnement rend
difficile pour les banques et les SFD d’établir un prix de crédit correct, en tenant compte des
coûts de fourniture de crédit et des risques associés. Les SFD en particulier devraient pouvoir
pratiquer des taux d'intérêt plus élevés. Le plafonnement des taux d'intérêt ne devrait pas
s'appliquer au microcrédit où les coûts sont particulièrement élevés.
Transférer la réglementation des activités de services financiers de la Société des Postes du
Togo à la BCEAO. La Poste du Togo fournit un certain nombre de services financiers, y compris
l’épargne, les prêts et le transfert d'argent. Lorsque ces services sont fournis par des banques
ou de grands SFD, ils relèvent de l'autorité de réglementation de la BCEAO. L’activité de la
Poste du Togo quant à elle relève du régulateur des communications, l’ART&P. Les fonctions
bancaires de la Poste du Togo devraient être réglementées et supervisées par l’organe de
régulation bancaire.
Élaborer des règles appropriées de protection des données. À l'avenir, il est probable d'avoir
une plus grande utilisation des données sur les consommateurs individuels. Cela inclura
l'enregistrement des activités de crédit au niveau du Bureau d’Information sur le Crédit et
potentiellement l'utilisation d'informations sur le crédit et l'utilisation de mobile money pour
la notation de crédit. Des garanties devraient être mises en place pour s'assurer que
l'utilisation des données à ces fins est protégée de manière appropriée.
Appliquer les réglementations en matière d’assurances. L'obligation d'assurance véhicule
n'est pas appliquée, réduisant ainsi le marché des produits d'assurance. En outre, les
exigences de déclaration des compagnies d'assurance ne sont pas appliquées, entraînant une
insuffisance d'informations sur le secteur et une mauvaise surveillance et supervision.
Autoriser l'inscription électronique pour les polices d'assurance. La distribution de
l'assurance via les téléphones cellulaires et le paiement via mobile money nécessitent
l'inscription électronique des polices pour être légalement valides. Ceci est particulièrement
important pour la micro-assurance.
S'assurer que les opérateurs non-ORM ont un accès facile aux codes USSD. L'accès aux codes
USSD est essentiel pour l’octroi de services financiers via la téléphonie mobile. Les ORM
doivent être tenus de fournir un accès facile aux codes USSD pour les tiers (Fintech et SFD et
autres institutions financières), même si cela crée une concurrence entre les nouveaux
produits développés et les services des ORM.
Envisager de permettre aux fournisseurs de services de paiement du secteur privé d'être
agréés directement. À l'heure actuelle, les banques, les SFD et les OMM seuls fournissent des
services de paiement (avec la BCEAO). Les autres fournisseurs de services de paiements
(comme les opérateurs de transfert d'argent) doivent s'associer aux banques. Des dispositions
légales devraient permettre au secteur de fournir des services de paiement et commutation
(switching) sous licence de la BCEAO.
6.9 Questions transversales et impacts
Les discussions sur les lacunes et opportunités ci-dessus se concentrent sur l’amélioration de
la fourniture de services et produits financiers, à travers l’innovation, l’amélioration des
66
infrastructures, et la réforme réglementaire, afin de combler les lacunes identifiées entre
l’offre et la demande des divers groupes cibles. Dans cette section nous nous penchons sur
les impacts que pourraient avoir certaines des interventions proposées sur des groupes
prioritaires identifiés, d’un point de vue national. Parmi ces groupes figurent les MPME (micro,
petites et moyennes entreprises), les jeunes et les femmes, et le secteur informel.
De nombreux éléments d’action indiqués ci-dessus sont conçus pour réduire le coût des
services financiers et améliorer l’accès (en particulier pour les produits formels). Par définition,
ils bénéficieront à ceux qui sont marginalisés et/ou exclus du système formel. L’approche MAP
consiste à identifier et à plaider en faveur de réformes qui amélioreront l’accès et la fourniture
de produits et services financiers afin de satisfaire les besoins de ceux qui sont exclus, plutôt
que la fourniture de produits particuliers à des groupes particuliers uniquement. Dans cette
optique, améliorer l’accès au mobile money en augmentant la couverture du territoire avec
l’appui de réseaux d’agents fournira un accès amélioré à ceux vivant en milieu rural (qui sont
majoritairement des femmes et des pauvres) ; améliorer la disponibilité de produits financiers
agricoles bénéficiera aux agriculteurs (majoritairement des femmes) ; élargie l’accès au micro-
crédit au moyen du mobile money aidera les PME formelles et informelles. Nous illustrons ci-
dessous la manière dont les éléments d’action recommandés auront un impact sur les groupes
prioritaires.
Autonomisation des femmes: les femmes sont représentées de manière disproportionnée
dans des groupes cibles particuliers (personnes à charge, agriculteurs, PMEs informelles) de
sorte que les mesures visant à satisfaire les besoins de ces groupes cibles vont bénéficier aux
femmes. De manière similaire, les femmes dépendent plus que les hommes des services
financiers informels. Par conséquent, des mesures visant à améliorer l’accès formel
bénéficieront particulièrement aux femmes :
• L’accès aux produits de la micro-assurance (surtout pour la santé);
• Accès aux crédits d’urgence, y compris par le biais de téléphones cellulaires / mobile
money;
• L’augmentation de la couverture du téléphone portable et du réseau de données;
• L’expansion de la présence des agents de mobile money au-delà des grands centres
urbains;
• L’autorisation de paiement d’intérêts sur les soldes de comptes de mobile money et
utilisation du mobile money comme un produit d’épargne accessible;
• Les programmes d’éducation financière.
MPME : les mesures visant à améliorer l’accès au crédit aideront les MPME autant que les
mesures visant à améliorer l’efficacité du système de paiement. Les mesures suivantes sont
d’importance particulière:
• L’amélioration du fonctionnement du Bureau d’Information sur le Crédit (BIC) et du
système d’assurance-dépôt;
• Le renforcement des SFD (en tant que fournisseurs de crédit aux MPME), permettant
d’augmenter l’accès des SFD au refinancement bancaire et de réduire les contraintes
sur le crédit;
• La réforme des opérations du FNFI (afin de permettre une livraison plus efficace de
systèmes de crédit ciblés);
• L’amélioration de la stabilité des banques en faisant appliquer les exigences en
capital (afin d’améliorer la disponibilité du crédit).
Jeunes: les jeunes ont un accès particulièrement large aux téléphones cellulaires et le
développement de services financiers numériques par le canal du téléphone cellulaire leur
67
sera particulièrement bénéfique. Les mesures suivantes sont d’importance particulière:
• La concurrence accrue dans le secteur de la téléphonie pour réduire les coûts et
améliorer la disponibilité du produit par les ORM et fournisseurs de mobile money;
• Le développement de produits groupés (par exemple assurance vendu avec le crédit
téléphonique);
• L’ augmentation de la couverture du téléphone portable et du réseau de données;
• L’autorisation de paiement d’intérêts sur les soldes de comptes de mobile money et
l’utilisation du mobile money comme un produit d’épargne accessible;
• L’accès au micro-crédit par le biais de plateformes de mobile money.
Secteur informel: l’utilisation de produits et services financiers informels au Togo est élevée,
y compris les tontines (groupe d’épargne et crédit villageois), les fournisseurs de crédit
informel (comme les magasins de détail) et les systèmes d’assurance informelle. Les
fournisseurs informels comblent d’importantes carences en fourniture de services financiers
et les clients les choisissent souvent en complément des fournisseurs formels, lorsqu’ils ont
accès aux deux. Les principaux défis à relever au bénéfice des fournisseurs de services
financiers sont de (i) leur fournir davantage de structure et de (ii) leur permettre d’établir des
liens avec les institutions financières formelles. Les mesures suivantes vont y contribuer:
• L’établissement de liens entre les tontines et les SFD (afin de permettre le dépôt des
fonds et leur conservation en sureté);
• La fourniture d’un statut semi-formel aux tontines, les ONG apportant leur assistance
dans la fourniture de statuts modèles, éducation financière etc. ;
• Le développement du réseau de mobile money (par exemple les réseaux d’agents)
afin de permettre aux tontines de déposer et retirer des fonds au moyen du mobile
money ;
• L’autorisation de paiement d’intérêts sur les soldes de compte mobile money et
encourager l’utilisation du mobile money comme un produit d’épargne accessible.
68
7. Note Complémentaire 1. Segmenter le Marché : Groupes Cibles
7.1 Introduction Les différents types de consommateurs ont des comportements et des besoins différents en
matière de services financiers, ce qui aboutit à différents résultats économiques réels. Par
conséquent, des approches politiques systématiquement différentes doivent être adoptées.
Le MAP génère des données qui permettent la désagrégation de la population adulte en
segments distincts et sous-segments avec différents profils, besoins, comportements et
utilisation des services financiers. La compréhension des fonctionnalités partagées et des
différences entre les marchés cibles permet une compréhension plus détaillée des besoins en
services financiers des différents segments. Lorsque l'analyse ciblée au niveau du marché est
superposée à l'image de l'offre, une image multidimensionnelle est créée pour aider les
décideurs politiques à formuler une feuille de route ciblée sur les priorités financières
permettant d’atteindre les principaux objectifs sectoriels et nationaux. Les analyses MAP
montrent que la segmentation par rapport aux principales sources de revenus sont bel et bien
en ligne avec le revenu potentiel, le mode de vie et les besoins en services financiers.
Cette sous-section se concentre ainsi sur la dynamique liée à l'adoption et à l'utilisation des
services financiers par les différents marchés cibles, sectionnée par des paramètres
économiques, notamment les revenus20. La source principale de revenu mesure le niveau et
la régularité du revenu, tous les deux constituant des indicateurs clés pour déterminer si une
personne satisfait aux exigences pour être un client de service financier viable. Les segments
de marché sont des groupes de personnes différents les uns des autres, ayant des
caractéristiques communes, dont des caractéristiques géographiques et démographiques,
pouvant former un marché cible commun pour les institutions financières.
Encadré 4 : Constitution de Groupes de Marché Cible
Les marchés cibles ont été principalement définis en fonction de la source principale de
revenu d'un adulte. FinScope a enregistré un large éventail de sources de revenus, comme
indiqué dans la première colonne du tableau ci-dessous. Chaque groupe ainsi défini a
ensuite été considéré en fonction de caractéristiques clés telles que la démographie, le
niveau de revenu et l'accès financier. Les 18 sources de revenus définies ont ensuite été
regroupées en cinq grands groupes cibles, qui étaient semblables par rapport à ces
caractéristiques clés et à la nature de leur source principale de revenu.
Source de revenu identifiée Grand groupe cible et nombre d'adultes inclus
Travailleurs indépendants - entreprise enregistrée. Pension ou rentes. Salaire / rémunération du gouvernement. Salaire / rémunération d'une entreprise privée.
Emploi formel (revenu régulier) : 382 618 adultes - 9,3%.
Salaire / rémunération individuelle Emploi informel : 205 466 adultes -
20 La segmentation du marché ciblé se concentre uniquement sur la principale source de revenu et ne tient pas compte des sources de revenus supplémentaires qu'un adulte peut avoir.
69
Travail à temps partiel. 5,0%.
Revenu d’activité agricole ou du commerce de produits agricoles. Vente et collecte de produits naturels. Salaire / rémunération d'une exploitation agricole (travailleur agricole).
Agriculture : 1 192 142 adultes - 29,1%.
Travailleur indépendant - commerce informel. Fabrication d’articles commerciaux.
PME informelles : 1 155 162 adultes - 28,2%.
Argent provenant de personnes extérieures au ménage. Argent provenant d'un parent. Pension alimentaire.
Personnes à charge : 937 479 adultes - 22,9%.
Loyers (terrains / biens). Autres (non spécifiés). Intérêts des prêts. Aucun revenu.
Autres : 229 490 adultes - 6,6%.
En considérant ces groupes cibles, quelques points clés sont à noter :
Employés formels : comprennent tous les groupes qui ont un revenu régulier et formel, ce
sont principalement les employés des entreprises publiques ou privées. Les travailleurs du
secteur formel indépendants (dans les entreprises enregistrées) et ceux qui reçoivent des
pensions formelles sont inclus dans ce groupe, car ils ont aussi des revenus élevés et un
accès généralement semblable aux services financiers (relativement élevé).
Les agriculteurs : comprennent tous ceux dont le revenu provient en premier des activités
agricoles, que ce soit à partir d'une ferme, du commerce de produits agricoles, de l'emploi
agricole ou de la vente de produits collectés dans la nature (ces deux dernières catégories
étaient relativement faibles). il s’agit du plus grand groupe.
Ne reçoit pas d'argent : un grand groupe d'adultes (environ 24%) a déclaré qu'il ne reçoit
pas d'argent. On peut croire que cela puisse prêter à confusion, car la plupart des gens
reçoivent un certain niveau de revenu, en espèces ou en nature. Aussi a-t-on interrogé le
groupe «pas de revenu» d'une manière plus approfondie, afin de déterminer si d'autres
réponses pouvaient laisser entrevoir une quelconque source de revenus.
L'attention a porté sur les réponses suivantes :
o L'élevage domestique pour la vente (B11d)
o Activité génératrice de revenus personnels (C7d)
o Argent pour les dépenses - provenant de la famille et des amis (C12)
o Argent reçu de l'intérieur du Togo (F8) ou de l'extérieur de Togo (F9A)
Le reclassement suivant a ensuite été effectué pour ceux qui ont déclaré "Ne pas recevoir
d'argent" :
o Personne à charge : Argent pour les dépenses provenant de la famille et
des amis, ou argent reçu de l'intérieur ou de l'extérieur du Togo
o PME informelle : activité génératrice de revenus personnels
o Agriculture : le ménage pratique l'agriculture pour vendre
Ceci a conduit à un reclassement de la plupart de ce groupe en tant que Personnes à charge,
un petit nombre reclassé comme PME ou agriculteurs informels. En conséquence, le groupe
70
"Ne reçoit pas d'argent" : a été réduit de 23,7% de la population adulte à 4,2%.
Personnes à charge : ce groupe était initialement très petit, formé par ceux qui avaient
explicitement déclaré qu'ils recevaient de l’argent par transfert en provenance de parents
ou une pension d’un(e) ex époux(se). La plupart des personnes à charge ont été reclassées
comme décrit ci-dessus, ceux-ci ayant donc déclaré un niveau de revenu zéro.
Autres : ce groupe comprend une gamme de sources de revenus (ou pas de revenus) qui ne
correspondent pas parfaitement à aucun autre groupe. Ce groupe est relativement petit et
n'est pas inclus dans l'analyse du groupe cible.
Le schéma ci-dessous montre la taille de chaque segment et répartit les différents segments
en fonction de leur répartition géographique et de revenu :
• Le plus grand groupe est celui des agriculteurs, qui sont principalement dans les zones
rurales. Cela peut paraitre surprenant, mais ce groupe a le deuxième revenu moyen
(médian) le plus élevé.
• Les PME informelles forment le deuxième groupe le plus important ; plus de 50% de
ce groupe vit en milieu urbain et a un revenu relativement faible.
• Les Personnes à charge sont le troisième groupe le plus important, et plus de la moitié
d'entre eux vivent en milieu rural. Leur revenu moyen est faible, même pour ceux qui
déclarent des revenus (la plupart ne le font pas).
• Les trois groupes ci-dessus constituent 80% des adultes, les 20% restants sont répartis
entre les employés formels, les employés informels et les «autres». Les employés
formels ont le revenu moyen le plus élevé et sont principalement urbains, tandis que
les salariés informels ont des revenus beaucoup plus faibles et se répartissent presque
uniformément entre les villes et les zones rurales.
Figure 39 : Marchés cibles selon la taille, la localisation et le revenu moyen
Source : FinScope 2016
Employés formels
Dépendants
Agriculture
PME informelles
Employés informels
0%
20%
40%
60%
80%
100%
120%
0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000 70 000
% d
u g
rou
pe
viv
an
t e
n m
ilie
u r
ura
l
Revenu mensuel personnel moyen du groupe (CFA)
Taille de la bulle = Taille de la groupe
71
Figure 40 : Accès au financement par marché cible
Source : FinScope 2016
Le groupe des Employés Formels a de loin le niveau d'inclusion financière le plus élevé (88%).
Ils sont en majorité bancarisés (61%), en raison de leurs revenus stables et relativement élevés.
Viennent ensuite les employés des PME informelles, dont le niveau d'inclusion financière est
légèrement supérieur à la moyenne, principalement grâce à l'accès aux SFD, même si leur
niveau de revenu moyen n'est pas très élevé. Ils sont suivis de près par les Employés Informels.
Le groupe des Agriculteurs a une inclusion financière plus faible et le plus bas niveau d'accès
aux services bancaires (9%), bien qu'ils utilisent le plus largement les services financiers
informels. Les Personnes à charge forment le groupe le moins inclus financièrement (38%).
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Dépendants
Agriculture
Employés formels
Employés informels
PME informelles
Total
Bancarisé Autre formel Informel Exclus
72
Figure 41 : Synthèse des caractéristiques par groupe cible
Source : FinScope 2016
22,9%
29,1%
9,3%
5,0%
28,2%
17 500
40 000
58 000
17 500 17 500
-
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
Dépendants Agriculture Employés formels
Employés informels
PME informelles
Bancarisé
Autre formel
Famille, amis, ou auto
Revenu mensuelmoyen de la population adulte: CFA25k
4.1million d'adultes au Togo
58% des adultes sont rurales
70% des adultes utilisent un portable
Légende:
Exclus
% de la population
Revenumoyen (médian) par marché cible
4.8milli
on d'
adultes
5.4million
d'adultes
1.8million
1.9million
1.1million
0.38million
d'adultes
0.94million d'
adultes
1.19mn adults
0.21million
1.12million d'
55% 58%94% 80% 82%
60%92%
18%45% 43%
59% 52% 38% 41%65%
55% des adultes sont femmes
46% des adultes ont un enseignementsecondaire 57%
25%78% 54% 45%
1.19million
Accès 10,… 17
,…9,4…0
62,…
9,1… 22
,…
25,…
0
42,…
61,…
24,…
1,9…0
11,…
14,…
32,…17
,…
0
35,…
17,…
36,…
12,…
0
33,…
Assurance 05,6…
4,8…0
89,…
02,4…
21,…
0
76,…
040,…
3,1…0
56,…
04,8…
8,5…0
86,…
04,9…
11,…0
83,…
0,1…
3,7…
7,4…0
88,…
Crédit 0,5…
12,…
23,…
063,…
9,6…
7,4…
16,…0
66,…
1,4…
7,6… 21
,…069
,…
1 11
18
070
Épargne 1,7…
4,0…
7,1…7,
1…
79,…
2,0…
10,…
24,…
10,…
52,…
25,…
27,…
6,1…
3,9…
36,…
3,2…
16,…
17,…
10,…
52,…
5,6… 24
,…
13,…7,
6…
48,…
1,6…
4,6…
3,4…
9,1…
81,…
Paiements2,3…
6,1…
2,2…
9,3…
79,…
6,1…
14,…2,
5…19,…
57,…
4,6…
8,0…
4,2…14
,…68,…
3,1…
7,9…
1,6…12
,…
74,…
Informel
73
Ci-dessous, chaque segment est analysé plus en détail pour en tirer les conclusions sur les
besoins de services financiers clés.
7.2 Emploi Formel Cette section analyse le Groupe ayant un Revenu Formel (employés formels). Ce segment est
composé d'adultes ayant un salaire mensuel régulier, y compris ceux employés dans le secteur
privé et le secteur public, les travailleurs indépendants dans le secteur formel et ceux qui
vivent des pensions et des rentes. Ce groupe est relativement petit et représente 9,3% de la
population adulte du Togo.
Figure 42 : Indicateurs clés du groupe « emploi formel »
Urbain, masculin, bien éduqué et à revenu élevé. La majorité du Groupe ayant un Emploi
Formel (81,5%) réside dans les zones urbaines. Ils sont plus âgés que la moyenne des adultes
togolais (50% ont plus de 35 ans) et sont bien éduqués (19% ont un niveau de formation post-
secondaire, c’est-à-dire une formation universitaire ou technique, et 78% ont au moins suivi
l’ enseignement secondaire). Ce segment est également dominé par les hommes (62%) et a le
revenu moyen (médian) le plus élevé, 55000 CFA par mois.
Figure 43 : Volet d’accès« emploi formel »
Source : FinScope, 2016
Ce groupe est majoritairement financièrement inclus, 12% seulement des adultes sont exclus
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Accès
Crédit
Paiements
Épargne
Assurance
TransactionsBancarisé
Autre formel
Informel
Famille / Amis
Exclus
74
financièrement. Bien plus de la moitié (61%) de ce segment est bancarisée, avec 25% utilisant
les services financiers "autres formels (uniquement)" (principalement des SFD) et une faible
adoption de 2% des services financiers informels (uniquement).
Le Groupe ayant un Emploi Formel a un taux d’adoption des comptes d'épargne formels élevé
(54%) et un taux d’adoption de l'assurance modéré (40%). Malgré leur revenu régulier, ils ont
un faible taux d'adoption du crédit formel (17%). Il faut y ajouter les 16% d’adultes qui font
appel au crédit informel. La majorité des adultes de ce groupe (57%) ne font pas de transfert
d’argent. Presque la totalité de ce groupe (94%) a accès à un téléphone portable.
Besoins Clés en Services Financiers : Groupe « Emploi Formel ».
La plupart des personnes du Groupe ayant un Emploi Formel sont incluses financièrement ;
seulement 12% sont exclues. Par conséquent, ce groupe ne devrait pas constituer une
priorité de l'inclusion financière. Il existe cependant une opportunité pour augmenter les
services formels de crédit, car une grande proportion (83%) n'emprunte pas auprès de
sources formelles. Plusieurs moyens technologiques existent pour améliorer le processus
de prêt tant pour le prêteur que pour l'emprunteur en adoptant des solutions de prêt
numérique pour simplifier le processus. La Figure 44 montre également qu'un pourcentage
élevé (57%) des adultes ayant un emploi formel n’a pas d’assurance. Les technologies
mobiles et numériques peuvent être utilisées pour améliorer l'accès aux systèmes
d'assurance. Une meilleure application des lois existantes (par exemple, pour l'assurance
automobile aux tiers) aiderait à augmenter l'adoption. Bien que le niveau d'épargne soit
élevé, les adultes ayant un emploi formel pourraient bénéficier de l'accès aux produits
d'assurance à plus long terme. Il existe également des possibilités d'encourager l'utilisation
de produits multiples (c.-à-d. en étendant la portée de l'utilisation).
7.3 PME Informelles Cette section analyse le segment des PME Informelles. Ce segment est constitué par les
adultes employés indépendants (informels) et les commerçants de biens et services non
agricoles. Il constitue 28,2% de la population adulte du Togo, ce qui en fait le deuxième groupe
après celui de l'agriculture. Leur revenu moyen (médian) est relativement faible, 17 500 CFA
par mois.
Figure 44 : Indicateurs clés « PME informelles »
75
Urbain et féminin. Environ 57% de la population de ce segment vit en zones urbaines. Ce
groupe est principalement féminin (65%), 3% seulement ont fait des études et formations post
secondaires ; environ 45% ont suivi un enseignement secondaire ou plus, équivalant environ
à la moyenne nationale. L'accès aux téléphones cellulaires est élevé, 82%.
Figure 45 : Volet d’accès« PME Informelles »
Source : FinScope, 2016
Assez bien servi financièrement. Ce segment de marché est également modérément servi
financièrement, seuls 33% sont exclus financièrement. Environ 18% du segment est bancarisé,
avec "autre formel" (uniquement) à 37%. Ce segment a également un faible taux d’adoption
des services financiers informels (12%) mais utilise fortement les sources informelles pour le
crédit.
Faible utilisation de l'assurance. Les propriétaires de PME informelles sont généralement
exclus financièrement en matière d'assurance (84%). En raison de la nature irrégulière et
instable du revenu de ce groupe, il a un faible taux d’adoption du crédit formel (12%). Dans ce
groupe, 19% des adultes utilisent un crédit informel et presque tous n'ont pas d'autres sources
de crédit. Il est important de noter que près de la moitié (49%) de ce segment n'épargne pas.
Seulement un quart environ de ce groupe transfère de l’argent, et ce surtout par soi-même
ou par l'entremise d'amis ou d'un membre de la famille.
Besoins Clés en Services Financiers : PME Informelles
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Accès
Crédit
Paiements
Épargne
Assurance
Transactions Bancarisé
Autre formel
Informel
Famille / Amis
Exclus
76
Ce groupe effectue généralement des transactions en liquidité. Les membres de ce groupe
font face à des risques élevés, leurs revenus peuvent être irréguliers ou peu fiables, et très
faibles. Ils ont donc besoin d’utiliser des épargnes rentables et à moindre coût pour lisser
la consommation. Des produits de paiement et de transfert d’argent peu coûteux et fiables
peuvent aider pour le commerce. Un meilleur accès au petit crédit pourrait les aider à
développer leurs activités commerciales.
7.4 Emploi Informel Ce segment est constitué par les adultes ayant des emplois faiblement rémunérés, c'est-à-dire
travailleurs manuels ou occasionnels, et les employés des particuliers.
Figure 46 : Indicateurs clés « emploi informel »
Urbain, jeune, homme et à faible revenu. Ce groupe est le plus petit groupe économique par
le nombre (5% des adultes). Il est parmi les groupes ayant les plus bas revenus (17 500 CFA)
et vit généralement en zone urbaine (55%). Ce segment est relativement jeune, 72% ont moins
de 35 ans, et est dominé par les hommes (59%). Le groupe des travailleurs informels a un
faible niveau de formation ou éducation post secondaire (4%), bien que 54% aient suivi
l’enseignement secondaire ou plus, soit au-dessus de la moyenne nationale. 80% ont accès
aux téléphones cellulaires.
Figure 47 : Volet d’accès « emploi informel »
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Accès
Crédit
Paiements
Épargne
Assurance
Transactions Bancarisé
Autre formel
Informel
Famille / Amis
Exclus
77
Source : FinScope, 2016
Ce segment a un faible accès aux services bancaires (14%) ; un accès modéré aux services
formels (33%) ; 36% de ce segment sont financièrement exclus. Ceci est prévisible compte
tenu de la nature instable des emplois et des revenus faibles et irréguliers. Le groupe des
Employés Informels est le deuxième plus grand utilisateur de services de crédit et d'épargne
informels après les agriculteurs. Il utilise peu les services de crédit et d'assurance, avec des
taux d'exclusion de 54% et 87% respectivement. Le crédit provient généralement des
prestataires informels, des amis et des membres de la famille.
78
Besoins Clés en Services Financiers : Employés Informels
Ce segment devrait être la priorité en matière d'inclusion financière pour tous les services.
Il s’appuie principalement sur l’usage d’espèces. Ce segment a un accès limité au crédit
puisque 54% ne sont pas emprunteurs et il fait peu appel au crédit formel. Il existe une
opportunité d'améliorer la prestation de ces services à ce groupe, principalement en offrant
des produits appropriés de crédit formel, par exemple le crédit à court terme via les services
mobiles. En outre, il existe une grande marge de manœuvre pour transformer les épargnes
informelles en épargnes formelles. Le fait que ce segment soit plus urbain avec un large
accès aux téléphones cellulaires constitue une opportunité pour un accès aux services
financiers formels par le biais de méthodes innovantes.
7.5 Agriculteurs Ce segment est constitué d’adultes dont les revenus proviennent principalement d'activités
agricoles, de la vente de bétail ou d'autres produits agricoles, d'activités commerciales
agricoles ou de travaux agricoles. Certains agriculteurs tirent des revenus importants de leurs
activités agricoles. L'agriculture évolue de plus en plus de l'agriculture de subsistance vers
l'agriculture commerciale (ou partiellement commerciale), les besoins financiers des
agriculteurs deviennent ainsi de plus en plus importants.
Figure 48 : Indicateurs clés « agriculteurs »
Rural, peu instruit mais avec des revenus décents. Ce groupe constitue la plus grande partie
de la population adulte totale (29,1%). Seulement un quart (25%) de ce groupe a atteint au
plus l'enseignement secondaire et près de la moitié (45%) n'ont jamais été à l'école. C’est aussi
le groupe de personnes les plus âgées, 52% ayant plus de 35 ans. En outre, 92% de ce segment
vit en zone rurale et environ la moitié du groupe est constituée par des femmes (52%). Ce
groupe a également le 2ème revenu moyen (médian) le plus élevé (40 000 CFA). La majorité
(58%) a accès aux téléphones cellulaires, bien que ce soit inférieur à la moyenne nationale.
79
Figure 49 : Volet d’accès « agriculteurs »
Source : FinScope, 2016
Faible accès aux financements. Seulement 9% des adultes du secteur agricole sont bancarisés,
23% desservis par d'autres services formels. L'exclusion financière est relativement élevée,
(43%). Le taux d’adoption de services financiers informels uniquement est relativement élevé
pour ce groupe, (25%).
La plus grande partie de l’épargne effectuée par ce segment est assurée par des services
informels (25%). Ce groupe ne contracte pas beaucoup d'assurance - peut-être parce que
l’assurance agricole est limitée, telle que l'assurance-crédit agricole liée au climat. La plupart
des agriculteurs n'ont pas accès au crédit formel, et surtout, la plupart des agriculteurs
n'utilisent pas de crédit du tout. Il est ainsi évident que le taux de participation des agriculteurs
sur le marché des transferts d’argent est faible (20%) par rapport aux autres marchés cibles.
Besoins Clés en Services Financiers : Agriculture
Comme pour l'emploi informel, la majorité des services financiers utilisés par les
agriculteurs reposent sur des mécanismes informels.
Certains membres de ce groupe ont la potentialité de passer à l'agriculture commerciale
avec un appui approprié ; il leur faut disposer d’un accès au financement pour l'agriculture
saisonnière et pour le financement des chaines de valeurs / filières. Les agriculteurs à
revenu élevé ont également besoin de produits d'épargne à plus long terme pour
l'accumulation de capitaux et la retraite.
Le financement des intrants à faible valeur pour des agriculteurs plus petits a un rôle à
jouer. Leur ruralité constitue un défi pour la distribution à travers les canaux traditionnels
et met en exergue l’importance de travailler avec les groupements d’agriculteurs et les
autres canaux informels.
Des systèmes de financements agricoles appropriés peuvent aider les agriculteurs à mieux
gérer les risques, en particulier les aléas climatiques.
Les agriculteurs ont également besoin d'épargne à court terme et de crédit pour lisser la
consommation (c.-à-d. harmoniser les besoins de la consommation normale avec les
revenus saisonniers et irréguliers).
7.6 Personnes à charge Le groupe des personnes à charge est constitué par les adultes qui reçoivent un revenu du
gouvernement, y compris les pensions ou les dons de l'État, ou qui sont appuyés par des
membres de la famille ou d'autres personnes. C’est un large groupe qui représente 22,9% de
la population adulte totale, soit 937 479 adultes.
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Accès
Crédit
Paiements
Épargne
Assurance
TransactionsBancarisé
Autre formel
Informel
Famille / Amis
Exclus
80
Figure 50 : Indicateurs clés « Personnes à charge »
Jeunes et bien éduqués, mais de faibles revenus. La majorité de ce groupe a terminé ou
fréquente l'enseignement secondaire (57%). C'est aussi un groupe très jeune, 64% ont moins
de 25 ans. En outre, 60% de ce segment vit en zone rurale et est composé principalement de
femmes (59%). Ce groupe est sans surprise parmi les groupes de revenus moyens (médians)
les plus bas (17 500 CFA pour ceux qui déclarent un revenu), et beaucoup d'entre eux
déclarent n'avoir aucun revenu mais reçoivent un soutien direct d'autres personnes,
principalement des membres de leur famille. Bien que 55% aient accès aux téléphones
cellulaires, ce groupe enregistre le plus bas niveau d'adoption de tous les groupes cibles.
Figure 51 : Volet d’accès « Personnes à charge »
Source : FinScope, 2016
Ce groupe a une faible adoption des services bancaires et est généralement exclu
financièrement (62%). Il fait peu appel au crédit (85% non emprunteur) et à l'assurance (89%
non assuré), la majorité ne fait pas d'épargne (80%). Ceci pourrait être dû à la répartition par
âge relativement jeune de ce segment. Comme beaucoup ne reçoivent pas de revenu en
espèces, leur demande en services financiers est faible par rapport à celle des autres groupes.
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Accès
Crédit
Paiements
Épargne
Assurance
TransactionsBancarisé
Autre formel
Informel
Famille / Amis
Exclus
81
Besoins Clés de Services Financiers : Personnes à charge
En raison du jeune âge de ce groupe et du manque de revenu liquide, le besoin d'inclusion
dans les services financiers est une question de long terme plutôt que dans l’immédiat.
Le plus important besoin serait d'améliorer l’accès à des transactions et des options
d'épargne peu coûteuses et pratiques ainsi qu'un accès facile aux comptes - peut-être grâce
à l'utilisation de services mobiles.
7.7 Conclusion sur le Marché Cible Segment Taille Principales réalités et besoins
Tous segments 3 872 867 • Education financière ; protection des consommateurs.
Emploi Formel 382 225 • 4ème plus grand groupe. Bien desservi, haut niveau d'inclusion, produits multiples, revenu moyen élevé.
• Soutien aux membres de la famille élargie, besoin d’envoi/ transferts d’argent peu coûteux.
• Faible utilisation des services d'assurance et de crédit ; besoin d'éducation financière.
PME Informelles
1 155 162 • 2 ème plus grand groupe, principalement féminin, faible revenu.
• Besoin de moyens digitaux pour recevoir et faire des paiements, épargne à court terme.
• Accès limité au crédit. Besoin des SFD ou d'autres crédits aux PME.
Employés Informels
205 466 • Le plus petit groupe, revenu faible, principalement
payé en espèces. • Besoin d’autres moyens pour recevoir le paiement, de
facilités d'épargne (pour lisser la consommation).
Agriculteurs 1 192 142 • Le plus grand groupe, revenu moyennement plus élevé.
• Épargne pour les intrants agricoles, les équipements. • Crédit agricole ciblé (financement des chaines de
valeur). • Assurance agricole.
Personnes à charge
937 479 • 3 ème groupe le plus important, revenu faible. Dépendant du soutien familial / de la famille élargie / des transferts. Nombreux sans revenu en espèces.
• Principaux besoins : à long terme : des transactions et des services d'épargne peu coûteux et facilement accessibles.
82
8. Note Complémentaire 2 : Paiements
Introduction
Dans le secteur financier, les services de paiement sont importants pour un certain nombre
de raisons. Tout d’abord, ils font partie de l'infrastructure du secteur financier. La capacité
d’effectuer et de recevoir des paiements est étroitement liée à la fourniture d'autres services
financiers : des produits tels que l'épargne, le crédit et l'assurance impliquent tous une
transaction financière entre le client et une institution financière. Ainsi, l'accessibilité et
l'efficacité du système de paiement influent sur la fourniture d'un large éventail de services
financiers. L'accès aux services de paiement sert de voie d’accès vers d'autres services
financiers. Deuxièmement, les services de paiement relient les clients dans le temps et
l'espace. Troisièmement, d’importantes innovations sont en cours de développement
concernant les services de paiements. Elles augmentent l’efficacité et réduisent les coûts, et
améliorent ainsi l'accès. En particulier, l’innovation permet de réaliser des services de
paiements via des points de contact électroniques avec les clients plutôt que des sites
physiques. Ceci est important dans les environnements où l'accès a été restreint par des coûts
élevés des points de distributions physiques.
Les services de paiement au niveau du consommateur peuvent être classés en deux
catégories :
- les Transactions : paiements liés à l'achat ou l'acquisition de biens et services. Ceux-ci
peuvent être au détail.
- les Transferts d’argent : sommes d'argent envoyées/reçues par une personne dans un
lieu différent.
Les services de paiements peuvent impliquer un éventail d'agents économiques, qui peuvent
en général être classés comme des personnes (P), des entreprises (B) et le Gouvernement (G).
Les types de paiements entre ces agents varient et comprennent les exemples suivants :
- P2P : transferts d’argent d'une personne à une autre
- P2B : paiement de factures (pour des biens et services)
- B2P : paiement de salaires
- B2B : paiement de fournitures /intrants commerciaux
- G2P : paiement de pensions, de prestations sociales, de subventions, etc.
- P2G et B2G : paiement des impôts
Infrastructure de paiements
Le système de paiement (non monétaire) (associé au système de compensation et de
règlement) requiert une infrastructure étendue. Au niveau de la vente au détail, ceci
comprend les DAB (Distributeurs Automatiques de Billets - retraits/dépôts en espèces) et les
TPE (Terminal de Paiement Électronique) qui reposent principalement sur des cartes et sont
liés à des comptes auprès de banques ou d'autres institutions financières. Cependant, il existe
de nouveaux types de produits, tels que les lecteurs de proximité (near-field communications
- NFC) et les téléphones portables. Les lecteurs de proximité sont largement utilisés dans les
transports publics (métros, bus) et de plus en plus généralisés pour les transactions de
distribution au détail.
Les téléphones portables revêtent une importance économique particulière dans les
nouveaux modes de paiements, et ceci pour diverses raisons. Les téléphones mobiles
83
fournissent :
- un point d'accès aux comptes détenus dans d'autres institutions (par exemple, la
banque mobile) ;
- un vecteur pour de nouveaux types de compte (par exemple, le mobile money) ;
- un point d'accès pour les produits innovants (par exemple, les transferts d’argent, les
assurances) ;
- une source de données (utilisation du téléphone, utilisation du mobile money) ;
- un vecteur d'innovation.
Les téléphones mobiles sont également largement répandus et bon marché, et leur capacité
technologique évolue rapidement.
Infrastructure de base
Les paiements relient les clients via différentes sortes d'institutions financières. Les
instructions de paiement doivent être traitées et dirigées de manière appropriée, par exemple
un retrait d'espèces avec une carte à un DAB doit être lié à un compte ; un transfert d’argent
mobile doit déplacer des fonds entre différents comptes ; un paiement pour l'achat de biens
doit lier le client et l'entreprise ; et, l’argent doit circuler entre les banques pour les règlements.
Tout ceci implique une infrastructure de paiement qui peut être divisée en trois types,
notamment :
- Infrastructure de détail- pour acquérir et diriger les instructions de paiement émises
par les clients
- Systèmes de compensation et de règlement - traiter ces instructions (en s’assurant
que le payeur dispose de fonds suffisants pour réaliser les transactions) et régler les
obligations qui en découlent
- Systèmes à haute valeur monétaire - reliant les banques et les banques centrales pour
le traitement des paiements de haute valeur et des instructions de règlement.
Institutions de paiements
Les institutions impliquées dans le système de paiements au Togo sont décrites en détail dans
la Section 4 du présent rapport. En vertu des règles de l'UEMOA, les paiements sont dominés
par le système bancaire ; la participation des systèmes non-bancaires aux activités de
paiements est limitée. Les SFD peuvent entreprendre certaines activités de paiements limités,
tandis que les autres participants (tels que les opérateurs de transfert d'argent) ne peuvent le
faire qu’indirectement, via les banques. L'argent mobile est fourni par les banques à travers
les Opérateurs de Réseau Mobile ORM. Les services de compensation et de règlement sont
fournis par les systèmes BCEAO.
84
Figure 52 : Systèmes de paiement au Togo.
Source : Auteurs
Réglementation
Les systèmes de paiement, de compensation et de règlement sont généralement
réglementés par la banque centrale.
La réglementation détermine quel type d'institution peut offrir tels types de services de
paiement, et partant la nature de l'entrée et de la concurrence dans le système de paiements.
Elle prévoit également la sécurité, la sûreté et la fiabilité du système de paiements et
détermine la conduite à suivre en cas d'échec des instructions de paiement ou de défaillance
des participants au système. Elle détermine également les normes techniques et de
performance à respecter.
Le cadre réglementaire pour les paiements est décrit en détail dans la Section 4. Parmi les
caractéristiques clés, on peut citer :
- La plupart des services de paiement sont limités aux banques ;
- Seules les banques ont des comptes auprès de la BCEAO et peuvent participer aux
systèmes nationaux et régionaux de compensation et de règlement ;
- Seule la BCEAO peut opérer des systèmes de compensation et de règlement ;
- Il n’existe aucune disposition permettant au secteur privé d’effectuer un service de
paiement opérationnel, autrement que par l'intermédiaire des banques.
Ce dernier point est restrictif et n'est pas conforme à la pratique internationale. Il s’avère de
plus en plus que l'innovation dans les paiements est le fait de diverses entreprises non
bancaires de technologie financière (fintech) qui s'appuient sur les opportunités offertes par
l'écosystème et la technologie du mobile money.
Avec l'innovation en cours, le Togo et l'UEMOA de manière plus générale devraient s’ouvrir
pour autoriser les fournisseurs de services de paiement non bancaires à opérer, avec les
procédures nécessaires d'octroi d’autorisation et de supervision. Ceci nécessiterait
l'élaboration d'une nouvelle législation.
VISA/Mastercard
CommercialBanks
ATM
BCEAO(regional)
MobilemoneyPOS
BABSICA-UEMOA(EFTs,Cheques)
STAR-UEMOA(RTGS)
Web
BCEAO(na onal)
TogoPoste
ATM
SWIFT
MNOs
GIM-UEMOA(regional)
MTOsMFIs
85
Utilisation
L'enquête FinScope renferme un grand nombre d'informations sur l'utilisation des produits de
paiements (transactions et transferts d’argent) par les adultes togolais, ainsi que sur les
obstacles à l'utilisation.
Transactions
Pour les transactions (paiements pour les achats de biens et services), les adultes togolais
paient principalement en espèces. Seuls 14% des adultes paient sans utiliser l’argent liquide.
Cette pratique est principalement urbaine et concerne davantage les hommes que les femmes.
Dans les différents groupes cibles, l'utilisation de produits bancaires (comme les cartes de
débit) est élevée chez les employés formels, mais faible chez tous les autres groupes.
Tableau 14 : Utilisation des produits de transactions sans espèces (% adultes)
Tous les adultes Urbains Ruraux Hommes Femmes
14% 23% 8% 18% 11%
Source : FinScope 2016
Figure 53 : Pratique de transactions selon les groupes cibles
Source : FinScope 2016
Un certain nombre de raisons président à l'utilisation relativement faible des transactions
non en espèces au Togo.
- Les moyens de paiement sont largement limités aux cartes bancaires, qui à leur tour
ne sont disponibles que pour les détenteurs de comptes bancaires. Les SFD, largement
utilisés, n'émettent pas de cartes de paiement ;
- L'infrastructure d’utilisation des cartes de paiement - telle que les TPE- est limitée ;
- L'utilisation du mobile money pour les transactions (par opposition aux transferts
d’argent) est limitée ;
- Dans le commerce, la capacité à accepter les paiements via le mobile money est très
réduite et se limite principalement aux paiements de factures d’eau et d'électricité ;
- Les commerçants sont réticents aux paiements électroniques et ont une forte
préférence pour les liquidités ;
- L'utilisation du mobile money pour le paiement d'autres services financiers tels que
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
Bancarisé Autre formel
86
les assurances, n'est pas encore développée.
Transferts d’argent
Les transferts d’argent sont plus largement utilisés que les transactions ; en avril 2016, 24%
des adultes déclaraient avoir bénéficié de transferts d’argent (en tant qu'expéditeur ou
receveur) au cours des 12 derniers mois. Cependant, les canaux informels (y compris les amis
et la famille) sont plus largement utilisés que les canaux formels.
Figure 54 : Pratique de transferts d’argent (12 derniers mois)
Source : FinScope 2016
Tableau 15 : Utilisation du transfert d’argent (% des adultes)
Tous les adultes Urbains Ruraux Hommes Femmes
24% 32% 19% 29% 20%
Source : FinScope 2016
L'utilisation des services de transferts d’argent est la plus élevée parmi le groupe d'emplois
formels, comme on s'y attendait, car ils ont les plus hauts revenus. Viennent ensuite les
groupes du secteur informel, les PME autant que les employés. Les agriculteurs et les
Personnes à charge utilisent relativement peu les transferts d’argent.
10
3
8
3
13
76
Transfert d'argent formel
Banque
Autre formel (non-bancaire)
Informel
Transfert d'argent via familie/amis
Pas de transfert d'argent
87
Figure 55 : Pratique de transfert d’argent par groupes cibles
Source : FinScope 2016
Mobile money
Le mobile money est un phénomène relativement nouveau au Togo bien qu'il se développe
rapidement. Au moment de l'enquête FinScope en avril 2016, 24% des adultes étaient
enregistrés comme utilisateurs de mobile money. Parmi les utilisateurs du mobile money, 62%
l’utilisent pour expédier de l'argent et 74% pour en recevoir. L'utilisation du mobile money est
plus grande dans les zones urbaines que dans les zones rurales, et plus forte chez les hommes
que chez les femmes.
Tableau 16 : Utilisation du mobile money (% d’adultes)
Tous les adultes Urbains Ruraux Hommes Femmes
24% 37% 14% 29% 19%
Source : FinScope 2016
Il existe deux fournisseurs de service de mobile money : Flooz (fourni par un Opérateur de
réseau mobile ORM privé, Atlantic Telecom Togo (MOOV) et T-Money (fourni par un ORM
d’État, Togocel). Le marché est divisé approximativement de manière égale entre eux. Tous
deux ont adopté le modèle piloté par la banque (selon lequel l’argent électronique est émis
par une banque plutôt que par l’ORM lui-même).
Parmi les utilisateurs de mobile money, les principaux avantages perçus sont la commodité
et le prix. Il est également important que le produit soit fiable. Pour les non-utilisateurs, les
principaux obstacles sont le manque d'argent et le manque de compréhension. Le non accès
à un téléphone cellulaire est moins important, 82% des adultes togolais déclarant en avril 2016
(Finscope 2016) qu'ils vivent dans un ménage ayant un accès à un téléphone portable.
Infrastructure
Le mobile money a d'importantes exigences en termes d’infrastructure pour être déployé
efficacement. Il utilise le réseau de téléphonie mobile, rendant cruciale la couverture du
réseau. Alors que les produits basiques de mobile money peuvent utiliser des téléphones
anciens (2G), fondés sur des codes USSD, des produits plus récents et plus avancés nécessitent
une couverture 3G et des smartphones compatibles avec le Web. Au Togo, la couverture du
réseau s’est accrue de façon constante, elle est bonne dans les zones urbaines quoique moins
bonne dans les zones rurales. Alors que la plupart de la population est couverte par au moins
88
des signaux 2G, seul un quart environ de la population est couverte par un signal 3G. Cela
pourrait s'expliquer en partie par les restrictions imposées au réseau privé de Moov et par la
lenteur pour l'octroi de l'autorisation d'exploiter des services 3G. Il est d’usage de penser que
ce retard a vraisemblablement été imposé pour protéger Togocel qui appartient à l'État
(Banque Mondiale, 2016). L’enquête de 2015 a fait part de la faible qualité du réseau,
beaucoup d'entreprises ont considéré la qualité des services Internet et téléphoniques
comme une contrainte majeure ou sévère pour les affaires plus que tout autre facteur (TFFS,
2015).
À l'heure actuelle, il est difficile pour les tierces parties d'utiliser la plateforme de paiement
mobile pour effectuer des offres de produits innovants. Les discussions entre les services de
mobile money et les autres fournisseurs de services financiers ont lentement évolué. Certains
produits requièrent l'accès à un code USSD.
Usage
Le nombre d'utilisateurs de mobile money a augmenté rapidement, après un début lent. À
la fin de 2016, on a enregistré 1,6 million de comptes de mobile money contre seulement
345 000 en 2014.
Prix
Certains acteurs du secteur financier estiment que la téléphonie mobile au Togo est chère,
avis partagé par la Banque Mondiale et l'Union Internationale des Télécommunications (UIT).
C'est un jugement relatif, dépendant de ce qui est en comparaison. L’ART&P a un observatoire
des prix de la téléphonie mobile pour les pays de l'UEMOA sur son site Web, le Togo est
légèrement plus cher que la moyenne de l'UEMOA. Cependant, il est clair que les pays de
l'UEMOA en général sont relativement chers par rapport à leur voisin le Ghana. Ce constat est
étayé par une analyse plus large rapportée par l'UIT (2016).
La téléphonie mobile au Togo est l’une des plus chères au monde, selon la mesure standard
utilisée par l'Union Internationale des Télécommunications (UIT). Le coût du sous-panier de la
téléphonie cellulaire mobile de l'UIT en 2015 était de 28,1% du RNB (Revenu National Brut)
par habitant, classant le Togo au 179èmerang sur 184 pays dans le monde21. Cela indique que
les services de téléphonie mobile sont limités en termes d’accessibilité financière et d'accès.
Une situation similaire prévaut avec les coûts des données mobiles, où le panier des données
de téléphonie mobile de l'UIT coûte 17,8% du RNB par habitant, classant le Togo au 169ème
rang sur 178 pays dans le monde. Les tarifs mobiles sont généralement élevés dans la région
de l'UEMOA, en particulier comparés aux pays plus concurrentiels.
21 Il y a toutefois eu une légère baisse des coûts de la téléphonie mobile au Togo en 2016 ; ce qui n’est pas reflété dans les données de l’UIT présentées ici.
89
Figure 56 : Comparaison des coûts de téléphonie mobile, 2015
Source : ITU (2016, Tableaux 4.1 & 4.8)
Tableau 17 : Comparaison des tarifications de téléphonie mobile, 2016 (CFA)
Appel intra réseau
Appel extra réseau
SMS, intra réseau
SMS, extra réseau
Togo 80 80 30 30
MoyenneUEMOA (sauf Togo)
92 103 20 30
Ghana 17 19 6 7
Source: ART&P, données directement collectées sur le Ghana par les Auteurs
Des possibilités de réduction des prix pourraient exister pour la téléphonie mobile au Togo,
par le biais d’une concurrence supplémentaire.
Les coûts relativement élevés des services de la téléphonie mobile pourrait être en partie
attribuée aux obstacles à l'entrée et à la concurrence (voir par exemple FMI, 2015 et Banque
Mondiale, 2016). Le marché de la téléphonie mobile au Togo est un duopole, avec Togocel
(appartenant à l'État) et Atlantic Telecom Togo (appartenant à Maroc Telecom). Le
gouvernement est aussi bien propriétaire d'un des opérateurs du marché, que décideur de
l'octroi des autorisations aux nouveaux entrants. L’ART&P est bien l’autorité de régulation des
télécommunications, mais elle ne prend pas part aux décisions finales d’autorisation. D’après
la Banque Mondiale, « la performance du marché togolais des TIC est un exemple onéreux
d’une réglementation biaisée par les conflits d'intérêts », de plus « ces obstacles augmentent
les coûts et réduisent la qualité du service » (Banque Mondiale, 2016, p. 86). Le coût de la
téléphonie mobile est beaucoup plus faible dans les pays où les concurrents privés sont plus
nombreux, comme au Ghana, au Kenya et en Tanzanie.
Une situation similaire prévaut en matière de mobile money, bien que la comparaison entre
le Togo et le Ghana soit moins extrême22. Au Togo, la différence de coûts est considérable
entre T-money et Flooz. En général (à l'exception des transactions de faible valeur), la
22 L'observatoire ART&P n'inclut pas les tarifs du mobile money, il n'y a pas donc de données comparatives pour l'UEMOA.
0
5
10
15
20
25
30C
oû
t (R
NB
% p
ar h
abit
ant)
Data Cellular
Comparateurs concurrentielsUEMOA
90
moyenne ghanéenne est inférieure aux prix appliqués par les deux opérateurs togolais.
Tableau 18 : Comparaison des tarifications de mobile : coût de l’envoi et du retrait (F CFA)
CFA1 500 CFA15 000 CFA150 000
T-money 150 450 3 000
Flooz 250 750 5 000
Ghana (min) 125 300 500
Ghana (max) 160 535 3000
Source : opérateurs de mobile money
Agents (Distributeurs)
Une deuxième composante essentielle de l’infrastructure nécessaire pour assurer le mobile
money concerne le réseau d’agents distributeurs de mobile money. Les agents fournissent, au
minimum, des services d’encaissement (dépôt) et de décaissement (retrait) et généralement
constituent le premier point de contact avec les clients. Ainsi, l’existence d’un vaste réseau
d'agents est essentielle pour soutenir la demande de services de mobile money - si les agents
ne sont pas aisément accessibles, le service ne sera pas adapté aux utilisateurs.
Une fois en place, le réseau doit également fonctionner avec efficacité, ce qui signifie que la
liquidité de l'agent doit suffire à satisfaire les besoins des clients. La liquidité de l'agent se
réfère à la disponibilité d’espèces (pour décaisser) et de réserves de valeurs électroniques e-
value (pour encaisser) nécessaires pour répondre aux besoins des clients ; si les agents ne
disposent pas des liquidités ou d'e-valeurs suffisantes pour réaliser les transactions, les clients
seront frustrés.
La liquidité de l'agent dépend d'un certain nombre de facteurs, y compris les ressources
financières de l’agent et les possibilités de conversion. Plus un agent détient de ressources
financières, plus élevé est son niveau de réserves (espèces et e-values) dont il dispose. La
composition de la réserve est tout aussi importante : si un agent dispose davantage de
liquidité ou d’e-values, il faudra procéder à des conversions. Les agents qui effectuent
principalement des dépôts (par exemple, l'envoi de transferts d’argent) vont accumuler des
espèces et épuiser les e-values ; et vice versa pour les agents qui effectuent principalement
des retraits. Manquer de liquidité pour satisfaire les retraits d’argent est l’un des principaux
risques encourus par les agents œuvrant surtout en zones rurales, plus susceptibles de faire
des retraits (pour les bénéficiaires des transferts d’argent), plus susceptibles d’être pauvres
(ne disposer que de peu de réserves), et opérant en zones plus éloignées (rencontrant ainsi
des difficultés pour procéder à des conversions).
La conversion est principalement effectuée par des super-agents (ou des distributeurs).Les
agents peuvent échanger des espèces contre des e-values chez les super-agents, ou recevoir
des espèces en échange d’e-values. Le dépôt ou l'acquisition d’espèces nécessitent un réseau
physique de distribution d’espèces, afin que les agents puissent se rendre auprès de branches
de super-agents ou que ceux-ci disposent de distributeurs mobiles qui se rendent auprès des
agents.
Au début du mobile money, le Togo avait très peu d'agents, ce qui a réduit la capacité des opérateurs de mobile money à servir les clients, et limité la demande effective. Dans un écosystème très développé de mobile money, comme ceux de l’Afrique de l'Est, il y aurait plus de 500 agents de mobile money pour 100 000 adultes. Pour atteindre ce ratio de couverture, le Togo devrait disposer de plus de 2 000 agents de mobile money à l'échelle nationale. Début 2017, l’effectif d’agents de mobile money était estimé à moins de 1 000 pour le Togo. Cependant, plusieurs agents sont inactifs (en raison du manque de fonds), et ils sont largement concentrés à Lomé et ses environs. Les entreprises de mobile money rencontrent
91
des problèmes de recrutement d’agents en milieu rural, liés aux faibles niveaux des ressources financières, ce qui, combiné aux faibles niveaux d’utilisation de mobile money, rend l’entreprise peu attractive pour les agents potentiels.
Opportunités
Le Togo dispose d’un potentiel considérable pour accroître la disponibilité en mobile money et produits associés. Outre la possibilité d'étendre la couverture des produits basiques P2P - les transferts d’argent en espèces - il est aussi possible d'utiliser davantage les produits de paiement électroniques innovants, y compris :
1. Paiement des pensions (aux fonctionnaires retraités) ;
2. Paiement des subventions aux agriculteurs (ce qui se fait déjà dans une certaine
mesure) ;
3. Paiements au détail (achat de biens et services auprès de commerçants) ;
4. Paiement des salaires (particulièrement aux non-bancarisés, dans les lieux où les
mouvements d’argent sont coûteux et/ou insécurisés) ;
5. Paiement de (micro-) primes d’assurance (la collecte de petits paiements, fréquents
et réguliers de primes n’est pas rentable autrement que par voie électronique) ;
6. Remboursement de prêts, en particulier aux SFD (où les coûts de collecte sont
élevés) ;
7. Produits de microcrédit basés sur le cellulaire/mobile money.
Éléments d'Action
Améliorer la couverture du réseau mobile, en particulier les réseaux 3G; là où cela n'est pas
commercialement viable, la subvention est envisageable par un fonds disponible pour
subventionner la fourniture de ce service dans des zones sous-desservies (financé par un
prélèvement sur les frais d'utilisation de la téléphonie mobile) ;
Encourager une plus grande concurrence dans la téléphonie mobile, en facilitant l'octroi de
licences aux nouveaux opérateurs (cela est en cours), à réduire les prix et à améliorer la qualité
ou le service ;
Encourager l'innovation dans les services de paiement, en prévoyant l'octroi de licences aux
fournisseurs de services de paiement non bancaires, le cas échéant avec une nouvelle
législation pour appuyer le processus de délivrance des licences et de surveillance ;
Exploiter pleinement le potentiel de l'argent mobile et les services financiers numériques en
général, pour réduire les coûts de la prestation des services financiers et améliorer l'accès.
Étendre le réseau d'agents mobile money et améliorer la liquidité des agents.
Encourager l'innovation dans les services de mobile money, par exemples :
• Pour l'achat de biens et services (par exemple dans les magasins de détail) ;
• Développer des produits mobiles en partenariat avec les fournisseurs de
crédit et les compagnies d'assurance ;
• Envisager des façons d'utiliser les données ORM/MM pour lancer d'autres
produits financiers (par exemple, utiliser les données pour la notation de
crédit).
Éducation financière : améliorer la compréhension du fonctionnement du mobile money chez
les adultes et les détaillants.
Restructurer le cadre réglementaire des télécommunications, afin d'éliminer les éventuels
conflits d'intérêts dans l'octroi de licences aux nouveaux fournisseurs de services ;
92
Élaborer un protocole d'accord entre ARTP et BCEAO sur la répartition des responsabilités
de supervision, de sorte que les responsabilités en matière de réglementation et de
supervision soient clairement réparties entre les services de télécommunications et les
services financiers ;
S'assurer que les opérateurs non-ORM ont un accès immédiat aux codes USSD, pour
permettre la distribution de produits innovants.
93
Références
ARTP. 2016. Tarifs En Vigueur Au Togo Au 31 Décembre 2016 (www.artp.tg)
Banque Mondiale. 2016. Togo: Diagnostic Systématique Pays, Rapport No. 108184-TG,
Septembre. Washington, DC: Banque Mondiale.
Banque Mondiale. 2017. Doing Business 2017: Egalité des Chances pour. Washington, DC:
Banque Mondiale.
BCEAO. 2017a. Principaux indicateurs des SFD de l'UEMOA au 31/12/2016
BCEAO. 2017b. Rapport Sur Les Conditions de Banque dans L'UEMOA en 2016
BCEAO. 2017c. Stratégies Régionales D’inclusion Financière Dans L’UEMOA (Note No.2)
IMF. 2015. Togo: Selected Issues, Country Report No. 15/310, November. Washington, DC: IMF.
ITU. 2016. Measuring the Information Society. Geneva: International Telecommunications
Union.
République du Togo. 2013. Stratégie de Croissance Accélérée pour la Promotion de l’Emploi
(SCAPE), 2013–2017.
République du Togo. 2017. Rapport à Mi-Parcours des Activités du Fonds National de la
Finance Inclusive (FNFI) Au Togo
TFFS. 2015. Enquête sur les entreprises formelles au Togo, cité dans Banque Mondiale, 2016
94
L'initiative "Making Access Possible - MAP" (Rendre l'accès possible) est une initiative multi-pays
visant à appuyer l'inclusion financière à travers un processus de diagnostic pays basé sur des
preuves et le dialogue entre les parties prenantes. Le processus MAP conduit à l'élaboration d'une
Feuille de Route identifiant les principaux moteurs de l'inclusion financière ainsi que les actions
recommandées.
De par sa conception, le MAP vise le renforcement et la concentration du dialogue national de
développement portant sur l'inclusion financière. Le projet global vise l'engagement avec diverses
autres plateformes internationales et entités ayant un impact sur l'inclusion financière, en
exploitant les preuves regroupées dans le pays. La méthodologie et le processus MAP ont été
conjointement développés par United Nations Capital Development Fund (UNCDF), FinMark Trust
(FMT) et le Centre pout l’Inclusion et la Réglementation (Cenfri) pour favoriser la croissance du
secteur de l’inclusion financière.
Au niveau du pays, les partenaires-clés du MAP collaborent avec le Gouvernement, d'autres parties
prenantes et des partenaires techniques et financiers afin d'établir un processus inclusif et
holistique.
Pour plus d’informations, veuillez consulter le site http://www.uncdf.org/fr/map
Pour plus d’information sur MAP Burkina, veuillez contacter :
M. Mathieu SOGLONOU
Coordonnateur régional UNCDF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre
mathieu.soglonou@uncdf.org
Dr. Euphrasie KOUAME
Spécialiste Finance Inclusive, MAP Afrique de l’Ouest et du Centre
euphrasie.kouame@uncdf.org
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