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Making Access Possible République du Togo Rendre L´Accès Possible Rapport De Diagnostic De L’Inclusion Financière 2017

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Making Access Possible

République du Togo

Rendre L´Accès PossibleRapport De Diagnostic De L’Inclusion Financière

2017

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CE RAPPORT A ETE REDIGE PAR ECONSULT BOTSWANA EN COLLABORATION AVEC LE CABINET ACR TOGO

AUTEURS

Keith Jefferis et Jemila Abdulai. Assistance-pays & coordination des parties prenantes : Richard Kossi Amoussou (Cabinet ACR), Euphrasie Kouame (UNCDF) et Komla Folitsè Gati (Gouvernement du Togo)

PARTENARIAT POUR UN OBJECTIF COMMUN

L'initiative "Making Access to financial services Possible - MAP"(Rendre possible l'accès aux services financiers) est une initiative multi-pays visant à appuyer l'inclusion financière à travers un processus de diagnostic pays basé sur des preuves et le dialogue entre parties prenantes. Ce processus conduit à l'élaboration d'une Feuille de route nationale identifiant les principaux moteurs de l'inclusion financière ainsi que les actions recommandées. De par sa conception, le processus du MAP vise au renforcement et à la concentration du dialogue national de développement autour de l'inclusion financière. Le projet global vise l'engagement avec diverses autres plateformes et entités internationales ayant un impact sur l'inclusion financière, en exploitant les preuves regroupées dans le pays. La méthodologie et le processus MAP ont été conjointement développés par UNCDF, FinMark Trust (FMT) et le Centre pour la réglementation et l’inclusion financière (Cenfri) pour stimuler la croissance du secteur de la finance inclusive.

Au niveau pays, les partenaires-clés du MAP collaborent avec le gouvernement, d'autres parties prenantes et des bailleurs de fonds afin d'établir un processus inclusif et holistique. MAP Togo a été financé par UNCDF et le PNUD, l’Union Européenne et le Gouvernement (le Ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes (MDBAJEJ) désormais remplacé par le Secrétariat d’Etat auprès de la Présidence de la République, chargé de la finance inclusive et du secteur informel depuis Septembre 2017, le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF)), et le diagnostic a été produit par Econsult Botswana.

Le présent document présente les résultats complets du diagnostic qui alimente la

Feuille de route développée en collaboration avec le Comité de pilotage du MAP Togo.

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REMERCIEMENTS

Les auteurs tiennent à exprimer leur gratitude à tous ceux qui les ont aidés à élaborer le

présent rapport.

Le Secrétariat d'Etat auprès de la présidence de la République, chargé de l'Inclusion Financière

et du Secteur Informel, représenté par M. Komla Folitsè Gati, Directeur de la Promotion de la

Finance Inclusive, et le FNFI (Fonds National de la Finance Inclusive) ont fourni des conseils et

l’assistance permanente tout au long du processus de recherche. Les autres membres du

Comité de Pilotage du MAP Togo, entre autres le PNUD, les Ministères concernés dont le

Ministère de l’Économie et des Finances, le secteur privé et la Banque Centrale (BCEAO), ont

également fourni l’assistance nécessaire et apporté des retours d’informations et

contributions majeures à nos conclusions. Le Conseiller Technique régional UNCDF pour

l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale M. Mathieu Soglonou et la gestionnaire régionale du

programme MAP, Dr. Euphrasie Kouame, ont fourni l’appui technique et l’assistance

nécessaires tout au long du processus MAP. L’équipe du Cabinet ACR conduite par Dr. Richard

Kossi Amoussou a fourni une assistance précieuse dans l’organisation des rencontres, la

collecte des données et la conduite des recherches, l’organisation d’évaluations mystères et

la présentation des différents résultats. FinMark Trust a coordonné le projet, réalisé l’enquête

FinScope en collaboration avec l'Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques

et démographiques (INSEED), et a apporté un ensemble de conseils et d’appui technique

appréciables.

Enfin, nous tenons à remercier toutes les personnes que nous avons rencontrées issues du

gouvernement, les prestataires de services financiers, les organisations professionnelles, les

fournisseurs de technologie, les opérateurs de télécommunications et les partenaires

techniques et financiers pour leur disponibilité, leurs précieux apports qui ont guidé cette

étude et leurs efforts permettant d’étendre l’accès aux services financiers aux personnes qui

en sont exclues.

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Table des matières

REMERCIEMENTS ............................................................................................................. 2

Abréviations ................................................................................................................... vi

1. A propos du MAP...................................................................................................... 1

2. Le Contexte du Pays .................................................................................................. 4

3. Prestation de Services Financiers : Aperçu de l'Offre .................................................. 9

3.1 Paysage des Services Financiers ................................................................................ 9

3.2 Types de Fournisseurs de Services Financiers ......................................................... 13

Banque ............................................................................................................................. 13

Institutions de Microfinance (IMF) ou Système Financier Décentralisé (SFD) ................ 15

Le Mobile Money ............................................................................................................. 17

Assurance ........................................................................................................................ 18

Informel ........................................................................................................................... 18

Paiements ........................................................................................................................ 19

Autres infrastructures ..................................................................................................... 20

4. Cadre Politique et Réglementaire Lié à l'Inclusion Financière ................................... 21

4.1 Cadre Politique ........................................................................................................ 21

4.2 Cadre Réglementaire du Secteur Financier ............................................................. 22

5. Demande et Utilisation de Services Financiers ......................................................... 30

5.1 Introduction ............................................................................................................. 30

5.4 Utilisation de Produits Financiers ............................................................................ 42

Épargnes .......................................................................................................................... 42

Crédit ............................................................................................................................... 44

Assurance ........................................................................................................................ 46

Paiements (Transferts d’argent et Transactions) ............................................................ 47

5.5 Besoins du Marché Cible ......................................................................................... 49

6. Carences et Opportunités ....................................................................................... 51

6.1 Introduction ............................................................................................................. 51

6.2 Améliorer la Fourniture et la Disponibilité du Crédit .............................................. 52

6.3 Élargissement de l'Utilisation des Paiements (en particulier le Mobile Money) .... 55

6.4. Faciliter l'Épargne dans les Institutions Formelles .................................................. 57

6.5 Améliorer la Disponibilité en Financement Agricole ............................................... 59

6.6 Développer les Infrastructures pour appuyer la Fourniture de Services Financiers 60

6.7 Améliorer la Gestion des Risques pour les Clients Fiables ...................................... 62

6.8 Lacunes et Opportunités en matière de Réglementation ....................................... 63

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ii

6.9 Questions transversales et impacts......................................................................... 65

7. Note Complémentaire 1. Segmenter le Marché : Groupes Cibles .............................. 68

7.1 Introduction ............................................................................................................. 68

7.2 Emploi Formel ......................................................................................................... 73

7.3 PME Informelles ...................................................................................................... 74

7.4 Emploi Informel ....................................................................................................... 76

7.5 Agriculteurs ............................................................................................................. 78

7.6 Personnes à charge ................................................................................................. 79

7.7 Conclusion sur le Marché Cible ............................................................................... 81

8. Note Complémentaire 2 : Paiements ....................................................................... 82

Introduction ......................................................................................................................... 82

Infrastructure de base ..................................................................................................... 83

Institutions de paiements ................................................................................................ 83

Réglementation ................................................................................................................... 84

Utilisation ............................................................................................................................ 85

Transactions .................................................................................................................... 85

Transferts d’argent .......................................................................................................... 86

Mobile money ................................................................................................................. 87

Opportunités ....................................................................................................................... 91

Éléments d'Action ................................................................................................................ 91

Références ..................................................................................................................... 93

Liste des Figures

Figure 1 : L’Approche MAP ........................................................................................................ 2

Figure 2 : Carte du Togo ............................................................................................................ 4

Figure 3 : Croissance du PIB réel, 2000-2016 ............................................................................ 4

Figure 4 : Taux de pauvreté ....................................................................................................... 5

Figure 5 : Togo et Pays de Comparaison - Classement du Doing Business ............................... 6

Figure 6 : Scores «Distance à la frontière» sur des indicateurs du Doing Business .................. 6

Figure 7 : Pénétration du téléphone portable, pays sélectionnés, 2015 .................................. 8

Figure 8 : Paysage de la fourniture de services financiers, formel et informel ......................... 9

Figure 9 : Succursales de banques commerciales pour 100 000 habitants, 2015 ................... 10

Figure 10 : Distributeurs automatiques de billets pour 100 000 habitants, 2015 .................. 10

Figure 11 : Succursales de SFD pour 100 000 habitants, 2015 (UEMOA)................................ 11

Figure 12 : Durée du trajet pour se rendre à la succursale de banque ou de SFD (% des adultes

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répondants) ..................................................................................................................... 12

Figure 13 : Nombre de clients par type de fournisseur de services financiers (2016) ............ 12

Figure 14 : Agents de mobile money (pour 100 000 adultes) - pays sélectionnés de l'Afrique

subsaharienne (2014/15) ................................................................................................ 17

Figure 15 : Institutions de régulation du secteur financier au Togo ....................................... 23

Figure 16 : Comparaison de l'inclusion financière en Afrique subsaharienne ........................ 33

Figure 17 : Volet d’accès selon les localités ............................................................................ 34

Figure 18 : Volet d'accès par marché de produits ................................................................... 35

Figure 19 : Utilisation des produits selon les localités ............................................................ 36

Figure 20 : Utilisation des produits selon le genre .................................................................. 36

Figure 21 : Volet d’accès selon le genre .................................................................................. 37

Figure 22 : Largeur de l'accès .................................................................................................. 38

Figure 23 : Utilisation formelle et informelle du produit, y compris les chevauchements ..... 38

Figure 24 : Volet d’accès par intervalle de revenu .................................................................. 39

Figure 25 : Chevauchements dans l'utilisation des services financiers ................................... 40

Figure 26 : Utilisation des banques, autres services financiers formels et informels par les

adultes urbains et ruraux ................................................................................................ 40

Figure 27 : Taille et typologie des groupes cibles .................................................................... 42

Figure 28 : Accès au financement par groupe cible (%, cumulatif) ......................................... 42

Figure 29 : Formes d’épargne par nombre d’utilisateurs et valeur de l’épargne ................... 43

Figure 30 : d’Accès à l’Epargne par Marché Cible .................................................................. 43

Figure 31 : Principaux moteurs de l’épargne (pour ceux qui épargnent) ............................... 44

Figure 32 : Types de crédit utilisé, par nombre d’emprunteurs et montant emprunté ......... 45

Figure 33 : Utilisation du crédit par groupe cible .................................................................... 45

Figure 34 : Principales utilisations du crédit (pour ceux qui empruntent) .............................. 46

Figure 35 : Principaux chocs auxquels font face les ménages ................................................. 47

Figure 36 : Volet d’accès assurance par groupe cible ............................................................. 47

Figure 37 : Utilisation des transferts d’argent par groupe cible ............................................. 48

Figure 38 : Utilisation du mobile money par groupe cible ...................................................... 49

Figure 39 : Marchés cibles selon la taille, la localisation et le revenu moyen ........................ 70

Figure 40 : Accès au financement par marché cible ................................................................ 71

Figure 41 : Synthèse des caractéristiques par groupe cible .................................................... 72

Figure 42 : Indicateurs clés du groupe « emploi formel » ....................................................... 73

Figure 43 : Volet d’accès« emploi formel » ............................................................................. 73

Figure 44 : Indicateurs clés « PME informelles » .................................................................... 74

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Figure 45 : Volet d’accès« PME Informelles » ......................................................................... 75

Figure 46 : Indicateurs clés « emploi informel » ..................................................................... 76

Figure 47 : Volet d’accès « emploi informel » ......................................................................... 76

Figure 48 : Indicateurs clés « agriculteurs » ............................................................................ 78

Figure 49 : Volet d’accès « agriculteurs » ................................................................................ 79

Figure 50 : Indicateurs clés « Personnes à charge » ................................................................ 80

Figure 51 : Volet d’accès « Personnes à charge » ................................................................... 80

Figure 52 : Systèmes de paiement au Togo............................................................................. 84

Figure 53 : Pratique de transactions selon les groupes cibles................................................. 85

Figure 54 : Pratique de transferts d’argent (12 derniers mois) ............................................... 86

Figure 55 : Pratique de transfert d’argent par groupes cibles ................................................ 87

Figure 56 : Comparaison des coûts de téléphonie mobile, 2015 ............................................ 89

Liste des Tableaux

Tableau 1 : Emplacement des points de vente de services financiers .................................... 11

Tableau 2 : Principales banques au Togo ................................................................................ 13

Tableau 3 : Exemples de frais bancaires (CFA) ........................................................................ 14

Tableau 4 : Taux d'intérêt bancaire sélectionnés (%).............................................................. 15

Tableau 5 : SFD majeures au Togo 30 mars 2017.................................................................... 15

Tableau 6 : Nombre de Comptes de Mobile Money ............................................................... 17

Tableau 7 : Principales compagnies d'assurance (2016) ......................................................... 18

Tableau 8 : Éléments d’Action – Fourniture de crédit ............................................................. 54

Tableau 9 : Éléments d’Action : Paiements/Mobile Money .................................................... 55

Tableau 10 : Éléments d’Action : Épargne ............................................................................... 58

Tableau 11 : Éléments d’Action : Financement agricole ......................................................... 59

Tableau 12 : Éléments d’Action : Infrastructures .................................................................... 61

Tableau 13 : Éléments d’Action : Gestion des risques ............................................................ 62

Tableau 14 : Utilisation des produits de transactions sans espèces (% adultes) .................... 85

Tableau 15 : Utilisation du transfert d’argent (% des adultes) ............................................... 86

Tableau 16 : Utilisation du mobile money (% d’adultes) ........................................................ 87

Tableau 17 : Comparaison des tarifications de téléphonie mobile, 2016 (CFA) ..................... 89

Tableau 18 : Comparaison des tarifications de mobile : coût de l’envoi et du retrait (F CFA) 90

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Liste des Encadrés Encadré 1 : Le FNFI ................................................................................................................. 16

Encadré 2 : Enquête Mystère (Février 2017) .......................................................................... 19

Encadré 3 : Microcrédit numérique ....................................................................................... 52

Encadré 4 : Constitution de Groupes de Marché Cible ........................................................... 68

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vi

Abréviations

ART&P Autorité de Réglementation des Secteurs de Postes et de Télécommunications

ASS Afrique Sub-Saharienne

BCEAO Banque Centrale des États de L’Afrique de L’Ouest

BOAD Banque Ouest Africaine de Développement

BRVM Bourse Régionale des Valeurs Mobilières

CAS-IMEC Cellule d'Appuis et de Suivi des Institutions Mutualistes ou coopératives d'Épargne et de Crédit

CBU Commission Bancaire UEMOA

CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

CENTIF Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (National Financial Information Processing Centre)

CIMA Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurance

CNI Carte Nationale d’Identité

DAB Distributeur Automatique de Billets

DSF Développement du Secteur Financier

FNFI Fonds National de la Finance Inclusive

GIM-UEMOA Groupement Interbancaire Monétique de l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine

IDH Indice de Développement Humain

IFD Institution de Financement du Développement

IMF Institution de Microfinance

INSEED Institut National de la Statistique et des Études Économiques et Démographiques

KYC Know Your Customer

LBC/FT Lutte contre le Blanchiment de Capitaux / Financement du Terrorisme

MPME Micro, Petites et Moyennes Entreprises

ORM Opérateur de Réseau Mobile

OTA Opérateur de Transfert d’Argent

PAR Portefeuille à risque

PIB Produit Intérieur Brut

PNP Prêt Non Productif

PSF Prestataire de Services Financiers

SA Société Anonyme

SCAPE Stratégie de Croissance Accélérée pour la Promotion de l’Emploi

SIF Stratégie d’Inclusion Financière

TEF Transfert Electronique de Fonds

TPE Terminal de Paiement Electronique

UEMOA Union Economique et Monétaire de Ouest Africaine

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1

1. A propos du MAP

L’initiative « Rendre l’accès possible » (Making Access Possible - MAP) est une initiative multi

pays visant à appuyer l’inclusion financière à travers un processus de diagnostic reposant sur

des données factuelles issues du pays. C’est un partenariat entre l’UNCDF (United Nations

Capital Development Fund) 1, FinMark Trust2 et le Centre pour réglementation et l’inclusion

financière (Cenfri) 3 . Dans chaque pays, il associe les parties prenantes venant du

gouvernement, du secteur privé et de la communauté des bailleurs de fonds pour concevoir

un ensemble d'actions concrètes visant à étendre l'inclusion financière adaptée au pays. Le

MAP est déployé au Togo sous l’égide d’un comité de pilotage présidé par le Ministère du

Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes. Le comité

comprend en outre les représentants du Ministère de l’Économie et des Finances (CAS-IMEC),

de la Banque Centrale (BCEAO), du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, du

Ministère du Commerce et de la Promotion des Petites et Moyennes Entreprises, du Ministère

de l’Action Sociale, en charge du commerce, de l’Association professionnelle des Banques et

Etablissements Financiers (APBEF), de l’Association Professionnelle des SFD du Togo (AP-SFD

Togo), du PNUD, de l’Association Togolaise des Consommateurs (ATC), de l’Institut National

de la Statistique (INSEED), et du Conseiller Technique National en Finance Inclusive (CTN-FI).

Ce comité est appuyé par le Comité Technique du MAP.

Portée globale : Le MAP dresse un aperçu complet des moteurs de l’inclusion financière, les

obstacles et les opportunités dans le contexte du pays, la demande et l’offre de services

financiers ainsi que l’environnement réglementaire dans quatre principaux marchés de

produits : épargnes, crédit, paiements et assurance.

La Figure ci-dessous résume la méthodologie utilisée ainsi que les principales sources :

1 UNCDF (www.uncdf.org) communément appelé FENU (Fonds d’Equipement des Nations Unies) est l'agence d'investissement en capital des Nations Unies pour les pays les moins avancés dans le monde. Elle offre de nouvelles opportunités aux pauvres et leurs communautés en facilitant l'accès à la microfinance et aux capitaux d'investissement. UNCDF intervient surtout en Afrique et dans les pays les plus pauvres d'Asie, en particulier dans les pays sortant d'un conflit ou d'une crise. Elle fournit du capital de démarrage - subventions et prêts - et un appui technique aux institutions de microfinance afin qu’elles puissent toucher plus de ménages pauvres et de petites entreprises, et aux gouvernements locaux pour financer les investissements en capital –réseaux hydrauliques, routes de desserte, écoles, systèmes d'irrigation - qui amélioreront les conditions de vie des pauvres.

2 FinMark Trust (www.finmark.org.za) a été fondé en mars 2002 avec un financement du Département du développement international du Royaume-Uni (DFID). FinMark Trust est une fiducie indépendante à but non lucratif dont le but est de «Rendre les marchés financiers accessibles aux pauvres en promouvant l'inclusion financière et l'intégration financière régionale».

3 Cenfri (www.cenfri.org)est un groupe de réflexion à but non lucratif basé à Cape Town, en Afrique du Sud. La mission de Cenfri est d’appuyer le développement du secteur financier et l'inclusion financière en facilitant une meilleure réglementation et la fourniture de services financiers par le marché.Pour cela, le groupe mène des recherches, donne des conseils et élabore des programmes de renforcement des capacités pour les régulateurs, les acteurs du marché et les autres parties opérant sur le marché à faible revenu.

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Figure 1 : L’Approche MAP

Source : Les auteurs.

Approche fondée sur les données : La collecte directe de données factuelles est un important

aspect de l’approche du MAP. Du côté de l’offre, cette collecte a été réalisée à travers une

série de consultations des parties prenantes menées en 2017 ainsi qu’une évaluation mystère

dans les succursales/agences des diverses institutions financières. Du côté de la demande, les

données qualitatives et quantitatives sont recueillies et analysées par l’enquête de FinScope

Togo auprès des consommateurs publiée par FinMark Trust en 2016. FinScope est une

enquête de la demande auprès d’un échantillon national représentatif sur le comportement

des consommateurs et leurs relations avec les services financiers, ainsi que la situation

financière des consommateurs et leurs perceptions des services financiers. L’enquête

FinScope Togo a été effectuée sur un échantillon de 5197 adultes (personnes âgées de 15 ans

et plus). Cet échantillon représentatif des 4,1 millions de la population adulte a été pondéré

en conséquence sous la supervision de l'Institut National de la Statistique (INSEED) qui a

réalisé l’enquête.

Les besoins du client comme point focal : Ce qui fait la particularité du MAP par rapport aux

autres études exploratoires c’est qu’elle fait de la perspective de la demande le point de

départ de son approche. L’analyse restante évalue ensuite les prestations de services

financiers au Togo par rapport aux besoins fondamentaux identifiés des consommateurs. Il

est important de noter que ces besoins diffèrent d’une région à l’autre dans le pays et entre

segments de marché cibles.

Garder l’ensemble du tableau à l’esprit : Le MAP est un diagnostic de l’inclusion financière.

En tant que tel, la manière dont l’inclusion financière va contribuer à la réalisation des

objectifs de la politique publique est au centre des préoccupations. Toutefois, l’inclusion

financière ne peut jamais être envisagée d’une manière isolée. Elle fait partie du secteur

financier global et du paysage financier du pays. L’aperçu des besoins, des lacunes et des

moteurs de l’inclusion financière développé dans le reste du présent document exprimera

l’ensemble du tableau.

Aperçu de l’inclusion financière : Le présent document résume les résultats du diagnostic de

la manière suivante :

• Le document décrit tout d’abord le contexte national, en particulier les aspects

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sociaux et économiques qui influent sur l’inclusion financière au Togo ; (sections 1 et

2).

• La section 3 examine ensuite les services financiers au Togo offerts par les différents

types d'institutions financières.

• La section 4 examine le contexte politique et l’environnement réglementaire se

rapportant au secteur financier.

• La section 5 examine la demande et l'utilisation des services financiers par les

différents types de consommateurs et pour différents types de produits.

• La section 6 conclut sur les actions prioritaires à mener pour combler les lacunes et

développer un secteur financier plus inclusif au Togo.

Analyse approfondie des aspects cruciaux de l’inclusion : Le texte principal est complété par

des analyses approfondies des domaines thématiques spécifiques afin de fournir des

éléments de preuve et les bases analytiques des priorités. Ces analyses approfondies ont été

sélectionnées en se fondant sur les principaux risques et opportunités en matière d’inclusion

financière ; elles sont présentées dans les annexes suivantes :

• Note Complémentaire 1 : L’analyse du marché cible fournit un aperçu général du

contexte de la demande, de l’adoption actuelle des services financiers au Togo et les

obstacles à cette adoption. Elle segmente ensuite l’échantillon de population en cinq

groupes distincts, établit le profil de chaque groupe et décrit leur utilisation actuelle des

services financiers et les besoins futurs probables dans les différents marchés de produits.

• Note Complémentaire 2 : Le marché des paiements fournit une analyse approfondie des

données disponibles sur le marché des paiements. Du point de vue de la perspective axée

sur la demande, elle couvre les besoins typiques en services de paiements et l’adoption

actuelle des différents produits de paiements. Sur le plan de l’offre, elle décrit les

prestataires, la distribution et la gamme des produits. Elle analyse également les

principaux obstacles à une plus grande pénétration, y compris une liste des questions

réglementaires propres aux paiements et se termine par une analyse des lacunes et des

opportunités spécifiques au marché des paiements.

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2. Le Contexte du Pays

Le contexte social, économique et démographique du Togo joue un rôle important dans la formation de l'environnement financier et la disponibilité et l'utilisation des services financiers par la population. Cela influence également la nature des défis dans la fourniture de services financiers et les mesures qui peuvent être prises pour améliorer l'accès à la finance.

Le paysage économique du Togo est caractérisé par

deux forces clés. La première est l'emplacement de la

capitale, Lomé, sur la côte et l'importance du port en

eau profonde de Lomé en tant que centre d'activité

économique, qui attire les gens et les entreprises dans

la région côtière du Grand Lomé-Maritime. La seconde

est l'importance de l'agriculture, le plus important

secteur économique, ce qui signifie que ce secteur

couvre tout le pays, de même que les agriculteurs qui

constituent le plus grand groupe d'adultes

économiquement actifs. En tant que population rurale,

il est peu probable que les agriculteurs soient à

proximité immédiate des services financiers en milieu

urbain.

La population est principalement rurale mais s’urbanise rapidement. La population du Togo

a été estimée à 7,3 millions en 2015, avec un taux de croissance de 2,7% par an. Le Togo est

un pays relativement petit (56 785 km2) et, par conséquent, est assez densément peuplé - à

128,6 habitants par kilomètre carré, il est le septième pays le plus densément peuplé de

l'Afrique subsaharienne continentale. Environ 60% de la population vit dans les zones rurales ;

mais avec un taux de croissance de la population urbaine estimé à 4% par an, il est probable

que plus de la moitié de la population sera urbaine d'ici 20304. Déjà, près d’un quart de la

population vit dans la région du Grand Lomé.

Le Togo est un pays à faible revenu mais la croissance économique récente a été

encourageante. Avec un PIB par habitant de 570USD en 2015, le Togo est l'un des pays les

plus pauvres d'Afrique subsaharienne. Cependant, avec un taux de croissance du PIB réel en

moyenne de 5,5% par an de 2012 à 2016, il est également l'un des pays ayant eu une

croissance rapide durant ces dernières années5. Néanmoins, le faible revenu par habitant du

Togo reflète une mauvaise performance de la croissance à plus long terme.

Figure 3 : Croissance du PIB réel, 2000-2016

4 Perspectives économiques africaines, 2016

5 Base de données sur les Perspectives Économiques Mondiales du FMI, avril 2017

Figure 2 : Carte du Togo

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Source : Base de données sur les Perspectives Économiques Mondiales du FMI, avril 2017

La pauvreté est élevée, en particulier dans les régions du nord. Le taux national de pauvreté

a été estimé à 59% en 2011, en légère baisse par rapport à 62% en 2006. Cependant, il existe

de grands contrastes entre les zones urbaines et rurales, avec un taux de pauvreté pouvant

atteindre 90% dans la région des Savanes au Nord. L'inégalité est modérée, avec un indice Gini

de 0,393 en 2011. En prenant une perspective plus large du bien-être, le Togo a été classé au

numéro 166 (sur 188 pays) sur l'Indice de Développement Humain du PNUD en 2015.

Figure 4 : Taux de pauvreté

Source : République du Togo 2013 (SCAPE), pp.26-7

Le cadre stratégique repose sur la stimulation de la croissance menée par le secteur privé.

Le principal cadre de politique de développement économique et social du Togo est le PND

2018-2022- Pour lutter contre la pauvreté et les faibles revenus, le Gouvernement du Togo a

initié le Plan National de Développement (PND) 2018-2022 qui intervient après la Stratégie de

Croissance Accélérée pour la Promotion de l'Emploi (SCAPE) qui couvrait la période 2013-

-2

-1

0

1

2

3

4

5

6

7

20

00

20

01

20

02

20

03

20

04

20

05

20

06

20

07

20

08

20

09

20

10

20

11

20

12

20

13

20

14

20

15

20

16

po

urc

en

tage

(%

)

0 20 40 60 80 100

Lomé

Autre urbain

Rural

National

Grand Lomé

Maritime

Plateaux

Centrale

Kara

Savanes

Taux de pauvreté des effectifs (%)

gio

n

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6

20176. Le PND repose sur trois axes articulés autour d’une croissance inclusive créatrice

d’emplois ; à savoir : (i) mettre en place un hub logistique d’excellence et un centre d’affaire

de premier ordre dans la sous-région ; (ii) développer les pôles de transformation agricole,

manufacturiers et d’industries extractives ; (iii) consolider le développement social et

renforcer les mécanismes d’inclusion.

Le niveau de la dette publique est un enjeu de politique macroéconomique important. La

dette publique du Togo (gouvernement et entreprises publiques) a augmenté rapidement ces

dernières années et dépasse 75% du PIB en 20157. Cela a été influencé par un programme

d'investissements publics à grande échelle dans les infrastructures. Bien que cela ait

contribuer à stimuler la croissance économique à moyen terme, le service de la dette a

également engendré des coûts budgétaires. La nécessité de réduire le déficit budgétaire et le

fardeau de la dette impose des contraintes à la capacité du gouvernement d’effectuer des

dépenses supplémentaires.

Besoin d'améliorer l'environnement des affaires. Il existe plusieurs aspects permettant de promouvoir la croissance du secteur privé, y compris les investissements dans les infrastructures physiques (matériels) et l'amélioration de l'environnement commercial (infrastructures immatérielles). L'une des principales évaluations internationales du climat des affaires à l'échelle mondiale est le rapport annuel Doing Business (DB) de la Banque mondiale. La performance du Togo sur le classement du DB s'est considérablement améliorée de 2014 à 2015, mais elle reste à la traîne derrière d'autres pays de l'Afrique Subsaharienne et de l'UEMOA et, en 2017, le Togo a été classé numéro 154 sur 190 pays à l'échelle mondiale8. Parmi les dix composantes de l'environnement des affaires que le DB évalue, les principaux domaines de faiblesse du Togo sont l'Obtention de Crédit et l'Enregistrement des Biens - qui sont tous deux pertinents pour l’inclusion financière.

Figure 5 : Togo et Pays de Comparaison - Classement du Doing Business

Source : Banque mondiale, 2017, Doing Business 2017

Figure 6 : Scores «Distance à la frontière» sur des indicateurs du Doing Business

6 République du Togo, 2013

7 L’UEMOA a une limite d'endettement de 70% du PIB. 8 Banque mondiale, 2017, Doing Business 2017 : Égalité des Chances pour Tous.

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7

Remarque : Le score "Distance à la frontière" mesure l'écart entre la performance du pays et la meilleure

performance sur chaque indicateur, où 0 représente la pire performance et 100 la meilleure.

Source : Banque mondiale (2017) Profil Économique Togo

L'intégration régionale joue un rôle important dans l'économie du Togo. Le Togo est membre

d'un certain nombre d'organisations régionales. La plus grande est la Communauté

Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui compte 15 membres dans toute

l'Afrique de l'Ouest, et qui combine une gamme de domaines de coopération économique et

politique. La seconde est l'Union Économique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA), qui

compte huit membres d'Afrique de l'Ouest, principalement des pays ayant une origine

coloniale française. L'UEMOA est une union particulièrement forte puisque les membres

partagent une monnaie commune (le franc CFA - XOF) et, par conséquent, disposent d'une

seule banque centrale (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest - BCEAO). Cela a des

implications majeures pour la politique macroéconomique (politique monétaire et politique

en matière de change) et pour la réglementation du secteur financier.

Système juridique influencé par l'histoire coloniale. Le système juridique Togolais repose sur

le droit civil, comme il est le cas dans la plupart des anciennes colonies françaises. Cela le rend

très différent du système de droit commun qui prévaut dans les pays Anglophones. La nature

du système juridique, combinée au niveau élevé d'intégration du système financier régional,

a des implications importantes pour la réforme juridique et réglementaire des finances.

La pénétration du téléphone portable a augmenté, mais elle est encore faible selon les

normes régionales. En 2015, il y avait 68 abonnements au téléphone portable au Togo pour

100 habitants, en hausse de 64% sur cinq ans depuis 2010. Néanmoins, l'utilisation globale

des téléphones cellulaires reste relativement faible selon les normes de l'Afrique de l'Ouest.

La téléphonie mobile revêt une importance cruciale pour améliorer les communications et

soutenir l'innovation, améliorer la connectivité entre les zones urbaines et rurales et fournir

une plate-forme pour les services financiers numériques. Les coûts relativement élevés

pourraient être une barrière à l'utilisation du téléphone portable au Togo ; Selon l'UIT, le Togo

est classé 179ème sur 184 pays à l'échelle mondiale en termes d’accessibilité financière du

0

20

40

60

80

100

MESURE LAREGLEMENTATION

DES AFFAIRES

CommerceTransfrontalier

Obtention d'unpermis de construire

Créationd'Entreprise

Raccordement àl'electricité

Exécution desContrats

Obtention de prêts

Transfert depropriété

Protection desinvestisseursminoritaires

Paiement des Taxeset Impôts

Règlement del'insolvabilité

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8

téléphone portable9.

Figure 7 : Pénétration du téléphone portable, pays sélectionnés, 2015

Source : ITU www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Pages/stat/default.aspx

9 Rapport Measuring the Information Society, 2016

0

20

40

60

80

100

120

140

160

Ab

on

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10

0 h

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3. Prestation de Services Financiers : Aperçu de l'Offre

3.1 Paysage des Services Financiers Le paysage de la fourniture de services financiers au Togo est dominé par les banques et les

SFD. Néanmoins, il existe un éventail de fournisseurs de services formels et informels, comme

le montre la figure 8 ci-dessous. Les compagnies d'assurance et les fournisseurs de services

de mobile money sont également d’importants prestataires de services formels. Pour certains

produits financiers, les services informels sont importants, en particulier en ce qui concerne

la fourniture de crédit dans les zones rurales.

Figure 8 : Paysage de la fourniture de services financiers, formel et informel

Source : Recherches et consultations du MAP

L'infrastructure bancaire est raisonnable selon les normes comparatives de l'UEMOA. En ce

qui concerne les succursales bancaires et les Distributeurs Automatiques de Billets (DAB), ainsi

que le niveau de disponibilité par rapport à la taille de la population au Togo, la disponibilité

est bonne. Cependant, la région de l'UEMOA est moins développée que certains autres pays

d'Afrique subsaharienne.

Provision formelle

Banques (13)

La Poste

SFD (87)

Prêteurs

Informels

Assureurs

(CT/vie/mic

ro) 12

Provision informelle

OTA(4)

Filières

informelles

Associations

villageoises/

tontines

Epargne

PaiementsAssurance

Crédit

Sécurité sociale

de

gouv/assurance

de santé (1)

Détaillants

Pensions (1)

ORM (2)

Associations

de solidarité (

funérailles…)

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10

Figure 9 : Succursales de banques commerciales pour 100 000 habitants, 2015

Source : Enquête sur l'Accès financier du FMI, 2016

Figure 10 : Distributeurs automatiques de billets pour 100 000 habitants, 2015

Source : Enquête sur l'Accès Financier du FMI, 2016

Les données comparatives montrent également que l'infrastructure des SFD est vaste. Il y a

beaucoup plus de succursales de SFD au Togo que de succursales bancaires.

012345678

No

mb

re

Autres pays de l'ASS

UEMOA

0

2

4

6

8

10

12

No

mb

re

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Figure 11 : Succursales de SFD pour 100 000 habitants, 2015 (UEMOA)

Source : Enquête sur l'Accès Financier du FMI, 2016

La répartition géographique est inégale, les banques et les SFD étant concentrées dans les

zones urbaines. La population du Togo est à 42% urbaine et 58% rurale (FinScope, 2016).

Cependant, les infrastructures de services financiers sont principalement urbaines, et sont en

outre concentrées dans la région côtière autour de la province du Grand Lomé et Maritime.

Tableau 1 : Emplacement des points de vente de services financiers

Grand Lomé/Maritime

Autre Urbain Rural Total

Banque – succursale >65%

> 250

Banque - DAB

> 200

SFD 60% 40% 421

Agent de mobile money La majorité Certains Très peu 5 000-10 000

Agent/courtier d’assurance La majorité Certains 0 Aucune donnée

Agent de transfert d’argent La majorité Certains Très peu Aucune donnée

Poste 90 0 90

Source : Recherche et consultations du MAP ; BCEAO

Les SFD sont un peu plus accessibles que les banques pour la plupart des adultes. Parmi les

adultes qui savaient combien de temps il faudrait pour atteindre une succursale d’un SFD, 58%

ont déclaré que cela a pris moins de 20 minutes. En revanche, parmi ceux qui savaient

combien de temps il faudrait pour se rendre à leur banque la plus proche, seulement 48% ont

déclaré que cela prend moins de 20 minutes. En moyenne, il faut 24 minutes pour se rendre

à la succursale du SFD le plus proche et 30 minutes pour la succursale bancaire la plus proche.

0

2

4

6

8

10

12

14

16

Senegal Mali Benin BurkinaFaso

Coted'Ivoire

GuineaBissau

Niger Togo

No

mb

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12

Figure 12 : Durée du trajet pour se rendre à la succursale de banque ou de SFD (% des adultes

répondants)

Source : FinScope 2016

En termes de nombre de clients (titulaires de compte), le mobile money dépasse de loin les

banques et les SFD, bien que cela ne signifie pas nécessairement que tous les titulaires de

compte sont actifs. Il y a également un grand nombre d'utilisateurs de services informels,

notamment des groupes d'épargne informels et les fournisseurs de crédit ; le nombre

d'utilisateurs de services informels dépasse le nombre de clients des banques et des SFD.

Figure 13 : Nombre de clients par type de fournisseur de services financiers (2016)

Source : FinScope 2016 et ART&P

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

< 10 mins 11 -20mins

21 - 30mins

31 - 60mins

1 – 2 heurs Plus de 2heurs

Banques IMFs

0

200

400

600

800

1 000

1 200

1 400

1 600

1 800

Banques IMFs Argentmobile

Assurances Grp. inf.epargne

Fournisseursinf. de credit

Assur. inf.(assoc.

funéraires)

Nom

bre

de c

lients

(‘0

00)

Autre formel Informel

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13

3.2 Types de Fournisseurs de Services Financiers

Banque

Le Togo compte 13 banques commerciales agréées, mais les quatre plus grandes banques

représentent les deux tiers du marché. Il y a différentes formes d’actionnariat, y compris

l’actionnariat du gouvernement, l’actionnariat privé local et l’actionnariat étranger. En outre,

La Société des Postes du Togo offre une gamme de services bancaires.

Tableau 2 : Principales banques au Togo

Nom Part de marché Actionnariat majoritaire

Local – public (Gouv)

Local – privé Étranger

Orabank 25% X

Ecobank 18% X

UTB 12% X

Diamond Bank 12% X

Banque Atlantique 8% X

Source : recherche et consultations du MAP

Le crédit bancaire au Togo augmente constamment ces dernières années. Le taux de

croissance annuel moyen sur la période de 2011-2016 était de 17%, pour atteindre un total

de 664,1 milliards de FCFA à la fin de 2016.

Les banques offrent une gamme complète de produits bancaires standards, ainsi que des

produits innovants. La gamme de produits comprend divers types de comptes de dépôt et

d'épargne, des prêts garantis et non garantis, ainsi que des services de paiements, y compris

des transferts d’argent et des cartes de paiement. Certains produits dédiés innovants ont été

introduits en mettant l'accent sur les clients à faible revenu, tels que les comptes de

téléphonie mobile. Ceux-ci peuvent être ouverts à distance et ont des exigences KYC (« Know

Your Customer ») minimales.

L'interaction avec le client se fait par l'intermédiaire de succursales (agences), de DAB et, de

plus en plus, de systèmes bancaires mobiles, mais les agents intermédiaires bancaires

(agency banking) ne sont pas autorisées. Comme indiqué ci-dessus, les succursales sont

concentrées dans le Grand Lomé, la région Maritime et dans d'autres zones urbaines, et il en

est de même avec les DAB, qui sont essentiellement urbains. Les banques sont réticentes à

développer des réseaux de succursales rurales, affirmant qu'elles sont chères et non rentables.

Conformément aux règles en vigueur, les banques ne sont pas autorisées à utiliser des services

indépendants (tiers) pour fournir des services en leur nom, ce qui limite la capacité d'offrir

des services dans des zones éloignées dans lesquelles l’implantation de succursales n’est pas

justifiée.

Les prix des produits bancaires semblent être raisonnables et montrent une certaine

variation entre les différentes banques. Les clients paient généralement des frais mensuels,

allant de 1 000 à 7 000 CFA par mois. Cela comprend un ensemble d’opérations pour lesquelles

il n'y a pas de frais supplémentaires, alors que certaines transactions (telles que les retraits

auprès des DAB ou les dépôts en espèces) comportent des frais supplémentaires. Des

exemples de frais de trois banques sélectionnées sont présentés ci-dessous :

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14

Tableau 3 : Exemples de frais bancaires (CFA)

FRAIS/TARIFS BANCAIRES Ecobank Banque

Atlantique Diamond

Bank

Caractéristiques du compte

Solde minimum d’ouverture Néant Néant Néant

Carte bancaire fournie? (O/N) O O O

Service de banque en ligne disponible? (O/N) O O O Service bancaire par téléphonie mobile disponible? (O/N) O O O

Frais de maintenance et de mise en service

Frais de tenue de compte mensuel 3 000-7000 2000-5000 1000

Frais de mise en service du Service de banque en ligne Néant 6000 Néant

Frais mensuel du Service de banque en ligne Néant 1000/mois Néant Frais de mise en service du Service bancaire par téléphonie mobile Néant Néant Néant Frais mensuel du Service bancaire par téléphonie mobile Néant

400/600/1000 par mois Néant

Dépôts

Dépôts d’espèces - Succursale 100 100 100

Retraits/Paiements/Transferts

Retrait d’espèces/ chèque au comptoir 0 0 0

Retrait d’espèces au DAB chez nous 455 500 500

Retrait au DAB–autre banque (national) 455 500 500

Transaction POS (national) 0 0 0 Transferts entre propres comptes (internet/DAB) 0 0 0 Paiements à des tiers (internet/DAB) autres banques locales 0 0 0 Prélèvement/domiciliation (pour une autre banque locale) 0 0 0

Relevés

Relevés Bancaires provisoires (à la Succursale) 2 000 1000 1000/page Au DAB - mini-relevé 0 0 0

Source : recherche et consultations du MAP

Les frais bancaires sont conformes aux normes internationales, mais elles sont à un prix

inaccessible pour de nombreuses personnes. Les frais mensuels totaux dépendent du mode

d'utilisation, mais ils sont basés sur un «paquet» standard (utilisé dans d'autres pays objet

d’enquêtes MAP) ; le coût mensuel s'élève entre 3 400 CFA et 7 200 CFA (7-15USD). Cela

correspond aux résultats d'autres pays, qui varient généralement de 4 à 15USD par mois.

Toutefois, ces frais pourraient rendre inabordable la possession de comptes bancaires pour

de nombreuses personnes, étant donné que le revenu mensuel médian pour les adultes est

de 25 000 CFA.

Les taux d'intérêt varient selon les banques, mais dans une fourchette de prix assez étroite.

Les exemples sont présentés ci-dessous.

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Tableau 4 : Taux d'intérêt bancaire sélectionnés (%)

Type de taux Min Max

Dépôts d’épargne – inférieur 2,00 4,00

Dépôts d’épargne – supérieur 5,00 7,00

Taux de base des crédits 7,70 10,85

Taux de crédit maximum 12,00 15,00

Source : BCEAO

Institutions de Microfinance (IMF) ou Système Financier Décentralisé (SFD)10

Les SFD sont des fournisseurs de services financiers extrêmement importants au Togo et

couvrent en partie l'écart causé par la concentration des banques sur les clients urbains à

revenu plus élevé. Les SFD peuvent avoir différentes formes. Elles sont en majorité des

organisations mutualistes (coopératives), appartenant à des membres. Quelques-unes sont

des sociétés anonymes (SA). Bon nombre des SFD mutualistes sont regroupées sous la forme

de réseaux de SFD, qui constituent des groupements de SFD juridiquement distinctes,

fournissant des services communs. Le plus grand réseau de SFD est la FUCEC, avec environ

60% de part de marché dans le secteur des SFD à l'échelle nationale. Le plus grand SFD

individuel est WAGES, qui est une association plutôt qu'une coopérative. Bien que les SFD

répondent à une démographie socioéconomique légèrement différente que les banques, elles

sont encore largement axées sur les zones urbaines et les clients ayant des revenus réguliers.

Tableau 5 : SFD majeures au Togo 30 mars 2017

Nom Part de marché (encours crédit)

Forme Juridique

FUCEC 40% Réseau SFD

Coopec AD 9,4% SFD mulitiagences

WAGES 7% SFD multiagences

CECA 3,5% SFD Multiagences

URCLEC 3% Réseau SFD

UMECTO 2,5% Réseau SFD

Source : recherche et consultations du MAP

Les SFD ont accordé un crédit total de 123,3 milliards FCFA à fin Juin 2016 (Source CAS-IMEC).

La BCEAO rapporte que les SFD ont 1,9 million de comptes ; ceci est beaucoup plus élevé que

le nombre de clients de SFD rapportés dans FinScope, ce qui suggère que beaucoup de

personnes ont des comptes auprès de plus d'un SFD.

Les frais pour les services auprès des SFD sont beaucoup plus faibles que pour les banques.

L'utilisation des services d'un SFD nécessite une cotisation initiale (généralement 5,000 CFA),

mais à part cela, des frais de compte mensuels de 100 CFA sont généralement payables, sans

frais supplémentaires.

Les taux d'intérêt appliqués sur les prêts auprès des SFD sont généralement supérieurs à

ceux des banques. Les taux de prêt des SFD varient généralement de 15% à 18%. Les taux de

rémunération des dépôts d'épargne sont généralement de 2,5% à 3,5%, semblables à ceux

offerts par les banques.

Il y a des préoccupations générales quant à la qualité de la gestion des SFD. Bien qu'il existe

10 Au Togo, les IMF sont généralement appelées SFD (Système Financier Décentralisé).

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des exemples de SFD très bien gérées, dans de nombreux cas la gestion est médiocre et, dans

le passé, il y a eu de nombreuses défaillances des SFD avec des cas où des agréments ont été

retirés, ayant parfois causé des pertes pour les déposants. La mauvaise gestion est parfois due

à une croissance trop rapide, sans le développement proportionnel de la capacité de gestion.

En outre, une faible supervision signifie qu'une mauvaise gestion peut ne pas être facilement

détectée.

Encadré 1 : Le FNFI

Le gouvernement du Togo joue un rôle important dans le secteur financier. Une initiative clé

a été la mise en place du Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) en 2013, qui met des

fonds à disposition des SFD pour les prêts aux emprunteurs ciblés et dont l’objectif est

d'atteindre 2 000 000 de bénéficiaires d'ici 2018. Le FNFI a trois produits de crédit de base :

APSEF (qui cible les femmes et hommes pauvres, potentiellement actifs économiquement,

ayant ou pouvant exercer une activité génératrice de revenu par le biais de groupements) ;

AGRISEF (qui cible les agriculteurs) ; et AJSEF (qui cible la jeunesse).

Le FNFI octroie des fonds aux SFD à un taux d'intérêt de 2 et 3% (APSEF) et de 3% (pour les

autres produits). Les SFD choisissent les emprunteurs conformément aux critères

prédéterminés pour chaque produit et sont responsables de la sélection finale des

emprunteurs et des décisions de prêt. Elles apportent également certaines de leurs propres

ressources. Au 31 décembre 2016, 32 milliards de francs CFA avaient été financés par le FNFI,

dont une contribution du gouvernement de 19 milliards de francs CFA ; quelque 700 000

emprunteurs ont été atteints (République du Togo, 2017).

Les opinions sont mitigées sur le FNFI dans le secteur des SFD. L'une des préoccupations est

qu'il n'est pas financièrement attrayant pour les SFD. Les SFD paient en moyenne 2,5% au

gouvernement pour les fonds FNFI, qui sont ensuite prêtés à 5-8%, rendant leur marge

réduite, nettement inférieure à ce qu’elles gagnent normalement sur leur marge prêt-dépôt.

Toutefois, les SFD reçoivent également des frais de gestion de 8%, ce qui compense

partiellement la marge étroite. Le faible coût des prêts FNFI entraîne la réticence des

emprunteurs à utiliser les produits de prêt conventionnels des SFD qui coûtent beaucoup plus

cher.

Les SFD doivent supporter pratiquement toutes les pertes sur créances dans le cadre du

régime - seulement environ 5% des pertes sont remboursées par le FNFI. Cela signifie que le

FNFI ne fonctionne pas efficacement comme un système de garantie partielle de crédit

(SGPC). Alors que les SGPC sont largement utilisés dans le monde pour partager le risque de

crédit et accorder des prêts aux PME emprunteurs, ils supportent généralement 50 à 80% du

risque de crédit.

Les SFD rapportent que la discipline de crédit des emprunteurs est médiocre. Les fonds du

FNFI sont considérés, par certains emprunteurs, comme des fonds du gouvernement auxquels

ils ont droit, et il y a une réticence à rembourser. L'évaluation, du FNFI effectuée au début de

l'année 2017, a révélé un taux de remboursement de 78% en septembre 2016. L'évaluation a

également conclu que, plutôt que de poursuivre les objectifs initiaux à tout prix, au détriment

de la qualité du crédit et de la discipline, un objectif révisé de 1 000 000 de bénéficiaires

devrait être adopté pour 2018.

Bien que le FNFI fournisse des fonds aux SFD pour la rétrocession, cela ne résout pas les

contraintes de capital des SFD. Les SFD sont tenus de détenir des fonds propres équivalents

à 15% des actifs. Le capital peut être obtenu auprès des actionnaires/membres, ou des

excédents conservés. Étant donné que la plupart des SFD ne sont pas très rentables, il est

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difficile de faire croître le capital par les fonds accumulés, et en plus, en tant qu'organisations

mutualistes, il n’est pas facile d’obtenir des fonds destinés à être capitalisés auprès des

membres. Par conséquent, leur capacité à utiliser efficacement les fonds FNFI en respectant

les exigences réglementaires, est limitée. Une solution serait d'utiliser une partie des fonds

FNFI comme capital permanent pour les SFD, qui ne devrait être remboursé au gouvernement

qu’à long terme.

Le Mobile Money

Le Togo a deux services de mobile money ; en dépit de l’avènement quelque peu tardif du

mobile money au Togo, sa croissance a été rapide. Les deux services de mobile money sont

T-Money (de la société publique Togocel) et Flooz (de la société privée Atlantic Telecom Togo

(Moov)). Le marché est divisé approximativement à part égale entre les deux en termes de

points de vente. Mais en termes de nombre de clients, Atlantic Telecom Togo possède 74% et

Togocel 28%. Les deux services suivent un modèle s’appuyant sur les banques pour l’émission

de la monnaie. Atlantic Telecom travaille avec trois banques, tandis que Togocel travaille avec

une seule banque. Les services ont commencé en 2014, et le nombre de titulaires de compte

de mobile money a doublé en 2015 et en 2016. Il y a maintenant beaucoup plus de comptes

de mobile money que de comptes bancaires ou comptes SFD. Cependant, on ne connait pas

le nombre de comptes actifs.

Tableau 6 : Nombre de Comptes de Mobile Money

2014 2015 2016

Nb. de comptes (‘000) 354,7 836,3 1 682,3

Source : ART&P

Une faiblesse majeure du système de mobile money au Togo a été une infrastructure de

distribution limitée. Les données comparatives ne sont disponibles que pour 2014/15, mais

celles-ci montrent que le Togo avait alors un nombre très faible d'agents de mobile money. La

faiblesse du système de mobile money au démarrage pourrait être également expliquée par

la méconnaissance des services par les usagers et par le fait que le second opérateur n’a

commencé ses activités qu’en 2016. Le réseau du Togo était comparable à celui du Nigéria -

où le mobile money n’a pas réussi à se développer - et faible par rapport au Ghana et à

l'Afrique de l'Est, où la croissance et l'impact du mobile money ont été spectaculaires.

Cependant, le nombre d'agents de mobile money a considérablement augmenté depuis cette

période, et il est estimé actuellement à 200 pour 100 000 adultes.

Figure 14 : Agents de mobile money (pour 100 000 adultes) - pays sélectionnés de l'Afrique

subsaharienne (2014/15)

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18

Source : Enquête sur l'Accès Financier du FMI, 2016

Assurance

Le secteur de l'assurance au Togo est segmenté en assurance couvrant le long terme (vie),

assurance couvrant le court terme (pertes) et en micro-assurance, selon la règlementation

en matière de licence. Les plus grandes compagnies d'assurance NSIA et SAHAM se

partageaient environ 50% du marché en termes de chiffre d’affaires en 2016. Les principaux

produits proposés sont les suivants :

• A court terme : assurance véhicule

• A long terme : vie collective / pension

L'assurance véhicule est obligatoire (de par la loi), mais l’application de cette loi n’est pas toujours assurée. Par conséquent, de nombreux véhicules au Togo ne sont pas assurés (environ 50% selon les compagnies d’assurance). Le nombre d'adultes formellement assurés est relativement faible, à moins de 10% de la population adulte.

Tableau 7 : Principales compagnies d'assurance (2016)

Nom Part de marché (chiffre

d’affaires)

Type (Long-terme, court-terme, micro)

Actionnaire important

Local – public (Gouv)

Local – privé Étranger

NSIA 25,4% LT/CT X X

SAHAM 25,2% LT/CT X X

SUNU 15,4% LT/CT X X

GTA C2A IARD 13,0 LT/CT X X X

Allianz Togo 8,0% LT/CT X X

Fidelia 6,3% LT/CT X X

Source : recherche et consultations du MAP

Informel

Les prestataires de services financiers informels jouent un rôle important au Togo, en

particulier pour les assurances, l’épargne et le crédit. L’utilisation des services financiers

0

100

200

300

400

500

600

700

par

10

0 0

00

ad

ult

es

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informels est discutée plus en détail sur la base des différents produits ci-dessous. Par rapport

à l’assurance, il existe un niveau de fourniture/couverture sociale important à travers des

régimes informels de villages. Ceux-ci incluent des régimes financiers, où les membres

procèdent à un paiement régulier en contrepartie de prestations en cas de décès (sociétés

funéraires) et des régimes non financiers (de solidarité) où l'on s'attend à un soutien

communautaire en cas de décès.

Les associations informelles d'épargne et de crédit villageois (tontines) existent et jouent un

rôle important dans les zones rurales, bien que l'étendue de leurs opérations ne soit pas bien

documentée. Celles-ci sont principalement constituées de petits groupes d'individus,

généralement des femmes, et certaines sont soutenues par des ONG. Ces associations

fournissent une plateforme pour de petites économies régulières et un crédit à court terme

pour des activités productives. Certaines tontines ont des comptes auprès des SFD.

Du crédit informel est également disponible auprès des détaillants, des voisins et des

commerçants. Les agriculteurs en particulier utilisent beaucoup le crédit informel auprès des

commerçants (acheteurs de produits) et des fournisseurs d'intrants.

Encadré 2 : Enquête Mystère (Février 2017)

Un exercice d’«enquête mystère» a été conduit, impliquant une visite à un point de vente

d'une institution financière par un client anonyme, pour connaître les produits et la qualité de

l'accueil, afin de répondre à la question «comment est-ce que les institutions financières

présentent leurs offres aux clients? ». L’échantillon était constitué de 10 banques, 10 SFD, 6

compagnies d'assurance, 2 opérateurs de mobile money et la Poste.

Qualité de l’accueil : 55% des répondants étaient généralement satisfaits de l'accueil reçu dans

différentes agences d'institutions financières, alors que 45% des répondants étaient

insatisfaits.

Gamme de produits proposés : 51% des répondants estiment que les établissements ont des

produits spécifiques pour les personnes à faible revenu.

Les SFD ont été jugés plus intéressés par les clients à faible revenu (avec des produits

appropriés et une conditionnalité plus souple) ; cependant, les taux d'intérêts sur leur leurs

crédits étaient jugés élevés.

Les compagnies d'assurance n'avaient pas de produits de micro-assurance adaptés aux clients

à faible revenu.

Les banques ont des taux d'intérêt plus bas que les SFD, mais avec une conditionnalité plus

stricte (comme l'information financière, les garanties, etc.) pour accéder aux prêts.

48,9% des répondants ont constaté que les produits ne sont pas suffisamment adaptés pour

eux.

Paiements

Le système de paiement au Togo est modérément développé et bénéficie de son

appartenance au système régional de l'UEMOA. Les éléments clés du système de paiement

sont les suivants :

Le système régional de paiement à grande valeur, exploité par la BCEAO, connu sous le nom

de STAR-UEMOA. Ce système relie toutes les banques de l'UEMOA et permet des règlements

en temps réel des transactions interbancaires.

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Systèmes nationaux de compensation et de règlement, exploités par la BCEAO. Dans chaque

pays, l’agence BCEAO nationale gère un système de compensation et de règlement, connu

sous le nom de SICA-UEMOA, pour les chèques et les transferts électroniques de fonds

(TEF).Ce service est disponible pour les banques commerciales.

Le système régional de paiements bancaires, GIM-UEMOA, fournit des services de cartes et

relie les DAB. GIM-UEMOA fournit des services à ses membres que sont des banques de

l'UEMOA, et est agréé par la BCEAO.

Les systèmes de cartes internationales, y compris VISA et Mastercard, opèrent également dans

l'UEMOA et fournissent des liens alternatifs au niveau des DAB.

Les banques commerciales offrent des DAB, des TPE et des services de paiement par internet.

La couverture des DAB est raisonnable selon les normes de l'UEMOA, mais le réseau de TPE

n'est pas assez développé.

La Société des Postes du Togo (SPT) possède également un réseau de DAB, émet des cartes et

est membre de GIM-UEMOA. Cependant, elle n'est pas une banque agréée et doit donc utiliser

les banques commerciales comme intermédiaires pour accéder aux systèmes nationaux et

régionaux de la BCEAO.

Quatre Opérateurs de Transfert d'Argent (OTA) opèrent au Togo dont Western Union,

Moneygram, RIA et Wari. Cependant, ils ne sont pas directement sous licence et opèrent à

travers les banques commerciales et la SPT, qui sont autorisés à fournir des services de

paiement.

Les SFD offrent certains services de paiement, mais ils sont principalement limités aux

transferts. Les SFD ne disposent pas de réseaux de DAB ou de TPE et ne délivrent pas de cartes

de paiement. Ils n’ont pas d'accès aux réseaux BCEAO et doivent donc fonctionner via des

banques commerciales.

Les opérateurs de mobile money ne fournissent qu'une gamme limitée de services, c'est-à-dire

les transferts et les versements. Les services sont fournis en collaboration avec les banques.

Autres infrastructures

Un Bureau d’Informations sur le Crédit dans l’UMOA (BIC-UMOA) a été créé en 2015, basé à

Abidjan. En principe, toutes les banques et autres fournisseurs de crédit (y compris les SFD)

de l'UEMOA doivent soumettre des informations sur les crédits au BIC et consulter le BIC avant

d'octroyer le crédit, afin de vérifier l'historique de crédit d'un individu et d'autres risques de

crédit. Dans la pratique, cependant, le recours au bureau d’information sur le crédit est limitée,

les établissements affirmant que l'information est de mauvaise qualité, que les frais sont

élevés et que le rapport qualité-prix est médiocre. Outre les lacunes dans le classement des

informations sur le crédit, une autre raison de la médiocrité de la qualité évoquée par les

utilisateurs est le manque d'identifiants uniques pour les individus, étant donné que seule une

minorité d'adultes Togolais ont une carte nationale d’identité.

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21

4. Cadre Politique et Réglementaire Lié à l'Inclusion Financière

4.1 Cadre Politique

Le principal cadre de politique de développement économique et social du Togo est le PND

2018-2022- Pour lutter contre la pauvreté et les faibles revenus, le Gouvernement du Togo a

initié le Plan National de Développement (PND) 2018-2022 qui intervient après la Stratégie de

Croissance Accélérée pour la Promotion de l'Emploi (SCAPE) qui couvrait la période 2013-

201711. Le PND repose sur trois axes articulés autour d’une croissance inclusive créatrice

d’emplois ; à savoir : (i) mettre en place un hub logistique d’excellence et un centre d’affaire

de premier ordre dans la sous-région ; (ii) développer les pôles de transformation agricole,

manufacturiers et d’industries extractives ; (iii) consolider le développement social et

renforcer les mécanismes d’inclusion.

Le PND comporte un certain nombre d’effets spécifiques liés à la promotion de l'inclusion

financière et, de manière plus générale, au développement et à la diversification du secteur

financier. Il s'agit notamment des effets suivants : (i) Effet 1.5 : Le numérique est développé

et facilite les transactions économiques et financières ; (ii) Effet 1.9 : Les PME/PMI ont accès

au financement adéquat ; (iii) Effet 2.1 : des chaînes de valeurs agricoles sont développées ;

(iv) Effet 3.3 : Les populations, en particulier les jeunes et les femmes, ont un accès à un emploi

productif décent et durable ; (v) Effet 3.5 : L’équité et l’égalité de genre sont renforcées ; (vi)

Effet 3.8 : Les populations, en particulier les pauvres et les vulnérables ont accès à des services

financiers adaptés à leurs besoins.

Mise en place du FNFI, l'une des principales actions de la SCAPE. L'une des actions spécifiques

à l'appui aux domaines 2, 3 et 4 ci-dessus a été la création du Fonds National de la Finance

Inclusive (FNFI), créé pour soutenir le financement des PME et des SFD, en mettant l'accent

sur les jeunes (discuté plus en détail dans la partie Paysage du Secteur Financier).

La politique de développement du secteur financier relève du Ministère des Finances et de

l'Économie. Cependant, elle est étroitement coordonnée avec les institutions régionales

compte tenu du niveau élevé d'intégration économique et financière régionale. La politique

nationale de développement du secteur financier au Togo doit être conforme au cadre

politique et légal régional.

Une Stratégie régionale d'Inclusion Financière a été développée par la BCEAO en

collaboration avec UNCDF. Le document-cadre de politique et de Stratégie Régionale

d'Inclusion Financière dans l'UEMOA (SRIF) a été adopté par le Conseil des Ministres de

l'UMOA, en sa session du 24 juin 2016, à Lomé, au Togo. La stratégie couvre la période allant

jusqu'en 2020 et comporte cinq composantes principales :

• Promouvoir un cadre légal, réglementaire et une supervision efficaces ;

• Assainir et renforcer le secteur de la microfinance ;

• Promouvoir les innovations favorables à l'inclusion financière des populations exclues (jeunes, femmes, PME, populations rurales, personnes à faible éducation financière) ;

• Renforcer l'éducation financière et la protection du client de services financiers ; et

• Mettre en place un cadre fiscal et des politiques favorables à l’inclusion financière.

11 République du Togo, 2013

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La Stratégie régionale est assortie d’un plan d’actions décliné autour des cinq axes, avec un

budget estimatif de 20,0 milliards FCFA sur un horizon de cinq (5) années,, des structures de

coordination ainsi qu’un cadre de suivi-évaluation incluant des objectifs quantitatifs à réaliser

au cours de la durée de la Stratégie. La Stratégie s'applique à tous les pays membres de

l'UEMOA, y compris le Togo, et présente des indicateurs et des cibles aussi bien nationaux que

régionaux.

4.2 Cadre Réglementaire du Secteur Financier

Organes de régulation

La réglementation du secteur financier au Togo se fait par une combinaison d'institutions

régionales et nationales. Beaucoup de lois et de règlements sont formulés au niveau régional

et, par conséquent, sont uniformes dans l'UEMOA. Néanmoins, ils doivent être mis en œuvre

au niveau national, ce qui nécessite parfois l'adoption de lois nationales.

Le principal organe de régulation du secteur financier de l'UEMOA est la banque centrale

régionale, la BCEAO et son institution associée, la Commission Bancaire de l'UMOA. Ces deux

institutions sont responsables de la réglementation des banques, des SFD, des paiements et

du mobile money, des opérateurs de transfert d'argent et des bureaux de change. Bien

qu'elles soient des institutions régionales, elles ont une présence nationale au Togo.

L'assurance est réglementée séparément et est sous le contrôle de la Conférence

Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA), qui a pour organe régulateur la Commission

Régionale de Contrôle des Assurances (CRCA).

Il y a également des organes nationaux de régulation pour les SFD et les assurances, relevant

du Ministère de l'Économie et des Finances. La CAS-IMEC réglemente les SFD (même si elle

s’en remet à la BCEAO pour les plus grands SFD). La Direction Nationale de l'Assurance

réglemente tous les acteurs du secteur de l’assurance, conformément au cadre réglementaire

régional établi par la Commission Régionale de Contrôle des Assurances.

Il y a d'autres institutions de réglementation ayant des responsabilités régionales qui sont

pertinentes pour le Togo. Il s’agit entre autres de :

• Marchés des capitaux : la CREPM réglemente la bourse régionale, basée à Abidjan ;

• Les Institutions de Financement du Développement (IFD) : la Commission de la

CEDEAO réglemente les Institutions de Financement du Développement (IFD)

régionales (BIDC) ;

• La commission de l’UEMOA responsable de la Banque Ouest Africaine de

Développement (BOAD)

• La BCEAO réglemente également le bureau d’information sur le crédit de l’UMOA

(basée à Abidjan) et les opérateurs de paiements régionaux.

L’organe national chargé de la régulation des télécommunications, l'ART&P, est également

un acteur clé pour le développement du secteur financier. L'ART&P est responsable de la

régulation des activités de la Société des Postes du Togo (SPT ), qui fournit également des

services financiers. Cependant, la SPT doit rendre compte à la BCEAO, même si elle n'est pas

une banque agréée. L'ART&P régule les Opérateurs de Réseau Mobile (ORM), qui fournissent

les services de mobile money (bien que ces services de mobile money soient réglementés par

la BCEAO). Le ministère des Postes et de l'Économie Numérique joue également un rôle dans

la réglementation des ORM car il est responsable de l’octroi des autorisations d’entrée sur le

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marché des communications électroniques.

Il existe également une agence nationale de renseignement financier. L’unité de

renseignements financiers du Togo, à savoir la Cellule Nationale de Traitement de

l'Information Financière (CENTIF), agit en tant qu'administrateur en chef des lois du pays en

matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et de lutte contre le financement du

terrorisme. Le CENTIF analyse les déclarations d’opérations suspectes et les rapports de

tentatives de transport d'argent à travers les frontières excédant les montants autorisés par

la loi. Le CENTIF relève du Ministère de l'Économie et des Finances.

Figure 15 : Institutions de régulation du secteur financier au Togo

1.Les institutions du Togo sont réglementées et supervisées par la BCEAO

2. Institutions réglementées et supervisées par d'autres régulateurs du secteur financier

3. Institutions régionales de réglementation

BCEAO

Institutions de dépôt

Banques Commerciales

[13]

Grandes IMF (15)

Paiements

Argent mobile (2)

Forex & Transfrontalier

Opérateur de Transfert

d'Argent (4)

Bureaux FX (9)

LBC/FT (intersectoriel)

Commission bancaire de

l'UMOA

C

Ministère de l'Economie et des

Finances

CAS-IMEC

Institutions de Micro finance

Direction Nationale des

Assurances

Assureurs à court teme

Assureurs à long terme (vie)

Micro-assureursAgents et courtiers

d'assurance

CIMA/Commission Régionale de Contrôle des Assurances

Ministère de la Poste et de l'Economie Numérique

Régulateur des télécommunicatio

ns (ARTP)

SPT ORM

Mobile money

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Source : Consultations du MAP

Le fait que la réglementation du secteur financier soit largement déterminée au niveau

régional présente des conséquences importantes. L’aspect positif est qu’il existe une

uniformité dans les dispositions et les normes réglementaires à travers tous les États

membres. Cela contribue à apporter de la cohérence et de la clarté aux agents économiques

ainsi qu’à minimiser les possibilités d’”arbitrage réglementaire” entre les pays. Cela signifie

également qu'il y a un gain d’efficacité grâce à des économies d’échelle ; c'est-à-dire qu’un

pays ne supportera pas seul les coûts de l’ensemble des infrastructures réglementaires. Pour

ce qui est de l’aspect négatif, cela peut signifier que les changements de la réglementation

pourraient être difficiles et lentes à entreprendre, étant donné que l’accord des différents

pays membres est nécessaire. Ainsi, un État membre ne peut pas décider seul de modifier une

disposition règlementaire en réponse à l'évolution de ses besoins et des circonstances.

Réglementation bancaire

La Commission Bancaire de l'UMOA (CBU) est responsable de la réglementation et de la

supervision des banques dans l'UMOA. Elle a été créée en 1990 et est régie par une

convention révisée adoptée en 2007. L’un de ses objectifs est d’assurer une supervision et

une intégration uniformes du milieu bancaire dans l'UEMOA. Bien qu’elle soit juridiquement

distincte de la BCEAO, les deux organisations sont étroitement liées ; le gouverneur de la

BCEAO est le président de la Commission Bancaire et la BCEAO assure le secrétariat de la

Commission Bancaire. La BCEAO et la CBU tirent leur autorité des traités de l'UEMOA et sont

supervisées par le Conseil des Ministres de l'UEMOA.

La Loi Bancaire Uniforme s'applique dans tous les pays de l'UEMOA, tel que prévu par les

parlements nationaux. Le minimum de capital requis pour une banque est de 20 millions de

dollars américains et l'exigence en matière de fonds propres (capital de base) est de 8% des

actifs pondérés, conformément aux exigences de Bâle I. Les banques sont autorisées à

entreprendre des opérations de dépôt, de crédit et de paiements. Les demandes d’agrément

bancaires sont étudiées et évaluées par la CBU, bien que l’agrément en lui-même soit accordé

par le Ministère de l'Économie et des Finances, sur recommandation de la CBU.

Certaines banques ne respectent pas les exigences statutaires en matière de fonds propres.

Cela constitue une source de préoccupation pour les organes de régulation et une source

potentielle de risque et d'instabilité dans le système bancaire. Cela explique également le fait

qu’il existe parfois, dans le secteur bancaire, une réticence des banques à prêter à d'autres

banques, ce en raison de la crainte de pertes possibles. La conséquence directe est l’inactivité

du marché interbancaire.

CREPM (Marchés de capitaux)

BRVM

Commission UEMOA/ CEDEAO

(IFD Régionale)

BOAD BIDC

BCEAO

Informations Crédit

BIC-UMOA (Abidjan)

Paiements

GIM-UEMOA

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Les exigences sur fonds propres sont augmentées dans le cadre de Bâle II/III. En juin 2016, le

Conseil des ministres de l'UEMOA a adopté les normes de capital de Bâle II et III, ce qui

augmentera l'exigence de base de fonds propres à 9% des actifs pondérés, ainsi que le

resserrement d'autres normes réglementaires pour les banques. Ces dernières seront

introduites pendant la période 2018-22. Leur capacité à réduire les risques du secteur

bancaire dépendra d'une application efficace.

Les banques agréées ont des comptes à la BCEAO. Cela leur donne accès au système de

paiement et de règlement de la BCEAO. Elles peuvent également accéder aux facilités

d'emprunt d'urgence (liquidités) de la BCEAO.

Réglementation de la Microfinance

Les SFD sont soumis à la même réglementation, toutefois les organes en charge de la

supervision diffèrent selon leur taille. Les grands SFD, définies comme étant celles ayant un

encours de dépôt ou de crédit supérieur à 2 milliards FCFA, sont soumises au contrôle de la

Commission Bancaire de l'UMOA (CBU). Il existe 15 "grands" SFD au Togo supervisées par la

CBU. Les autres SFD relèvent de la CAS-IMEC (Cellule d'appui et de suivi des institutions

mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit) du ministère de l'Économie et des

Finances. La CBU est un superviseur plus strict et doté de meilleures ressources, ce qui

convient aux plus grands SFD. En revanche, la CAS-IMEC a moins de ressources adéquates

pour la supervision. La CAS-IMEC ne peut superviser que près de 35 SFD par an, sur un total

d'environ 200 si l’on compte chaque membre des réseaux de SFD. L'obligation pour les SFD

disposant d’un encours de crédit ou de dépôt de plus de 2 milliards de francs CFA d'être

soumises à une surveillance plus stricte (par la CBU) peut pousser certains SFD proches de la

limite de ces performances à restreindre délibérément leur croissance. Néanmoins, il existe

certains avantages à être supervisé par la CBU, notamment le respect de normes plus élevées

et une crédibilité accrue, qui incitent d’autres SFD à « entrer dans la cour des grands ». Il n’en

demeure pas moins que le Ministère de l’Economie et des Finances est responsable de tout le

secteur de la microfinance c’est-à-dire aussi bien les SFD de petite taille que de grande taille.

Les exigences sur fonds propres sont plus strictes pour les SFD que pour les banques. Il

n’existe aucun capital minimum requis (sur le plan monétaire) pour les SFD, mais l'exigence

de base en matière de fonds propre est de 15% des actifs totaux (c'est-à-dire significativement

plus élevé que celui des banques et calculé sur une base d'actifs plus importante - l'actif total

au lieu des actifs pondérés). Bien que les exigences en fonds propres plus élevées pour les SFD

puissent être justifiées par des expositions à des risques plus élevés, l'application des

exigences en fonds propres par rapport aux actifs totaux plutôt que les prêts est inhabituelle.

Les agréments de SFD sont accordés par le Ministère de l'Économie et des Finances. Toutes

les demandes d’agrément sont déposées au Ministère de l’Economie et des Finances.

L’instruction des dossiers est assurée conjointement par la CAS-IMEC et la BCEAO.

Les SFD n'ont pas de comptes à la BCEAO. Par conséquent, elles sont exclues de la

participation directe au système de compensation et de règlement et doivent passer par une

banque pour effectuer des paiements à d'autres institutions financières.

Les SFD ont généralement une liquidité plus faible que les banques (elles prêtent une forte

proportion de leurs dépôts) et certaines recherchent un refinancement auprès des banques

afin de soutenir la croissance des prêts. Ceci n'est pas toujours facile : certaines banques se

méfient des prêts accordés aux SFD en raison des soucis liés au risque de non-remboursement.

Un des avantages d'être supervisé par la CBU plutôt que la CAS-IMEC repose sur le fait que les

normes de surveillance plus élevées facilitent l'obtention du refinancement bancaire pour les

SFD.

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Les SFD peuvent être des Sociétés anonymes ou des coopératives. La majorité des IMF sont

constitués en mutuelles – essentiellement des coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC).

Quelques-unes sont établies en tant qu'entreprises – Sociétés Anonymes (SA). Les principales

différences entre les deux formes résident dans leurs structures de gouvernance, leur capacité

à collecter des capitaux et leur imposition. Les organisations mutuelles doivent augmenter le

capital de la vente d'actions aux membres, tandis que les SA peuvent vendre des actions au

public. Cela a des répercussions sur la capacité des deux formes à se développer et à satisfaire

aux exigences statutaires en matière de capital à mesure qu'elles s'élargissent. Les

organisations mutuelles ne paient pas d'impôt sur leurs bénéfices, tandis que les SA sont

imposables.

Les exigences sur fonds propre et les exigences réglementaires pour les SFD ne sont pas

véritablement appliquées. Certains SFD ont fait faillite, entraînant des pertes pour les

déposants membres. Dans certains cas, les SFD ont vu leur agrément retiré en raison de la

violation des exigences sur fonds propres ou d'autres exigences réglementaires comme la

cessation d’activités. L'une des faiblesses de la CAS-IMEC est sa lenteur dans l’application des

sanctions (mise en administration provisoire, retrait d’agrément, fermeture des SFD non

autorisés). Le fonctionnement des SFD non autorisés, dont certaines sont assez importantes,

constitue une source de risque pour les déposants et le secteur en général.

.

Réglementation des assurances

Le règlement des assurances distingue trois types d'assureurs : à long terme (vie), à court

terme et à la micro-assurance. Il prévoit également des courtiers et des agents d'assurance.

Les assureurs doivent respecter un certain nombre d'exigences légales réglementaires, dont

notamment les ratios minimum de capital et de solvabilité.

L'application et la surveillance des assurances sont faibles. L'une des principales exigences

réglementaires concerne l'assurance obligatoire des véhicules, mais elle n'est pas appliquée.

Les données sur le contrôle et la règlementation du secteur de l'assurance sont limitées, car

les exigences de déclaration pour les compagnies d'assurance ne sont pas toujours respectées.

Réglementation sur les paiements et le mobile money

Les banques et les SFD sont autorisés à fournir des services de paiement au public. À

l'exception du mobile money non bancaire (voir ci-dessous), il n’existe aucune disposition

règlementaire pouvant permettre aux fournisseurs de services de paiement non bancaires

d’obtenir un agrément auprès par la BCEAO. Les opérateurs de transfert d'argent doivent

s'associer à une banque et utiliser leur licence. Seule la BCEAO peut fournir des services de

compensation et de règlement des paiements.

Les services de mobile money dans l'UEMOA peuvent être fournis par des banques ou des

institutions financières non bancaires12. Au Togo, les deux fournisseurs de mobile money

opèrent dans le cadre d’une collaboration entre les ORM et les banques, ces dernières étant

responsables des aspects financiers tandis que les premiers s’occupent des aspects techniques

et des relations avec les clients. Sous le modèle de la banque, l'argent électronique doit être

émis par les banques et non par les ORM. Le modèle de mobile money non bancaire n'a pas

encore été utilisé au Togo, bien qu'il existe ailleurs dans l'UEMOA. Cela nécessiterait la

12 Le mobile money est supervisé par la BCEAO en vertu de la directive n ° 008-95-2015

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création par l’ORM d’une filiale financière dédiée à l’émission de l’argent électronique et qui

par conséquent devra avoir l’agrément de la BCEAO pour fournir des services de mobile

money(sans l’intermédiaire d’une banque). Il n'est pas permis aux produits de mobile money

de payer des intérêts.

L'environnement réglementaire des ORM, qui affecte la fourniture de services de mobile

money, est loin d'être idéal. L’organe de régulation des télécommunications, l’ART&P, n'est

pas autorisé à octroyer des licences de réseau ouvert au public. Les décisions d’octroi de

licences sont prises par le Ministère des Postes et de l'Économie Numérique. Cependant, il

pourrait y avoir conflit d'intérêts dans la mesure où le Ministère est propriétaire d'un des ORM

existants, Togocel, dont les bénéfices constituent une source importante de revenus pour le

gouvernement. Ce dernier aurait donc intérêt à empêcher la concurrence qui pourrait réduire

le flux de revenus pour Togocel. Selon la Banque Mondiale (2016)13, la lourdeur administrative

a entravé les opérations du concurrent unique à Togocel (Moov) et des barrières ont empêché

l’entrée d'un troisième opérateur. Dans l'ensemble, la Banque Mondiale a conclu que « la

performance du marché des TIC au Togo est un exemple coûteux d’une réglementation

biaisée par des conflits d'intérêt». Néanmoins, certains signes indiquent que la situation

pourrait s'améliorer, suite aux décisions d’octroi de licence à de nouveaux fournisseurs de

services internet durant le premier semestre 2017. Le ministère joue également un rôle dans

la régulation des tarifs de détail des services de téléphonie mobile, tandis que l’ART&P régule

les tarifs d’interconnexion. Conformément aux meilleures pratiques, l'ART&P devrait être le

seul régulateur et devrait fonctionner complètement et indépendamment du gouvernement.

Une autre source d’inquiétude est qu’il n’existe pas d’accord formel explicite entre le

régulateur des télécommunications (ART&P) et le régulateur des services de paiement

(BCEAO) quant à la manière dont les responsabilités réglementaires devraient être partagées

concernant le mobile money.

L'accès aux codes USSD par les institutions financières non bancaires peut être difficile.

L'accès aux codes USSD est essentiel pour la prestation de services financiers via la téléphonie

mobile (pour les téléphones autres que les Smartphones et sans connexion internet) et ceux-

ci doivent être fournis par les ORM. Cependant, le constat général est que les ORM sont la

plupart du temps réticents à faciliter l’accès aux codes USSD pour les tiers (SFD, assurances,

Fintech, etc.), ceci dans le but d’empêcher ou de restreindre la concurrence pour les produits

et services digitaux. Il n'y a aucune obligation réglementaire pour les ORM de fournir des

codes USSD à des tiers ; ce qui ne facilite pas le développement des innovations

technologiques. Au sein de l’UEMOA, pour le Sénégal par exemple, la BCEAO travaille en

collaboration avec l’ARTP depuis deux ans pour mettre en place cette disposition

réglementaire. L’expansion des innovations financières via le canal digital au Togo

nécessiterait également un accès sans conditions des autres institutions aux codes USSD.

Obligation « Know Your Client » (KYC)

Les exigences de KYC pour les banques, les SFD, les assureurs et les opérateurs de paiement

sont imposées avec souplesse au Togo, en particulier pour les comptes à faible valeur. En

principe, les clients sont tenus de fournir une preuve d'identité et d'adresse. Bien qu'il existe

une disposition pour les cartes nationales d'identité, la plupart des adultes ne possèdent pas

ce document. Toutefois d'autres formes de preuves d’identité peuvent être utilisées ;

13 Banque Mondiale, Togo Strategic Country Diagnostic, septembre 2016, paragraphe 140.

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28

notamment les passeports et les cartes d’électeur. La plupart des adultes ne peuvent fournir

de preuve d'adresse et sont autorisés à indiquer simplement leur adresse. Les comptes de

mobile money peuvent être ouverts à l'aide de cartes SIM enregistrées, étant entendu que

l'enregistrement de la carte SIM requiert une preuve d'identité. Les exigences de KYC ne sont

en pratique pas un obstacle à l'ouverture de comptes dans les institutions financières.

Bien qu'il n'y ait pas de dispositions formelles pour le KYC différencié, en pratique, cela

existe. Les banques sont autorisées à ouvrir des comptes sans identification si les montants

n’excèdent pas 200 000 FCA.

Réglementations en matière d’agence

Les sociétés de mobile money peuvent nommer des super-agents et des agents

(techniquement, principaux distributeurs et sous-distributeurs). Les entreprises de mobile

money ne peuvent pas obliger les distributeurs à opérer sur une base exclusive.

Les SFD peuvent utiliser des agents pour exécuter certaines fonctions. Il s'agit notamment de

la collecte de l'épargne et du remboursement des prêts, des demandes de crédit et des

demandes d'ouverture de compte. Cependant, ces agents ne peuvent pas entreprendre

l'ouverture de compte directement. Les SFD utilisent principalement des agents pour générer

des demandes de crédit. Toutefois, les banques ne sont pas autorisées à utiliser des agents

bancaires indépendants (tierce partie).

Informations sur le crédit

La BCEAO réglemente la fourniture et l'utilisation des informations de crédit. En principe, les

fournisseurs de crédit doivent enregistrer les prêts auprès du Bureau régional d’Information

sur le Crédit (BIC-UMOA) et doivent également effectuer des vérifications en matière de crédit

sur les clients avant d'accorder de nouveaux prêts 14 . Cependant, cette disposition est

relativement récente et la plupart des fournisseurs de crédit – bancaires et non bancaires –

ne l’appliquent pas encore. La réglementation sur l'information en matière de crédit n'est pas

encore mise en œuvre. En outre, le manque d'identifiant unique pour les adultes au Togo (en

raison du manque de cartes nationales d'identité universelles) rend difficile la tenue de

dossiers de crédit précis.

Assurance-dépôt

L'assurance-dépôt pour les banques et les SFD est en cours d'introduction, mais n'est pas

encore effective. En vertu de la Loi Uniforme pour les Banques et les SFD, la BCEAO a mis en

place un régime d'assurance-dépôts pour protéger les déposants en cas de défaillance des

banques ou des SFD. Cependant, cette disposition est récente et n'est pas encore entièrement

fonctionnelle.

Réglementation des taux d'intérêt

La BCEAO impose de facto des taux d’intérêt minimum sur les dépôts et des taux d’intérêt

maximum sur les prêts . Le taux d'intérêt minimum sur les dépôts d'épargne pour les banques

et les SFD est de 3,5%, bien que cela ne soit pas toujours observé. En pratique, les taux de

prêts bancaires ne peuvent dépasser 15% et pour les SFD ils sont plafonnés entre 15% et 18%.

Ces taux de prêt maximum sont relativement bas comparés aux normes internationales, en

14 La loi uniforme de la BCEAO sur les centrales de risques, 2013

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29

particulier pour les SFD.

Signatures électroniques

En général, les signatures électroniques sont autorisées au Togo, donc les contrats peuvent

être effectués par voie électronique ou en ligne. Par conséquent, certains comptes peuvent

être ouverts à distance, en particulier pour les comptes bancaires de faible valeur. Cependant,

l'inscription électronique n'est pas permise pour les polices d'assurance, ce qui constitue un

obstacle majeur à la distribution de micro-assurance par le biais du mobile money/téléphones

cellulaires.

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30

5. Demande et Utilisation de Services Financiers

5.1 Introduction Cette section exploite les informations tirées de l’étude sur la demande des services

financiers effectuée auprès de la population adulte du Togo. L’analyse est basée sur les

résultats quantitatifs de l'enquête FinScope 2016. Elle va en profondeur en subdivisant la

population adulte en segments de marché cibles pour permettre une compréhension plus

précise de l'utilisation des services et produits financiers ainsi que des besoins par marché

cible.

5.2 Utilisation de Services Financiers

« Volet d’Accès »

Cette section présente une analyse de l’enquête FinScope Togo 2016, en utilisant l'outil

« Volet d’Accès ».

Le Volet d’Accès illustre l’utilisation des services et produits financiers. Il suppose que

l'objectif des initiatives d'inclusion financière est d'améliorer l'adoption de services et de

produits financiers formels. La méthodologie MAP a adapté la catégorisation standard des

Volets d’Accès utilisée par FinScope pour définir les groupes d'adultes suivants au Togo.

Financièrement Exclus : Ce groupe comprend des personnes qui ne possèdent ni utilisent

actuellement de produits ou de services financiers, qu'ils soient réglementés ou non

réglementés.

Financièrement Inclus. Ceux qui ne sont pas exclus mais qui ont accès15 ou sont servis d'une

certaine manière par des services financiers formels et/ou informels. Ils sont divisés en deux

groupes :

• Informellement Inclus - Produits et services financiers non réglementés / informels :

Ce groupe est constitué par des personnes qui sont financièrement incluses par

l'utilisation de produits ou services financiers fournis par des entités non enregistrées

et non supervisées pour la fourniture de services financiers (ou tout autre aspect de

leurs activités) ; notamment les «tontines», et qui n'utilisent aucun produit ou service

formel. On y trouve également des personnes qui utilisent des produits ou services

financiers fournis par des établissements enregistrés auprès d'une autorité publique

mais qui ne sont pas assujettis à la supervision sur la fourniture de services financiers

tels que les sociétés funéraires/solidarité et les groupes d'épargne.

• Formellement inclus - Produits et services réglementés / formels : Ce groupe est

constitué d'individus qui sont financièrement inclus par l’utilisation de produits ou de

services financiers d'institutions réglementées et supervisées par les autorités

compétentes pour la fourniture de services financiers.

o Produits et services fournis par les banques VS ceux fournis par les

institutions non bancaires formelles : la composante réglementée est en

outre répartie entre ceux qui ont un compte bancaire et ceux qui n'en ont

15 Conformément à la terminologie "Volet d’Accès", on se réfère souvent à "avoir accès à" comme synonyme de "utiliser ou avoir"

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31

pas, mais ont un autre service financier formel. Les premiers peuvent

également avoir d'autres services financiers non bancaires, mais les

seconds excluent tout service nécessitant un compte bancaire. Les autres

services financiers formels incluent les services tels que le mobile money,

les transferts d'argent, l’assurance.

Il est important de noter que le Volet d’Accès ne présente aucun chevauchement en matière

d'utilisation de produits et de services financiers. En tant que tel, un individu utilisant des

produits réglementés et non réglementés (formels et informels) ne sera reflété que dans le

groupe réglementé (formel) et un individu utilisant un produit formel à la fois bancaire et non

bancaire ou à la fois un compte bancaire et un produit informel, ne sera reflété que dans la

catégorie bancarisé. Un individu utilisant un produit formel non bancaire tel qu'un compte

mobile money, mais aucun compte bancaire, ne sera reflété que dans la catégorie «autre

formel ».

Cependant, il est reconnu que les services financiers informels / non réglementés jouent un

rôle important, soit comme un produit complémentaire pour ceux qui utilisent également des

produits formels ou comme un produit qui étend l'accès à ceux qui n'utilisent pas de produits

formels. En conséquence, la discussion sur l'utilisation du produits financiers prend également

en compte l'utilisation totale de différents groupes de produits sans exclure les

chevauchements, comme dans le cas du Volet d’Accès. Par conséquent, l'utilisation informelle

totale sera plus grande que l'utilisation "uniquement informelle".

Le Volet d’Accès peut également être utilisé pour illustrer l'utilisation de groupes de produits

particuliers (crédit, épargne, assurance ou paiements). Au niveau du groupe de produits (par

exemple épargne ou crédit), l'utilisation de la «famille et des amis» est incluse dans la mesure

de l'accès, même si cette catégorie n'est pas incluse dans la catégorie générale « Volet

d’Accès », ni dans les calculs. Tous les produits, services, activités et mécanismes financiers

qui ont été inclus pour chaque catégorie « Volet d’Accès » de groupe de produits sont listés

ci-dessous :

Rubrique crédit

Souscription réglementée/formelle : il s’agit de l'utilisation du crédit formel, dont notamment

le crédit bancaire. Les principales sources sont les banques commerciales et les institutions de

microfinance («autres sources formelles»).

Souscription non réglementée/informelle uniquement : ceux qui, sans service réglementé, ont

emprunté de l'argent à un employeur, un groupe d'épargne informel («tontine»), un prêteur

de fonds sans licence ou un magasin de détail.

Emprunt uniquement auprès de la famille ou des amis : ceux qui, sans service réglementé ou

non réglementé, ont emprunté de l'argent auprès de la famille ou des amis qu’il faut

rembourser.

Rubrique épargne

Souscription réglementée : l’épargne ou la possession d'un compte d'épargne auprès d'une

banque commerciale ou d'une institution financière formelle (non bancaire) telle qu'un

établissement de microfinance.

Souscription non réglementée : ceux qui n'ont pas de compte d'épargne formel et qui

appartiennent à un groupe d'épargne informel, ou tontine.

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Épargne avec la famille, les amis ou seul : épargne dans le foyer, auprès de la famille ou une

communauté qui la garde en sécurité, épargne dans un lieu secret à la maison, épargne en

nature (p. Ex. Bovins).

Rubrique assurance

Souscription réglementée / formelle : tout produit d'assurance formel avec une compagnie

d'assurance, qu’il soit effectué directement ou par l'intermédiaire d'un courtier, d'un agent,

ou par l'intermédiaire d'une institution financière telle qu'une banque ou un SFD.

Souscription non réglementée / informelle : sans produit formel, mais appartenant à un

groupe informel comme un organisme de soutien mutuel villageois pour les enterrements,

etc. Cela implique le paiement de cotisations régulières (par exemple mensuellement), ou tout

simplement un consentement à cotiser lorsqu'un un membre du groupe a besoin d'un soutien

financier.

Rubrique paiements : Transferts d’Argent et Transactions

Souscription réglementée / formelle : effectuer des paiements, notamment des transferts

d’argent par virement bancaire (ou paiement vers un compte bancaire), DAB, Mobile Money,

le Bureau de Poste, un opérateur de transfert d’argent tel que Western Union, MoneyGram,

etc., ou utiliser le compte bancaire d’une autre personne pour des transferts d’argent.

Souscription non réglementée / informelle : n’a pas eu recours à des services réglementés,

mais ayant effectué des transactions et des transferts d’argent au cours des 12 derniers mois

par le biais d’un mécanisme de transfert d'argent non réglementé, entre autres des canaux

informels tels que les chauffeurs d'autobus ou de taxi.

Envoi d'argent avec la famille ou les amis : rien de ce qui précède, mais ayant envoyé ou reçu

des fonds au cours des 12 derniers mois directement via des amis ou la famille.

Comparaison d'Accès Régional

Le Togo a une inclusion financière modérément faible par rapport à d'autres pays d'Afrique

subsaharienne ; le Togo occupe le 14ème rang en matière d'accès global aux finances dans les

21 pays africains dans lesquels les enquêtes FinScope ont été réalisées. 40% de la population

adulte du Togo est exclue financièrement et seulement 18% des adultes sont bancarisés. 45%

des adultes togolais sont formellement inclus. La dépendance à l'égard des services financiers

informels est comparable aux autres pays à faible revenu en Afrique, avec 15% des adultes

utilisant uniquement des canaux informels.

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33

Figure 16 : Comparaison de l'inclusion financière en Afrique subsaharienne

Source : Togo FinScope 2016

Utilisation selon les localités au Togo

Disparités entre zones urbaines et zones rurales en termes d'accès à la banque. À l'échelle

nationale, 18% des adultes togolais sont bancarisés, mais l'accès varie considérablement entre

les zones urbaines et rurales, avec 28% des adultes urbains bancarisés contre seulement 10%

des adultes ruraux.

L'utilisation d’«Autre formel» est également plus élevée dans les zones urbaines. Il y a une

utilisation relativement élevée d’"autre service financier formel" parmi ceux qui ne sont pas

bancarisés ; cela se réfère principalement à l'utilisation des SFD et du mobile money. Comme

pour l'utilisation des banques, l'utilisation d’"autre service financier formel" est plus élevée

dans les zones urbaines, à 34% contre 22% dans les zones rurales.

Utilisation modérée de l’"informel uniquement". Le recours aux services financiers informels

uniquement (15%) est conforme aux résultats des autres pays à faible revenu. Cependant, il

est évident qu'en raison de l'accès limité aux banques et aux autres fournisseurs formels de

services financiers, beaucoup plus d'adultes doivent utiliser le financement informel dans les

zones rurales (21%) que dans les zones urbaines (6%). Néanmoins, il est important de se

rappeler que le Volet d’Accès masque le fait qu'il existe un chevauchement important entre

l'utilisation de la banque formelle et l’utilisation d'autres produits formels et informels.

L'exclusion financière est similaire au Nigéria et au Burkina Faso : en Afrique de l'Ouest, les

études de type FinScope ont récemment été réalisées uniquement au Nigeria16et au Burkina

Faso, tous deux en 201617. Le niveau d'exclusion financière au Togo s’élève à 40%, et est

16 L'enquête au Nigéria, menée par EFInA, est connue sous le nom de l'enquête Access to Finance (A2F).

17 Il y a eu un sondage FinScope au Ghana en 2010, mais il est maintenant obsolète.

9485

2677

2042

3830

5062

5414

1818

2512

3834

2712

20

13

428

3433

2339

188

1043

222713

1710

77

244

221

331

720

883

916

2115

2130

1015

1512

16

3101111

1517

192324

272727

3940414142

445152

60

Seychelles 2016Ile Maurice 2014

Rwanda 2016Afrique du Sud 2016

Ouganda 2013Kenya 2016

Lesotho 2011Zimbabwe 2014Botswana 2014

Namibie 2011Swaziland 2014Tanzanie 2013

Burkina Faso 2016Togo 2016

Zambie 2015Madagascar 2016

Nigeria 2016Ghana 2010

Malawi 2014RDC 2014

Mozambique 2014

Bancarisé Autre formel (non-bancaire) Informel uniquement Financièrement exclu

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sensiblement similaire aux niveaux du Nigeria (42%) et du Burkina Faso (39%).

Figure 17 : Volet d’accès selon les localités

Source : FinScope Togo, 2016

Utilisation selon les produits

Une hypothèse de base du MAP est que les gens utilisent une gamme de services pour

répondre à leurs besoins financiers et qu'il existe des liens croisés entre les marchés de

produits. En analysant l'utilisation/la souscription de/aux marchés de produits, nous pouvons

mieux comprendre les besoins financiers des gens et formuler des recommandations plus

précises / ciblées.

La figure ci-dessous décrit le pourcentage d'adultes desservis dans chacun des cinq marchés

de produits :

• Assurance

• Épargne

• Crédit

• Transactions

• Transferts d’argent

18

28

10

27

34

22

15

6

21

40

32

47

National

Urbain

Rural

Bancarisé Autre formel (non-bancaire) Informel Exclu

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Figure 18 : Volet d'accès par marché de produits

Source : FinScope Togo 2016

Accès élevé aux produits d'épargne. 43 % des adultes ont accès à une forme de produit

d'épargne, que ce soit formel ou informel. Environ un cinquième des adultes ont un compte

d'épargne auprès d'une banque ou d'une institution financière non bancaire formelle.

L'utilisation du crédit est modérée. Comparé aux autres produits, le crédit est le deuxième

produit le plus utilisé après l’épargne (27%) ; cependant, une part assez faible provient de

banques ou des SFD, et la plupart des adultes qui utilisent le crédit l'obtiennent à partir de

sources informelles.

Les transferts d’argent sont pour la plupart informels. Environ un quart des adultes envoient

ou reçoivent des transferts d’argent, mais à travers principalement des canaux informels ou

des amis et membres de la famille. Environ 10% des adultes utilisent des canaux formels

(banques, SFD, bureau de poste, opérateurs de transfert d'argent, etc.).

Les transactions et les paiements sont encore largement effectués en espèces. Plus de 85%

des adultes font usage des espèces pour effectuer les paiements, tandis que 13% utilisent des

instruments émis par les banques et les SFD (des cartes de débit essentiellement).

L'utilisation de l'assurance est faible. Seulement 8% des adultes utilisent des produits

d'assurance auprès des compagnies d'assurance agréées, il s’agit de la plus faible utilisation

de produits formels dans l'ensemble des cinq groupes de produits. Il existe en plus une

utilisation significative des mécanismes informels qui incluent le recours aux groupes de

solidarité villageoise.

L'utilisation des produits varie considérablement entre les zones urbaines et rurales. Bien que

l'accès soit plus élevé dans les zones urbaines, l'utilisation de l’épargne et des emprunts est

plus élevée dans les zones rurales, mais majoritairement portée par des mécanismes

informels.

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36

Figure 19 : Utilisation des produits selon les localités

Source : FinScope Togo, 2016

Utilisation selon le genre

Il existe des différences considérables dans l'utilisation des produits financiers selon le genre.

Les femmes épargnent et empruntent plus, tandis que les hommes sont plus susceptibles

d'être assurés et de réaliser plus de transferts d’argent et de transactions. Dans l'ensemble,

les hommes ont un taux d'inclusion financière plus élevé, et les femmes dépendent davantage

des canaux informels.

Figure 20 : Utilisation des produits selon le genre

Source : Togo FinScope 2016

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

Accès global Crédit Epargne Assurance Transfertd'argent

Transactions

% d

'adultes

urb

ain

s/ru

raux

Urbain Rural

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

Accès global Crédit Epargne Assurance Transfertd'argent

Transactions

% d

e f

em

me

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om

me

s ad

ult

es

Homme Femme

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37

Figure 21 : Volet d’accès selon le genre

Source : FinScope 2016

Largeur et profondeur d'utilisation

Il est utile de différencier la profondeur et la largeur de l'accès. La profondeur de l'utilisation

se réfère au niveau d'inclusion financière, c'est-à-dire mesuré par la proportion d'adultes qui

sont inclus financièrement selon le Volet d’Accès. Toutefois, le Volet d’Accès ne présente

aucun chevauchement d'utilisation de produits et de services financiers ; en tant que tel, un

individu avec de multiples produits, réglementés ou non réglementés, ne sera reflété que dans

un seul groupe, avec une préférence traditionnellement accordée à la banque. La largeur de

l'accès se réfère à l'utilisation de produits multiples tels que l'épargne et le crédit, provenant

d'institutions financières réglementées (formelles).

Les consommateurs n'utilisent généralement pas de combinaison de produits. Relativement

peu d'adultes togolais utilisent plus d'un type de produit financier. Seulement 18% des

utilisateurs formels (11% des adultes) sont largement servis, en ce sens qu'ils utilisent un

service financier formel dans plus d'un marché de produits. La majorité des adultes sont

"finement servis", avec 34% utilisant un seul produit formel et 15% utilisant uniquement des

produits informels.

Bancarisé22%

Autre formel

28%Informel11%

Exclu39%

Homme

Bancarisé14%

Autre formel

26%

Informel18%

Exclu42%

Femme

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Figure 22 : Largeur de l'accès

Source : Togo FinScope 2016

Le secteur informel joue un rôle important. En plus d'utiliser des services financiers formels,

de nombreux consommateurs utilisent également des services et des produits informels. 27%

de ceux qui sont financièrement inclus utilisent une combinaison de mécanismes formels et

informels pour gérer leurs besoins financiers. Le secteur informel joue un rôle

particulièrement important dans les zones rurales où 69% des financièrement inclus utilisent

des produits / services informels, seuls, ou en combinaison avec des produits formels. Les

canaux financiers informels sont les moyens les plus importants d'épargne, d'emprunt,

d'assurance et de transfert d’argent.

Figure 23 : Utilisation formelle et informelle du produit, y compris les chevauchements

Source : FinScope Togo, 2016

L'accès au financement s'améliore avec les revenus, mais même à des niveaux élevés de

0

100 000

200 000

300 000

400 000

500 000

600 000

700 000

800 000

900 000

1 000 000

Epargne Crédit Assurance Transfertd'argent

Transactions

Nb

. d'a

du

lte

s

Bancarisé Formel non bancaire Informel A la maison/famille et amis

Finement

servi

Non

réglementé

Largement

servi

Amis,

famille, auto

ou exclus

financière-

ment

11% des adultes ont

accès à plus d'un

service financier

d'une institution

réglementée

34% utilisent un

seul service financier

formel

15% Utilisent

uniquement des

services financiers

informels

40% n'utilisent

aucun produit

financier

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revenu, il existe des personnes exclues. Les revenus plus élevés, comme on pouvait s’y

attendre, ont un meilleur accès au financement. Néanmoins, même à des niveaux de revenu

élevés, il existe encore des possibilités d'améliorer l'accès, car certains salariés à haut revenu

sont exclus financièrement ou utilisent uniquement des services financiers informels. Dans

presque tous les groupes de revenu, au moins 40% des adultes sont exclus de l'accès formel.

Figure 24 : Volet d’accès par intervalle de revenu

Source : FinScope 2016

Utilisation des services financiers formels et informels

Alors que 18% de la population adulte est bancarisée, seulement 2% des adultes dépendent

exclusivement des banques pour les services financiers. 15% des adultes utilisent les banques

et les autres fournisseurs de services formels (incluant les SFD et le mobile money). La

dépendance envers les fournisseurs des autres services formels uniquement est cependant

beaucoup plus fréquente avec 18% des adultes qui le pratiquent.

Dans l'ensemble, la catégorie “autres services formels” est la plus importante pour les

adultes togolais. 42% des adultes utilisent d'autres services financiers formels. La majorité de

ces adultes utilisent également des banques et/ou des fournisseurs de services informels.

Le secteur informel joue un rôle important en complément de la fourniture de services

financiers formels. 16% des adultes utilisent des services financiers informels en combinaison

avec des services bancaires ou autres services formels, alors que 15% des adultes utilisent

uniquement des services financiers informels.

0% 20% 40% 60% 80% 100%

None

<35

35-50

50-100

100-150

150-200

200-300

300-400

>400

Re

ven

u m

en

sue

l (FC

FA '0

00

)

Bancarisé Autre formel Informel Exclu

Potentiel pour l'inclusion formelle

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40

Figure 25 : Chevauchements dans l'utilisation des services financiers

Source : FinScope Togo 2016

Figure 26 : Utilisation des banques, autres services financiers formels et informels par les

adultes urbains et ruraux

Source : FinScope Togo, 2016

5.3 Groupes Cibles18

L’utilisation de marchés cibles permet de diviser la population adulte en groupes distincts et

18 La Note Complémentaire 1 contient une «immersion profonde» avec plus de détails sur la dérivation des groupes cibles, leurs caractéristiques et leurs besoins en matière de services financiers.

0

200

400

600

800

1 000

1 200

Bancarisé Autre formel Informel Exclu

Nb. d'a

dultes

(‘000k)

Urbain Rural

Cibles Prioritaires

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permet de se concentrer davantage sur l'utilisation et les besoins spécifiques en services

financiers. Ils sont au cœur du processus MAP, dans lequel l'ensemble de la population adulte

est divisée en plusieurs groupes, avec des caractéristiques partagées au sein des groupes (par

exemple, l'accès démographique, économique et financier) et les principales différences entre

les groupes. Il est probable que les besoins en services financiers varient selon les groupes

cibles.

La principale source de revenu des adultes sert de proxy pour le niveau et la régularité du

revenu (tiré du sondage FinScope). Les groupes cibles utilisés au Togo sont les suivants :

Agriculteurs ; Emploi Formel ; Emploi Informel ; PME Informelles ; et les Personnes à charge.

L'accès au financement varie considérablement selon les groupes cibles. Les employés

formels ont le plus haut niveau d'accès au financement, grâce à l'accès à la banque et à

l'assurance. Il existe un accès financier moyen pour les employés informels et les PME, mais

ils sont beaucoup plus dépendants d'autres fournisseurs formels de services (SFD) que des

banques. Le financement informel est important pour les agriculteurs. Les personnes à charge

ont un très faible accès au financement.

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42

Figure 27 : Taille et typologie des groupes cibles

Source : recherche MAP, basée sur FinScope 2016

Figure 28 : Accès au financement par groupe cible (%, cumulatif)

Source : FinScope 2016

5.4 Utilisation de Produits Financiers

Épargnes

Les épargnants utilisent plusieurs canaux, incluant les institutions financières formelles, les

mécanismes informels, les économies à la maison et les économies en nature. Les

épargnants les plus aisés utilisent les banques ou épargnent en achat de bétail. Les comptes

SFD sont les plus couramment utilisés en épargne, mais pour des épargnes de faible valeur,

de nombreuses personnes utilisent la famille et les amis, ou un lieu secret, ou les tontines.

L'une des raisons pour lesquelles les épargnes sont faites dans les SFD est que les dépôts

d'épargne sont l'un des critères requis pour accéder au crédit.

0

20

40

60

80

100Dépendants

Agriculture

Emploi formelEmploi informel

PME informelle

Bancarisé Autre formel Informel

5%29% 9%23% 28%

Dépendants (0.94 mn)

Agriculteurs (1.19 mn)

Emploi formel

(0.38 mn)

Emploi informel (0.21 mn)

PME informelles (1.16 mn)

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Figure 29 : Formes d’épargne par nombre d’utilisateurs et valeur de l’épargne

Source : Recherche MAP, à partir de FinScope 2016

L’épargne varie suivant les groupes cibles, mais elle est généralement importante, sauf pour

les personnes à charge qui ont un faible revenu en espèces. Les employés formels et les PME

informelles épargnent le plus, et surtout dans les établissements formels. Bien que près de la

moitié des agriculteurs épargnent, mais principalement par des canaux informels.

Figure 30 : d’Accès à l’Epargne par Marché Cible

Source : FinScope 2016

Les épargnes sont principalement utilisées pour faire face aux risques et aux chocs. Parmi les

personnes qui épargnent, les trois principales raisons sont pour faire face aux déficits de

revenus, aux urgences non médicales et aux dépenses médicales. Cependant, il existe

Bijoux/Or

Banques

IMFs

Endroit secret

Famille & Amis

Bétail

Groupe villageois / Groupes informelles

/tontines

0

100 000

200 000

300 000

400 000

500 000

600 000

700 000

800 000N

o. d

'ep

arg

na

nts

Epargne moyenne (FCFA)

Taille de la bulle = Epargne totale

En nature

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Dépendants

Agriculteurs

Emploi formel

Emploi informel

PME informelles

Total

Bancarisé Autre formel Informel A la maison/Amis/Famille N'épargne pas

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également des épargnes importantes à des fins de développement - commerce, agriculture,

éducation ou logement. Pour ceux qui n'épargnent pas, les principales raisons sont le manque

de revenus, ou l'absence de surplus d'argent après les dépenses de subsistance.

Figure 31 : Principaux moteurs de l’épargne (pour ceux qui épargnent)

Source : FinScope 2016

Crédit

L'emprunt provient le plus souvent de sources informelles. Les emprunteurs à haut revenu

utilisent les banques, mais sont relativement peu nombreux. Les SFD sont davantage utilisées

pour emprunter, principalement pour les prêts de faible montant. Les sources les plus

communes de crédit sont informelles (détaillants, famille et amis).

0 10 20 30 40 50

Frais funéraires

Paiement des factures d'eau ou de l'electricité

Achat de terrain

Achat ou construction d'une maison

Intrants agricoles

Education ou les frais de scolarité

Création ou expansion d'une entreprise

Frais medicaux - prevu et d'urgence

Urgence, non-medical

Frais journaliers lorsque qu'il n'y a pas d'argent

% des adultes qui économisent

Objectifs de développement

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Figure 32 : Types de crédit utilisé, par nombre d’emprunteurs et montant emprunté

Source : FinScope 2016

Le crédit n'est pas très utilisé au Togo, plus de 70% des adultes n'ont pas du tout contracté

de prêts. Il est intéressant de noter que les agriculteurs empruntent plus que tout autre

groupe cible. Cela reflète la nature du calendrier cultural, avec le besoin de crédit pour

financer les intrants et autres dépenses agricoles. Ce groupe cible comprend également ceux

qui vivent du commerce de produits agricoles, souvent achetés à crédit. Seuls les employés

formels empruntent dans une large mesure auprès des banques.

Figure 33 : Utilisation du crédit par groupe cible

Source : FinScope 2016

La raison la plus courante d’emprunter est pour démarrer ou développer une entreprise,

Membre de la communauté

Groupes villageois / informelles

Compte IMF

Comptes bancaires

Famille et Amis

Marchandises vendues par agriculteur /

détaillant

0

50 000

100 000

150 000

200 000

250 000

300 000

350 000

400 000

450 000N

o. d

'em

pru

nte

urs

Taille moyenne du prêt (F CFA)

Taille de la bulle = Total du portfeuille de prêts

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Dépendants

Agriculteurs

Emploi formel

Emploi informel

PME informelles

Total

Bancarisé Autre formel Informel N'emprunte pas

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ensuite pour faire face aux besoins médicaux et aux imprévus. Le crédit pour le commerce

des produits agricoles est également important, ainsi que le logement et les autres besoins

agricoles.

Figure 34 : Principales utilisations du crédit (pour ceux qui empruntent)

Source : FinScope 2016

Différents obstacles s’opposent à l'utilisation du crédit, en particulier le crédit formel. Les

banques et les SFD exigent généralement du client une épargne préalable avant l'octroi de

crédit, de sorte que le dépôt d'épargne serve de garantie partielle pour le prêt. Des garanties

sont également fréquemment requises, auprès des employeurs ou d'autres personnes.

Certains prêts sont assortis de garanties, comme le foncier, des bâtiments ou des biens tels

que des véhicules. Un problème existe du fait que l’opérationnalisation du registre des

garanties pour les titres fonciers et les bâtiments est assez limitée ; le registre est basé sur du

papier et ainsi ne peut pas être consulté par voie électronique, en plus le processus

d'enregistrement d'une réclamation (par exemple, une caution hypothécaire) est très lent.

Assurance

L'assurance est la moins utilisée de toutes les catégories de produits financiers au Togo. Les

raisons qui l’expliquent sont de plusieurs ordres : une connaissance insuffisante des produits

d'assurance et le manque de disponibilité de produits appropriés.

0 5 10 15 20 25 30

Frais funéraires

Achat d'un vélo, un moto, une voiture, un camion

Traitement des plantes

S'occuper de parent (s) malade (s)

Achat d'Équipement agricole

Amélioration ou la rénovation d'une maison

Paiement des travailleurs agricoles

Achat ou construction d'une maison

Paiement des factures d'eau ou de l'electricité

Frais medicaux - prevu et d'urgence

Achat de produits agricoles pour le commerce

Urgence, non-medical

Frais journaliers lorsque qu'il n'y a pas d'argent

% des adultes qui empruntent

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Figure 35 : Principaux chocs auxquels font face les ménages

Source : FinScope 2016

Les principaux chocs auxquels sont confrontés les adultes et les ménages sont la sécheresse

et la maladie. Il est possible de s’assurer contre ces deux chocs, mais il faut des produits

spécifiques, pour l'assurance agricole et l'assurance médicale.

Il existe un contraste frappant dans l'utilisation de l'assurance par différents groupes cibles.

Les employés formels utilisent largement l'assurance, principalement en assurance médicale

/santé et/ou l'assurance automobile. Pour tous les autres groupes, l'utilisation d'une

assurance - surtout une assurance formelle - est très faible. Pour ceux qui ne sont pas assurés,

les principaux obstacles incluent le manque de revenus réguliers, le manque de

compréhension de l'assurance et le manque de connaissance des produits d'assurance.

Figure 36 : Volet d’accès assurance par groupe cible

Source : FinScope 2016

Paiements (Transferts d’argent et Transactions)19

Les paiements - le transfert de valeur d'une personne ou entité à une autre - sont effectués

pour diverses raisons. Ceux-ci peuvent incluent les transferts d’argent (d'une personne à une

19 Les paiements sont analysés plus en détail dans la Note Complémentaire 2 (section 8)

25,9

1,5

3,7

10,0

24,8

2,7

3,0

4,7

2,4

3,2

7,0

7,4

0 5 10 15 20 25 30

Sécheresse

Innodations

Prix des intrants agricoles élevé

Prix des produits alimentaires élevé

Maladies

Vol

Dégradation des sols

Destruction des cultures

Maladies des plants ou du betail

Perte du salaire/travail/rev de l'activité

Mort d'un membre du ménage

Autre

% des adultes

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Dépendants

Agriculture

Emploi formel

Emploi informel

PME informelles

Total

Formel Informel Non assuré

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autre) et les transactions relatives à l'achat de biens et services. En général, le paiement de

transactions par le biais de moyens de paiement n’utilisant pas la monnaie en espèce est assez

limité au Togo. Le groupe cible des employés formels est le seul qui, de manière significative,

utilise ces méthodes de paiement, en grande partie parce que c’est le principal groupe qui a

accès aux comptes bancaires, auxquels sont liées les cartes de paiement.

Un certain nombre de raisons président à l'utilisation relativement faible des transactions

non monétaires au Togo.

- Les moyens de paiement sont largement limités aux cartes bancaires, qui à leur tour

ne sont disponibles que pour les détenteurs de comptes bancaires. Les SFD, largement

utilisés, n'émettent pas de cartes de paiement ;

- L'infrastructure d’utilisation des cartes de paiement - telle que les TPE - est limitée ;

- L'utilisation du mobile money pour les transactions (par opposition aux transferts

d’argent) est limitée ;

- Dans le commerce, la capacité à accepter les paiements via le mobile money est très

réduite et se limite principalement aux paiements de factures d’eau et d'électricité ;

- Les commerçants sont réticents aux paiements électroniques et ont une forte

préférence pour la liquidité ;

- L'utilisation du mobile money pour le paiement d'autres services financiers tels que

les assurances, n'est pas encore développée.

Les transferts d’argent sont plus largement utilisés que les transactions ; 24% des adultes

déclarent avoir effectué des transferts (en tant qu'émetteur ou receveur) au cours des 12

derniers mois. Cependant, les canaux informels (y compris les amis et la famille) sont plus

largement utilisés que les canaux formels.

Figure 37 : Utilisation des transferts d’argent par groupe cible

Source : FinScope 2016

L'argent mobile est un phénomène relativement nouveau au Togo bien qu'il se développe

rapidement. Au moment de l'enquête FinScope en 2016, 24% des adultes étaient enregistrés

comme utilisateurs de mobile money. Parmi ceux qui utilisent le mobile money, 62% le font

pour envoyer de l'argent et 74% pour recevoir de l'argent. L'utilisation de mobile money est

plus importante dans les zones urbaines que dans les zones rurales, et plus chez les hommes

que les femmes. Les utilisateurs apprécient leur commodité et leur prix, et les fournisseurs de

services sont généralement fiables. Bien que le prix soit perçu comme avantageux, les

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données comparatives révèlent que le mobile money est quelque peu plus cher qu’au Ghana

sur des produits comparables. De même pour ce qui concerne la commodité, cela se perçoit

beaucoup plus dans les zones urbaines que dans les zones rurales, où il y a moins d'agents qui,

en outre, sont plus susceptibles de faire face à des contraintes de liquidité (pour des

opérations de retrait d’argent).

Figure 38 : Utilisation du mobile money par groupe cible

Source : FinScope 2016

Le développement de produits est limité, avec le mobile money principalement utilisé pour

l'envoi et la réception d'argent, ainsi que des paiements de factures (par exemple, eau,

électricité). Le mobile money ne peut généralement pas être utilisé pour les paiements au

détail. Il y a eu une certaine utilité pour la distribution des paiements de subventions agricoles

aux agriculteurs.

5.5 Besoins du Marché Cible Les besoins en services financiers des marchés cibles diffèrent considérablement en fonction

de leurs besoins et de leurs caractéristiques économiques et de leur accès aux différents

types de services financiers. Les besoins du marché cible peuvent être résumés comme suit :

Emploi formel : ce groupe des employés formels est bien desservi, présente un haut niveau

d'inclusion financière, utilise des produits multiples et a un revenu moyen élevé. Par

conséquent, ce n'est pas un groupe prioritaire pour l'inclusion financière. Néanmoins, ils ont

des besoins de services financiers à satisfaire. Étant les mieux rémunérés, les employés

formels soutiennent des familles élargies et ont ainsi besoin de faire des transactions et des

transferts à tarifs réduits. Bien qu'ils utilisent les services d'assurance et de crédit plus que

d'autres groupes, le niveau d'utilisation formelle est néanmoins faible en termes absolus et, il

y a ainsi un besoin pour un accès amélioré. Comme tous les groupes, ils ont besoin d'une

éducation financière.

PME informelles : il s'agit du deuxième groupe le plus large, avec une prédominance féminine

et à faible revenu. En tant qu'entrepreneurs/propriétaires et gérants de petites entreprises,

ils ont besoin de moyens alternatifs et non monétaires pour recevoir et faire des paiements,

et d'une réserve de valeurs à court terme. Outre l'accès aux paiements et les canaux d'épargne

à court terme, ils ont besoin de crédit adapté aux PME.

Employés informels : ils constituent un petit groupe, à faible revenu, et sont principalement

payés en espèces. Ils pourraient bénéficier de moyens alternatifs pour recevoir les paiements,

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Dépendants

Agriculture

Employés formels

Employés informels

PME informelles

Total

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ainsi que des facilités pour des épargnes à court terme (assurant la consommation face aux

irrégularités de revenus).

Les agriculteurs : ils forment le groupe cible le plus large et (en moyenne) ont des revenus

plus élevés que ceux du secteur informel (PME et employés) et des personnes à charge. Ils

comprennent à la fois ceux impliqués dans la production agricole et le commerce de produits

agricoles. Ils ont des besoins financiers considérables, d'épargne et de crédit pour acheter des

intrants et des actifs agricoles, pour financer les déficits de trésorerie entre la semence et la

récolte et l'achat de produits agricoles pour la vente. Tout cela peut être qualifié de

financement de la chaîne de valeur (ou filière). Les agriculteurs utilisent déjà plus de crédit

que les autres groupes, mais il reste pour la plupart informel ; il est donc nécessaire d'ouvrir

des canaux plus formels de crédit agricole. En outre, étant donné que les agriculteurs sont

exposés à des imprévus, en particulier les aléas climatiques liés à la sécheresse (et dans une

moindre mesure les inondations), ils pourraient bénéficier d'une assurance agricole. Les

produits de crédit et d'assurance doivent être calibrés aux besoins particuliers des

agriculteurs.

Personnes à charge : elles constituent le troisième groupe le plus large et ont les plus bas

revenus. Elles dépendent généralement des transferts et du soutien des autres membres du

ménage et du soutien de la famille élargie. Une grande partie de ce soutien est en nature, et

beaucoup de ces personnes n’ont pas de revenu monétaire. Leurs principaux besoins

consistent à accéder facilement aux transactions et aux services d'épargne. L'amélioration de

l'accès au financement pour ce groupe est une priorité secondaire, étant donné qu'il s'agit

d'un objectif à long terme bien que de nombreuses personnes à charge sont hors de

l'économie monétaire.

Tous les segments : les résultats de FinScope et les consultations avec les parties prenantes

dans le cadre de l’étude sur l’offre des produits financiers montrent que l’insuffisance

d’éducation financière est un problème général transversal à tous les groupes et les marchés

cibles. Cela s'applique en particulier à l'assurance (qui n'est pas bien comprise) et au mobile

money qui, comme tout nouveau produit, n’est pas encore assez familier. Dans certains cas,

il existe également un manque de discipline eu égard au remboursement du crédit, en

particulier lorsqu'il s'agit de fonds gouvernementaux acheminés par le FNFI et les SFD, que

certains emprunteurs croient ne pas devoir rembourser. L'amélioration de l’éducation

financière par le biais à d’une éducation appropriée est de ce fait un besoin transversal.

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6. Carences et Opportunités

6.1 Introduction Les résultats clés de l'analyse diagnostique concernant les écarts de l'offre et de la demande

sont les suivants :

• La fourniture de services financiers est concentrée dans les zones urbaines, et chez

les individus avec un emploi formel. Les segments clés sous-desservis sont

notamment :

o Les agriculteurs et les PME informelles - tous deux étant de grands groupes ;

o Les employés informels et les Personnes à charge –il y a un petit nombre de

personnes au sein des deux groupes qui reçoivent des revenus en espèces ;

• Les branches ou les réseaux d'agents pour les institutions financières formelles dans

les zones rurales sont insuffisants;

• Les produits financiers adaptés à ceux qui n'ont pas d'actif ni de revenu régulier sont

insuffisants;

• Les produits pour faire face aux principaux aléas auxquels sont confrontés les

ménages (santé et agriculture) sont insuffisants;

• Le développement de l'innovation et le déploiement des services financiers

numériques (DFS) ont manqué de dynamisme ; et

• La compréhension par les consommateurs des produits et services financiers est

limitée.

Les résultats clés de l'analyse diagnostique concernant les lacunes institutionnelles et

réglementaires sont les suivants :

• Un certain nombre de faiblesses institutionnelles existent dans les banques et les SFD,

notamment :

o Niveaux élevés de créances douteuses ;

o Insuffisance des capitaux (requis tant pour la stabilité que pour la croissance) ; et

o Risques (pour les clients).

• Fragmentation des secteurs bancaires et des SFD et intégration insuffisante entre les

institutions ;

• Impact mitigé des produits FNFI (FNFI fournit des fonds prêtables aux SFD, mais ne

traite pas de la pénurie de capital nécessaire aux SFD pour accroître leurs prêts) ;

• Carences réglementaires :

o Exigences de fonds propres des SFD ;

o Octroi de licences et réglementation ORM ;

o Réglementation du mobile money ;

o Application de la réglementation sur l'adéquation du capital (pour les banques et

les SFD)

L'analyse diagnostique conclut qu'il existe six domaines prioritaires de réforme pour améliorer

l'accès au financement au Togo. Il s’agit de :

• Améliorer la qualité et élargir l'utilisation des paiements (en particulier le mobile

money) ;

• Faciliter l'épargne dans les établissements formels ;

• Améliorer la disponibilité du financement agricole ;

• Développer l'infrastructure pour soutenir l’octroi des services financiers ;

• Améliorer la gestion des risques pour les clients fiables ; et

• Améliorer la disponibilité et la fourniture de crédit.

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La plupart des domaines ci-dessus cités incluent des éléments de réforme réglementaire, qui

est une action transversale importante.

Dans certains cas, de nouveaux produits ou services ont été proposés. Ces derniers pourraient

avoir besoin d’être testés par le biais de systèmes pilotes, avec peut-être l’appui du

gouvernement ou des bailleurs de fonds.

6.2 Améliorer la Fourniture et la Disponibilité du Crédit Le crédit n'est pas largement utilisé ni disponible au Togo, et il y a une forte dépendance à

l'égard de sources informelles. Les programmes FNFI (APSEF, AGRISEF, AJSEF) ont tenté

d'améliorer la disponibilité du crédit pour les groupes dans le besoin via les SFD, avec un

succès mitigé. En outre, les portefeuilles à risque (PAR) et les prêts non productifs sont élevés

à la fois dans les banques et les SFD, reflétant le fait que les prêts sont à haut risque. De

nombreuses banques et SFD ont une faible base de capital, ce qui limite leur capacité à

étendre les prêts. Les restrictions sur les taux d'intérêt et les marges rendent également plus

difficile pour les banques et les SFD d'imputer adéquatement les coûts et les risques liés aux

prêts. Bien que les emprunts à partir de sources informelles (par exemple crédit

marchand/fournisseur) soient utiles et flexibles, il serait préférable que les consommateurs

puissent disposer de diverses sources tant formelles qu’informelles afin de choisir l'option la

plus appropriée (plutôt que d'avoir une gamme restreinte de choix). La fourniture de crédit

sur téléphone cellulaire serait une piste dans ce sens. Ainsi, les données d'utilisation de mobile

money/ téléphone mobile peuvent être utilisées, entre autres, pour la notation de crédit (voir

Encadré 3).

Encadré 3 : Microcrédit numérique

L'amélioration de l'accès au crédit est l'un des principaux moteurs de l'inclusion financière,

que ce soit à des fins de consommation ou d’affaires. Dans de nombreux cas, la demande

porte sur des petits montants de prêts (microcrédit). Cependant, le crédit traditionnel des

institutions de microfinance présente plusieurs inconvénients, en ce sens qu'il faut beaucoup

de main-d'œuvre pour recouvrer les remboursements, et qu’il peut présenter un niveau de

risque élevé (risque de non-remboursement) ; ce qui dans certains cas est compensé par une

responsabilité de groupe (solidaire) pour le remboursement des prêts individuels.

La croissance des services financiers numériques (DFS) et l'utilisation associée des téléphones

mobiles ont ouvert une nouvelle voie pour le microcrédit numérique. Les DFS et les

téléphones portables génèrent de nombreuses quantités de données («grandes données»)

sur l'utilisation, qui peuvent servir à analyser le comportement du client. En particulier, ces

données peuvent servir de base à la «notation du crédit», c'est-à-dire en développant un profil

de risque des consommateurs et la probabilité qu'ils puissent (ou souhaitent) rembourser des

prêts. De tels algorithmes de notation de crédit peuvent être utilisés pour appuyer les prêts à

court terme aux consommateurs.

Les utilisateurs de téléphones portables - presque tous les utilisateurs en prépayé - génèrent

des données sur les achats de crédits (montants, fréquence, régularité, soldes moyens). Les

utilisateurs de mobile money génèrent également des données sur les transferts, y compris

les montants, en tant qu’émetteur ou receveur, la fréquence, etc. ; les sources de mobile

money (achats en espèces, recettes d'autres utilisateurs, salaires, etc.) ; et l’utilisation chez

les commerçants et pour le paiement des factures.

Les algorithmes de notation de crédit sont de plus en plus largement utilisés dans les systèmes

de monnaie électronique. La grande quantité de données disponibles signifie que cette

notation de crédit peut devenir assez sophistiquée et peut également évoluer au fil du temps,

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dans la mesure où l'expérience réelle de remboursement du crédit peut être corrélée avec les

entrées de données. Ceci peut révéler des informations importantes, par exemple, une

personne qui achète des crédits en quantité et fréquence régulières est susceptible d'avoir un

meilleur risque de crédit que celui qui achète du crédit plus irrégulièrement.

L'éligibilité au crédit peut être taillée sur mesure à des clients individuels, et cela évolue aussi

avec le temps ; par exemple, le remboursement à l’échéance d'un emprunt entraîne

normalement l'éligibilité à un montant plus élevé sur le prochain prêt.

Cette notation de crédit est automatisée et implique peu ou pas d’intervention humaine. Le

processus typique est qu'un client accède à un menu de prêt via son compte de mobile money,

trouve le montant du crédit pour lequel il est éligible et organise le prêt qui est

immédiatement crédité sur le compte de mobile money. Il est également informé du montant

qui devra être remboursé et de la date d'échéance. Lorsque le remboursement est dû, le

montant sera déduit du compte de mobile money, en supposant que le solde est suffisant.

L'automatisation du système signifie que les coûts sont faibles et que de très petits prêts

peuvent être fournis. M-Shwari, offert par Safaricom (M-Pesa) et la Banque commerciale

d'Afrique (ABC) au Kenya est un exemple de ce genre de système, qui offre des prêts d'un

mois allant de 1 à 1 000 USD. Ces petits prêts ne seraient tout simplement pas viables avec

d'autres processus manuels.

Les institutions impliquées dans ce type de microcrédit comprennent généralement un service

de mobile money (généralement un opérateur de réseau mobile), un fournisseur de crédit

(comme une banque ou un SFD) et un fournisseur de technologie financière (fintech). Le

service de mobile money fournit la plateforme et l'interface avec le client, et souvent le

marketing ; le fournisseur de crédit est la source de fonds pour les prêts, et le fintech fournit

l'algorithme de notation de crédit.

Une fois que l'emprunteur a reçu les fonds, ils peuvent être utilisés pour le paiement direct

par mobile money (par exemple, pour les frais de scolarité) ou, alternativement, retirés en

espèces.

Comme pour la plupart des microcrédits, ces microcrédits numériques ne sont pas sécurisés.

Lorsque le remboursement est dû, le système va automatiquement retirer l'argent du compte

de mobile money de l'emprunteur (ou du compte bancaire lié) à la date d'échéance. Si cela

échoue, le prêt pourrait être automatiquement prorogé, ou d'autres tentatives de

recouvrement peuvent être opérées. Le non-remboursement des emprunts à l’échéance

entraîne généralement d'autres frais et affecte également la notation de crédit du client, et

ainsi sa capacité à accéder à d'autres prêts. Si le recouvrement échoue complètement, le client

serait alors signalé à une centrale de risques, ce qui entraverait sa capacité à obtenir des prêts

d'autres fournisseurs de crédit.

En raison des pénalités pour non-remboursement (coûts financiers et accès restreint au crédit

futur), jusqu'à présent les taux de remboursement sur le microcrédit numérique ont été assez

bons ; M-Shwari, par exemple, rapporte un taux de prêts non productifs (NPL - Non Performing

Loans) de 2,2% à 60 jours. La sophistication croissante des algorithmes de crédit au fur et à

mesure qu'ils «apprennent» permet également de maintenir les taux de prêts non productifs

à un bas niveau.

Les éléments d'action proposés pour améliorer l’octroi de crédit sont présentés ci-dessous,

chacun avec une brève justification.

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Tableau 8 : Éléments d’Action – Fourniture de crédit

Éléments d’Action Justification

Appuyer le développement du crédit via les téléphones cellulaires

Utiliser de grande bases de données «big data», des algorithmes de notation de crédit et des chaînes de distribution de téléphones portables et de mobile money pour fournir des crédits accessibles aux ménages à faible revenu et aux agriculteurs pour des investissements à petite échelle et la gestion des risques (par exemple, les coûts des soins de santé). Cela résulte généralement d'un partenariat entre un opérateur de mobile money (données), un établissement de crédit (banque ou SFD) et une société fintech (pour l'algorithme de notation de crédit). Le fonctionnement d’un tel system est meilleur lorsqu’il est relié à un bureau d’information sur le crédit.

Imposer l’utilisation du Bureau d’Information sur le Crédit (BIC) [M]

La centrale des risques CIB existe mais elle est peu utilisée. Les fournisseurs de crédit doivent être tenus de fournir des données de crédit et de faire des chèques de crédit avant de faire des prêts. Cela aidera à améliorer la qualité du crédit, à réduire les risques et les exigences de garanties pour couvrir le crédit. La conformité avec l’utilisation du BIC devrait faire partie des exigences de contrôle ou d’inspection pour les banques et les SFD. La connectivité pour le BIC devra être améliorée pour soutenir la communication des informations à temps réel.

Développer des règles appropriées de protection des données

S'assurer que l'utilisation des données du consommateur à des fins de crédit (BIC, notation de crédit) est protégée de manière appropriée

Réforme des exigences en matière de fonds propres pour les SFD [R]

Les SFD sont tenus de détenir des fonds propres équivalents à 15% des actifs. Pour les banques, l’exigence en capital à détenir est relative aux prêts (c.-à-d. actifs risqués). La modification de l'exigence en matière de fonds propres pour les SFD en les reliant aux prêts (plutôt qu'à tous les actifs) allégerait la contrainte en termes de fonds propres sur les SFD, qui constitue l'un des principaux obstacles à l'augmentation des prêts.

Renforcer les SFD par la consolidation

Le secteur des SFD est très fragmenté et caractérisé par une gestion faible, des petites institutions et le manque d'économies d'échelle. Des SFD plus importants surmonteraient plus facilement certains de ces problèmes et devraient être plus résilientes. La plupart des SFD sont des organisations mutuelles et ont tendance à résister à l'idée de fusion ou de consolidation. CAS-IMEC / FNFI devrait encourager la consolidation des SFD.

Promouvoir l'utilisation de la forme SA par les SFD

Les SFD peuvent être une coopérative (mutuelle) ou une Société Anonyme (SA). Cette dernière peut augmenter plus facilement de capital, et cette forme devrait être encouragée parmi les nouveaux SFD.

Améliorer la qualité des prêts des SFD et utiliser le mobile

Les SFD doivent accorder plus d'attention à la qualité du crédit, avec des règles plus strictes en matière de prêts et des efforts plus intenses pour recouvrer les remboursements. L'utilisation de mobile

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Éléments d’Action Justification

money comme canal pour les remboursements de prêts

money comme canal de remboursement réduirait les coûts des recouvrements et fournirait également un mécanisme pour les rappels.

Réformer les produits / règles FNFI

Le FNFI fournit des fonds prêtables à des SFD sélectionnés pour qu’elles étendent le crédit aux groupes identifiés d'emprunteurs. Toutefois, le FNFI ne couvre qu'une faible proportion (5%) du risque de crédit, ce qui est bien inférieur à la proportion normale couverte par les systèmes de garantie de crédit. Aussi, les marges / honoraires perçus par les SFD sur les prêts financés par le FNFI en font une proposition peu attractive. De plus, la réglementation exige que les SFD disposent de fonds propres équivalent à 15% des actifs (y compris les prêts). Ainsi, s’engager dans des prêts financés par le FNFI exige également des SFD d’augmenter leurs fonds propres à hauteur de l’équivalent de 15% de la valeur des prêts. Les SFD sont lourdement contraints sur le plan capital (surtout celles qui sont mutuelles) et bon nombre ont du mal à respecter la réglementation. Le soutien du FNFI aux SFD est donc à revoir pour résoudre ces problèmes (marges faibles, faible proportion du risque de crédit souscrit et contraintes de capital)

Examiner les limites des taux d'intérêt bancaires / SFD

Les plafonds des taux de prêts peuvent sembler bénéficier aux consommateurs, mais peuvent entraîner une offre restreinte de crédit, ainsi que des banques et SFD plus faibles car elles ne peuvent pas facturer les risques et les coûts liés à l’octroi de crédit.

NB : (R) Réglementation. (M) Mise en œuvre.

6.3 Élargissement de l'Utilisation des Paiements (en particulier le Mobile Money) Les paiements sont un canal clé vers d'autres produits financiers (par exemple, paiement des

primes d'assurance, transferts d’argent, remboursement de prêts). Sous la forme de

transactions (pour l'achat de biens et services), ils sont largement utilisés. Au Togo, il y a une

forte dépendance vis-à-vis de la liquidité pour les transactions et les transferts d’argent, plutôt

que l’utilisation des moyens bancaires, SFD ou de Mobile Money.

Le mobile money offre la possibilité de transactions moins coûteuses et plus pratiques, mais

peine à décoller. En plus des avantages offerts pour les transactions individuelles, il offre

également l’alternative de nouveaux canaux de distribution des paiements gouvernementaux

(G2P), par exemple les pensions, subventions. Les données d'utilisation (par exemple MM,

crédit téléphonique) aident également à édifier des données financières pour débloquer

d'autres produits (par exemple, crédit).

Les éléments d'action proposés pour améliorer les services de paiement sont présentés ci-

dessous, chacun avec une brève justification.

Tableau 9 : Éléments d’Action : Paiements/Mobile Money

Éléments d’action Justification

Promouvoir une plus grande concurrence dans l'espace

L'espace ORM / MM a été lent à se développer. La présence d’un troisième opérateur bénéficierait au secteur en ce sens

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Éléments d’action Justification

ORM / Mobile Money, peut-être en octroyant une licence à un troisième opérateur avec une présence internationale étendue

qu’elle permettra d’accélérer l’introduction des innovations et pourrait contribuer à une réduction des prix dans une perspective d’accroissement de la concurrence. Avec seulement deux opérateurs et un contrôle gouvernemental fort, les prix de la téléphonie mobile au Togo sont relativement élevés.

Utiliser pleinement le potentiel de mobile money et plus généralement les services financiers numériques, afin de réduire les coûts de prestation des services financiers et améliorer l'accès

L'accès aux services financiers est limité par les prix (qui peuvent être élevés pour les adultes à faible revenu) ; les coûts des transactions (qui compromettent la viabilité des produits de faible valeur) ; et des réseaux de distribution physique limités. Le mobile money peut aider à réduire les prix (par conséquent, améliorer l'accessibilité financière), améliorer la viabilité des produits destinés aux consommateurs à faible revenu, et surmonter les limites des réseaux physiques de distribution.

Envisager des façons d'utiliser les données ORM / MM pour lancer d'autres produits financiers (par exemple, les données pour la notation de crédit)

L'utilisation du service MM et ORM génère de grandes quantités de données sur les achats et l'utilisation de crédit, l'utilisation de mobile money, etc., ce qui contribue à édifier un bilan des transactions financières pour les particuliers et les PME.

Étendre les réseaux d'agents de Mobile Money et améliorer la disponibilité de la liquidité des agents

L'utilisation de Mobile Money reste dépendante des services d'envoi et de retrait fournis par les agents. Cependant, les réseaux d'agents sont limités, en particulier dans les zones rurales. Aussi, les agents doivent constamment rééquilibrer l’argent liquide disponible et l'argent électronique afin d’éviter le défaut de liquidité (qui les empêche de faire des transactions). Les approvisionneurs (en espèces et en monnaie électronique) sont nécessaires pour soutenir la disponibilité de la liquidité des agents.

Développer des services de paiement MM pour les achats de biens et services (par exemple dans les magasins de détail)

Le Mobile Money est principalement utilisé pour les transferts d'argent et de fonds, qui nécessitent des espèces pour effectuer les transactions (envoi / retrait) ou pour les paiements (l'achat de biens et services). Encourager l'utilisation de mobile money pour les paiements réduira la demande de liquidité (et les risques liés à l'utilisation d’espèces).

Développer des produits MM en partenariat avec les fournisseurs de crédit et les compagnies d'assurance

Le MM fournit un mécanisme de paiement peu coûteux qui peut rendre viables des produits qui, autrement, seraient limités par les coûts élevés des transactions (par exemple, les recouvrements fréquents de primes d'assurance de faible valeur ou les remboursements de prêts). La fourniture de tels produits aux clients à faible revenu via le MM pourrait être viable.

Améliorer la compréhension de l'argent mobile chez les adultes et les détaillants.

La résistance à l'utilisation de mobile money ou la préférence pour l’argent liquide est en partie due à une méconnaissance ou une compréhension insuffisante de ses avantages. Cela

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Éléments d’action Justification

réduit l’expansion de l’utilisation des services de mobile money.

Restructurer le cadre réglementaire des télécommunications, pour éliminer les éventuels conflits d'intérêts [R]

L'octroi de licences de nouveaux ORM est géré par le Ministère des Postes et de l'Économie numérique, et non par le régulateur (ARTP). Mais le ministère est également le propriétaire d'un des ORM, Togocel. Il pourrait ainsi exister un conflit d'intérêts évident entre ces deux rôles. De ce fait l'introduction d'un troisième ORM signifierait un nouveau concurrent pour Togocel. Le deuxième opérateur privé Moov a fait face à des obstacles réglementaires en entrant en compétition avec Togocel. Conformément aux meilleures pratiques internationales, les décisions d'octroi de licences devraient être prises par le régulateur, ART&P, qui devrait être opérationnellement et institutionnellement indépendant du Gouvernement bien qu’exerçant une action d’utilité publique. Le ministère assure la régulation des tarifs de détail, ce qui pourrait paraitre également inapproprié. Le secteur des ORM bénéficiera de la concurrence et de l'innovation qui proviendraient de l'entrée d'un troisième opérateur.

Élaborer un protocole d’accord entre l’ART&P et la BCEAO sur la répartition des responsabilités de supervision [R]

L’ART&P réglemente les opérateurs de réseaux mobiles tandis que la BCEAO réglemente la fourniture de services de mobile money par les ORM. Il serait utile que la répartition des responsabilités réglementaires soit clarifiée par un protocole d'accord entre les deux régulateurs (conformément aux meilleures pratiques internationales).

S’assurer que les opérateurs non-ORM ont un accès facile aux codes USSD [R]

L'accès aux codes USSD est essentiel pour la fourniture de services financiers via la téléphonie mobile. Les ORM doivent être tenus de fournir un accès facile aux codes USSD pour les tierces parties, même si cela crée une concurrence pour les produits et services des ORM.

Permettre aux entreprises privées non bancaires de fournir des services de paiement

À l'heure actuelle, il n'y a que les banques, les SFD et les opérateurs de mobile money qui fournissent des services de paiement (avec la BCEAO). Les autres fournisseurs de services de paiements (par exemple, les opérateurs de transfert d'argent) doivent s'associer aux banques. Des dispositions légales devraient être prises afin que les autres acteurs puissent fournir des services de paiement et de commutation (switch) avec l’agrément de la BCEAO.

6.4. Faciliter l'Épargne dans les Institutions Formelles L’épargne est largement utilisée au Togo, mais elle dépend fortement des circuits informels.

Bien que les circuits informels paraissent convenables pour les épargnants, ils ne peuvent, le

plus souvent, pas être intermédiés ; ce qui signifie que les épargnes sont «gelées» et ne

peuvent être utilisées pour fournir des crédits aux emprunteurs, contrairement aux épargnes

réalisées dans les institutions financières formelles.

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Il est souvent nécessaire pour les individus d’épargner formellement dans les banques et les

SFD pour pouvoir accéder au crédit. Un certain volume de dépôts épargné sur une période de

temps donné constitue dans la plupart des cas une condition préalable à l'obtention d'un prêt.

Il existe des risques de pertes pour les épargnants, même dans les banques et les SFD, compte

tenu de la situation financière précaire de certains établissements. Dans les zones rurales, les

groupes informels (tontines) sont largement utilisés, mais ils ne sont pas reliés aux institutions

formelles.

Les éléments d'action proposés pour améliorer l'épargne dans les établissements formels sont

présentés ci-dessous, chacun avec une brève justification.

Tableau 10 : Éléments d’Action : Épargne

Éléments d’action Justification

Encourager l'utilisation du mobile money comme produit d'épargne accessible

Cela élargirait la gamme de produits d'épargne disponibles pour la population, en particulier pour ceux qui n'ont pas accès aux succursales bancaires et aux SFD, et offrirait un produit formel à ceux qui doivent compter sur des réseaux informels.

Autoriser le mobile money à payer des intérêts sur les sommes épargnées [R]

Cela améliorerait l'attractivité du mobile money en tant que produit d'épargne.

Rendre opérationnel le nouveau régime d'assurance-dépôts UEMOA (pour les banques / SFD)

L'assurance-dépôts fournira une certaine protection aux épargnants dans les établissements de dépôt (banques et SFD), en cas d'effondrement. Cela aidera à améliorer la confiance en de telles institutions.

Renforcer les banques et SFD en appliquant les exigences en termes de fonds propres (pour réduire les risques pour les épargnants) [M]

Certaines banques et SFD courent un risque potentiel en raison d'un capital insuffisant, ce qui expose les épargnants / déposants à des pertes potentielles si les institutions financières venaient à s'effondrer. Cela explique également que dans le secteur bancaire, il y ait des réticences à faire des prêts entre banques, par peur des pertes potentielles, d'où l'inactivité du marché interbancaire. L'application des exigences en capitaux pourrait exiger la fermeture des institutions faibles ou leur fusion avec d'autres, si elles ne peuvent réunir le capital additionnel.

Améliorer la solidité des SFD en encourageant la consolidation et l'utilisation de la structure SA

Le secteur des SFD est fragmenté, et pourrait bénéficier d'institutions plus solides et plus importantes et d'économies d'échelle. L'un des obstacles à la consolidation est que la plupart des SFD sont des organisations mutualistes. Elles ont tendance à résister à la fusion/consolidation ou à la conversion en Sociétés Anonymes (SA), qui peuvent augmenter leur capital plus facilement.

Lier tontines au mobile money / aux SFD

Les groupes informels (tontines ou associations villageoises d'épargne et de prêt ) jouent un rôle important dans la mobilisation de l’épargne des ménages ruraux à faible revenu, ainsi que dans la fourniture de crédit. En reliant les tontines aux institutions financières formelles (telles que les SFD ou les banques) ou en utilisant le mobile money pour effectuer des paiements, des dépôts et des retraits, les fonds détenus par les

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Éléments d’action Justification

tontines seront plus sûrs. Les membres des tontines auront aussi l'opportunité de développer un historique de transactions avec des institutions financières, ce qui permettrait un meilleur accès financier.

Aider les tontines à devenir semi-formels à travers l’utilisation de modèles de statuts et de manuels d’opération

Dans d’autres pays, des ONG ont développé des modèles de statuts et manuels d’opération pour les tontines, explicitant les structures, droits et devoirs etc. Les manuels d’opération aident à la standardisation des opérations et diminuent les risques de pertes que pourraient subir les membres.

Développer un programme d’éducation financière pour les tontines

Dans la mesure où les membres sont souvent des pauvres ruraux marginalisés, le niveau de connaissance financière est peut-être faible, et il peut être amélioré par des programmes appropriés (par exemple mettre l’accent sur les avantages de l’épargne et comment gérer le crédit)

Affecter la réglementation des activités de services financiers de La Poste à la BCEAO [R]

La Poste (la Poste du Togo) fournit un certain nombre de services financiers, tels que l'épargne, les prêts et le transfert d'argent. Si ces services sont fournis par des banques ou de grands SFD, ils relèvent de l'autorité de réglementation de la BCEAO. La Poste est cependant supervisée par le régulateur des communications, ART&P. Ceci pourrait créer des risques potentiels. Les activités bancaires de la Poste du Togo devraient donc être réglementées et supervisées par le régulateur bancaire.

6.5 Améliorer la Disponibilité en Financement Agricole L'agriculture a des besoins financiers spécialisés, par exemple le financement des cultures de

saison, à travers la chaîne de valeur. Elle est également soumise à des types particuliers de

chocs, comme la sécheresse. Les agriculteurs forment un grand groupe au Togo et l'agriculture

est le secteur ayant la plus grande part dans le PIB. Cependant, les agriculteurs sont mal

desservis financièrement, notamment en ce qui concerne l'accès au financement formel, bien

qu’ils aient des o revenus relativement plus élevés, en moyenne, par rapport aux autres

groupes cibles. Ceci montre qu'il existe là un marché potentiel pour l’accroissement de

l’inclusion financière. Toutefois, leurs besoins financiers étant à la fois spécifiques et

spécialisés, les agriculteurs attendent des types de services financiers particuliers qui soient

adaptés à leurs besoins, plutôt que des services bancaires standards.

Les éléments d'action proposés pour améliorer les financements agricoles sont présentés ci-

dessous, chacun avec une brève justification.

Tableau 11 : Éléments d’Action : Financement agricole

Éléments d'action Justification

Développer une assurance météo (sécheresse) dans un format approprié (d’une grande échelle à une petite échelle)

La sécheresse est le principal risque auquel sont confrontés les agriculteurs et la disponibilité d'un produit d'assurance pour gérer ce risque contribuerait à renforcer la sécurité financière des agriculteurs.

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Éléments d'action Justification

Développer un financement spécialisé des cultures, par exemple en fonction des reçus de magasins et liées à l'assurance.

Les caractéristiques du crédit agricole sont différentes de la plupart des autres formes de crédit et exigent une conception spécialisée. Une option couramment utilisée ailleurs est d'étendre le crédit en fonction des reçus de magasins (les cultures stockées dans des entrepôts sécurisés peuvent assurer la sécurité du prêteur). La disponibilité de l'assurance agricole peut également réduire les risques pour les prêteurs.

Améliorer la couverture des réseaux mobiles / mobile money dans les zones rurales pour permettre la fourniture des services financiers mobiles

Les services financiers numériques devraient constituer un canal important pour la fourniture de services financiers peu coûteux aux agriculteurs et autres dans les zones rurales (épargne, prêts, assurances, paiements, subventions, etc.). Toutefois, cela requiert une couverture plus étendue des réseaux mobiles (en particulier des données) et des réseaux d'agents de mobile money.

Développer une infrastructure appropriée aux filières agricoles, comprenant les magasins de stockage et les facilités de transport

Ceci contribuera à réduire les pertes et à augmenter les revenus des agriculteurs.

Entreprendre une éducation financière pour les agriculteurs afin d'améliorer leur compréhension des services et des problèmes financiers

Les agriculteurs ont un faible niveau d'instruction et de compréhension financière, et utilisent peu les produits formels.

Utiliser le mobile money pour les paiements gouvernementaux aux agriculteurs

Ceci contribuera à réduire les coûts de transaction et à intégrer les agriculteurs dans le système financier formel

Plus généralement, digitaliser les paiements dans les filières pour réduire les coûts de transaction

Ceci contribuera à réduire les coûts de transaction et construire un historique de transactions financières qui pourrait être utilisé pour débloquer le crédit.

6.6 Développer les Infrastructures pour appuyer la Fourniture de Services Financiers Les infrastructures financières et non financières sont essentielles pour soutenir le

déploiement des services financiers dans les zones mal desservies. Cependant, les

infrastructures physiques (comme les succursales bancaires) sont souvent coûteuses et non

rentables dans les zones rurales à densité de population plus faible et avec des niveaux de

revenus plus bas, présentant ainsi de faibles opportunités d’affaires. De ce fait, la réflexion sur

l'extension des infrastructures devrait plutôt viser le déploiement de canaux et d'agences

électroniques (réseau d’agents) plutôt que de branches physiques. Dans certains cas, des

subventions ou l’aide de l’Etat peuvent être nécessaires.

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En outre, l'utilisation limitée de la carte nationale d'identité universelle (CNI) rend plus difficile

la satisfaction des exigences KYC et la constitution d'enregistrements fiables en matière de

crédit. Si tous les adultes détenaient une CNI, avec un identifiant unique, cela deviendrait

beaucoup plus facile à satisfaire. Les autres infrastructures non financières telles que les

téléphones portables et les réseaux de données (pour les services financiers numériques) les

propriétés (foncières et immobilières) et l'enregistrement des propriétés (pour la garantie)

jouent également un rôle important dans le soutien à l'inclusion financière.

Les éléments d'action proposés pour améliorer les infrastructures financières et non

financières sont présentés ci-dessous, chacun avec une brève justification.

Tableau 12 : Éléments d’Action : Infrastructures

Éléments d'action Justification

Étendre la couverture du réseau ORM (voix / SMS / données) aux zones mal desservies, en utilisant les subventions du fonds établi à cette fin

Il existe des carences dans la couverture du réseau mobile qui le déploiement des services financiers numériques. Un fonds existe pour subventionner la fourniture de services mobiles dans des zones insuffisamment desservies, et il devrait être utilisé de manière active et efficiente.

Envisager la mise en place d’un réseau national d'infrastructures de surveillance météorologique (précipitations, température), utile pour étayer l'indice d'assurance météorologique pour les cultures.

L'assurance contre la sécheresse nécessite un système d'infrastructure de surveillance performant afin de suivre et observer la survenance de pertes liées au climat

Développer l'infrastructure agricole, en particulier pour le le stockage et le transport, afin de réduire les risques pour les fournisseurs de crédit.

Outre les pertes liées au climat, il existe des risques de pertes pendant le transport et le stockage. La gestion de ces risques est primordiale pour la fourniture de crédit. Les magasins fournissent également un stockage sécurisé qui peut constituer de base pour la garantie.

S'assurer que les fournisseurs de crédit peuvent accéder au Bureau d’Information sur le Crédit (via Internet)

Renforcer le reporting sur le crédit afin de permettre une meilleure gestion du risque de crédit

Entreprendre des efforts pour améliorer l’attribution de cartes nationales d'identité

Les cartes d'identité nationales universelles peuvent contribuer significativement à accroitre l'inclusion financière, en facilitant l'identification du client (pour la conformité KYC), l'ouverture de compte dans les institutions financières et le maintien d’informations correctes sur le crédit.

Développer des registres électroniques / en ligne pour les crédits fonciers, immobiliers et mobiliers afin de faciliter l'enregistrement

Le manque de registres électroniques des garanties et la dépendance vis-à-vis des enregistrements manuels rendent difficile la vérification de disponibilité des garanties pour l’octroi des prêts. Un registre en ligne rendrait ce processus beaucoup plus rapide et réduirait la marge d'erreur et de

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Éléments d'action Justification

des garanties (pour le crédit) fraude.

6.7 Améliorer la Gestion des Risques pour les Clients Fiables De nombreuses personnes sont exposées à des dépenses de santé imprévues ou des chocs

agricoles (sécheresse), qui ont été identifiés comme les risques les plus courants auxquels les

adultes sont confrontés. De tels chocs peuvent accroitre le niveau de pauvreté (en raison de

dépenses supplémentaires ou de revenus réduits) si la capacité de gestion des risques est

faible ou si les ménages partent déjà d’une position financièrement difficile.

Il existe diverses manières de gérer les risques ; par le biais de produits d'assurance,

d’épargnes antérieures (qui fournissent une réserve financière qui peut être utilisée en cas

d'urgence) ou l'accès au crédit (en particulier, le crédit accessible dans une période de temps

très courte).

En dehors du groupe cible « Emploi formel » , il existe peu de personnes utilisant l'assurance

formelle. Cela est en partie dû à une insuffisance de compréhension des produits d’assurance

disponibles et un manque de sensibilisation à l'assurance. Il existe également une faiblesse

dans l’application des règles (par exemple, bien que l'assurance automobile soit obligatoire,

les véhicules ne sont souvent pas assurés pour la plupart). Par ailleurs, l’informel joue ici un

rôle important, en particulier les sociétés funéraires. A noter qu’il y a eu peu d'innovation dans

l'assurance, comme la micro-assurance et les liens avec d'autres fournisseurs de services

financiers.

Les éléments d'action proposés pour améliorer la capacité de gestion des risques sont

présentés ci-dessous, chacun avec une brève justification.

Tableau 13 : Éléments d’Action : Gestion des risques

Éléments d’action Justification

Développer des produits pour faire face aux principaux risques - santé et sécheresse

Les principaux risques auxquels sont confrontés les adultes togolais sont les risques liés à la santé et à la sécheresse. Toutefois, il n’existe pas de produit d’assurance spécialisé pour ces domaines. Les compagnies d'assurance doivent envisager de développer des produits appropriés.

Mettre l'accent sur les produits de micro-assurance, distribués via les réseaux mobiles

Il existe une disposition réglementaire pour la micro-assurance (avec une licence distincte) mais aucune licence de ce type n'a encore été délivrée. Les produits de micro-assurance (les valeurs assurées et les primes sont de faible valeur) conviennent particulièrement aux ménages à faible revenu, et devraient être développés par les compagnies d'assurance. L'utilisation du mobile money comme plateforme de paiement aiderait à surmonter le problème des coûts de recouvrement élevés des primes lorsque celles-ci sont de faible valeur et fréquentes.

Améliorer l'accès au crédit d'urgence

L'accès au crédit est un important outil de gestion des risques. L'utilisation de plateformes de mobile money pour un accès rapide au crédit facilitera cette tâche.

Développer des produits Il existe un large recours aux «assurances» informelles pour les

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Éléments d’action Justification

d'assurance-funérailles / assurance-vie peu coûteux

dépenses funéraires par le biais des groupes de solidarité villageoise. Cela suggère que des produits formels similaires assortis de primes de faible valeur, payables via mobile money, pourraient être attrayants.

Appliquer les réglementations en matière d'assurance [M]

L'assurance obligatoire des véhicules est un important produit pour les compagnies d'assurance au Togo, mais la loi n'est pas efficacement appliquée, avec environ 40 à 50% des véhicules non assurés. L'application de cette loi permettrait de gérer plus efficacement les risques liés aux accidents, de renforcer la base financière des compagnies d'assurance et de soutenir ainsi le développement de nouveaux produits.

Collaborer avec les ORM / les fournisseurs de mobile money

Le mobile money est susceptible d'être le canal le plus efficace pour recouvrer des paiements de prime pour les produits d'assurance mobile (en raison de faibles coûts de transaction) et également un canal important pour la vente / commerce de produits, l'acceptation de réclamations et effectuer des paiements. Les compagnies d'assurance devraient collaborer avec des fournisseurs de mobile money pour développer des produits appropriés.

Développer des produits groupés (par exemple, une assurance maladie combinée avec crédit)

Le manque de compréhension de l'assurance rend les personnes réticentes à contracter directement une assurance. Si elle est groupée avec d'autres produits, cette résistance pourrait être surmontée.

Promouvoir l'éducation financière en matière d’assurance et de gestion des risques

Le manque de compréhension de l'assurance et de la gestion des risques peuvent exposer les ménages à des risques excessifs. L'éducation financière peut aider à fournir aux personnes l'information et la compréhension en vue d’une gestion des risques plus efficace.

Autoriser l'inscription électronique aux polices d'assurance [R]

La distribution de l'assurance via les téléphones cellulaires et le paiement via mobile money nécessitent l'inscription électronique aux polices d’assurances pour être légalement valides. Ceci est particulièrement important pour la micro-assurance.

6.8 Lacunes et Opportunités en matière de Réglementation La discussion ci-dessus identifie un certain nombre de lacunes et d'opportunités en matière

de réglementation, qui peuvent être considérées comme des questions transversales

touchant de nombreux aspects du secteur financier particulièrement en rapport avec

l'inclusion financière.

Certaines banques sont fragiles en raison d'un capital insuffisant, contribuant ainsi aux

risques dans le secteur bancaire, ce qui affecterait la confiance et la volonté d’utiliser les

banques. L’autorité de régulation bancaire (CBU) doit appliquer plus strictement la

réglementation bancaire et les exigences en termes de capital, afin d’augmenter la confiance

envers le secteur. L'application des exigences en capitaux, qui obligerait les institutions

fragiles à fermer ou à fusionner avec d'autres, diminueraient les risques du secteur financier.

La confiance sera également renforcée en mettant en place un régime d'assurance-dépôts.

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Cela renforcera davantage l'application des exigences en capitaux, et ces deux mesures

protègeront les intérêts des clients (seule l'assurance-dépôts conduirait à une prise de risque

accrue par les banques - le problème de risque moral).

Les exigences en fonds propres pour les SFD semblent excessives et les désavantagent vis-à-

vis des banques. Alors que les banques ont un ratio d'adéquation des fonds propres de 8%,

pour les SFD, il est de 15%. Dans une certaine mesure, cela peut se justifier par la prise de

risques plus importants et la taille plus réduite des SFD par rapport aux banques, néanmoins,

cela augmente les coûts pour les SFD (le capital est cher) et entrave leur entrée en compétition

avec les banques. En plus, pour les banques, l'adéquation du capital est spécifiée par rapport

aux actifs pondérés en fonction des risques (certains actifs, comme les biens immobiliers, les

autres immobilisations et les prêts au gouvernement sont à risque zéro, et les autres prêts ont

un risque réduit s'il existe une garantie adéquate - cela est conforme aux exigences de fonds

propres de Bâle). Par contre, pour les SFD, l'adéquation des fonds propres est calculée par

rapport à l'actif total, ne tenant pas compte du caractère à risque de l'actif. Une réforme des

exigences en matière d'adéquation des fonds propres des SFD, calculée par exemple par

rapport aux prêts et avances, plutôt que par rapport aux actifs totaux, réduirait le désavantage

des SFD sur les banques.

Réforme de la supervision des SFD et renforcement de la capacité de la CAS-IMEC. La CAS-

IMEC a des capacités limitées pour superviser les SFD de manière efficace. Cela entraîne des

risques pour les membres du SFD et les déposants. Le retrait d’agrément des SFD est prise par

le Ministère de l'Économie et des Finances.

Il devrait être plus facile pour les SFD de se consolider. Le secteur des SFD est très fragmenté

et caractérisé par la mauvaise gestion, de petites institutions et l’absence d'économies

d'échelle. Faciliter la consolidation des SFD aiderait à résoudre ce problème. L'un des

obstacles vient de ce que la plupart des SFD sont des organisations mutualistes. Il leur est

difficile de réunir les exigences de fusion/consolidation ou de conversion en Société Anonyme

(SA), qui, elle, peut fusionner plus facilement. Bien qu'une partie du problème concerne aussi

la réticence de nombreux membres à consolider ou se convertir, une voie légale plus

permissive aiderait à encourager le processus. En outre, le régime fiscal décourage la

consolidation.

Réformer les dispositions réglementaires pour la délivrance de licences et la régulation du

secteur de la téléphonie mobile. Conformément aux meilleures pratiques, l'ART&P devrait

être le seul régulateur et fonctionner de manière totalement indépendante du Gouvernement.

Cela résoudrait les problèmes de conflit d'intérêts dans les dispositions actuelles et rendrait

l'environnement de la téléphonie mobile/mobile money plus attrayant pour l'investissement

du secteur privé.

Développer un Protocole d’accord entre l’ART&P et la BCEAO sur la répartition des

responsabilités de supervision. L’ART&P réglemente les opérateurs de réseaux mobiles tandis

que la BCEAO réglemente la fourniture de services de mobile money par les ORM. Il serait

utile de clarifier la répartition des responsabilités réglementaires par un protocole d'accord

entre les deux régulateurs (conformément aux meilleures pratiques internationales).

L'interdiction des paiements d'intérêts sur les dépôts de mobile money réduit la gamme de

produits d'épargne disponibles, en particulier pour les clients à faible revenu. Les comptes

de mobile money peuvent, en principe, fournir une facilité d'épargne pratique, accessible et

peu coûteuse, adaptée en particulier aux adultes non bancarisés et qui ne sont pas clients des

SFD, notamment en zones rurales, où l'accès au financement est réduit. Permettre aux

opérateurs de mobile money de payer des intérêts sur les dépôts d'épargne permettrait

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65

d'accroître l'attrait de ces comptes pour les ménages à faible revenu et d'augmenter la gamme

des options d'épargne qui leur sont offertes. Il fournirait également un produit formel pour

ceux qui ne peuvent compter que sur des canaux informels. Cette proposition pourrait faire

l’objet une étude conjointe et plus approfondie de la BCEAO et de l’ART&P afin d’en mesurer

tous les contours au vu la nature du service.

Réglementation des taux d'intérêt : l'imposition de taux d'intérêt et de plafonnement rend

difficile pour les banques et les SFD d’établir un prix de crédit correct, en tenant compte des

coûts de fourniture de crédit et des risques associés. Les SFD en particulier devraient pouvoir

pratiquer des taux d'intérêt plus élevés. Le plafonnement des taux d'intérêt ne devrait pas

s'appliquer au microcrédit où les coûts sont particulièrement élevés.

Transférer la réglementation des activités de services financiers de la Société des Postes du

Togo à la BCEAO. La Poste du Togo fournit un certain nombre de services financiers, y compris

l’épargne, les prêts et le transfert d'argent. Lorsque ces services sont fournis par des banques

ou de grands SFD, ils relèvent de l'autorité de réglementation de la BCEAO. L’activité de la

Poste du Togo quant à elle relève du régulateur des communications, l’ART&P. Les fonctions

bancaires de la Poste du Togo devraient être réglementées et supervisées par l’organe de

régulation bancaire.

Élaborer des règles appropriées de protection des données. À l'avenir, il est probable d'avoir

une plus grande utilisation des données sur les consommateurs individuels. Cela inclura

l'enregistrement des activités de crédit au niveau du Bureau d’Information sur le Crédit et

potentiellement l'utilisation d'informations sur le crédit et l'utilisation de mobile money pour

la notation de crédit. Des garanties devraient être mises en place pour s'assurer que

l'utilisation des données à ces fins est protégée de manière appropriée.

Appliquer les réglementations en matière d’assurances. L'obligation d'assurance véhicule

n'est pas appliquée, réduisant ainsi le marché des produits d'assurance. En outre, les

exigences de déclaration des compagnies d'assurance ne sont pas appliquées, entraînant une

insuffisance d'informations sur le secteur et une mauvaise surveillance et supervision.

Autoriser l'inscription électronique pour les polices d'assurance. La distribution de

l'assurance via les téléphones cellulaires et le paiement via mobile money nécessitent

l'inscription électronique des polices pour être légalement valides. Ceci est particulièrement

important pour la micro-assurance.

S'assurer que les opérateurs non-ORM ont un accès facile aux codes USSD. L'accès aux codes

USSD est essentiel pour l’octroi de services financiers via la téléphonie mobile. Les ORM

doivent être tenus de fournir un accès facile aux codes USSD pour les tiers (Fintech et SFD et

autres institutions financières), même si cela crée une concurrence entre les nouveaux

produits développés et les services des ORM.

Envisager de permettre aux fournisseurs de services de paiement du secteur privé d'être

agréés directement. À l'heure actuelle, les banques, les SFD et les OMM seuls fournissent des

services de paiement (avec la BCEAO). Les autres fournisseurs de services de paiements

(comme les opérateurs de transfert d'argent) doivent s'associer aux banques. Des dispositions

légales devraient permettre au secteur de fournir des services de paiement et commutation

(switching) sous licence de la BCEAO.

6.9 Questions transversales et impacts

Les discussions sur les lacunes et opportunités ci-dessus se concentrent sur l’amélioration de

la fourniture de services et produits financiers, à travers l’innovation, l’amélioration des

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66

infrastructures, et la réforme réglementaire, afin de combler les lacunes identifiées entre

l’offre et la demande des divers groupes cibles. Dans cette section nous nous penchons sur

les impacts que pourraient avoir certaines des interventions proposées sur des groupes

prioritaires identifiés, d’un point de vue national. Parmi ces groupes figurent les MPME (micro,

petites et moyennes entreprises), les jeunes et les femmes, et le secteur informel.

De nombreux éléments d’action indiqués ci-dessus sont conçus pour réduire le coût des

services financiers et améliorer l’accès (en particulier pour les produits formels). Par définition,

ils bénéficieront à ceux qui sont marginalisés et/ou exclus du système formel. L’approche MAP

consiste à identifier et à plaider en faveur de réformes qui amélioreront l’accès et la fourniture

de produits et services financiers afin de satisfaire les besoins de ceux qui sont exclus, plutôt

que la fourniture de produits particuliers à des groupes particuliers uniquement. Dans cette

optique, améliorer l’accès au mobile money en augmentant la couverture du territoire avec

l’appui de réseaux d’agents fournira un accès amélioré à ceux vivant en milieu rural (qui sont

majoritairement des femmes et des pauvres) ; améliorer la disponibilité de produits financiers

agricoles bénéficiera aux agriculteurs (majoritairement des femmes) ; élargie l’accès au micro-

crédit au moyen du mobile money aidera les PME formelles et informelles. Nous illustrons ci-

dessous la manière dont les éléments d’action recommandés auront un impact sur les groupes

prioritaires.

Autonomisation des femmes: les femmes sont représentées de manière disproportionnée

dans des groupes cibles particuliers (personnes à charge, agriculteurs, PMEs informelles) de

sorte que les mesures visant à satisfaire les besoins de ces groupes cibles vont bénéficier aux

femmes. De manière similaire, les femmes dépendent plus que les hommes des services

financiers informels. Par conséquent, des mesures visant à améliorer l’accès formel

bénéficieront particulièrement aux femmes :

• L’accès aux produits de la micro-assurance (surtout pour la santé);

• Accès aux crédits d’urgence, y compris par le biais de téléphones cellulaires / mobile

money;

• L’augmentation de la couverture du téléphone portable et du réseau de données;

• L’expansion de la présence des agents de mobile money au-delà des grands centres

urbains;

• L’autorisation de paiement d’intérêts sur les soldes de comptes de mobile money et

utilisation du mobile money comme un produit d’épargne accessible;

• Les programmes d’éducation financière.

MPME : les mesures visant à améliorer l’accès au crédit aideront les MPME autant que les

mesures visant à améliorer l’efficacité du système de paiement. Les mesures suivantes sont

d’importance particulière:

• L’amélioration du fonctionnement du Bureau d’Information sur le Crédit (BIC) et du

système d’assurance-dépôt;

• Le renforcement des SFD (en tant que fournisseurs de crédit aux MPME), permettant

d’augmenter l’accès des SFD au refinancement bancaire et de réduire les contraintes

sur le crédit;

• La réforme des opérations du FNFI (afin de permettre une livraison plus efficace de

systèmes de crédit ciblés);

• L’amélioration de la stabilité des banques en faisant appliquer les exigences en

capital (afin d’améliorer la disponibilité du crédit).

Jeunes: les jeunes ont un accès particulièrement large aux téléphones cellulaires et le

développement de services financiers numériques par le canal du téléphone cellulaire leur

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67

sera particulièrement bénéfique. Les mesures suivantes sont d’importance particulière:

• La concurrence accrue dans le secteur de la téléphonie pour réduire les coûts et

améliorer la disponibilité du produit par les ORM et fournisseurs de mobile money;

• Le développement de produits groupés (par exemple assurance vendu avec le crédit

téléphonique);

• L’ augmentation de la couverture du téléphone portable et du réseau de données;

• L’autorisation de paiement d’intérêts sur les soldes de comptes de mobile money et

l’utilisation du mobile money comme un produit d’épargne accessible;

• L’accès au micro-crédit par le biais de plateformes de mobile money.

Secteur informel: l’utilisation de produits et services financiers informels au Togo est élevée,

y compris les tontines (groupe d’épargne et crédit villageois), les fournisseurs de crédit

informel (comme les magasins de détail) et les systèmes d’assurance informelle. Les

fournisseurs informels comblent d’importantes carences en fourniture de services financiers

et les clients les choisissent souvent en complément des fournisseurs formels, lorsqu’ils ont

accès aux deux. Les principaux défis à relever au bénéfice des fournisseurs de services

financiers sont de (i) leur fournir davantage de structure et de (ii) leur permettre d’établir des

liens avec les institutions financières formelles. Les mesures suivantes vont y contribuer:

• L’établissement de liens entre les tontines et les SFD (afin de permettre le dépôt des

fonds et leur conservation en sureté);

• La fourniture d’un statut semi-formel aux tontines, les ONG apportant leur assistance

dans la fourniture de statuts modèles, éducation financière etc. ;

• Le développement du réseau de mobile money (par exemple les réseaux d’agents)

afin de permettre aux tontines de déposer et retirer des fonds au moyen du mobile

money ;

• L’autorisation de paiement d’intérêts sur les soldes de compte mobile money et

encourager l’utilisation du mobile money comme un produit d’épargne accessible.

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68

7. Note Complémentaire 1. Segmenter le Marché : Groupes Cibles

7.1 Introduction Les différents types de consommateurs ont des comportements et des besoins différents en

matière de services financiers, ce qui aboutit à différents résultats économiques réels. Par

conséquent, des approches politiques systématiquement différentes doivent être adoptées.

Le MAP génère des données qui permettent la désagrégation de la population adulte en

segments distincts et sous-segments avec différents profils, besoins, comportements et

utilisation des services financiers. La compréhension des fonctionnalités partagées et des

différences entre les marchés cibles permet une compréhension plus détaillée des besoins en

services financiers des différents segments. Lorsque l'analyse ciblée au niveau du marché est

superposée à l'image de l'offre, une image multidimensionnelle est créée pour aider les

décideurs politiques à formuler une feuille de route ciblée sur les priorités financières

permettant d’atteindre les principaux objectifs sectoriels et nationaux. Les analyses MAP

montrent que la segmentation par rapport aux principales sources de revenus sont bel et bien

en ligne avec le revenu potentiel, le mode de vie et les besoins en services financiers.

Cette sous-section se concentre ainsi sur la dynamique liée à l'adoption et à l'utilisation des

services financiers par les différents marchés cibles, sectionnée par des paramètres

économiques, notamment les revenus20. La source principale de revenu mesure le niveau et

la régularité du revenu, tous les deux constituant des indicateurs clés pour déterminer si une

personne satisfait aux exigences pour être un client de service financier viable. Les segments

de marché sont des groupes de personnes différents les uns des autres, ayant des

caractéristiques communes, dont des caractéristiques géographiques et démographiques,

pouvant former un marché cible commun pour les institutions financières.

Encadré 4 : Constitution de Groupes de Marché Cible

Les marchés cibles ont été principalement définis en fonction de la source principale de

revenu d'un adulte. FinScope a enregistré un large éventail de sources de revenus, comme

indiqué dans la première colonne du tableau ci-dessous. Chaque groupe ainsi défini a

ensuite été considéré en fonction de caractéristiques clés telles que la démographie, le

niveau de revenu et l'accès financier. Les 18 sources de revenus définies ont ensuite été

regroupées en cinq grands groupes cibles, qui étaient semblables par rapport à ces

caractéristiques clés et à la nature de leur source principale de revenu.

Source de revenu identifiée Grand groupe cible et nombre d'adultes inclus

Travailleurs indépendants - entreprise enregistrée. Pension ou rentes. Salaire / rémunération du gouvernement. Salaire / rémunération d'une entreprise privée.

Emploi formel (revenu régulier) : 382 618 adultes - 9,3%.

Salaire / rémunération individuelle Emploi informel : 205 466 adultes -

20 La segmentation du marché ciblé se concentre uniquement sur la principale source de revenu et ne tient pas compte des sources de revenus supplémentaires qu'un adulte peut avoir.

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69

Travail à temps partiel. 5,0%.

Revenu d’activité agricole ou du commerce de produits agricoles. Vente et collecte de produits naturels. Salaire / rémunération d'une exploitation agricole (travailleur agricole).

Agriculture : 1 192 142 adultes - 29,1%.

Travailleur indépendant - commerce informel. Fabrication d’articles commerciaux.

PME informelles : 1 155 162 adultes - 28,2%.

Argent provenant de personnes extérieures au ménage. Argent provenant d'un parent. Pension alimentaire.

Personnes à charge : 937 479 adultes - 22,9%.

Loyers (terrains / biens). Autres (non spécifiés). Intérêts des prêts. Aucun revenu.

Autres : 229 490 adultes - 6,6%.

En considérant ces groupes cibles, quelques points clés sont à noter :

Employés formels : comprennent tous les groupes qui ont un revenu régulier et formel, ce

sont principalement les employés des entreprises publiques ou privées. Les travailleurs du

secteur formel indépendants (dans les entreprises enregistrées) et ceux qui reçoivent des

pensions formelles sont inclus dans ce groupe, car ils ont aussi des revenus élevés et un

accès généralement semblable aux services financiers (relativement élevé).

Les agriculteurs : comprennent tous ceux dont le revenu provient en premier des activités

agricoles, que ce soit à partir d'une ferme, du commerce de produits agricoles, de l'emploi

agricole ou de la vente de produits collectés dans la nature (ces deux dernières catégories

étaient relativement faibles). il s’agit du plus grand groupe.

Ne reçoit pas d'argent : un grand groupe d'adultes (environ 24%) a déclaré qu'il ne reçoit

pas d'argent. On peut croire que cela puisse prêter à confusion, car la plupart des gens

reçoivent un certain niveau de revenu, en espèces ou en nature. Aussi a-t-on interrogé le

groupe «pas de revenu» d'une manière plus approfondie, afin de déterminer si d'autres

réponses pouvaient laisser entrevoir une quelconque source de revenus.

L'attention a porté sur les réponses suivantes :

o L'élevage domestique pour la vente (B11d)

o Activité génératrice de revenus personnels (C7d)

o Argent pour les dépenses - provenant de la famille et des amis (C12)

o Argent reçu de l'intérieur du Togo (F8) ou de l'extérieur de Togo (F9A)

Le reclassement suivant a ensuite été effectué pour ceux qui ont déclaré "Ne pas recevoir

d'argent" :

o Personne à charge : Argent pour les dépenses provenant de la famille et

des amis, ou argent reçu de l'intérieur ou de l'extérieur du Togo

o PME informelle : activité génératrice de revenus personnels

o Agriculture : le ménage pratique l'agriculture pour vendre

Ceci a conduit à un reclassement de la plupart de ce groupe en tant que Personnes à charge,

un petit nombre reclassé comme PME ou agriculteurs informels. En conséquence, le groupe

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70

"Ne reçoit pas d'argent" : a été réduit de 23,7% de la population adulte à 4,2%.

Personnes à charge : ce groupe était initialement très petit, formé par ceux qui avaient

explicitement déclaré qu'ils recevaient de l’argent par transfert en provenance de parents

ou une pension d’un(e) ex époux(se). La plupart des personnes à charge ont été reclassées

comme décrit ci-dessus, ceux-ci ayant donc déclaré un niveau de revenu zéro.

Autres : ce groupe comprend une gamme de sources de revenus (ou pas de revenus) qui ne

correspondent pas parfaitement à aucun autre groupe. Ce groupe est relativement petit et

n'est pas inclus dans l'analyse du groupe cible.

Le schéma ci-dessous montre la taille de chaque segment et répartit les différents segments

en fonction de leur répartition géographique et de revenu :

• Le plus grand groupe est celui des agriculteurs, qui sont principalement dans les zones

rurales. Cela peut paraitre surprenant, mais ce groupe a le deuxième revenu moyen

(médian) le plus élevé.

• Les PME informelles forment le deuxième groupe le plus important ; plus de 50% de

ce groupe vit en milieu urbain et a un revenu relativement faible.

• Les Personnes à charge sont le troisième groupe le plus important, et plus de la moitié

d'entre eux vivent en milieu rural. Leur revenu moyen est faible, même pour ceux qui

déclarent des revenus (la plupart ne le font pas).

• Les trois groupes ci-dessus constituent 80% des adultes, les 20% restants sont répartis

entre les employés formels, les employés informels et les «autres». Les employés

formels ont le revenu moyen le plus élevé et sont principalement urbains, tandis que

les salariés informels ont des revenus beaucoup plus faibles et se répartissent presque

uniformément entre les villes et les zones rurales.

Figure 39 : Marchés cibles selon la taille, la localisation et le revenu moyen

Source : FinScope 2016

Employés formels

Dépendants

Agriculture

PME informelles

Employés informels

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000 70 000

% d

u g

rou

pe

viv

an

t e

n m

ilie

u r

ura

l

Revenu mensuel personnel moyen du groupe (CFA)

Taille de la bulle = Taille de la groupe

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71

Figure 40 : Accès au financement par marché cible

Source : FinScope 2016

Le groupe des Employés Formels a de loin le niveau d'inclusion financière le plus élevé (88%).

Ils sont en majorité bancarisés (61%), en raison de leurs revenus stables et relativement élevés.

Viennent ensuite les employés des PME informelles, dont le niveau d'inclusion financière est

légèrement supérieur à la moyenne, principalement grâce à l'accès aux SFD, même si leur

niveau de revenu moyen n'est pas très élevé. Ils sont suivis de près par les Employés Informels.

Le groupe des Agriculteurs a une inclusion financière plus faible et le plus bas niveau d'accès

aux services bancaires (9%), bien qu'ils utilisent le plus largement les services financiers

informels. Les Personnes à charge forment le groupe le moins inclus financièrement (38%).

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Dépendants

Agriculture

Employés formels

Employés informels

PME informelles

Total

Bancarisé Autre formel Informel Exclus

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Figure 41 : Synthèse des caractéristiques par groupe cible

Source : FinScope 2016

22,9%

29,1%

9,3%

5,0%

28,2%

17 500

40 000

58 000

17 500 17 500

-

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

60 000

70 000

Dépendants Agriculture Employés formels

Employés informels

PME informelles

Bancarisé

Autre formel

Famille, amis, ou auto

Revenu mensuelmoyen de la population adulte: CFA25k

4.1million d'adultes au Togo

58% des adultes sont rurales

70% des adultes utilisent un portable

Légende:

Exclus

% de la population

Revenumoyen (médian) par marché cible

4.8milli

on d'

adultes

5.4million

d'adultes

1.8million

1.9million

1.1million

0.38million

d'adultes

0.94million d'

adultes

1.19mn adults

0.21million

1.12million d'

55% 58%94% 80% 82%

60%92%

18%45% 43%

59% 52% 38% 41%65%

55% des adultes sont femmes

46% des adultes ont un enseignementsecondaire 57%

25%78% 54% 45%

1.19million

Accès 10,… 17

,…9,4…0

62,…

9,1… 22

,…

25,…

0

42,…

61,…

24,…

1,9…0

11,…

14,…

32,…17

,…

0

35,…

17,…

36,…

12,…

0

33,…

Assurance 05,6…

4,8…0

89,…

02,4…

21,…

0

76,…

040,…

3,1…0

56,…

04,8…

8,5…0

86,…

04,9…

11,…0

83,…

0,1…

3,7…

7,4…0

88,…

Crédit 0,5…

12,…

23,…

063,…

9,6…

7,4…

16,…0

66,…

1,4…

7,6… 21

,…069

,…

1 11

18

070

Épargne 1,7…

4,0…

7,1…7,

1…

79,…

2,0…

10,…

24,…

10,…

52,…

25,…

27,…

6,1…

3,9…

36,…

3,2…

16,…

17,…

10,…

52,…

5,6… 24

,…

13,…7,

6…

48,…

1,6…

4,6…

3,4…

9,1…

81,…

Paiements2,3…

6,1…

2,2…

9,3…

79,…

6,1…

14,…2,

5…19,…

57,…

4,6…

8,0…

4,2…14

,…68,…

3,1…

7,9…

1,6…12

,…

74,…

Informel

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73

Ci-dessous, chaque segment est analysé plus en détail pour en tirer les conclusions sur les

besoins de services financiers clés.

7.2 Emploi Formel Cette section analyse le Groupe ayant un Revenu Formel (employés formels). Ce segment est

composé d'adultes ayant un salaire mensuel régulier, y compris ceux employés dans le secteur

privé et le secteur public, les travailleurs indépendants dans le secteur formel et ceux qui

vivent des pensions et des rentes. Ce groupe est relativement petit et représente 9,3% de la

population adulte du Togo.

Figure 42 : Indicateurs clés du groupe « emploi formel »

Urbain, masculin, bien éduqué et à revenu élevé. La majorité du Groupe ayant un Emploi

Formel (81,5%) réside dans les zones urbaines. Ils sont plus âgés que la moyenne des adultes

togolais (50% ont plus de 35 ans) et sont bien éduqués (19% ont un niveau de formation post-

secondaire, c’est-à-dire une formation universitaire ou technique, et 78% ont au moins suivi

l’ enseignement secondaire). Ce segment est également dominé par les hommes (62%) et a le

revenu moyen (médian) le plus élevé, 55000 CFA par mois.

Figure 43 : Volet d’accès« emploi formel »

Source : FinScope, 2016

Ce groupe est majoritairement financièrement inclus, 12% seulement des adultes sont exclus

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Accès

Crédit

Paiements

Épargne

Assurance

TransactionsBancarisé

Autre formel

Informel

Famille / Amis

Exclus

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74

financièrement. Bien plus de la moitié (61%) de ce segment est bancarisée, avec 25% utilisant

les services financiers "autres formels (uniquement)" (principalement des SFD) et une faible

adoption de 2% des services financiers informels (uniquement).

Le Groupe ayant un Emploi Formel a un taux d’adoption des comptes d'épargne formels élevé

(54%) et un taux d’adoption de l'assurance modéré (40%). Malgré leur revenu régulier, ils ont

un faible taux d'adoption du crédit formel (17%). Il faut y ajouter les 16% d’adultes qui font

appel au crédit informel. La majorité des adultes de ce groupe (57%) ne font pas de transfert

d’argent. Presque la totalité de ce groupe (94%) a accès à un téléphone portable.

Besoins Clés en Services Financiers : Groupe « Emploi Formel ».

La plupart des personnes du Groupe ayant un Emploi Formel sont incluses financièrement ;

seulement 12% sont exclues. Par conséquent, ce groupe ne devrait pas constituer une

priorité de l'inclusion financière. Il existe cependant une opportunité pour augmenter les

services formels de crédit, car une grande proportion (83%) n'emprunte pas auprès de

sources formelles. Plusieurs moyens technologiques existent pour améliorer le processus

de prêt tant pour le prêteur que pour l'emprunteur en adoptant des solutions de prêt

numérique pour simplifier le processus. La Figure 44 montre également qu'un pourcentage

élevé (57%) des adultes ayant un emploi formel n’a pas d’assurance. Les technologies

mobiles et numériques peuvent être utilisées pour améliorer l'accès aux systèmes

d'assurance. Une meilleure application des lois existantes (par exemple, pour l'assurance

automobile aux tiers) aiderait à augmenter l'adoption. Bien que le niveau d'épargne soit

élevé, les adultes ayant un emploi formel pourraient bénéficier de l'accès aux produits

d'assurance à plus long terme. Il existe également des possibilités d'encourager l'utilisation

de produits multiples (c.-à-d. en étendant la portée de l'utilisation).

7.3 PME Informelles Cette section analyse le segment des PME Informelles. Ce segment est constitué par les

adultes employés indépendants (informels) et les commerçants de biens et services non

agricoles. Il constitue 28,2% de la population adulte du Togo, ce qui en fait le deuxième groupe

après celui de l'agriculture. Leur revenu moyen (médian) est relativement faible, 17 500 CFA

par mois.

Figure 44 : Indicateurs clés « PME informelles »

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75

Urbain et féminin. Environ 57% de la population de ce segment vit en zones urbaines. Ce

groupe est principalement féminin (65%), 3% seulement ont fait des études et formations post

secondaires ; environ 45% ont suivi un enseignement secondaire ou plus, équivalant environ

à la moyenne nationale. L'accès aux téléphones cellulaires est élevé, 82%.

Figure 45 : Volet d’accès« PME Informelles »

Source : FinScope, 2016

Assez bien servi financièrement. Ce segment de marché est également modérément servi

financièrement, seuls 33% sont exclus financièrement. Environ 18% du segment est bancarisé,

avec "autre formel" (uniquement) à 37%. Ce segment a également un faible taux d’adoption

des services financiers informels (12%) mais utilise fortement les sources informelles pour le

crédit.

Faible utilisation de l'assurance. Les propriétaires de PME informelles sont généralement

exclus financièrement en matière d'assurance (84%). En raison de la nature irrégulière et

instable du revenu de ce groupe, il a un faible taux d’adoption du crédit formel (12%). Dans ce

groupe, 19% des adultes utilisent un crédit informel et presque tous n'ont pas d'autres sources

de crédit. Il est important de noter que près de la moitié (49%) de ce segment n'épargne pas.

Seulement un quart environ de ce groupe transfère de l’argent, et ce surtout par soi-même

ou par l'entremise d'amis ou d'un membre de la famille.

Besoins Clés en Services Financiers : PME Informelles

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Accès

Crédit

Paiements

Épargne

Assurance

Transactions Bancarisé

Autre formel

Informel

Famille / Amis

Exclus

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76

Ce groupe effectue généralement des transactions en liquidité. Les membres de ce groupe

font face à des risques élevés, leurs revenus peuvent être irréguliers ou peu fiables, et très

faibles. Ils ont donc besoin d’utiliser des épargnes rentables et à moindre coût pour lisser

la consommation. Des produits de paiement et de transfert d’argent peu coûteux et fiables

peuvent aider pour le commerce. Un meilleur accès au petit crédit pourrait les aider à

développer leurs activités commerciales.

7.4 Emploi Informel Ce segment est constitué par les adultes ayant des emplois faiblement rémunérés, c'est-à-dire

travailleurs manuels ou occasionnels, et les employés des particuliers.

Figure 46 : Indicateurs clés « emploi informel »

Urbain, jeune, homme et à faible revenu. Ce groupe est le plus petit groupe économique par

le nombre (5% des adultes). Il est parmi les groupes ayant les plus bas revenus (17 500 CFA)

et vit généralement en zone urbaine (55%). Ce segment est relativement jeune, 72% ont moins

de 35 ans, et est dominé par les hommes (59%). Le groupe des travailleurs informels a un

faible niveau de formation ou éducation post secondaire (4%), bien que 54% aient suivi

l’enseignement secondaire ou plus, soit au-dessus de la moyenne nationale. 80% ont accès

aux téléphones cellulaires.

Figure 47 : Volet d’accès « emploi informel »

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Accès

Crédit

Paiements

Épargne

Assurance

Transactions Bancarisé

Autre formel

Informel

Famille / Amis

Exclus

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77

Source : FinScope, 2016

Ce segment a un faible accès aux services bancaires (14%) ; un accès modéré aux services

formels (33%) ; 36% de ce segment sont financièrement exclus. Ceci est prévisible compte

tenu de la nature instable des emplois et des revenus faibles et irréguliers. Le groupe des

Employés Informels est le deuxième plus grand utilisateur de services de crédit et d'épargne

informels après les agriculteurs. Il utilise peu les services de crédit et d'assurance, avec des

taux d'exclusion de 54% et 87% respectivement. Le crédit provient généralement des

prestataires informels, des amis et des membres de la famille.

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78

Besoins Clés en Services Financiers : Employés Informels

Ce segment devrait être la priorité en matière d'inclusion financière pour tous les services.

Il s’appuie principalement sur l’usage d’espèces. Ce segment a un accès limité au crédit

puisque 54% ne sont pas emprunteurs et il fait peu appel au crédit formel. Il existe une

opportunité d'améliorer la prestation de ces services à ce groupe, principalement en offrant

des produits appropriés de crédit formel, par exemple le crédit à court terme via les services

mobiles. En outre, il existe une grande marge de manœuvre pour transformer les épargnes

informelles en épargnes formelles. Le fait que ce segment soit plus urbain avec un large

accès aux téléphones cellulaires constitue une opportunité pour un accès aux services

financiers formels par le biais de méthodes innovantes.

7.5 Agriculteurs Ce segment est constitué d’adultes dont les revenus proviennent principalement d'activités

agricoles, de la vente de bétail ou d'autres produits agricoles, d'activités commerciales

agricoles ou de travaux agricoles. Certains agriculteurs tirent des revenus importants de leurs

activités agricoles. L'agriculture évolue de plus en plus de l'agriculture de subsistance vers

l'agriculture commerciale (ou partiellement commerciale), les besoins financiers des

agriculteurs deviennent ainsi de plus en plus importants.

Figure 48 : Indicateurs clés « agriculteurs »

Rural, peu instruit mais avec des revenus décents. Ce groupe constitue la plus grande partie

de la population adulte totale (29,1%). Seulement un quart (25%) de ce groupe a atteint au

plus l'enseignement secondaire et près de la moitié (45%) n'ont jamais été à l'école. C’est aussi

le groupe de personnes les plus âgées, 52% ayant plus de 35 ans. En outre, 92% de ce segment

vit en zone rurale et environ la moitié du groupe est constituée par des femmes (52%). Ce

groupe a également le 2ème revenu moyen (médian) le plus élevé (40 000 CFA). La majorité

(58%) a accès aux téléphones cellulaires, bien que ce soit inférieur à la moyenne nationale.

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79

Figure 49 : Volet d’accès « agriculteurs »

Source : FinScope, 2016

Faible accès aux financements. Seulement 9% des adultes du secteur agricole sont bancarisés,

23% desservis par d'autres services formels. L'exclusion financière est relativement élevée,

(43%). Le taux d’adoption de services financiers informels uniquement est relativement élevé

pour ce groupe, (25%).

La plus grande partie de l’épargne effectuée par ce segment est assurée par des services

informels (25%). Ce groupe ne contracte pas beaucoup d'assurance - peut-être parce que

l’assurance agricole est limitée, telle que l'assurance-crédit agricole liée au climat. La plupart

des agriculteurs n'ont pas accès au crédit formel, et surtout, la plupart des agriculteurs

n'utilisent pas de crédit du tout. Il est ainsi évident que le taux de participation des agriculteurs

sur le marché des transferts d’argent est faible (20%) par rapport aux autres marchés cibles.

Besoins Clés en Services Financiers : Agriculture

Comme pour l'emploi informel, la majorité des services financiers utilisés par les

agriculteurs reposent sur des mécanismes informels.

Certains membres de ce groupe ont la potentialité de passer à l'agriculture commerciale

avec un appui approprié ; il leur faut disposer d’un accès au financement pour l'agriculture

saisonnière et pour le financement des chaines de valeurs / filières. Les agriculteurs à

revenu élevé ont également besoin de produits d'épargne à plus long terme pour

l'accumulation de capitaux et la retraite.

Le financement des intrants à faible valeur pour des agriculteurs plus petits a un rôle à

jouer. Leur ruralité constitue un défi pour la distribution à travers les canaux traditionnels

et met en exergue l’importance de travailler avec les groupements d’agriculteurs et les

autres canaux informels.

Des systèmes de financements agricoles appropriés peuvent aider les agriculteurs à mieux

gérer les risques, en particulier les aléas climatiques.

Les agriculteurs ont également besoin d'épargne à court terme et de crédit pour lisser la

consommation (c.-à-d. harmoniser les besoins de la consommation normale avec les

revenus saisonniers et irréguliers).

7.6 Personnes à charge Le groupe des personnes à charge est constitué par les adultes qui reçoivent un revenu du

gouvernement, y compris les pensions ou les dons de l'État, ou qui sont appuyés par des

membres de la famille ou d'autres personnes. C’est un large groupe qui représente 22,9% de

la population adulte totale, soit 937 479 adultes.

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Accès

Crédit

Paiements

Épargne

Assurance

TransactionsBancarisé

Autre formel

Informel

Famille / Amis

Exclus

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80

Figure 50 : Indicateurs clés « Personnes à charge »

Jeunes et bien éduqués, mais de faibles revenus. La majorité de ce groupe a terminé ou

fréquente l'enseignement secondaire (57%). C'est aussi un groupe très jeune, 64% ont moins

de 25 ans. En outre, 60% de ce segment vit en zone rurale et est composé principalement de

femmes (59%). Ce groupe est sans surprise parmi les groupes de revenus moyens (médians)

les plus bas (17 500 CFA pour ceux qui déclarent un revenu), et beaucoup d'entre eux

déclarent n'avoir aucun revenu mais reçoivent un soutien direct d'autres personnes,

principalement des membres de leur famille. Bien que 55% aient accès aux téléphones

cellulaires, ce groupe enregistre le plus bas niveau d'adoption de tous les groupes cibles.

Figure 51 : Volet d’accès « Personnes à charge »

Source : FinScope, 2016

Ce groupe a une faible adoption des services bancaires et est généralement exclu

financièrement (62%). Il fait peu appel au crédit (85% non emprunteur) et à l'assurance (89%

non assuré), la majorité ne fait pas d'épargne (80%). Ceci pourrait être dû à la répartition par

âge relativement jeune de ce segment. Comme beaucoup ne reçoivent pas de revenu en

espèces, leur demande en services financiers est faible par rapport à celle des autres groupes.

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Accès

Crédit

Paiements

Épargne

Assurance

TransactionsBancarisé

Autre formel

Informel

Famille / Amis

Exclus

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81

Besoins Clés de Services Financiers : Personnes à charge

En raison du jeune âge de ce groupe et du manque de revenu liquide, le besoin d'inclusion

dans les services financiers est une question de long terme plutôt que dans l’immédiat.

Le plus important besoin serait d'améliorer l’accès à des transactions et des options

d'épargne peu coûteuses et pratiques ainsi qu'un accès facile aux comptes - peut-être grâce

à l'utilisation de services mobiles.

7.7 Conclusion sur le Marché Cible Segment Taille Principales réalités et besoins

Tous segments 3 872 867 • Education financière ; protection des consommateurs.

Emploi Formel 382 225 • 4ème plus grand groupe. Bien desservi, haut niveau d'inclusion, produits multiples, revenu moyen élevé.

• Soutien aux membres de la famille élargie, besoin d’envoi/ transferts d’argent peu coûteux.

• Faible utilisation des services d'assurance et de crédit ; besoin d'éducation financière.

PME Informelles

1 155 162 • 2 ème plus grand groupe, principalement féminin, faible revenu.

• Besoin de moyens digitaux pour recevoir et faire des paiements, épargne à court terme.

• Accès limité au crédit. Besoin des SFD ou d'autres crédits aux PME.

Employés Informels

205 466 • Le plus petit groupe, revenu faible, principalement

payé en espèces. • Besoin d’autres moyens pour recevoir le paiement, de

facilités d'épargne (pour lisser la consommation).

Agriculteurs 1 192 142 • Le plus grand groupe, revenu moyennement plus élevé.

• Épargne pour les intrants agricoles, les équipements. • Crédit agricole ciblé (financement des chaines de

valeur). • Assurance agricole.

Personnes à charge

937 479 • 3 ème groupe le plus important, revenu faible. Dépendant du soutien familial / de la famille élargie / des transferts. Nombreux sans revenu en espèces.

• Principaux besoins : à long terme : des transactions et des services d'épargne peu coûteux et facilement accessibles.

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82

8. Note Complémentaire 2 : Paiements

Introduction

Dans le secteur financier, les services de paiement sont importants pour un certain nombre

de raisons. Tout d’abord, ils font partie de l'infrastructure du secteur financier. La capacité

d’effectuer et de recevoir des paiements est étroitement liée à la fourniture d'autres services

financiers : des produits tels que l'épargne, le crédit et l'assurance impliquent tous une

transaction financière entre le client et une institution financière. Ainsi, l'accessibilité et

l'efficacité du système de paiement influent sur la fourniture d'un large éventail de services

financiers. L'accès aux services de paiement sert de voie d’accès vers d'autres services

financiers. Deuxièmement, les services de paiement relient les clients dans le temps et

l'espace. Troisièmement, d’importantes innovations sont en cours de développement

concernant les services de paiements. Elles augmentent l’efficacité et réduisent les coûts, et

améliorent ainsi l'accès. En particulier, l’innovation permet de réaliser des services de

paiements via des points de contact électroniques avec les clients plutôt que des sites

physiques. Ceci est important dans les environnements où l'accès a été restreint par des coûts

élevés des points de distributions physiques.

Les services de paiement au niveau du consommateur peuvent être classés en deux

catégories :

- les Transactions : paiements liés à l'achat ou l'acquisition de biens et services. Ceux-ci

peuvent être au détail.

- les Transferts d’argent : sommes d'argent envoyées/reçues par une personne dans un

lieu différent.

Les services de paiements peuvent impliquer un éventail d'agents économiques, qui peuvent

en général être classés comme des personnes (P), des entreprises (B) et le Gouvernement (G).

Les types de paiements entre ces agents varient et comprennent les exemples suivants :

- P2P : transferts d’argent d'une personne à une autre

- P2B : paiement de factures (pour des biens et services)

- B2P : paiement de salaires

- B2B : paiement de fournitures /intrants commerciaux

- G2P : paiement de pensions, de prestations sociales, de subventions, etc.

- P2G et B2G : paiement des impôts

Infrastructure de paiements

Le système de paiement (non monétaire) (associé au système de compensation et de

règlement) requiert une infrastructure étendue. Au niveau de la vente au détail, ceci

comprend les DAB (Distributeurs Automatiques de Billets - retraits/dépôts en espèces) et les

TPE (Terminal de Paiement Électronique) qui reposent principalement sur des cartes et sont

liés à des comptes auprès de banques ou d'autres institutions financières. Cependant, il existe

de nouveaux types de produits, tels que les lecteurs de proximité (near-field communications

- NFC) et les téléphones portables. Les lecteurs de proximité sont largement utilisés dans les

transports publics (métros, bus) et de plus en plus généralisés pour les transactions de

distribution au détail.

Les téléphones portables revêtent une importance économique particulière dans les

nouveaux modes de paiements, et ceci pour diverses raisons. Les téléphones mobiles

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83

fournissent :

- un point d'accès aux comptes détenus dans d'autres institutions (par exemple, la

banque mobile) ;

- un vecteur pour de nouveaux types de compte (par exemple, le mobile money) ;

- un point d'accès pour les produits innovants (par exemple, les transferts d’argent, les

assurances) ;

- une source de données (utilisation du téléphone, utilisation du mobile money) ;

- un vecteur d'innovation.

Les téléphones mobiles sont également largement répandus et bon marché, et leur capacité

technologique évolue rapidement.

Infrastructure de base

Les paiements relient les clients via différentes sortes d'institutions financières. Les

instructions de paiement doivent être traitées et dirigées de manière appropriée, par exemple

un retrait d'espèces avec une carte à un DAB doit être lié à un compte ; un transfert d’argent

mobile doit déplacer des fonds entre différents comptes ; un paiement pour l'achat de biens

doit lier le client et l'entreprise ; et, l’argent doit circuler entre les banques pour les règlements.

Tout ceci implique une infrastructure de paiement qui peut être divisée en trois types,

notamment :

- Infrastructure de détail- pour acquérir et diriger les instructions de paiement émises

par les clients

- Systèmes de compensation et de règlement - traiter ces instructions (en s’assurant

que le payeur dispose de fonds suffisants pour réaliser les transactions) et régler les

obligations qui en découlent

- Systèmes à haute valeur monétaire - reliant les banques et les banques centrales pour

le traitement des paiements de haute valeur et des instructions de règlement.

Institutions de paiements

Les institutions impliquées dans le système de paiements au Togo sont décrites en détail dans

la Section 4 du présent rapport. En vertu des règles de l'UEMOA, les paiements sont dominés

par le système bancaire ; la participation des systèmes non-bancaires aux activités de

paiements est limitée. Les SFD peuvent entreprendre certaines activités de paiements limités,

tandis que les autres participants (tels que les opérateurs de transfert d'argent) ne peuvent le

faire qu’indirectement, via les banques. L'argent mobile est fourni par les banques à travers

les Opérateurs de Réseau Mobile ORM. Les services de compensation et de règlement sont

fournis par les systèmes BCEAO.

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84

Figure 52 : Systèmes de paiement au Togo.

Source : Auteurs

Réglementation

Les systèmes de paiement, de compensation et de règlement sont généralement

réglementés par la banque centrale.

La réglementation détermine quel type d'institution peut offrir tels types de services de

paiement, et partant la nature de l'entrée et de la concurrence dans le système de paiements.

Elle prévoit également la sécurité, la sûreté et la fiabilité du système de paiements et

détermine la conduite à suivre en cas d'échec des instructions de paiement ou de défaillance

des participants au système. Elle détermine également les normes techniques et de

performance à respecter.

Le cadre réglementaire pour les paiements est décrit en détail dans la Section 4. Parmi les

caractéristiques clés, on peut citer :

- La plupart des services de paiement sont limités aux banques ;

- Seules les banques ont des comptes auprès de la BCEAO et peuvent participer aux

systèmes nationaux et régionaux de compensation et de règlement ;

- Seule la BCEAO peut opérer des systèmes de compensation et de règlement ;

- Il n’existe aucune disposition permettant au secteur privé d’effectuer un service de

paiement opérationnel, autrement que par l'intermédiaire des banques.

Ce dernier point est restrictif et n'est pas conforme à la pratique internationale. Il s’avère de

plus en plus que l'innovation dans les paiements est le fait de diverses entreprises non

bancaires de technologie financière (fintech) qui s'appuient sur les opportunités offertes par

l'écosystème et la technologie du mobile money.

Avec l'innovation en cours, le Togo et l'UEMOA de manière plus générale devraient s’ouvrir

pour autoriser les fournisseurs de services de paiement non bancaires à opérer, avec les

procédures nécessaires d'octroi d’autorisation et de supervision. Ceci nécessiterait

l'élaboration d'une nouvelle législation.

VISA/Mastercard

CommercialBanks

ATM

BCEAO(regional)

MobilemoneyPOS

BABSICA-UEMOA(EFTs,Cheques)

STAR-UEMOA(RTGS)

Web

BCEAO(na onal)

TogoPoste

ATM

SWIFT

MNOs

GIM-UEMOA(regional)

MTOsMFIs

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85

Utilisation

L'enquête FinScope renferme un grand nombre d'informations sur l'utilisation des produits de

paiements (transactions et transferts d’argent) par les adultes togolais, ainsi que sur les

obstacles à l'utilisation.

Transactions

Pour les transactions (paiements pour les achats de biens et services), les adultes togolais

paient principalement en espèces. Seuls 14% des adultes paient sans utiliser l’argent liquide.

Cette pratique est principalement urbaine et concerne davantage les hommes que les femmes.

Dans les différents groupes cibles, l'utilisation de produits bancaires (comme les cartes de

débit) est élevée chez les employés formels, mais faible chez tous les autres groupes.

Tableau 14 : Utilisation des produits de transactions sans espèces (% adultes)

Tous les adultes Urbains Ruraux Hommes Femmes

14% 23% 8% 18% 11%

Source : FinScope 2016

Figure 53 : Pratique de transactions selon les groupes cibles

Source : FinScope 2016

Un certain nombre de raisons président à l'utilisation relativement faible des transactions

non en espèces au Togo.

- Les moyens de paiement sont largement limités aux cartes bancaires, qui à leur tour

ne sont disponibles que pour les détenteurs de comptes bancaires. Les SFD, largement

utilisés, n'émettent pas de cartes de paiement ;

- L'infrastructure d’utilisation des cartes de paiement - telle que les TPE- est limitée ;

- L'utilisation du mobile money pour les transactions (par opposition aux transferts

d’argent) est limitée ;

- Dans le commerce, la capacité à accepter les paiements via le mobile money est très

réduite et se limite principalement aux paiements de factures d’eau et d'électricité ;

- Les commerçants sont réticents aux paiements électroniques et ont une forte

préférence pour les liquidités ;

- L'utilisation du mobile money pour le paiement d'autres services financiers tels que

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Bancarisé Autre formel

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86

les assurances, n'est pas encore développée.

Transferts d’argent

Les transferts d’argent sont plus largement utilisés que les transactions ; en avril 2016, 24%

des adultes déclaraient avoir bénéficié de transferts d’argent (en tant qu'expéditeur ou

receveur) au cours des 12 derniers mois. Cependant, les canaux informels (y compris les amis

et la famille) sont plus largement utilisés que les canaux formels.

Figure 54 : Pratique de transferts d’argent (12 derniers mois)

Source : FinScope 2016

Tableau 15 : Utilisation du transfert d’argent (% des adultes)

Tous les adultes Urbains Ruraux Hommes Femmes

24% 32% 19% 29% 20%

Source : FinScope 2016

L'utilisation des services de transferts d’argent est la plus élevée parmi le groupe d'emplois

formels, comme on s'y attendait, car ils ont les plus hauts revenus. Viennent ensuite les

groupes du secteur informel, les PME autant que les employés. Les agriculteurs et les

Personnes à charge utilisent relativement peu les transferts d’argent.

10

3

8

3

13

76

Transfert d'argent formel

Banque

Autre formel (non-bancaire)

Informel

Transfert d'argent via familie/amis

Pas de transfert d'argent

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87

Figure 55 : Pratique de transfert d’argent par groupes cibles

Source : FinScope 2016

Mobile money

Le mobile money est un phénomène relativement nouveau au Togo bien qu'il se développe

rapidement. Au moment de l'enquête FinScope en avril 2016, 24% des adultes étaient

enregistrés comme utilisateurs de mobile money. Parmi les utilisateurs du mobile money, 62%

l’utilisent pour expédier de l'argent et 74% pour en recevoir. L'utilisation du mobile money est

plus grande dans les zones urbaines que dans les zones rurales, et plus forte chez les hommes

que chez les femmes.

Tableau 16 : Utilisation du mobile money (% d’adultes)

Tous les adultes Urbains Ruraux Hommes Femmes

24% 37% 14% 29% 19%

Source : FinScope 2016

Il existe deux fournisseurs de service de mobile money : Flooz (fourni par un Opérateur de

réseau mobile ORM privé, Atlantic Telecom Togo (MOOV) et T-Money (fourni par un ORM

d’État, Togocel). Le marché est divisé approximativement de manière égale entre eux. Tous

deux ont adopté le modèle piloté par la banque (selon lequel l’argent électronique est émis

par une banque plutôt que par l’ORM lui-même).

Parmi les utilisateurs de mobile money, les principaux avantages perçus sont la commodité

et le prix. Il est également important que le produit soit fiable. Pour les non-utilisateurs, les

principaux obstacles sont le manque d'argent et le manque de compréhension. Le non accès

à un téléphone cellulaire est moins important, 82% des adultes togolais déclarant en avril 2016

(Finscope 2016) qu'ils vivent dans un ménage ayant un accès à un téléphone portable.

Infrastructure

Le mobile money a d'importantes exigences en termes d’infrastructure pour être déployé

efficacement. Il utilise le réseau de téléphonie mobile, rendant cruciale la couverture du

réseau. Alors que les produits basiques de mobile money peuvent utiliser des téléphones

anciens (2G), fondés sur des codes USSD, des produits plus récents et plus avancés nécessitent

une couverture 3G et des smartphones compatibles avec le Web. Au Togo, la couverture du

réseau s’est accrue de façon constante, elle est bonne dans les zones urbaines quoique moins

bonne dans les zones rurales. Alors que la plupart de la population est couverte par au moins

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88

des signaux 2G, seul un quart environ de la population est couverte par un signal 3G. Cela

pourrait s'expliquer en partie par les restrictions imposées au réseau privé de Moov et par la

lenteur pour l'octroi de l'autorisation d'exploiter des services 3G. Il est d’usage de penser que

ce retard a vraisemblablement été imposé pour protéger Togocel qui appartient à l'État

(Banque Mondiale, 2016). L’enquête de 2015 a fait part de la faible qualité du réseau,

beaucoup d'entreprises ont considéré la qualité des services Internet et téléphoniques

comme une contrainte majeure ou sévère pour les affaires plus que tout autre facteur (TFFS,

2015).

À l'heure actuelle, il est difficile pour les tierces parties d'utiliser la plateforme de paiement

mobile pour effectuer des offres de produits innovants. Les discussions entre les services de

mobile money et les autres fournisseurs de services financiers ont lentement évolué. Certains

produits requièrent l'accès à un code USSD.

Usage

Le nombre d'utilisateurs de mobile money a augmenté rapidement, après un début lent. À

la fin de 2016, on a enregistré 1,6 million de comptes de mobile money contre seulement

345 000 en 2014.

Prix

Certains acteurs du secteur financier estiment que la téléphonie mobile au Togo est chère,

avis partagé par la Banque Mondiale et l'Union Internationale des Télécommunications (UIT).

C'est un jugement relatif, dépendant de ce qui est en comparaison. L’ART&P a un observatoire

des prix de la téléphonie mobile pour les pays de l'UEMOA sur son site Web, le Togo est

légèrement plus cher que la moyenne de l'UEMOA. Cependant, il est clair que les pays de

l'UEMOA en général sont relativement chers par rapport à leur voisin le Ghana. Ce constat est

étayé par une analyse plus large rapportée par l'UIT (2016).

La téléphonie mobile au Togo est l’une des plus chères au monde, selon la mesure standard

utilisée par l'Union Internationale des Télécommunications (UIT). Le coût du sous-panier de la

téléphonie cellulaire mobile de l'UIT en 2015 était de 28,1% du RNB (Revenu National Brut)

par habitant, classant le Togo au 179èmerang sur 184 pays dans le monde21. Cela indique que

les services de téléphonie mobile sont limités en termes d’accessibilité financière et d'accès.

Une situation similaire prévaut avec les coûts des données mobiles, où le panier des données

de téléphonie mobile de l'UIT coûte 17,8% du RNB par habitant, classant le Togo au 169ème

rang sur 178 pays dans le monde. Les tarifs mobiles sont généralement élevés dans la région

de l'UEMOA, en particulier comparés aux pays plus concurrentiels.

21 Il y a toutefois eu une légère baisse des coûts de la téléphonie mobile au Togo en 2016 ; ce qui n’est pas reflété dans les données de l’UIT présentées ici.

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89

Figure 56 : Comparaison des coûts de téléphonie mobile, 2015

Source : ITU (2016, Tableaux 4.1 & 4.8)

Tableau 17 : Comparaison des tarifications de téléphonie mobile, 2016 (CFA)

Appel intra réseau

Appel extra réseau

SMS, intra réseau

SMS, extra réseau

Togo 80 80 30 30

MoyenneUEMOA (sauf Togo)

92 103 20 30

Ghana 17 19 6 7

Source: ART&P, données directement collectées sur le Ghana par les Auteurs

Des possibilités de réduction des prix pourraient exister pour la téléphonie mobile au Togo,

par le biais d’une concurrence supplémentaire.

Les coûts relativement élevés des services de la téléphonie mobile pourrait être en partie

attribuée aux obstacles à l'entrée et à la concurrence (voir par exemple FMI, 2015 et Banque

Mondiale, 2016). Le marché de la téléphonie mobile au Togo est un duopole, avec Togocel

(appartenant à l'État) et Atlantic Telecom Togo (appartenant à Maroc Telecom). Le

gouvernement est aussi bien propriétaire d'un des opérateurs du marché, que décideur de

l'octroi des autorisations aux nouveaux entrants. L’ART&P est bien l’autorité de régulation des

télécommunications, mais elle ne prend pas part aux décisions finales d’autorisation. D’après

la Banque Mondiale, « la performance du marché togolais des TIC est un exemple onéreux

d’une réglementation biaisée par les conflits d'intérêts », de plus « ces obstacles augmentent

les coûts et réduisent la qualité du service » (Banque Mondiale, 2016, p. 86). Le coût de la

téléphonie mobile est beaucoup plus faible dans les pays où les concurrents privés sont plus

nombreux, comme au Ghana, au Kenya et en Tanzanie.

Une situation similaire prévaut en matière de mobile money, bien que la comparaison entre

le Togo et le Ghana soit moins extrême22. Au Togo, la différence de coûts est considérable

entre T-money et Flooz. En général (à l'exception des transactions de faible valeur), la

22 L'observatoire ART&P n'inclut pas les tarifs du mobile money, il n'y a pas donc de données comparatives pour l'UEMOA.

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Data Cellular

Comparateurs concurrentielsUEMOA

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moyenne ghanéenne est inférieure aux prix appliqués par les deux opérateurs togolais.

Tableau 18 : Comparaison des tarifications de mobile : coût de l’envoi et du retrait (F CFA)

CFA1 500 CFA15 000 CFA150 000

T-money 150 450 3 000

Flooz 250 750 5 000

Ghana (min) 125 300 500

Ghana (max) 160 535 3000

Source : opérateurs de mobile money

Agents (Distributeurs)

Une deuxième composante essentielle de l’infrastructure nécessaire pour assurer le mobile

money concerne le réseau d’agents distributeurs de mobile money. Les agents fournissent, au

minimum, des services d’encaissement (dépôt) et de décaissement (retrait) et généralement

constituent le premier point de contact avec les clients. Ainsi, l’existence d’un vaste réseau

d'agents est essentielle pour soutenir la demande de services de mobile money - si les agents

ne sont pas aisément accessibles, le service ne sera pas adapté aux utilisateurs.

Une fois en place, le réseau doit également fonctionner avec efficacité, ce qui signifie que la

liquidité de l'agent doit suffire à satisfaire les besoins des clients. La liquidité de l'agent se

réfère à la disponibilité d’espèces (pour décaisser) et de réserves de valeurs électroniques e-

value (pour encaisser) nécessaires pour répondre aux besoins des clients ; si les agents ne

disposent pas des liquidités ou d'e-valeurs suffisantes pour réaliser les transactions, les clients

seront frustrés.

La liquidité de l'agent dépend d'un certain nombre de facteurs, y compris les ressources

financières de l’agent et les possibilités de conversion. Plus un agent détient de ressources

financières, plus élevé est son niveau de réserves (espèces et e-values) dont il dispose. La

composition de la réserve est tout aussi importante : si un agent dispose davantage de

liquidité ou d’e-values, il faudra procéder à des conversions. Les agents qui effectuent

principalement des dépôts (par exemple, l'envoi de transferts d’argent) vont accumuler des

espèces et épuiser les e-values ; et vice versa pour les agents qui effectuent principalement

des retraits. Manquer de liquidité pour satisfaire les retraits d’argent est l’un des principaux

risques encourus par les agents œuvrant surtout en zones rurales, plus susceptibles de faire

des retraits (pour les bénéficiaires des transferts d’argent), plus susceptibles d’être pauvres

(ne disposer que de peu de réserves), et opérant en zones plus éloignées (rencontrant ainsi

des difficultés pour procéder à des conversions).

La conversion est principalement effectuée par des super-agents (ou des distributeurs).Les

agents peuvent échanger des espèces contre des e-values chez les super-agents, ou recevoir

des espèces en échange d’e-values. Le dépôt ou l'acquisition d’espèces nécessitent un réseau

physique de distribution d’espèces, afin que les agents puissent se rendre auprès de branches

de super-agents ou que ceux-ci disposent de distributeurs mobiles qui se rendent auprès des

agents.

Au début du mobile money, le Togo avait très peu d'agents, ce qui a réduit la capacité des opérateurs de mobile money à servir les clients, et limité la demande effective. Dans un écosystème très développé de mobile money, comme ceux de l’Afrique de l'Est, il y aurait plus de 500 agents de mobile money pour 100 000 adultes. Pour atteindre ce ratio de couverture, le Togo devrait disposer de plus de 2 000 agents de mobile money à l'échelle nationale. Début 2017, l’effectif d’agents de mobile money était estimé à moins de 1 000 pour le Togo. Cependant, plusieurs agents sont inactifs (en raison du manque de fonds), et ils sont largement concentrés à Lomé et ses environs. Les entreprises de mobile money rencontrent

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des problèmes de recrutement d’agents en milieu rural, liés aux faibles niveaux des ressources financières, ce qui, combiné aux faibles niveaux d’utilisation de mobile money, rend l’entreprise peu attractive pour les agents potentiels.

Opportunités

Le Togo dispose d’un potentiel considérable pour accroître la disponibilité en mobile money et produits associés. Outre la possibilité d'étendre la couverture des produits basiques P2P - les transferts d’argent en espèces - il est aussi possible d'utiliser davantage les produits de paiement électroniques innovants, y compris :

1. Paiement des pensions (aux fonctionnaires retraités) ;

2. Paiement des subventions aux agriculteurs (ce qui se fait déjà dans une certaine

mesure) ;

3. Paiements au détail (achat de biens et services auprès de commerçants) ;

4. Paiement des salaires (particulièrement aux non-bancarisés, dans les lieux où les

mouvements d’argent sont coûteux et/ou insécurisés) ;

5. Paiement de (micro-) primes d’assurance (la collecte de petits paiements, fréquents

et réguliers de primes n’est pas rentable autrement que par voie électronique) ;

6. Remboursement de prêts, en particulier aux SFD (où les coûts de collecte sont

élevés) ;

7. Produits de microcrédit basés sur le cellulaire/mobile money.

Éléments d'Action

Améliorer la couverture du réseau mobile, en particulier les réseaux 3G; là où cela n'est pas

commercialement viable, la subvention est envisageable par un fonds disponible pour

subventionner la fourniture de ce service dans des zones sous-desservies (financé par un

prélèvement sur les frais d'utilisation de la téléphonie mobile) ;

Encourager une plus grande concurrence dans la téléphonie mobile, en facilitant l'octroi de

licences aux nouveaux opérateurs (cela est en cours), à réduire les prix et à améliorer la qualité

ou le service ;

Encourager l'innovation dans les services de paiement, en prévoyant l'octroi de licences aux

fournisseurs de services de paiement non bancaires, le cas échéant avec une nouvelle

législation pour appuyer le processus de délivrance des licences et de surveillance ;

Exploiter pleinement le potentiel de l'argent mobile et les services financiers numériques en

général, pour réduire les coûts de la prestation des services financiers et améliorer l'accès.

Étendre le réseau d'agents mobile money et améliorer la liquidité des agents.

Encourager l'innovation dans les services de mobile money, par exemples :

• Pour l'achat de biens et services (par exemple dans les magasins de détail) ;

• Développer des produits mobiles en partenariat avec les fournisseurs de

crédit et les compagnies d'assurance ;

• Envisager des façons d'utiliser les données ORM/MM pour lancer d'autres

produits financiers (par exemple, utiliser les données pour la notation de

crédit).

Éducation financière : améliorer la compréhension du fonctionnement du mobile money chez

les adultes et les détaillants.

Restructurer le cadre réglementaire des télécommunications, afin d'éliminer les éventuels

conflits d'intérêts dans l'octroi de licences aux nouveaux fournisseurs de services ;

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Élaborer un protocole d'accord entre ARTP et BCEAO sur la répartition des responsabilités

de supervision, de sorte que les responsabilités en matière de réglementation et de

supervision soient clairement réparties entre les services de télécommunications et les

services financiers ;

S'assurer que les opérateurs non-ORM ont un accès immédiat aux codes USSD, pour

permettre la distribution de produits innovants.

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Références

ARTP. 2016. Tarifs En Vigueur Au Togo Au 31 Décembre 2016 (www.artp.tg)

Banque Mondiale. 2016. Togo: Diagnostic Systématique Pays, Rapport No. 108184-TG,

Septembre. Washington, DC: Banque Mondiale.

Banque Mondiale. 2017. Doing Business 2017: Egalité des Chances pour. Washington, DC:

Banque Mondiale.

BCEAO. 2017a. Principaux indicateurs des SFD de l'UEMOA au 31/12/2016

BCEAO. 2017b. Rapport Sur Les Conditions de Banque dans L'UEMOA en 2016

BCEAO. 2017c. Stratégies Régionales D’inclusion Financière Dans L’UEMOA (Note No.2)

IMF. 2015. Togo: Selected Issues, Country Report No. 15/310, November. Washington, DC: IMF.

ITU. 2016. Measuring the Information Society. Geneva: International Telecommunications

Union.

République du Togo. 2013. Stratégie de Croissance Accélérée pour la Promotion de l’Emploi

(SCAPE), 2013–2017.

République du Togo. 2017. Rapport à Mi-Parcours des Activités du Fonds National de la

Finance Inclusive (FNFI) Au Togo

TFFS. 2015. Enquête sur les entreprises formelles au Togo, cité dans Banque Mondiale, 2016

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L'initiative "Making Access Possible - MAP" (Rendre l'accès possible) est une initiative multi-pays

visant à appuyer l'inclusion financière à travers un processus de diagnostic pays basé sur des

preuves et le dialogue entre les parties prenantes. Le processus MAP conduit à l'élaboration d'une

Feuille de Route identifiant les principaux moteurs de l'inclusion financière ainsi que les actions

recommandées.

De par sa conception, le MAP vise le renforcement et la concentration du dialogue national de

développement portant sur l'inclusion financière. Le projet global vise l'engagement avec diverses

autres plateformes internationales et entités ayant un impact sur l'inclusion financière, en

exploitant les preuves regroupées dans le pays. La méthodologie et le processus MAP ont été

conjointement développés par United Nations Capital Development Fund (UNCDF), FinMark Trust

(FMT) et le Centre pout l’Inclusion et la Réglementation (Cenfri) pour favoriser la croissance du

secteur de l’inclusion financière.

Au niveau du pays, les partenaires-clés du MAP collaborent avec le Gouvernement, d'autres parties

prenantes et des partenaires techniques et financiers afin d'établir un processus inclusif et

holistique.

Pour plus d’informations, veuillez consulter le site http://www.uncdf.org/fr/map

Pour plus d’information sur MAP Burkina, veuillez contacter :

M. Mathieu SOGLONOU

Coordonnateur régional UNCDF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre

[email protected]

Dr. Euphrasie KOUAME

Spécialiste Finance Inclusive, MAP Afrique de l’Ouest et du Centre

[email protected]

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