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AZRIAN (VERSION PROVISOIRE) - DOCUMENT PRINCIPAL
1 Gilles MAURICE
Consultant indépendant Abidjan - gilles.maurice@SpiruCi.org
PASANAO
Programme d'Appui à la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle en Afrique de l'Ouest
Analyse des Zones à Risque d'Insécurité Alimentaire et Nutritionnelle
En Côte d'Ivoire
DOCUMENT PRINCIPAL
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2 Gilles MAURICE
Consultant indépendant Abidjan - gilles.maurice@SpiruCi.org
TABLE DES MATIERES
Glossaire des sigles et abréviations utilisés ................................................................................... 4
1 PREAMBULE ......................................................................................................................... 6
1.1 Bref rappel sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle .................................................. 6
1.2 Présentation générale de la situation alimentaire et nutritionnelle en Côte d'Ivoire ........ 6
1.3 Particularités et limites de l'étude .................................................................................. 7
2 CAUSES PROFONDES DES CRISES ALIMENTAIRES ET NUTRIONNELLES ..................................... 8
2.1 Généralités .................................................................................................................... 8
2.2 Les causes structurelles .................................................................................................. 9 2.2.1 Liées à la gouvernance ..................................................................................................................... 9 2.2.2 Liées à la commercialisation et la transformation ........................................................................ 10 2.2.3 Liées à la production ....................................................................................................................... 10 2.2.4 Liées à l'encadrement des producteurs ......................................................................................... 10 2.2.5 Liées à la nutrition .......................................................................................................................... 10
2.3 Les causes conjoncturelles ............................................................................................ 11
2.4 Des causes plus spécifiques .......................................................................................... 11 2.4.1 Gestion économique des ménages ................................................................................................ 11 2.4.2 Les évènements familiaux .............................................................................................................. 12 2.4.3 Le piège des grandes villes ............................................................................................................. 12
3 LES STRATEGIES COMMUNAUTAIRES D'ADAPTATION ...........................................................12
3.1 En général ................................................................................................................... 12
3.2 Spécificités en zones rurales ......................................................................................... 13
3.3 Spécificités en zones urbaines ...................................................................................... 14
4 DESCRIPTIF DES MOYENS D'EXISTENCE LIES A L'AGRICULTURE, L'ELEVAGE ET LA PECHE .........14
4.1 Les productions maraîchères et vivrières ...................................................................... 15 4.1.1 Les productions maraîchères ......................................................................................................... 15 4.1.2 Les productions vivrières ................................................................................................................ 15
4.2 Les productions de rente .............................................................................................. 16
4.3 L'élevage, la pêche et l'aquaculture .............................................................................. 17 4.3.1 L'élevage traditionnel ..................................................................................................................... 17 4.3.2 La pêche traditionnelle ................................................................................................................... 18
5 LES CIBLES LES PLUS VULNERABLES A L'INSECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE .........18
5.1 Les cibles principales du risque d'IAN et leur niveau de vulnérabilité ............................. 18
5.2 Les producteurs agricoles vulnérables (agriculture familiale) ........................................ 19
5.3 Les agro-pasteurs, pasteurs et pécheurs ....................................................................... 20
5.4 Les travailleurs pauvres en milieu urbain et rural .......................................................... 21
5.5 Les personnes sans emploi ........................................................................................... 22
6 LES ZONES LES PLUS VULNERABLES A L'INSECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE .........22
7 ANNEXES .............................................................................................................................25
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Glossaire des sigles et abréviations utilisés
ACF Action Contre la Faim
AFD Agence Française de Développement http://www.afd.fr
ANADER Agence Nationale d'Appui au Développement Rural http://www.anader.ci/
CH Cadre Harmonisé de classification de la sécurité alimentaire
CH01 1er
cycle d'analyse selon le Cadre Harmonisé (10/2013)
CH02 2nd
cycle d'analyse selon le Cadre Harmonisé (03/2014)
CILSS Comité permanent Inter-Etat de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel
CNRA Centre National de Recherche Agricole
DAA District Autonome d'Abidjan
DISSAN Dispositif de Suivi de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
EASA Evaluation Approfondie de la Sécurité Alimentaire
EDS-MICS Enquête de Démographie et de Santé – Multiple Indicators Cluster Survey (Enquête par grappe à indicateurs multiples)
FAO Agence des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation
FIRCA Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricole
HEA Household Economy Approach
IAAV Insécurité Alimentaire Aigüe et Vulnérabilité
IAN Insécurité Alimentaire et Nutritionnelle
INS Institut National de la Statistique http://www.ins.ci/n/
IPC Integrated food security Phase Classification (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire)
MAG Malnutrition Aigüe Globale
MAS Malnutrition Aigüe Sévère
MICS Voir EDS
MINAGRI Ministère de l'Agriculture
MSLS Ministère de la Santé et de la Lutte contre le SIDA
ONGI Organisation Non Gouvernementale Internationale
PAD Pôle d'Activité et de Développement
PAM Programme Alimentaire Mondial
PND Programme National de Développement
PNIA Programme National d'Investissement Agricole
PPA Peste Porcine Africaine
PPCB PériPneumonie Contagieuse Bovine
PPR Peste des Petits Ruminants
RGPH Recensement Général de la Population et de l'Habitat
RNA Recensement National de l'Agriculture
SAN Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
SAP Système d'Alerte Précoce
SASA Suivi de la Saison Agricole et de la Sécurité Alimentaire
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SMAG Salaire Minimum Agricole Garanti
SMART Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transitions (Suivi et évaluation standardisés des urgences et transitions)
SMIG Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
SNDCV Stratégie Nationale de Développement des Cultures Vivrières (hors riz)
VAMU Vulnérabilité Alimentaire en Milieu Urbain http://www.cilss.bf/nusapps/spip.php?rubrique9
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1 PREAMBULE
1.1 Bref rappel sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle
Selon le Sommet Mondial de l’Alimentation de 1996, "La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leur préférence alimentaire pour mener une vie saine et active".
La sécurité alimentaire repose sur les quatre principaux piliers que sont : - la disponibilité des denrées alimentaires de base en quantité et qualité suffisante, - l’accessibilité des denrées alimentaires de base, en tous lieux et en tous temps pour tous, y compris
pour les groupes les plus vulnérables, - l'utilisation saine (qualité sanitaire des aliments et équilibres nutritionnels), - la stabilité des approvisionnements dans le temps et dans l’espace.
La sécurité alimentaire et nutritionnelle est un domaine complexe, transversal, multidimensionnel, multisectoriel et multi-acteurs. Il est indispensable que les acteurs aient une bonne compréhension des enjeux et des rouages de la problématique pour faire face à la persistance de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition.
1.2 Présentation générale de la situation alimentaire et nutritionnelle en Côte d'Ivoire
La Côte d'Ivoire ambitionne de devenir un pays émergent à l'horizon 2020. Le potentiel du pays lui autorise tout à fait cet objectif et les premiers résultats obtenus sont encourageants. Toutefois, les crises sociopolitiques de ces vingt dernières années, aggravées par la crise post-électorale de 2010/2011, ont généré une situation handicapante.
La situation face à la sécurité alimentaire et nutritionnelle doit être redressée pour atteindre des niveaux acceptables. La protection sociale est à élargir afin de concerner les plus vulnérables. La gouvernance doit être renforcée et, puisque la Côte d'Ivoire base son redressement économique sur le développement de l'agriculture, la productivité agricole doit s'accroître pour être à la hauteur du challenge. Cela d'autant plus qu'il va s'agir d'assurer la couverture des besoins nationaux et contribuer par l'exportation, à la couverture des besoins sous-régionaux, ainsi qu'à maintenir et développer les positions dominantes du pays.
La malnutrition constitue de par sa prévalence, un problème de santé publique. Elle contribue de manière directe ou indirecte à la forte mortalité infantile, infanto juvénile (à hauteur de 33%) et maternelle que connaît le pays.
Pour l'atteinte de ses objectifs, la Côte d'Ivoire a déjà défini toute une politique structurante à travers le PND 2012-2015, auquel s'adosse pour l'agriculture le PNIA et ses stratégies corrélées. Toutes fois, ces cadres de référence n'ont pas toujours adressé la résilience des populations les plus vulnérables au niveau adéquate. L'initiative AGIR lancée en mars dernier, et dont le plan d'action devrait être validé pour la fin décembre prochain, devrait permettre de redresser cette tendance.
Pour reprendre quelques indicateurs clés caractéristiques de la situation :
- 71% d'insécurité alimentaire dans les communes enquêtées VAMU à Abidjan dont 35% sous la
forme sévère,
- La pauvreté est omniprésente,
- La forme la plus courante de la malnutrition est le retard de croissance pour lequel la prévalence est
passée de 34% (MICS 2006) à 29,8 % (EDS 2012). Malgré cette baisse de 4 points, ce taux est jugé
sérieux voire «critique» surtout dans les pôles de développement Nord, Nord-Est, Ouest, Sud-Ouest
et Centre-Nord avec des taux atteignant 40%,
- La malnutrition aigüe ou émaciation, au-delà de sa stabilisation dans les régions d’urgence
nutritionnelle du pays (17,5 % en 2008), enregistre au niveau national une stagnation de sa
prévalence (7,5%) du fait de la précarité de certains facteurs. Si elle est jugée précaire au niveau
national elle est sérieuse dans les régions du Bounkani et du Gontougo avec un taux de 11,10%,
- La moitié des femmes en âge de reproduction présentent une anémie ferriprive, de même que la
moitié des enfants en âge scolaire et préscolaire,
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- Dans le District d'Abidjan, les problèmes nutritionnels des femmes sont relativement élevés car près
d’une femme sur deux présente un état nutritionnel anormal et un dixième est atteint d’obésité.
Ceci est d’autant plus important que les résultats ont établi une corrélation positive entre la
malnutrition des enfants et l’état nutritionnel de leurs mères.
- Seulement 6% des travailleurs du secteur privé sont déclarés auprès d'un organisme social,
- Le rendement moyen des parcelles de cacao est de 500 à 600 kg/ha, alors qu'il pourrait atteindre le
triple avec des variétés sélectionnées et des intrants de qualité,
- La production vivrière1 de la Côte d’Ivoire augmente régulièrement depuis 1998, à l’exception d’une
dépression notable dans les années 2008 et 2009. Pour les racines, tubercules et plantain, elle a
progressé de 17,2% entre 2000 et 2010 (6,67 à 7,82 millions de tonnes), pour les céréales de 14,2%
(1,05 à 1,2 millions de tonnes) et pour les 5 principales spéculations maraîchères de 25,2% durant la
même période (214.971 T à 265.408 T). Ces taux de croissance sont inférieurs, sur la période, à
ceux de la croissance démographique qui a été de 34,1% (16,4 millions d’habitants en 2000, 21,99
millions en 2010),
- Au cours de la période 2000-2010, les importations de céréales (riz, blé, farine de blé) ont été
multipliées par 2 en volume et par 4 en valeur. Les importations de céréales ont augmenté de 35%
entre 2010 et 2012. Les importations de riz ont progressé de 837.866 tonnes en 2010 à 1.267.720
tonnes en 2012. Celles de maïs ont également fortement augmenté, passant de 16.635 tonnes en
2010 à 23.788 tonnes en 2012, Toutefois, la couverture des besoins en riz n'est toujours pas
assurée sur la base de 63Kg/hab. et par an
2.
- En 2012, 11.228 tonnes de produits horticoles et 62.582 tonnes d’oignons ont été importés
d’Europe pour compenser la saisonnalité des productions à l’échelle sous régionale. Les flux
d’oignons en provenance du Niger sont estimés à 30.000 tonnes, des volumes équivalents de
produits horticoles seraient importés du Burkina Faso,
- En 2011 et concernant sa consommation en lait et produits laitiers, la Côte d’Ivoire dépendait des
importations pour 83%, concernant les ressources halieutiques, le pays dépend encore à 85% des
importations avec 300.000 tonnes importées pour 350.000 tonnes consommées3.
1.3 Particularités et limites de l'étude
En dehors du découpage national en départements et régions, la Côte d'Ivoire intègre la notion de "Pôles d'Activité et de Développement" (PAD). Ils sont au nombre de 10 auquel s'ajoutent les Districts autonomes d'Abidjan et de Yamoussoukro. Chaque PAD est un regroupement de 2 à 3 régions et représente une unité statistique. C'est au niveau PAD que se déroule l'évaluation de la sécurité alimentaire, aujourd'hui selon l'outil du Cadre harmonisé et précédemment avec l'IPC.
Au moment de la rédaction de ce rapport, les informations nationales disponibles et concernant la sécurité alimentaire et nutritionnelle sont assez anciennes. Principalement :
- Le SMART 2014 est en cours et les premiers résultats ne seront pas disponibles avant octobre 2014.
- La dernière mission SASA a été menée en janvier et février 2014 et la prochaine est programmée du
07 au 21 septembre 2014.
- Le RGPH est terminé pour sa phase de collecte des données, mais les premiers résultats ne seront
pas disponibles avant décembre 2014.
- La Côte d'Ivoire a longtemps bénéficié des évaluations réalisées par les ONGI présentes durant ces
deux dernières décennies. L'urgence laissant la place au développement, la plupart de ces
structures ont quitté le pays d'où un manque important de données.
- Comme il sera dit ultérieurement, le système d'alerte précoce tant attendu pour la SAN n'est
toujours pas disponible, le DISSAN lui-même étant en panne.
1 SNDCV : Rapport final janvier 2014
2 ONDR : Stratégie nationale révisée de développement de la filière riz (P14)
3 PSDEPA : Plan stratégique de développement de l'élevage, de la pêche et de l'aquaculture en CI 2014 - 2020
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- Bien que représentant environ 1/3 de la population nationale, le District d'Abidjan n'a fait l'objet
que de très peu d'évaluation de la sécurité alimentaire. En fait, les deux seules enquêtes de
référence sont l'enquête VAMU, réalisée du 14 au 28 décembre 2012, et indirectement de
l'enquête HEA d'ACF de janvier 2012.
2 CAUSES PROFONDES DES CRISES ALIMENTAIRES ET NUTRIONNELLES
2.1 Généralités
Si les troubles socio-politiques de ces deux dernières décennies ont gravement et durablement constitué un facteur de causalité de l'insécurité alimentaire et nutritionnelle en Côte d'Ivoire, la normalisation de la situation dans laquelle le pays s'inscrit dorénavant est propice à l'amélioration de la situation.
Avec une population estimée à 3,7 millions d'individus en 1960 et plus de 23 millions en 20124, la croissance
démographique est soutenue et son taux annuel moyen est évalué à 3,3%. Le coefficient multiplicateur absolu est ainsi de 6,3 en 52 ans. L'origine de cette forte croissance démographique se trouve principalement dans :
- La migration économique depuis les années 60, en provenance surtout de l'espace CEDEAO et
consécutive à l'essor économique important que la Côte d'Ivoire a enregistré durant près de 20 ans à
cette époque ;
- Les habitudes sociales face au planning familial. En effet, même si l'indice synthétique de fécondité est
passé de 7,2 enfants par femme5 dans la période 1975-1980 à 4,8 enfants par femmes selon l'EDS
6
2012, cette moyenne occulte l'écart du simple (3,2) au double (6,7) existant respectivement entre les
ménages les plus riches et ceux les plus pauvre.
- L'augmentation de l'espérance de vie des populations.
A partir des années 80, le dynamisme démographique ne s'est pas accompagné de performances comparables en termes de développement économique du pays et une forte paupérisation s'est installée progressivement et durablement, aggravée par la situation socio-politique mentionnée ci-avant.
Aussi, la forte prévalence de la pauvreté et de l'extrême pauvreté constitue une cause majeure de la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle et représente le prisme premier à travers lequel considérer la problématique d'ensemble.
Cela d'autant plus que l'alphabétisation est limitée7 et l'éducation nutritionnelle encore peu efficiente.
4 INS : http://www.ins.ci/n/
5 UNFPA : http://cotedivoire.unfpa.org/drive/TermedereferencePlanificationfamilialeAnalyseapprofondieCotedIvoire.pdf
6 EDS : http://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR272/FR272.pdf
7 Au niveau national, 38% des femmes sont alphabétisées contre 61% des hommes. En milieu rural ces taux sont
respectivement 21% et 45% (EDS-MICS 2011-2012 p33)
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De nombreuses autres causes ont leur part additionnelle de responsabilité.
2.2 Les causes structurelles
Depuis longtemps, la Côte d'Ivoire a basé son économie sur l'agriculture. Il en a découlé un faible développement industriel et commercial, qui aurait pu être un moteur, principalement urbain et péri-urbain, de création d'emplois. Il aurait pu répondre à la forte demande dans le contexte de croissance démographique soutenue, d'exode rural et de forte émigration économique et sécuritaire qu'a connu le pays. Cet environnement fait défaut aujourd'hui et est une cause fondamentale du sous-emploi de la population en âge d'être active. Le sous-emploi lui-même étant cause de pauvreté.
Au-delà de ce constat, les vulnérabilités structurelles qui affectent la sécurité alimentaire en général et représentent une partie des causes profondes de l'insécurité alimentaire et nutritionnelle en Côte d'Ivoire, sont d'ordres et de niveaux différents. De manière non exhaustive et regroupées par grands thèmes, nous pouvons citer :
2.2.1 Liées à la gouvernance - L'absence de sécurisation de l'accès foncier et du droit d'exploitation agricole : ne favorise pas le
développement d’investissements sur les exploitations et précarise les moyens d'existence de
certains producteurs. En cause par exemple, des principes comme celui dit du "Planté-Partagé"
encore largement utilisé et qui consiste, sur la base d'une entente orale, à laisser un producteur
exploiter la terre puis partager ses récoltes avec le propriétaire en titre ou supposé. Le plus
souvent, au décès du propriétaire, l'exploitant doit quitter la terre et perd ainsi toutes ses récoltes
en cours, cela au profit des "héritiers".
- La faiblesse des systèmes d'information et des systèmes d'alerte précoce sur la situation
alimentaire et nutritionnelle, voire la non-disponibilité d'outils pertinents pour couvrir cette
fonctionnalité. Les données collectées sont trop souvent parcellaires, non contrôlées, non mises en
cohérence, parfois même simplement recopiées depuis une situation antérieure ou supposée. Des
enquêtes de routines n'observent pas les prérequis nécessaires à la comparaison dans le temps et
dans l'espace. Ainsi, trop souvent les données ne sont pas statistiquement comparables. Lancé en
juillet 2009 pour la Côte d'Ivoire et par le CILSS dans le cadre PRA/SA/LCD/POP DEV8, le dispositif
de référence en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, le DISSAN, n'est toujours pas mis
en œuvre.
- L'insuffisance des mécanismes de gestion du risque agricole : Inexistence ou insuffisance :
▫ d’assurance contre le risque agricole,
▫ des stocks de réserve communautaires,
▫ des systèmes permettant de préserver les moyens d’existences (compensation ou autres
dispositifs).
- L'insuffisance de mécanisme de financement au profit des petits producteurs des secteurs
agricole et halieutique.
- La faiblesse des mécanismes d'adaptation face au changement climatique.
- La faiblesse du niveau de gestion de la transhumance qui entraine des pertes de récoltes et de
bétail et de nombreux conflits entre agriculteurs et éleveurs.
- Le traitement purement administratif (non social) de l'éradication des quartiers précaires (District
d'Abidjan). Démolir un quartier sans autre mesure sociale d'accompagnement, ne fait que
déporter un peu plus loin la précarité sociale des personnes concernées. Elles s'entassent dans
8 Programme Régional d’Appui Sécurité Alimentaire-Lutte contre la Désertification, Population et Développement
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d'autres quartiers, déjà très exposés, ce qui ne fait que déplacer et souvent amplifier le problème
premier de la pauvreté et de la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle.
2.2.2 Liées à la commercialisation et la transformation
- Le dysfonctionnement des marchés et des chaines de valeurs, caractérisé notamment par le manque d'information et de formation, les entraves à la libre circulation des marchandises, l'insuffisance et le mauvais état des infrastructures de liaison engendrant des coûts de transaction élevés et la variabilité importante de certains prix.
- Le manque d'informations sur les données de production : moment des disponibilités, localisations et disponibilités à venir.
- Le faible niveau de transformation et d’utilisation des techniques efficaces de conservation limitant la valeur ajoutée sur les productions et, en partie, responsable des forts taux de perte. En outre, rapprocher la transformation de la production pourrait permettre d'accroître notablement la valeur ajoutée au profit des petits producteurs.
2.2.3 Liées à la production - Le faible niveau d’utilisation des techniques de production améliorée et des innovations : les
méthodes de production sont caractérisées par la prédominance du pluvial sur l'irrigué, la culture
majoritairement extensive, le non-emploi des semences de qualité, les systèmes d'élevage
traditionnel, de pêche artisanale et du non-emploi des produits phytosanitaires et vétérinaires
homologués.
- La faible voire inexistante capacité d'adaptation des producteurs face au changement climatique.
- La dégradation des ressources naturelles : Perte de fertilité des terres, diminution drastique du couvert forestier et du pâturage naturel, ainsi que perte importante de biodiversité.
- La concurrence dans l’utilisation des terres entre les cultures pérennes et les cultures vivrières, réduisant les superficies consacrées aux cultures vivrières et diminuant la disponibilité de la main d’œuvre vivrière.
- La difficulté d’accès aux aliments de bétail et aux soins et services vétérinaires.
- La faible performance zootechnique des races locales.
- Les conflits agriculteurs éleveurs et en corolaire la perte de production animale et végétale, voire les conflits inter et intracommunautaires et la perte en vies humaines.
2.2.4 Liées à l'encadrement des producteurs
- Le faible niveau d’encadrement des producteurs : le niveau d’appui des producteurs par les services d’encadrements reste limité (ratio d’encadrement).
- Le faible niveau d'appui par les structures sous tutelle de l'Etat et la faible implication de certaines représentations spécialisées de l'Etat.
2.2.5 Liées à la nutrition - La méconnaissance des bonnes pratiques nutritionnelles et la faible implémentation des
programmes d’éducation nutritionnelle,
- L'insuffisance d'accès des ménages aux aliments,
- Le défaut de production de culture à haute valeur nutritionnelle,
- La prise en charge inadéquate de certaines maladies,
- La faible disponibilité d'aliments à haute teneur en micronutriments,
- La faiblesse du dispositif de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments,
- Le faible accès aux services sociaux de base plus particulièrement aux centres de santé,
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- Le faible niveau d'éducation qui frappe particulièrement le monde rural et encore davantage le
genre féminin, …
2.3 Les causes conjoncturelles
Contrairement à la plupart des pays sahéliens, la Côte d'Ivoire ne souffre pas de problèmes de disponibilité alimentaire. Par contre, l'instabilité politique qui a prévalu a généré en grande partie la vulnérabilité observée face à la sécurité alimentaire et en corolaire, la faiblesse de l'Etat a laissé s'installer des situations anormales qui ont durement affecté les prix sur les marchés.
Les feux de brousse sont responsables de la perte de ressources.
Le chômage et la grande précarité sociale, y compris des travailleurs salariés ou indépendants, sont aussi mis en cause.
L'augmentation substantielle des loyers d'habitation en zone urbaine, y compris dans les quartiers précaires ou populaires, a un impact certain sur l'insécurité alimentaire.
2.4 Des causes plus spécifiques
Le plus souvent d'origine culturelle, ethnique, certaines causes génératrices d'insécurité alimentaire et nutritionnelle ont pu être mises en évidence à l'occasion des entretiens de type "focus group" menés dans le cadre par exemple des missions SASA en zones rurales ou d'enquêtes terrain en zones urbaines. Ces causes plus spécifiques touchent autant les populations rurales, qu'urbaines et sont relatives à la gestion économique des ménages ainsi qu'aux évènements familiaux.
2.4.1 Gestion économique des ménages
Nombreux sont les ménages qui en dehors du riz, souvent acheté par sac de 5kg ou plus, parfois pour tout un mois, réalisent l'ensemble de leurs autres achats alimentaires et domestiques par petite quantité, voire à l'unité. Cette façon de faire particulièrement adaptée aux possibilités des travailleurs journaliers, est couramment utilisée par d'autres catégories socio-professionnelles.
Le charbon de bois, acheté en zone urbaine par sachet de 100 Xof… 1, 2 ou 3 fois dans la même
journée, au fur et à mesure du besoin, ce qui revient finalement au double ou au triple de la
dépense requise pour un grand sac (boro) qui pourrait servir près de 2 mois.
L'huile de cuisson, coûte 2.300 Xof les 3 litres9 dans différents magasins de discount alimentaire
d'Abidjan, alors que dans une boutique10
de quartier, il faudra payer 50 Xof pour une dose de 5 cl
(+30%).
Le sachet de thé, vendu 25 Xof à l'unité dans une boutique, alors que la boite de 110 coûte
1.750 Xof au même endroit et 1.650 dans un centre de discount alimentaire. Ce qui représente un
surcoût de près de 70%.
Les petits vivriers, vendus avec autant de marges complémentaires que d'intermédiaires
supplémentaires pour arriver dans les quartiers au double du prix des grands marchés.
Ces quelques exemples pourraient être multipliés à l'infini, mais ne surprendront personnes. Plus le conditionnement est petit, plus le nombre d'intermédiaire augmente et plus le consommateur final devra débourser d'argent pour son approvisionnement alimentaire et para-alimentaire.
Si chaque jour la somme de l'écart sur ces dépenses ne représente que quelques centaines de francs CFA, à l'échelle d'une année, ce sont l'équivalent d'un mois de revenus voire plus qui peuvent être économisés. De plus, plus on est pauvre, plus le recours obligé à cette forme d'achat est onéreuse et pèse lourd dans le budget annuel global.
D'autant qu'à cela se surajoute le recours frauduleux à des pesées inexactes.
Cette situation peut s'expliquer par :
9 Abidjan – Yopougon – CDCI face Sapeurs-pompiers (quartier populaire à forte densité de population)
10
Petit magasin alimentaire de quartier, tenu généralement par un mauritanien
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- La propension assez naturelle de beaucoup d'individus à ne dépenser qu'au dernier moment (sans
anticipation) le moins d'argent possible, à la manière d'une gestion en flux tendu,
- La facilité offerte à l'acheteur d'un service de vente au détail, qui permet une gestion au jour le
jour, avec cependant le risque de dérives associées, dont le surcoût important et la qualité
sanitaire non vérifiable des produits déconditionnés (Sel non iodé, sucre ou huile frelaté, date de
péremption dépassées,…),
- Mais aussi et surtout, dans les quartiers à forte vulnérabilité sociale où se retrouve la plus grande
proportion des ménages dits "très pauvres", par l'incapacité à faire autrement. Pour ceux-là, tel
un cercle vicieux, on peut dire qu'être pauvre, coûte cher.
2.4.2 Les évènements familiaux
Le premier évènement familial qui est couramment observé comme ayant la plus forte incidence négative sur la préservation des moyens d'existence, est celui des funérailles.
Aussi bien en zone urbaine que rurale, certaines pratiques aboutissent à devoir recourir à des stratégies d'adaptation particulièrement délétères, qui en final représentent un risque d'insécurité alimentaire et nutritionnelle.
Les funérailles sont l'occasion d'entrer dans la pauvreté ou de persister dans cet état. Très souvent, par défaut des liquidités suffisantes, elles vont amener la famille concernée à recourir à l'emprunt et en corolaire à engager les garanties nécessaires. Dans ces garanties offertes, il est fréquent en zone rurale qu'il s'agisse de déléguer l'exploitation d'une parcelle plus ou moins importante au créancier, pendant un ou plusieurs cycles de récolte, privant ainsi la famille qui a emprunté des fruits de sa terre.
La récurrence trop rapprochée d'évènements similaires, amènera alors inéluctablement la famille ou le ménage concerné vers l'obligation d'avoir recours à des stratégies d'adaptation de plus en plus réductrices voire destructrices en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
2.4.3 Le piège des grandes villes
Les grandes villes ont toujours fait rêver les migrants économiques en général, les jeunes en particulier et alimenté l'exode rural. L'emploi y est rarement au rendez-vous, les revenus ne sont pas suffisants pour compenser le surcoût de l'environnement urbain (loyers, nourriture et scolarité plus chers, coût du transport,…).
La précarité s'installe, au sein de quartiers à grande vulnérabilité sociale, dans lesquels les populations se retrouvent confrontées à toutes les dérives connues en la matière. Notamment, l'insécurité alimentaire et nutritionnelle y est quotidienne, le moindre choc devient insurmontable. Les moyens ainsi que d'autres ressorts plus personnels ne permettent pas la prise de décision d'un retour au village ou au pays.
3 LES STRATEGIES COMMUNAUTAIRES D'ADAPTATION
3.1 En général
La vulnérabilité étant définie comme l’exposition à un risque atténuée par la capacité à y faire face, les stratégies développées par les ménages pour se procurer la nourriture constituent une dimension importante dans l’analyse de la vulnérabilité et de l’insécurité alimentaire des ménages. La nécessité de couvrir ses besoins alimentaires prime sur toutes autres considérations dès lors que cette couverture n'est que partielle.
Pour cela, les stratégies vont diverger sur certains points et selon le milieu, urbain ou rural. Toutefois, on observe de grandes constantes dans les comportements. A défaut de données récentes de niveau national, nous verrons ici les tendances telles qu'elles ressortent des études VAMU
11, IAAV
12, HEA 2012
13 et SASA 2014
en son rapport général ainsi qu'en son rapport d'équipe pour l'itinéraire Sud14
.
11 Enquête CILSS, INS, Minagri, MSLS qui s'est déroulée du 14 au 28 décembre 2012 à Abidjan 12
Enquête PAM, FAO, INS, Etat de Côte d'Ivoire qui s'est déroulée dans les PAD Ouest et Nord-Ouest du 06 au 22 mai 2013 13 Enquête ACF sur un financement Union Européenne, qui s'est déroulée en janvier 2012 à Abidjan 14
Voir itinéraire en annexe 3.1
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Lorsqu'elle est liée à la précarité sociale, la malnutrition est généralement la conséquence d'une situation d'insécurité alimentaire dégradée. Manger moins bien résulte alors du manger moins.
Il y a généralement corrélation entre le niveau d'insécurité alimentaire et la diversité alimentaire. Plus l'insécurité augmente, plus la diversité diminue.
De même, Il existe une corrélation entre l’indice de richesse et le niveau de sécurité alimentaire du ménage. La prévalence de l’insécurité alimentaire est plus élevée chez les ménages pauvres (30%) et décroit lorsque l’indice de richesse augmente. Ce constat confirme une fois de plus que l’accès économique est une des principales causes de l’insécurité alimentaire dans le contexte ivoirien. Les ménages les plus pauvres sont ceux qui basculent le plus rapidement dans une situation d’insécurité alimentaire.
Ceci peut également être démontré en comparant la dépense moyenne et la dépense alimentaire des ménages selon le niveau d'insécurité alimentaire.
Autre indicateur, la possibilité d'emprunt des ménages décroit en même temps que le niveau d'insécurité alimentaire augmente. D’un autre côté, la proportion de ménages endettés pour des raisons alimentaires baissent lorsque la situation de sécurité alimentaire s’améliore.
Les stratégies de survie sont adoptées par les ménages pour se procurer de la nourriture, un revenu et/ou des services, en cas de déstabilisation des moyens de subsistance habituels suite à la survenue d’un choc. Dans le cas de l'extrême pauvreté, un choc particulier n'est plus nécessaire pour cela et le quotidien n'est fait que d'une lutte pour la subsistance.
Les stratégies communautaires d'adaptation les plus utilisées sont :
- La diminution de la quantité de nourriture lors des repas,
- La réduction des quantités de nourriture consommées par les adultes/mères au profit des jeunes
enfants,
- La consommation des aliments moins préférés car moins chers,
- La réduction du nombre de repas journalier,
- La consommation d'aliments sauvages,
- L'achat d'aliments à crédit,
- La solidarité intercommunautaire,
- La consommation des récoltes précoces
En dehors de l’assistance humanitaire, les ménages ont principalement recours aux proches des familles (41%) et aux voisins (13%) pour satisfaire leurs besoins alimentaires. Plus de 40% des ménages interviewés ont déclaré ne pas avoir bénéficié d'aide pour faire face à leur vulnérabilité. Ce constat met l’accent sur la faible couverture des besoins, tributaire de la faiblesse des financements en matière d’interventions de sécurité alimentaire, moyens d’existence et nutrition.
3.2 Spécificités en zones rurales
Selon l'IAAV, 20% des ménages de la strate Ouest étaient en insécurité alimentaire au moment de l'enquête, dont 3% sous la forme sévère. Toutefois il convient de relativiser ces chiffres compte tenu du fait que l'étude s'est déroulée en début de période de soudure, avant que les pires difficultés alimentaires n'apparaissent.
Cette situation dans le PAD Ouest s’explique aussi et surtout par les récoltes de 2012/2013, jugées meilleures par rapport aux campagnes 2010/2011 et 2011/2012, aussi par l’assistance alimentaire et les appuis agricoles. Depuis lors, le premier SASA de 2014 (Janvier - Février) évaluait la campagne 2013/2014 comme globalement non-satisfaisante pour les vivriers, de moyennes à bonnes pour le maraichage et moyenne pour la cacaoculture.
La période de soudure 2014 était donc annoncée comme pouvant être longue et délétère lors de l'exercice de réflexion sur la situation projetée du Cadre harmonisé en mars 2014.
Nul doute dans ce cas que les ménages pourront avoir recours aux pires stratégies d'adaptation pour assurer leur simple subsistance. A l'occasion du passage de la mission SASA dans les ménages agricoles, ces stratégies ont pu être :
- De céder temporairement ou définitivement l'exploitation voire la propriété d'une parcelle contre
un prêt à rembourser,
- La consommation des semences,
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- Le vol des productions réalisées par d'autres agriculteurs,
- D'aller se coucher le ventre vide, le travail des champs amenant le sommeil (sic).
3.3 Spécificités en zones urbaines
Compte tenu du peu d'études récentes disponibles, ce paragraphe ne concernera que le District d'Abidjan. Il y a toute fois de fortes raisons de penser que la situation ne doit pas être fondamentalement différente dans les autres grandes concentrations urbaines (Bouaké, Daloa, Divo, Korhogo, San Pedro, Yamoussoukro, …).
Généralement, en zone urbaine et en ce qui concerne les ménages en insécurité alimentaire latente ou avérée, la principale source de dépense est la nourriture. Vient ensuite le loyer, puis les autres dépenses. L'accès à l'éducation et aux services sociaux de base est difficile, voire impossible.
Lors de l'étude menée par ACF en 2012, auprès de ménage des quartiers précaires d'Abidjan, les ratios suivants ont été calculés :
- Les dépenses concernant les produits de base, incluant la nourriture et les condiments, l’eau,
l’énergie nécessaire pour cuisiner, l’électricité et l’équipement culinaire de la maison représentent
plus de 90% des revenus annuels des ménages très pauvres, et plus de 85% pour les ménages
pauvres.
- Les catégories de ménages les plus pauvres dépensent en moyenne moins de 75.000 Xof par an
pour l'éducation, afin de scolariser en moyenne 2 enfants sur les 4 que comporte en moyenne le
ménage.
- Les "très pauvres" ont des revenus annuels de l'ordre de 1.700.000 Xof pour une taille de
ménage de 7 à 10 personnes, soit en moyenne 16.700 Xof par individu et par mois pour assumer
l'ensemble des dépenses. En comparaison, les plus nantis de ces quartiers disposent en moyenne
environ un peu moins du double (30.500 Xof).
Les stratégies d'adaptation les plus couramment employées en "deuxième ligne", c’est-à-dire après celles citées dans les généralités, sont :
- Les dettes auprès des commerçants du quartier, avec le risque d'effet boule de neige,
- Le non-paiement du loyer, avec en final le risque d'expulsion du logement,
- Le non-paiement des échéances de scolarité, avec le risque que l'enfant soit renvoyé, déscolarisé,
- Le travail des enfants non (voire jamais) scolarisés,
- Le non-paiement des échéances pour l'accès à l'eau et l'électricité, entraînant le recours aux
systèmes de distribution parallèles illégaux et finalement beaucoup plus onéreux et risqués,
- Le recours aux médicaments de la rue, avec tous les risques possibles sur la santé,
- L'entrée dans une spirale descendante irréversible,
- Le vol, la prostitution, la délinquance et autres activités illégales.
4 DESCRIPTIF DES MOYENS D'EXISTENCE LIES A L'AGRICULTURE, L'ELEVAGE ET LA PECHE
Nous distinguerons : - Les productions maraîchères et vivrières
- Les productions de rente
- L'élevage, la pêche et l'aquaculture
Bien que perturbée par le changement climatique en cours, la Côte d'Ivoire dispose globalement d'une bonne aptitude culturale, parfois amoindrie par le défaut d'assolement et de rotation adéquates et incluant la jachère.
D'autre part, il convient de préciser à ce niveau, que les données officielles disponibles se contredisent souvent entre superficies, productions et rendements. De même, la localisation des productions a souvent évolué sur le terrain et ces évolutions n'ont pas toujours été reprises dans les documents des services de l'information.
Pour cette raison il ne serait pas juste de se limiter à une simple mise en tableaux, d'où les paragraphes descriptifs suivants. Les informations reprises sont les plus récentes possibles et issues de données du CNRA, du SASA et de la FAO principalement.
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4.1 Les productions maraîchères et vivrières
4.1.1 Les productions maraîchères
On les trouve sur tout le territoire national, du jardin potager familial, aux vastes périmètres irrigués. C'est une production généralement de bas-fonds, mais aussi de périmètres aménagés, non loin d'un cours d'eau, voire de bordures de barrages agro-pastoraux. La petite production est destinée à l'autoconsommation et au marché local, tandis que les grands périmètres (Abengourou, Agnibilékrou, Bondoukou, Bouaké, Bouna, San Pedro, Tiassalé, Yamoussoukro,… ) servent principalement la commercialisation à grande échelle.
En 2009, la Côte d'Ivoire produisait environ 450.000 tonnes de légumes15
, principalement en gombos (121.500 T), piments (106.500 T), aubergines (81.500 T), tomates (29.000 T) et concombres (20.000 T), mais aussi choux, oignons, … Ces derniers représenteraient à eux seuls une consommation nationale d'environ 300.000 tonnes par an, dont une part importante, mais non chiffrable par défaut de données cohérentes et fiables, serait importée de Hollande (env. 120.000 T), du Niger (au moins 20.000 T) et du Burkina Faso (au moins 20.000 T), pendant que le solde serait produit principalement dans les PAD Nord et Nord-Ouest.
A l'échelle familiale, la production ne génère que des revenus assez faibles de l'ordre de quelques dizaines de milliers de francs CFA par an, mais permet un apport complémentaire en nutriments.
Les productions maraîchères sont essentiellement vulnérables : - aux conditions climatiques et surtout pluviométriques, avec le risque majeur d'inondation des
bas-fonds,
- aux dégâts causés par les insectes parasites,
- aux dégâts causés par les troupeaux en divagation.
4.1.2 Les productions vivrières
Elles concernent principalement : - Le riz, plus de 500.000 ha
16, en bas-fonds ou non, dont 5% en irrigué et 95% en pluvial, on le
trouve dans toutes les régions de Côte d'Ivoire, mais principalement dans les PAD Nord, Ouest,
Sud-Ouest, Centre-Ouest et ouest du PAD Sud. Les parcelles de riz pluvial sont généralement
petites (≤1,5 ha) et offrent des rendements faibles de l'ordre de 0,8 à 1,5 t/ha17
alors qu'en irrigué
les rendements atteignent 4 à 5 t/ha.
- Le manioc, plus de 370.000 ha, répartis à travers tout le pays, mais principalement dans les PAD
Centre-Nord, Sud-Ouest et Centre-Est.
- L'igname, plus de 300.000 ha18
, principalement dans les PAD Centre et Centre-Nord.
- Le maïs, plus de 300.000 ha. On le trouve dans tout le pays, mais plus particulièrement dans les
PAD Nord et Nord-Ouest. Les parcelles paysannes sont généralement petites et souvent en
association. Les variétés traditionnelles en milieu paysan offrent des rendements faibles de l’ordre
de 0,8 à 1,5 t/ha, contre 2 à 5 t/ha en milieu contrôlé pour les variétés sélectionnées.
- L'arachide, plus de 45.000 ha, principalement produites dans les PAD Nord et Nord-Ouest.
- Les bananes plantains. 3ème
culture vivrière de la Côte d'Ivoire, mais une production qui stagne
autour de 1,5 millions de tonnes/an avec des rendements d'environ 3,7 à 4,0 t/ha. Les pertes
post-récolte sont assez importantes et il n'existe pas à proprement parler de filière organisée et
performante. Les revenus sont diffus. Les productions familiales sont essentiellement utilisées
pour l'autoconsommation. Cette spéculation agricole est sensible aux champignons, vers et
insectes.
- Le mil, essentiellement produit dans le PAD Nord et dans une moindre mesure les PAD Nord-Est
et Nord-Ouest. La production stagne aux alentours de 40 à 50.000 t/an, alors que le besoin est
évalué à plus du double et est actuellement comblé par une importation depuis les pays sahéliens.
Le rendement paysan est faible (env. 500kg de grain/ha) et pourrait être multiplié par 3 à 7 par
15 Rapport provisoire SNDCV octobre 2013 (P21)
16 http://www.cnra.ci/descprog.php?id=9&prog=Riz&act=present
17 PRESAO 2011 : http://fsg.afre.msu.edu/srai/Competitivite_riz_RCI.pdf
18 Evaluation selon les données CNRA : 3.000.000 T produites en 2003, rendement moyen de 10T/ha (http://www.erails.net/images/cote-divoire/cnra/cnra/file/ftech%20igname.pdf)
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l'utilisation de variétés à haut rendement et de meilleurs itinéraires techniques. D'autant plus que
le mil est intéressant d'un point de vue nutritionnel et que la biomasse (env. 4 fois supérieure à la
quantité de grains) est utilisée pour l'élevage.
- Le sorgho, essentiellement produit dans le PAD Nord et dans une moindre mesure les PAD Centre
et Nord-Est. Une production 2012 estimée à près de 50.000 tonnes pour un rendement assez
faible de 0,5 t/ha. Les problématiques mil et sorgho se rejoignent.
- Le fonio, 12 à 15.000 tonnes produites sur environ 13.000 ha19
chaque année dans le PAD Nord,
autoconsommées20
pour l'essentiel.
- Le taro, la patate douce, les bananes dessert, la noix de cola,…
Ces productions vivrières se présentent aussi sous différentes formes. De la production familiale quasi-confidentielle de moins d'un quart d'hectare, aux productions sur 10 ha ou plus. En cultures uniques ou associées, dans le cadre d'une agriculture de subsistance ou à vocation commerciale.
Bien entendu, selon les cas de figure, les revenus sont très variables. Aucune donnée récente n'est disponible à ce niveau, sans être parcellaire, atomisée, voire de méthodologie incertaine.
Le PAD Nord apparait comme un producteur important de céréales et d'arachides et pourtant en 2008 le taux de pauvreté mesuré par l'INS atteignait 77,3% pour l'ensemble du PAD et 85,1% pour la strate rurale.
Cette même année, le taux de malnutrition aigüe globale atteignait d'ailleurs en moyenne 17,5% dont 4% au stade sévère et respectivement 20,5% et 4,6% pour le groupe des garçons.
Dans les PAD Ouest et Centre-Ouest, on peut aboutir aux mêmes paradoxes : Une production importante de riz, de manioc, voire de maïs et pourtant respectivement 63,2% et 62,9% de taux de pauvreté en 2008, dont 67,8% et 70,7% en zone rurale. La strate des Montagnes enregistrait en 2009 les taux de 8,4% en MAG et 4,5% en MAS. En 2011, la strate Centre-Ouest enregistrait une MAG à 6,4%, au même niveau que la strate Nord, atteignant 7,3% pour le groupe des garçons.
La vulnérabilité globale liée aux productions vivrières pourrait résider dans : - Des itinéraires techniques obsolètes,
- Des variétés dégradées,
- Une forte propension au négoce transfrontalier diminuant les quantités disponibles pour les
ménages producteurs auto-consommateurs à faibles revenus et augmentant le coût d'acquisition
pour les ménages non-producteurs,
- Les dégâts causés par les troupeaux en divagation,
- La concurrence accrue des cultures de rente sur les cultures maraîchères et vivrières,
- Et bien entendu les aléas climatiques, alors que la part de culture irriguée reste toujours aussi
ténue.
4.2 Les productions de rente
Elles attirent de plus en plus d'exploitants agricoles en raison principalement de la mensualisation des revenus (hévéa) ou de l'amélioration des prix garantis (cacao, coton).
Elles sont généralement moins exigeantes en quantité de travail et les revenus qui en sont issus permettent plus facilement aux propriétaires exploitants d'engager de la main d'œuvre pour l'entretien des parcelles et la récolte.
C'est d'ailleurs là une raison majeure à l'abandon progressif de la culture du café. Trop de travail et pas assez de revenus.
Toutes fois, des risques forts pèsent sur les moyens d'existence des producteurs :
19 http://fonio.cirad.fr/la_plante/production
20 http://www.fao.org/docrep/013/i1500e/Cote%20Ivoire.pdf
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Le cours de l'hévéa n'a cessé de chuter avec un prix bord champ humide qui est passé d'un maximum de 661 Xof en avril 2012 à un minimum de 281 Xof en juin 2014, soit en rythme annuel une croissance négative de 40%, rejoignant ainsi son cours moyen de 2005.
L'hévéa touché par le fomès, qui s'étend en croissance sur les PAD Sud, Sud-Ouest, Centre-Ouest et Centre-Est.
Le cacao touché par le swollen-shoot dans les PAD Centre, Centre-Ouest, Ouest, Sud-Ouest et Sud. La maladie touche les vergers vieillissants, c’est-à-dire généralement ceux des producteurs qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour replanter les variétés améliorées. Ces producteurs observent alors une diminution des rendements, qui sont divisés par 3 ou 4 par rapport à une variété améliorée comme le cacao Mercedes, en même temps qu'une disparition progressive de leur verger.
Le cacao est également touché par la pourriture brune dans le PAD Ouest, le nord du PAD Sud (Mé) et le sud du PAD Centre-Ouest (Lôh-Djiboua et Gôh).
Concernant le cacao, l'impact sur les moyens d'existence devient alors fortement négatif pour les producteurs touchés.
Le coton et l'anacarde sont les cultures de rente principales des PAD Nord et Nord-Est. La mise en place récente du Conseil du Coton et de l'Anacarde devrait avoir un impact positif certain sur ces deux filières et par là sur l'évolution des moyens d'existence des producteurs concernés. Toutefois, il convient de rappeler que pendant longtemps l'anacarde s'est vendue à vil prix en bord champs, les intermédiaires acheteurs profitant de l'extrême pauvreté et vulnérabilité des paysans. Cette situation a fortement et négativement impacté l'économie des ménages concernés et il leur faudra maintenant plusieurs cycles de récoltes pour juguler l'insécurité alimentaire et nutritionnelle qui s'est installée dans ces PAD.
4.3 L'élevage, la pêche et l'aquaculture
Si l'aquaculture constitue un véritable potentiel national21
afin de combattre l'IAN, elle n'en demeure pas moins à l'heure actuelle une activité sous-représentée, avec une estimation au niveau national d'un millier d'exploitations aquacoles d'une taille moyenne d'un demi-hectare chacune, et cela en raison
22, 23 :
- De l’indisponibilité, du coût élevé et de la faible qualité génétique des alevins,
- De la cherté et de la mauvaise qualité de l’aliment composé,
- De l’indisponibilité des bas-fonds pour l’installation des fermes piscicoles (problème foncier)
- De l’insuffisance de l’encadrement technique,
- Du faible niveau technique des acteurs,
- De la faible diversification des espèces élevées et principalement de l’absence d’espèces à haute
valeur commerciale,
- De l’absence de mécanisme de financement adapté à des initiatives individuelles et privées, de
l’inaccessibilité aux crédits
- De la mauvaise organisation du secteur rendant difficile la commercialisation des productions
Concernant l'élevage et la pêche, nous ne considèrerons ici que les formes traditionnelles de ces deux activités.
4.3.1 L'élevage traditionnel
Concernant les ménages paysans, l'élevage traditionnel ne joue pas pleinement son rôle contributeur à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Qu'il s'agisse d'élevages de basse-cour, de petits ruminants, de porcins ou de gros ruminants, les moyens mis en œuvre par les petits producteurs sont insuffisants pour couvrir une prophylaxie vétérinaire et une alimentation adéquates. Les maladies sont donc fréquentes (PPR, PPCB, PPA, Newcastle,…) et les pertes en têtes sont importantes. Les producteurs concernés invoquent le manque de moyens financiers et le faible encadrement technique sur le terrain.
21 http://www.fao.org/fishery/countrysector/naso_cotedivoire/fr
22 http://www.cnra.ci/descprog.php?id=15&prog=Peche et Aquaculture Continentales&act=present
23 http://www.firca.ci/images/sw_journaux/03102013041743.pdf
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4.3.2 La pêche traditionnelle
Elle se pratique dans la plupart des cours d'eau, dans les eaux de barrages et le long du littoral sud.
Selon une décision préfectorale entérinée par un Conseil des ministres, la pêche est interdite depuis juin 2013 (et encore à ce jour) dans la partie ouest de la lagune Ebrié (Dabou, Jacqueville,…), en raison d'une mortalité massive et officiellement inexpliquée de certaines espèces de gros poissons de la lagune. La faible disponibilité d'une autre protéine animale ou la difficulté d'y accéder, ainsi que la nécessité pour eux de préserver leurs moyens d'existence, font que nombre de pêcheurs continuent leur activité lagunaire malgré l'interdit.
C'est une activité généralement peu encadrée, peu organisée et pratiquée de façon assez peu responsable ou durable.
5 LES CIBLES LES PLUS VULNERABLES A L'INSECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
5.1 Les cibles principales du risque d'IAN et leur niveau de vulnérabilité
La vulnérabilité au sens large n'est pas circonscrite, ni en localisation, ni en appartenance à un groupe particulier. Toutefois, en Côte d'Ivoire, certaines catégories de ménages sont plus particulièrement touchées que d'autres. Concernant la vulnérabilité au risque d'IAN, c'est le cas :
- Des ménages, dont les ressources principales sont tirées de l'agriculture familiale,
- Des agro-pasteurs, pasteurs et pécheurs et de ceux qui sont à leur charge,
- Des travailleurs pauvres en milieu urbain et rural, toutes catégories professionnelles confondues
et de ceux qui sont à leur charge,
- Des ménages structurellement ou conjoncturellement sans emploi.
A travers ces cibles principales et compte tenu des conséquences plus spécifiques qu'entraine sur elles l'insécurité alimentaire et nutritionnelle, il convient de faire un focus particulier sur :
- Les enfants de moins de cinq ans,
- Les femmes enceintes et allaitantes,
- Les personnes vivant avec le VIH et autres vulnérabilités.
Enfin, la vulnérabilité au risque alimentaire et nutritionnel peut encore être dissociée en deux strates : Celle des très vulnérables et celle des vulnérables.
Les très vulnérables sont caractérisés par le fait que leur préoccupation quotidienne majeure est la recherche d'une satisfaction au moins minimum de leurs besoins vitaux. L'analyse des dépenses totales et des dépenses alimentaires selon la strate d'insécurité alimentaire des populations de l'Ouest et du Nord-Ouest enquêtées dans le cadre IAAV, montre que la strate des populations en insécurité alimentaire sévère, n'atteint pas cet objectif de satisfaction des besoins essentiels. Cette population est caractérisée par l'extrême pauvreté et se trouve plutôt concernée, en zone rurale, par ce que nous appellerons ici l'agriculture sociale, simple agriculture de subsistance logée dans des poches de grande vulnérabilité observables à travers l'ensemble du pays.
L'IAN étant principalement liée au niveau de richesse et afin de tenter une quantification des strates concernées, nous prenons la liberté statistique de ce qui suit, le seul but étant d'avoir un ordre d'idée de l'ampleur du phénomène.
Pour rappel et selon l'enquête sur le niveau de vie des ménages menée en 1998 par l'INS, la contribution de l'extrême pauvreté à la pauvreté était de 61%
24 au niveau national. D'autre part, la contribution des zones
rurales dans la pauvreté en générale, était à cette époque de 69%.
Les taux de pauvreté par pôle de développement (PAD) définis par l'INS en 200825
, indiquent un ratio national établi à 57,9% de la population totale. Le PNUD quant à lui évalue la pauvreté totale à 48,9% en 2012
26.
Appliqué à une population estimée à près de 24 millions d'habitants en 2012, la pauvreté touche donc près de
24 http://www.ins.ci/nada1/survey.php?id=24
25 Voir Annexe 4.1A01
26 http://www.ci.undp.org/content/cote_divoire/fr/home/countryinfo/
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12 millions d'individus dans le pays, dont environ 8 millions en zones rurales et 4 millions en zones urbaines. Les extrêmement pauvres représenteraient environ 7,5 millions d'individus au niveau national, dont 5 millions en zones rurales et 2,5 millions en zones urbaines, contre 4,5 millions qui seraient seulement pauvres.
En 2012, ACF menait deux enquêtes sur l'économie des ménages en Côte d'Ivoire. L'une dans le District des Montagnes
27 a révélé un taux d'extrême pauvreté chez plus de 25% des ménages interviewés, l'autre à
Abidjan28
a révélé un taux d'extrême pauvreté chez plus de 40% des ménages interviewés (résidents de quartiers précaires).
Selon une étude du PNUD datant de 201329
, le District Autonome d'Abidjan incluait 137 quartiers précaires et 20% de sa population totale y résidait. Sur la base de ces deux études, ACF et PNUD, et d'une population abidjanaise estimée à 7,5 millions d'habitants, au moins 600.000 personnes pourraient donc y être qualifiées d'extrêmement pauvres. Notons toutefois que la définition du terme de "quartier précaire" est restrictive et n'englobe pas la majeure partie de l'habitat populaire qui abrite lui aussi sa part de grande précarité sociale.
Les vulnérables au risque d'IAN quant à eux, représenteraient la part différentielle entre les pauvres en général et les extrêmement pauvres en particulier, soit environ 4,5 millions d'habitants au niveau national, dont environ 3 millions seraient en zone rurale et inclus dans la strate de "l'agriculture marchande".
En zones urbaines, les revenus respectifs moyens sont légèrement supérieurs, mais la dépendance alimentaire aux marchés est d'autant plus délétère que se surajoute la difficulté d'accès financier.
Vulnérables ou très vulnérables à l'IAN, en milieu rural, sont encore plus touchés pendant la période de soudure, généralement entre les mois de juin et septembre.
Tableau récapitulatif :
Population totale : 24.000.000 d'habitants
Zones urbaines 53,3% soit env. 15.000.000 d'habitants
Zones rurales 46,7% soit env. 9.000.000 d'habitants
Abidjan Autres ZU Ensemble des PAD
Pauvres 1,5 3,0
Extrêmement pauvres 1,2 1,3 5,0
Total (en millions d'hab.) 4,0 8,0
Estimation de la répartition de la pauvreté (en millions d'habitants)
5.2 Les producteurs agricoles vulnérables (agriculture familiale)
La seule production vivrière occupait 2.300.000 actifs agricoles en 199930
. En 2014, et dans l'attente des premiers résultats du recensement agricole en cours attendus pour la fin de l'année, nous pouvons évaluer cette population à environ 3.500.000 actifs agricoles représentant environ 2.000.000 de ménages soit près
27 Analyse de l’Economie des Ménages (Household Economy Analysis) « Zone occidentale riz et cacao » et « Zone des cultures
de rente, vivrier et bas-fonds » District des Montagnes, Côte d’Ivoire – Avril 2012 – Jean louise CONAWAY et Nora LECUMBERRI,FEG Consulting 28
Analyse de l’Economie des Ménages Zone urbaine Quartiers précaires d’Abidjan Côte d’Ivoire- Jean louise CONAWAY et Nora LECUMBERRI,FEG Consulting 29
http://www.ci.undp.org/content/cote_divoire/fr/home/presscenter/articles/2013/11/28/20-des-habitants-du-district-d-abidjan-vivent-dans-les-quartiers-pr-caires/
30
http://www.fao.org/docrep/003/X6780F/X6780F04.htm
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de 11.000.000 de personnes (adultes et enfants31
) au total. En 200932
, les ménages d'agriculteurs représentaient 71,2% de l'ensemble des ménages.
En y appliquant les derniers taux de pauvreté mesurés par l'INS, la pauvreté étant une cause majeure de vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle, ce sont donc environ 1.500.000 ménages qui sont en situation de pauvreté ou d'extrême pauvreté en milieu rural.
Lors de l'étude IAAV, 38% des ménages ruraux à l'Ouest étaient endettés et 56% d'entre eux pour des raisons alimentaires. A noter aussi que dans le PAD Ouest, les agriculteurs de rente (46% d'entre eux) sont plus endettés que ceux du vivriers (32% d'entre eux). Au Nord-Ouest, 41% des ménages endettés l'étaient pour des raisons alimentaires. Sachant que les producteurs agricoles auto-consomment leurs productions avant de recourir à l'emprunt.
Les risques sur les moyens d'existence liés à cette activité, relèvent principalement :
- Des maladies des productions compte tenu du faible entretien des cultures de rente, du faible
niveau d'utilisation des engrais, de l'utilisation toujours trop fréquente des produits
phytosanitaires non homologués et de qualité douteuse, du faible encadrement des petits
producteur,
- Du vol des productions,
- De la perte de production dans le cadre des conflits entre agriculteurs et éleveurs,
- Des difficultés d'accès au marché,
- Du faible taux de productions irriguées (prédominance du pluvial),
- De l'importance de l'extensif sur l'intensif,
- De la faible mécanisation et de la difficulté croissante d'accès à une main d'œuvre qualifiée,
- Du faible niveau d'adaptation face au changement climatique,
- De la maladie ou du décès de l'exploitant principal, …
5.3 Les agro-pasteurs, pasteurs et pécheurs
Selon les données du RNA 2001, on comptait à l'époque 360.000 éleveurs et 70.000 pêcheurs au niveau national.
L'enquête IAAV a révélé un taux d'endettement des ménages particulièrement élevé dans le groupe des pêcheurs du PAD Ouest, avec 86,6% des ménages de cette strate, dont plus de 60% sont endettés pour des raisons alimentaires. Notons justement et comparativement aux producteurs agricoles, que ce groupe ne peut pas ou presque pas pratiquer l'autoconsommation de leurs productions, d'où ces taux observés.
Toujours dans le PAD Ouest, 45% des éleveurs étaient endettés, tout comme dans le PAD Nord-Ouest, dont près de 40% pour des raisons alimentaires. En 2009, le groupe des éleveurs représentait 0,4%
33 de
l'ensemble des ménages nationaux. A noter aussi un fort nomadisme dans cette filière.
Sans données désagrégées complémentaires, il sera difficile de quantifier ces groupes de population dans les zones les plus vulnérables.
Les risques sur les moyens d'existence liés à cette activité, relèvent principalement :
- Des épizooties compte tenu de la faible couverture vaccinale du cheptel, des produits vétérinaires
non homologués et de qualité douteuse, du faible encadrement des éleveurs et pêcheurs,
- Du vol de têtes de bétail,
- Des conflits récurrents entre éleveurs et agriculteurs (19,6% des ménages de la strate NO de
l'enquête IAAV avait subi une destruction de culture par les animaux),
- Des tracasseries lors du transport des animaux,
- Des conséquences de la mauvaise utilisation des produits phytosanitaires sur les ressources
halieutiques,
- De la destruction de la mangrove sur le littoral sud,
31
Le projet pilote PPSSTE de 2005 évalue le nombre d'enfants à 4,2 par ménage rural
http://news.abidjan.net/documents/docs/Rapport_billan_sste.pdf
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Evaluation approfondie de la sécurité alimentaire des ménages ruraux en Côte d’Ivoire (EASA 2009)
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Evaluation approfondie de la sécurité alimentaire des ménages ruraux en Côte d’Ivoire (EASA 2009)
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5.4 Les travailleurs pauvres en milieu urbain et rural
Les travailleurs pauvres, qu'ils soient ouvriers agricoles, salariés ou journaliers précaires des villes, mais aussi petits artisans et petits commerçants, sédentaires ou ambulants, représentent une strate particulièrement vulnérable à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle.
Ils ne disposent d'aucun capital en dehors pour certains d'un petit stock de produits marchands et leur seule aptitude à survivre est leur force de travail. Ils ne disposent généralement d'aucune protection sociale et leurs revenus ne sont pas sécurisés.
Au niveau du PAD Ouest (IAAV), le pourcentage de ces ménages ayant recourt aux emprunts, dont une forte proportion pour raison alimentaire, est de :
- 36% pour les "petits commerçants", dont 72% pour raison alimentaire,
- 41% pour les travailleurs agricoles journaliers, dont 57% pour raison alimentaire,
- 53% pour les "petits métiers", dont 32% pour raison alimentaire.
Au niveau du District d'Abidjan, l'enquête VAMU nous apprend que :
- 4,6% des ménages ont déclaré n'avoir aucune source de revenus,
- 8,5% des ménages ont déclaré avoir pour source de revenus de simples transferts monétaires,
- 41,7% des ménages ont déclarés tirer leurs revenus d'un travail rémunéré (non salarié),
- 48,6% des ménages ont déclarés tirer leurs revenus d'un commerce,
- une personne sur deux, dans près de 75% des ménages, est en situation de dépendance
économique,
- 71% des ménages enquêtés se trouvaient en situation d'insécurité alimentaire, dont 34,6% sous la
forme sévère,
- Un taux de pauvreté évalué à 21% en 2008, qui n'a pu que se dégrader depuis.
Des pourcentages qui somme toute ne semblent pas élevés pour certains d'entre eux, mais représentent toutefois un nombre important d'individus concernés, compte tenu de la forte population du district. En même temps, ces données sont à relativiser au regard du niveau assez bas de leurs revenus.
Au niveau des revenus et à titre d'exemple pour fixer les idées, un travailleur journalier en charge du nettoyage dans une plantation de l'agriculture familiale, est fréquemment rémunéré à 15.000 Xof/mois, bien que le SMAG ait été fixé depuis 1998 à 36.607 Xof/mois et qu'une réflexion soit en cours pour confondre SMIG et SMAG, ce qui porterait ainsi ce dernier à 60.000 Xof mensuel.
Même niveau de rémunération pour le personnel de maison ou celui dédié au service clients dans la plupart des maquis d'Abidjan ou autres grandes villes du pays, où ni les durées légales de travail, ni les rémunérations, ni les obligations déclaratives ne sont respectées.
Citons aussi en milieu urbain les "stagiaires professionnels", qui ne reçoivent ni rémunération, ni même une quelconque indemnité de transport malgré le travail effectué et leur contribution à la marche des entreprises, structures sous tutelle de l'Etat ou administrations publiques, qui les font travailler sans la moindre déclaration sociale.
En fait, c'est l'ensemble du secteur informel élargi qui est concerné et doit se "formaliser" progressivement en adoptant pour le moins les minima sociaux en terme de rémunération, de déclaration et de conditions de travail. Le secteur informel entretien l'illusion d'une activité économique dynamique, alors qu'il n'est qu'un cercle vicieux de création et d'entretien de la pauvreté et des vulnérabilités.
Selon l'enquête HEA d'ACF, les travailleurs pauvres et très pauvres ont été identifiés à travers différentes activités professionnelles, dont les revenus attachés s'établissaient entre 500 et 2.000 Xof par jour. Environ 70% des ménages des zones enquêtées étaient concernés par ce niveau de revenus, qui en moyenne annuelle se situait à 1.729.000 Xof pour les ménages très pauvres et 1.883.000 Xof pour les ménages pauvres. Etant donnée la taille des ménages, cela équivaut mensuellement et per capita à 17.000 Xof pour les très pauvres et 21.000 Xof pour les pauvres.
Chez ces ménages, la dépense moyenne annuelle liée à l'ensemble des centres de coût des services sociaux d'éducation et de santé, s'établissait entre 70 et 95.000 Xof per capita, soit environ 35% de leur disponible. Le loyer pouvant représenter quant à lui environ autant que la santé, le résiduel final pour l'alimentation représente alors moins de 200 Xof par jour et par individu pour les très pauvres.
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Cette corrélation explique sans doute le fort taux de loyers impayés dans ces catégories de la population urbaine.
D'une façon générale, la pauvreté est plus difficile à vivre en milieu urbain que rural, principalement à cause du coût des denrées alimentaires, de l'habitat et du transport.
Les risques sur les moyens d'existence associés à cette cible, sont principalement :
- Pour l'ensemble de la cible, le risque majeur est le décès ou la maladie de l'exerçant, privant ainsi
toutes les personnes à charge des revenus nécessaires. (Rappelons le niveau de dépendance
évalué au niveau du District d'Abidjan à près d'une personne sur deux pour 75% des ménages).
- Pour les petits commerçants, la mévente ou la dépréciation des marchandises, en tout cas la
rotation insuffisamment rapide du stock marchand, entraine l'incapacité à le renouveler à terme,
le disponible monétaire étant absorbé chaque jour par les besoins vitaux.
5.5 Les personnes sans emploi
Cette dernière catégorie est principalement constituée d'individus qui pour une raison ou pour une autre sont dans l'impossibilité d'exercer une activité régulière rémunératrice.
Structurellement, il peut s'agir de ménages dont les personnes sont trop âgées et ne bénéficient pourtant d'aucune aide sociale adaptée à leur problématique. Ou encore de personnes touchées par une maladie chronique invalidante, non curable, par un handicap, physique ou mental, voire aussi par le défaut de maîtrise des savoirs élémentaires.
Conjoncturellement, il peut s'agir d'une perte ou d'une incapacité d'emploi momentanée, comme la maladie, la grossesse, le licenciement, la faible qualification professionnelle,…
On peut imaginer qu'ils se retrouvent dans les "une personne sur deux dans près de 75% des ménages est en situation de dépendance économique" (VAMU).
6 LES ZONES LES PLUS VULNERABLES A L'INSECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
Le manque de données de qualité récentes, ne permet pas d'analyser comme il se devrait l'insécurité alimentaire et nutritionnelle du pays et encore moins zone par zone. Le dernier cycle d'analyse du Cadre harmonisé s'est d'ailleurs heurté au même problème et n'a finalement pu classifier que seulement deux des douze entités d'analyse de la Côte d'Ivoire (les PAD Ouest et Sud) pour la situation courante (oct. à déc. 2014) et seulement six pour la situation projetée (janv. à mars 2015). Pour cette raison, nous n'utiliserons pas les conclusions de ce troisième cycle dans le raisonnement qui suit.
Toutes populations confondues, l'enquête EASA de 2009, qui reste à ce jour une enquête référence, donnent les chiffres suivants concernant l'insécurité alimentaire aigüe sévère pour les cinq régions de la Côte d'Ivoire les plus touchées :
- Moyen Cavally (actuel Cavally-Guémon - PAD Ouest) : 11,9% soit 36.506 ménages
- Montagnes (actuel Tonkpi - PAD Ouest) : 7,2% soit 39.711 "
- Bafing (PAD Nord-Ouest) : 5,6% soit 5.773 "
- Fromager (actuel Goh - PAD Centre-Ouest) : 5,5% soit 27.581 "
- Savanes (actuel Poro-Tchologo-Bagoué - PAD Nord) : 3,0% soit 10.451 "
Ces chiffres sont à relativiser suite aux flux de populations qui se sont déplacées à l'occasion de la crise post-électorale 2010-2011, aux interventions de la communauté internationale et nationale humanitaire à cette occasion et qui ont provoqué des phénomènes d'aspiration et suite aussi aux autres perturbations climato-socio-économiques qui ont affecté le pays.
Sans que ces données soit strictement comparables, la base géographique de référence n'étant pas la même, le deuxième cycle d'analyse du CH, qui s'est déroulé dans la première semaine du mois de mars 2014, a donné le résultat global suivant quant à l'insécurité alimentaire en Côte d'Ivoire (cf. cartographie ci-après) :
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- Populations en crise (Phase 3), 383.934 personnes, soit un peu plus de 2% de la population
globale hors districts autonomes d'Abidjan et de Yamoussoukro
- Populations sous stress (Phase 2), 3.208.989 personnes, soit un peu plus de 16% de la population
globale hors districts autonomes d'Abidjan et de Yamoussoukro
Ce qui tendrait à démontrer que la situation s'est aggravée depuis 2009 et cela, vraisemblablement et pour une grande part, en lien avec la crise socio-politique de 2010-2011, y compris la dérivée négative issue de la situation globale de dégradation économique et sociale qu'a connu la Côte d'Ivoire depuis les années 80/90. Les PAD les plus touchés par l'insécurité alimentaire sont dans l'ordre décroissant des pourcentages :
- Le Nord-Est 28% (Ph2) + 2% (Ph3) représentant au total une population de 334.424 personnes
- Le Sud-Ouest 22% (Ph2) + 3% (Ph3) représentant au total une population de 554.686 "
- Le Nord 22% (Ph2) + 2% (Ph3) représentant au total une population de 354.811 "
- L'Ouest 20% (Ph2) + 3% (Ph3) représentant au total une population de 528.596 "
- Le Nord-Ouest 20% (Ph2) + 2% (Ph3) représentant au total une population de 258.942 "
- Le Sud 20% (Ph2) + 1% (Ph3) représentant au total une population de 759.471 "
Ces chiffres cachent des réalités et problématiques très différentes les unes des autres et la vulnérabilité y présente des aspects très variés, selon les contraintes sociales, les choix et les priorités de dépenses des ménages.
La mission SASA qui s'est déroulée en janvier 2014 a révélé par exemple dans les PAD Sud et Sud-Ouest, et ce ne sont sans doute pas les seuls, que bien que les moyens financiers n'y soient en général pas très importants, surtout dans les ménages ruraux, le coût moyen des funérailles et de la santé supporté par les ménages lors des 6 mois précédents le passage de la mission, représentait en moyenne plus que la dépense qu'il faudrait engager pour nourrir 5 personnes à raison de 3 repas par jour pendant 1 an.
En Côte d’Ivoire, la malnutrition constitue de par sa prévalence, un problème de santé publique. Elle contribue de manière directe ou indirecte à la forte mortalité infantile, infanto juvénile (à hauteur de 33%) et maternelle que connaît le pays.
Bien que des efforts aient été faits ces dernières années par le gouvernement et ses partenaires, avec une tendance à la baisse, la situation nutritionnelle demeure une préoccupation nationale surtout dans certaines régions du pays (Nord, Nord-Est, Ouest, Sud-Ouest et Centre-Nord). Au moment de rédiger la présente analyse, le seul chiffre issu du SMART 2014 et fourni par le PNN est celui d'une MAG à 8,9% dans la région sanitaire Nord, celle-ci correspondant géographiquement à la même réalité que le PAD Nord.
Selon les chiffres disponibles à ce jour, la forme la plus courante de la malnutrition est le retard de croissance (malnutrition chronique) où la prévalence est passée de 34% (MICS 2006) à 29,8 % (EDS 2012). Malgré la baisse de 4 points, ce taux est jugé sérieux voire critique surtout dans les pôles de développement suscités avec des taux atteignant 40%.
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L’insuffisance pondérale est passée de 20% (MICS 2006) à 14,9 % (EDS 2012) avec pour objectif d’atteindre les 10%.
Quant à la malnutrition aigüe ou émaciation, au-delà de sa stabilisation/régression dans les régions d’urgence nutritionnelle du pays (17,5 % en 2008), on note, au niveau national une stagnation de cette prévalence (7,5%) du fait de la précarité de certains facteurs ; si elle est jugée précaire au niveau national elle est sérieuse dans les régions du Bounkani et du Gontougo avec un taux de 11,10%.
En outre de nombreux bébés naissent avec un petit poids (16,5 %, MICS 2006).
Il est bon de signaler qu’une femme sur dix est émaciée et plus de la moitié des femmes en âge de reproduction présentent une anémie ferriprive (carence en fer) de même que la moitié des enfants en âge scolaire et préscolaire.
La Côte d’Ivoire vit, à ce jour, le double fardeau nutritionnel, à savoir le tableau carentiel (sous nutrition) et celui de la surcharge pondérale (surnutrition), pour laquelle l'insécurité alimentaire et nutritionnelle joue aussi un rôle. A cela nous pouvons ajouter les facteurs de morbidité et de mortalité liés à la consommation d’aliments impropres remettant en cause tout le système de sécurité sanitaire des aliments.
Toujours selon le PNN, les enfants les plus vulnérables à la malnutrition chronique (retard de croissance) en 2012 étaient âgés de 12 et 48 mois. Parmi les onze régions d’enquête, seule la ville d’Abidjan présentait un taux inférieur à 20 %, le seuil d’une situation acceptable.
La malnutrition aiguë affecte plus les enfants âgés de 6 à 23 mois. Au cours de ces dernières années, nous avons noté une augmentation chez les enfants de moins de 6 mois qui a vu le taux presque doublé entre 2006 et 2012.
En ce qui concerne la malnutrition chronique, en plus de la tranche d’âge traditionnelle de 12 à 36 mois, elle sévit aussi au niveau de la tranche d’âge des moins de six mois en mettant en lumière les mauvaises pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, ainsi que le mauvais état nutritionnel des femmes enceintes caractérisé par l'apparition de faibles poids à la naissance dans 14 % des cas (EDS-MICS 2012).
En conclusion de ce qui précède, et en synthèse de toute la réflexion menée sur le sujet, nous retiendrons comme zones les plus vulnérables : Les PAD Nord-Est, Nord, Nord-Ouest, Ouest, Centre-Ouest (pour sa partie nord), Sud-Ouest et Sud pour sa partie littorale, ainsi que le district autonome d'Abidjan.
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7 ANNEXES
Annexe 3.1A01 : Itinéraire Sud SASA janvier 2014
J PAD
Région Département Sous-préf. Village
D12
CE Sud-Comoé
Gd-Bassam Gd-Bassam Modeste
L13 Aboisso
Aboisso Ahigbé-Koffikro
Séance de travail : DRAgri absent, représenté par son agent Mr Bénié. En attente du rapport.
S
Mé Adzopé
Agou Diapé
M14
Séance de travail : DRAgri + 19 acteurs du monde agricole. Quelques données transmises. En attente du rapport.
Agou Boudépé
M15 Agnéby-Tiassa Agboville
Séance de travail : DRAgri absent, représenté par son Chef de service "Production et Contrôle qualité", Mr Mahé. Rapport transmis.
Tiassalé Tiassalé Projet ADCVI
J16
CO
Loh-Djiboua Divo Divo Ziki-Dies
Lakota Lakota Gogôko
V17 Gôh Gagnoa Séance de travail : DRAgri. Rapport transmis.
Gagnoa Maguiahio
S18
SO
Nawa Soubré Soubré Galléa
San Pedro
San Pedro Gabiadji Kangakro
D19 Synthèse en équipe à San Pedro
L20 San Pedro
Séance de travail : DRAgri + 37 acteurs de l'agriculture et de la pêche. En attente du rapport.
San Pedro Taki
M21 Tabou Séance de travail : DDAgri. Rapport transmis.
San Pedro San Pedro Monogaga
M22 Gboklé Sassandra Séance de travail : DRAgri. Rapport transmis
Fresco Fresco Zegban
J23
S Grands-Ponts
Grand-Lahou Séance de travail : DDAgri. Quelques données transmises. En attente du rapport.
Dabou Toupah Vieux-Badien
S24 Jacqueville
Jacqueville N'Djem
Attoutou Taboth
Synthèse en équipe à Dabou
D25 R E T O U R A B I D J A N
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Annexe 4.1A01 : INS 2008 – Taux de pauvreté par PAD
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