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LES SENS ESOTERIQUES DES COMMANDEMENTS DE LA TARIKA RAHMANIYA Par sadek KHEDDACHE * Cet essai sur les commandements de la tarika rahmaniya est un produit intellectuel personnel , de recoupages de certains passages et d'arragements , sans aucun lien quelconque avec d'autres reflexions possibles des autres adeptes de la tarika . Les commandemenst m'ont intéréssés d'un point de vue ésotérique conforme au mieux à la shariaa islamique qu'on puisse éventuellemznt donner a ces exhortations mystiques de cheikh sidi m'hamed abd rahmane bou kabrine , fondateur de la tarika soufie rahmaniya en Algérie ,mort vers 1794 et ayant deux tombes l'une au village de Bounouh ( Boghni) et l'autre a El Hama ( Belcourt ) , d'ou son surnom de Boukabrine .

Les sens ésoteriques des commandements de la tarika rahmaniya

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LES SENS ESOTERIQUES DES

COMMANDEMENTS DE LA

TARIKA RAHMANIYA

Par sadek KHEDDACHE * Cet essai sur les commandements de la tarika rahmaniya est un produit intellectuel personnel

, de recoupages de certains passages et d'arragements , sans aucun lien quelconque avec d'autres reflexions possibles des autres adeptes de la tarika . Les commandemenst m'ont intéréssés d'un point de vue ésotérique conforme au mieux à la shariaa islamique qu'on

puisse éventuellemznt donner a ces exhortations mystiques de cheikh sidi m'hamed abd rahmane bou kabrine , fondateur de la tarika soufie rahmaniya en Algérie ,mort vers 1794 et ayant deux tombes l'une au village de Bounouh ( Boghni) et l'autre a El Hama ( Belcourt ) , d'ou son surnom de Boukabrine .

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Les éxhortations spirituels de la tarika rahmaniya se résument donc en sept commandements

qui sont la règle de conduite de tout cheminant soufi rahmani et qui sont comme suit :

1 – Agis toujours avec désintéressement.

2 – Ne cherche pas a être vu des hommes, cache toi d’eux et ne soit vu que de Dieu. 3 – Que tes actes ne soit pas inspirés par la crainte des châtiments, ni par l’ambition d’obtenir

des récompenses. 4 Détache-toi des biens de ce monde. N’en prends que ce qu’il faut pour couvrir ta nudité,

abriter ton corps et apaiser ta faim. 5 – Ne rend pas le mal qu’on te fait.

6 – Il faut te remettre entièrement a Dieu et le louer. 7 – Pense a ta mort, cette pensée est la base du renoncement.

1 – Agis toujours avec désintéressement.

Ce premier commandement appelle le croyant à agir sans trop d’intéressement c’est à dire sans viser un intérêt personnel ou familial a travers l’acte ou le projet qu’on réalise. Dans ce même

sillage il est aussi insinué d’agir sans passion ni attachement démesuré vis -à-vis de ce qu’on fait dans n’importe quel domaine de la vie. Que soit ce au travail, en société, en famille, et même

seul. Ce commandement est réellement dicté par une synthèse théologique et spirituelle d’un ensemble de versets et de hadiths du prophète qui appellent le croyant a lier ses actes, ses paroles, ses inspirations ,son imagination , ses idées , et ses mouvements a la volonté d’Allah .En effet Dieu dit : « ...c'est Allah Qui vous a créés vous et ce que vous faites." (Sourate Essafat - 37, verset 96 », et Il dit aussi : " Je place ma confiance en Allah, mon Seigneur et le vôtre. Il n’y a pas d’être vivant qu’Il ne

tienne par derrière son front. Mon Seigneur, certes, est sur un droit chemin".56 sourate Houd ; Puis « ….Et ma réussite ne dépend que d’Allah. En Lui je place ma confiance, et c’est vers Lui que je reviens repentant.… » 88 s –Houd. Et encore :

« Pour celui d’entre vous qui veut suivre le chemin droit. Mais vous ne pouvez vouloir que si Allah veut, Lui, le Seigneur de l’Univers » s81 v28, 29

Les hadiths qui nous orientent vers ce comportement sont : « Il n’y a de force ni de puissance qu’en Allah. » ,etc …enfin le libre arbitre réellement n’est que dans le prolongement ou une

extension de la volonté d’Allah .

La conscience permanente de ce qui précède, incite le croyant à voir la volonté divine s’accomplir partout. Nul acte , nul événement , nul mouvement , nul réaction positive ou

négative , ni pluie , ni vent , ni tremblement de terre , ni que le soleil se lève et se couche , ni vie , ni mort , ni subsistance pour n’importe quelle espèce animale , végétale , humaine , djinn ou

autre n’est acquise que par son don, sa permission et son affectation a untel ou untel avec parcimonie avec justice absolue et sentence divine absolue .

Si tout est volonté d’Allah même quand il s’agit d’une mauvaise action, peut on alors cultiver et

adorer le « moi », le « je » et le « j’ai fais » , pour tomber dans une sorte de shirk , et

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d’associationnisme ? Certes pour les « superficiels » en islam , et ceux qui ne croient pas au

destin et la prédestination , ils disent ou est donc notre responsabilité , nos efforts , et notre volonté dans tout ce que nous avons fait de bien et de mal , de travail , de réalisations , de

participations, d’argent que nous avons gagné , etc… ? Le mystère est dans deux aspects occultés à la plus part des gens. Dieu est juste, tout nos actes , tout nos désirs intimes , tout

notre degré de la foi et d’obéissance a Dieu , sont bien connus par Le Créateur tout puissant , et Lui le dispensateur des bienfaits ne répond que favorablement a la volonté et aux désirs intimes

de chaque être qu’il soit croyant ou athée . Et de ce fait il permet a chacun de réaliser sa volonté et ses désirs afin qu’il en soit responsable le jour du jugement dernier.

Par ailleurs tout a été écrit sur la table bien gardée, y compris les actions de chacun .Dieu

dit : « Voilà Notre Livre. Il parle de vous en toute vérité (7) car Nous transcrivions tout ce que vous faisiez». Sourate el jathiya . « Nous transcrivions, … » C’est a dire nous regardions dans el kitab el moubine (la table bien gardée ou louh el mahfoudh ) et avant d’enregistrer ou d’inscrire la bonne ou la mauvaise action , nous la trouvions écrite et qui doit donc s’accomplir

par tel être humain ou djinn . Dans ce sens IBN ARABI, Chiekh el akbar , a dit que toutes les créatures de cet Univers ont existé en tant que prototypes sans âmes , mais caractérisées par ce qui est écrit pour elles . D’où nous ne sommes que les faces miroitées de nos prototypes ayant existé dans le néant, dans el kitab el moubine.

C’est pour cela que cheikh Sidi M'hamed Abd Rahmane Boukabrine a commencé ses commandements par le désintéressement vis a vis des actes qu’on accomplisse, en remerciant Dieu pour les bonnes actions et lui rendre hommage par cette allocution coranique « wa ma tawfiqiya ila bi allah », Ma réussite et la réalisation de mes actes ne dépendent que d’Allah !

2 – Ne cherche pas à être vu des hommes, cache toi d’eux et ne soit vu que de Dieu.

L’adoration d’Allah et Son obéissance dans le secret constituent, en elles -mêmes, un culte qui, quand on s'y habitue, nous purifie le cœur et nous raffine l'âme et, par conséquent, nous

prédispose à être sincères envers notre Seigneur. Il s'agit d'adorer Allah le Tout-Puissant sans que quiconque, à part Lui, ne nous reconnaisse ou ne s'en rende compte.

Parmi les péchés du cœur et qui fait partie des grands péchés, il y a : l’insincérité dans les

œuvres de bienfaisance qui est le fait d’agir pour plaire aux gens, c’est-à-dire pour recevoir leur éloge. Cela annule les récompenses de ces actions. L’insincérité, c’est le fait de rechercher par

les œuvres de bienfaisance telles que le jeûne, la prière, la récitation du Coran, le pèlerinage, la zakât, les aumônes ou la bienfaisance envers les gens, l’éloge des gens et leur glorification. De

plus, l’insincérité annule les récompenses de l’acte qu’elle accompagne. Mais si au cours de l’acte il abandonne son insincérité et se repent, il sera récompensé pour ce qu’il aura fait après

le repentir. Tout acte de bienfaisance dans lequel intervient l’insincérité n’apportera aucune récompense, que cela ait été fait uniquement par insincérité ou en recherchant avec l’insincérité la récompense de la part de Allâh Ta`âlâ.

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« Certes, Allâh n’agrée parmi les œuvres, que celles qu’on a faites sincèrement et uniquement

par recherche de Son agrément », le Hâfidh Ibnou Hajar al aaskalani a dit que la chaîne de transmission de ce Hadîth est bonne . « Évitez l’insincérité car certes c’est un grand péché –

chirk ‘al aSghar – » ; ce péché a été appelé chirk ‘al asghar car il ne fait pas sortir de l’islam mais c’est un grand péché.

"Tout ce que vous faites, faites-le de toute votre âme, pour le Seigneur, et non pour des hommes."

Ce deuxième commandement incite donc le croyant a la sincérité (el ikhlass ) dans l’adoration afin d’éviter tout riyya ( hypocrisie ou insincérité )) qui efface les pratiques même de l’islam . « Ne cherche pas à être vu des hommes ! » Dans le sens que tes actions ne soient faites de toute ton âme que pour Dieu. Parmi les hadiths qui vont dans ce sens, celui où le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a dit : « La meilleure prière, autre que la prière obligatoire, est celle que

la personne accomplit chez lui. » (Mouslim) Le mieux pour l’aumône surérogatoire est de la faire en secret et de ne pas l'annoncer publiquement au même titre que les autres actes de

dévotion surérogatoires, car cela empêche de tomber dans l’ostentation. Dieu dit dans ce sens .Je vous ai donc avertis d’un Feu qui flambe15. où ne brûlera que le damné,16. qui

dément et tourne le dos;17. alors qu’en sera écarté le pieux,18. qui donne ses biens pour se purifier19. et auprès de qui personne ne profite d’un bienfait intéressé,20. Mais seulement

pour la recherche de La Face de son Seigneur le Très Haut(3).21. Et certes, il sera bientôt satisfait! Sourate 92 al layl . l’ostentation ( riyya ) ou l’Hypocrisie est la maladie du cœur la

plus dangereuse et la plus destructrice des bonnes œuvres, el le est considérée comme le polythéisme caché. Il faut veiller à ce que toute obéissance, toute pratique et toute œuvre de bien soit faite uniquement pour la face de Dieu et pour plaire a Dieu. "Les premières personnes

qui seront jugées le Jour de la Résurrection serait un homme qui a acquis de la science et de la connaissance et a lu le Coran, les anges le présenteront devant Dieu qui lui rappellera d’abord

ses bienfaits multiple sur lui qu’il reconnaitra aussi, et Dieu lui demandera : Qu’a tu donc fais de la grâce de ton seigneur ? Il dira : J'appris appris la science et je l’ai transmise aux autres et j’ai

lu le Coran en vous, et Dieu lui répondra : Tu mens ! tu as appris la science pour que les gens disent que tu es un savant et un instruit, et tu as lu le coran pour qu’ils disent que tu es un bon

lecteur de coran, et ils ont dit tout ça ! Ensuite Dieu ordonne à ce qu’il soit trainé sur son visage et jeté ensuite en enfer. » " Rapporté par Mouslim, Tirmidhi et d’autres.

Aussi il est évident que seuls les hommes véridiques et honnêtes qui sont sensibles à la majesté

d’Allah font régulièrement les bonnes œuvres en cachette. Ce sont elles qui meublent magnifiquement la solitude du fidèle quand il est seul face à son Seigneur. En conséquence, il ne doit échapper à personne que Satan n'est jamais satisfait quand il voit un fidèle faire de bonnes œuvres en cachette et que, s'il lui arrive de le voir s’y adonner, il fera tout pour qu'il les divulgue au grand jour, tant il a horreur des actes d'adoration secrets, convaincu qu’il est, qu’ils sont loin de l'ostentation, de l’orgueil, de la vanité et de l'amour de la gloire. Mieux, la

propagation de ce genre de culte entre les musulmans répand la baraka et le bien entre eux.

Sufiân ibn ‘Uyayna rapporte qu'Abû Hâzim a dit : ''Fais tes bonnes œuvres plus discrètement que tes mauvaises''. Quant à Ayoub as-Sakhtiyânî il a dit : ''Il vaut mieux pour l'homme de

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cacher son ascétisme que de le proclamer". Muhammad ibn Ziyâd rapporte ceci : ''J'ai vu Abû

Umâma s'adressant à un homme qu'il a trouvé dans la mosquée en train de pleurer alors qu'il était en prosternation et invoquait son Seigneur. Abû Umâma lui dit : "Oh toi ! Pourquoi n'as -tu

pas fait cela chez toi dans ta maison".

Al-Hârith al-Muhâsibî (qu'Allah lui accorde Sa miséricorde) a dit que "le vertueux est celui qui est prêt à perdre l'estime des autres quitte à avoir son cœur purifié et amendé, qui n'aime pas

que les gens se rendent compte du moindre acte des bonnes œuvres qu'i l fait".

Bichr ibn al-Hârith a dit : "L'homme qui cherche à se faire voir ne peut trouver la douceur de

l'au-delà".

L’ostentation consiste à solliciter l’agrément des êtres humains, et non pas celui d’Allah (exalte soit-Il) par l’accomplissement des œuvres pies. Une autre forme d’ostentation consiste à

accomplir ces mêmes œuvres par amour pour le prestige, la célébrité ou la place de vedette dans les cœurs des créatures. Une troisième forme consiste à s’abstenir de faire une œuvre pie

quelconque par crainte de tomber dans l'ostentation. L’imam Al-Foudheïl Ibn Iyadh a dit : « S'abstenir d'accomplir une œuvre de peur de plaire aux

gens relève du domaine de l’ostentation et l'accomplir pour plaire aux gens relève du

polythéisme. La sincérité est qu'Allah vous préserve des deux. » Rapporté par Al Bayhaqi.

Il ne leur a été commandé, cependant, que d'adorer Allah, Lui vouant un culte exclusif, …»

(Coran : 98/5)

Certains on pourrait s’interroger : « Et comment sont justifiés un tel supplice et une telle menace à l’intention d’un homme ayant accompli le bien ? » La réponse est simple : L’islam

accorde plus d’importance au mobile de l’œuvre qu’à l’œuvre-même.

Le Très-Haut dit : "... comme celui qui dépense son bien par ostentation devant les gens sans croire en Allâh et au Jour dernier. Il ressemble à un rocher recouvert de terre : qu’ une averse

l’atteigne, elle le laisse dénué. De pareils hommes ne tirent aucun profit de leurs œuvres. Et Allâh ne guide pas les mécréants."

Et dans une autre sourate : "Et ceux qui dépensent leurs biens avec ostentation devant les gens,

et ne croient ni en Allâh ni au Jour dernier. Quiconque a le Diable pour camarade inséparable, quel mauvais camarade !"

Les extraits susmentionnés du Livre de Dieu et de la Tradition de Son Messager — paix et bénédictions sur lui — quant à la mise en garde contre l’ostentation et l’attachement aux biens, au prestige et à la célébrité, révèlent au grand jour la nocivité des péchés du cœur, et leurs effets dévastateurs sur les œuvres apparemment pieuses. D’où, la primauté des œuvres du

cœur sur les œuvres des autres sens. La sincérité est, bien entendu, à l’avant-garde des œuvres du cœur, puisqu’elle en conditionne l’acceptation divine.

Au sens mystique et soufie, ce commandement incite a plus loin encore, plus en profondeur de

la foi et de l’âme, il invite le croyant à ne considérer que Dieu et la présence de Dieu partout ou il est. Les hommes, c'est-à-dire la vie sociale, n’est en fait qu’une fitna , une sédition trompeuse

, et une course vers le prestige et la notoriété même dans une discussion banale avec des

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copains ou des voisins . Tous le monde cherche à se faire valoir par rapport a l’autre, même

avec des arguments subjectifs. Aussi les nombreuses fréquentations mettent souvent le bon croyant a rude épreuves devant les médisances qu’il faut rejeter et dénoncer , et les objections

courageuses qu’il faut exprimer contre le mal ( el mounkar ) et a la face des calomniateurs et des égarés .

La deuxième partie de ce commandement « cache toi d’eux et ne soit vu que par Dieu » , et un

appel soufi pour œuvrer uniquement pour plaire a Dieu et lui réserver une adoration sincère et plus en cachette en dehors des prières en communs .

Ce comportement est réellement déduit des principes de bases du soufisme, notamment, l’ascèse et l’isolement. De nombreuses personnes font à peine la différence entre le Tasawwuf et l’ascétisme. De même, nombreux sont ceux qui pensent que l’ascétisme constitue la voie

menant au Tasawwuf ou, en d’autres termes, le chemin aboutissant au perfectionnement de la clairvoyance lumineuse (basîrah).

Il y a en effet un ascétisme rationnel et philosophique. Ses adeptes estiment que la chose la

plus noble dans la vie c’est le calme, la sérénité, la tranquillité et l’apaisement de l’être. Selon eux, on ne peut accéder à cela en courant après les biens matériels de l’ici-bas ou en se

dépensant pour amasser une grande fortune permettant de couler dans les délices et plaisirs matériels. Les gens dans l’ici-bas sont comme une meute de chiens se concurrençant rudement

pour s’emparer de quelques biens. Lorsque l’être humain se joint à ce combat acharné — cette lutte pour les biens de l’ici-bas — il n’en ressort, dans la plupart des cas, qu’avec un esprit chargé de soucis, d’angoisses et d’inquiétudes. La voie vers la paix intérieure serait donc de s’éloigner de l’objet même de cette lutte. Ibn Sînâ disait d’ailleurs : « Celui qui renonce aux biens et plaisirs de l’ici-bas est qualifié d’ascète ».

La séclusion [khalwat] est meilleure que l'isolement [ cUzlat] . C'est une sorte d'isolement. Son

délai est de 3 à 40 jours, comme mentionné dans Saint Coran à propos de Seyiddina Moussa (s), "Et souvenez vous Nous avons alloué quarante nuits pour Moïse" (Sourate Al-Baqarah, 51).

Muslim a relaté que le Prophète (s) a fait une séclusion dans la caverne d'Ara pendant un mois complet. Son but est de nettoyer le cœur de la connexion à ce monde de plaisirs matériels et

d'amener à un état de rappel d'Allah, Tout-puissant et Glorifié. Durant celle-ci d'innombrables visions arrivent et elle élève le croyant à un état de connaissance du Moi et de là à un état de

connaissance d'Allah.

La séclusion exige que le chercheur se déconnecte des gens et se désengage de toutes les interactions matérielles pendant une période de temps établie. Son cœur doit être engagé seulement dans le Souvenir de Dieu et son esprit allégé des soucis quotidiens. Tout cela doit se faire avec des connaissances du monde métaphysique et d'une aaqida ferme , pour nous rappeler si nous sommes insouciants et jeter hors du cœur tout le commérage et les chuchotements de l'ego.

Dans toutes les traditions spirituelles, le retrait ou l’isolement favorise la concentration sur

Dieu. La vie des prophètes en fournit l’archétype.

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À l’exemple du Prophète qui préconisait ce retour sur soi-même, les croyants pratiquent le

retrait de la société (‘uzla, i‘tikâf) pour un temps donné, dans une mosquée ou chez soi, en particulier durant les dix derniers jours du mois de Ramadân.

Les premiers ascètes et les soufis qui leur succèdent se retirent dans les déserts et les montagnes, et les « vies de saints » nous les montrent côtoyant les bêtes sauvages. Ils aiment

méditer dans les ruines et dans les cimetières, qui leur rappellent la vanité de ce monde et les recentrent sur l’essentiel.

Toutefois, les soufis se distinguent des ascètes par l’importance qu’ils accordent à la vie communautaire, et la conscience de leur rôle social. Les premiers manuels de soufisme stipulent d’ailleurs que seuls les disciples avancés peuvent s’adonner à l’isolement. A travers ce commandement, sidi abderhamane boukabrine , voulait nous conduire vers ce cheminement , emprunté aussi par les prophètes de Dieu , et ceci jusqu’ a la réalisation spirituelle se soi . Une fois atteinte cette station suprême, on pourrait éventuellement reprendre la vie sociale, mais on ne serait plus le même car le cœur aurait changé, et purifié, il ne sera plus troublé ou influencé par les séditions de la vie de ce bas monde.

3 – Que tes actes ne soit pas inspirés par la crainte des châtiments, ni par l’ambition d’obtenir des récompenses.

Notre devoir. si nous sommes musulmans, est d'être toujours satisfait des décisions divines et

ce sans jamais rechigner en privé ou en public. Reconnais-lui le droit absolu de décider pour toi. Voilà la voie du salut, un salut auquel peut prétendre tout fidèle qui fera sien ce credo.

Que peux-tu en effet, simple créature contre la volonté de ton créateur ? Sinon l'accepter sans

rechigner et te réfugier dans la prière ? Aurais-tu une autre solution à proposer ? Si oui, pourquoi tu ne la formules pas donc ?

O croyants, demeurez partout et toujours soumis à Dieu et à ses Ordres, aussi bien dans vos

actes, vos paroles que vos désirs et volonté. N'élève ta personnalité, ton origine, ton rang social ou ta fortune devant quiconque ; au

contraire, honore chaque être que Dieu a crée parce que tu vois à travers lui un acte de Sa toute Puissance.

Ne te fie pas à l'apparence extérieure, ou au prestige que tel ou tel individu prétend tenir de sa

famille pour en déduire qu'il a un rang supérieur à tous les autres auprès du Seigneur .Ces considérations matérielles ou conventionnelles, ces critères artificiels ne sont reconnus comme

tels qu'ici-bas. Dans l'au-delà, ils ne disposent d'aucune créance et ne pèsent d'aucun poids. Les seules valeurs qui comptent auprès de Dieu, sont les actes méritoires, saints et honorables.

Si vous pouvez tromper vos semblables, nul ne peut tromper Dieu. Que chacun d'entre vous

évalue ses propres actes. S'il a conscience d'avoir pêché, qu'il se retourne vers son Seigneur, se prosterne devant Lui, et sollicite son pardon. Dieu a dit : Faîtes le Bien et craignez-

moi. Comment celui qui n'est pas sûr de son propre destin dans l’au-delà , pourrait-il garantir à

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autrui ce qu'il n'est pas sûr d'avoir pour sa propre personne? Sois modeste . Ne sois ni

ambitieux, ni prétentieux, ni cupide. Ainsi tu pourras espérer le Salut, qui est notre idéal.

Les actes du cœur ont plus de mérite que les actes des membres pour plusieurs raisons .

Le cœur passe par des étapes avant que les membres n’agissent :

1) l’idée : c’est la première pensée qui passe par le cœur

2) La pensée : c’est l’idée qui se fixe dans le cœur

3) La réflexion : c’est se demander si on va agir ou non .

4) L’intention : c’est lorsque l’on a décidé d’agir

5) La détermination : c’est la décision réfléchie et la ferme intention d’agir.

Pour les trois premières étapes, on n’obtient pas de récompense si cela concerne une bonne œuvre, et pas de péché, pour un acte de désobéissance.

Quand on a juste l’intention (4) d’accomplir une bonne œuvre, alors elle est comptée comme telle ;

mais si on a l’intention d’accomplir une mauvaise œuvre, elle n’est pas comptée comme telle.

Si l’intention devient détermination, et que l’on est déterminé à accomplir une bonne œuvre, alors on en obtient la récompense.

Par contre, si on est déterminé à accomplir une mauvaise œuvre, on en récolte un péché ,

même si on ne l’a pas accomplie. En effet, la volonté associée à la capacité d’accomplir une chose implique l’existence de la chose voulue.

Allah dit : ''Ceux qui aiment que la turpitude se propage parmi les croyants auront un châtiment douloureux'' [An-Nûr, 19]

Sache que ceux qui accomplissent des bonnes œuvres pour Allah exclusivement sont à des degrés différents :

1) le degré inférieur : Lorsque la personne accomplit les actes d’obéissance par espoir d’obtenir

la récompense d’Allah et par crainte de Son châtiment.

2) le degré intermédiaire : Lorsque la personne le fait par reconnaissance envers Allah et pour obéir à Ses ordres

3) le degré supérieur : Qu’elle les accomplit par amour, respect et vénération envers Allah . Ce degré est celui des Sincères (Siddîqûn) .

[2] [Allah dit : (Et je me suis hâté vers Toi, Seigneur, afin que Tu sois satisfait.) [Tâ-Hâ, 84] donc, Moïse est pressé de rencontrer Allah pour qu’Il lui accorde Son agrément, et non pas seulement pour répondre à Son ordre.

Cette exhortation n’est vraiment pas facile à comprendre. Il n’y a que les initiés dans l’ésotérisme et la préscience divine qui a précédé les 4 maqams du destin et de la

prédestination et ceux qui voient Dieu agissant partout et créateur de toutes choses, qui en saisissent les sens profonds .

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Dieu dit :

2. Celui à qui appartient la royauté des cieux et de la terre, qui ne S’est point attribué d’enfant, qui n’a point d’associé en Sa royauté et qui a créé toutes choses en lui donnant ses justes

proportions.( sourate el furqan ) .

Et Dieu a dit aussi : 49. Nous avons créé toute chose avec mesure,

50. Et Notre ordre est une seule [parole]; [il est prompt] comme un clin d’œil. ( sourate al moulk )

Personne ne sait a quoi il est destiné, Dieu dit : 17. Aucun être ne sait ce qu’on a réservé pour lui comme réjouissances sublimes, en récompense de ce qu’ils œuvraient! (sourate sajda )

Dieu dit aussi : 188. Dis: «Je ne détiens pour moi-même ni profit ni dommage, sauf ce qu’Allah veut. Et si je connaissais l’Inconnaissable, j’aurais eu des biens en abondance et aucun mal ne m’aurait touché. Je ne suis, pour les gens qui croient, qu’un avertisseur et un annonciateur».

A travers ces quelques rappels nous pourrons conclure que nos aptitudes, notre pouvoir et notre vouloir appartiennent a un mystère et un inconnu qui relève d’une préscience de Dieu et du reste de ses décrets , en sachant que toutes choses petite ou grande , est entourée de 7

commandements divins qui l’entoure , avant qu’elle ne soit réalisée et existante . D’abord, la préscience , el qadha ( décret ) , puis al qadar ( arret ) , puis irada (volonté) , puis machi’a (

vouloir) , puis idhn ( permission ) , puis amr (ordre ).

4 Détache-toi des biens de ce monde. N’en prends que ce qu’il faut pour couvrir ta nudité, abriter ton corps et apaiser ta faim.

L’ascétisme ou détachement de ce bas-monde (Zuhd) :

cela signifie détourner ses désirs d’une chose pour une autre meilleure.

Le détachement des choses de ce bas-monde procure un repos pour le cœur et le corps, alors que les convoiter n’apporte que l’angoisse et la tristesse. L’amour de ce bas -monde est la cause

de tout péché, alors que le détester est la source de tout acte d’obéissance. S’en détacher signifie le sortir de son cœur, et non pas le « sortir de ses mains », alors que son

cœur y est attaché, car cela est ce que l’on appelle l’ascétisme des ignorants. Le Prophète ('alayhi salat wa salam) a dit : « Comme c’est beau quand l’argent honnête

appartient à un homme pieux. » [Ahmad]

L’attitude du pauvre vis-à-vis de l’argent peut se classer en cinq situations :

1) Il évite par tous les moyens de prendre l’argent car il le déteste et craint le mal et la distraction qu’il cause. On appelle celui-là l’ascète (Zâhid).

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2) Il ne se réjouit pas de l’avoir obtenu, et ne le déteste pas non plus au point que cela lui

nuise. Celui-là est celui qui est satisfait (de ce qu’Allah lui a procuré).

3) Il préfère avoir de l’argent que ne pas en avoir car il le désire, mais pas au point où il fera de gros efforts pour l’obtenir ; mais, s’il l’obtient spontanément, il le prend et s’en réjouit. Par

contre, si l’obtenir demande un effort, il ne s’investira pas. Celui-là est celui qui se contente (de ce qu’Allah lui donne).

4) Il ne cherche pas à obtenir l’argent car il est incapable de se le procurer, bien qu’il le désire. S’il trouve un moyen de se le procurer même au prix d’efforts, il le fera. Celui -là est avide

d’argent.

5) Il est dans la nécessité vis-à-vis de ce qu’il cherche à obtenir comme argent, comme celui qui a faim, n’a pas de quoi se vêtir, est dénué de nourriture et de vêtements. Celui-là est dans la

nécessité.

5 – Ne rend pas le mal qu’on te fait.

Quelle est la personne qui n’a jamais été victime d’un préjudice ou d’une injustice en ce monde?

Ce sont des moments difficiles pour le croyant, car quel que soit le degré de notre foi, l'âme charnelle (nafs) nous pousse à réagir instinctivement à la façon des animaux qui mordent quand ils sont mordus, quitte à faire plus mal encore à l’agresseur que le mal que nous avons subi.

Pourtant, ceci est très éloigné du comportement du musulman tel qu’Allah éxalté nous l’a prescrit, et est loin de la pratique du Prophète salallahu ‘alaihi wa salam, qui a été envoyé pour nous montrer la perfection du comportement.

Nous allons essayer de dégager les caractères nobles que le musulman doit tenter d'appliquer dans ces situations, et à plus forte raison le soufi en quête d'excellence (ihsan).

Allah exalté a dit dans Son Saint Coran :

"Elancez-vous vers un pardon ineffable de votre Maître, hâtez-vous vers un Paradis immense, aménagé aux dimensions des cieux et de la terre, réservé à ceux qui craignent Dieu, à ceux qui dispensent leurs richesses en aumône, qu'ils soient dans la gène ou l'abondance, qui savent

dominer leur colère et pardonner à leur prochain. Dieu aime les âmes généreuses !"

(Coran, Sourate 3 - verset 133)

"… ils oublieront et ils pardonnerons. N’aimez vous pas quand Dieu vous pardonne ? Dieu est Celui qui pardonne. Il est très miséricordieux"

(Coran, Sourate 24 - verset 22)

"Pratique le pardon ; ordonne le bien ; écarte-toi des ignorants "

(Coran VII-199)

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On rapporte que lorsque ce verset fut révélé au prophète (saws) il a interrogé l’Archange

Gabriel (as) sur son interprétation. Gabriel lui dit : Attend que j’interroge Celui qui connaît toute chose (Allah exalté). Il alla, puis revint le voir et dit : Ô Mohamed Dieu t’ordonne de garder les

liens avec celui qui rompt avec toi, de donner à celui qui te prive et de pardonner à celui qui te fait du tort !

On rapporte également que lorsque l’incisive du Prophète (saws) fut brisée, et sa tête fut blessée au court de la bataille d’Uhud, les compagnons furent très touchés. Ils lui ont proposé : Et si tu lançais des imprécations (malédictions) contre eux (les quraishites) ! Il leur répondit :

« Je n’ai pas été envoyé pour maudire. Mais j’ai été envoyé comme un implorant et comme une miséricorde. Mon Dieu ! Dirige mon peuple car ils ne savent pas. »

De même on rapporte que ‘Umar (raa) a dit un jour au Prophète : « Par mon père et ma mère ! Ô Envoyé de Dieu ! Noé a jeté l’anathème sur son peuple en disant Mon Seigneur ! Ne laisse sur la terre aucun habitant qui soit au nombre des impies (Sourate 71 - verset 26) Si tu jette contre

nous un semblable anathème nous périrons jusqu’au dernier. Pourtant ton dos a été foulé, ton visage ensanglanté et ton incisive brisée, mais tu n’as voulu dire que du bien. En effet tu as dit «

Mon Dieu ! Pardonne à mon peuple car ils ne savent pas. »

De même Zayd Ibn Sa’na est venu le voir (avant d’embrasser l’islam) pour lui réclamer une dette. Il tira son habit au niveau du coude puis le saisi violement par les bords de ses vêtements

et lui dit : Vous les descendants de ‘Abd-l-Muttalib vous retardez les paiements ! A ces mots ‘Umar le menaça et lui lança des propos très durs pendant que le Prophète saws, lui, souriait.

Puis l’Envoyé de Dieu (saws) dit à ‘Umar : Nous avions davantage besoin, lui et moi, d’un autre conseil, ô ‘Umar ! : Que tu m’ordonnes de bien régler ma dette et que tu lui ordonnes de bien la

réclamer. Et il ordonna à ‘Umar de régler sa dette et de lui donner en plus vingt boisseaux pour l’avoir effrayé. D’ailleurs cet épisode fut la cause de son entrée en islam.

(les hadith qui viennent d'être cité sont tirés du Kitab ach Chifa' du Qadhi 'Iyyad al Maliki)

Les références sont innombrables dans la tradition musulmane à ce sujet, mais ce qui vient d'être cité est suffisamment éminent pour nous éclairer sur le comportement que nous devons

adopter quand quelqu’un nous fait du mal ou est injuste envers nous, qu’il s’agisse d’un frère musulman ou non d’ailleurs, comme le montrent les deux derniers exemples.

Mais comme dans toute chose, il y a des degrés de perfection. Et ces degrés nous sont exposés de façon claire par les versets suivants, et qu’Allah nous en accorde la bonne compréhension :

Et qui profère plus belles paroles que celui qui appelle à Allah, fait bonne oeuvre et dit : "Je suis du nombre des Musulmans?"

La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux.

Mais ce privilège n'est donné qu'à ceux qui endurent et il n'est donné qu'au possesseur d'une grâce infinie.

Et si jamais le Diable t'incite (à agir autrement), alors cherche refuge auprès Allah; c'est Lui, vraiment l'Audient, l'Omniscient.

(Sourate 41 - versets 33 à 36)

Page 12: Les sens ésoteriques des commandements de la tarika rahmaniya

En s’arrêtant sur ce verset, on constate que Allah a attribué ce comportement aux musulmans,

mais l’a introduit d'abord en tant que « paroles ».

C’est-à-dire tout d’abord que c’est un rappel que nous devons nous faire régulièrement à nous -même, entre nous, et aussi aux autres. Toute personne qui a la foi dans les valeurs universelles

ne peut que voir en cela un comportement d'excellence, et en être touché et édifié, comme le fut Za'id ibn Sa'na dans le récit que nous avons cité.

Parole également car même si nous en comprenons la sagesse, il s’agit d’une chose bien difficile à appliquer comme le montre la suite : il s’agit d’un privilège qu’Allah n’accorde pas à tous les croyants, mais seulement à ceux qui ont déjà mis en pratique une grande vertu qui est la patience.

A la lumière de tout cela, face à un mal, il y’a quatre façons de réagir: une mauvaise, et trois bonnes :

La première est de répondre au mal par le mal.

Cette attitude s’appelle la vengeance. C'est un acte vil d’injustice et d’incompréhension du message Divin, une insufflation de Satan comme le dit le verset sus mentionné. La justice, même si elle ne donne pas une satisfaction pleine et imédiate a l'égo ( nafs ), est bien meilleure comme nous l'enseigne Allah subhanahu : Que le ressentiment pour un peuple ne vous incite jamais à être injustes : la pratique de la justice vous rapproche de Dieu (Sourate 5 verset 8).

Dans ce cas de figure, personne n’est gagnant : la personne a engrangé une mauvaise action, et nous aussi, et nous aurons tous deux à y répondre devant Allah subhanahu.

La seconde est d’avoir recours à la loi.

C’est la manière des gens du commun. On dénonce alors la personne aux autorités compétentes et l’on se fait généralement restituer une partie du préjudice si tant est que cela est possible. Dans le meilleur des cas, il s’agit de la Shari’a, mais dans un autre contexte, il s’agit

de la loi du pays dans lequel on vit. Recourir à la loi est une façon de se protéger et de protéger les autres de la fitna qui a été causé par la personne, et c’est une attitude conforme à la citoyenneté.

Il faut préciser qu'on confond souvent la shari’a avec la vengeance. Le talion qu’Allah a prescrit n’a rien à voir avec une justice qu’on appliquerait soi-même, les peines légales, même dans un pays islamique, sont appliquées par un juge au terme d’un procès en règle, et jamais ne sont appliquées par la personne qui a subit un tord.

Dans ce cas de figure, la justice est rendue, le préjudice effacé, et les balances sont remises à zero. Cette attitude est donc juste, mais pas la plus profitable.

La troisième est le fait de patienter.

C’est la manière des gens de l’élite. Il s’agit de remettre son affaire entre les mains d’Allah exalté, le Juste, le Miséricordieux, qui jugera entre Ses créatures en toute équité au Jour du

Jugement. La patience ici signifie le fait de pardonner, de ne pas chercher de compensation ni d’attendre d’excuses de la part de la personne.

Page 13: Les sens ésoteriques des commandements de la tarika rahmaniya

Bien sûr, les actes ne valant que par les intentions, il faut que ce soit vraiment par foi en la

justice Divine, et non pas par faiblesse à appliquer la seconde solution. Et "En vérité, Allah est avec les patients" (Coran sourates 2 verset 153; et 8 verset 47).

Dans ce cas de figure, celui qui patiente est récompensé par Allah éxalté, et change le mal qu’on lui a fait en bien. Cette attitude est donc profitable pour celui qui a subi le préjudice.

La quatrième est le fait de répondre au mal par le bien.

C’est la manière des gens de l’élite de l’élite. Dans ce cas de figure, non seulement le croyant s’en remet à la justice Divine, mais justement, il est pris de sollicitude pour l’avenir de la

personne qui lui a fait du mal, car « ils ne savent pas ».

Il cherche alors le bien pour l’autre, et met sa fierté et sa crainte de la souffrance de côté. Aussi, il met en pratique le verset ci dessus, et répond au mal par le bien, montrant par là même à la

personne le comportement exemplaire qui est la meilleure des prédications.

Il arrive alors, si Allah le veut, que la personne soit touchée par ce geste, et réfléchisse sur l’acte qu’il a commit, s’excuse, ou même prenne exemple et pratique cela à son tour. Dans ce cas de figure, si Allah le veut, la personne fautive change et s’amende, récoltant ainsi les bienfaits Divins.

On dit aussi que le minimum de bien que l'on puisse répondre à un mal consiste à prier en secret pour le bien de la personne et pour qu’elle comprenne sa faute pour pouvoir s'en

repentir et en être pardonné.

Cette attitude est donc profitable pour celui qui a subi le préjudice autant que pour celui qui l’a causé.

La réaction approprié face au préjudice est un thème que les maîtres spirituels de l'Islam n'ont bien sûr pas laissé de coté.

Muhyi ud din ibn ‘Arabi a dit :

Prie pour le bien de celui qui a été injuste envers toi, car celui-ci t'a préparé du bien pour ta vie future: si tu pouvais voir ce qu'il en est réellement, tu te rendrais compte que l'injuste t'a fait vraiment du bien pour la vie future. Alors, la récompense du bienfait ne doit être que le bienfait

(cf. Coran 55, 60) (prie donc pour le bien de celui qui t'a réservé un bien); du reste, le bienfait dans la vie future est permanent.

Ne perds pas de vue cet aspect des choses, et ne sois pas trompé par le fait des dommages qui te résultent ici-bas par l'injustice dont tu es l'objet: il faut considérer cet inconvénient comme le médicament désagréable que doit absorber le malade parce que celui-ci sait quelle utilité il en tirera finalement. L'injuste joue un rôle équivalent: prie donc pour qu'il ait tout bien !

Il a dit également :

Quand tu te couches n'aie dans ton cœur rien de mauvais à l'égard de qui que ce soit, ni rancune, ni haine.

Le mal doit être combattu par les armes du bien et de l'amour. Quand l'amour détruit un mal, ce mal est tué pour toujours. La force brutale ne fait qu'enterrer provisoirement le mal qu'elle veut combattre et détruire. Or le mal est une semence tenace. Une fois enterrée, elle se développe en secret, germe et réapparaît plus vigoureuse encore.

Page 14: Les sens ésoteriques des commandements de la tarika rahmaniya

Mais pour être capable de ces degrés d’excellence, l’âme doit être dominée et dressée à ne pas

s’attarder sur les fautes des autres, même si elles sont à notre encontre, mais plutôt sur nos propres erreurs et imperfections. Il faut porte r sur l’autre, ami ou ennemi, un regard de

miséricorde et de tolérance, et rejeter les pulsions vengeresses tout en les redirigeant contre notre nafs qui est, comme le dit le Coran, "instigatrice de mal".

Et c’est là un des objectifs de l’éducation spirituelle , dont l’un des rôles est de nous faire prendre conscience progressivement et avec subtilité que l’ennemi véritable n’est pas autre que nous-même.

Chaykh al Darqawi dit à ce sujet :

Un de nos frères se plaignit chez nous d'un oppresseur qui le persécutait. Nous lui répondîmes : " Si tu désires tuer celui qui t'opprime, alors tue ton ego (nafs), car en le tuant, tu tueras tous les oppresseurs."

Le maître Sidi Hamza al Qadiri al Budchichi a dit:

Chacun doit veiller sur son (propre) coeur. Toute suggestion (négative) devra être rejetée. Il faut rejeter ce qui est malsain en soi et tenter de s'ouvrir à toutes les Grâces Divines, à ce qui est positif et favorise le cheminement et la progression. Mais comment rejeter les suggestions négatives ? Lorsqu'on les sent arriver, il faut dire à son ego qu'il a tort et que c'est lui qui a tous les défauts et non les autres : " C'est moi qui suis en tort. Si je vois le défaut dans l'autre, c'est parce qu'il est en moi, sinon je ne l'aurais pas vu ! ".

Et c’est Allah qui accorde le succès dans la mise en pratique de tout cela.

6 – Il faut te remettre entièrement a Dieu et le louer.

Le repos de l’âme : s’en remettre à Dieu

Les savants authentiques, ceux dont l’âme est profondément liée à Dieu, ceux que l’on appelle les « connaissants » (al-‘ârifûn), avaient pleinement conscience que l’essentiel pour l’être

humain est de purifier son cœur de toutes les impuretés et de toutes les formes d’associations

(ash-shirkiyyât).

Il savait que le meilleur chemin qui permet de réaliser cette purification consiste à se tenir fermement aux Noms divins. Le hadith dit : « Celui qui les retient (retient les Noms divins) entre au Paradis. »

Or, le Paradis est lumière, et nul n’y entre sinon celui qui dispose d’un cœur sain. Retenir les Noms divins, ce n’est pas seulement les apprendre par cœur sans en comprendre le sens, mais c’est plutôt vivre selon l’exigence que comprend ces Noms, en étant éclairé par leur sens.

Combien avons-nous besoin, de prendre pleinement conscience que Dieu est notre Seul Garant ! Il est Al-Wakîl : le Gérant, l’Intendant, Celui à qui l’on se confie, Celui qui assure ce dont nous

avons besoin et nous protège.

Page 15: Les sens ésoteriques des commandements de la tarika rahmaniya

Combien avons-nous besoin de tendre les mains vers Dieu Seul et d’acquérir la certitude que

nulle créature ne peut nous venir en aide, sinon selon la volonté de Dieu !

Ce principe, nous le répétons au moins dix-sept fois par jour, en lisant la Fâtiha, première sourate du Coran : « C’est Toi que nous adorons et c’est de Toi que nous implorons secours. »

(Coran, verset 5)

Ce qui signifie : C’est de Toi Seul que nous implorons l’aide, car Toi Seul pourvoit à tout ce dont nous avons besoin, et Toi Seul est le Garant Suprême à qui nous pouvons nous confier. Celui qui T’oublie et se tourne vers la créature pour obtenir un bien quelconque ou un quelconque secours est comparable au noyé qui s’accroche au noyé : les deux sont entraînés dans la mort.

Ou encore, il est comparable à un homme qui entre dans un royaume, et à qui l’on dit que le roi qui possède ses terres et tout ce qui s’y trouve est généreux et ne repousse les demandes de personnes, lorsqu’on s’adresse directement à Lui. Or, ce malheureux l’oublie et s’empresse de quémander une aide auprès des domestiques, et se détourne du roi !

Sans comparaison possible entre le Créateur et la créature, il est dit dans le Coran : « « Et votre Seigneur a dit : Invoquez-Moi, Je vous répondrai. » (Coran, 40, 60)

Bien sûr, il est demandé à tout croyant d’être serviable. Le Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a déclaré : « Dieu aide le serviteur tant que le serviteur aide son frère. » (Muslim) Mais il existe plusieurs façons de considérer cette aide :

- Il y a une catégorie de personnes qui estime au premier abord l’homme qui a aidé, et qui l’oublie aussitôt et tourne toute son attention vers le bien ou l’aide qui lui ont été donnés.

- Une autre catégorie remercie le donateur avec sincérité et profite du bien en question.

- Une troisième catégorie remercie le donateur avec sincérité et profite du bien en question, mais considère avec clairvoyance – avec la lumière du cœur – qu’il n’y a en fait qu’un Seul Donateur. Il remercie l’homme qui lui est venu en aide par politesse et pour se conformer à la

parole du Prophète sala allhou aalayhi wa salam qui a dit : « Celui qui ne remercie pas les hommes ne remercie pas Dieu » ; mais au-delà des apparences, il loue son Seigneur pour ce qu’il lui a octroyé, et son cœur ne dépend que de Lui.

Le royaume de Dieu, ce sont les cieux et la terre, le monde visible et le monde caché, l’Orient et l’Occident. Dieu dit : « Et rappelle-toi le Nom de ton Seigneur, et consacre-toi totalement à Lui. Le Seigneur de l’Orient et de l’Occident, il n’y a point de dieu, sinon Lui. A Lui donc remets-toi s’en ! » (Coran, 73, 8-9) Textuellement : Prends-le donc comme Wakîl : ce qualificatif est aussi, comme nous venons de le voir, l’un des Noms de Dieu, Al-Wakîl qui signifie le Gérant, le Protecteur, Celui à qui l’on peut s’en remettre entièrement et confier l’ensemble de ses affaires.

Et Dieu nous dit encore dans le Coran :

« A Dieu remettez-vous en si vous êtes croyants ! » (Coran, 5, 23)

Et encore :

« Dieu aime certes ceux qui s’en remettent à Lui. » (Coran, 3, 159)

Notre Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dit : « Si vous vous en remettiez à Dieu comme il convient, Il assurerait votre subsistance comme il le fait avec l’oiseau : il part le matin

Page 16: Les sens ésoteriques des commandements de la tarika rahmaniya

le ventre creux, et il revient au soir le ventre plein. » (At-Tirmidhî) Observons que cet oiseau

s’est envolé en quête de subsistance.

Et notre Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dit : « De ma communauté, entreront soixante dix mille hommes sans jugement ni châtiment. » Le Prophète expliqua ensuite qui ils

étaient : « Ce sont ceux qui n’ont recours aux incantations ni pour leur compte ni pour le compte d’autrui, qui ne consultent pas les augures, et qui placent leur confiance en leur

Seigneur. » (Al-Bukhârî, Muslim)

‘Abdu -Llâh Ibn Mas‘ûd – que Dieu soit Satisfait de lui – a dit : « La considération et la richesse tournent en cercle en quête du tawakkul. Lorsque tous deux l’atteignent, ils en font leur séjour. »

Le tawakkul signifie que l’on s’en remet entièrement à Dieu, que l’on trouve par Lui la quiétude, et l’assurance d’obtenir tout ce qu’Il nous a garanti. Le tawakkul, c’est chasser de nos cœurs tout souci relatif aux choses de la vie et à nos moyens de subsistance. C’est avoir la

certitude que tout ce dont le serviteur a besoin, relativement à ce monde et à l’au-delà, Dieu le possède. Seul Il peut nous permettre d’en disposer, et nul autre que Lui n’a en son pouvoir de

nous en priver. C’est ôter de son cœur le désir, la crainte, la peur de tout ce qui n’est pas Dieu, - Exalté soit-Il.

C’est avoir la ferme certitude et c’est connaître avec sincérité que la Main de Dieu est tendue pour le bien des hommes et leur assure tout ce dont ils ont besoin. Aucun bien ne touche le serviteur, et il n’est soumis à aucune épreuve, sans que cela soit l’expression de la volonté de

Dieu.

Il peut être facile de prétendre verbalement que l’on s’en remet à Dieu. Il existe cependant des signes qui montrent que l’on a réellement atteint ce degré de foi.

Une sagesse traditionnelle affirme : « Le détachement du monde ne consiste pas à rendre illicite ce qui est licite, ou à gaspiller les biens, mais le détachement du monde, c’est de t’en remettre plus à ce que Dieu tient dans Sa Main qu’à ce que tes mains possèdent ; c’est aussi que ton état soit le même, qu’un malheur t’atteigne ou qu’il ne t’atteigne pas ! » Ce qui signifie

que celui qui s’en remet à Dieu ne s’appuie pas sur les biens dont il dispose en apparence, mais sur Dieu Seul qui possède toute chose. Il ne craint donc pas de donner, parce qu’il sait que la

compensation qui vient de Dieu lui suffira largement.

La vertu du tawakkul – le fait de s’en remettre entièrement à Dieu –, ne signifie pas, pour celui qui se confie à Dieu, qu’il va être à l’abri des épreuves. Des Prophètes – Dieu leur accorde la

paix – furent tués et subirent des persécutions, et pourtant, qui plus qu’eux avait confiance en Dieu ? Le Messager de Dieu (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dû fuir en compagnie d’Abû

Bakr dans la grotte. Ils s’y sont cachés. Pendant la bataille d’Uhud, le Prophète eut une dent brisée par les polythéistes, et son visage fut ensanglanté, et cependant, il s’en remettait

entièrement à Dieu.

S’en remettre à Dieu, s’est précisément comprendre que toute difficulté connaît une issue favorable pour celui qui se confie à Lui. Dieu dit dans le Coran : « Et celui qui s’en remet à Dieu,

Il lui suffit. Dieu atteint ce qu'Il Se propose, et Dieu a assigné une mesure à chaque chose.» (Coran, 65, 3)

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7 – Pense a ta mort, cette pensée est la base du renoncement.

La mort…c’est une réalité à laquelle aucun de nous ici présent ou ceux qui viendront aprés nous , ne vont échapper.

La mort ne fait aucune différence entre le grand, le petit, le riche, le pauvre, celui qui est âgé ou le jeune et elle ne fait pas de différence de race ; elle est donc une réalité qui touche chaque chose vivante sur cette planète.

Allah dit, en affirmant cette réalité :

« Chaque âme goûtera à la mort » [Sourate 3, verset 185]

Chaque âme sans exception ! Même les âmes qui sont les plus aimées d’Allah comme celles de Ses messagers, de Ses prophètes et de Ses bien-aimés (awliya), de Ses proches… personne n’a échappé à la mort.

Bien sûr, beaucoup aimeraient échapper à la mort mais ils n’en sont pas capables; ils aimeraient

donner tout ce qu’ils possèdent pour échapper à la mort ! Leur fortune… surtout les mécréants bien sûr, ceux qui sont coulés dans la vie d’ici- bas et même, et malheureusement certains musulmans qui sont coulés dans les tentations de ce bas monde et qui détestent le rappel de la mort, par peur, par dégoût de quitter les plaisirs dans lesquels ils sont coulés…

Allah parle de cela également dans le Coran, dans le verset où Il dit :

«Dis : La mort que vous fuyez va certes vous rencontrer. Ensuite, vous serez ramenés à Celui qui

connaît parfaitement le monde Invisible et le monde visible et qui vous informera alors de ce que vous faisiez »

[Sourate 62, verset 8]

Ce qui est sûr également, c’est qu’après la mort, il n’y a que deux destinations ! …soit

l’Enfer…soit le Paradis… Il n’y a pas d’autres destinations.

Allah , en citant les deux catégories de gens après la mort, dit :

« Une partie d’entre eux au Paradis et une autre partie en Enfer. »

Bien sûr, le billet du Paradis est beaucoup plus cher que celui de l’Enfer… Le billet du Paradis

s’achète très cher !

Comme dit le Prophète : « Le Paradis est recouvert de choses détestables, difficiles pour l’âme de les dominer et les surmonter dans l’obéissance à Allâh et l’Enfer est recouvert de palisirs

éphémeres , de jolies choses et de passions interdites. »

Page 18: Les sens ésoteriques des commandements de la tarika rahmaniya

La mort est un signe d’Allah .Et elle est aussi une preuve qu’il y a un Jugement par la suite par

rapport à ceux qui renient le Jour du Jugement dernier et qui renient qu’il y aura un jugement selon les actions de l’être humain.

Chaque personne a ce laps de temps qui lui est déterminé pour faire des bonnes actions ou des mauvaises, et ensuite Allah a désigné un terme à sa vie et il sera jugé selon ses bonnes ou ses mauvaises actions. Ce n’est pas un hasard et Allah a établit cette règle dans le Coran, et Il a dit :

« Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre[…] »

[Sourate 67, verset 2]

Nous voyons bien ici que la sagesse de cette mort est qu’Allah met une fin à cet examen qui est la vie, le temps qui est imparti à la personne, pour qu’Allah l’examine. Et ensuite, Il lui reprend son âme jusqu’au Jugement Dernier.

Le Prophète dit dans un hadith authentique :

« Si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et vous pleureriez beaucoup. »

Pourquoi ? Parce que le Prophète a une conviction forte (al yaqine) cette certitude de ce qui va après la mort et de ce qui attend la personne après sa mort, les étapes dans lesquelles elle va

passer, ces étapes qui font peur, et par lesquelles chaque personne va passer.

Bien sûr, on déteste se rappeler de la mort, beaucoup détestent se rappeler de la mort, car c’est ce qui va les faire détacher de leurs plaisirs. Et bien sûr la mort, comme on l’a dit, ne

frappe pas à la porte !

Elle peut survenir à n'importe quel moment, elle ne donne pas de signe, elle n’envoie pas une lettre pour dire « dans tant de temps je vais passer. Prépare- toi ! ». Non ! Elle passe de manière

subite sans prévenir ...

Un des compagnons disait :

« Je me suis préparé pour la mort depuis trente ans », et un autre disait de lui que si on lui avait

dit que la mort surviendrait le lendemain, il n’aurait pas pu faire plus que ce qu’il faisait le jour même. »

Cet homme là, il savait que la mort allait arriver et il dit que cela fait trente ans qu’il s’est préparé. Et si on lui disait que demain il mourrait, il ne pourrait pas ajouter d’actions à ce qu’il fait. Pourquoi ? Parce qu’il a cette certitude et il agit comme si demain la mort allait survenir.

Bien sûr, cela ne veut pas dire que la personne n’agit pas dans cette vie et aussi ne fait pas ce

qu’elle doit faire vis-à-vis de sa propre personne, de sa famille, comme travail et qu’elle ne peut pas avoir de moments de repos ou des moments de loisirs que l’Islam nous a permis d’avoir.

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Il faut se rappeler la mort pour s’encourager à faire de plus en plus d’actions. C’est quelque

chose qui motive, qui donne du dynamisme à la personne pour préparer la demeure de l’Au-delà.

Il convient à chacun d’entre nous de profiter de chaque instant de sa vie. Bien sûr, nous avons tous ce que l’on appelle « al-ghafla », l’insouciance, et des moments d’oubli qui nous touchent, cela fait partie de la nature humaine et c’est une miséricorde aussi d’Allâh comme l’on dit

certains savants. Car si nous devions toujours avoir la mort à l’esprit, on ne pourrait plus travailler, on ne pourrait plus faire beaucoup de choses de ce que l’on doit absolument faire.

C’est ce que l’on tire aussi du hadith qui rapporte une rencontre de Ha mbala avec Abou Bakr et qu’il lui a dit : « Hambala est devenu hypocrite » Et Abou Bakr , étonné, lui demanda : « Comment cela ? » Hambala répondit : « Voilà, lorsque l’on s’assied en face du Prophète , il nous

fait un rappel, une exhortation, c’est comme si on voyait le Paradis et l’Enfer de nos propres yeux, comme s’ils prenaient forme devant nos yeux. Mais ensuite, lorsque l’on rentre dans nos

familles avec nos épouses, nos enfants, on discute, on joue…et on oublie cela. » Abou Bakr dit : « Je ressens la même chose que toi. Allons voir le Prophète pour voir quel est le remède à cela.» Le Prophète , lorsqu’il entendit cela, dit : « Si vous restiez constamment dans cet état, les anges descendraient vous serrer les mains sur vos chemins. »

Il n’est pas possible, même pour quelqu’un comme Abou Bakr , qui est le meilleur homme après les Prophètes, de rester dans cet état. C’est donc quelque chose de naturel d’oublier et d’avoir des moments d’insouciance mais ce qui est grave, c’est que la personne soit dans un état d’inconscience et d’insouciance constantes, perpétuelles, un état qui n’a plus de limites et qui ne l’empêche pas de tomber dans ce qu’Allâh a interdit et d’accomplir ce qu’Allâh lui a rendu obligatoire.

Celui qui est raisonnable, c’est celui qui agit et qui exploite sa vie, qui vit chaque instant de sa vie pour construire son Au-delà. Et soyez sûr que chacun d’entre nous, le jour où l’on va trouver la mort, va dire comme Allâh a dit dans le Coran : « Seigneur, remets -moi sur terre. » chacun d’entre nous voudra revenir et regrettera ce qu’il aura perdu comme temps, mais il sera trop

tard. Bien que l’on sache cela, beaucoup d’entre nous ne se préparent pas à ce moment comme il le faut. Un des compagnos du prophéte disait :

« Il y a trois bienfaits que la personne tire du rappel de la mort. Le premier de ces bienfaits est

un repentir direct. Il ne le reporte pas car il sait qu’il peut mourir avant. Le deuxième bienfait est le contentement du coeur. Il est satisfait de ce qu’Allâh lui a donné comme bienfaits dans

ce bas monde et il ne cherche pas par tous les moyens, en y passant tout son temps, à rassembler l’argent et les bienfaits. Le troisième bienfait est l’ardeur dans l’adoration.

La personne qui oublie la mort est punie par cet oubli en trois choses. La première de ces

choses est de reporter le repentir à plus tard. La deuxième de ces choses est le non contentement, on dirait qu’il va vivre 1000 ans sur terre et qu’il aura toujours la santé et la

force pour profiter des bienfaits alors il rassemble le plus possible. Alors il va mettre toute son énergie dans le fait de rassembler des bienfaits et de l’argent. La troisième punition est la

fainéantise dans l’adoration. La faiblesse de la conviction de la mort ne pousse pas la personne

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à travailler ; cela est conjugué avec cette espérance de se dire que, plus tard, on aura une plus

grande conviction pour faire plus de choses. »

Un des compagnos du prophéte a dit par rapport à la mort

« Quand ta mère t’a mis au monde, tu pleurais et les gens qui étaient autour de toi riaient de joie, alors agis pour un jour, celui de ta mort, où tu seras joyeux et les gens autour de toi pleureront. »

Un autre disait :

« Pleure sur toi-même avant qu’on ne pleure sur toi et porte ton âme à l’adoration avant qu’on

ne te porte sur les épaules et juge-toi toi-même avant que tu ne sois jugé par Allâh , car lorsque tu seras dans la tombe, tu seras laissé seul et tu seras otage de tes actions.»

Un autre encore disait :

« Aucun serviteur ne multiplie le rappel de la mort sans que cela ne se voit dans ses actions. »

La tombe est la deuxième demeure de chacun d’entre nous, on en est sûr. Mais malgré tout, pour se construire une demeure dans ce bas monde, on fait tout ce qui est dans nos moyens, mais malheureusement, on ne prend pas beaucoup d’économies pour construire la demeure de l’Au-delà, pour construire la demeure de la tombe. La tombe, c’est la première demeure de

l’Au-delà en attendant d’être jugé par Allâh et de rentrer au Paradis ou en Enfer. Donc, il faut penser à faire des économies pour construire cette demeure.

Un des compagnos du prophéte disait à ce propos :

« Je n’ai pas vu une certitude qui ressemble plus au doute que la certitude des gens par rapport

à la mort à cause de leur insouciance à son égard. Et je n’ai pas vu de sincérité qui ressemble plus à du mensonge que la parole des gens Nous voulons le Paradis ! avec le peu d’actions qu’ils

font pour l’obtenir.»

Un des compagnos du prophéte a écrit une poésie :

« Malheur à moi, car je ne sais pas quel jour sera le dernier de ma vie ni dans quel pays mon

âme sera reprise et je ne sais pas dans quel pays sera creusé ma tombe. »

Et il y a mieux que la parole du poète, c’est la parole du Prophète :

« Multipliez le rappel de celle qui brise les plaisirs et les délices de cette vie d’ici bas, la mort. »

Sadek kHEDDACHE

CHERCHEUR EN SOCIOLOGIE ET SCIENCES ISLAMIQUES .