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1 Intervention d’Alfredo Pérez Rubalcaba à l’occasion de l’acte de proclamation comme candidat du PSOE Palacio Municipal de Congresos de Madrid 9 juillet 2011 Je n’aurais jamais imaginé qu’il y avait tant de R dans le dictionnaire, autant de mots qui commencent par la lettre R (il fait référence à la vidéo qui a été diffusée préalablement et dans laquelle on utilise plusieurs mots commençant par la lettre R pour le définir). Je dois dire que je ne suis pas certain que certains de ces mots puissent définir mon état d’âme aujourd’hui. Par exemple, le terme “relajado” (détendu). Non, je ne suis pas détendu. J’ai regretté de ne pas voir un mot commençant par R, très important et qui m’a séparé de José Luis [Rodríguez Zapatero] pratiquement tous les weekends de ces huit dernières années : « realmadridista » (supporter du Real Madrid). Mais je vois que cela a changé, parce que quand je faisais ces affirmations auparavant, avant de me présenter comme candidat, les opinions étaient divisées. Aujourd’hui, ce n’est pas mal. Merci infiniment. Merci beaucoup de tout cœur. Vous pourrez probablement imaginer facilement que, lorsque je suis monté à cette tribune, j’ai pensé au jour où je suis entré dans ce parti et j’ai pensé que la dernière chose que je pouvais m’imaginer alors, c’est qu’un jour vous me choisiriez comme candidat à la présidence du gouvernement. Cela ne m’était pas passé à l’esprit. Par conséquent, je dois vous remercier de tout cœur. Merci pour votre confiance, merci. C’est une grande responsabilité, mais je suis fier, je suis content et surtout j’ai confiance. Savezvous pourquoi ? Parce que je ne me sens pas seul. Je vous vois ici, j’apprécie votre soutien et surtout j’apprécie le soutien des millions d’Espagnols qui nous ont accompagnés pendant très longtemps, pendant de nombreuses années dans cette démocratie. Des millions d’Espagnols… Et c’est pour cette raison que j’ai confiance, que je suis tranquille et bien entendu fier. Je me souvenais du jour où je suis entré en politique. Je suis entré en politique avec beaucoup d’entre vous pour lutter pour la liberté et pour la démocratie. C’était une époque difficile. Il y avait une dictature cruelle, impitoyable. Je sais qu’il y a aujourd’hui des gens qui le nient, mais c’était pourtant la réalité de l’époque. Une dictature cruelle et impitoyable. C’est à cette époque que j’ai appris, je m’en souviens, je ne l’ai jamais oublié, que la démocratie a un maître, elle a des maîtres qui sont les citoyens. Ce sont eux, les citoyens, qui sont les maîtres de la démocratie.

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Intervención Alfredo Pérez Rubalcaba en el acto de proclamación como candidato del PSOE 090711_FR

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Intervention d’Alfredo Pérez Rubalcaba à l’occasion de l’acte de proclamation comme 

candidat du PSOE 

Palacio Municipal de Congresos de Madrid ‐ 9 juillet 2011 

 

Je n’aurais  jamais  imaginé qu’il y avait tant de R dans  le dictionnaire, autant de mots qui  commencent  par  la  lettre  R  (il  fait  référence  à  la  vidéo  qui  a  été  diffusée préalablement et dans  laquelle on utilise plusieurs mots commençant par  la  lettre R pour  le  définir).  Je  dois  dire  que  je  ne  suis  pas  certain  que  certains  de  ces mots puissent  définir  mon  état  d’âme  aujourd’hui.  Par  exemple,  le  terme  “relajado” (détendu).  Non,  je  ne  suis  pas  détendu.  J’ai  regretté  de  ne  pas  voir  un  mot commençant par R, très important et qui m’a séparé de José Luis [Rodríguez Zapatero] pratiquement  tous  les week‐ends  de  ces  huit  dernières  années :  « realmadridista »  (supporter du Real Madrid). Mais je vois que cela a changé, parce que quand je faisais ces  affirmations  auparavant,  avant  de me  présenter  comme  candidat,  les  opinions étaient divisées. Aujourd’hui, ce n’est pas mal.  

Merci infiniment. Merci beaucoup de tout cœur. Vous pourrez probablement imaginer facilement que, lorsque je suis monté à cette tribune, j’ai pensé au jour où je suis entré dans ce parti et j’ai pensé que la dernière chose que je pouvais m’imaginer alors, c’est qu’un jour vous me choisiriez comme candidat à la présidence du gouvernement. Cela ne m’était pas passé à  l’esprit. Par conséquent,  je dois vous remercier de tout cœur. Merci pour votre confiance, merci.   

C’est  une  grande  responsabilité,  mais  je  suis  fier,  je  suis  content  et  surtout  j’ai confiance. Savez‐vous pourquoi ? Parce que  je ne me  sens pas  seul.  Je vous vois  ici, j’apprécie votre  soutien et  surtout  j’apprécie  le  soutien des millions d’Espagnols qui nous ont accompagnés pendant très longtemps, pendant de nombreuses années dans cette  démocratie.  Des  millions  d’Espagnols…  Et  c’est  pour  cette  raison  que  j’ai confiance, que je suis tranquille et bien entendu fier.  

Je me souvenais du  jour où  je suis entré en politique. Je suis entré en politique avec beaucoup d’entre vous pour lutter pour la liberté et pour la démocratie. C’était une époque  difficile.  Il  y  avait  une  dictature  cruelle,  impitoyable.  Je  sais  qu’il  y  a aujourd’hui des gens qui  le nient, mais c’était pourtant  la  réalité de  l’époque. Une dictature  cruelle  et  impitoyable.  C’est  à  cette  époque  que  j’ai  appris,  je  m’en souviens,  je ne  l’ai  jamais oublié, que  la démocratie a un maître, elle a des maîtres qui sont les citoyens. Ce sont eux, les citoyens, qui sont les maîtres de la démocratie. 

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Et  je n’ai jamais oublié cela.    

Je me suis engagé vis‐à‐vis de  la vie politique,  je suis entré en politique, parce que  je voulais  être  utile  aux  citoyens.  Probablement,  une  trajectoire  comme  la mienne  a comporté des erreurs et des réussites. Mais  il y a une chose que personne ne pourra jamais me reprocher. Il y une chose dont je suis absolument sûr : je n’ai jamais renoncé à  affronter  les  défis.  Je  n’ai  jamais  reculé  devant  aucun  problème,  jamais.  C’est quelque chose dont je suis absolument sûr.  

C’est pour cette raison que  je suis  ici. C’est précisément pour cette raison que  je suis ici, parce que l’Espagne traverse un moment difficile où l’attentisme, l’irresponsabilité et l’opportunisme n’ont pas leur place. L’Espagne vit un moment difficile qui exige de grands compromis. Et c’est pour cette  raison que  je suis  ici.  Je suis  ici parce que  j’ai décidé, avec votre soutien, de m’engager, parce que  je suis certain que  je peux être utile à mon pays. C’est pour cette raison que je suis ici. Je peux être utile à mon pays. C’est un moment d’engagement vis‐à‐vis de vous tous.  

Dès maintenant,  je  vais  vous dire  comment  je  veux  faire  les  choses,  comment nous devons faire les choses. Nous devons être ambitieux dans nos aspirations et réalistes dans nos propositions. C’est ainsi que nous devons être. Ambitieux, très ambitieux et réalistes.  C’est  ainsi  que  nous  devons  être.  Nous  devons  être  une  chose  très importante, et  ceux qui me  connaissent  savent à quel point  cela  correspond à ma personnalité, et c’est que nous ne pouvons pas promettre ce que nous ne pouvons pas  accomplir.  Vous  ne m’entendrez  jamais m’engager  sur  quelque  chose  que  je pense  ne  pas  être  capable  de  réaliser.  Donc  ambitieux  et  réalistes.  Voilà  ma proposition. 

Et permettez‐moi de parler un peu du Parti  socialiste. Avez‐vous  remarqué que, en Espagne, aucun politicien ne se définit comme un politicien de droite ? Non, il n’y en a aucun. Ça n’existe pas. Même ceux qui se situent à la droite de la droite ne disent pas qu’ils sont de droite. Et bien, cela aussi me distingue d’eux. J’ai été fier, tous les jours de ma vie, de m’appeler socialiste. Fier.  

Fier  d’appartenir  aux  gouvernements  de  Felipe  González  et  José  Luis  Rodríguez Zapatero. Aujourd’hui, je veux les remercier tous les deux publiquement. J’ai beaucoup appris d’eux. Ces deux hommes se sont engagés comme personne pour l’Espagne. J’ai appris que, lorsque l’on est confronté aux difficultés, il ne fallait pas reculer. J’ai appris, je  les ai vus y  laisser  leur peau, s’engager  lorsque d’autres se cachaient,  lever  la tête lorsque d’autres tentaient de tirer avantage de la situation. Je les ai vus.  

Je vais vous raconter une chose. Je n’ai pas  l’habitude de raconter mes conversations avec José Luis. Je ne fais pas cela ! Il y a des personnes qui vont à  la Moncloa et, dès qu’elles en sortent, quand elles s’engagent sur la route de retour, elles commencent à rapporter leurs conversations. Moi pas. Cela n’a jamais été ma façon d’être. Mais c’est vrai que l’on a écrit et raconté beaucoup de choses sur la nuit du 9 mai et je vais vous raconter ma  version.  J’ai parlé  avec  lui  cette nuit‐là,  à de nombreuses  reprises. À 

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aucun moment, il ne me parla de votes. À aucun moment, il ne me parla de son futur politique, ni même du PSOE. Jamais ! Savez‐vous de quoi il me parlait sans relâche ? « Nous ne pouvons pas  subir  ce qui  subit actuellement  la Grèce. Parce que  si  cela nous  arrive,  des  générations  et  des  générations  d’Espagnols  vont  souffrir les conséquences ». C’est de cela qu’il me parlait. Sans relâche. Cela a été une nuit très difficile. Et d’ici, je souhaite te remercier, José Luis. Merci pour tout.  

C’est  peut  être  aussi  un  bon  moment  pour  dire  quelque  chose  que  vous  m’avez m’entendu dire à de nombreuses reprises : notre ennemi n’est pas le Parti populaire, ni  la droite, non. Le Parti populaire est notre adversaire. Nos ennemis, ceux d’hier, ceux  d’aujourd’hui  et  ceux  de  toujours  sont  la  peur,  l’insécurité,  l’injustice, l’intolérance  l’inégalité… voilà nos ennemis. Et ces ennemis nous  les avons toujours affrontés en restant fidèles à nos qualités : en tant qu’alliés du progrès et   alliés du changement.  Je  vais  vous  donner  un  exemple.  Nous  avons  gouverné  pendant longtemps  dans  notre  démocratie.  Pratiquement  deux  tiers  de  la  période démocratique ont connu des gouvernements socialistes. Nous avons fait beaucoup de choses et nous avons appris une leçon fondamentale : on ne termine jamais le travail, on ne peut pas s’estimer satisfait, il reste toujours des choses à faire.  

Je vais vous parler de quelque chose, de  la  lutte des femmes pour conquérir  l’égalité vis‐à‐vis des hommes. De cette lutte qu’elles ont entamée il y a des dizaines d’années, seules. Par  la  suite, nous  les avons accompagnées. C’est  seulement au  cours de  ces huit dernières années que nous avons  fait de cette  lutte une politique centrale du gouvernement socialiste et nous avons énormément progressé. Mais comme je vous le disais, il reste beaucoup à faire, énormément et cela se comprend facilement. On ne peut pas  corriger en  sept ans  l’injustice de plusieurs  siècles,  c’est  impossible.  Il reste  énormément  de  travail  à  faire  en matière  d’égalité. Mais  nous  l’avons  fait. Savez‐vous pourquoi nous l’avons fait? Nous l’avons fait parce que nous tenons à trois principes essentiels ou trois règles de jeux, trois marques d’identité : les principes que nous avons  toujours maintenus ; notre capacité à nous adapter aux changements,  la transformation  et  une  chose  très  importante,  notre  capacité  à  proposer  un  projet majoritaire à l’ensemble des citoyens, un projet majoritaire.  

Pour cette raison,  les principes,  les changements et  le projet majoritaire ont été nos marques  d’identité.  Et  je  vous  propose  que  ces  éléments  continuent  à  être  nos marques d’identité. Les trois éléments : les principes, le changement et le projet pour la majorité des Espagnols.   

Aujourd’hui plus que  jamais, parce que  les changements sont maintenant vertigineux et  il  ne  s’agit  pas  de  s’adapter  au  changement  sans  plus.  Il  s’agit  de  vivre  le changement. L’avenir n’est plus quelque chose qui va arriver, c’est quelque chose que l’on doit conquérir. Voilà la différence. Du reste, je vous dirai que nous devons faire un effort gigantesque. Nous devons récupérer le prestige du changement, du futur. Nous devons  rendre  à  l’avenir  le  prestige  qu’il  a  perdu.  Et  pour  les  progressistes,  c’est énorme. Nous devons récupérer le prestige du futur. C’est très important, nous devons 

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nous  adapter  aux  changements  sur  la  base  de  nos  principes.  Parce  qu’il  y  a  une économie  2.0,  une  communication  2.0,  mais  il  n’y  a  pas  une  liberté  2.0,  ni  une justice2.0, ni une égalité 2.0. Sur la base de nos principes.      

Nous  devons  changer  et  nous  ne  devons  guère  regarder  en  arrière.  Certaines personnes  pensent  que  la  solution  à  nos  problèmes  se  trouve  derrière  nous.  Pas nous. Les solutions aux nouveaux problèmes, nous ne les trouverons même pas dans ce  que  nous  avons  accompli  nous‐mêmes.  Si,  comme  certains  le  pensent,  nous cherchons les solutions de la crise dix années en arrière, nous ne trouverons pas les solutions  de  la  crise.  Savez‐vous  ce  que  nous  trouverons ?  Nous  allons  trouver l’origine  de  la  crise.  Exactement,  l’origine  de  la  crise.  Il  ne  faut  pas  regarder  en arrière.  

Nous sommes un parti qui a toujours refusé de penser que toute époque révolue était meilleure. Mais nous  sommes bien plus que  cela. Nous  sommes un parti de  l’effort, nous savons que les choses se conquièrent avec des efforts. Entre autres choses, parce que, jamais, à aucun moment dans notre histoire, on ne nous a offert quoi que ce soit. Nous sommes un parti de l’effort et nous devons être fiers d’être le parti de l’effort.  

Nous  sommes un parti des droits. Des droits, oui, mais  aussi des obligations et des responsabilités. C’est  ça  le Parti  socialiste. Pour  cette  raison, nous devons défendre ceux qui progressent grâce à  leurs efforts et nous ne devons pas défendre ceux qui progressent en commettant des fraudes, en trompant ou en spéculant. Ceux‐là ne sont pas nos alliés.  

Je vais vous dire autre chose, et ceux qui me connaissent savent bien qu’il s’agit d’une caractéristique qui m’est propre. Il y a une attitude, une manière de se comporter qui est,  je  crois,  indissociable  de  la  vie  d’un  socialiste  et  c’est  l’austérité,  publique  et privée. L’austérité. Il s’agit d’un problème de cohérence. Je vais vous demander d’être austères. Plus que cela, je vais vous l’exiger. Je vais vous exiger l’austérité dans nos comportements,  dans  les  comportements  publics  et  les  comportements  privés. Savez‐vous pourquoi ? Parce je pense, depuis longtemps, que si on ne vit pas comme on pense, on finit par penser comme on vit.  

J’ai  commencé  à  réaffirmer  mes  valeurs  démocratiques,  les  vôtres,  les  valeurs partagées… Et  je ne  l’ai pas fait par hasard. Je  l’ai fait parce que nous traversons une période pendant laquelle certaines personnes doutent raisonnablement que les votes soient plus  importants que  les marchés. Certaines personnes mettent en doute cette pensée de base dans notre démocratie. Certaines personnes pensent que la politique a perdu  la bataille.  Il y en a qui pensent que  les marchés sont  les maîtres et seront toujours  les maîtres et nous devons commencer ce discours par  là. Parce que si  les marchés ont dominé, c’est du fait que quelqu’un, depuis la sphère politique, a décidé de  les  laisser  dominer.  Et  ce  qui  est  décidé  depuis  la  sphère  politique  se  corrige depuis  la  sphère  politique.  Par  conséquent,  nous  devons  commencer  par  affirmer que beaucoup de problèmes que  connaissent  actuellement  l’Espagne  et  le monde sont  des  problèmes  politiques.  Et  que  c’est  la  politique  qui  doit  les  résoudre, 

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toujours la politique.  

C’est la politique qui doit se charger de rompre cet axiome, pratiquement irréductible, selon lequel les bénéfices sont invariablement destinés à quelques uns et les pertes à la  majorité.  C’est  la  politique  qui  doit  rompre  ce  principe.  C’est  vrai  que  c’est compliqué dans un monde comme celui où nous nous  trouvons, avec  les problèmes auxquels nous sommes confrontés, d’aborder ces problèmes politiques depuis un seul pays.  C’est  extrêmement  compliqué.  Il  faut  le  faire  avec  beaucoup  d’autres.  En coordonnant, en travaillant, en faisant de  la politique… toujours de  la politique, avec beaucoup d’autres.  

Je vous donnerai un exemple. Un exemple que j’ai constaté en particulier pendant les cinq années que j’ai passées au ministère de l’Intérieur. Je vais vous parler des paradis fiscaux. Je sais qu’ils sont horribles. Je sais que vous savez tous ce que je savais lorsque je suis arrivé au ministère de l’Intérieur : dans les paradis fiscaux, il y a des lieux où l’on conserve    ‘le pognon’ pour ne pas payer  les  impôts. Mais cela va beaucoup plus  loin, c’est  là  que  se  trouve  l’argent  de  la  drogue,  c’est  là  que  se  trouve  l’argent  de  la corruption,  c’est  là que  se  trouve  l’argent du  trafic des personnes. C’est  intolérable, c’est indécent, c’est absolument immoral que le monde vive avec des paradis fiscaux. Absolument  immoral.  Je  crois  qu’ils  vont  disparaître.  Je  ne  crois  pas  que  le monde puisse  subsister  pendant  beaucoup  plus  longtemps  avec  autant  d’indignité.  Je  crois qu’ils  vont  disparaître.  Mais  pour  en  terminer  avec  les  paradis  fiscaux,  nous  ne pouvons pas agir depuis un seul pays. Nous ne pouvons pas  le faire depuis  l’Espagne, quelle que soit  la volonté que nous y mettions. Nous devons nous unir. Nous devons faire de la politique.  

Nous devons nous unir. Et savez‐vous où notre union est  la plus forte ? En Europe. Je ne peux pas imaginer qu’il y ait des personnes qui tentent de résoudre les problèmes du monde  et  qui  disent  que  l’Europe  ne  sert  à  rien. Des  gens  qui  veulent  « moins d’Europe ». Tandis que c’est l’inverse, l’Europe nous donne de la force. L’Europe nous permet de nous présenter dans le monde avec force, avec nos principes. Nous faisons référence  à  la  nécessité  d’instaurer  une  taxe  sur  les  transactions  financières. Naturellement qu’il faut avoir cette taxe, en solidarité avec les pays plus pauvres. Nous le demandons depuis  longtemps déjà. Mais savez‐vous ce que  je vous dis ? Que pour que l’Europe réclame cette taxe dans le monde, elle doit d’abord l’imposer en Europe. Établissons  cette  taxe  des  transactions  en  Europe  et,  depuis  la  force  européenne, exigeons‐la au monde. Comme je vous le dis, cessons de nous plaindre des agences de classification américaines et créons des agences européennes. Créons des obligations européennes.  

Faisons cela pour nous défendre, pour défendre les pays qui sont attaqués jour après jour par les spéculateurs en termes de dette souveraine. Nous devons construire aussi plus d’Europe.   

En résumé, j’essaye de structurer mon discours sur trois axes. Les problèmes sont de très  grande  envergure,  ils  sont  globaux, mais  en  aucun  cas  nous  ne  pouvons  les 

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aborder avec moins de démocratie, plutôt à  l’inverse, avec plus de démocratie. En aucun  cas nous ne pourrons aborder  les problèmes avec moins de politique, mais avec plus de politique. En aucun cas avec moins d’Europe, mais avec plus d’Europe. C’est ce que j’essaie de vous dire dès le début : plus de démocratie, plus de politique, plus d’Europe.  

Quand on se présente à  la présidence du gouvernement en  tant que candidat,  il est logique de parler dans ce premier discours de ce que les citoyens exigent de nous, de ce  qu’ils  attendent  de  nous.  Et  je  crois  qu’ils  nous  demandent  quatre  choses.  La première  est  que  nous  les  écoutions,  que  nous  écoutions  leurs  demandes.  La deuxième, que nous identifions leurs problèmes. La troisième que nous proposions des solutions. Et finalement, que nous mettions fin à leurs problèmes. C’est à la fois aussi simple et aussi compliqué que cela. Tout cela, nous devons le faire en étant ambitieux et réalistes. Ambitieux dans nos explications et réalistes dans nos propositions.  

En résumé, nous devons répondre aux questions relatives aux problèmes des citoyens, relatives à nos propositions et, finalement, nous devons dire ce que nous voulons faire avec l’Espagne. À quoi doit ressembler l’Espagne de 2016. Quels changements voulons‐ nous  voir  dans  l’Espagne  de  la  prochaine  législature.  C’est  cette  réponse  que  nous devons apporter dans un acte de campagne comme celui‐ci. Et je vais vous  la donner de manière très succincte.    

Je  vais  vous  proposer  quatre  aspirations. Quatre  propositions,  quatre  compromis, quatre  objectifs.  Premièrement,  ce  qui  est  urgent,  c’est  la  création  d’emploi. Deuxièmement  ce  qui  est  important,  c’est  assainir  l’économie  et  la  rendre  compétitive.  Troisièmement,  notre  choix :  l’égalité  des  opportunités.  Et quatrièmement,  ce  qu’on  nous  demande,  le  changement  dans  la  politique  et  la démocratie. Ce sont là les quatre objectifs. Les quatre aspirations. Et je vous le dis, ce sont  des  aspirations  ambitieuses. Mais  il  y  aura  des  propositions  concrètes,  des solutions concrètes.  

C’est dans ce sens que nous allons  travailler dès maintenant et  jusqu’au moment où nous nous présenterons aux élections. C’est dans ce sens que nous allons faire notre Conférence politique et notre programme électoral. Des aspirations et des  solutions concrètes.  

Permettez‐moi de consacrer un moment de mon discours à ces quatre objectifs. Je vais commencer par parler de  l’emploi. Vous savez  tous que  la crise est globale. Mais en Espagne,  il  existe  des  faits  différentiels.  Je  vais  vous  parler  de  l’un  d’eux.  La  bulle immobilière.  Il  faut  que  je  vous  parle  une  minute  de  la  bulle,  parce  que  c’est effectivement un  fait différentiel qui  s’étend  sur de nombreuses années, plus de dix ans. Nous  avons  construit des  logements et des  logements  à un  rythme  frénétique, totalement  déséquilibré.  Les  entreprises  se  sont  endettées  pour  construire  des maisons. Les  familles  se  sont endettées pour acheter des maisons et  les banques  se sont  endettées  pour  octroyer  des  prêts  et  des  hypothèques  aux  familles  et  aux entreprises. Nous avons  fait cela pendant dix ans. Et ensuite une crise  financière est 

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survenue et, si vous me permettez cette expression, elle nous a surpris avec  la dette jusqu’au  cou.  C’est  cette  dette‐là  que  nous  devons  payer.  Et  c’est  ainsi  qu’il  faut l’expliquer aux Espagnols. Nous devons payer cette dette.  

Je  vais  vous  l’expliquer  en  d’autres  termes.  Les  logements  ont  absorbé  en  Espagne près de 9% du produit intérieur brut. Dans une économie saine, les logements doivent représenter 4 % voire 4,5%. On a donc dépassé ce taux de 5% par rapport au PIB. Et maintenant il faut combler ces 5 % de croissance en faisant d’autres choses. Et je vais vous le dire d’une troisième manière.  

Nous n’allons pas récupérer deux millions d’emplois dans les logements. Même si la construction  reprend, et elle  le  fera  lorsque  le  flux des  crédits  reprendra, nous ne pourrons pas faire des  logements au point de récupérer ces 2 millions de postes de travail. Cela signifie que nous devons chercher ces postes de travail ailleurs. C’est là l’essence de ce que nous devons proposer aux gens. Nous devons avoir des nouvelles entreprises qui créent des nouveaux emplois dans une nouvelle économie, parce que c’est là l’essence de notre programme et parce que nous devons combler ces 5 points de notre PIB.  

Voilà donc la perspective. Il est vrai que les logements et la crise dans d’autres secteurs nous ont conduits à une conséquence dramatique, à savoir  les millions de chômeurs, les  personnes  en  chair  et  en  os,  avec  leurs  prénoms  et  leurs  noms  de  famille. Des personnes qui ont perdu  leur emploi et, par  conséquent,  le bien être, mais qui ont perdu  beaucoup  plus :  l’estime  personnelle,  la  confiance  dans  l’avenir…  parce  que quand on n’a pas d’emploi, on n’est sûr de rien.  

Ces  jours‐ci, on dit que nous nous trouvons  face à une génération de personnes qui, pour  la  première  fois,  vont  vivre  dans  des  conditions  plus  défavorables  que  celles qu’ont connues  leurs parents. Et c’est vrai. Mais on dit encore quelque chose de plus grave : que les parents pensent la même chose ; que la génération de leurs enfants va vivre  dans  des  conditions  plus  mauvaises.  Et  cela,  si  vous  le  voulez,  c’est  plus dramatique et, pour cela, nous ne pouvons pas nous résigner face à cette situation. Je sais que pour qu’il y ait de l’emploi, il doit y avoir une économie saine et compétitive. Ça  je  le sais déjà. Mais ce que  j’essaie de vous dire, c’est que nous ne pouvons pas attendre    que  cette  économie  saine  et  compétitive  atteigne  son  plein  rendement pour chercher des  formules de création d’emploi. Que nous devons aller plus vite. Que nous ne pouvons pas supporter ce parallélisme entre  la croissance et  l’emploi. Que nous devons avancer plus vite parce que l’emploi est une urgence, une nécessité vitale  pour  beaucoup  d’Espagnols.  La  question  est  la  suivante :  pouvons  nous  le faire ? Et moi  je vous dis que oui. Nous pouvons mobiliser, naturellement  le secteur public,  mais  aussi  le  secteur  privé.  Nous  pouvons  surmonter  les  obstacles.  Nous pouvons unir les volontés. Bien entendu ! Nous pouvons chercher une voie rapide pour la création d’emploi. Et  la question n’a pas  trait uniquement à ce que nous pouvons faire, la question que l’on me pose, continuellement, c’est de savoir si nous aurons de l’argent. Parce que  c’est  là  le quid de  la question. Et  je  vous dis que oui, que nous 

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aurons de l’argent. Je vais vous donner un exemple très simple pour vous indiquer où il faut le chercher. Tous le monde va comprendre.    

Nous  effectuons  actuellement  une  restructuration  des  caisses  d’épargne  et  des banques. Le moment arrivera bientôt, où  il faudra demander aux caisses d’épargne et aux banques de consacrer une partie de leurs bénéfices à la création d’emploi. Et nous le ferons et nous pouvons le faire.  

Il est vrai que l’Espagne a perdu des emplois et les a perdus pour d’autres raisons. Elle a perdu des emplois notamment parce que notre régime de travail impose de manière quasiment dramatique aux entreprises que la régulation, lorsque les choses vont mal, soit  réalisée moyennant  des  licenciements  et  cela  ne  peut  pas  continuer  de  cette façon. Nous avons aussi un système économique qui admet, comme si de rien n’était, qu’il  n’est  pas  possible  de  créer  de  l’emploi  avant  d’atteindre  une  croissance  de l’économie  de  l’ordre  de2%  et  cela  ne  peut  pas  continuer  de  cette  façon.  Par conséquent, il fallait changer les choses. 

C’est  là  le  sens  de  la  réforme  du  travail,  c’est  pour  cette  raison  que  nous  l’avons élaborée. Nous avons mis en œuvre  la réforme du travail pour renforcer  l’embauche par  rapport aux  licenciements, pour  flexibiliser  les entreprises de  façon à ce qu’elles puissent se défendre, mieux s’organiser face aux changements qui se produisent tous les jours. Mais nous ne pouvons pas en rester là. Nous devrons certainement proposer de nouvelles réformes. Moi j’aime le contrat à temps partiel, je crois que nous devons le  promouvoir.  Nous  l’avons  fait, mais  il  faut  avancer  davantage.    Je  pense  que  la formule qui nous permettra d’avancer d’avantage consiste à chercher un accord entre les entrepreneurs et les travailleurs. Un accord, en vertu duquel, nous donnons plus de flexibilité  à  ce  contrat  comme  l’exigent  les  entrepreneurs  et  nous  donnons  plus  de sécurité  comme  l’exigent  les  travailleurs.  Par  exemple,  savez  vous  comment ?  En améliorant  leur système de pension. Cela peut être  fait et nous pouvons continuer à améliorer l’embauche à temps partiel.  

Nous  avons  appris  une  chose  lors  de  ces  années  de  démocratie.  Une  chose  très importante.  Que  la  concertation  est  toujours meilleure  que  la  confrontation.  Très important.  Je  regarde  Pepe  Griñán,    parce  qu’il  me  l’a  dit  à  de  très  nombreuses reprises  et  je  regarde  Valeriano  parce  qu’il me  l’a  dit  aussi  à  de  très  nombreuses reprises : « la concertation, toujours ». La concertation pour beaucoup de choses – j’en ai  formulé  l’une  ou  l’autre  –  par  exemple  pour  une  des  choses  dont  on  parle actuellement et sur lesquelles je voudrais préciser ma position. La concertation pour le dialogue et  le consensus en vertu desquels  la modification des revenus salariaux des travailleurs  et  des  bénéfices  des  entrepreneurs  suive  des  voies  parallèles  et  soit convenue  en  fonction  d’objectifs  partagés.  Voilà ma  proposition,  se  concerter  pour qu’il y ait un pacte de salaire avec des objectifs partagés. Cela renforce les entreprises.  

Dialoguer et arriver à des consensus, pourquoi. Et bien, par exemple, pour voir si nous sommes capables d’en finir avec cet écart salarial qui existe entre  les hommes et  les femmes  dans  notre  système  de  production. Mais  que  nous  arrive‐t‐il ?  C’est  aussi 

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simple  et  probablement  aussi  complexe  que  l’application  au marché  du  travail,  au système productif, d’un principe que nous avons défendu dans d’autres domaines de la vie, celui du travail égal, salaire égal. Aussi simple et aussi compliqué que cela.  

Je  disais  qu’il  nous  reste  beaucoup  de  choses  à  faire. Nous  avons  réalisé  un  effort énorme pour protéger les chômeurs, un énorme effort. Nous devons maintenant faire un effort pour les aider à trouver du travail, pour les inciter à trouver du travail. Deux groupes me préoccupent, certains d’entre vous auront entendu mes vues sur cela,  le groupe  des  jeunes  qui  ont  abandonné  le  système  éducatif  sans  avoir  terminé  leurs études, attirés par la construction, par les logements, par l’argent qui à cette époque‐là était  facilement  gagné… et  aujourd’hui  ils  sont  sans  travail et  sans  formation. Ce groupe me  préoccupe.  Et  nous  ne  pouvons  pas  oublier  ce  groupe  qui  intègre  des centaines de milliers de jeunes. Pour eux, il faut concevoir des programmes spécifiques qui combinent  les deux choses dont nous avons besoin :  la  formation et  le  travail.  Il faut les former pendant qu’ils travaillent, c’est ce que l’on appelle la formation double et nous savons la mettre en œuvre  

Un deuxième groupe me préoccupe et  il se situe pratiquement à  l’opposé et c’est  le groupe de  ceux qui  ce  sont  formés, de  ceux qui ont des diplômes, de  ceux qui ont étudié et qui maintenant ne trouvent pas de travail. Pour ce groupe, nous devons faire un effort  supplémentaire,  il  faut  leur donner une première opportunité, un premier emploi, parce que nous savons que, quand on entre dans  le marché de  travail, c’est beaucoup plus facile d’y rester.   

Ce sont les deux groupes pour lesquels je réclamais précédemment un effort de la part des banques et des caisses d’épargne, pour cela notamment, parce qu’il est vrai que les bénéfices des banques et des caisses d’épargne peuvent se consacrer en partie à ces groupes. Parce que  les banques et  les caisses d’épargne peuvent  le  faire… et  les jeunes ne peuvent pas attendre. C’est cela la réalité.  

Mais  je  disais  auparavant  et,  c’est  vrai,  que  la  création  d’emploi  de  façon  stable requiert une économie saine et une économie compétitive. Nous sommes en train de croître, encore légèrement, mais notre croissance augmentera et le moment arrivera où nous commencerons à envisager des politiques de redistribution afin que ceux qui se sont  le plus sacrifiés  lors de  la crise puissent voir  leur sacrifice récompensé. Je  le dirai  d’une  autre  façon :  pour  que  ceux  qui  n’ont  pas  souffert  pendant  la  crise collaborent de façon à ce que nous puissions tous sortir de la crise en même temps. C’est peut‐être le moment de réviser certaines des choses que nous avons faites et de les rectifier. Pourquoi pas ?  

Nous  avons  supprimé  l’impôt  sur  le  patrimoine.  Les  situations  étaient  différentes, l’économie différente aussi. Je crois que le moment est arrivé où nous devons réviser cette mesure,  et  rétablir  l’impôt  sur  le  patrimoine, mais  pas  de  la même manière. Parce qu’il est vrai qu’il s’agissait d’un impôt qui sanctionnait les classes moyennes et cela nous n’allons pas le répéter. Nous allons rétablir un impôt sur le patrimoine qui grève  réellement  les grands patrimoines qui existent et qui doivent collaborer, qui 

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doivent aider  ceux qui ont  le plus  souffert durant  la  crise afin que nous puissions sortir de la crise ensemble. C’est  à la politique de redistribution que je pense.  

L’économie est saine  lorsqu’elle ne comprend pas de déséquilibres. Et  ici  je vais être catégorique : les déséquilibres cela signifie avoir un déficit que l’on ne peut pas payer, avoir une dette que l’on ne peut pas rembourser, avoir une balance des paiements très défavorable et avoir une  inflation  spectaculaire. Ces déséquilibres, nous ne pouvons pas nous  les permettre. Nous prenons des mesures pour  les corriger et nous devons continuer à le faire. Nous avons un pacte avec les pays de l’euro et il faut le respecter. Il faut respecter ce pacte parce que le déficit ne peut pas nous affecter comme il nous a affectés au cours de ces dernières années. Nous n’allons pas tomber dans les erreurs que nous avons déjà commises. Il n’est pas vrai que le déficit est progressiste. Ce n’est pas vrai.  Il faut  le respecter,  il faut continuer à assumer  la dette, en  la payant.  Il faut continuer  à  équilibrer  notre  balance  des  paiements,  en  exportant  d’avantage  et  en important moins, et il faut continuer à combattre l’inflation en libéralisant les marchés des biens et des services.  

C’est  ça  une  économie  saine,  une  économie  équilibrée  et  dans  le monde  où  nous vivons, il faut une économie compétitive. Et la compétitivité cela consiste en beaucoup de  choses et  c’est ce dont  je vais parler maintenant. Une économie compétitive est une  économie  qui  a  de  bons  entrepreneurs,  une  économie  qui  a  des  travailleurs formés,  une  économie  qui  a  de  bonnes  infrastructures,  une  économie  qui  a  une administration économique efficace dans  laquelle  il ne peut pas exister de duplicités, une  économie  qui  a  un marché  du  travail  sûr  et  flexible.  Une  économie  qui  a  un secteur  énergétique  efficace,  une  politique  industrielle  solide  avec  un  système scientifique,  technologique,  et  d’innovation,  une  économie  efficace.  Une  économie compétitive est tout cela combiné à un système financier qui accomplit sa tâche, c'est‐à‐dire qui prête aux entrepreneurs et aux familles afin que l’économie puisse avancer.  

 

Permettez‐moi de  faire  référence à notre  système  financier.  J’en ai déjà parlé. Nous savons tous que  les petites et moyennes entreprises n’ont pas de crédit ni de capital circulant. Elles n’en ont pas et c’est un problème grave de notre économie. Cela doit nous  mener  aussitôt  que  possible  à  achever  la  restructuration  de  notre  système financier.  Le  plus  tôt  possible.  Je  dirai  plus,  bien  que  cela  corresponde  à  un  sujet totalement accessoire. Il est possible, c’est envisageable, que l’État ait à apporter un jour du capital pour assainir l’une ou l’autre caisse d’épargne. Je vous dirai quelle est ma position si cela arrive. Ma position, c’est que nous devons être là. Si l’État met de l’argent,  il  doit  être  là  pour  bien  gérer  cet  argent,  pour  s’assurer  qu’il  est effectivement  affecté  à  ce  à quoi  il  est destiné,  à  savoir  l’assainissement.  Et pour s’assurer,  surtout  d’une  chose  beaucoup  plus  importante,  que  lorsque  nous partirons,  lorsque  nous  vendrons,  les  Espagnols  ne  perdent  pas  un  seul  centime. Voilà ma proposition et nous devons en tenir compte. Pas un seul centime, et pour cela nous devons être là.  

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Je  vous  disais  aussi  que  la  compétitivité  ou  l’économie  compétitive,  cela  signifie beaucoup d’autres choses. Permettez‐moi de vous parler un moment des trois grands défis  auxquels  l’Europe  est  confrontée,  à  savoir  les  défis  qui  figurent  dans  le programme  20‐20  et  qui  sont  très  importants  lorsqu’il  s’agit  de  parler  de  la compétitivité et de la création d’emploi dans notre pays.  

L’Europe  a  trois  problèmes :  l’énergie  qui  est  très  chère  en  raison  d’un  système énergétique  peu  efficace,  le  changement  climatique  et  le  vieillissement  de  la population. Il est vrai que ces problèmes supposent pour l’Espagne soit un frein soit un moteur, et que, suivant  la façon dont nous  les traitons,  ils peuvent être un frein ou un moteur.  Je  vais m’expliquer, parce que  ce  sont des problèmes pour  lesquels l’Espagne a une position différente, à la fois meilleure et pire.  

Pire  parce  que  cela  nous  affecte  plus  étant  donné  que  nous  avons  un  système énergétique  plus  dépendant.  Nous  sommes  très  vulnérables  aux  changements climatiques et nous avons une population vieillie. Nous n’avons pas  la population  la plus  vieillie, mais  nous  l’auront,  notamment,  parce  que  nous  avons  un magnifique système de santé. Mais en plus de ces trois problèmes, avec ces trois caractéristiques qui  les  aggravent,  nous  avons  des  avantages  dans  notre  pays.  Par  exemple,  nous sommes les leaders en Europe en énergie alternative, par exemple si nous parlons de changement climatique, nous avons les meilleures entreprises pour gérer le cycle de l’eau  et,  par  exemple,  si  nous  parlons  du  vieillissement,  nous  avons  un  système d’attention de la dépendance qui se charge des personnes dépendantes et qui nous a placés à la tête de nombreuses connaissances de ce type de système d’aide. 

Ce sont trois grandes opportunités. Des grands problèmes, des grandes opportunités, de grands avantages compétitifs.  Je  fais  référence à ces  trois  secteurs, parce que ce sont  les trois secteurs où  le plus grand nombre d’emplois seront probablement créés lors  des  prochaines  années.  Parce  que  nous  allons  devoir  les  aborder.  Nous  allons devoir  combattre  le  changement  climatique  et  nous  allons  devoir  continuer  à  nous occuper de nos personnes âgées. Nous allons devoir  le  faire et nous allons créer des emplois.  Vous  vous  souvenez  de  ce  4%  du  PIB  qui  nous  manquait,  les  nouveaux emplois (perdus dans  la construction) ? Une partie de ces emplois se trouve  ici, dans ces  secteurs. Si  j’en parle,  c’est parce que  ces  trois  secteurs ont une  caractéristique commune  :  ce  sont  des  secteurs  innovants.  Dans  ces  secteurs,  on  innove  et  cela m’amène  à  la  dernière  chose  que  je  voulais  vous  dire  en  ce  qui  concerne  la compétitivité, à savoir que la compétitivité est avant tout innovation, que nous serons plus compétitifs si nous sommes plus innovants, que nous devons innover et que, dans ces secteurs, il y a un potentiel énorme pour l’innovation.  

Innover, pourquoi ? Pour créer de nouvelles entreprises, pour entreprendre.  Innover pour mieux faire ce que nous faisons actuellement dans les secteurs traditionnels pour exporter,  innover  pour  créer  de  nouvelles  entreprises  et  pour  créer  de  nouveaux emplois.  

Innover,  c’est  entreprendre.  Laissez‐moi  consacrer  une  seconde  aux  entrepreneurs. 

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Pour les entrepreneurs, je vais laisser ma peau, si vous me permettez cette expression familière.  Je vais  tout donner, parce que  je  crois que  cela est  très  important.  Il  faut faire beaucoup de choses,  il  faut  leur  faciliter  la  tâche,  la vie, par exemple avec une  fiscalité raisonnable. Il faut éliminer les obstacles pour qu’ils puissent être compétitifs, car  il existe des  secteurs dans  lesquels  ils ne peuvent pas entrer. Finalement,  il  faut éliminer les barrières administratives. Il faut faire tout cela.  

L’autre jour, j’ai eu la chance de remettre avec Leire un prix à un entrepreneur âgé de 26 ans. Il s’appelle Pedro Tomás Delgado, il est originaire de la région d’Extremadura et il a une entreprise de biotechnologie pour  le  traitement des eaux avec des plantes. C’est  une  entreprise  raisonnable.  Il  a  25  travailleurs  et  il  travaille  dans  30  pays  du monde. Il a prononcé un discours exceptionnel et il a dit quelque chose que je ne suis pas prêt d’oublier. « Pour moi, il ne s’agit pas de gagner ou de perdre, mais plutôt de gagner ou d’apprendre ». Apprendre… Qu’est‐ce qu’il essaie de nous dire ? Il nous dit qu’on ne peut pas exiger des résultats dès le début, qu’avec les entrepreneurs, il faut être  patient,  il  faut  être  constant.  Et  je  vais  vous  en  dire  plus :  entreprendre,  cela s’apprend.  Cela  s’apprend  dans  les  universités,  cela  s’apprend  dans  les  écoles secondaires,  parce  que,  en  fin  de  compte,  entreprendre,  c’est  une  attitude.  Les entrepreneurs ont une attitude et cela se transmet dans le système d’éducation.  

Je suis enseignant et fonctionnaire. Par conséquent, je me peux me permettre de dire ce  que  je  vais  dire,  parce  que  personne  ne  risque  de  donner  à  mes  mots  une interprétation erronée. Nous avons un splendide système d’éducation, le meilleur au monde pour  former des  fonctionnaires. Et cela doit continuer de cette  façon. Mais maintenant, je vous dis qu’il s’agit de former des entrepreneurs, de transmettre dans les classes – de haut en bas – qu’il faut entreprendre, qu’il faut être actif, qu’il faut projeter  nos  connaissances  sur  le  marché  du  travail,  et  qu’il  faut  créer  des entreprises. Cela  représente un défi pour notre  système d’éducation,  la  formation des entrepreneurs.  

Innover,  former,  la  science  sont  des  termes  qui  nous  amènent  immédiatement  à l’université et à notre système de science et de  technologie.  Ici aussi notre situation est meilleure de ce que l’on dit souvent. Il est vrai qu’il y a des choses à faire dans ce que  nous  appellerions  le  centre  du  système,  dans  les  universités  il  y  a  des changements à faire. Mais ce qui m’inquiète beaucoup plus ce sont  les frontières des universités, le système de science et de technologie. La frontière, c’est ce que partage l’université avec  les  secteurs de production.  Ici,  il y a véritablement des  frontières à briser,  il  y  a  des  obstacles  à  faire  tomber.  Si  vous me  permettez  l’expression,  c’est comme  si  nous  devions  réaliser  un  Schengen  scientifique  en  Espagne.  Ouvrir  les frontières  pour  que  les  idées  circulent  librement,  tout  comme  les  travailleurs,  les connaissances… pour que depuis les universités on stimule la création d’entreprises et la création d’emploi. C’est ce que nous devons faire. Savez‐vous que nous sommes  le neuvième pays au monde en termes de publications scientifiques, maintenant il s’agit d’occuper  la  neuvième  place  en  termes  de  brevets,  voilà  ce  que  doit  être  notre objectif. 

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Parler  d’égalité.  Nous  connaissons  bien  cela,  car  nous  sommes  un  parti  qui effectivement a toujours défendu la liberté. Cela ne nous distingue pas d’autres partis démocratiques, mais l’égalité, oui, l’égalité nous distingue, et l’égalité au XXIème siècle signifie  égalité  des  chances.  Et  depuis  le  gouvernement,  nous  ne  pouvons  pas promettre  aux  gens  que  nous  allons  réaliser  tous  leurs    objectifs  de  vie,  nous  ne pouvons pas le faire, mais ce que nous ne pouvons pas faire c’est ne pas dire aux gens qu’ils  vont  avoir  toutes  les  chances,  les mêmes  chances que  tous  les  citoyens  pour atteindre leurs objectifs. Et cela oui nous pouvons le faire. C’est l’égalité des chances.  

Il n’est écrit nulle part que notre pays doit sortir de la crise avec un plus grand niveau d’insécurité, comme pays moins solidaire, comme pays plus excluant. Cela n’est écrit nulle part. Et c’est bien cela  l’enjeu des élections,  la  façon dont nous sortons de  la crise.  C’est  ce  qui  va  déterminer  la  politique,  c’est  ce  qui  va  décider  le  vote  des citoyens, et c’est de cela dont nous devons parler sans cesse  jusqu’aux élections, en commençant pas l’égalité des chances et de l’éducation   

Permettez‐moi  de  parler  un  peu  de  l’éducation,  c’est mon  thème  de  prédilection. L’éducation c’est beaucoup plus, vous le savez tous, qu’une politique horizontale. C’est beaucoup plus. L’éducation c’est pratiquement tout, c’est de la politique économique, parce que nous ne pourrons croître que si nous formons ; c’est une politique sociale, parce que l’égalité continue à dépendre de l’éducation ; c’est une politique du travail, parce que sans éducation on peut difficilement trouver du travail ; et c’est même une politique extérieure, parce que  il est vrai que  les échanges éducatifs sont aujourd’hui ce  qui  construit  et  ce  qui  renforce  la  relation  entre  les  pays ;  c’est  une  politique culturelle…  c’est  de  la  politique  tout  simplement.  Un  système  éducatif  est  ce  qui articule  un  pays,  ce  qui  donne  de  la  force  à  un  pays.  L’éducation  est  notre  grand instrument.  

Mais derrière  l’éducation, derrière ces grands principes généraux,  il existe des petites choses, les élèves, les parents, les professeurs. Qu’est ce qu’il les préoccupe, qu’est ce qui  nous  préoccupe,  qu’est  ce  qui  me  préoccupe :  et  bien  l’échec  scolaire,  bien entendu. En parlant d’échec scolaire, du reste, je suppose que vous aurez pensé à de nombreuses reprises, comme moi, qu’il n’existe pas de mot aussi cruel et aussi injuste. Mais commet peut on appliquer le mot échec scolaire, le nom d’échouer un jeune de 14,  de  15,  de  16  ans. Mais  quelle  bêtise !  Je  propose  que  nous  commencions  par retirer ce mot de notre vocabulaire, que nous parlions d’abandon scolaire même si je sais  que  ce  n’est  pas  exactement  la même  chose,  je  le  sais.  L’abandon  scolaire  a toujours été dramatique, mais dans une société de la connaissance l’abandon scolaire est  particulièrement  dramatique.  Parce  qu’une  personne  qui  abandonne  ses  études sans avoir acquis  la formation nécessaire pour s’intégrer, peut être exclue pour toute sa  vie. C’est pour  cette  raison que  l’abandon  scolaire est  aussi dramatique.  Et pour cette raison nous devons le combattre et nous devons le prévenir.  

Les professeurs savent tous qu’il existe des indices de l’abandon scolaire, que lorsque qu’un jeune, un enfant en primaire, commence à éprouver des difficultés en langue et 

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en mathématiques…  là  il  y  a  un  problème  et  c’est  là  que  nous  devons  agir.  Et  les familles aisées ont traditionnellement bien résolu cette question, elles appelaient cela les cours particuliers, vous vous en souvenez ? Oui, bien sûr, c’est de cela qu’il s’agit,  c’est une autre façon de dire ce que je vais expliquer, il s’agit de s’occuper des enfants qui  commencent  à  prendre  du  retard,  de  renforcer  leurs  études,  de  prêter  une attention  particulière  afin  de  prévenir  l’abandon  scolaire ;  parce  que  c’est  quelque chose que l’on peut prévenir. Je vois que certains me regardent en disant que cela est très  cher  et  je  dois  leur  répondre  que  oui,  effectivement  c’est  cher,  mais  que l’ignorance est bien plus chère. Voilà mon message.  

Je vais prendre deux engagements vis‐à‐vis de vous. Le premier est un engagement particulièrement  innovant :  je vais vous dire que  je ne vais changer aucune des  lois sur  l’éducation qui  sont  actuellement  en  vigueur dans notre  système. Absolument aucune  loi. L’éducation n’a pas besoin de tergiversations  législatives, ce dont elle a besoin c’est d’un consensus, d’un dialogue et de stabilité dans son cadre légal. Voilà ce  dont  a  besoin  l’éducation :  des  ressources,  des  professeurs motivés,  appréciés socialement, et des  centres bien gérés. C’est de  cela dont a besoin  l’éducation, et pour  cela  il  n’est  pas  nécessaire  de  changer  les  lois,  et  pour  cela  il  faut  faire  les choses correctement.   

Et  je vais vous dire une chose de plus. Nous savons tous que  la qualité du système éducatif n’est  jamais supérieure à  la qualité de ses professeurs, elle ne  l’est  jamais. Et maintenant  nous  devons  engager,  d’ici  à  2020,  200  000  nouveaux  professeurs. Vous voyez à quel point il est  important de bien penser les choses. C’est pour cette raison que je propose de changer le système d’embauche, de sélection du personnel enseignant ; je propose de nous diriger vers un système comme celui de la résidence en médecine,  notamment  parce  que  nous  avons  déjà  ce  système  en matière  de santé, et c’est un système fantastique.  De fait, de nombreuses personnes pensent –moi‐même notamment– que  la qualité de notre système de santé est  le résultat de notre capacité à sélectionner parmi les médecins résidents les meilleurs éléments. Et bien, je propose que nous transférions –le terme est on ne peut plus approprier–  ce système à l’éducation. Pourquoi ? Pour sélectionner les meilleurs, parce que nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas agir de  cette  façon alors que nous devons bientôt  engager  200  000  nouveaux  professeurs.  Il  s’agit  de  garantir  la  qualité  du système d’éducation.    

Et la question des médecins résidents m’amène à la santé. Je crois que si les Espagnols nous pouvons être fiers de quelque chose c’est de notre santé publique. Nous pouvons être  fiers  parce  que  c’est  un  bon  système  et  parce  que  c’est  un  système  très économique,  très bon marché. Nous  consacrons à  la  santé publique 7,5 % de notre PIB, deux points de moins de la moyenne européenne et cinq points de moins que les États‐Unis  où  50 millions  de  personnes  n’ont  pas  accès  à  une  assistance  sanitaire. Notre système est un bon système et un système économique.  

Nous avons de bons médecins, hommes et  femmes, de bons  infirmiers et de bonnes 

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infirmières, nous avons des auxiliaires médicaux, de bons hôpitaux, de bons centres de santé, une excellente  recherche biomédicale.  Excellente. Nous  avons un magnifique système  sanitaire.  C’est  d’ailleurs  pour  cette  raison  que  les  espagnols  ont  une espérance de vie qui est la deuxième au monde, parce que nous avons un bon système sanitaire.   

C’est une des rares choses sacrées et  intouchables pour  l’ensemble des espagnols, et aussi pour le parti socialiste, et aussi pour moi.  Et je vous dirai : nous allons brandir le drapeau de  la  santé publique.  Je vais vous  le dire en d’autres  termes, nous n’allons rien  faire,  je  ne  vais  rien  faire,  je  ne  vais  rien  signer,  je  ne  vais  rien  décider  qui affaiblisse notre système de santé. Et rien c’est rien.  

Un  système  qui  est  public,  qui  est  géré  par  les  Communautés  autonomes ;  qui  est universel, toute personne qui va à  l’hôpital est prise en charge, qui est gratuit, parce que nous  le payons avec nos  impôts. Pour cette raison  le co‐paiement a très peu de chance, parce qu’il s’agirait de payer deux fois  le même système. Par ailleurs,  il est vrai  que  le  co‐paiement  ils  le  proposent  le matin  et  le  retirent  l’après‐midi, mais bon… le co‐paiement.  

Notre système sanitaire est un bon système dans son ensemble. C’est un bon système sur  lequel plane aujourd’hui  le mot privatisation. Oui,  laissez‐moi  vous expliquez en trente  secondes  que  les  personnes,  lorsqu’elles  entendent  le mot  privatisation,  ne comprennent probablement pas  très bien de quoi  il  s’agit.  Le  système  sanitaire est, surtout,  un  système  de  solidarité  intergénérationnel.  Les  jeunes,  qui  ne  sont  pas souvent malades, payent  la même  chose que  les personnes  âgées qui  sont  souvent malades. C’est un système de solidarité. Et naturellement, si celui qui pense privatiser pense faire sortir les jeunes, qui ne tombent pas malades, pour les acheminer vers des hôpitaux privés, et laisser dans les hôpitaux publics les malades chroniques et ceux qui sont  souvent malades,  il  pense  à  ruiner  la  santé  publique.  Et  cela, mes  amis,  nous n’allons pas l’admettre. Nous n’allons pas admettre cela.  

Par conséquent, soyons prudents avec les chants des sirènes, soyons prudents avec les mots qui  semblent attirants, parce que parfois  ils cachent quelque chose comme ce que je viens de dénoncer. La santé… nos dépensons beaucoup d’argent dans la santé. Nous  dépensons  70  milliards  d’euros  par  an,  et  par  conséquent  nous  avons  une splendide opportunité d’améliorer notre efficacité. Personne ne peut me convaincre que sur ces 70 milliards nous ne pouvons pas épargner quelques milliers. Bien entendu que  nous  pouvons  le  faire.  Nous  pouvons  être  plus  efficaces,  s’il  s’agit  de mieux dépenser en matière de santé. Par exemple, dans la politique pharmaceutique, dans laquelle  nous  avons  fait  beaucoup  de  choses. Mais  que  chacun  de  vous  pense  aux médicaments que vous avez chez vous dans des boîtes ou dans les armoires. Combien en  avez‐vous,  combien  sont  arrivés  à  échéance,  et  pour  combien  d’entre  eux  ne connaissez vous pas les indications… Il est vrai qu’il y a un effort qui peut encore être fait en termes de pharmacie. Il est possible de mieux gérer la santé, naturellement.  

Je  dirai  plus,  l’année  prochaine,  le  système  de  financement  régional  assigne  8 

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milliards d’euros de plus aux Communautés autonomes –cela a déjà été réglementé– et moi  je vous dis qu’il  faut proposer qu’une partie substantielle de ces 8 milliards soit destinée à la santé publique, il faut le proposer. Et il y a plus, nous devons assurer cela. Nous devons assurer –et nous verrons lesquels sont les mécanismes disponibles– que tout l’argent que l’État alloue à la santé soit effectivement dépensé en matière de santé. C’est ce que nous devons assurer parce qu’il s’agit de 8 milliards d’euros.  

J’en finis avec cette partie. On a dit, c’est presque un cliché, que la famille a un rapport complexe  avec  la  gauche,    oui,  complexe.  Pas  avec moi  parce  que  je  pense  que  la famille est le noyau social de base de la société et que les pouvoirs publics doivent la soutenir et la renforcer… les familles, parce qu’il y en a beaucoup, de nombreux types, toutes égales. Beaucoup.  

Certains pensent que soutenir la famille consiste à se prodiguer en manifestations les samedis après‐midi. Moi je ne pense pas cela. Je pense que soutenir la famille c’est mettre en œuvre les congés de paternité, augmenter les bourses… soutenir la famille c’est  mettre  en  œuvre  un  système  d’attention  aux  personnes  dépendantes  qui aident aussi  ceux qui aident  les personnes dépendantes. Ça,  c’est aider  la  famille. C’est concilier  la vie professionnelle et  la vie familiale des hommes et des femmes, c’est progresser dans la coresponsabilité au foyer. Ça c’est aider la famille. C’est avoir une bonne politique de centres éducatifs pour les enfants de 0 à 3 ans. Ça c’est aider la  famille.  Et  c’est  ce  que  nous  allons  continuer  à  faire :  aider  la  famille  avec  ces politiques.   En matière de famille, certains prêchent –non,  je ne vais pas dire cela de donner  du  pain–  et  d’autres  agissent.  Certains  prêchent  et  d’autres  nous  agissons. C’est beaucoup plus facile.   

Je  termine. Mais permettez‐moi de m’occuper brièvement du quatrième objectif :  la politique démocratique, les changements politiques. Parce qu’il est vrai que, de ce que l’on  a dit  jusqu’à présent on déduit que  je  suis  convaincu que  c’est  la politique qui permet de changer les choses, c’est la politique qui permet de changer le monde. Mais pour cela, camarades, il est peut être temps de penser à changer un peu la politique, à changer un peu  la démocratie.  Il n’est pas possible de projeter de grandes  réformes sociales, de grandes réformes économiques, des réformes des marchés et de dire en même temps qu’en matière de politique il ne doit rien se passer. Ce n’est pas possible. Nous  devons  aussi  changer  la  politique,  en  commençant  par  la  rendre  propre, complètement  propre,  qu’elle  soit  propre  et  qu’elle  semble  propre.  C’est  très important,  comme  dans  le  cas  de  l’austérité,  qu’elle  soit  propre  et  quelle  semble propre.   

Je reviens une minute sur la bulle immobilière. Elle a amené à notre pays de nombreux malheurs, notamment  le fait que sous couvert de  la bulle, de nombreuses personnes se sont mises à « faire des bulles »… ils se sont corrompu. Une grande partie de ce qui apparait  aujourd’hui  provient  de  ça,  la  bulle  immobilière,  l’urbanisme.  Nous  avons beaucoup  fait pour renforcer  le code pénal, de nombreuses unités policières qui ont bien  fonctionné. Nous avons beaucoup  fait pour  suivre et punir  la  corruption. Nous 

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avons  fait beaucoup de choses, mais ce n’est pas suffisant. Pour  les gens,  il ne suffit pas que nous arrêtions une personne corrompue et que nous la mettions 8 années en prison. Cela ne suffit pas, savez‐vous pourquoi ? Parce que  le pêché est antérieur. Ce que  les  gens  ne  veulent  pas  c’est  qu’il  y  ait  de  la  corruption.  En  définitive  avec  la corruption  il ne  s’agit pas  seulement de poursuivre,  il  s’agit  aussi de  l’éviter et  cela nous mène  à  une  question  que  nous  n’aimons  pas  toujours  discuter,  à  savoir  les contrôles préalables. C’est de cela qu’il s’agit.  

Nous  devons  parler  de  l’urbanisme.  Permettez‐moi  de  vous  dire,  de  manière catégorique, pour que personne ne s’y méprenne, que  je pense que  l’urbanisme est bien  géré de manière  générale par  les  communautés et par  les mairies. De plus,  je pense que  les personnes qui gèrent  l’urbanisme dans  les communautés et  les mairies sont  absolument  honnêtes,  justes.  Mais  nous  avons  ici  un  problème  et  nous  ne pouvons pas l’ignorer.  À quoi est ce que je vais référence ? Qu’est‐ce‐que je propose ? En effet, ce que vous êtes nombreux à penser et ce que vous avez dit à de nombreuses reprises, que l’État doit avoir l’une ou l’autre forme de compétence, l’une ou l’autre forme  de  contrôle  préalable  sur  les  plans  urbanistiques  affin  d’empêcher  la corruption.  

Je sais que c’est difficile et qu’il faut être prudent, parce que  la Constitution établit ce qu’elle établit, mais on peut le faire. Et j’annonce déjà qu’il ne s’agit pas n’enlever des compétences aux organes, ni de réduire leur autonomie, il s’agit de partager des contrôles plus efficaces,  il  s’agit, en bref, d’avoir une politique  transparente et qui semble transparente. C’est de cela qu’il s’agit, ni plus ni moins.  

Et  la  démocratie  n’a  pas  uniquement  ces  problèmes.  Elle  en  a  plus,  nous  devons aborder  d’autres  problèmes  qui  ont  trait  à  la  démocratie  du  XXIème  siècle  et  qui  se résume  très  facilement  en  une  contradiction  incontournable,  selon  laquelle  dans  le monde de la société de l’information, avec la technologie de l’information actuelle, il n’est  pas  raisonnable  que  la  relation  des  citoyens  et  de  leurs  représentants  ne s’établisse qu’une  fois  tous  les quatre ans et que  le  reste du  temps on  se  limite à nous écouter. Ce n’est pas raisonnable, cela n’a pas de sens, cela ne correspond pas à la société dans laquelle nous vivons, et en ce sens, il faut écouter ce qu’on nous dit dans la rue, mais aussi en dehors de la rue. Encore plus, surtout en dehors de la rue.  

Et on nous dit certaines choses très claires. On nous dit : soit vous comptez sur moi soit j’arrêterai  de  compter  sur  vous. On  nous  dit :  ne  confondez  pas  votre monde  avec notre monde. On nous dit qu’ils ne supportent plus  la crispation,  le sectarisme, cette discussion  fanatique pour des détails. On nous  le dit continuellement et on nous dit que  la  politique  ne  peut  pas  être  une  source  de  problèmes,  qu’elle  doit  être  une source de solutions. Cela, on nous  le dit sans relâche et  il faut écouter, et  il convient d’agir en conséquence.   

La démocratie  est un  système qui  s’est  imposé  aux  totalitarismes, parce qu’elle est indéniablement meilleure d’un point de vue moral, sans aucun doute. Mais aussi parce qu’elle est plus efficace, parce qu’elle a résolu les problèmes. La démocratie ce justifie 

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aussi par  ses  résultats, en mettant  fin  aux problèmes, et  cela nous ne pouvons pas l’oublier. En résumé, quand  les citoyens commencent à penser que  la politique n’est pas une solution, mais plutôt un problème. Lorsqu’ils commencent à penser que tous les politiciens sont la même chose, que leur vote n’a aucune importance, la démocratie a un problème.    

Et de plus, ce n’est pas vrai, ou est‐ce‐que quelqu’un peut rationnellement argumenter que Olof  Palme  c’est  la même  chose  que  Le  Pen,  ou  que Margaret  Thatcher  est  la même  chose  que  Lula;  ou  que  Sarah  Palin  est  la même  chose  que Obama;  ou  que Felipe González a des similitudes avec Bush fils.  

Non, cela n’a rien avoir, mais  il ne suffit pas de  le dire,  il  faut  le réaffirmer avec des faits,  c’est  je  que  j’essaye  de  vous  transmettre  pendant  tous  ce  discours :  que  la politique  a  du  sens  et que  la  politique  a  beaucoup  de  sens.  Et  il  faut  agir,  il  faut réviser  les choses, et parfois cela va être difficile, parce que c’est vrai qu’il y a des choses  qui  ont  bien    fonctionné,  des  choses  que  nous  avons  réalisées  pendant  la transition, que nous avons conçues et qui ont fonctionné correctement. Par exemple, le  système  électoral.  On  nous  demande  deux  choses :  une  plus  grande proportionnalité  et  une  plus  grande  proximité.  Et  convenons  qu’il  s’agit  de  deux choses  raisonnables. Et par conséquent,  le moment est peut être venu d’envisager au sein du parti socialiste une discussion de fond sur le système électoral. Je sais que c’est  très  difficile,  je  sais  que  pour  changer  le  système  électoral  il  nous  faut  des consensus –c’est une règle fondamentale du fonctionnement de  la démocratie–, je  le sais. Mais cela ne nous  libère pas de  l’obligation d’envisager ce qui  se produit et de faire des propositions concrètes. Cela ne nous libère pas.   

Et  je  vais  vous  avouer :  j’ai  un modèle.  Le modèle  qui me  plaît,  c’est  le modèle allemand, il me plaît beaucoup. Des petites circonscriptions, qui favorisent la relation entre  le  représentant  et  le  représenté,  et  un  solde  national  qui  favorise  la proportionnalité. J’aime beaucoup ce modèle. Et qu’est‐ce que je vous propose ? Je vous  propose  de  soumettre  cette  question  à  examen,  d’utiliser  la  Conférence politique  pour  discuter  cette  question  à  fond  et  d’élaborer  une  proposition  de réforme du système électoral.  

Je vais vous dire autre chose en référence à la politique, une seule chose de plus. Il est essentiel que nous changions les lois afin d’améliorer la lutte contre la corruption, afin d’améliorer  le  fonctionnement de  la démocratie ; afin de  la  rendre plus moderne et plus  efficace. Mais  il  est  beaucoup  plus  important  que  nous  changions  les modes d’intervention politique.  

Je vous dirai : j’ai fait beaucoup d’efforts, mais je vais en faire encore bien davantage pour que la crispation et le sectarisme soient définitivement des questions révolues, appartenant au passé, d’où elles ne devraient jamais être revenues.  

Nous  devons  changer  beaucoup  de  choses  en  politique,  lorsque  quelqu’un  propose une idée, il ne faut pas que cette proposition soit ignorée du fait de la personne qui la 

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propose, et non pas du fait de son contenu. Nous devons parvenir à ce que nos débats soient des débats de substantifs plutôt que d’adjectifs, plutôt de propositions que de déqualifications. Nous devons arriver à traiter  les problèmes et de  leurs solutions, et non pas des compétences.   

Je  propose  que  nous  fassions  tout  cela  depuis  notre  programme  électoral.  Je comprends  que  tout  cela  est  ambitieux, mais  cela  est  aussi  viable,  cela  peut  être crédible, et surtout, cela est possible, ce qui  importe, et nous devons  le faire avec un programme  électoral. Ambitieux  et possible,  voilà  ce que  je propose en matière de politique.  

Et je conclus. Je me suis efforcé de dire que l’Espagne a beaucoup de bonnes choses. Il y a des choses que nous devons préserver, il y a d’autres choses que nous changeons – des changements que nous devons renforcer, que nous devons maintenir– et il y a des choses  que  nous  devons  faire  de  nouveau,  des  grands  changements.  Nous  avons maintenant l’opportunité de le faire, nous avons la capacité de le faire et je pense que nous avons la volonté collective de le faire : des grands changements. En partant d’un concept qui se déduit, je crois, de toute mon intervention, à savoir le fait que l’Espagne est un grand pays. Et les grands pays ne le sont pas parce qu’ils échappent à la crise, ils ne le sont pas parce que la crise ne les touche pas, non ; ils le sont sur base de la façon dont  ils sortent de  la crise.  Ils  le sont du fait de  leur capacité à s’en tirer, de par  leur croyance en eux‐mêmes, voilà où  réside  la grandeur d’un pays, et notre pays est un grand pays.  

C’est  un  pays  qui  aime  la  liberté,  qui  aime  la  tolérance,  c’est  un  pays  qui  adhère pleinement à  l’égalité des  chances,  c’est un pays qui  a un  système éducatif  comme nous n’avons  jamais  imaginé avoir, un système universitaire, des entreprises qui sont compétitives dans le monde comme jamais nous n’avons pensé en avoir. C’est un pays bien  situé  dans  le monde.  C’est  un  pays  solidaire,  européen,  il  est  ibéro‐américain, méditerranéen,  avec  une  richesse  culturelle  impressionnante,  en  commençant  par notre langue. C’est un grand pays.  

Et  depuis  cette  confiance  de  pays,  depuis  cette  définition  de  pays,  depuis  cette confiance que j’ai dans mon pays qui est  l’Espagne, je vous propose, je me propose et  je propose aux Espagnols de travailler ensemble, de manière coordonnée – tous ceux qui souhaitent concilier, dialoguer et travailler ensemble – afin d’atteindre ces quatre grands objectifs. Pour créer de l’emploi et pour le faire dès début ; pour créer une économie saine et compétitive, qui soit capable de répartir les efforts qu’il faut faire  pour  sortir  de  la  crise ;  pour  renforcer  notre  égalité  des  chances,  notre  État social  et,  finalement,  pour  changer  la  politique,  pour  la  rendre  plus  efficace,  plus proche et, si vous me permettez  la redondance, pour  la rendre plus démocratique. Pour rendre la politique démocratique, plus démocratique.   

C’est pour toutes ces raisons que je demande votre aide et que je vais demander l’aide des Espagnols. Je sais que la tâche est viable, parce que le programme que nous allons présenter  est  conçu  depuis  le  réalisme.  Depuis  le  réalisme  de  personnes  qui 

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connaissent bien  l’Espagne  : nous. Et  surtout, depuis  les valeurs. Des valeurs que  je partage avec vous depuis de nombreuses, de très nombreuses années, comme  je me suis  efforcé  de  vous  montrer,  et  qui  constituent  la  base  même  de  ce  projet  de programme électoral que je vous propose.  

En  résumé,  je  vous  invite  à  partager  ce  projet  avec  les  citoyens,  qui  sont  très nombreux,  qui  préfèrent  le  travail  à  l’apathie  et  la  résignation.  Je  vous  invite  à partager ce projet avec les nombreux Espagnols qui préfèrent la conciliation, le pacte à la confrontation. Avec tous ceux qui préfèrent le oui au non, ceux qui pensent qu’il faut écouter avant d’agir et qu’il faut expliquer après avoir agi. Avec tous ceux à qui nous allons nous adresser lors de ces prochains mois, chers camarades.  

Et la tâche n’est pas aisée. Nous vivons des temps difficiles où l’on attend de nous que nous donnions le meilleur de nous‐mêmes. Nos aspirations sont ambitieuses, mais nos propositions et nos solutions vont être réalistes. Ambition et réalisme. C’est sur cette base que je vous demande de travailler pendant les prochains mois.  

Nous avons devant nous une campagne électorale et je peux d’ores et déjà vous dire, à l’occasion de mon premier acte en tant que candidat, qui en est un effectivement, que rien n’est écrit et rien n’est décidé au préalable dans cette campagne électorale. Absolument rien.   

Pour ma part, comme toujours, je vais travailler jusqu’à la limite de mes capacités et je  vais  me  donner  à  fond.  Cela  ne  va  pas  être  difficile  pour  moi.  Savez‐vous pourquoi ? Parce que  le fait de défendre  les valeurs dans  lesquelles on croit donne beaucoup de force. Cela ne va pas être très difficile pour moi, mais je ne peux pas faire cela  seul. Vous devez me donner un  coup de main, vous devez m’aider, vous devez m’aider.  Je  dois  pouvoir  compter  sur  vous,  sur  vos  efforts,  votre  travail,  vos  idées, votre soutien … Je dois pouvoir compter sur tout votre soutien, parce que nous devons faire  quelque  chose  de  très  important,  nous  devons  convaincre  des  millions d’Espagnols pour qu’ils nous fassent de nouveau confiance. Voilà ce que nous devons faire.  

Et nous allons le faire, nous allons  le faire. Écoutez‐moi, c’est parce que nous voulons le faire, et je le vois sur vos visages et dans vos applaudissements qui ont contribué à prolonger ce discours bien plus que je ne l’aurais souhaité et à me faire transpirer bien plus que  je ne  l’aurais souhaité aussi. Nous allons  le faire parce que nous voulons  le faire, nous  allons  le  faire parce que nous pouvons  le  faire  et nous  allons  le  faire, surtout, parce que nous savons  le faire, parce que nous  l’avons déjà fait à d’autres reprises  dans  notre  histoire.   Nous  allons  le  faire.  Alors mettons‐nous  au  travail, faisons‐le.  

Faisons en sorte que cela arrive.