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INTRODUCTION

La façade occidentale et l’escalier en visdu chevet de l’abbatiale de Saint-Gilles-du-Gard, chefs d’œuvre de l’art roman méri-dional, n’ont cessé de susciter l’intérêt deshistoriens de l’art à partir de la publication,au milieu des années 1830, des illustrationsdu second tome du Languedoc dans lasérie des Voyages pittoresques et romantiquesdans l’ancienne France du baron Taylor 1, etde la description de Prosper Mérimée dansson Voyage dans le Midi de la France 2. Leprésent recueil d’articles, nouvelle contri-bution à cette littérature foisonnante, neconstitue pas une monographie exhaustive.Centré sur les résultats des recherchesrécentes de ses auteurs, il se dispense d’unenouvelle synthèse historiographique etbibliographique, fort du bilan déjà publiéen 2000 dans les actes du 157e Congrèsarchéologique de France avec la premièreesquisse d’une nouvelle lecture archéolo-gique. Depuis la publication des articles duCongrès du Gard 3. la thèse de doctorat deHeike Hansen sur la construction de lafaçade, soutenue en 2006, a ouvert, pourla première fois dans l’histoire de larecherche sur l’insigne édifice, une enquêted’archéologie du bâti, fondée sur le relevépierre-à-pierre exact et exhaustif de l’en-semble des structures analysées 4. En 2004,la conduite d’une première campagne desondages au pied de la façade et à l’inté-rieur de la crypte 5, ainsi que de sondagespréparatoires dans l’ancienne aire claustraleen 2009 6 renouèrent avec l’archéologie dusous-sol, trente ans après les dernièresfouilles entreprises dans les années 1970par l’association archéologique locale 7.Parmi les recherches récentes sur les sources

écrites relatives à l’histoire de l’abbaye deSaint-Gilles, les publications de Marcel etPierre-Gilles Girault 8 et de Florian Mazel 9ont apporté de nouvelles réflexions stimu-lantes sur la configuration monumentaledu monastère et de ses édifices de culted’après le témoignage des textes antérieursau XIIIe siècle. La chronologie controverséede la façade et de l’église fut réexaminée ily a peu par Jochen Zink, à partir d’unelecture du monument calquée sur la chro-nologie des dates historiques à l’appui dela datation précoce traditionnelle de lafaçade romane, assortie de la restitutionaussi audacieuse qu’imaginaire, car infon-dée sur le plan archéologique et chrono-typologique, du plan et des vestiges hypo-thétiques d’une abbatiale préromane 10.

Réalisés de 2009 à 2011, les travauxdu projet de recherche franco-allemandAegidiana sont au cœur du présent dossier.Cofinancé par l’Agence Nationale de laRecherche (ANR) et la DeutscheForschungsgemeinschaft (DFG) avec lesoutien de la Direction régionale desaffaires culturelles Languedoc-Roussillon,ce projet visait la mise en œuvre d’un relevéet d’une étude archéologique de l’ensem-ble du site abbatial, accompagnés d’unprogramme de fouilles archéologiqueset de recherches d’archives. La colla-boration bilatérale de deux laboratoirespartenaires, placée sous la codirectiond’Andreas Hartmann-Virnich pour leLaboratoire d’Archéologie Médiévale etModerne en Méditerranée d’Aix-en-Provence(LA3M UMR 7298, CNRS-Aix-MarseilleUniversité) 11, et de Klaus Jan Philipp pourl’Institut für Architekturgeschichte (IFAG)de l’Université de Stuttgart, a permis defédérer des compétences complémentairesen matière de relevé numérique et manuel,

de fouille et d’expertise archéologique etarchivistique. En appréhendant l’évolutiondu bâti sur le site dans son ensemble, larestitution des structures disparues, la chro-nologie des formes architecturales et destechniques constructives en vue de leurétude comparative, le projet devait contri-buer à l’élaboration des stratégies pour lafuture restauration, conservation, réhabili-tation et mise en valeur patrimoniale, etinaugurer un accompagnement archéolo-gique permanent.

Le projet Aegidiana, fondé sur lacomplémentarité des fouilles archéolo-giques 12, de la recherche d’archives 13, del’étude des matériaux 14 et du relevé d’élé-vation, réalisé sous la forme d’un relevépierre-à-pierre global au tachéomètre,d’une documentation mono-photogram-métrique et d’un vaste programme de rele-vés manuels pierre-à-pierre hautementdétaillés à l’échelle du 10e tant à l’intérieurqu’à l’extérieur de l’église inférieure 15,permit de vérifier, de corriger et de préciserl’ordre de la construction de l’ensemblemonumental dont nous esquisserons lesacquis majeurs à titre d’annonce : l’étudearchéologique confirme la date tardive del’église romane, édifiée à cheval sur un tiersde l’ancien cloître déjà en place, dont lesgaleries, identifiées en fouille, et les bâti-ments monastiques avaient été partielle-ment reconstruits ou modifiés. Le relevé etl’analyse des innombrables irrégularités,changements et repentirs au cours d’unchantier éminemment complexe, condi-tionné au départ par le remploi de maté-riaux retaillés et de maçonneries fragmen-taires comme, probablement, par lemaintien en élévation temporaire d’édificesantérieurs, révèlent de manière indirectel’impact du bâti préexistant, objet des

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SAINT-GILLES-DU-GARD

L’ÉGLISE ABBATIALE ET LES BÂTIMENTS MONASTIQUESNOUVELLES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES

Andreas Hartmann-Virnich * et Heike Hansen **

Bulletin Monumental Tome 171-4 • 2013

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investigations géophysiques et archéolo-giques présentes et à venir. L’étude desmatériaux a confirmé le remploi d’unimportant lot de pierres retaillées et prove-nant d’un édifice roman plus ancien,comprenant notamment la célèbre inscrip-tion attestant une fondation en 1116 –fondation unanimement confonduejusqu’à présent avec celle de l’abbatialeactuelle, en dépit des indices stylistiques ettypologiques qui plaident pour un débutdu chantier au dernier quart du XIIe siècleseulement. La fouille archéologiquedans l’ancien cloître, cofinancée parle programme franco-allemand et laDirection régionale des affaires culturellesLanguedoc-Roussillon, a permis pour sapart d’élucider l’histoire médiévale et post-médiévale de l’espace claustral, avec l’épier-rement complet des galeries romanes versla fin du XVIIIe siècle, et de remonter auxorigines de l’occupation du secteur, dont lephasage a pu être précisé grâce aux data-tions archéologiques et archéométriques.Cette fouille a mis en évidence le remblaie-ment d’une dépression naturelle au débutdu haut Moyen Âge - cause probable del’instabilité de la future église romane –suivi de la construction de grands bâti-ments à l’époque pré- ou proto-carolin-gienne – bâtiments rasés dès avant uneréoccupation au Xe siècle qui précéda à sontour le cimetière, installé vers le début duXIIe siècle avec l’ensemble claustral roman.La déchéance du monastère, converti encollégiale en 1538 et enfin supprimé en1777, attestée par les sources écrites –que les recherches d’archives ont permisde compléter pour les XVIIe, XVIIIe etXIXe siècles –, se traduisit manifestementpar une laïcisation du cimetière, l’ancienneaile orientale étant remplacée dès 1602-1603 par une chapelle des Pénitents. Si lesdestructions massives consécutives auxguerres de Religion rendent difficile larestitution de l’ordonnance de l’édificeroman, qui au demeurant ne fut selontoute probabilité jamais complètementachevé, le processus de la mise en œuvredes parties conservées peut désormais êtrerestitué dans le détail. La description desétapes constructives, illustrées par unemaquette tridimensionnelle virtuelle, dontla mise en œuvre complexe prend en

compte les irrégularités dimensionnelles etstructurelles des composantes architectu-rales afin de servir d’outil pour la réflexionarchéologique, s’est limitée à l’église infé-rieure et à une partie des bâtiments monas-tiques, en attendant l’achèvement desrecherches sur l’église haute et la publica-tion de leurs résultats dans un volume ulté-rieur.

ÉLÉMENTS POUR UNE HISTOIRE

MONUMENTALE DE L’ABBAYE

ARCHÉOLOGIE ET SOURCES ÉCRITES

Le cadre monumental de l’abbaye duhaut Moyen Âge au début du XIIe siècle

La recherche sur l’histoire monumen-tale médiévale de l’abbaye de Saint-Gillesne peut s’appuyer que sur un nombrelimité de données historiques, comme lemontre l’examen critique des sourcesécrites dont Florian Mazel vient de réétu-dier l’arrière-plan hagiographique et histo-rique 16. Si la première légende de saintGilles, rédigée vers l’an mil au sein dumonastère 17, met en scène le cadre de viesauvage dans lequel l’ermite se seraitinstallé après un premier séjour enSeptimanie, la réalité matérielle desorigines, trop évanescente pour avoir laissédes traces archéologiques vérifiables, resteincertaine. Empruntée à des sourcesd’époque carolingienne, l’image d’un lieusylvestre isolé et désert veut avant toutjustifier l’absence de toute autre tutelle quecelle du souverain fondateur, représentésous les traits du roi goth Flavius. D’aprèsla vita, une « terre tout autour du monas-tère qui s’étend sur un espace de cinqmilles » (terra circumcirca monasteriumquinque miliariorum spatio porrecta) auraitalors fait l’objet d’une donation royale 18.En revanche, la mention de la constructionde deux églises dédiées l’une à saint Privatet l’autre, près de la grotte de l’anachorète,à saint Pierre et à tous les apôtres, de mêmeque le voyage de Gilles à Rome, où cedernier aurait sollicité et reçu l’immunitépontificale, reflètent sans doute la topo-graphie religieuse contemporaine de la

rédaction du récit, et le souci des moinesde rattacher l’exemption, régulièrementcontestée au cours des XIe et XIIe siècles, auxorigines mêmes du monastère.

L’épisode légendaire de la rencontre dusaint avec le « roi Charles de France », quiaurait obtenu l’absolution d’un grave péchégrâce à l’intercession de Gilles, inscrit,quant à lui, les origines de l’abbaye en tantque telle dans l’histoire carolingienne,conformément au plus ancien diplômeconnu, daté de 814, dans lequel Louis lePieux évoque l’existence d’une cellula dansla vallis Flaviana dédiée à « saint Pierreprince des apôtres » et soumise à l’autoritéde l’évêque de Nîmes - source de conflits àvenir. Le saint éponyme n’est, quant à lui,mentionné que vers 875 dans le martyro-loge d’Usuard. Vers 882-884 puis proba-blement en 904, deux bulles pontificalesévoquent respectivement le monasteriumquod vocatur Vallis Flaviana et le monaste-rium sancti Petri in Gothia, confirmant ladédicace à saint Pierre auquel le nom dulégendaire saint fondateur n’est pas encoreassocié, tandis que le terme de monasteriumsemble suggérer l’existence d’une commu-nauté plus importante qu’au début dusiècle. L’invention du corps du saint, en925 19, précéda le changement de vocabledu monastère, qui figure pour la premièrefois sous le nom de sanctus Aegidius dans letestament de Raimond, comte deRouergue, en 961. L’exemption pontifi-cale, accordée effectivement dès 879,comme les séjours de l’abbé de FigeacAdacius en 988 et du roi Robert le Pieuxen 1019/1020, venus en pèlerinage, confir-ment la réputation croissante de l’abbayeet du saint, en l’honneur duquel l’évêqueFulbert de Chartres composa peu avant1029 un office qui, « très local en appa-rence, connaîtra une grande fortune àpartir du XIIIe siècle » 20. De la diffusion duculte et du prestige du saint témoigne ladédicace à saint Gilles de l’autel majeur dela cathédrale de Spire, en 1039 21. Sourcede convoitises et de conflits d’intérêt entreles comtes de Toulouse et l’évêque deNîmes, l’abbaye fut rattachée à Cluny àl’initiative de la comtesse Almodis 22, et nerecouvrit son autonomie définitivementqu’en 1119 puis en 1132, après que

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Raymond IV, comte de Saint-Gilles, eutformellement abandonné ses droits en1090-1096 23, avant de partir en Terresainte comme miles sancti Petri 24.

Si les fouilles conduites en 2010 dansl’ancien cloître de l’abbaye médiévale 25 ontmis au jour des traces inédites de l’occupa-tion du site au haut Moyen Âge, rien neconfirme encore le lien des vestiges avecl’espace monastique avant le XIIe siècle.Dans la stratigraphie, de faibles indicesd’une occupation protohistorique installéesur le terrain naturel en nette pente vers lesud, dépression ou ancien vallon, précè-dent les premières traces d’une présencehumaine plus conséquente à partir dumilieu du Ve siècle de notre ère, avec l’ap-port d’un remblai, scellé sous une sédi-mentation naturelle attestant une activitéalluviale. Vers le VIIe siècle fut édifié puisagrandi un bâtiment dont les murs ortho-gonaux, non maçonnés mais soigneuse-ment construits à double parement,renferment un foyer dallé. Abandonné etarasé vers le VIIIe ou au début du IXe siècle,cet habitat dont l’orientation semble préfi-gurer celle des plus anciennes structuresidentifiables du monastère roman, dispa-rut bien avant le creusement de quatrelarges et profonds silos dans le courant duXe siècle. Un niveau de destruction attestel’existence de constructions maçonnéesdatées du XIe ou du tout début du XIIe

siècle, démantelées apparemment lors de laconstruction des arcades du cloître romanau début du XIIe siècle 26.

Parmi les rares éléments architecturauxantérieurs à l’abbatiale romane, il fautparticulièrement regretter la perte des restesd’une ancienne confession, dégagés en juil-let-août 1864 dans la travée centrale de lacrypte et supprimés aussitôt pour la créa-tion d’un espace cultuel dans le goût del’époque 27. Les descriptions de l’architecteHenry Révoil 28, chargé du dégagement etdes travaux en sous-œuvre, et celles du curéde l’époque 29 restent trop sommaires pourpermettre une restitution des vestiges, enl’absence de dessins ou de photographies30. Sous le sol, qui avait déjà été abaissé unepremière fois en 1842 31, un puissantremblai maçonné, épais de 2,60 à 2,80 m,

couvrait le sarcophage du saint 32. Cemassif lié au « ciment de granit », d’unesuperficie de 5 m2, formait un amas désor-ganisé de blocs en remploi, sous une dallemonolithe de 2,80 x 1,20 m qui pourraitavoir appartenu à un dispositif monumen-tal abritant la tombe 33. Il pourrait en allerde même pour un devant de sarcophagepaléochrétien retrouvé sous la dalle, quirecouvrait un assemblage désorganisé defragments de décors architecturaux et funé-raires d’origine incertaine : tronçons decolonnes, bases, blocs de grand appareil, unchapiteau et trois cippes antiques 34. À sonouverture, le sarcophage contenait desossements reconnus comme complémen-taires de ceux transférés à Saint-Sernin deToulouse en 1562 lors des guerres deReligion. Or, si des reliques du saintavaient été élevées dès le début du XIIe

siècle, d’après le Liber quintus sancti Iacobi,composé pour l’essentiel entre 1110 et1140 35, qui donne une description détail-lée de sa châsse 36, la vénération continuedu lieu thaumaturge de sa sépulture, attes-tée par les sources écrites 37, suggère qu’unepartie du corps était toujours présente etprotégée, puisque le Liber Sancti Iacobiinsiste explicitement sur l’impossibilitéavérée d’enlever les reliques du saint de sonpropre sarcophage 38. La présence de deuxtombes sous tuiles « non loin du sarco-phage de S. Gilles » 39, comparables à cellesdes VIe-VIIe siècles reconnues au pied desfondations de la façade 40, pose la questiondu contexte funéraire originel.

À deux mètres du sarcophage 41, unmur transversal « de grand appareil »,conservé sur une longueur de près de 4 mpour une hauteur de 1,5 m et une épais-seur de 0,53 m 42, comportait « l’entréed’un caveau et une petite fenêtre ronde,garnie de son fer en croisillon. Il est diffi-cile de préciser ce qu’a été cette construc-tion et à quelle époque elle remonte. –Mais il est à présumer qu’elle faisait partied’une des anciennes chapelles qui furentdémolies à l’époque de la construction dela crypte de l’église abbatiale…. » 43. Laposition de l’oculus dans l’axe du sarco-phage 44 permet d’identifier l’ouverturecomme la fenestella d’une confession àlaquelle on pouvait accéder par uneporte 45.

L’église de 1116

Si le passage d’Urbain II en juillet 1096donna lieu à la consécration d’un autel 46,rien ne permet de lui associer une activitéconstructive attestée ou identifiable.L’histoire monumentale de l’abbaye ne seprécise qu’avec la fondation, en 1116,d’une nouvelle abbatiale (selon un récitrédigé de façon rétrospective dans lesannées 1150-1166 par le continuateuranonyme du livre des Miracula sanctiEgidii, dont la rédaction avait été commen-cée vers 1121-1124 par le bibliothécaire dumonastère Pierre Guillaume) 47. Le récit dumiracle 48 mentionne la destruction destrois églises alors existantes dont la confi-guration est donnée avec une précisioninhabituelle, tant pour le cadre monumen-tal que l’auteur anonyme semble avoirconnu de visu, que pour les conditionsdifficiles d’un chantier qui aurait pu mettreen danger les pèlerins pendant les travauxde démolition 49 : « Lorsque nous posâmesles fondations de la nouvelle basilique l’ande l’incarnation du Seigneur 1116, car l’au-tre église était moins spacieuse et nepouvait accueillir la foule des arrivants,nous nous adonnions à l’œuvre du renver-sement des églises. Alors que nous détrui-sions l’église majeure, qui avait été bâtieanciennement avec trois très grands espacesvoûtés (criptis maximis) et des pierreséquarries, ainsi que l’église Saint-Pierre, quipouvait contenir quatre-vingt frères dans lechœur, ensemble avec le passage (porticus)de pierre qui lui était attenant du côté nordet qui s’étendait du chevet de l’église supé-rieure jusqu’à l’extrémité de l’église Saint-Pierre dans le sens de la longueur, parlequel les frères avaient coutume de sortiren procession les jours de fête solennelle,et qui était appelée depuis les tempsanciens via sacra, et que nous détruisionsaussi l’église Sainte-Marie, se manifestal’admirable force de Dieu tout puissant »50.

Ce texte quelque peu équivoquesuggère l’existence d’une église majeure àdeux niveaux dont le chevet supérieur,situé au-dessus d’une cripta anciennementvoûtée abritant le corps du saint 51, étaitrelié à une autre église dédiée à saint Pierrepar une galerie maçonnée accolée au côté

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nord de cette dernière : un dispositif decirculation attesté, par exemple, à l’abbayede Saint-Claude (Jura) au XIe siècle 52. Lesdeux édifices auraient été alignés sur un axelongitudinal ‒ probablement selon le déni-vellement du terrain ‒, l’église Saint-Pierreétant située à l’est de l’église majeure 53, etl’église Sainte-Marie à un emplacementnon spécifié. On constate que le vocable desaint Privat est absent, et que celui de saintPierre, qui correspond à l’église principaledans le récit de la fondation du monastère,n’est pas celui de l’ « ecclesia maior », bienque cet édifice abrite le « chorus » desmoines dont le nombre considérable dequatre-vingt personnes suppose un édificeassez spacieux, et une communauté etfamilia encore plus nombreuse. Si la dispo-sition des édifices fut effacée par leurdestruction, le souvenir de la porticus lapi-dea appelée « via sacra » survivra dans latitulature de l’office du sacriste jusqu’à lasécularisation de l’abbaye en 1538 54. Et sila démolition de trois églises au profit d’un

seul édifice abbatial plus grand supposeune réorganisation spatiale et liturgiquesubstantielle, elle ne fut peut-être pascomplète, si l’on en juge d’après le murdécouvert en 1843 devant la façade(fig. 1) : « Au nord des fondations on arencontré un mur avec contrefort qui a étécoupé pour la construction de la Basilique.C’est sans doute un mur qui avait appar-tenu à une église, puisqu’on a trouvé descroix grossièrement gravées contre lecontrefort, et au pied plusieurs sarcophagesen pierre et des ossements » 55. La construc-tion en appareil mixte de ce mur, dont lescontreforts ou piles en moyen appareil sontarasés à fleur de parement, ne saurait êtreantérieure à la fin du XIe siècle et son appar-tenance à l’une des églises détruites en1116 laisserait supposer que l’édifice dontil faisait partie était alors de constructionrécente.

D’après le célèbre récit rétrospectif ducontinuateur des Miracula, les murs de

l’église commencée en 1116 atteignirentrapidement une hauteur suffisante pourqu’un homme risquâ la mort en tombantdu lit d’attente 56. Au terme de sa construc-tion, l’édifice comportait une église infé-rieure, où la communauté célébrait la missamatutinalis avant de monter en processionad altare superius, l’autel majeur de l’églisesupérieure qui accueillait les fidèles 57,ceux-ci n’étant permis de prier « devant letombeau du saint » 58 qu’à titre exception-nel : vers 1138-1152, l’autel de Saint-Gilles« nouvellement fait » répondait à « l’autreautel inférieur… où le corps du saintrepose inhumé depuis les temps anciens »et auquel les fidèles ne pouvaient accéderque sur autorisation spéciale, et sous bonnegarde 59. Le 11 mai 1166, une guérisonintervint devant la tombe du saint dans la« crypte inférieure » 60 .

La date de 1116 correspond à celledonnée par la célèbre inscription incorpo-rée dans le premier contrefort méridional

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Fig. 1 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, mur nord sous l’escalier, au nord-ouest du soubassement de la façade occidentale (relevé tachéométriqueet photoredressement H. Hansen 2009-2011).

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de la nef, à l’angle occidental de lacinquième assise au-dessus du sol actuel,dans l’ancienne galerie nord du cloître(fig. 2) 61. Le texte, déjà publié dans sonétat mutilé par Prosper Mérimée,mentionne le début de la construction de« ce temple de Saint-Gilles » le lundi del’octave de Pâques 1116 : (AN)NOD[OMI]NI M°C°XVI° HOCTE[M]PLV[M] / (SANCTI) ÆGIDIIÆDIFICARI CEPIT / (MENSE)AP[RI]L[IS] FER[I]A II IN OCTAB[A]PASCHE 62. Toutefois, si l’inscription esten soi considérée comme authentique 63,saposition décalée sur la face du bloc 64 estsans rapport avec son emplacement actuel ;par ailleurs, la pierre se situe dans unniveau de construction caractérisé, à l’ex-térieur, par le remploi massif de blocsretaillés, de formats et de matériaux divers(fig. 3) et, à l’intérieur, par l’un de ceschangements d’axe et d’aplomb qui inter-vinrent à plusieurs reprises au cours duchantier de l’église inférieure. Tout portedonc à croire que l’inscription et les maté-riaux en remploi furent prélevés sur unédifice antérieur. Or, l’étude archéologiqueatteste que l’église actuelle fut construite audétriment de l’espace claustral du XIIe siècle,

déjà en place, tandis que la date tardive deson architecture est confirmée sans équi-voque par l’ensemble des données typolo-giques, techniques et stylistiques, et mêmecelles de la numismatique (la représenta-tion des monnaies dans la scène de l’achatdes aromates est en effet suffisammentprécise pour qu’on puisse les dater de la findu XIIe ou du XIIIe siècle) 65.

L’espace claustral et les vestiges antérieurs àl’abbatiale romane (étape 1 de la construc-tion 66)

Comparé à l’abbatiale, l’ensembleclaustral situé au sud de celle-ci (fig. 4) sedistingue par la modestie de ses dimen-sions, le désaxement des bâtiments, l’irré-gularité et l’étroitesse de sa courrectangulaire. Ce contraste relève en fait deson antériorité.

L’état d’abandon des vestiges de l’an-cien cloître et des bâtiments adjacents,rarement évoqués dans la littérature etmoins encore étudiés 67, résulte d’un déclindu monastère amorcé dès la fin du MoyenÂge qui aboutit à sa sécularisation, en1538. Une bulle de Paul III apporte

quelques informations sur son état, l’insuf-fisance, l’insalubrité et l’inadaptation dubâti au climat étant évoquées commeautant d’arguments en faveur de l’abandonde la vie régulière 68. La présence de« personnes séculières » dans la clôture 69,l’utilisation du cimetière claustral par unepopulation laïque ‒ confirmée par lesfouilles archéologiques 70 ‒ et le fumierentassé devant le cellier 71 illustrent ladéchéance des anciens espaces de la viecommunautaire, convertis ou voués à ladestruction. Le remplacement de l’an-cienne aile orientale par la chapelle de laconfrérie des Pénitents blancs, baillée àprix-fait le 29 septembre 1602, entraîna ladestruction des voûtes, de la façade sur lecloître et des parties hautes du mur orien-tal du bâtiment médiéval « depuis lamuraille de ladite église jusqu’à la chapellequi est joignant la maison abbatiale » 72 ;cette dernière fut rasée peu de temps aprèspour construire des ouvrages de fortifica-tion au-dessus des parties hautes de l’église,transformée en forteresse protestante 73. Sile second contrat pour la reconstruction del’église en date du 7 septembre 1650 auto-risait déjà la récupération des pierres « àprendre autour des cloîtres… » 74 , lesvoûtes de la galerie nord sont encorementionnées vers 1739 75. Conséquencepossible de l’union de l’ancienne collégialeà la mense archiépiscopale d’Aix en 177776, la destruction des arcades et de leursmurs-bahuts jusqu’aux fondations, accom-pagnée de toute évidence de la transforma-tion du décor sculpté en chaux vive 77, étaitdéjà consommée au moment de la vente del’ensemble comme bien national. En effet,le « Plan géométrique des bâtiments desCi-devant chanoines de st-Gilles servant àexploiter la dîme » dressé en 1791 78 (fig. 5)montre une cour vide. L’état des bâtimentsclaustraux, tous affectés à des usages agri-coles, oléicoles, viticoles et de stockage,permet de mesurer l’ampleur des destruc-tions ‒ l’aile sud était cependant encoreconservée sur toute sa longueur, au-delà dela chapelle des Pénitents, et partiellementcouverte. Une longue salle perpendiculaireattenante, divisée en deux nefs par unerangée de piliers, devait être supprimée parla suite, et l’aile sud rétrécie et éventréepour ménager un passage à la cour. En

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Cl. A. Hartmann-Virnich.Fig. 2 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, inscription incorporée dans le premier contrefortméridional de la nef.

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dehors de la partie basse du mur est del’aile orientale, conservée dans la chapelledes pénitents, il ne subsiste aujourd’huiqu’une partie de la façade nord du bâti-ment méridional et l’extrémité orientale dumur sud, ainsi que le rez-de-chaussée del’aile ouest située en contrebas, divisée en

trois travées voûtées de croisées d’ogives« lombardes », et enchâssé dans un ensem-ble de maisons parasitaires. Si l’analysedétaillée de ces vestiges dépasse le cadre dela présente étude, celle de leur rapport avecle cloître et l’église est incontournable pourla restitution des états antérieurs (fig. 6).

À l’heure actuelle, la nature fragmen-taire des indices archéologiques n’autorisequ’une approche partielle et indirecte de laquestion des antécédents monumentaux del’abbatiale romane. En 2004, la mise aujour d’un ancien mur orienté est-ouest,arasé lors de la construction de l’égliseromane et incorporé dans les fondations desa façade au milieu du massif saillant dusoubassement 79, permit de comprendreque, lors de sa construction, l’église actuelleavait empiété sur une aire claustralepréexistante, située au sud de l’ancien murattribué à une église antérieure 80. Levestige constituait en effet un point derupture, provoquant dès le départ du chan-tier un affaissement de la partie sud del’église 81, bâtie sur un terrain plus instable(fig. 7). Un autre fragment de cette maçon-nerie semble être conservé dans le pare-ment intérieur du mur occidental : réduità deux assises sur une longueur de 3 à 4 m,il pourrait être en relation avec la construc-tion ancienne incorporée dans les fonda-tions de la façade, du côté extérieur. Lapartie nord du mur présente d’autresanomalies remarquables : à hauteur descinq premières assises, le parement estcomposé d’un petit appareil irrégulier,grossièrement ravalé en surface pour êtreintégré dans la nouvelle construction. Bien

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Fig. 3 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, relevé tachéométrique du mur sud de l’église. Étude géologique des variétés de pierre, AlexandreHairabian 2010 (relevé numérique H. Hansen, mise au net L. Maggiori).

Fig. 4 - Saint-Gilles-du-Gard, espace claustral de l’ancienne abbaye.Cl. H. Hansen.

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qu’on ne puisse assurer qu’il prolongeait unautre mur plus ancien, coupé par laconstruction de l’abbatiale romane, maisconservé en élévation sous l’escalier duparvis 82, la présence dans ce secteur deconstructions plus anciennes est évidente.Les ressauts et les corrections d’axe desmurs nord et ouest de l’église inférieure,particulièrement marqués, répondent dureste à des contraintes héritées du bâti anté-rieur même si, en l’absence de fouilles, s’ilest impossible de préciser leur nature 83.

Tandis que la fouille de la cour du cloî-tre a établi que l’ancien espace claustralavait été implanté sur une dépression natu-relle anciennement remblayée (la compres-sion de ce terrain par l’église romane ayantmême provoqué l’affaissement des tombesà coffrage du cimetière claustral situé àproximité de l’édifice) 84, l’étude du bâti amontré que le cloître roman était alorsdéjà en place, et qu’il s’étendait au-delà de

L’ÉGLISE ABBATIALE ET LES BÂTIMENTS MONASTIQUES : NOUVELLES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES

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Fig. 6 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbaye, plan tachéométrique de l’ensemble de l’église et des restes des bâtiments monastiques ;restitution des éléments antérieurs en rouge (H. Hansen 2009-2011).

Fig. 5 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbaye, copie du plan de 1791 (Arch. dép. Gard G1235).

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l’emprise de la grande abbatiale, sur unedistance d’au moins 11 m (fig. 8).

Sous le parvis, le soubassement de lafaçade (fig. 9) est longé à une distanced’environ 5,50 m par un mur médiéval,borné au nord et au sud par deux murstransversaux de construction inégale dansl’axe des murs gouttereaux de l’église.Lorsqu’il fut dégagé au cours des premierstravaux de restauration, en 1842, ce murconservait encore la retombée d’une voûte,qui inspira alors la construction du demi-berceau destiné au soutènement du nouvelescalier d’accès 85, tel qu’il devait effective-ment exister avant le XVIIe siècle 86.Légèrement désaxé vers le nord-ouest, lemur de moyen appareil comporte plusieurscoups de sabre issus de différentes étapesde construction et de modifications. Samoitié sud est toutefois homogène, avec

des assises continues dotées de rangéesrégulières de trous de boulin supposantl’existence d’une élévation plus importanteà l’origine, et plusieurs occurrences d’unmême signe lapidaire. De faibles tracesd’inscriptions, inédites à ce jour, attestentl’accessibilité de ces élévations au XIIe siècle.Le relevé topographique met en évidenceque ce mur, dont l’orientation diffère decelle de la façade, était en fait l’extrémiténord du mur de l’aile occidentale quis’avançait sur une longueur de 11,81 msous l’escalier actuel. Au-delà de cettelimite, l’appareil plus sommaire et l’orien-tation divergente du mur suggèrent unprolongement destiné à soutenir la voûtede l’escalier, pour laquelle le mur de l’aileouest fut alors réduit en hauteur. Trois arra-chements attestent la présence de deuxpiles engagées larges de 0,33 m, suivis du

négatif d’une maçonnerie perpendiculaired’une épaisseur de 0,63 m. L’espacementrégulier de ces éléments permet de restituerune série continue de douze supports dumême type, espacés de 2,11 m, en corres-pondance exacte avec deux négatifssemblables à l’extrémité sud du mêmemur 87, et en tous points identiques à ceuxde l’arcade aveugle du bâtiment claustralsud. À l’intérieur, le rez-de-chaussée del’aile occidentale, long de 25,50 m pourune largeur moyenne de 7,50 m, est coupéau nord par un mur de refend de factureplus sommaire, ce qui suppose effective-ment une extension du bâtiment vers lenord, avec des subdivisions internes 88. Larestitution de l’aire claustrale, qui formaitun rectangle d’environ quatre sur cinq 89, apermis d’attribuer au mur-bahut de l’ar-cade occidentale une maçonnerie parallèle,

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Fig. 7 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, relevé manuel de la façade occidentale, élévation extérieure (H. Hansen 1999-2002). Relevé des éléva-tions dégagées au niveau du soubassement, en jaune transparent (C. Markiewicz 2004).

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située à environ 3,50 m de l’ancien bâti-ment ouest et à proximité immédiate del’abbatiale, une construction qui fut araséemais laissée en place lors du creusement desfondations de la façade. Ce mur corres-pondait donc au mur mur-bahut de lagalerie sud du cloître, dont la position etles dimensions sont indiquées par la formede la tranchée d’épierrement du XVIIIe siècleidentifiée en fouille.

Si l’arcade aveugle des galeries du cloî-tre se poursuivait selon le même rythme àl’est et au sud, la construction et l’ordon-

nance de l’aile méridionale se distinguaientde celles de l’aile occidentale. À la diffé-rence de la salle sud-ouest, entièrementparementée et voûtée en pierre de taille,l’intérieur du rez-de-chaussée du bâtimentsud est en petit appareil, tandis que safaçade, scandée sur toute sa longueur del’arcature aveugle en moyen appareild’après les traces d’arrachement, était pare-mentée en moyen appareil. À l’inverse,l’étage, dont le mur de façade est plusmince pour ménager un retrait d’appuipour le plancher, est construit en pierre detaille à l’intérieur et en petit appareil à

l’extérieur, au-dessus du négatif du plan-cher et de l’arcade aveugle de la galerie atte-nante du cloître, dont il subsiste deuxtravées et la moitié d’une troisième à l’ex-trémité occidentale, avec un pilastre d’ori-gine (fig. 10 et 11) 90. Une claire-voie dehuit baies étroites à ébrasement simple,dont l’arc en plein cintre encadre un petittympan monolithe, s’inscrit à l’extérieurdans un troisième niveau en pierre de taille.Avec une seconde série de fenêtres pluslarges au sud, dont il ne subsiste que la plusorientale 91, elle éclairait une longue sallerythmée de consoles et de colonnettesengagées alternant avec les baies, sous lesentraits d’une charpente de toit. À l’extré-mité orientale, une porte monumentaledonnait sur l’étage de la galerie orientale,qui communiquait sans doute avec l’églisehaute de l’abbatiale antérieure à l’égliseactuelle. L’appareil mixte, la forme desbaies, les tailles décoratives des claveaux duportail d’étage (fig. 12), la section légère-ment outrepassée des fûts des colonnes etleurs chapiteaux décorés d’une simpleesquisse de feuilles d’eau géométriquesconfirment une date vers le second tiers duXIIe siècle ; les acanthes raides et charnuesdu chapiteau de l’arcade du cloître (fig. 13)s’apparentent pour leur part à ceux duportail de l’aile occidentale du cloîtred’Arles, construite vers la même époque 92.

Les dimensions, l’éclairage, le décor etla porte haute posent la double question dela fonction de la salle – probablement ledortoir ‒ et de la circulation à l’étage ducloître avant la construction de l’abbatialeactuelle. Or le relevé de la crypte a montréque l’ouverture bouchée dans le mur méri-dional de la quatrième travée centrale,construite au tout début ou en amont duchantier 93, était en fait une fenêtre forte-

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Fig.9 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, mur à l’ouest de la façade occidentale, sous l’escalier (relevé tachéométrique et photoredressement, HeikeHansen 2009-2011).

Fig.8 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbaye, maquette 3D : étape 1, en bleu ; étape 2.1, en vert(G. Echtenacher 2010-2013).

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Fig.10 - Saint-Gilles-du-Gard, façade nord de l’ancien bâtiment sud du cloître (relevé tachéométrique H. Hansen, 2009-2010 et photoredressementL. Deye, H. Hansen 2009-2011).

Fig.11 - Saint-Gilles-du-Gard, façade nord de l’ancien bâtiment sud du cloître (restitution. H. Hansen, 2009-2011).

Cl. A. Hartmann-Virnich. Cl. A. Hartmann-Virnich.

Fig.12 - Saint-Gilles-du-Gard, portail à l’étage du bâtiment claustral sud. Fig.13 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne galeriesud du cloître, chapiteau de pilastre de l’arcadeaveugle.

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ment ébrasée, située à hauteur de l’étage ducloître 94 et donc incompatible avec le bas-côté de l’église inférieure ajouté dans unsecond temps 95. Sa présence suppose pourla nouvelle église un premier projet respec-tant l’emprise du cloître, projet qui futrapidement abandonné au profit d’unprogramme beaucoup plus ambitieux. Laporte haute du bâtiment claustral sud, quin’avait aucun lien avec la nouvelle églisehaute, pourvue d’une porte latérale à l’estde l’espace claustral, fut alors murée par unmoyen appareil dont la facture romaneatteste la précocité du changement deprojet.

L’espace funéraire dans les galeries du cloître

Six inscriptions funéraires, attribuées àla première moitié du XIIe siècle par leurmillésime ou par des conjectures prosopo-graphiques au demeurant discutables, ontété gravées sur certains blocs d’appareilappartenant à la partie méridionale dusoubassement de la façade et sur le mur sudde la travée occidentale de l’église, à unniveau immédiatement inférieur à celui del’assise portant l’inscription de 1116.L’apparente consonance de ces repèreschronologiques, qui contraste avec la dateplus tardive de l’édifice fournie par lesdonnées archéologiques et chrono-typolo-giques 96, pose le problème de la date et dela nature de ces inscriptions 97, dont laformule tumulaire (hic iacet, hic sepultusest) 98 pourrait se référer à des sépulturesqui auraient été déplacées du cloître lors dela construction de l’église. L’utilisation desgaleries, non encore fouillées 99, commeespace funéraire est en effet attestée par uneépitaphe similaire gravée dans le mur dubâtiment méridional 100. On ne sauraitcependant affirmer que l’inévitabledestruction de tombes et la création après-coup d’inscriptions commémorativessuffise à expliquer que certaines formulesne comportent ni millésime ni date d’an-niversaire du décès 101. Quoi qu’il en soit,l’absence de sépulture est confirmée aumoins dans un cas tandis que subsistent lesindices d’au moins un ossuaire contempo-rain du remblaiement lié au chantier del’abbatiale 102.

Étape 2. Construction de la crypte :abandon et modification d’un premier

projet, ou d’un état antérieur

L’ordonnance de l’église inférieurerésulte d’un long processus constructif aucours duquel un premier état ou unepremière amorce de moindre envergurefurent remplacés par un vaste édifice à troisvaisseaux. Celui-ci s’étend sous les sixtravées occidentales de la nef supérieure demême envergure et dont la quatrièmetravée surplombe l’espace-reliquaire autourdu tombeau du saint (fig. 14a-f ). À l’inté-rieur des puissants murs gouttereaux scan-dés de contreforts massifs et de deuxtourelles d’escalier à l’angle du socle sail-lant de la façade occidentale, les collatérauxde cette crypte monumentale, de largeurinégale à la différence de ceux de l’églisehaute qui corrige la dissymétrie dimen-sionnelle, ne se développent sur toute lalargeur de l’édifice que sous les deux travéesoccidentales de la nef haute, le collatéralnord étant muré à partir de la troisièmetravée à hauteur de l’escalier principal, etdu côté nord du vaisseau central. Établicontre la face orientale du second piliernord, et soutenu par deux voûtesrampantes, l’escalier descend sous unevoûte en berceau segmentaire en directiondu nord jusqu’à une seconde volée adosséeau mur gouttereau. Si les deux travées occi-dentales sont intégralement voûtées surcroisées d’ogives ornées, soutenues par despiliers et piles latérales de forme inégale etdiscordante, ce même voûtement se limiteau seul vaisseau central dans les troisième,cinquième et sixième travées voûtéesd’arêtes dans le bas-côté unilatéral. Sousune sobre voûte d’arêtes, la quatrièmetravée du vaisseau principal est fortementresserrée entre deux murs massifs décalés,désaxés et dotés à un niveau aujourd’huiinaccessible de placards, d’un escalier aunord, aujourd’hui incomplet et impratica-ble, et d’un passage au-dessous d’une baiemurée au sud. Elle accueille le tombeaudu saint, dégagé et enchâssé au milieu duXIXe siècle dans un nouvel espace liturgiquedont l’enveloppe fut encastrée en sous-œuvre sur tout le pourtour dans les partiesbasses de la travée. Au bas-côté sud, le mur

de séparation, doublé d’une puissantemaçonnerie à arc de décharge aménagé enenfeu et faisant corps avec la voûte enberceau longitudinal, est traversé de parten part par le passage donnant dans l’es-pace reliquaire. Face à ce couloir mural,sous le puissant doubleau occidental de lavoûte, un puits a été aménagé dans ledallage, à proximité de la porte du cloîtrequi s’ouvre sur la troisième travée voisine.Les deux travées orientales, adossées aunord à des maçonneries qui se distinguentdu moyen appareil de l’ensemble de lacrypte par leur caractère plus sommaire etirrégulier, et à l’est par des murs de refend,insérés entre le soubassement des piliers dela croisée, sont progressivement surélevéesconformément à la montée du terrain. À lacinquième travée, un troisième escalier,adossé au mur gouttereau sud, donne surune rampe d’accès. Cette dernière traversele collatéral à l’équerre pour rejoindre lehaut vaisseau de l’église supérieure par unedernière volée établie contre la face orien-tale du dernier pilier à hauteur de la voûte.

Au sud, une série de grandes fenêtres,dont l’ébrasement double très fortementincliné dépasse le niveau de l’église haute àl’extérieur, est interrompue à la quatrièmeet à la sixième travée par des baies d’enver-gure plus modeste. Un septième jour,aujourd’hui muré, s’ouvrait dans le muroccidental du collatéral nord. Au sud, lemur homologue accueille un grand enfeugothique, percé d’une porte au XIXe siècle.

L’ordonnance de la nef haute romanecontraste avec celle de la crypte par lacadence régulière de ses piliers cruciformeset piles latérales à demi-colonnes engagées,établis sur de hauts socles parallélépipé-diques moulurés. Une anomalie trahit laprésence ancienne d’un refend à l’entrée dela quatrième travée qui surplombe letombeau du saint. Dans les quatre travéesoccidentales, les grandes arcades brisées àdouble rouleau, dont les premiers claveauxbûchés à la verticale subsistent dans lasuperstructure du XVIIe siècle, prenaientappui sur les chapiteaux sculptés toujoursen place, en soutenant les voûtes d’arêtesdes collatéraux, établies sur des doubleauxet des formerets dont il ne subsiste de tracequ’au collatéral sud. À la différence du

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Fig.14a - Saint-Gilles-du-Gard, ancienneabbatiale, coupe longitudinale sur lecollatéral nord (H. Hansen, 2009-2012)avec cartographie des matériaux des partiesromanes (A. Hairabian, 2010, mise au netL. Maggiori).

Fig. 14b - Saint-Gilles-du-Gard, ancienneabbatiale, coupe longitudinale sur le collaté-ral sud (H. Hansen, 2009-2012) avec carto-graphie des matériaux des parties romanes (A.Hairabian, 2010, mise au net L. Maggiori).

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Fig. 14d - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abba-tiale, coupe coupe longitudinale sur le vaisseaucentral, côté sud (H. Hansen, 2009-2012) aveccartographie des matériaux des parties romanes(A. Hairabian, 2010, mise au net L. Maggiori).

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Fig. 14c - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abba-tiale, oupe longitudinale sur le vaisseau central,côté nord (H. Hansen, 2009-2012) avec carto-graphie des matériaux des parties romanes(A. Hairabian, 2010, mise au net L. Maggiori).

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chevet, qui avait déjà atteint au moins lamême hauteur, les deux travées orientalesde la nef, le transept et l’amorce de la travéejointive du chevet ne dépassaient pas alorsencore le niveau d’appui des claires-voieslatérales 103.

Élevés avant l’ouverture du chantier dela grande abbatiale ou au tout début decelui-ci autour de l’ancienne confession, lesmurs de la quatrième travée centrale de lacrypte 104, qui se distinguent par leur posi-tion et leur axe discordants 105, ont mani-festement été tributaires du bâti claustralantérieur, dont la fenêtre haute du mur sudtient encore compte. Le relevé numériquemet en évidence les désaxements qui accu-sent le caractère particulier de cet espace,dans un contexte architectural qui marqueun changement substantiel du projet. Lepremier noyau, constitué de murs moins

épais flanqués de piles engagées (étape 1,en bleu dans la maquette fig. 8 et le planchronologique fig. 15) fut consolidé dansun second temps par l’adjonction des puis-sants murs et piliers des collatéraux quimodifièrent l’emprise et l’orientation del’édifice (étape 2, en gris). Ce renforcementsuivait le nouveau système d’axe du murgouttereau sud et de la façade occidentalede la grande abbatiale, sans toutefois s’im-poser aux autres parties du nouvel édifice,dont les piliers et le mur nord reprenaienten l’atténuant l’orientation discordante desmurs de la travée centrale. Or, le désaccordavec le nouvel édifice semble hériter d’unalignement plus ancien, perpendiculaire àl’aile orientale du cloître et à peu près paral-lèle au bâtiment claustral sud (fig. 16).D’incessants changements d’aplomb etd’axe au cours de la mise en œuvre des

murs et des piles des premières travées révè-lent les difficultés rencontrées pourimplanter une géométrie cohérente, diffi-cultés aggravées par le fait que la conver-gence de la file de piliers et du gouttereaunord avec le mur sud engendrait entre lafaçade occidentale et le chevet un rétrécis-sement de plus de 2 m interdisant touterégularité métrologique.

L’orientation de la travée de la confes-sion et la position de sa fenêtre méridionalesupposent que le cloître et les bâtimentsmonastiques contigus s’étendaient jusqu’àl’emplacement occupé par le collatéral sudde la nouvelle église. L’archéologieconfirme en effet que celle-ci fut construiteà cheval sur le cloître et l’aile orientale, cequi fut probablement à l’origine desfaiblesses structurelles du mur gouttereaudans l’entourage des anciennes construc-

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Fig. 14e - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, coupe transversale sur la troisième travée (H. Hansen, 2009-2012) avec cartographie des matériauxdes parties romanes (A. Hairabian, 2010, mise au net L. Maggiori).

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tions démontées 106. Or, le puitsaujourd’hui englobé dans le collatéral del’église basse était situé à l’origine dans l’an-gle nord-est du cloître, dans le prolonge-ment d’une canalisation oblique retrouvéesous le préau, dont la construction soignée,faite de pierres de taille emboîtées sur unsolin maçonnée, précéda l’installation ducimetière 107. La tranchée d’épierrement dumur-bahut de la galerie nord 108, dont unvestige subsiste au contact avec la canalisa-tion 109, et celle du mur-bahut de la galeriesud ne sont pas identiques 110 : parallèle aumur gouttereau de l’église, celle du nord nesuit pas l’orientation de la galerie méridio-nale et la couleur des résidus de mortiersuggère une maçonnerie différente. Lareconstruction de la galerie nord sur l’em-placement identifié par la fouille, imposéepar le projet de la grande abbatiale et prise

en compte dès avant l’achèvement del’église inférieure 111, explique aussi la diffé-rence stylistique entre les fragments desculpture architecturale retrouvés dans lecomblement des fosses de récupérationprès de l’arcade nord, qui sont issus desateliers de la façade et du chevet de l’abba-tiale, et le décor en place de la galerie sud,qui appartient à une phase plus ancienne.

Les murs de la travée centrale de lacrypte, construits en moyen appareil fine-ment layé sans ciselures périphériques etmaçonné avec des joints retracés à latruelle, accusent la transformation d’élé-ments incompatibles avec le nouveauprojet. Pourtant, les rares signes lapidairesgravés sur l’une des piles du mur sud de latravée se retrouvent sur les maçonneries del’état suivant, qui correspond à une restruc-turation fondamentale de l’ensemble. Si

cette récurrence plaide en faveur d’unemodification au cours d’un même chantier,un remploi de blocs provenant du démon-tage partiel des élévations déjà en placen’est pas à exclure. Dans ce cas, il estimpossible d’affirmer si le premier étatidentifié appartenait à un édifice antérieurou à un premier projet de l’édifice actuel,rapidement abandonné.

Après le changement de projet, l’esca-lier courbe qui, du côté nord, était logédans l’épaisseur du mur, fut remplacé parun escalier coudé destiné à contourner l’undes piliers de l’église haute (fig. 17 a-c). Cenouvel escalier qui remplaça en le détrui-sant le premier escalier mural de la travéede la confession, devenu inutilisable 112, futdécalé vers le nord en interposant un palier

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Fig. 14f - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale. Coupe transversale sur le transept, côté ouest (H. Hansen, 2009-2012) avec cartographie des maté-riaux des parties romanes (A. Hairabian, 2010, mise au net L. Maggiori).

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Fig. 15 - Saint-Gilles-du-Gard, plan d’ensemble au niveau de la crypte, chronologie relative sans prise en compte des modi-fications ni des restaurations (A. Hartmann-Virnich, H. Hansen, G. Echtenacher 2009-2011, mise au net L. Maggiori).

Fig. 16 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbaye, plan d’ensemble, avec indications des différents axes (A. Hartmann-Virnich, H. Hansen 2009-2011, mise au net L. Maggiori).

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entre la première volée de huit marches,orientée vers le nord, et une seconde detreize marches en direction de l’est, pouraboutir à une distance de 1,15 m seule-ment au pied du pilier IV-V nord del’église haute. Trop exigu pour des usagersnombreux, et construit dans un moyenappareil fruste dont les blocs pourraientavoir été remployés 113, ce passage dérobéétait sans doute réservé à la desserte desdeux espaces liturgiques superposés àl’aplomb de la tombe du saint. La face estdu pilier III-IV nord bute contre l’appareildu mur nord de la travée déjà en place,remanié pour rectifier la courbe du premierescalier. Elle correspond désormais à lalimite ouest du nouvel escalier, dont lepalier est encastré dans la maçonnerie dusupport. Ce repentir intervint toutefoisavant l’achèvement de l’église basse : alorsque le mur nord de la seconde voléeperpendiculaire, étrésillonné par un arc dedécharge, s’appuie sur le palier, ses assisessont chaînées à celles de la partie supérieuredu pilier III-IV, construite en même temps,en fonction des contraintes imposées par leplan de l’église haute et l’ordonnance desvoûtes.

Au sud, la fenêtre haute ébrasée futsoigneusement obturée pendant la mise en

œuvre avec un appareil semblable maisd’un module réduit 114. L’arc segmentairede la baie, grossièrement entamé lors de laconstruction de la voûte actuelle, et lesfortes piles engagées ont d’abord été conçuspour un voûtement plus élevé qui futramené ultérieurement au niveau de lavoûte du nouveau collatéral, dont l’ajoutcondamnait la baie du mur déjà en place(fig. 18) Au niveau inférieur de ce mêmemur fut ménagée une porte sous linteaud’une largeur confortable de 1,08 m, quicommuniquait sans doute avec l’angle desgaleries du cloître. Lors du changement duprojet, ce passage fut prolongé dans lemassif plaqué à coup de sabre contre leparement sud du mur déjà en place(fig. 19a) 115. À côté du passage, l’arc dedécharge segmentaire qui surmonte uneniche profonde et dont le sommet à plate-bande s’inscrit dans l’amorce de la retom-bée du futur voûtement du collatéralaccuse la puissance des maçonneries ados-sées au mur (fig. 19b). L’épaisseur de 1,10 mfut ainsi portée à 2,70 m à l’ouest et à2,55 m à l’est de la travée, de manière àcompenser le fort désaxement dû à la diffé-rence d’orientation avec l’église agrandie.Si l’appareil du second état (étape 2)diffère, le remploi de blocs épaufrés et larécurrence du signe lapidaire associé à lapremière étape 116 laissent à penser qu’une

partie des blocs proviennent de la construc-tion initiale.

À l’est de la travée de la confession,l’ajout des structures du nouveau projetmodifia les piles engagées, dont la diffé-rence de largeur, de 1,36 m au nord et de1,48 m au sud, visait à nouveau à rattraperle changement d’orientation 117. Le raccorddes appareils de la travée jointive, difficile-ment lisible et masqué au Nord comme auSud par l’adaptation aux assises en place(fig. 20), a effacé les traces de la terminai-son originelle de la travée - peut-être unchevet dont la forme reste conjecturale 118.Des indices d’un chaînage pourraient attes-ter l’existence d’une fermeture transversalevers l’est 119, conçue ou construite avec leprolongement de la crypte. En effet, l’en-duit ancien et le semis d’un piquetage desmurs de la travée réalisé pour l’applicationd’un décor peint de la fin du XIIIe ou duXIVe siècle ‒ décor dont il ne reste que dessinopies très fragmentaires ‒ dessinent lenégatif d’un mur de refend de 0,43 md’épaisseur 120. À l’ouest, les piles de latravée de la confession furent enchâsséesdans un mur transversal dissymétrique,avec un retrait des piliers de la travée join-tive de 1,60 m au nord contre seulement0,85 m au sud, la nef centrale se trouvant

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Cl. G. Echtenacher. Cl. G. Echtenacher. Cl. G. Echtenacher.

Fig. 17 - Saint-Gilles-du-Gard, crypte de l’ancienne abbatiale, travée IV. a : restes d’un premier escalier courbe ; b et c : restes d’un deuxième escalier coudé.

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Fig. 18 - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, travée IV, relevé manuel du mur sud à l’échelle 1 :10, avec cartographie des étapes de construction et des restau-rations (H. Hansen 2011, mise au net L. Maggiori).

Fig. 19a - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, travée IV, passage entre le colla-téral et le vaisseau central, mur ouest. Relevé manuel à l’échelle 1 :10 aveccartographie des étapes de construction (N. Lamoureux 2011, mise au netL. Maggiori).

Fig. 19b - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, travée IV sud, niche dans le murnord.

Cl. H. Hansen.

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de ce fait fortement décalée vers le nord.Un arc de tête engravé dans la voûte de latravée de la confession (fig. 21) vint alorsremplacer une attente ou un arrachementdu voûtain qui suppose le projet ou l’exis-tence d’un prolongement du premier étatvers l’ouest. L’appareil de ce raccord, qui sedistingue par le lissage des surfaces presquedépourvues de traces d’outil, et par lessignes lapidaires qu’il comporte, rattachecette reprise à la quatrième étape de laconstruction, qui devait effacer toute tracehors sol de l’ordonnance initialementprévue.

La modification de la travée de confes-sion inaugura le chantier du second projet,dans lequel les collatéraux, l’extensionorientale et, au niveau supérieur, le tran-sept et le chevet à déambulatoire etchapelles rayonnantes occupent, au nordde l’ancien cloître, une surface plusieursfois supérieure à l’emprise hypothétique del’église précédente. Le relevé et la cartogra-phie pierre-à-pierre des assises, des tracesd’outil et des signes lapidaires 121 permet-tent d’attribuer à cette étape l’amorce desmurs sud, ouest et nord ainsi que les pilierssitués à l’est et à l’ouest de la confession(pilier II-III nord et sud, V-VI sud et VI-VII nord et sud) [fig. 22]. La répartitiondes signes lapidaires reflète bien les étapesde construction. Dans les parties les plusanciennes de l’ensemble monumentalroman, y compris dans le premier état de latravée centrale de la crypte 122 et dans lesbâtiments claustraux 123, les marques sontpour ainsi dire absentes. En revanche, surla voûte de la travée IV centrale, construitedans un second temps, des signesnombreux et variés correspondent à ceuxdu placage du mur sud dans le collatéral.La présence de plusieurs exemplaires de laseule marque associée à la première étapes’expliquerait soit par la proximité dans letemps de la seconde, soit par le remploi dematériaux provenant de la constructioninitiale 124, sans exclure une similitudefortuite des signes dont la forme est trèssimple (fig. 23 a-b). En règle générale, lessignes lapidaires des deux premières étapesde construction se distinguent de ceux desétapes suivantes par une taille irrégulière et

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Cl. H. Hansen.

Cl. A. Hartmann-Virnich.

Fig. 20 - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, travée de la confession, pilier nord-est (avec traces dechaînage et de restauration).

Fig. 21 - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, travée de la confession, côté sud.

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ANDREAS HARTMANN-VIRNICH ET HEIKE HANSEN

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Fig. 22 - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, plan schématique avec codage des éléments architecturaux (H. Hansen, L. Maggiori 2009-2011).

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peu profonde 125, par l’occurrence d’élé-ments d’apparence figurative (« oiseau »,« crosse »), et par la fréquence, dès laseconde étape, de traits diagonaux tracésavec ou sans recours à une règle.

La présence de nombreux signes lapi-daires identiques confirme que la voûte dela travée centrale IV et les maçonneriesplaquées contre le mur sud de celle-ci

furent construits en même temps. D’autressignes lapidaires se retrouvent à la fois surle mur de placage des travées III à V et surle mur gouttereau sud, ce qui souligne lacohérence de la construction au début dugrand projet. Se rattachent probablementà cette étape les piliers V-VI sud dont l’ap-pareil, bien que dépourvu de signes lapi-daires, est similaire et dont la largeurcorrespond à quelques centimètres près à

celle du pilier IV-V sud. Les mêmes carac-tères techniques permettent d’associer àcette étape les piliers II-III, les piliers enga-gés III-IV et IV-V et les piliers situés à l’ex-trémité orientale en dépit de leursdimensions discordantes 126. À ce stade destravaux, le pilier VI-VII sud, le pilierengagé VI-VI et le mur sud de la sixièmetravée, réalisés plus sommairement,n’étaient pas destinés à être vus mais à

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Fig. 23a - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, extrait du tableau de l’étude systématique des signes lapidaires (H. Hansen 2009-2011).

Fig. 23b - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, coupe longitudinale sur le collatéral sud, relevé numérique avec cartographie des signes lapidaires(H. Hansen 2009-2011).

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servir de fondation. Ce n’est qu’à laquatrième étape qu’un remaniement despiliers conférera à cette travée un aspectplus soigné pour agrandir l’espace utile del’église inférieure vers l’est. Les deux piliersoccidentaux I-II nord et sud appartiennentpour leur part à deux étapes beaucoup plustardives (étapes 6 et 7).

La mise en œuvre simultanée des murssud, ouest et nord de la grande église bassetenait compte de la présence de construc-tions plus anciennes, dont les murs quiferment les cinquième et sixième travées duvaisseau central en délimitant un espaceinaccessible situé sous le collatéral nord de lafuture église supérieure. Entièrement homo-gène sur toute sa hauteur visible jusqu’à lavoûte adossée ultérieurement, le mur de lacinquième travée est construit avec unmoyen appareil simplement layé, dépourvude ciselures périphériques et sensiblementplus irrégulier. Au sommet, d’anciens jointstracés à la truelle, qui ont échappé au rejoin-toiement au ciment, disparaissent derrière leformeret de la voûte 127. Les six premièresassises de la pile engagée V-VI nord, chaî-nées avec celles du mur, témoignent del’existence d’une structure perpendiculaire,grossièrement retaillée pour accueillir lesassises plus réduites et finement taillées dusupport. Le socle du mur nord de la travéeVI, enduit jusqu’à une hauteur d’environ1,70 m, est lui aussi antérieur à la construc-tion de la crypte. Son appareil est dissimulésous un liant récent qui en conserve lasurface irrégulière 128 et qui déborde sur lapartie haute en pierre de taille attribuableprobablement à la seconde étape de laconstruction de la crypte. On distingue àune hauteur d’environ 4,30m les tracesd’une série de quatre ou cinq consolesformées de trois assises superposées d’envi-ron 0,15 sur 0,35 m, bûchées à fleur deparement. La fonction de ces encorbelle-ments espacés de 1,10 m, qui se poursui-vaient sur le mur dégagé entre les fondationsdes piliers de la croisée du transept lors desfouilles des années 1970, reste incertaine. Ils’agissait peut-être d’une construction à rez-de-chaussée ou étage planchéié, liée à un étatplus ancien ou provisoire.

Si les assises du mur gouttereau sudsont généralement continues et caractéri-

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Fig. 24 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 2.2 (G. Echtenacher 2010-2013).

Fig. 25 - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, mur occidental du collatéral nord, baie obturée par unappareil irrégulier.

Cl. H. Hansen.

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sées par un même type de layures 129

obliques fines à ciselure périphérique de0,03 à 0,05 m, une rupture partielle à l’an-gle de la pile II-III sud à l’intérieur, et unchangement d’épaisseur dans le mur 130

marquent la rencontre d’assises poursuiviesdepuis le socle de la façade à l’ouest et de laquatrième travée à l’est. À l’extérieur, lapartie occidentale se distingue avant toutpar la fréquence de matériaux retaillés hété-roclites. À l’intérieur, où un enduit gênel’identification des matériaux, l’existencede remplois dans les premières assises duparement est suggérée par des tailles en épicomparables à celles de la porte haute dubâtiment sud, et généralement absentes surles parements de l’église. Cet appareil destravées I et II, plus grand, plus régulier etplus homogène que celui des travées III, IVet V, est caractérisé en outre par le ravale-ment de blocs mal ajustés au moment dela pose 131, et par une répartition différentedes signes lapidaires : à l’intérieur des deuxtravées occidentales ce sont presque exclu-sivement des grands traits diagonaux 132,gravés le plus souvent à l’aide d’une règle.Si le même type de signes s’observe encoredans la travée III, les traits y sont tracés àmain libre et associés à des marques d’untype différent, dont un signe figuratifcaractéristique en forme d’oiseau 133. Plus àl’est, dans les travées IV et V, dominent lessignes repérés sur le placage du mur sud dela travée de la confession 134. À l’extérieur,le raccord entre les travées occidentales etorientales correspond à un changementdans la construction des contreforts versl’est, réalisés avec un système d’assisesdistinct de celui du mur.

On peut ainsi résumer l’étape 2 : l’ad-jonction de murs et de piliers autour del’ancienne confession s’accompagna de laconstruction de la base des murs périphé-riques ; le mur gouttereau sud fut, à partirde la quatrième travée vers l’est jusqu’autransept ainsi que vers l’ouest, érigéjusqu’au raccord avec les assises continuesdepuis le mur occidental et incluant laseconde travée. Si les murs sud et ouest,homogènes entre eux 135, sont d’équerre,l’inflexion du mur nord, dont les assisesinternes s’interrompent à l’angle 136, est la

conséquence manifeste d’anciennescontraintes. À l’issue de l’étape 2 (fig. 24),la construction des murs extérieurs sud,ouest et nord atteignait du côté extérieursud une hauteur d’environ 5,40 m au-dessus du sol actuel, soit environ à 6,20 mdu niveau du sol intérieur, un niveauproche du sol de la future église haute. Ausud, les assises arrivent à la mi-hauteur desfenêtres actuelles plus tardives, carconstruites en sous-œuvre à la place d’uneébauche de fenêtres moins hautes et plusétroites, dont il subsiste les deux à troisassises inférieures ; leur imposte devaitcorrespondre à l’arase de cette étape deconstruction, laissée en attente pour levoûtement. Une autre baie incorporée dansle mur occidental, obturée par un appareilirrégulier qui rappelle les constructions duXVIIe siècle, s’inscrit de toute évidence dansla construction d’origine 137. Antérieure àla voûte du collatéral nord qui coupera sapartie supérieure, elle ne traverse pas le

socle de la façade, car celui-ci ne pouvaitsans doute pas recevoir un jour direct.L’amorce d’une voûte segmentaire inclinée,taillée dans le voûtain au-dessus de l’ou-verture, permet de restituer un puits delumière aboutissant devant le seuil duportail nord, sécurisé sans doute par unegrille, et destiné à éclairer le pied de l’esca-lier nord de la crypte (fig. 25) 138.

La troisième étape de la construction dela crypte : La voûte en berceau de la

quatrième travée du bas-côté sud

Les élévations des murs et des piliersengagés de la grande crypte (fig. 26) neprévoyaient pas d’impostes pour recevoirun voûtement. Au départ du projet de lanouvelle crypte, les piliers engagés liés auxassises des murs dépassaient le niveau desvoûtes actuelles, à l’instar de la pile engagée

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Fig. 26 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 3 (G. Echtenacher 2010-2013).

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sud du mur ouest, qui ne fut pas modifiéepar la suite 139, et de la pile nord dont lesassises poursuivent celles de la partie hautedu mur sans interruption. Ultérieurement,ce support fut, de même que la pile I-II dumur nord, en partie démonté pour mettreen place un niveau d’appui destiné auvoûtement 140. Au sud, plusieurs solutionsfurent adoptées au fur et à mesure del’avancement du chantier. Dans unpremier temps, on encastra les largesdoubleaux des travées II, III et IV dansl’appareil des supports qui continuent às’élever au-dessus de la retombée et au-delàdu voûtement, sans doute jusqu’au sol del’église haute. Le mur de la quatrièmetravée qui avait atteint le même niveau quecelui de l’église fut repris pour recevoir lecordon d’imposte et la retombée duberceau, qui n’étaient pas prévus à l’origine141. Le percement d’une baie à pénétration,dont l’ébrasement perturbe l’appareil de lavoûte, intervint certainement après l’amé-nagement des grandes fenêtres dans lesautres travées voûtées d’arêtes et sur croi-sée d’ogives (étape 4), qui se distinguentpar la précision et la qualité de l’appareil etde la mise en œuvre.

Selon une technique courante dans larégion à partir du tournant du XIIIe siècle142, les assises en pierre de taille de la voûteen berceau étaient soutenues pendant laconstruction par des bois de faible épais-seur placés sous les joints, et engagés dansdes encoches taillées dans l’extrados desdoubleaux au dernier tiers environ de leurhauteur 143. Du côté nord, la voûte prendappui sur l’arase en tas-de-charge du murde placage. À la différence du mur goutte-reau et de ses piles, cette assise incurvée etles ressauts d’appui des piles de part etd’autre ont été conçus dès le départ pourun voûtement ; la concordance des signeslapidaires 144 avec ceux de la voûte de latravée centrale contiguë relève de la mêmeétape de construction. La constructionsimultanée d’un doubleau de forme iden-tique à la troisième travée suggère le projetd’une seconde voûte en berceau 145, projetqui sera toutefois abandonné au profit duvoûtement actuel. Au-dessus du linteau dela porte du cloître, le mur de cette travée

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Fig. 27a : Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 4.1 (G. Echtenacher 2010-2013).

Fig. 27b - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 4.2 (G. Echtenacher 2010-2013).

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III fut alors complètement reconstruitpour accueillir la nouvelle grande fenêtre,contrairement aux deux travées occiden-tales et orientales dont les parements nefurent remaniés que dans l’entourage desbaies. L’hypothèse d’un projet de voûte enberceau supposerait l’existence d’un murd’appui en face du mur gouttereau, dans leprolongement de celui de la travée de laconfession, mur dont les traces auraientdisparu sous le rhabillage cannelé despiliers 146.

Dans cette étape de construction, onn’identifie que deux occurrences isoléesd’un seul signe lapidaire 147, du côté norddes premières assises de chaque doubleau.Les mêmes marques se retrouvent dans lestravées I, II et IV aussi bien sur le murgouttereau que sur le mur de placage de latravée centrale.

La quatrième étape de la constructionde la crypte : Un nouveau projet pour

le voûtement et l’éclairage : remaniement des piliers et des baies,

construction successive de deuxnouveaux escaliers

Un nouveau changement deplan entraîna des modifications impor-tantes (fig. 27a-b) : le remplacement despremières baies par des fenêtres plus largeset plus hautes, accompagné d’un exhausse-ment des murs d’environ 3 m, un nouveausystème de voûtement auquel il fallut adap-ter les supports, et, enfin, une modificationde la circulation. Dans le même tempsfurent mis en place les premiers élémentsde trois escaliers : le premier, dans le colla-téral nord servant aux pèlerins ; la rampedes travées V et VI du collatéral sud ; l’es-calier mural situé au nord de la travée deconfession, déjà modifié, étant réservés à lacommunauté et au service liturgique.

L’espace pour le grand escalier nord,établi à cheval sur la seconde et la troisièmetravée du collatéral, fut créé par laconstruction d’un mur de séparation du

côté du vaisseau central, en adossant cemur à la face orientale du pilier II-III déjàen place. L’absence d’un rhabillage du pilierde ce côté suggère que l’escalier futconstruit avant le remaniement dessupports centraux 148. À une distance de1,38 m du pilier, un mur perpendiculairechaîné au précédent vint condamner lecollatéral vers l’est 149. À 1,82 les mêmesassises poursuivies une fois encore à angledroit s’intègrent dans le massif sous les seizepremières marches de l’escalier, allégé parune voûte segmentaire adossée au goutte-reau, selon un dispositif identique à celuiemployé pour la rampe au sud. Le moyenappareil de l’ensemble se distingue de celuides constructions de la même étape parune finition moins soignée. Si les raressignes lapidaires s’accordent à plusieursétapes du chantier 150, une grande partie del’ensemble constructif s’inscrit clairementdans la quatrième étape. Il fut réalisé au furet à mesure, simultanément avec le voûte-ment de la troisième travée centrale (étape5) 151.

La rampe d’escalier de la cinquièmetravée du collatéral sud, réservé aux reli-gieux, débouche entre les travées V et VIau milieu du vaisseau principal, dans lechœur liturgique de l’église haute, jadisséparé des trois travées occidentales par unjubé - inséré à une date plus tardive entreles piliers déjà en place 152. La constructionen pierre de taille, plaquée contre le murgouttereau et allégée d’un arc segmentaireà l’instar de l’escalier nord, traverse le bas-côté au moyen d’une plate-bande moulu-rée rampante. Cette structure repose sur unsocle d’une hauteur d’environ 2,60 madossé au pilier V-VI sud, pour rejoindrela partie haute de l’escalier, qui prend appuisur un voûtain en trompe conçu spécifi-quement pour la croisée d’ogives du vais-seau central 153. La mise en œuvre de cedispositif débute par un massif de soutène-ment sur lequel on trouve des signes lapi-daires caractéristiques des travaux effectuéslors de la même étape dans le collatéral 154.Ce massif est plaqué contre la face est dupilier méridional du vaisseau central à unmoment où ce support n’est pas encorerenforcé pour recevoir les voûtes. Ici aussi,

l’escalier laissé en attente ne devait êtrecomplété qu’avec la mise en place duvoûtement lors de l’étape suivante (étape5). Au sud, en face du massif, on bâtit unsocle homologue, destiné à porter la rampesuspendue. Adossé contre le mur goutte-reau et la pile murale V-VI, le massif situésous la rampe inférieure est construit dansun appareil alterné du type dit « deMontpellier » 155, aujourd’hui altéré ensurface 156. Un autre massif indépendant,édifié avec le même type d’appareil, s’ap-plique vers l’ouest contre le précédent,déjà en place, en élargissant le passage de0,20 m. Il est allégé par un arc segmentairedont les claveaux répondent au mêmemodule que ceux des arcs analogues de l’es-calier nord, conçu en même temps 157. Plusà l’ouest, la rampe se termine contre la pileIV-V par un escalier de neuf marches qui aété fortement restauré. Nonobstant sonaspect incongru, la plate-bande transver-sale bandée entre les deux socles de soutè-nement du côté du mur sud et du côté dela pile V-VI présente une modénature 158

et des tailles à la gradine compatibles avecune date autour de la fin du XIIe ou le débutdu XIIIe siècle. Or, sa mise en place précèdecelle de la première marche de l’escaliersupérieur qui conduit vers l’église haute 159.

Le nouvel éclairage de la crypte, plusgénéreux, allait de pair avec un change-ment majeur de projet pour le voûtement,changement qui devait entraîner le rema-niement des supports, inadaptés. Lesgrandes baies, incorporées en sous-œuvredans le mur gouttereau sud alors que celui-ci avait déjà atteint le niveau du sol del’église haute 160, se distinguent de celles desconstructions précédentes autant par leformat et la taille de l’appareil que par latechnique d’assemblage. La reprise desouvertures ‒ à double ébrasement forte-ment incliné ‒ fut plus importante à l’in-térieur qu’à l’extérieur, où les premièresassises des anciennes fenêtres et la petitefenêtre bouchée de la travée III restèrent enplace ‒ elles se trouvèrent dissimulées plustard par la toiture de la nouvelle galerienord du cloître, placée au-dessus d’unearcature aveugle appuyée sur les contreforts161. Seules les trois à quatre premières assises

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Fig. 28 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, relevé numérique, élévation extérieure, côté sud, avec chronologie des principales étapes de la construction(H. Hansen 2009-2011, mise au net L. Maggiori).

Fig. 29a - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, coupe longitudinale sur le collatéral sud : relevé tachéométrique avec les baies successives (H. Hansen2009-2011).

Fig.29b - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, extrait du relevé manuel du mur sud à l’échelle 1 :10, travées II et III, avec cartographie des remaniements au niveaude la baie de la travée II (H. Hansen 2009-2011).

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des grandes baies furent encastrées dans leparement après coup, les assises suivantesfaisant partie d’une nouvelle étape deconstruction (fig. 28).

Bien que le module des hauteurs desassises ait été respecté, on constate unedifférence de traitement entre l’ébrase-ment des deux premières baies et celui de latroisième, réalisé avec un soin extrême dansun calcaire fin légèrement dichrome 162.Notons que la troisième travée, privilégiéepar la présence de la porte du cloître, sedistingue des autres par une finesse de lataille et un soin dans l’assemblage desblocs, qui tend à effacer la transition entrela partie basse et la reprise. À l’intérieur,celle-ci débute au-dessus du linteau de laporte, et s’étend jusqu’à la quatrième assiseau-dessus du sommet de l’ébrasementexterne 163 ; elle est marquée par l’absencede signes lapidaires et par un changementde module, d’outillage et de technique de

taille 164. Dans les deux premières travées,en revanche, l’encastrement de l’embrasuredes baies a occasionné des ruptures d’assiseet des incohérences jusque dans l’assisagedu parement externe de la partie supé-rieure, pourtant construite en mêmetemps. Ces perturbations sont particuliè-rement lisibles dans la travée occidentale165. Si les trois premières fenêtres ont lesmêmes couronnements en plein cintreclavés de part en part, les baies des deuxdernières travées, dont l’insertion a poste-riori est à peine perceptible 166, diffèrentpar leur largeur réduite 167 et par laconstruction en tas de charge des arcs d’ou-verture internes - celui de la sixième baie,beaucoup plus petite, étant intégralementformé d’assises horizontales (fig. 29a-b).Dans la mesure où les signes lapidaires 168

suggèrent une continuité des travaux, cesdifférences entre les ouvertures sont proba-blement dues soit à la répartition du travail

au sein d’une même équipe, soit à unedifférenciation fonctionnelle des espaces.

À l’extérieur du mur gouttereau sud,l’appareil de la quatrième étape, de lacinquième assise des grandes baies à la troi-sième assise au-dessous de l’appui des baiesméridionales de l’église supérieure 169, esthomogène pour l’ensemble de la nef et dela façade occidentale (fig. 28 et 30) avec,au sud, une réduction de trois assises àpartir du dernier tiers de la cinquièmetravée. La fin de la quatrième étape estmarquée par un changement de signes lapi-daires et de module d’appareil 170. Laconstruction atteignait alors une hauteurd’environ 3 m au-dessus du seuil desportails, à mi-hauteur du registre desapôtres, toute la partie inférieure de lafaçade étant chaînée aux tourelles d’angle ;de même, le parement intérieur inclut lesgrands blocs d’embrasure des portes 171.

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Fig. 30 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, façade occidentale, chronologie relative des étapes de construction sans prise en compte desrestaurations (H. Hansen 2009-2011. Vectorisation L. Maggiori 2011 à partir du relevé manuel de H. Hansen 1999-2002).

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La réalisation du socle cannelé de lafaçade alla de pair avec l’adjonction depanneaux cannelés aux quatre piliers de latroisième travée de l’église inférieure 172. Cedécor d’apparat masque un renforcementdes faces tournées vers le vaisseau central etl’accès au cloître 173, les supports de cedernier comportant de nombreux graffitid’époque médiévale. Les cannelures, tail-lées en ravalement à partir d’un système de

traits préparatoires encore lisible, sont trèssoignées. En revanche, l’imbrication deblocs de dimension variable comme lerecours à l’encastrement à joints d’ongletpour l’ajout des piles obliques destinées ausoutien des ogives, réunies au corps dusupport sous un cordon d’imposte continu,trahissent un certain embarras technique,et un manque de familiarité avec la concep-tion de ce type de voûtement. Avant le

renforcement des piliers, un parement enpierre de taille fut plaqué contre la faceoccidentale de la travée de confession. Lavoûte de cette dernière, fermée par l’in-crustation en sous-œuvre d’un arc en pleincintre, ne laisse dépasser que quelquesvoussoirs en guise de chaînage d’attente. Letype de taille et les signes lapidaires quel’on observe sur ces appareils les rappro-chent du voûtement réalisé lors de lacinquième étape 174.

Dans les deux travées orientales, sansdoute différentes du point de vue fonc-tionnel, les piliers furent également modi-fiés pour recevoir des croisées d’ogives maisd’une autre manière, en tenant compte dumassif de l’escalier déjà en place. Au lieu deplacages cannelés, le renforcement dessupports 175 fut réalisé avec un moyenappareil régulier 176, finement taillé etassemblé à joints très serrés, dont les raressignes lapidaires annoncent ceux du voûte-ment 177. Dans le même temps, onconstruisit un mur de refend pour séparerles travées orientales de celle de la confes-sion. Un piédroit incorporé dans la faceoccidentale du pilier sud-est de lacinquième travée appartient de touteévidence à une porte ouvrant sur le bas-côté, porte dont le négatif se poursuit dansle harpage de la voûte du collatéral, au-dessus d’une reprise de la face sud du pilier(fig. 31), ainsi que sur la face orientale dupilier d’en face. Il est probable que ce cloi-sonnement, dont il ne subsiste aucunetrace dans la sixième travée, était lié à unefonction liturgique.

La cinquième étape de la constructionde la crypte : le voûtement de la

troisième travée

Après la modification des piliers, lamise en œuvre du voûtement de la troi-sième travée 178 (fig. 32) 179 permit d’assu-rer une circulation couverte entre letombeau du saint et le cloître. Un harpagerégulier lie la voûte sur croisée d’ogives duvaisseau central, réalisée dans un premiertemps, à la voûte d’arêtes du collatéral 180,où figurent les mêmes signes lapidaires 181.Le décalage de la troisième et de la

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Cl. A. Hartmann-Virnich.Fig. 31 - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, travée V, pilier V-VI sud. Indices d’un refend entre le vaisseaucentral et le collatéral sud. Cl. A. Hartmann-Virnich.

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quatrième travée centrale imposait unvoûtement dissymétrique, que le raccordavec le harpage en attente de la voûted’arêtes déjà en place tendit à harmoniserau mieux. La croisée d’ogives fut conçuesur un tracé segmentaire pour compenserla portée et a été montée non sans difficul-tés en plaçant d’abord les quatre à cinqpremiers claveaux de la retombée. Cesderniers qui amorcent une courbe diffé-rente de la partie supérieure des branchesd’ogives 182. Cette croisée d’ogives impres-sionne par la qualité remarquable de lataille et de la finition des voussoirs ornésd’un ruban plissé, où apparaissent dessignes lapidaire inédits, incisés sur la facelatérale de la grande majorité des claveaux183. Au-delà d’un large doubleau occiden-tal, agrémenté de part et d’autres d’unemoulure à bandeau ionique, la voûtecentrale se poursuit sur environ 0,90 mvers l’ouest avec l’amorce des ogives pourformer une harpe d’attente régulière, quine devait être reprise qu’à la fin du chantierde l’église inférieure, lors du voûtement dela seconde travée, mais avec un appareildifférent, dépourvu de signes lapidaires 184.La limite d’un ancien enduit le long de laharpe du voûtain en attente garde la traceen négatif d’une cloison qui fermait lapartie couverte de la crypte vers les travéesoccidentales restant à ciel ouvert, vraisem-blablement – parmi d’autres raisons – enréponse à des problèmes statiques de plusen plus manifestes.

Le chantier se poursuivit avec le voûte-ment des deux travées orientales du vais-seau central 185 dont les ogives furentprobablement assemblées avec le cintredéjà employé à la troisième travée 186. Onajouta ensuite les voûtes d’arêtes latéralesau sud (fig. 33), en reprenant le modèle duvoûtement de la troisième travée, déjà enplace 187. Le raccord avec le mur nordpréexistant ne fut toutefois pas réalisé de lamême façon dans les deux travées, seule lacinquième étant pourvue d’un formeret.Dans le collatéral, la retombée des voûtess’appuie sur des impostes dont l’encastre-ment a posteriori dans le mur gouttereaudéjà construit, quoique quasi impercepti-ble, est notamment attesté par l’emploi

L’ÉGLISE ABBATIALE ET LES BÂTIMENTS MONASTIQUES : NOUVELLES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES

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Fig. 32 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 5.1. (G. Echtenacher 2010-2013).

Fig. 33 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 5.2. (G. Echtenacher 2010-2013).

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d’un mortier différent 188. Les voûtes duvaisseau principal, et plus particulièrementcelles de la dernière travée, se distinguentpar un grand nombre de marques lapi-daires, apparentées à celles des voûtes de latravée III 189 et du collatéral nord (travée IIet I) 190, mais comportant des signes inédits191. La répartition de ces marques sur lesdifférents éléments architecturaux réalisésen même temps suppose une distributionorganisée des tâches 192 (fig. 34).

Après ou avec le voûtement des troi-sième, cinquième et sixième travées, lechantier atteignait l’élévation hors fonda-tion des parties orientales, où l’on retrouveun grand nombre de signes lapidaires iden-tiques sur les parements des chapelles

rayonnantes et de la vis 193. Le fait que lesmêmes marques existent à l’extérieur descinq travées occidentales de la nef, jusqu’àune hauteur d’environ 13 m 194, confirmeun avancement simultané des travaux dansle chevet et la nef (fig. 35).

Au-dessus des baies de l’église infé-rieure, la nouvelle étape de constructions’annonce par un changement des signeslapidaires 195 et du format de l’appareil. Ilexiste, en effet, une différence marquéeentre les blocs du niveau précédent, trèslongs – certains d’entre eux dépassent 2,20m pour une hauteur de 0,20 à 0,35 menviron ‒ et les assises de la reprise, plushautes et de formats moins allongés ‒ entre0,80 m et 1,80 m environ, exceptionnelle-ment 2 m. Dans le mur sud, moinsperturbé par les restaurations du XVIIe

siècle, les assises, au nombre de 9 à 11 selonles travées 196, sont sensiblement homo-gènes, et prolongent sans discontinuitécelles de la façade et des tourelles d’angle.Au-dessus d’un arrêt visible à hauteur dusommet des archivoltes latérales, le pare-ment est composé d’un appareil standar-disé 197, avec des assises de 0,25 à 0,28 mformées presque exclusivement de blocs de0,60 à 0,70 m, qui témoigne d’une orga-nisation différente de l’approvisionnement,correspondant à une nouvelle étape (étape7) 198.

La simultanéité des travaux danscertaines parties des églises inférieure etsupérieure se traduit par la parenté dudécor. De même que les panneaux canne-lés des piliers de la crypte s’apparentent àceux du socle de la façade, les ogives à

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Fig. 34 - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, coupe longitudinale sur le vaisseau central, avec cartographie des signes lapidaires (H. Hansen 2009-2011).

Fig. 35 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, élévation extérieure côté nord, relevé numérique montrant la chronologie des étapes de construction(H. Hansen 2009-2011, mise au net Laurent Maggiori).

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ruban plissé répondent à celles du collaté-ral du chevet (fig. 36a-b). Quant au décorfiguratif et végétal des clefs, il est compara-ble aussi bien à celui de la frise et de la faceinférieure de la corniche de la façade(fig. 36c-d) qu’à celui des chapiteauxencore en place à l’entrée du déambu-latoire 199.

La sixième étape de la construction dela crypte : Le voûtement du collatéral

nord

Pour préparer le voûtement du collaté-ral nord, les piles engagées du mur occi-dental et du mur gouttereau nord furent

démontées 200 et couronnées d’impostes 201

(fig. 37). Un pilier oblique fut adossé àl’angle nord-ouest de la crypte, contre lesressauts du mur nord, et raccordé auxassises de ce dernier. Le pilier I-II nord, lapartie haute de l’escalier et les voûtes ducollatéral appartiennent à une mêmecampagne de travaux 202, caractérisée par la

L’ÉGLISE ABBATIALE ET LES BÂTIMENTS MONASTIQUES : NOUVELLES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES

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Cl. G. Echtenacher. Cl. H. Hansen.

Cl. H. Hansen. Cl. H. Hansen.

Fig. 36a - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, travée III centrale, voûtes d’ogives.

Fig. 36d - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, façade occidentale, cornicheterminale, détail.

Fig. 36b - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abba-tiale, déambulatoire, côté nord, départ desvoûtes d’ogives.

Fig. 36c - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, travée VI centrale, clef devoûte.

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sobriété fonctionnelle des composantesarchitecturales. Il en va ainsi du pilierquadrangulaire 203, dont la forme simple,qui était inadaptée aux ogives et doubleaux

mais conforme à celle des piles engagéesdéjà en place, ne sera pas reprise pour lepilier homologue du côté sud, construitplus tard (étape 7). Du côté du vaisseau

central, les retombées des ogives etdoubleaux furent mises en place. Le voûte-ment du collatéral, qui obligeait à modifierla baie du mur ouest destinée à éclairer l’es-calier nord, alla de pair avec l’achèvementde ce dernier, au fur et à mesure de l’avan-cement des travaux. Juste au-dessus de lavoûte de la troisième travée, le passage del’escalier imposait un épaississement dumur nord de celle-ci 204 (fig. 38a-b). Réaliséen appareil « de Montpellier », le placageinséré après-coup entre les piliers II-III etIII-IV et à la voûte s’avéra toutefois insuf-fisant : afin d’éviter que l’escalier n’entamele sommet du voûtain, sa trajectoire futdéviée vers les reins.

Dans le même temps, deux autres mursde refend construits avec un appareil dumême type vinrent définitivement fermerla dernière travée (VI) entre les piliers etmurs, déjà en place, qui s’avançaient endirection du transept. C’est à ce moment-là seulement que la limite orientale de la

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Fig. 37 - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 6 (G. Echtenacher 2010-2013).

Fig. 38a - Saint-Gilles-du-Gard, crypte,maquette 3D, détail de l’escalier nord :trajectoire restituée, non réalisée à cause de lacontrainte de la voûte (G. Echtenacher 2010-2011).

Fig. 38b - Saint-Gilles-du-Gard, crypte,maquette 3D, détail de l’escalier nord :déviation de la trajectoire de l’escalier 6(G. Echtenacher 2010-2011).

Fig. 39 - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, vaisseau central, croquis des traces de peinture dumur oriental (A. Hartmann-Virnich 2009).

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crypte fut définitivement fixée. Deuxniches incorporées dans le mur oriental duvaisseau central 205 étaient destinées à unusage liturgique ; au-dessus se trouvait unepeinture murale du milieu du XIIIe siècleenviron dont les restes très fragmentairesont été révélés par les recherches archéolo-giques (fig. 39) : dans un cadre de rinceauxfloraux de 2,20 sur 1,64 m, bordé de lignesnoires doubles entrecroisées aux angles, ondistingue les contours et l’extrémité gauched’une Vierge à l’Enfant entourée d’aumoins trois personnages nimbés 206.

La différence du collatéral nord de lacrypte est soulignée par des doubleaux longi-tudinaux qui font défaut au sud, où lesvoûtes du vaisseau central et du collatéraln’étaient pas encore construites, probable-ment en raison des graves désordres provo-qués par le tassement continu de la façade etdu mur gouttereau sud 207. Dans les anglesdes deux premières travées du collatéral sud,on mit en place les retombées d’ogives parl’encastrement des trois premiers claveaux,sans modénature 208, au-dessus d’impostesobliques, moulurées selon le profil courantdans toute la partie occidentale de lacrypte 209. En même temps, la pile engagée I-II sud fut entaillée à coups de bretture pourla retombée du doubleau, formée à son tourde trois voussoirs non moulurés 210. Le pilierI-II, qui n’était pas encore construit, nedevait l’être qu’avec les voûtes dont les ogivesmoulurées rejoignent le cordon d’impostesans l’intermédiaire d’un sommier.

La septième étape 3 de la constructionde la crypte : les voûtes des travées

occidentales du bas-côté sud

Le pilier I-II du côté sud, dont l’appa-reil est taillé pour la première fois de lamême façon 211 que les retombées desnervures et doubleaux qui y prennentappui 212, fut construit avec les voûtes ducollatéral sud (fig. 40a-b). Ses assises de0,255 à 0,285 m et la récurrence de blocsd’environ 0,60 à 0,70 m le rapprochent del’appareil régulier visible au-dessus desarchivoltes des portails latéraux de la façadeoccidentale, réalisé à partir de la septièmeétape. À la différence de son symétrique du

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Fig. 40a - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 7 (G. Echtenacher 2010-2013).

Fig. 40b - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 7, détail : les travéesoccidentales (G. Echtenacher 2010-2013).

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côté nord, ce pilier est doté de ressautscorrespondant à la largeur des doubleauxet de pilastres d’angle pour recevoir lesogives du vaisseau central. À peine engagésdans le pilier, ces pilastres accusent encorela conception et la facture malaisées dessupports obliques qui caractérise l’ensem-ble de la crypte 213. Il en va de même pourles deux retombées d’ogives orientées versle vaisseau central, mises en place sanségard pour l’axe diagonal de la retombéecorrespondante au nord, déjà en place -indice possible de la préparation à un arrêtdu chantier qui interviendra au niveau desdeux travées occidentales centrales. Laconstruction se poursuivit avec la mise enœuvre des voûtes latérales dont les ogiveset doubleaux moulurés sont posés sur desamorces frustes, les voûtains empiétant surle vaisseau central dont les voûtes étaienttoujours en attente 214.

La huitième étape de la construction dela crypte : les voûtes occidentales du

vaisseau central

Le chantier de la crypte s’acheva avec lemontage des deux voûtes occidentales duvaisseau central (fig. 41a-c). Malgré ladestruction de la première travée au coursdes guerres de Religion et le remontageattribué aux années 1650-1655, il subsisteles retombées et une partie des voûtainsromans, construits, comme ceux déjà enplace dans le collatéral septentrional, selonla technique du cintrage sur encoches inci-sées dans les ogives et doubleaux. Lesommier nord du doubleau de séparation,resté en attente, fut alors grossièrementépannelé pour atténuer le contraste avec lamodénature des claveaux. Le sommiersymétrique du côté sud, dont l’amorceprésentait une moulure différente et unecourbe sensiblement plus écrasée, fut laisséen l’état sur sa face orientale mais son intra-dos fut ravalé sommairement après ledémontage du cintre, ancré dans deuxencoches pratiquées dans le cordon d’im-poste du pilier 215. Des retouches et desravalements analogues 216 rectifièrent lesretombées d’ogives tandis qu’un épaisblocage vint combler le décalage existant

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Fig. 41a - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 8 (G. Echtenacher 2010-2013).

Fig. 41b - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale. Maquette 3D, étape 8 (G. Echtenacher 2010-2013).

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entre leur extrados et les voûtains, malraccordés à ceux du collatéral sud déjà misen œuvre : preuves s’il en est des limites dusavoir-faire des bâtisseurs.

En dépit de la sobriété de la moulura-tion de ses croisées d’ogives, la premièretravée abrite un élément fonctionnel etdécoratif particulier : une baie rectangu-laire ménagée dès l’origine dans l’appareilvoûtain méridional, à côté du doubleaumouluré en talon renversé et agrémentéd’une frise végétale sculptée avant l’assem-blage (fig. 42) ; cette baie est liée à un puitsen pierre de taille ouvert sur l’église supé-rieure‒ dispositif dont la vocation acous-tique est suggérée par la bonnetransmission phonique des sons venant del’église supérieure. Les tailles à la gradine,l’usage de la ripe et le décor végétal compa-rable au répertoire proto-gothique destailloirs de la galerie orientale du cloîtred’Arles, appartiennent déjà au début duXIIIe siècle. Un repentir au cours de la miseen œuvre se traduisit par le percement et lataille en ravalement d’un oculus encadréd’une moulure décorée de feuilles d’eau, del’autre côté du doubleau, dans le voûtaincontigu.

L’église haute : les recherches en cours

En attendant la poursuite desrecherches, la chronologie de la construc-tion de l’église supérieure, dont l’étude estlargement entravée par l’état fragmentairedes vestiges et la coupure complète entre lanef et les parties orientales, ne peut êtreesquissée ici que dans ses grandes lignes.Au terme du chantier de la crypte, la miseen œuvre des collatéraux de la nef hauteavec les grandes arcades au-dessus de leurschapiteaux toujours en place, était bienavancée voire achevée dans les quatretravées orientales, mais laissée en attente auniveau d’appui des baies latérales à partirde la mi-hauteur de la cinquième travée(fig. 28, 35 et 41). Lors de la reprise,le nouvel appareil se distingue par unmodule réduit, clairement identifié par lessignes lapidaires, et un décor architecturaldéjà d’inspiration gothique. Quant auxpiliers, grandes arcades et voûtes latérales

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Fig. 41c - Saint-Gilles-du-Gard, ancienne abbatiale, maquette 3D, étape 8 (G. Echtenacher2010-2013).

Fig. 42 - Saint-Gilles-du-Gard, crypte, vaisseau central, ouvertures acoustiques dans les voûtesdes deux premières travées.

Cl. A. Hartmann-Virnich.

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Annexe 1

Archives départementales du Gard, G1594, fol. 4-12

« Bail a priffaict (de la grand’Eglise = ajoutépostérieurement par une seconde main)

Lan Mil six Cens Cinquante Et le septiesmejour du Mois de Septambre appres Midy Regnantle Souverain Et Treschrestien prince Louis Par laGrace de dieu Roy de France Et de NauarrePardevant Moy No(tai)re Royal Soubz(sig)ne Ettesmoings (4v° /5 r°) Bas nommes Ont EsteConstitues en Leurs personnes Messire MichelBarthelemij p(re)b(t)re et chanoine en leglizeColegialle de La presante Ville de St gilles procu-reur Et ayant charge de Illustrissime SeigneurMessieur Julles de Nogaret de Calisson Abbe Seulseigneur haut Moyen Et bas Esperituel Et tempo-rel de lad(i)te ville de sainct gilles Ainsin quil dictet auquel Promet de fere aprouve Et Ratiffie leprésant Contract dans trois jours apeyne de Tousdespans dommages Et Int(erest)s. D’une pourMessieur Guilhaumes de piquet chanoine Et grandarch(idiac)re Jacques legenre Capiscol AnthoineCabot chanoine et Sindic Et Pierre Robillardchanoine du venerable Chapp(it)re de lad(ite)Eglize Colegialle deputtes dud(it) chapp(it)re pardeslibera(ti)on prinze par Icelle le douziesme Jourdu Mois daoust dernier (5r°/5v°) Et les sieursBernard barthelemy Con(su)l Moderne dud(it) st.Gilles Guilhaumes boudet acesseur henry de

barthelemy, girard de fabry Et Justin de ferrierescuyer M(essir)e. M(essire)e Jean Vidalon docteurez droictz Jacques Laurens andrieu Et pierrebarthelemiy Bourgeois ha(bita)nt dud(it) st gillesEt dep(u)ttes par deslibera(ti)on du Con(se)il tenuaudit st gilles Le Neufiesme dud(it) Mois daoustannee p(rese)nte Lesquelz ayant cy devant faictproceder a diversses Encheres sur la Constru(cti)onEt Edifica(ti)on de la grand Eglize dud(it) sainctgilles a Cauze que celle que apreasant le SainctService se faict Nest assez grande pour lesh(abit)ants Catholiques estant Iceux Constraintsles festes et kermesses Et particulliereme(nt) lhorsquil y a predica(ti)on de demurer la plus Grandepartie hors dicelle Et lesdictes Encheres auroint estefaictes publiees Et placardees aux Villes (5v°/6r°)Darles, Nismes, Beaucaire, Lunel, MarcelharguesEt aux Villes Et lieux Circonvoisins Et estant JeanGabriel Et pierre daudetz M(aistr)es Massons delad(it)e Ville de Lunel Et Jean Girardeau char-pantier dud(it) Marcelhargues Trouves Moingtzdizans Et Deslivra un recu ayant este faicte Et bailespedie le Vingtiesme Jour du mois dapvril anneepresante Mil Six Cens Cinquante Receue parm(essir)e Jean Monnier No(tai)re Royal dud(it) Stgilles aux pactes et condi(ti)ons portees par Icelles.Et du despens ayant recogneu quau susd(it)Contract y avoir plusieurs deffauctz alediffica(ti)on de ladite Eglize Et particullie-rem(en)t pour estre trop oscure Et ne pouvoir TirerJour daulcun lieu pour psalmodier dans Le CœurEt Le Couvent Estre de hors Et le dessain DIcellenestre Pas En forme deglize Et subjet a (6r°/6v°)

Beaucoup dinconveniantz Pour lesquelsManquemantz Et Deffaucts Led(it) Seigne(ur)abbe chapp(it)re Et h(abit)ans auroint deNouveau Rezolleu de fere aus(dits) dessain Et Nece servir du susd(it) Contract de La Rezollu(ti)onduquel Ils En auroint demande daccord auec lessusd(it)s presfaichiers Et de Nouveau faict au(sdits)articles Et appres plusieurs proclama(ti)ons faictestant dans Ladite Ville de st gilles que alheurslesd(its) daudes Auroint demeure derniers surdi-zans a la somme de quinze Mil Six Cens Livres Etpromit fere agreer la Rezolu(ti)on du susd(it)premier Contract audict Girardeau apeyne de tousdespans dommages Et Inte(rets)

Suiuant Lesquelles offres led(it) sieur Michelbarthelemi chanoine procu(reur) susd(it)guilha(ume) de piques Jacques Legenre AnthoineCabot Et pierre Robillard depp(u)ttes (fol. 6 v°/7)Dudict chapp(itre) Bernard Barthelemy Con(s)ulGuilhaumes boudet acess(eur) henry debarthe(lemi) Girard de fabry escuyer M. M(essire)Jehan Vidalon docteur ez droictz Justin de Ferrierescuyers Jacques Laurens Andrieur Et Pierrebarthe(lemi) bourgeois Ez la qualite quilz posce-dent Ont de Nouveau balhe Et balhent aud-it)Jean Gabriel Et pierre daudet freres Icy presantzstipulant Et aceptant a fere Et Construire lad(ite)Eglize En La forme Et Manière que sensuit EtPremierement seront tenus lesdictz daudet fereung peron pour Monter Et entrer en leglize Et leformer en Rond pour plus facilleme(n)t monter aIcelle Abattre une pettite Muralhe Regardant le

orientales, ils furent surélevés de près de 3m par rapport aux autres travées de la nef,et alignés sur la hauteur du déambulatoireet des chapelles du chevet, déjà en cours deconstruction à l’époque du voûtement dela crypte et de la mise en œuvre du décorde la façade. À l’arrêt du chantier roman,au début du XIIIe siècle, le transept, sespiliers et les travées contiguës à l’ouest et àl’est n’avaient donc encore guère atteint lahauteur des portails latéraux. L’ampleur dela modification du projet lors de la mise enœuvre suggère un hiatus significatif avantles travaux de construction commandés en1261 au magister et régisseur Martin deLaunay de Posquières (Vauvert) en vue del’achèvement de l’église (quousque dictumopus dicte ecclesie fuerit integre consumma-tum) 217, à l’époque où le monastère béné-ficia de l’appui de Clément IV, natif deSaint-Gilles. Les parties hautes étaient alors

au moins partiellement accessibles 218, etl’église suffisamment avancée pour servirde cadre à une « messe sur l’autel auprèsduquel repose le saint corps » (missam superaltare iuxta quod requiesquit corpus sanc-tum) célébrée par l’archevêque de RouenEudes Rigaud lors de sa visite de « lamaison du bienheureux Gilles » (liminabeati Egidii) en 1260 219.D’après les étudesen cours, la construction du chevet, vrai-semblablement entamée à la suite de lacinquième étape du chantier de la crypte,dut progresser selon un rythme différent,avec une attente verticale dont la destruc-tion du monument a effacé toute trace.Lors de la reprise, un escalier en vis secon-daire, dont il ne subsiste que les marchesd’accès saillantes engagées dans la basemoulurée du mur gouttereau, fut logé dansle massif de la façade nord du transept àl’ouest de l’oculus jouxtant la célèbre « vis »

du chevet 220, pour desservir l’escalier supé-rieur, toujours en place à l’angle nord-ouestdu transept, par un couloir mural à l’étage.La disposition symétrique du bras sud,presque entièrement arasé, demeure aussihypothétique que la position et la formedu clocher détruit en 1622.

Malgré les incertitudes qui subsistent,nos recherches ont permis de rapprocherles étapes de construction de la crypte decelles des murs de l’église haute.L’achèvement de la crypte par la construc-tion retardée de ses voûtes occidentaleslaisse supposer un lien direct avec laprogression des travaux à la façade occi-dentale, perturbée par l’affaissement partielde l’édifice au cours du chantier, mis enévidence par l’étude archéologique dont lesrésultats seront exposés plus loin.

ANDREAS HARTMANN-VIRNICH ET HEIKE HANSEN

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ANNEXES

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L’ÉGLISE ABBATIALE ET LES BÂTIMENTS MONASTIQUES : NOUVELLES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES

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Marin quy Empeche fere led(it) peron Et lesMarches du(dit) peron auront Quatre poulsses Etdemy dautheur Et ung (7r°/7v°) Pan Et demy delargeur Plus seront tenus lesdictz daudet ferealagrand porte servant dentree alad(ite) Eglize ungpillier au Millieu pour la separer en deux EtMettre audessus Une plate bande ou Comble encas ne ce treuveront point de pierre vielhe ayantservi pour pouvoir fere led(it) travail, fere les orne-mantz quy ce trouveront dans Les pierres traval-hees de Nouveau een suite fdu Vieux dessain EtQuant aux artz (= arcs, sic !) quy sont au dessuslad(i)te porte autant dehors que dedans les Reffaireen suite des autres avec leurs architatures Et fermerles trous quy sont audessus Ladite porteConformeme(n)t au vieux Bastiment. Item seronttenus lesd(its) presfachie(r)s de fere une ove dansle pignon audessus de lad(ite) grand’porte demesmes seront Tenus fermer les deux portes quysont a (7v°/8r°) droict et a gauche de la grandporte auec pierre Massonnee Et Mourtier faict avecchaux Et Sable Aussy seront tenus lesd(its) daudetzvouter ladite Eglize despuis la grand porte Jusquesau Millieu Et tambour du sixiesme pillierContenans de longueur vingt trois Canes ouEnviron Et en Largeur dune estremite desMuralhes Mestresses de lad(ite) Eglize a Lau(tr)ede Vent droict Et Marin Et tenir lesd(ites) voutesdauteur sçavoir Celle de la Nef de Sept Canes Etdemy a prendre du plain pied de la grand portesoubz La Clef de Lad(ite) Voute Et la Voute deschapelles a prendre au Mesme plain pied quatreCanes Et demy soubz La Clef le tout Voute enogive Item seront tenus les(dits) presfachiers debastir deux Muralhes tout au long de la nef surpilliers du couste dud(it) vent droict Et Marin delespesseur de deux pans Et (8R°/8v°) hauteurConvenable pour donner les pentes Et fere les fenes-tres de lauteur Et largeur que donneront les(dites)Muralhes feront aussi de(s) pilliers ou ancoules audessus des chappelles alendroict des arts doubleauxde la Nef pour leur servir de butte Et les Mettreentalus Comme la besogne le Requera Item ferontlesditz presfachiers deux Muralhes de Ressaut Et ceformera dans Une dIcelles deux faces de pilliers Etdune des(dites) Muralhe(s) a lau(tr)e formera LeCœur en cueu de four Et deux chappelles VouteesConformeme(nt) aux au(tre)s Et de la Mesmeauteur quy serviront de secresties Et sera faict Ungart doubleau a la Muralhe quy servira de pignona la Nef. De l’entree du Cœur sur lequel sera faictUng ove Et fenestres Necess(aire)s pour donner(8v°/9r°) Jour audict Cœur Davantage dresserontTrois pilliers tumbes Conformement aux autres Etde la Mesme Grandeur quy servent a fere lacepara(ti)on de la Nef Auec les Chappelles CommeAussi seront tenusPaver tout autour des MuralhesMestresses Avec bars de beau(cai)re ademy Cimaysur Mourtier faict avec chaux Et sable avec CanalEt gargouilles pour Jetter les Eaux pluvialles

Parelheme(n)t feront le couvert de la Nef delad(ite) Eglize atuilles bagnat boise Le toutConformeme(n)t a Celuy de leglize Cathedralle deNismes Toutes Les Voutes des chappelles serontCouvertes atuilles Bagnat sur le plan des voutesPlus seront tenus fere le Grand autel avec son escal-lier Necess(air)e. Et de lautheur Conuenable Paverled(it) Cœur Et bastir tout autour (9r°/9v°)dIcelle de lautheur de quatre pans pour y pozer lescheses Item Enduiront Et Blanchiront la voute duCœur Et Muralhes de lautour dud(it) CœurEnsemble les deux chappelles quy serviront desacresties par dedans Et dehors Bastiron Une chezede pierre pour le predicateur alendroit que leursera Marque Et Icelle sera faicte a pan ou En Rondalobsion des depp(u)ttes. Plus seront obliges de fereEt bastir les fontz Baptismalles Cimantees aulieuque leur sera aussi Marqué Item seront tenusouvrir la porte de lescallier quy dessent a Leglizesoubzterrene Remetre la Voute dud(it) Escallierenlestat quelle estoit antiereme(nt) Item seronttenus de fere Cinq portes scavoir deux du Coustedu Vent droict Et trois du Marin aux Endroictzque luy seront Marques Item sera permis Et(9v°/10r°) Loizible ausd(its) prisfachiers de seservir pour Led(it) travail Et bastime(n)t delapierre quest tant dedans lad(ite) Eglize quedehors Ensemble de La Ruyne pour sable ce treu-vant bonne Et en cas Ny auroit de pierre a suffi-zance Les d(its) seigneur abbe chapp(it)re EtCon(sul)s luy en fourniront ou judiqueront a pren-dre au Tour des Cloistres, Et Seront tenus Lesd(i)tzpresfaichiers de fournir a ses despans tous les tuillesbois du Couvert bardz Et Mourtier faict aus chauxEt sable quy Conviendra Employer audit basti-ment Et davoir bien et deubeme(n)t faict Et para-cheve tout led(it) Entier traval Et besougne seraespeciffiee Entre Icy Et le premier Jour du Mois deMars de lannee quon Contera Mil Six CensCinquante Deux Et de Besougne bonne etRessevable faict en bon père de famille apeyne detout despans (10r°/10v°) dommages Et IntherestzEt ce pour Et Moyenant Le pris Et somme deQuinze Mil Six Cens livrees alaq(ue)lle ladesli-vra(tion) leur en auroit este faicte Comme ayantfaict a Condi(ti)on Meiheure ausdictes Encheres,En dedu(cti)on de laq(ue)lle somme de quinze MilSix cens livres Lesdictz daudet ont declaire avoirReceu par le Contract dud(it) Jour Vingtiesmeapvril dernier la somme de Trois Mil Livresdesdictz Seigneur abbe chapp(it)re Et ha(bita)nslaq(ue)lle some seron tenus ainsy quilz ont promis(prouves) Tenir en compte en dedu(cti)on delad(ite) somme de quinze Mil six cens livres Et Lesdouze Mil six cens Livresled(it) seigneur abbe seratenu en payer Ung tiers Led(it) chapp(it)re unau(tr)e Et lad(ite) Com(mun)e dud(it) st gilleslau(tr)e tiers Revenant pour chacun a cinq mildeux Cens Livres, Payable Lad(ite) Somme en troispayes, scavoir trois (10v°/11r°) Mil Livres le

quinzieseme jour du Mois doctobre prochain, SixMille Livres lhors que la Moytie de de lentierebesogne sera faicte ; Et les trois Mil six Cens LivresRestantes lhors que toute Lad(ite) besougne Ettraval sera paracheve Et Receu le Tout apeyne destous despans Pour laq(ue)lle Reception lesd(ites)parties sacorderont amiableme(nt) despertz… »

Annexe 2

Extraits du récit du dégagement dutombeau du saint et du vestige d’un ancien murde confession en août-septembre 1864 d’aprèsGoubier 1866, p. 13-234

« Au centre même de la crypte, onremarque, au premier coup d’œil, une construc-tion d’un caractère plus antique que le reste dela vaste nef. Les voûtes de cette chapelle médialelaissent apercevoir des traces de peintures indi-quant le soin spécial pris par les moines d’ornerun lieu voué à quelque culte particulier. Autourdu pendentif, des crochets disposés en couronneont dû soutenir des lampes veillant autour d’uncorps saint, selon l’usage des confessions ouchapelles cryptales. C’était là autant de signesfrappants et comme un (13/14) mémorial desouvenirs antiques propres à fixer en cet endroitnotre premier chantier d’opérations, le 17 août1864.

Mais loin de rencontrer ici un terrain sansrésistance, qui, d’ailleurs, règne dans toutel’étendue de l’édifice, les ouvriers vont se trou-ver aux prises avec une maçonnerie compacte,un amas effrayant de pierres de toutes dimen-sions, unies entr’elles et sans ordre par unciment de granit. Et ce massif impénétrableoccupe un espace de 5 mètres carrés ! Et pourextraire les blocs accumulés, les instrumentsnous manquent ou sont insuffisants ! Ensuiten’y avait-il pas un certain danger à démantelerces sortes de fondations construites, peut-être,en vue d’une plus grande solidité du bâtiment ?

Cependant la main est résolument mise àl’œuvre Voici déjà un monolythe en pierrefroide, mesurant 2 mètres 80 centimètres delongueur, sur une largeur de 1 mètre 20 centi-mètres ; son extraction a duré 48 heures.Creusons encore ! Vient à la suite un sarco-phage, peut-être un autel en marbre blanc, avecdes sculptures d’une grande beauté représentantl’entrée des Mages à Jérusalem. Il est du IVesiècle ; mutilé en partie, ce chef-d’œuvre duciseau chrétien n’en occupe pas moins la placed’honneur de notre musée lapidaire.

Puis apparaissent successivement des débrisd’anciennes chapelles, colonnes, chapiteaux,

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corniches, frises, figurines, encorbellements,fragments d’acrotères, quelques pièces demarbre avec inscription. Toutes ces richessesarchéologiques, ensevelies sous des blocs énor-(14/15) mes, d’où viennent-elles ? On les croitdes restes de la basilique supérieure…

(p. 16 :) « Mais voici l’aurore du 29 août,seizième jour des fouilles ! Elle vient dissipertoutes les incertitudes et combler toutes lesespérances.

V – L’extraction de 1,200 quintaux dedécombres, aux dires des ouvriers, avait ouvertune profondeur de 2 mètres 60 centimètres : Làse présentait une surface plane, interrompue surplusieurs points et figurant une sorte demosaïque avec de légères saillies… Au centremême du creux, des couches d’un épais cimentdérobaient à la vue une pierre d’une certaine(16/17) étendue et dont le sourd retentissementaccusait un caveau… on se hâta de dépouillesles alentours par une large excavation, et voilànon-seulement une pierre tombale, mais encorel’apparition du sépulcre qu’elle recouvre…(17/18) A peine la pierre fortement scellée dutombeau fut-elle mise sur son champ, qu’à l’aided’un flambeau on entrevit un double rang delettres rapidement tracées, mais assez apparentespour exciter l’émotion générale de l’assemblée.Nous venions de lire :

IN-H-TVML-Q

C.B.AEGD.

(18/19) VI - La pierre du tombeau de saintGilles mesure deux mètres de longueur sur0 mètre 70 de largeur… dans ce tombeau unecertaine quantité d’ossements… qui appartien-nent à diverses parties du corps… ont étéextraits au nombre de 64… (19/20) le procès-verbal délivré à Mgr de Nimes par Mgr l’arche-vêque de Toulouse, et qui donne la no- (20/21)menclature exacte de ceux que contient le reli-quaire de Saint-Sernin, signale des partiesabsentes, et ce sont précisément celles que nouspossédons. Le sacré tombeau renfermait encoredes lambeaux de vêtement ou de suaire qui, àpeine exposés au contact de l’air, ont été immé-diatement pulvérisés, et trois morceaux de feroxydé, terminés en pointe aiguë, faisant partied’une même lame… »

(22 :)« … la commission ordonna leprolongement des fouilles sur la même direc-

tion, ensuite sur toute la surface de la basseéglise… ces fouilles immédiatement exécutéesont amené d’autres témoignages à l’appui de madécou- (22/23) verte, et nous citerons ici,comme une pièce de conviction des plus impor-tantes, un vieux mur de clôture trouvé à deuxmètres de distance du sépulcre. Cet appareiloffrant au centre même une fenêtre grillée, dontle prospect s’étend directement sur l’axe de lapierre tombale, servait probablement d’oratoireaux fidèles de l’époque. Il a été difficile d’enfixer la véritable origine.

Annexe 3

Extraits du récit du dégagement dutombeau du saint et du vestige d’un ancien murde confession en août-septembre 1864 d’aprèsRévoil 1865-1866, p. 168-172

(168) « Dans le milieu du mois d’août1865, le conseil de fabrique de l’église de Saint-Gilles, pour placer un autel dans la crypte de cemonument, fit opérer quelques fouilles, dont lepremier résultat fut la découverte d’un sarco-phage en marbre blanc. Cette sculpture remar-quable et parfaitement conservée appartient auxpremiers temps de l’ère chrétienne ; elle a 2m18de longueur sur 0m37 de hauteur…

(169) Des tronçons de colonnes, des bases,des appareils énormes mis à découvert, engagè-rent à continuer ces fouilles, et l’administrationdépartementale mit à la disposition de l’archi-tecte des Monuments Historiques une subven-tion sur les fonds départementaux, pour lespoursuivre activement sous sa direction. Un beauchapiteau et trois cippes antiques en pierre durefurent extraits des décombres mêlés à la terre…

En poursuivant les déblais autour du beausarcophage en marbre, et après avoir extrait cestrois cippes antiques, la pioche de l’ouvrierretentit sur une grande dalle, et on mit bientôtau jour un sarcophage de pierre grossièrementtaillée. Cette dalle, servant de couvercle, futsoulevée avec soin ; elle portait, sur la face inté-rieure, les caractères suivants gravés dans le sensde sa longueur : (169/170) IN.H.TML.QI /C.B.ÆGID…

Les fouilles se continuèrent activementautour de cette tombe… et mirent à découvert

un mur transversal de grand appareil, danslequel sont pratiquées l’entrée d’un caveau etune petite fenêtre ronde, garnie de son fer encroisillon. Il est difficile de préciser ce qu’a étécette construction et à quelle époque elleremonte. – Mais il est à présumer qu’elle faisaitpartie d’une des anciennes chapelles qui furentdémolies à l’époque de la construction de lacrypte de l’église abbatiale…. (170/171)

Les religieux de cette abbaye, jaloux deconserver quelques restes précieux de leur saintabbé, après l’enlèvement d’une partie de sesreliques, durent recouvrir la tombe de tous cesdébris et de cet amas de matériaux, pour luiépargner de nouvelles soustractions…

Dans d’autres tranchées et fouilles opéréesdans les bas-côtés de cette crypte, s’est trouvée ladalle tumulaire d’un châtelain du château de laMotte, située sur la rive droite du Petit Rhône,en face d’Albaron… La partie de la pierre supé-rieure manque, mais on lit encore :

… NIS. JABETI. CASTELLANI.CASTRI. MOTE / QVI. TVMVLVMCERNIS. CVR. NON. MORTALIA / SPER-NIS. TALI. NAMQUE. DOMO. CLAUDI-TUR OMNES HO…

[Hic jacet corpus nobilis viri Joha]nnisJa(u)be(r)ti, castellani castri Mote. – Qui tumu-lum cernis, cur non mortalia spernis ? Talinamque dono clauditur omnis ho[mu. Amen]

(1) Ce distique léonin se rencontre trèsfréquemment sur les dalles funéraires dumoyen-âge

(172) Derrière le tombeau de Pierre deCastelnau, dans le sépulcre d’un ancien abbé,on a recueilli quelques lambeaux d’étoffes, unmorceau de crosse en bois, garni de deux frag-ments d’une sorte d’anneau en argent, émailléet découpé en lambrequin. Ces objets sont ducommencement du XIVe siècle ; mais rien n’a pudonner la moindre indication sur le nom dupersonnage renfermé dans cette tombe enpierre.

Non loin du sarcophage de S. Gilles, furentégalement trouvés deux squelettes enfermésdans des briques dites sarrasines ; trois briquesfaisaient le fond du sépulcre : elles étaient recou-vertes par d’autres briques inclinées formantune sorte de toiture… »

ANDREAS HARTMANN-VIRNICH ET HEIKE HANSEN

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L’ÉGLISE ABBATIALE ET LES BÂTIMENTS MONASTIQUES : NOUVELLES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES

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* Laboratoire d’Archéologie Médiévale etModerne en Méditerranée LA3M UMR 7298Aix-Marseille Université AMU/CNRS.

** Institut für Architekturgeschichte IFAG,Université de Stuttgart/Laboratoire d’ArchéologieMédiévale et Moderne en Méditerranée LA3MUMR 7298.

1. Taylor, Nodier, de Cailleux 1837, pl. 287-293 quater.

2. Mérimée 1835, p. 336-345 ; cf. Mérimée1835 (1989), 183-187.

3. Hartmann-Virnich, Hansen 2000 ;Hartmann-Virnich 2000 A ; Mallet 2000.

4. Hansen 2007.

5. Markiewicz 2004, 2005.

6. Markiewicz 2009, 2011.

7. Voir les Archives de l’Association Histoire,Archéologie et Sauvegarde de Saint-Gilles. Pourun compte rendu partiel et succinct des résultatsde ces fouilles conduites dans le transept et lecloître, publiés de manière confidentielle dans lebulletin archéologique de l’association, voirDufoix 1976 (1979), p. et Jeolas 1994, p.

8. Girault, Girault (éd.) 2007

9. Mazel 2011

10. Zink 2010. Jochen Zink tente une distinc-tion de phases constructives à partir d’une étudedes principaux signes lapidaires, en étayant uneattribution de la façade occidentale aux années1130 par une étude monumentale sélective etpartiale, accompagnée d’une documentationgraphique périmée. Sa démarche, délibérémentindépendante de la recherche archéologiquerécente dont elle ignore les résultats, n’est pasdénuée d’intérêt dans certains détails, mais ellerenoue avec une tradition déjà critiquée parDorothea Diemer (Diemer 1978, p. 72), fondéesur l’idée d’un lien systématique du bâti exis-tant avec les dates historiques, au prix d’uneinterprétation erronée de certaines donnéesarchéologiques qui tend à invalider le raisonne-ment dans son ensemble.

11. Ex-Laboratoire d’Archéologie MédiévaleMéditerranéenne LAMM UMR 6572 CNRS-Université de Provence Aix-Marseille I.

12. Direction : Loïc Buffat (MosaïqueArchéologie/UMR 5140-Lattes), AurélieMasbernat-Buffat (Mosaïque Archéologie/UMR 5140-Lattes) ; encadrement et accompa-gnement scientifique : Laurent Schneider(LA3M-UMR 7298), Andreas Hartmann-Virnich (LA3M-UMR 7298). Anthropologie :Alexandrine Legrand-Garnotel (UMR 5140-Lattes).

13. Henri Amouric (LA3M-UMR 7298) ;Véronique Rinalducci de Chassey (LA3M-UMR 7298), Claude Pribétich-Aznar (LA3M-

UMR 7298) ; Andreas Hartmann-Virnich(LA3M-UMR 7298).

14. Étude géologique : Alexandre Hairabian(EA 4229) ; étude des mortiers : BénédictePalazzo-Bertholon (CESCM - UMR 6223) ;étude dendrochronologique : Frédéric Guibal(INEE - UMR 7263) ; prospections géoradar :Michel Dabas (Geocarta), Agathe Crespin,Nicolas Ardito (SO.IN.G.) ; datation par leradiocarbone : C.D.R.C.-Lyon.

15. Relevés numériques : Heike Hansen (dir.)(IFAG, LA3M - UMR 7298 , Peter Dresen(IFAG), Kristian Kaffenberger (IFAG), HassanAl-Omar (IFAG), Götz Echtenacher (IFAG),Relevés manuels : Heike Hansen (dir. et del.),Nicolas Lamoureux (†) (LA3M-UMR 7298),Laura Deye (LA3M-UMR 7298).

16. Mazel 2011.Nous renvoyons aux référencesbibliographiques détaillées dans cet article.

17. Les différentes rédactions de la vita du saintont été étudiées par Jones 1914. Le succès de cetexte tributaire d’emprunts, qui traduit l’essordu culte et du pèlerinage auprès du tombeaude saint Gilles, se manifeste jusqu’à la fin duXIIe siècle dans des variantes tardives (cf. F. Laurent(éd.) 2003).

18. Pour cette analyse voir Mazel 2011, p. 230-243.

19. J. Zink identifie cet événement à laconstruction d’une église (Bau I) dont le planhypothétique à trois nefs et chevet triabsidal,coïncidant avec les quatre premières travées del’église inférieure actuelle (Zink 2010, p. 214-217) se fonde sur une interprétation erronée desfondations du mur gouttereau sud de l’égliseromane, dégagées en 2004 (Markiewicz 2004,p. 51-59 et fig. 53 ; Markiewicz 2005, p. 97).

20. Jean-François Goudesne, « Fulbert et sonécole dans l’histoire du chant liturgique », dansM. Rouche (dir.), Fulbert de Chartres, précurseurde l’Europe médiévale ?, Paris, 2008 (PressesUniversitaires de l’Université Paris-Sorbonne),p. 301-317, p. 302.

21. Odenthal 2013, p. 286.

22. Gallia Christiana, VI (1739), Instrumenta,n° XII, col. 178-179. Almodis, qui agit au nomde son fils Raimond, prétend en effet tenir l’ab-baye comme « alleu de Saint-Pierre » du papelui-même (Hoc autem notum sit locum praedic-tum et abbatiam praedictam alodium esse sanctiPetri, quae dono domni papae Romani tenemus),et le considère conséquemment comme étantplacé sous sa dépendance seigneuriale (domini-catura quam ibi habemus).

23. Mazel 2011, p. 236, 244-245. Girault,Girault (éd.) 2007, p. 220 ; Magnani 2004 ;Remensnyder 1995, p. 236-242 ;

24. Vones-Liebenstein 2009, p. 110-114.

25. Buffat, Schneider, Hartmann-Virnich,Masbernat-Buffat, Legrand-Garnotel 2011 ;Masbernat-Buffat, Buffat, Hartmann-Virnich,Legrand-Garnotel, Schneider, Chazottes 2012.La chronologie absolue des phases s’appuie surla concordance de l’étude céramologique et desdatations au radiocarbone. Voir l’article dans leprésent volume.

26. Masbernat-Buffat, Buffat, Hartmann-Virnich, Legrand-Garnotel, Schneider,Chazottes 2012, p. 53-80, phases I-D.

27. Jean Astier (Abbé), textes.

28. Révoil 1865-1866. Cf. annexe 4.

29. Goubier 1866, p. 14-21. Cf. annexe 3.Deux autres publications de l’époque sontdénuées de tout intérêt archéologique (Baronde Rivière, Antiquités du Midi. Tombeaud‘Αιγιδιοσ (saint Gilles) récemment découvertdans la crypte de la ville dont il fut le fondateur etdont il est le patron, Marseille, 1866, 12 p. ; JeanAstier (Abbé), Découverte du tombeau de Saint-Gilles, Bagnols, 1866, 4 p).

3. Outre la perte des archives personnelles del’architecte, dispersées ou détruites il y aquelques décennies, une maquette de liège desvestiges réalisée à l’échelle de 4 cm pour unmètre (Nicolas 1907 (1908), p. 108) estaujourd’hui introuvable.

31. « Église de Saint-Gilles, Registred’Attachement », Médiathèque del’Architecture et du Patrimoine, Archives desmonuments historiques, dossier Saint-Gilles-du-Gard, sans cote, p. 8.

32. Goubier 1866, p. 25.

33. Il pourrait s’agir de la grande dalle decalcaire taillée brisée et incomplète posée surchant contre le mur gouttereau sud à l’exté-rieur : cet élément entouré à l’origine d’un torepériphérique aplati arasée, et rehaussée d’un toretransversal formant une croix avec une moulureaxiale plus large, fut réduite à près de la moitiéde sa largeur originelle par une retaille soignée,peut-être pour servir dans un dispositif monu-mental abritant la tombe du saint, tel letombeau des abbés Maïeul et Odilon à la prio-rale clunisienne de Souvigny (Chevalier 2004,Sapin 2010, p. 199, fig. 5).

34. Henry Révoil attribuait ces fragments à« une des anciennes chapelles qui furent démo-lies à l’époque de la construction de la crypte del’église abbatiale », référence implicite au récitdes Miracula sancti Egidii (Révoil 1865-1866,p. 170), à la différence d’Achille Goubier qui yvoyait « des restes de la basilique supérieure »(Goubier 1866, p. 15).

35. Méhu 2011, p. 82-83 d’après Gerson 1998,I, p. 55-90.

36. IV, cap. VIII. Vielliard 1990 (1978), p. 40-46.

NOTES

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37. Voir infra.

38. « … cum nullo modo ejus ossa sacratissima,ut a multis probatur, queant extra horas ipsiusdeferri. Quidam enim beati confessoris brachiumvenerandum extra Egidianam // patriam in horisscilicet longinquis olim // deferre fraudulenterconati sunt, sed nullo modo ire una cum eo value-runt. Quatuor sunt sanctorum corpora que abaliquo propriis sarcofagis nullo modo moveri possereferuntur, ut a multis probatur : beati scilicetJacobi Zebedei et beati Martini Turonensis etsancti Leonardi Lemovicensis et beati Egidii,Xpisti confessoris….” (Cap. VIII. Vielliard 1990(1978), p. 46). Révoil interprétait effectivementle remblai maçonné comme dispositif protec-teur (1865-1866, p. 171).

39. Révoil 1865-1866, p. 172.

40. US 79, fin Ve/début VIe-VIIe siècle d’après lemobilier céramique (Markiewicz 2004, p. 23-24).

41. La position de ce mur n’est pas indiquée.

42. Chiffres d’après Girault, Girault (éd.) 2007,p. 232-233, sans référence.

43. Révoil 1865-1866, p. 170. Cf. annexe 2.

44. Goubier 1865-1866, p. 22.

45. La restitution d’un enclos entourant letombeau avec une fenestella à l’ouest, proposéepar J. Zink à partir d’un résumé inexact de ladescription de Révoil, est infondée (Zink 2010,p. 219).

46. Pour le contexte de cette consécration voirMazel 2011, p. 250-251.

47. Girault, Girault (éd.) 2007, p. 217

48. «… dum enim anno incarnationis dominiceM°C°X°VI° fundamenta basilice nove ponere-mus, quia ecclesia alia minus continens erat etmultitudinem adventantium capere non poterat,subversioni ecclesiarum operam dedimus. Cumautem ecclesiam majorem, que cum tribus criptismaximis et quadratis lapidibus antiquitus edifi-cata fuerat, destrueremus, necnon et ecclesiamsancti Petri, que LXXXa fratres in choro caperepoterat, simul cum porticu lapidea que ei adhere-bat a parte septentrionis et a capite superioris eccle-sie usque ad extremitatem ecclesie sancti Petri inlongum protendebatur, in qua fratres ad proces-sionem diebus sollempnibus egredi soliti erant etantiquitus via sacra vocabatur, necnon et eccle-siam sancte Marie, destrueremus, mira virtusomnipotentis Dei patefiebat.

Inter tot quippe moles ruinarum et edificiorumcorruentium, beato Egidio interveniente et plebemfidelem defendente, numquam aliquis ingredien-tium et egredientium ecclesias ipsas lapidis uniusictu attaminatus est. Immo vero multitudo orato-rum, qui tunc maxime confluebat persolvendi votasua in eisdem ecclesiis, tantam securitatemassumpserant ac si nullus ibi strepitus vel commo-tio fieret.

Illis nempe diebus vir quidam, Pictavensis terri-torii indigena, corpore vegetus, dum in excelsiore

parte muri, ubi super corpus sancti Egidii criptasublimior antiquitus volvebatur, toto annisulapides quadratos maximos evolveret deorsum,subito toto (134/136) corpore collapsus, solismanibus se vix retinuit. Qui profecto si inferiuscorruisset, et ferreus esset, nimirum super moleslapidum illorum qui ibi erant, contritus deperis-set. Sed quia ad eum juvandum nemo accederepoterat, cum in parvo spatio muri singularispenderet, sanctum Egidium clamore valido ut eumjuvaret implorabat. Statim adfuit misericordiaconfessoris Christi et destitutum humano auxilioJuvit. Pedibus enim se suberigens et manibusquodammodo nitens, in loco unde conlapsus fuerat,non sine admiratione multorum, facile rediit.

Non post multum tempus, cum jam paries ecclesienove aliquantum in sublime provectus esset, diedominica, dum vir quidam, Petrus Arvernensisnomine, post prandium super murum incautiusdeambularet, a parte fori super tectum quoddaminferius impulsu antiqui hostis decidit. Tuncmirum in modum, cum caro mollis et ossa ejusconfrigi potuissent, versa vice ipse tegulas et lignatecti sub se confregit. Sicque, beato Egidio inter-veniente quem inclamabat, ad domum suamabsque vulnere et dolore rediit, multoque temporepostea supervixit » (Girault, Girault (éd.) 2007,miracle 19, p. 134-137).

49 « Inter tot quippe moles ruinarum et edificio-rum corruentium, beato Egidio interveniente etplebem fidelem defendente, numquam aliquisingredientium et egredientium ecclesias ipsas lapi-dis unius ictu attaminatus est. Immo vero multi-tudo oratorum, qui tunc maxime confluebatpersolvendi vota sua in eisdem ecclesiis, tantamsecuritatem assumpserant ac si nullus ibi strepitusvel commotio fieret. » Girault, Girault (éd.)2007, miracle 19, p. 134

50. « Dum enim anno incarnationis dominiceM°C°X°VI° fundamenta basilice nove ponere-mus, quia ecclesia alia minus continens erat etmultitudinem adventantium capere non poterat,subversioni ecclesiarum operam dedimus. Cumautem ecclesiam majorem, que cum tribus criptismaximis et quadratis lapidibus antiquitus edifi-cata fuerat, destrueremus, necnon et ecclesiamsancti Petri, que LXXXa fratres in choro caperepoterat, simul cum porticu lapidea que ei adhere-bat a parte septentrionis et a capite superioris eccle-sie usque ad extremitatem ecclesie sancti Petri inlongum protendebatur, in qua fratres ad proces-sionem diebus sollempnibus egredi soliti erant etantiquitus via sacra vocabatur, necnon et eccle-siam sancte Marie, destrueremus, mira virtusomnipotentis Dei patefiebat ». Girault, Girault(éd.) 2007, miracle 19, p. 134. Traduction A.Hartmann-Virnich.

51. « Illis nempe diebus vir quidam… dum inexcelsiore parte muri, ubi super corpus sanctiEgidii cripta sublimior antiquitus volvebatur, totoannisu lapides quadratos maximos evolveret deor-sum, subito toto corpore collapsus, solis manibus sevix retinuit. Qui profecto si inferius corruisset, etferreus esset, nimirum super moles lapidum illo-rum qui ibi erant, contritus deperisset. (Girault,Girault (éd.) 2007, miracle 19, p. 134-136).

52. Bully 2010, p. 81-87.

53. Cf. le schema publié par Mazel 2011,p. 249, fig. 5

54. « necnon… una alia Sancti Petri de Via Sacranuncupate sacristie officia claustralia… nec nonplura loca et monachales portiones et quampluresmonachi, et ex illis unus decanus, unus priormajor,… unus primus altaris Sancti Egidii et aliussecundus ejusdem altaris et alius Sancti Petri deVia Sacra nuncupati sacriste… » (Goiffon 1882,CLXXX – 131, p. 256). Cf. Nicolas 1905-1907.

55. Delmas 1843 cité dans Nicolas 1903, p. 16.

56. « Non post multum tempus, cum jam pariesecclesie nove aliquantum in sublime provectusesset, die dominica, dum vir quidam, PetrusArvernensis nomine, post prandium super murumincautius deambularet, a parte fori super tectumquoddam inferius impulsu antiqui hostis decidit.Tunc mirum in modum, cum caro mollis et ossaejus confrigi potuissent, versa vice ipse tegulas etligna tecti sub se confregit. » (Girault, Girault(éd.) 2007, miracle 19, p. 136).

57. « Cum missa matutinalis die eodem celebratafuisset, ad altare superius more solito ad proces-sionem conscendimus. Ubi populo, qui huiusmiraculi fama magnus in ecclesia confluxerat… »(Girault, Girault (éd.) 2007, miracle 15,p. 120).

58. « ante sancti sepulchrum » (ibid.)

59. « cum autem ante altare superius beati Egidiinoviter factum in ecclesia ejusdem preces suasfudisset, socii qui cum eo venerant vix ab edituisimpetraverunt ut ad aliud altare inferius intro-ducerentur, ubi corpus sanctum humatum antiq-uitus jacet. Quo cum introissent,… sanctumEgidium implorabat… Cum oblationem suamsuper altare posuisset, astantibus custodibus eccle-sie circa eum, subito exclamat : Sancte Egidie,gratias tibi ago…» (Girault, Girault (éd.) 2007,miracle 20, p. 140)

60. « … mulier ad ecclesiam beati Egydii a virosuo deducta, cum in criptam inferiorem, ubicorpus ejus requiescit, introduci renueret, tandemeo die…, quorundam viribus superata, antevenerabile corpus almi confessoris Egydii perductaest. » (Girault, Girault (éd.) 2007, miracle 30,p. 204)

61. D’après la Gallia Christiana (IV, 1739, col.504) l’inscription était toujours « claustri fornicetecta » au début du XVIIIe siècle. Il est incertainsi ce passage désigne les profondes arcadessegmentaires insérées en sous-œuvre dans lesflancs des contreforts de l’église, ou une voûtede la galerie.

62. Les parties non soulignées entre parenthèsesrondes manquent.

63. Favreau, Michaud 1988, n° 60, p. 70

64. Voir nos remarques dans Hartmann-Virnich 2012.

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65. Voir la notice de Jérome Bénézet dans leprésent volume.

66. Les étapes sont comptées à partir de l’aban-don de l’édifice précédent dont les dimensionset l’emprise au sol restent hypothétiques.

67. Hamann 1955-1956, p. 74-77, Dufoix(1976) 1979, p. 145-192, Jeolas 1994, p. 42-49. L’étude de Jean-Pierre Dufoix constitue à cejour l’unique approche de l’espace claustral dansson ensemble.

68. « … Verum cum monasterium ipsum, in quocorpus prefati Sancti Egidii, quod a diversis fide-libus devote et venerabiliter visitatur requiescat,inter mare, flumen Rhodani, ac in loco calido etpaludibus circumdato, in quo tempore estivo aerintemperatus multum existit, constitutum sit, etilli monachi qui, juxta dicti ordinis regulariainstituta, in eorum claustris habitare deberent,cameras seu cellulas in numero sufficienti proeorum habitatione in dicto monasterio nonhabeant, ac camere seu cellule in illo subsistentessubterranee et pro majori parte ita humide seuaquatice sint, ut vix habitari possint, et ipsi mona-chi ex frequent cum illis in eodem monasterio secu-larium personarum conversatione, vitam abeisdem institutis regularibus quodammodo alie-nam ducere incitantur… » (Goiffon 1882,CLXXX – 131, p. 261-262)

69. Ibidem.

70. Masbernat-Buffat, Buffat, Hartmann-Virnich, Legrand-Garnotel, Schneider,Chazottes 2012, p. 90-101 (phase C). Voir l’ar-ticle dans le présent volume.

71. « A été proposé qu’il serait bon délibérer sion doit cette année faire porter du fumier à lavigne, et quelle quantité. A été conclu quechacun des rentiers en fera porter le nombre devingt charges… et le fumier qui est au-devantdu cellier sera porté à la vigne aux dépens duchapitre » (Dufoix 1979, p. 27, d’après ADGard, G 1118, d’après une transcription deR. Jeolas). Déjà au XVIe siècle

72. « … au joignant de la grande église, depuisla muraille de ladite église jusqu’à la chapelle quiest joignant la maison abbatiale, ledit endroitoù feront ladite chapelle étant voûté qui seronttombées, et commenceront la muraille dudevant devers les claustres sur le fondementvieux qui y est encore, et l’autre muraille, dessusle derrière et levant, la commenceront sur lamuraille ancienne, à fleur de la crotte qui yétait…» (Dufoix (1976) 1979, p. 25, d’aprèsArchives départementales du Gard, H 914,Pénitents blancs. Transcription de R. Jeolas).Cf. infra.

73. « … ladicte religion veriffie encores que despierres dela maison abbatialle que ledit deChaumont a du tout ruyner & a basty le fortdeladite esglize. » (Sans date. Archives munici-pales de Saint-Gilles, n° 348, p. 25. Inédit.Transcription A. Hartmann-Virnich).

74. Annexe 1, fol. 10 r°.

75. D’après les auteurs du sixième tome de laGallia Christiana, l’inscription de la fondationde 1116 est alors « claustri fornice tecta » (GalliaChristiana VI (1739), col. 504).

76. Goiffon 1882, CLXXXVII, p. 311-318 ;Girault 2007, p. 21. La date archéologique estsituée dans le dernier quart du XVIIIe siècle(Masbernat-Buffat, Buffat, Hartmann-Virnich,Legrand-Garnotel, Schneider, Chazottes 2012,p. 102-105).

77. Masbernat-Buffat, Buffat, Hartmann-Virnich, Legrand-Garnotel, Schneider,Chazottes 2012, p. 102-107 (phase B). Voirl’article dans le présent volume.

78. Arch. dép. Gard, G 1235. Pour la vente desbiens nationaux cf. Rouvière 1899-1900, p. 219n° 1410 et p. 279 n° 1818.

79. Markiewicz 2004, p. 12-16, UC 20.

80. Hartmann-Virnich, Hansen, Markiewicz2007, p. 55.

81. Pour l’analyse de la compensation de cetassement progressif au cours du chantier voirinfra.

82. Voir infra.

83. Les fouilles ont mis en évidence que lescorrections d’axe, omniprésentes dans les murset piliers de l’église inférieure, commencent auniveau des fondations. À l’ouest, un retrait de0,17 m à une hauteur de 2,25 m au-dessus dusol actuel, qui se poursuit du collatéral nord à lanef centrale en se résorbant près de la pile enga-gée méridionale, corrige l’épaisseur et l’orienta-tion du mur occidental, dont les parements nesont pas parallèles au niveau inférieur. Le murgouttereau nord est corrigé à trois reprises, à0,40 cm, à 1, 84 m et à 3,40 m au-dessus dusol. Dans ce cas, les retraits successifs de 0,20 m,0,09 m et 0,07 m élargissent le bas-côté tropétroit pour égaliser les deux collatéraux del’église supérieure, qui compensent ainsi unedifférence d’environ 0,70 m. Une autre mesurequi confirme ce but compensatoire est le déca-lage du pilier engagé nord du mur occidental del’église supérieure (cf. Hansen 2007, p. 103-104).

84. Masbernat-Buffat, Buffat, Hartmann-Virnich,Legrand-Garnotel, Schneider, Chazottes 2012,sépulture SP1220, p. 20-204 (l’inclinaison ducoffrage de pierre, observée sur le terrain, n’estpas mentionnée dans le texte du rapport). Voirl’article dans le présent volume.

85. D’après Anacréon Delmas, chargé destravaux sous la direction de Charles Questel,« …ces décombres…occupent tout l’espacecompris entre l’église et une culée qu’on arencontrée à 5,50m du mur des fondations etqui portait encore les premières voussoirs d’unevoûte. » (Nicolas 1902, p. 105).

86. Le rapport sur l’état de ruine de l’abbatiale,rédigé le 6 août 1622 par Jean Amiguet, tréso-rier de Saint-Gilles, fait état de la disparition

complète de l’escalier, et de ses dimensionsd’après le témoignage du garde du port deSaint-Gilles maître Russac : « nous sommesacheminés là où souloyt estre les grands degrésde la dite église, par lesquels facilement, commeRussac nous a dit, pourraient monter trentehommes de front, tous lesquels degrés ont étédémolis et rompus » (Archives de Jean Dumas,notaire à Saint-Gilles. Nicolas 1912, p. 108-109). Les deux baux à prix-fait de 1650mentionnent l’existence d’un mur devant lapartie sud de la façade qui devait être détruitpour la construction d’un perron (Archivesdépartementales du Gard, archives de maîtreMonnier, G 1594, fol. 4-12, fol. 7 R°, cf. annexe1).

87. Un écart de 9 cm répond sans doute à unetravée plus large, identique à celle de la portedu rez-de-chaussée du bâtiment méridional(infra). Une étude approfondie du mur et destraces de portes liées au cloître et au prolonge-ment de l’aile occidentale est en attente.

88. Un coup de sabre et des murs plus épaissuggèrent une séparation de la travée méridio-nale. Deux portes dans la première et dernièretravée donnaient dans le passage entre les ailesouest et sud et dans le cloître, et il subsiste destraces d’une troisième porte plus au nord.

89. 26,63 m de largeur nord-sud sur 34,30 mde longueur est-ouest.

90. Les quatre assises de pierre de taille au-dessus de l’assise d’arase au-dessus du sommetde l’arc avec une rangée de corbeaux à crochetcorrespondent à une surélévation tardive,surhaussée à son tour au XIXe siècle.

91. Seule la dernière travée orientale de ce mursubsiste dans une propriété privée actuellementen ruine.

92. Cf. Hartmann-Virnich 2004, p. 288-289 etfig. 2. Une épitaphe gravée sous une des arcadesdu rez-de-chaussée, apparentée aux épitaphesdu socle de la façade par son cadre moulurée,suppose l’existence du bâtiment dans unXIIe siècle avancé (Hamann 1955-1956, I, p. 74-75 ; Favreau, Michaud, Mora 1988, n° 66,p. 75).

93. Voir ci-dessous. Pour un bilan des hypo-thèses relatives à la date précoce de ces murscf Diemer 1978, p. 81-89 et note 252, p. 138.M. et P.-G. Girault et J. Zink attribuent lesmurs latéraux de la travée à une phase précocedu chantier de l’abbatiale actuelle, identifiéeavec l’édifice commencé en 1116 (Girault,Girault (éd.) 2007, p. 238 ; Zink 2010, p. 220).

94. Ignorant l’ébrasement, J. Zink interprètecette ouverture comme porte d’un escalier, sanségard à sa position et à ses proportions impro-bables (Zink 2010, p. 232-233, 241 et fig. 3).D. Diemer l’attribue à tort à une modificationtardive (Diemer 1978, P 86), R. Hamann à unétat carolingien (Hamann 1955-1956, I, p. 25).

95. Voir infra.

L’ÉGLISE ABBATIALE ET LES BÂTIMENTS MONASTIQUES : NOUVELLES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES

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96. Cf. Hartmann-Virnich 2012.

97. Favreau, Michaud 1988, n° 59, 61-65,p. 69, 71-74. Trois inscriptions, dont celle dumur sud de la première travée, se trouvent à l’as-sise précédant celle de la fondation, les troisautres trois assises en dessous de cette dernière,en alternance avec les premières, sans rapportavec l’une ou l’autre des deux périodes chrono-logiques. Depuis l’étude de Meyer Schapiro(Schapiro 1937 (1987) l’authenticité de desinscriptions a été admise par tous les auteurs (cf.en dernier lieu Zink 2010, p. 281-283).

Si deux sont datées de 1142, les trois autresépitaphes sous la façade, non millésimées, ontété identifiées avec des personnages décédésavant 1129 (Schapiro 1937 (1987), p. 416-425)bien que des homonymes plus tardifs aientégalement été envisagés : un article inédit deRoselyne Jéolas intitulé « Inscriptions de lacrypte de l’église de Saint-Gilles » liste, sans enindiquer les sources, les références à de nomsconformes à l’onomastique des épitaphes ouinscriptions funéraires pour des périodes plustardives : Hubilotus (de 1138 à 1221), Frotardus(1138, 1174) et Petrus de Brozet (1158)(Archives de l’Association Histoire, Archéologieet Sauvegarde de Saint-Gilles). Par ailleurs, unlieu dit Brozet, quem Petrus tenere videturest déjà mentionné en 1029 dans un acte del’abbaye de Gellone (Gallia Christiana, VI,Instrumenta, IX, col. 174-177, col. 177). Selonl’état actuel de la recherche, rien ne sembletrahir clairement le caractère apocryphe desinscriptions, ni un remploi de blocs provenantd’une autre construction. Au contraire : dans aumoins trois voire quatre cas une marquecomplémentaire en forme de V a été inciséedans le parement à l’aplomb ou en dessous del’épitaphe avec la même graphie et la mêmetechnique. Une étude comparative de la graphieet de la facture des lettres fait toutefois appa-raître des liens de parenté au-delà de la datedifférente suggérée par Schapiro, et invite àreprendre l’étude prosopographique despersonnes désignées. Au-delà de l’évidente simi-litude des épitaphes datées de 1142, les troisautres présentent des analogies au-delà des diffé-rences induites notamment par la taille inégaledes lettres, plus grande pour l’inscription dePetrus de Brozet qui ne comporte que deuxlignes, étalées sur toute la surface du bloccomme dans les deux autres cas, en l’absence dela mention de l’anniversaire du décès. L’absencede la mention de l’anniversaire de la mort dePetrus de Brozet interroge en outre sur lelien direct de cette inscription avec la commé-moration d’un décès dont le souvenir étaitencore vivant. Une nouvelle étude archéolo-gique et épigraphique est actuellement en cours(A.-S. Brun, sous la codirection deA. Hartmann-Virnich et de C. Treffort).

98. Cf. Treffort 2010, p. 240.

99. La documentation sommaire du sondageconduit en 1975-1976 dans l’angle sud-ouest,rouvert en 2009, ne livre aucune informationprécise sur l’état de la stratigraphie et la présence

de sépultures (Markiewicz 2009, p. 25-30 ;2011).

100. Favreau, Michaud 1988, n° 66, p. 75.

101. Les épitaphes de Causitus (+ HICSEPVLTVS / EST CAVSITVS : / ANN(O) :D(OMI)NI : M̅ : C̅ : XL̅II° : ORATE : PRO :EO) et de Gilius (HIC : SEPVLTVS : / EST :GILIVS ANN° / D(OMI)NI : M° : C : X°LII° /ORATE PRO EO) ne mentionnent que l’année1142, celle de Petrus de Brozet, de taille parti-culièrement monumentale, étant dépourvue detoute référence chronologique (HIC IACET /PETR(VS) DE BROZET).

102. Markiewicz 2004, p. 39-40.

103. Cf. infra.

104. CR-Tr IV c mur s, CR-Tr IV c mur n.

105. Cf. Diemer 1978, p. 81-89.

106. Markiewicz 2004, p. 51-61 ; Markiewicz2005, p. 97.

107. Masbernat-Buffat, Buffat, Hartmann-Virnich,Legrand-Garnotel, Schneider, Chazottes 2012,CN1167, p. 84-87 et fig. 6.01-6.08.

108. Ibid., p. 82, fig. 6.01, TR1006.

109. Une future poursuite des fouilles versl’église doit vérifier si l’antériorité de la gale-rie au conduit (Masbernat-Buffat, Buffat,Hartmann-Virnich, Legrand-Garnotel, Schneider,Chazottes 2012, CN1167, p. 84), improbabledu point de vue de la chronologie, répond à uneréparation.

110. Ibid., p. 82, fig. 6.01, TR1003.

111. Voir infra.

112. Le mur en demi-cercle du premier escalierest alors grossièrement bûché.

113. Les blocs simplement layés, sans ciselureet dépourvus de signes lapidaires, sont fréquem-ment épaufrés aux bords.

114. Des formats comparables (23 à 30 cm enhauteur et 30 à 40 cm en largeur en moyenne)caractérisent les remplois dans les parties bassesdu parement extérieur du mur gouttereau sud(CR-Tr I, II, III, IV s mur s), et dans les partieshautes des travées I et II du mur gouttereaunord (CrTr I, II n mur n). Dans ce dernier cas,on observe des traces de retaille à la broche ouau pic sur plusieurs pierres isolées.

115. D. Diemer attribuait ce coup de sabre à lamodification d’un édifice plus ancien (Diemer1978, p. 87).

116. Pour les maçonneries du premier état, unseul signe est identifiable à la pile occidentaledu mur sud de la travée centrale.

117. L’impact de la correction est encore plusprononcé au doubleau soutenu par les piles(CR-Tr IV-V c arc II), dont la retombée nordest plus large de 30 cm.

118. Au pilier engagé sud-est, un léger change-ment d’axe semblable au départ d’une abside est

effacé par la reprise du second état. L’absiderestituée par J. Zink s’inscrit dans sa recons-truction d’un hypothétique « édifice I (vers924) » (Zink 2012, p. 217-220 et fig. 15b),infondée car inspirée d’une connaissancepartielle et d’une interprétation erronée desdonnées archéologiques (cf. supra).

119. Cf. déjà Diemer 1978, p. 84.

120. Il s’agissait probablement d’une théopha-nie au Tétramorphe peinte sur la voûte et lesdoubleaux orientaux, accompagnée de figuresd’angles sur les murs latéraux. De la mêmeépoque pourraient dater les restes inédits d’undécor formé d’une résille de carreaux posés surla pointe et alternant une dichromie orange etverte subsistent à la seconde travée du mur laté-ral sud.

121. Des relevés exhaustifs et cartographies ontdéjà été réalisées entre 1999 et 2002 pour lapartie ouest de l’abbatiale dans le cadre de lathèse de doctorat de H. Hansen (Hansen2007), et par le même auteur dans le cadred’une commande de la DRAC Languedoc-Roussillon en 2003. Les observations de J. Zink,qui passent sous silence l’apport de ces travauxpréexistants, se fondent sur un repérage partiel,succinctement illustré par une photographiesynoptique des signes pris en considération(Zink 2010, p. 304, fig. 22). Les conclusionssélectives, contaminées par des déductionsinfondées, sont de ce fait hétérogènes et métho-dologiquement contestables.

122. Un seul signe en forme de losange identi-fié à la pile sud-ouest de la travée (Pe III-IV s).

123. Un seul signe en forme de flèche repérédans le sondage réalisé en 2009 dans les partiesbasses du mur nord du bâtiment sud du cloître,et quelques occurrences de signes au bâtimentouest (intérieur et extérieur).

124. Le recours à des blocs en remploi estsuggéré par la fréquence des épaufrures (cf.supra), l’apparition insolite de signes doublessur un même bloc, et des tailles particulièrescomme les layures en éventail.

125. On distingue la même façon irrégulièreaux signes du mur oriental du bâtiment ouestdu cloître (plusieurs signes en face du socle de lafaçade occidentale de l’abbatiale).

126. Les irrégularités considérables de tous leséléments architecturaux entravent la comparai-son des mesures.

127. J. Zink, sans égard à la chronotypologiedes appareils, attribue ce mur aux restaurationsdu XVIIe siècle en référence au premier bail àprix-fait du 20 avril 1650, dont les termes trèsvagues ne peuvent toutefois être mis en relationavec l’élévation en question (« plus bastir aude-dans des voultes basses deux petites murailhespour boucher ce qui est thumbé » (Zink 2010,p. 248, note 136 d’après Nicolas 1895, p. 450-451).

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128. Un sondage limité à environ 20 cm a misà jour une surface très irrégulière qui ressembleà des moellons.

129. La bretture et le grain d’orge n’apparais-sent qu’avec la construction des grandes fenê-tres (étape 4) et des voûtes (étapes 5, 6, 7, 8).

130. Travées I-II : 285 cm, travées III-V : 288 cm.

131. Ce procédé se raréfie considérablementavec les changements d’appareil ultérieurs.

132. Avec des variantes à traits parallèles oucroisés en crux decussata.

133. Les deux derniers oiseaux se limitent préci-sément au raccord.

134. Oiseau, des petits traits à l’emplacementd’un angle du bloc manuellement gravés, F, A,T à traverse. En revanche la travée VI du mursud est dépourvue de signes lapidaires à hauteurde la crypte, à une exception près. Les blocsmoins soignés de cette travée ne semblent pasavoir été destinés à rester apparents à ce stadede la construction.

135. Cf. Hansen 2007, p. 93.

136. Le remaniement a toutefois effacé lecontact direct entre les murs et les indices chro-nologiques.

137. Du côté sud, où l’ébrasement est restéintact, les blocs, façonnés avec précision, ne sontpas retaillés, comme l’attestent les signes lapi-daires en forme de trait diagonal. Du côté nord,l’ébrasement est probablement élargi, en enta-mant les blocs d’angle de l’ébrasement.

138. L’emplacement de cette source de lumière,qui délaisse le côté nord, semble tenir comptedu meilleur ensoleillement, ou de contraintesaujourd’hui inconnues. L’absence d’ouvertureen façade tend à confirmer l’existence d’un esca-lier sur voûte, conformément aux vestiges d’unetelle construction identifiés en 1842 (cf. supra).

139. Cf. Diemer 1978, p. 95-98.

140. Contre J. Zink qui suppose que les piliersengagés I-II nord du mur nord et 0-I nord dumur ouest sont conçus dès le départ avec uneimposte (Zink 2010, p.236), en se fondant surla comparaison des signes lapidaires sur le pilierengagé I-II nord avec ceux situés 8 m plus hautsur le mur sud, au niveau des arcs des grandesfenêtres de la crypte. Toutefois, l’interprétationdes marques lapidaires hors du contexte global,sans prendre en compte la réalité constructivecomplexe, conduit l’auteur à des conclusionserronées, même si la réapparition des marquesdans un groupe de signes différents illustretoutefois l’organisation stricte d’un chantiermené sans interruption.

141. Sur la chronologie des voûtes cf. déjàDiemer 1978, p.113-127.

142. Bernardi, Hartmann-Virnich 2003.

143. Si la voûte de la travée I de la nef centralefut largement reconstruite au XVIIe siècle les

prix-faits de 1650 ne la mentionnent pas expli-citement. Une première restauration ou réfec-tion des voûtes des deux travées occidentales duvaisseau principal n’est pas à exclure (voir ci-dessous).

144. « Crosse » et A.

145. D. Diemer suggère le projet d’un voûte-ment en berceau intégral pour tout le collatéralsud (Diemer 1978, p. 113-127, avec réfé-rences). Cette voûte aurait alors nécessité unepénétration pour la baie réduite.

146. Un autre indice en faveur de cette hypo-thèse est l’absence de doubleau entre la troi-sième et quatrième travée centrale, suggérantsoit une attente, soit un prolongement duvoûtement de la travée de la confession dontquelques claveaux dépassent en effet la travéeIV vers l’ouest.

147. « F »

148. La face arrière nord du pilier qui n’étaitvraisemblablement pas fait pour être accessible,montre un détail important : à l’est de lacorniche d’imposte qui se trouve à la hauteurdes autres impostes dans la crypte, le piliercontinue, encore 50 cm, jusqu’au contact avecle mur de l’escalier, où il dépasse le niveau de lacorniche de 1,50 m pour disparaitre derrièrel’arc de soutènement de la partie haute de l’es-calier. Il s’agit du reste de la partie haute dupilier dans son état initial sans imposte. Du côtéouest de cette face du pilier les assises serontsans doute démontées et remplacées par lamaçonnerie des vôutes.

149. L’étude de cet espace est actuellementimpossible.

150. Assises 1 à 6 : traits diagonaux simples etcroisés (étape 2), croix, trait avec apices (étapes2 et 5) ; parties hautes : A, E, B, X, I, T (cf. lavoûte sur croisée d’ogives, étape 5), R (étapes 4et 5).

15. Cf. infra.

15. Cf. infra.

15. La maquette 3D a démontré que deuxautres orientations auraient été possibles pourconduire l’escalier au-dessus de la voûte, ce quisoutient l’hypothèse que l’emplacement étaitdélibérément choisi.

15. Les signes lapidaires sur les blocs de cemassif sont : A, B, Ω. Le B se trouve aussi dansl’ébrasement de la grande fenêtre de la travée VIvoisine, le Ω sur un bloc du remaniement dupilier IV-V sud, le B et le A sur la voûte VIcentrale. La construction du massif d’escalier,proche de celle des grandes baies, précèdeune étape de remaniements du voûtement, etmet en évidence la densité de la chronologierelative.

155. L’appareil dit « de Montpellier », qualifiéd’opus monspessulanum ou opus monspeliensiumpar Jean-Claude Bessac et Jacques Pécourt(Bessac, Pécourt 1995, p. 107-109), alterne des

assises de blocs de parement posés dans le lit etsur chant est dit « carrettes et jasens » dans lessources (Sournia, Vayssettes 1991, p. 157 et fig.159-160 ; Pousthomis-Dalle 2008, p. 68-69).

156. Les traces d’outil et signes lapidaires nesont de ce fait plus lisibles.

157. Sans ciselure périphérique, surfaces relati-vement lisses avec beaucoup moins de tracesd’outils qu’au mur sud, orientation des coupsmoins régulière.

158. Deux tores encadrant une doucine.

159. Un autre détail confirme la position chro-nologique de l’escalier : entre les travées V et VI,le mur sud montre une perturbation impor-tante à l’endroit du démontage de la pile enga-gée V-VI au profit de l’escalier rampant. Aumoment du voûtement le pilier engagé étaitencore en place. Les deux impostes qui furentalors posées à droite et à gauche de ce supportrespectent encore son ancien emplacement dansla maçonnerie, avec un coup de sabre verticalsur toute la hauteur du pilier disparu. L’entréedu pilier dans la voûte se distingue encore à unehauteur d’environ 4,55 m au dessus du niveaudu sol. Rétrécissant le passage. Ce pilier futdémonté après la construction de la rampe d’es-calier pour rendre plus confortable la circula-tion. Le rebouchage retrace exactement l’empla-cement du pilier engagé ; il est réalisé avec lesmêmes modules d’appareil que la reprise despiliers des travées V et VI, ce qui confirme ànouveau l’imbrication chronologique de laconstruction de l’escalier et des autres travauxmenés pour achever la partie orientale.

160. Un changement de format se distinguedéjà à plusieurs assises au-dessous du niveau defin de étape, à hauteur de la première assise despetites fenêtres, passant de blocs relativementpetits et irréguliers à des formats extrêmementélancés et plats. La répartition des signes lapi-daires tend à désigner ce changement commeune sous-étape (cf. Hansen 2007, p. 94).

161. Les traces de mortier au contact desarcades, dont les retombées sont engravées dansles contreforts déjà en place, permettent derestituer une double arcature par travée (voir lamaquette 3D).

162. La dichromie des claveaux rapproche cettebaie de la porte de la vis au chevet.

163. Il reste incertain si la reprise complète dumur au-dessus du linteau est due au remplace-ment d’une voûte en berceau préexistante (voirsupra).

164. Outre l’absence de signes lapidaires,l’appareil de la partie haute du mur se distingueà l’intérieur par une alternance d’assises grandeset réduites, par l’absence de ciselures périphé-riques et par les premiers impacts de bretture,un outil qui sera utilisé par la suite de plusen plus fréquemment pour les blocs desautres grandes baies, et au cours des étapessuivantes.

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165. Un fait que nous avons interprété naguèreà tort avec un encastrement après-coup, à ladifférence de la baie homogène de la travée III(Hansen 2007, p. 96).

166. Les hauteurs des assises en place sont eneffet respectées avec des différences de dimen-sions minimes d’environ 5 mm. Mais la distinc-tion des deux étapes est plus facilement visibleà travers les traces d’outil des pierres. Sur lesblocs insérés après-coup il y a une surface pluslisse, moins d’impactes d’outil et partiellementdes traces de bretture qu’on ne trouve jamais surles blocs du mur sud avant les remaniements del’étape 4. (Observations faites à l’aide d’unrelevé pierre à pierre exhaustif des 6 travées dumur sud, à l’échelle 1 :10)

167. La largeur de la fenêtre de la cinquièmetravée est réduite de 10 cm, celle de la sixièmebaie de 1,10 m en raison des contraintes archi-tecturales

168. Le même signe B, identifié par sa formeparticulière, qui apparaît dans l’ébrasement dela baie de la sixième travée, se rencontrefréquemment au voûtement de la travée III etdes travées orientales, ainsi qu’au socle del’escalier du bas-côté sud.

169. L’appui des baies septentrionales se situe àenviron 2 m au-dessus de celui des fenêtres sud.

170. Au sud, les assises au-dessus de la ligne dereprise sont plus hautes et les blocs plus courts,au nord l’assisage est nettement plus variabled’une travée à l’autre jusqu’à la hauteur de laclaire-voie.

171. Cf. Hartmann-Virnich, Hansen 2000, p.282, et nos observations sur la façade.

172. D. Diemer avait déjà supposé une relationentre les éléments décoratifs de la façade et ceuxde la crypte (Diemer 1978. p.227).

173. Le revers des piliers du côté des collatérauxreste alors en l’état. D. Diemer avait attribué ladiversité des solutions architecturales et les inco-hérences dans la crypte en partie à la distinctionfonctionnelle des espaces (Diemer 1978,p.132). Mais s’il est en effet indéniable que lacrypte fût dès le début conçue comme unespace divisé en différentes zones d’après lestraces d’anciennes cloisons et de décor peint etla concentration des graffiti médiévaux dans latravée d’accès au cloître, il est difficile de faire lapart des différences intentionnelles et acciden-telles au cours d’un chantier manifestementdifficile.

174. Ce rapprochement entre le mur ouest de latravée de la confession et le voûtement de latroisième travée de la nef centrale est suggérépar un signe lapidaire « A » à la deuxième assisedu côté nord, similaire à un des nombreuxsignes de la voûte sur croisée d’ogives de latravée III, et la quasi absence de traces d’outilssur les surfaces lissées des pierres.

175. Le pilier engagé VI-VII est retaillé grossiè-rement en biais pour modifier sa forme rectan-

gulaire originelle, d’après les traces à la premièreassise au-dessus du sol actuel. Le remaniementassez conséquent se distingue à la fois par lesimpacts grossiers des outils de taille et par lesgros joints.

176. Les modules sont relativement petits etréguliers, avec une hauteur d’assise de 17 à 23cm et une longueur majoritairement entre 50et 75 cm.

177. Les signes de la face septentrionale dudernier pilier sud répondent à ceux du voûte-ment, avec un groupe d’autres signes des voûtesdes travées III et du collatéral nord.

178. La chronologie des voûtes de la travée IIIa déjà été établie par D. Diemer (Diemer 1978,p. 90-98).

179. À partir de l’étape 5 la maquette 3D,centrée sur la crypte, ne représente plus laprogression des travaux à l’église supérieure.

180. La poussée de la voûte sur croisée d’ogivesest contenue entre autres par la quatrième travéeet la voûte par les piliers s’élevant au moins auniveau du sol de l’église haute.

18. Signe B du même type.

18. Comme l’attestent le tracé hésitant desogives et les retailles en ravalement à la naissancede certains voûtains.

18. A, B, E, X,T, db, I, losange, croix et cercle,Δ. Les signes sont insculpés profondément etavec grand soin, à la différence des signes quiapparaissent sur les murs, conformément à laqualité de la facture et du décor des ogives.

18. Ce voûtement est construit en dernier aprèsles voûtes de la partie orientale, et celles desdeux travées occidentales dans les collatéraux.

185. Les voûtes du collatéral ont été fortementendommagées et reprises à l’époque moderne,sans doute suite aux travaux de démolitionordonnés en 1622 par Henri de Rohan, et inter-rompus par le départ précipité des troupesprotestantes. Le 6 août 1622, le rapport dutrésorier de Saint-Gilles constate : « Nous a étémontré… comme on a sapé la tour et le grandclocher de la grande église, lequel clocher, entombant a ouvert deux chapelles de la dite égliseet une partie des murailles maîtresses d’icelle.Pareillement on a sapé quatre piliers qui soute-naient les voûtes des couverts des chapelles de ladite église, lesquels piliers et voûtes, en tombantsur la voûte de la plus basse église, a enfoncél’autre voûte de la dite basse église » (Saint-Gilles, Arch. mun., FF, n° 19, manuscrit DeRaybaud, d’après Nicolas 1912, p. 108).

186. Les courbes et les dimensions très prochesdes nervures sont mises en évidence par le relevénumérique.

187. La reprise est marquée à la cinquièmetravée par des pierres d’attente à la jonction desdeux voûtes, effacée à la sixième travée par lesdestructions et restaurations du XVIIe siècle.

188. Outre la différence du liant, le relevémanuel à l’échelle du 10e met en relief les diffé-rences très subtiles entre l’appareil en place etces éléments.

189. B, Δ, T.

190. T, N, A en trois variantes.

191. Pentagramme, « double trilobe ».

192. À la sixième travée et dans la moitié orien-tale de la travée précédente, la quasi-totalité desclaveaux d’ogives portent le signe T, combinéaux doubleaux du collatéral nord avec unsecond signe A. Les doubleaux des croiséesd’ogives orientales en revanche sont dépourvusde signes, et l’absence de marques sur lesbranches d’ogives occidentales de la cinquièmetravée pose la question du partage du travailpour un même ouvrage. À l’arcade orientale dela dernière travée, la marque T est absentetandis que les signes A (trois variantes), B, Δ,N, +, I et le « double trilobe » abondent.

193. Il s’agit d’un mélange des signes des voûtesde la travée III (B, E, X), des voûtes des travéesV et VI (B, N, différentes variantes de A,« double trilobe », +, T, pentagramme, Δ) etd’autres signes (P, S, variante de B).

194. À partir du sol actuel de l’ancien espaceclaustral, soit environ à la mi-hauteur originelledes baies de l’église haute.

195. À la différence de l’étape 4 (Mur sud), lessignes deviennent beaucoup plus nombreux :mur sud : B, S, M, X, T, Δ, N, Π, Џ, losange.Mur nord : B, R,∞, S, M, V, Џ.

196. Observations dans le mur sud seulement.Dans le mur nord les parties hautes sont encoreplus perturbées par les réparations du XVIIe siècleque l’achèvement de l’étape 5 n’est conservédans aucune travée de la nef, sauf dans la travéeVI où le l’arrêt de cette étape est beaucoup plusbas, comme c’est le cas aussi du côté sud.

197. Pour la question de la standardisation dumoyen appareil dès le XIIe siècle cf. Hartmann-Virnich 2004b.

198. Les archivoltes centrales, postérieures auxarchivoltes latérales, font probablement partiede cette sixième étape de la construction.

199. Cf. Diemer 1978, p. 171, qui propose déjàune date autour de 1200 pour ces éléments àpartir des critères stylistiques. Une nouvelleétude de la sculpture architecturale de l’abba-tiale, centrée en premier lieu sur les fragmentserratiques et le mobilier lapidaire issu desfouilles archéologiques, est actuellement encours (cf. Bonetti 2012).

200. Un reste de la partie supérieure subsiste àla pile II-III nord.

201. Les profils des moulures sont en principeles mêmes mais leur hauteur varie souvent de 1à 3 cm, y compris dans des parties homogènesde la crypte.

202. Les signes B et E sur les parements del’escalier, à une hauteur de 1,50 m à 3 m,

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répondent à ceux des voûtes de la troisième travéecontiguë. Sur l’arc nord-sud soutenant la partiehaute de l’escalier se trouve le signe « T », quirevient au pilier I-II nord et au doubleau entreles deux travées du collatéral nord, avec d’autressignes qui relient ce pilier au même voûtement(A, N, T, X). Ce synchronisme a déjà été supposépar D. Diemer (Diemer 1978, p. 98).

203. Le pilier I-II nord se distingue par unmodule d’appareil plus réduit et plus régulier,aux surfaces soigneusement lissées. Les signeslapidaires le rattachent clairement à l’étape deconstruction tardive des parties hautes du colla-téral nord.

204. Cette découverte résulte de la création dela maquette numérique à partir des cotes réellesrelevées sur le monument.

205. Dimensions : 0,83 m x 0,79 m et 0,83 x0,84 cm pour une profondeur de 0,70 m.

206. L’état fragmentaire des restes et leur recou-vrement par des concrétions calcaires et des selsinterdisent un relevé par décalque au contact dela couche picturale, et entravent une étudeapprofondie. Dans la seconde travée du colla-téral sud, un décor peint dichrome extrême-ment fragmentaire, formé de losanges, pourraitavoir été lié à une partition du volume archi-tectural vers le XIVe siècle.

207. Le tassement progressif des murs ouest etsud au cours même du chantier fut mis enévidence par notre relevé pierre-à-pierre de lafaçade et de son socle (Hansen 2007, p. 79, 87,108-111, 121-122, 125-159, passim). Cesproblèmes de stabilité eurent des conséquencesconsidérables pour la construction du portailcentral dont le porche initialement prévu dutêtre abandonné (cf. Hansen infra). Dans cecontexte un retard de la construction des parties

occidentales de la crypte au profit du chantierdes parties orientales semble plausible, sansindice clair d’une interruption des travaux.

208. Ces nervures simples rappellent lesdoubleaux non moulurés du collatéral nord etleur largeur (0,53-54m) répond à 2 cm près àcelle des ogives septentrionales (0,55-56 m).

209. Scotie à onglets bordée de quarts-de-rondsentre deux bandeaux, avec des variations dehauteur (entre 0,02 et 0,03 m) et de galbe descomposantes du profil, plus ou moinsprononcé. Seule la console dans l’angle sud-estde la première travée n’est pas moulurée.

210. L’appartenance des trois rainures verticalesmourant sur le sommier à l’état d’origine estincertaine.

211. Les blocs, majoritairement layés verticale-ment et horizontalement sans ciselure, ci et làravalés dans l’entourage des joints, se distin-guent par des signes lapidaires isolés d’un typeparticulier (AV composé de longs traits diago-naux, IV).

212. Du côté du collatéral les premières troisassises du doubleau sont verticales puisque l’im-poste est située à environ 0,80 m en dessous decelui des retombées méridionales déjà en place.

213. Les blocs des piédroits sont adossés auxfaces d’angle obliques du pilier en respectant lahauteur des assises à 0,015 m près. Ce mode deconstruction pourrait relever d’une modifica-tion au cours de la mise en œuvre, ou dumanque de familiarité avec le voûtement surcroisée d’ogives généralement caractéristique dela crypte.

214. Une réfection partielle d’une constructioninitialement homogène des voûtes centrales et

méridionales dès avant la restauration modernede la première travée centrale est incertaine etimprobable, faute de traces. Les irrégularités desnervures et voûtains dans cette travée résultenteffectivement du remontage partiel après lesdestructions des guerres de Religion.

215. Le tracé segmentaire du doubleau amorcépar le sommier, incompatible avec la hauteur dela voûte de la troisième travée déjà en place,accuse l’incompétence des tailleurs de pierre etdes bâtisseurs, qui n’ont pas hésité à ravaler l’in-trados du sommier et des quatre premiersclaveaux sur la moitié orientale de l’arc pourcorriger la courbe après-coup.

216. Dont des ravalements à la bretture et à lagradine au contact de l’extrados et des voûtains.

217. Quicherat 1876, Mortet, Deschamps1929 (1995), p. ????

218. Comme l’attestent les termes d’une bullepontificale datant du milieu des années 1260,qui exhorte, en des termes inspirées desLamentations de Jérémie (Jr 4,1), l’abbé à inter-dire aux moines d’accéder sans raison aux« parties hautes » qui dominent toutes les rues,en s’exposant inutilement à la vue des habi-tants : « In ecclesie tue superiori parte, que caputest omnium platearum, dispergi lapides sanctuariiminime patiaris, quod profecto contingeret, si tuosmonachos iuxta morem illuc ascendere sine causa,ibi currere et discurrere, videri pariter etvidere… » (Thumser 2007, n° 189, p. 121-122 ;Jordan 1893, n° 1058, p. 379 ; cf. Nicolas 1912,p. 243 d’après de Lasteyrie 1902, p. 98).

219. Bonnin 1852, p. 366. Cf. Girault, Girault(éd.) 2007, p. 238.

220. Hartmann-Virnich 1996, 2000 A.

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