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26 BILAN 27 AVRIL 2016 rants en Suisse romande fournissent ainsi leurs HVU à la PME d’Etoy. A l’heure actuelle, il existe cinq produc- teurs en Suisse qui, ensemble, commer- cialisent environ 20 millions de litres de biocarburant issus d’HVU sur un marché national potentiel de 200 millions de litres. Aujourd’hui, les compagnies pétrolières peuvent incorporer 7% de biocarburant dans le diesel, sans rien devoir indiquer aux consommateurs. Par ailleurs, certains modèles de camion peuvent désormais rouler avec 100% de biocarburant. A ce propos, de nombreux dépôts pétroliers sont désormais en train de s’équiper pour permettre l’incorporation de biocarburant dans le diesel. «Nous vendons à perte» «Nous avons de l’huile domestique à valoriser, principalement en provenance de la restauration, et des producteurs suisses comme Leman Bio Energie ou des compagnies pétrolières prêtes à jouer le jeu. Mais la Confédération ne semble pas avoir compris les enjeux, s’insurge Vincent Chapel, président d’Helvetia Environnement. A l’heure actuelle, nous vendons notre biocarburant à perte et cela ne pourra pas durer. Certains de nos confrères alémaniques sont en train de fermer boutique. Le problème est que la Fondation pour la protection du climat et la compensation de CO 2 , baptisée Klik, redistribue environ 125 millions de francs par année (couvrant la période 2013 à 2020) indistinctement aux producteurs locaux et aux importateurs de biocarbu- rant, sans tenir compte du bilan carbone pour fabriquer du biodiesel à partir d’HVU. C’est absurde!» Alors que la Confédération est censée présenter pour fin juin 2016 son plan de transition énergétique, le pro- blème du recyclage des huiles usagées domestiques est symptomatique d’un certain illogisme. Rappelons qu’Helvetia Environnement a vu le jour en 2005, principalement dans la collecte des déchets pour les collectivi- tés, les commerces et les industries. Elle est présente sur Genève, Vaud et Fribourg où elle emploie plus de 200 personnes. A la mi-décembre 2015, UBS Clean Energy Infrastructure Switzerland a pris 26,5% du capital du groupe. L’idée était alors de permettre à Helvetia Environnement de «franchir une nouvelle étape dans le développement du groupe, en particulier pour le développe- ment du pôle valorisation énergétique des déchets (waste to energy)». Le biodiesel romand risque de disparaître PAR SERGE GUERTCHAKOFF Un producteur vaudois tire la sonnette d’alarme. Si Berne ne prend pas de mesures pour soutenir les acteurs suisses, le recyclage des huiles usagées va s’éteindre. Explications. P de Leman Bio Energie, Jean- Pierre Passerat peste: «La Suisse devrait soutenir la production de biocarburant local au lieu de financer son importation.» Sa petite PME, basée à Etoy (VD), produit dans une usine 2,5 millions de litres de biocarburant de deuxième génération. Ce dernier est obtenu à partir d’huiles végé- tales usagées (HVU) et non plus à partir de colza de culture. En effet, la Suisse a interdit, à partir du 1 er janvier 2014, l’utili- sation de colza pour fabriquer un biocarburant. Leman Bio Energie, en partenariat avec sa société sœur Transvoirie (toutes deux appartiennent au groupe Helvetia Environnement), a développé son propre réseau de collecte d’HVU. Plus de 2000 restau- DÉCRYPTAGE ÉNERGIE «LA FONDATION DISTRIBUE DES MILLIONS SANS TENIR COMPTE DU BILAN CARBONE POUR FABRIQUER DU BIODIESEL. C’EST ABSURDE!» PHOTO: DR L’usine de biocarburant Leman Bio Energie à Etoy.

Leman bio energie bilan - 27 avril 2016

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rants en Suisse romande fournissent ainsileursHVUà la PMEd’Etoy.A l’heure actuelle, il existe cinqproduc-

teurs en Suisse qui, ensemble, commer-cialisent environ 20millions de litres debiocarburant issus d’HVUsur unmarchénational potentiel de 200millions de litres.Aujourd’hui, les compagnies pétrolièrespeuvent incorporer 7%debiocarburantdans le diesel, sans rien devoir indiqueraux consommateurs. Par ailleurs, certainsmodèles de camionpeuvent désormaisrouler avec 100%debiocarburant. A cepropos, denombreuxdépôts pétrolierssont désormais en train de s’équiper pourpermettre l’incorporationde biocarburantdans le diesel.

«Nous vendons à perte»«Nous avons de l’huile domestique àvaloriser, principalement enprovenancede la restauration, et des producteurssuisses commeLemanBio Energie oudescompagnies pétrolières prêtes à jouer lejeu.Mais la Confédérationne semble pasavoir compris les enjeux, s’insurgeVincentChapel, président d’HelvetiaEnvironnement. A l’heure actuelle, nousvendonsnotre biocarburant à perte et celane pourra pas durer. Certains denosconfrères alémaniques sont en train defermer boutique. Le problèmeest que laFondationpour la protectiondu climat etla compensationdeCO2, baptiséeKlik,redistribue environ 125millions de francspar année (couvrant la période 2013 à2020) indistinctement auxproducteurslocaux et aux importateurs de biocarbu-rant, sans tenir compte dubilan carbonepour fabriquer dubiodiesel à partir d’HVU.C’est absurde!»Alors que la Confédérationest censée présenter pour fin juin 2016 sonplande transition énergétique, le pro-blèmedu recyclage des huiles usagéesdomestiques est symptomatique d’uncertain illogisme.Rappelons qu’Helvetia Environnement

a vu le jour en 2005, principalement dansla collecte des déchets pour les collectivi-tés, les commerces et les industries. Elleest présente surGenève,Vaud et Fribourgoù elle emploie plus de 200personnes. Alami-décembre 2015,UBSCleanEnergyInfrastructure Switzerland apris 26,5%du

capital du groupe. L’idée étaitalors de permettre àHelvetiaEnvironnement de«franchirunenouvelle étape dans ledéveloppement du groupe, enparticulier pour le développe-ment dupôle valorisationénergétique des déchets(waste to energy)».

Lebiodiesel romandrisquededisparaîtrePAR SERGE GUERTCHAKOFF Unproducteur vaudois tire lasonnette d’alarme. Si Bernene prendpas demesurespour soutenir les acteurs suisses, le recyclagedes huiles usagées va s’éteindre. Explications.

P deLemanBio Energie, Jean-Pierre Passerat peste: «LaSuisse devrait soutenir laproductiondebiocarburant

local au lieu definancer son importation.»Sa petite PME, basée à Etoy (VD), produitdans uneusine 2,5millions de litres debiocarburant de deuxièmegénération. Cedernier est obtenu àpartir d’huiles végé-tales usagées (HVU) et nonplus à partir de

colza de culture. En effet, la Suisse ainterdit, à partir du 1er janvier 2014, l’utili-sationde colza pour fabriquerunbiocarburant. LemanBioEnergie, enpartenariat avec sasociété sœur Transvoirie(toutes deux appartiennent augroupeHelvetiaEnvironnement), a développésonpropre réseaude collected’HVU. Plus de 2000 restau-

DÉCRYPTAGE ÉNERGIE

«LAFONDATIONDISTRIBUEDESMILLIONSSANSTENIRCOMPTEDUBILANCARBONEPOURFABRIQUERDUBIODIESEL.C’ESTABSURDE!» P

HOTO:DR

L’usine debiocarburantLeman Bio Energieà Etoy.