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1 REPUBLIQUE TUNISIENNE PROJET DE DÉMONSTRATION ET DE PROMOTION DES BONNES TECHNIQUES ET PRATIQUES POUR GERER LES DAS ET LES PCB EN TUNISIE (Financement FEM N° TF11541) Stratégie de communication du Projet PCB/DAS Elaborée par Dominique THALY, Agence Thaly International Draft final pour validation 18 août 2014

140818 stratégie de communication das pcb pour validation finale

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REPUBLIQUE TUNISIENNE

PROJET DE DÉMONSTRATION ET DE PROMOTION DES BONNES

TECHNIQUES ET PRATIQUES POUR GERER LES DAS ET LES PCB EN

TUNISIE

(Financement FEM N° TF11541)

Stratégie de communication du Projet PCB/DAS

Elaborée par Dominique THALY, Agence Thaly International

Draft final pour validation

18 août 2014

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Remerciements

Dans le cadre de l’élaboration de cette stratégie de communication, j’ai obtenu un soutien et une facilitation extraordinaires sans lesquels mon travail n’aurait pas été possible. Je tiens pour cela à remercier en premier lieu Mesdames Afef Siala Makni et Aziza Hamrouni, les deux coordinatrices du projet, pour leur accompagnement constant, la facilitation des contacts et de l’organisation de l’atelier d’élaboration des axes stratégiques, et le soutien extraordinaire dans le développement de cette stratégie.

Je tiens également à remercier toute l’équipe de l’ANGed qui m’a appuyée pour l’élaboration de la stratégie, en commençant par le directeur du projet, Mr. Mohamed Toumi, mon vis-à-vis en communication, Mme Leila Brari, le Directeur Général de l’ANGed, Mr. Taieb Romdhane et Mr. Africa Eshogba-Olojoba, de la Banque Mondiale. Egalement, l’équipe de l’Unité de Gestion de Projet, Mme Lamia Sammoud, Mme Abir Abdennadher, Mr. Makram Hasni, Mr. Abderraouf Harji, et Mme Myriam Jenayah sont particulièrement remerciés. L’équipe du projet à l’interne de l’ANGed m’a également soutenue dans les divers ateliers et réunions, et pour cela, je les remercie. Il s’agit en particulier de Mme Wiem Srarfi, Mlle Safa Belhadj, Mlle Imen Mejri, Mlle Wided Mejri et Mlle Kaouther Maaroufi.

Pour le diagnostic et les réunions de travail, j’ai bénéficié de la participation, de l’attention et de la patience de tous les partenaires qui ont bien voulu me donner de leur temps et partager avec moi leurs réflexions sur les thématiques du diagnostic qui constituent le cœur de la stratégie. J’ai rencontré un accueil chaleureux partout où je suis allée et les conversations ont été passionnantes et extraordinairement ouvertes. Les visites de site et les immersions ont été faites sans restriction, avec une liberté de mouvement extraordinaire. Pour cela, je remercie tous les partenaires qui ont bien voulu se prêter au jeu, à savoir, dans l’ordre alphabétique : Dr. Mehrez Ajmi, Mr. Mourad Ayed, Mme Afef Bannour, Mr. Tarek Barhoumi, Mme Najia Benahmed Arbi, Mr. Kamel Ben Jah, Mr. Amani Ben Salem, Mr. Bassem Bouferguine, Mr. Sami Brinsi, Mme Ines Dakhli, Mr. Hamadi DEKHIL, Dr. Lamine Dhidah, Mr. Slim Douik, Dr. Besma El Ghak, Dr. Khaled Ennabli, Mr. Sofien Fahem, Mr. Yves Guibert, Mr. Mohamed Fehmi Hafi, Dr. Ridha Hamza, Mme Hedia Jaziri, Mme Kallel, Mme Imen Karoui, Mme Nejiba Kasmi, Mme Houyem Said Laatiri, Mr. Khlifa LIMAM, M. Slim Maaloul, Mr. Mounir Mahlouf, Mme Rajaa Mazouzi, Mr. Mekki Medimagh, Dr. Ali Mrabet, Mr. Fethi Nebili, Dr. Mohamed Rabhi, Mme Faten REZGUI, Mme Monia Taktak, Mme Amel Thabti, Mme Zohra Touati, Mr. Noureddine Trabelsi, Mr. Slim Triki, Mr. Youssef Zidi. Un grand merci également à toute l’équipe de l’hôpital régional de Zarzis et de la Clinique Essalem de Sousse.

Enfin, je tiens également à remercier mes collègues consultants pour leurs précieux conseils et mes assistantes pour l’appui qu’elles m’ont apporté. Il s’agit de Messieurs Rachid Nafti, Mehrez Chakchouk, Mourad Turki, Faouzi Ben Amor, Habib Kraiem ainsi que Mme Saloua Alyani et Mlle Sondes Banouri

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Table des matières Remerciements ..................................................................................................................................2

1 Le résumé exécutif .....................................................................................................................5

2 Introduction ...............................................................................................................................8

3 Le contexte du projet .................................................................................................................8

3.1 Les PCB ................................................................................................................................9

3.2 Les DAS.............................................................................................................................. 11

4 Le projet PCB/DAS .................................................................................................................... 14

5 La méthodologie ....................................................................................................................... 15

5.1 Les méthodes utilisées ....................................................................................................... 16

5.2 L’analyse des données ....................................................................................................... 17

5.3 Les limites de la méthodologie........................................................................................... 18

6 Les résultats du diagnostic........................................................................................................ 18

6.1 Les résultats du diagnostic communication relatif aux PCB ................................................ 18

6.2 Les résultats du diagnostic communication relatif aux DAS ................................................ 33

6.3 Les résultats du diagnostic concernant la communication interne du projet ...................... 51

6.4 Les résultats du diagnostic concernant la communication institutionnelle du projet .......... 53

7 L’analyse SWOT ........................................................................................................................ 56

7.1 L’analyse SWOT pour la communication PCB ..................................................................... 57

7.2 L’analyse SWOT pour la communication DAS ..................................................................... 60

7.3 L’analyse SWOT pour la communication interne et institutionnelle .................................... 63

8 L’objectif, l’approche, la démarche et les axes stratégiques de communication préconisés .... 64

8.1 L’objectif, l’approche, la démarche et les axes stratégiques de la communication interne et institutionnelle du projet .............................................................................................................. 65

8.2 L’objectif, l’approche, la démarche et les axes stratégiques de la communication PCB ....... 69

8.3 L’objectif, l’approche, la démarche et les axes stratégiques de la communication DAS ...... 80

9 Le Plan d’action communication du projet DAS/PCB ................................................................ 92

10 Conclusion .............................................................................................................................. 102

11 Liste des annexes .................................................................................................................... 103

12 Liste des figures : .................................................................................................................... 103

13 Bibliographie .......................................................................................................................... 104

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Abréviations

AEEFG Association d'Education Environnementale pour la Future Génération AES Accidents d’exposition au sang ANCSEP Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits ANGed Agence Nationale de Gestion des Déchets ANPE Agence Nationale de Protection de l’Environnement APIP Agence des Port et des Installations de pêche CFSC Communication for Social Change CITET Centre International des Technologies de l’Environnement COMBI Communication for behavioral impact CPG Compagnie de Phosphate de Gafsa CRDA Commissariat Régional au Développement Agricole CTPT Centre technique de pomme de terre DAOM Déchets assimilables aux ordures ménagères DAS Déchets d’activités de soins DGSSP Direction Générale des structures sanitaires publiques DHMPE Direction de l’Hygiène du Milieu et de la Protection de l’Environnement DIMST Direction de l'inspection médicale et de la sécurité au travail EPI Equipements de protection individuelle FEM Fonds Mondial pour l’Environnement GCT Groupe Chimique Tunisien INNORPI Institut National de la Normalisation et de la Propriété Intellectuelle IPEN International POPs Elimination Network ISST Institut de Santé et de Sécurité au Travail OEP Office d’élevage et de pâturage OMS Organisation Mondiale de la Santé ONPC Office National de la Protection Civile OTD Office des terres domaniales PASP Programme Africain relatif aux stocks de pesticides périmés PCB Polychlorobiphényles PCDD Polychlorodibenzo-p-dioxines PCDF Polychlorodibenzofuranes PCT Piquants coupants tranchants PNM Plan National de Mise en œuvre POP / POPs Polluants Organiques Persistants ppm Partie par million PRTR Pollutant release and transfer registers - Registre européen des rejets et transferts de

polluants PS Précautions standards SAICEM Strategic Approach to International Chemicals Management (SAICM) - (approche

stratégique de la gestion internationale des produits chimiques) SOTRAPIL Société de Transport des Hydrocarbures par Pipeline STEG Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz STIR Société Tunisienne des Industries de Raffinage STHSS Société Tunisienne d’Hygiène et de Sécurité de Soins UGP Unité de Gestion de Projet USD Dollars américains (US dollars)

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1 Le résumé exécutif

1. En ratifiant la Convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants (POP) en 2004, la Tunisie a pris l’engagement d’éliminer entre autres les polychlorobiphényles (PCB), présents dans les transformateurs et les condensateurs jusqu’en 1987 et les dioxines et furannes, dont l’une des sources d’émission sont le brûlage de déchets d’activités de soins (DAS) à risques infectieux et chimiques.

2. Dans ce cadre, la Tunisie met en œuvre le « Projet de démonstration et de promotion des bonnes techniques et pratiques pour gérer les déchets d’activités sanitaires et les PCB en Tunisie », qui est un projet cofinancé par le gouvernement tunisien et un don du Fonds Mondial pour l’Environnement (FEM) d’un montant total de 16,7 million de dollars sur la période 2013-2017. Le montant du don du FEM est de 5,5 million de dollars et il est géré par la Banque Mondiale. Le montant de la partie tunisienne des de 11,2 millions de dollars.

3. L’objectif du projet est l’élimination d’ici 2017 de 1 100 tonnes de PCB et de traiter effectivement 3 200 tonnes de déchets d’activité de soin par an. L’Agence Nationale de gestion des Déchets (ANGed) est l’agence d’exécution chargée de la mise en œuvre du projet sous tutelle du ministère chargé de l’environnement. Elle travaille pour cela en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé et ses agences sous-tutelle, le Secrétariat d’Etat au Développement Durable, le Ministère de l’Industrie et ses entreprises sous-tutelle, le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche, le Ministère de la Défense Nationale, le Ministère de l’Intérieur, le Ministère des Affaires Sociales, les établissements et structures de soins privés, les sociétés autorisées dans la gestion des DAS, le Ministère de l’Enseignement supérieur, le Ministère de l’Equipement et les associations actives dans le domaine de l’environnement et de la santé.

4. Une des activités du projet est l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie de communication devant contribuer à l’atteinte du projet. Dans ce cadre, un diagnostic de communication a été élaboré. Il s’est basé sur une méthodologie qualitative d’entretiens individuels et de groupes semi-structurés et d’observation participante. Une recherche documentaire est venue compléter la méthodologie. Le diagnostic s’est déroulé entre janvier et juin 2014. En tout, nous avons rencontré vingt-cinq protagonistes issus des Ministères impliqués et des acteurs du terrain, nous avons fait des visites de terrain et deux immersions (observation participante), il y a eu 19 heures d’entretiens retranscrites et plus de 1 000 unités syntaxiques analysées. Pour la communication interne et institutionnelle, des questionnaires ont été envoyés aux partenaires du projet. Suite au diagnostic, des ateliers participatifs d’analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités et risques) et d’élaboration d’axes stratégiques fin mai 2014 avec les groupes de travail DAS et PCB, la stratégie et le plan d’action communication ont été élaborés sur la base des recommandations des ateliers.

5. Les principales forces de la communication DAS et PCB existantes sont d’ordre structurel et organisationnel, avec comme points forts principaux l’existence du projet DAS/PCB, la forte mobilisation de tous les acteurs, un cadre juridique et règlementaire en place et une certaine expérience en communication, notamment concernant les DAS. Certains des acteurs au projet, notamment l’ANGed, le Ministère de la Santé à travers la Direction de l’Hygiène du Milieu et de la Protection de l’Environnement (DHMPE), la Direction Générale des structures sanitaires publiques, l’Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits (ANCSEP), l’Institut de Santé et de Sécurité au Travail (ISST) et des détenteurs de PCB (STEG, GCT et SACEM Industries) ont une tradition de communication et de sensibilisation.

6. Les principales faiblesses relèvent de l’opérationnalisation de ce cadre législatif et règlementaire, notamment dans le système de contrôle. Il y a également la méconnaissance des taux de contamination en PCB et des accidents liés à la mauvaise manipulation des DAS, une gestion des DAS et des PCB très approximative, la quasi absence de la communication sur les PCB pour le grand public et à l’interne des entités détentrices et le non-suivi du respect des règles de tri dans les

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établissements de santé. Concernant les DAS, il y a de plus la problématique de la non-présence de sociétés de traitement sur certaines portions du territoire ce qui fait que les DAS à risques infectieux, même lorsqu’ils sont triés au sein de l’établissement, atterrissent dans les décharges municipales. Les connaissances des employés sur les PCB sont insuffisantes et les comportements pas toujours adéquats. Pour les DAS, le tri est insuffisant, ce qui est lié aussi bien à des causes organisationnelles et de responsabilité qu’à un manque de conscience au niveau individuel. Enfin, en termes de communication institutionnelle, le lien entre les composantes du projet et la mise en œuvre par la Tunisie Convention de Stockholm sur les POPs n’est pas très visible.

7. L’objectif global de la stratégie de communication du projet de démonstration et de promotion des bonnes techniques et pratiques pour gérer les déchets d’activités sanitaires (DAS) et éliminer polychlorobiphényles (PCB) est de contribuer à l'atteinte de l'objectif du projet (réduction des émissions de substances polluantes et néfastes pour la santé et l’environnement en Tunisie) à travers une communication stratégique qui comprend la communication interne du projet, les relations médias, le plaidoyer vis-à-vis des décideurs dans le domaine des DAS et des PCB, la concertation entre les acteurs dans le domaine des DAS et des PCB, et l'information et la sensibilisation des différents groupes cibles.

8. L’objectif spécifique de la communication interne et institutionnelle du projet est d’informer les partenaires du projet de façon adéquate pour qu’ils comprennent et soient convaincus du projet PCB/DAS dans son contexte de mise en œuvre de la Convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants (POP), et que le projet gagne en visibilité au niveau national et international pour la mise en exergue des efforts faits par la Tunisie dans les domaines d’intervention du projet à travers la communication interne et les relations médias.

9. L’objectif spécifique de la communication environnementale sur les PCB axée sur le plaidoyer, la concertation, et l’information / la sensibilisation des parties prenantes est qu’elle contribue à une meilleure gestion des PCB en Tunisie au niveau national et chez les détenteurs pour une meilleure prévention des risques sanitaires et environnementaux à travers l’augmentation des connaissances et de l’implication des parties prenantes

10. L’objectif spécifique de la communication pour le développement pour les DAS, axée sur le plaidoyer, la concertation et la sensibilisation, l’information et la sensibilisation est qu’elle contribue à une meilleure gestion des DAS au niveau national, régional, local et en intra-muros de tous les établissements de soin et producteurs de DAS pour une meilleure prévention des risques sanitaires et environnementaux à travers l’intégration de la gestion des DAS en tant que norme de qualité et norme sociale et la recherche de solutions concertées

11. Les principales activités de communication institutionnelle sur la période 2014-2017 seront le développement d’une identité visuelle, la mise en place d’un site Web, d’une Newsletter du projet et la participation à ou l’organisation d’événements nationaux et internationaux avec un positionnement relatif à la mise en œuvre par la Tunisie de la Convention de Stockholm.

12. Des cercles de concertation au niveau DAS (avec les différents conseils de l’ordre, les sociétés de traitements, les groupements de centres santé de base, au niveau national, régional et local) et PCB (avec le Ministère de l’Agriculture, l’ANCSEP, la SOTULUB, etc.) seront mis en place pour contribuer à résoudre les goulots d’étranglement.

13. Concernant les PCB, il est prévu que les principaux détenteurs réalisent des plans de communication environnementale relatifs aux PCB pour communiquer envers leurs parties prenantes et une grande campagne ciblée d’information et de sensibilisation pour former, informer et sensibiliser sur les nécessité de la bonne gestion des PCB. Le Ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche ainsi que d’autres Ministères potentiellement gros détenteurs de PCB feront l’objet d’un plaidoyer pour s’assurer de leur implication active dans le projet.

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14. Concernant les DAS, il est prévu de faire un plaidoyer pour la mise en place d’un comité permanent de gestion des DASRI rattaché au cabinet du Ministre de la Santé pour un co-pilotage de cette composante du projet avec l’ANGed et atteindre un engagement de haut niveau d’un acteur clé de ce processus. Il est également prévu de mettre en place des hôpitaux et services hospitaliers pilotes pour faire la démonstration des bonnes pratiques pour l’instauration des normes de qualités et des normes sociales d’hygiène pour un changement social et de comportement.

15. Enfin, pour les deux composantes, des supports de communication seront réalisés de manière professionnelle, avec slogan et mascotte (pour les DAS), pour être utilisés comme supports d’information et de sensibilisation de manière transversale lors de toutes les activités du projet et d’activités spécifiques d’information et de sensibilisation. Cette identification visuelle spécifique DAS et PCB s’inscrira dans l’identité visuelle globale du projet.

16. Pour le suivi de la mise en œuvre de ce plan de communication, un comité de suivi sera mis en place. Les composantes DAS et PCB bénéficieront d’une structure de suivi au sein de leur groupe de travail respectif.

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2 Introduction

Le présent document est la stratégie de communication du projet de démonstration et de promotion des bonnes techniques et pratiques pour gérer les déchets d’activités sanitaires et les PCB en Tunisie », le projet PCB/DAS, qui est un projet cofinancé par le gouvernement tunisien et un don du Fonds Mondial pour l’Environnement (FEM) d’un montant total de 16,7 million de dollars (USD) sur la période 2013-2017. Le montant du don du FEM est de 5,5 million de USD et il est géré par la Banque Mondiale. Le montant de la partie tunisienne des de 11,2 millions de dollars.

Le projet PCB/DAS a pour objectif de réduire les émissions de dioxines, de furannes et de polychlorobiphényles (PCB) en Tunisie par le renforcement du cadre institutionnel et réglementaire du gouvernement tunisien et par la mise en place de programmes de gestion rationnelle et durable pour améliorer la gestion et l’élimination définitive des déchets d’activités sanitaires (DAS) et des PCB. L’indicateur d’atteinte d’objectif du projet est, d’ici 2017, l’élimination de 1 100 tonnes de PCB et de traiter effectivement 3 200 tonnes de déchets d’activité de soin par an.

L’Agence Nationale de gestion des Déchets (ANGed), est l’agence d’exécution chargée de la mise en œuvre du projet sous tutelle du ministère chargé de l’environnement. Elle travaille pour cela en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé et ses agences sous-tutelle, le Ministère de l’Industrie et entreprises sous-tutelle, le Ministère de l’Agriculture, le Ministère de la Défense Nationale, le Ministère de l’Intérieur, le Ministère des Affaires Sociales, le Ministère de l’Enseignement supérieur, le Ministère de l’Equipement et les associations actives dans le domaine de l’environnement et de la santé.

Dans le cadre de la composante « renforcement du cadre institutionnel et règlementaire des capacités de gestion des DAS et des PCB au niveau national, régional et local », l’ANGed a sollicité la consultante Dominique Thaly, pour la réalisation de la stratégie de communication du projet. Cette stratégie a été élaborée de manière participative avec les parties prenantes entre janvier et juin 2014. Elle intègre les aspects de communication interne et institutionnelle du projet, ainsi que la communication DAS et PCB. Suite à un diagnostic, des ateliers d’élaboration des axes stratégiques ont été élaborés et les résultats de ces deux processus ont été traduits dans cette stratégie jusqu’au niveau opérationnel sous la forme d’un plan d’action communication. La société civile a été prise en compte à travers des activités d’information, mais également d’implication pour la réalisation de projets concrets autour des DAS et des PCB. Ce document devra être validé par le comité de pilotage du projet avant sa mise en œuvre prévue pour 2014-2017.

3 Le contexte du projet

En ratifiant la Convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants (POP) en 2004,1 la Tunisie a pris l’engagement d’éliminer de manière écologiquement rationnelle ces polluants en interdisant et en limitant la production, le commerce et l’utilisation de ces substances chimiques. De même, la Tunisie a ratifié d’autres conventions internationales, comme la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières des déchets dangereux et leur élimination en 19952 et la Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des mouvements transfrontières et la gestion des déchets dangereux produits en Afrique en 1992.3 La Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de 1 Décret n°2004-1940 du 11 août 2004 portant publication de la convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants POP. 2 Décret n°95-2680 du 25 décembre 1995 portant publication de la convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination. 3 Décret n°92-1445 du 27 juillet 1992 portant publication de la convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des mouvement transfrontières et la gestion des déchets dangereux produits en Afrique.

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cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font l’objet d’un commerce international de 2011 est en cours de ratification.

Dans le cadre de la mise en œuvre de ses engagements, la Tunisie a préparé un plan d’action national de mise en œuvre (PNM) et élaboré notamment4 les plans d’action spécifiques suivants :

- Plan d’action national spécifique de gestion des équipements et des déchets contaminés par les polychlorobiphényles (PCB) ;

- Plan d’action national spécifique d’atténuation des émissions des POPs produits et rejetés involontairement par des sources anthropiques : dioxines et furannes. Une des sources d’émission des dioxines et furannes sont le brûlage de déchets d’activités de soins (DAS) à risques infectieux et chimiques.

3.1 Les PCB

Les polychlorobiphényles, communément appelés PCB, connus entre autres en Tunisie sous leur nom commercial Pyralène ou Askarel, sont un fluide que l’on trouve principalement dans les transformateurs et les condensateurs électriques. Ces PCB, synthétisés par l’homme à la fin du XIXème siècle, étaient utilisés depuis les années 1930 comme isolant électrique (diélectrique) et comme fluide pour le transport de la chaleur (caloporteur) dans les transformateurs et étaient appréciés pour leur excellente stabilité chimique et électrique qui les rendait quasi ininflammables. Ils furent alors produits et utilisés dans le monde entier, et la Tunisie a importé ce produit pour l’utiliser dans des systèmes fermés comme les transformateurs et les condensateurs. Ce produit était également utilisé dans d’autres systèmes ouverts, notamment comme lubrifiants, pour le traitement de surfaces (peinture, papier autocopiant), adhésifs, plastifiants, encres et matériaux isolants.5

A partir des années 40 cependant, des premières études ont démontré l’effet néfaste de ce produit sur l’environnement et la santé. Les principales voies d’exposition sont l’exposition professionnelle des employés lors de la manutention des transformateurs et condensateurs et lors du recyclage des métaux et des huiles usées. La deuxième voie d’exposition est la voie alimentaire. Ils sont très peu biodégradables et s’accumulent dans les tissus graisseux des êtres vivants, entrant ainsi dans la chaîne alimentaire et dans l’homme. Ils peuvent se retrouver en particulier dans les anguilles, la chair musculaire des poissons, les foies d’animaux terrestres, les viandes bovines, ovines et caprines, les viandes de volaille, le lait et les produits laitiers, les œufs et les graisses de bœuf et de moutons.6 La plupart des PCB sont des cancérogènes probables et peuvent provoquer le cancer du foie, des voies biliaires et du pancréas. Ils réduisent la protection immunitaire des enfants lors de la transmission par la mère si le lait maternel présente un taux élevé de PCB. Ils ont un impact également reprotoxiques. Ils présentent aussi un risque de formation de dioxines lors de leur combustion (incendie, …).7 Désormais, il est avéré que le PCB se retrouve dans de nombreux endroits de la planète, car ces huiles de transformateurs à haute teneur en PCB étaient dans le temps versées ou brûlées dans des décharges sauvages sans précaution particulière.

Plusieurs accidents PCB ont eu lieu à l’international, notamment l’empoisonnement de 1 200 personnes en Suède par l’huile de riz contaminée aux PCB au Japon à la fin des années 60, le 4 Dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention de Stockholm, la Tunisie a également réalisé le Programme Africain relatif aux stocks de pesticides périmés (PASP). 5 Voir Guibert, Y. (2014), Historique des PCB et Risques associés aux Impacts sanitaires et environnementaux des PCB/ Contamination de la chaine alimentaire. Document power-point présenté lors de l’atelier international PCB à Tunis, le 15 mai 2014. 6 Voir Guibert, Y. (2014), Historique des PCB et Risques associés aux Impacts sanitaires et environnementaux des PCB/ Contamination de la chaine alimentaire. Document power-point présenté lors de l’atelier international PCB à Tunis, le 15 mai 2014. 7 Voir ANGed (2007b), Etude de plan de gestion des PCB en Tunisie. Phase 1 : collecte et évaluation des données. Rapport définitif. Novembre 2007. P. 10.

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déversement accidentel sur la route en 1985 de 400 litres d’huile lors d’un transport de transformateurs en Ontario, Canada. A citer également l’incendie PCB qui éclata aux environs de Montréal en août 1988 et qui provoqua la contamination du sol, de l’eau et de l’air ainsi que l’évacuation de 3 500 personnes pendant 18 jours accélérèrant l’interdiction de ce produit par les pouvoirs publics. 8 Les exemples abondent, le dernier en date est l’interdiction de la pêche dans le Rhône en France en 2007, après le constat d’un taux de PCB élevé dans certains poissons.9

En 1985, la production et la commercialisation furent interdites dans l’Union Européenne. La Tunisie, qui n’a jamais produit de PCB, en a interdit l’importation et l’utilisation en 1987. Cependant, les stocks sont encore présents sous forme de transformateurs et condensateurs au rebus, d’huiles PCB vidangées et de transformateurs et condensateurs PCB en service. Selon une étude de 2007, le nombre de transformateurs PCB commercialisés en Tunisie entre 1970 et 1985 est de 2 480.10 Selon l’inventaire de 2007, le nombre de transformateurs et de condensateurs PCB en service et en rebus serait de 1 190, totalisant un poids de 1 700 tonnes. Les plus grands détenteurs sont la Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz (STEG), la Compagnie de Phosphate de Gafsa (CPG), le Groupe Chimique Tunisien (GCT), la Société Tunisienne de Sidérurgie El Fouladh, et les services du Ministère de l’Agriculture. A eux-seuls, ils concentrent près de 80 % des gisements de PCB. Selon la Convention de Stockholm, les huiles PCB doivent être éliminées, les appareils PCB également, et les sites décontaminés d’ici 2025. Pour les appareils contaminés avec un huile dont la concentration en PCB est très faible (en dessous de 500 partie par million - ppm), ces huiles seront vidangées, les appareils décontaminés, puis remplis à nouveau par des huiles minérales (processus dit de « rétrofiling »). Selon la loi tunisienne, les PCB sont considérés comme des produits et des déchets dangereux qu’il convient d’éliminer de façon appropriée. La gestion des PCB s’inscrit dans la réglementation relative aux déchets dangereux et aux établissements dangereux, insalubres ou incommodes.11 L’arsenal juridique tunisien se rapportant directement aux PCB les classe comme déchets dangereux12 et prend en compte la réglementation par rapport au transport par route de ces déchets.13 Cette réglementation sera complétée par un décret PCB qui sera publié prochainement.

Il n’y a pas eu à ce jour d’accidents connus liés aux PCB en Tunisie. Mais il reste une grande inconnue en Tunisie, à savoir le répertoire et le taux de contamination des sites contaminés, le taux de contamination de la chaîne alimentaire et, par conséquent, les conséquences réelles des PCB en Tunisie sur la santé et l’environnement. En effet, il est fort probable que des quantités d’huiles contaminées ont été déversées par le passé dans l’environnement lors de vidanges ou de mise en rebus d’appareils PCB, et ce, en méconnaissance de cause. Une seule étude a été réalisée à ce jour par l’Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits (ANCSEP) dans sept gouvernorats tirés au sort parmi les sept grandes régions socio-économiques de la Tunisie sur le lait de vache en 2007.14 Cette étude a mesuré le taux de dioxines, de furannes et de PCB dans des échantillons de lait de vache prélevés dans 40 fermes des sept gouvernorats concernés. Cette étude a constaté entre autres que les zones géographiques à forte activité industrielle, où sont entre autres actifs les principaux détenteurs de PCB à savoir les gouvernorats de l’Ariana, Bizerte, Sfax et Gabès

8 Voir ANGed (2007b), Etude de plan de gestion des PCB en Tunisie. Phase 1 : collecte et évaluation des données. Rapport définitif. Novembre 2007. P. 15. 9 Voir le reportage d’envoyé spécial sur la pollution PCB du Rhône, mai 2008, en ligne : http://www.youtube.com/watch?v=iuIbs69FFoo. 10 Voir ANGED (2007b), Etude de plan de gestion des PCB en Tunisie. Phase 1 : collecte et évaluation des données. Rapport définitif. Novembre 2007. P. 32. 11 Voir ANGed (2007c), Etude de plan de gestion des PCB en Tunisie. Phase 3 : Evaluation du cadre règlementaire et institutionnel relatif à la gestion du PCB en Tunisie. Novembre 2007, pp.9. 12 Décret 2000-2339 du 10 octobre 2000, fixant la liste des déchets dangereux 13 Arrêté du ministre de l’intérieur et du transport du 18 mars 1999, fixant le modèle de la fiche de sécurité relative au transport de matières dangereuses par route et les consignes qu’elle doit comporter. 14 Voir ANCSEP (2010), Dioxines, Furanes & PCB dans la chaîne alimentaire. Etat des lieux à travers un produit index « le lait ». ANCSEP, juillet 2010.

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sont également des zones à forte concentration de PCB, sachant que tous les gouvernorats n’ont pas fait l’objet de cette étude. Il semblerait que la plupart des concentrations en dioxines, furannes et PCB mesurées n’excèdent pas les seuils règlementaires fixés par la Communauté Européenne. Cependant, sur les 40 échantillons, deux ont présenté des teneurs en PCB supérieures au niveau d’intervention en Europe, à savoir à Bizerte et à l’Ariana, dans des fermes proches d’une décharge ou d’un cours d’eau. Enfin, il semblerait que l’exposition journalière moyenne au PCB du tunisien adulte à travers sa consommation de lait soit bien en-deçà de la dose quotidienne acceptable. Cependant, ces résultats ne sont qu’un aperçu et doivent être consolidés par une étude quantitative plus approfondie.

3.2 Les DAS

Les dioxines et les furanes (Polychlorodibenzo-p-dioxines et polychlorodibenzofuranes - PCDD/PCDF), elles, sont des substances produites et rejetées involontairement lors du brûlage de certains produits, notamment des déchets dangereux. La deuxième source de production de ces dioxines et furanes en Tunisie sont le brûlage des déchets d’activités de soin (DAS) dangereux avec leurs emballages plastique (PVC), qui contiennent du chlore. Parmi les DAS dangereux, il y a les déchets biologiques (cellules humaines, produits sanguins ou organiques), à risques infectieux (déchets contaminés par des agents pathogènes), les déchets piquants, tranchants coupants (aiguilles, bistouris, etc.), les déchets à risque toxique ou chimiques (médicaments périmés, déchets de laboratoires, bain de développement pour les clichés de radiographie, solvants, thermomètres à mercure, piles, etc.), et les déchets inflammables ou pouvant exploser (bombes aérosols, etc.). Le brulage de ces déchets en raison d’une combustion incomplète entraîne la production d’hydrocarbures aromatiques polycycliques halogénés ou non halogénés dont certains d’entre eux sont réputés cancérigènes.

Les autres types de déchets produits par un établissement de santé sont les déchets d’hébergement et d’hôtellerie, les déchets non souillés de type essuie-main, déchets d’emballage, les déchets administratifs, les déchets de service techniques, les encombrants (matelas, vieux meubles, etc…). Ces types de déchets ne sont pas considérés comme dangereux, ils sont appelés communément déchets assimilables aux ordures ménagères (DAOM) et peuvent être collectés par la municipalité moyennant une convention ou un sous-traitant en vue de leur enfouissement dans les décharges contrôlées.15 Les déchets dangereux, eux, doivent être triés au sein de la structure hospitalière et enlevés par des sociétés autorisées pour des traitements adéquats selon la typologie des DAS. Pour les DASRI, le traitement comprend le broyage, la désinfection et l’enfouissement en décharge contrôlée de ces déchets devenus inertes. Quant aux médicaments périmés, il s’agit d’un broyage, inertisation et stabilisation par rajout de la chaux et ciment et ensuite l’enfouissement dans les décharges contrôlées. Les bains de fixation radiologique et clichés sont traités par électrolyse ou fonte (pour faire couler l’argent sous forme de lingot) pour la récupération de l’argent.

Selon les chiffres d’une étude réalisée en 2009, la quantité totale de DAS produites par les établissements publics de santé en Tunisie serait de 16 000 tonnes par an, dont environ 43 %, soit 7 000 tonnes, seraient des déchets dangereux, et 9 000 tonnes seraient des déchets assimilables aux ordures ménagères, ce qui correspond à une production d’environ 2,37 kg de DAS par lit par jour.16 Ces quantités ne comprennent pas les DASD provenant des 80 cliniques privées, des 143 centres de dialyse qui génèrent 80% de déchets d'activités sanitaires dangereux, des produits chimiques générés par 355 laboratoires d'analyse, des 2 334 officines et des cliniques privées. La plupart de ces producteurs pratiquent jusqu'à nos jours l'incinération anarchique de ces DASD.

15 Dakhli, I. (2014), Déchets d’activités sanitaires : Typologie et origines. Présentation de la Direction de l’Hygiène du Milieu et de la Protection de l’Environnement (DHMPE) faite à Tunis, le 30 janvier 2014. 16 ANGed (2009), Etude complémentaire pour l’amélioration de la gestion des déchets d’activités de soin en Tunisie. Gestion actuelle des DAS dans les zones du Grand Tunis, du centre et sud est. Février 2009.

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Suite à une circulaire du Ministère de la Santé de 1992,17 les établissements de soins ont commencé à faire le tri à la source et mettre les déchets d’activités de soin à risque infectieux, les déchets biologiques et les déchets chimiques et pharmaceutiques dans des sacs rouges, les déchets piquants, tranchants et coupants dans des conteneurs rigides, et les autres déchets assimilables aux ordures ménagères dans des sacs noirs. Pour les établissements pourvus d’incinérateurs, les déchets sceptiques devaient être incinérés avant d’être acheminés dans les décharges contrôlées. Mais, selon l’étude de 2007, seuls vingt-sept établissements avaient un incinérateur, dont quelques-uns seulement étaient opérationnels. Comme cette incinération n’était pas faite dans les normes, ces incinérateurs étaient eux-mêmes sources de dioxines et de furannes.18 De plus, vu qu’à quelques exceptions près, la plupart des déchets étaient éliminés avec les déchets ménagers, et qu’en dehors des sept décharges contrôlées en fonction, la plupart des décharges municipales et sauvages pratiquaient le brûlage, ces déchets étaient une source non négligeable d’émission de dioxines et de furannes. Depuis, suite à un Conseil Interministériel du 5 mars 2008 relatif à la gestion des déchets des activités sanitaire, l’incinération non conforme au niveau des hôpitaux est interdite et ces déchets ne doivent être traités que par des sociétés autorisées.

A côtés des émissions de dioxines et de furannes lors de leur brûlage, les déchets d’activités de soins à risques infectieux présentent également d’autres risques. Les piquants, tranchants et coupants se retrouvant dans des sacs poubelles peuvent provoqués des blessures, des infections et des contaminations pour les personnes qui manipulent les sacs poubelles, à savoir les employés au sein de l’hôpital, ceux de la municipalité et des décharges, ceux des sociétés de traitement, mais aussi pour les malades et les visiteurs, lorsque ces sacs leurs sont accessibles, et les populations, si les sacs se retrouvent au bord de la route ou pour les récupérateurs (chiffonniers). Pour le personnel soignant, ils peuvent être également source de blessure et d’infection suite à une mauvaise manipulation, notamment lors du recapuchonnage d’une aiguille avant le dépôt dans une boîte rigide. Par exemple, une piqure accidentelle avec une aiguille utilisée pour un patient infecté entraînerait un risque d’infection par le virus de l’hépatite B dans un cas sur trois.19 Les autres risques généralement évoqués sont les risques traumatiques, les risques chimiques et toxiques (risques liés au mercure présent dans les thermomètres, les amalgames dentaires ou les piles, les médicaments non utilisés), les risques d’inflammation ou d’explosion (bombes aérosols). Les autres impacts sont l’impact psycho-émotionnel (la réaction que peut provoquer chez toute personne la vue du sang, de parties anatomiques ou de fœtus par exemple) et l’impact environnemental (infiltrations dans le sol et dans l’eau et pollution de l’air en cas d’élimination non adéquate de ces déchets).20

Il n’y a pas de chiffre en Tunisie sur les impacts sanitaires et environnementaux liés à la mauvaise gestion des déchets d’activités de soin.21 Les accidents d’expositions au sang (AES), qui sont des incidents pour lesquels le liquide biologique est le sang, comportant une effraction cutanée ou un

17 Circulaire n° 76/92 du 18 septembre 1992 relative à la gestion des déchets hospitaliers. 18 ANGed (2007a), Etude pour l’amélioration de la gestion des déchets d’activités de soin en Tunisie. Phase 1 : Diagnostic de la gestion actuelle des DAS dans les zones pilotes. Septembre 2007. P. 4. 19 ANGed (2009), Etude complémentaire pour l’amélioration de la gestion des déchets d’activités de soin en Tunisie. Gestion actuelle des DAS dans les zones du Grand Tunis, du centre et sud est. Février 2009.. 20 Voir Hamza, R. (2014), Les déchets d’activités de soins. Quels risques ? Présentation power-point faite lors d’un atelier sur les DAS à Zarzis, mars 2014. 21 Nous avons trouvé dans une communication lors des Xème Journées Régionales d’hygiène hospitalière de Bizerte en 2005 une présentation où une enquête à l’hôpital régional d’El Alia et dans les centres de santé de base a montré que 34% des personnels toute catégorie confondue déclarent avoir été victimes des AES. 56% savent que la prévention des AES passe par le port des gants, le lavage des mains, le non recapuchonnage des aiguilles et leur élimination dans les conteneurs. Voir Service régional d’hygiène du Milieu de Bizerte (2005), Xème Journée Régionale d’Hygiène Hospitalière de Bizerte. Programme et livre des résumés. Bizerte, p. 60. En ligne : http://www.hygienebizerte.com/PDF/Livredesresum%C3%A9s2005.pdf . Téléchargé le 14.06.2014.

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contact avec les muqueuses (piqûre, coupure, égratignure, projection),22 sont un bon indicateur des incidents liés à la mauvaise manipulation à l’intérieur des établissements de soin des piquants tranchants, coupants contaminés, mais ils tendent à être sous-déclarés par les victimes, par négligence, inconscience ou manque de connaissance de la loi. Ces AES ont fait l’objet de nombreuses études et ont amené les Etats-Unis à développer dans les années 80 les précautions standards (PS) qui sont un ensemble de mesures destinées à prévenir la survenue de ces accidents. Ces PS, qui sont désormais appliquées dans de nombreux pays, incluent notamment le lavage régulier des mains, le port de gants, de blouse, de masque, de lunettes de protection, et la disposition à proximité du soignant de containers adaptés pour objets piquants et tranchants. D’autres gestes ont été formellement interdits, comme le recapuchonnage manuel des aiguilles, du fait de leur responsabilité prouvée dans certains accidents. Pour ce qui est des incidents liés à la manipulation non appropriée des DAS à l’extérieur des établissements de soin, ils sont plus difficiles à quantifier, vu qu’ils sont rarement déclarés.

L’impact sanitaire et environnemental est suffisamment grave pour avoir provoqué depuis la fin des années 80 dans de nombreux pays la mise en place d’une législation pour règlementer la gestion des déchets d’activités de soins dangereux. Tout a commencé en 1987 avec la « marée des seringues » aux Etats-Unis, lorsque des déchets médicaux se retrouvèrent sur 80 kilomètres de côtes et de plages du New Jersey.23 Cela a été à l’origine, aux Etats-Unis, de la loi sur la traçabilité des déchets médicaux de 1988.24 En Tunisie, la première circulaire relative à la gestion des DAS a été publiée en 1992. Cette circulaire a été abrogée, et l’arsenal juridique a été complété, avec, en dehors de la réglementation générale relative aux déchets dangereux, qui consacre les principes de pollueur-payeur et producteur-récupérateur, des textes spécifiques pour la gestion des DAS. Il s’agit notamment du décret d’application n° 2745 en date du 28 juillet 2008 fixant les conditions et modalités de gestion des déchets d’activité de soin et de l’arrêté conjoint du Ministère chargé de l’Environnement et du Ministère de la Santé du 23 juillet 2012 relatif au manuel de procédure de la gestion des DAS dangereux. Un autre arrêté est en préparation fixant les prescriptions obligatoires contenues dans la convention conclue entre les établissements sanitaires et l’entreprise de gestion des DAS. Le manuel de procédure relatif à la gestion des DAS a été publié et il est le texte de référence pour la mise en œuvre pratique de la bonne gestion des DAS. Il est disponible sur le site Web de l’ANGed.25

Au niveau du Ministère de la Santé, la principale instance chargée de veiller à la mise en œuvre de la gestion des déchets d’activité de soin est la Direction de l’Hygiène du Milieu et de la Protection de l’Environnement (DHMPE), qui est une direction au sein du Ministère de la Santé créée en 1981.26 Entre autres attributions, elle est responsable du contrôle de l’hygiène dans les établissements hospitaliers publics et privés et de l’éducation sanitaire et la sensibilisation dans les domaines relevant de ses attributions. Pour cela, elle dispose de sous-directions de santé environnementale dans chacun des vingt-quatre gouvernorats. Enfin, au niveau des hôpitaux universitaires, régionaux et de circonscription, ainsi que dans les cliniques, il y a des services d’hygiène aussi parfois appelés service de prévention et de sécurité des soins.

Dans le cadre de sa contribution à l’élimination des PCB, dioxines et furannes, la Tunisie met en œuvre le « Projet de démonstration et de promotion des bonnes techniques et pratiques pour gérer les

22 Voir Fourrier, A. et al. (1989), Enquête. Risque d’exposition au sang pour le personnel soignant. In Bulletin épidémiologique hebdomadaire nr. 29/1989, juillet 1989, pp. 117-118. En ligne : http://www.invs.sante.fr/beh/1989/29/beh_29_1989.pdf. Téléchargé le 31.03.2013. 23 Voir article sur Wikipédia « Syringe tide » : http://en.wikipedia.org/wiki/Syringe_Tide. 24 Voir Environmental Protection Agency (1988), Medical Waste Tracking Act of 1988, En ligne : http://www.epa.gov/osw/nonhaz/industrial/medical/tracking.htm. Vu le 02.06.2014. 25 Voir ANGed (2012), Manuel cadre de procédures pour la gestion des déchets d’activités sanitaires dangereux, en ligne : http://www.anged.nat.tn/files/telecharger/Manuel%2013%20%2002%2012%20versin%20pdf.pdf. Vu le 02.06.2014. 26 Décret n°81-793 du 9/6/1981 portant organisation des Services de l’Administration Centrale de la Santé.

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déchets d’activités sanitaires et les PCB en Tunisie », le projet PCB/DAS, cadre dans lequel la stratégie de communication, objet de ce document, est élaborée.

4 Le projet PCB/DAS

Le projet de démonstration et de promotion des bonnes techniques et pratiques pour gérer les déchets d’activités sanitaires et les PCB en Tunisie », le projet PCB/DAS, est un projet cofinancé par le gouvernement tunisien et un don du Fonds Mondial pour l’Environnement (FEM) d’un montant total de 16,7 million de dollars (USD) sur la période 2013-2017. Le montant du don du FEM est de 5,5 million de dollars et il est géré par la Banque Mondiale. Le montant de la partie tunisienne des de 11,2 millions de dollars.

Le projet PCB/DAS a pour objectif de réduire les émissions de dioxines, de furannes et de polychlorobiphényles (PCB) en Tunisie par le renforcement du cadre institutionnel et réglementaire du gouvernement tunisien et par la mise en place de programmes de gestion rationnelle et durable pour améliorer la gestion et l’élimination définitive des déchets des activités sanitaires (DAS) et des PCB. L’indicateur d’atteinte d’objectif du projet est, d’ici 2017, l’élimination de 1 100 tonnes de PCB et de traiter effectivement 3 200 tonnes de déchets d’activité de soin par an.

L’Agence Nationale de gestion des Déchets (ANGed), est l’agence d’exécution chargée de la mise en œuvre du projet sous tutelle du ministère chargé de l’environnement. Elle travaille pour cela en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé et ses agences sous-tutelle, le Ministère de l’Industrie et entreprises sous-tutelle, le Ministère de l’Agriculture, le Ministère de la Défense Nationale, le Ministère de l’Intérieur, le Ministère des Affaires Sociales, le Ministère de l’Enseignement supérieur, le Ministère de l’Equipement et les associations actives dans le domaine de l’environnement et de la santé.

Pour la mise en œuvre de ce projet, trois composantes sont prévues :

- 1ère composante : Renforcement du cadre institutionnel et règlementaire des capacités de gestion des DAS et des PCB au niveau national, régional et local. Cette composante est financée à hauteur de 1,095 millions de dollars par le don du FEM et 1,095 de dollars par l’ANGed pour un montant total de 2,190 millions de dollars. Cette composante permettra le renforcement du cadre institutionnel et réglementaire de la gestion des DAS et des PCB. Elle permettra également la réalisation de campagnes de sensibilisation et de vulgarisation, d’ateliers et de séminaires d’information et de formation sur la bonne gestion des DAS et des PCB ;

- 2ème composante : Amélioration de la gestion et élimination définitive des DAS et des PCB. Cette composante est financée à hauteur de 3,872 millions USD par le don du FEM et 8,965 USD par la partie tunisienne pour un montant total de 12,837 USD. Concernant les DAS, cette composante financera l’acquisition de matériel pour la collecte interne et le stockage sur place des DAS dans les établissements publics de santé dans les régions concernées par le projet (a). Elle financera la fourniture d’équipements (consommables) aux unités de stockage intermédiaires et centrales dans les établissements publics de santé ainsi que la préparation des plans de gestion environnementaux et sociaux (PGES) pour ces unités de stockage et le transport (b). Et enfin, elle financera le traitement des DAS vers les installations de traitement privées et leur élimination finale dans les décharges contrôlées (c). Pour les DAS, le montant total alloué est de 8,240 millions USD, dont 1,548 millions de USD venant du don du FEM qui serviront à financer les équipements listés sous la partie (a) et 6,692 millions de USD venant de la partie tunisienne, à savoir du Ministère de la Santé, du Ministère de la Défense Nationale, du Ministère de l’Intérieur et le Ministère des Affaires Sociales pour le financement de (b) et (c). Concernant les PCB, cette composante contribuera au transport et à l’élimination des équipements PCB en stock, des déchets et des équipements PCB en service mais en mauvais

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état appartenant aux ministères sectoriels et aux institutions publiques ; la préparation des plans de gestion environnementaux et sociaux pour les sites contaminés et d’une étude de réhabilitation des sites contaminés et la décontamination des sites. La partie tunisienne s’élève à 2,273 millions d’USD, venant principalement de la Société Tunisienne d’Electricité et du Gaz (STEG, 781 000 USD), la Compagnie de phosphate de Gafsa (500 000 USD), la Société El Fouledh (431 000 USD), le Groupe Chimique Tunisien (286 000 USD), le Ministère de l’Agriculture, la Société tunisienne des industries de raffinage (STIR, 91 000 USD)27 et d’autres entités publiques. Le don du FEM pour le financement de cette partie s’élève à 2,324 million USD et servira principalement au financement relatif aux ministères sous tutelle et aux institutions publiques, et ce à hauteur de 40 %. Le montant total pour la composante 2 concernant les PCB est de 4,597 million de dollars.28

- 3ème composante : Gestion du projet. Cette composante concerne pour l’essentiel l’appui à l’unité de Gestion du projet dans sa mise en œuvre par l’apport de fournitures et de services de consultants. Le montant total alloué à cette composante est de 0,378 millions de dollars, dont 0,149 million de dollars venant du don du FEM et 0,229 millions de dollars venant de la partie tunisienne, à savoir l’ANGed.

Pour la mise en œuvre de ce projet, l’ANGed a signé des conventions de partenariat avec les Ministères et sociétés concernés par ce projet à savoir :

- Pour les DAS : une convention bipartite signée entre l’ANGed et le Ministère de la Santé en 2013, et trois conventions tripartites en préparation entre l’ANGed, le Ministère de la Santé (MS) et le Ministère des Affaires Sociales (MAS), le Ministère de l’Intérieur (MI) et le Ministère de la Défenses National (MDN), qui sont tous actifs dans le domaine de la santé. Toutefois, les présentes conventions seront remplacées par un programme d’exécution détaillé qui sera établi entre l’ANGed, la Direction Générale des structures sanitaires publiques (DGSSP) et la Direction de l’Hygiène du Milieu et de la Protection de l’Environnement (DHMPE) sous tutelle du MS, le MDN, le MI et le MAS, où figurent les engagements de chaque partie, l’obligation de résultats, le planning de réalisation, etc. pour assurer une traçabilité.

- Pour les PCB, sept conventions de partenariat ont été signées en 2013 avec la plupart des détenteurs de transformateurs PCB, à savoir avec la Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz (STEG), le Groupe Chimique Tunisien (GCT), la Compagnie de Phosphate de Gafsa (CPG), la Société Tunisienne de Sidérurgie El Fouladh, la Société Tunisienne des Industries de Raffinage (STIR), la Société de Transport des Hydrocarbures par Pipeline (SOTRAPIL) et la Société Magasin Général.

La présente stratégie de communication est financée à travers la première composante du projet. Sa mise en œuvre concerne la totalité du territoire tunisien, alors que l’achat d’équipement pour les DAS (composante 2) ne concerne que 96 établissements de santé publiques dans 12 gouvernorats qui produisent plus que 50 % des DAS : la zone Nord (Tunis, Ariana, Manouba, Ben Arous), Centre (Sousse, Monastir, Mahdia et Kairouan) et Sud (Sfax, Gabès, Tataouine et Médenine). Les 50 sites PCB identifiés couvrent 17 des 24 gouvernorats que comprend la Tunisie, à savoir Ben Arous, Bizerte, Tunis, Manouba, Nabeul, Sousse, Béja Jendouba, El Kef Sfax, Gabès, Médenine, Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa, Tozeur et Kébili.

5 La méthodologie

La méthodologie utilisée pour l’élaboration de la stratégie de communication est principalement qualitative, avec en son cœur, des entretiens individuels semi-structurés avec les partenaires du projet, 27 Selon les conventions bi-partites signées entre l’ANGed et ces institutions en 2013. 28 Pour plus de détail pour la répartition des coûts, voir ANGed (2013), Manuel de Procédures opérationnelles du projet, Novembre 2013.

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de l’observation participante dans des structures hospitalière et des discussions de groupes (focus groupe) avec certains groupes cibles. L’approche qualitative a été choisie, car il ne s’agissait pas de quantifier les connaissances, attitudes et comportements des groupes cibles de la communication DAS et PCB (approche KAP – Knowledge, Attitude and Practice). Cette méthodologie est communément adoptée pour l’élaboration de stratégies de communication visant le changement de connaissances, d’attitudes, d’opinions et de comportement. Mais il s’agissait de prendre en compte la complexité du projet et des enjeux relatifs à ces thématiques pour faire une stratégie de communication intégrée, adaptée et acceptée par les partenaires du projet.

5.1 Les méthodes utilisées

Pour prendre en compte tous les challenges, nous avons, sur la base d’une cartographie des acteurs présente dans le manuel de procédure du projet29 rencontré les principaux partenaires du projet.30 Nous avons identifié avec eux leur perception du problème concernant les DAS et les PCB, le rôle qu’ils s’attribuent vis-à-vis de ces thématiques, les changements préconisés (donc les objectifs de communication), les canaux et supports de communication qu’ils utilisent habituellement, leurs propositions de message, et les motivations et freins au changement.

Des guides entretiens semi-guidés ont été développés, avec de légères modifications selon l’interlocuteur.31 Les guides sont de simples mémos pour ne pas perdre le fil et l’objectif de l’entretien. Toutes les questions ne sont pas posées, et d’autres sont posées qui n’étaient pas prévues.32 Il s’agit en fait de conversations avec l’interlocuteur, pouvant comporter des itérations et des digressions, et qui doivent permettre de bien comprendre la perception de l’interlocuteur sur le sujet abordé. Cette méthode a servi également à construire un lien de confiance entre la consultante et les interlocuteurs et à mobiliser ces interlocuteurs autour de la thématique.

A côté des entretiens, nous avons fait de l’observation participante, qui est une immersion de la consultante dans le milieu de réalisation du projet, que ce soit dans un hôpital ou sur toute la chaîne de gestion des DAS pour cette thématique ou dans une société détentrice de PCB. L’observation participante permet de visiter les lieux en tant que « membre temporaire de l’équipe», pour s’imprégner des lieux, observer les process, discuter avec toutes les catégories de personnel et avoir des impressions. Pour les DAS, nous avons pu faire deux jours dans l’hôpital régional de Zarzis et deux jours dans la Clinique Essalem de Sousse. Ces deux sites ont été choisis avec l’intention d’avoir deux exemples à l’opposées, et parce que les responsables étaient enclins à nous recevoir pour cette expérience.

Pour chacun des sites, nous avons commencé par une réunion de présentation de la mission avec la direction de l’Etablissement et les chefs d’équipe, puis nous avons visité le site en présence du responsable de l’hygiène ou de la qualité, et ensuite, nous avions libre quartier pour nous promener au sein de l’établissement à notre guise. Nous avions les équipements de protection individuelle. Nous avons également, lors de ces immersions, rendu visite aux chefs de services de propreté des communes concernées, et visité le centre de transfert des déchets à Zarzis. A Zarzis, nous avons également fait un focus groupe dans la salle de réunion de la direction avec les ouvrières, et à Sousse, nous avons fait un atelier de travail sur les axes stratégiques possibles d’une communication relative à leur processus de gestion des DAS. A la fin de chaque mission, nous avons fait un feedback à chaud

29 Voir le Manuel de Procédures opérationnelles du projet, Novembre 2013. Pp. 11. 30 Voir la liste des partenaires rencontrés à l’annexe 1. 31 Voir un exemple du guide d’entretien pour les DAS et un exemple du guide d’entretien pour les PCB aux annexes 2 et 3. 32 Kvale, S. (1996), Interviews : An introduction to qualitative research interviewing. London: SAGE, Chapter 7: The Interview Situation, pp. 124-135. Online: http://www.sanpad.org.za/sanpad2011/index.php?option=com_phocadownload&view=category&download=16:kvale-steinar-1996&id=6:phase-3-rci&Itemid=483. Téléchargé le 15.01.2014.

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pour les cadres avec les premières recommandations. Pour les sites des détenteurs PCB, vue la résistance que nous avons vu par rapport à cette thématique lors de nos entretiens, nous avons renoncé à cette approche en faisant seulement deux visites de site, une à la SACEM avec l’équipe du projet et une au Groupe Chimique Tunisien lors de l’entretien de groupe que nous avons eu dans cette entité.

Concernant la communication interne et la communication institutionnelle du projet, cette thématique a été abordée lors des entretiens individuels, mais également à travers un questionnaire qui a été envoyé par courrier électronique à tous les partenaires du projet, aux groupes de travail DAS et PCB, à l’Unité de Gestion du Projet (UGP), à la Banque Mondiale et aux experts. Il y a eu un retour de vingt questionnaires sur trente-huit envoyés.

A côté de cela, une recherche documentaire a été effectuée auprès des partenaires et sur Internet, pour avoir une idée sur les supports déjà produits sur ces thématiques ou des thématiques similaires, ou pour avoir les stratégies de communication des partenaires. La participation de la consultante aux divers ateliers d’information sur le cadre réglementaire, d’information sur la communication et le plan de formation (DAS), et sur la sensibilisation et le manuel technique (PCB) ont permis de compléter son aperçu sur les perceptions des différents acteurs.

5.2 L’analyse des données

Les entretiens ont été enregistrés puis transcrits mot à mot dans un document Word (verbatim). Puis, à l’aide de programmes informatiques, ces documents ont été catégorisés (analyse de contenu). L’analyse des données qualitatives « consiste à retranscrire les données qualitatives, à se donner une grille d’analyse, à coder les informations recueillies et à les traiter ».33 Un codage semi-ouvert, à savoir la lecture ligne par ligne des données et le codage en fonction des catégories, tout en laissant la place à de nouvelles catégories, a permis d’avoir un corpus de données relatif à chacun des thèmes qui nous intéressent : perception des problèmes, groupes cibles, changements souhaités, communication interne, communication institutionnelle, messages, canaux et supports, motivations et freins. Pour ne pas perdre les données, une catégorie « autres » a servi à capter le reste. Le premier logiciel utilisé est CATMA, « Computer Aided Textual Markup and Analysis », version 3.0, de l’université de Hamburg, en Allemagne.34 Il s’agit d’un logiciel en ligne gratuit qui permet le codage des données avec des couleurs et de ressortir les données par catégories. Nous avons utilisé ensuite un autre logiciel qui nous permettait de mieux filtrer les données catégorisées. Il s’agissait du programme Atlas.ti 7, un logiciel américain, dans sa version d’essai gratuite.35

Nous avons ainsi transcrit en tout plus de dix-neuf heures d’entretiens, et analyser 1 161 unités syntaxiques, qui sont des portions de phrase, des phrases ou des paragraphes qui expriment une idée. Selon les principes de l’analyse empirique, ces unités lexicales ont ensuite été transférées dans un classeur excel avec une feuille par catégorie pour les classer selon des idées clés (stade synthétique) et identifier les variables explicatives. Pour faciliter la présentation des idées centrales et des variables explicatives, elles ont été quantifiées et présentées sous forme de graphiques. En général, dans la description des résultats du diagnostic ci-dessous, nous faisons ressortir les trois idées principales, identifiées comme celles étant été évoquées le plus souvent par les interlocuteurs.

Les données recueillies lors de l’observation participante, des visites, focus groupes et participation aux séminaires ont servi à étayer les arguments et renforcer l’analyse. Une présentation des résultats

33 Andreani, J.-C. et Conchon, F. (2005), Méthodes d’analyse et d’interprétation des études qualitatives : état de l’art en marketing. ESCP-EAP, Paris. En ligne : http://www.escp-eap.net/conferences/marketing/2005_cp/Materiali/Paper/Fr/ANDREANI_CONCHON.pdf. Téléchargé le 17.01.2014. 34 Voir www.catma.de. 35 Voir www.atlasti.com/index.html.

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du diagnostic a été faite au cours d’atelier d’élaboration des axes stratégiques de communication le 26 mai 2014 pour les PCB et le 29 mai 2014 pour les DAS en présence des membres des groupes de travail respectifs. Ces ateliers ont permis de compléter le diagnostic, notamment avec une analyse des forces, des faiblesses, des opportunités et des risques (SWOT), et de discuter des axes stratégiques et de faire des recommandations en présence des partenaires.36

5.3 Les limites de la méthodologie

La principale limite de cette méthodologie est qu’elle n’est pas représentative et ne peut pas être généralisable à toute la population concernée. Elle n’a pas de validité statistique au sens classique du terme. Bien que la présentation des résultats soit faite sous forme graphique avec des quantités, ces résultats ne sont pas représentatifs et extrapolables. Cependant, tout dépend de l’objectif de l’étude : en effet, il a été démontré que les réponses obtenues par une méthode quantitative ou une méthode qualitative sont en générale cohérentes, lorsque les méthodologies ont été bien appliquées.37 Si l’objectif de l’étude est de définir les caractéristiques d’une population et d’étudier les déterminants sociaux des pratiques et des représentations, alors une enquête quantitative constitue la bonne approche. Par contre, si l’objectif est de rechercher les logiques qui sous-tendent les pratiques et les représentations, alors l’approche qualitative est préférable. Ainsi, les résultats obtenus permettent de capter la situation dans toute sa complexité et d’élaborer les axes d’une communication stratégique qui permettra d’atteindre le maximum de résultats au vu des moyens limités. Si besoin est, par exemple si la mesure de l’évolution d’un indicateur d’impact est nécessaire, dans une étape proche, il sera possible dans le cadre d’une autre étude, de mesurer la situation de référence à travers des indicateurs de connaissance, d’attitude et d’opinion pour faire une enquête sur un échantillon représentatif.

6 Les résultats du diagnostic

Les résultats du diagnostic de communication PCB et DAS sont présentés ci-dessous sous forme narrative avec des citations significatives pour donner des exemples et faire entendre les voix. Nous avons renoncé à l’insertion des graphiques dans le texte pour ne pas alourdir le document et rendre la lecture difficile. Ces graphiques se retrouvent en annexe 4 et 5 du document dans les présentations PowerPoint des thématiques respectives.

6.1 Les résultats du diagnostic communication relatif aux PCB

6.1.1 La perception des problèmes PCB et des problèmes de communication PCB

On peut distinguer d’une manière générale deux niveaux d’analyse pour la perception des problèmes au niveau de la gestion des PCB et de la communication PCB. Il y a le niveau organisationnel, règlementaire de la gestion des PCB, que ce soit au niveau national ou international, que l’on pourrait qualifier de structurel. Et le niveau opérationnel de la gestion du produit ou déchet PCB, la réalité du terrain. Un troisième niveau pourrait être un niveau d’analyse lié au produit ou déchet PCB en lui-même, avec ses caractéristiques et propriétés. Cependant, il est difficile de séparer le niveau opérationnel de la perception des interlocuteurs vis-à-vis du produit ou du déchet PCB. Nous distinguerons ainsi que le niveau opérationnel et le niveau structurel.

36 Voir Thaly, D. (2014), Rapports des ateliers d’élaboration des axes stratégiques de communication DAS et PCB, juin 2014. 37 Voir Couvreur, A. et Lehuede, F. (2002), Essai de comparaison de méthodes quantitatives et qualitatives à partir d’un exemple : le passage à l’Euro vécu par les consommateurs. In CREDOC (2002), Cahier de rechercher N° 176, Paris. En ligne : http://www.credoc.fr/pdf/Rech/C176.pdf. Téléchargé le 04.06.2014.

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Nous avons distingué douze catégories dans la catégorisation de la problématique PCB, et finalement, neuf d’entre elles concernent le niveau opérationnel et le produit/déchet PCB, tandis que seules trois concernent le niveau structurel.

6.1.1.1 Perception des problèmes au niveau structurel

Au niveau structurel, à savoir concernant l’organisation législative et règlementaire de la gestion des PCB, le principal problème est l’absence et la non adaptation de la réglementation régissant la gestion des PCB. Cela concerne notamment la législation du travail avec un manque de valeur seuils pour l’exposition des travailleurs, et la non-application de la législation existante.

Il faut qu’il y ait une loi claire en Tunisie pour cela. Tant qu’il n’y a pas une loi réglementant l’élimination des PCB en Tunisie, il n’y a pas d’engagement. D’ailleurs, même notre convention qui a été signée entre l’ANGed et les sociétés détentrice, reste une convention caduque tant qu’il n’y a pas de réglementation

Il y a des obligations qu’ils doivent respecter mais en Tunisie on n’a pas… par exemple pour les émissions des gaz toxiques ou quand on a un effet chronique, on n’a pas de textes réglementaires qui fixent les valeurs limites d’exposition sur le milieu de travail. Mais à l’air ambiant on a, ce sont les textes du ministère de l’Environnement.

Il faut un texte qui fixe ces valeurs limites. Comment sanctionner une société sur la base d’un texte français, c’est impossible. On est en Tunisie et on doit respecter la réglementation tunisienne.

Le décret PCB est en cours d’élaboration. Etroitement lié à la thématique de la règlementation, il y a en deuxième lieu la thématique du contrôle. En l’occurrence, il y a plusieurs types de contrôle, que ce soit le contrôle par l’inspection du travail pour les employés, le contrôle par le Ministère de l’industrie pour les autorisations d’exercice des établissements classés ou le contrôle par l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE) pour le contrôle environnemental, ou bien encore le contrôle par l’ANGed pour les sociétés autorisées pour le traitement des déchets. Il existe également le contrôle pour l’import et l’export des produits ou déchets PCB qui sont interdits, sauf dans le cas de l’élimination contrôlée, et le contrôle pour le transport des matières dangereuses. Les règles de contrôle existent, mais elles ne sont pas toujours appliquées, principalement par manque de moyens.

Une autre caractéristique par rapport aux PCB en Tunisie, c'est que l'obligation administrative de contrôle des autorités compétentes n'est pas exercée.

A la direction sécurité on a un effectif de 10-15 personnes qui sont chargées non seulement des autorisations pour les entreprises classées mais aussi du contrôle. On a plus de 20.000 établissements classés en Tunisie. Ce n’est pas possible avec 15 personnes ou même une vingtaine ça reste insuffisant. Il faudrait une centaine et on ne pourra toujours pas atteindre l’objectif de couvrir toute la Tunisie.

Le troisième problème perçu au niveau structurel, c’est l’aspect financier lié à la gestion et à l’élimination ou au remplacement des appareils PCB. Les détenteurs sont tous impatients de se débarrasser des transformateurs en rebus. Certains ont même déjà essayé de le faire eux-mêmes, mais le coût d’élimination les a bloqués.

Nous sommes conscients du problème depuis 1994. On voulait voir si on pouvait s’occuper nous-mêmes de l’élimination, mais on a contacté des entreprises et les coûts sont exorbitants. C’est pourquoi on attend le projet de l’ANGed avec impatience.

6.1.1.2 Perception des problèmes au niveau opérationnel

Sur le plan opérationnel, le PCB est principalement perçu par les acteurs rencontrés comme étant un produit ou un déchet extrêmement dangereux. Dangereux est le qualificatif qui revient le plus souvent lorsque l’on demande aux acteurs de décrire la problématique PCB. Ils caractérisent le danger du fait de l’impact sanitaire et environnemental négatif des PCB et du risque d’explosion. Cela a pour conséquence que beaucoup d’employés ne veulent même pas s’approcher de ces déchets.

Le PCB on le trouve dans les transformateurs. Le meilleur risque c’est qu’il peut être un produit qui peut provoquer un incendie, explosif. C’est également un risque électrique.

On sait que lorsque le transformateur est soumis à une température supérieure à 300°, ça peut devenir dangereux et mener à l'explosion du transformateur.

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Je connais un peu l’impact des PCB sur l’environnement, je sais qu’il fait des infiltrations au niveau de la nappe phréatique, ensuite on désinfecte. Au sol, au niveau des plantes, des animaux. Et par la suite il y a une transmission de maladies pour la santé humaine.

Je sais qu’il y a un impact des PCB sur la santé et l’environnement mais les maladies causées je n’ai pas le détail maintenant. Pour le degré d’exposition dangereux, j’ai oublié l’information.

Par contre, il y a beaucoup d’autres qui ne veulent même pas s’approcher du fait que pour eux c’est un matériel à risque.

Comme l’on peut le constater, ce savoir est assez approximatif, et les interlocuteurs en sont conscients. Il n’existe, pas en Tunisie, d’information ou de chiffres sur les lieux et le degré de contamination des sols et de l’eau, en par conséquent, de la bioaccumulation. Il y a simplement un savoir général des impacts possibles, sans qu’il soit possible de donner une information exacte quand à ces impacts en Tunisie. Une étude a été réalisée par l’Agence Nationale du Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits (ANCSEP) en 2010 sur un indicateur de contamination de la chaîne alimentaire, le lait de vache sur une quarantaine d’échantillons à l’échelle nationale.

Le danger est principalement perçu sous son impact sanitaire et environnemental négatif. Certains cadres responsables de la sécurité ont « bien » identifié le risque principal pour l’homme, à savoir la contamination à travers la chaîne alimentaire et le moindre danger que représente une contamination par exposition directe au produit à condition que l’on porte les EPI.

Du point de vue risque puisque les déchets du PCB sont stockés dans des parties très loin et l’intervenant est minime. Ce n’est pas beaucoup de travailleurs mais le risque majeur c’est l’environnement. Le PCB détruit la nappe phréatique et lorsque notre canalisation a du mal, surtout pour les industries, le rejet industriel contient du PCB et elles ne le savent pas. Le rejet va dans la mer et elle va faire la bio accumulation.

Par contre, et ce qui est assez inquiétant, c’est la réaction que suscite ce danger chez ceux qui sont préposés à la maintenance ou au gardiennage, ou tout simplement à travailler à proximité de ces transformateurs : beaucoup n’osent plus s’en approcher. Au lieu tout simplement de prendre les précautions d’usage, qui sont principalement le port des équipements individuels (EPI), les personnels préfèrent éviter la proximité de ces transformateurs, empêchant la détection d’éventuels problèmes comme des fuites ou des états de corrosion avancés.

Aux alentours, il y a quand même des gardiens qui sont là. Ils sont au courant et ils ne veulent même pas s’approcher et à chaque visite, j’ai visité 2 fois depuis que j’ai pris le dossier en main, depuis le 24 janvier j’ai visité 2 fois, et à chaque visite ils s’inquiètent de savoir quand est-ce que le produit va être enlevé.

Le personnel est conscient que ce produit est très dangereux et que ça touche leur santé et alors ils sont devenus un peu hésitants, sur les nerfs. Il y a un problème. Ils ne veulent même plus s'approcher du site où les transformateurs sont entreposés, […]. Aucun agent ne veut exécuter les tâches concernant le nettoyage du local.

D’une manière générale, les interlocuteurs ont souligné la difficulté de faire porter au personnel les EPI, normalement de mise lors des travaux d’entretien des transformateurs. Il semblerait que s’ils manipulent un appareil au PCB encore fonctionnel, lorsqu’ils ne refusent pas totalement de s’en approcher, ils veulent bien porter les EPI. Mais lorsqu’ils pensent que l’appareil ne présente pas de danger, alors la propension à porter des EPI diminue. Cela représente un problème à deux niveaux : tout d’abord, si les procédures de l’entreprise prescrivent le port des EPI et que l’employé ne le fait pas, sans qu’il y ait pour autant des mesures correctives, nous nous trouvons face à un non-respect par l’employé d’une mesure de sécurité et ce non-respect n’étant pas réprimé explicitement, il est toléré implicitement. Ainsi, si ce non-respect dure dans le temps, l’employé est renforcé dans son opinion de non-nécessité du port des EPI et il sera d’autant plus difficile d’exiger de lui un changement de comportement.

L’autre problème, c’est que l’employé a une fausse perception du danger. En effet, la plupart des interlocuteurs en Tunisie ne sont pas conscients que même les appareils à l’huile minérale pourraient être contaminés. Ils se basent uniquement sur la date de fabrication du transformateur (avant 1987) ou sur la signalétique indiquant la présence de pyralène ou askarel (noms commerciaux du PCB) ou

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PCB. Or, pour savoir si oui ou non un transformateur est contaminé, il est nécessaire de faire les analyses.

[…] les détenteurs travaillent sur des données présomptives et pas sur des données analytiques. Ils considèrent que ce qui est marqué sur la plaque signalétique, c'est suffisant pour dire que c'est un transformateur au PCB ou pas. Alors et quand ils ne voient pas le mot pyralène sur un transformateur, l'affaire est classée.

D’une manière générale, l’exactitude de l’inventaire réalisé en 2004 et actualisé en 2007 pose des problèmes, vue non seulement le fait qu’il semblerait qu’il n’ait été fait que sur les transformateurs construits avant 1987, mais aussi parce qu’il semblerait qu’il y ait eu rétention de l’information.

Par rapport à l’inventaire qui a été fait par mon collègue en 2010, il y avait 8 transformateurs. Je ne sais pas pourquoi il a mis 8 transformateurs mais réellement lorsque j’ai refait l’inventaire j’ai trouvé 17 transformateurs et 3 bobines. En 2010, 8 transformateurs seulement ont été testés et donc 12 n’ont pas été testés.

Ainsi, l’employé peut se retrouver à manipuler des huiles contaminées à main nue et sans aucune protection ou précaution particulière, croyant manipuler des huiles minérales. Aussi, pour éviter toute exposition, il est absolument nécessaire de porter les EPI en toutes circonstances lors de la maintenance de tous les transformateurs, d’autant, comme l’a souligné l’un des interlocuteurs, qu’on ne sait pas finalement si demain, il n’y aura pas des avertissements quant au danger d’une exposition répétée aux huiles minérales : les connaissances relatives aux dangers d’exposition évoluent chaque jour et le principe de précaution est de mise.

Le PCB n'est pas une activité de tous les jours. Au niveau du laboratoire c'est occasionnel. Pour [nous] si ce n'est pas un transformateur avec PCB on le manipule à main nue. Effectivement c'est une fausse information. On traite les transformateurs non PCB avec négligence. Et même notre personnel quand c'est écrit pyralène il ne prend pas de risque et prend les gants sinon il travaille normalement comme avec une huile de vidange. Il y aura une rétention du personnel qui travaille sur les transformateurs s’ils savaient qu’ils sont contaminés au PCB.

Il faut sensibiliser tout le personnel qui intervient sur ces équipements et, à ma connaissance, il faut appliquer des procédures de travail pour tous les types d’huiles. Parce qu’aujourd’hui on démontre que c’est le PCB, demain je ne sais pas le produit qui remplacera le PCB.

Mais un autre risque inquiète particulièrement les détenteurs : le risque d’explosion lié soit au mauvais entretien, soit aux mauvaises conditions de stockage des appareils et huiles au PCB, ainsi que les mesures spécifiques à prendre en cas d’incendie. Cela est particulièrement vrai pour les zones de stockage à proximité d’habitations ou sur les lieux de travail dans l’entreprise. Il existe même un site où les PCB sont entreposés non loin d’un entrepôt de dynamite.

Donc un transformateur PCB peut tout à fait exploser s’il n’est pas surveillé convenablement. Il y a aussi les défauts d’isolation électrique qui peuvent entrainer des arcs électriques et un incendie sur un transformateur.

La cuve va exploser et à ce moment-là vous allez avoir une quantité extrêmement importante de PCB qui vont se propager dans l’environnement et aussi, là on passe à la pollution chaude, non seulement une décomposition thermique mais le PCB rentre dans un processus de combustion et on fabrique ce qu’on appelle des dioxines et des furannes.

Le PCB on le trouve dans les transformateurs. Le meilleur risque c’est qu’il peut être un produit qui peut provoquer un incendie, explosif. C’est également un risque électrique.

Il est donc impératif que les transformateurs en activités soient surveillés régulièrement par le personnel protégé, et que les transformateurs en rebus et les huiles soient stockés de façon optimale, avec, également, une surveillance périodique pour détecter tout problème.

En deuxième lieu, les interlocuteurs s’inquiètent du problème de stockage des déchets de PCB. En effet, la plupart des détenteurs ont des stocks de PCB, que ce soit sous forme d’huiles dans des fûts ou dans des transformateurs et condensateurs en rebus. Mais ils ne sont pas stockés selon les normes, et les interviewés en sont tout à fait conscients, sans pour cela que des mesures soient prises.

Les équipements qui sont hors service et qui contiennent du PCB sont stockés dans un parc de stockage. Tout le monde sait que les 2 transformateurs contiennent du PCB. Le stockage est fait en plein air mais il ne bénéficie pas de sécurité particulière. Normalement, ils doivent être stockés dans des locaux fermés.

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A mon sens, tout transformateur déclassé doit être enlevé immédiatement. Même sous clefs, pas mal de portes ont été enfoncées, même pour le matériel neuf. C’est la réalité.

L’interdiction de commercialisation des PCB existe depuis 1987, et depuis, les appareils PCB sont censés être mis au rebus. Ainsi, il y a des appareils et des déchets PCB qui sont plus de vingt ans. Grâce à la Circulaire du Ministère de l’économie nationale datant de 1986 portant sur l’interdiction de l’importation des équipements (transformateurs et condensateurs) utilisant des PCB et l’obligation de mettre au rebut tout équipement défectueux utilisant une huile aux PCB, la STEG et la SACEM, principaux détenteurs de PCB, ont non seulement arrêté d’importer des appareils fonctionnant aux PCB, mais ils ont mis systématiquement ces appareils au rebus. La STEG a même aménagé un site au Sud de Tunis, le site de Naassen au milieu des années 90 pour y entreposer les appareils en rebus et les fûts d’huile PCB. Cependant, les interlocuteurs s’inquiètent des conditions de stockage sur ce site et sur les autres sites de stockage des détenteurs, et ce avec raison, selon les experts.

Oui, les équipements sont trop dispersés. Ils sont dispersés dans un rayon de 100-170 km environ, sur toute la compagnie, dans toutes les villes minières.

A […], il y a des transformateurs qui sont jetés en plein dans la nature et qui sont vidés de leur produit. C’est dommage mais c’est la réalité, ils sont là. Ça [montrant une photo] c’est un transformateur qui est encore plein. J’ai pris une photo telle que la situation actuelle. Donc ça c’est l’aspect général des transformateurs qui sont hors service.

Cela provoque le problème aussi du vol des transformateurs, pour la ferraille et le cuivre. Malheureusement, toutes les carcasses se sont vidées. Pas de ferrailleurs mais plutôt la récupération du cuivre, pas plus.

En troisième lieu, beaucoup déplorent le manque de conscience des employés. La raison en est principalement car ils ne sont pas au courant du fait que le fluide dans les transformateurs peut être dangereux.

Pour moi, la principale caractéristique des PCB en Tunisie, c'est que les détenteurs n'ont pas pris en compte en fait l'existence de PCB dans leurs installations. Pour eux, un transformateur, c'est un transformateur. Ça a une fonction de transformer du courant et dedans il y a des huiles et donc le mot huile est utilisé d'une manière générique mais il y a très peu de détenteurs qui ont vraiment une connaissance de la présence de PCB dans leur diélectrique, dans leurs huiles.

En fait, à ce niveau, il semblerait qu’il y ait une catégorie d’employés qui est consciente du problème, en particulier ceux qui étaient déjà en activité lors de l’interdiction du PCB ou les électriciens de métiers, mais les autres employés, y compris des cadres, des décideurs au plus haut niveau mais également les médecins du travail, ne semblent pas être conscients du danger que posent les PCB. Ce manque de conscience peut avoir des impacts sur le comportement, qui peut être inadéquat, mais également dans la prise de décision, comme lorsqu’il s’agit de prendre des dispositions pour un stockage des déchets de PCB ou pour la bonne gestion des PCB dans les appareils encore en service.

Le problème des PCB est un grand problème en Tunisie parce que, la première chose, c’est l’inconscience des personnes du PCB. Le PCB est considéré comme les autres huiles. Le citoyen ordinaire le considère comme une simple huile, huile de refroidissement. Mais moi parce que j’ai l’information et j’ai assisté à des réunions et je fais partie de ce groupe de travail, je suis conscient de ce problème

Nous avons un médecin du travail mais je ne sais pas s’il est conscient de la problématique PCB.

6.1.1.3 Perception des problèmes de communication PCB

En termes de communication, aussi bien au niveau des institutions publiques qu’à l’interne et à l’externe des entités détentrices, peu a été fait. Suite à l’interdiction du PCB fin des années 80, des mesures ont été prises et les entreprises ont été informées de la dangerosité des appareils et fûts contenant des PCB, mais aucune communication ou formation spécifique ne semble avoir été faite.

La gestion de ce type de matériel se fait, du moins avant, comme pour les autres produits. On n'avait pas un traitement spécial. A partir de 1997 [sic], il y avait eu une sensibilisation qui a été faite au départ par le ministère de l'Environnement et le représentant du ministère. Et puis, on n'a pas eu de formation spéciale, on n'a pas eu même la mise à niveau du personnel qui fait ce travail n'était pas bien faite. Alors ce qui est très important c'est que le personnel d'une manière générale ne s'est pas habitué à communiquer ou à parler au sujet de ces produits. C'est ça le grand problème. Il est traité comme les autres produits.

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A l’interne des entreprises, les employés ont été informés que les produits PCB sont dangereux et qu’il faut prendre des précautions, mais cela fait bien longtemps. Là où les appareils en rebus et les fûts sont entreposés, une signalétique relative au danger est en générale apposée, mais nous n’avons pas vu, et nos interlocuteurs nous ont confirmé, qu’il n’y a pas de signalétique particulière relative aux appareils encore en activité contenant du PCB.

En général, très peu de gens à l’interne sont informés de la problématique des PCB, bien que la relance du projet FEM/Banque Mondial DAS/PCB ait été l’occasion pour les points focaux participant au groupe de travail PCB d’informer à nouveau leur hiérarchie et certains employés à l’interne au cours de réunions. Cependant, aussi bien au niveau des sociétés détentrices qu’au niveau des ministères et institutions concernés, les capacités en communication sont limitées. Au niveau des principaux Ministères, il n’y a pas de service de communication, juste un bureau de relations avec les citoyens ou des chargés de relations média. Les activités de communication et de sensibilisation sont faites par les services techniques et ce, de façon ad hoc. Grâce à des financements extérieurs ou des partenariats internationaux, certaines activités de sensibilisation peuvent être faites.

Jusqu’à maintenant on n’a pas de… on avait avant 2008, le programme PMI (projet de modélisation de l’industrie) financé par l’UE qui a financé des formations et des séminaires concernant la sécurité, les établissements classés. Mais c’est toujours le financement, pour un séminaire il faut trouver des sources de financement. Il n’y a pas d’effort au niveau du ministère et on n’a pas essayé.

Jusqu’à présent, pour la communication en tant que fonction, on n’a pas de budget, c’est au cas par cas.

La communication au sein de l'entreprise n'est faite d'une manière normalisée. Ce n'est pas généralisé.

Au niveau de la communication on n’a pas fait de corporate, on n’a pas eu les moyens déjà, on n’est pas outillé avec les ressources humaines ni… Il y a 2 ans deux personnes seulement qui font la communication interne la relation presse. Parce que la notion communication, on peut dire que c’est une nouvelle notion appliquée au niveau même de tout le pays

Parmi toutes les entreprises détentrices, seuls la SACEM et le Groupe Chimique Tunisien ont une approche de communication environnementale, à travers la norme ISO 14001 (pour la SACEM) et l’engagement environnemental de l’entreprise (GCT).38 Autrement, les entreprises n’ont pas la culture de communication sur l’entreprise avec leurs parties prenantes, ou avec le public. Une seule société a un département communication pour la communication interne, une division « relations presse » pour la communication externe, et la direction commerciale s’occupe de la promotion des services. Mais cette société ne fait pas de communication environnementale.

Il n'y a pas de processus de communication environnemental comme vous le savez. La [société] n'était pas listée parmi les entreprises qui ont une expérience environnementale.

A part les instances officielles, il n’y a pas de communication. A part les municipalités, les gouvernorats, c’est les instances officielles. Avec le grand public il n’y a pas communication.

Il y a la crainte par les détenteurs de communiquer sur cette thématique aussi bien à l’interne qu’à l’externe par peur de la réaction des employés et du grand public. En ce qui concerne les employés, la crainte est que si les employés sont au courant, ils risquent de refuser de s’approcher des appareils en question. Or, nous avons vu plus haut que ce risque est bien réel.

Pour ce qui est employés avertis, ils ne s’approchent déjà pas du matériel. Donc, je pense que du point de vue communication sur le PCB il n’y a pas grand-chose à faire pour la compagnie. Si on va vraiment se manifester avec des affiches on va peut-être se retrouver peut-être avec un risque de retour de manivelle c’est qu’ils vont nous obliger à enlever tout de suite le matériel du site.

Pour ce qui est matériel en service, réellement il y a des gens avertis qui prennent conscience que tant que le matériel est fermé et en bon fonctionnement, il n’y a pas de problème. Par contre, il y a beaucoup d’autres qui ne veulent même pas s’approcher du fait que pour eux c’est un matériel à risque.

38 La Société Tunisienne de Lubrifiants (SOTULUB) fait également de la communication environnementale, en particulier vis-à-vis des récupérateurs d’huiles usagées, pour augmenter la qualité de cette huile. Cette société fait également des contrôles à l’entrée de ces huiles pour vérifier leur teneur en PCB, et refuse les huiles qui ont plus que xx ppm.

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En ce qui concerne la communication grand public, aucun des interlocuteurs avec qui nous avons discuté n’a fait cette communication relative aux PCB au grand public. Pour ce qui est des détenteurs, la principale cause est plus structurelle que stratégique : ces entreprises ne disposent en général pas d’un service de communication ou d’une approche de communication environnementale d’entreprise, et elles sont donc d’une manière générale peu amenées à discuter d’elles-mêmes et de ce qu’elles font en matière d’environnement. Pour celles qui disposent d’un service de communication, cette communication est limitée aux relations presse et cette communication dépend en grande partie des orientations stratégiques de l’entreprise.

De plus, le grand public n’étant en général pas informé de la problématique des PCB, il n’y a pas une demande spécifique sur cette thématique vis-à-vis des entreprises. Elles sont déjà sous-pression à cause d’autres problèmes de pollution environnementale perçus par les populations environnantes, et elles n’ont aucune envie d’alimenter ces perceptions. Elles sont dans une posture défensive et réactive lors d’accusations dans les médias.

En tous les cas on doit être prêts pour les plaintes. La majorité des plaintes qui parviennent à […] sont erronées. A Tunis, la pollution est attribuée à […]. Mais en réalité, les bureaux d'études qui font les études d'impact prouvent que le degré d'impact de […] c'est 2-3% de toute la zone. […]Les résultats des analyses périodiques, c’est interne et ils ne sont pas communiqués au grand public.

6.1.2 Les changements préconisés par rapport aux PCB

Les changements préconisés à travers la communication PCB, à savoir l’objectif préconisé, sont essentiellement de deux ordres : principalement une meilleure gestion des PCB, pour à terme, et ceci est le deuxième changement préconisé, voir l’élimination complète des PCB.

Concernant la meilleure gestion des PCB, les interlocuteurs souhaitent principalement que le projet contribue à apporter une connaissance exacte sur le taux de contamination au PCB, à travers notamment l’analyse des huiles de tous les transformateurs.

Au niveau du processus d’élimination du PCB je ne sais pas comment ça va se passer mais selon le projet je pense qu’il y a un transport vers les Etats-Unis pour l’incinération, pour le traitement des transformateurs qui contiennent du PCB. Je n’ai pas d’idée exacte sur le processus. J’insiste personnellement sur l’obligation de faire des analyses.

La […] a 20 transformateurs et on ne connait pas le nombre exact des transformateurs qui contiennent du PCB. Ça c’est le plus important avant de commencer le travail, avoir l’information.

J’insiste encore, je parle avec Mme Hamrouni sur l’obligation de faire des analyses pour être sûre sur le nombre exact de transformateurs qui contiennent du PCB. Surtout avant de commencer de faire quoi que ce soit.

En effet, c’est cette connaissance exacte qui va déterminer, finalement, si l’appareil devra être remplacé ou s’il pourra quand même continuer d’être utilisé normalement ou moyennant un rétrofiling.39 Cela a un grand impact sur le plan financier pour les entreprises. En deuxième lieu, les interlocuteurs souhaitent un plus grand respect par le personnel des règles de sécurité.

La moindre des choses comme M. Yves l'a dit il faut se laver après avoir travaillé avec le savon. Il faut insister sur l'hygiène.

Parmi les objectifs à atteindre c'est de créer une conscience auprès des agents qui sont exposés à ce genre de produit dans le respect des règles de sécurité. Ils doivent porter des gants.

Cette thématique du respect des règles de sécurité, qui est récurrente dans tout le diagnostic, pose bien des problèmes et devra faire l’objet d’une attention particulière. Le terrain a montré en effet que par exemple le port des gants est très différent d’une personne à l’autre et d’une société à l’autre. En règle générale, le port des gants est obligatoire dans tous les sites que nous avons visités. Il serait éventuellement nécessaire de faire une étude plus approfondie sur les raisons du port et du non port des E.P.I. Les premières observations montrent des raisons de trois catégories : le non-suivi par

39 Le rétrofiling se fait si un appareil a un taux de contamination compris entre 500 et 2 000 ppm.

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l’encadrement du respect de cette règle par les employés, l’inconfort des gants en question ou la négligence de l’employé.

Concernant le non-suivi par l’encadrement du respect de cette règle, nous avons remarqué que certaines règles sont absolument strictes, et leur non-respect empêcherait l’employé de pénétrer sur le lieu de travail. Or, ces règles sont parfaitement respectées par les employés. Il s’agit par exemple du port des chaussures de sécurité ou de la blouse de travail. Par contre, concernant le port des gants, il y a certes des séances de sensibilisation, même dans certains lieux des affiches avec les pictogrammes explicatifs, de temps en temps des tournées sur le terrain pour vérifier et rectifier, mais le non-respect de cette règle n’entraîne pas vraiment de conséquences. Ainsi, il semblerait que certaines règles soient considérées par l’encadrement comme strictement obligatoires, et d’autres non. Lorsque les règles ne sont pas obligatoires, alors leur respect dépend de la bonne volonté de l’employé, et/ou de son degré de sensibilisation.

L’autre frein au suivi des règles de sécurité relatives aux E.P.I. est l’inconfort de ces équipements. Lors de nos visites sur terrain, nous avons essayé les gants mis à disposition des employés chez une société qui met matériel à disposition des employés dans son magasin. Différents types de gants sont disponibles selon les stations de travail. Mais effectivement, la plupart sont assez épais, et même les moins épais d’entre eux présentaient un certain inconfort en ce qu’ils tenaient chaud, et qu’ils étaient encore trop épais pour un travail de précision pour la maintenance des transformateurs. Or ces gants avaient déjà été choisis de manière participative avec l’équipe de qualité. Il conviendra donc d’approfondir la question au cas par cas avec les employés et les équipes de sécurité et de qualité.

Le dernier facteur, le degré de sensibilisation ou de conscience du danger sera l’objet de la stratégie de communication. Normalement, une haute conscience du danger relative à une manipulation dans le cadre du travail devrait entraîner un port systématique des E.P.I. Or, nos partenaires nous ont informés que la réaction suscitée par les appareils PCB est une réaction de rejet, donc les employés préfèrent ne pas s’approcher des appareils. Une autre réaction observée est une réaction d’indifférence et de fatalité. Cela fait des années que certains travaillent à main nue en contact direct avec les huiles, et ils ne sont pas malades pour autant.

Ainsi, pour opérer le changement de comportement vis-à-vis du port des E.P.I., il s’agira non seulement d’informer les personnes concernées sur les dangers mais également sur le fait que le danger est en fait inexistant si l’on respecte les règles. Cette information et sensibilisation devra également concerner les décideurs, pour leur montrer les conséquences possibles à long terme sur la santé et l’environnement, avec en toile de fonds des poursuites juridiques possibles, si le respect de ces règles ne devient pas obligatoire au même titre que les autres règles de sécurité. Ensuite ces règles et les modalités de leur application devront être discutées et mises en œuvre, avec un suivi constant sur le terrain de la part des cadre et en collaboration avec les employés. Pour ce faire, certains interlocuteurs ont proposé de prendre exemple sur les compagnies pétrolières internationales qui ont des programmes réguliers, voire journaliers de sensibilisation, avec la participation active des employés.

Enfin, comme autre changement préconisé en terme de meilleure gestion des appareils contenant des PCB, les interlocuteurs ont recommandé une meilleure prévention du risque industriel, avec, lié à cette thématique, de meilleures conditions de stockage. Nous sommes dans la thématique prévention des risques et des incendies.

Je recommande que la partie risque industriel fera partie de ce projet et ne doit pas être ignorée. Dans les étapes d’avenir pour la collecte et le stockage de ces équipements, ils auront besoin des autorisations et des informations concernant le risque industriel de ces produits.

Comme changement essentiel, il faut absolument désormais que les appareils PCB soient stockés dans des locaux fermés

Les autres changements dans la gestion des PCB ont trait à un meilleur suivi médical des travailleurs en contact avec les huiles contaminées, la mise en place d’une maintenance préventive pour les transformateurs contaminés et un meilleur contrôle par les instances nationales chargées du contrôle.

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Concernant la thématique de l’élimination ou du remplacement des transformateurs PCB, elle est également une thématique récurrente chez les détenteurs de ces appareils : ils les stockent depuis la fin des années 80 et se demandent quand enfin ils pourront se débarrasser de ces rebus et de ces huiles usagées, qui sont une nuisance et une grande responsabilité pour eux.

J’espère qu’on arrivera en fin de compte à éliminer ce produit dans les meilleurs délais. C’est ça la convention avec l’ANGED que mon prédécesseur a signé. Essentiellement je suis allé à la partie élimination du PCB, c’est ça la priorité et on est prêt à mettre le paquet pour y parvenir.

Au niveau de la direction générale on a des discussions sur ce sujet. Encore au mois de juin-juillet 2013 quand l’ANGed a élaboré un projet de loi, il m’a été soumis par la direction générale pour regarder le contenu de cette loi et les recommandations qu’on a faites parvenir à l'ANGed sur ce projet de loi. Pour éviter qu’ils continuent, il faut tout simplement les enlever. C’est le seul moyen.

Si on engage un programme actuellement pour… Ils le savent, je suis sûre qu’ils le savent. Il n’y a pas une seule personne qui ne connaît pas le danger du produit, au moins du point de vue odeur. Il faut plutôt engager un programme d’enlèvement qu’un programme de sensibilisation ou de communication.

Ainsi, les transformateurs PCB sont systématiquement déclassés, mais certains se posent la question, vu le coût de remplacement des transformateurs, si le projet ne pourrait pas contribuer à apporter la technologie permettant cette décontamination sur place, réglant ainsi deux problèmes d’un coup : se débarrasser des déchets PCB dans la durée et pouvoir continuer d’utiliser un transformateur, qui peut durer, s’il est bien maintenu, encore de nombreuses années.40

Pour moi, c’est illogique de transporter de la ferraille pour la décontaminer ailleurs. Je pense que ça c’est la méthode adaptée ou qui va être adaptée. Je pense que c’est absurde. Tant qu’il y a des installations de décontamination sur place il vaut mieux que ces équipements viennent ici pour la décontamination.

6.1.3 Le genre de communication PCB préconisé

Le terme communication a été interprété par les interlocuteurs au sens large, et inclut toute activité de communication directe et indirecte entre un émetteur et un groupe cible. Ainsi, les différents interlocuteurs ont en priorité préconisé des activités de sensibilisation à l’interne.

Concernant le genre de communication qui serait nécessaire, ça serait la sensibilisation, primo. Secundo, ça serait le port des équipements individuels, les signalétiques

Pour augmenter leur conscience, on peut faire des journées de formation ou de sensibilisation.

Il faut sensibiliser les sociétés industrielles, vérifier si les transformateurs qui sont hors service contiennent du PCB ou non. S’ils ont des équipements qui contiennent du PCB, ils doivent informer l’ANGed, le ministère de l’Environnement

La sensibilisation doit être concrète, s’appuyer sur des démonstrations, et elle doit être continue. Elle doit être complétée par de la communication interpersonnelle sur le terrain.

La sensibilisation doit être soit hebdomadaire soit journalière, c’est toujours. Mon expérience dans les établissements classés pour les pétroliers, la sensibilisation est journalière. Avant de commencer le travail, la première demi-heure est consacrée à la sensibilisation et d’affectation des travaux. Si, au niveau des ministères, on nous fournit les moyens on n’aura plus ce problème avec les sanctions.

Les sensibilisations ça peut être des démonstrations directement. J’imagine pour le cas du PCB, il faut faire une manipulation, il faut porter les articles de sécurité, avec un produit qui ressemble au PCB peut être de l’huile d’olive.

Le personnel est sensibilisé mais la sensibilisation seule est insuffisante il faut le suivi avec un chef qui oblige le personnel à porter les EPI. Ne pas restez longtemps dans ces locaux.

Egalement, parmi le genre de communication préconisée, il y a la formation. Cette thématique est traitée séparément dans le projet de gestion DAS/PCB, cependant, il s’agit d’un genre de communication qui a été très souvent cité, également en combinaison avec la sensibilisation.

40 Dans le cadre du projet, il est pour l’instant prévu que la décontamination se fasse par rétrofiling (remplacement des huiles contaminées par des huiles minérales) pour les transformateurs dont le taux de contamination aux PCB se situe entre 500 et 2000 ppm.

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Pour augmenter leur conscience, on peut faire des journées de formation ou de sensibilisation.

Les formations peuvent être faites aux directeurs et cadres, puis aux employés, mais certains ont souhaité que cette formation soit faite uniquement aux cadres, chargés ensuite de réaliser la formation vis-à-vis des employés.

Si la formation est faite par une personne de l’extérieur [de la société] ça ne peut pas donner le même résultat, j’imagine. Sur terrain, on fait une première sensibilisation dans une salle, dans un lieu agréable puis le suivi sur terrain.

Les thèmes de formation sont relativement clairs dans la tête des interlocuteurs et concerne les étapes de la gestion des PCB.

Pour ce projet on a besoin de savoir comment manipuler, le mode de stockage des PCB, les huiles qui contiennent des PCB. Les règles de sécurité qu’il faut fournir dans les locaux, les espaces qui contiennent des PCB. Les équipements et les moyens d’intervention en cas d’incendie ou de fuite. Il nous faut une formation dans ce cadre : manipulation, stockage, intervention

Cette formation est nécessaire pour mettre en place les mesures opérationnelles et procédurales d’une bonne gestion des déchets. Elle concerne également les mesures de protection collective. Une fois les formations réalisées, et une fois la sensibilisation des groupes cibles augmentées sur la nécessité de mettre en place ces mesures et de se protéger, il est nécessaire que le respect des mesures de protections individuelles soit suivi attentivement.

Certaines sociétés et institutions publiques ont des programmes annuels de formation, d’où la possibilité pour le projet PCB/DAS de pouvoir placer les thèmes de formation relatifs aux PCB dans ces programmes pour en garantir la pérennité. C’est au moins le cas de la STEG, avec un programme de formation interne centralisé par le département des ressources humaines et des formations réalisées par les différents départements, et de l’Inspection de Santé et de Sécurité au Travail (ISST).41 La SACEM est sur le point d’ouvrir un centre de formation sur la maintenance des transformateurs pour des formations au niveau national et international.

Le troisième genre de communication préconisé est la transmission d’informations, qu’elles soient sous forme de sessions d’information, des documents d’information et sous la forme de signalétique. Comme nous l’avons déjà identifié dans les problèmes, les interlocuteurs estiment que leur niveau de savoir et de connaissance sur les PCB n’est pas suffisant.

[on a besoin d’information sur] Où on le trouve et comment peut-on l’éliminer. Et s’ils existent, quels sont les impacts négatifs. Il faut expliquer aux gens de quoi il s’agit avant de les faire participer à des actions. Il faut qu’ils comprennent ce qu’est le PCB et ses conséquences, ses impacts.

Et au niveau de la sécurité, à chaque transformateur est signalé par un panneau de sécurité « attention, haute tension » pour tous les transformateurs.

La moindre des choses c'est d'avoir des affiches sur le site, si dans certains lieux il faut vraiment avoir un équipement particulier (port de gants). Sur le site on trouve des indications ; produits dangereux. Ce n'est pas intranet, sur tout le site il y a un affichage local et auprès des bâtiments aussi.

Ainsi, en résumé, les interlocuteurs préconisent des sessions d’informations et de formation sur le plan technique, couplées à des séances de sensibilisation. Ces sensibilisations peuvent être faites en salle, mais elles devraient être également faites sur site et faire l’objet d’un suivi par les cadres des sociétés détentrices. Le genre de communication souhaité vis-à-vis de la population en générale est d’ordre préventif et pour la protection des populations. Ce genre de communication est souhaité par les institutions nationales, mais pas par les sociétés détentrices de PCB.

6.1.4 Les groupes cibles de la communication PCB

Pour l’analyse des groupes cibles, tels que préconisés par les interlocuteurs, nous allons faire une distinction entre le niveau national, le niveau « alentours des sites » des sociétés détentrices des PCB et le niveau interne aux sociétés. C’est le niveau interne aux sociétés qui a été mentionné le plus de fois comme étant primordial dans la communication PCB.

41 Voir le programme de formation 2014 de l’ISST, www.isst.nat.tn.

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Au niveau national, les groupes cibles préconisés de la communication PCB sont les sociétés de manutention et de réparation de transformateurs, les récupérateurs de métal, les contrôleurs et les sociétés industrielles disposant de transformateurs non encore identifiées. Dans une moindre mesure, les groupes cibles douane et chambre professionnelle des importateurs ont été cités concernant les thématiques de l’import et l’export d’appareils pouvant contenir des PCB ou des déchets PCB.

En ce qui concerne les sociétés de manutention et de réparation des transformateurs, à part la SACEM, aucune n’a fait, à notre connaissance, l’objet de l’inventaire PCB de 2004/2007. Or les employés de ces sociétés et ces sociétés elles-mêmes sont particulièrement exposés aux dangers des PCB, vu qu’ils manipulent directement les huiles potentiellement contaminées, et qu’en cas de réception d’appareils contaminés, ils devront respecter la législation en la matière et le signaler aux autorités compétentes. De plus, pour constater qu’une huile est effectivement contaminée, ils devront faire un test systématique, vu, comme nous l’avons déjà constaté, que la simple signalétique de l’appareil ne suffit pas à dire si l’appareil est non contaminé. Il sera donc indispensable de les informer et de les sensibiliser sur la législation et leur responsabilité, notamment sur leur devoir d’informer les propriétaires sur leur devoir d’information vis-à-vis des autorités compétentes, ainsi que sur les dangers pour la santé et l’environnement. Il sera également nécessaire de les former entre autres sur la manière de faire les prélèvements pour les tests (et la nécessité de faire les tests) et sur les mesures de protection collectives et individuelles, ainsi que sur la manière de stocker les déchets PCB, s’ils en ont.

Concernant les récupérateurs, ils sont particulièrement ciblés pour deux aspects : d’une part pour ceux dont le métier est de recycler le métal et qui sont intéressés à récupérer les carcasses des appareils, d’autres part pour ceux dont le métier est la récupération du cuivre pour la vente. Souvent, un récupérateur de métal fait ces deux fonctions. Or, normalement, les appareils PCB ne sont pas proposés à la vente, puisque c’est contraire à la loi, vu que ce sont des déchets dangereux. Ainsi, plusieurs interlocuteurs ont mentionné des vols de transformateurs ou des bobines de cuivre. Le problème que cela pose, c’est que ces matériaux sont contaminés, et leur combustion est extrêmement nuisible pour la santé et l’environnement :

Oui, il y a des personnes qui peuvent récupérer le cuivre sur les bobines sur les transformateurs et les gardiens peuvent être de mèche avec ces personnes. Même s’ils savent que c’est un produit dangereux, tant qu’ils peuvent récupérer du cuivre, ils l’enlèvent. C’est arrivé à plusieurs reprises.

Pour éviter qu’ils continuent, il faut tout simplement les enlever. C’est le seul moyen. Tant qu’ils pourront gagner des sous, ils continueront de le faire. C’est le cas des gens qui voyagent clandestinement en Italie, c’est la même chose. Ils savent pertinemment qu’ils vont couler mais malgré tout ils y vont. A mon sens, tout transformateur déclassé doit être enlevé immédiatement. Même sous clefs, pas mal de portes ont été enfoncées, même pour le matériel neuf.

La difficulté, c’est de réussir à atteindre ces groupes cibles, car beaucoup travaillent dans l’illégalité. Pour les ferrailleurs c’est difficile, ils ne sont pas autorisés.

Ainsi, il est impératif de bien informer et sensibiliser un autre groupe cible préconisé au niveau national, à savoir les sociétés détentrices de PCB qui n’ont pas été identifiées. En effet, ces sociétés doivent informer, selon le nouveau décret PCB qui va bientôt sortir, les autorités compétentes si elles sont détentrices de transformateurs. Elles devront ensuite s’en tenir à la loi sur les déchets dangereux, notamment l’interdiction de la vente des transformateurs en rebus et des huiles PCB à des acheteurs autres que des sociétés autorisées, et en attendant, elles devront veiller à ce que ces déchets soient stockés selon les normes.

Il faut sensibiliser les sociétés industrielles, de vérifier si les transformateurs qui sont hors service contiennent du PCB ou non.

Enfin, les contrôleurs sont un groupe cible bien spécifique, car ils sont chargés de contrôler l’application la loi. La difficulté est que la réglementation PCB qui sortira fait intervenir des contrôleurs de plusieurs institutions sur une thématique somme toute limitée et spécifique.

Tous les organismes de contrôle : industriel, santé, la protection civile, le ministère des Affaires sociales, la direction de la sécurité.

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Dans cette liste manque le contrôle qui doit s’effectuer au niveau des importations et exportations, donc la douane (Ministère des Finances) et le Ministère du Transport pour le contrôle lors du transport des déchets PCB. Pour ces groupes cibles, des séances de formation couplées avec de la sensibilisation pour souligner l’importance du sujet sont de mise.

Le groupe cible grand public est cité au niveau national, mais il vient loin derrière les groupes-cibles précédents. Cela tient au fait que les sociétés détentrices sont réticentes à communiquer sur ce sujet avec les grand public et qu’elles n’ont de toute façon pas cette culture de communication grand public. Ceux qui ont mentionné le grand public sont ceux venant des institutions environnementales, mais là aussi, le grand public a été mentionné rarement, et l’injonction de communiquer au grand public reste vague et générale.

Aux alentours des sites des détenteurs de PCV, les groupes cibles identifiés sont les récupérateurs de métal, les populations aux alentours et la protection civile. Pour les récupérateurs de métal, il s’agit des récupérateurs qui viennent s’approvisionner sur les sites de stockage des transformateurs au rebus.

Oui, il y a des personnes qui peuvent récupérer le cuivre sur les bobines sur les transformateurs et les gardiens peuvent être de mèche avec ces personnes

Concernant la protection civile, il s’agit surtout de la crainte qu’ont les détenteurs des conditions de stockage et du potentiel d’accident que constituent ces sites.

Les informations que nous voulons concernent le mode de stockage, la manipulation, les risques du PCB, et s’il est possible de programmer un thème sur ce sujet « le risque accidentel du PCB », pour nous et pour la protection civile. Ils sont également concernés par ce sujet. Ils sont les plus concernés.

Pour les populations aux alentours, la communication sera nécessaire pour éviter le principe du NIMBY, « not in my backyard ». Pour cela, il sera cependant nécessaire pour l’entreprise d’avoir toutes les informations à sa disposition pour pouvoir des données précises et justes.

Où les gens peuvent remettre en cause une activité en disant c'est dangereux, on habite autour de cette usine, de cet établissement. Ils peuvent se constituer en association et porter plainte et là on rentre dans un cycle conflictuel et il est préférable, le NIMBY de le gérer au départ toujours avec des principes de traçabilité.

Enfin, à l’interne des entreprises, les groupes cibles préconisés sont certes nombreux, couvrant pratiquement tout le spectre des corps de métier dans l’entreprise. Par contre, les groupes cibles qui sont cités les plus souvent sont l’équipe de manutention / d’intervention sur les transformateurs ou les électriciens, le personnel et les ouvriers en contact avec les transformateurs et les directeurs techniques et de sécurité. Cet ordre est logique et correspond au degré d’exposition des personnes au produit PCB ou en cas de danger.

L’essentiel des transformateurs sont au département utilité, le département qui distribue l’électricité et les fluides dans toute… Et, dans ce département, à l’heure actuelle, j’imagine qu’il y a environ 6 électriciens, une petite équipe. C’est une équipe d’intervention.

Il s’agit de 5 personnes qui travaillent dans le service électrique qui est relié à la « direction matériel ».

L’information, la formation et la sensibilisation des directeurs techniques et de sécurité leur servira à accomplir leur tâche en connaissance de cause, à réaliser les aménagements nécessaires, à établir des procédures et à sensibiliser et à suivre les électriciens sur le terrain.

Concernant la communication PCB, je pense qu’il faut former et sensibiliser les directeurs ou les directions concernées et, dans un deuxième, on passe à la sensibilisation sur le terrain

Enfin, les ouvriers sont amenés également à être sensibilisés pour qu’ils soient conscients de la nécessité du port des protections individuelles.

Mais pour le stockage, par exemple pour la […], ils sont déjà connus et identifiés. On n’a pas de problème d’impact sur la population mais ils peuvent avoir un impact sur les employés qui doivent avoir les moyens nécessaires pour la protection.

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6.1.5 Les messages PCB préconisés

Les messages préconisés sont essentiellement liés à un changement de comportement de certains groupes cibles, et à la notion de danger pour la santé. Ils doivent toucher les émotions, sans pour autant affoler. Mais pour certains interlocuteurs, au contraire, il faut éviter de parler de danger. Cette contradiction dans les messages est quelque chose dont il faudra tenir compte dans la communication en mettant en avant que les PCB ne posent pas de danger si les règles de prévention et de sécurité sont mises en œuvre.

Le principal changement de comportement préconisé, c’est le port des équipements de protection individuelle (E.P.I.) par les personnels en contact direct avec les appareils PCB.

Quand ils ont posé des questions par rapport au danger du PCB, j’ai dit aux équipes de l’électricité : faites attention, les huiles contenant du PCB au niveau des transformateurs, il faut porter les équipements individuels, le produit est cancérigène.

Il faut sensibiliser l’ensemble du personnel pour qu’il manipule l’ensemble des produits avec la même démarche. Parce que si on va dire que le PCB…on va tous être méfiants. Il faut être méfiants mais méfiants d’une façon homogène pour l’ensemble des équipements.

A part ce message positif du port des E.P.I., les autres messages préconisés en matière de changement de comportement sont essentiellement des conseils d’évitement : ne pas récupérer la ferraille contaminée, ne pas faire de brûlage pour récupérer le cuivre.

C’est au moins insister sur le fait de ne pas récupérer de la ferraille contaminée. C’est surtout sur cet aspect-là. Ils ont déjà enlevé le cuivre mais qu’au moins les carcasses ne soient pas récupérées

Ces gens-là [les récupérateurs de cuivre, ndlr], lorsqu’ils font du brûlage à l’air libre de ces matériaux, il faut les informer des dangers qu’ils courent. Non seulement ce n’est pas autorisé, mais en plus ils mettent en péril leur propre vie. Là, il y a une probabilité de cancer qui est très élevée dans ces cas-là et en particulier les cancers de la gorge, des poumons.

Il faut faire des recommandations pour ne pas polluer, pour ne pas faire des anomalies.

Selon les interlocuteurs, l’aspect danger qui doit être souligné pour la sensibilisation doit relever plutôt du danger pour la santé que du danger pour l’environnement, pour mieux toucher les personnes et atteindre le changement de comportement préconisé.

Ce qui touche le plus, c’est surtout les messages liés à la santé. On parle d’environnement quand il y a une grande fuite ou des infiltrations ou qu’il y a une contamination du site avec contamination au niveau des plantes. Pour les employés, le problème c’est la santé, ce n’est pas l’environnement. Moi j’étais consciente par l’environnement mais eux non. Les messages doivent être d’ordre général, ce n’est pas une explication scientifique avec quel type de cancer. Du type « faites attention », « danger », « ce polluant est cancérigène ».

La santé avant tout. Il n'y a pas une grande conscience environnementale. Si on lui parle de pollution de la nappe pour lui c'est quelque chose de loin. On avait des arbres aux alentours du site de stockage, des arbres fruitiers et tout le monde en mangeait. Même avec la sensibilisation ils vont toujours manger les fruits. Alors on a fait l'élagage des arbres pour éviter que le personnel continue de manger ces fruits. Donc la santé est avec la communication directe.

Le danger doit globalement être évoqué, ne serait-ce que pour dégager l’entreprise de sa responsabilité, en disant que l’on mentionné cette caractéristique.

On met par exemple « danger » « faites attention ici il y a un bassin de produits chimiques. »

Si on veut se dégager de la responsabilité en affichant que c’est un produit dangereux, qu’il ne faut approcher et qu’il ne faut rien enlever car c’est un produit dangereux, là c’est juste pour se dégager de la responsabilité, alors on le fait.

Mais il faut essayer de toucher le cœur des gens, à travers des messages peut-être moins didactiques, moins directifs, et sur des supports propices à mettre en scène cette émotion.

Il faut des vidéos avec plus d’émotions. Des émotions surtout car le message didactique on le fait toujours. Les émotions ça marche bien.

Dans tous les cas, il faut éviter d’affoler les groupes cible et bien les rassurer en leur communiquant que ces déchets seront bientôt éliminer.

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Peut-être les ouvriers vont arrêter ou ne vont plus intervenir sur ce produit. Il faut les sensibiliser qu’on est en train de faire une action pour éliminer ça définitivement. Ça c’est très important. Dire qu’on est conscient de ça et qu’on a fait les démarches appropriées. Il faut informer le personnel des actions qu’on est en train de faire pour les rassurer, que c’est une étape transitoire mais normalement on va totalement éliminer ce produit de notre usine.

6.1.6 Les canaux et les supports de communication PCB

Concernant les canaux et les supports, nous nous sommes attachés à comprendre quels sont les canaux et supports habituellement utilisés dans la communication de l’entreprise, puis à demander aux interlocuteurs quels canaux et supports ils préconiseraient. Comme nous l’avons vu dans les problèmes relatifs à la communication PCB, la plupart des interlocuteurs n’ont pas une approche systématique de la communication. Ainsi, parmi les canaux et les supports les plus souvent cités comme étant communément utilisés se retrouvent des éléments de communication interne relatifs au déroulement normal du travail, à savoir les supports et canaux de communication écrits comme les courriers, les notes de service ou les notes règlementaires, les rapports, les dépliants, les procédures et les plans d’opération internes. Concernant l’information et la sensibilisation, il y a des affiches et panneaux signalétiques, des dépliants et des brochures. Nous avons pu voir sur sites des affiches de sécurité avec des pictogrammes explicatifs pour le port des E.P.I. Deux sociétés (la STEG et la CPG) ont un journal interne.

On utilise les panneaux de signalisation comme moyen de communication entre les agents […] surtout sur terrain.

Chaque événement concernant la sécurité, chaque nouveauté, les nouvelles pratiques. Ils sont informés par intranet ou affichage sur un tableau.

Tous ces scénarios existent et l’application en cas d’accident pour l’établissement, c’est réglementé en Tunisie. On a le plan d’opération interne. C’est le même que celui de la France. La communication fait partie du plan d’opération interne.

De préférence il faut mettre à côté de chaque transformateur les notices, il faut les écrire.

Lorsqu’une effraction est constatée, la procédure normale est de faire une note interne qui est transmise à la direction concernée qui doit prendre ensuite les mesures correctives. Le département qualité/sécurité fait ensuite le suivi sur le terrain.

Par exemple, lorsque je fais un contrôle sur terrain et que je détecte une anomalie, je fais un rapport au responsable concerné et par la suite il y a une communication avec la personne qui fait l’anomalie ou qui a commis la faute.

Elle fait des contrôles presque systématiques et journaliers essentiellement sur les points les plus polluants, par exemple les zones de rejet. On fait un contrôle sur terrain. Si je remarque des pollutions au niveau de tel département, j’écris un rapport. La sensibilisation se fait sous forme de note. Le service environnement envoie une note au département pollueur pour prendre des actions pour éliminer cette pollution.

Les supports électroniques sont également cités comme moyen de communication à l’interne, notamment intranet, les courriers électroniques et les vidéos ou films.

A l’interne nous avons l’intranet où il y a tous les supports relatifs au personnel, à l’activité technique, industrielle et de loisirs également.

Ils montrent des films, font des conférences, de l’amphi avec un dialogue, un débat.

Il faut des vidéos avec plus d’émotions. Des émotions surtout car le message didactique on le fait toujours. Les émotions ça marche bien.

Les films sont un moyen particulièrement apprécié pour la sensibilisation. Ils ont déjà été utilisés par exemple pour la sensibilisation pour le port des E.P.I. avec une diffusion à la télévision nationale par l’Institut de Santé et de Sécurité au Travail (ISST), mais cela fait déjà quelque temps.

D’une manière général, ce qui est particulièrement favorisé, c’est la communication interpersonnelle sous forme de séminaires, séances de sensibilisation et de réunions. A l’occasion de cette communication interpersonnelle des supports comme les films et les power-point sont utilisés.

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Egalement, sur terrain, lors des tournées de suivi ou d’inspection, c’est l’occasion de discuter en face à face avec les personnels pour faire passer des messages.

Le facteur de succès c’est la sensibilisation en interpersonnel.

Les ingénieurs font des tournées, ils vont sur les sites pour faire la sensibilisation des employés, il s'agit d'un contact direct uniquement.

La presse écrite est citée en dernier lieu, avec comme spécificité très peu de magazines spécialisés en Tunisie, et une propension, si l’on veut atteindre non seulement le public en général mais aussi le public spécialisé, à utiliser la presse généraliste. Nous avons pu identifier quatre magazines spécialisés : le magasine L’Energie, un mensuel franco-arabe édité par le Ministère de l’Industrie téléchargeable sur Internet,42 la Revue d’ Electricité et de Gaz (REG) également éditée par le Ministère de l’Industrie et le magasine de l’API, l’agence de promotion de l’Industrie, agence également sous-tutelle du Ministère de l’Industrie. Ces revues sont distribuées à titre gratuit au niveau des Ministères concernés et des sociétés industrielles. Enfin, le quatrième magazine est la revue trimestrielle scientifique et d’informations générales de l’Institut de Santé et de Sécurité au Travail, qui elle est payante. L’Agence Nationale de Contrôle sanitaire et environnemental des Produits (ANCSEP) fait également des publications pour la documentation de colloques scientifiques destinées à un publique averti.43

C’est pour cette raison qu’on vise surtout la presse populaire et comme ça on a la conviction que tout le monde ou presque sera informé de l’affaire en question.

6.1.7 Les motivations et les freins pour une communication PCB

Les interlocuteurs se sont montrés d’une manière générale assez pessimistes quant à la possibilité d’obtenir le changement préconisé, surtout en matière de changement de comportement dans le contexte sociétal actuel. Pour beaucoup, la meilleure motivation au changement serait d’accorder une incitation financière, par exemple sous forme de prime de risque. Dans le secteur public, il semblerait qu’il soit actuellement difficile de mettre en œuvre des sanctions, sans rencontrer la résistance des syndicats, même lorsque l’employé est en tort.

C'est toujours l'argent, les primes. Ils vont certainement demander une prime de risque.

Si on applique le système, le système privé, la sanction et la promotion. Pour l’étatique, il vaut mieux promouvoir que sanctionner.

Une autre manière d’encourager le changement est de faire un suivi systématique et permanent de la mise en œuvre des règles après les formations.

C’est pour cela que je dis que le formateur doit être de [notre société] parce que l’ouvrier lorsqu’il respecte les procédures exigées par son chef hiérarchique qui lorsqu’il porte les articles de sécurité, quand il fait une tournée sur le chantier, il met en évidence ça et ça peut motiver le personnel.

Enfin, la sanction, qui est le moyen traditionnel pour le non-respect des règles, est également citée comme une manière de provoquer le changement, même si beaucoup constatent le peu d’impact de ces mesures dans la conjoncture actuelle.

Surtout les sanctions car on fait toujours des contrôles mais le problème vient après le contrôle. Chez nous, il y a des sanctions si on ne respecte pas la procédure. Comme sanction il y a l’arrêt de travail, rémunéré ou non, tout dépend de l’anomalie. Ça peut-être 1 mois, 2 mois, 3 mois, c’est un avertissement. Il y a aussi la notation pour la prime annuelle qui aura un impact sur le salaire.

Concernant les freins au changement identifiés par les interlocuteurs, ils concernent aussi bien les acteurs à l’interne des sociétés qu’à l’externe des sociétés. A l’interne des sociétés, nous l’avons déjà évoqué, il y a, surtout dans les sociétés publiques, une certaine indiscipline du personnel, qui empêche la mise en œuvre de nouvelles mesures.

42 Voir http://www.tunisieindustrie.gov.tn/template.php?code=172. 43 Voir par exemple ANCSEP (2012), Contaminants, environnement et santé. Le premier colloque national « CES.1 », Rapport du colloque, Hammamet 20-21 décembre 2011.

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Les ouvriers acceptent mais malheureusement, d’une façon générale, les employés ne sont pas disciplinés. S’il y a un danger et si on insiste mais lorsque je vois que pour le port d’articles de sécurité d’une façon général, ils ne sont pas disciplinés, si on regarde ce qui se fait en Europe.

Mais d’une façon générale, l’ouvrier tunisien ne lit pas parce que théoriquement pour chaque interface il y a des interventions d’entretien, pour visiter un équipement mécanique. Théoriquement, la veille avant de faire cette intervention on a les notices : comment ouvrir cet équipement. Nos électriciens et mécaniciens ne lisent pas ces notices. Et même si vous lui demandez ça pour lui c’est comme s’il ne connait pas son métier et par rapport à ses collègues il va se sentir incompétent. Malheureusement, c’est une mentalité générale.

L’autre frein, c’est que le danger PCB est finalement perçu comme étant relativement faible par rapport aux autres dangers auxquels sont généralement confrontées les sociétés qui possèdent des transformateurs.

Mais pour sanctionner c’est un peu difficile, il faut des grandes sociétés comme la CPG, le Groupe Chimique etc. Pour le groupe chimique et la CPG, et c’est notre sujet, ils sont exposés à d’autres substances dangereuses ; gaz ou liquide, les acides, les gaz émis par les usines. Ce n’est pas seulement le PCB. Leur soucis c’est les autres polluants car ils sont très apparents, on peut les sentir, ils ont un impact immédiat soit sur la santé avec des brûlures, des irritations ou autres.

D’une manière générale, il y a un souci pour que les aspects structurels du projet, comme la mise en place d’un plan d’enlèvement des déchets PCB rapide et clair, la réalisation des tests, la publication du décret, soient mis en place pour enlever ces freins au changement. Car une communication qui mettrait seulement l’accent sur le danger, sans mettre en valeur les activités que les sociétés ont l’intention de mettre en œuvre pour pallier à ce danger, pourrait alarmer et provoquer des comportements nuisibles à la bonne gestion des déchets PCB et des appareils PCB encore en service.

Si on fait des affiches pour qu’ils ne s’approchent pas, directement les ouvriers vont protester pour enlever le matériel tout de suite.

Pour ce qui est de la communication externe, les freins exprimés sont relatifs à la possibilité d’atteindre les ferrailleurs et les récupérateurs de cuivre pour les sensibiliser : ces personnes intervenant dans le domaine informel, il n’y a pas vraiment de canal officiel pour dialoguer avec eux. De plus, la crainte est que le gain financier immédiat dépasse de loin un impact sur la santé qui se montrera au mieux plusieurs années après l’exposition du ferrailleur au PCB. Il en va de même pour les gardiens de sites de transformateurs au rebus qui peuvent être de mèche avec des ferrailleurs pour récupérer le cuivre et la carcasse.

Le maillon des ferrailleurs c’est difficile d’aborder et de maîtriser.

Sincèrement, si vous mettez encore des pancartes ou des affiches pour attirer l’attention et leur dire que c’est un produit dangereux, ils continueront de s’aventurer pour le faire

Même s’ils savent que c’est un produit dangereux, tant qu’ils peuvent récupérer du cuivre, ils l’enlèvent. C’est arrivé à plusieurs reprises.

6.2 Les résultats du diagnostic communication relatif aux DAS

6.2.1 La perception des problèmes DAS et des problèmes de communication DAS

Concernant la perception problèmes, pour simplifier l’analyse, nous avons identifié trois niveaux d’analyse :

- Le niveau macro, qui concerne la perception des problèmes liés aux politiques nationales et internationales, et à leur mise en œuvre dans le cadre de programmes nationaux de gestion des DAS, y compris la législation et la réglementation nationale et internationale.

- Le niveau méso, qui concerne la mise en œuvre de programme de gestion des DAS au niveau local avec l’interaction des différents acteurs autour des entités de soin, y compris le niveau régional. Il est qualifié également en général de niveau extra-muros.

- Le niveau micro, qui concerne la gestion des DAS à l’intérieur des structures de soin, en intra-muros.

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De plus, nous avons fait une distinction entre la perception des problèmes relatifs aux déchets d’activité de soin d’une manière générale et les problèmes relatifs à la communication sur les DAS en particulier.

D’une manière générale, la complexité de la perception des problèmes s’accroît au fur et à mesure que l’on va du niveau national (niveau macro) vers le niveau des entités de soin (niveau micro) en passant par l’organisation de la gestion des déchets entre les différents acteurs en dehors des entités de soin (niveau méso). Par exemple, alors que les problèmes perçus au niveau macro peuvent être classés en sept catégories, les problèmes perçus au niveau micro – au sein des entités de soin – se retrouvent classés en treize catégories. Le niveau où ont été perçus le maximum de problèmes est le niveau micro – à l’intérieur des structures sanitaires, avec 135 éléments de réponse se rapportant à la gestion des déchets au sein des hôpitaux.

Les plus grands problèmes perçus à chaque niveaux sont, au niveau des structures sanitaires, le non-respect des règles de gestion des déchets, que ce soit le tri ou le port des équipements de protection individuels. Au niveau méso, les plus grands problèmes perçus sont la collecte par la municipalité des DASRI et les sociétés de collecte autorisées. Concernant ces dernières, les problèmes perçus sont relatifs à leur non existence dans certaines régions, obligeant les structures sanitaires à remettre leurs déchets aux municipalités, ou la crainte qu’elles ne respectent pas leur cahier des charges. Au niveau macro, la problématique est plutôt perçue sous l’angle législatif et réglementaire. Alors que l’on se félicite de l’arsenal réglementaire en place pour la gestion des déchets, certains éléments mis dernièrement en place, comme le groupe de travail DAS dans les établissements de soin et au niveau régional ou la ligne budgétaire DAS ont créé des incertitudes au niveau des interlocuteurs. Au niveau micro, un projet d’arrêté conjoint entre le Ministre chargé de l’Environnement et le Ministre de la santé fixant les prescriptions obligatoires contenues dans la convention conclue entre l’établissement sanitaire et l’entreprise de gestion des déchets d’activités sanitaires, obligera les structures et établissements de soins à l’échelle locale à livrer leurs déchets à ces sociétés autorisées en vue de leur traitement.

6.2.1.1 Problémes communs perçus à tous les niveaux

Comme fil rouge, la problématique de gestion des DAS est appréhendée à tous les niveaux sous l’aspect de risque principalement sanitaire ou environnemental. L’inquiétude est particulièrement grande au niveau national quant à la disponibilité des chiffres relatifs à l’impact sanitaire d’une mauvaise gestion des DAS. Tous s’accordent à dire que l’impact négatif principal de cette mauvaise gestion est d’ordre sanitaire, mais ils déplorent l’absence (ou la non publication) de données concrètes pour la Tunisie, données qui pourraient aider les gestionnaires à tous les niveaux, notamment au niveau national et au sein des hôpitaux, à accorder une plus grande attention aux DAS.

Les données que nous avons, qui ne sont pas très élaborées et n’ont pas été publiées, concernent les accidents d’exposition au sang. Il faudrait connaître la part d’accidents d’exposition au sang au moment de la manipulation de déchets et, à partir de là, estimer la charge de mobilité liée à ces déchets.

Au niveau micro, au sein des entités de soin, la conscience est là, et les accidents d’exposition au sang (AES) sont nombreux. Toutes les ouvrières avec qui nous avons parlé lors des immersions nous ont confirmé avoir été exposées au moins une fois (et plusieurs ont été exposées plusieurs fois) à ces AES, principalement par piqûre lors de la manipulation des sacs poubelles. Le personnel soignant, également, mentionne ces accidents par piqûre, à travers le recapuchonnage des aiguilles. Nous reviendrons sur cette thématique lors de la présentation des problèmes au niveau micro. Mais là aussi, les interlocuteurs déplorent un manque de documentation.

Nous en sommes tous convaincus. Et c’est peut-être parce qu’il est suffisamment documenté. Le risque infectieux on l’a toujours perçu comme un risque et donc on essaye de le documenter.

Pour les ouvriers municipaux (niveau méso), également, le risque sanitaire est bien présent. A ce niveau, l’inquiétude va vers le fait que ceux-ci ne sont peut-être pas protégés et peu informés des risques encourus. Nous avons pu également, lors d’une visite d’un centre de transfert, constater que

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l’ouvrier présent à ce moment-là est bien conscient de ce problème : chargé d’aplanir les déchets dans le conteneur qui doit être acheminé vers la décharge contrôlée, il nous a relatés qu’il stresse lorsqu’il voit que les sacs au-dessus du tas sont des sacs rouges, car il lui est arrivé à plusieurs reprises d’être piqué par des aiguilles. Il s’agit des cas où les déchets d’activités sanitaires sont collectés par la municipalité.

La particularité de ces déchets c’est que ça pose aussi un problème pour les manipulateurs car il s’agit de déchets dangereux ; des dangers biologiques, physiques et chimiques. Les manipulateurs et en l’occurrence les ouvriers des communes ne sont pas protégés contre ce type de danger et aussi au niveau des décharges.

Concernant les centres de santé de base (décrits par les professionnels comme les soins de première ligne), qui étaient au nombre de plus de 2 000 en 2008, tout comme pour les pharmacies, les infirmiers indépendants, les cabinets de libre pratique, les centres de dialyse et les laboratoires d’analyse, se pose le problème de la collecte et du transport des déchets, car vues les petites quantités, il n’est pas intéressant pour les sociétés de collecte de faire des contrats individuels avec chacune de ces entités. Or, selon certains acteurs, ce sont justement ces petites entités productrices qui constituent un risque particulièrement élevé pour les populations, car ces entités éliminent leurs DAS dangereux selon les mêmes modalités que les résidents aux alentours, donc dans les conteneurs collectifs au bord des routes, ou dans des sacs poubelles posés à même le trottoir ou dans des points noirs. Ainsi, n’importe qui, y compris des enfants et les chiffonniers, peuvent accéder à ces déchets.

Le risque à prendre en considération, à mon avis, si on raisonne en termes de quantité, on a raté le coche parce que le problème de gestion des déchets, il n’y a pas seulement la quantité mise mais l’impact, le risque par rapport aux citoyens. Le risque de rejet d’un CSB [centre de santé de base, ndlr] par rapport aux citoyens est plus dangereux et plus direct que le risque lorsque la gestion des déchets se fait dans un hôpital régional ou un EPS [établissement public de santé, ndlr]. Parce que si la démarche de gestion des déchets n’existe pas, le camion de la municipalité accède directement au niveau des décharges de l’hôpital et l’enlève directement. Il y a peu d’exposition pour les malades, les barbéchas etc. Par contre, si en l’absence de démarche, si c’est au niveau de la poubelle du quartier qu’on est en train de les jeter et là, les barbéchas ont un accès direct et le risque est plus important.

L’autre population particulièrement exposée concerne les chiffonniers, récupérateurs ou barbéchas, qui fouillent soit dans les décharges, soit au niveau des conteneurs poubelles dans les rues à la recherche de matériels recyclables, principalement les plastiques et les canettes. Depuis 2011, leur nombre semble avoir explosé. Nous avons personnellement parlé avec des barbéchas qui témoignent être confrontés tous les jours à ce genre de déchets, en particulier aux abords des cliniques et des hôpitaux.

Pour ce qui est de l’impact environnemental, il est principalement perçu aux niveaux méso et micro,44 à travers des craintes quant à la possible pollution de la nappe phréatique, la pollution engendrée par le mauvais traitement des DAS et les craintes relatives au rejet anarchique de certains produits tels les rejets des laboratoires et les déchets chimiques. La crainte de l’impact de ces rejets est d’autant plus grande, que des doutes sont exprimés quant à l’existence et l’efficacité des contrôles par les autorités compétentes.

Actuellement à Sousse il y a énormément de laboratoires privés. Comment ils sont surveillés, je ne sais pas. La législation exige que ça soit mis dans un conteneur particulier. La loi de 1996, qui exige pollueur/payeur, producteur/récupérateur, malheureusement sur le plan application il n’y a rien.

Un autre problème perçu revient à tous les niveaux, mais dans une moindre mesure, il s’agit de l’adéquation des solutions préconisées avec les problèmes rencontrés, tant au niveau des solutions techniques que des solutions financières. En effet, certains interlocuteurs ont exprimé des doutes quant à la faisabilité et l’opportunité d’acquérir du matériel « lourd » de locaux de stockage intermédiaires et centralisés, d’équipements de collecte et de transport intramuros et de congélateurs

44 La thématique risque environnementale a principalement été évoquée en terme de rejets des DAS dans l’environnement immédiat ou dans les décharges à proximités des entités de soin, c’est pour cela que les propos sur cette thématique apparaissent principalement aux niveaux micro et méso, ce qui ne veut pas dire que cette problématique n’a pas été évoquée par des acteurs au niveau national.

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pour le stockage des placentas, alors que les simples consommables manquent et que se pose la question de l’entretien et du remplacement de ces équipements une fois cassés. De plus, il existe également des catégories de déchets pour lesquels les solutions se font encore attendre.

C’est bien d’acheter des équipements mais il faut penser à l’avenir : le service après-vente et au renouvellement de ces appareils. Par exemple, pour les chambres de stockage intermédiaires ou terminaux, est-ce qu’il y a un service après-vente, ce sont des marchés quand même, ils peuvent tomber en panne, qui peuvent avoir besoin de pièces de rechanges, est-ce qu’elles existent

Si vous avez un container, que vous avez pris des chambres froides pour la collecte des déchets, est-ce que ces chambres froides vont être nettoyées ou bien elles vont être négligées. Est-ce que c’est un nettoyage quotidien ? Donc, le mode d’exploitation de ce genre de matériel ou d’équipement il va conditionner le résultat attendu de ce programme national de gestion des déchets. Ce n’est pas la fourniture d’un container. Je l’ai remarqué surtout dans les facultés où il y a des laboratoires de recherche, on utilise beaucoup de produits nocifs comme (méthanol, mercure…). Le tout atterri dans la nature et c’est très grave. On m’a conseillé de conserver ces déchets jusqu’au jour « J » peut-être dans un an ou dans deux ans ou dans un mois on ne sait pas.

Les déchets chimiques, ça c’est un autre problème. Jusqu’à maintenant il n’y a pas de solution. Jusqu’à présent c’est stocker dans les laboratoires. […]. J’ai demandé à l’ANGED et on attend Jradou. Pour le moment on les stocke et parfois il y a des fuites, il y a des gens qui les jettent dans les lavabos dilué avec de l’eau.

Il semblerait que la Pharmacie Centrale décide pour quels hôpitaux elle accepte ou pas ces déchets. Parce qu’il y a des hôpitaux qui nous disent que la Pharmacie Centrale refuse de prendre ces déchets et d’autres qui nous disent ça va, on n’a pas de problème avec la Pharmacie Centrale qui les accepte. Donc, il y a un problème pour ces déchets.

En termes de communication, c’est la Direction de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement (DHMPE) qui est chargée de faire l’éducation sanitaire et la sensibilisation dans ses domaines d’attribution, donc également en ce qui concerne l’hygiène hospitalière.

L’affaire de la gestion de la gestion des DAS est l’affaire de toute l’équipe soignante. On a commencé l’éducation du personnel, surtout l’étape délicate qui consistait en l’étape de tri à la source. Séance d’éducation, on avait instauré un système au niveau des différentes catégories, on avait les régibox, comment conserver les déchets pharmaceutique.

Mais par contre, et cela est déploré à tous les niveaux, ces activités se sont faites sans véritable stratégie, et sans professionnels de la communication. Il n’existe au niveau du Ministère de la Santé ou à la DHMPE, aucune direction dédiée à la communication, et celle-ci est faite directement par les directions et départements techniques, sans qu’il y ait de professionnels de la communication dédiés à cette tâche.

Dans le temps on avait une direction qui s’appelait « direction de l’éducation pour la santé » qui formait des éducateurs pour la santé.

On a éradiqué ces éducateurs régionaux et on est même passé par une période intermédiaire, on a créé ce qu’on a appelé des « relais de la communication » à l’échelle des sous régions. Là, on a tout abandonné et on s’est dit que cela doit être intégré et chacun de nous doit être éducateur.

Ce qui fait que lors de l’introduction de la gestion des déchets à travers la circulaire de 1992 (aujourd’hui abrogée), des formations ont certes été faites, mais en nombre insuffisant et pas dans le cadre d’une approche stratégique. Finalement, à part les formations, il semblerait que peu d’actions de sensibilisation aient été faites.

C’est vrai qu’on a fait beaucoup de d’efforts en termes de formation mais cela reste insuffisant.

Nous, en tant qu’hygiénistes, nous avons cette approche classique de venir du côté de la réglementation, du côté de la procédure, ce que dit la procédure, ce que disent les textes. On ne fait pas beaucoup de communication. Au départ, on était plutôt « contrôleur ».

Il faut actualiser, poursuivre la formation, poursuivre la sensibilisation mais selon la règle de l’art. Car comme je vous l’ai dit c’est notre point faible, la sensibilisation.

Bien sûr il fallait aussi confectionner des supports pour former, pour informer et sensibiliser. C’était des supports d’amateurs qu’on a fait à l’époque car on n’est pas des spécialistes de la communication. Il s’agissait juste de sensibiliser sur les risques, d’une part, et expliquer comment ça doit se faire dans la règle de l’art.

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Sur site, concernant les supports de communication sur les déchets, nous n’avons vu que deux posters, tous deux réalisés par les responsables de l’hygiène au sein des établissements. Ils donnent des informations relatives au tri des déchets et restent généraux.

6.2.1.2 Les problèmes perçus au niveau national (niveau macro)

Au niveau national, une instance prend particulièrement la responsabilité pour la gestion des déchets d’activité de soin, il s’agit de la Direction de l’Hygiène du milieu et de la protection de l’environnement (DHMPE), qui est une direction au sein du Ministère de la Santé créée en 1981.45 Entre autres attributions, elle est responsable du contrôle de l’hygiène dans les établissements hospitaliers publics et privés et de l’éducation sanitaire et la sensibilisation dans les domaines relevant de ses attributions. Pour cela, elle dispose de sous-directions de santé environnementale dans chacun des vingt-quatre gouvernorats. Le cadre réglementaire principal qui a été développé est la Circulaire n° 76/92 du 18 septembre 1992 relative à la gestion des déchets hospitaliers.

Lors de nos entretiens, de nombreuses références y ont été faites. Cette circulaire a été le point de départ de l’introduction de la thématique de la gestion des déchets d’activités de soin dans les hôpitaux publics et les cliniques privées.

« Depuis la circulaire de 1992, on s’est occupé de la thématique des déchets. » L’affaire de la gestion de la gestion des DAS est l’affaire de toute l’équipe soignante. On a commencé l’éducation du personnel, surtout l’étape délicate qui consistait en l’étape de tri à la source. Séance d’éducation, on avait instauré un système au niveau des différentes catégories, on avait les régibox, comment conserver les déchets pharmaceutiques.

La législation et les textes réglementaires sont une condition sine qua non pour l’introduction de règles et de normes de gestion des DAS dans les hôpitaux, et les acteurs au niveau national y font référence de manière systématique. Cependant, la circulaire 76/92 a été abrogée, et dans leur discours, rare est la référence aux nouveaux textes, que ce soit le décret de 200846 ou l’arrêté de 2012.47 Aucune référence n’a été faite à quelque niveau que ce soit au Manuel des procédures pour la gestion des déchets des activités sanitaires.

Par contre, plusieurs références ont été faites à l’unité de gestion des DAS créée suite à une note interne du Ministère de la Santé de 2012, avec une certaine confusion quant à sa composition, son rôle et les moyens mis à sa disposition. Cette thématique et ces questions sont revenues également lors des visites sur le terrain en immersion et lors des trois ateliers régionaux d’information sur la réglementation.

Pour l’unité de gestion des déchets, elle n’est pas bien identifiée : qui fait quoi ? Ils ont une circulaire qui leur demande de construire cette unité mais sans dire qui fait quoi, c’est-à-dire qu’ils veulent que ce soit officialisé.

Dans le même ordre d’idée, certains interlocuteurs ont déploré le manque d’existence d’un véritable programme national de gestion des DAS ou, plus globalement, d’une stratégie de gestion de l’hygiène hospitalière qui inclurait la gestion des DAS. D’énormes efforts ont été faits par les hôpitaux en matière d’hygiène et aussi en matière de gestion des DAS, mais la perception est, qu’en l’absence ou la non mise en œuvre d’un programme ou d’une stratégie nationale,48 il est difficile d’évaluer ce qui a été fait et d’harmoniser les actions.

45 Décret n°81-793 du 9/6/1981 portant organisation des Services de l’Administration Centrale de la Santé. 46 Décret n° 2008-2745 du 28 juillet 2008, fixant les conditions et modalités de gestion des déchets des activités sanitaires. 47 Arrêté de la Ministre de l’Environnement et du Ministre de la Santé du 23 juillet 2012, portant approbation du manuel des procédures pour la gestion des déchets des activités sanitaires. 48 Il semblerait qu’un plan d’action national d’hygiène hospitalière et lutte contre les infections associée aux soins (2009-2013) existe, mais nous ne savons pas s’il a été mis en œuvre. Il inclut, dans l’axe « Gestion de l’environnement des établissements de la Santé, l’objectif spécifique de la gestion des déchets hospitaliers selon le décret 2745 du 28 juillet 2008. Enfin, selon un document de l’OMS, il y aurait une stratégie nationale d’amélioration de la qualité des soins et des services de santé en 2003, mais, selon ce document, sans résultats

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Finalement ce que je peux dire c’est qu’il y a eu beaucoup d’efforts mais ces efforts n’ont pas été coordonnés dans le cadre d’un programme national structuré, élaboré avec une évaluation intermédiaire et après.

Le programme actuel mis en œuvre par l’ANGed en collaboration avec le Ministère de la Santé et les autres Ministères concernés sur un financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (mis en œuvre par la Banque Mondiale) est certes perçu comme un pas dans la bonne direction et comme un catalyseur pour la mise en place de bonnes pratiques en matière de gestion des DAS. Mais pour que l’impact soit durable, il serait nécessaire d’avoir une démarche intégrée dans le cadre d’un programme national d’hygiène piloté par le Ministère de la Santé et valable pour toutes les structures de santé en Tunisie.

Il y a le problème général de l’hygiène dans les hôpitaux et là la stratégie nationale du projet de gestion des risques des DAS avec ses différents axes, il faut que cela soit vraiment intégré. Parce qu’aujourd’hui vous vous occupez du programme déchet, demain docteur Ridha Hamza va s’occuper de l’hygiène des mains. Par la suite, Mme Laatiri le linge. Ce sont des petites miettes qui sont distribuées, peut être diluées et chacun va « raconter son histoire ». Mais si on a une stratégie avec des différents axes, de façon intégrée, là ça va toucher tout le monde, ça va sensibiliser tout le monde et ça va mobiliser tout le monde

Dans la catégorie « problèmes d'ordre financier », une thématique liée également à la règlementation revient souvent, et ce, aussi bien au niveau macro qu’au niveau micro, à savoir la ligne budgétaire DAS : il y a une confusion sur la question de quel genre d’établissement est concerné par cette ligne budgétaire, certains pensent qu’elle est insuffisante, d’autres disent l’avoir utilisée pour la résolution d’autres problèmes, notamment d’ordre social.

Je dis souvent qu’il y a une ligne budgétaire qui a été allouée pour la gestion des déchets mais je ne sais pas si ça concerne tous les hôpitaux réellement.

En l’occurrence, selon certains dires des gestionnaires, la ligne budgétaire DAS serait disponible pour la conclusion de contrat avec les sociétés de collectes, tandis que les consommables continueraient d’être comptabilisés sur une ligne budgétaire à part (dépenses médico-diverses). Or, le nouveau cahier de charges relatif à la collecte, au transport, traitement et enfouissement des déchets traités par les sociétés autorisées inclue la fourniture de consommables par ces prestataires de services et ce, en quantités suffisante. Ces consommables seront donc inclus dans la rubrique budgétisation de la gestion des DAS.

Dans le public nous sommes actuellement dans une phase transitoire. On ne trouve même pas le moyen de se faire payer les médicaments, on rentre en contact directement avec le premier responsable qui est le directeur général de l’établissement qui vous dit « moi je n’ai pas les moyens de me permettre de faire payer tout ce qui est traitement et vous voulez que je traite les déchets. Pour moi c’est le 2ème ou le 3ème degré ».

Le terrain a cependant montré que là où les directeurs étaient engagés, ou bien les services d’hygiènes étaient dirigés par des médecins hygiénistes, la problématique de la disponibilité des moyens financiers pour l’achat des consommables ne se posait pas.

Nous avons un service qui est assez bien structuré où on exerce un certain poids. Parfois on arrive et parfois on n’arrive pas. Et dans d’autres services surtout où il n’y a pas de service d’hygiène médicalisé, moi je les plains surtout les techniciens qui se battent tout seul dans un hôpital où le directeur ne les écoute pas, où les chefs de service ne les écoutent pas.

En termes de communication, les principaux problèmes perçus sont le manque de compétences (savoir-faire) et de capacités (structures) en matière de communication et sensibilisation et le peu d’importance accordé à la communication et la sensibilisation d’une manière générale par les décideurs du domaine de la santé. Les principales références en matière de communication et de sensibilisation dans le domaine de la santé sont la campagne d’hygiène des mains. Cette thématique

concrets. « Des initiatives de terrain existent : programme qualité des prestations dans le secteur des soins de santé de base du secteur public, système qualité des laboratoires d’analyses biologiques, expériences d’évaluation des pratiques professionnelles, qui sont un capital d’expériences concrètes sur lesquelles peut s’appuyer le projet récent de création d’une structure nationale d’accréditation/certification des structures et des personnels de santé. » OMS (2010), Stratégie de coopération OMS-Tunisie 2010-2014, OMS Bureau régional de la Méditerranée Orientale. En ligne : http://www.emro.who.int/docs/CCS_Tunisie_2010_FR_14489.pdf. Téléchargé le 03.05.2014.

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a véritablement fait l’objet de nombreuses actions de la part du Ministère de la Santé mais pas, semble-t-il, de campagne de communication avec des objectifs, un plan d’action et des indicateurs de suivi.

Bien sûr il fallait aussi confectionner des supports pour former, pour informer et sensibiliser. C’était des supports d’amateurs qu’on a fait à l’époque car on n’est pas des spécialistes de la communication. Il s’agissait juste de sensibiliser sur les risques, d’une part, et expliquer comment ça doit se faire dans la règle de l’art.

Donc, il y a eu des formations, pas de véritables campagnes de sensibilisation mais des actions ponctuelles de sensibilisation se basant un peu sur les supports confectionnés « maison », des supports d’amateurs.

D’une manière générale, le constat de manque de communication et de pratiques managériales a déjà été constaté dans d’autres études :49

« Il apparaît à travers certaines études que les différents niveaux de l’administration, malgré l’excellent professionnalisme des cadres au plan de la maîtrise technique de leur fonction, souffrent d’une absence de culture managériale et de communication qui permettrait de dépasser un mode de fonctionnement trop pyramidal et cloisonné et de développer une fonction d’analyse et de formulation des stratégies fondées sur des données probantes »

Cependant, et nous y reviendrons dans la partie sur les supports de communication préconisés, un certain nombre de supports ont été développés et ils sont tout à fait adaptés à la communication et la sensibilisation.

6.2.1.3 Les problèmes perçus en extra-muros (niveau méso)

Au niveau méso, à savoir au niveau de la gestion des DAS en extra-muros, le principal problème perçu est relatif à la problématique de la collecte des déchets, qui se fait, dans le meilleur des cas par des sociétés de traitement autorisées, et dans le pire, y compris dans certaines zones faisant partie du projet, directement par la municipalité.

Il y a un handicap majeur. La question qu’on nous a toujours posée depuis 20 ans : oui vous nous poussez à faire le tri, à acheter les sacs de différentes couleurs et après on se rend compte qu’au niveau du traitement final nos déchets vont être traités avec les déchets ordinaires. Donc il faut le résoudre.

C’est assimilé aux ordures ménagères. On n’a pas de sacs rouges. Tout est mis dans des sacs noirs et tous les déchets sont récupérés par la municipalité et ça va à la décharge.

Les conteneurs sont vidés régulièrement et, parce qu’ils n’ont pas de convention, c’est la municipalité qui ramasse tous les déchets sans distinction jaune, rouge, noir.

Or, la collecte des déchets par la municipalité constitue, nous l’avons déjà écrit, un facteur de risque considérable pour les employés de la municipalité.

Il y a même pas un mois, nous avons reçu une correspondance du maire de Sousse se plaignant des déchets (septiques, des aiguilles) qui peuvent se retrouver avec les déchets… Ces déchets viennent de l’hôpital même puisque les agents sont venus avec des sacs noirs et l’un deux s’est fait piquer.

Les municipalités n’ont pas le droit, selon la loi 96-41 sur la gestion des déchets, de collecter et de traiter les déchets d’activité de soin. Elles en sont conscientes, mais en particulier là où il n’y a pas de société de collecte, elles n’ont pas le choix : lors de notre immersion à Zarzis, qui est une zone non-couverte par les sociétés de collecte, le chef service propreté nous a mentionné un courrier qu’il avait envoyé en 2013 aux structures sanitaires pour les informer que conformément à la loi, la municipalité n’allait plus ramasser les déchets. Or, suite à la pression exercée par les hôpitaux et par le gouvernorat, la municipalité a été obligée de continuer de ramasser les déchets, « en attendant que l’on trouve une solution ». Il s’est même avéré, en l’occurrence, que certaines structures hospitalières n’ont même pas de convention avec la municipalité pour le ramassage de leurs déchets non dangereux (déchets assimilés aux ordures ménagères), alors que cela fait normalement également partie des règles de gestion des déchets au niveau communal.

49 Voir OMS (2010), Stratégie de coopération OMS-Tunisie 2010-2014, OMS Bureau régional de la Méditerranée Orientale. En ligne : http://www.emro.who.int/docs/CCS_Tunisie_2010_FR_14489.pdf. Téléchargé le 03.05.2014. P. 35.

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Nous avons déjà évoqué la problématique des centres de santé de base, des pharmacies, des infirmeries indépendantes, des cabinets de libre pratique, des centres de dialyse et des laboratoires d’analyse, où se pose le problème de la collecte et du transport des déchets, car vues les petites quantités, il n’est pas intéressant pour les sociétés de collecte de faire des contrats individuels avec chacune de ces entités. Mais pas seulement pour ces acteurs. Aussi au niveau de certains hôpitaux, en particuliers ceux relevant d’autres Ministères que celui de la santé, ou dans des régions qui sont en dehors du champ d’action des sociétés agrées, en l’absence de conventions signées avec des sociétés autorisées à transporter et traiter les déchets, des accords tacites font que les déchets sont transportés de ces entités vers les hôpitaux régionaux ou vers des CHU. Cela pose la question de l’adéquation du moyen de transport avec la législation en vigueur.

Pour les autres polycliniques [non concernées par le projet DAS, ndlr], les DAS sont gérés comme d’habitude, par leurs propres moyens et par leurs propres connaissances. C’est-à-dire qu’elles ne respectent pas les normes comme il le faut. Donc, on a fait un pas en avant. On a acheté des régibox et elles se sont mises d’accord avec certains hôpitaux locaux (EPS) pour gérer leurs déchets. Elles acheminent les DASRI à travers avec les EPS.

Or, la loi 97-37 du 2 juin 1997, relative au transport par route des matières dangereuses interdit tout transport de matières dangereuses, dont font parties les DAS dangereux par véhicule ne répondant pas aux normes techniques. Ce qui est intéressant, c’est que la problématique du transport n’est pas perçue en tant que telle par les protagonistes, car c’est pratiquement la seule solution qu’ils ont trouvée pour contribuer à résoudre leur problème de déchets. Il y a cependant des risques pour qu’ils soient en contradiction avec la loi.

Concernant les sociétés de traitement des DAS, selon une communication de Mme Afef Siala du 2 juin 2014 à l’occasion d’une rencontre de concertation avec les sociétés organisée à l’ANGed, sur les vingt-quatre sociétés autorisées pour le traitement des déchets de soins à risques infectieux et les Piquant-Coupants-Tranchants (PCT), seules six sont maintenant en exploitation et une septième rentre maintenant en exploitation. Cela pose le problème que certaines portions du territoire tunisien – le Grand Sud (à part Gafsa), le Nord Est et Ouest et le Centre Ouest ne sont pas desservies par les sociétés de collecte. Mais en plus, les procédures de passation de marché auxquelles sont soumis les établissements publics de santés, qui obligent à chaque fois l’obtention d’au moins trois offres, ne peuvent dans certains cas pas être respectées, ce qui retarde considérablement la contractualisation. Ceci n’est pas le cas pour les établissements privés de soin.

Je vous ai ramené la convention qui est déjà établie, en cours de signature et de validation avec la société, la seule société qui travaille dans la région du Centre, c’est Biha El Wassat qui est à Kairouan. Le problème qu’on a retrouvé c’est la disponibilité de ces sociétés. Si un marché n’est pas rentable… On s’est retrouvé avec pratiquement une seule offre.

En termes de communication, les problèmes perçus au niveau méso n’ont pas été tellement évoqués, vu, finalement, que jusqu’à présent, très peu, si ce n’est rien, n’a été fait à ce niveau. Cela est dû au fait qu’il n’y a pas de structure de communication et de sensibilisation au niveau régional.

Il y avait un éducateur sanitaire régional, qui se déplaçait mais ça été abandonné parce qu’on s’est dit que l’éducation c’est l’affaire de tous et on doit la faire au centre de santé, à l’hôpital, dans la communauté.

Les principaux problèmes évoqués sont le fait qu’il n’existe pas de structures régionales de communication et le manque de coordination. Cependant, il semblerait que les directions régionales fassent de l’éducation santé, en collaboration avec des volontaires des hôpitaux et des centres de santé de base, aussi bien pour les populations en général que pour le personnel médical.

On fait beaucoup de tentes dans les souks ou dans les espaces de la ville. Par exemple, pour le sida, la tuberculose, la vaccination. Pour tout cela on fait une sorte de manifestation dans les lieux publics. C’est la communication directe. On fait une tente avec des dépliants, des gens qui viennent écouter des speechs présentés par des spécialistes. C’est juste de l’informatif. On fait ça à l’occasion des journées internationales et on intervient dans plusieurs lieux en même temps sur tout le gouvernorat.

On utilise le bénévolat et ça marche jusqu’à maintenant. Ce sont des fonctionnaires qui font ça pendant leurs heures de travail et il y a même des bénévoles qui acceptent de le faire pendant le weekend.

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Il nous arrive de participer à des émissions de santé en tant que direction régionale de la santé... Lorsqu’il y a quelque chose d’organiser, habituellement il y a un congrès, il y a quelque chose, une journée internationale sur quelque chose, à ce moment-là ils nous invitent.

6.2.1.4 Les problèmes perçus en intra-muros (niveau micro)

Comme déjà évoqué plus haut, le niveau micro semble être le niveau le plus critique dans la perception relative à la gestion des DAS, plus particulièrement, la problématique du non-respect des règles de gestion des DAS.

Les manquements aux règles les plus fréquemment cités par les interlocuteurs sont : le non-respect de la différentiation entre les sacs rouges/jaunes pour les DASRI et les sacs noirs pour les déchets assimilés aux ordures ménagères (DAOM) ; l’emplacement des poubelles au niveau des services (y compris la présence des containers rouges ou avec sacs rouges dans les toilettes réservées aux patients) ; et le non-respect par les employés des sociétés de collecte des DASRI des règles de manipulation des conteneurs ou dans les horaires et jours de passage.

Si on fait une visite on ne va pas trouver des sacs, des sachets de différentes couleurs. Un quart de temps on les trouve et les 3 quarts non.

Par contre, par exemple, il n’y a pas de respect du taux de remplissage de ¾ et la régibox est remplie à fond et parfois ça déborde.

Concernant les problèmes avec les sociétés autorisées, hier l’hygiéniste me disait, pour les déchets DASRI il ne faut pas les manipuler une fois qu’ils sont mis dans les conteneurs. C’est-à-dire que la société doit emporter tout le conteneur, le laver et le remplacer. Au niveau de son hôpital, non. Les ouvriers ouvrent les conteneurs, ils ramassent les sacs, les mettent dans d’autres conteneurs, dans la benne. Donc, ils manipulent les déchets. Ils font ça à l’hôpital et je ne sais pas pourquoi

Le tri à la source étant la première étape pour une bonne gestion des DAS il est important d’observer sur chaque site comment il se fait et pourquoi il ne se fait pas dans les règles. Lors de nos visites de sites, nous nous sommes attachés à essayer d’observer le parcours des déchets de leur production à leur dépôt dans les conteneurs appropriés. Ce qui est revenu le plus souvent, c’est qu’il y a en général une distance entre l’endroit où le déchet est produit et l’endroit où il est déposé dans le conteneur adéquat. Ainsi, que ce soit lors de l’administration d’un soin sur un malade en chambre, ou même dans le bloc opératoire, les ustensiles intermédiaires pour l’entreposage des déchets – à savoir le plateau seul ou sur le chariot de soin, ou le haricot – sont bien souvent absents. Ainsi, le déchet d’emballage et le coton ou la compresse imbibés atterrissent dans un premier temps sur le drap ou sur la table de chevet et l’aiguille est recapuchonnée, avant que tous ces déchets soient ramassés par la personne ayant administré le soin puis acheminés en dehors de la chambre dans la poubelle, en général la même, sauf pour l’aiguille, qui atterrit en général certes dans la régibox, mais bien souvent recapuchonnée. En bloc opératoire, en l’absence de contenant intermédiaire – le haricot – il n’est pas rare que les déchets souillés ou non atterrissent par terre, à charge, au moment du nettoyage du site, pour la femme de ménage de nettoyer ces déchets. Nous avons été le témoin d’un incident en bloc opératoire : lorsque la femme de ménage a soulevé le sac rouge du seau, il s’est déchiré et tout son contenu, y compris du sang liquide, s’est répandu sur le sol. La femme de ménage a dû le nettoyer à l’aide d’une serpillère… D’après ses dires, ce n’est pas une occurrence exceptionnelle.

Les raisons invoquées pour l’absence du chariot de soin lors du soin est que celui-ci est inadapté pour rentrer dans les chambres – ce que nous avons constatés dans certains cas de visu. Ainsi, les ustensiles sont-ils préparés sur les chariots dans les couloirs ou dans les salles des aides-soignantes, puis amenés auprès du patient directement dans la main, dans la poche, autour du coup pour le stéthoscope, et dans quelques cas sur plateau. Ainsi, il existe des freins matériels et physiques à la réalisation du bon comportement.

Parmi les variables explicatives pour le non-respect des règles de collecte qui ressortent le plus, le manque de conscientisation et de sensibilisation sont le plus évoquées, loin devant le manque d’équipement et de consommables. Nous avons en effet également constaté sur le terrain que bien souvent, les consommables sont disponibles, même si certains disent qu’ils le sont en quantités

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insuffisantes, mais les déchets sont mélangés dans les sacs de différentes couleur. Ce qui semble en général respecté, c’est la mise des aiguilles dans les régibox, malheureusement bien souvent ensemble avec le capuchon.

Quand on parle de sensibilisation, de changement de comportement c’est pour que tout ce monde prenne conscience de l’importance du tri, l’importance du cheminement.

Concernant le consommable, il est en général certes mis à disposition, mais cette mise à disposition suit un cheminement complexe, et le résultat escompté, à savoir la mise à disposition en quantité suffisante et au moment idéal diffère selon que la décision relève du bas de la chaîne ou du haut de la chaîne de décision. Nos entretiens in situ nous ont démontré que lorsque la décision relève du haut de la chaîne, c’est-à-dire au niveau du responsable du magasin (parfois à la pharmacie de l’hôpital), directement sous l’autorité du gestionnaire de l’hôpital, il y a une tendance à ne pas donner les quantités demandées, mais à donner moins pour « encourager à économiser » le consommable, car, « si le personnel soignant et de nettoyage sait que le consommable est disponible, alors il aura tendance à le gaspiller ». Ainsi, le surveillant ne reçoit que ce qu’on aura bien voulu lui mettre à disposition, et non pas ce qui est nécessaire pour son service. Quand la décision est prise par le bas de la chaîne, donc lorsque le surveillant reçoit ce qu’il demande, alors il y a suffisamment de consommable disponible au sein du service. Pour faciliter et contrôler la consommation de consommable, le suivi informatique des stocks et des consommations service par service est une alternative prouvée et efficace. Encore faut-il que les surveillants disposent de l’outil informatique, ce qui n’est bien souvent pas le cas.

D’une manière générale se pose également la question de la qualité des consommables et les entretiens ont montré qu’il y au niveau de la chaîne de commande des consommables quelques freins qui empêchent de commander dans les quantités et dans la qualité nécessaires. En effet, en l’absence de normes et standards pour les consommables, et en l’absence de connaissances précises sur les spécifications nécessaires pour les consommables, les équipes d’hygiène se retrouvent bien souvent avec des consommables d’une qualité insuffisante, vue l’obligation de prendre les articles présentant le rapport qualité prix le plus avantageux.

En ce qui concerne les problèmes perçus relatifs à la communication en intra-muros, il semblerait que le plus grand problème soit lié au manque de connaissances pour une bonne gestion des déchets.

Pour les infirmiers et infirmières, parfois il y a ceux qui ignorent les différents types de déchets, ils ne savent pas faire le classement des déchets ; mettre où ce type ? Dans quel sac ? Quelle couleur utiliser ?

Surtout pour les déchets liquides parce qu’ils demandent toujours comment on doit traiter ces déchets. Je les informe que selon la loi il faut que vous les traiter avant de les jeter sinon vous faites une convention avec une société autorisée.

Même au niveau du suivi des formations, il y a une défaillance : Malheureusement, on n’a pas une politique de formation des gens au moment de l’embauche. Mais les gens qui sont en exercice, qui sont sur terrain, le travail de nos techniciens consiste à faire le tour chaque jour dans 2 ou 3 services et là elle entre en contact avec le personnel infirmier et ouvrier et si elle remarque des défaillances, elle intervient directement. C’est ce qu’elle entend sur le terrain au niveau des infirmiers et des agents de nettoyage.

Pour ce qui est des responsabilités pour le non-respect des règles de gestion, le principal manquement, selon les perceptions des interlocuteurs, relève du manque d’organisation au niveau des hôpitaux, surtout dans le contrôle de l’application des règles, quand celles-ci existent : problèmes de nettoyage des locaux d’entreposage des poubelles (entreposage central), emplacement où mettre les poubelles – noires et rouges – dans les services, disponibilité des régibox et des sacs rouges, non disponibilité des chariots.

Donc, on a remarqué que dans plusieurs hôpitaux les poubelles sont dans les blocs sanitaires, donc dans les toilettes. Il y a des poubelles dans les chambres des patients pour les patients et les visiteurs mais ce n’est pas arrangé. On peut trouver des sacs rouges et jaunes comme des sacs noirs. Oui, des sacs rouges dans les chambres des patients et même dans les toilettes. J’ai vu des sacs rouges dans les toilettes, accrochés aux chasses d’eau.

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Hier, une des hygiénistes nous a dit que [la société de collecte] peut trouver dans le sac jaune des déchets ménagers. Dans le sac noir on peut également trouver des DASRI quand la direction ne fournit plus, quand il y a un manque de sacs jaunes et donc ils doivent se débrouiller avec les sacs noirs.

Ainsi, des problèmes de management des personnes et finalement d’organisation sont un facteur à ne pas négliger : il semblerait que des relations compliquées entre hygiénistes, qui n’ont pas toujours une formation médicale mais sont plutôt des techniciens ou des ingénieurs, et le personnel soignant, en particulier les médecins, rende la mission de contrôle de l’application des normes d’hygiène difficile.

Même les hygiénistes lorsqu’ils essayent de conseiller ou de donner des instructions aux médecins, les médecins refusent, ils se sentent supérieurs donc ils n’acceptent plus les conseils.

Pour moi le grand problème c’est au niveau des médecins. Ils n’acceptent plus les conseils des hygiénistes, d’ailleurs ils ne les ont jamais acceptés. Ils ne veulent plus pratiquer les bonnes habitudes. Les médecins ont un complexe de supériorité. Ils n’acceptent pas qu’un hygiéniste qui, selon eux, n’est pas médecin et qui a un niveau académique inférieur à eux, leur adresse un conseil.

De plus, la situation de transformation profonde que vit actuellement la Tunisie n’est pas sans effet sur le fonctionnement des structures sanitaires, tant publiques que privées : dans le public, lorsque les relations entre la direction et les représentations syndicales au sein de l’hôpital sont tendues, alors il est difficile de faire respecter les règles et d’appliquer les sanctions d’une manière générale. Dans le privé, c’est la rotation du personnel, en particulier du personnel le moins formé, que ce soit ouvrier ou paramédical, attiré par des rémunérations plus élevées dans le public suite aux réajustements salariaux d’après-révolution, qui rendent difficile la pérennité des formations.

Par exemple si les ouvriers doivent être punis pour telle ou telle chose, les syndicats s’opposent à ces sanctions, donc ils n’essayent plus de faciliter les taches, ils sont toujours contre la direction même si l’ouvrier est fautif et que la direction a le droit de faire ça.

Vous savez très bien que dans les établissements privés nous assistons depuis quelques années à une rotation anormalement importante du personnel de soin. Un personnel qui est changé de manière continue avec les recrutements dans les établissements publics, il y a des départs, il y a des arrivées. Donc, ce n’est pas un personnel tout à fait stable depuis, je pense, 3 ou 4 ans.

Il est vrai également que le personnel soignant n’accorde pas toujours une grande importance au tri, que la régibox est souvent remplie à plus que ¾, que certains médecins considèrent que la gestion des déchets n’est pas de leur ressort et que leur priorité est l’acte de soin en lui-même ou bien que les ouvrières préposées au ménage ne portent pas toujours des gants. Cependant, il est probable que les difficultés dans la réalisation du comportement facilitent le fait que les différents acteurs chargés de réaliser ce comportement y donnent peu d’importance et ne le fassent pas.

De même, le problème d’organisation au sein de l’hôpital attire l’attention sur la valeur donnée par l’institution à la problématique de gestion des déchets, en l’occurrence sur le peu de valeur donnée à cet aspect dans la gestion globale de l’hôpital. La désorganisation de la gestion des déchets, couplée à un manque de contrôle du respect des règles de gestion ne sont pas faits pour encourager les individus à accorder de l’importance à cet aspect de leur travail, ce qui fait, selon le principe du cercle vicieux, qu’ils n’en respectent que moins ces règles, que le consommable n’est pas commandé à temps, et donc qu’il manque au niveau des services, ce qui fait que le personnel ne peut pas respecter ces règles.

Par contre, nous avons remarqué que lorsque l’institution, en l’occurrence la direction de l’hôpital accorde de l’importance à cet aspect de la gestion hospitalière, alors des procédures existent, elles sont appliquées et cette application est contrôlée régulièrement. Les consommables existent en quantités suffisantes et les différents corps de métier connaissent leur rôle et sont motivés.

6.2.2 Les changements préconisés par rapport aux DAS

Les changements préconisés, ou les objectifs préconisés, concernent principalement le niveau intra-muros (micro). Quelques changements sont également préconisés au niveau extra-muros (méso), mais aucun n’a été proposé au niveau national (macro).

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Parmi les changements préconisés au niveau extra-muros, il y a l’augmentation du nombre des établissements de santé conventionnés, et une meilleure gestion des DAS dans les hôpitaux. Au niveau micro, le principal changement préconisé est le changement de comportement.

Par rapport aux hygiénistes on recherche un changement dans le comportement pour appliquer correctement les bonnes pratiques de gestion.

D’après ce que nous vivons, c’est un avis personnel, un avis d’un médecin, d’un producteur de ces DAS et il me semble qu’il faudrait agir sur le changement du comportement du personnel aussi bien médical que paramédical pour trouver une solution à ce problème

Ensuite, les interlocuteurs souhaitent que grâce au projet, il y ait suffisamment de sensibilisation pour qu’ensuite il y ait une plus grande conscience pour la nécessité de bien gérer les DAS.

Les changements souhaités au niveau de la pensée des gens qui doivent prendre conscience qu’il y a des déchets dangereux et que pour acheminer un déchet dangereux il y a tout un chemin à faire, dès l’utilisation du matériel jusqu’au traitement. Il faut que ça soit un réflexe chez tous les gens que ceux soient les responsables, les ouvriers, les infirmiers, les médecins. Il faut que ça soit clair dans leur tête.

Faire que le groupe cible quel qu’il soit ressente le besoin d’agir, la volonté d’apprendre un nouveau comportement, parce qu’il se dit qu’ici il y a un danger, il y quelque chose, il y a un problème. Faire que le groupe cible reconnaisse que ça c’est un problème.

Enfin, certains souhaitent que des procédures de gestion des DAS soient élaborées pour chaque établissement de santé.

Le challenge pour la gestion des DAS, c’est de créer des procédures, donc d’écrire noir sur blanc des procédures ; qui ? Quoi ? Et comment faire ? Si on arrive à écrire ça, il n’y aura plus de problèmes puisque tout le monde s’exécute

6.2.3 Le genre de communication DAS préconisé

Le genre de communication le plus préconisé est la formation, que ce soit au niveau du personnel soignant, des médecins, des hygiénistes, et des gestionnaires, mais également pour les étudiants en médecine, concernant la formation initiale. Ainsi, la formation est estimée nécessaire pour tous les corps de métier au sein de l’hôpital sauf pour les directeurs.

Il faut intégrer la formation d’hygiène pour tout le personnel de santé c’est-à-dire qu’un médecin doit étudier la matière d’hygiène, même les simples actes car ils ignorent les actes d’hygiène. Les infirmiers aussi. Voilà, c’est un des problèmes, ils recommandent la formation d’hygiène pour tout le personnel.

D’ailleurs, même pour le problème de recapuchonnage des aiguilles, ils s’exposent au risque et ne sont toujours pas conscients. Il faut une formation qui nécessite des procédures et il faut plusieurs conteneurs, avec des couleurs différentes : un pour les aiguilles, un pour les pansements.

Les thèmes de formation sont variés. Pour le personnel soignant, les interlocuteurs ont préconisé des formations générales sur les procédures d’hygiène et de gestion des DAS, tandis que d’autres ont été plus spécifiques en évoquant le recapuchonnage, les règles de cheminement des DAS, les risques ou le tri à la source. Pour les gestionnaires, ils ont évoqué la gestion des DAS, la « maîtrise de la filière » comme un thème éventuel de formation.

Et puis la maîtrise de la filière, la gestion proprement dite, ça aussi ça peut nécessiter une formation.

Certains établissements de santé ont un programme annuel de formation, d’autres non. Les formations sont également organisées au niveau régional. Ainsi, pour ceux qui ont ces programmes annuels de formation, il serait possible d’avoir la thématique DAS régulièrement. Pour ceux qui n’ont pas de programmes de formation, le projet DAS/PCB serait l’occasion pour eux de commencer à introduire cette pratique. Les autres genres de communication préconisés, et ce, pour tous les groupes cibles identifiés, sont la sensibilisation, en particulier la sensibilisation sur les risques.

Je pense qu’il faut les sensibiliser sur les risques, faire une démonstration devant eux et avoir le matériel nécessaire.

Je pense qu’il faut sensibiliser les responsables administratifs au sein du ministère. On est en train de les sensibiliser en exposant le problème devant eux, en insistant sur le fait que l’on doit suivre les normes et les réglementations internationales. Qu’on doit s’intéresser à nos problèmes et ne pas les cacher.

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Par contre, pour les ouvriers ça sera de la sensibilisation et là il faut mettre le paquet et surtout sur les risques.

Mais il y a une partie de sensibilisation qui peut être immédiate c’est celle de la population en générale par rapport aux dangers qui peut être encouru en contact ou quand on a affaire à ces DAS. C’est surtout au niveau des hôpitaux lors des heures de visite aux malades.

D’aucuns préconisent d’allier la formation à la sensibilisation, en commençant par la sensibilisation pour souligner l’importance de la thématique, capter l’attention des groupes-cibles, en particulier des professionnels de la santé, avant de passer à la formation.

La sensibilisation je pense que ça va en parallèle avec la formation. Et autant la formation c’est structuré avec des séances, des formateurs, c’est un programme. Autant la sensibilisation c’est quelque chose qu’on ne voit pas en fait. C’est plutôt une dynamique qu’un programme structuré. Et ça peut accompagner la formation, comme ça peut la précéder, ça peut venir après la formation. Je pense que c’est complémentaire.

La sensibilisation est également préconisée pour les directeurs et directrices d’établissements sanitaires et les Ministères responsables de ces structures, mais une lecture plus approfondie montre que certes, c’est le mot sensibilisation qui est utilisé, mais avec un sens de plaidoyer pour les convaincre à prendre les décisions adéquates.

Par rapport aux directeurs, c’est que lorsqu’il est sensibilisé il va faire réussir ce projet par la mobilisation des fonds, par l’acquisition de tout ce qui est consommable, par la création des unités, par la réalisation des cycles en intra muros, par l’adhésion aux projets nationaux ou autres, par l’application de la législation tunisienne.

D’ailleurs, pour convaincre les gens du ministère, on a relevé la quantité des produits chimiques. On a relevé tout ce qui est DAS et DASRI pour les mettre sur la table et dire voilà ce qu’on est en train de faire et vous avez le choix. Soit on continue comme ça, et ça ne se fait pas. Ils sont sensibilisés à ce problème. On a communiqué ces chiffres au groupe de travail.

En effet, le plaidoyer peut faire remonter les informations relatives aux dangers d’une mauvaise gestion des DAS ainsi que les points de vue des professionnels de la santé vers la sphère politique et décisionnaire du niveau central. Le plaidoyer informe les décideurs et cherche à les motiver et les influencer et à créer un environnement favorable pour atteindre les objectifs. Il vise à s’assurer de l’engagement et du soutien des responsables politiques et des leaders sociaux pour inclure les stratégies de gestion des DAS et les stratégies de changements comportemental et social dans les politiques, plans et budgets.

Comme autres genre de communication, surtout vis-à-vis de personnels de santé, des modes de communication interpersonnelle comme les réunions, les séances d’information, les séances de travail et les démonstrations sont préconisés. Ce qui est également souhaité, c’est des approches novatrices de communication, pour sortir de la routine et atteindre des résultats différents.

Pour convaincre mes collaborateurs, c’est des réunions.

Changer peut être d’approche, de méthode, de support. Et c’est comme ça qu’on arrive à améliorer les choses.

Donc continuer à faire de la sensibilisation, de la communication mais en usant d’approches efficaces, connues

Enfin, d’une manière générale, référence est faite à une autre thématique de sensibilisation qui a été très mobilisatrice ces dernières années et sur laquelle il serait souhaitable de s’appuyer pour en apprendre les facteurs de succès et éviter les pièges, c’est la sensibilisation sur l’hygiène des mains.

Je pense qu’il faudra une stratégie (multimodale) parce qu’on l’a vécu pour l’hygiène des mains. C’est très proche. C’était très amusant

6.2.4 Les groupes cibles de la communication DAS

Les groupes cibles ont été identifiés au niveau macro, méso et micro. Le niveau le plus souvent cité est le niveau micro. Au niveau macro, les principaux groupes cibles identifiés sont les ministères responsables d’établissements de santé, que ce soit le Ministère de la Santé, le Ministère de l’Intérieur, de la Défense Nationale ou des Affaires Sociales ainsi que le secteur privé représenté par les structures et établissements de soins privés.

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Là aussi il faut faire des efforts pour sensibiliser et il faut commencer par le ministre pour avoir les budgets adéquats.

En deuxième lieu, au niveau de la gestion extramuros, il s’agit principalement des petits producteurs de DAS, comme les pharmacies, les infirmeries, les écoles et les cabinets libre pratique. Sont également concernées les municipalités et les populations en général.

Les DAS intéressent également les pharmacies où on fait des soins, les infirmeries privées, les cabinets dentaires, les cabinets médicaux, les laboratoires d’analyses et la médecine du travail et la médecine préventive

Le problème des déchets concerne la municipalité, les établissements scolaires aussi qui sont très concernés par l’hygiène. Ils font des vaccins et leurs déchets ne sont pas énormes. Les structures qui produisent les déchets sanitaires, c’est les hôpitaux et les cliniques, les centres de santé de base et les laboratoires privés.

Au niveau micro, en intra-muros, les principaux groupes cibles sont le personnel soignant et le personnel paramédical.

Je pense que ceux sont les hygiénistes les premiers responsables de la gestion des déchets, puis également il faut sensibiliser le premier responsable, le directeur, car réellement c’est lui qui va signer les factures, qui va donner le ok pour l’acquisition de tout ce qui est fourniture ou consommable. Si lui n’est pas vraiment sensibilisé, je pense ça ne va pas aller jusqu’au bout. L’hygiéniste ne va pas pouvoir, par exemple, acquérir tout ce qui est équipement.

Il y a aussi un corps à ne pas négliger, c’est les médecins ou les infirmiers c’est-à-dire ceux qui pratiquent réellement. Pour eux il y a un peu une perte de temps dans l’acte et au lieu de réaliser l’acte en 15 mn ils vont le réaliser en 20 mn.

Mais également, certains veulent profiter de leur présence à l’hôpital pour sensibiliser les patients et les visiteurs.

J’ai oublié de dire que les malades aussi mais ils viennent après. Les malades, les visiteurs etc… ils viennent après. Ils sont concernés parce qu’ils peuvent entrer en contact avec les déchets

6.2.5 Les messages DAS préconisés

Concernant les messages préconisés, ils concernent le niveau macro (Ministre) et intra-muros, le niveau méso n’ayant pas été évoqué au niveau méso, bien que ce niveau ait été cité en terme de groupe cible possible.

Au niveau macro, il s’agit principalement de faire un plaidoyer auprès des ministères actifs dans le domaine de la santé, à savoir le Ministère de l’Intérieur, de la Défense Nationale et des Affaires Sociales pour qu’ils respectent la règlementation dans la gestion des DAS. L’argument utilisé pour les convaincre est d’ordre de l’image et d’ordre financier.

Les arguments utilisés pour convaincre la hiérarchie :

- Le problème juridique, la responsabilité juridique du ministère.

- Le risque que peut engendrer un problème quelque part avec un personnel qui sera, par exemple, exposé au sang. Il va porter plainte et il aura gain de cause.

- Le problème de santé et la communauté peut payer ce non alignement aux réglementations. Un patient qui vient pour extraire une dent, il peut sortir avec une hépatite C. Et sur le plan communauté on va payer ça. Je leur ai dit que ce n’est pas normal et qu’au lieu de traiter une hépatite C par 13 ou 15 millions maintenant, je vais traiter, au bout de 5-10 ans, 4 ou 5 hépatites C. Donc ce n’est pas normal. On est là (j’ai utilisé le slogan) pour traiter les gens et non pour les infester et les traiter par la suite. Il vaut mieux ne pas traiter les infections, les accidents. C’est la lourdeur du problème. Il vaut mieux prévenir que guérir, quand même. On ne peut pas traiter quelqu’un et infester l’autre. De plus, je leur ai dit qu’on ne peut pas déverser des produits chimiques dans les égouts. Comment voulez-vous qu’ils fassent. Normalement on ne peut pas déverser, la loi existe et il faut la respecter.

En intra-muros, le message préconisé pour les directeurs et les gestionnaires est également lié à la règlementation et aux aspects financiers liés à une mauvaise gestion des DAS.

Si il va correctement traiter ces déchets il va réduire le taux des infections associées aux soins et plus spécifiquement aux DAS de 30 %, par exemple. Donc il va payer moins en termes curatifs par rapport au personnel qui aura été infecté, le médical, le paramédical, les patients eux-mêmes

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Faire que la réglementation soit appliquée et surtout pousser les hôpitaux à avoir les moyens.

Les gestionnaires ne connaissent pas tous la réglementation parce qu’elle est nouvelle et ils ne connaissent pas les risques qu’ils vont encourir le jour où on va commencer à appliquer cette réglementation.

Pour le personnel soignant, les interlocuteurs ont insisté sur un message lié à la protection du soignant / soigné, sur des messages liés à la santé plutôt qu’à l’environnement, et bien entendu, en insistant sur les risques liés au non-respect des règles de tri.

Il faut plutôt convaincre en incitant les gens à se protéger et protéger son malade. Puis les amener à raisonner couple soignant /soigné.

Quand on fait des messages, la première des choses c’est qu’on touche la santé.

A l’hôpital c’est beaucoup plus grave parce qu’il y a un risque direct. Donc ce n’est pas un souci environnemental, c’est un souci pour protéger nos malades, protéger le personnel.

Certains préconisent également des messages qui touchent plus l’émotion ou la famille, mais surtout, des messages positifs.

Je pense qu’il faut éviter les messages négatifs c’est-à-dire faire peur au personnel, faire peur aux utilisateurs d’établissements de santé. Mais, par contre, faire des messages incitatifs pour la prévention, pour le contrôle, pour la performance, pour l’obligation d’éviter tout ce qui peut « attention si vous ne faites pas ça vous risquez d’avoir ça ». Il faut positiver les messages.

Pour les ouvriers, le souhait, c’est que le message se rapporte principalement au risque. Par contre, pour les ouvriers ça sera de la sensibilisation et là il faut mettre le paquet et surtout sur les risques

Nos observations sur le terrain ont montré que les ouvriers, en particulier les femmes de ménage, sont conscients des risques liés à leur travail et à la manipulation des DAS. Cependant, leurs préoccupations sont également liées aux conditions de travail, à la qualité des tenues qui leur sont allouées, à leur statut dans l’établissement de santé, à leur charge de travail et aux étapes de travail qu’elles doivent accomplir. Elles se plaignent de ne pas être considérées par les autres corps de métier de l’hôpital, de devoir nettoyer non seulement pour les malades, mais aussi pour le personnel et les visiteurs, avec aucun respect pour leurs efforts. Elles sont amenées à ramasser des déchets souillés qui ne devraient pas se trouver par terre. Le changement constant de service les oblige à manipuler les DAS différemment, selon le service, sans qu’il y ait forcément un apprentissage spécifique. Elles sont actuellement parfois obligées de transporter des sacs poubelle lourds sur de longues distances.

La thématique des risques par rapport aux ouvriers doit donc générer de leur part une demande pour plus de protection. Cette protection peut être liée à l’augmentation de la protection individuelle, comme le port des gants, mais elle peut aussi être liée à la mise en place de procédures qui diminuent le contact des ouvriers avec les DAS. C’est le cas des mesures préconisées par le projet DAS, avec la mise en place de locaux intermédiaire d’entreposage des déchets, les chariots pour le transport des déchets vers les locaux centraux qui seront également construits par le projet. Le port des équipements de protection individuel est certes une question de conscience des risques lors du non port, mais également de l’importance accordée par l’entourage et le milieu du travail à cet aspect, les procédures y afférent ainsi que la disponibilité et la facilité de l’accès à ces EPI. Dans le cas des équipements, leur mise en place doit être transmise comme un moyen d’améliorer leurs conditions de travail, d’où la nécessité dans les faire participer dans la discussion sur les emplacements des poubelles, des locaux intermédiaires et du local central. Par rapport à la thématique de l’estime de soi et du respect par les autres, il s’agit véritablement de faire jouer à chacun son rôle dans la gestion des DAS pour que les ouvrières réalisent leurs tâches de façon moins pénibles et dans de meilleures conditions d’hygiène. Leur rôle doit être revalorisé et reconnu comme faisant partie intégrante des soins aux malades.

6.2.6 Les canaux et les supports de communication DAS

Le domaine de l’hygiène est domaine bien établi, avec un haut niveau de professionnalisation technique. Il dispose d’une institution pour sa promotion, la Direction de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement (DHMPE). C’est elle qui coordonne les activités de communication et

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qui élabore les canaux et supports de communication et de formation DAS. La communication directe, interpersonnelle tient une grande place dans l’éducation et la sensibilisation sanitaire en Tunisie. Pour faire l’éducation et la sensibilisation, il semblerait qu’il existait auparavant des éducateurs régionaux de la santé, puis des relais de la santé, et enfin, ce sont les hygiénistes des services régionaux de la direction de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement (DHMPE) qui font en général directement la sensibilisation à l’interne et à l’externe des établissements de santé.

Dans le temps on avait une direction qui s’appelait « direction de l’éducation pour la santé » qui formait des éducateurs pour la santé. Il y avait un éducateur sanitaire régional, qui se déplaçait.

Ca été abandonné parce qu’on s’est dit que l’éducation c’est l’affaire de tous et on doit la faire au centre de santé, à l’hôpital, dans la communauté. Alors qu’est-ce qu’on a fait, on a éradiqué ces éducateurs régionaux et on est même passé par une période intermédiaire, on a créé ce qu’on a appelé des « relais de la communication » à l’échelle des sous régions. Là, on a tout abandonné et on s’est dit que cela doit être intégrer et chacun de nous doit être éducateur.

Les bureaux régionaux organisent les journées grand public, mettent des tentes dans des lieux publics et expliquent les thèmes de santé à l’aide de posters et de dépliants. Les autres canaux de communication sur l’hygiène sont les journées de sensibilisation interne, grand publique ou scientifiques. Il y a par exemple la Journée nationale d’hygiène des mains en milieu de soins, le 5 mai, organisée par la DHMPE, à l’occasion de laquelle les établissements de santé font des actions à l’interne et à l’externe dans tout le pays sur l’hygiène des mains.

La plus grande action communication pour le grand public au niveau de l’hôpital concerne essentiellement la lutte anti-tabac. Et on espère généraliser ça pour d’autres thèmes. On n’a pas de budget pour ça, on se débrouille avec nos propres moyens.

Si on le fait à Msaken, c’est les gens de Msaken qui vont le réaliser et généralement les gens des centres de santé de base. Habituellement, ce sont des tentes installées dans un lieu public fréquenté par la majorité de la population. Parfois on loue et parfois il y a des tentes disponibles. Par exemple à Msaken on les a louées, à Sousse ils en avaient. Et parfois on emprunte des tentes du Croissant Rouge.

Pour tout ce qui est public, on a la Journée nationale d’hygiène il y a 2 ou 3 ans avec comme thématique principale : la gestion des DAS.

Il semblerait que deux pôles de communication/sensibilisation sur l’hygiène hospitalière se soient développés en Tunisie au cours de cette dernière décennie autour de la Sous-Direction de santé environnementale de Bizerte sous l’égide du Dr. Ridha Hamza et du Centre hospitalier université Farhat Hached de Sousse sous l’égide du Dr. Lamine Dhidah. Dans ces deux pôles, il est possible pour les professionnels de la santé de continuer à se former à travers des cours de formation continue, de s’échanger entre professionnels à travers des journées scientifiques annuelles ou biannuelles, et même, dans le cas de Bizerte, de travailler ensemble dans la durée à travers un réseau.

La journée régionale d'hygiène et de sécurité des soins de Bizerte a été créée par la Sous-Direction de santé environnementale de Bizerte en 1996. A l’origine annuelle, puis tous les deux ans, la prochaine édition aura lieu en 2015).50 Lors de ces journées, des présentations power-point sont faites dans des ateliers par des intervenants tunisiens et internationaux sur différentes thématiques. Des posters sont également développés à l’occasion de ces journées et font l’objet d’une évaluation in-situ. Les résultats de ces journées et les présentations sont publiés sur un site Web spécialement conçu à cet effet : www.hygienebizerte.com. Ces journées sont une occasion de s’interroger sur les outils de communication, formation et sensibilisation sur les DAS, comme ce fut le cas en 2005 51 ainsi que lors de l’Université Maghrébine d’Hygiène et de Sécurité des Soins de Sousse en 2012.

50 Voir http://www.hygienebizerte.com/. 51 Service régional d’hygiène du Milieu de Bizerte (2005), Xème Journée Régionale d’Hygiène Hospitalière de Bizerte. Programme et livre des résumés. Bizerte, p. 62. En ligne : http://www.hygienebizerte.com/PDF/Livredesresum%C3%A9s2005.pdf . Téléchargé le 14.06.2014. UMAHYSS (2012), Module N°2: la communication en hygiène. En ligne : https://sites.google.com/site/umahyss2014/umahyss-2012/contenu-pedagogique/module-n-2-la-communication-en-hygiene

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Le tri en milieu hospitalier est un acte primordial dans le circuit d’élimination des déchets d’activités de soins (DAS), sa bonne gestion permet de prévenir les risques infectieux liés à leurs manipulations et en particulier les accidents exposant au sang. La formation et la sensibilisation des personnels soignants à ce sujet semblent être une préoccupation primordiale et judicieuse. L’une des méthodes les plus utilisée pour atteindre ce but est l’élaboration des affiches éducatives et de formation.

Il y a la Journée Maghrébine d’Hygiène Hospitalière de Sousse dont la prochaine édition aura lieu en novembre 2014. Au niveau de la formation initiale, il semblerait que le sujet de la gestion des déchets d’activité de soin occupe qu’une très maigre place.

A l’école supérieure de Sousse, moi j’interviens et je donne un cours sur les déchets. Il y a un cours d’à peu prés 2 heures sur les déchets

Les Cours du Nord d'Hygiène et de Sécurité des Soins sont un cours de formation continu organisé à un rythme annuel ayant démarré en 2002 à l’initiative de la Sous-Direction de santé Environnementale de Bizerte. Ils durent entre 3 et 12 jours et concernent à chaque fois environ une trentaine de participants. De même, à Sousse, il y a l’Université Maghrébine d’Hygiène et de Sécurité des Soins qui verra sa deuxième édition fin août 2014. Ce cours de 4 jours est organisé en partenariat entre le Service d’hygiéne hospitalière du CHU Farhat Hached et l’université de Sousse.52

Les relais d’hygiène hospitalière de Bizerte ont été créés en 2005 par la Sous-Direction de Santé environnementale de Bizerte sous l’égide du Dr. Ridha Hamza. Selon le 1er bulletin du réseau de relais d’hygiène hospitalière de Bizerte, les relais d’hygiène sont une « plateforme de coordination entre les unités de soins hospitalières et les hygiénistes pour une meilleure prise en compte du travail de proximité en hygiène hospitalière ».53 Ces relais, qui étaient constitués d’un médecin et d’un personnel paramédical par service (pour les deux hôpitaux régionaux) ou pour chacun des quatre hôpitaux de circonscription, avaient pour tâche de participer à l’information et la formation du personnel, de participer à la surveillance des infections nosocomiales, de participer aux audits d’hygiène hospitalière, aux travaux du comité d’hygiène hospitalière, à l’élaboration des documents techniques, aux activités de recherche et à l’organisation des journées régionales d’hygiène hospitalière.

En dehors des journées de sensibilisation et de rencontre, les canaux de communications préconisés sont les mass médias, en particulier les radios régionales qui sollicitent souvent les directions régionales de la santé en matière de santé.

Au niveau des radios, chaque fois il y a des émissions spécifiques qui concernent les problèmes qui touchent les gens. Il y a des radios à l’échelle nationale et régionale. Nous avons une liste des journalistes qui nous demandent souvent notre avis et avec lesquels nous avons une bonne relation.

Par contre, il semblerait qu’il y ait peu ou pas de magazines dédiés à la santé en Tunisie. Il n’y a pas de magazines qui sont franchement dédiés à la profession.

Comme source d’information, beaucoup d’interlocuteurs se réfèrent au site Web du Ministère de la santé, surtout pour avoir des informations sur les événements et la législation.54 La majorité des supports de communication élaborés sont des supports écrits qui sont utilisés dans la communication santé et qui sont par conséquent préconisés. Il s’agit de dépliants, brochures, affiches, posters, classeurs de procédures et guides ou manuels. L’exemple de communication similaire le plus souvent repris est la campagne de l’hygiène des mains. Les posters ou les affiches montrent les bons gestes et certains sont affichés à côté des stations d’utilisation. A l’occasion des journées nationales et régionales de sensibilisation, des concours de posters sont organisés.

On a fait des brochures en langues arabe et française pour les professionnels.

52 Voir : https://sites.google.com/site/umahyss2014/. 53 Service régional d’hygiène du Milieu de Bizerte (2005), Le Bulletin du réseau de relais d’hygiène hospitalière de Bizerte, Nr. 1, Mars 2005. En ligne : http://www.hygienebizerte.com/R%C3%A9seaux%20des%20Relais%20d'Hygig%C3%A8ne%20Hospitali%C3%A8re%20de%20Bizerte/BulletinsRelais/Bulletin1Mars05.pdf. Téléchargé le 14.06.2014. 54 Voir http://www.santetunisie.rns.tn/.

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Et puis il y a des petits manuels, en moins détaillés que la gestion des DAS. On l’a utilisé également pour l’hygiène des mains.

Les autres supports de communication préconisés et utilisés sont des supports électroniques sous forme de CD/DVD, films et séquences vidéos. Il y a par exemple le DVD réalisé dans le cadre de l’hygiène des mains et formant une boîte à outils pour l’auto-formation et la formation en salle.55

On a fait un CDrom avec un quiz-test et un quiz formation avec des questions/réponses. Cela pouvait être utilisé pour l’auto-formation, l’animation d’ateliers. D’ailleurs, ce CDrom a été primé l’année dernière à Genève, il a eu un prix international.

Mais, par exemple, pour l’hygiène des mains cela a bien été développé et on a élaboré des films de sensibilisation, des affiches de formation ou explicatives, des dépliants en arabe et en français.

Par expérience, le film a vraiment été bien réussi et très demandé. On a gravé des CD que nous avons envoyés dans toutes les régions.

6.2.7 Les motivations et les freins pour une communication DAS

Les motivations correspondent aux facteurs qui pourraient favoriser le changement aussi bien au niveau individuel qu’au niveau structurel et organisationnel. Les freins sont les facteurs qui pourraient empêcher ou freiner ce changement.

Au niveau structurel, les motivations les plus fréquemment citées sont l’existence même du projet DAS/PCB qui, selon les interlocuteurs, va donner un nouveau souffle à la gestion des DAS et va apporter des solutions avec même un appui matériel important.

Auparavant, lorsqu’on demandait aux directeurs d’être conventionné et de respecter certaines choses, ils disaient « oui, mais j’ai d’autres priorités ». Et quand on leur dit qu’ils ne vont pas bénéficier des équipements, alors ils disent « il faut que je sois dans la règle de l’art pour que je puisse bénéficier ». C’est une motivation.

Si on va corriger, on va saisir l’occasion de ce projet, puisque tout ce qui est matériel, il sera fourni par le projet, il y aura la formation et le traitement

Un autre élément de motivation d’ordre structurel, c’est la législation mise en place, et le devoir pour les instances publiques de s’y conformer.

Le pollueur quel qu’il soit, directeur d’établissement sanitaire privé ou public est obligé de tout faire pour faire appliquer la réglementation selon le décret de 2008, le texte d’application qui définit les responsabilités de chacun. Chaque responsable d’établissement sanitaire est tenu de respecter la réglementation que ce soit à travers la convention avec des sociétés privées, que ce soit individuellement ou dans le cadre d’un groupement. L’essentiel pour nous c’est de bien gérer les déchets sceptiques de la source à la décharge finale.

Pour eux, avant, il n’y avait pas de problème, il y avait des déchets, c’est tout. Mais avec l’article de 2008, ils sont maintenant conscients du problème et qu’ils doivent, par la loi d’une part, s’aligner aux autres structures sanitaires comme il faut et qu’il y a une responsabilité et que chacun doit prendre ses responsabilités.

La troisième motivation d’ordre structurelle fréquemment citée est une motivation intrinsèquement liée au devoir du système de santé, c’est-à-dire au risque sanitaire et à la priorité des services d’hygiène de lutte contre les infections nosocomiales. La connaissance exacte des chiffres sur les accidents d’exposition au sang liés au traitement inadéquat des déchets d’activité de soin, et des frais liés au traitement de ces infections, sans parler des dommages provoqués par l’atteinte à la réputation, seraient un fort facteur de motivation pour les décideurs pour s’engager dans la bonne gestion des DAS.

Il faudrait connaître la part d’accidents d’exposition au sang au moment de la manipulation de déchets et, à partir de là, estimer la charge de mobilité liée à ces déchets. De cette façon on pourra convaincre les décideurs avec des chiffres.

En ce qui concerne les freins d’ordre structurel, il y a la crainte que les déchets continuent d’être ramassés par la municipalité et qu’il n’y ait pas suffisamment de consommable.

55 Voir http://www.hygienebizerte.com/boitehygiene.html

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Il y a un handicap majeur. La question qu’on nous a toujours posée depuis 20 ans : oui vous nous poussez à faire le tri, à acheter les sacs de différentes couleurs et après on se rend compte qu’au niveau du traitement final nos déchets vont être traités avec les déchets ordinaires.

Le frein, il faut se méfier toujours du côté équipement et consommables. Il faut veiller à ce qu’il y ait un approvisionnement régulier en consommable, à ce qu’il y ait des équipements fonctionnels pour que ça marche.

Egalement, du point de vue de la communication, il y a une inquiétude quant à l’approche adéquate et le souci de faire des supports de communication adaptés au contexte tunisien.

Ce qu’il faut éviter en termes de communication c’est tout ce qui est les manuels un peu volumineux, ils restent toujours dans le tiroir.

Ce qu’il faut éviter aussi tout ce qui est copié/collé, voir plutôt des spécificités tunisiennes, par exemple les affiches ou des photos où on aimerait toujours voir quelque chose typiquement tunisien.

Sur le plan individuel, ce qui pourrait motiver le plus au changement, c’est l’engagement des premiers responsables dans les structures de santé, que ce soit le directeur ou le chef service. Les autres motivations citées sont les récompenses pour ceux qui font bien, mais également les pénalités lorsque les procédures ne sont pas respectées.

Mais les chefs de services actuellement et un certain nombre de personnel sont très sensibilisés au problème, ainsi, particulièrement avec eux, le projet a toutes les chances de réussir.

Mais par contre une sorte de note pour dire que tel hôpital il est noté 19/20 en gestion des déchets DAS et il aura une sorte de prime ou il sera favoris dans tel volet.

Pour convaincre, il y a aussi la pénalité. Si on pénalise un établissement donné, les autres seront sensibilisés.

Là, on fait juste des pénalisations verbales, à travers le ministre, avec des courriers. Ça la fout mal pour l’établissement, le ministre qui lui envoie un courrier. Les directeurs sont nommés et donc il y a une influence sur les directeurs.

Concernant les pénalités, il faudra être prudent : nous avons vu en effet dans la caractérisation des problèmes dans la gestion des DAS qu’il est difficile à l’heure actuelle d’imposer les pénalités et que la priorité est à la paix sociale. Ainsi, il faudra mieux favoriser un système de récompense.

En ce qui concerne les freins d’ordre personnel, il y a la crainte que certains corps de métier soient réticents face à cette thématique, en particulier lorsqu’ils considèrent que ce n’est pas de leur ressort ou bien lorsqu’ils craignent que le respect des règles de gestion, en particulier du tri, soit une source de travail supplémentaire.

Il y a aussi un corps à ne pas négliger, c’est les médecins ou les infirmiers c’est-à-dire ceux qui pratiquent réellement. Pour eux il y a un peu une perte de temps dans l’acte et au lieu de réaliser l’acte en 15 mn ils vont le réaliser en 20 mn.

Cela est particulièrement le cas lorsque nous sommes finalement face à une minorité de personnel qui respecte le tri, c’est difficile d’impacter le changement. Par contre, si on arrive à faire balancer une certaine majorité du personnel à faire le tri, alors ce sont ceux qui ne le respectent pas qui risquent de se sentir mal à l’aise et qui subiront suffisamment de pression pour se mettre aux normes.

Je ne pense pas qu’il y a de la résistance ou un refus. Mais quand on n’apprend pas ou bien qu’on n’insiste pas sur ce concept pendant la formation, je pense qu’on a du mal à y adhérer. Mais si vous avez toute l’équipe qui respecte ces normes, ces procédures et s’il y a quelques-uns qui ne font pas, ils vont se demander pourquoi. Ils se sentent diminuer ou c’est les autres qui vont assurer le contrôle. Pour moi, je considère que c’est un changement de masse qui va amener les choses de manière définitive.

6.3 Les résultats du diagnostic concernant la communication interne du projet

La communication interne concerne les structures et activités visant l’information et la facilitation de la prise de décision par les acteurs du projet à l’interne. Il ne s’agit pas ici, de la communication interne des entreprises, ministères ou hôpitaux, mais de la communication interne du projet. Le projet dispose de plusieurs structures de communication et de gestion qui reposent « sur la participation de tous les

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intervenants potentiels du projet, y compris les structures existantes locales, régionales et nationales qu’elles soient publiques et/ou privées ».56

Le projet est piloté par un comité de pilotage créé par le Ministère chargé de l’environnement, et qui est l’organe de supervision du projet au niveau stratégique et de concertation entre les différents acteurs. Il se réunit normalement deux fois par an au minimum et chaque fois que cela est jugé nécessaire par son président, qui est le Ministre chargé de l’environnement. Il comprend les représentants des différents Ministères concernés des différents départements et organismes concernés. Y sont représentés les Ministères de l’Industrie, des Finances, de l’Intérieur, de la Santé, de la Défense Nationale, des Affaires Sociales ainsi que les structures et établissements de soins privés et les sociétés autorisées pour la gestion des DAS, les Ministères de l’Agriculture, de la Coopération internationale, du Développement régional. Les autres parties prenantes concernées par le projet, sont l’ANGed, le point focal du FEM, l’Agence nationale pour la protection de l'environnement (ANPE), la Direction Générale de l’Environnement et de la Qualité de la Vie (DGEQV, Min. chargé de l’environnement), la Direction de l’Hygiène du Milieu et de la Protection de l’Environnement (DHMPE, Min. de la Santé), la Société Tunisienne de l'électricité et du gaz (STEG), le Groupe Chimique Tunisien (GCT), la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) et de la Société de Sidérurgie El Fouladh.57

Vient ensuite l’unité de gestion du projet (UGP), qui concerne l’équipe chargée de la gestion même du projet et qui a été mise en place à l’interne de la structure de gestion du projet, l’ANGed. Cette unité de gestion est dirigée par le chef de projet au Département de Gestion des déchets industriels et spéciaux (DDIS) et par les deux coordinatrices des activités du projet relatives respectivement à la gestion des DAS et PCB. L’UGP est « responsable de l’ensemble de la supervision et de la coordination du projet, du suivi de ses progrès et s’assure que les impacts et résultats sont conformes aux indicateurs prévus, et veille aux modalités de diffusion de l'information du projet et de ses résultats. »58 La composante communication est représentée dans l’UGP à travers une responsable pour la Communication, la Sensibilisation et l’Information de l’ANGed. Elle est renforcée par une expertise externe en communication.

Enfin, au niveau de chaque thématique, des groupes de travail ont été mis en place, à savoir un groupe de travail DAS et un groupe de travail PCB. Ces groupes de travail, qui sont coordonnés respectivement par les coordinatrices DAS et PCB, visent la mise en œuvre du projet en partenariat étroit avec les parties prenantes concernées. Participent au groupe de travail PCB des représentants du Ministère chargé de l’environnement, de l’ANPE, du Ministère de la Santé, de l’ANCSEP, du Ministère de l’Industrie, du Ministère de l’Agriculture, de la STEG, du GCT, de la CPG, de la compagnie de sidérurgie El Fouladh, de Magasin Général, de la SOTRAPIL, de la STIR, de la société civile et de tout autre organisme identifié au fur et à mesure que le projet avance et qu’il estime qu’il est essentiel qu’il y participe. C’est le cas par exemple la SACEM, et la Société Tunisienne de Lubrifiant (SOTULUB). Font parties du groupe de travail DAS de représentants du Ministère chargé de l’environnement, de l’ANPE, du Ministère de la Santé, de l’ANCSEP, de Directions régionales de santé publiques, du Ministère de l’Intérieur, du Ministère de la Défense Nationale, du Ministère des Affaires sociales, de la Chambre Syndicale des Cliniques privées et de la société civile.59 A ce jour, le groupe de travail PCB s’est réuni cinq fois et le groupe de travail DAS huit fois.60

Pour la mise en œuvre de ces partenariats, des conventions-cadres avec les ministères techniques et des conventions spécifiques avec les entités concernées ont été élaborées, garantissant également le co-financement pour la mise en œuvre du projet. C’est le cas, pour l’aspect PCB, des conventions spécifiques avec la STEG, le GCT, la CPG, la STIR, SOTRAPIL, Magasin Général et El Fouladh. Toutes les

56 Voir ANGed (2013), Manuel de Procédures opérationnelles du projet, Novembre 2013. 57 Voir ANGed (2013), Manuel de Procédures opérationnelles du projet, Novembre 2013. P. 16. 58 Voir ANGed (2013), Manuel de Procédures opérationnelles du projet, Novembre 2013. P. 16. 59 Voir ANGed (2013), Manuel de Procédures opérationnelles du projet, Novembre 2013. P. 18. 60 Au 17 juin 2014.

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conventions spécifiques PCB ont été signées. Pour les DAS, des conventions ont été élaborées avec le Ministère de la Santé (déjà signée), le Ministère des Affaires Sociales, le Ministère de la Défense Nationale et le Ministère de l’Intérieur. Un programme d’exécution détaillé entre l’ANGed, la DGSSP et la DHMPE sous la tutelle du Ministère de la Santé, le Ministère de la Défense Nationale, le Ministère de l’Intérieur et le Ministère des Affaires Sociales où figurent les engagements de chaque partie, l’obligation des résultats et le planning de réalisation est en cours d’élaboration.

La communication interne entre les différents acteurs du projet se fait principalement par courrier officiel de l’ANGed vers ses partenaires pour les invitations à des séminaires et des réunions. Elle se fait également en parallèle par courrier électronique pour l’envoi de ces mêmes invitations et pour l’envoi de documents de projets. Autrement, la communication se fait par voie directe à travers la participation à des réunions des groupes de travail ou par téléphone. Les groupes de travail se réunissent de façon ad hoc sur invitation de l’ANGed et ils sont documentés par des PV envoyés ensuite par courrier électronique aux participants.

Pour évaluer la communication interne, des questionnaires ont été envoyés à 38 parties prenantes de cette communication.61 20 (53 %) ont renvoyé le questionnaire rempli, dont 50 % sont des membres du groupe de travail PCB, 10 % des membres du groupe de travail DAS et 30 % sont des membres de l’UGP et 5 % venant d’un ministère (Secrétariat chargé du développement durable). Un consultant a également renvoyé le questionnaire rempli. Lors des entretiens semi-structurés, les interlocuteurs ont également été interrogés sur leur opinion par rapport à la communication interne du projet.

La plupart des interlocuteurs sont relativement satisfaits de la communication interne du projet DAS/PCB (80 % se déclarent satisfaits selon les résultats du questionnaire). Certains souhaitent des informations complémentaires relatives au cadre réglementaire. Tous favorisent une communication à travers les courriers électroniques, seuls huit (sur les vingt qui ont répondu) seraient intéressés d’avoir un accès aux fichiers du projet à travers un système de partage de fichiers en ligne de type dropbox ou FTP. La grande majorité d’entre eux estiment nécessaire l’envoi par courrier électronique des invitations aux sessions des groupe de travail, les PV de réunion, les rapports du projet, les invitations aux séminaires et les invitations aux formations.

En ce qui concerne les informations supplémentaires souhaitées, certaines personnes ont souhaité l’envoi de rapports d’avancement actualisés du projet et du planning d’intervention. Une personne a souhaité recevoir en plus des documents de présentation du projet. Un répondant PCB a également souhaités être plus informé sur « les actions à faire tout au long du projet, interventions des experts sur terrain, précautions à prendre de la part des détendeurs…. ». Un autre encore a souhaité plus d’informations techniques, comme relatives aux « règles d'exploitation et d'aménagement des dépôts des équipements et huiles contaminés par le PCB ». Se pose également la question de l’envoi de courriers électroniques avec des pièces jointes lourdes. Un membre de l’UGP a évoqué cette problématique en souhaitant que les courriers soient envoyés sans la pièce jointe, mais en proposant comme alternative la mise à disposition de ce document dans la dropbox ou le serveur FTP.

6.4 Les résultats du diagnostic concernant la communication institutionnelle du projet

La communication institutionnelle correspond aux activités de communication faisant la promotion du projet et destinées à rendre le projet plus visible à l’externe. Cette visibilité a pour objectif de mettre en valeur l’apport du projet pour l’atteinte de son objectif et sert à la mobilisation des acteurs et des bailleurs de fonds pour la continuation de l’appui au projet et, qui sait, la mobilisation des fonds supplémentaire en cas de réussite du projet.

61 Voir Questionnaire pour la communication interne et institutionnelle en annexe 4.

54

Pour ce qui est de la communication institutionnelle au niveau du projet, il est prévu dans le manuel de procédure la divulgation sur le site Internet de l’ANGed, dans les municipalités et les sites pour les PCB et dans les hôpitaux pour les DAS, ainsi que sur l’InfoShop de la Banque Mondiale des plans de gestions environnementaux et sociaux (PGES) réalisés pour chaque site détenteur de PCB et chaque hôpital bénéficiaire du projet.62 En effet, selon le classement de la Banque Mondiale dans le cadre de ses politiques et lignes directrices de sauvegarde environnementale, le projet de gestion des PCB et des DAS est considéré comme un projet de catégorie A, c’est-à-dire qu’il requiert une évaluation environnementale complète, car les déchets contaminés par les PCB et ceux générés par les activités sanitaires ont des impacts irréversibles et persistants.

Le PGES élaboré pour chaque entité par en expert décrit concrètement l’impact environnemental et social du projet, et les mesures d’atténuation de ces impacts, c’est-à-dire ce qu’il est prévu de faire pour contrecarrer ces nuisances. Un plan de suivi-évaluation de l’environnement et des conditions sociales, assorti d’activités de renforcement de capacité, d’un budget et d’un calendrier font également partis du PGES. C’est ce document qui, selon la procédure de la Banque Mondiale PB 17.50 doit être publiée.63 La diffusion d’information « appuie les prises de décisions par l’emprunteur et la Banque en favorisant l’accès du public aux informations sur les aspects environnementaux et sociaux du projet ».

Au-delà des PGES, qui sont en voie de finalisation et donc pas encore diffusés, la communication institutionnelle du projet se fait en ce moment principalement à travers le site Web de l’ANGed. Cette communication institutionnelle est divisée entre la communication DAS et la communication PCB, sans que la liaison entre les deux aspects, à savoir le cadre de mise en œuvre de la convention de Stockholm, ne soit évidente. A aucun moment, la signification des PCB est expliquée. Les ateliers publics d’informations sont bien annoncés sur le site Web de l’ANGed, et leur documentation est en général également disponible sur ce site Web. La presse est en général conviée lors de ces événements, et les médias écrits, radiophoniques et télévisés s’en font l’écho, surtout lorsqu’à cette occasion, un ou plusieurs ministres sont présents. Un dépliant a été imprimé concernant le projet, et des présentations power-point existent et sont publiées sur le site Web de l’ANGed, dans la documentation des ateliers.

Sur le site Web du Ministère chargé de l’environnement, dans la partie prévention des dangers, gestion des produits chimiques, en page 7, la gestion des PCB est mentionnée, ainsi que la convention de Stockholm et le projet de disposition de pesticides périmés (PASP).64 Cependant, les informations ne sont pas actualisées. Le Plan d’Action National de la Tunisie pour la mise en œuvre de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants de 2007 n’est pas téléchargeable sur le site Web du Ministère mais sur le site Web de la Convention de Stockholm.65 Aucun site Web dédié à la mise en œuvre par la Tunisie de la convention de Stockholm n’existe, contrairement à d’autres pays de la sous-

62 Voir ANGed (2013), Manuel de Procédures opérationnelles du projet, Novembre 2013. P. 39. 63 Voir Nafti, R. (2014), Le Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES) dans le contexte des politiques de sauvegarde environnementale et sociale de la Banque Mondiale, Présentation faite à l’occasion du Séminaire d’information réglementaire sur les DAS à Tunis le 30.01.2014, disponible en ligne : http://www.anged.nat.tn/files/pr%C3%A9sentation%20du%201er%20atelier/Rachid%20Nafti.pdf. Téléchargé le 15.08.2014. La référence à la politique de la banque (BP 17.50) n’a pas pu être trouvée dans les documents récents de la Banque Mondiale. Les éléments relatifs à la diffusion de l’information sont visibles dans la politique opérationnelle PO 4.01 « Environmental Assessment » révisée en avril 2013 (http://go.worldbank.org/K7F3DCUDD0) et la Politique d’accès à l’information de la Banque Mondiale révisée en juillet 2013 (http://documents.worldbank.org/curated/en/2010/07/12497973/world-bank-policy-access-information-politique-dacces-linformation-de-la-banque-mondiale) 64 Voir http://www.environnement.gov.tn/index.php?id=180#.U57dOvl5NUU 65 Voir http://www.pops.int/documents/implementation/nips/submissions/Plan_action_national_Tunisie.pdf. Téléchargé le 08.12.2013.

55

région comme le Maroc ou l’Algérie.66 Aucun autre ministère concerné par ce projet ne le mentionne sur son site Web.

Concernant la communication institutionnelle du projet, selon le questionnaire,67 80 % des interlocuteurs l’estiment satisfaisante, le reste l’estime insuffisante. Aucun ne l’estime très satisfaisante. La plupart souhaite une visibilité plus grande à travers un site Web du projet (80 %) ou une communication sur le site Web de l’ANGed (60 %). En troisième position vient une newsletter du projet (55 %). Les autres supports proposés pour une plus grande visibilité sont le site Actu-environnement,68 le site Web du réseau régional d’expertise et d’échange d’information sur les déchets solides au Maghreb et au Machreck SWEEP-NET,69 le magazine « Energie » du Ministère de l’Industrie, la Revue d’Electricité et de Gaz de la STEG, le magasine de l’API (l’Agence de Promotion de l’Industrie), la revue trimestrielle scientifique et d’informations générales de l’ISST et le site Web de l’ANCSEP.70 Sur le plan international, la Revue Santé Publique (rubrique Pratiques et organisation des soins), qui est une revue scientifique en version papier et électronique publiée gratuitement en ligne par l’Association Française de Santé Publique,71 a été évoquée, ainsi que les revues françaises « Sciences et Vie »,72 et « La Recherche ».73 Autant pour certains de ces magazines et revues, il est possible de soumissionner soi-même des articles ou de se faire interviewer, autant pour d’autres, l’accès est plus difficile, notamment les derniers évoqués. La voie traditionnelle pour attirer l’attention des médias nationaux et internationaux reste la publication à travers les agences de presse, comme la TAP en Tunisie. Moins de la moitié (35 %) souhaite voir une publication dans la presse nationale. Ce résultat est confirmé par les interviews qui montrent que les partenaires – en particulier les détenteurs des PCB – souhaitent une certaine discrétion vis-à-vis du grand public.

Les médias sont des relais de communication souvent catastrophiques car pour eux c’est vendeur le PCB, ils se frottent les mains.

Cependant, certains partenaires entretiennent de bonnes relations avec les médias qui leur permettent de passer une information différenciée. C’est le cas notamment de tous les partenaires institutionnels. De plus certains partenaires semblent montrer un certain engagement en termes de contribution à la visibilité. En effet, environ 30 % souhaitent soit écrire un article, soit donner une interview. Ainsi, la diffusion de communiqués de presse aux organes de presse généralistes l’agence de presse tunisienne TAP, ou la diffusion d’interviews ou de reportages auprès des plus grandes chaînes de télévision tunisiennes et les radios nationales et régionales pourrait s’avérer bénéfique. Les journaux les plus lus dans la presse francophone et arabophone sont Al Chourouk, Al Maghreb, La Presse et le Temps pour ce qui est des quotidiens et Al Dhamir, Al Massa et L’Audace pour ce qui est des hebdomadaires. Les chaînes de télévision les plus regardées sont la chaîne nationale 1 (Watania 1), Nessma TV et Hannibal TV. En ce qui concerne la radio, il y a la radio nationale avec ses démembrements à Sfax, Gafsa, Monastir, Le Kef et Tataouine, il y a Shems F.M. et la chaîne internationale (Radio Tunis Chaîne Internationale, RTCI) et des radios privées nationales ou régionales comme Mosaïque FM, Express FM, Radio Oxygène à Bizerte (pratiquement la seule radio qui consacre une bonne partie de sa programmation à l’environnement) ou Oasis FM à Gabès.

Nous intervenons dans les radios locales, la radio de Sousse qui est privée et la radio régionale de Monastir et dernièrement la radio de Msaken.

66 Voir les sites Web pour l’Algérie (http://www.popsalgerie.com/) ou le Maroc (http://www.popmaroc.gov.ma/). 67 Voir questionnaire sur la communication interne et institutionnelle en annexe 4. 68 Voir www.actu-environnement.com1. 69 Voir http://www.sweep-net.org/. 70 Voir http://www.ancsep.rns.tn/. 71 Voir http://www.sfsp.fr/santepublique/accueil.php. 72 Voir http://www.science-et-vie.com/. 73 Voir http://www.larecherche.fr/.

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Certains interlocuteurs souhaitent représenter le projet dans des ateliers. D’autres verraient bien des présentations dans des ateliers thématiques spécifiques nationaux ou internationaux. Pour les conventions de Stockholm, Bâle et Rotterdam, par exemple, certains souhaitent voir la Tunisie représentée dans les sommets de la convention et les conférences des parties (COP). La prochaine COP pour ces trois conventions est prévue à Genève du 3 au 14 mai 2015.74 Il y a également les ateliers régionaux à propos de la mise en œuvre de la Convention de Stockholm avec celles de Bâle et de Rotterdam organisés par le Centre d'Activités Régionales pour la Production Propre Barcelone en Espagne.75 Les autres événements internationaux pertinents que nous avons identifiés sont Dioxine 2014 : Le 34ème Symposium International sur les Polluants Organiques Persistants halogénés (POP) réglementés à l'échelle mondiale par la Convention de Stockholm qui se tiendra à Madrid en Espagne du 31 août au 5 septembre 2014. Les événements organisés dans le cadre du Réseau International de l’Elimination des POPs, (International POPs Elimination Network, IPEN)76 qui est un réseau d’associations qui travaillent dans le cadre de la campagne de plaidoyer de la société civile de l’approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques (SAICM), sont également pertinents. Le point focal de l’IPEN pour le Moyen Orient se trouve à Tunis et il est représenté par l’Association d'Education Environnementale pour la Future Génération (AEEFG). L’IPEN a plusieurs publications où il conviendrait de mieux positionner la Tunisie, notamment le rapport triannuel, le rapport citoyen, des rapports thématiques ou les rapports régionaux.

Il existe d’autres événements thématiques ceux-là, qui se rapportent plus soit aux PCB, soit aux DAS. Ainsi, par exemple, concernant les DAS, un des focus du prochain salon annuel de l’environnement Pollutec en France en décembre 201477 sera l’hôpital et le développement durable. Il y a la foire internationale pour la gestion de l’eau, l’assainissement, les déchets et les matières premières (IFAT) à Munich78, et l’ Arab Health / Medlab 2015 À DUBAÏ.79 Au niveau national, nous avons déjà mentionné les journées régionales d’hygiène et de sécurité de Sousse (prochainement en novembre 2014) et de Bizerte. Pour les PCB, nous avons identifié également un séminaire spécifique sur les cancers professionnels organisé en France par l’Institut national de recherche et de sécurité et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail en novembre 2014.80

7 L’analyse SWOT

L’analyse des forces, faiblesses, opportunités et menace en communication (SWOT en anglais pour Strengths, Weaknesses, Opportunities and Threats, parfois nommé en selon l’abréviation française FFOM) est un instrument qui permet d’établir les points forts et les points faibles d’un système de communication existant à un moment donné.81 Les points forts et faibles sont en général internes à l’organisation ou au système de communication mis en place pour le traitement d’un thème donné et dont l’institution a la maîtrise. A partir de ce système de communication, l’analyse des opportunités et des menaces (ou des risques), permet l’ouverture vers l’avenir et l’extérieur, pour analyser dans quel contexte le projet est amené à se développer.

74 Voir le Calendrier des événements sur le site Web sur la synergie entre les trois conventions : http://synergies.pops.int/Home/tabid/813/language/en-US/Default.aspx. 75 Voir http://www.cprac.org/fr. 76 Voir http://www.ipen.org/. 77 Voir http://www.pollutec.com/. 78 Voir http://www.ifat.de/. 79 Voir http://arabhealthonline.com/Medlab/. 80 Voir http://cancersprosinrs.web-events.net/. 81 Voir GIZ (2013), Manuel de communication pour la gestion intégrée des ressources en eau au Maroc, Programme d’Appui à la Gestion intégrée des Ressources en Eau (AGIRE), Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement (MEMEE), Département de l’Eau. En ligne : http://www.agire-maroc.org/manuel-communication. Téléchargé le 15.08.2014. P. 22.

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Ensuite, sur la base de cette analyse, des axes stratégiques sont élaborés. Ces axes stratégiques sont idéalement élaborés en utilisant les points forts du système, en cherchant à inverser les points faibles, tout en prenant appui sur les opportunités externes mais en gardant à l’œil les menaces éventuelles. Pour contrer celles-ci, des stratégies ou des scénarii alternatifs peuvent être mis en place. L’exercice SWOT doit en général se faire en groupe, avec les parties prenantes concernées, car il doit refléter un certain consensus et il est la base de départ pour l’élaboration des axes stratégiques. Nous allons ici présenter, pour chaque thème, les résultats qui ont été élaborés lors des ateliers d’élaboration stratégiques (le 26 mai pour les PCB et le 29 mai 2014 pour les DAS) tout en les enrichissant là où les groupes n’ont pas eu le temps d’approfondir.

7.1 L’analyse SWOT pour la communication PCB

L’atelier du 26 mai 2014 pour l’élaboration des axes stratégiques de communication PCB a vu la participation de représentants de l’ANGed, du Ministère de l’Industrie, du Ministère chargé du Développement durable, du Ministère de la Santé, du Ministère des Transports, du Ministère des Finances (Douane), de la DHMPE, de l’ANCSEP, de l’ANGed, de l’ANPE, de l’ONAS, de l’APAL, de l’ISST, de la DIMST, de la STEG, du GCT, de la CPG, de El Fouladh et de la SOTULUB.82

Les points forts identifiés sont l’existence du projet en lui-même, qui est un catalyseur pour la mise en place des activités et qui offre un cadre institutionnel et matériel. Le projet accorde une place non négligeable à la communication avec l’élaboration de la présente stratégie de communication, et l’élaboration de supports de communication. Le projet prévoit également l’élaboration d’un manuel technique pour la bonne gestion des PCB et la formation des détenteurs sur ces bonnes pratiques de gestion. Il apportera un appui financier très apprécié par les détenteurs pour l’élimination des stocks prioritaires et des appareils en rebus. Ainsi, le projet est considéré comme un catalyseur de changement.

Les conventions de partenariat signées en juin 2013 entre l’ANGed et les détenteurs (STEG, CPG, GCT, El Fouladh, STIR, SOTRAPIL et Magasin Général) sont également vues comme positives, puisque non seulement il offre un cadre d’action, mais les partenaires se sont engagés mutuellement sur le plan financier. Egalement vu comme un point positif, c’est l’existence chez certains détenteurs comme la STEG, la SACEM et le GCT d’unité de communication. D’un ordre plus structurel (et moins communicationnel), ont également été identifiés comme points positifs l’existence de normes relatives aux limites maximales des seuils de contamination PCB dans les denrées alimentaires dans la législation tunisienne,83 l’existence de structures de contrôle (à travers la DHMPE, l’ANPE, l’Office National de la Protection Civile – ONPC, la Direction de l'inspection médicale et de la sécurité au travail (DIMST), et l’ANCSEP) et l’obligation légale des employeurs d’informer leurs salariés.

Au-delà de ces points forts constatés en atelier, nous pouvons également citer la capacité de l’ANGed de communiquer, que ce soit pour un public spécialisé ou un grand public, avec même une première expérience de l’ANGed en matière de mise en œuvre et de communication sur les POPs, à savoir sur les pesticides périmés à travers le Programme Africain relatif aux stocks de pesticides périmés (PASP) pour la Tunisie. La mise en place par l’ANGed du groupe de travail PCB est également un point fort, car il permet l’échange dans un cadre de confiance entre les détenteurs et les autres acteurs de la gestion des PCB où les problèmes peuvent être discutés et des solutions trouvées de manière collégiale. Il

82 Voir Thaly, D. (2014), 140526 rapport de l’atelier de stratégie de communication PCB, mai 2014. 83 Voir Arrêté du ministre de la santé, du ministre de l’industrie, du ministre du commerce et de l’artisanat, du ministère de l’agriculture et du ministre de l’équipement et de l’environnement du 13 mai 2013 fixant la liste des limites maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires et les méthodes de prélèvement d’échantillons et d’analyse pour le contrôle officiel. A noter cependant que ces valeurs seuils concernent uniquement la chaîne alimentaire, et non pas la première source d’exposition pour l’humain au PCB, à savoir le poste de travail dans la manutention des appareils PCB, pour lequel il n’existe toujours pas de valeurs seuils.

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existe également, au niveau de certains acteurs, une certaine tradition de communication. C’est le cas notamment de la Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz (STEG) qui fait beaucoup d’activités de communication et de formation à l’interne, la SOTULUB et le GCT ont même mis en place une démarche de communication environnementale. La SACEM, elle, a développé sa communication interne dans le cadre de l’ISO 14001. Quant à l’ANCSEP, elle a l’expérience de la communication scientifique et avec les médias.

Ces forces, principalement d’ordre réglementaires et structurelles, ne peuvent cependant pas masquer de nombreuses lacunes. Il n’existe en effet pas de procédures d’information sur les huiles contaminées, plus précisément, il n’y a pas de système de traçabilité sur les huiles contaminées. Les huiles et les transformateurs sont certes analysés pour la détection de PCB lors de la réception des huiles usées à la SOTULUB et elles sont rejetées lorsqu’elles dépassent une certaine teneur en PCB, et la SACEM refuse de faire la maintenance d’appareils PCB, mais il n’y a pas de système d’information et de coordination pour informer les instances de contrôle. Il y a également le fait que les transformateurs ne sont pas systématiquement testés pour leur teneur en PCB et donc il n’y a pas de connaissance précise sur le degré de contamination par le PCB des huiles minérales.

Les autres faiblesses citées, également d’ordre structurel et organisationnel, sont la sous-formation des responsables du contrôle. Plusieurs institutions interviennent en effet normalement pour le contrôle du respect de la législation, à savoir :

- l’Agence Nationale de Protection Environnementale (ANPE) à travers le Département Contrôle et Suivi de la Pollution pour le contrôle et le suivi des rejets polluants et les installations de traitement desdits rejets ;

- L’Agence Nationale de Gestion des Déchets (ANGed) pour le contrôle des déchets dangereux ; - la Direction de l’Inspection médicale et de la sécurité au travail (DIMST) du Ministère des

Affaires sociales pour le contrôle en milieu du travail ; - l’Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits (ANCSEP), agence

sous-tutelle du Ministère de la Santé, pour le contrôle des produits alimentaires, caractérisation du risque et coordination de la gestion du risque avec les autres instances de contrôle ;

- La Direction de l’Hygiène du Milieu et de la Protection de l’Environnement, du Ministère de la Santé, pour le contrôle sanitaire des eaux et la santé environnementale (entre autres pour la pollution chimique) ;

- La Direction Générale du contrôle de la protection de la qualité de la protection agricole et l’office d’élevage du Ministère de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques pour le contrôle des produits agricoles et piscicoles ;

- La Direction Générale des Douanes pour le contrôle de l’importation et de l’exportation des produits et des déchets selon le code douanier ;

- Le Ministère de l’Intérieur, du transport, les autorités portuaires, l’Office National de la Protection Civile (ONPC) pour le transport terrestre et maritime des produits et déchets PCB ;

- Municipalités, ONAS, APAL (APIP)84 Etc. ?

Chacune de ces catégories de contrôleur a un rôle à jouer dans le contrôle des appareils et des déchets PCB, mais en l’absence de formation sur ce rôle et sur ces tâches et également de législation claire, les participants à l’atelier ont identifié la fonction contrôle du PCB comme une faiblesse d’ordre opérationnelle et structurelle.85 Les autres faiblesses identifiées sont le manque de capacité d’analyse des PCB en Tunisie : en effet, il semblerait qu’il n’y ait pas de laboratoire utilisant les normes

84 APIP : Agence des Port et des Installations de pêche. 85 Voir GIZ/ANPE (2013), Mission d’évaluation et d’amélioration du contrôle environnemental par l’ANPE, Programme pour l’environnement, Gazbar, S. et Lottmann J.H., Mai 2010 (publié en 2013). En ligne : http://star-www.giz.de/fetch/7a7X1L00pMgm000Qqc/giz2013-0770fr-controle-environnemental.pdf. Téléchargé le 17.06.2014.

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européennes pour l’analyse des PCB en Tunisie. Hors, en vue de l’exportation et du traitement des produits et déchets PCB en Europe, il sera nécessaire auparavant de faire les analyses des huiles et appareils PCB selon ces normes. De même le manque de statistiques épidémiologiques pour la connaissance sur le taux de contamination effectif de la chaîne alimentaire et de l’homme et le cadre règlementaire insuffisant ont été identifiés comme faiblesse. Enfin, certes des conventions de partenariat ont été signées avec l’essentiel des gros détenteurs de PCB, mais il manque encore des gros détenteurs qui ne semblent pas bien sensibilisés sur l’importance de la bonne gestion des PCB. Il y a d’une part le Ministère de l’Agriculture, qui est le troisième détenteur répertorié après la STEG et la CPG, et qui disposent de nombreux transformateurs en service et au rebus répartis sur toute la Tunisie. Mais il y a également des gros détenteurs dont le stock d’appareils potentiellement PCB n’a pas été répertorié et qui sont, comme le Ministère de l’Agriculture, des détenteurs sensibles. C’est le cas par exemple du Ministère de la Défense Nationale. D’autres gros détenteurs des domaines public et privé peuvent exister, mais en l’absence d’un inventaire exhaustif, ils ne sont pas encore connus.

En termes de communication, il ressort du diagnostic que la communication sur les PCB est quasiment inexistante en Tunisie, tant pour le grand public qu’à l’interne et à l’externe des entités détentrices. Il n’y a actuellement quasiment pas de sensibilisation régulière des employés, bien que certains soient au courant des effets nocifs des PCB. Certains portent les équipements de protection individuels, d’autres non, et d’une manière générale, le non-port des E.P.I. n’est pas motif de sanction.

A part quelques entités, la plupart des entités détentrices n’ont pas de département de communication et sensibilisation, et cette fonction est généralement assurée par les services techniques de qualité et sécurité pour ce qui est des employés. Mais les PCB ne constituant pas une priorité au vu des autres dangers présents sur les sites des détenteurs, les informations spécifiques sur les PCB sont quasiment inexistantes. Les appareils PCB encore en service n’ont pas une signalétique spécifique. Il n’y a en général aucune communication environnementale des entreprises. Le grand public est quasiment pas informé sur la problématique PCB en Tunisie et ne connaît pas les risques et dangers.

Parmi les opportunités identifiées, il y a le cadre général en termes d’engagement de la Tunisie qui est positif. En effet, non seulement la Tunisie a ratifié la convention de Stockholm, mais elle est actuellement dans un processus d’actualisation du plan de mise en œuvre de la Convention de Stockholm avec l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI). A l’occasion de l’atelier d’élaboration des axes stratégiques de communication, la Société Tunisienne de Lubrifiants (SOTULUB) a réitéré sa volonté de collaborer avec l’ANGed pour mettre au point un protocole de contrôle des huiles contaminées avec un système de traçabilité. Enfin, il semblerait qu’il existe bel et bien des sociétés en Tunisie habilitées à faire les analyses PCB selon les normes européennes,86 mais cela reste à vérifier.

Parmi les opportunités non citées lors de l’atelier mais qui ressortent du diagnostic, c’est la promulgation prochaine du texte de loi sur les PCB qui va encadrer la gestion de ce produit et déchet. Or nous l’avons vu, il s’agit d’une condition sine qua none pour le déclenchement de la mise en place des procédures de gestion et de contrôle. Il y a également la mise en place du comité PCB qui est prévue au niveau national, suite à la promulgation de la loi relative aux PCB, et qui va faciliter la collaboration entre les acteurs pour l’élimination à terme, d’ici 2025, des PCB en Tunisie. En termes de communication, une grande opportunité est donnée par les changements politiques actuels, notamment à travers le droit d’accès à l’information (article 32) inscrit dans la nouvelle constitution tunisienne. De plus, le climat de liberté des médias et le grand nombre de nouvelles associations dans le domaine de l’environnement sont des conditions positives pour une meilleure communication PCB.

86 Le GCT a par exemple cité la Société Internationale de Surveillance de laboratoire, SGS Tunisie S.A., située à Charguia ([email protected]) et qui serait certifiée ISO 17025 qui est la norme relative aux exigences générales concernant la compétence des laboratoires d'étalonnages et d'essais.

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Cependant, les menaces restent grandes et il faudra en tenir compte. Il s’agit notamment du climat social et sociétal actuel qui freine, nous l’avons vu, la volonté de communiquer à l’interne des entreprises pour ne pas augmenter les problèmes existants. Il y a également le coût de remplacement des appareils PCB qui est exorbitant ou même du coût de gestion des appareils en rebus et de la dépollution des sites, qui peuvent être des freins au niveau du management des entités détentrices, surtout lorsque ces frais n’ont pas été anticipés. Un autre risque, c’est l’indifférence de certains décideurs et de certains détenteurs qui ne sont pas conscients des dangers constitués par leurs appareils et qui, par leur management inadéquat, risquent de provoquer une pollution et de mettre en danger la santé de leurs employés et des populations environnantes. De plus, nous l’avons vu, l’appât du gain lié au cuivre présent dans les transformateurs PCB peut se révéler être un frein au respect des règles de gestion.

Enfin, un grand risque lié à la communication PCB est la méconnaissance finalement du taux de contamination en Tunisie, et tant qu’il n’y a pas de données précises sur ce taux et sur les lieux, la communication grand public pour la protection sanitaire ne pourra pas être précise et se cantonnera au mieux à la prévention générale. Il y a le danger qu’en l’absence de connaissances exactes, certains acteurs amplifient le problème – ou le sous-estiment, pouvant créer un climat de panique – ou d’insouciance peu propice à la décision éclairée. Il est clair qu’au fur et à mesure que le public sera conscient de la problématique des PCB, il deviendra demandeur d’informations exactes, et il appartient aux autorités ou à des acteurs du privé ou de la société civile d’avoir les informations exactes à communiquer pour établir la marche à suivre. Cela est également de l’intérêt des entités détentrices qui ont le devoir de protéger la santé de leurs employés et des populations environnantes, car si elles ne peuvent pas être tenues pour responsables de pollutions passées, elles le peuvent pour les pollutions et les expositions à venir si elles ne prennent pas les mesures de protection adéquates.

7.2 L’analyse SWOT pour la communication DAS

L’atelier d’élaboration des axes stratégiques communication DAS a eu lieu le 29 mai 2014 au Parc Ennahli. Il a vu la participation de représentants de l’ANGed, du Secrétariat d’Etat chargé du Développement Durable (DGQV), du Ministère de la Santé (DGSSP, RCPS, DHMPE), de Directions régionales de la Santé (Bizerte, Kairouan), du Ministère des Affaires Sociales, du Ministère de l’Intérieur (hôpital des F.S.I.), de l’INASanté, de l’hôpital régional de Zarzis, de plusieurs polycliniques de la CNSS (Bizerte, El Khadra, El Omrane), du Conseil de l’Ordre des dentistes, du Conseil de l’Ordre des cliniques privées et de la Société Tunisienne d’hygiène et de sécurité des Soins (STHSS).

Comme pour les PCB, l’existence même du projet de gestion des DAS/PCB est vue comme une grande force pour la mobilisation de tous les acteurs autour du projet et pour les prestations apportées par ce projet. Il s’agit notamment de prestations matérielles à travers la fourniture des équipements et du consommable et de prestations immatérielles avec le renforcement de capacités et la communication / sensibilisation. Une convention cadre a été signée entre l’ANGed et le Ministère de la Santé en février 2013 et elle définit les engagements et les obligations de chacune des deux parties dans le cadre du projet. La législation mise en place autour de la gestion des DAS, jusqu’à la validation par décret du manuel de gestion des DAS, constitue également un point fort, selon les participants.

Une autre force, également de type structurel, est la mise en place effective de la ligne budgétaire DAS pour tous les hôpitaux régionaux, universitaires, de circonscription et les groupements des centres de santé de base, ainsi que la mise en place des unités de gestion des DAS dans les hôpitaux et au niveau des Directions régionales de la Santé. La ligne budgétaire est destinée à contractualiser la société de gestion des déchets dangereux pour la collecte et le traitement des DASRI. Dans certains cas, cette contractualisation peut même inclure la fourniture des consommables. Les unités de gestion des DAS ont vocation à mettre en place et à suivre la bonne marche de la gestion des DAS dans les établissements de santé sous la houlette des unités régionales de gestion des DAS.

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Comme force, également sur le plan structurel, il y a l’existence des corps de contrôle pour la bonne gestion des DAS, notamment la Direction de l’hygiène du Milieu et de l’Environnement (DHMPE) à l’interne des établissements de soin publics et privés et l’ANGed et l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement au niveau des sociétés autorisées. Enfin, il y a également une forte compétence et expérience au niveau national en matière de gestion des DAS, et d’une manière générale dans la gestion de l’hygiène hospitalière. Depuis 1992, les établissements de santé sont engagés, à travers le Ministère de la Santé, particulièrement la DHMPE, dans l’amélioration de la gestion des déchets d’activité de soin et ont acquis un grand capital d’expérience. Les hygiénistes, mis en place dans toutes les structures de soins, que ce soit à travers des services d’hygiène et de sécurité des soins ou en tant que fonction, ont une forte conscience sur les risques liés à la mauvaise manipulation des DAS.

Enfin, l’engagement du secteur privé dans ce projet, à travers la présence accrue de leurs représentants au sein des ateliers DAS, est également considéré comme une force. En effet, nous avons la participation active et permanente du Président du Conseil de l’Ordre des Cliniques privées et les conseils de l’Ordre d’autres corps de métier sont peu à peu mobilisés, comme le Conseil de l’Ordre des dentistes et des pharmaciens.

En termes de communication, le diagnostic a montré qu’il y a une grande tradition de communication, sensibilisation et formation dans l’hygiène hospitalière au niveau du Ministère de la Santé à travers la DHMPE et les directions régionales de la Santé. Ces dernières organisent régulièrement des séances de sensibilisation à l’interne et grand public à l’occasion d’évènements nationaux et internationaux et selon leur propre planning d’activité. Elles ont pour cela l’appui de la DHMPE. Il y a également d’excellentes expériences régionales notamment à Bizerte et à Sousse avec les relais d’hygiène hospitalière, la tenue régulière d’événements scientifiques et grand public autour de la thématique de l’hygiène (y compris la gestion des DAS) ainsi que des cours de formation continue. Ce qui est remarquable, c’est que des organisations professionnelles organisent elles-mêmes aussi des événements, et qu’elles peuvent atteindre ainsi de nombreux professionnels, toutes catégories professionnelles médicales confondues.

De nombreux supports de sensibilisation ont été élaborés et toute sorte de médias et de canaux sont utilisés. Il existe également de bonnes pratiques en matière de gestion des DAS et de communication DAS ici et là dans certaines structures de soin, y compris dans le secteur public, mais également dans le secteur privé, au niveau du Ministère de la Défense et au niveau de certains groupements de centres de santé de base. Ces bonnes pratiques sont basées soit sur des normes internationales reconnues comme l’ISO 9001, soit des normes que les institutions ont développées elles-mêmes suite à l’audit qualité développé par le Ministère de la santé ou par engagement du principal décideur de la structure concernée.

Malgré tous ces points forts, de nombreuses faiblesses ont été soulignées par les participants à l’atelier. Ces faiblesses sont d’ordre structurel, opérationnel et communicationnel. Sur le plan structurel, d’aucuns ont déploré l’insuffisance, voire le manque d’équipements de collecte et de stockage intermédiaire ainsi que d’un local central, des infrastructures inadaptées (par exemple pour l’entrée du chariot de soin dans la chambre des patients) et l’absence d’études d’évaluation des risques liés aux DAS. Au niveau opérationnel, des carences dans l’application de la règlementation ont été relevées, notamment au niveau du contrôle, mais également au niveau de la contractualisation des établissements de santé avec des sociétés autorisées. En effet, jusqu’à présent, beaucoup de producteurs de DAS n’ont toujours pas de contrat avec les sociétés autorisées. De ce fait, dans ces cas-là, les déchets atterrissent dans les décharges municipales, ce qui a un impact négatif sur le plan sanitaire et environnemental, mais également décourageant pour le personnel soignant de continuer à faire le tri.

Le tri à la source est déficient et beaucoup de déchets assimilables aux déchets ménagers atterrissent avec les DASRI, augmentant par là le poids des déchets dangereux. Le fait que le projet n’intervient, pour ce qui est de l’achat d’équipement, que dans une partie des régions est également perçu comme

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une faiblesse, donnant l’impression que les autres régions sont négligées. Or la décision de concentrer les achats d’équipement dans certaines régions a été prise sur la base des quantités de DAS produites et dans l’optique d’avoir un maximum d’impact au vu des ressources limitées du projet. Enfin, il s’avère que pour certains types de déchets, comme par exemple le mercure et certains solvants, il n’y ait pas de solution pour leur traitement en Tunisie.

Du point de vue communicationnel, les principales faiblesses relevées lors de l’atelier sont des carences en formation et communication, le manque de synergie entre les acteurs et la multitude, voire l’hétérogénéité des acteurs. Il n’existe finalement pas de fonction et de structure communication tant au niveau central que dans les régions et dans les établissements de santé. Ainsi, la sensibilisation se fait certes, mais sans un cadre logique et stratégique qui permettrait de suivre l’évolution des résultats et de l’adapter le cas échéant. Il y a un manque de suivi des formations. De plus, parfois, la position de l’hygiéniste ne favorise pas une bonne collaboration avec le personnel soignant dans certains services.

Le manque de communication collégiale ou horizontale entre les différents corps de métier au sein de certaines structures de santé ne favorise pas la recherche de solutions à la base, et la mise en œuvre d’une bonne gestion des DAS dépend beaucoup de la bonne volonté et d’un grand engagement des décideurs, notamment du directeur ou de la directrice de l’hôpital et des chefs de service. Car, nous l’avons vu, la gestion des DAS nécessite une bonne organisation de toute la chaîne de commande, y compris donc l’implication des décideurs.

Parmi les opportunités citées, nous pouvons mentionner la signature prochainement des conventions cadres tripartites entre le Ministère de la Santé, l’ANGed et les autres Ministères gérant des établissements de santé, à savoir le Ministère de l’Intérieur, de la Défense Nationale et des Affaires Sociales. La création en 2013 de l’Instance Nationale d’Accréditation en Santé (INASanté), une autorité publique à caractère scientifique, avec comme objectif la promotion de la qualité et la sécurité à tous les niveaux de la chaîne de soin est également vue comme une opportunité pour l’amélioration de la gestion des DAS, puisque cela fait normalement partie du système de gestion de qualité. Ainsi, la gestion des DAS devra forcément faire partie des référentiels de qualité développés par l’INASanté.

Un autre projet d’ordre structurel en cours, c’est le développement avec l’INNORPI d’une norme nationale sur les consommables utilisés dans la gestion des DAS. Cela augmentera la qualité des consommables commandés pour une plus grande sécurité pour les manipulateurs et facilitera les achats. D’autres activités du projet à venir sont vues comme des opportunités (bien qu’elles pourraient être vues comme une force), il s’agit de la formation des formateurs, notamment des hygiénistes et des administrateurs dans toutes les régions de la Tunisie et l’élaboration des manuels spécifiques aux différents types d’établissement de soin pour la gestion des DAS. Comme opportunité, également, nous pouvons citer la présence de sociétés autorisées pour la gestion des DAS en Tunisie et des projets de jeunes promoteurs pour installer des unités de traitement des DAS. Egalement, les innovations technologiques rendent le traitement de certains types de DAS plus efficace et efficient sur le plan écologique et financier possible.

Sur le plan de la communication, la création de l’INASanté constitue un plus, car cette instance vise également l’implication des patients-citoyens pour qu’ils deviennent demandeurs d’un système de soin de qualité et sécurisé. Le projet de gestion PCB/DAS offre des opportunités à travers le développement de la stratégie et des supports de communication, et il propose un cadre de dialogue pouvant contribuer à la résolution des problèmes. Egalement, l’éveil de la société civile et l’implication de plus en plus de citoyens dans la conduite des affaires de l’Etat, y compris dans le système de santé mais aussi dans la gestion des déchets peut constituer une opportunité pour augmenter la pression sociale pour une meilleure gestion des déchets.

Cependant, certains risquent perdurent. Les participants à l’atelier ont identifié notamment le fait que certaines portions du territoire ne sont pas couvertes par des sociétés autorisées. En effet, sur les 24 sociétés autorisées, seules six sont entrées en exploitation, une septième est sur le point d’entrer en

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exploitation. Les zones non couvertes par les sociétés sont le Sud (à part Gafsa), le Nord-Ouest, le Nord-Est et le Centre Ouest.87 Il y a le problème des distances, mais également le problème du coût à la tonne : alors que les études préliminaires au projet avaient préconisé un coût à la tonne de 800 dinars, la moyenne se situerait autour de 1 200 dinars la tonne, ce qui dépasse de loin le budget DAS prévu. De plus, plusieurs voix se sont élevées pour dire que le tonnage a été sous-évalué. Cela pourrait dû aussi bien au fait que le tri n’est pas bien fait à la source, mais aussi à une plus grande production de DASRI avec par exemple une plus grande utilisation des champs opératoires stériles. Egalement, concernant les sociétés de traitement, il y a le risque qu’étant donné que beaucoup d’entre elles ne respectent pas la législation en matière de traitement des DAS, qu’elles perdent leur contrat ou leur licence, ce qui diminuerait encore le nombre de sociétés opérationnelles. Sur le plan opérationnel toujours, il y a la question de la pérennité des équipements qui vont être acquis dans le cadre du projet, notamment leur maintenance et leur remplacement à terme.

Sur le plan communicationnel, le risque dépend en fait beaucoup de la mise en place de bonnes conditions cadres structurelles et organisationnelles. Le souci est principalement de développer des supports et des formats de communication adaptés au contexte tunisien. Ce contexte est actuellement marqué par une instabilité sociale et sociétale qui se fait ressentir aussi bien à l’intérieur des structures de soins qu’à l’extérieur. Ainsi, le contexte actuel est certainement peu propice à des changements structurels profonds qui ne seraient pas souhaités par les protagonistes. Nous avons vu que le refus d’autorité et une certaine indiscipline rendent l’imposition de règles difficiles au sein des établissements. Le non engagement des décideurs à tous les niveaux, ainsi que la priorité donnée à d’autres domaines de la santé, sont autant de risques qui pourraient affaiblir une communication volontariste et proactive.

7.3 L’analyse SWOT pour la communication interne et institutionnelle

La communication interne et la communication institutionnelle n’ont pas fait l’objet d’une analyse SWOT lors des ateliers stratégiques, mais pour l’élaboration de la stratégie, il est nécessaire de la faire. C’est pourquoi elle est faite ici uniquement sur la base des résultats du diagnostic de communication.

Les forces de la communication interne sont déjà apparues dans la communication DAS et PCB, à savoir la grande mobilisation des partenaires à travers les différentes conventions bipartites et tripartites qui fixent le cadre de la collaboration et de la contribution des différents partenaires. Une autre force est la structure de gestion du projet, avec le comité de pilotage comme instance décisionnelle du projet, l’unité de gestion du projet à l’interne de l’ANGed pour la mise en œuvre procédurale du projet et enfin les groupes de travail techniques DAS et PCB, qui sont des occasions d’approfondir des aspects techniques, et qui rencontrent un franc succès. Un autre point fort de la communication interne est la communication par courrier électronique qui permet une certaine fluidité entre les acteurs. Les invitations aux réunions, les rapports et les PV des réunions sont envoyés par cette voie. Les invitations aux participants des Ministères sont également envoyés par faxe ou par courrier papier. Cependant, on peut remarquer que les acteurs des groupes de travail sont à l’aise et ont développé un certain niveau de confiance.

Pour ce qui est de la communication institutionnelle du projet, sa principale force est qu’elle est relativement bien maîtrisée par le maître d’ouvrage, l’ANGed, à travers la couverture médiatique des événements grands publics et la mise à disposition des informations sur son site Web. L’expérience de l’ANGed avec les médias et les bonnes relations qu’elle entretient avec eux sont un atout non négligeable.

Les points faibles dans la communication interne pourraient être l’inégalité dans la participation des partenaires. Alors que certains participent systématiquement, d’autres sont plus absents, comme par exemple le représentant du Ministère de l’Agriculture dans le groupe de travail PCB et certains

87 Informations données lors d’une réunion organisée à l’ANGed le 2 juin 2014 avec les sociétés autorisées.

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représentants de producteurs de DAS, comme le conseil de l’ordre des médecins ou des pharmaciens. D’autres sont sollicités pour les deux thématiques, PCB et DAS, ce qui fait qu’il leur arrive, dans la même semaine, de devoir participer à plusieurs réunions ou événements dans le cadre du même projet, ce qui peut s’avérer lourd et être une charge de travail supplémentaire. Il y a également une maigre et inégale participation de représentants de la société civile qui n’offre pas un visage unifié ou un interlocuteur visible et légitime avec qui dialoguer et construire pour renforcer la composante société civile dans la gestion du projet. Un autre point faible de la communication interne est lié à la complexité du projet et la tendance, surtout pour les partenaires externes à l’ANGed, de voir deux projets séparés, sans pouvoir faire le lien avec ce qui les réunit, à savoir la mise en œuvre par la Tunisie de la Convention de Stockholm sur l’élimination des POPs. Enfin, pour les nouveaux venus au projet, que ce soit les consultants ou les nouveaux partenaires identifiés au fur et à mesure de la mise en œuvre du projet, il est difficile de bien comprendre le projet rapidement et d’accéder aux documents du projet.

Relativement à la communication institutionnelle, sa principale faiblesse est qu’elle n’est pas encore systématique avec une identité visuelle reconnaissable. Le projet manque de visibilité et il n’est pas présenté clairement dans tous ses aspects. Il n’est quasiment pas visible sur le site du Secrétariat d’Etat chargé du Développement Durable, bien qu’il fasse clairement partie de la mise en œuvre par la Tunisie de ses engagements dans le cadre de la Convention de Stockholm.

Les opportunités résident, comme dans les composantes thématiques, dans les activités prévues dans le projet, à savoir la mise à disposition de tous les documents du projet de façon classée à travers un système de partage des fichiers en ligne, ou lorsque le site Web du projet sera en place, à travers le serveur FTP. Egalement, avec la mise en place des activités, notamment avec l’achat des équipements (pour les DAS) et le démarrage des activités d’élimination des PCB à moyen terme, ces résultats concrets permettront une plus grande mobilisation des acteurs à l’interne. Enfin, des événements nationaux et internationaux évoqués plus haut sont autant d’opportunités pour mieux positionner le projet PCB/DAS aussi bien dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention de Stockholm que dans des cadres thématiques plus restreints.

Pour ce qui est des menaces, si par exemple la mise en œuvre des activités concrètes dure trop, les partenaires risquent d’être moins assidus aux réunions. De même, le changement d’interlocuteurs au niveau des différentes institutions partenaires pour des raisons propres à ces institutions ou des décideurs au niveau de ces institutions font courir le risque d’avoir des interlocuteurs moins engagés.

8 L’objectif, l’approche, la démarche et les axes stratégiques de communication préconisés

L’objectif global de communication

L’objectif global de la stratégie de communication du projet de démonstration et de promotion des bonnes techniques et pratiques pour gérer les déchets d’activités sanitaires (DAS) et éliminer polychlorobiphényles (PCB) est de contribuer à l'atteinte de l'objectif du projet (réduction des émissions de substances polluantes et néfastes pour la santé et l’environnement en Tunisie) à travers une communication stratégique qui comprend la communication interne du projet, les relations médias, le plaidoyer vis-à-vis des décideurs dans le domaine des DAS et des PCB, la concertation entre les acteurs dans le domaine des DAS et des PCB, et l'information et la sensibilisation des différents groupes cibles.

Cet objectif global se déclinera en trois objectifs spécifiques :

- L’objectif spécifique relatif à la communication interne et institutionnelle ; - L’objectif spécifique relatif à la communication PCB ; - L’objectif spécifique relatif à la composante DAS.

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Dans les prochains chapitres, nous allons nous atteler à définir les objectifs, approches, démarches et axes stratégiques de communication pour chacun des objectifs spécifiques.

Les objectifs de communication sont les changements que l’on veut atteindre à travers les activités de communication. En général, ces objectifs s’alignent sur les objectifs du projet, sans pour autant les remplacer : la communication ne peut que contribuer à l’atteinte d’un objectif de projet, mais les aspects techniques, organisationnels et opérationnels doivent être développés, ainsi la communication peut faciliter l’atteinte de ces objectifs.

Les approches de communication sont les domaines théoriques et conceptuels dans lesquels la communication s’inscrit. Ces domaines de communication dépendent du domaine d’intervention du projet et des objectifs (ou changement) de communication à atteindre.

La démarche de communication est le fil rouge qui va relier tous les axes stratégiques de la communication et dont la mise en œuvre va concourir à atteindre l’objectif. Basée sur les approches préconisées, la démarche (que l’on peut également appeler concept), est en sorte le cadre logique auquel on revient toujours lorsque se posent des questions relativement à la pertinence de telle ou telle activité.

Les axes stratégiques de communication sont les stratégies qui sous-tendent la communication en vue d’atteindre les objectifs ou changements préconisés. Ainsi, selon l’objectif de communication, il est possible d’adopter l’axe stratégique d’information, de concertation, de plaidoyer, de sensibilisation, etc. Les axes stratégiques cherchent également, après l’analyse SWOT, à s’appuyer sur les forces, tout en profitant des opportunités, pour contrecarrer les faiblesses tout en faisant attention aux risques.

8.1 L’objectif, l’approche, la démarche et les axes stratégiques de la communication interne et institutionnelle du projet

8.1.1 L’objectif, l’approche et la démarche de la communication interne et institutionnelle

Les approches de communication interne et institutionnelle du projet, sont l’ensemble des activités de communication à l’interne et à l’externe du projet destinées à créer une compréhension commune, une identification avec les valeurs et l’objectif du projet, et une mobilisation entre les acteurs à l’interne et à l’externe du projet pour créer la cohésion, mettre en valeur le projet, le rendre visible et le positionner vis-à-vis de certains acteurs et processus stratégiques pour le projet. Les acteurs à l’interne du projet, convaincus de son objectif et de ses approches, sont les premiers porteurs du projet à l’externe et peuvent le représenter. La communication interne et les relations médias sont les principaux axes de la communication interne et institutionnelle.

La communication interne, c’est toute activité de communication réalisée pour et avec les membres du projet destinées à tous les types d’acteurs, de départements et autres unités organisationnelles du projet.88 Dans la communication interne, il y a la communication formelle, qui sont les canaux et contenus qui sont organisés et voulus pour atteindre certains objectifs. Il y a également la communication dite hiérarchique, c’est-à-dire du haut vers le bas, du supérieur hiérarchique vers les employés et du management, vers les cadres. Il y a également la communication du bas vers le haut, c’est-à-dire les employés informent soit de leur propre initiative, soit selon des procédures données leurs supérieurs hiérarchiques par exemple sur l’avancée de leurs travaux ou sur les résultats d’une mission. Enfin, il y a la communication transversale qui est l’information mutuelle des membres du projet entre eux, selon les besoins et indépendants de la hiérarchie, des canaux et procédures de communication. Cette communication est en général aussi importante que la communication formelle.

88 Gfeller, L. (2007), Handbuch für eine aktive und systematische Mitarbeiterkommunikation. Praxium-Verlag, Zurick, 2007.

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Les instruments de la communication interne sont les circulaires, les newsletters électroniques ou papier, les courriers électroniques, l’intranet, les entretiens annuels, les réunions de travail, les réunions annuelles ou semi-annuelles de la direction, les retraites thématiques ou d’une composante, ou du projet tout entier, et des événements liés au projet ou destinés à renforcer la cohésion entre les membres du projet. Sur le plan structurel, des structures peuvent être mises en place, comme c’est déjà le cas en l’occurrence avec l’Unité de Gestion du projet, le Comité de Pilotage et les groupes de travail thématique. Concernant les PCB, le diagnostic a montré la nécessité d’avoir un cadre de concertation spécifique avec le Ministère de l’Agriculture pour faire avancer cette thématique à l’interne d’un des plus gros détenteurs de PCB en Tunisie. Concernant les DAS, il a été recommandé de mettre en place au sein du Ministère de la Santé un comité permanent de gestion des DASRI pour copiloter avec l’ANGed cet aspect du projet et renforcer l’appropriation et l’engagement du Ministère de la Santé au plus haut niveau pour cette thématique, au moins pendant la durée du projet.

La communication institutionnelle, ou corporate, c’est l’ensemble des actions de communication qui visent à promouvoir l’image du projet vis à vis de ses différents partenaires et groupes cibles. Spécifiquement, les relations publiques sont une manière de bien planifier la communication vis-à-vis du public pour atteindre l’objectif de l’organisation.89 Vu que la stratégie de communication au niveau des thèmes couvre déjà la communication avec les parties prenantes, ainsi que les parties concertation et information/sensibilisation avec des segments du public spécifique pour des changements déjà déterminés, nous allons nous focaliser ici sur la partie image du projet avec un positionnement spécifique vis-à-vis principalement des médias, soit directement, soit à travers la participation du projet à des événements visibles médiatiquement sur le plan national et international. Pour cela, les instruments des relations média sont les dossiers de presse, les communiqués de presse, les points presse, les conférences de presse, les couvertures médiatiques d’événement, les voyages de journalistes pour la réalisation de reportage ou l’invitation des journalistes sur site, la participation à des émissions radios et télévision, la mise à disposition de brochures, de photos, et films par exemple.

Objectif de la communication interne et institutionnelle

La communication interne et institutionnelle du projet contribue à l’information adéquate des partenaires du projet pour qu’ils comprennent et soient convaincus du projet PCB/DAS dans son contexte de mise en œuvre de la Convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants (POP), et que le projet gagne en visibilité au niveau national et international pour la mise en exergue des efforts faits par la Tunisie dans les domaines d’intervention du projet à travers la communication interne et les relations médias.

La démarche de la communication interne et institutionnelle du projet va consister à relier toutes les activités faites dans le cadre des deux composantes DAS et PCB pour les repositionner dans le cadre global du projet (Convention de Stockholm) et donner, autant que faire se peut, une certaine cohérence à l’interne et à l’externe. Ainsi, toute activité réalisée dans le cadre des deux composantes se fera sous l’égide de l’identité visuelle du projet globalement. Les bonnes pratiques et les succès seront documentés et mis en valeur au niveau global du projet. Les événements nationaux (en particulier les séminaires d’information) devront être remis dans le contexte de la mise en œuvre de la Convention de Stockholm par la Tunisie. Il en va de même pour la participation des membres du projet à des événements internationaux, même lorsqu’il s’agit de thèmes spécifiques, ils devront faire le lien avec le cadre global du projet. Idéalement, la Tunisie devrait encourager la tenue d’au moins un événement international lié à la convention de Stockholm sur son territoire.

8.1.2 Les axes stratégiques de la communication interne et institutionnelle

- Axe stratégique communication interne : la communication interne vise à améliorer les flux de communication entre les membres du projet à l’interne pour obtenir une plus grande

89 Hunt, D. et Gruning, J.E (1994), Public relations techniques,

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compréhension et une plus grande adhésion de ces membres à l’objectif du projet. Il s’agira alors de veiller à ce que chaque acteur soit adéquatement informé, mais également impliqué pour jouer son rôle correctement. Nous agirons au niveau global du projet dans son cadre de la mise en œuvre de la convention de Stockholm, mais également au niveau des deux thèmes du projet dans leur mise en œuvre spécifique.

o L’objectif de l’axe stratégique communication interne : Les acteurs à l’interne du projet se sentent suffisamment et adéquatement informés pour remplir leur mission au sein du projet.

o Les groupes cibles de la communication interne : les principaux groupes cibles sont les membres de l’UGP, dont la mission principale est d’assurer la gestion du projet. Il y a les membres du comité de pilotage, dont la mission est d’assurer le pilotage stratégique du projet et de prendre les décisions stratégiques. Egalement les partenaires d’exécution du projet au niveau DAS et PCB, y compris au niveau des Ministères, ont une grande responsabilité dans la mise en œuvre technique et financière du projet. Les consultants du projet dont la mission est de travailler sur des aspects spécifiques du projet rentrent dans les groupes cibles ainsi que les représentants du bailleur de fonds, la Banque Mondiale, dont la mission est de veiller à la mise en œuvre du projet selon la planification.

o Les thèmes de la communication interne : les thèmes de la communication interne du projet sont d’ordre opérationnel (gestion du projet) et thématique (Convention de Stockholm, gestion des PCB et gestion des DAS). Il s’agit principalement de tenir au courant les acteurs concernés de l’état d’avancement du projet et de se concerter avec eux à toutes les étapes de la mise en œuvre.

o Les acteurs de la communication interne : les principaux acteurs de la communication interne, c’est-à-dire ceux qui seront amenés à diffuser les informations, sont le directeur du projet (soit directement, soit via le Directeur Général de l’ANGed) pour l’ensemble de la communication interne projet et les deux coordinatrices du projet pour les aspects spécifiques DAS et PCB. Dans les cadres de concertation et les réunions, les acteurs de la communication sont les participants à ces cadres de concertation. Dans le cadre de la mise en place du Comité permanent de gestion des DASRI au Ministère de la Santé, ce comité deviendra acteur à part entière à l’interne du projet à côté de la coordinatrice DAS. Pour les PCB, la mise en place de cadres de travail spécifiques au niveau du Ministère de l’Agriculture ou d’autres Ministères gros détenteurs de PCB donnera la possibilité à celui-ci de jouer un rôle particulièrement actif dans la communication vis-à-vis de leurs structures détentrices de PCB.

o Les supports et les canaux de communication de la communication interne : Les principaux canaux de communication existant actuellement sont les courriers électroniques, les courriers papiers envoyés par fax, les PV de réunions et la communication interpersonnelle à travers des réunions en petit groupe ou en groupe de travail. Ces canaux et supports seront maintenus mais adaptés pour avoir par exemple des listes de diffusions différenciées pour n’envoyer que les informations pertinentes à certains groupes. Pour éviter d’envoyer des courriers électroniques trop lourds et pour faciliter l’accès à la documentation du projet à tout moment, un système de partage des fichiers en ligne sur FTP (File Transfert Protocole) sera mis en place au niveau du site Web du projet. La plupart des documents du projet ont été classés selon une nomenclature déjà approuvée par les coordinatrices du projet, il s’agit de la mettre à disposition des acteurs du projet qui peuvent choisir ou non d’y accéder. Ainsi, les courriers d’informations et d’invitation sur tel ou tel processus pourront contenir le lien vers les documents concernés.

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- Axe stratégique relations médias : cet axe stratégique est l’axe stratégique principal relatif à la communication institutionnelle, sachant que les autres aspects de la communication externe, comme l’information et la sensibilisation, seront couverts au niveau de la communication sur les deux composantes du projet. Il s’agit ici principalement de positionner le projet dans sa globalité et d’en augmenter la visibilité.

o Objectif de l’axe stratégique relations médias : L’objectif de l’axe stratégique média est de rendre le projet PCB/DAS plus visible sur le plan national et international dans le cadre de la mise en œuvre par la Tunisie de la Convention de Stockholm, également en relation avec les autres conventions concernées, notamment la Convention de Bâle, Barcelone, Bamako et Rotterdam.

o Les thèmes (messages) de l’axe stratégique relations média : les thèmes de cet axe stratégique sont l’explication de ce qu’est la Convention de Stockholm (et les conventions y afférents), ce que sont les POPs et leur impact sur la santé et l’environnement, la présence des POPs en Tunisie, les engagements de la Tunisie dans la mise en œuvre de ce processus, l’état d’avancement et les nouvelles. Egalement les informations relatives à la mise en œuvre des aspects PCB et DAS avec respectivement les définitions, impacts, présences, bonnes pratiques de gestion et nouvelles de la mise en œuvre.

o Les groupes cibles de l’axe stratégique relations médias : comme le nom l’indique, les groupes cibles sont principalement les médias. Ce sont les médias écrits, électroniques, TV et radio identifiés dans le diagnostic (voir section 7.3). Cependant, il s’agit plus en fait d’un groupe cible intermédiaire pour atteindre les véritables groupes cibles de cette stratégie. Il s’agit du grand public à l’échelle nationale et internationale, des associations de la société civile au niveau national et international, des institutions gouvernementales tunisiennes, des organisations internationales impliquées dans la mise en œuvre des thèmes du projet (comme par exemple le secrétariat de la Convention de Stockholm et ses démembrements régionaux, le Fonds Mondial pour l’Environnement, l’Agence des Nations Unies pour la Protection de l’Environnement, le réseau International pour l’élimination des POPs, la SAICEM).

o Les acteurs de l’axe stratégique relations médias : le principal acteur de cette communication sera l’ANGed, mais elle devra être accompagnée par ses partenaires dans cette communication pour démontrer leur appropriation des thématiques d’intervention et leur engagement. Ces partenaires sont le Secrétariat d’Etat chargé du Développement Durable, le Ministère de la Santé et ses agences sous-tutelle, le Ministère de l’Industrie et ses entreprises sous-tutelle, le Ministère de l’Agriculture, le Ministère de la Défense Nationale, le Ministère de l’Intérieur, le Ministère des Affaires Sociales, le Ministère de l’Enseignement supérieur, le Ministère de l’Equipement et les associations actives dans le domaine de l’environnement et de la santé. Mais il s’agit aussi des participants aux projets, à savoir les détenteurs des PCB et les décideurs des établissements de soin ou des directions régionales de la Santé. Une formation en média (« média training ») pourra être proposée aux acteurs du projet. Le point focal de la Tunisie au niveau du Secrétariat d’Etat chargé du Développement durable pour la Convention de Stockholm sera un acteur actif dans la mise à disposition d’informations relatives aux activités rentrant dans le cadre de la convention de Stockholm, notamment, mais pas seulement, à travers un accès direct au site Web du projet pour y mettre des contenus.

o Les supports et canaux de l’axe stratégique relations médias : le site Web du projet de type « www.popstunisie.tn sera la pierre angulaire pour la mise à disposition des informations telles que définies dans les thèmes ci-dessus. De plus, un système de

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newsletter sera mis en place avec abonnement en ligne. Enfin, lors des événements organisés dans le cadre du projet, des communiqués de presse et des dossiers de presse seront adressés aux médias. Selon l’importance de l’événement, une conférence de presse ou un point presse pourront être organisés. Autour des divers événements organisés la participation à des interviews radio ou télévision sera activement recherchée. Il est prévu de réaliser un film institutionnel. Des brochures de présentation du projet seront également proposées ainsi que des présentations power-point standard. Tous ces supports devront respecter la charte graphique en cours de développement.

8.2 L’objectif, l’approche, la démarche et les axes stratégiques de la communication PCB

8.2.1 L’objectif de la communication PCB

Concernant la communication PCB, les changements souhaités sont la maîtrise de la gestion des PCB. La communication doit y contribuer en fournissant les éléments, outils et processus nécessaires en vue de l’atteinte de ces objectifs. Ainsi, sur la base de ces changements souhaités et des approches et axes de communication proposés ci-après, nous pouvons définir l’objectif de communication PCB comme suit :

L’objectif de la communication PCB

La communication environnementale sur les PCB axée sur le plaidoyer, la concertation, et l’information / la sensibilisation des parties prenantes contribue à une meilleure gestion des PCB en Tunisie au niveau national et chez les détenteurs pour une meilleure prévention des risques sanitaires et environnementaux à travers l’augmentation des connaissances et de l’implication des parties prenantes.

8.2.2 L’approche de la communication PCB

Pour cela, nous allons utiliser l’approche la plus adaptée qui est, en l’occurrence, l’approche de la communication environnementale. Selon la norme ISO 14063, la communication environnementale est un processus mené par un organisme afin de fournir et d’obtenir des informations et d’engager un dialogue avec les parties intéressées internes et externes, en vue d’encourager une compréhension commune des enjeux, des aspects et de la performance dans le domaine de l’environnement.90 La communication environnementale d’entreprise correspond à l’ensemble des messages de l’entreprise dont la diffusion interne ou externe a pour but de mettre en avant les intérêts environnementaux du produit, du service ou de l’entreprise.91

La notion de communication environnementale apparaît au milieu des années 80, et spécifiquement, la communication environnementale d’entreprise apparaît dans le milieu des années 90. Cette évolution suit la prise de conscience environnementale par les pouvoirs publics (dans la deuxième moitié des années 70) et par les entreprises au début des années 90. De plus, l’augmentation de la conscience environnementale du grand public aiguisée par les grandes catastrophes écologiques à partir des années 80 (comme la catastrophe de Tchernobyl) a nécessité une communication environnementale des différents acteurs, notamment des entreprises.

90 Voir ISO (2006), Management environnemental – Communication environnementale – Lignes directrices et exemples. Juin 2006, Genève. P. 1. 91 GIZ/CITET/ANPE (2013a), La Communication environnementale d’entreprise. Document de capitalisation. Décembre 2013, Tunis. P. 9. En ligne : http://star-www.giz.de/fetch/9X00pVSbg001LQKQ09/giz2013-0834fr-communication-environnementale-entreprise.pdf. Téléchargé le 18.06.2014.

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En Europe, l’information environnementale est devenue une obligation, à travers notamment la Convention d’Aarhus sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et l'accès à la justice en matière d'environnement développée par la Commission Economique pour l’Europe des Nations Unies (UNECE) en 1998.92 Elle est entrée en vigueur dans le droit européen en 2009. Il est à noter que la Convention d’Aarhus a été amendée en 2003 par le protocole sur les registres des rejets et transferts de polluants, le protocole PRTR.93 Le Registre européen des rejets et transferts des polluants94 est une base de donnée accessible au public sur internet qui contient les rejets des polluants, y compris des PCB, dans l’environnement. Ceci est une bonne pratique de reporting environnemental qui pourrait bien être appliquée en Tunisie. Des réflexions ont déjà démarré en ce sens dans le cadre du Programme de surveillance continue et de recherche en matière de dépollution dans la Méditerranée (MED POL), un programme mis en œuvre dans le cadre du Plan d’action pour la Méditerranée pour la Convention de Barcelone sur la Protection du Milieu Marin et du Littoral de la Méditerranée de 2007.

En Tunisie, la communication environnementale est jusqu’à présent principalement l’affaire de l’Etat dans son rôle d’information, de sensibilisation et d’éducation du grand public à travers notamment le Secrétariat d’Etat chargé du Développement Durable, l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE), d’autres Ministères et agences sous-tutelles liés aux questions de l’environnement et certaines organisations de la société civile agissant dans la protection de l’environnement. Or, la mise en place de législations et de normes environnementales strictes, ainsi que la grande ouverture de la Tunisie sur des marchés exigeants en matière de respect des normes environnementales, obligent d’autres acteurs, parmi eux les entreprises, à tenir compte des normes environnementales internationales et à communiquer sur leur engagement environnemental si elles veulent accéder à ces marchés.

Certaines entreprises communiquent déjà sur leur engagement environnemental en Tunisie et une première expérience d’introduction systématique de la communication environnementale d’entreprise a été menée en 2011-2013 par le Centre International de Technologies de l’Environnement (CITET), l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE) et le Programme Tuniso-Allemand pour l’Environnement (PPE) de l’Agence de Coopération Allemande internationale (GIZ) à travers le projet COM-E (communication environnementale). Deux entreprises directement concernées par le présent projet, Le GCT et la SOTULUB, ont notamment participé à ce pilote.

La communication environnementale d’entreprise adaptée à la communication PCB entre dans la politique de gestion des PCB de l’entreprise. Cette politique de gestion des PCB sera définie à terme pour chaque entreprise détentrice à travers le plan de gestion environnemental et social, le plan d’enlèvement des PCB et le plan d’urgence en cas d’accident PCB. Sur la base de ces documents, l’entreprise pourra définir ses objectifs en matière de PCB, identifier les parties intéressées, planifier les activités de communication, sélectionner ses méthodes et outils, mettre en œuvre ces activités et les suivre et les évaluer. Cela revient à dire, au moins pour les cinq gros détenteurs de PCB (STEG, GCT, CPG et Société Tunisienne de Sidérurgie El Fouladh) qu’ils devront chacun mettre en place un plan d’action communication PCB. Ce plan d’action devra répondre aux principes de la communication environnementale tels que définis dans la norme ISO 14063, à savoir la transparence, la pertinence, la

92 UNECE (1998), Convention sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement, Juin 1998, Aarhus. En ligne : http://www.unece.org/fileadmin/DAM/env/pp/documents/cep43f.pdf. Téléchargé le 18.06.2014. 93 UNECE (2003), Protocole sur les registres des rejets et transferts de polluants. Mai 2003, Kief. En ligne : http://www.unece.org/fileadmin/DAM/env/pp/prtr/Protocol%20texts/PRTR_Protocol_f.pdf. Téléchargé le 18.06.2014. 94 Voir : http://prtr.ec.europa.eu/PollutantTransfers.aspx.

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crédibilité, la réactivité et la clarté.95 Il devra être basé sur des informations précises, sans cesses actualisées et complétées par les informations au fur et à mesure qu’elles sont disponibles, notamment relativement à la contamination des sols, les rejets possibles dans l’environnement et les mesures prises pour y remédier en cas de dépassement des seuils.

Dans la mise en place du plan d’action communication, ils devront veiller à bien identifier leurs parties prenantes. Les parties prenantes d’une entreprise sont autant de groupes cibles qui doivent être au cœur de tout processus de communication stratégique. Les parties prenantes sont tous les groupes d’acteurs internes et externes à l’entreprise qui peuvent affecter ou être affectés par la mise en œuvre des objectifs PCB de l’entreprise. Parmi les parties prenantes, il y a les groupes internes (les directeurs techniques et de sécurité, les cadres, les ouvriers, les magasiniers, les équipes de manutention), les groupes externes directs (les actionnaires propriétaires, les entreprises de sous-traitance, les clients, les entreprises concurrentes), les groupes externes indirects (l’Etat, les autorités locales, la protection civile, la municipalité, le voisinage de l’entreprise, les autorités de contrôle, les récupérateurs de cuivre et de métal, le grand public, etc.).96 La communication environnementale PCB devra se baser sur les attentes relatives à la gestion des PCB de ces groupes détenteurs d’influence internes et externes qui sont autant de groupes cibles d’une communication environnementale PCB stratégique. Les instruments de communication environnementale particulièrement pertinents pour la communication PCB sont l’étiquetage des appareils PCB, les séances de formation et de sensibilisation internes sur les PCB, et l’affichage environnemental relatif au niveau de pollution des sites.

Une attention particulière devra être apportée à la communication des risques et la communication de crise. La communication des risques, c’est le processus d’information des parties prenantes sur les dangers environnementaux et sanitaires. La communication des risques est un échange bilatéral à l’occasion duquel des organisations informent leurs groupes cibles sur des risques possibles et rassemble des informations par ceux affectés par le risque.97 La communication des risques travaille à partir des perceptions des risques par le groupe cible, qui ne correspond pas forcément au risque effectif et prouvé scientifiquement. Ainsi, pour le public, la perception est la réalité. Pour cela, une bonne communication des risques doit comprendre une augmentation de la connaissance et de la compréhension sur les PCB, elle doit contribuer à construire la confiance et la crédibilité, elle doit encourager le dialogue, montrer un certain niveau d’empathie de la part du détenteur et apporter des instructions claires relatives à des comportements et des actions visant la protection.98 Une bonne communication des risques permet de prévenir les dangers et d’anticiper la crise.

Si la crise devait cependant arriver, suite à un accident PCB par exemple, il est également nécessaire d’avoir un plan de communication de crise prêt pour réagir tout de suite. La communication de crise se réfère aux stratégies et mesures de communication élaborées afin de répondre aux besoins de communication en cas de crise, empêcher l’aggravation de la crise et conserver la crédibilité de l’institution. Il s’agira, donc d’anticiper la crise, de la gérer, puis après la crise de reconstruire l’image de l’entreprise. La communication de crise dépend forcément de la mise en place au sein de l’entreprise d’un système de gestion de crise, ce qui sera le cas au moins pour les gros détenteurs de PCB. Ainsi, lorsque le plan de gestion des crises sera mis en place, des fiches préparatoires de

95 Voir ISO (2006), Management environnemental – Communication environnementale – Lignes directrices et exemples. Juin 2006, Genève. P. 2. 96 Reinhardt, S. (2008), Umweltkommunikation im Spannungsfeld der Anspruchsgruppen eines Unternehmens, Driesen, Dr. H. H. Verlag. 97 Voir EPA (2003), Considerations in risk communication. A digest of Risk Communication as a risk management tool. United States Environmental Protection Agency, November 2003, Cincinnati. Online: http://nepis.epa.gov/Exe/ZyPURL.cgi?Dockey=30004IGG.txt. Téléchargé le 10.06.2011. 98 Voir EPA (2007), Risk Communication in Action. The risk communication workbook. United States Environmental Protection Agency, August 2007, Cincinnati. Online: http://nepis.epa.gov/Adobe/PDF/60000I2U.pdf. Téléchargé le 10.06.2011.

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communication en cas de crise devront y être adjointes.99 Au niveau national, la communication environnementale PCB sera destinée aux petits détenteurs de PCB déjà identifiés et non encore identifiés, aux entreprises de manutention, à la société civile et au grand public d’une manière générale. Cette communication environnementale pourra se faire à travers l’ANGed, mais également en collaboration avec des entités actives dans ce domaine et identifiées lors du diagnostic. Cela nous donne une carte d’acteur comme suit :

8.2.3 La démarche de la communication PCB

La démarche préconisée pour la communication PCB est la résolution des problèmes et des lacunes (ou des faiblesses identifiées dans l’analyse SWOT) à travers la concertation et la mise en commun des ressources, capacités et compétences pour trouver des solutions. Par exemple, le manque de données épidémiologiques va donner l’occasion aux acteurs concernés de collaborer pour voir comment augmenter cette connaissance. Il y aura pour cela un partenariat stratégique entre l’ANGed et l’ANCSEP. Il en va de même pour la problématique du contrôle ou de la connaissance quant au véritable taux de contamination des huiles des transformateurs au PCB, qui donnera naissance à un partenariat stratégique entre l’ANGed et SOTULUB.100 Toute difficulté apparaissant dans la mise en œuvre pourrait

99 Voir GIZ/CITET/ANPE (2013b), La Communication environnementale d’entreprise (COM-E). Manuel. Décembre 2013, Tunis. P. 9. En ligne : http://star-www.giz.de/fetch/36Q00p3Xa0001LgUU1/giz2013-0828fr-communication-environnementale-entreprise.pdf. Téléchargé le 18.06.2014. 100 Un partenariat stratégique entre l’ANGed et l’ISST pourra contribuer à développer l’aspect risques liés à l’exposition aux PCB en milieu de travail pour le travail de sensibilisation de l’ISST à travers les médecins du travail. Avec la STEG, l’ANGed a prévu de travailler pour actualiser l’inventaire des appareils contaminés aux PCB, et ce, en procédant à l’analyse systématique de tous les transformateurs en fonctionnement avant 1987 ou qui ont subi déjà au moins une activité de maintenance en relation avec l’huile. Egalement avec la STEG, il s’agira de développer un module de formation destiné aux entreprises de manutention pour la manutention des appareils potentiellement PCB. Enfin, un partenariat stratégique avec l’école du feu de la STIR pourra développer un module de formation spécifique pour les incendies PCB destinés aux membres de la protection civile. Les partenariats stratégiques avec la SACEM, l’ISST et la STIR faisant plutôt partie de la stratégie de formation, ils n’apparaissent pas dans le présent plan d’action.

Figure 1 : Cartographie des acteurs de la communication PCB et flux de communication

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faire l’objet d’une concertation, soit dans des cadres déjà existants, soit en créant de nouveaux cadres. Attention, la concertation ne peut que donner un cadre de réflexion. La mise en œuvre technique peut demander des ressources qui peuvent aller au-delà des capacités du projet. Ces difficultés devront également être discutées pour chercher éventuellement d’autres moyens de financement.

Concernant les détenteurs de PCB qui sont déjà bien engagés dans le processus, la démarche de communication consistera à les impliquer, voire, pour les plus gros, à renforcer leurs capacités en communication pour qu’ils puissent, avec leur propre langage et leurs propres process, faire eux-mêmes leur communication environnementale PCB vis-à-vis de leurs parties prenantes. Pour cela, ils devront eux-mêmes établir des cercles de concertation à l’interne pour l’élaboration participative de leur plan d’action communication PCB. Ces acteurs joueront alors un rôle très actif dans la communication. Il s’agit d’utiliser le potentiel que constitue leur engagement contractuel (conventions) pour en faire des acteurs actifs de la communication PCB. A terme, cela sera leur première expérience de communication environnementale active, et nous espérons qu’avec cette expérience, ils seront amenés à l’étendre pour couvrir d’autres domaines environnementaux où ils sont particulièrement engagés.

Pour les gros détenteurs qui ne sont pas engagés activement dans le processus ou dont les stocks d’appareils PCB sont potentiellement importants mais pour qui l’inventaire n’a pas encore été fait, vue l’urgence de la situation, un plaidoyer sera fait auprès de leurs décideurs pour qu’ils mettent les moyens humains et matériels en place pour une bonne gestion de leur stock.

Pour les plus petits détenteurs, ou pour ceux non encore identifiés, la démarche consistera à les informer et les sensibiliser, pour qu’ils puissent respecter la législation et prendre les mesures nécessaires pour une bonne gestion de leur stock. Pour les atteindre, mais aussi pour les répertorier, l’ANGed établira un partenariat stratégique avec la STEG, qui, entre autres, est chargée de donner les autorisations de mise sous tension de tous les transformateurs en Tunisie. Elle est par là bien placée pour connaître tous les détenteurs de transformateurs et ce partenariat stratégique en termes de communication permettra d’amplifier les efforts d’information et de sensibilisation du projet.

Pour les récupérateurs de ferraille et de cuivre, il s’agira de les informer et les sensibiliser sur les dangers qu’il y a à vider les transformateurs potentiellement PCB pour récupérer le métal ou le cuivre et de leur montrer les bonnes pratiques de gestion des PCB.

Enfin, l’analyse SWOT a également montré qu’il existe encore des gros détenteurs qui ne sont pas très engagés dans le processus actuellement, et ils sont suffisamment importants en terme d’impact nuisible potentiel pour faire l’objet d’un axe stratégique. Il y a d’une part le Ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, dont le stock de PCB a été déjà répertorié, mais également d’autres détenteurs, où l’on soupçonne des stocks importants, comme le Ministère de la Défense Nationale ou le Ministère de l’Intérieur, ainsi que d’autres ministères non encore identifiés. Pour eux, il sera nécessaire de passer du temps pour les convaincre de la nécessité de leur engagement, donc de faire le plaidoyer. Le plaidoyer fait remonter les informations relatives aux dangers d’une mauvaise gestion des PCB ainsi que les points de vue des professionnels de la santé et de l’environnement vers la sphère politique et décisionnaire du niveau central. Le plaidoyer informe les décideurs et cherche à les motiver et les influencer et à créer un environnement favorable pour atteindre les objectifs. Il vise à s’assurer de l’engagement et du soutien des responsables politiques et des leaders sociaux pour inclure les stratégies de gestion des PCB et les stratégies de changements nécessaires dans les politiques, plans et budgets. L’ANGed, à travers le Secrétariat d’Etat chargé du Développement Durable, s’engagera activement dans cette stratégie de plaidoyer et soutiendra les Ministère concernés dans leurs efforts de mises en œuvre en les accompagnant dans leurs activités d’information et de sensibilisation et en appuyant un comité PCB à mettre en place au sein de ces ministères pour contribuer à résoudre les aspects techniques.

Last but not least, pour augmenter l’identification visuelle des partenaires et des groupes cibles au projet, des éléments graphiques et des slogans spécifiques seront développés à utiliser sur tous les

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supports de communication développés dans le cadre du projet. Cette identification visuelle spécifique se fera dans le cadre de l’identité visuelle globale du projet telle que développée dans le cadre de la communication institutionnelle. Les séminaires biannuels d’information sur les PCB, qui devront avoir lieu à l’occasion d’événements spécifiques, comme la promulgation du décret PCB, la signature de la convention avec le Ministère de l’Agriculture ou d’autres Ministères, seront autant d’occasion également pour montrer les activités, y compris les activités de communication, réalisées dans le cadre du projet. Les détenteurs pourront ainsi présenter leurs activités de communication au grand public, ainsi que les supports qu’ils auront réalisé à cette occasion. Ce sera également l’occasion pour les grands détenteurs de démontrer publiquement leur engagement à travers la participation des plus hauts responsables, y compris des Ministres concernés, à ces événements couverts par les médias. Les bonnes pratiques et les succès de communication environnementale PCB devront être documentés et publiés sur le site Web du projet, ainsi que tout événement pertinent réalisé dans ce cadre.

8.2.4 Les axes stratégiques de la communication PCB

Quatre grands axes stratégiques ont été identifiés lors de l’atelier stratégique du 26 mai 2014 et suite au diagnostic communication : la formation, le plaidoyer, la concertation / le dialogue et l’information / sensibilisation. Concernant l’axe stratégique formation, comme un plan de formation est en cours de développement actuellement, il ne sera pas développé ici, mais les recommandations issues de l’atelier et du diagnostic sont mises en annexe 7.

- Axe stratégique plaidoyer : lors de notre diagnostic, nous avons constaté que les gros détenteurs de PCB identifiés lors des différents inventaires sont engagés dans le processus de gestion et d’élimination des PCB. Pour preuve, ces gros détenteurs ont signé des conventions de partenariat avec l’ANGed les engageant techniquement et financièrement dans le projet. Il reste cependant un gros détenteur qui n’a pas signé la convention de partenariat, il s’agit du Ministère de l’Agriculture. Il semblerait qu’il y ait également des stocks importants non encore répertoriés détenus par d’autres Ministères et répartis sur le territoire dans leurs services déconcentrés. Il s’agit notamment du Ministère de la Défense Nationale et du Ministère de l’Intérieur, sans en exclure d’autres. Il est fondamental que ces Ministère deviennent conscients des dangers que recèlent ces transformateurs, dont on ne sait pas lesquels sont PCB ou non, et qu’ils prennent des mesures immédiates pour l’élimination et la bonne gestion des PCB. Pour cela, une simple sensibilisation ne suffira pas, il faut engager ces Ministères au plus haut niveau pour les informer et les mettre devant leurs responsabilités, puis collaborer étroitement avec eux pour mettre en œuvre, en parallèle des aspects techniques et administratifs de la bonne gestion des PCB, une communication adéquate vis-à-vis des responsables des structures décentralisées opératrices des appareils PCB.

o L’objectif de l’axe stratégique plaidoyer PCB : Les décideurs au plus haut niveau du Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche (MARH) et d’autres Ministères potentiellement détenteurs de PCB font de la bonne gestion des PCB dans leur structures sous-tutelles dans un souci de protection des sols, des aliments et de la santé humaine. Les Ministères concernés mettent en place un comité de gestion des PCB à un haut niveau de décisions pour décider d’un plan d’action et veiller à sa mise en œuvre. Un autre résultat pourrait être la signature de conventions de partenariat entre l’ANGed et les Ministères concernés.

o Les groupes cibles du plaidoyer PCB : dans un premier temps, le groupe cible du plaidoyer sera les Ministères au plus haut niveau pour qu’ils prennent conscience des dangers liés à sa gestion des PCB actuellement pour l’agriculture, l’alimentation et la santé humaine et animale pour qu’il prenne les mesures adéquate. Dans un deuxième lieu, dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action des Ministères concernés, les

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responsables des structures gérants des appareils PCB devront également faire l’objet du plaidoyer par ces Ministères en collaboration avec le projet PCB/DAS.

o Les thèmes du plaidoyer PCB : le plaidoyer mettra en exergue les dangers liés à la mauvaise gestion des PCB eut égard à la responsabilité particulière des Ministères concernés pour la protection des personnels sous leur responsabilité et des populations. Pour le Ministère de l’agriculture, un résumé des stocks de PCB présumé détenus par ce Ministère, ainsi que l’état de ces équipement, la description des divers accidents et les risques encourus lui sera adressé. Pour les autres Ministères potentiellement gros détenteur, un rappel de la législation les obligeant à déclarer leurs stocks, et la description des risques sanitaires et environnementaux encourus lors d’une mauvaise gestion, leur sera adressé. Egalement, les Ministères seront informés des dispositions prises par le projet pour l’élimination des appareils PCB et l’amélioration de la gestion des PCB jusqu’à l’élimination totale en 2025. Ainsi, les thèmes du plaidoyer seront une combinaison d’information, d’avertissement sur les dangers, d’appel à la prise de responsabilité et de proposition de collaboration. Suite à cela, le processus de plaidoyer se poursuivra au niveau des directeurs des structures déconcentrées des Ministères détentrices de PCB pour une implication dans la mise en œuvre des bonnes pratiques et le suivi de cette mise en œuvre.

o Les acteurs du plaidoyer PCB : vu qu’il s’agit d’engager les Ministères au plus haut niveau, il s’agira pour l’ANGed de passer dans un premier temps par le Secrétariat d’Etat pour informer les Ministres concernés selon les thèmes pré-cités. Puis l’ANGed, avec les Ministères, deviendront les acteurs du plaidoyer vis-à-vis des structures sous-tutelles.

o Les supports et les canaux de communication du plaidoyer PCB : un argumentaire précis, comme décrit dans les thèmes, sera développé sous forme de mémo adressé du Secrétariat d’Etat au Développement Durable vers les Ministères concernés. Ensuite, une fois l’objectif atteint, à savoir la mise en place d’un comité de gestion des PCB au sein des Ministères concernés, le plaidoyer se poursuivra à travers des réunions de travail avec les détenteurs décentralisés et un dépliant explicatif. L’engagement des Ministères concernés pourra également être démontré à travers leur participation active aux séminaires d’information nationaux organisés dans le cadre de l’information et la sensibilisation, et la diffusion d’une circulaire au niveau de leurs structures sous-tutelle.

- Axe stratégique concertation / dialogue PCB : le diagnostic et l’analyse SWOT ont montré qu’il y a des problèmes en terme de coordination entre les différents acteurs pour la traçabilité des huiles contaminées. De plus, il y a un manque de coordination des instances de contrôle pour les interventions spécifiques PCB. La connaissance sur le taux de contamination effectif de la chaîne alimentaire, de l’homme et de l’environnement est également défaillante. Enfin certains acteurs doivent bénéficier d’une plus grande attention pour remplir leur rôle dans ce projet, c’est le cas du Ministère de l’Agriculture et d’autres gros détenteurs potentiels, et nous avons vu que dans le cadre de l’approche de communication environnementale, certaines entreprises devraient développer des plans d’action communication PCB. Pour obtenir de meilleurs résultats, et en tenant compte du cadre social et sociétal actuel (identifié comme une menace dans l’analyse SWOT), il est important de faire participer tous les protagonistes à la mise en place de ces différents processus, et le projet DAS, à travers cet axe stratégique, peut contribuer à mettre en place des cadres de concertation.

o Objectif de l’axe stratégique concertation / dialogue PCB : les acteurs définissent et mettent en œuvre eux-mêmes leur domaine d’intervention (dans la limite de la législation et des bonnes pratiques) pour une meilleure gestion des PCB selon le rôle

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qu’ils s’attribuent dans cette gestion. Lors de l’établissement des groupes de travail spécifiques, les acteurs devront établir des règles de participation et de reporting vis-à-vis de leurs membres, des groupes cibles intéressés qui ne participent pas directement à ces cadres de concertation, et des cadres de concertations supérieurs, à savoir le groupe de travail PCB dans le projet et le Comité national PCB. Idéalement, lors de la création du Comité national PCB, la création des groupes de travail spécifiques devrait être prévue.

o Les thèmes de la concertation / du dialogue PCB : il existe déjà un cadre de concertation pour les PCB, qui est le groupe de travail PCB dans lequel participent tous les gros détenteurs et les Ministères et institutions publiques impliquées. A moyen terme, un autre cadre de concertation sera mis en place, à savoir le comité PCB, qui sera de portée nationale et aura vocation à perdurer au-delà de la durée du projet, au moins jusqu’à la date buttoir de l’élimination définitive des PCB, en 2025. Ainsi, nous proposons dans le cadre de cette stratégie la mise en place de groupes de travail spécifiques autour de thèmes préconisés. Il s’agit du thème du contrôle (avec les instances de contrôle), de l’inventaire (avec la STEG) et de la traçabilité (avec les acteurs impliqués dans l’analyse et le traitement des huiles, à savoir la SACEM, la SOTULUB, les laboratoires, le Ministère de la Santé, l’ANCSEP, etc.). Un groupe de travail spécifique peut être également mis autour de la thématique de la collecte de données sur la contamination des sites et de la chaîne alimentaire et l’exposition humaine (avec le Ministère de la Santé et l’ANCSEP) ou d’une manière générale on pourrait réfléchir sur la mise en place d’un groupe de travail à caractère scientifique en impliquant la recherche universitaire. D’autres thèmes pourraient être les techniques de dépollution, le rétrofiling et la réflexion sur la mise en place d’un système de veille et d’alerte précoce en cas de pollution. Enfin, à l’interne des entreprises qui mettront en place leur plan d’action communication environnementale PCB, elles seront amenées à mettre en place des groupes de travail pour une élaboration, mise en œuvre et suivi-évaluation participatifs. Des thèmes peuvent s’ajouter au fur et à mesure que les problèmes sont identifiés.

o Les groupes cibles de la concertation / du dialogue PCB : les groupes cibles ont été cités précédemment, à savoir les acteurs du système de contrôle (ANPE, douane, DIMST, etc.), ceux impliqués dans l’inventaire (STEG) et ceux intéressés par la mise en œuvre d’un système de traçabilité (SACEM, SOTULUB, laboratoires d’analyse, Ministère de la Santé, etc.). Pour le travail sur la contamination, le Ministère de la Santé, l’ANCSEP, des universitaires et des associations de la société civile pourraient être impliqués et à l’interne des entreprises, les responsables de la qualité, de l’environnement et de la sécurité, ensembles avec les directeurs techniques, équipes de maintenance, d’électriciens et les gardiens et les magasiniers pourraient être impliqués.

o Les acteurs de la concertation / du dialogue PCB : Dans le cas de la concertation, les acteurs et les groupes cibles sont en général les mêmes. Pour ces groupes de travail, il pourrait y avoir un chef de fil. En l’occurrence, dans un souci d’appropriation de la thématique, il serait souhaitable que les chefs de fil ne soient pas forcément issus de l’ANGed, bien que celle-ci sera à l’origine de la mise en place de ces groupes de travail spécifiques. Ensuite, le relais pourra être passé à d’autres acteurs pour la continuation de la concertation. Concernant les entreprises à l’interne, elles devront désigner elles-mêmes leur chef de fil. Ce sera en général le responsable qualité, environnement, sécurité, mais il devra de préférence être mandaté par sa Direction Générale.

o Les activités de la concertation / du dialogue PCB : les principales activités de cet axe stratégique consisteront en des réunions pour leur mise en place et pour résoudre les

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problèmes identifiés, empêchant la bonne mise en œuvre des bonnes pratiques de gestion des PCB. De ces réunions peuvent découler des activités d’ordre technique et dont la mise en œuvre dépendra de composantes autres que la communication. La communication servira donc à offrir un cadre de concertation et de dialogue. Au niveau des quatre grandes entreprises détentrices de PCB (STEG, GCT, El Fouladh, CPG), elles mettront elles-mêmes, à l’interne, ces cercles de concertation pour l’élaboration de leur plan d’action communication PCB. Pour cela, elles bénéficieront d’une formation en communication environnementale, communication des risques et communication de crise et d’un accompagnement pour chacune d’entre elles pour l’élaboration de leur plan. La mise en œuvre de ces plans dépendra de ces entreprises directement. Elles pourront, pour cela, bénéficier des supports élaborés dans l’axe stratégique information / sensibilisation PCB.

- Axe stratégique information / sensibilisation PCB : Cet axe stratégique contient toutes les activités qui visent à informer et sensibiliser les différentes parties prenantes pour qu’elles sachent comment agir en connaissance de cause. Le diagnostic et l’analyse SWOT ont montré que la communication sur les PCB est quasiment inexistante en Tunisie, et qu’il n’y a pratiquement pas de sensibilisation régulière des employés. Certains groupes cibles, comme les récupérateurs de métal et de cuivre, sont difficiles à atteindre bien que très exposés. Il n’y a pas de supports de communication sur les PCB et les appareils PCB ne sont pas toujours signalés. L’axe stratégique information/sensibilisation est un axe transversal, en ce que les activités qui rentrent dans cet axe seront utilisées dans les autres axes stratégiques. Les activités d’information et de sensibilisation et les supports développés dans ce cadre pourront en effet être utilisés dans le cadre des formations et des groupes de travail. De même, ces axes stratégiques pourront avoir une influence sur le contenu et la forme des activités, supports et messages de l’information et de la sensibilisation. Cette communication devra être prudente, bien ciblée et basée sur des données concrètes pour certes informer mais sans alarmer les populations et provoquer la panique. Dans le cadre de la communication, il sera souhaitable de mettre en place un partenariat stratégique avec la STEG, qui est la société qui donne les autorisations à tous les détenteurs de transformateurs pour leur mise sous tension. Ainsi, la STEG est-elle un acteur clé pouvant atteindre tous les détenteurs potentiels de PCB et elle peut les informer et les sensibiliser. Le partenariat stratégique entre l’ANGed et la STEG permettra d’amplifier de manière exponentielle les efforts de sensibilisation du projet vis-à-vis des détenteurs de PCB.

o L’objectif de l’axe stratégique information / sensibilisation PCB : L’information et la sensibilisation des différents groupes cibles sur la thématique des PCB a pour objectif d’augmenter leurs connaissances sur les PCB, les risques sanitaires et environnementaux et les gestes de prévention et de protection pour qu’ils sachent agir en connaissance de cause.

o Les thèmes (messages) de l’axe stratégique information / sensibilisation : les thèmes sur lesquels l’information devra être disponible sont la définition des PCB, la législation relative aux PCB avec notamment l’obligation de déclarer ses appareils (pour les détenteurs non encore identifiés), la liste des produits où l’on trouve les PCB, la quantité de PCB en Tunisie, les moyens de prévention (protections collectives et individuelles). Il y a également les risques sanitaires et environnementaux des PCB, le degré et les zones de pollution au PCB en Tunisie, le taux d’épidémiologie en Tunisie, le degré de contamination de la chaîne alimentaire en Tunisie et les mesures à prendre en cas de disfonctionnement d’un appareil PCB ou en cas d’urgence. Relativement aux actions qu’entreprend la Tunisie dans le cadre de ce projet, l’information portera sur la législation sur les PCB, les bonnes pratiques en matière de gestion des PCB, la liste des entreprises détentrices en PCB, la nécessité pour les détenteurs de

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transformateurs de le déclarer dans une base de données électronique (encore à mettre en place par le projet) et le plan d’élimination des PCB en Tunisie. En matière de sensibilisation, les thèmes seront en particulier ce que sont les PCB et à quoi ils servent, comment bien les gérer, que faire en cas de constat de fuite ou de disfonctionnement, la nécessité du port des EPI lors des activités de maintenance (uniquement pour les équipes de manutention) et les risques sanitaires et environnementaux en cas de mauvaise gestion, ainsi que ce qui est prévu pour éliminer les PCB. Pour la sensibilisation, il sera nécessaire de garder un langage simple et clair, voire d’utiliser l’arabe dialectal, notamment dans les bons conseils et la signalétique. Concernant le port des EPI, il sera nécessaire de regarder du côté des bonnes pratiques de certaines sociétés, en particulier des sociétés pétrolières, relativement à la manière dont elles ont réussi à faire porter les E.P.I de manière systématique à leurs employés. Une communication spécifique sera développée pour les récupérateurs de cuivre et de métal et les récupérateurs d’huile pour les informer sur les dangers relatifs à la manipulation de ces huiles, à leur déversement dans la nature et aux bonnes pratiques pour y parer.

o Les groupes cibles de l’axe stratégique information / sensibilisation PCB : les groupes cibles de cet axe stratégique sont les entreprises détentrices de PCB déjà identifiées et à identifier (en particuliers les directeurs techniques, les équipes de maintenance et d’électriciens, les ouvriers et les magasiniers), les inspecteurs du travail et les médecins du travail, les entreprises de manutention, les populations environnantes, le grand public et les récupérateurs de métal et d’huile. Les activités de sensibilisation et de communication seront inclues dans les activités des autres axes stratégiques pour également informés les acteurs impliqués en particulier les contrôleurs et la protection civile.

o Les acteurs de l’axe stratégique information / sensibilisation PCB : les acteurs de cette communication sont en premier lieu l’ANGed dans le cadre du projet DAS/PCB. Cependant, pour assurer la durabilité de cette activité, il sera souhaitable de développer des modules de sensibilisation et de formation en collaboration avec des acteurs clés tels la STEG, la SACEM, la SOTULUB et l’ISST, sur les bonnes pratiques de gestion des PCB, les bonnes pratiques de manutention et les protections individuelles et collectives et les impacts sanitaires et environnementaux. L’ANGed établira un partenariat stratégique avec la STEG pour atteindre tous les détenteurs d’appareils potentiellement PCB. A l’interne des entreprises détentrices, ces modules pourront être utilisés par les responsable qualité, environnement, sécurité dans le cadre de la mise en œuvre des plans d’action communication ou comme activité de sensibilisation suite à la formation dont ils auront bénéficié (voir axe stratégique formation proposé en annexe 7). Un autre acteur de la communication, en particulier pour atteindre des groupes cibles du domaine de l’informel tels que les récupérateurs de métal et d’huiles usées, pourra être utilisé : il s’agit des associations de la société civile avec qui un partenariat pourra être développé pour atteindre ces groupes cibles. Le partenariat avec la SOTULUB permettra également d’atteindre les récupérateurs d’huiles usées.

o Les supports et canaux de communication PCB : Les supports d’information préconisés sont un dépliant sur les PCB soulignant en particulier les risques sanitaires et environnementaux, sept livrets techniques sur les PCB, un guide pour une gestion rationnelle des PCB accompagné d’un CD et des autocollants montrant les gestes de protection nécessaires sous forme de pictogrammes, à apposer à côté des appareils PCB. Ces supports seront utilisés, outre pour les formations et pour être distribués aux groupes cibles, également à l’occasion de séminaires d’information sur les PCB (canaux de communication pour l’information). Pour ce qui est des supports relatifs à

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la sensibilisation, il est prévu de faire développer par une agence de communication locale des éléments graphiques, un slogan et des dessins de situation à utiliser principalement sur des poster et des dépliants, ou pouvant servir d’illustration sur les manuels techniques (par exemple du type dessin avec des lignes épurées). Des petits films de maximum 5 minutes chacun de sensibilisation et de démonstration des bonnes pratiques de gestion des PCB seront réalisés par un prestataire de service. Les thèmes proposés sont les suivants : 1. Qu'est-ce que les PCB, impact sanitaire et environnemental + élimination ; 2. port des EPI lors de la manutention ; 3. Comment faire un prélèvement et analyse en laboratoire ; 4. Système de veille et que faire en cas de fuite ; 5. Que faire en cas d'incendie des PCB. La communication interpersonnelle (canal de communication pour la sensibilisation) sera favorisée à travers les séminaires de sensibilisation grand public et spécifiques et les séances de formation et de concertation. Les autres canaux, en particulier pour l’information, seront les sites Web du projet et de l’ANGed (tous les supports seront téléchargeables), les médias écrits, électroniques, radiophoniques et télévisés (à travers les couvertures médiatiques des événements et la participation à des plateaux télévisés et radiophoniques). Certains de ces supports pourront être développés en partenariat avec la STEG.

o Les activités de l’axe stratégique information / sensibilisation PCB : les activités principales de l’axe stratégique information / sensibilisation PCB consisteront pour l’essentiel en l’élaboration des supports d’informations et de sensibilisation sur les PCB. Pour ce qui est des supports d’information, ils ont pour l’essentiel déjà été définis et devront être réalisés par un infographiste. Des petits films de démonstration seront réalisés, et une identité visuelle pour la sensibilisation PCB sera développée (voir partie supports et canaux) Des modules de sensibilisation/information seront développés pour qu’ils soient utilisés par des multiplicateurs. Ces multiplicateurs pourront les utiliser lors de leurs séminaires de sensibilisation. Les 3 modules sont : bonnes pratiques de gestion des PCB (pour la STEG en direction des détenteurs PCB identifiés et non encore identifiés), bonnes pratiques de manutention (pour la STEG et SOTULUB en direction des entreprises de manutention et des récupérateurs d'huiles usées), et protection collective et individuelle + risques sanitaires et environnementaux pour les travailleurs (pour ISST en direction des inspecteurs du travail et des médecins d'entreprise). Ensuite, ces acteurs pourront intégrer ces modules dans leurs propositions annuelles de séminaires. Ces modules pourront être également utilisés par les détenteurs pour leurs séances de sensibilisation à l'interne (en particulier les 4 détenteurs ayant des plans de communication environnementale PCB). Enfin, des séminaires d’information et de sensibilisation seront organisés. Deux grands séminaires par an devront être organisés. Il sera opportun de faire ces séminaires d’information à l’occasion d’un événement particulier, comme la signature de conventions, le démarrage des opérations d'analyse des transformateurs, de rétrofiling, d'élimination des PCB ou de décontamination des sols. Il faudra prévoir à chaque fois une couverture médiatique, des interviews et des articles avec la presse spécialisée. Ces séminaires seront également des occasions pour la sensibilisation du grand public. Pour la sensibilisation des récupérateurs de métal et de cuivre, il est prévu de faire appel aux associations de la société civile. Pour cela, un appel à proposition sera publié et trois projets répartis dans différentes régions pourront être retenus avec une subvention maximale pour chaque projet (par exemple 5 000 dinars par projet). Il n’est pas recommandé de faire maintenant une grande campagne médiatique autour des PCB pour éviter d’alarmer les populations, mais il est nécessaire de publier des informations relatives aux PCB accessibles aux médias et au grand public. Cela concerne en particulier les données relatives à la Tunisie au fur et à

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mesure qu’elles seront disponibles. A termes, il sera souhaitable que l’information sous forme d’une base de donnée libre d’accès au public, comme le Registre européen des rejets et transferts des polluants (PRTR) soit mise en place en Tunisie pour permettre l’accès aux citoyens aux informations concernant les rejets des PCB dans l’environnement.

8.3 L’objectif, l’approche, la démarche et les axes stratégiques de la communication DAS

8.3.1 L’objectif de la communication DAS

Pour ce qui est de la gestion des DAS, les changements préconisés sont, au niveau national (macro), une plus grande implication des responsables dans la gestion des DAS, au niveau méso (gestion extra-muros) que tous les hôpitaux et structures de santé soient conventionnés pour éviter le ramassage des DASRI par la municipalité et au niveau micro (gestion intra-muros) un changement de comportement chez certains groupes cibles pour une meilleure gestion des DAS. Ainsi, sur la base de ces changements souhaités et des approches et axes de communication proposés ci-après, nous pouvons définir l’objectif de communication DAS comme suit :

Objectif de la communication DAS

La communication pour le développement pour les DAS, axée sur le plaidoyer, la concertation et la sensibilisation contribue à une meilleure gestion des DAS au niveau national, régional, local et en intra-muros de tous les établissements de soin et producteurs de DAS pour une meilleure prévention des risques sanitaires et environnementaux à travers l’intégration de la gestion des DAS en tant que norme de qualité et norme sociale et la recherche de solutions concertées.

8.3.2 L’approche de la communication DAS

Pour cela, nous allons utiliser une approche combinant deux approches de communication pour le développement : la communication pour le changement de comportement et la communication pour le changement social. Ces théories entrent dans le domaine de ce qui est communément appelé communication pour le développement, qui est un domaine de communication qui s’est développé depuis les années 70 principalement dans les pays en voie de développement. L’approche de communication pour le développement est désormais adoptée par de nombreuses agences des Nations Unies et elle est discutée dans de nombreux forums. Par exemple, lors du congrès mondial de communication pour le développement, la définition retenue était la suivante :

[Communication for development is] a social process based on dialogue using a broad range of tools and methods. It is also about seeking change at different levels, including listening, building trust, sharing knowledge and skills, building policies, debating and learning for sustained and meaningful change. It is not public relations or corporate communication.101

La communication pour le changement de comportement est le processus de communication qui vise à informer et convaincre un groupe cible d’adopter un comportement défini dans un domaine d’intervention spécifique. Elle est basée sur le modèle trans-théorique des étapes du changement développé par Prochaska et DiClemente en 1982.102 Selon ce modèle, le changement de comportement s’effectue au cours d’une démarche constituée de différents stades ordonnés de façon chronologique, à savoir : la pré-contemplation, la contemplation, la préparation, l’action, le maintien et la terminaison. A chacun des stades correspond une tactique de communication pour l’amener au changement et maintenir ce changement pour devenir lui-même un agent de changement. Les 101 Voir http://www.fao.org/oek/communication-for-development/comdev-home/en/. 102 Prochaska, J.O. et DiClemente, C.C. (1982). Transtheorical therapy toward a more integrative model of change. Psychotherapy: Theory, Research and Practice, 19(3), 276-287.

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approches adoptées dans ce modèle de communication étaient les approches d’information, éducation et communication (IEC), de marketing social et de mobilisation sociale. Cette approche est connue dans le milieu de la santé sous l’appellation COMBI – Communication for Behavioral Impact – et elle est utilisée par l’OMS.103

La principale critique de ce modèle est qu’il focalise sur l’individu, nonobstant le contexte social, organisationnel et sociétal dans lequel celui-ci évolue. Il focalise également sur des comportements au préalable définis par d’autres et les stratégies de communication essaient de « convaincre » et de « persuader » l’individu de la nécessité d’adopter un comportement qui peut ne pas être adapté dans son contexte. De plus, si le contexte ou les circonstances changent, le comportement peut ne plus être adapté. Cette approche a cependant le mérite d’être claire et facilement compréhensible. Couplée avec la théorie de la diffusion de l’innovation,104 elle peut aider à évaluer le contexte et donner des idées de tactiques de communication. La théorie de la diffusion de l’innovation explique comment les innovations se diffusent au sein des communautés et classe les individus en fonction de leur comportement vis-à-vis de de l’innovation. Il y a les innovants, les adoptants précoces, la majorité précoce, la majorité tardive, les retardataires et les résistants. Là aussi, selon où l’individu ou le groupe d’individus se trouve, on peut adopter des tactiques de communication différentes : ainsi, les adoptants précoces sont en général des leaders d’opinion et ils peuvent devenir des modèles pour ceux qui se préparent à changer de comportement et agissent en tant que pairs, par exemple.

Au cours des années 90, une approche plus participative de communication a été développée et qui met l’accent sur la communication en tant que processus et dialogue où les participants au dialogue contrôlent le processus de changement et où ils utilisent leurs propres outils, canaux et supports de communication pour y arriver. La communication pour le changement social (CFSC) est un processus basé sur un dialogue public et privé à travers lequel les personnes définissent qui elles sont, ce qu’elles veulent, ce dont elles ont besoin et comment elles peuvent agir collectivement pour satisfaire à ces besoins et améliorer leur vie. La CFSC appuie les processus de prise de décision au niveau communautaire et l’action collective pour rendre les communautés plus efficaces. Elle participe aussi à la mise en place d’un environnement communicationnel qui permette une meilleure prise de contrôle par les communautés.105

Selon ce modèle, un processus de changement peut démarrer avec un catalyseur interne ou externe, comme un accident ou un agent externe de changement, qui met en exergue un problème dans la communauté. Suite à ce catalyseur, certaines personnes s’intéressent à ce problème et commencent à en parler en privé. Puis, au fur et à mesure, ces personnes s’organisent et se constituent en groupe pour chercher des solutions, prendre des décisions et mettre en place un plan d’action. Ces personnes mettent le plan d’action en œuvre, le suivent et l’évaluent. Ainsi, ce processus de changement amène des changements au niveau individuel et social, et à termes au niveau sociétal au sein de la communauté concernée.106 La CFSC fait la promotion de l’engagement et du renforcement des pouvoirs des communautés. Elle fait la promotion des incitations non financières : fierté, dignité, estime de soi, reconnaissance sociale. La “modélisation des comportements” apporte une dimension crédible, émotionnelle et humaine du comportement promu. La diffusion des déclarations publiques, les discussions et les engagements publics favorisent la communication horizontales (les communautés deviennent les avocats du changement vis-à-vis des autres communautés) et verticale (amplification du changement à travers les mass-médias et les réseaux et médias traditionnels)

103 Voir par exemple : http://www.who.int/ihr/publications/combi_toolkit_outbreaks/en/. 104 Voir Rogers, E.M. (1995), Diffusion of innovations, fourth Edition. New York: Free Press. 105 Définition du Consortium de la Communication pour le changement social. Voir : www.cfsc.org. 106 Voir The Rockefeller Foundation (2002), Communication for Social Change : an integrated model for measuring the process and its outcomes. Communication for social change working paper series Nr. 1, New York. En ligne: http://www.communicationforsocialchange.org/pdf/socialchange.pdf. Téléchargé le 19.06.2014.

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Appliquée aux DAS, cette méthode va permettre de travailler sur la problématique des DAS en intra-muros pour identifier les problèmes et goulots d’étranglements spécifiques à chaque situation pour trouver ensemble, de manière participative, des solutions adaptées et développer des canaux et supports de communication qui conviennent. L’aspect participatif dans ce modèle est un élément clé pour sa réussite et il est tout à fait adapté dans le contexte tunisien actuel où il y a un rejet de la communication top-down et des solutions imposées. L’implication des acteurs concernés dans le processus de décision pour le changement est une manière de les réengager dans leur travail, de leur donner la valeur qu’ils méritent et pour revaloriser leur travail.

Le modèle de communication pour le changement social travaille également avec la notion de norme sociale qui est une notion issue de la psychologie sociale et qui est importante dans la construction du comportement. Selon Bicchieri et Mercier, les normes sociales sont des règles de comportement qui s’appuient sur une combinaison d’attentes (« expectations ») d’ordre empirique et normatives. Les individus sont conditionnés pour obéir à des normes sociales, à conditions que celles-ci correspondent aux « bonnes » attentes.107 Les attentes empiriques, c’est ce qu’on attend des autres, ce que nous pensons que la majorité de notre groupe de référence fait, ce que nous les avons vu faire ou ce qu’une source de confiance nous a présenté comme ce que fait presque tout le monde. Les attentes normatives c’est ce que nous croyons que les gens de notre groupe de référence attendent de nous. Le respect de ces normes nous apporte le respect et nous donne une bonne réputation. La motivation est d’ordre de la reconnaissance sociale, de l’admiration, des félicitations. Le non-respect peut provoquer le rejet social.108 En travaillant avec la notion de normes sociales, nous travaillons également avec la notion d’influence, c’est-à-dire avec les individus ou groupes d’individus ou médias pouvant avoir de l’influence sur les personnes dans leur prise de décision. Nous travaillons également avec la notion d’innovateurs et de précurseurs du changement.

107 Voir Bicchieri, C. et Mercier, H. (2014), Norms and Beliefs : how change occurs. To appear in B. Edmonds (ed.) The Dynamic View of Norms, Cambridge University Press January 2014. En ligne: http://sites.sas.upenn.edu/behav-ethics/files/norms_and_beliefs-_how_change_occurs_copy.pdf. Téléchargé le 19.06.2014. 108 Les normes sociales ont également été prise en compte dans un autre modèle théorique de changement de comportement, la théorie du comportement planifié, développée par Ajzen. Voir Ajzen, Icek (1991). "The theory of planned behavior". Organizational Behavior and Human Decision Processes 50 (2): 179–211. December 1991.

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Ainsi, en prenant en compte ces différents modèles théoriques, nous avons conçu l’approche de communication pour le développement appliquée au DAS que nous avons visualisée dans le schéma ci-dessus. Il s’agira, à travers le plaidoyer de mobiliser les décideurs en matière de DAS, tant au niveau national (Ministère de la Santé) qu’au niveau des structures de soin (Directeurs et chefs services) pour qu’ils accordent de l’importance aux DAS. En s’engageant publiquement pour une bonne gestion des DAS, ces décideurs vont envoyer un signal clair à tout le système de santé que la gestion des DAS est une priorité et une valeur de qualité du système de soin en Tunisie. La concertation au niveau national, régional et au sein des hôpitaux va aider à identifier les goulots d’étranglement pour la bonne marche du système de gestion des DAS en Tunisie. Au niveau national, la concertation concernera la problématique de la non existence de filières de traitement pour certains types de DAS dangereux, la mise en place de normes relatives au consommable ou équipements, la gestion des DAS diffus, la gestion des petites quantités de DAS dangereux produites par les cabinets de libre pratique. Au niveau régional, en collaboration avec le niveau national, la concertation contribuera à la résolution de la problématique de la non présence des sociétés de traitement sur tout le territoire ou la problématique des groupements de santé de base par exemple.

En intra-muros la concertation permettra la mise en place de manière participative des procédures de gestion des DAS par service (service pilote) ou par établissement de soin (hôpital pilote) pour créer des modèles et montrer l’exemple. Les procédures pourront être créées directement par les établissements de santé ou elles pourront être développées dans le cadre d’une normalisation de l’hôpital à travers les normes développées par l’INASanté ou d’autres normes telles que l’ISO 9001. L’approche participative permettra d’engager toutes les catégories de personnel concernées. Elle sera faite selon le processus de la CFSC tel que décrit ci-dessus. Elle pourra être faite sous la houlette de l’unité de gestion des DAS avec l’aide de chefs services engagés et d’innovateurs au sein des services à identifier au cas par cas. Cette approche pourra s’appuyer sur des expériences déjà engagées avec les relais d’hygiènes à Bizerte et à Sousse ou même revitaliser cette approche pour sa mise en œuvre dans d’autres établissements intéressés. Selon l’approche des normes sociales, il s’agira alors de mettre en valeur les bonnes pratiques, de les valoriser en public avec des visites officielles de haut niveau, des journées portes ouvertes, la collaboration avec les associations locales dans le cadre de projets communautaires relatifs aux déchets, de les mettre en compétition à travers des concours

Figure 2 : modèle théorique de la communication pour le développement DAS

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organisés au niveau régional et/ou national, et bien entendu, de fêter les réussites par exemple à travers des honneurs publics lors des séminaires nationaux sur les DAS. Dans un souci d’économie des ressources, il sera souhaitable que les cadres de concertation au niveau des établissements n’aient pas seulement pour but de mettre en place le plan d’action communication, mais qu’il s’attèle également au suivi du plan de gestion économique et social (PGES), des indicateurs et à la mise en place du manuel de procédure pour l’établissement. Ainsi, les activités de communication identifiées s’adapteront exactement aux besoins et au contexte de la structure de santé.

Enfin, dans le cadre de la vulgarisation des bonnes pratiques et de l’information et la sensibilisation, des outils de communication tels les posters démonstratifs, les films, des pictogrammes, des activités ludiques pourront être développés. Pour la réalisation des films et ce certains supports, il pourra être fait appel à la aux étudiants en médecine en collaboration avec les élèves des beaux-arts ou à l’association des réalisateurs tunisiens, dont certains sont médecins. Cela permettra de réduire les couts et de créer une mobilisation sociale autour de ce projet, tout en faisant des supports créatifs et ‘tunisiens ». Ces outils seront utilisés dans toutes les activités de communication, y compris dans les activités de formation, qui sont un axe stratégique également important mais qui n’est pas développé dans cette stratégie, car le plan d’action formation relatif aux DAS est déjà disponible. Ces instruments devront mettre en valeur les valeurs de qualité, et les normes sociales d’hygiène, de propreté présentes chez chacun de nous et mettre en exergue le fait que la gestion des DAS fait partie du soin au patient. Donc tout un chacun au sein de l’établissement de soin a un rôle à jouer dans la gestion des DAS, mais tout un chacun est également responsable de la qualité des soins à travers une bonne gestion des DAS. Ces outils revaloriseront cette fonction et les personnes qui y jouent un rôle. Ces supports et outils devront être « tunisiens » et les slogans utilisés devront s’inspirer des proverbes tunisiens. Ils devront également être développés avec un graphisme facilement reconnaissable et faisant office de rappel, avec le développement, par exemple, d’une mascotte retrouvable sur tous les supports, ou de personnages dessinés (ou un mélange de personnages dessinés et réels) mettant en scène les différentes situations de bonne gestion des DAS. Ces outils seront la base de la communication à l’occasion des campagnes de communication qui auront lieu à des moments stratégiques du projet, comme à l’occasion de l’arrivée des matériels et équipements ou à l’occasion de journées nationales et internationales pertinentes.

8.3.3 La démarche de communication DAS

La démarche préconisée pour la communication DAS commencera par un plaidoyer fort vis-à-vis du Ministère de la Santé pour confirmer son rôle en tant qu’acteur central dans la partie DAS du projet. Le plaidoyer fait remonter les informations relatives aux dangers d’une mauvaise gestion des DAS ainsi que les points de vue des professionnels de la santé vers la sphère politique et décisionnaire du niveau central. Le plaidoyer informe les décideurs et cherche à les motiver et les influencer et à créer un environnement favorable pour atteindre les objectifs. Il vise à s’assurer de l’engagement et du soutien des responsables politiques et des leaders sociaux pour inclure les stratégies de gestion des DAS et les stratégies de changements dans les politiques, plans et budgets. L’objectif du plaidoyer sera de faire du Ministre de la Santé le « champion » de la cause DAS, au moins pendant la durée du projet, pour engager tous les décideurs du système de santé dans cette démarche et instaurer des bonnes pratiques durables. Pour cela, la mise en place d’un comité permanent de gestion des DASRI rattaché au cabinet du Ministre de la Santé sera absolument nécessaire. Cette unité de gestion nationale des DAS aura des représentants des différentes directions générales concernées et toute autre institution, service ou personne ressource que le cabinet du Ministre de la Santé estimera nécessaire. Suite à cela, le Ministère de la Santé accompagnera le projet dans ses activités de communication et de concertation pour à son tour faire le plaidoyer vis-à-vis des autres Ministères concernés (Ministère chargé de l’Environnement, Ministère de la Défense Nationale, Ministère de l’Intérieur et Ministère des Affaires sociales) des directeurs de structures sanitaires et des autres secteurs de la santé produisant des DAS.

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Pour contribuer à résoudre les problèmes et les lacunes (ou les faiblesses identifiées dans l’analyse SWOT), il est préconisé de recourir à la concertation (approche participative) et la mise en commun des ressources, capacités et compétences pour trouver des solutions au niveau national, régional, en extra- et en intra-muros. Par exemple, l’absence de sociétés de traitement sur certaines parties du territoire, le manque de filière d’élimination pour certains déchets chimiques, la problématique de collecte des déchets dans les centres de santé de base sont autant de problèmes dans la mise en œuvre opérationnelle du projet qu’il s’agit contribuer à résoudre. Il en va de même pour la problématique du contrôle au niveau des établissements de soin ou des sociétés autorisées. Toute difficulté apparaissant dans la mise en œuvre pourrait faire l’objet d’une concertation, soit dans des cadres déjà existants, soit en créant de nouveaux cadres. Attention, la concertation ne peut que donner un cadre de réflexion. La mise en œuvre technique peut demander des ressources qui peuvent aller au-delà des capacités du projet. Ces difficultés devront également être discutées pour chercher éventuellement d’autres moyens de financement. Cette approche de concertation arrive dans un contexte favorable, avec la mise en place, par le Ministère de la Santé, d’un dialogue sociétal sur la santé. La gestion des DAS peut être un des thèmes traité par ce dialogue sociétal.

Les changements profonds demandés, qui sont pratiquement des changements de paradigme dans la manière de gérer les hôpitaux, notamment en s’appuyant sur les normes de qualités pour faire de la gestion des DAS une priorité, demande une grande implication des établissements de soin. La démarche du projet en ce sens sera d’encourager la mise en place de cercles de concertation au sein des établissements sous l’égide des unités de gestion des DAS pour l’élaboration de manière participative du plan d’action communication DAS, qui va contribuer à résoudre les problèmes DAS spécifiques à chaque établissement. Le projet va donc chercher à renforcer les capacités des intervenants (en particulier des hygiénistes) mais aussi des formateurs (approche formation des formateurs) au niveau régional et national pour dupliquer l’approche. Il ne sera, en effet, pas possible pour le projet de réaliser des séances de sensibilisation pour tous le établissements d’où l’approche e formation de formateurs et de mise à disposition de modules d’information et de sensibilisation pour faciliter les séances de sensibilisation à l’interne. Les établissements de soin où il y a déjà des projets d’établissement, qui sont déjà bien avancés sur la gestion des DAS, ayant bénéficié de l’approche relais d’hygiène hospitalière, ou étant déjà des pilotes dans le cadre des hôpitaux pilotes de l’INASanté présentent des facteurs de réussites qu’il s’agira d’exploiter. Les cadres de concertation au niveau des établissements s’attèleront également au suivi du plan de gestion économique et social (PGES), des indicateurs et à la mise en place du manuel de procédure pour l’établissement. Ainsi, les activités de communication identifiées s’adapteront exactement aux besoins et au contexte de la structure de santé. Les établissements de soin auront l’occasion, si les moyens le permettent, de faire des activités vis-à-vis de leurs populations environnantes à travers des projets communautaires soit pour la sensibilisation sur les DAS, soit pour l’implication dans la gestion des déchets assimilés aux ordures ménagères produites par l’établissement. Cela peut constituer un début de communication plus systématique entre l’établissement de soin et son environnement.

Pour augmenter l’identification visuelle des partenaires et des groupes cibles au projet, des éléments graphiques des slogans spécifiques et une mascotte seront développés pour être utilisés sur tous les supports de communication développés dans le cadre du projet. Les principaux éléments du concept de communication (ligne graphique, slogan) seront développés par une agence de communication. Sur cette base, les étudiants en médecine, en collaboration avec les élèves de baux arts et éventuellement l’association des réalisateurs tunisiens pourront participer à des concours d’élaboration de supports et de films. Cette identification visuelle spécifique se fera dans le cadre de l’identité visuelle globale du projet telle que développée dans le cadre de la communication institutionnelle. Les séminaires biannuels d’information sur les DAS seront autant d’occasion également pour montrer publiquement les activités, y compris les activités de communication, réalisées dans le cadre du projet. Les détenteurs pourront ainsi présenter leurs activités de communication au grand public, ainsi que les supports qu’ils auront réalisé à cette occasion. Ce sera également l’occasion pour les décideurs de démontrer publiquement leur engagement à travers la participation des plus hauts responsables, y compris des

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Ministres concernés, à ces événements couverts par les médias. Les résultats des concours organisés entre les services pilotes ou les hôpitaux pilotes ainsi que par les étudiants et les réalisateurs pourront être présentés à l’occasion de ces séminaires et les lauréats décorés (du DAS d’or, d’argent, de bronze ?) par le Ministre de la Santé et des autres Ministères. Les bonnes pratiques et les succès de communication DAS devront être documentés et publiés sur le site Web du projet, du Ministère de la Santé, ainsi que tout événement pertinent réalisé dans ce cadre.

8.3.4 Les axes stratégiques de la communication DAS

Trois grands axes stratégiques ont été identifiés lors de l’atelier stratégique du 29 mai 2014 et suite au diagnostic communication :

- Axe stratégique plaidoyer DAS : Pour obtenir un changement profond et faire que la gestion des DAS devienne une norme de qualité et de sécurité dans l’hôpital et une norme sociale, il faut un engagement fort des décideurs pour qu’ils portent haut et fort cette norme. Dans un système hiérarchisé comme le système de santé en Tunisie, si le Ministre de la Santé, le Directeur de l’établissement de santé ou le chef service font une priorité de la gestion des DAS, alors leur influence permettra d’instaurer un cadre propice au changement dans ce domaine.

o L’objectif de l’axe stratégique plaidoyer DAS : les décideurs dans le système de santé feront de la gestion des DAS leur priorité au moins pendant la durée du projet et jusqu’à ce que la gestion des DAS devienne une partie intégrante des normes de qualité et de sécurité des soins. Le Ministère de la Santé met en place un comité permanent de gestion des DASRI au sein du Ministère, directement rattaché au cabinet du Ministre.

o Les groupes cibles du plaidoyer DAS : les principaux groupes cibles du plaidoyer sont le Ministère de la Santé (le Ministre), les directeurs des établissements de soin publics et privés, les chefs de service, les sociétés savantes des différents corps de métier, les instances ordinales des métiers de la santé (médecins, pharmaciens, etc.). Par ricochet, à travers le Ministère de la Santé, les autres Ministères gérant des établissements de soin feront également l’objet du plaidoyer pour qu’ils mettent les moyens en œuvre pour une bonne gestion des DAS dans tous leurs établissements de soin. Il s’agit du Ministère de l’Intérieur, de la Défense Nationale et des Affaires Sociales.

o Les thèmes du plaidoyer DAS : le plaidoyer devra mettre en exergue les risques pour le personnel médical et paramédical ainsi que pour les ouvriers, pour les patients, les visiteurs et la communauté d’une mauvaise gestion des DAS. De préférence, des chiffres des AES liés à une mauvaise gestion des DAS devront être disponibles, ainsi que les frais liés au traitement de contamination et les frais de non-action. Les thèmes positifs sont la valeur ajoutée vis-à-vis des patients, des visiteurs et du grand public d’une gestion des DAS maîtrisée, la contribution au système de qualité de la gestion de l’hôpital et finalement, l’image du système de soin en Tunisie pour attirer une clientèle internationale (argument particulièrement valable pour le secteur privé).

o Les acteurs du plaidoyer DAS : Dans un premier temps, l’ANGed sera le principal acteur du plaidoyer pour obtenir le plein engagement du Ministère de la Santé au plus haut niveau. Une fois celui-ci atteint, le plaidoyer se fera ensemble avec le Ministère de la Santé vis-à-vis des autres Ministères (Intérieur, Défense Nationale et Affaires Sociales), des instances ordinale de la santé (Conseil de l’ordre des médecins, des pharmaciens, des dentistes, etc.) et des autres sociétés savantes de la santé pour atteindre les directeurs, les chefs services, les cabinets de libre pratique, etc.

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o Les supports et les canaux de communication du plaidoyer DAS : Vis-à-vis du Ministère de la Santé, l’ANGed s’emploiera à développer un argumentaire précis sur les besoins de son engagement et invitera le Ministère à co-organiser et co-présider toutes les activités publiques relatives aux DAS. Il est prévu que le thème de la gestion des DAS soit positionné lors des réunions et des événements organisés par le Ministère de la Santé et des différents conseils de l’ordre et des sociétés savantes, ou des réunions seront organisées avec ces acteurs et leurs adhérents pour faire le plaidoyer. Pour cela, des supports seront développés en collaboration avec le Ministère de la Santé, comme des dépliants, posters et livrets explicatifs. Le site Web du Ministère de la Santé devra également abordé cette thématique et la communication sur les séminaires devra se faire aussi bien sur le site Web du projet et le site Web de l’ANGed que sur le site Web du Ministère de la Santé.

- Axe stratégique concertation / dialogue DAS : La concertation pour la résolution des goulots d’étranglement et l’implication des groupes cibles dans le processus de prise de décision est un élément essentiel de cette stratégie de communication et un des facteurs de succès du projet. Le diagnostic et le terrain ont montré qu’il y a des problèmes que les établissements de santé ne peuvent pas résoudre seuls, comme la non-présence de sociétés de collecte sur certaines portions du territoire, la collecte des DAS dangereux dans les centres de santé de base, la non-disponibilité de certaines filières d’élimination de certains déchets chimiques ou bien la collecte des petites quantités de DAS dangereux dans les cabinets de libre pratique ou les pharmacies. Ou bien, à l’interne des établissements de soin, la mauvaise disposition des poubelles, les chariots de soins non adaptés, la disponibilité de consommables de qualité en quantité suffisante, le tri à la source, etc. Pour contribuer à résoudre les problèmes, les protagonistes devraient s’asseoir ensemble pour trouver des solutions en intra-muros, au niveau municipal, régional et national. Il s’agira également pour les acteurs en intra-muros, en particulier pour les hygiénistes, de se constituer en réseau pour échanger sur les bonnes pratiques.

o Objectif de l’axe stratégique concertation / dialogue DAS : Les acteurs définissent leurs difficultés et mettent en œuvre eux-mêmes leurs solutions, ou les font remonter au niveau supérieur lorsque la problématique est d’ordre structurelle (dans la limite de la législation et des bonnes pratiques) pour une meilleure gestion des DAS. Les cadres de concertation et de dialogue peuvent être établis au niveau national, régional, sous-régional (au niveau de la municipalité mais de préférence avec la participation de la Direction régionale de Santé) et au sein des établissements de soin. Lors de la mise en place de ces cercles de dialogues et de concertation, les acteurs devront établir des règles de participation et de reporting vis-à-vis de leurs membres, des groupes cibles intéressés qui ne participent pas directement à ces cadres de concertation, et des cadres de concertation supérieurs, comme les unités de gestion des DAS au niveau régional et national et le groupe de travail DAS. La publication de l’avancement des dialogues pourrait se faire sur le site Web du projet, dans des magazines spécialisés ou à l’occasion d’événements publics à travers la couverture médiatique.

o Les thèmes de la concertation / du dialogue DAS : les thèmes de la concertation à ces différents niveaux seront décidés au sein de ces cadres. Nous proposons, pour le niveau national, la constitution de cadres de concertation sur la thématique de la couverture territoriale de la collecte des DAS dangereux, le thème du respect par les sociétés de collecte de la règlementation, le thème des filières de DAS dangereux pour lesquels il n’existe pas de solutions de traitement pour l’instant, la problématique liée aux centres de santé de base, et le thème de la qualité des consommables et des équipements. D’autres thèmes comme la mise en place d’un système de suivi des AES

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liés à la mauvaise manipulation des DAS, la surveillance des rejets des DAS dangereux dans les décharges ou dans la nature peuvent également être des thèmes de discussion. Au niveau régional et sous-régional (commune), les thèmes à traiter sont la collecte des DAS dangereux auprès de tous les producteurs et le respect de la règlementation pour les sociétés autorisées. Enfin, en intra-muros, le cercle de concertation / dialogue travaillera à la mise en place de procédures et de stratégies pour l’optimisation de la gestion des DAS de manière participative selon l’approche service ou hôpital pilote, et le suivi des PGES et des indicateurs. Ils aborderont la problématique du tri, des consommables, des équipements, le positionnement des poubelles dans chaque service, les horaires de collecte dans les services, le partage des responsabilités et des tâches, le contrôle de qualité, etc. D’autres thèmes peuvent s’ajouter au fur et à mesure que des problèmes apparaissent.

o Les groupes-cibles de la concertation / du dialogue DAS : Au niveau national, les groupes cibles de la concertation sont les représentants des sociétés de collecte, et d’autres acteurs à l’interne du système de santé, y compris le secteur privé. Au niveau régional et sous-régional, ce sont les sociétés de collecte présentes localement, les directeurs, les unités de gestion des DAS dans les établissements de santé publics et privés concernés, les municipalités (chefs service propreté), le gouvernorat, les représentants régionaux des chambres syndicales des différents corps de métiers de la médecine (en particulier les pharmaciens, les cabinets de libre pratique, les centres d’hémodialyse, les laboratoires, les centres de cure thermales, etc.), les associations de la société civile, etc. Au niveau intra-muros, ce sont les acteurs de la gestion des DAS, à savoir les surveillantes, les infirmières et aides-soignantes et les ouvrières. Ces acteurs pourront discuter au niveau d’un service ou au niveau de l’hôpital et élaborerons un plan d’action communication à l’interne visant la facilitation de la mise en place des procédures, le suivi des PGES et des indicateurs. Pour cela, les hygiénistes et/ou les chefs services bénéficieront d’une formation en communication participative prévue dans le plan de communication.

o Les acteurs de la concertation / du dialogue DAS : Dans un dialogue, les acteurs et les groupes cibles sont en général les mêmes. Mais ces dialogues devraient être modérés et dirigés par certains acteurs. Au niveau national, les acteurs du dialogue sont le comité permanent de gestion des DASRI du Ministère de la santé, les représentants des autres Ministères impliqués dans le projet (Ministère de l’Intérieur, des Affaires Sociales et de la Défense Nationale), les représentants des chambres syndicales des établissements de soin privés et l’ANGed. Au niveau régional et sous-régional, il s’agit de l’unité de gestion des DAS à la Direction régionale de la santé. Et au niveau intra-muros, les acteurs du dialogue pour la mise en place des procédures et bonnes pratiques, le suivi des PGES et des indictaurs sont le directeur de l’hôpital, l’unité de gestion des DAS, les chefs services et les hygiénistes.

o Les activités de la concertation / du dialogue DAS : les activités consisteront dans un premier temps dans la mise en place des cercles de concertation thématiques au niveau national et régional (extra-muros). Ces cercles se rencontreront pour contribuer à résoudre les problèmes identifiés, et les résultats ou avancées seront publiés sur le site Web du projet, du Ministère de la Santé et dans la Newsletter. Ensuite, suite aux activités de formation, il y aura la mise en place des cercles de concertation en intra-muros pour les hôpitaux et les services qui sont intéressés de mettre en place un pilote. Ces pilotes réaliseront leur plan d’action communication et pour cela, ils seront accompagnés. La mise en œuvre de ces plans d’action se fera sous la responsabilité directe des hôpitaux et services pilotes. Pour ceux qui auront des projets communautaires avec des groupes de population environnante, ils pourront

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éventuellement, en cas de fonds disponibles, bénéficier d’une subvention du projet (voir axe information et sensibilisation). Enfin, pour renforcer l’échange mutuel des informations et des bonnes pratiques, ainsi que créer une dynamique au sein du système de santé, il est prévu de mettre en réseau les agents du changement que sont les hygiénistes et autres leaders qui sont actifs dans les pilotes. Leurs bonnes pratiques seront documentées et publiées sur le site Web du projet, du Ministère de la Santé et dans la Newsletter.

- Axe stratégique information et sensibilisation DAS : cet axe stratégique contient les activités traditionnelles d’information et de sensibilisation propres à toute stratégie de communication. Cet axe est un axe transversal par rapport aux autres axes stratégiques et il va amplifier les résultats de ces axes à travers l’élaboration de supports et la réalisation d’activités d’ordre ludiques, récréatives, voire artistiques pour toucher et attirer l’attention.

o L’objectif de l’axe stratégique information et sensibilisation DAS : A travers l’information et la sensibilisation, les acteurs de la gestion des DAS (le personnel soignant de l’hôpital), le grand public (les patients et les visiteurs, mais aussi les populations environnantes) sont informés et conscients des risques liés à une mauvaise manipulation des DAS dangereux et ils savent ce qu’il y a lieu de faire en cas d’exposition aux DAS dangereux.

o Les thèmes (messages) de l’axe stratégique information / sensibilisation DAS : Les thèmes de l’information et la sensibilisation sont la définition des DAS dangereux, leur impact sanitaire et environnemental en cas de mauvaise manipulation, les mesures de prévention, les mesures curatives, notamment après un AES, les bonnes pratiques de gestion des DAS et le droit des employés, patients, visiteurs et grand public à un environnement de qualité en milieu de soin.

o Les groupes cibles de l’axe stratégique information / sensibilisation DAS : les groupes cibles sont tous les acteurs de la gestion des DAS au sein des structures de soin publiques et privées, les cabinets de libre pratique, les laboratoires, les centres d’hémodialyse, les pharmacies, les infirmeries, y compris celles dans les écoles, les patients, les visiteurs, les habitants aux alentours des structures de soin et le grand public en général.

o Les acteurs de l’axe stratégique information / sensibilisation DAS : Les acteurs de cette sensibilisation sont en premier lieu les acteurs de la santé, à commencer par le Ministère de la Santé, mais aussi les Directions régionales de Santé et les établissements de soin publics et privés. L’ANGed va venir, dans le cadre du présent projet, en appui à cette sensibilisation, mais à terme, cette responsabilité revient au producteur du déchet. Les établissements de soin peuvent faire l’information et la sensibilisation à l’interne et à l’externe, avec l’appui des Directions générales de santé, comme elles ont l’habitude de le faire. Pour cela, ils peuvent s’appuyer sur les unités de gestion des DAS et les cercles de concertation mis en place au sein des services et hôpitaux pilotes. Enfin, les associations de la société civile peuvent également faire de la sensibilisation, en particulier vis-à-vis des groupes vulnérables comme les barbéchas ou les écoles à proximité des établissements de soin.

o Les supports et canaux de communication de l’axe stratégique information / sensibilisation DAS : Les supports d’information prévus sont un dépliant sur les DAS soulignant en particulier les risques sanitaires et environnementaux d’une mauvaise gestion et les bonnes pratiques, sept manuels spécifiques sur les DAS, le manuel cadre de la gestion des DAS accompagné d’un CD et des autocollants montrant les gestes de protection nécessaires sous forme de pictogramme, à apposer sur les poubelles DAS et à proximité des lieux de tri. Ces supports seront utilisés, outre pour les formations

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et pour être distribués aux groupes cibles, également à l’occasion de séminaires d’information sur les DAS (canaux de communication pour l’information). Pour ce qui est des supports relatifs à la sensibilisation, il est prévu de faire développer par une agence de communication de la place des éléments graphiques, un slogan, des dessins de situation et une mascotte DAS à utiliser principalement sur des poster et des dépliants, ou pouvant servir d’illustration sur les documents techniques (par exemple du type dessin avec des lignes épurées). Des étudiants en médecines, ensemble avec des élèves des beaux-arts, pourront participer à un concours pour développer des posters ou autres supports de sensibilisation. Des petits films de maximum 5 minutes chacun de sensibilisation et de démonstration des bonnes pratiques de gestion des DAS seront réalisés par un prestataire de service pour par des réalisateurs de l’association des réalisateurs tunisiens. Les thèmes proposés sont les suivants : 1 Préparation des poubelles dans différentes situations + Opération de tri pendant le soin (y compris le non recapuchonnage des aiguilles) ; 2. Opération de tri des autres déchets au sein de l'établissement de soin ; 3. Circuit des déchets en intra-muros ; 4. Circuit des déchets en extra-muros ; 5. Gestion des DAS diffus (pharmacies, établissements de libre pratiques, infirmeries scolaires et privées, patients en auto-traitement) ou Gestion des DAS pour les centres de santé de base. La communication interpersonnelle (canaux de communication pour la sensibilisation) sera favorisée à travers les séminaires de sensibilisation grand public et spécifiques et les séances de formation et de concertation le tout organisé en partenariat entre l’ANGed et le Ministère de la Santé. Il est également prévu de participer à des événements nationaux et internationaux pour positionner la thématique DAS, par exemple dans les séminaires annuels organisés dans le domaine de la santé en Tunisie ou à l’étranger : par exemple les Journée Maghrébine d’Hygiène Hospitalière de Sousse ou les journée régionale d'hygiène et de sécurité des soins de Bizerte. Le projet s’attachera, ensemble avec le Ministère de la Santé à ce que les prochaines années, au moins deux journées nationales de l’hygiène ait pour thème la gestion des DAS. Les autres canaux, en particulier pour l’information, seront les sites Web du projet et de l’ANGed (tous les supports seront téléchargeables), les médias écrits, électroniques, radiophoniques (nationaux et régionaux) et télévisés (à travers les couvertures médiatiques des événements et la participation à des plateaux télévisés et radiophoniques).

o Les activités de l’axe stratégique information / sensibilisation DAS : les activités principales de l’axe stratégique information / sensibilisation DAS consisteront pour l’essentiel en l’élaboration des supports d’informations et de sensibilisation sur les DAS. Pour ce qui est des supports d’information, ils ont pour l’essentiel déjà été définis et devront être réalisés par un infographiste. Des petits films de démonstration seront réalisés, et une identité visuelle pour la sensibilisation DAS sera développée (voir partie supports et canaux). Les supports seront développés par des professionnels et des étudiants (sous forme de concours). Des modules de sensibilisation/information seront développés pour qu’ils soient utilisés par des multiplicateurs. Ces multiplicateurs pourront les utiliser lors de leurs séminaires de sensibilisation. Les 3 modules sont : Les 3 modules seront : 1. les bonnes pratiques de gestion des DAS 2. les risques sanitaires et environnementaux d'une mauvaise gestion des DAS et 3. La responsabilité de chacun dans le circuit de gestion des DAS. Les multiplicateurs sont les formateurs qui auront bénéficié de la formation de formateur, mais également les hygiénistes amenés à faire la formation en intra-muros et les hygiénistes des Directions régionales de la santé amenés eux-aussi à faire de la formation. Ensuite, ces acteurs pourront intégrer ces modules dans leurs propositions annuelles de séminaires. Enfin, des séminaires d’information et de sensibilisation seront organisés.

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Deux grands séminaires par an devront être organisés. Il sera opportun de faire ces séminaires d’information à l’occasion d’un événement particulier, comme la signature des conventions triparites ANGed, Min. de la Santé et les autres Ministères impliqués (Ministère de l’Intérieur, de la Défense Nationale et des Affaires sociales), l’arrivée des lots d’équipement, la couverture nationale par les sociétés autorisées, etc. Il faudra prévoir à chaque fois une couverture médiatique, des interviews et des articles avec la presse spécialisée. Ces séminaires seront également des occasions pour la sensibilisation du grand public. Pour la sensibilisation des populations aux alentours des établissements de soin, il est prévu de faire une approche projet communautaire pour impliquer les populations et la société civile dans la gestion des DAs : il peut s’agir de la sensibilisation des populations sur les DAS dangereux ou bien leur implication dans la gestion des DAS assimilés aux déchets ménagers avec la collecte des déchets recyclables ou le compostage des déchets organiques et verts. D’autres peuvent proposer des activités sociales comme la vaccination des barbéchas ou la distribution d’équipements de protection individuelle. Pour ces projets, un appel à projet sera lancé, de préférence envers les établissements ayant déjà établis des plans d’action communication. Si les ressources du projet le permettent, une subvention (par exemple maximum 1000 dinars par projet) pourra être accordée aux projets retenus sur la base de critères préalablement déterminés et sur décision d’un jury à constituer. Les meilleurs projets, comme les meilleures activités de communication pourront être primés lors des événements nationaux en présence du Ministre de la Santé et d’autres Ministères. Le DAS d’or, d’argent ou de bronze, ou par catégorie (ou la mascotte) pourra être remis à l’hôpital ou service pilote ayant gagné. La réalisation d’une campagne mass-média de sensibilisation pour les DAS pourrait être pertinente pour ce projet, car le groupe cible est suffisamment grand et la thématique suffisamment large pour intéresser toute le monde. Cependant, vue les ressources limitées du projet, il est préférable de se consacrer pour l’instant à bien cibler les opérations de communication vis-à-vis de deux qui doivent opérer le changement, quitte à ensuite organiser la couverture médiatique des événements et des bonnes pratiques (voyage de journaliste dans les services pilotes, couvertures médiatiques des événements cruciaux), pour laisser parler les succès d’eux-mêmes.

92

9 Le Plan d’action communication du projet DAS/PCB

Le plan d’action communication du projet DAS/PCB est la matrice des activités selon les axes stratégiques préconisés avec des indicateurs de processus objectivement vérifiables, la source de vérification, les groupes cibles, le ou les responsables, l’estimation des ressources nécessaires en terme d’expertise nationale et internationale, de frais opérationnels (organisation d’événements) et de frais de matériel (achats de consommables), les sources de financements et autres remarques. Le plan d’action communication est réalisé pour l’ensemble de la durée du projet à partir de 2014. Le plan ci-dessous est un résumé du plan détaillé et ne comporte que l’objectif global du projet, les objectifs spécifiques et les activités par axes stratégiques avec indicateurs de processus, groupes cibles, responsable et calendrier.

Pour la mise en œuvre du plan d’action communication, un comité de suivi devra être mis en place. Sa tâche sera de suivre en particulier l’élaboration de la charte graphique et des contenus pour les supports relatifs au projet. Ce comité de suivi sera constitué d’au moins le chef de projet, les coordinatrices et la responsable communication, avec d’autres membres de l’UGP et des groupes de travail s’ils le souhaitent. Pour les composantes DAS et PCB, un sous-groupe des groupes de travail respectifs devra être désigné pour suivre la mise en œuvre du plan d’action et l’élaboration des supports.

Activités Indicateurs Groupes cibles

Responsable Calendrier Remarques

L’objectif global de la stratégie de communication du projet de démonstration et de promotion des bonnes techniques et pratiques pour gérer les déchets d’activités sanitaires (DAS) et éliminer polychlorobiphényles (PCB) est de contribuer à l'atteinte de l'objectif du projet (réduction des émissions de substances polluantes et néfastes pour la santé et l’environnement en Tunisie) à travers une communication stratégique qui comprend la communication interne du projet, les relations médias, le plaidoyer vis-à-vis des décideurs dans le domaine des DAS et des PCB, la concertation entre les acteurs dans le domaine des DAS et des PCB, et l'information et la sensibilisation des différents groupes cibles.

1. Communication interne et institutionnelle

L’objectif spécifique de la communication interne et institutionnelle du projet est d’informer les partenaires du projet de façon adéquate pour qu’ils comprennent et soient convaincus du projet PCB/DAS dans son contexte de mise en œuvre de la Convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants (POP), et que le projet gagne en visibilité au niveau national et international pour la mise en exergue des efforts faits par la Tunisie dans les domaines d’intervention du projet à travers la communication interne et les relations médias.

1.1

Communication interne 50% des acteurs du projet se disent bien informés sur le projet

mi-2015 Voir résultats du questionnaire lors du diagnostic de communication

93

Activités Indicateurs Groupes cibles

Responsable Calendrier Remarques

1.1.1. Mise en place des listes de diffusion pour les différents types d'information

Les partenaires du projet

Coord. DAS et PCB

3ème trimestre 2014

1.1.2. Finalisation de la classification des documents de projet

Les partenaires du projet

Coord. DAS et PCB

3ème trimestre 2014

Sur la base de la classification actuelle, vérification et actualisation au fur et à mesure

1.1.3. Mise à disposition des documents du projet sur le serveur FTP

Les partenaires du projet

Directeur de projet

3ème trimestre 2014

La mise à disposition sur le serveur FTP dépendra de la finalisation du Site Web FTP. Le téléchargement sur le serveur se fera par le prestataire de service

1.1.4. Envoi du rapport d'avancement du projet

Les partenaires du projet

Coord. DAS et PCB

2 fois par an

Envoi par courrier électronique et mise à disposition sur le serveur FTP

1.1.5. Envoi d'invitation, de rapports, etc. du projet

Les partenaires du projet

Coord. DAS et PCB

1.1.6. Mise en place de l'Unité de gestion DAS au Min. de la Santé (voir composante DAS)

Min. de la Santé

Coord. DAS

1.1.7. Mise en place du comité de gestion PCB ANGed-Min. Agriculture et autres ministères concernés (voir composante PCB)

Min. de l'Agriculture et autres Ministères concernés

Coord. PCB

1.2. Communication institutionnelle 90% des acteurs du projet se disent très satisfait de la visibilité du projet

Voir résultats du questionnaire lors du diagnostic de communication

1.2.1. Elaboration de la charte graphique du projet

1 charte graphique est élaborée

Le grand public national et international

directeur de projet + Wided

3ème trimestre 2014

Voir estimation pour les TdR de l'infographiste. Pré-selection en cours

94

Activités Indicateurs Groupes cibles

Responsable Calendrier Remarques

1.2.2. Mise en place du Site Web 1 site Web est élaboré

Le grand public national et international

directeur de projet

4ème trimestre 2014

Voir estimation dans le cadre des TdR du site Web.

1.2.3. Elaboration et impression des supports : 1 dépliant projet (format A4 en 3 volets), 3 roll ups projet (FR, ANG, AR), 2 banderolles projet (FR, ANG)

6 supports élaborés et imprimés

Le grand public national et international

4ème trimestre 2014

Voir estimation TdR infographiste:

1.2.4. Elaboration de la power point standard du projet

1 Power-Point projet élaborée selon l'identité visuelle

Le grand public national et international

directeur de projet DAS/PCB + Responsable communication

4ème trimestre 2014

1.2.5. Newsletter du projet Au moins 2 Newsletter par an publiées

Le grand public national et international

directeur de projet DAS/PCB + Responsable communication

1ère Newsletter: 1er semestre 2015

1.2.6. Film institutionnel 1 film institutionnel élaboré

Le grand public national et international

4ème trimestre 2014

Le film pourra commencer en 2014 avec un tournage de scènes avant puis se poursuivre en 2015/2016 : Eventuellement finalisation en 2016

1.2.7. Organisation de séminaires nationaux sur la mise en œuvre de la convention de Stockholm par la Tunisie

4 rapports d'événement / couvertures médiatiques des 4 événements

directeur de projet + Secrétariat d'Etat au DD

1 événement par an

1 événement par an pendant 4 ans (durée du projet) -

1.2.9. Participation à des événements internationaux relatifs aux conventions (Stockholm, Barcelone,

Participation à au moins 3 événements internationaux par an

Grand public international

directeur de projet

Au moins 3 événements par an

Prise en charge des frais de participation à ces conventions par les organisateurs.

95

Activités Indicateurs Groupes cibles

Responsable Calendrier Remarques

Bamako, Basle, Rotterdam) et aux thémes du projet (DAS et PCB)

1.2.8. Elaboration d'un dossier de presse du projet

1 dossier de presse élaboré

Grand public directeur de projet + responsable communication

3ème trimestre 2014 + actualisation continue

1.2.9. Média training pour les acteurs principaux du projet

1 formation réalisée directeur projet, coordinatrices projet, membres du Groupe de travail DAS et PCB (maximum 15 personnes)

directeur de projet + responsable communication

1er trimestre 2015

Vérifier si cette formation n'est pas déjà prévue dans le plan de formation. Donner la priorité à ceux qui seront effectivement face aux médias

2. Communication PCB

L’objectif spécifique de la communication environnementale sur les PCB axée sur le plaidoyer, la concertation, et l’information / la sensibilisation des parties prenantes est qu’elle contribue à une meilleure gestion des PCB en Tunisie au niveau national et chez les détenteurs pour une meilleure prévention des risques sanitaires et environnementaux à travers l’augmentation des connaissances et de l’implication des parties prenantes.

2.1 Axe stratégique plaidoyer

2.1.1. Obtenir l'engagement des gros détenteurs au niveau des Ministères

Au moins 10 conventions de partenariat signées entre l'ANGed et les détenteurs de PCB

Pour l'instant, il y a des conventions avec: El Fouladh, le GCT, la CPG, la STEG, la STIR, SOTRAPIL et Magasin général

96

Activités Indicateurs Groupes cibles

Responsable Calendrier Remarques

2.1.2 Séminaire national d'information et de sensibilisation + plaidoyer vis-à-vis des cadres des institutions détentrices sous-tutelle

Coord. PCB (en collaboration avec les Min. concernés)

4ème trimestre 2014

2.2 Axe stratégique dialogue et concertation

2.2.1 Etablissement des cercles de concertation

Au moins deux cercles de concertation établis d'ici 2015

2.2.2 Elaboration des plans de communication environnementaux PCB chez les 4 plus gros détenteurs

4 plans de communication PCB élaborés

2.3 Axe stratégique information et sensibilisation PCB

2.3.1 Réalisation de supports d'information PCB

9 supports 'information réalisés

Détenteurs de PCB, contrôleur

Coord. PCB 4ème trimestre 2014

Mise en page déjà inclue dans la prestation de l'infographiste

2.3.2 Réalisation et mise en œuvre d'un concept de sensibilisation PCB pour l'utilisation sur les supports poster et dépliants

Au moins x supports de sensibilisation ont été produits

Détenteurs de PCB, associations de la société civile

Coord. PCB 3ème trimestre 2014

L'agence sera rémunérée essentiellement pour un travail conceptuel (concept de communication PCB (y compris le slogan et les messages), élaboration des graphismes (police d'écriture, développement d'un symbole pour les PCB et de vignettes (dessins) montrant de situations etc.) et adaptation de ces graphismes sur support posters et dépliants. Possible utilisation de ces graphismes dans d'autres publications réalisées par l'infographiste). Les impressions se feront dans le cadre du contrat cadre avec l'imprimeur

97

Activités Indicateurs Groupes cibles

Responsable Calendrier Remarques

2.3.3. Réalisation de séances de sensibilisation sur les PCB

Au moins une séance de sensibilisation par an réalisée chez chaque détenteur déjà connu (10 séances par an)

Les employés des détenteurs déjà connus

Coord. PCB A partir du 4ème trimestre 2014

Les séances de sensibilisation seront destinées spécifiquement aux équipes opérationnelles chargées de la mise en œuvre des bons gestes dans le cadre de la bonne gestion des PCB. Elles seront organisées à l'interne des entreprises par un expert. Mais lors des séances d'information, les cadres et les autres groupes cibles (notamment les sociétés de réparation et de manutention, les collecteurs d'huiles usagées, les collecteurs de métal et de cuivre) pourront également bénéficier d'un module de sensibilisation.

2.3.4. Co-réalisation de modules d'information et de sensibilisation à utiliser par des multiplicateurs (STEG, SACEM SOTULUB, et ISST)

3 modules réalisés Entreprises de manutention, récupérateurs d'huiles, détenteurs non encore identifiés, et tous les détenteurs de PCB, inspecteurs du travail et médecins d'entreprise

Coord. PCB 2ème trimestre 2015

Les 3 modules sont : bonnes pratiques de gestion des PCB (pour STEG et SACEM en direction des détenteurs PCB identifiés et non encore identifiés), bonnes pratiques de manutention (pour STEG, SACEM et SOTULUB en direction des entreprises de manutention et des récupérateurs d'huiles usées), et protection collective et individuelle + risques sanitaires et environnementaux pour les travailleurs (pour ISST en direction des inspecteurs du travail et des médecins d'entreprise). Ensuite, ces acteurs pourront intégrer ces modules dans leurs propositions annuelles de séminaires. Ces modules pourront être également utilisés par les détenteurs pour leurs séances de sensibilisation à l'interne (en particulier les 4 détenteurs ayant des plans de communication environnementale PCB).

2.3.5 Sensibilisation des récupérateurs de métal et de cuivre à travers une association

3. Communication DAS

L’objectif spécifique de la communication pour le développement pour les DAS, axée sur le plaidoyer, la concertation et la sensibilisation, l’information et la sensibilisation est qu’elle contribue à une meilleure gestion des DAS au niveau national, régional, local et en intra-muros de tous les établissements de soin et producteurs de DAS pour une meilleure prévention des risques sanitaires et environnementaux à travers l’intégration de la gestion des DAS en tant que norme de qualité et norme sociale et la recherche de solutions concertées.

98

Activités Indicateurs Groupes cibles

Responsable Calendrier Remarques

3.1 Axe stratégique plaidoyer DAS

3.1.1 Etablissement d'un comité permanent de gestion des DASRI rattaché au cabinet du Ministère de la Santé

Le comité permanent de gestion des DASRI est établie

Min. de la Santé

Coord. DAS 3ème trimestre 2014

3.1.2 Participation aux séminaires des instances ordinales (conseils de l’ordre) et aux manifestations scientifiques des associations professionnelles des différents corps de métiers, pour atteindre les décideurs des différents corps de métier de la santé

Participation à au moins 4 séminaires par an

Médecines, pharmaciens, dentistes, cliniques privées, infirmiers, laboratoires, etc.

Coord. DAS

3.1.3 Co-organisation, avec le Min. de la Santé, de séminaires d'information destinés aux directeurs des établissements de santé publiques et privés. (voir partie information/sensibilisation)

3.1.4. Signature publique des programmes d'exécution ANGed/Min. de la Santé et Min. de l'Intérieur, de la Défense Nationale et des Affaires sociales

3 programmes d'exécution signés

Min. des Affaires Sociales, Min. de l'Intérieur et Min. de la Défense Nationale

Coord. DAS 4ème trimestre 2014

Evénement public avec participation des 4 ministères et couverture médiatique.

3.2 Axe stratégique concertation / dialogue DAS

99

Activités Indicateurs Groupes cibles

Responsable Calendrier Remarques

3.2.1 Etablissement des cercles de concertation au niveau national

Au moins deux cercles de dialogue établis au niveau national d'ici fin 2015.

Thèmes de concertation possibles : sociétés autorisées, centres de santé de base, déchets diffus, etc. D'autres thèmes de concertation sont possibles. L'existence des cercles de concertation, et les résultats obtenus ou l'état d'avancement seront publiés sur le site Web du projet et/ou sur le site Web du Ministère de la Santé

3.2.2. Etablissement de cercles de concertation au niveau extra-muros

Au moins x cercles de concertation en extra-muros ont été mis en place d'ici mi 2015.

Etablissements de soins, municipalités, cliniques, centres de santé de base, etc.

unités de gestion des DAS régionales et par établissement

3e trimestre 2015

3.2.3 Etablissement de cercles de concertation au niveau intra-muros

Au moins x cercles de concertation en intra-muros ont été mis en place d'ici mi 2015.

Personnel de l'hôpital pilote ou du service pilote

Unité de gestion des DAS de l'établissement de soin

3e trimestre 2015

Les établissements qui souhaitent être des établissements pilotes ou avoir un service pilote établiront pour cela un cercle de dialogue avec les principaux concernés (directeur de l'établissement, groupe de travail DAS, chef de service, personnel soignant motivé, ouvrier). L'établissement de ce cercle de concertation sera une condition nécessaire pour avoir droit à l'accompagnement

3.2.4 Accompagnement dans la mise en œuvre du processus DAS dans des hôpitaux et services pilotes

15 établissements pilotes ou services pilotes ont établis leur plan participatif de gestion des DAS

Les meilleures activités de sensibilisations mises en œuvre dans le cadre des plans participatifs de gestion des DAS seront mises en valeur lors des ateliers nationaux d'information et de sensibilisation en présence du Ministère de la Santé ou lors de la journée nationale d'hygiéne. Des critères pourront être mis en place, et un jury sera chargé de la sélection. 3 jours d'accompagnement pas établissement en tout, 45 jours d'expertise. Cet accompagnement concerne l'harmonisation de l'ensemble des processus : suivi des indicateurs, suivi du PGES, mise en œuvre des manuels spécifiques et communication. Les résultats seront présentés dans les séminaires d'information qui seront l'occasion de faire la montée en échelle. L'expérience

100

Activités Indicateurs Groupes cibles

Responsable Calendrier Remarques

devrait être évaluée au niveau national pour documenter les bonnes pratiques

3.2.5 Réseautage des hygiénistes ou "agents de changement dans la gestion des DAS"

Hygiénistes ou agents de change des hôpitaux ou services pilotes

Hygiénistes ou agents de change des hôpitaux ou services pilotes

à partir du 3ème trimestre 2015

Ce réseau permettra l'échange de bonnes pratiques, éventuellement également des échanges d'hygiénistes entre hôpitaux pour faire la démonstration des bonnes pratiques. Ce réseau contribuera à la newsletter et aux différents séminaires d'information et de sensibilisation

3.3 Axe stratégique information / sensibilisation DAS

3.3.1 Réalisation de supports d'information DAS

9 supports 'information réalisés

Etablissements de soins

Coord. DAS + unité de gestion DAS nationale

Mise en page déjà inclue dans la prestation de l'infographiste

3.3.2 Réalisation de graphismes de sensibilisation DAS pour l'utilisation sur les supports poster et dépliants

Au moins x supports de sensibilisation ont été produits

Etablissements de soins

Coord. DAS + unité de gestion DAS nationale

3ème trimestre 2014

L'agence sera rémunérée essentiellement pour un travail conceptuel (concept de communication DAS (y compris le slogan et les messages), élaboration des graphismes (police d'écriture, dessins etc.) et adaptation de ces graphismes sur support posters et dépliants. Possible utilisation de ces graphismes dans d'autres publications réalisées par l'infographiste). Les impressions se feront dans le cadre du contrat cadre avec l'imprimeur.

101

102

10 Conclusion

Cette présente stratégie a été élaborée sur la base d’un diagnostic qualitatif et les axes stratégiques ont essayé de suivre fidèlement les résultats du diagnostic et de l’analyse SWOT. Elle est destinée à contribuer à l’atteinte des objectifs du projet, au même titre que les autres composantes du projet. Elle laisse une large place à la concertation entre les acteurs, pour leur donner l’occasion, dans le contexte de transformation profonde que vit la Tunisie, d’être parties prenantes actives au changement.

La Société civile n’est pas en reste, et outre l’information, les associations auront une part active dans la concertation et la sensibilisation à travers la participation à des projets de communication.

Les prochaines étapes prévues sont, après la validation de la stratégie, la mise en place de comités de suivi de la mise en œuvre de la stratégie pour la partie PCB et DAS, l’élaboration des termes de référence pour les produits identifiés pour être réalisés en 2014 et la mise en place des cercles de concertation.

103

11 Liste des annexes

Annexe 1 : Liste des partenaires rencontrés

Annexe 2 : Exemple du guide d’entretien PCB

Annexe 3 : Exemple du guide d’entretien DAS

Annexe 4 : Questionnaire pour la communication interne et institutionnelle

Annexe 5 : Graphiques du diagnostic PCB

Annexe 6 : Graphiques du diagnostic DAS

Annexe 7 : Recommandations pour l’axe stratégique formation PCB

Annexe 8 : Plan d’action communication détaillé

12 Liste des figures :

Figure 1 : Cartographie des acteurs de la communication PCB et flux de communication p. 72

Figure 2 : Modèle théorique de la communication pour le développement DAS p. 83

104

13 Bibliographie

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Arrêté du ministre de la santé, du ministre de l’industrie, du ministre du commerce et de l’artisanat, du ministère de l’agriculture et du ministre de l’équipement et de l’environnement du 13 mai 2013 fixant la liste des limites maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires et les méthodes de prélèvement d’échantillons et d’analyse pour le contrôle officiel.

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Décret n°81-793 du 9/6/1981 portant organisation des Services de l’Administration Centrale de la Santé.

Décret n°81-793 du 9/6/1981 portant organisation des Services de l’Administration Centrale de la Santé.

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Wikipédia « Syringe tide » : http://en.wikipedia.org/wiki/Syringe_Tide.