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présentation colloque PESTICIDES Tours mars 2011
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Yves Michelin et Shantala MorlansColloque Pesticides, 24 mars 2011
Accéder aux représentations des éleveurs pour adapter l’accompagnement à la baisse des
produits phytosanitaires dans le cadre d’une lutte contre les espèces invasives
Projet issu d’une problématique de terrain
Gestion des pullulations de campagnols terrestres
Causes multifactorielles : modification des paysages, homogénéisation des pratiques, remembrement, pratiques intensives
Résultats : jusqu’à 80% de pertes/un cycle ; problèmes sanitaires ; impact sur la faune et la flore.
Source : Fredon auvergne
Source : Fredon Franche-Comté
Source : Fredon Franche-Comté
Impacts des pullulations
Réseaux sanitaires concernés
Echinococcose alvéolaire
Poumon du fermier
tularémie
Maladies parasitairestrichinose
Maladies bactériennes
Listériose chez l’humain et les ruminants
Atteinte des voies respiratoires
Atteinte de la qualité des fourrages Lait présentant un taux important de butyriques
Panse des ruminants pleine de terre
Source : Fredon Franche-Comté
Source : wikipedia.org
1998 : Lutte chimique curative sur l’échelle franche-comté : 60 000 ha traités
Impact faune non cible
Traumatisme des éleveurs et des locaux
De la lutte chimique à la lutte raisonnée
La « boîte à outils » comme nouveau moyen de gestion
1970 - 1999 : Lutte chimique intensive par anticoagulants de 1ère génération (chlorophacinone)
2ème génération (bromadiolone)
• Changement de stratégie // concept de lutte raisonnée : surveillance, engagement collectif, boîte à outils pour une agriculture durable
• Prise de conscience du paradoxe lié à la lutte chimique : sauve une récolte mais prolonge le cycle + nouvelles législations impliquant de
nouvelles pratiques moins facilement maîtrisables
• Remise en question de la lutte chimique :
• 2 programmes d’actions (1999-2001 et 2002-2006)
De la lutte chimique à la lutte raisonnée
La « boîte à outils » comme nouveau moyen de gestion
Mais les éleveurs se désintéressent globalement de cette nouvelle approche
Les techniciens, conscients des enjeux soulevés par les pullulations // avenir des exploitations, cherchent à comprendre les raisons des blocages
Pullulations : le refus de la lutte raisonnée
La façon dont le phénomène est perçu est complexe et ne mobilise pas que des registres techniques
La désolation
Tsunami
Invasion
Alarmant
Fausses promesses
L’accompagnement agricole remis en question
Repenser le conseil pour mieux répondre aux besoins des éleveurs
• Chaque groupe gère/se représente la problématique spécifiquement
- Eleveurs, techniciens et scientifique : diversité des paradigmes
• Une cible = un discours = une solution : ça ne marche pas.
– La démarche de conseil ne peut pas consister à proposer des « recettes ».
• Il y a interconnexion de plusieurs systèmes de pensées.
– Le conseiller doit rechercher la prise en compte de l’ensemble des représentations
– Changement de posture par un effort de compréhension des autres acteurs
• Les solutions sont à co-construire.
– Considérer les différentes approches du phénomène
– Resituer la problématique dans son champ d’investigation (contexte global)
– Cela nécessite une connaissance des autres « mondes »
Objectifs finalisés
Repartir des pratiques pour comprendre les motivations
Au niveau technique :
• Fonctionnement et trajectoire de chaque système d’exploitation
• Aléas rencontrés et adaptations (ou non) mises en place
• Intégration (ou pas) d’une gestion des pullulations de campagnols terrestres
Au niveau perceptif :
• Les raisons motivant chaque prise de décision face à tel ou tel type de contexte (habitude, aléa, période de crise, …) et les représentations associées
Cela nécessite :
• de mieux comprendre les facteurs intervenant lors de chaque processus décisionnel
• de saisir les cadres de pensées mobilisés pour justifier chaque choix
Ce que l’on veut savoir
Élaboration d’un protocole de terrain
Une anthropologie recherche-action à visée finalisée
Immersion dans le terrain :
- Saisir au plus près l’élaboration des décisions et les processus non-conscients influant sur ces prises de décisions
- Choix de 3 terrains ayant une similitude géographique + historique de pullulations + différentes manières d’appréhender les pullulations
- Approfondissement des enquêtes Doubs-Jura
-Tests réunions de concertations + protocole d’accompagnement en Auvergne (où agriculteurs particulièrement réfractaires luttes raisonnées)
- Ouverture terrain Ain // attente commissaire massif du Jura
Mobilise :
1 anthropologue, 1 géographe, 2 agronomes (2008-2010), 3 étudiants M2 en agronomie, 2 stagiaires M2 en anthropologie
Élaboration d’un protocole de terrain
Une anthropologie recherche-action à visée finalisée
• Rencontre des exploitants par le biais d’entretiens individuels semi-directifs + observation participante
– Mobilisation de divers supports
– Retour des entretiens pour validation par les agriculteurs
• Des réunions de groupe
– Analyse des jeux d’acteurs (agriculteurs/scientifiques/acteurs locaux)
– Construction des éléments de pensée collective
– Test d’adaptations possibles des territoires agricoles à différentes échelles
• Analyses comparatives
• Formalisation des cadres de pensée de chaque groupe
• Synthèse des terrains et proposition de pistes de travail pour le conseil sur le site enquêté
• Développement d’une formation à destination des conseillers agricoles
• But : proposer une démarche généralisable // problématiques spécifiques
Illustration de l’intérêt de cette approche
Deux exemples d’éleveurs refusant la lutte chimique
Mr A : Contre la lutte chimique car pas assez efficace
Contre les luttes raisonnées
Mis en contact avec un insecticide lors d’une campagne de traitement, c’est ce qui l’a décidé à abandonner la lutte chimique : peur de la contamination
Conseil : lutte broma basse densité + PH3 pour taupes par une entreprise
Sensibilisation piquets + haies
Mr B : Fervent défenseur d’une agriculture responsable
Conscient que ses pratiques sont responsables des pullulations
A déjà intégré une modification du territoire + des pratiques agricoles pour lutte contre le campagnol + stock de foin pour gérer les pics
Conseil : Proposer d’adhérer au réseau de ferme de référence
Expérimentation de nouvelles pratiques de luttes raisonnées
Commune dont les éleveurs s’opposent à la lutte chimique depuis 15 ans
Tous les autres éleveurs du coin pratiquent et sont pour la lutte chimique
A priori similaires mais nécessitant deux conseils totalement différents
Construire une connaissance distribuéePartagée entre les différents acteurs par le biais de jeux de rôles
Partager un discours commun
Basé sur des référentiels partagés
Construit à l’interaction des diverses représentations
Admis par les éleveurs Admis par les techniciens
• Certains acteurs du schéma décisionnel restent hors d’atteintes lors des négociations de pratiques, comme le vendeur de produit.
• L’usage « changeant » des pesticides semble lié à 5 facteurs majeurs, possédant chacun un effet seuil propre à chaque éleveur :
- le prix du produit
- l’incertitude lié à la contamination du produit sur l’écosystème et/ou la santé
- la pression psychologique exercée par le vendeur
- la relation de l’agriculteur à la notion de propreté
- le seuil de tolérance dans la prise en compte et l’acceptation du risque
• Les univers perceptifs sont partagés autour de postures passives (externe) et actives (internes) déterminant – selon la posture adoptée – le rapport aux pesticides
Quelques résultats concernant les éleveursEntre usage de rodonticides et laisser-faire : diagnostic différencié du rapport à la contamination/risque
Merci de votre attention
Le moyen de lutte chimique utilisé
Bromadiolone, source des images : campagnols.fr
Historique des méthodes de lutte chimique et raisonnées
1900 – 1950 : lutte/bacille « virus Danisz »
1950 : interdiction d’utilisation de germes pathogènes/vertébrés
1960 : apparition des 1ères fortes pullulations. SPV (Service Protection Végétaux) développent lutte par produit chimique à toxicité élevée (strychnine, arsenic, phosphure de zinc, …)
1970-1980 : FREDEC (Fédération Régionale de Défense Contre les Ennemis des Cultures) prend la suite, apparition des anticoagulants, moins toxiques.
1ère génération : chlorophacinone
2ème génération : bromadiolone (carotte puis blé)
1980-1999 : intensification des pullulations
et des campagnes de lutte avec fort impact
sur la faune non-cible
Emergence de la notion de lutte raisonnée
La « boîte à outils » comme nouveau moyen de gestion
1995-2000 : début de la remise en question de la lutte chimique
1999 : la « grande crise » ; émergence de la nécessité de nouveaux moyens de luttes
2000-2010 : changement des mentalités
• prise de conscience du paradoxe lié à la lutte chimique : sauve une récolte mais prolonge le cycle
• Nouvelles réglementations / bromadiolone (apparition de la notion de seuil de pullulation/utilisation du produit)
• Développement des méthodes de luttes raisonnées // boîte à outils
• Lutte chimique est de moins en moins acceptée socialement
18 mars 2011 : Bromadiolone soumise à nouvelle réglementation européenne qui limite l’usage du produit : la bromadiolone devient appât
Mais les éleveurs ne veulent pas appliquer la lutte raisonnée
Massif CentralMassif du Jura
Deux grands massifs de moyennes montagnes français concernés