Leila et le secret de la pluieÉcrit par David Conway et illustré par Jude Daly

Leila habite un petit village au Kenya où, depuis longtemps, le soleil brûle tel un feu d’enfer.

La chaleur est si accablante que Leila, sa mère, le petit frère et tous les habitants du village osent à peine sortir de leur hutte.

Le soleil brûle tellement qu’on ne peut ni ramasser du bois, ni arracher les mauvaises herbes des champs, ni traire les vaches !

— Le puits est tout sec, avoue en larmes la mère de Leila, une nuit où personne n’arrive à s’endormir. D’ici peu, tout ce que l’on a récolté séchera… et sans eau on ne pourra plus vivre !

Leila souhaite de tout son cœur que le soleil disparaisse et que la pluie tombe.

Mais le soleil est toujours là et les gouttes de pluie ne tombent point du ciel !

Un jour, à la tombée de la nuit, son Grand-père lui raconte une étrange histoire… Il y a longtemps, quand il était encore petit, un homme arriva au village. Lui seul connaissait le secret de la pluie….

— Il te faut arriver au sommet de la plus haute montagne, avait-il dit à Grand-père, et tu dois raconter au ciel la plus triste histoire jamais entendue... Alors la pluie tombera.

Leila écoute ce que son Grand-père lui avoue… et ce que son cœur lui dit…

Le lendemain, sans avoir pu fermer les yeux de toute la nuit, la petite fille se lève avant les autres. Le soleil dort encore. Et la voilà partie à la recherche de la plus haute montagne…

Leila chemine et chemine encore…

Elle arrive enfin en bas d’une immense montagne.

Elle monte et monte encore, jusqu’au sommet. Lorsqu’elle y arrive, elle raconte au ciel les plus tristes évènements de sa vie : le jour où son frère s’est blessé en poursuivant une poule, la fois où elle s’est brûlée à la main lorsqu’elle aidait sa maman à la cuisine… Ou le moment où…

En sa mémoire d’enfant Leila cherche les plus sombres épisodes de sa vie… mais le ciel reste impassible et le soleil brûle chaque fois plus intense, trônant en toute indifférence en sa grande chaise bleue…

Leila pleure alors :

— Que puis-je faire ?, sanglote-t-elle en un murmure presque étouffé. La chaleur est accablante ! On ne peut plus ramasser du bois, ni soigner les rares légumes des champs et encore moins traire les vaches ! Notre puits n’a plus d’eau et toutes nos récoltes disparaîtront, brûlées par le soleil. Bientôt les gens n’auront plus rien à manger et, d’ici peu, c’est tout mon village qui ira succomber ! Tout le monde va mourir !

Mais la montagne reste silencieuse. On n’écoute que les sanglots de Leila.

Subitement, la petite fille sent une douce brise qui lui caresse le visage. Sous ses pas le vent soulève un petit brin de poussière…

Tel un immense vol d’oiseaux blancs, les nuages se rassemblent pour effacer le soleil et, émus par la souffrance de Leila et sa compassion à l’égard des habitants du village, ils noircissent le ciel… et tout devient noir couleur d’ébène.

Après, un rayon de lumière traverse le ciel et le bruit du tonnerre perce l’atmosphère.

Leila sent une petite goutte qui lui caresse les pieds… et encore une… et une autre encore… Le ciel pleure et ses larmes inondent toute la terre.

Leila lève les bras et regarde en haut. La pluie qui lui tombe sur le visage et caresse ses joues… on dirait les baisers de sa mère !

La petite fille descend la montagne.

Elle court sans s'arrêter et arrive enfin au village.

Soulagée, la mère serre Leila tendrement dans ses bras.

Grand-père la regarde… et lui fait un petit clin d’œil ! Leila lui sourit…Elle seule connaît le secret de la pluie : il faut tout d’abord penser aux autres !