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L’archipel de la Nouvelle-CalĂ©donie

LA NOUVELLE-CALÉDONIELa Nouvelle-CalĂ©donie, quatriĂšme archipel du Pacifique sud par sa superficie, aprĂšs la Nouvelle- GuinĂ©e, laNouvelle-ZĂ©lande et les Salomon, est situĂ©e Ă  l’extrĂȘme sud de la MĂ©lanĂ©sie, Ă  proximitĂ© du tropique duCapricorne. Elle est bordĂ©e, Ă  l’ouest, par la mer de Corail et, Ă  l’est, par l’ocĂ©an Pacifique. La Grande Terreest ceinturĂ©e par un rĂ©cif de corail qui forme un des plus vastes lagons du monde et dont des parties sontaujourd’hui inscrites au patrimoine mondial par l’UNESCO.L’ensemble de l’archipel nĂ©o-calĂ©donien couvre une superficie totale d’environ 19 000 km2. La zoneĂ©conomique exclusive (ZEE-200 miles marins autour des terres Ă©mergĂ©es) est Ă©valuĂ©e Ă  1 450 000 km2.La flore et la faune terrestres et marines sont marquĂ©es par un trĂšs fort endĂ©misme, elles font l’objet de nombreuses mesures de protection.

Le cagou, emblÚme de la Nouvelle-Calédonie Flore endémique

UN ARCHIPEL DU PACIFIQUE SUD

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GĂ©ographie

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L’ARCHIPEL NÉO-CALÉDONIENLa Grande Terre, d’une superficie de 16 360 km2,est allongĂ©e et Ă©troite (400 km de long sur 50 delarge). Elle est prolongĂ©e au sud par l’üle des Pins(150 km2) et au nord par les BĂ©lep. Plus au nordencore se trouvent les Ăźles coralliennes Huon etSurprise, inhabitĂ©es.L’archipel des LoyautĂ© forme un ensemble parallĂšleĂ  la Grande Terre Ă  environ 100 km Ă  l’est. La plusgrande des Ăźles, Lifou, couvre 1150 km2. OuvĂ©a estune mince bande de terre Ă©mergĂ©e de 160 km2, aunord-ouest de laquelle se trouve l’ülot Beautemps-BeauprĂ©. MarĂ© (650 km2) est la plus haute des Ăźles.Entre MarĂ© et Lifou, Tiga est la quatriĂšme Ăźle habitĂ©edes LoyautĂ©.D’autres Ăźles ou archipels sont rattachĂ©s Ă  laNouvelle-CalĂ©donie : au sud, Ă  Ă©gale distance deMarĂ© et de l’üle des Pins, Walpole, un Ăźlot dĂ©sert etles Ăźlots inhabitĂ©s de Hunter et de Matthew au sud-est. Les Chesterfield, petites Ăźles dont la superficietotale ne dĂ©passe pas 1 km2, sont situĂ©es Ă  400 kmĂ  l’ouest de la Grande Terre.

LES ÉLÉMENTS GÉNÉRAUXDU CLIMATEn Nouvelle-CalĂ©donie, l’amplitude thermiqueannuelle est assez faible : le mois le plus chaud est lemois de fĂ©vrier (25,4°C dans le sud, 26,8° C dans lenord), les plus frais ceux de juillet et d’aoĂ»t (18,1° Cdans le sud, 21,4° C dans le nord).Sur la Grande Terre et dans les Ăźles LoyautĂ©, les ventsdominants sont les alizĂ©s qui circulent du sud- est. EnĂ©tĂ©, les vents cycloniques d’origine tropicale liĂ©s Ă des dĂ©pressions peuvent dĂ©passer 200 km/heure.

LES SAISONSLes variations des Ă©lĂ©ments du climat au cours del’annĂ©e dĂ©terminent deux saisons.De la mi-novembre Ă  la mi-avril s’étale la saison

chaude, plus humide de janvier Ă  mars. C’estl’époque des dĂ©pressions tropicales et des cyclones.De la mi-avril Ă  la mi-novembre s’étale la saisonfraĂźche avec parfois de fortes pluies, notamment enjuillet. Les tempĂ©ratures les plus basses sont enregis-trĂ©es en juillet et aoĂ»t (le “printemps” nĂ©o-calĂ©do-nien).

LA GRANDE TERRE :UNE MONTAGNE DANS LA MERLa Grande Terre est trĂšs montagneuse. La ChaĂźneculmine Ă  1 628 mĂštres au mont PaniĂ©, au nord. Lemont Humboldt, au sud, atteint l’altitude de 1 618mĂštres. Les versants des montagnes sont raides etravinĂ©s par les eaux de pluie.Sur la cĂŽte Est, le littoral est dĂ©coupĂ©, il n’y a prati-quement pas de plaine : la montagne descend direc-tement dans la mer. La cĂŽte Ouest est principalementconstituĂ©e de collines et de plaines assez larges,bien que la ChaĂźne se prolonge parfois, surtout aunord, jusqu’au littoral. Ailleurs, la frange littorale estsouvent marĂ©cageuse.L’érosion des reliefs est partout trĂšs active. Le climathumide et chaud, les prĂ©cipitations souventviolentes expliquent la vigueur de cette Ă©rosion. Deplus, l’activitĂ© de l’homme (activitĂ©s miniĂšres, brĂ»lis)a pu accentuer l’érosion sur les pentes.

LES LOYAUTÉ :DES ÎLES CORALLIENNESLes Ăźles LoyautĂ© sont essentiellement constituĂ©es decalcaire d’origine corallienne. Les coraux sont desanimaux aquatiques dont le squelette subsiste aprĂšsla mort de l’animal. Le corail vit en colonies quiconstituent les rĂ©cifs. Les rĂ©cifs coralliens se dĂ©velop-pent non loin du littoral. Lorsque le rĂ©cif est collĂ© aulittoral, il est appelĂ© rĂ©cif frangeant. Les rĂ©cifs-bar-riĂšres se dĂ©veloppent Ă  une certaine distance de lacĂŽte, isolant un lagon. Si ces Ăźles s’enfoncent, ne sub-

Bac de la Ouaieme - HiénghÚne

La ChaĂźne

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LA CÔTE OUEST ET LA CÔTE ESTSur la cĂŽte Ouest, le climat est assez sec. De plus, lesfeux de brousse ont dĂ©truit la forĂȘt primaire. On ren-contre le plus souvent les formations vĂ©gĂ©tales sui-vantes :‱ La mangrove se dĂ©veloppe sur les littoraux vaseuxet salĂ©s. Elle est constituĂ©e de palĂ©tuviers auxracines-Ă©chasses. Une faune grouillante (poissons,crabes, oiseaux) l’habite.‱ La savane herbeuse consiste en de vastes prairiesde hautes herbes, parfois envahies de goyaviers, surles plaines ou les collines.Sur la cĂŽte Est, la montagne est trĂšs proche de la meret exposĂ©e aux alizĂ©s. Les versants, trĂšs arrosĂ©s,comptent de nombreuses cascades et de vastesforĂȘts. Sur la frange littorale, des cocoteraies ontsouvent Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©es.

LA CHAÎNEDans la ChaĂźne, le climat est trĂšs humide et cettezone est le plus souvent couverte de nuages. C’est cequi explique l’existence de massifs forestiers toujoursverts. Les arbres ne dĂ©passent guĂšre dix mĂštres, lesnombreuses espĂšces qui constituent la forĂȘt sont trĂšsdiffĂ©rentes les unes des autres. On y trouve notam-ment des arbres (Houp, Kaori, Tamanou,Banians
), des fougĂšres arborescentes et des Ă©pi-phytes (lianes, fougĂšres, orchidĂ©es). À une altitudesupĂ©rieure Ă  800 mĂštres, les troncs des arbres sontrecouverts par des mousses.

siste alors, visible hors de l’eau, que le rĂ©cif qui estalors appelĂ© atoll ou rĂ©cif annulaire.

Les Ăźles coralliennes se prĂ©sentent comme des plateaux calcaires, entourĂ©s de falaises parfoisabruptes. Lifou, MarĂ© et la petite Tiga sont des atollssoulevĂ©s. Au centre de ces Ăźles s’étend un plateau Ă l’emplacement de l’ancien lagon. Sur le pourtour,qui correspond au rĂ©cif annulaire se sont dĂ©velop-pĂ©es des falaises.

À OuvĂ©a, le soulĂšvement n’a intĂ©ressĂ© que la partiesud-est et sud de l’atoll. La partie nord-ouest est aucontraire enfoncĂ©e : OuvĂ©a est un atoll basculĂ©, dontle lagon a subsistĂ©. À l’intĂ©rieur de l’atoll, cĂŽtĂ©lagon, le littoral est bas et sableux ; Ă  l’extĂ©rieur,cĂŽtĂ© ocĂ©an, il est Ă©levĂ© et dĂ©coupĂ©.

La mangrove à palétuviers

Falaise corallienne à Lékine (Ouvéa)

La savane Ă  niaoulis

DES FORMATIONS VÉGÉTALES CONTRASTÉES

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Station d’élevage Ă  Boulouparis (cĂŽte Ouest)

L’ESPACE RURALIl est occupĂ© principalement par la vĂ©gĂ©tation natu-relle et par les zones de culture et d’élevage, etcouvre la plus grande partie du pays.Les agriculteurs-Ă©leveurs europĂ©ens habitent le villa-ge, appelĂ© “centre” en Nouvelle-CalĂ©donie, ou la“station” au milieu des terres mises en valeur.Les Kanak pratiquent le plus souvent les cultures tra-ditionnelles sur les terres claniques et leurs habita-tions sont regroupĂ©es en villages ou tribus.Le confort moderne est aujourd’hui rĂ©pandu dansles campagnes (la Brousse) : tĂ©lĂ©phone, tĂ©lĂ©vision,salles d’eau, appareils mĂ©nagers Ă©quipent de plusen plus les logements des habitants de l’intĂ©rieur etdes Ăźles.De grands espaces, surtout dans les rĂ©gions mon-tagneuses, n’ont pas encore Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©s. Partoutla densitĂ© de la population est trĂšs faible.Les villages, crĂ©Ă©s parfois pour abriter un centre

pĂ©nitentiaire (Bourail), un poste militaire (Canala) oudes installations miniĂšres (Thio, Kouaoua,NĂ©poui...), sont presque tous devenus les chefs-lieuxdes communes. On y trouve alors la mairie, la gen-darmerie, la poste, le dispensaire, l’église ou letemple, l’école, et les commerces. Mais depuisquelques annĂ©es des lotissements communaux(Fonds social de l’habitat) et la construction de nom-breuses infrastructures culturelles, touristiques ouadministratives mais aussi de collĂšges, de lycĂ©es etd’internats, attirent au village des familles de toutesethnies, et notamment kanak.

L’ESPACE URBAINIl s’agit essentiellement de NoumĂ©a et des autrescommunes de l’agglomĂ©ration (Mont-Dore, DumbĂ©aet PaĂŻta) mais aussi de certains centres de Brousse.À NoumĂ©a, la ville ancienne abrite le port, le quar-tier des affaires (banques, commerces
) et les

LE MAQUIS MINIERSur les terrains miniers, spĂ©cialement ausud de la Grande Terre, les forĂȘts ont for-tement rĂ©gressĂ© sous l’action anthropiqueet ne se rĂ©gĂ©nĂšrent pas rapidement, car lesol, pauvre en Ă©lĂ©ments nutritifs, est aucontraire riche en Ă©lĂ©ments nĂ©fastes Ă  lavie des vĂ©gĂ©taux (nickel, manganĂšse...).La formation vĂ©gĂ©tale dominante est alorsle maquis : arbustes bas, relativementclairsemĂ©s. Les espĂšces sont nĂ©anmoinstrĂšs nombreuses et souvent endĂ©miques.

Le maquis minier

LES MILIEUX DE VIE DES NÉO-CALÉDONIENS

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administrations. Le littoral sudde la ville a une vocation Ă dominante touristique et rĂ©siden-tielle de standing (hĂŽtels etappartements). Il existe aussi desquartiers oĂč s’élĂšvent desimmeubles d’habitation Ă  loyermodĂ©rĂ© (Montravel, Tindu, St-Quentin...).

À la pĂ©riphĂ©rie s’organisent deplus en plus des lotissements depavillons avec des zones com-merciales (hypermarchĂ©s Ă Koutio, Magenta, Sainte-Marie)et les zones industrielles deDucos et de Doniambo (usinemĂ©tallurgique).Ses multiples fonctions administratives et politiques(siĂšge du Haut-Commissariat, du CongrĂšs, duGouvernement et de la province Sud), scolaires etuniversitaires, culturelles (centre Tjibaou et diffĂ©rentsmusĂ©es), Ă©conomiques, font de NoumĂ©a la « capi-tale » de la Nouvelle-CalĂ©donie. Elle compte97 579 habitants en 2009.

UNE AGGLOMÉRATIONEN EXPANSIONLes communes proches, Mont-Dore, DumbĂ©a et PaĂŻta(oĂč se situe l’aĂ©roport international), qui Ă©taientdes zones rurales jusqu’en 1960, se sont trans-formĂ©es en citĂ©s-banlieues avec la crĂ©ation de nom-breux lotissements. Les Ă©quipements culturels, spor-tifs, touristiques et administratifs ainsi que les zonesd’activitĂ©s s’y multiplient.Elles constituent dĂ©sormais avec la ville-centre le“Grand NoumĂ©a”, agglomĂ©ration de 163 723habitants en 2009.

LES AUTRES CENTRES URBAINSSur la cĂŽte Ouest, La Foa, Bourail et Koumac, sontles centres les plus importants.Sur la cĂŽte Est, Thio, PoindimiĂ©, et le village minierde Kouaoua rassemblent la majoritĂ© desEuropĂ©ens.Au Nord, les communes de Voh-KonĂ© (chef-lieu dela province Nord)-Pouembout connaissent desmutations importantes engendrĂ©es par le projetd’usine mĂ©tallurgique autour du massif du

Koniambo. Aux Îles, c’est WĂ© (chef-lieu de la pro-vince des Îles) Ă  Lifou qui accueille le plus d’infra-structures.

Le centre minier de Thio (cĂŽte Est)

Le centre-ville de Nouméa

Terroir d’une tribu prùs de Boulouparis (cîte Ouest)

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Sur cette photo de classe, sont réunies toutes les ethnies

LA SOCIÉTÉ NÉO-CALÉDONIENNE

UNE MOSAÏQUE DE COMMUNAUTÉSEn 2009, la Nouvelle-CalĂ©donie comptait 245 580habitants pour une superficie de rĂ©fĂ©rence de 18 575 km2, soit une densitĂ© de 14 habitants au km2.La population prĂ©sentait un Ă©ventail pluri-ethniqueoriginal. L’évolution dĂ©mographique des Kanak faitĂ©tat d’une diminution jusqu’en 1921 du fait du chocĂ©pidĂ©miologique et culturel. Puis un redressementsensible apparaĂźt et il ne cesse de s’accentuer jus-qu’à nos jours. GrĂące Ă  un fort accroissement natu-rel, les Kanak Ă©taient 99 078 en 2009, soit 40.3%de la population totale et en constituaient la commu-nautĂ© la plus nombreuse.Les EuropĂ©ens ou mĂ©tis-EuropĂ©ens (71 721) quivivaient en 2009 en Nouvelle-CalĂ©donie (29,2% dela population totale) se concentraient dans la pro-vince Sud. Leur progression au XXe siĂšcle va de pairavec l’activitĂ© du pays impliquant une forte immigra-tion surtout dans les annĂ©es 1960-70.Les PolynĂ©siens formaient un groupe important com-posĂ© de 21 262 Wallisiens et Futuniens et 4 985Tahitiens reprĂ©sentant ensemble 10,7% de la popu-lation nĂ©o-calĂ©donienne.Ce sont les grands travaux industriels et routiers desannĂ©es 1955-56 qui les ont tout d’abord attirĂ©s. LesIndonĂ©siens (3 985) comme les Vietnamiens

(2 357) sont le plus souvent les descendants de tra-vailleurs sous contrat venus Ă  la fin du siĂšcle dernier.AprĂšs avoir travaillĂ© principalement sur mine oudans l’agriculture, beaucoup ont regagnĂ© leur paysd’origine. Avec les Ni-Vanuatu (2 327), les Françaisoriginaires des dĂ©partements d’outre-mer (Marti n -iquais, GuadeloupĂ©ens, RĂ©unionnais) et les Japonaisdescendants d’immigrants du dĂ©but du siĂšcle, la population nĂ©o-calĂ©donienne forme une sociĂ©tĂ©plurielle.Au recensement de 2009, 8,3% des habitants se sontdĂ©clarĂ©s appartenir Ă  plusieurs communautĂ©s ou ĂȘtremĂ©tis et 5% appartenir Ă  la communautĂ© "calĂ©donienne."

UNE POPULATION QUI S’ACCROÎTIl apparaĂźt qu’en Nouvelle-CalĂ©donie, entre les der-niers recensements de 1983 et 1989, la populations’est accrue de prĂšs de 19 000 personnes (de 145 000 Ă  164 000), de 33 000 de 1989 Ă  1996(164 000 Ă  197 000) et de prĂšs de 33 000 de 1996Ă  2004 (197 000 Ă  230 000), de prĂšs de 15 000de 2004 Ă  2009 (230 000 Ă  245 000).

En Nouvelle-Calédonie, le taux de natalité est enbaisse réguliÚre depuis 1996, il est passé de 22,3%à 16,7% en 2010.

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UNE POPULATIONTRÈS INÉGALEMENT RÉPARTIEC’est dans le sud et l’ouest de la Grande Terre quese concentrent les EuropĂ©ens et les ethnies nonkanak. Le Grand NoumĂ©a connaĂźt les plus fortesdensitĂ©s. Les provinces Nord et Îles sont peuplĂ©esmajoritairement de Kanak.En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, la population se groupe dans lesvallĂ©es et sur les franges cĂŽtiĂšres, le reste du territoi-re apparaissant vide.Il n’existe pratiquement pas de lieu habitĂ© au-dessusde 500 mĂštres. On remarque des flux migratoires del’intĂ©rieur et des Ăźles vers NoumĂ©a dont le pouvoird’attraction est de plus en plus fort.

LA COMMUNAUTÉ KANAKLe clan est composĂ© essentiellement des descendantsd’un ancĂȘtre commun.Tout mouvement foncier est soumis Ă  l’agrĂ©ment duclan. Une tribu est formĂ©e de un ou plusieurs clansgĂ©nĂ©ralement rattachĂ©e Ă  des groupements adminis-tratifs plus importants, les districts ou chefferies. La

charge du chef est en principe hĂ©rĂ©ditaire.Les petits chefs et les grands chefs sont assistĂ©s parun conseil des anciens, qui rĂšgle, selon la coutu-me, la plupart des problĂšmes et des activitĂ©s de lavie de groupe.En Nouvelle-CalĂ©donie, on dĂ©nombre 341 tribuscorrespondant Ă  250 chefs et Ă  38 grands chefs, et56 542 personnes vivent en tribus (29% de la popu-lation totale).AprĂšs plus d’un siĂšcle et demi de prĂ©sence françai-se, la plupart des langues vernaculaires se sontmaintenues et ont conservĂ© la plus grande partie deleur richesse. Aujourd’hui, on compte 28 languespour 87 000 Kanak (chiffre de 1996).Les plus importantes sont parlĂ©es par quelques mil-liers de personnes, les moins importantes parquelques dizaines seulement.

L’HABITAT KANAKLes villages regroupent gĂ©nĂ©ralement 200 Ă  300habitants, mais les tribus de la ChaĂźne s’organisenten hameaux de quelques dizaines de personnes.L’habitat est composĂ© de cases traditionnelles, decabanes en tĂŽle et de maisons en dur de plus en plusnombreuses et modernes. Le pouvoir d’attraction deNoumĂ©a et de sa banlieue, avec l’essor de l’industriemĂ©tallurgique, des travaux publics et des services, aĂ©tĂ© trĂšs fort. En 2004, les Kanak reprĂ©sentaient 23%de la population de NoumĂ©a, les trois-quarts Ă©tantoriginaires des Ăźles. Ainsi, en 1996, avec prĂšs de 17 000 Kanak, NoumĂ©a connaĂźt la plus grandeconcentration de population autochtone deNouvelle-CalĂ©donie.

L’acte coutumier oĂč l’igname tient une place centrale dansle monde kanak.

Tribu de Bopope dans la ChaĂźne

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LA PÉRIODE DE KONÉ :UN PEUPLEMENT LITTORAL(-1100 À 200)

Les plus anciennes traces indiscutables de laprĂ©sence de l’homme en Nouvelle-CalĂ©donie sontactuellement datĂ©es d’environ 1100 ans av. J.C.,avec l’arrivĂ©e de populations austronĂ©siennes fabri-quant de la cĂ©ramique. La poterie la plus originaleapportĂ©e par ces navigateurs est la poterie Lapita.Ce nom provient du site Ă©ponyme de la rĂ©gion deKonĂ©.

La poterie Lapita est dĂ©corĂ©e de nombreuxmotifs gĂ©omĂ©triques pointillĂ©s ou incisĂ©s. À cettepĂ©riode, existe aussi la poterie de PodtanĂ©an dĂ©co-rĂ©e de motifs allongĂ©s rĂ©alisĂ©s Ă  l’aide d’un battoiren bois et utilisĂ©e pour la cuisine.

La majoritĂ© des sites dĂ©couverts Ă  ce jour sontsituĂ©s en bord de mer. Seuls quelques vestiges d’ha-bitations ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s lors de fouilles. Il s’agit derestes de cases rondes, parfois entourĂ©es de palissades. Vers 200 ans aprĂšs J.-C., la poterieLapita cesse d’ĂȘtre fabriquĂ©e.

LA PÉRIODE DE NAÏA-OUNDJO :UN PEUPLEMENT DE L’INTÉRIEUR(200 À 1800)

AprĂšs 200, une sĂ©paration culturelle intervient.Dans le nord, la technique ancienne de la poterie aubattoir est maintenue. Ce type cĂ©ramique est nommĂ©poterie d’Oundjo surnommĂ©e aussi « la marmitecanaque ». Dans le sud, les dĂ©cors incisĂ©s rempla-cent progressivement les dĂ©cors pointillĂ©s, et desanses apparaissent sur les poteries.

La pĂ©riode de NaĂŻa-Oundjo se caractĂ©rise prin-cipalement par le peuplement de l’intĂ©rieur de laGrande-Terre par une population permanente. Lesclans s’installent sur les plaines fertiles des vallĂ©es. IlsdĂ©boisent les collines et les montagnes pour y fairedes jardins horticoles, puis des tarodiĂšres irriguĂ©essur le flanc des montagnes.

LES KANAK AVANT L’ARRIVÉE DESEUROPÉENS

La culture de l’igname et du taro occupe lamajeure partie du temps : les hommes dĂ©frichent,retournent la terre, amĂ©nagent les irrigations destarodiĂšres et rĂ©coltent les premiĂšres ignames tandisque les femmes cassent les mottes, plantent, embel-lissent les champs.

Le travail fait l’objet d’une division : lors de laconstruction des cases, par exemple, les hommesabattent les troncs d’arbre, construisent la char-pente ; les femmes vont chercher la paille pour lestoitures, tressent les nattes pour l’intĂ©rieur.

Pour de multiples raisons (ruptures d’alliances,conquĂȘte de nouvelles terres, profanation de lieuxtabous...) les groupes se font frĂ©quemment la guerre.On fait circuler la monnaie kanak pour prĂ©venir lesalliĂ©s, on invoque les ancĂȘtres pour obtenir leur pro-tection, on prĂ©pare les armes : sagaĂŻes, frondes,casse-tĂȘtes...

Les combats donnent aussi lieu à la pratiquerituelle de l’anthropophagie.

Fragment de poterie Lapita. Département Archéologie-Musée de la Nouvelle-Calédonie.

DU PEUPLEMENT AUSTRONÉSIENÀ L’ÉMERGENCE DE LA CIVILISATION KANAK

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Histoire

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COOK RÉVÈLE L’EXISTENCE DE LAGRANDE TERRE À L’EUROPE

Au cours de son deuxiĂšme voyage dans lePacifique, aprĂšs avoir explorĂ© l’archipel desNouvelles-HĂ©brides (Vanuatu), lecapitaine britannique James Cookvogue vers la Nouvelle-ZĂ©lande,quand l’aspirant Colnett aperçoitune nouvelle terre : c’est le 4septembre 1774. Cette Ăźle, Cookl’appelle New-Caledonia.

Il longe la cĂŽte Est vers le sud.Le 23 septembre 1774, il est en vuede KuniĂ© qu’il nomme Ăźle des Pinsen raison de ses nombreuxAraucarias (pins colonnaires).

À la recherche de l’infortunĂ©LapĂ©rouse, Antoine Brunid’Entrecasteaux frĂ©quente Ă©gale-ment les eaux nĂ©o-calĂ©doniennes en

1792 et 1793, y baptise de nombreux lieux mari- times (Huon, Surprise, Beautemps-Beaupré...)et réalise le premier tracé de la cÎte Ouest.

Lapérouse reçoit ses instructions de Louis XVI (1788)

L’ORGANISATION SOCIALEET RELIGIEUSE

Les Ă©changes ont lieu lors des cĂ©rĂ©monies coutu-miĂšres et ont pour but de crĂ©er, de renforcer ou deperpĂ©tuer les alliances entre les diffĂ©rents clans, Ă l’occasion des mariages, des adoptions ou des nais-sances. Les Ă©changes sont toujours Ă©quivalents :c’est le don et le contre-don. Les dieux sont lesancĂȘtres fondateurs des clans. Les esprits sont ceuxdes personnes dĂ©cĂ©dĂ©es.

AprĂšs leur mort, leurs successeurs les invo-quent pour faire tomber la pluie, faire pousser lescultures, pour obtenir leur protection durant lesguerres... Leurs crĂąnes reposent gĂ©nĂ©ralement sur unrocher amĂ©nagĂ© Ă  cet effet et c’est lĂ  que se font lesinvocations.

L’ORGANISATION POLITIQUEUne chefferie kanak est composĂ©e de plusieurs

clans, localisĂ©s dans un espace gĂ©ographiquedonnĂ©, ayant des fonctions et des statuts spĂ©cifiquesmais complĂ©mentaires pour maintenir l’équilibresocial.

L’autoritĂ© du chef s’exprime par le respect et laconsidĂ©ration qu’il inspire mais il prĂ©side lesgrandes cĂ©rĂ©monies coutumiĂšres comme la fĂȘte del’igname, les deuils, les mariages et les inhumations.Aucun signe extĂ©rieur ne diffĂ©rencie le chef, ou frĂšreaĂźnĂ©, du reste du groupe.

Arbitrant les conflits coutumiers et fonciers, il estle garant de la tradition, des grandes valeursmorales et sociales de la société kanak.

Il existe une grande diversitĂ© linguistique qui seperpĂ©tue Ă  l’heure actuelle Ă  travers les 28 languesou dialectes encore en usage, rĂ©partis dans les huitaires coutumiĂšres que compte l’archipel.

Reposoir de crĂąnes dans la ChaĂźne

LES PREMIERS CONTACTSAVEC LES EUROPÉENS (1774 - 1840)

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DUMONT D’URVILLE RECONNAÎTLES ÎLES LOYAUTÉ

Si les bateaux anglais empruntent souvent lechenal dit des LoyautĂ©, ces Ăźles sont reprĂ©sentĂ©es trĂšsapproximativement sur les cartes au dĂ©but du XIXesiĂšcle. Dumont d’Urville redĂ©couvre en 1827 MarĂ©,puis Lifou et OuvĂ©a. Lors d’un deuxiĂšme voyagedans le Pacifique, en 1840, il Ă©tablit la carte dĂ©fini-tive des Ăźles LoyautĂ©.

LES CHASSEURS DE BALEINESDÚs le début du XIXe siÚcle, les chasseurs de

baleines et de cachalots dĂ©couvrent les richesses encĂ©tacĂ©s des mers du Sud. Ils frĂ©quentent les eaux nĂ©o-calĂ©doniennes Ă  partir de 1810-1820. Les bateauxrelĂąchent aux Ăźles LoyautĂ© et dans le nord pour s’ap-provisionner en eau et en vivres.

Une station pour l’extraction de l’huile de baleinea mĂȘme fonctionnĂ© Ă  Lifou. Mais le remplacement del’huile de baleine par le pĂ©trole et l’épuisement desbancs de baleines entraĂźnent la fin de cette activitĂ© enNouvelle-CalĂ©donie aprĂšs 1860.

À LA RECHERCHE DU SANTALLe dĂ©veloppement des premiĂšres villes

australiennes contribue Ă  l’établissement de circuitscommerciaux et trĂšs vite quelques denrĂ©es permettentde faire de gros profits.

L’ouverture du marchĂ© chinois, gros producteurde thĂ© mais peu intĂ©ressĂ© par les produitsmanufacturĂ©s europĂ©ens, permet aux commerçants dese faire payer le santal et le trĂ©pang au plus haut prix.

C’est le commerce du bois de santal qui provoqueles premiers Ă©changes entre les MĂ©lanĂ©siens deNouvelle-CalĂ©donie et le monde moderne desEuropĂ©ens. Ils durent de 1841 jusqu’à la fin desannĂ©es1850. Le santal est un arbuste au cƓur trĂšsodorifĂ©rant. Il est trĂšs demandĂ© par les Chinois quis’en servent pour fabriquer l’encens brĂ»lĂ© dans lestemples, en parfumerie et en Ă©bĂ©nisterie.

Baie des tortues - BourailDécouvertes et explorations de la Nouvelle-Calédonie

Découvertes et explorations de la Nouvelle-Calédonie

Le commerce triangulaire en Océanie au XIXe siÚcle

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LES PROTESTANTS AUX ÎLES LOYAUTÉLes missionnaires anglais de la London

Missionary Society (L.M.S.) dĂ©cident, Ă  partir de1797, de christianiser le Pacifique. L’archipel nĂ©o-

calĂ©donien est atteinten 1840.Les missions protes-tantes reposent surquelques hommescourageux, les « tea-chers », des catĂ©-chistes samoans etrarotongans. AprĂšsdes tentatives infruc-tueuses sur la GrandeTerre et Ă  l’üle des Pins,la conversion des

chefs NidoïshNaisseline à Maré

(1848) et Boula Ă  Lifou (1851) permet aux teachersTataĂŻo et Fao de s’implanter dĂ©finitivement.

Plus tard, des pasteurs europĂ©ens s’installent et

Ouvéa est atteinte en 1856.Ce succÚs, le plus grand rencontré en Mélanésie,

explique que les LoyautĂ© soient actuellement encoreĂ  forte majoritĂ© protestante et que de nombreusestraditions restent vivantes (religieuses, culinaires ousociologiques ; mots d’origine anglaise dans leslangues des Ăźles, jeu du cricket...).

LES CATHOLIQUESSUR LA GRANDE TERRE

Les premiĂšres conversions d’OcĂ©aniens Ă  la foiprotestante incitent les pĂšres de la SociĂ©tĂ© de MarieĂ  s’implanter en MĂ©lanĂ©sie.

Fin 1843, un navire de guerre français amĂšne Ă Balade via Wallis un Ă©vĂȘque, Monseigneur Douarre,et quatre missionnaires maristes.

Les missionnaires maristes, comme les protes-tants, rĂ©prouvent l’anthropophagie et regrettent quela femme soit accablĂ©e de travaux. Ils luttent contrela polygamie ou l’usage d’abandonner les malades.

Mais les Kanak attaquent, en 1847, la mission

StĂšle de Fao Ă  Lifou

DES « BEACHCOMBERS » AUX« TRADERS » : DES COMMERÇANTSINTRÉPIDES

Les premiers EuropĂ©ens s’installent en Nouvelle-CalĂ©donie. D’une part, les cĂŽtes nĂ©o-calĂ©doniennesreçoivent progressivement des « beachcombers »,c’est-Ă -dire des « Ă©cumeurs de plage», occidentauxnaufragĂ©s, dĂ©serteurs, mutins ou rescapĂ©s des

colĂšres ocĂ©aniennes. L’histoire a perdu le nom de lagĂ©nĂ©ration, surtout d’origine anglo-saxonne, arrivĂ©eavant la colonisation, mais elle a retenu les noms deleurs successeurs (Streeter, Forest, etc
)

D’autre part, les armateurs Towns et PaddonĂ©difient des stations permanentes de travail, le pre-mier Ă  l’üle des Pins en 1848, le second Ă  l’üle desPins puis Ă  l’üle Nou en 1854. Il leur arrive aussi dedĂ©poser des marins afin de tenir des comptoirs tem-poraires. Ces dĂ©positaires troquent des morceaux defer, des tissus, des perles de verre, du tabac et bien-tĂŽt quelques fusils et balles, contre le bois de santalet le travail volontaire des MĂ©lanĂ©siens (coupe, net-toyage et transport du bois jusqu’à la plage).

D’autres produits intĂ©ressent Ă©galement les com-merçants comme la nacre, l’huile de coco et les holo-thuries. Les pĂȘcheurs de trĂ©pang ou biche de mers’avĂšrent importants dans cette pĂ©riode de premierscontacts, du fait qu’ils restent plusieurs mois Ă  terreau milieu des tribus et que leur activitĂ© demande laprotection et la participation des Kanak.

La préparation du trépang

L’INSTALLATION DES MISSIONNAIRES (1840-1851)

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LA PRISE DE POSSESSIONPAR LA FRANCE

La France de NapolĂ©on III cherche une terrenouvelle, libre de toute occupation europĂ©enne, poury fonder une colonie pĂ©nitentiaire. Par ailleurs, laFrance souhaite renforcer sa prĂ©sence dans lePacifique, encore faible, alors que le Royaume-UnipossĂšde dĂ©jĂ  l’Australie et la Nouvelle-ZĂ©lande etenvisage d’annexer la Nouvelle-CalĂ©donie. Enfin, ilfaut protĂ©ger et soutenir les missionnaires et lesnavires de commerce français.

Le contre-amiral Febvrier-Despointes, venant deTahiti, organise Ă  Balade, le 24 septembre 1853, lacĂ©rĂ©monie officielle de prise de possession en prĂ©-sence des missionnaires et des chefs locaux. La cĂ©rĂ©-monie se rĂ©pĂšte Ă  l’üle des Pins, le 29 septembre, enprĂ©sence du chef Vendegou qui signe l’acte officiel.

LES DÉBUTS DE LA COLONIE(1853-1860)

De 1853 Ă  1860, la Nouvelle-CalĂ©donie est rat-tachĂ©e aux É.F.O., Établissements Françaisd’OcĂ©anie (aujourd’hui PolynĂ©sie française). Il fautun chef-lieu Ă  cette nouvelle colonie. Tardy deMontravel arrĂȘte son choix sur NoumĂ©a qui offre denombreux avantages. La rade est grande, profondeet bien abritĂ©e des vents. Le site est Ă©galement facile

Ă  dĂ©fendre. Le chef-lieu est baptisĂ© Port-de-France,en juin 1854. Afin d’assurer la dĂ©fense du site, unfortin, le Fort Constantine, est rapidement construit.

Les premiers lots de Port-de-France sont attribuĂ©sainsi que les premiĂšres concessions rurales autourdu chef-lieu. DĂšs 1855, l’extension de la colonisa-tion provoque l’opposition de certains chefs kanakqui se sentent dĂ©possĂ©dĂ©s de leurs terres. Sur la cĂŽteEst, les insurgĂ©s sont principalement les chefsBouarate (HienghĂšne) et BouĂ©one (Balade).

Dans la rĂ©gion de Port-de-France l’oppositionest menĂ©e par le chef Kuindo.

L’IMPULSION DÉCISIVE DE GUILLAIN,PREMIER GOUVERNEUR (1862-1870)

À partir de 1862, la Nouvelle-CalĂ©donie est Ă©ri-gĂ©e en colonie autonome. Tout est Ă  faire : organiserla transportation, la colonisation pĂ©nale et la coloni-sation libre. Le premier gouverneur, CharlesGuillain, doit aussi crĂ©er l’administration, organiserl’économie et conduire une politique indigĂšne. Ilfavorise l’agriculture et l’élevage grĂące entre autresĂ  une ferme modĂšle installĂ©e Ă  YahouĂ©, tandis quel’ingĂ©nieur Jules Garnier explore de 1863 Ă  1866,les richesses miniĂšres de la Grande Terre.

Guillain, saint-simonien convaincu, est unardent dĂ©fenseur tant de l’assimilation que de lacolonisation. L’assimilation doit favoriser la ren-contre pacifique et tolĂ©rante des deux cultures.

En 1867, les tribus sont crĂ©Ă©es et, l’annĂ©e sui-vante, les terres tribales, constituĂ©es en « rĂ©serves»,sont dĂ©clarĂ©es « inaliĂ©nables et incommutables ».

Les réserves doivent protéger la société tradi-tionnelle des excÚs de la colonisation.

En encourageant la petite propriĂ©tĂ©, c’est-Ă -direjusqu’à 500 ha, Guillain attire de nombreux immi-grants. En 1870, on compte 1300 EuropĂ©ens instal-lĂ©s Ă  NoumĂ©a, au Mont-Dore, Ă  Saint-Vincent.

de Balade oĂč le frĂšre Blaise Marmoiton est martyri-sĂ©. AprĂšs plusieurs annĂ©es d’exil, les missionnairesreviennent cependant Ă  Balade en 1851.

La prise de possession de la Nouvelle-Calédoniepar la France le 24 septembre 1853, un pays majo-

ritairement catholique, explique que, seuls, les mis-sionnaires catholiques soient autorisĂ©s, tout au longdu XIXe siĂšcle, Ă  s’installer sur la Grande Terre. VoilĂ pourquoi encore aujourd’hui, cette derniĂšre est sur-tout catholique.

Port-de-France en 1864

LA NOUVELLE-CALÉDONIE DEVIENTUNE COLONIE FRANÇAISE (1853-1870)

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TRANSPORTÉS, DÉPORTÉSET RELÉGUÉS

En 1863, la Nouvelle-CalĂ©donie est dĂ©signĂ©ecomme colonie pĂ©nitentiaire pour les condamnĂ©saux travaux forcĂ©s, que l’on appelle les forçats, lestransportĂ©s, ou plus communĂ©ment, les bagnards.

Ils seront plus de 20 000 hommes et 250femmes. L’apogĂ©e de la transportation se situe en

1886, annĂ©e oĂč l’administration pĂ©nitentiairereprĂ©sente prĂšs de 700 agents qui encadrent 7600

condamnés et 1900 libérés.La plupart des bagnards effectuent leur peine au

pĂ©nitencier central de l’üle Nou.La dĂ©portation est une peine politique qui per-

met d’éloigner les opposants ou les rebelles au gou-vernement.

Entre 1872 et 1880, 4250 dĂ©portĂ©s arrivent enNouvelle-CalĂ©donie, Ă  la suite des condamnationsprononcĂ©es contre les insurgĂ©s de la Commune deParis de 1871. Ces dĂ©portĂ©s restent Ă  l’üle des Pinsessentiellement jusqu’en 1880, annĂ©e oĂč une loid’amnistie les autorise Ă  repartir. Moins de 40familles dĂ©cident alors de s’établir en Nouvelle-

CalĂ©donie. AprĂšs l’insurrection du cheik El Mokranien AlgĂ©rie, plusieurs centaines de Kabyles sont Ă©ga-lement dĂ©portĂ©s dans la rĂ©gion de Bourail en 1871.Ils sont amnistiĂ©s en 1895 mais beaucoup d’entreeux fondent des lignĂ©es nĂ©o-calĂ©doniennes.

En 1885, une nouvelle loi stipule que dĂ©sormais,les rĂ©cidivistes soient «relĂ©guĂ©s» outre-mer. Autotal, il y a plus de 3300 hommes et 457 femmesrelĂ©guĂ©s en Nouvelle-CalĂ©donie. Les lieux de larelĂ©gation sont l’üle des Pins, Prony et la OuamĂ©nie.En 1894, le gouverneur Feillet obtient l’arrĂȘt desconvois de condamnĂ©s. (“Fermeture du robinetd’eau sale”).

Les derniers centres pĂ©nitentiaires sont fermĂ©s en1922 et en 1931, la Nouvelle-CalĂ©donie n’est plusune terre de bagne.

LA COLONISATION PÉNALELa loi de 1854 prĂ©cise : « Les condamnĂ©s qui se

seront rendus dignes d’indulgence par leur bonneconduite, leur travail et leur repentir, pourront obte-nir une concession de terrain». Les plus mĂ©ritants,sont donc destinĂ©s aux concessions situĂ©es sur lescentres pĂ©nitentiaires dont les principaux sontBourail, La Foa, le Diahot, Pouembout et Prony.

Les concessions peuvent ĂȘtre urbaines oururales ; ces derniĂšres sont les plus nombreuses et ilest donc nĂ©cessaire de constituer un importantdomaine pĂ©nitentiaire. Celui-ci reprĂ©sente 110 000hectares des meilleures terres du pays, souvent prĂ©-levĂ©es au dĂ©triment des tribus; c’est d’ailleurs l’unedes causes de l’insurrection de 1878.

La transportation est Ă  l’origine d’une importan-te infrastructure (bĂątiments, routes, ponts), de l’ins-tallation Ă  la terre du premier paysannat nĂ©o-calĂ©-donien, ainsi que de la venue de nombreux techni-ciens, parmi les condamnĂ©s ou les agents de laPĂ©nitentiaire. Leurs connaissances et leur travail ontlargement contribuĂ© Ă  la mise en valeur du pays.

Forçats (”Chapeaux de paille“) sur un chantier

De nombreux Kanak sont mĂ©contents car lacolonisation grignote leurs terres, profane leurs lieuxsacrĂ©s et les traite parfois en ĂȘtres infĂ©rieurs. Des

incidents ont réguliÚrement lieu. Or en 1877, àcause de la sécheresse, le bétail détruit les culturesindigÚnes sur les terres limitrophes de la Pénitentiaire

LA RÉVOLTE DE 1878

LE BAGNE À “LA NOUVELLE”

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NOUMÉA, CENTRE DES AFFAIRESLe commerce reprĂ©sente en Nouvelle-CalĂ©donie

l’activitĂ© essentielle.Il est monopolisĂ© par le chef-lieu de l’archipel,

NoumĂ©a, qui devient un comptoir dĂšs sa crĂ©ation.Dans le port se croisent les navires transportant lesmarchandises vers la mĂ©tropole ou l’étranger et ceuxqui desservent l’ensemble de l’archipel. Depuis safondation, la ville s’est profondĂ©ment transformĂ©e.Elle compte 7 000 habitants Ă  la fin du XIXe siĂšclesoit 14 % de la population totale. Il y a 137 com-merçants patentĂ©s en 1903. Le port s’est modernisĂ©et un nouveau quai est inaugurĂ© en 1879.

Les maisons de commerce nouméennes traitentavec des sociétés françaises ou étrangÚres puisredistribuent les produits en Nouvelle-Calédonie.

Parmi ces maisons, l’une d’entre elles prendbientĂŽt une place privilĂ©giĂ©e : les ÉtablissementsBallande, qui ouvrent leur premier comptoir rue del’Alma en 1883 puis assurent la distribution dansl’intĂ©rieur. Les maisons soutiennent aussi le dĂ©velop-pement en offrant des facilitĂ©s de crĂ©dit auxcolons.

Affiche de la société du Tour de cÎte au début du XXe siÚcle

et parfois dans les tribus. De plus, en dĂ©cembredĂ©bute la dĂ©limitation des tribus de la rĂ©gion de LaFoa. C’est alors que le libĂ©rĂ© ChĂȘne, sa femmekanak et leur fils sont assassinĂ©s le 19 juin 1878,entraĂźnant l’arrestation des chefs de la rĂ©gion. Les 25et 26 juin, AtaĂŻ et ses guerriers attaquent La Foa etBoulouparis et libĂšrent les chefs. Ils massacrent aussiune centaine d’EuropĂ©ens et dĂ©truisent toutsur leur passage. Mais le 27 juin, le lieute-nant de vaisseau Servan obtient le rallie-ment du chef de guerre Nondo, de Canala,qui trouve lĂ  l’occasion de se battre contredes ennemis hĂ©rĂ©ditaires. DĂ©sormais lesKanak choisissent leur camp suivant leursalliances traditionnelles et une majoritĂ© detribus rejoint les Français. Les combats conti-nuent et s’étendent, malgrĂ© la mort d’AtaĂŻ le1er septembre 1878. D’autres foyers derĂ©volte se dĂ©clarent sur la cĂŽte Ouest carbeaucoup de tribus se soulĂšvent par peurdes reprĂ©sailles. En fĂ©vrier 1879, le gouver-

neur Olry promet le pardon aux insurgĂ©s qui se ren-dent le 3 juin, l’état de siĂšge est levĂ© entreBoulouparis et Bourail. Plus de 1000 morts dont 200EuropĂ©ens et 800 Ă  1000 Kanak. Plus de 1500d’entre eux sont dĂ©portĂ©s, certains Ă  Tahiti.

Beaucoup de colons sont ruinĂ©s et les autoritĂ©ss’interrogent un moment sur l’avenir de la colonie.

Guerriers kanak au XIXe siĂšcle

LA COLONIE PREND SON ESSOR (1880 - 1918)

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LA NOUVELLE-CALÉDONIE,TERRE MINIÈRE

En 1863, des prospecteurs australiens trouventde l’or Ă  PouĂ©bo. Le seul filon intĂ©ressant est exploi-tĂ© durant prĂšs de sept ans Ă  la mine de Fern Hill.

En 1872, on trouve du cuivre dans la rĂ©gion deOuĂ©goa. En 1880, commence l’exploitation du chro-me dans la mine Lucky Hit, prĂšs de Plum. Plus tard,elle se dĂ©veloppe dans le massif de la TiĂ©baghi. De1896 Ă  1912, la Nouvelle-CalĂ©donie est le troisiĂšmeproducteur mondial de chrome. À partir de 1883 semultiplient les demandes de concessions pour l’ex-traction de cobalt. On en exploite Ă  MonĂ©o, Ă Koumac, au Mont-Dore et Ă  Canala.

Mais la production, sans concurrence jusqu’en1905, s’écroule en 1910. De nombreux autres mine-rais sont Ă©galement exploitĂ©s : le fer Ă  Prony, lemanganĂšse prĂšs de Voh. La prĂ©sence du minerai denickel est dĂ©couverte par Jules Garnier en 1864.

La dĂ©couverte, en 1873, au Mont-Dore, d’unriche Ă©chantillon de ce minerai de couleur verte,allait dĂ©clencher une vĂ©ritable ruĂ©e. Avant cettedate, la consommation mondiale de nickel s’élevaitĂ  peine Ă  400 tonnes par an. En 1874, le mineraide nickel nĂ©o-calĂ©donien appelĂ© garniĂ©rite fait l’ob-jet de nombreuses demandes de concessions. Desmines s’ouvrent en de multiples points de la colonie:Boa Kaine Ă  Canala, Bel Air Ă  HouaĂŻlou, mines deThio... Les premiers travaux se font au pic ou Ă  lapioche dans des galeries souterraines, puis sousforme de carriĂšres.

La premiĂšre usine de traitement est installĂ©e Ă  lapointe Chaleix par la sociĂ©tĂ© Higginson, Hanckar etCie. Elle cesse de fonctionner en 1885. En 1889,Jules Garnier et John Higginson fondent la SociĂ©tĂ© LeNickel. Seule l’usine de Doniambo Ă©tablie en 1910par la SociĂ©tĂ© des hauts fourneaux de NoumĂ©a per-dure aujourd’hui.

L’EMPREINTE DU GOUVERNEURFEILLET (1894-1903)

À la fin du XIXe siĂšcle, les colons libres sont trĂšspeu nombreux. De plus, les troubles entraĂźnĂ©s parl’insurrection de 1878 causent le dĂ©part d’une par-tie des paysans libres installĂ©s en Brousse.Demeurent en place surtout quelques libĂ©rĂ©s aux-quels l’administration a attribuĂ© une parcelle deterre. Paul Feillet, arrivĂ© en 1894, est surpris par lafaiblesse de la population libre et prend des mesurespour peupler ce territoire par un recrutement enmĂ©tropole.

L’administration française lance donc un appelaux volontaires, cultivateurs de prĂ©fĂ©rence, etdisposant d’un capital minimum de 5 000 francs-ordestinĂ© Ă  faire vivre une famille en attendant lespremiĂšres rĂ©coltes. BientĂŽt, trois cents famillesrĂ©pondent Ă  l’appel. À leur arrivĂ©e, l’administrationleur attribue une concession de 10 Ă  25 hectares surune partie de laquelle le gouverneur Feillet conseillela culture du cafĂ©... Mais les difficultĂ©s dues Ă l’isolement, la mĂ©diocritĂ© des sols, parfois aussil’inexpĂ©rience de certains colons pour le travail de laterre et surtout l’effondrement des cours du cafĂ© en1900 entraĂźnent le relatif Ă©chec du « Plan Feillet ».

Sous le gouvernement de Feillet, et parallĂšlementau dĂ©veloppement de la colonisation fonciĂšre, aĂ©galement lieu la mise en place dĂ©finitive du systĂšmedes rĂ©serves, dĂ©limitant les terres des tribus. C’estaussi l’époque oĂč, Ă  partir de 1887, sont Ă©tenduesles mesures de l’IndigĂ©nat qui fixe le statut despopulations autochtones, comme dans le reste del’empire colonial français.

Habitation de colon au tournant du siĂšcle

Inauguration de l’usine de Doniambo en 1910

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LE GOUVERNEUR GUYON(1925-1932)

AprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, laNouvelle-CalĂ©donie traverse une grave crise Ă©cono-mique due Ă  la diminution des ventes de nickel, Ă laquelle le Gouverneur Guyon, arrivĂ© en 1925,essaie de remĂ©dier. En 1926 a lieu la derniĂšre ten-tative de colonisation agricole de la Nouvelle-CalĂ©donie avec les Nordistes (219 personnes) quis’installent notamment dans la rĂ©gion de Gouaro(Bourail) pour cultiver le coton. Faute de moyens etd’organisation, cet essai Ă©choue.

La récolte du café sur la cÎte Est dans les années trente

LE BATAILLON MIXTE DU PACIFIQUEDANS LA GUERRE

Le premier contingent des Néo-Calédoniensmobilisés dÚs août 1914 embarque sur Le Sontay, enavril 1915. Les engagés volontaires du Bataillon destirailleurs indigÚnes du deuxiÚme contingent partenten juin 1916.

Ils sont intégrés au Bataillon mixte du Pacifique,regroupant Néo-Calédoniens et Tahitiens. En tout,quatre contingents rejoignent la métropole de 1915à 1917.

De 1916 Ă  1918, les combattants du Pacifiqueparticipent Ă  de nombreuses batailles : Verdun,Barleux, le Chemin des Dames, deuxiĂšme bataille dela Marne
 2025 hommes sont partis rejoindre les177 NĂ©o-CalĂ©doniens mobilisĂ©s sur place en mĂ©tro-pole : 1047 d’origine europĂ©enne et 978 Kanak ;

575 d’entre eux sont morts pour la France.

LA RÉVOLTE KANAK DE 1917Les Kanak ont conscience de s’éloigner de plus

en plus de leurs coutumes. Le problĂšme des terres esttoujours latent.

Les cinq mesures de l’IndigĂ©nat et les mesuresde cantonnement les ont rendus mĂ©fiants. Aussi,depuis 1896, des troubles occasionnels touchent larĂ©gion de KonĂ©. En 1914, les chefs de MuĂ©o,TĂ©mala, HienghĂšne et Tiwaka sont rĂ©unis par le chefPoindet Apengou et le sorcier PatĂ©ou pour un grandpilou de guerre. Finalement, le refus de certainsKanak de partir pour le front et la diminution deseffectifs militaires incitent ces chefs Ă  Ă©tablir lecalendrier des hostilitĂ©s, lors de la derniĂšre rĂ©unionĂ  Tiendanite, fin 1916. Le 17 fĂ©vrier 1917, des tri-bus pro-françaises de Koniambo sont attaquĂ©es parNoĂ«l, le petit-chef de Tiamou. À partir de cemoment, l’insĂ©curitĂ© rĂšgne.

Les attaques de stations se multiplient Ă Pouembout, dans la haute vallĂ©e d’Amoa, dans lavallĂ©e de la TipindjĂ©. La rĂ©volte reste circonscrite augrand rectangle HienghĂšne, PoindimiĂ©, MuĂ©o, Voh.La derniĂšre action de NoĂ«l est l’attaque, le 9 sep-tembre, du poste militaire de Voh. AidĂ©e de permis-sionnaires nĂ©o-calĂ©doniens et tahitiens, « l’ex-pĂ©dition de pacification » se poursuit jusqu’à lamort de NoĂ«l, tuĂ© par une connaissance arabe enjanvier 1918.Tirailleurs kanak avant leur dĂ©part pour l’Europe (1917)

LA « BELLE AU BOIS DORMANT » 1919-1945

LA NOUVELLE-CALÉDONIE DANS LA PREMIÈREGUERRE MONDIALE (1914 - 1918)

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Le pays en effet n’échappe pas Ă  la crise mon-diale. Certains NĂ©o-CalĂ©doniens connaissent unegrande misĂšre. Le cafĂ© et le coton ne se vendent plus.

LA VIE QUOTIDIENNE DES KANAKL’évolution s’accĂ©lĂšre dans le monde kanak. Les

cases rondes d’autrefois ont pratiquement toutes dis-paru. Elles ont laissĂ© place Ă  des cases rectangu-laires, aux toits de paille et aux murs de torchis.L’administration a crĂ©Ă© des districts Ă  la tĂȘte des-quels elle a placĂ© des grands chefs. Les petits chefsdirigent les tribus. Dans certaines rĂ©gions, elle anommĂ© des chefs Ă  la place de ceux qui existaientdĂ©jĂ . Il est Ă  noter cependant que les Kanak conti-nuent toujours Ă  l’heure actuelle de faire la diffĂ©ren-ce. Aux anciennes cultures, l’igname et le taro, sesont ajoutĂ©es de nouvelles : manioc, cafĂ©, arbresfruitiers (manguiers, orangers, mandariniers). LesKanak font aussi du coprah. Ils vont Ă©galement tra-vailler Ă  l’extĂ©rieur, comme manƓuvres, plantons,gardiens de bĂ©tail, moniteurs, infirmiers...

Ils ont Ă©tĂ© entiĂšrement christianisĂ©s par les mis-sionnaires protestants et catholiques. Le renouveaudĂ©mographique tĂ©moigne que les Kanak ont ainsiintĂ©grĂ©, non sans heurts, ces diffĂ©rents Ă©lĂ©mentsextĂ©rieurs, tout en rĂ©ussissant Ă  maintenir l’essentielde leurs traditions. Cependant, ils restent rĂ©gis parles cinq mesures de l’IndigĂ©nat, cantonnĂ©s dans lesrĂ©serves et soumis Ă  l’impĂŽt de capitation. Quelquesanciens combattants engagĂ©s volontaires ont reçu lacitoyennetĂ© française.

LA VIE EN BROUSSELa vie est rude pour les colons. Les habitations

sont rustiques et les marchandises, fort chĂšres, fontsouvent dĂ©faut. Seuls un travail acharnĂ© et une gran-de ingĂ©niositĂ© permettent un minimum de confort.L’électricitĂ© n’est accessible qu’aux plus riches, lesfourneaux Ă  pĂ©trole et les fers Ă  repasser Ă  essencesont encore considĂ©rĂ©s comme un luxe.

Les communications sont difficiles en raison durelief de l’üle et les familles sont donc isolĂ©es. Un quo-tidien, La France Australe, et un bi-hebdomadaire,Le Bulletin du Commerce, constituent la seule sourced’information Ă©crite locale mais il faut compter unesemaine pour qu’ils parviennent Ă  l’extrĂ©mitĂ© de l’üle.Il faut attendre l’annĂ©e 1937 pour entendre les pre-miĂšres Ă©missions de Radio-NoumĂ©a.

UNE NOMBREUSE MAIN-D’OEUVREASIATIQUE

Le besoin de main-d’Ɠuvre explique l’arrivĂ©edes Asiatiques en Nouvelle-CalĂ©donie depuis la findu XIXe siĂšcle. Un premier convoi de contractuelsjaponais arrive pour le compte de la SociĂ©tĂ© LeNickel le 18 janvier 1892. À l’issue de leur contrat,ils ont Ă©tĂ© nombreux Ă  s’installer, comme ils en ont ledroit, pour faire du commerce, de la pĂȘche, del’agriculture, ou du maraĂźchage. Par ailleurs, deuxcolonies rĂ©pondent favorablement Ă  la politiqued’immigration sous contrat : l’Indochine française etl’IndonĂ©sie hollandaise. Les premiers Javanais arri-vent le 16 fĂ©vrier 1896.

En 1929, trois ouvriers sur quatre sontAsiatiques. AprĂšs la guerre, en 1945, le gouverneurTallec accorde la rĂ©sidence libre Ă  tous les immi-grants entrĂ©s par contrat de travail. Leurs enfantsobtiennent ensuite la nationalitĂ© française et s’intĂš-grent Ă  la sociĂ©tĂ© nĂ©o-calĂ©donienne.

LA VIE S’ORGANISEDANS LA COLONIE

En 1937, sont appliquĂ©es les premiĂšres mesuresdu Front Populaire (loi des 40 heures et congĂ©spayĂ©s). L’annĂ©e 1939 semble ouvrir de nouveauxhorizons Ă  la Nouvelle-CalĂ©donie : un siĂšge dedĂ©putĂ© est sur le point de lui ĂȘtre accordĂ©.

Danseurs loyaltiens au début du XXe siÚcle

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VERS UNE LARGE AUTONOMIE(1945-1958)

À partir de 1945 les mesures de l’IndigĂ©nat sontsupprimĂ©es. Tous les habitants de Nouvelle-CalĂ©donie deviennent citoyens français. Les KanakaccĂšdent progressivement au droit de vote. En 1946,la Nouvelle-CalĂ©donie n’est plus une colonie maisdevient un territoire d’outre-mer (TOM), reprĂ©sentĂ© Ă 

Paris par un député, Roger Gervolino, et par unconseiller de la République, Henri Lafleur.

Aux Ă©lections de 1953, un vaste rassemblementprend le nom d’Union CalĂ©donienne (UC). Ceparti, dirigĂ© par Maurice Lenormand, dĂ©putĂ©depuis 1951, va dominer la vie politique pendant 20ans. Sa devise est :

« Deux couleurs, un seul peuple ».

LE RALLIEMENT À LA FRANCE LIBRE(1940)

MalgrĂ© les pĂ©tainistes, des comitĂ©s sont fondĂ©spar les NĂ©o-CalĂ©doniens favorables aux idĂ©es de laFrance Libre. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle envoie alorsHenri Sautot qui vient d’obtenir le ralliement desNouvelles-HĂ©brides. Il proclame officiellement leralliement de la Nouvelle-CalĂ©donie Ă  la FranceLibre le 19 septembre 1940.

Nombreux sont les volontaires qui s’engagentdans le corps expĂ©ditionnaire du Pacifique (leBataillon du Pacifique).

Les NĂ©o-CalĂ©doniens, les Tahitiens, les NĂ©o-HĂ©bridais constituent le Bataillon du Pacifique. Ilss’illustrent dans les sables du dĂ©sert (Bir-Hakeim) eten Italie (Monte-Cassino) puis ils participent Ă  lalibĂ©ration de la France aprĂšs le dĂ©barquement deProvence. De nombreux NĂ©o-CalĂ©doniens serventĂ©galement dans les Forces Navales FrançaisesLibres tandis que d’autres s’engagent dans des com-mandos comme les SAS britanniques.

LE TEMPS DES «AMÉRICAINS»(1942-1946)

Pour contrer l’avancĂ©e japonaise dans lePacifique, les États-Unis font de la Nouvelle-CalĂ©donie le pivot de la dĂ©fense puis de la contre-attaque alliĂ©e. Le 12 mars 1942, un importantconvoi de 17 000 hommes, sous les ordres du gĂ©nĂ©-ral Patch, dĂ©barque Ă  NoumĂ©a qui devient alors lequartier gĂ©nĂ©ral du Pacifique. Des aĂ©rodromes sontamĂ©nagĂ©s (Tontouta, Magenta, plaine desGaĂŻacs...). Des dĂ©pĂŽts de munitions et de carburantoccupent tous les docks disponibles.

Des centres hospitaliers sont installĂ©s Ă  l’Anse-Vata, Ă  la Conception, Ă  la DumbĂ©a, au nord deBourail, sur la cĂŽte Est et dans l’extrĂȘme Nord.

Quel bouleversement dans la vie monotone dupays ! AprĂšs une pĂ©riode de restriction alimentaire,voilĂ  que sont distribuĂ©s Ă  travers toute l’üle, choco-lat, chewing-gum, coca-cola, glace (ice-cream) sansoublier le whisky !

Les Américains introduisent la mécanisationdans le monde agricole. Ils débroussent avec le bull-

dozer et plantent avec leurs enginsmĂ©caniques.Des contacts ont lieu aussi avec les tri-bus, les Kanak reçoivent des salairespayĂ©s en dollar jusque-lĂ  inconnu. Àpartir de 1944, le thĂ©Ăątre des opĂ©ra-tions s’éloigne de la Nouvelle-CalĂ©donie. L’annĂ©e 1946 est marquĂ©epar le dĂ©part des derniers GI’S et leretour des volontaires nĂ©o-calĂ©doniens.

Le quartier gĂ©nĂ©ral US, le "Pentagone",sur la plage de l’Anse-Vata (1943)

LA NOUVELLE-CALÉDONIE DANS LA SECONDEGUERRE MONDIALE (1940-1945)

L’ÉVOLUTION DEPUIS L’APRÈS-GUERRE(DE 1945 À NOS JOURS)

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En 1956, la loi-cadre Defferre (1956) donne Ă la Nouvelle-CalĂ©donie une trĂšs grande autonomiegrĂące Ă  la crĂ©ation d’une AssemblĂ©e territoriale etd’un Conseil de gouvernement de 8 ministres. Lecoup de fouet dĂ» Ă  la guerre se prolonge avec le lan-cement de nombreux grands travaux comme les bar-rages de YatĂ© et de DumbĂ©a, l’électrification des vil-lages et l’amĂ©lioration des routes. Pour ces chan-tiers, de nombreux « petits blancs » et Kanak com-mencent Ă  quitter la brousse et on fait appel Ă  desPolynĂ©siens, Wallisiens ou Tahitiens.

La crĂ©ation d’une monnaie forte, le franc C.F.P.,soutenue par la mĂ©tropole, et le dĂ©senclavement duterritoire grĂące Ă  la mise en service de lignes rĂ©gu-liĂšres maritimes puis aĂ©riennes, permettent le dĂ©ve-loppement de l’économie.

LA RECENTRALISATION (1958-1969)En 1963, la loi Jacquinot supprime les minis-

tĂšres. Le Conseil de Gouvernement, rĂ©duit Ă  cinqmembres, n’a plus qu’un rĂŽle consultatif auprĂšs dugouverneur. En 1969, le Gouvernement fait voter leslois Billotte qui rĂ©duisent les compĂ©tences du territoi-re dans la gestion du domaine minier. Pendant cettepĂ©riode, le niveau de vie des NĂ©o-CalĂ©doniens s’ac-croĂźt considĂ©rablement avec le dĂ©veloppement desaides de l’État et le dĂ©but du boom minier en 1969.AprĂšs "l’ùre des transistors", celle de la tĂ©lĂ©visioncommence en 1965.

LE BOOM DU NICKEL (1969-1971)Depuis 1962, les cours du nickel sont Ă  la haus-

se. La production nĂ©o-calĂ©donienne de minerai denickel gonfle rapidement, atteignant 7,5 millions detonnes fin 1971. À NĂ©poui est assemblĂ© le plusgrand convoyeur Ă  bandes du monde (13 km) et Ă Poro une usine de prĂ©paration du minerai. On entre-prend de grands travaux pour amĂ©nager NoumĂ©aqui reçoit l’essentiel des nouveaux immigrants.

À NoumĂ©a, l’afflux des capitaux entraĂźne unafflux de populations : 5000 EuropĂ©ens, 3000Tahitiens, 2000 Wallisiens. Mais la fin de la guerredu Vietnam et la chute des cours du dollar mettent unterme Ă  l’euphorie. Beaucoup de Kanak n’ont pasparticipĂ© Ă  la prospĂ©ritĂ© et s’interrogent sur la spĂ©-culation et la rĂ©partition des richesses miniĂšres.

L’ÉMERGENCE DE LA REVENDICATIONINDÉPENDANTISTE

La rĂ©cession s’accentue en 1974 et elle entraĂźnefaillites et chĂŽmage. Une association politique, LesFoulards Rouges, crĂ©Ă©e en 1969, conteste l’autoritĂ©de la mĂ©tropole. En 1975, est crĂ©Ă© un comitĂ© pourl’indĂ©pendance qui comprend les groupes de jeunes,les Ă©lus de l’Union Multiraciale et des Ă©lus mĂ©lanĂ©-siens de l’U.C. dont le dĂ©putĂ© Roch Pidjot.

En 1975, le festival MĂ©lanĂ©sia 2000 animĂ© parJean-Marie Tjibaou rĂ©affirme l’identitĂ© culturellekanak. Au congrĂšs de Bourail en 1977, l’U.C. prendposition pour l’indĂ©pendance. Le Gouvernementfrançais tente d’apaiser le malaise naissant en pro-posant un nouveau statut et un plan de dĂ©veloppe-ment, favorisant la promotion mĂ©lanĂ©sienne et lan-çant la rĂ©forme fonciĂšre. De son cĂŽtĂ©, JacquesLafleur regroupe la grande majoritĂ© des non indĂ©-pendantistes (les loyalistes) dans le RassemblementPour la CalĂ©donie dans la RĂ©publique (RPCR) crĂ©Ă©en 1978. Enfin, en 1979, la majoritĂ© des partiskanak s’unissent en un Front IndĂ©pendantiste,regroupant environ 30 % des Ă©lecteurs, en vue desprochaines Ă©lections.

LES ÉVÈNEMENTS (1984-1988)AprĂšs l’échec de la conciliation tentĂ©e Ă 

Nainville-les-Roches en 1983, les positions se dur-cissent, aggravant les tensions. En 1984, les indĂ©-pendantistes forment le Front de LibĂ©rationNationale Kanak Socialiste (FLNKS). Entre 1984 et1988 se dĂ©roule une sĂ©rie de troubles graves (bar-rages, affrontements, destructions de biens, assassi-nats) qui endeuille la Nouvelle-CalĂ©donie, c’est lapĂ©riode des ÉvĂšnements. Le Premier ministreMichel Rocard rĂ©unit alors Ă  Paris les dĂ©lĂ©guĂ©s duRPCR et du FLNKS qui scellent l’accord historique du26 juin 1988, connu sous le nom des accords deMatignon, et acceptĂ© le 6 novembre 1988 parrĂ©fĂ©rendum.

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LES ACCORDS DE MATIGNONAprĂšs une annĂ©e d’administration directe par

l’État, les accords de Matignon Ă©tablissent un nou-veau statut qui institue trois provinces dotĂ©es de com-pĂ©tences leur confĂ©rant une certaine autonomie.L’accord d’Oudinot signĂ© le 20 aoĂ»t 1988 introduitla notion de rĂ©Ă©quilibrage entre les Kanak et lesautres communautĂ©s, entre NoumĂ©a et le reste del’archipel et enfin entre les trois provinces. Un scru-tin d’autodĂ©termination est prĂ©vu en 1998.

L’assassinat de Jean-Marie Tjibaou et deYeiwĂ©nĂ© YeiwĂ©nĂ© Ă  OuvĂ©a, le 4 mai 1989, n’em-pĂȘche pas la mise en place du statut Rocard, accom-pagnĂ© par la rĂ©alisation de nombreux projets desti-nĂ©s Ă  dĂ©velopper la Nouvelle-CalĂ©donie et Ă  releverson Ă©conomie (construction de la route KonĂ©-Tiwaka, port en eau profonde de NĂ©poui, notam-

ment). La prise en compte de la spĂ©cificitĂ© kanaknĂ©cessaire Ă  l’apaisement des tensions apparaĂźtpar diffĂ©rentes actions comme la crĂ©ation del’Agence de DĂ©veloppement de la Culture Kanak(ADCK), le plan 400 cadres et la construction duCentre culturel Tjibaou. Bien avant l’échĂ©ance de1998, annĂ©e du rĂ©fĂ©rendum d’autodĂ©termination,Jacques Lafleur lance l’idĂ©e "d’une solution consen-suelle" pour Ă©viter un "rĂ©fĂ©rendum couperet" dont lesrĂ©sultats en faveur du maintien de la Nouvelle-CalĂ©donie dans la RĂ©publique française risquentde ramener un climat de troubles. Cette idĂ©e,acceptĂ©e par le FLNKS en terme de "solution nĂ©go-ciĂ©e", aboutit aprĂšs le rĂšglement du "prĂ©alableminier" Ă  l’accord de NoumĂ©a signĂ© le 5 mai 1998par le Premier ministre Lionel Jospin, le reprĂ©sentant

du RPCR Jacques Lafleur et le représentant duFLNKS Rock Wamytan.

L’ACCORD DE NOUMÉADans le prĂ©ambule de l’accord de NoumĂ©a, par

"un geste fort", la France reconnaĂźt "les ombres" dela pĂ©riode coloniale et le traumatisme subi par lesKanak, tout en rendant hommage aux diffĂ©rentescommunautĂ©s qui ont participĂ© Ă  la mise en valeurde la Nouvelle-CalĂ©donie. L’accord de NoumĂ©aconfĂšre un nouveau statut Ă  la Nouvelle-CalĂ©doniequi depuis 1999 n’est plus un territoire d’outre-mermais une collectivitĂ© spĂ©cifique de la RĂ©publiquefrançaise dotĂ©e d’une autonomie s’élargissant au furet Ă  mesure des transferts des compĂ©tences de l’EtatĂ  la Nouvelle-CalĂ©donie. Au terme d’une pĂ©riode

Les fondateurs des accords de MatignonDe gauche à droite : J. Lafleur (RPCR), M. Rocard (Premierministre), J.-M. Tjibaou (FNLKS) ; derriÚre le premier ministre,on aperçoit J. LÚques, maire de Nouméa.

Les trois provinces nées desaccords de Matignon

L’Accord de NoumĂ©a a Ă©tĂ© signĂ© le 5 mai 1998PoignĂ©e de main entre le Premier ministre Lionel Jospin, le reprĂ©-sentant du RPCR Jacques Lafleur (Ă  droite) et le reprĂ©sentant duFLNKS Rock Wamytan (Ă  gauche). DerriĂšre : Alain Christnacht(Ă  gauche), conseiller pour les affaires intĂ©rieures et l’outre-merau cabinet du Premier ministre et Thierry Lataste, Ă  l’époque,Directeur du Cabinet du SecrĂ©taire d’État Ă  l’outre-mer.

DES ACCORDS DE MATIGNON À L’ACCORDDE NOUMÉA (1988 - 1998)

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de vingt ans, avec possibilitĂ© d’anticipation, estprĂ©vu un rĂ©fĂ©rendum de sortie auquel participeraun corps Ă©lectoral restreint devant se prononcer surune totale Ă©mancipation, c’est Ă  dire l’indĂ©pendancepolitique. Rendu applicable par une rĂ©vision de laconstitution votĂ©e par le Parlement le 20 juillet 1998,l’accord de NoumĂ©a est ratifiĂ© par le rĂ©fĂ©rendum du8 novembre 1998 oĂč le "oui" l’emporte beaucoupplus nettement sur le "non" qu’en 1988.

ENTRE ÉMANCIPATION ETCITOYENNETÉ

L’autonomie acquise pour les provinces par lesaccords de Matignon est Ă©galement reconnue auprofit de la Nouvelle-CalĂ©donie qui dispose d’ungouvernement collĂ©gial ayant la charge de l’exĂ©cutiftandis que le congrĂšs Ă©dicte les "lois du pays". LesĂ©nat coutumier composĂ© des reprĂ©sentants des huitaires coutumiĂšres est obligatoirement consultĂ© pourtous les points affĂ©rents Ă  l’identitĂ© kanak. Unconseil Ă©conomique et social, au rĂŽle consultatif estcrĂ©Ă©.

Une "citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie"émerge : un corps électoral restreint est constituépour les élections des membres des assemblées deprovince et les référendums d'autodétermination,l'emploi local devient une priorité (Loi de paysn°2010-9 du 27 juillet 2010).

Par la loi du pays du 18 août 2010, laNouvelle-Calédonie a adopté ses trois premiers

signes identitaires : la devise « Terre de parole, terrede partage », l’hymne « Soyons unis, devenonsfrĂšres » et le graphisme des billets de banque.Restent Ă  dĂ©finir le nom et le drapeau du pays.Depuis le 17 juillet 2010, flottent cĂŽte Ă  cĂŽte le dra-peau français et celui du FLNKS reprĂ©sentant lesKanak. Le prĂ©ambule de l’accord de NoumĂ©a est undocument historique par essence.

En voici un extrait:« 2. La colonisation de la Nouvelle-

CalĂ©donie s’est inscrite dans un vaste mouvementhistorique oĂč les pays d’Europe ont imposĂ© leurdomination au reste du monde. Des hommes et desfemmes sont venus en grand nombre, au XIXe etXXe siĂšcles, convaincus d’apporter le progrĂšs, ani-mĂ©s par la foi religieuse, venus contre leur grĂ© oucherchant une seconde chance en Nouvelle-CalĂ©donie. Ils se sont installĂ©s et y ont fait souche. Ilsont apportĂ© avec eux leurs idĂ©aux, leurs connais-sances, leurs espoirs, leurs ambitions, leurs illusionset leurs contradictions


3. Le moment est venu de reconnaĂźtre les ombresde la pĂ©riode coloniale, mĂȘme si elle ne fut pasdĂ©pourvue de lumiĂšre


4. La dĂ©colonisation est le moyen de refonder unlien social durable entre les communautĂ©s qui viventaujourd’hui en Nouvelle-CalĂ©donie, en permettantau peuple kanak d’établir avec la France des rela-tions nouvelles correspondant aux rĂ©alitĂ©s de notretemps
 », 5 mai 1998.

A la suite de l’accord de NoumĂ©a ont Ă©tĂ© adop-tĂ©es la loi organique n°99-209 et la loi simple n°99-210 du 19 mars 1999 relatives Ă  la Nouvelle-CalĂ©donie. Elles prĂ©cisent les institutions et les com-pĂ©tences de la Nouvelle-CalĂ©donie et des diffĂ©rentescollectivitĂ©s, ainsi que les modalitĂ©s des transferts decompĂ©tences de l’État Ă  la Nouvelle-CalĂ©donie,tout en donnant Ă©galement des orientations enfaveur d’un rĂ©Ă©quilibrage et dĂ©veloppement social,Ă©conomique et culturel.

AprÚs la mise en place des nouvelles institutionset le vote des premiÚres lois du pays, le transfert descompétences (enseignement primaire public
) a étéeffectif le 1er janvier 2000.

La plupart des compétences, hormis les compé-tences régaliennes, seront transférées de maniÚre

progressive et irrĂ©versible dans les prochaines man-datures de cinq ans. A l’exception du contrĂŽle de lapĂ©dagogie , de la dĂ©finition des programmes et lavalidation des diplĂŽmes, l’enseignement secondairepublic et privĂ© ainsi que l’enseignement primaireprivĂ© et la santĂ© scolaire ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s Ă  laNouvelle-CalĂ©donie au 1er janvier 2012.

Dans le mĂȘme temps que la Nouvelle-CalĂ©doniemulticulturelle fait l’expĂ©rience de la rĂ©conciliation etdu partage politique en vue de forger un destin commun pour les diffĂ©rentes communautĂ©s qui lacomposent, elle poursuit son dĂ©veloppement Ă©cono-mique et social par la mise en chantier de nouveauxprojets prometteurs de formation et d’emplois pourles jeunes nĂ©o-calĂ©doniens.

ÉMANCIPATION ET DESTIN COMMUN

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La Nouvelle-CalĂ©donie est une collectivitĂ©d’outre-mer qui dispose d’un rĂ©gime juridiqueoriginal au sein de la RĂ©publique française. LesAccords de Matignon et la loi rĂ©fĂ©rendaire qui en estdĂ©coulĂ©e ont prĂ©cĂ©dĂ© l’Accord sur la Nouvelle-CalĂ©donie signĂ© Ă  NoumĂ©a le 5 mai 1998 et la loiorganique du 19 mars 1999 modifiĂ©e par la loiorganique du 3 aoĂ»t 2009 relative Ă  l'Ă©volutioninstitutionnelle de la Nouvelle-CalĂ©donie quiconstitue le statut actuel de la CollectivitĂ©.

Ce dispositif lĂ©gislatif a mis en place un transfertprogressif des compĂ©tences prĂ©cĂ©demment dĂ©tenuespar l’État au profit de la Nouvelle-CalĂ©donie ou desprovinces, les modalitĂ©s de ces transferts prĂ©voyantque l’État compense financiĂšrement les chargescorrespondant Ă  l’exercice des compĂ©tencesnouvellement transfĂ©rĂ©es.

Ainsi, dĂšs le 1er janvier 2000 les transferts ontconcernĂ© quatre domaines ; le droit du travail, lecommerce extĂ©rieur, la rĂ©glementation relative auxhydrocarbures, au chrome et au cobalt etl’enseignement du premier degrĂ© public.

Plus prĂ©cisĂ©ment, en matiĂšre d’enseignement dupremier degrĂ© public a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e Ă  laNouvelle-CalĂ©donie la compĂ©tence sur lesprogrammes (sous rĂ©serve de la compĂ©tence desprovinces pour leur adaptation en fonction desrĂ©alitĂ©s culturelles et linguistiques), et sur laformation des maĂźtres et sur le contrĂŽlepĂ©dagogique.

ConformĂ©ment Ă  la loi organique modifiĂ©e du19 mars 1999 et Ă  la loi du pays du 28 dĂ©cembre2009, au 1er janvier 2012 ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es Ă  laNouvelle-CalĂ©donie les compĂ©tences concernantl’enseignement du second degrĂ© public et privĂ©,l’enseignement primaire privĂ©, l’enseignementagricole et la santĂ© scolaire.

Les conventions prĂ©vues par la loi organiquesusvisĂ©e relatives Ă  la mise Ă  disposition globale etgratuite des personnels et Ă  l’organisation d’unservice unique ont Ă©tĂ© signĂ©es le 18 octobre 2011par le haut-commissaire de la RĂ©publique et leprĂ©sident du gouvernement de la Nouvelle-CalĂ©donie. DiffĂ©rentes institutions permettent Ă  laNouvelle-CalĂ©donie d’exercer ses compĂ©tences.

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Les Institutions en Nouvelle-Calédonie

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LE CONGRÈSLe CongrĂšs est constituĂ© d’une partie des trois

assemblĂ©es de province. Il est compĂ©tent pour gĂ©rerles affaires communes de la Nouvelle-CalĂ©donie.Les dĂ©libĂ©rations adoptĂ©es par le CongrĂšs sontdĂ©nommĂ©es " lois du pays " lorsqu’ellesinterviennent dans les domaines tels que les signesidentitaires, la fiscalitĂ©, les principes fondamentauxdu droit du travail, les rĂšgles relatives Ă  l’accĂšs autravail des Ă©trangers, les rĂšgles relatives Ă  l’accĂšs Ă l’emploi, les rĂšgles relatives au statut civil coutumier,le rĂ©gime des terres coutumiĂšres et des palabrescoutumiers, les limites des aires coutumiĂšres, lesmodalitĂ©s de dĂ©signation au sĂ©nat coutumier, lesrĂšgles concernant les hydrocarbures, le nickel, lechrome et le cobalt, les rĂšgles relatives au droitdomanial, les rĂšgles concernant l’état et la capacitĂ©des personnes, les principes fondamentauxconcernant le rĂ©gime de la propriĂ©tĂ© et lescompĂ©tences transfĂ©rĂ©es.

Elles sont systĂ©matiquement soumises pour avisau Conseil d’État et ont, une fois adoptĂ©es, force deloi. Elles sont Ă©galement susceptibles d’ĂȘtre soumisesau contrĂŽle du Conseil Constitutionnel.

LE GOUVERNEMENTLe gouvernement est une des innovations

introduites par la loi organique. Il est Ă©lu par leCongrĂšs et responsable devant lui. Il partage avec leCongrĂšs l’initiative des textes. Il arrĂȘte les projets delois du pays et de dĂ©libĂ©ration qu’il aura la chargede mettre en Ɠuvre par l’adoption de mesuresrĂ©glementaires. Les responsabilitĂ©s d’animationconfiĂ©es Ă  ses membres recouvrent l’ensemble descompĂ©tences de la Nouvelle-CalĂ©donie, legouvernement Ă©tant chargĂ© de les exercercollĂ©gialement et solidairement. Ainsi, la dĂ©missiondu gouvernement est dĂ©cidĂ©e Ă  la majoritĂ© de sesmembres et la dĂ©mission ou le dĂ©cĂšs du prĂ©sident dugouvernement entraĂźne de plein droit la dĂ©missiondu gouvernement dans son ensemble.

LE SÉNAT COUTUMIERLe sĂ©nat coutumier est composĂ© de seize

membres (deux par aire coutumiĂšre, dĂ©signĂ©s selonles usages reconnus par la coutume). Il est consultĂ©sur les textes relatifs Ă  l’identitĂ© kanak, dont leslangues constituent un Ă©lĂ©ment essentiel (les langueskanak sont en effet, avec le français, des languesd’enseignement et de culture en Nouvelle-CalĂ©donie). Il dĂ©libĂšre Ă©galement sur les projets oupropositions de lois du pays portant sur le statut civilcoutumier, les terres coutumiĂšres et les signesidentitaires.

LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIALLe conseil Ă©conomique et social est composĂ© de

trente-neuf membres, dont vingt-huit sont issus desorganisations professionnelles, syndicats etassociations qui concourent à la vie économique,sociale et culturelle. Il est consulté sur toutedélibération du CongrÚs à caractÚre économique etsocial.

L’ÉTATL’État est, pour sa part, reprĂ©sentĂ© en Nouvelle-

Calédonie par le haut-commissaire de la Républiqueen Nouvelle-Calédonie.

Vallée de la Ouaieme

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Paysage de Bourail

Depuis 2012, l’État et la Nouvelle-CalĂ©donieexercent au sein d’un mĂȘme service les compĂ©tencesrespectives qu’ils dĂ©tiennent en matiĂšred’enseignement (secondaire public et privĂ©, primaireprivĂ©, santĂ© scolaire). ConformĂ©ment Ă  la conventionrelative Ă  l’organisation du service unique signĂ©e le18 octobre 2011, le vice-recteur dirige un serviceunique dĂ©nommĂ© « vice-rectorat de la Nouvelle-CalĂ©donie, direction gĂ©nĂ©rale des enseignements ».Le vice-recteur est nommĂ© par dĂ©cret du PrĂ©sidentde la RĂ©publique aprĂšs avis du gouvernement de laNouvelle-CalĂ©donie. Le vice-rectorat est chargĂ© demettre en Ɠuvre la compĂ©tence de la Nouvelle-CalĂ©donie, le vice-recteur est Ă©galement nommĂ©directeur gĂ©nĂ©ral des enseignements par legouvernement de la Nouvelle-CalĂ©donie. Le serviceunique, vice-rectorat de la Nouvelle-CalĂ©donie estl’interlocuteur des personnels, des parents d’élĂšves,des usagers, des partenaires sociaux.

La convention de mise à disposition globale etgratuite ( M.A.D.G.G.) prévoit que :

Pendant une période dont le terme sera fixé par

un dĂ©cret en Conseil d’Etat, l’ensemble despersonnels rĂ©munĂ©rĂ©s sur le budget de l’État au titredes compĂ©tences dont le transfert est prĂ©vu est, pardĂ©rogation aux rĂšgles statutaires des personnelsconcernĂ©s, globalement et automatiquement mis Ă la disposition de la Nouvelle-CalĂ©donie Ă  compterdu 1er janvier 2012.

Durant la M.A.D.G.G., les personnels exercentleurs fonctions pour le compte de la Nouvelle-CalĂ©donie au sein des services ou des Ă©tablissementsd’enseignement publics, et privĂ©s sous contrat.

Ils perçoivent la mĂȘme rĂ©munĂ©rationqu’auparavant, versĂ©e par l’État et demeurentsoumis aux dispositions lĂ©gales et rĂ©glementaires quileurs sont applicables.

En Nouvelle-CalĂ©donie, le vice-recteur exerceĂ©galement, en matiĂšre d’enseignement supĂ©rieur, lescompĂ©tences telles que dĂ©finies par les articlesL.612-3 et L.613-7 du code de l’éducation, ainsi quecelles pour lesquelles il a reçu une dĂ©lĂ©gation designature du ministre de l’Éducation nationale.

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La Nouvelle-CalĂ©donie a enregistrĂ© unecroissance Ă©conomique marquĂ©e par un rythmesoutenu : en moyenne, plus de 4% par an depuis unevingtaine d’annĂ©es.

Sur la mĂȘme pĂ©riode, le PIB par habitant aaugmentĂ© de prĂšs de 2% en moyenne annuelle. Cettecroissance a permis de combler partiellement l’écartde niveau de vie avec la MĂ©tropole (de 100% en1960, soit le double, l’écart n’est plus aujourd’huique de 15% en 2009). Le niveau de vie calĂ©donienest actuellement supĂ©rieur Ă  celui de la PolynĂ©siefrançaise et des DOM. EstimĂ© Ă  3 millions parhabitant en 2009, le PIB par habitant est trĂšs loindevant celui des autres petites Ă©conomies insulairesdu Pacifique Sud. Le territoire se situe en « richessecrĂ©Ă©e par habitant » entre la Nouvelle- ZĂ©lande etl’Australie et au niveau moyen observĂ© dans les payseuropĂ©ens.

De nombreux indicateurs laissent Ă  penser qu’aĂ©mergĂ©, vers le milieu des annĂ©es 1980, unenouvelle Ă©conomie calĂ©donienne caractĂ©risĂ©e par unsecteur tertiaire prĂ©dominant, un secteur nickelessentiel au dĂ©veloppement industriel du territoire,un appareil productif, hors nickel, relativementintĂ©grĂ© et diversifiĂ© compte tenu de la taille del’économie et des contraintes gĂ©oĂ©conomiques, quicontribue de maniĂšre stable au PIB et enfin, unsecteur agricole qui ne reprĂ©sente plus que 2% duPIB contre environ 10% au dĂ©but des annĂ©es 1960.

La tertiarisation de l’économie calĂ©donienne n’acessĂ© de s’amplifier depuis le dĂ©but des annĂ©es1960 (54% du PIB de l’époque) pour atteindreaujourd’hui 73% (soit un taux comparable Ă  celui dela MĂ©tropole), notamment du fait du dĂ©veloppementdes services non marchands.

La Nouvelle-CalĂ©donie Ă©tant un acteur importantsur le marchĂ© mondial du nickel, celui-ci occupe uneplace emblĂ©matique. S’il constitue bien la principaleressource d’exportation (95% de la valeur desexportations de biens), le poids relatif du secteurnickel a eu globalement tendance Ă  dĂ©cliner Ă  partirdu dĂ©but des annĂ©es 1970. À la fin du “boom dunickel” (en 1971), le secteur contribuait pour environ30% au PIB calĂ©donien. Cette part n’a cessĂ© dedĂ©cliner avec un “point bas” en 1998, date Ă  partir

de laquelle la remontĂ©e des cours s’est traduite parune augmentation du poids relatif du nickel (4,5% en2009 suite Ă  la chute des cours mondiaux aprĂšs uneannĂ©e 2007 exceptionnelle).

LE NICKEL, ÉLÉMENT MOTEURDE L’ÉCONOMIE

L’activitĂ© miniĂšre est indissociable de l’histoire dela Nouvelle-CalĂ©donie. Si, dans les annĂ©es quisuivent la prise de possession, les dĂ©couvertes sesuccĂšdent (charbon, or, cuivre, cobalt, chrome,antimoine
), la plus importante est celle du mineraide nickel par Jules Garnier en 1864. Le nickel est leseul minerai dont l’exploitation a Ă©tĂ© continue.

La Nouvelle-CalĂ©donie recĂšle de 20% Ă  40% desrĂ©serves mondiales de nickel connues et assure prĂšsde 7% de la production mondiale, le nickel constitueun potentiel majeur pour le dĂ©veloppement de laNouvelle-CalĂ©donie. En contrepartie, l’économie estextrĂȘmement dĂ©pendante de son exploitation qui est,elle-mĂȘme, fortement tributaire des fluctuations dumarchĂ© mondial. Ainsi, la production du nickel enNouvelle-CalĂ©donie a connu sept crises graves etquatre « booms » importants, avec un marchĂ© auplus haut en 2007 et retombĂ© depuis.

Le minerai prĂ©sent dans les massifs depĂ©ridotites occupe le tiers de la superficie totale duterritoire. L’extraction est assurĂ©e par une quinzainede sociĂ©tĂ©s d’inĂ©gale importance. Les emploisgĂ©nĂ©rĂ©s par l’activitĂ© nickĂ©lifĂšre sont nombreux, tantau niveau de la mine proprement dite que de l’usinede Doniambo. Sur mine, les emplois (2630 salariĂ©sen 2010) sont rĂ©partis entre les mineurs de la SLN etles autres mineurs, auxquels s’ajoutent des rouleurset autres contracteurs.

L'Ă©vacuation du minerai depuis la mine jusqu'aubord de mer se fait gĂ©nĂ©ralement par camion. Leminerai de nickel extrait est soit directement exportĂ©Ă  l'Ă©tat brut, soit transportĂ© par voie maritimejusqu'Ă  l'usine mĂ©tallurgique de Doniambo pour yĂȘtre transformĂ© en produits de fusion : mattes etferronickels.

En 2010, la production avoisinait les 130 000tonnes de nickel contenu par an.

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L’économie de la Nouvelle-CalĂ©donie

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Bien que variable selon le client et lesnĂ©gociations, le prix du minerai de nickel exportĂ© estdirectement dĂ©pendant du cours du nickel au LondonMetal Exchange. Compte tenu de la part importantedes exportations de nickel dans les exportationscalĂ©doniennes (95% du total des exportations en2009), l’orientation Ă  la baisse des cours du nickelpĂ©nalise les exportations et dĂ©stabilise la balancecommerciale. La mĂ©tallurgie couvre 1300 salariĂ©s fin2010. Avec le secteur minier, cela reprĂ©sente 5% del’emploi salariĂ© total. Ce secteur est appelĂ© Ă  sedĂ©velopper avec la rĂ©alisation de grands projets.

Ainsi, la SLN a engagĂ© depuis 2000 leprogramme “75 000 tonnes”, dont l’objectif est deporter la capacitĂ© de production de l’usine deDoniambo Ă  75 000 tonnes par an, un nouveau four“Demag 10” a Ă©tĂ© mis en service en 2004.

Vale Inco Nouvelle-CalĂ©donie (usine du Sud),portĂ© par la sociĂ©tĂ© INCO, rachetĂ©e en 2006 parCVRD, sociĂ©tĂ© Ă  capitaux brĂ©siliens avec laparticipation d’investisseurs japonais et de laSPMSC, achĂšve la construction d’une unitĂ©d’enrichissement hydromĂ©tallurgique d’une capacitĂ©annuelle de 60 000 tonnes de nickel et de 5 000tonnes de cobalt, Ă  partir des latĂ©rites extraites dumassif de Goro. Les travaux sont maintenantterminĂ©s et la mise en exploitation est prĂ©vue pour

les mois Ă  venir.Enfin, le projet d’usine pyromĂ©tallurgique de

Koniambo (usine du Nord), associant la SMSP et lasociĂ©tĂ© canadienne Falconbridge, rachetĂ©e parXstrata en 2006, concerne le traitement desgarniĂ©rites du massif de Koniambo. L’usine aura unecapacitĂ© de production de 60 000 tonnes annuelles.Les travaux ont dĂ©butĂ© en 2008. Actuellement, lesactivitĂ©s de terrassement sont terminĂ©es, le port estmis en service et le montage des modules de l’usineest en cours.

La transformation locale du minerai du nickelest plus créatrice de richesse pour l'économiecalédonienne que son exportation à l'état brut : en2010, l'exportation de 56 milliers de tonnes denickel contenu de produits de fusion a rapporté 102milliards de F.CFP, alors que les 59 milliers de tonnesde minerai exportées ont généré 26 milliards.

LE SECTEUR PUBLIC,ÉLÉMENT STABILISATEUR

Peu soumis aux variations conjoncturelles, lesecteur public est un Ă©lĂ©ment stabilisateur del’économie de la Nouvelle-CalĂ©donie : on ne connaĂźten effet pas de baisse de la masse salariale versĂ©epar le secteur public. En 2007, les dĂ©penses du

Mine de nickel Ă  ciel ouvert

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secteur public s’élĂšvent Ă  plus de 358 milliards deF.CFP dont 41% de charges salariales ; le montantdes prestations sociales versĂ©es aux mĂ©nages s’élĂšveĂ  107 milliards de F.CFP. L’effort consacrĂ© auxdĂ©penses d’investissement par le secteur public adĂ©passĂ© les 30 milliards de F.CFP, soit 9% desdĂ©penses totales contre moins de 1% pour les intĂ©rĂȘtsversĂ©s. Cela reprĂ©sente un taux d’investissement dusecteur public de 4%. En 2007, la contribution dusecteur public au Produit IntĂ©rieur Brut (PIB)reprĂ©sente 18% contre 16% en MĂ©tropole.

En termes d'emploi salariĂ© (Ă  temps plein ou Ă temps partiel), avec 23 900 personnes (fonction -naires et non titulaires), le secteur public reprĂ©sente28% en 2010 des salariĂ©s de Nouvelle-CalĂ©donie.Le sous-secteur de l’administration de l’État compte Ă lui seul prĂšs du tiers des effectifs (32%), suivi de celuides Ă©tablissements publics (26%), des provinces(20%), des communes (13%) et enfin de la Nouvelle-CalĂ©donie (9%). Le taux de prĂ©lĂšvementsobligatoires est de 29% en 2007, contre 43% pourla MĂ©tropole.

PRÉDOMINANCEDU SECTEUR TERTIAIRE

Face Ă  la faiblesse du tissu industriel, unegrande partie des besoins de la Nouvelle-CalĂ©doniene peut ĂȘtre assurĂ©e que par un recours consĂ©quentaux importations finales (voitures, Ă©lectromĂ©nager...)ou intermĂ©diaires (matiĂšres premiĂšres destinĂ©es Ă  latransformation locale), ce qui explique la partprĂ©pondĂ©rante que tient le secteur du commercedans l’économie calĂ©donienne. Ce secteur aĂ©galement un rĂŽle essentiel pour l’amĂ©nagement du

territoire compte tenu de la dispersion de lapopulation dans l’intĂ©rieur de la Grande-Terre etdans les Ăźles.

Le commerce (12% du PIB en 2009) reprĂ©sentele premier secteur Ă©conomique calĂ©donien avec9700 salariĂ©s et prĂšs de 4 000 entreprisescommerciales recensĂ©es fin 2010 par le RIDET(RĂ©pertoire d’identification des Entreprises et desEtablissements). Les deux hypermarchĂ©s deNouvelle-CalĂ©donie se trouvent dans le GrandNoumĂ©a, 24 supermarchĂ©s sur 31 sont situĂ©s enprovince Sud, les supĂ©rettes et les commercesd’alimentation gĂ©nĂ©rale sont plus Ă©quitablementrĂ©partis entre les 3 provinces. Les servicesmarchands (non compris le commerce) se composentdes transports et communications, des banques etassurances, des services rendus principalement auxentreprises, et des services rendus principalementaux mĂ©nages. Leur essor rĂ©cent s’est ainsi traduit parle dĂ©veloppement des organismes financiers, desassurances, des agences comptables ou del’hĂŽtellerie, accompagnĂ© de la crĂ©ation de nombreuxemplois fĂ©minins. Cette fĂ©minisation de l’activitĂ© aelle-mĂȘme eu pour effet de crĂ©er un important besoinen services, entraĂźnant un recours accru auxgarderies d’enfants, Ă  la restauration hors dumĂ©nage ou aux repas livrĂ©s Ă  domicile, ou encore Ă l’aide mĂ©nagĂšre (femmes de mĂ©nage
). Lestransports et tĂ©lĂ©communications se dĂ©marquent parleur croissance rapide, signe d’une sociĂ©tĂ© quis’ouvre vers l’extĂ©rieur. L’installation de Canal+ en1994, le succĂšs du tĂ©lĂ©phone mobile, d’internet etl’arrivĂ©e en 1999 d’un bouquet de chaĂźnesgĂ©nĂ©ralistes et thĂ©matiques distribuĂ©es par satellite,

L’usine mĂ©tallurgique de Doniambo (SLN) Ă  NoumĂ©a

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en sont la démonstration.

PETITES INDUSTRIES ETCONSTRUCTION,DEUX GRANDSPOURVOYEURS D’EMPLOI

Les PMI nĂ©o-calĂ©doniennes demeurent encoreabsentes de nombreux secteurs et notamment de laplupart des industries de biens d’équipement enraison de l’étroitesse du marchĂ© local.

En 2010, 2 600 entreprises sont inscrites auRIDET au titre des industries manufacturiĂšres. Les PMIexercent une activitĂ© de transformation pour lasatisfaction du marchĂ© local, et trĂšs marginalementpour l’exportation. Afin de limiter l’entrĂ©e desproduits concurrents, il existe en Nouvelle-CalĂ©doniedes protections rĂ©glementaires. La productionindustrielle locale bĂ©nĂ©ficie de protections tarifaires(droits et taxes Ă  l’importation) et decontingentement Ă  l’importation. Le secteur de laconstruction, avec 11,5% du PIB en 2009 et 12,6 %de l’emploi salariĂ© en 2010, a un poids importantdans l’économie calĂ©donienne. Il s’est dĂ©veloppĂ© Ă partir du milieu des annĂ©es 60, avec le boom dunickel qui a entraĂźnĂ© une demande accrue enlogements. Vers le dĂ©but des annĂ©es 90, l’activitĂ© dela construction a bĂ©nĂ©ficiĂ© de la progression desinvestissements liĂ©e aux accords de Matignon. Lamise en place des provinces et la largedĂ©centralisation des pouvoirs et des compĂ©tences quien a dĂ©coulĂ©, ont fait de ces trois collectivitĂ©s lesmoteurs des rĂ©formes de rĂ©Ă©quilibrage du territoire.

De nombreux chantiers publics se sont ainsidĂ©veloppĂ©s (Ă©quipements provinciaux, rĂ©seauxroutiers, Ă©coles, infrastructures mĂ©dicales...),accompagnĂ©s d’initiatives privĂ©es (constructionsd’habitations individuelles ou collectives),principalement concentrĂ©es dans le Grand NoumĂ©a.Par ailleurs, les contrats de dĂ©veloppement entrel’État, les provinces et les communes, se sont attachĂ©sau dĂ©veloppement de l’habitat social.

À partir de 1996, la conjoncture du secteur,devenue plus maussade, a Ă©tĂ© redynamisĂ©e. Desmesures de dĂ©fiscalisation ont eu un impact, avec laconstruction d’immeubles d’habitation, d’hĂŽtels et derĂ©sidences hĂŽteliĂšres. L’activitĂ© du secteur restedynamique malgrĂ© quelques signes de ralentis -sement liĂ©s Ă  la fin du chantier de l’usine du Sud. LedĂ©veloppement de la zone VKP (Voh-KonĂ©-Pouembout) et les grands chantiers ont contribuĂ© Ă tirer l’activitĂ© du secteur en 2010. En moyenne pour2010, les entreprises de la construction ont employĂ©8 700 employĂ©s.

AGRICULTURE, PÊCHE, AQUACULTURE :LE MAINTIEN DE L’EXODE RURAL

Le secteur de l’agriculture qui englobe lesproductions agricoles ainsi que la pĂȘche,l’aquaculture et l’élevage reprĂ©sente moins de 2% duPIB. NĂ©anmoins, la pĂȘche et l’agriculture (vivriĂšre oumarchande) occupent une place centrale dans lasociĂ©tĂ© calĂ©donienne. Ces activitĂ©s permettent eneffet de contenir l’exode rural en fixant les

L'usine pyrométallurgique de Koniambo (KNS) à Vavouto

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populations sur leurs terres d’origine. Le dernierrecensement de l’agriculture effectuĂ© en 2002dĂ©nombrait 5 574 exploitations agricoles pour une « Superficie Agricole UtilisĂ©e » (SAU) de 247 878ha, soit 13% de la superficie de la Nouvelle-CalĂ©donie. Le dĂ©veloppement et la diversification del’ensemble de ces activitĂ©s, encouragĂ©es par lescollectivitĂ©s, permettent de conquĂ©rir le marchĂ©intĂ©rieur en substitution aux importations maisĂ©galement d’envisager des exportations promet -teuses pour les crevettes, le thon, les letchis, les cerfs,et les squashs. En 2010, la production agricolecommercialisĂ©e s’élĂšve Ă  9 milliards de F.CFP. Entermes de couverture de la consommation locale, laproduction calĂ©donienne couvre, en 2010, 42% desbesoins locaux, le reste Ă©tant assurĂ© par lesimportations.

En Nouvelle-CalĂ©donie, le secteur de l’aqua -culture en 2010 repose principalement sur la “filiĂšrecrevette”, mĂȘme s’il s’est diversifiĂ© Ă  partir de 1999avec deux nouvelles productions : l’ostrĂ©iculture etl’élevage d’écrevisses.

L’aquaculture de la crevette a dĂ©marrĂ© au dĂ©butdes annĂ©es 80, aprĂšs des recherches menĂ©es parl’IFREMER pour dĂ©terminer les variĂ©tĂ©s de crevettesadaptĂ©es et les techniques de reproduction etd’élevage. C’est la Penaeus Stylirostris qui futchoisie. L’activitĂ©, qui a peu Ă  peu pris de l’ampleur,figure aujourd’hui au second rang des exportationscalĂ©doniennes. En 2010, 18 fermes d’une surfacetotale de 683 ha ont produit 1 160 tonnes decrevettes dont la vente Ă  l’exportation a rapportĂ©750 millions de F.CFP.

Trois types de pĂȘche professionnelle sontpratiquĂ©s en Nouvelle-CalĂ©donie : la pĂȘchelagonaire, la pĂȘche cĂŽtiĂšre et la pĂȘche hauturiĂšre,

les marins sont formĂ©s Ă  l’école des mĂ©tiers de lamer.

‱ La pĂȘche lagonaire : opĂ©rĂ©e Ă  l’intĂ©rieur dulagon, dont les produits (holothuries et coquilles detrocas) sont destinĂ©s Ă  la fois au marchĂ© local et Ă l’exportation vers les pays asiatiques.

‱ La pĂȘche cĂŽtiĂšre : pratiquĂ©e Ă  l’extĂ©rieur dulagon pour la capture des poissons profonds et despoissons pĂ©lagiques des eaux territoriales. La totalitĂ©de ce type de pĂȘche est destinĂ©e au marchĂ© local.

‱ La pĂȘche au large ou hauturiĂšre est pratiquĂ©edans la ZEE Ă  partir de navires palangriers ets’oriente vers la capture de thons (blancs, jaunes etobĂšses), de marlins, de requins makos oud’espadons.

Enfin, la pĂȘche de plaisance et auto-vivriĂšre,difficile Ă  quantifier, est estimĂ©e Ă  3 500 tonnes paran et se pratique surtout Ă  l’intĂ©rieur du lagon.

TOURISME :SECTEUR À FORT POTENTIEL

La Nouvelle-CalĂ©donie dispose avec le tourismed’une activitĂ© au potentiel Ă©levĂ© de crĂ©ationsd’emplois, d’investissement, et de dĂ©veloppement. Lesecteur du tourisme c’est un chiffre d’affaires de53,7 milliards de FCFP en 2006 (3,8% du PIB), et en2009, prĂšs de 5 000 personnes en moyenne (6% del’emploi salariĂ© total).

Le pays possÚde de nombreux atouts, despaysages, une nature préservée, une richessepluriculturelle et une capacité hÎteliÚre importante,mais malgré cette richesse et cette diversité le secteurdu tourisme calédonien ne parvient pas à décoller etle nombre de touristes stagne toujours autour de labarre des 100 000 (dont une bonne partie de Néo-Calédoniens).

C’est dans ce contexte de stagnation voire derepli de la frĂ©quentation touristique que denombreuses actions ont Ă©tĂ© menĂ©es par les Province:la 2Ăšme Ă©dition des assises du tourisme organisĂ©es fin2005 a prĂ©sentĂ© un plan concertĂ© axĂ© autour dudĂ©veloppement de la promotion, de la desserteaĂ©rienne et des infrastructures hĂŽteliĂšres, avec pourambition d’accueillir 180 000 touristes Ă  l’horizon2015. En 2008, les GIE des trois provinces ont ainsisignĂ© une convention qui officialise la mise encommun de leurs ressources d’informationstouristiques. La mĂȘme annĂ©e la compagnie localeAircalin a mis en place une nouvelle liaison vers

Champ vivrier d’igname

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Séoul, en Corée du Sud et depuis avril 2009, AirAustral dessert deux fois par semaine la capitaleparisienne via Saint-Denis de la Réunion et Sydney.

On relĂšvera les aides financiĂšres directes desprovinces (code de dĂ©veloppement spĂ©cifique ouSociĂ©tĂ© d’Economie mixte), de l’État (contrats dedĂ©veloppement) et du Fonds d’Equipement de laNouvelle-CalĂ©donie.

Lois de dĂ©fiscalisation, rĂ©gimes privilĂ©giĂ©s Ă l’importation, aides Ă  l’emploi, sont Ă©galementautant de soutiens de la part du secteur public.

DĂ©velopper et amĂ©liorer le parc hĂŽteliercalĂ©donien, l’enjeu Ă©tait important puisqu’ils’agissait, en Ă©largissant l’offre hĂŽteliĂšre Ă  desĂ©tablissements haut de gamme, de rendre ladestination calĂ©donienne attractive aux yeux d’uneclientĂšle aisĂ©e qui faisait jusqu’alors dĂ©faut et de sepositionner sur un marchĂ© particuliĂšrementconcurrentiel. Ainsi de nouveaux hĂŽtels tels que leMĂ©ridien de NoumĂ©a (5 Ă©toiles) ont Ă©tĂ© construits cesderniĂšres annĂ©es en province Sud, des structuresdĂ©jĂ  existantes ont Ă©tĂ© rĂ©novĂ©es (Surf Novotel,Nouvata Park Royal). Chacune des Ăźles LoyautĂ© estmaintenant Ă©quipĂ©e d’un hĂŽtel 3 ou 4 Ă©toiles(Paradis d’OuvĂ©a, Nengone Village et Drehu

village). Il s’est Ă©galement dĂ©veloppĂ© sur l’ensembledu territoire un hĂ©bergement en gĂźte rural ou tribal.GĂ©nĂ©ralement en milieu mĂ©lanĂ©sien, ces petitesstructures proposent un sĂ©jour chez l’habitant, avecun logement traditionnel et une restauration Ă caractĂšre familial, privilĂ©giant les contacts avec lemilieu humain et naturel de la rĂ©gion.

En 2010, on comptait ainsi 52 Ă©tablissementstouristiques (du gĂźte mĂ©lanĂ©sien Ă  l’hĂŽtel classĂ© “5 Ă©toiles”), ils offrent aujourd’hui un parc de prĂšsde 2 200 unitĂ©s d’hĂ©bergements, dont 78% sontlocalisĂ©es en province Sud, 22% en province Nord et6% en province des Iles LoyautĂ©.

De nouveaux projets hÎteliers de grandeenvergure devraient encore voir le jour en Nouvelle-Calédonie.

Cet article a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© Ă  partir des Ă©lĂ©mentsfournis par l’observatoire Économique de L’ISEE

(Institut de la statistique et des étudeséconomiques

Courriel : [email protected])Les informations prĂ©sentĂ©es ici sont disponibles

dans leur intĂ©gralitĂ© sur le site de l’ISEE :www.isee.nc

Elevage sur la cĂŽte Ouest

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Cette rubrique vous donne un aperçu de quelques-unes des ressources offertesen matiĂšre de loisirs et de culture. Elle n’est pas exhaustive mais afin de mieux vousinformer sur les activitĂ©s diverses qui existent en Nouvelle- CalĂ©donie, veuillez-vousreporter aux adresses des trois organismes touristiques de chaque Province. LaNouvelle-CalĂ©donie est de toute maniĂšre le pays rĂȘvĂ© des activitĂ©s de plein air.

L’Agence de DĂ©veloppement de la Culture Kanak a pour mission de faire du Centre culturel Tjibaou un lieuunique de dĂ©veloppement, de crĂ©ation et de diffusion culturelle et artistique, kanak et ocĂ©anienne.Sur la presqu'Ăźle de Tina, Ă  10 mn du centre de NoumĂ©a, dĂ©couvrez l’OcĂ©anie Ă  travers les espacesd’exposition, les lieux de spectacles, la MĂ©diathĂšque publique spĂ©cialisĂ©e, l’aire coutumiĂšre, ses casestraditionnelles et le chemin kanak, nĂ© du mythe fondateur de TĂ©a KanakĂ©.Ouvert du mardi au dimanche, de 10h Ă  18hRue des Accords de Matignon - TINA - BP 378 - 98845 NOUMÉA CEDEXTĂ©l. : 41.45.45 - Fax : 41.45.56 - Courriel : [email protected] - web : www.adck.nc

De l’extĂ©rieur, la premiĂšre vision du musĂ©e, c’est une grande case avec une allĂ©e d’araucarias, tĂ©moins dela vie traditionnelle mĂ©lanĂ©sienne. C’est aussi un jardin ethno-botanique et des salles d’exposition consacrĂ©esĂ  l’archĂ©ologie de la Nouvelle-CalĂ©donie et aux arts et traditions kanak : poteries, pĂ©troglyphes, sculptures.Ouvert de 9 h Ă  11 h 30 et de 12 h 15 Ă  16 h 30 (sauf mardi et jours fĂ©riĂ©s). EntrĂ©e gratuite.Il existe Ă©galement des musĂ©es Ă  Bourail, Ă  Thio et Ă  PaĂŻta. A signaler que le musĂ©e organise aussi desconfĂ©rences. Pour tout renseignement : Avenue du MarĂ©chal Foch NoumĂ©a - TĂ©l. : 27 23 42

Chaque annĂ©e il propose une sĂ©rie de spectacles variĂ©s dans les domaines du chant, de la poĂ©sie, de lamagie, de la musique et du thĂ©Ăątre. Pour tout renseignement :Centre d’art de la ville - 6 bd extĂ©rieur Fbg Blanchot - TĂ©l. : 28 19 58

Ce musĂ©e est installĂ© dans un des plus vieux bĂątiments historique de NoumĂ©a, datant du XIXe siĂšcle.Cette bĂątisse a abritĂ© pendant de longue dĂ©cennies la premiĂšre mairie de la ville. Le musĂ©e a ouvert sesportes en juin 1996 avec une premiĂšre exposition d’une durĂ©e d’une annĂ©e sur le thĂšme de l’histoirearchitecturale de la ville. Cette exposition prĂ©sente de fait un pan important de la Nouvelle-CalĂ©donie Ă travers le dĂ©veloppement de son chef-lieu de 1853 Ă  1940.Adresse : Place des cocotiers - NoumĂ©a TĂ©l. : 26 28 05

LE CENTRE CULTUREL TJIBAOU

LE MUSÉE DE NOUVELLE-CALÉDONIE

LE CENTRE D’ART - LE THÉÂTRE DE POCHE

LE MUSÉE DE LA VILLE DE NOUMÉA

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Loisirs et culture

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Pour découvrir le passé et le patrimoine maritimes de la Nouvelle-Calédonie.11 avenue James Cook - BP 1755 - 98845 Nouméa cedex Tél. : 26 34 43

du mardi au samedi de 14h Ă  18h

Le ThĂ©Ăątre de l’üle est une scĂšne conventionnĂ©e, un centre de crĂ©ations et de productions thĂ©Ăątrales. Ilorganise la diffusion de spectacles locaux et internationaux dans le cadre de saisons culturelles et de

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LE MUSÉE DE L’HISTOIRE MARITIME

LE THÉÂTRE DE L’ÎLE

Les archives officielles concernant la Nouvelle-CalĂ©donie sont encore conservĂ©es en MĂ©tropole (centre desarchives de l’outre-mer Ă  Aix-en-Provence, archives militaires Ă  Vincennes, etc.). Depuis plusieurs annĂ©es

cependant, un effort est fait pour recueillir les archives existantes sur place et en rapatrier d’autres. Lescollections des archives sont Ă©galement valorisĂ©es par une large ouverture au public.

Les personnes intĂ©ressĂ©es par les archives du Territoire peuvent s’adresser directement Ă  ce service.La consultation se fait sur place.

Service des archives, 159 avenue James Cook Nouville - TĂ©l. : 28 59 42

ARCHIVES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

Pour les enfants, le droit d’inscription est de 100 F CFP. Pour les adultes, 3 500 F CFP pour l’annĂ©e civile.Le public a la possibilitĂ© d’emprunter un trĂšs grand choix d’ouvrages. Un abonnement permet aux

chercheurs de consulter le fonds rĂ©servĂ©. Il existe des bibliothĂšques municipales dans les quartiers deRiviĂšre-SalĂ©e, du Mont-Dore, de Koutio et Ă©galement dans les mairies de l’intĂ©rieur.

A signaler les confĂ©rences mensuelles de la bibliothĂšque.Angle de la rue de la Somme et de l’avenue du MarĂ©chal Foch. TĂ©l. : 24 20 90

LA BIBLIOTHÈQUE BERNHEIM

Le centre culturel du Mont-Dore, structure d'accueil pour les spectacles scolaires, partenaire du vice-rectoratde la Nouvelle-Calédonie, est installé au complexe sportif et culturel Victorin Boewa, à Boulari.

Il propose des expositions et des spectacles de mars à décembre. Tous les genres, pour tous les ùges ettoutes les sensibilités y sont représentés (musique, danse, théùtre et cinéma).

SituĂ© juste Ă  cĂŽtĂ©, le PĂŽle artistique accueille les cours de l’École des Arts, accessibles Ă  tous dĂšs 4 ans (artsplastiques, musique, cirque, thĂ©Ăątre et danse).

Accueil du public du mardi au jeudi de 13h Ă  17h, le vendredi de 13h Ă  16het une heure avant chaque spectacle.

Renseignements, tél. 41 90 90 ou www.mont-dore.nc

LE CENTRE CULTUREL DU MONT DORE

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- Livret 2013 maquette 15_Livret 23/11/12 09:49 Page107

Page 33: UN ARCHIPEL DU PACIFIQUE SUD - ac-noumea.nc

Le Conservatoire de musique (CMNC) dispense Ă  NoumĂ©a un enseignement musical dans beaucoup dedisciplines : violon, violoncelle, piano, batterie, saxophone, etc.Pour tous renseignements sur les inscriptions s’adresser au CMNC.Il existe des antennes du CMNC dans l’intĂ©rieur et les Ăźles.Frais d’inscription : 2 500 F CFP - Prix mensuel : 5 500 F CFP (NoumĂ©a) solfĂšge plus instrument(sous rĂ©serve d’augmentation).Places limitĂ©es. Le conservatoire est installĂ© dans une ancienne demeure coloniale restaurĂ©e.Avenue des frĂšres Carcopino, pointe de l’Artillerie, NoumĂ©a TĂ©l. : 24 63 15

LE CONSERVATOIRE DE MUSIQUEDE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

FinancĂ© par la ville de NoumĂ©a et gĂ©rĂ© par l’ADAMIC, le Rex est un espace socioculturel municipal ouvertaux jeunes de 12 Ă  26 ans Ă  qui sont proposĂ©s diffĂ©rents ateliers de pratiques artistiques (Slam, Hip Hop,danse kanak et contemporaine, vidĂ©o, thĂ©Ăątre
), des projections cinĂ©matographiques, mais aussi desanimations multimĂ©dia et l’accĂšs Ă  une cyberbase.Enfin, le Rex accueille des rĂ©sidences d’artistes et accompagne la crĂ©ation et la gestion d’associations Ă caractĂšre artistique.27, avenue de la victoire - 98800 NoumĂ©a - TĂ©l : 28 26 29www.ville-noumea.nc/espacejeunesCourriel de la chargĂ©e d’actions jeunesse & communication : [email protected]

LE REX

FondĂ© en 1956 par le Dr CATALA et sa femme. Les bacs de l’aquarium reconstituent les profondeurs dulagon calĂ©donien avec toute sa faune et sa flore : tortues, requins, poissons et coraux fluorescents.À voir impĂ©rativement. Ouvert du mardi au dimanche de 10h Ă  17h61 Prom. Roger Laroque. Anse-Vata - 98800 NoumĂ©a - TĂ©l. : 26 27 31

L’AQUARIUM DES LAGONS

La librairie Pentecost (rue de l’Alma), la librairie Hachette (avenue Foch), L’As de TrĂšfle (Quartier Latin),sont les plus connues. Elles proposent un grand choix de livres et de romans, d’ouvrages Ă©ducatifs, ainsique la presse par avion et par bateau. A noter aussi la librairie “CalĂ©do-livres” (rue Jean-Jaures) : livresanciens sur la Nouvelle-CalĂ©donie et livres d’occasions.Et “La Bouquinerie Nouvelle” (rue Georges ClĂ©menceau).

LES LIBRAIRIES DE NOUMÉA

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