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Sciences Ă©conomiques et sociales

ES S 1re

Programme 2019Sous la direction

d’Isabelle Waquet

Tanguy CornuProfesseur au lycée du Grand Nouméa, Nouvelle-Calédonie

Coordination scientifique de la sociologie et de la science politique

Thomas FabreProfesseur au lycée Faidherbe, Lille (59)

Manon FaivreProfesseure au lycée Germaine Tillion, Le Bourget (93)

Stéphanie FontaineProfesseure au lycée Charles de Gaulle, Poissy (78)

Damien HeurteventProfesseur au lycée Chateaubriand, Rennes (35)

Sophie LavalProfesseure au lycée Senghor, Magnanville (78)

Maxence MorelProfesseur au lycée Libergier, Reims (51)

Olivier RobertProfesseur au lycée Faidherbe, Lille (59)

Agathe RoyProfesseure au lycée franco-allemand, Buc (78)

Miguel SarzierProfesseur au lycée Camille Vernet, Valence (26)

Charlotte Vernet-HabasqueProfesseure au lycĂ©e militaire de Saint-Cyr, Saint-Cyr-l’École (78)

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Édition : Vanessa ColnotMise en page et rĂ©alisation des graphiques : Yves TremblayCouverture : Primo & Primo, Barbara Tamadonpour

Le photocopillage, c’est l’usage abusif et collectif de la photocopie sans autorisation des auteurs et des Ă©diteurs. Largement rĂ©pandu dans les Ă©tablissements d’enseignement, le photocopillage menace l’avenir du livre, car il met en danger son Ă©quilibre Ă©conomique. Il prive les auteurs d’une juste rĂ©munĂ©ration. En dehors de l’usage privĂ© du copiste, toute reproduction totale ou partielle de cet ouvrage est interdite. Aux termes du Code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle, toute reproduction ou reprĂ©sentation intĂ©grale ou partielle de la prĂ©sente publication, faite par quelque procĂ©dĂ© que ce soit (reprographie, microfilmage, scannĂ©risation, numĂ©risation
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© Magnard – Paris, 2019 – 5 allĂ©e de la 2e D.B., 75015 ParisISBN : 978-2-210-11112-7

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3 SOMMAIRE.

SCIENCE ÉCONOMIQUE

1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? ..................................................................... 4

2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? ...................................20

3 Quelles sont les principales défaillances du marché ? ..................................................................35

4 Comment les agents Ă©conomiques se financent-ils ? ...................................................................45

5 Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle crĂ©Ă©e ? ................................................................58

SOCIOLOGIE ET SCIENCE POLITIQUE

6 Comment la socialisation contribue-t-elle à expliquer les différences de comportement des individus ? ...................................................................................................70

7 Comment se construisent et Ă©voluent les liens sociaux ? .............................................................84

8 Quels sont les processus sociaux qui contribuent à la déviance ? ................................................99

9 Comment se forme et s’exprime l’opinion publique ?..................................................................115

10 Voter, une affaire individuelle ou collective ? ...............................................................................125

REGARDS CROISÉS

11 Comment l’assurance et la protection sociale contribuent-elles Ă  la gestion des risques dans les sociĂ©tĂ©s dĂ©veloppĂ©es ? ...............................................................................139

12 Comment les entreprises sont-elles organisées et gouvernées ? ..............................................153

Savoir-faire ................................................................................................................................................. 172

Épreuve de spĂ©cialitĂ©

Sujet 1 .................................................................................................................................................174

Sujet 2 .................................................................................................................................................175

SOMMAIRE

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I. PrĂ©sentation du chapitreCe premier chapitre de la partie « science Ă©conomique » du programme est centrĂ© sur l’étude du fonctionnement d’un marchĂ© concurrentiel. Il est articulĂ© autour de deux grands axes :

→ 1er AXENous commencerons par dĂ©finir ce qu’est un marchĂ© concurrentiel en rappelant que c’est une institution, puis en le distinguant des autres structures de marchĂ© (monopole, oligopole et concurrence monopolistique). Il s’agira d’insister sur le fait que la concurrence est suffisamment importante pour que les agents Ă©cono-miques soient preneurs de prix. Puis sera abordĂ©e la maniĂšre dont les Ă©conomistes modĂ©lisent le marchĂ© concurrentiel en partant des dĂ©cisions individuelles des offreurs et des demandeurs pour dĂ©boucher sur la formation de l’équilibre concurrentiel.

→ 2e AXECe modĂšle permet de montrer que le marchĂ©, Ă  l’équilibre, maximise le surplus total (surplus du consommateur et surplus du producteur) en rendant possible la rĂ©alisation de tous les Ă©changes mutuel-lement avantageux. Cette efficience allocative du marchĂ© ne se constate pas uniquement en statique mais aussi en dynamique grĂące Ă  la flexibilitĂ© des prix quand les conditions d’offre et/ou de demande Ă©voluent. Dans cette optique, nous analyserons les effets des chocs d’offre et de demande sur l’équilibre concurrentiel en distinguant les dĂ©placements des courbes et les dĂ©placements sur les courbes. Les enseignements tirĂ©s de l’analyse des chocs d’offre et de demande seront remobilisĂ©s pour analyser les effets de l’introduction d’une taxe forfaitaire sur l’équilibre du marchĂ©.

II. La mise en Ɠuvre du programme dans le manuelAprĂšs une premiĂšre page de sensibilisation prĂ©sentant des marchĂ©s concrets, le traitement du programme s’ar-ticule autour de quatre dossiers, reprenant les grandes questions du programme.

Le premier dossier permet de dĂ©finir ce qu’est un marchĂ© concurrentiel en montrant, d’une part, que le marchĂ© est une institution qui repose sur des rĂšgles que les agents Ă©conomiques doivent respecter et, d’autre part, que les marchĂ©s doivent ĂȘtre distinguĂ©s selon leur degrĂ© de concurrence.

Le deuxiĂšme dossier propose une analyse de la forma-tion des courbes d’offre et de demande en partant des choix des consommateurs et des producteurs puis, Ă  partir de la confrontation de ces deux courbes, une Ă©tude de la formation de l’équilibre concurrentiel.

Le troisiĂšme dossier cherche Ă  montrer l’efficacitĂ© de la coordination des dĂ©cisions individuelles par le marchĂ©. La dĂ©monstration passe par l’étude des concepts de gains Ă  l’échange, de surplus du consommateur et de surplus du producteur pour mettre en Ă©vidence que la somme des surplus est maximisĂ©e lorsqu’un marchĂ© est Ă  l’équilibre.

Le quatriĂšme dossier Ă©tudie la dynamique de l’équilibre concurrentiel. Ce sont tout d’abord les dĂ©terminants de l’offre et de la demande qui sont prĂ©sentĂ©s afin d’ana-lyser comment les modifications des conditions d’offre et/ou de demande affectent les courbes et, partant, l’équilibre concurrentiel. Une analyse plus approfondie des effets de la mise en Ɠuvre d’une taxe forfaitaire sur l’équilibre de marchĂ© est enfin proposĂ©e.

CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? Manuel p. 10-37

BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE

Voici quelques ressources susceptibles de compléter et enrichir les informations présentes dans les documents du dossier :

- Etienne Wassmer, Principes de microĂ©conomie, Pearson, 2017.Une prĂ©sentation pointue et prĂ©cise des thĂ©ories du producteur et du consommateur ainsi que de l’équilibre offre-demande sur un marchĂ© concurrentiel. - Marc MontoussĂ©, Isabelle Waquet, MicroĂ©conomie, coll. « Introduction Ă  l’économie Â», BrĂ©al, 2014.

Un petit ouvrage qui prĂ©sente de maniĂšre pĂ©dagogique le choix du producteur, le choix du consommateur et l’équilibre de marchĂ©. De nombreux exercices numĂ©riques sont proposĂ©s. - David Spector, La gauche, la droite et le marchĂ©, Odile Jacob, 2017.

Une analyse historique de l’aversion française au marchĂ©. - CORE, L’économie https://core-econ.org/the-economy/book/fr/text/0-3-contents.html

Un cours d’introduction Ă  l’économie pour le supĂ©rieur en accĂšs libre. Le chapitre 8 est consacrĂ© Ă  l’étude du fonctionnement des marchĂ©s concurrentiels.

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5 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

III. Corrigés

PAGES D’OUVERTURE p. 10-11

Ces pages d’ouverture permettent de prĂ©senter les caractĂ©ristiques principales d’un marchĂ© concurrentiel.

1. Sur le marchĂ© de NoĂ«l, les acheteurs sont les visiteurs et les vendeurs sont les tenanciers des chalets en bois. Sur le Nasdaq, les vendeurs sont les entreprises qui Ă©mettent des actions ou les dĂ©tenteurs d’actions qui les revendent et les acheteurs sont des agents Ă©conomiques dotĂ©s d’une Ă©pargne financiĂšre.

2. Le marchĂ© peut ĂȘtre un lieu physique comme le marchĂ© de NoĂ«l de Strasbourg mais il peut aussi prendre une forme virtuelle Ă  l’image du NASDAQ.

3. Ces deux marchĂ©s permettent Ă  l’offre et Ă  la demande de se rencontrer, de faire Ă©merger un prix et de rendre possibles les Ă©changes.

4. Un marchĂ© est en concurrence parfaite s’il y a un grand nombre d’offreurs et de demandeurs sur le marchĂ© (hypothĂšse d’atomicitĂ©), si les biens ne sont pas diffĂ©renciĂ©s (hypothĂšse d’homogĂ©nĂ©itĂ©), si l’information est accessible Ă  tous rapidement et sans coĂ»t (hypothĂšse de transparence) et, enfin, s’il n’y a pas de barriĂšres Ă  l’entrĂ©e sur le marchĂ© (hypothĂšse de fluiditĂ©).

DOSSIER 1.Qu’est-ce qu’un marchĂ© concurrentiel ? p. 12-15

A. Le marché : une institution centrale des économies modernes

Document 1Définir le marché

1. C’est un marchĂ© couvert bordelais oĂč des artisans-commerçants viennent vendre leur production aux consommateurs.

2. Si un acheteur trouve un produit trop cher, il ira voir un autre commerçant pour dĂ©terminer si le produit est proposĂ© Ă  un prix plus faible. Si ce n’est pas le cas ou que ce prix excĂšde le prix maximal qu’il est disposĂ© Ă  payer, il ne rĂ©alisera pas cet achat.

3. Les acheteurs veulent acheter au prix le plus faible possible et les vendeurs vendre au prix le plus Ă©levĂ© possible. C’est l’émergence d’un prix sur le marchĂ© qui permet de solutionner ce conflit.

4. Le marchĂ© est un lieu physique ou virtuel sur lequel la confrontation de l’offre et de la demande donne nais-sance Ă  un prix qui permet de rĂ©aliser les Ă©changes.

Document 2Marchés et économie de marché

5. Sur le marché du travail, ce sont les actifs qui vendent/offrent leur force de travail et les entreprises qui achÚtent/

demandent la force de travail. La confrontation de cette offre et de cette demande fait Ă©merger le prix de la force de travail qu’on appelle le taux de salaire.

6. Le marchĂ© du capital permet aux agents en besoin de financement (ceux qui demandent des fonds prĂȘtables) de rencontrer des agents avec des capacitĂ©s de finan-cement (ceux qui offrent des fonds prĂȘtables). La confrontation de cette offre et de cette demande fait Ă©merger le prix des fonds prĂȘtables : le taux d’intĂ©rĂȘt.

7. Une économie de marché est un systÚme économique dans lequel les biens et services ainsi que les facteurs de production sont alloués par des marchés, respective-ment le marché des biens et services et les marchés du travail et du capital.

Document 3

Sans droits de propriété, pas de marché

8. Un droit de propriĂ©tĂ© recouvre le droit exclusif d’uti-liser des biens, de les aliĂ©ner et de bĂ©nĂ©ficier des fruits de ce bien (revenu, rĂ©colte, etc.). L’utilisateur d’un bien ne bĂ©nĂ©ficiera pas forcĂ©ment de tous les attributs du droit de propriĂ©tĂ©. Par exemple, le locataire d’un loge-ment a uniquement un droit d’usage.

9. L’échange marchand implique un transfert de propriĂ©tĂ© et nĂ©cessite alors une bonne dĂ©finition des droits de propriĂ©tĂ©. Si le propriĂ©taire d’un bien n’a pas la possibilitĂ© de prouver qu’il est effectivement propriĂ©taire du bien, il est alors impossible de procĂ©der Ă  l’échange marchand. Il faut aussi des institutions pour que les droits de propriĂ©tĂ© soient respectĂ©s (lutte et rĂ©pression du vol par exemple). En outre, sans droits de propriĂ©tĂ© bien protĂ©gĂ©s, les individus ne seraient pas incitĂ©s Ă  s’engager dans des Ă©changes marchands parce que les bĂ©nĂ©fices pourraient ĂȘtre appropriĂ©s par d’autres.

10. Le bateau Ă  vapeur de Denis Papin n’a pas pu se diffuser dans l’économie du xviiie siĂšcle parce que la sociĂ©tĂ© de l’époque n’a pas su correctement protĂ©ger ses droits de propriĂ©tĂ© : le pouvoir politique n’a pas empĂȘchĂ© la guilde de batelier de locaux de dĂ©truire son bien et la justice n’a pas fait en sorte que Denis Papin soit indemnisĂ© pour le prĂ©ju-dice subi. Dans ces conditions, il n’avait plus les moyens financiers et n’était surtout plus incitĂ© Ă  poursuivre ses recherches et Ă  proposer ses idĂ©es sur le marchĂ©.

Document 4

La protection de la propriété intellectuelle

11. La connaissance est un bien non excluable, c’est-Ă -dire qu’il est difficile, voire impossible d’obliger les utilisateurs de ce bien Ă  payer. Les agents Ă©conomiques ne sont donc pas incitĂ©s Ă  produire de nouvelles connais-sances parce que la production de ces connaissances implique d’engager des dĂ©penses qu’ils ne pourront pas couvrir Ă  travers les trĂšs faibles ventes qu’ils rĂ©aliseront.

12. Le brevet est un droit de propriĂ©tĂ© intellectuelle qui permet de garantir Ă  l’innovateur qu’il sera le seul Ă  percevoir le fruit de son innovation. C’est donc une institution qui incite Ă  produire de nouvelles connais-

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sances parce que l’innovateur bĂ©nĂ©ficie d’une situation de monopole qui lui permet de fixer un prix Ă©levĂ© pour le bien ou le service qu’il vend. Cette rente de monopole, puissante incitation Ă  l’innovation, rĂ©compense l’audace, la prise de risque, l’anticonformisme de l’innovateur.

13. Il existe un dilemme associĂ© Ă  la protection de la propriĂ©tĂ© intellectuelle. Cette protection limite la diffusion de l’innovation dans l’économie pour ceux qui ne peuvent pas payer le prix exigĂ© par l’innovateur, mais dans le mĂȘme temps, cette protection est un « mal nĂ©cessaire » parce que, sans elle, les agents Ă©conomiques ne seraient pas incitĂ©s Ă  investir dans la production de connaissances.

14. Pour dĂ©passer le dilemme du brevet, les collectivitĂ©s humaines accordent une protection de la propriĂ©tĂ© intel-lectuelle qui est limitĂ©e dans le temps. De cette maniĂšre il est possible de concilier incitation et diffusion : les agents Ă©conomiques sont incitĂ©s Ă  innover parce qu’ils bĂ©nĂ©ficient d’une rente de monopole durant quelques annĂ©es et, au terme de la durĂ©e de protection, la connaissance peut massivement se diffuser dans l’éco-nomie puisqu’elle est dĂ©sormais librement accessible.

FAIRE LE POINT

Bon fonctionnement du marché => essor

des Ă©changes marchands

Droits de propriétés bien définis

Protection de la propriété intellectuelle

Sécurité juridique et physique

B. Du marché concurrentiel au monopole

Document 1Le marchĂ© concurrentiel : les hypothĂšses de la concur-rence pure et parfaite1. AtomicitĂ© = grand nombre d’offreurs et de deman-deurs sur le marchĂ©.

2. L’absence de barriĂšre Ă  l’entrĂ©e est la condition essen-tielle de la concurrence parce que c’est la libre entrĂ©e qui garantit une concurrence effective ou potentielle (entrĂ©e de nouveaux offreurs sur le marchĂ©).

3. Des agents Ă©conomiques preneurs de prix n’ont pas la capacitĂ© de fixer le prix qu’ils souhaitent. Le prix de marchĂ© s’impose Ă  eux.

4. Sur un marchĂ© concurrentiel, il y a un grand nombre d’offreurs (hypothĂšse d’atomicitĂ©) puisqu’il n’y a pas de barriĂšre Ă  l’entrĂ©e (hypothĂšse de fluiditĂ©). Acheter un bien Ă  tel ou tel offreur n’a pas d’importance puisque les produits sont indiffĂ©renciĂ©s (hypothĂšse d’homogĂ©nĂ©itĂ©). Partant, dans un contexte oĂč l’information est disponible pour tous (hypothĂšse de transparence), aucun offreur ne pourra exiger un prix plus Ă©levĂ© que celui que propose ses concurrents parce que, dans ce cas, il perdrait toute sa clientĂšle. Sur un marchĂ© concurrentiel, les agents Ă©conomiques sont donc preneurs de prix : le prix de marchĂ© s’impose Ă  eux.

Document 2

La diversité des structures de marché

5. En situation de monopole, il y a un unique offreur sur le marchĂ©, alors qu’en situation d’oligopole, il y a un nombre limitĂ© d’offreurs sur le marchĂ©.

6. En situation de monopole ou d’oligopole, l’hypothĂšse d’atomicitĂ© n’est pas respectĂ©e. Les offreurs peuvent alors, dans des proportions plus ou moins fortes, dĂ©ter-miner le prix qu’ils vont pratiquer. Le prix de marchĂ© ne s’impose pas Ă  eux : ils ne sont pas preneurs de prix mais faiseurs de prix.

7. En situation de concurrence monopolistique, coha-bitent un grand nombre d’offreurs qui proposent des produits diffĂ©renciĂ©s : c’est donc l’hypothĂšse d’homogĂ©-nĂ©itĂ© des produits qui n’est pas respectĂ©e. Les produits n’étant pas homogĂšnes, les biens et services proposĂ©s par les producteurs ne sont pas parfaitement substi-tuables, ce qui laisse certaines latitudes aux offreurs pour Ă©tablir leur prix.

Document 3Distinguer les marchés selon leur structure

Marché des céréales pour

petit déjeuner

Marché français

de l’automobile

Marché français du transport ferroviaire à

grande vitesse

Marché du blé

Grand nombre d’offreurs ? Beaucoup d’offreurs Quelques-uns Un seul Beaucoup d’offreurs

Homogénéité des produits ? Produits différenciés Produits différenciés Produit homogÚne Produit homogÚne

Structures de marché

Concurrence monopolistique Oligopole Monopole Concurrence parfaite

Les offreurs sont-ils preneurs de prix ? Oui Oui Oui Non

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7 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

FAIRE LE POINT

1. Faux (Les offreurs sont price-taker. Le prix de marchĂ© s’impose aux agents Ă©conomiques).

2. Vrai (L’hypothĂšse d’homogĂ©nĂ©itĂ© est une condition de la concurrence pure et parfaite).

3. Vrai (L’hypothĂšse d’atomicitĂ© est une condition de la concurrence pure et parfaite).

4. Faux (L’absence de concurrents permet Ă  l’entreprise en monopole de fixer le prix qu’elle dĂ©sire, celui qui va maximiser son profit).

DOSSIER 2.Comment un marchĂ© concurrentiel parvient-il Ă  l’équilibre ? p. 16-21

A. La loi de la demande

Document 1

Rationalité et raisonnement à la marge

1. AprĂšs avoir dĂ©terminĂ© un objectif qui dĂ©pend de ses prĂ©fĂ©rences, un agent Ă©conomique rationnel examine tous les moyens qui s’offrent Ă  lui pour parvenir Ă  son but et il choisit celui qui lui permettra de l’atteindre le plus efficacement : il cherche Ă  maximiser son intĂ©rĂȘt. Émettre une telle hypothĂšse de comportement permet de prĂ©voir la maniĂšre dont les individus vont agir ou rĂ©agir.

2. Pour dĂ©terminer la quantitĂ© consommĂ©e qui va maximiser sa satisfaction, le consommateur rationnel compare utilitĂ© marginale et coĂ»t marginal (prix payĂ© sur le marchĂ©). Sa satisfaction sera maximale une fois qu’il aura consommĂ© toutes les unitĂ©s qui lui rapportent davantage (d’utilitĂ© marginale) que ce qu’elles lui coĂ»tent (le prix). Sa satisfaction est donc maximale pour la quantitĂ© qui permet d’égaliser utilitĂ© marginale et prix.

3. La mĂ©nagĂšre a intĂ©rĂȘt Ă  consommer un euro supplĂ©-mentaire pour les pommes si l’utilitĂ© marginale que lui confĂšrent ces pommes supplĂ©mentaires est supĂ©rieure Ă  l’utilitĂ© marginale Ă  laquelle elle renonce en sacrifiant un euro de bananes.

Document 2

La loi de l’utilitĂ© marginale

4. Dans un restaurant Ă  volontĂ©, le coĂ»t d’une assiette supplĂ©mentaire est nul.

5. Loi de l’utilitĂ© marginale dĂ©croissante = chaque unitĂ© consommĂ©e supplĂ©mentaire confĂšre un niveau d’utilitĂ© moindre que l’unitĂ© prĂ©cĂ©dente.

6. Le client consommera 3 assiettes. MĂȘme si la quatriĂšme assiette ne lui coĂ»te rien, il ne la consom-

mera pas parce qu’elle lui confĂ©rerait une utilitĂ© nĂ©gative qui viendrait diminuer son utilitĂ© totale.

7. En vertu de la loi de l’utilitĂ© marginale dĂ©croissante, les consommateurs cessent tĂŽt ou tard de consommer mĂȘme si le coĂ»t d’une assiette supplĂ©mentaire est nulle, garantissant ainsi la viabilitĂ© du modĂšle Ă©conomique de restauration Ă  volontĂ©.

Document 3

La demande : une relation décroissante entre prix et quantités demandées

8. Oui parce que le troisiĂšme kilo consommĂ© confĂšre moins d’utilitĂ© que le deuxiĂšme et le quatriĂšme moins d’utilitĂ© que le troisiĂšme.

9. Pour un prix de trois euros, Iris demande trois kilos de fraises. Pour un prix de deux euros, elle en demande huit kilos. La relation entre prix et quantité demandée est donc une relation décroissante : plus le prix est faible et plus la quantité demandée est importante (et inver-sement).

10. La relation dĂ©croissante entre prix et quantitĂ© demandĂ©e s’explique par trois mĂ©canismes :

– un prix qui augmente fait baisser la quantitĂ© demandĂ©e parce que certaines unitĂ©s ont un niveau d’utilitĂ© margi-nale qui n’est dĂ©sormais plus suffisant pour couvrir le niveau de prix. Le consommateur rationnel n’achĂštera plus ses unitĂ©s parce que, dĂ©sormais, elles lui coĂ»tent plus cher que ce qu’elles lui rapportent ;

– un prix qui augmente fait baisser la quantitĂ© demandĂ©e parce que cela rĂ©duit le pouvoir d’achat des mĂ©nages ;

– un prix qui augmente fait baisser la quantitĂ© demandĂ©e parce que cela incite les mĂ©nages Ă  recourir Ă  des biens substituables.

Document 4

Interpréter les pentes des courbes de demande

11. Les Ɠufs n’ont pas beaucoup de substituts et revĂȘtent un caractĂšre relativement indispensable. Aussi, une variation du prix des Ɠufs ne se traduit pas par une forte variation de la quantitĂ© demandĂ©e. La pente de la droite de demande d’Ɠufs est donc fortement nĂ©ga-tive parce qu’une grosse variation de prix (sur l’axe des ordonnĂ©es) n’entraĂźne pas une forte variation de la quan-titĂ© demandĂ©e (sur l’axe des abscisses).

12. La demande de repas au restaurant ne revĂȘt pas un caractĂšre indispensable et il existe de nombreux bien substituables (repas Ă  la maison, pique-nique, etc.). Aussi, une variation de son prix se traduit par une forte variation de la quantitĂ© demandĂ©e. La pente de la droite de demande de repas au restaurant est donc faiblement nĂ©gative parce qu’une faible variation de prix (sur l’axe des ordonnĂ©es) entraĂźne une forte variation de la quan-titĂ© demandĂ©e (sur l’axe des abscisses).

13. Les habitants vivant dans des territoires ruraux dépendent de la voiture pour se rendre sur leur lieu

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d’emploi, pour faire leurs courses, etc. Ils n’ont pas un accĂšs large Ă  des modes de transport substituables Ă  la voiture (faiblesse du rĂ©seau de transport en commun). Aussi, la demande d’essence dans les territoires ruraux est trĂšs peu sensible Ă  l’évolution de son prix. La droite de demande d’essence dans les territoires ruraux prĂ©sente donc une forte pente nĂ©gative.

Prix del’essence

Demande d’essence dans les territoires ruraux

QuantitĂ©d’essence

FAIRE LE POINT

La quantitĂ© demandĂ©e baisse quand le prix augmente. L’explication est triple : 1) la hausse du prix incite les agents Ă©conomiques Ă  remplacer la consommation de ce bien par un autre bien qui lui est substituable ; 2) la hausse du prix du bien, en rĂ©duisant le pouvoir d’achat fait baisser la consommation de ce bien ; 3) la hausse du prix du bien incite Ă  cesser de consommer les unitĂ©s qui prĂ©sentent une utilitĂ© marginale infĂ©rieure au prix payĂ©.

B. La loi de l’offre

Document 1La loi des rendements factoriels décroissants

1. Jusqu’à la deuxiĂšme unitĂ©, les rendements factoriels sont croissants, ce qui signifie que la productivitĂ© du travail augmente. Le supplĂ©ment de production permis par le deuxiĂšme travailleur est supĂ©rieur au supplĂ©-ment de production permis par la premiĂšre travailleur (+ 30 contre + 10). À partir de la troisiĂšme unitĂ© les rendements factoriels deviennent dĂ©croissants ; la productivitĂ© marginale du travail dĂ©croĂźt (+ 20 pour le 3e travailleur contre + 20 pour le quatriĂšme travailleur). AprĂšs la 6e unitĂ©, les rendements factoriels deviennent nĂ©gatifs puisque la production totale diminue avec l’ajout d’un travailleur.

2. La loi des rendements factoriels dĂ©croissants postule que, passĂ© un certain niveau de production, la producti-vitĂ© marginale d’un facteur de production dĂ©croĂźt quand on l’augmente alors que l’autre facteur reste fixe. Cela implique qu’il faut de plus en plus de facteur travail, et donc verser de plus en plus de salaire, pour rĂ©aliser une unitĂ© de production supplĂ©mentaire. Les coĂ»t marginaux de production sont donc croissants.

Document 2

La détermination du volume de production optimal

3. La recette marginale correspond au flux de revenu permis par la vente d’une unitĂ© supplĂ©mentaire. Sur un marchĂ© concurrentiel, la recette marginale correspond au prix de marchĂ©. Le coĂ»t marginal correspond aux dĂ©penses occasion-nĂ©es par la production d’une unitĂ© supplĂ©mentaire. Le profit marginal correspond Ă  la diffĂ©rence entre la recette marginale et le coĂ»t marginal. Le profit total correspond Ă  la diffĂ©rence entre la recette totale et le coĂ»t total.

4. Un producteur rationnel dĂ©termine le niveau de production optimal en comparant recette marginale (prix de marchĂ©) et coĂ»t marginal. Il continue de produire tant que la recette marginale (prix de marchĂ©) est supĂ©rieure au coĂ»t marginal, c’est-Ă -dire tant que l’unitĂ© produite permet de rĂ©aliser un profit marginal qui vient abonder le profit total.

5. Le volume de production permettant de maximiser le profit est celui pour lequel la recette marginale est Ă©gale au coĂ»t marginal. Il n’est pas rationnel de s’arrĂȘter avant parce que cela reviendrait Ă  renoncer Ă  produire des unitĂ©s gĂ©nĂ©rant un profit marginal. À l’inverse, il n’est pas rationnel d’aller plus loin parce que la produc-tion supplĂ©mentaire ferait baisser le profit total puisque chaque unitĂ© aprĂšs ce niveau de production optimal induit un profit marginal nĂ©gatif.

6. Dans l’exemple chiffrĂ© du tableau, le niveau de produc-tion optimal pour un prix de 9 euros est de 3 unitĂ©s. Le profit total maximal s’élĂšverait alors Ă  six euros.

Document 3

L’offre : une relation croissante entre les prix et les quantitĂ©s offertes

7. La loi des rendements factoriels dĂ©croissants est bien vĂ©rifiĂ©e dans cet exemple puisque les coĂ»ts margi-naux de production sont croissants. Il faut rappeler ici aux Ă©lĂšves que ces coĂ»ts marginaux croissants sont la consĂ©quence de la loi des rendements factoriels dĂ©croissants (question 2 du document 1 p. 18). Le coĂ»t marginal s’élĂšve Ă  5 euros pour la quatriĂšme unitĂ©, ce qui est supĂ©rieur au coĂ»t marginal de la troisiĂšme unitĂ© (4 euros) et infĂ©rieur au coĂ»t marginal de la sixiĂšme unitĂ© (6 euros).

8. Igor offre trois kilos de fraises pour un prix de quatre euros et six kilos pour un prix de sept euros. La relation entre prix et quantité offerte est une relation croissante : plus le prix est élevé, plus la quantité qui est offerte est importante.

9. La loi des rendements factoriels dĂ©croissants implique que les coĂ»ts marginaux de production sont croissants. Partant, un prix plus Ă©levĂ© rend rentable (prix > coĂ»t marginal) la production d’unitĂ©s qui ne le serait pas pour un prix plus faible (prix < coĂ»t marginal).

Livre du prof.indb 8 01/07/2019 10:56

9 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

Document 4

InterprĂ©ter les pentes des courbes d’offre

10. La droite d’offre de bananes prĂ©sente une forte pente positive Ă  court terme parce qu’il faut du temps aux producteurs pour rĂ©agir Ă  la hausse des prix (mise en culture de nouvelles terres) : Ă  court terme, une hausse du prix, mĂȘme forte, ne se traduit pas par une hausse significative de la demande.

11. Les facteurs nĂ©cessaires Ă  la production de vĂȘte-ments sont facilement disponibles si bien que les producteurs peuvent rapidement augmenter les quan-titĂ©s offertes lorsque les prix augmentent. La pente de la droite d’offre de vĂȘtements est donc faiblement positive : une faible hausse de prix induit une forte hausse de la quantitĂ© offerte.

12. La droite d’offre de chambres d’hĂŽtel en pleine saison touristique est trĂšs peu sensible Ă  la varia-tion des prix parce qu’il est difficile Ă  court terme de proposer des chambres supplĂ©mentaires. De ce fait, la droite d’offre de chambres d’hĂŽtel prĂ©sente une forte pente positive.

Prix des chambres

d’hîtel

Droite d’offre des chambres d’hîtel

QuantitĂ© de chambres d’hĂŽtel

FAIRE LE POINT

Volume de production optimal

Arbitrage

Profit maximal

Prix = recette marginale

Coût marginal=

C. L’équilibre concurrentiel

Document 1

Des offres et demandes individuelles aux offres et demandes de marché

1. Pour un prix de cinq euros :

Quantité demandée par Jeanne et Bilel = 4 + 5 = 9.

Quantité demandée sur le marché = quantité demandée par Jeanne et Bilel + quantité demandée par les autres consommateurs sur le marché = 230.

Quantité offerte par Sarah et Igor = 4 + 9 = 13.

Quantité offerte sur le marché = quantité offerte par Sarah et Igor ainsi que les autres vendeurs sur le marché = 580.

2. L’offre (ou la demande individuelle) dĂ©signe l’offre (ou la demande) qui Ă©mane d’un acteur individuel alors que l’offre (ou la demande) de marchĂ© dĂ©signe l’agrĂ©gation, la somme respectivement de toutes les offres indivi-duelles et de toutes les demandes individuelles.

Document 2

La dĂ©termination du prix et de la quantitĂ© d’équilibre

3. Prix d’équilibre = 3 euros et quantitĂ© d’équilibre = 400.

4. Un excĂ©dent est une situation de dĂ©sĂ©quilibre dans laquelle la quantitĂ© offerte est supĂ©rieure Ă  la quantitĂ© demandĂ©e. Sur ce marchĂ©, lorsque le prix des fraises s’élĂšve Ă  5 euros, 350 kilos de fraises sont invendus (quantitĂ© offerte – quantitĂ© demandĂ©e = 580 – 230 = 350). Le retour Ă  l’équilibre est permis par une baisse du prix qui fait entrer des acheteurs sur le marchĂ© (hausse des quantitĂ©s demandĂ©es) et sortir des vendeurs (baisse des quantitĂ©s offertes).

5. Une pĂ©nurie est une situation de dĂ©sĂ©quilibre dans laquelle la quantitĂ© offerte est infĂ©rieure Ă  la quantitĂ© demandĂ©e. Sur ce marchĂ©, lorsque le prix des fraises s’élĂšve Ă  2 euros, une demande de 220 kilos de fraises ne peut pas ĂȘtre satisfaite (quantitĂ© demandĂ©e – quantitĂ© offerte = 500 – 280), faute d’un nombre suffisant d’of-freurs. Le retour Ă  l’équilibre est permis par une hausse du prix qui fait sortir des acheteurs du marchĂ© (baisse des quantitĂ©s demandĂ©es) et entrer des vendeurs (hausse des quantitĂ©s offertes).

Document 3

La finale de la League Europa en 2018

6. C’est une situation de pĂ©nurie. Pour un prix compris entre 45 et 65 euros, il y a beaucoup plus de places qui sont demandĂ©es que les places qu’il est possible d’offrir.

7. Cet Ă©quilibre sur le marchĂ© aurait Ă©tĂ© rĂ©sorbĂ© par une hausse du prix. Ce mĂ©canisme de marchĂ© peut s’ob-server sur le marchĂ© noir oĂč les places ont atteint le prix de 400 euros.

Livre du prof.indb 9 01/07/2019 10:56

10

Document 4 L’exclusion par les prix

8. Ce marchĂ© est Ă  l’équilibre puisque la quantitĂ© offerte est strictement Ă©gale Ă  la quantitĂ© demandĂ©e.

9. 300 ménages sont exclus du marché du logement représenté dans le graphique de ce document.

10. Si ces mĂ©nages sont exclus du marchĂ©, c’est souvent parce qu’ils n’ont pas des revenus suffisants pour payer le prix de marchĂ© des logements.

FAIRE LE POINT

Un marchĂ© concurrentiel rĂ©sorbe automatiquement les dĂ©sĂ©quilibres entre l’offre et la demande. En situation d’excĂ©dent (offre > demande), la baisse du prix assure le retour Ă  l’équilibre en diminuant la quantitĂ© offerte et en augmentant la quantitĂ© demandĂ©e. En situation de pĂ©nurie (demande > offre), la hausse du prix permet un rĂ©Ă©quilibrage de l’offre et de la demande en augmentant la quantitĂ© offerte et en diminuant la quantitĂ© demandĂ©e.

DOSSIER 3.Pourquoi la coordination parle marché est-elle efficace ? p. 22-25

A. Les surplus du consommateur et du producteur

Document 1

Les gains Ă  l’échange

1. La spĂ©cialisation permet aux individus de devenir plus productifs parce qu’ils consacrent l’intĂ©gralitĂ© de leur temps Ă  rĂ©aliser l’activitĂ© dans laquelle ils sont les plus productifs.

2. L’échange marchand est le corollaire indispensable de la spĂ©cialisation parce que le marchĂ© permet aux agents Ă©conomiques qui se sont spĂ©cialisĂ©s dans une production donnĂ©e d’échanger leur surplus de produc-tion contre les biens qu’ils ont renoncĂ© Ă  produire.

3. Les gains Ă  l’échange peuvent se dĂ©finir comme le surcroĂźt de richesse dont bĂ©nĂ©ficient les agents Ă©cono-miques lorsqu’ils recourent Ă  l’échange par rapport Ă  une situation d’autarcie.

Document 2

Le surplus du consommateur : l’exemple d’une vente aux enchùres

4. La disposition Ă  payer dĂ©signe le prix maximal qu’un individu est disposĂ© Ă  payer pour un bien ou un service. Elle diffĂšre selon les agents Ă©conomiques parce que ces derniers ont des prĂ©fĂ©rences qui diffĂšrent.

5. Le surplus du consommateur est la diffĂ©rence entre la disposition Ă  payer du consommateur et le prix qu’il

paye sur le marchĂ©. Le surplus du consommateur permet de mesurer le gain que le consommateur retire de l’échange.

6. John Ă©tait disposĂ© Ă  payer au maximum 100 euros pour obtenir le lot de cartes postales mais il a payĂ© seulement 81 euros. Le surplus du consommateur de John s’élĂšve donc Ă  19 euros.

7. John rĂ©alise un gain Ă  l’échange parce qu’il a payĂ© ce lot de cartes postales moins cher que le prix maximal qu’il Ă©tait disposĂ© Ă  payer.

Document 3

Gains Ă  l’échange et surplus du consommateur

8. Parce que sa disposition à payer est supérieure au prix pratiqué avant et aprÚs la baisse du prix.

9. La surface du triangle rectangle BAC reprĂ©sente le surplus du consommateur avant la hausse de prix et BDE, le surplus du consommateur aprĂšs la hausse de prix. Graphiquement, le surplus du consommateur correspond Ă  l’aire comprise entre la courbe de demande (qui indique Ă  la disposition Ă  payer) et le niveau du prix du marchĂ©.

10. Une baisse de prix augmente le surplus du consom-mateur pour deux raisons : – d’une part, chaque consommateur qui achetait dĂ©jĂ  le bien voit son surplus individuel augmenter (hausse de la diffĂ©rence entre la disposition Ă  payer et le prix = surface hachurĂ©e en bleu) ; – d’autre part, de nouveaux consommateurs entrent sur le marchĂ© et rĂ©alisent Ă©galement des gains Ă  l’échange (aire du triangle rectangle vert).

11. Lorsque le prix augmente, le surplus du consomma-teur diminue parce que : – certains consommateurs cessent de consommer le bien qui affiche dĂ©sormais un prix supĂ©rieur Ă  leur dispo-sition Ă  payer ; – les consommateurs qui continuer Ă  acheter le bien voient leur surplus individuel baisser (baisse de la diffĂ©-rence entre la disposition Ă  payer et le prix).

Document 4

Gains Ă  l’échange et surplus du producteur

12. La surface du triangle rectangle BDO reprĂ©sente le surplus du consommateur avant la hausse de prix et celle de CAO le surplus du producteur aprĂšs la hausse de prix. Le surplus du producteur se dĂ©finit comme la diffĂ©rence entre le prix perçu et le coĂ»t marginal. Graphiquement, le surplus du producteur correspond Ă  l’aire situĂ©e entre la courbe d’offre qui indique le coĂ»t marginal et le niveau de prix du marchĂ©.

13. Une hausse du prix d’un bien augmente le surplus du producteur pour deux raisons : – chaque producteur qui offrait dĂ©jĂ  le bien voit son surplus individuel augmenter aprĂšs la hausse du prix (hausse de la diffĂ©rence entre le prix perçu et le coĂ»t marginal) ;

Livre du prof.indb 10 01/07/2019 10:56

11 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

– de nouveaux producteurs aux coĂ»ts plus Ă©levĂ©s peuvent dĂ©sormais proposer leur production sur le marchĂ© parce qu’un prix plus Ă©levĂ© permet de couvrir leurs coĂ»ts de production. Ils rĂ©alisent dĂ©sormais un gain Ă  l’échange.

14. Lorsque le prix baisse, le surplus du producteur diminue parce que : – les producteurs aux coĂ»ts Ă©levĂ©s cessent de vendre leur production. En sortant du marchĂ©, ils ne rĂ©alisent plus de gains Ă  l’échange ; – les producteurs qui continuent Ă  vendre leur produc-tion sur le marchĂ© voient leur surplus individuel baisser (baisse de l’écart entre le prix perçu et le coĂ»t marginal).

FAIRE LE POINT

Échanges marchands

Spécialisation

Gains de productivité

Gains Ă  l’échange

B. Le marché maximise la somme des surplus

Document 1

Allocation optimale des ressources et coordination par le marché

1. La main invisible dĂ©signe le mĂ©canisme par lequel le systĂšme de prix parvient Ă  faire en sorte que des dĂ©ci-sions individuelles motivĂ©es par la recherche de l’intĂ©rĂȘt personnel aillent dans le sens de la rĂ©alisation de l’in-tĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral.

2. Adam Smith souligne dans cette phrase qu’il est vain de mettre en Ɠuvre des actions visant Ă  servir l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Il est bien plus efficace de laisser les individus chercher Ă  satisfaire leur intĂ©rĂȘt personnel pour parvenir au bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral. Cette phrase promeut le libĂ©ra-lisme Ă©conomique, une doctrine qui fait confiance aux mĂ©canismes de marchĂ© pour assurer l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et qui rejette l’intervention de l’État dans l’économie.

3. En prenant l’exemple du crayon de Milton Friedman, on peut constater que le marchĂ© incite les agents Ă©cono-miques Ă  se spĂ©cialiser dans la production des diffĂ©rents composants entrant dans la fabrication du crayon. DĂšs lors qu’il existe une demande Ă  un prix suffisamment rĂ©munĂ©rateur, il se trouvera toujours quelqu’un, quelque part, pour y rĂ©pondre. Le marchĂ© rend donc compatibles les plans des offreurs et des demandeurs. Il est possible

d’aborder cette question de la coordination des dĂ©ci-sions Ă©conomiques par le marchĂ© Ă  partir de la vidĂ©o sous-titrĂ©e en français dans laquelle Milton Friedman dĂ©veloppe son cĂ©lĂšbre exemple du crayon (https://www.youtube.com/watch?v=SDUB4Pw39sg).

Document 2

Le rÎle régulateur des prix

4. Quand le prix du pétrole augmente, les agents écono-miques comprennent que ce dernier se raréfie et/ou devient plus rare.

5. La hausse du prix permet aux producteurs de pĂ©trole d’exploiter de nouveaux gisements qui Ă©taient jusqu’alors trop coĂ»teux (pĂ©trole offshore, exploitation des gaz de schiste ou des sables bitumeux, etc.). Du cĂŽtĂ© des demandeurs, la hausse du prix incite les consomma-teurs Ă  Ă©conomiser le pĂ©trole.

6. Il est prĂ©fĂ©rable de laisser les prix augmenter parce que la hausse du prix permet de rĂ©guler le marchĂ©, c’est-Ă -dire d’égaliser l’offre et la demande.

Document 3

À l’équilibre, le surplus collectif est maximal

7. Le surplus collectif correspond Ă  la somme des surplus du consommateur et du producteur.

8. Un Ă©change est qualifiĂ© de mutuellement avanta-geux lorsqu’il permet un gain Ă  l’échange Ă  la fois pour le producteur et pour le consommateur. Des Ă©changes libres entre agents Ă©conomiques rationnels sont nĂ©ces-sairement mutuellement avantageux.

9. Si le prix diffĂšre du prix d’équilibre, la quantitĂ© effecti-vement Ă©changĂ©e est infĂ©rieure Ă  la quantitĂ© d’équilibre. Cela signifie que des Ă©changes mutuellement avantageux ne sont pas rĂ©alisĂ©s parce que le prix n’est pas Ă  son niveau d’équilibre. Le surplus collectif n’est donc pas maximal. Par exemple, sur le graphique, quand le prix s’élĂšve Ă  45 euros, seulement 6 unitĂ©s sont Ă©changĂ©es alors que deux Ă©changes supplĂ©mentaires gĂ©nĂ©rant des gains Ă  la fois pour les offreurs et pour les demandeurs (aire BCE) pour-raient avoir lieu si le prix baissait Ă  30 euros.

10. À l’équilibre, la somme des surplus est maximisĂ©e parce que tous les Ă©changes mutuellement avantageux sont rĂ©alisĂ©s.

Document 4

L’inefficacitĂ© des prix administrĂ©s : l’exemple des loyers plafonnĂ©s

11. Dans cet exemple, le prix plafond est infĂ©rieur au prix d’équilibre. Il engendre une situation de pĂ©nurie de l’ordre de 400 000 logements (la quantitĂ© demandĂ©e – 2,2 millions – est supĂ©rieure Ă  la quantitĂ© offerte – 1,8 million) qui perdure parce que le prix ne peut pas s’ajuster Ă  la hausse. Or c’est cet ajustement Ă  la hausse qui permet-trait le rĂ©Ă©quilibrage de l’offre et de la demande.

Livre du prof.indb 11 01/07/2019 10:56

12

12. La perte sĂšche correspond aux pertes de surplus du consommateur et de surplus du producteur induites par la non rĂ©alisation d’échanges mutuellement avanta-geux. Cette perte sĂšche correspond Ă  la diffĂ©rence entre le surplus total Ă  l’équilibre (aire ABC) et le surplus total aprĂšs la mise en Ɠuvre du prix plafond (ADEC), soit l’aire BDE.

13. Un prix plafond gĂ©nĂšre d’autres effets pervers : 1) une faible incitation et une faible capacitĂ© pour les offreurs Ă  entretenir les logements, ce qui dĂ©bouche sur une dĂ©gradation du parc immobilier ; 2) l’exigence de droits d’entrĂ©e de la part des propriĂ©taires ; 3) de la sous-location, etc.

14. ReprĂ©sentation graphique d’un prix-plancher supĂ©-rieur au prix d’équilibre et de la perte sĂšche que ce prix-plancher induit :

Prix

Excédent

Perte sĂšche

Offre

Prix plancher

Demande

Quantité

FAIRE LE POINT

1. Vrai (Les prix vĂ©hiculent de l’information).

2. Faux (Parce qu’à l’équilibre la somme des surplus est maximisĂ©e).

3. Faux (La quantitĂ© Ă©changĂ©e est moins importante qu’en situation d’équilibre).

4. Vrai (Parce que des Ă©changes mutuellement avanta-geux ne peuvent pas avoir lieu).

DOSSIER 4.Comment les modifications de l’offreet de la demande affectent-ellesl’équilibre concurrentiel ? p. 26-29

A. La dynamique de l’équilibre concurrentiel

Document 1

Les dĂ©terminants de l’offre et de la demande

1. Un choc d’offre positif est un Ă©vĂšnement qui pousse les offreurs Ă  offrir une quantitĂ© plus importante qu’au-

paravant quel que soit le niveau de prix. Graphiquement, cela se traduit par un dĂ©placement sur la droite de la courbe d’offre. Un choc de demande est un Ă©vĂšnement qui pousse les acheteurs Ă  demander une quantitĂ© moins importante quel que soit le niveau de prix. Graphique-ment, cela se traduit par un dĂ©placement sur la gauche de la courbe de demande.

2. Les mandarines Ă©tant substituables aux oranges, la baisse de leur prix impacte nĂ©gativement la demande d’oranges. La courbe de demande d’oranges se dĂ©place alors sur la gauche.

3. Le passage de D1 Ă  D3 correspond Ă  un dĂ©placement sur la droite de la courbe de demande, soit un choc de demande positif. Ce dĂ©placement sur la droite de la courbe de demande induit un dĂ©placement vers le haut sur la courbe d’offre qui fait augmenter le prix.

Document 2

Comment expliquer la hausse du prix du logement en France ?

4. Dans le 6e hausse de 189 %, dans le 14e hausse de 215 %, et dans le 19e, hausse de 214 % (soit respective-ment des multiplications du prix par 2,89, 3,15 et 3,14).

5. Facteurs affectant la demande de logements : 1) niveau des taux d’intĂ©rĂȘt et durĂ©e des prĂȘts ; 2) crois-sance dĂ©mographique ; 3) multiplication du nombre de mĂ©nages avec le dĂ©veloppement du cĂ©libat et des divorces ; 4) anticipation d’une future hausse des prix.

6. Facteurs affectant l’offre de logements : 1) raretĂ© des terrains ; 2) normes d’urbanisme limitant la taille des bĂątiments ; 3) hausse des coĂ»ts de production dans le bĂątiment.

7. Le prix du logement dans les grandes villes comme Paris a beaucoup augmentĂ© parce que le rythme de croissance de la demande a Ă©tĂ© beaucoup plus rapide que le rythme de croissance de l’offre.

Document 3

Utiliser le modĂšle du marchĂ© concurrentiel pour conseiller l’action publique

8. La demande de cannabis est reprĂ©sentĂ©e sous la forme d’une droite Ă  forte pente nĂ©gative parce que la consommation de cannabis est peu sensible Ă  la varia-tion du prix (addiction).

9. La politique de sensibilisation est plus efficace que la politique de rĂ©pression parce qu’elle se traduit par une baisse plus importante des quantitĂ©s de cannabis Ă©changĂ©es. Comment l’expliquer ? – La politique de rĂ©pression gĂ©nĂšre un choc d’offre nĂ©gatif qui fait augmenter les prix. Mais cette hausse de prix ne modĂšre que trĂšs peu la demande car l’addiction au cannabis des consommateurs fait que leur demande est trĂšs peu sensible Ă  la hausse des prix. – La politique de prĂ©vention gĂ©nĂšre un choc de demande nĂ©gatif qui fait baisser les prix et cette baisse de prix dĂ©sincite les offreurs Ă  continuer Ă  proposer du cannabis sur le marchĂ©.

Livre du prof.indb 12 01/07/2019 10:56

13 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

FAIRE LE POINT

Hausse du prix des fÚves de cacao et marché du chocolat

Prix

Quantité

O1

D

O2

Effet sur le prix et la quantitĂ© d’équilibre de chocolat :

Hausse du prix du chocolat&

Baisse de la quantité échangée

Apparition de nouveaux offreurs sur le marché des Smartphones

Prix

Quantité

O1

O2

D

Effet sur le prix et la quantitĂ© d’équilibre de Smartphones :

Baisse du prix des Smartphones&

Hausse de la quantité échangée

Hausse de la population et marché du logement

Prix

Quantité

O

D1

Effet sur le prix et la quantitĂ© d’équilibre du logement :

Hausse du prix du logement&

Hausse de la quantité échangée

D2

Baisse du prix du train et marché du transport aérien intérieur

Prix

Quantité

O

Effet sur le prix et la quantitĂ© d’équilibre de vols intĂ©rieurs :

Baisse du prix des vols intérieurs&

Baisse de la quantité échangée

D1

D2

Livre du prof.indb 13 01/07/2019 10:56

14

B. Les effets d’une taxe forfaitaireDans cette partie, le choix a Ă©tĂ© fait, dans un souci de clartĂ© pĂ©dagogique, de prĂ©senter uniquement les effets d’une taxe forfaitaire appliquĂ©e sur le producteur.

Document 1Les effets d’une taxe forfaitaire sur l’offre et la demande

1. Lorsqu’une taxe forfaitaire est appliquĂ©e aux produc-teurs, cela se traduit par un choc d’offre nĂ©gatif qui dĂ©place sur la gauche la courbe d’offre. Le prix d’équi-libre augmente (de 40 Ă  45 euros) et la quantitĂ© Ă©changĂ©e diminue (de 250 Ă  225 sorties).

2. Avant la mise en Ɠuvre de la taxe, le moniteur perce-vait 40 euros pour une sortie de canyoning. Le montant net de taxe perçu par l’offreur passe Ă  35 euros aprĂšs la mise en Ɠuvre de la taxe. Bien que ce soit l’offreur qui soit ciblĂ© par la taxe, il en supporte effectivement seulement la moitiĂ© de la charge (5 euros sur 10 euros).

3. Le prix payĂ© par le consommateur augmente de cinq euros aprĂšs la mise en Ɠuvre de la taxe, le prix de la sortie canyoning passant de 40 Ă  45 euros. Dans cet exemple, le poids de la taxe est Ă©galement rĂ©parti entre les offreurs (leur recette par sortie baisse de cinq euros) et les deman-deurs (le prix de la sortie augmente de cinq euros).

Document 2La taxation de l’autoroute principalement supportĂ©e par les offreurs

4. La pente de la courbe d’offre est fortement nĂ©ga-tive, ce qui signifie que l’offre de service autoroutier est peu sensible au prix. Cela s’explique par le fait qu’il est difficile, long et coĂ»teux d’augmenter ou de baisser les capacitĂ©s des autoroutes.

5. La demande de services autoroutiers est sensible au prix parce qu’il existe des biens substituables comme les routes nationales ou dĂ©partementales.

6. AprĂšs introduction d’une taxe de cinq euros, le prix payĂ© par les consommateurs passe de 5 Ă  6 euros et le prix net de taxe perçu par l’offreur de 6 Ă  2 euros. La taxe est principalement supportĂ©e par l’offreur (80 % de la taxe).

7. Lorsque l’offre est beaucoup moins sensible au prix que la demande, le poids de la taxe est essentiellement supportĂ© par les offreurs.

Document 3L’écotaxe sur le carburant : principalement supportĂ©e par les consommateurs

8. L’offre de carburant est trĂšs sensible au prix parce que la hausse du prix du carburant incite les offreurs Ă  exploiter des gisements plus difficiles et coĂ»teux.

9. La demande est peu sensible au prix du carburant parce qu’il n’existe pas beaucoup de biens substituables au pĂ©trole.

10. Aprùs la taxe, les demandeurs paient 1,18 euros au lieu de 0,8 €, soit 38 centimes de plus. La recette nette

de taxe des offreurs baisse pour sa part de 2 centimes passant de 0,8 € Ă  0,78 €. 95 % de la taxe, ciblant pour-tant les producteurs, est effectivement supportĂ©e par les demandeurs.

11. Lorsque la demande est beaucoup moins sensible au prix que l’offre, le poids de la taxe est essentiellement supportĂ© par les demandeurs.

Document 4

L’acceptabilitĂ© sociale de la taxe carbone

12. La recette fiscale s’obtient en multipliant les quan-titĂ©s Ă©changĂ©es (9,2 millions = BC = AD) par le montant de la taxe (0,4 € = AB = CD) soit 3,68 millions d’euros.

13. L’aire ABE correspond Ă  la perte sĂšche induite par la taxe, c’est-Ă -dire les Ă©changes mutuellement avanta-geux empĂȘchĂ©s par la taxe.

14. L’écotaxe donne un prix Ă  la pollution et incite ainsi les agents Ă©conomiques Ă  moins polluer parce que c’est dĂ©sormais coĂ»teux pour eux.

15. L’écotaxe n’a pas Ă©tĂ© acceptĂ©e par les Français en 2018 parce qu’elle posait un double problĂšme de justice sociale : – l’écotaxe ne s’applique pas au kĂ©rosĂšne utilisĂ© dans le transport aĂ©rien. Or ce moyen de locomotion induit de fortes Ă©missions de GES ;– c’était une taxe rĂ©gressive : la part du revenu qui est consacrĂ©e Ă  payer la taxe est plus forte chez les mĂ©nages les plus modestes parce que les classes populaires et les classes moyennes sont des catĂ©gories sociales pour lesquelles les dĂ©penses en essence reprĂ©sentent une part importante de leur budget (revenu limitĂ© et absence de substituts au transport automobile). Pour accroĂźtre l’acceptabilitĂ© sociale de la taxe, il faudrait utiliser les recettes de l’écotaxe pour :– indemniser ceux dont le pouvoir d’achat est affectĂ© de maniĂšre significative ; – investir dans des infrastructures de transport collectif efficaces pour rendre ces populations moins dĂ©pen-dantes de la voiture et leur donner ainsi la possibilitĂ© de ne pas utiliser leur vĂ©hicule.

FAIRE LE POINT

1. Faux (Cela dĂ©pend du degrĂ© de sensibilitĂ© au prix de l’offre et de la demande).

2. Vrai (La taxe est un choc d’offre nĂ©gatif qui dĂ©place la courbe d’offre sur la gauche, ce qui fait que l’on se dĂ©place vers le haut sur la courbe de demande (le prix augmente)).

3. Faux (Une taxe prélevée sur les demandeurs déplace la courbe de demande vers la gauche).

4. Vrai (Parce que la courbe d’offre se dĂ©place vers la gauche ; cela entraĂźne un dĂ©placement vers le haut sur la courbe de demande qui prĂ©sente une forte pente nĂ©gative : le prix augmente beaucoup et la taxe est donc principalement supportĂ© par les demandeurs sous la forme d’une hausse du prix du bien).

Livre du prof.indb 14 01/07/2019 10:56

15 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

EXERCICES p. 33-34

Exercice 1

1. Vrai (Un agent Ă©conomique utilise les moyens les plus efficaces pour parvenir aux buts qu’il s’est fixĂ©s. De cette maniĂšre, il peut accomplir la plus large palette possible de ses objectifs).

2. Faux (Sur un marché concurrentiel, les agents écono-miques sont preneurs de prix).

3. Faux (La demande est une fonction décroissante du prix).

4. Vrai (Parce qu’un agent Ă©conomique rationnel va produire toutes les unitĂ©s qui gĂ©nĂšrent un profit marginal. Il cesse d’augmenter la quantitĂ© offerte une fois qu’il a produit l’unitĂ© permettant d’égaliser le prix et le coĂ»t marginal).

5. Faux (Le prix d’équilibre se fixe de maniĂšre Ă  Ă©galiser les quantitĂ©s offertes et demandĂ©es).

6. Faux (La hausse du prix renforcerait le problĂšme d’excĂ©dent en augmentant les quantitĂ©s offertes et en baissant les quantitĂ©s demandĂ©es).

7. Vrai (L’échange marchand permet aux agents Ă©cono-miques de se spĂ©cialiser et donc de rĂ©aliser des gains de productivitĂ©. Ils Ă©changent leur excĂ©dent de production contre les biens et services qu’ils ne produisent pas mais qu’ils obtiennent en plus grande quantitĂ© qu’en situation d’autarcie).

8. Faux (C’est la diffĂ©rence entre le prix et le coĂ»t marginal).

9. Faux (Une hausse de la fiscalitĂ© alourdit les coĂ»ts de production. C’est donc un choc d’offre nĂ©gatif qui dĂ©place sur la gauche la courbe d’offre).

10. Faux (Cela dĂ©pend des sensibilitĂ©s aux prix respec-tives de l’offre et de la demande).

Exercice 2

1. Indice des prix Ă  la consommation (base 100 en 2010) = 0,46 x 115 + 0,02 x 110 + 0,08 x 130 + 0,16 x 130 + 0,28 x 110 = 52,9 + 2,2 + 10,4 + 20,8 + 30,8 = 117,1.

2. Entre 2010 et 2019, les prix ont augmenté en moyenne de 17,1 %.

Exercice 3

Marché considéré Marché du blé Marché de la restauration

Marché du transport aérien

Marché des couches jetables pour nourrissons

ÉvĂšnement Forte sĂ©cheresse aux États-Unis

Augmentation du coût du travail

Forte hausse du prix du train

Baisse de la natalité

Effet sur l’offre ou la demande

Diminution de l’offre Diminution de l’offre Augmentation de la demande

Diminution de la demande

DĂ©placement de la droite d’offre ou de demande

DĂ©placement sur la gauche de la courbe d’offre

DĂ©placement sur la gauche de la courbe d’offre

DĂ©placement sur la droite de la courbe de demande

DĂ©placement sur la gauche de la courbe de demande

Évolution du prix et des quantitĂ©s Ă©changĂ©es

Hausse du prix du blé et baisse de la quantité échangée

Hausse du prix des repas et baisse de la quantité échangée

Hausse du prix du transport aérien et hausse des quantités échangées

Baisse du prix des couches jetables et baisse des quantités échangées

Effet d’une forte sĂšcheresse aux États-Unis sur le marchĂ© du blĂ©

Prix

Quantité

O1

D

O2

Effet d’une augmentation du coĂ»t du travail sur le marchĂ© de la restauration

Prix

Quantité

O1

D

O2

Livre du prof.indb 15 01/07/2019 10:56

16

Effet d’une forte hausse du prix du train sur le marchĂ© du transport aĂ©rien

Prix

Quantité

D1

O

D2

Effet d’une baisse de la natalitĂ© sur le marchĂ© des couches jetables pour nourrissons

Prix

Quantité

D2

O

D1

Exercice 4

1. Pour un prix de quatre euros, GĂ©rald comman-dera quatre assiettes. C’est la quantitĂ© consommĂ©e qui lui permet de maximiser sa satisfaction puisque cette quatriĂšme assiette lui confĂšre une utilitĂ© margi-nale strictement Ă©gale au prix qu’il paie. Le surplus du consommateur qu’il perçoit, autrement dit ses gains Ă  l’échange, s’élĂšve Ă  12 euros : (10 – 4) + (8 – 4) + (6 – 4) + (4 – 4) = 12.

2. Pour un prix de six euros, GĂ©rald consommera trois assiettes. C’est dĂ©sormais la quantitĂ© de consommation optimale pour laquelle l’utilitĂ© marginale est Ă©gale au prix. Son surplus s’élĂšve dĂ©sormais Ă  (10 – 6) + (8 – 6) + (6 – 6) = 6 euros, soit 6 euros de moins que la semaine prĂ©cĂ©dente.

3. GĂ©rald a intĂ©rĂȘt Ă  accepter la formule Ă  volontĂ© parce que les assiettes qui lui confĂšrent une utilitĂ© marginale positive fournissent un niveau d’utilitĂ© totale supĂ©rieure au prix qu’il paye (30 euros d’utilitĂ© confĂ©rĂ©e par les six premiĂšres assiettes contre un prix de la formule Ă  volontĂ© qui s’élĂšve Ă  25 euros). Sa satisfaction sera maxi-male lorsqu’il aura mangĂ© toutes les assiettes qui lui confĂšrent une utilitĂ© marginale positive ou nulle, soit six assiettes.

4. Si le profil de GĂ©rald est reprĂ©sentatif, le prix maximal que les consommateurs sont disposĂ©s Ă  payer pour une formule Ă  volontĂ© s’élĂšve Ă  30 euros. Ce prix de 30 euros est donc le prix maximal que peuvent fixer les restaura-teurs pour ce type de prestation s’ils souhaitent encore attirer des clients. Au-delĂ , il se couperont de la majeure partie de leur clientĂšle.

Exercice 5

1. et 2.

Prix

Offre

Demande

Quantité

40

35

30

25

20

15

10

5

010 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200

3. Qd = Qo ⇔ 130 – 3P = 3P + 10 ⇔ 6P = 120 ⇔ P = 20

Q = 130 – 3P ; or on sait que P = 20, donc Q = 130 – 60 = 70.Le prix d’équilibre s’élĂšve Ă  20 euros et la quantitĂ© d’équilibre Ă  70 unitĂ©s.

4.

PrixOffre avant la sécheresse

Demande

Quantité

40

35

30

25

20

15

10

5

010 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200

Offre aprÚsla sécheresse

5. Qd = Qo ⇔ 130 – 3P = 3P – 20 ⇔ 6P = 150 ⇔ P = 25.Q = 130 – 3P ; or on sait que P = 25, donc Q = 130 – 75 = 55.Le prix d’équilibre s’élĂšve dĂ©sormais Ă  25 euros et la quantitĂ© d’équilibre Ă  55 unitĂ©s. Ce choc d’offre nĂ©gatif a diminuĂ© les quantitĂ©s Ă©changĂ©es de 15 unitĂ©s.

Livre du prof.indb 16 01/07/2019 10:56

17 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

6. Si les pouvoirs publics fixent un prix plafond pour les cĂ©rĂ©ales, c’est pour Ă©viter que les consommateurs soient exclus par les prix de l’accĂšs Ă  un bien essentiel Ă  leur survie.

7.

Prix

Offre avant la sécheresse

Demande

Quantité

40

35

30

25

20

15

10

5

010 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200

Offre aprÚsla sécheresse

QO< QD

prix plafond

pénurie

8. On constate une situation de pénurie : les quantités offertes sont inférieures aux quantités demandées.

VERS LE BAC.Épreuve de spĂ©cialitĂ© p. 36-37

PARTIE 1. Mobilisation de connaissances et traitement de l’information

Exercice

1. L’offreur est un agent Ă©conomique rationnel qui cherche Ă  maximiser son profit. Puisque l’offreur est preneur de prix sur un marchĂ© concurrentiel, il n’a pas de marges d’action sur le prix. Il peut seulement dĂ©terminer la quantitĂ© qu’il va produire. Pour dĂ©ter-miner le niveau de production optimal, c’est-Ă -dire la quantitĂ© produite qui maximise son profit total, l’offreur va raisonner Ă  la marge en comparant la recette margi-nale qu’il retire d’une unitĂ© supplĂ©mentaire (le prix de marchĂ©) et son coĂ»t marginal. Il est important de signaler que le prix de marchĂ© est une constante mais que ce n’est pas le cas du coĂ»t marginal qui augmente avec les quantitĂ©s produites du fait de la loi des rende-ments factoriels dĂ©croissants. Dans ces conditions, l’offreur va produire toutes les unitĂ©s qui se vendront Ă  un prix supĂ©rieur ou Ă©gal au coĂ»t marginal, c’est-Ă -dire toutes unitĂ©s permettant un profit marginal. Il cessera d’augmenter les quantitĂ©s offertes une fois qu’il aura produit l’unitĂ© permettant d’égaliser coĂ»t marginal et prix de marchĂ©. Ce niveau de production atteint, l’offreur n’a plus aucun intĂ©rĂȘt Ă  produire des unitĂ©s supplĂ©mentaires parce que cela se traduirait par des

pertes marginales (prix < coût marginal) qui viendraient diminuer son profit total.

Nous venons de prĂ©senter comment l’offreur dĂ©ter-mine la quantitĂ© qu’il offre pour un niveau de prix donnĂ© mais la question porte sur l’offre, c’est-Ă -dire la relation entre les quantitĂ©s offertes et les prix. Il faut donc analyser Ă  partir du modĂšle de comportement du producteur comment Ă©voluent les quantitĂ©s offertes lorsque le prix varie. Si le prix de marchĂ© s’élĂšve, des unitĂ©s produites supplĂ©mentaires dĂ©gageront dĂ©sor-mais un profit marginal parce que le prix de marchĂ© plus Ă©levĂ© permet de couvrir le coĂ»t marginal plus Ă©levĂ© de ces unitĂ©s supplĂ©mentaires. L’offreur est donc incitĂ© Ă  proposer une quantitĂ© plus importante sur le marchĂ© lorsque le prix augmente. Inversement, la baisse du prix de marchĂ© fait que des unitĂ©s qui, jusqu’alors, gĂ©nĂ©raient un profit marginal (prix > coĂ»t marginal), engendrent dĂ©sormais une perte marginale (prix < coĂ»t marginal). Dans ce cas les offreurs sont incitĂ©s Ă  diminuer la quantitĂ© offerte. Nous constatons donc que l’offre est une fonction croissante du prix : quand le prix augmente, la quantitĂ© offerte croĂźt alors que, lorsque le prix baisse, la quantitĂ© offerte diminue. Cette relation croissante entre quantitĂ©s offertes et prix de marchĂ© trouve son fondement dans la loi des rendements facto-riels dĂ©croissants qui gĂ©nĂšre des coĂ»ts marginaux de production croissants.

2.

Prix

Offre

Demande

Quantité

16

14

12

10

8

6

4

2

01 2 3 4 5 6 7 8 9 10

24

22

20

18

28

26

Le prix d’équilibre s’élĂšve Ă  12 euros et la quantitĂ© d’équilibre Ă  6 unitĂ©s.

Livre du prof.indb 17 01/07/2019 10:56

18

3. La mise en Ɠuvre d’une taxe gĂ©nĂšre un choc d’offre nĂ©gatif qui fait baisser les quantitĂ©s Ă©changĂ©es (passage de 6 unitĂ©s Ă  5 unitĂ©s) et augmenter le prix (passage de 12 euros Ă  15 euros).

Prix

Offreavant la taxe

Demande

Quantité

16

14

12

10

8

6

4

2

01 2 3 4 5 6 7 8 9

24

22

20

18

28

26

Taxe

OffreaprĂšs la taxe

Partie de la taxesupportée par les consommateurs

Partie de la taxe supportée par les producteurs

Cette taxe qui cible les producteurs est essentiellement supportĂ©e par les consommateurs (3/4 de la taxe) parce que la demande est beaucoup moins sensible aux prix que l’offre. La taxe sur les producteurs engendre un choc d’offre nĂ©gatif qui dĂ©place la courbe d’offre sur la gauche. Ce dĂ©placement de la courbe d’offre induit un dĂ©placement vers le haut sur la courbe de demande qui prĂ©sente une forte pente nĂ©gative. Le prix augmente fortement (de 12 Ă  15 euros), la taxe est principalement supportĂ©e par les consommateurs.

Partie 2. Raisonnement appuyĂ© sur un dossier documentaireÀ l’aide de vos connaissances et du dossier documen-taire, vous montrerez comment fonctionne un marchĂ© concurrentiel.

3 IntroductionUn marchĂ© concurrentiel est un marchĂ© sur lequel les conditions de la concurrence pure et parfaite (atomicitĂ©, homogĂ©nĂ©itĂ© des produits, transparence de l’informa-tion, fluiditĂ©, parfaite mobilitĂ© des facteurs de production) si bien que les offreurs et les demandeurs sont preneurs de prix. Cela signifie que les agents Ă©conomiques qui interagissent sur ce type de marchĂ© n’ont pas la capa-citĂ© de fixer leurs prix. Pour prĂ©senter le fonctionnement

d’un marchĂ© concurrentiel, il faut donc tout d’abord rappeler que le fonctionnement du marchĂ© repose sur un certain nombre d’institutions. Puis il s’agira de montrer que, sur ce type de marchĂ©, la rencontre d’offreurs et de demandeurs motivĂ©s par leurs intĂ©rĂȘts personnels donne naissance Ă  un prix qui permet d’équilibrer les quantitĂ©s offertes et demandĂ©es de telle maniĂšre que le surplus collectif est maximal. Enfin, la flexibilitĂ© des prix permet un retour Ă  l’équilibre, et donc Ă  une situation de surplus collectif maximal, lorsque les conditions d’offre ou de demande Ă©voluent.

3 Proposition de plan détaillé

I/ Le fonctionnement du marchĂ© repose sur un certain nombre d’institutions.– L’échange marchand nĂ©cessite un transfert de propriĂ©tĂ©. La dĂ©finition de droits de propriĂ©tĂ© ainsi que leur protection est donc essentielle pour permettre les Ă©changes. – La justice doit garantir la bonne exĂ©cution des contrats pour que les offreurs et les demandeurs se fassent confiance et s’engagent dans les Ă©changes. – Des institutions de mesure (des poids, des longueurs, etc.) et de transaction (la monnaie) sont nĂ©cessaires pour que les Ă©changes aient lieu.

II/ Les interactions entre offreurs et demandeurs donnent naissance Ă  un prix qui permet d’équilibrer les quantitĂ©s offertes et demandĂ©es, ce qui maximise le surplus collectif.– L’offreur est un agent Ă©conomique rationnel qui cherche Ă  maximiser son profit total. Il va produire toutes les unitĂ©s qui gĂ©nĂšrent un profit marginal (prix > coĂ»t) et s’arrĂȘter de produire pour la quantitĂ© qui Ă©galise prix et coĂ»t marginal, quantitĂ© pour laquelle le profit total est maximal. L’offreur peut faire ce calcul pour tous les niveaux de prix et il constate que la quantitĂ© qu’il offre est une fonction croissante du prix parce que ses coĂ»t marginaux de production sont croissants, ce qui est la consĂ©quence de la loi des rendements factoriels dĂ©crois-sants (Doc. 1). L’ensemble des relations prix-quantitĂ©s offertes correspondent Ă  la courbe de demande. Le document 2 confirme que l’offre est une fonction crois-sante du prix.– Le demandeur est lui aussi un agent Ă©conomique rationnel qui cherche Ă  maximiser sa satisfaction. Comme l’offreur, il procĂšde Ă  une analyse Ă  la marge pour dĂ©terminer la quantitĂ© achetĂ©e qui va maximiser sa satisfaction. Il achĂštera donc toutes les unitĂ©s qui gĂ©nĂšrent une utilitĂ© marginale supĂ©rieure Ă  leur coĂ»t marginal, c’est-Ă -dire leur prix. Il s’arrĂȘtera de consommer pour la quantitĂ© qui permet d’égaliser utilitĂ© marginale et prix. Comme l’utilitĂ© marginale est dĂ©croissante (Doc. 1), la relation entre les prix et les quantitĂ©s demandĂ©es est dĂ©croissante, ce que confirme le graphique du document 2. – Sur le marchĂ©, les offres individuelles et les demandes individuelles s’agrĂšgent pour donner naissance respec-tivement Ă  l’offre de marchĂ© et Ă  la demande de marchĂ© dont la confrontation fait Ă©merger un prix permettant

Livre du prof.indb 18 01/07/2019 10:56

19 CHAPITRE 1 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

d’équilibrer les quantitĂ©s offertes et les quantitĂ©s comme le montre le graphique 1 :

Graphique 1

Prix

quantité

Offre

Demande

Prixd’équilibre

QuantitĂ© d’équilibre

Tous les Ă©changes se font Ă  ce prix. Par exemple, sur le marchĂ© espagnol de l’électricitĂ© en gros, le KWh s’est Ă©changĂ© Ă  55 centimes le 21 septembre 2002. – Lorsque le marchĂ© est Ă  l’équilibre, le surplus collectif est maximal. Il faut tout d’abord rappeler que les Ă©changes marchands permettent aux agents Ă©conomiques de se spĂ©cialiser et donc de rĂ©aliser des gains de productivitĂ© en se consacrant uniquement aux activitĂ©s dans lesquelles ils sont les meilleurs. Ils peuvent alors Ă©changer leurs excĂ©dents de production pour obtenir auprĂšs d’autrui les autres biens et services qu’ils obtiennent en plus grande quantitĂ© par rapport Ă  une situation d’autarcie. Les agents Ă©conomiques rĂ©alisent donc des gains Ă  l’échange. Ces gains Ă  l’échange sont mesurĂ©s par les Ă©conomistes Ă  travers les concepts de surplus du producteur (diffĂ©rence entre le prix perçu et le coĂ»t marginal) et de surplus du consommateur (diffĂ©rence entre la disposition Ă  payer et le prix payĂ©) que l’on peut observer dans le graphique 2. L’aire en orange correspond au surplus du consommateur et l’aire en bleu, le surplus du producteur. La somme de ces deux aires reprĂ©sente le surplus total ou collectif et on se rend compte que ce surplus est maximal lorsque le marchĂ© est Ă  l’équilibre.

Graphique 2

Prix

Quantité

Offre

Demande

Prixd’équilibre

QuantitĂ© d’équilibre

III/ Lorsque les conditions d’offre ou de demande chan-gent, la flexibilitĂ© des prix permet un retour Ă  l’équilibre qui garantit une allocation optimale des ressources.

– L’offre dĂ©pend de multiples facteurs comme la techno-logie, le nombre d’offreurs, les coĂ»ts salariaux, les coĂ»ts des matiĂšres premiĂšres ou les taxes. Pour la demande, ce sont les revenus, les prĂ©fĂ©rences, les prix des biens complĂ©mentaires et substituables ou le nombre de consommateurs.

– Lorsque ces conditions d’offre et de demande changent, il est nĂ©cessaire de modifier l’allocation des ressources pour assurer un surplus collectif maximal. Ce sont les marchĂ©s, Ă  travers le systĂšme de prix qui vont permettre cette rĂ©allocation des ressources indis-pensable pour maximiser le surplus total.

– Prenons l’exemple d’une modification des prĂ©fĂ©rences des consommateurs. Supposons qu’ils dĂ©veloppent une appĂ©tence beaucoup plus marquĂ©e pour les produits issus de l’agriculture biologique. L’allocation des ressources n’est plus adaptĂ©e aux prĂ©fĂ©rences des consommateurs : trop de facteurs de production sont consacrĂ©s Ă  l’agriculture conventionnelle et pas assez Ă  l’agriculture biologique. Le choc de demande positif que constitue ce changement de prĂ©fĂ©rence sur le marchĂ© des produits biologiques va dĂ©placer la courbe de demande sur la droite et entraĂźner un dĂ©placement vers le haut sur la courbe d’offre et une hausse des prix (voir graphique 3).

Graphique 3

Prix

Quantité

Offre

Demande

Prixd’équilibre

QuantitĂ© d’équilibre

Cette variation Ă  la hausse du prix signale aux offreurs que les consommateurs dĂ©sirent davantage de produits biologiques. Supposant que les offreurs sont rationnels, ces derniers vont alors ĂȘtre incitĂ©s Ă  passer de l’agri-culture conventionnelle Ă  l’agriculture biologique. Le marchĂ© permet une rĂ©allocation des ressources qui va dans le sens des consommateurs, ce qui augmente le surplus collectif.

Livre du prof.indb 19 01/07/2019 10:56

20

I. PrĂ©sentation du chapitreDeuxiĂšme chapitre de la partie « Science Ă©conomique », il fait suite au premier chapitre centrĂ© sur le fonctionne-ment d’un marchĂ© parfaitement concurrentiel. Construit par opposition au cadre de la concurrence parfaite, il remobilise aussi la plupart des outils prĂ©sentĂ©s dans le premier chapitre : reprĂ©sentation graphique de l’équi-libre de marchĂ©, mĂ©thode des surplus
 Ce chapitre est articulĂ© autour de trois grands axes :

→ 1er AXEIl s’agit d’abord de connaĂźtre et de savoir illustrer les diffĂ©rentes configurations de marchĂ© et leurs origines. Il s’agit de comprendre les sources de pouvoir de marchĂ© et les raisons pour lesquelles la concurrence est imparfaite.

→ 2e AXEIl s’agit ensuite de comprendre comment les dĂ©cisions des firmes sont prises en situation de concurrence imparfaite. Cela doit permettre de caractĂ©riser les Ă©quilibres propres Ă  chaque configuration de marchĂ© et de les comparer avec l’idĂ©al d’un marchĂ© concurrentiel. La formulation du programme est assez affirmative en soulignant l’inefficacitĂ© des structures de concurrence impar-faite. L’analyse de base permet en effet de montrer le coĂ»t en termes de surplus d’un Ă©quilibre carac-tĂ©risĂ© par un prix plus Ă©levĂ© et une quantitĂ© plus faible. Il convient pourtant de dĂ©passer ce premier rĂ©sultat en soulignant la diversitĂ© des origines du pouvoir de marchĂ©, celle des stratĂ©gies suivies par les firmes, et l’existence de certains avantages attachĂ©s Ă  des structures plus concentrĂ©es.

→ 3e AXETout le travail d’analyse doit enfin permettre de comprendre les enjeux de la politique de la concur-rence et d’aborder la façon dont les autoritĂ©s contrĂŽlent les comportements et les structures.

II. La mise en Ɠuvre du programme dans le manuelAprĂšs une premiĂšre page de sensibilisation autour de l’exemple de l’oligopole des plateformes de vidĂ©o Ă  la demande, le traitement du programme s’articule autour de quatre dossiers, reprenant les grandes questions du programme.

Le premier dossier prĂ©sente la diversitĂ© des sources de pouvoirs de marchĂ©. Quatre sources principales sont identifiĂ©es autour de quatre exemples concrets : l’existence de barriĂšre Ă  l’entrĂ©e (monopole de la De Beers), la nombre limitĂ© de producteurs (marchĂ© des

Smartphones), l’existence d’ententes (cartel de l’élec-tromĂ©nager) entre les producteurs et la diffĂ©renciation des biens (Coca-Cola et Pepsi-Cola). ConformĂ©ment Ă  l’esprit du programme, il s’agit de faire saisir, Ă  partir d’exemples, la diversitĂ© des situations rĂ©elles de concur-rence imparfaite. Cette approche inductive permet, dans un deuxiĂšme temps, d’aborder les cadres conceptuels permettant d’organiser la diversitĂ© des configurations de concurrence imparfaite. Il part de la typologie classique des configurations de marchĂ© construite Ă  partir du cadre de rĂ©fĂ©rence de la concurrence parfaite. Sont ainsi distinguĂ©s le monopole, l’oligopole et la concurrence monopolistique. Le caractĂšre idĂ©al de ces configurations est toutefois soulignĂ© en incitant l’élĂšve Ă  les confronter aux marchĂ©s rĂ©els. Cette approche traditionnelle est Ă©galement complĂ©tĂ©e par la prĂ©sentation de l’approche schumpĂ©terienne de la concurrence. Cette derniĂšre, Ă  la fois plus qualitative et dynamique, permet d’introduire l’enjeu de l’innovation et d’aborder la question actuelle des innovations de rupture.

Le deuxiĂšme dossier est consacrĂ© Ă  l’étude des mono-poles. Il vise d’abord Ă  faire prendre conscience de la diversitĂ© des types de monopole et de leur origine. Quatre types principaux Ă©voquĂ©s dans le programme sont ainsi abordĂ©s par l’exemple : le monopole naturel (distribution du gaz), le monopole d’innovation (mĂ©dica-ment protĂ©gĂ© par un brevet), le monopole institutionnel (jeux de hasard), le monopole local (station essence sur autoroute). Comme dans le prĂ©cĂ©dent dossier, il s’agit ensuite de dĂ©passer cette approche inductive et d’aborder, de façon plus gĂ©nĂ©rale et formelle, la prise de dĂ©cision des monopoleurs. L’équilibre de monopole est ainsi caractĂ©risĂ© graphiquement et son coĂ»t pour la sociĂ©tĂ© est Ă©voquĂ©. Des Ă©lĂ©ments de nuance sont toute-fois apportĂ©s que ce soit au sujet de la qualitĂ© du bien ou de la lĂ©gitimitĂ© du monopole en opposant notam-ment les rentes de situation et d’innovation.

Le troisiĂšme dossier prĂ©sente ensuite le fonctionne-ment des oligopoles. Les comportements en situation d’interaction stratĂ©gique sont plus divers et complexes Ă  analyser. Le dossier aborde successivement les stra-tĂ©gies coopĂ©ratives et non coopĂ©ratives. L’étude du dilemme du prisonnier permet de comprendre pourquoi les firmes ont intĂ©rĂȘt Ă  s’entendre mais aussi pourquoi ces ententes sont difficiles et d'amorcer une rĂ©flexion sur les conditions propices Ă  de telles ententes. Les stratĂ©-gies non coopĂ©ratives sont plus diverses. Quelques-unes sont Ă©tudiĂ©es, toujours autour d’exemples concrets : guerre des prix (Airbus-Boeing), course Ă  la taille (Uber) concurrence par la qualitĂ© (croisiĂ©ristes), prolifĂ©ration des marques (cĂ©rĂ©ales).

Le quatriĂšme dossier traite pour finir des politiques de la concurrence. Il est organisĂ© autour des deux grands domaines d’intervention : le contrĂŽle des comportements

CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? Manuel p. 38-63

Livre du prof.indb 20 01/07/2019 10:56

21 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

III. Corrigés

PAGES D’OUVERTURE p. 38-39

L’objectif est de sensibiliser les Ă©lĂšves Ă  la question des choix stratĂ©giques des firmes autour de l’exemple concret d’un marchĂ© qu’ils connaissent bien : celui des plateformes de vidĂ©o Ă  la demande. Le graphique permet de mesurer le fort degrĂ© de concentration du marchĂ© derriĂšre l’entreprise ultradominante Netflix. Le podcast permet de comprendre comment cette position dominante a Ă©tĂ© construite par la stratĂ©gie de l’entre-prise Netflix. Enfin, la photographie illustre une partie de cette stratĂ©gie avec l’investissement massif de l’en-treprise dans la production de contenu. Cette page de sensibilisation permet ainsi d’approcher les notions de pouvoir de marchĂ© ou encore de barriĂšre Ă  l’entrĂ©e.

1. La photographie illustre le large choix d’Ɠuvres offert aux consommateurs qui est le rĂ©sultat de la politique d’investissement de l’entreprise Netflix.

2. Netflix occupe une place dominante sur le marchĂ© français du streaming vidĂ©o avec 63% d’utilisateurs de 15 ans ou plus qui dĂ©clarent prĂ©fĂ©rer Netflix pour consommer leur service de streaming vidĂ©o.

3. Une politique de prix trĂšs agressive et un investisse-ment massif dans l’acquisition ou la production d’Ɠuvres originales. Cela a permis Ă  Netflix de s’imposer rapi-dement sur le marchĂ© et de constituer une barriĂšre Ă  l’entrĂ©e pour les nouveaux entrants qui pourraient diffi-cilement proposer au dĂ©part, avec un faible nombre d’abonnĂ©s, un catalogue aussi large.

DOSSIER 1.Le pouvoir de marchĂ© des entreprises : d’oĂč vient-il et comment l’expliquer ? p. 40-43

A. Les sources du pouvoir de marché

Document 1

BarriĂšre Ă  l’entrĂ©e et monopole

Le document 1 prĂ©sente un des exemples les plus cĂ©lĂšbres de monopole historique, celui de la De Beers ainsi qu’une premiĂšre cause de pouvoir de marchĂ© : l’existence de barriĂšres Ă  l’entrĂ©e. Il est accompagnĂ© d’une affiche publicitaire illustrant la stratĂ©gie marke-ting de l’entreprise. AssurĂ©e de son monopole, De Beers a pu bĂątir une campagne publicitaire assurant la promo-tion gĂ©nĂ©rique du diamant.

1. L’existence de barriĂšres Ă  l’entrĂ©e est contraire Ă  l’hy-pothĂšse de libre entrĂ©e de la concurrence parfaite.

2. Dans le cas de la De Beers, la barriĂšre Ă  l’entrĂ©e provient du fait que l’entreprise contrĂŽle toute la chaĂźne de production depuis la mine jusqu’à la commerciali-sation. Ainsi, une entreprise qui voudrait exploiter une nouvelle mine aurait du mal Ă  Ă©couler sa production sans passer par le circuit de commercialisation de la De Beers. De mĂȘme, une entreprise qui voudrait commer-cialiser des diamants aurait du mal Ă  se fournir en quantitĂ© et en qualitĂ© suffisante sans s’approvisionner auprĂšs des mines contrĂŽlĂ©es par la De Beers.

BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE

Voici quelques ressources susceptibles de compléter et enrichir les informations présentes dans les documents du dossier :

- François LĂ©vĂȘque, Les Habits neufs de la concurrence. Ces entreprises qui innovent et qui raflent tout, Odile Jacob, 2017.Un ouvrage qui fourmille d’exemples actuels ou plus anciens de marchĂ©s en concurrence imparfaite. Plusieurs sont utilisĂ©s dans le chapitre mais bien d’autres encore mĂ©ritent d’ĂȘtre Ă©tudiĂ©s. - Emmanuel Combe, La Politique de la concurrence, La DĂ©couverte, coll. « RepĂšres Â», juin 2016.

Petit manuel complet et accessible, rĂ©digĂ© par le vice-prĂ©sident de l’autoritĂ© de la concurrence. - Le site Internet de l’AutoritĂ© de la Concurrence : www.autoritedelaconcurrence.fr/

Pour une prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale de sa mission, son histoire et toute l’actualitĂ© sur les politiques de la concurrence (rapport annuel notamment). - Le site Internet de la Direction GĂ©nĂ©rale de la Concurrence de la Commission europĂ©enne http://ec.europa.eu/competition/index_en.html

L’équivalent du site de l’AutoritĂ© française pour l’Union europĂ©enne. Site moins pratique et pages souvent en anglais.

(ententes et abus de position dominante) et le contrĂŽle des fusions-acquisitions. Il s’agit de dĂ©crire les interventions des autoritĂ©s et de les rattacher aux Ă©lĂ©ments d’analyse Ă©conomique des dossiers prĂ©cĂ©dents. Les justifications

des sanctions comme le dilemme entourant le contrĂŽle des concentrations font ainsi Ă©cho aux analyses des risques et aussi des quelques avantages des structures de concurrence imparfaite.

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3. En contrĂŽlant l’ensemble de la filiĂšre et prĂšs de 90 % de la production de diamants bruts, la De Beers est probablement en mesure d’imposer un prix plus Ă©levĂ© et plus stable pour les diamants.

Document 2

Un nombre limitĂ© d’offreurs

Le document 2 insiste sur une deuxiĂšme source de pouvoir de marchĂ© : la concentration du marchĂ©. Il prĂ©sente la rĂ©partition du marchĂ© des Smartphones au dĂ©but de l’annĂ©e 2018 et souligne sa forte concentration en isolant les 5 principaux producteurs mondiaux.

4. La firme Samsung dĂ©tient 23,4 % du marchĂ© de Smartphones qui s’élĂšve Ă  334,3 millions d’appareils. Elle a donc Ă©coulĂ© 334,3 x 23,4 / 100, soit 78,23 millions de Smartphones.

5. Les 5 premiers fabricants de Smartphones, Samsung (23,4 %), Apple (15,6 %), Huawei (11,8 %), Xiaomi (8,4 %), Oppo (7,1 %), cumulent 66,3 % du marché

6. Ce marchĂ© ne respecte pas la condition de l’atomicitĂ© de l’offre. Ces 5 acteurs sont en mesure d’influencer le prix d’équilibre sur ce marchĂ©.

Document 3

Entente et pouvoir de marché

Le document 3 prĂ©sente un exemple rĂ©cent d’entente qui constitue une 3e source de pouvoir de marchĂ©. Il s’agit du cartel de l’électromĂ©nager, condamnĂ© fin 2018 par l’AutoritĂ© de la Concurrence.

7. Une entente est un accord entre entreprises sur un marchĂ© qui vise Ă  s’accorder sur le prix de vente et/ou les quantitĂ©s vendues

8. En l’absence d’entente sur les prix, si un producteur isolĂ© augmente son prix, il risque de perdre des parts de marchĂ© face Ă  ses concurrents. S’il les baisse, il peut craindre des reprĂ©sailles et une guerre des prix prĂ©judiciable Ă  tous. En s’entendant sur le prix, les producteurs peuvent ensemble prĂ©lever une rente sur le marchĂ©.

9. Ces rĂ©unions se tenaient en secret car elles sont illĂ©-gales. L’AutoritĂ© de la Concurrence a ainsi dĂ» enquĂȘter pour prouver l’existence de ces rĂ©unions et de l’entente sur les prix.

Document 4

Différenciation et pouvoir de marché

Le document 4 insiste sur une 4e source de pouvoir de marchĂ© : la diffĂ©renciation des biens qui permet d’échapper Ă  la concurrence frontale par les prix.

10. Non, s’ils ne connaissent pas la marque, les consom-mateurs ne semblent guĂšre capables de diffĂ©rencier les deux boissons. Ils semblent se tromper presque autant que s’ils rĂ©pondaient au hasard.

11. Les consommateurs attachĂ©s Ă  la marque Coca-Cola ne sont pas prĂȘts, malgrĂ© un prix plus Ă©levĂ©, Ă  le remplacer par du Pepsi-Cola. L’investissement massif de l’entreprise Coca-Cola dans la publicitĂ© explique l’attachement des consommateurs Ă  la marque Coca, l’importance de ses ventes et le prix plus Ă©levĂ© qu’ils sont prĂȘts Ă  payer.

12. Le pouvoir de marchĂ© de Coca-Cola provient de la diffĂ©rence construite par la publicitĂ© entre le bien vendu par l’entreprise et celui offert par ses concur-rents. La firme dispose d’une certaine latitude pour imposer son prix malgrĂ© l’existence de produits en partie substituables. Ce pouvoir de marchĂ© pourra ĂȘtre analysĂ© (cf. infra) comme un exemple de monopole de marque.

FAIRE LE POINT

1. Moins le nombre de firmes est élevé, plus faciles sont les ententes.

2. Plus les biens des producteurs sont différenciés, plus le pouvoir de marché des producteurs est important.

3. Plus l’entrĂ©e est libre, plus intense est la concurrence.

B. Les modĂšles de la concurrence imparfaite

Document 1

La typologie de la concurrence imparfaite

Le document 1 prĂ©sente une typologie des configura-tions de marchĂ©s en concurrence imparfaite en croisant deux conditions de la concurrence parfaite : l’homogĂ©-nĂ©itĂ© des biens et l’atomicitĂ© du marchĂ©. Il permet de travailler la lecture d’un tableau Ă  double entrĂ©e et de faire le lien avec des marchĂ©s rĂ©els.

1. Dans les deux cas, il y a un grand nombre de vendeurs. La diffĂ©rence provient de l’existence (concurrence monopolistique) ou non (concurrence parfaite) de biens diffĂ©renciĂ©s. Alors qu’en concurrence parfaite, tous les biens sont identiques (hypothĂšse d’homogĂ©nĂ©itĂ© des biens), en concurrence monopolistique, les biens sont diffĂ©renciĂ©s objectivement (par leurs caractĂ©ristiques) ou subjectivement (dans l’esprit des consommateurs).

2. Le transport aĂ©rien : longtemps oligopolistique, voire monopolistique, le marchĂ© du transport aĂ©rien a vu la concurrence s’accroĂźtre avec un grand nombre de nouvelles compagnies lowcosts. Pour autant, le nombre d’offreurs reste limitĂ© et les produits offerts sont diffĂ©renciĂ©s (oligopole diffĂ©renciĂ© ou concurrence monopolistique).

Cours de ski : contrairement Ă  ce qui est parfois cru, il n’existe aucun monopole lĂ©gal des cours de ski. Pourtant, l’ESF (École de Ski Français) dĂ©tient un quasi-monopole avec une part de marchĂ© trĂšs Ă©levĂ©e (85 % en 2017).

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23 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

Automobile : le marché est assez concentré avec de firmes de grande taille qui produisent par ailleurs des biens différenciés. Oligopole différencié.

PĂ©trole Brut : cartel des pays de l’OPEP qui fonctionne presque comme un monopole. Mais il n’est pas si uni que cela et d’autres producteurs existent en dehors du cartel. La structure du marchĂ© s’apparente Ă  un oligo-pole pour un produit qui est par ailleurs homogĂšne.

Les difficultĂ©s Ă  clairement rattacher ces exemples aux Ă©lĂ©ments de cette typologie permettent d’enclencher une rĂ©flexion sur le caractĂšre « idĂ©al » de ces types.

3. Ces deux configurations de marchĂ© se rapprochent d’un marchĂ© en monopsone oĂč un seul acheteur (le gros employeur ou la centrale de distribution) fait face Ă  une multitude de vendeurs (les travailleurs offrant leur travail, les fournisseurs offrant leurs produits).

Document 2

Une conception dynamique de la concurrence

Le document 2 offre un regard complĂ©mentaire sur la concurrence et pointe les limites de l’approche nĂ©oclas-sique de la concurrence. Il prĂ©pare les discussions sur les enjeux de la concentration des marchĂ©s qui seront vues dans le dossier 4.

4. Joseph Schumpeter oppose Ă  la concurrence par les prix, la concurrence par l’innovation. Pour dĂ©fendre leur place sur le marchĂ© ou accroĂźtre leurs parts de marchĂ©, les entreprises sont poussĂ©es Ă  inventer de nouveaux produits, Ă  amĂ©liorer leur qualitĂ©, Ă  changer leurs tech-niques ou leur organisation productive.La premiĂšre forme de concurrence, celle Ă©voquĂ©e dans les manuels, est celle issue du modĂšle de la concurrence parfaite. Elle repose sur l’existence d’un grand nombre d’entreprises pouvant limiter le pouvoir de marchĂ© de chacune. Elle passe par les prix sur un marchĂ© de biens homogĂšnes. La seconde repose sur la possibilitĂ© d’innover en propo-sant un nouveau produit ou une nouvelle mĂ©thode de production. Elle passe davantage par la qualitĂ©. Elle prend aussi une forme plus dynamique.

5. La baisse des prix ou l’amĂ©lioration de la qualitĂ© des biens que l’on peut attendre de la concurrence par l’innovation est sans commune mesure avec celle issue de la pression du nombre des concurrents sur les marges des producteurs. C’est elle qui rĂ©volu-tionne les techniques, entraĂźne l’apparition de biens ou de services radicalement nouveaux, qui bouleverse les filiĂšres d’approvisionnement ou le fonctionnement des marchĂ©s, etc. On comprend la mĂ©taphore du bombar-dement et de la pesĂ©e sur une porte.Pour Joseph Schumpeter, les bienfaits de la concurrence (baisse des prix, amĂ©lioration de la quantitĂ© et de la qualitĂ© des biens) proviennent bien davantage de la seconde forme de concurrence que de la premiĂšre. La pression qui pousse Ă  amĂ©liorer les conditions de production et Ă  en faire profiter les consommateurs provient bien plus de l’appa-rition incessante de nouvelles techniques et de nouveaux

produits que de la discipline imposée par le nombre de concurrents sur un marché de biens homogÚnes.

6. MĂȘme sur des marchĂ©s oĂč peu de firmes sont prĂ©sentes, les entreprises installĂ©es sont sous la pression d’une innovation potentielle qui menacerait leur survie sur le marchĂ©. Elles sont donc incitĂ©es elles-mĂȘmes Ă  innover et Ă  limiter leurs marges. L’entrĂ©e potentielle de nouvelles entreprises ou la menace d’innovations suffit Ă  discipliner les comportements des entreprises.

Document 3

L’exemple d’un centre commercial

Le document 3 permet de faire fonctionner la typo-logie de la concurrence imparfaite autour d’un exemple concret, celui d’un centre commercial qui offre une concurrence limitĂ©e entre enseignes offrant des biens imparfaitement substituables.

7. Que ce soit pour la mode femme ou homme, la restau-ration ou encore l’optique, chacune des enseignes prĂ©sentes dans le centre commercial propose des biens ou des services diffĂ©renciĂ©s qui ne sont pas considĂ©rĂ©s comme parfaitement identiques et substituables par les consommateurs. Ils peuvent diffĂ©rer en qualitĂ© ou en variĂ©tĂ©. Par exemple, pour le prĂȘt-Ă -porter fĂ©minin : CamaĂŻeu, Caroll, Promod. Autant d’enseignes qui proposent des vĂȘtements pour femmes mais qui ne s’adressent pas forcĂ©ment aux mĂȘmes segments de la clientĂšles (selon l’ñge, le budget
). Idem pour la mode masculine (Jules, Celio
), ou les enfants (compagnie des petits, OkaĂŻdi
), ou encore la restauration.

8. Chaque enseigne risque de voir ses clients prĂ©fĂ©rer faire quelques mĂštres pour aller dans une enseigne concurrente. Elle dispose toutefois d’un certain pouvoir de marchĂ© car les biens et services proposĂ©s par les enseignes concurrentes ne sont pas parfaitement simi-laires. Elles peuvent donc jouer sur les prĂ©fĂ©rences des consommateurs pour imposer un prix plus Ă©levĂ©.

9. Le nombre de vendeurs reste, au moins localement, limitĂ©, ce qui nous rapproche de l’oligopole. La libre entrĂ©e sur le marchĂ© est sans doute limitĂ©e par l’ab-sence de point de vente disponible dans la galerie. Pour autant, les biens sont diffĂ©renciĂ©s.

Document 4

Le lowcost : une « innovation disruptive »

Le document 4 vise Ă  illustrer la conception dyna-mique de la concurrence introduite par Schumpeter et Ă  introduire les notions trĂšs actuelles de « low cost » et « d’innovation disruptive ».

10. Le terme « d’innovation disruptive » est un terme Ă  la mode et, par consĂ©quent, employĂ© dans un sens plus ou moins prĂ©cis ou strict. D’aprĂšs le consultant de la vidĂ©o, faire une innovation de rupture, c’est « rendre acces-sible au client une solution qui Ă©tait hors de portĂ©e ». Elle s’appuie soit sur l’invention d’un nouveau produit,

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d’un nouveau concept, qui rĂ©pond mieux Ă  un besoin que les biens existant sur le marchĂ©, soit sur le fait de mettre le bien en question Ă  la portĂ©e d’un plus grand nombre de consommateurs en le proposant Ă  un prix nettement plus bas. En ajoutant les deux critĂšres, on retrouve la dĂ©finition d’origine du concept qui correspond au sens strict de l’encadrĂ©. Une entreprise dĂ©stabilise un marchĂ© en « entrant par le bas de ce marchĂ© » en proposant un bien Ă©purĂ© qui correspond mieux aux besoins des clients Ă  un prix trĂšs infĂ©rieur.

11. On pense aux exemples classiques du lowcost : transport aĂ©rien (Easyjet, Ryanair), Ă  la grande distribu-tion (Lidl
), automobile (Logan
).Un autre exemple moins connu : « Dollarshaveclub » (https://www.youtube.com/watch?v=ZUG9qYTJMsI).Les vendeurs de rasoirs mĂ©caniques sont trĂšs anciens et peu nombreux. Ils vendent des rasoirs assez bon marchĂ©, mais imposent ensuite des prix trĂšs Ă©levĂ©s pour des lames qui ne sont compatibles qu’avec les manches de leur marque. Ils se sont placĂ©s dans une montĂ©e en gamme (multiplications des lames, systĂšme pivotant, gel lubrifiant
) qui accroĂźt toujours la diffĂ©renciation des produits. Dollarshaveclub est entrĂ© sur ce marchĂ© peu concurrentiel par le bas en proposant des rasoirs trĂšs simples pour un prix modique (1 dollar par mois). Les concurrents installĂ©s continuent Ă  se faire concurrence par la montĂ©e en gamme et laisse ce nouveau concur-rent se dĂ©velopper. Une fois installĂ©, il pourra monter en gamme et les concurrencer sur le cƓur de leur activitĂ©.

12. Les entreprises installĂ©es sont peu nombreuses. Pour-tant, la possibilitĂ© d’entrer par le bas du marchĂ© permet Ă  des entreprises innovantes de concurrencer les entre-prises installĂ©es. La pression exercĂ©e par cette innovation engendre Ă  terme une baisse des prix et une hausse des quantitĂ©s beaucoup plus fortes que la simple entrĂ©e d’une nouvelle firme exerçant une concurrence par les prix.

FAIRE LE POINT

Marché de la téléphonie mobile k Oligopole

Marché du roman policier k Monopole

Marché des jeux de grattage k Concurrence monopo-listique

DOSSIER 2.Comment fonctionnent les monopoles ? p. 44-47

A. Le monopole dans tous ses Ă©tats

Document 1

Un monopole naturel : la distribution du gaz

Le document 1 prĂ©sente un des exemples les plus classiques de monopole naturel du fait d’importantes Ă©conomies d’échelle et de rĂ©seau : la distribution du gaz.

1. Cela provient de l’existence d’importants coĂ»ts fixes liĂ©s Ă  la construction du rĂ©seau de distribution. La taille du rĂ©seau est en grande partie indĂ©pendante du nombre d’abonnĂ©s. Qu’un seul habitant d’une rue ou que la tota-litĂ© des habitants de cette rue s’abonnent ne change pas les coĂ»ts liĂ©s Ă  l’acheminement du gaz jusqu’à cette rue. Ces coĂ»ts fixes pĂšseront d’autant moins dans le coĂ»t de chaque abonnĂ© que le nombre d’abonnĂ©s sera grand.

2. Un tel monopole est qualifiĂ© de « naturel » car il dĂ©coule « naturellement » du jeu de la concurrence. Il n’est pas le produit d’une intervention publique ou d’une pratique anticoncurrentielle. Il rĂ©sulte d’un processus de sĂ©lection naturel par la concurrence. Une entreprise un peu plus grande est plus efficace ; les clients la rejoignent, ce qui la fait encore grandir et la rend encore plus efficace.

3. Toutes les activitĂ©s de rĂ©seau prĂ©sentent un caractĂšre de monopole naturel mĂȘme si le marchĂ© peut parfois se stabiliser en oligopole : tĂ©lĂ©phonie mobile, Ă©lectricitĂ©, transport ferroviaire, les rĂ©seaux sociaux aujourd’hui, l’émission de monnaie
 Plus gĂ©nĂ©ralement, les activitĂ©s prĂ©sentant des coĂ»ts fixes trĂšs importants : aĂ©ronau-tique civile par exemple.

Document 2

Monopole d’innovation : le cycle de vie du mĂ©dicament

Le document 2 prĂ©sente un deuxiĂšme type de mono-pole, celui qui dĂ©coule d’une innovation protĂ©gĂ©e par un brevet. Il dĂ©crit en mĂȘme temps le systĂšme des brevets tel qu’il fonctionne en France avec l’exemple des mĂ©di-caments.

4. C’est l’existence de brevets qui constitue une barriĂšre Ă  l’entrĂ©e sur le marchĂ© du mĂ©dicament.

5. L’opĂ©ration qui conduit Ă  l’invention d’un mĂ©dicament est longue et coĂ»teuse. De la recherche fondamentale aux tests cliniques, il se passe une dizaine d’annĂ©es pendants lesquelles l’entreprise pharmaceutique engage des dĂ©penses importantes. Si d’autres entreprises pouvaient copier les rĂ©sultats de ses recherches, elles refuseraient d’engager ces dĂ©penses et aucun mĂ©dica-ment ne serait inventĂ©.

6. Pendant la pĂ©riode de protection du brevet, le labo-ratoire pharmaceutique est le seul producteur autorisĂ© du mĂ©dicament. Il est donc en situation de monopole. Toutefois, cette protection ne dure pas indĂ©finiment. Elle expire au bout de 20 ans (elle peut Ă©ventuellement ĂȘtre prolongĂ©e pour 5 ans au maximum) avant que l’invention ne tombe dans le domaine public. À ce moment, d’autres laboratoires peuvent utiliser la formule chimique pour produire des mĂ©dicaments gĂ©nĂ©riques.

Document 3

Un monopole institutionnel : les jeux d’argent et de hasard

Le document 3 aborde un troisiĂšme type de monopole, le monopole institutionnel. Comme le prĂ©cĂ©dent, il s’appuie

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25 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

sur un cadre lĂ©gal, mais ne dĂ©coule pas d’une innovation et se justifie par des motivations d’intĂ©rĂȘt public.

7. Le monopole de la Française des Jeux couvre l’en-semble des jeux de tirage et de grattage, que ce soit sur le segment physique ou en ligne. Il s’étend aussi aux paris sportifs et hippiques, mais ne concerne dans ces cas que les jeux « physiques », la loi de 2010 ayant ouvert les jeux en ligne Ă  la concurrence.

8. La loi de 2010 a ouvert les paris et certains jeux de casino en ligne Ă  la concurrence.

9. L’État français limite la concurrence sur une grande partie des jeux d’argent et de hasard pour des raisons d’ordre et de santĂ© publics. Il s’agit d’assurer la rĂ©gu-laritĂ© des jeux (il est plus facile de contrĂŽler quelques acteurs, surtout publics, qu’une multitude d’intervenants privĂ©s), et de lutter contre l’addiction aux jeux. C’est donc d’abord pour protĂ©ger les joueurs que la concurrence est rĂ©duite.

Document 4

Un monopole local

Le document 4 donne enfin l’exemple d’un dernier type de monopole, celui qui dĂ©coule de l’existence de coĂ»ts de dĂ©placement qui protĂšge les producteurs de la concur-rence sur une aire gĂ©ographique donnĂ©e.

10. Plus la densitĂ© de stations est Ă©levĂ©e, moins le prix du gazole l’est. Le prix du gazole est ainsi prĂšs de 4 centimes moins Ă©levĂ© sur l’A1 que sur l’A36 oĂč la densitĂ© de stations est plus faible (moins de stations sur une plus grande distance).

11. La distance gĂ©ographique induit des coĂ»ts. À l’ex-trĂȘme, un conducteur qui n’a presque plus d’essence est bien obligĂ© de s’arrĂȘter Ă  la prochaine station et de payer un prix Ă©levĂ© qui sera toujours infĂ©rieur au coĂ»t d’une panne (remorquage, perte de temps
). Les conducteurs plus prĂ©voyants et moins contraints voudront toutefois rĂ©partir leur temps de pause, s’arrĂȘter Ă  l’heure du repas, etc. Les diffĂ©rentes localisations de stations rendent donc ces stations imparfaitement substituables bien qu’elles offrent un produit trĂšs homogĂšne.

12. Un supermarchĂ© constitue un « monopole local » dans le sens oĂč il est le seul supermarchĂ© sur une aire gĂ©ographique donnĂ©e. Les clients peuvent certes faire jouer la concurrence en se rendant dans un super-marchĂ© plus lointain, mais cela leur occasionne des coĂ»ts de dĂ©placement qui rendent cette clientĂšle en partie captive.

FAIRE LE POINT

Le pouvoir de monopole d’une firme provient de l’exis-tence d’une barriĂšre Ă  l’entrĂ©e. Elle peut reposer sur des Ă©conomies d’échelle, une protection rĂ©glementaire, une innovation technologique.

B. Des monopoles faiseurs de prix et souvent inefficaces

Document 1

Un Ă©quilibre inefficace

Le document 1 se prĂ©sente comme un exercice guidĂ© pour analyser l’équilibre en situation de monopole et le comparer Ă  l’équilibre de concurrence parfaite. Il s’agit de montrer graphiquement que l’équilibre est, a priori, inef-ficace car caractĂ©risĂ© par une quantitĂ© offerte plus faible, un prix plus Ă©levĂ© et un surplus total rĂ©duit. Il reprend l’exemple de la De Beers prĂ©sentĂ© au dossier 1.

1. Non, le producteur en situation de monopole est malgrĂ© tout contraint par la demande des consomma-teurs. Ces derniers n’accepteront pas de consommer n’importe quelle quantitĂ© Ă  n’importe quel prix. En fait, le monopoleur choisit soit le prix, soit la quantitĂ©, l’autre variable lui Ă©tant alors imposĂ©e. Cette contrainte prend la forme de la relation de demande qui relie juste-ment la quantitĂ© que les consommateurs sont prĂȘts Ă  consommer Ă  chaque niveau de prix proposĂ©.

2. C’est pour cette quantitĂ© que l’entreprise De Beers rĂ©alise son profit le plus Ă©levĂ©. En effet, une unitĂ© supplĂ©-mentaire lui coĂ»terait plus chĂšre qu’elle ne lui rapporterait (la droite de recette marginale est en dessous de celle de coĂ»t marginal). De mĂȘme, en produisant une unitĂ© de moins, l’entreprise rĂ©duirait son profit puisque la recette marginale est cette fois supĂ©rieure au coĂ»t marginal.

3. Lorsque De Beers produit 8 millions de carats Ă©coulĂ©s Ă  600 euros par carat, sa recette totale s’élĂšve Ă  RT (8) = 8 x 600 = 4 800 millions d’euros, soit 4,8 milliards d’euros. Comme chaque carat lui revient en moyenne Ă  200 €, son coĂ»t total s’élĂšve Ă  8 x 200 = 1 600 millions d’euros, soit 1,6 milliard d’euros. Son profit total est Ă©gal Ă  la diffĂ©rence entre sa recette totale et son coĂ»t total, soit 3,2 milliards d’euros.Graphiquement, l’aire du rectangle OPMMA reprĂ©sente la recette totale (rectangle d’une longueur de 8 millions et largeur de 600 €). De mĂȘme, l’aire du rectangle OPCAQM reprĂ©sente le coĂ»t total (rectangle de longueur 8 millions et de largeur 200). La diffĂ©rence entre les deux aires correspond Ă  l’aire du rectangle PMMAPC qui reprĂ©sente donc le profit total.Il est aussi possible de raisonner sur le profit unitaire (CB).

4. En concurrence parfaite, la libre entrĂ©e sur le marchĂ© et la transparence du marchĂ© permettent Ă  de nouvelles entreprises, attirĂ©es par les profits, de venir concurrencer les entreprises installĂ©es. L’offre de biens s’accroĂźt et le prix baisse jusqu’à annuler les profits. Le prix se fixe donc Ă  long terme au niveau des coĂ»ts moyens de production.

5. L’équilibre en monopole se traduit par un prix plus Ă©levĂ© (PM = 600 € > PC = 200 €) et une quantitĂ© plus faible (QM = 8 millions < QC = 16 millions de carats).

6. Le surplus du consommateur reprĂ©sente le gain net retirĂ© par les consommateurs du fait qu’ils paient un prix sur le marchĂ© infĂ©rieur au prix maximal qu’ils auraient Ă©tĂ© prĂȘts Ă  payer pour le bien. Graphiquement, il corres-

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pond à la surface située sous la courbe de demande et au-dessus de la droite de prix. En situation de concur-rence, il correspond donc au triangle PCCD. En situation de monopole, il correspond au triangle PMMD. La perte de surplus pour le consommateur correspond donc à la surface PCCMPM.

7. Le producteur en situation de monopole prĂ©lĂšve donc une rente sur le marchĂ©. Son gain en termes de surplus correspond au profit reprĂ©sentĂ© par l’aire du rectangle PMMAPC. Ce gain provient d’un transfert d’une partie de la perte du surplus du consommateur (surface PCCMPM).

Comme ce gain du monopoleur ne couvre pas l’ensemble des pertes du consommateur, il en rĂ©sulte une perte nette pour la collectivitĂ©, reprĂ©sentĂ©e par le triangle ACM.

Document 2

Monopole et qualité

Le document 2 aborde une autre consĂ©quence de l’exis-tence d’un monopole : l’effet sur la qualitĂ© du bien offert au consommateur. Il fait Ă©cho Ă  la double conception de la concurrence Ă©voquĂ©e dans le premier dossier. Il s’ap-puie toutefois sur l’exemple ambigu du monopole des taxis dont une des origines historiques est justement le problĂšme de qualitĂ© en situation de concurrence libre et d’information imparfaite des usagers. Le podcast d’Etienne Tabbagh sur l’histoire du monopole des taxis est complĂ©tĂ© par un sondage Odoxa sur la qualitĂ© du service de taxi perçue par les consommateurs.

8. Globalement, les personnes interrogĂ©es ne semblent pas satisfaites de la qualitĂ© des services offerts par les conducteurs de taxi. C’est particuliĂšrement vrai dans l’agglomĂ©ration parisienne. Ainsi, les personnes inter-rogĂ©es ne sont que 42 % Ă  trouver les conducteurs aimables (32 % Ă  Paris) tandis qu’ils sont 88 % Ă  trouver le service offert cher.

9. Le monopole rĂ©glementaire des taxis rĂ©duit, par le systĂšme de licences, l’entrĂ©e sur le marchĂ©. Les taxis installĂ©s sont donc protĂ©gĂ©s de la concurrence et sont en position de force face aux clients. Ces derniers ne peuvent faire jouer la concurrence. Les taxis n’ont pas besoin d’offrir un service de qualitĂ© pour convaincre les clients qui peinent Ă  trouver un taxi.

10. Il semble bien qu’une des origines de la rĂ©glementa-tion soit justement la volontĂ© des autoritĂ©s d’assurer la qualitĂ© du service en excluant les mauvais chauffeurs. En effet, en l’absence de rĂ©glementation, n’importe qui peut devenir chauffeur de taxi. Outre le risque d’engorgement de la circulation, le risque est grand que des chauffeurs malhonnĂȘtes ou dangereux entrent dans le mĂ©tier. En crĂ©ant une raretĂ© et une rente de situation, les auto-ritĂ©s permettent une sĂ©lection des chauffeurs. Le choix britannique de le faire par un concours est une option intĂ©ressante en la matiĂšre. À noter que l’arrivĂ©e des VTC n’a Ă©tĂ© possible qu’avec l’innovation numĂ©rique permet-tant d’informer les clients de la rĂ©putation du chauffeur.

Document 3Rente d’innovation et rente de situation

Le document 3 introduit une nuance quant Ă  l’inefficacitĂ© des monopoles selon leur origine. Ainsi, les monopoles issus d’innovations ou d’économies d’échelle peuvent-ils ĂȘtre Ă  la fois efficaces et lĂ©gitimes. Le document permet aussi de faire le point sur la notion de rente. Il pointe notamment les interrogations actuelles engendrĂ©es dans le secteur des nouvelles technologies, mais aussi dans le secteur bancaire ou de la distribution.

11. L’innovation ou l’existence d’économies d’échelle conduisent naturellement Ă  la concentration d’un secteur. La concurrence entraĂźne un processus de sĂ©lection qui ne laisse subsister que les plus grandes entreprises sur le marchĂ© qui sont aussi les plus effi-caces ou les plus innovantes.Notons que, si cette hypothĂšse est vĂ©rifiĂ©e, la concen-tration ne constitue pas un problĂšme car ce processus de concentration s’accompagne alors d’un gain d’effi-cacitĂ© dans la production. L’exploitation des Ă©conomies d’échelle ou l’innovation sont bĂ©nĂ©fiques pour la sociĂ©tĂ©.

12. Un tel processus de sĂ©lection n’aurait pas dĂ» s’ac-compagner d’un ralentissement de l’investissement. Au contraire, les firmes devraient investir massive-ment pour acquĂ©rir de nouvelles capacitĂ©s et accroĂźtre l’échelle de la production.

13. La destruction crĂ©atrice, thĂ©orisĂ©e par Joseph Schum-peter, implique un fort renouvellement des emplois et des structures productives. De nouvelles entreprises Ă©mergent et crĂ©ent des emplois qui remplacent des emplois dĂ©truits dans des entreprises plus anciennes. La part des emplois dans les entreprises les plus jeunes est donc un bon indica-teur de l’intensitĂ© du processus de destruction crĂ©atrice. Sa diminution traduit une inertie des structures productives.

14. Non, les rentes d’innovation rĂ©compensent les inno-vations passĂ©es. Elles sont plus lĂ©gitimes et il pourrait ĂȘtre contreproductif de les supprimer car cela rĂ©duirait l’incitation future Ă  innover. Au contraire, les rentes de situation sont illĂ©gitimes et inefficaces. Elles constituent un enrichissement sans cause et rĂ©duisent les incita-tions Ă  l’innovation.

FAIRE LE POINT

Monopole par rapport Ă  la concurrence

Prix d’équilibre >

QuantitĂ© d’équilibre <

Surplus du consommateur <

Surplus du producteur >

Surplus total <

Qualité <

Il est toutefois possible de discuter ces rĂ©sultats : en cas d’économies d’échelle importantes par exemple, le consommateur pourrait bien bĂ©nĂ©ficier d’un prix plus faible et d’une quantitĂ© augmentĂ©e et voir ainsi son surplus augmenter.

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27 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

DOSSIER 3.Comment fonctionnent les oligopoles ? p. 48-51

A. Des stratégies coopératives

Document 1

DĂ©couverte du dilemme du prisonnier

Le document 1 vise Ă  faire dĂ©couvrir la structure du jeu du dilemme du prisonnier et Ă  l’appliquer Ă  l’étude de l’interaction stratĂ©gique entre des firmes sur un marchĂ© oligopolistique. Il peut ĂȘtre utilisĂ© de façon plus ou moins directive par l’enseignant. La rubrique COMPRENDRE peut ĂȘtre lue immĂ©diatement ou « dĂ©couverte » aprĂšs une mise en activitĂ© des Ă©lĂšves.

1. Si A Telecom fixe son prix Ă  15 euros et que B Telecom le fixe Ă  30, A Telecom prend l’essentiel du marchĂ©, si ce n’est la totalitĂ© de ce marchĂ©. Il parvient Ă  rĂ©duire suffi-samment ses coĂ»ts unitaires pour rĂ©aliser des profits importants malgrĂ© le faible prix de l’abonnement. L’en-treprise B Telecom voit ses ventes chuter et, malgrĂ© un abonnement cher, ne parvient pas Ă  rentabiliser ses coĂ»ts fixes. Elle fait des pertes. En inversant les rĂŽles de A et B, on renverse logiquement les gains puisque les coĂ»ts comme les prix sont identiques (le jeu est symĂ©-trique).Si les deux entreprises dĂ©cident de fixer un prix Ă©levĂ©, les consommateurs sont bien obligĂ©s d’acheter ces abonnements plus chers. MĂȘme si certains renoncent, les profits des deux firmes sont plus Ă©levĂ©s. Ces 2 firmes se comportent comme un monopole et prĂ©lĂšvent une rente sur le marchĂ©.

2. Elles ont intĂ©rĂȘt Ă  s’entendre car le libre jeu de la concurrence conduit Ă  un Ă©quilibre qui ne leur est pas avantageux. Leurs profits sont limitĂ©s ici Ă  1 milliard alors qu’elles pourraient en obtenir 3 si elles s’enten-daient sur un prix de 30 €.

3. En l’absence d’accord lĂ©galement instituĂ©, les firmes se retrouvent dans la situation du dilemme du prisonnier Ă  devoir prendre leurs dĂ©cisions dans leur coin. MĂȘme si elles peuvent nĂ©gocier, elles restent libres de changer de dĂ©cision ensuite. Le jeu du dilemme du prisonnier montre ainsi que les ententes sont a priori instables.

4. La fin du jeu n’est pas connue sur un marchĂ©. Elle dĂ©pend de l’arrivĂ©e de nouveaux produits, de l’évolution des modes de consommation. L’incertitude sur la fin du jeu peut renforcer l’intĂ©rĂȘt Ă  coopĂ©rer.

5.

Prisonnier B

N’AVOUE PAS AVOUE

Prisonnier AN’AVOUE

PAS (0 ; 0) (-2 ; 1)

AVOUE (1 ; -2) (-1 ; -1)

Document 2

Portrait-robot d’un cartel

Le document 2 poursuit l’analyse du fonctionnement d’un marchĂ© en oligopole en explorant les conditions favorables Ă  la constitution d’un cartel. Il permet ainsi de prolonger les rĂ©sultats mis en avant par l’étude du dilemme du prisonnier.

6. Les entreprises ont intĂ©rĂȘt Ă  former un cartel pour imposer ensemble un prix plus Ă©levĂ© au consommateur et maximiser le profit total qu’elles rĂ©alisent sur le marchĂ©. Elles se constituent ainsi une rente de monopole.

7. Si le cartel permet d’espĂ©rer la fixation d’un prix plus Ă©levĂ© et donc un profit plus important pour ses membres, il n’est pas facile Ă  mettre en place car chaque entreprise a individuellement intĂ©rĂȘt Ă  ne pas respecter l’accord.

8. Face Ă  des coĂ»ts fixes importants, tant que le prix de vente couvre les coĂ»ts variables, les entreprises ont intĂ©rĂȘt Ă  le baisser pour attirer de nouveaux clients. Les coĂ»ts fixes sont plus facilement amortis et les profits augmentent. Mais, sur un tel marchĂ©, si toutes les entre-prises font cela, les prix chutent et ne couvrent plus les coĂ»ts de production. Les entreprises font des pertes.

9. Si l’élasticitĂ©-prix de la demande est forte, la hausse du prix qui rĂ©sulte de la constitution du cartel entraĂźne une forte baisse des quantitĂ©s vendues. La rente issue du cartel sera donc limitĂ©e. L’incitation Ă  constituer le cartel est donc faible au regard des coĂ»ts potentiels (nĂ©gocia-tions, coĂ»ts de contrĂŽle, risque de sanction des autoritĂ©s
).

Document 3

Segmenter le marchĂ© : une forme d’entente implicite

Le document 3 aborde une autre forme d’ajustement stratĂ©gique entre firmes sur un marchĂ© oligopolistique, qui peut ĂȘtre assimilĂ©e Ă  une forme d’entente tacite : la segmentation du marchĂ©. Chaque entreprise se posi-tionne sur un segment de marchĂ© spĂ©cifique pour Ă©viter une confrontation trop brutale. Il n’y a pas besoin d’un accord formel. L’exemple des cĂ©rĂ©ales de petit dĂ©jeuner est ici Ă©loquent et pourrait ĂȘtre rapprochĂ© d’autres exemples comme celui des jouets, aussi Ă©voquĂ© par l’auteur dans son ouvrage.

10. En s’installant le plus loin possible de son concurrent, le marchand de glaces rĂ©duit la pression concurrentielle qui s’exerce sur lui. Les vacanciers situĂ©s au plus proche de son point de vente sont Ă©loignĂ©s de celui du concur-rent et auront tendance Ă  le prĂ©fĂ©rer pour limiter les coĂ»ts de dĂ©placement. En contrepartie, il s’isole du cƓur du marchĂ© et risque de rĂ©duire sa clientĂšle potentielle. Plus il est proche de l’autre marchand, plus son marchĂ© poten-tiel est grand, mais moins fort est son pouvoir de marchĂ©.

11. Sur un marchĂ© de biens diffĂ©renciĂ©s, la distance n’est pas gĂ©ographique, elle prend la forme d’un degrĂ© de diffĂ©renciation. Produire un bien proche de celui du concurrent, c’est lui faire une concurrence frontale, par les prix. Le consommateur a le choix entre deux produits presque identiques. Tous les consommateurs, quels que

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28

soient leurs goĂ»ts, sont susceptibles d’acheter les biens du producteur. Mais, en contrepartie, la concurrence par les prix est forte. Cela correspond Ă  la stratĂ©gie du marchand qui se met au milieu de la plage ou trĂšs proche de l’autre vendeur de glaces. Au contraire, en offrant un bien trĂšs diffĂ©renciĂ©, le producteur pourra exercer un fort pouvoir de marchĂ© sur la partie des consommateurs dont les prĂ©fĂ©rences seront proches des caractĂ©ristiques de son bien. De la mĂȘme façon que le marchand de glace disposait d’une clientĂšle captive avec les vacanciers proches du point de vente. Malheu-reusement, le producteur renonce Ă  vendre Ă  certains consommateurs qui prĂ©fĂšreront acheter les produits diffĂ©rents du concurrent.

12. Il n’y a pas besoin d’accord formel. Chaque entre-prise peut comprendre qu’il est dans son intĂ©rĂȘt d’éviter une concurrence frontale avec les autres producteurs. En faisant le choix de diffĂ©rencier leurs produits, les entreprises se rĂ©partissent implicitement le marchĂ©, ce qui rĂ©duit la concurrence par les prix. Cela a donc un effet similaire Ă  un accord formel de rĂ©partition du marchĂ© et de contrĂŽle des prix. Mais cette entente est implicite car informelle.ComplĂ©ment : il est possible de rĂ©aliser un schĂ©ma pour illustrer la parabole du marchand de glaces. Plusieurs solutions sont envisageables, l’objectif est juste de faire rĂ©flĂ©chir les Ă©lĂšves. Par exemple :

Plage

Plage

Marchand1

Marchand2

– –Accùs aux consommateurs

Pouvoir du marché+ +

+

–

FAIRE LE POINT

1. Faux2. Vrai3. Faux4. Vrai

B. Des stratégies non coopératives

Document 1

La guerre des prix entre Boeing et Airbus

Le document 1 illustre, Ă  partir du duopole Airbus-Boeing, la guerre des prix que peuvent se livrer des entreprises sur un marchĂ© oligopolistique lorsqu’elles ne cherchent pas ou ne parviennent pas Ă  s’entendre. Il se compose d’un graphique faisant Ă©tat des parts

de marchĂ© des deux entreprises mesurĂ©es par les commandes annuelles d’avions, et d’un petit texte le mettant en perspective pour souligner l’enjeu stratĂ©-gique de finir l’annĂ©e devant son concurrent.

1. Le marchĂ© de l’aĂ©ronautique est un oligopole. Sur le segment ici reprĂ©sentĂ© des avions civils de plus de 100 places, Airbus et Boeing sont pratiquement les seules sur le marchĂ©, ce qui les rapproche d’un duopole.

2. Airbus a dû sensiblement baisser ses prix pour signer un gros contrat et ainsi dépasser les commandes totales enregistrées par Boeing.

3. Chaque entreprise est prĂȘte Ă  rĂ©duire ses marges pour ne pas se laisser distancer dans la course. En fin d’annĂ©e, comme en 2017, les entreprises signent des contrats importants en accordant de fortes concessions Ă  leurs clients.

Document 2

« Le premier rafle la mise »

Le document 2 prĂ©sente une autre stratĂ©gie non coopĂ©-rative sur un marchĂ© rĂ©cent et en forte croissance avec l’exemple de l’entreprise Uber qui cherche Ă  s’implanter rapidement sur tous les marchĂ©s pour s’imposer comme la rĂ©fĂ©rence du secteur. C’est une nouvelle illustration du phĂ©nomĂšne des « rendements croissants d’adop-tion » ou « externalitĂ©s de rĂ©seau » qui conduisent Ă  des monopoles naturels.

4. Non pas vraiment dans le sens oĂč l’ouverture d’un nouveau marchĂ© entraĂźne des coĂ»ts d’adaptation de la technologie. De nouveaux coĂ»ts fixes apparaissent donc qui sont spĂ©cifiques au nouveau marchĂ©.

5. « Le premier rafle la mise ». L’activitĂ© d’Uber est caractĂ©risĂ©e, comme beaucoup d’activitĂ©s liĂ©es aux plateformes numĂ©riques, par des externalitĂ©s de rĂ©seau (effet d’entraĂźnement dans le texte). Plus le rĂ©seau grandit, plus il est intĂ©ressant de le rejoindre. Un lĂ©ger avantage au dĂ©part enclenche un mĂ©canisme auto-renforçant qui ne cesse de creuser l’écart entre l’entreprise leader et ses concurrents. On reconnaĂźt ici le phĂ©nomĂšne de « monopole naturel » attachĂ© aux Ă©conomies d’échelle. Ces externalitĂ©s de rĂ©seau sont d’ailleurs Ă©galement appelĂ©es « rendements crois-sants d’adoption ».

Document 3

MontĂ©e en gamme : l’exemple des croisiĂ©ristes

Le document 3 illustre, avec l’exemple des croisiĂ©ristes, la concurrence par la qualitĂ© sur un marchĂ© en forte croissance. Une fois de plus, cette stratĂ©gie s’articule autour de l’existence d’économies d’échelle, Ă  l’origine de la structure oligopolistique.

6. Les croisiéristes se font concurrence par la qualité en concevant des bateaux toujours plus grands ou en propo-sant des services toujours plus variés et innovants.

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29 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

7. L’objectif est double. D’abord, il s’agit d’exploiter les Ă©conomies d’échelle. Les coĂ»ts fixes supportĂ©s (person-nels, carburants
) sont amortis sur un plus grand nombre de passagers, ce qui fait baisser le coĂ»t de chaque passager. Ensuite, il s’agit d’offrir une gamme plus large de services Ă  bord et de concurrencer ainsi par la qualitĂ© les autres croisiĂ©ristes, et au-delĂ  les autres entreprises du secteur du tourisme.

8. Sur un marchĂ© en forte croissance comme celui de la croisiĂšre, les entreprises peuvent investir massive-ment pour accroĂźtre leurs capacitĂ©s en mĂȘme temps que la qualitĂ© de leurs services. Sur un marchĂ© en faible croissance, les entreprises chercheraient surtout Ă  augmenter leur taux d’occupation et s’engageraient probablement dans une concurrence par les prix du fait des coĂ»ts fixes importants.

Document 4

La prolifĂ©ration des marques comme barriĂšre Ă  l’entrĂ©e

Le document 4 prolonge la stratĂ©gie de « segmentation des marchĂ©s » vue au dĂ©but du dossier avec l’exemple des cĂ©rĂ©ales pour petit dĂ©jeuner. Cette fois, les entre-prises essaient d’ériger des barriĂšres Ă  l’entrĂ©e en multipliant les marques pour saturer le marchĂ©.

9. Il semble exister plus de 3 000 marques diffĂ©rentes de cĂ©rĂ©ales (sur presque 10 ans, soit presque 3 650 marques) quand il n’en existait que 25 en 1950, soit une multiplica-tion par plus de 100.

10. En multipliant les marques, les firmes rĂ©duisent les possibilitĂ©s d’entrĂ©e sur le marchĂ©. Un nouvel entrant devrait en effet positionner une nouvelle variĂ©tĂ© dont la part de marchĂ© potentielle sera d’autant plus faible que le nombre de variĂ©tĂ©s est grand sur le marchĂ©.

11. L’avantage pour le consommateur tient Ă  la plus grande diversitĂ© de produits prĂ©sents sur le marchĂ©, ce qui permet Ă  chacun de trouver le produit le plus proche de ses goĂ»ts personnels. Malheureusement, cela conduit Ă  une production Ă  plus petite Ă©chelle donc plus coĂ»teuse et cela rĂ©duit la concurrence, donc accroĂźt le pouvoir de marchĂ© des vendeurs.

12. Les gains en termes de diversitĂ© sont faibles au regard des coĂ»ts qu’elle engendre : rĂ©duction de l’échelle de production et hausse du coĂ»t moyen, hausse des marges au dĂ©triment du consommateur.

FAIRE LE POINT

Concurrence par les prix

Concurrence par la qualité

Stratégie coopérative

Cartel Segmentation

Stratégie non coopérative

Guerre des prix

Montée en gamme

DOSSIER 4.Comment les autorités régulent-elles la concurrence sur les marchés ? p. 52-55

A. La surveillance des comportements des firmes

Document 1

Pourquoi faut-il sanctionner les pratiques anticoncurrentielles

Le document 1 est un extrait du site Internet de l’AutoritĂ© de la Concurrence dans lequel l’institution prĂ©sente et justifie son action. Il permet de faire le lien avec l’ana-lyse des dossiers prĂ©cĂ©dents sur le coĂ»t des pratiques anticoncurrentielles des firmes, notamment en termes de baisse de surplus du consommateur. Il introduit la dĂ©finition des deux grands types de pratiques anti-concurrentielles : les ententes et les abus de position dominante.

1. Une entente est une concertation entre plusieurs entreprises alors qu’un abus de position dominante est une pratique anticoncurrentielle d’une seule firme.

2. Les ententes comme les abus de position dominante conduisent Ă  un Ă©quilibre de marchĂ© inefficace caractĂ©-risĂ© par un prix plus Ă©levĂ© et des quantitĂ©s Ă©changĂ©es plus faibles. Il impose un surcoĂ»t pour les utilisateurs des biens ou services qui se rĂ©percute dans d’autres activitĂ©s si les acheteurs incorporent ces biens Ă  leur propre production. Le coĂ»t de ces pratiques anticoncur-rentielles se prolonge en dynamique en rĂ©duisant les incitations Ă  l’innovation.

3. En sanctionnant les pratiques anticoncurrentielles, les autoritĂ©s assurent aux consommateurs des produits plus abondants, moins chers et de meilleure qualitĂ©. De cette façon, ils permettent Ă  plus de consommateurs d’acquĂ©rir des biens de meilleure qualitĂ© et Ă  un prix plus bas. Le surplus des consommateurs est donc augmentĂ© car les consommateurs sont plus nombreux Ă  retirer un surplus de leur consommation et chaque consommateur accroĂźt l’écart entre le prix qu’il Ă©tait prĂȘt Ă  payer et le prix qu’il paie effectivement.

Document 2

Les amendes pour entente et abus de position dominante

Le document 2 est un graphique prĂ©sentant l’évolution des amendes infligĂ©es par l’AutoritĂ© de la concurrence pour entente ou abus de position dominante entre 2009 et 2017. Il permet de mesurer l’activitĂ© de cette institution.

4. Le total des sanctions infligĂ©es s’élĂšve Ă  4 736,8 millions d’euros sur une pĂ©riode de 9 ans, soit une moyenne de 4 736,8/9 = 526,3 millions d’euros.

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30

5. Il ne semble pas y avoir de tendance claire Ă  la hausse ou Ă  la baisse des sanctions infligĂ©es par l’AutoritĂ© de la concurrence. Tout au plus peut-on noter deux annĂ©es exceptionnelles, en 2014 et en 2015, oĂč les amendes ont atteint deux fois le montant annuel moyen de la pĂ©riode. Cette forte hausse ne s’est pas confirmĂ©e par la suite. Cela provient sans doute du caractĂšre exceptionnel de certaines sanctions qui gonflent temporairement le montant des sanctions.

Document 3

À la recherche de la sanction optimale

Dans ce document 3, Emmanuel Combe, vice-prĂ©sident de l’AutoritĂ© de la concurrence, applique la thĂ©orie du choix rationnel Ă  l’évaluation du montant optimal des sanctions.

6. Les autorités de la concurrence peuvent soit augmenter la probabilité de détection en augmentant les moyens déployés pour contrÎler les firmes ou en améliorant les procédures, soit augmenter la valeur des sanctions pour accroßtre le coût des cartels pour une probabilité de détection donnée.

7. Le gain illicite ne dĂ©pend pas que de la hausse du prix permise par la constitution du cartel. Il dĂ©pend aussi de l’évolution des quantitĂ©s vendues. Si l’élasticitĂ©-prix de la demande est forte, la quantitĂ© vendue par le cartel diminue sensiblement, ce qui rĂ©duit d’autant le gain illicite. Une sanction plus faible peut donc ĂȘtre suffisam-ment dissuasive.

8. Non. En tenant compte du risque de dĂ©tection, les gains espĂ©rĂ©s de la constitution d’un cartel sont largement supĂ©rieurs au coĂ»t Ă©ventuel de la sanction.

Document 4

Miner les ententes

Le document 4 permet de rentrer un peu dans le concret des procĂ©dures de contrĂŽle des autoritĂ©s de la concurrence. Le rapport de la direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence de la Commission europĂ©enne souligne l’importance du programme de clĂ©mence et du nouveau systĂšme d’alerte pour influencer le comportement stratĂ©gique des acteurs, que ce soit pour dĂ©noncer les abus, ou plus largement pour les prĂ©venir. Il s’accompagne de l’exemple du cartel des camions qui est, Ă  ce jour, la sanction la plus Ă©levĂ©e infligĂ©e pour entente en Europe.

9. Le dilemme du prisonnier a permis de comprendre que chaque entreprise avait intĂ©rĂȘt Ă  s’entendre pour atteindre, collectivement, le profit total le plus Ă©levĂ©. Il a aussi permis de comprendre que ces ententes Ă©taient difficiles car chaque entreprise a intĂ©rĂȘt Ă  ne pas respecter l’accord pour chercher Ă  atteindre un profit encore plus Ă©levĂ© ou parce qu’elle peut soupçonner l’autre d’en faire autant. En offrant la possibilitĂ© de sortir de l’entente sans coĂ»t, les autoritĂ©s cherchent Ă  renforcer les incitations Ă  la dĂ©fection pour chaque firme.

Pourtant,  elles veulent surtout miner les ententes. Chaque entreprise pouvant raisonnablement croire que l’autre cherchera Ă  bĂ©nĂ©ficier du programme de clĂ©mence, elle sera tentĂ©e d’essayer de le faire avant, voire elle refusera de se lancer dans l’entente tout court.

10. Le nouveau systĂšme d’alerte permet de recueillir plus facilement des documents Ă  charge pour dĂ©montrer l’existence d’une entente et, ainsi, la faire condamner. Ces ententes Ă©tant secrĂštes, il n’est pas toujours facile pour les autoritĂ©s de les dĂ©noncer efficacement. Par ailleurs, une fois de plus, c’est un message stratĂ©gique destinĂ© Ă  convaincre les entreprises que la probabilitĂ© de dĂ©tection sera plus forte et donc les ententes moins profitables.

FAIRE LE POINT

Pratiques anticoncurrentielles

Quantité plus faible

Prix plus élevé

Moindre innovation

Ententes Abus de position dominante

Perte de surplus pour le consommateur

B. Le contrĂŽle des concentrations

Document 1

Un arbitrage pouvoir de marché/baisse des coûts

Comme le document 1 du dossier 2B p. 46, ce premier document constitue un exercice guidĂ© d’analyse graphique pour souligner le dilemme que doivent gĂ©rer les autoritĂ©s de la concurrence lorsqu’elles ont Ă  se prononcer sur des projets de fusion. Il s’agit de l’arbi-trage de Williamson prĂ©sentĂ© par Emmanuel Combe. Il faut noter que, pour simplifier, le coĂ»t marginal est supposĂ© constant et Ă©gal au coĂ»t moyen.

1. S’il existe des Ă©conomies d’échelle, la fusion permet de rĂ©duire le coĂ»t moyen en augmentant l’échelle de production. Des Ă©conomies peuvent ĂȘtre faites sur les coĂ»ts fixes qui peuvent ĂȘtre mutualisĂ©s (recherche/dĂ©veloppement notamment). Une rĂ©organisation des firmes peut accroĂźtre la productivitĂ© par une division du travail plus approfondie. Il faut toutefois noter que ces restructurations sont, Ă  court-terme, moins coĂ»teuses.

2. La firme constituĂ©e par la fusion obtient un pouvoir de monopole. Elle est en mesure de faire le prix et d’imposer un prix supĂ©rieur Ă  ses coĂ»ts de production.

Livre du prof.indb 30 01/07/2019 10:56

31 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

Le risque d’entente sur un marchĂ© plus concentrĂ© est Ă©galement plus Ă©levĂ©.

3. Avant la fusion, le surplus du consommateur est représenté par la surface sous la droite de demande et au-dessus de la droite de prix P0. AprÚs la fusion, le surplus est réduit à la surface située sous la droite de demande et au-dessus du nouveau prix P1. La perte correspond au trapÚze rouge A1.

Avant la fusion, le profit du producteur est nul car le prix de vente est Ă©gal au coĂ»t moyen. AprĂšs la fusion, le prix de vente P1 est au-dessus du coĂ»t moyen C1. Ce profit unitaire, multipliĂ© par la quantitĂ© vendue, constitue le profit du producteur qui peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ© par le rectangle hachurĂ© A2.

4. Oui, l’analyse de Williamson montre qu’un tel gain net est possible si le gain de surplus du producteur (aire A2) l’emporte sur la perte du consommateur (aire A1).

5. Le bilan dĂ©pend, d’une part, de l’importance de la baisse du coĂ»t marginal et unitaire de production et, d’autre part, de l’importance de la hausse du prix pour le consommateur. Le premier effet dĂ©pend de l’impor-tance des synergies et Ă©conomies d’échelle engendrĂ©es par la fusion. Le second dĂ©pend de l’importance du pouvoir de marchĂ© acquis par la nouvelle entitĂ© sur le marchĂ©. On ne peut exclure dans le cas le plus favo-rable une baisse du prix pour le consommateur et une forte baisse du coĂ»t unitaire, assurant un bilan trĂšs positif de la fusion. Mais il est aussi possible que les coĂ»ts baissent peu et que le gain pour le producteur ne couvre mĂȘme pas les pertes du consommateur subis-sant une forte hausse du prix.

Document 2

La dĂ©fense du surplus du consommateur d’abord

Le document 2 relativise les conditions de l’arbitrage de Williamson prĂ©sentĂ© dans le document 1. Face aux diffi-cultĂ©s d’évaluer les gains d’efficacitĂ©, les autoritĂ©s sont surtout attentives aux effets sur le prix et Ă  la qualitĂ© pour le seul consommateur.

6. Une information asymétrique désigne une informa-tion qui est inégalement partagée entre les acteurs. Certains acteurs détiennent une information que les autres acteurs ne connaissent pas. Ils peuvent en faire un usage stratégique.

7. Non, il est difficile pour les autoritĂ©s de la concurrence d’évaluer les gains d’efficience engendrĂ©s par un projet de fusion et ce pour deux raisons principales. D’abord, les gains ne peuvent ĂȘtre connus avec certitude par les firmes. Ils dĂ©pendent des synergies potentielles mais aussi de la mise en Ɠuvre concrĂšte du projet de fusion et des coĂ»ts qu’il engendrera. Ensuite, les entreprises qui entendent fusionner en savent plus sur leur projet que les autoritĂ©s (situation d’asymĂ©trie d’information). Elles peuvent donc faire un usage stratĂ©gique de leur avantage en surestimant les gains d’efficience de leur projet pour obtenir l’aval des autoritĂ©s.

Document 3

Des autorisations sous condition

Le document 3 montre l’exemple d’une dĂ©cision de l’AutoritĂ© de la concurrence dans le cas d’une fusion-acquisition, rachat de ITM Equipement de la Maison par Bricorama. Le document est complĂ©tĂ© par un Ă©clairage statistique sur les diffĂ©rents types de dĂ©cision de l’ins-titution.

8. Non, il ne semblait pas y avoir de risque car la part de marchĂ© dĂ©tenue par le nouveau groupe sur l’ensemble du territoire n’était pas de nature Ă  lui octroyer une capa-citĂ© rĂ©elle d’imposer des prix plus Ă©levĂ©s.

9. Le projet de rachat de Bricorama risquait de faire apparaßtre des monopoles locaux dans quelques régions spécifiques.

10. L’AutoritĂ© de la concurrence a imposĂ© au nouveau groupe de vendre quelques magasins dans les zones oĂč son pouvoir de marchĂ© aurait Ă©tĂ© significatif. L’objectif est que ces magasins soient repris par des concurrents pour maintenir une pression concur-rentielle suffisante.

11. Ce type d’autorisation sous conditions reste assez rare. Entre 2009 et 2017, sur 1 734 dĂ©cisions, seules 65 ont Ă©tĂ© assorties de conditions, soit moins de 4 % d’entre elles.

FAIRE LE POINT

1. Faux.

2. Vrai.

3. Faux.

EXERCICES p. 59

Exercice 1

1. Faux (C’est le coĂ»t unitaire qui diminue).

2. Faux (Certaines ententes sont parfois autorisées comme les accords technologiques).

3. Vrai.

4. Faux (La guerre des prix par exemple est favorable !)

5. Faux (Il est contraint par la demande).

6. Vrai (Les innovations se diffusent, les brevets sont temporaires).

7. Vrai (En gĂ©nĂ©ral mais, dans certains cas, cela peut ĂȘtre faux s’il y a des Ă©conomies d’échelle importantes par exemple).

8. Faux.

9. Vrai.

10. Vrai.

Livre du prof.indb 31 01/07/2019 10:56

32

Exercice 2

1.

Constructeurs Nombre de véhicules

Part de marché

PSA 77 762 30,8 %

Renault 76 177 30,2 %

Volkswagen 29 156 11,6 %

Fiat Chrysler 13 019 5,2 %

Toyota 9 925 3,9 %

BMW 8 731 3,5 %

Ford 7 274 2,9 %

Daimler 6 699 2,7 %

Nissan 6 672 2,6 %

Autres 16 807 6,7 %

2. Répartition du marché automobile français en juin 2018

PSA31 %

Renault30 %

Volkswagen11 %

FiatChrysler

5 %

Toyota4 %

BMW3 %

Ford3 %

Daimler3 %

Nissan3 %

Autres7 %

Exercice 3

1. Le nombre d’abonnĂ©s Ă  la plateforme Netflix est en forte croissance depuis 2012 que ce soit aux États-Unis ou dans le reste du monde. Ainsi, le nombre d’abonnĂ©s Netflix est passĂ© de moins de 30 millions Ă  prĂšs de 150, soit une multiplication par environ 5 entre 2012 et 2018.

2. On cherche le taux de croissance annuel moyen, notĂ© g, tel que 23,41 x (1 + g)6 = 56,7. On a donc g = 1 - (56,7/23,41)1/6 = 15,9 % .Le nombre d’abonnĂ©s Netflix aux États-Unis a cru au rythme annuel moyen de 15,9 %.De la mĂȘme façon, on calcule que le nombre d’abonnĂ©s en dehors des États-Unis a augmentĂ© au rythme annuel moyen de 67,5 %.

3. La croissance du nombre d’abonnĂ©s semble se faire Ă  un rythme constant aux États-Unis tandis que ce

rythme semble sans cesse accĂ©lĂ©rer dans le reste du monde. Cette derniĂšre contribue donc de plus en plus Ă  la croissance du nombre total d’abonnĂ©s. Ainsi, alors que les abonnĂ©s hors des États-Unis reprĂ©sentaient 90 % environ des abonnĂ©s Netflix en 2012, ils en reprĂ©-sentaient en 2018 : 87,9/148,5 = 59 %.

L’INFOGRAPHIE DU CHAPITRE p. 60

Les GAFA sont des entreprises originales par leur taille (CA, effectifs
) et leur relative jeunesse, marque d’une croissance exceptionnellement rapide.

Leur pouvoir de marché se mesure à leur part de marché (Google et Facebook notamment mais aussi Amazon avec son service Prime), ou leur profitabilité exception-nelle (Apple ou Google)

La concentration de ces secteurs repose sur d’impor-tantes Ă©conomies d’échelle et de rĂ©seau. Leur croissance exceptionnelle illustre le phĂ©nomĂšne de « winner takes all » abordĂ© dans le dossier 3

La dĂ©fense des GAFA peut s’appuyer sur l’importance de leur innovation qui est Ă  la fois Ă  la source de leur monopole et au cƓur de leur dĂ©veloppement constant. Leur extraordinaire profitabilitĂ© peut alors s’interprĂ©ter comme une rente d’innovation, une rĂ©compense lĂ©gitime pour leur contribution Ă  l’innovation. L’approche schum-pĂ©terienne du monopole temporaire des entrepreneur innovateur peut ici ĂȘtre mobilisĂ©e.

Mais le pouvoir de marchĂ© des GAFA repose aussi sur l’existence de barriĂšres Ă  l’entrĂ©e qui dĂ©coulent des Ă©conomies d’échelle et de rĂ©seau et qui sont aussi entretenues par les GAFA eux-mĂȘmes. Ces derniers utilisent leurs profits pour acquĂ©rir des start-up inno-vantes. Cela leur permet de renforcer leur pouvoir de monopole.

VERS LE BAC.Épreuve de spĂ©cialitĂ© p. 62-63

PARTIE 1. Mobilisation de connais-sances et traitement de l’information

Étude de document

1. En situation de concurrence pure et parfaite, les produits vendus sont homogĂšnes, le nombre de vendeurs et d’acheteurs est trĂšs grand et tous ces vendeurs et acheteurs ont la mĂȘme taille : l’information sur les produits est transparente, le marchĂ© est fluide (ni barriĂšres Ă  l’entrĂ©e, ni barriĂšres Ă  la sortie), le travail et le capital sont mobiles. Dans ces conditions, la concur-rence ne porte que sur les prix, aucun acteur ne peut influencer le marchĂ©. Un prix du marchĂ© s’impose Ă  tous et les acteurs sont preneurs de prix. Pour augmenter le

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33 CHAPITRE 2 Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

profit, l’entreprise doit faire des progrĂšs techniques pour rĂ©duire ses coĂ»ts.

En situation de monopole, un seul vendeur fait face Ă  une infinitĂ© d’acheteurs. Il dispose donc d’un certain pouvoir de marchĂ©, limitĂ© cependant par la courbe de demande des acheteurs. Le monopole peut fixer un prix plus Ă©levĂ© qu’en concurrence pure et parfaite. Les quantitĂ©s vendues sont plus faibles et il en rĂ©sulte une perte de bien-ĂȘtre pour la collectivitĂ©. La situation de monopole est souvent fragile : elle dĂ©pend soit de dĂ©ci-sions rĂ©glementaires (monopole institutionnel), soit du fonctionnement de la concurrence (Ă©conomies d’échelle et monopole naturel) soit d’innovations portĂ©es par une firme. Dans ce cas, le monopole est temporaire puisque d’autres firmes vont, au cours du temps, imiter la firme innovatrice.

En situation d’oligopole, un petit nombre de firmes fait face à un grand nombre d’acheteurs.

Elles prennent leurs dĂ©cisions en situation d’interac-tion stratĂ©gique. Leur profit dĂ©pend de leur dĂ©cision de production mais Ă©galement de celles de leurs concurrents. Une entente dĂ©signe un accord formel

ou informel entre quelques entreprises sur la quan-titĂ© mise sur le marchĂ© et/ou le prix de vente. Une telle entente est avantageuse si elle permet d’éviter la guerre des prix et permet aux entreprises d’atteindre un profit plus Ă©levĂ©. En cas d’entente parfaite, sous la forme d’un cartel par exemple, les firmes agissent collectivement comme le ferait un monopoleur. Elles obtiennent alors le profit total le plus Ă©levĂ©. L’entente permet Ă©galement de rĂ©partir ce profit entre les diffĂ©-rentes entreprises participant au cartel, de façon Ă  satisfaire les intĂ©rĂȘts de chacun.

À dĂ©faut d’entente, la concurrence entre les firmes conduit Ă  un Ă©quilibre moins favorable avec un prix plus faible. La concurrence peut mĂȘme conduire au dĂ©clenchement d’une guerre de prix dont l’issue est incertaine et peut entraĂźner l’éviction d’une ou plusieurs entreprises qui ont donc intĂ©rĂȘt Ă  l’éviter. À titre d’il-lustration, l’absence d’entente entre Airbus et Boeing dans le duopole de l’aĂ©ronautique, est Ă  l’origine d’une guerre des prix larvĂ©e, notamment en fin d’exercice pour gagner le titre symbolique de premier avionneur mondial, Ă  l’origine d’une compression des marges des deux entreprises.

2.

Prix d'une

boule de glace (€)

Nombre de boules de glaces achetées par les consommateurs

Recette totale du

monopoleur

Recette supplĂ©mentaire du monopoleur engendrĂ©e par les 50 derniers

cornets de glace

Coût total du

monopoleur

Coût supplémentaire

engendrĂ© par les 50 derniers

cornets de glace

Profit total du monopoleur

P Q RT = P ⋅ Q Rm CT Cm ∏ = RT – CT

3 50 150 150 160 10 –10

2,5 100 250 100 170 10 80

2 150 300 50 180 10 120

1,5 200 300 0 190 10 110

1 250 250 –50 200 10 50

0,5 300 150 –100 210 10 –60

‱ La recette totale est Ă©gale au nombre de cornets vendus multipliĂ© par le prix unitaire du cornet. Il faut d’abord associer Ă  chaque prix la quantitĂ© de cornets vendues. Il suffit d’ajouter 50 cornets de glaces pour chaque baisse de 50 centimes Ă  partir des 50 cornets vendus pour des cornets Ă  3 €. Par exemple pour un prix de 2,5 € le cornet, le marchand de glaces vend 100 cornets, soit 250 € de recette totale.

‱ La recette marginale correspond Ă  la variation de la recette totale suite Ă  la vente d’une unitĂ© supplĂ©mentaire de glaces. Ici on raisonne sur des paquets de 50 cornets. Par exemple pour le deuxiĂšme paquet de 50 cornets, la recette totale passe de 150 Ă  250 € par jour, soit une variation de + 100 €

‱ Le coĂ»t total s’obtient en ajoutant pour chaque quantitĂ© de cornets de glace les coĂ»ts fixes (150 €) et les couts variables (0,2 x nombre de cornets).

‱ Le coĂ»t marginal correspond Ă  la variation du coĂ»t total suite Ă  la production d’un cornet supplĂ©mentaire. Ici il est constant et Ă©gal Ă  0,2 €. Dans le tableau, pour 50 cornets cela fait donc 10 €.

3. Le marchand de glaces, qui cherche Ă  atteindre le profit le plus Ă©levĂ©, a intĂ©rĂȘt Ă  vendre des cornets tant que le supplĂ©ment de recettes est supĂ©rieur au supplĂ©-ment de coĂ»t. D’aprĂšs le tableau, le dernier paquet de 50 cornets qui est encore rentable est le 3eme. Produire le quatriĂšme paquet de 50 cornets, coĂ»terait plus (10 €) qu’il ne rapporterait (0 €). Le marchand choisit donc de fixer son prix Ă  2 € le cornet et il en vend 150. Sa recette totale s’élĂšve Ă  300 et son coĂ»t total Ă  180, ce qui lui laisse un profit de 120 € pour la journĂ©e.

En calculant le profit pour les autres paquets de 50 cornets, on vérifie bien que le profit est maximal pour 3 paquets de 50 cornets.

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PARTIE 2. Raisonnement appuyé sur un dossier documentaire

À l’aide de vos connaissances et du dossier documen-taire, vous montrerez que les sources de pouvoir de marchĂ© des firmes sont multiples.

3 IntroductionCes derniĂšres annĂ©es, la concentration croissante de certains secteurs de l’économie amĂ©ricaine est dĂ©noncĂ©e par certains Ă©conomistes qui y voient un risque pour la concurrence tant le pouvoir de marchĂ© de ces grandes entreprises est rĂ©el. Mais la situation des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) est-elle comparable Ă  celle du secteur financier ? D’oĂč provient la capacitĂ© de ces entreprises Ă  influencer le prix du marchĂ© pour le fixer au-delĂ  de son niveau de concurrence parfaite ? Si le pouvoir de marchĂ© des firmes peut en effet dĂ©couler de pratiques anticoncurrentielles (partie 1), il peut Ă©galement provenir de la nature mĂȘme des activitĂ©s en question du fait de l’existence de formes d’économies d’échelle (partie 2), ou encore ĂȘtre le rĂ©sultat de la capa-citĂ© d’innovation de certaines entreprises (partie 3).

3 Proposition de plan détaillé

I/ Le pouvoir de marchĂ© des firmes peut dĂ©couler de certaines pratiques anticoncurrentielles comme les ententes (1.1), ou la mise en place de diverses barriĂšres Ă  l’entrĂ©e (1.2)

– DĂ©finition d’une entente. CapacitĂ© Ă  faire les prix collectivement. Exemple du cartel sur les obligations en dollars (texte 1). Autres exemples cĂ©lĂšbres (cartel des camions, des vitamines
).

– DĂ©finition d’une barriĂšre Ă  l’entrĂ©e. Origines diverses des barriĂšres Ă  l’entrĂ©e avec exemple (contrĂŽle de la chaĂźne d’approvisionnement et de commercialisa-tion avec l’exemple de la De Beers, diffĂ©renciation des produits et segmentation du marchĂ© avec l’exemple des cĂ©rĂ©ales
).

II/ Le pouvoir de marchĂ© des firmes peut aussi rĂ©sulter de la nature mĂȘme de leurs activitĂ©s du fait de l’exis-tence d’économies d’échelle (2.1) ou de rĂ©seau (2.2)

– DĂ©finition d’une Ă©conomie d’échelle. Oligopoles et monopoles naturels. Exemple de la distribution du gaz, le transport ferroviaire


– DĂ©finition d’une Ă©conomie de rĂ©seau ou des « rende-ments croissants d’adoption ». PhĂ©nomĂšne de « winner takes all ». Exemple des systĂšmes d’exploitation pour tĂ©lĂ©phones mobiles (complĂ©mentaritĂ©s entre l’OS et les applications : plus l’OS est installĂ©, plus les dĂ©veloppeurs dĂ©veloppent des applications pour cet OS
). Utilisation des donnĂ©es du graphique 2. Autres exemples possibles dans les nouvelles technologies (Facebook, Uber, Micro-soft
).

III/ Le pouvoir de marchĂ© peut enfin ĂȘtre le rĂ©sultat de l’innovation des entreprises Ă  l’origine d’un pouvoir de monopole temporaire (3.1) qui peut parfois perdurer (3.2)

– L’innovation à l’origine d’un monopole temporaire. Rîle des entrepreneurs à la recherche d’une rente d’in-novation (Schumpeter). Reprise de l’exemple de Google sur les systùmes d’exploitation pour mobiles. Autres exemples dans les nouvelles technologies (Apple, Amazon
).

– Ce pouvoir de marchĂ© temporaire peut perdurer : les rentes d’innovation peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour investir dans de nouvelles innovations ou des acquisitions stra-tĂ©giques, voire pour Ă©riger des barriĂšres Ă  l’entrĂ©e (exemple des GAFA).

3 ConclusionLes origines du pouvoir de marchĂ© des firmes sont donc diverses. Si certaines peuvent ĂȘtre illĂ©gitimes et mĂ©ritent d’ĂȘtre condamnĂ©es par les autoritĂ©s (pratiques anticoncurrentielles), d’autres sont plus lĂ©gitimes et bĂ©nĂ©fiques Ă  la sociĂ©tĂ© et doivent donc ĂȘtre contrĂŽlĂ©es avec pragmatisme.

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