REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
MINISTERE DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE L’ENVIRONNEMENT
FEM/PNUD
Projet ALG/97/G31
Plan d’Action et Stratégie Nationale sur la Biodiversité
TOME VII
EVALUATION DES BESOINS EN MATIERE DE RENFORCEMENT DES CAPACITES NECESSAIRES A L’EVALUATION ET LA REDUCTION DES RISQUES MENAÇANT
LES ELEMENTS DE LA DIVERSITE BIOLOGIQUE EN ALGERIE
BILANS DES EXPERTISES
Tome I à Tome IV : Mises en œuvre des mesures générales pour la conservation in situ et
ex situ et l’utilisation durable de la biodiversité en Algérie
Tome V à Tome VIII : Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités
nécessaires à l’évaluation et la réduction des risques menaçant les
éléments de la diversité biologique en Algérie.
Tome IX à Tome XII : Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités
nécessaires à la conservation et l’utilisation durable de la
biodiversité importante pour l’agriculture
Expert Consultant Dr. A. ABDELGUERFICoordonnateur M. S.A. RAMDANE
2003
Bilans des Expertises sur « Les Risques Menaçant la Biodiversité en Algérie » MATE-GEF/PNUD : Projet ALG/97/G31 1
Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités nécessaires à l’évaluation et la réduction des risques menaçant les éléments de la diversité biologique en Algérie
SOMMAIRE DES BILANS DES EXPERTISES (TOME VII)
PagesPREAMBULE 7
LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET L’OZONE 8
Préambule 81. Biodiversité et différentes pressions 102. Liens entre biodiversité et climat 112.1. Analyse historique 11
2.2. Biodiversité et système climatique 12
3 Evolution du climat en Algérie 123.1. Evolution de la température 12
3.2. Evolution des précipitations 12
3.3. Projections climatiques sur l’Algérie 13
4. Biodiversité et couche d’ozone 144.1. Augmentation du rayonnement UV à la surface de la terre 15
4.2. Mesure de l’ozone total atmosphérique en Algérie 16
4.3. Impacts de la diminution de la couche d’ozone sur la biodiversité 16
5. Biodiversité et ozone troposphérique 195.1. Mesure de l’ozone troposphérique en Algérie 19
5.2. Impacts de l’ozone troposphérique sur les écosystèmes terrestres 20
6. Biodiversité et augmentation de la concentration atmosphérique du CO2 226.1. Evolution de la concentration du CO2 dans l’atmosphère 22
6.2. Impacts de l’augmentation de la concentration du CO2 sur les écosystèmes terrestres 22
6.3. Impacts de l’augmentation de la concentration du CO2 sur les écosystèmes marins 24
7. Biodiversité et changements climatiques 258. Méthodologie d’étude des impacts des changements climatiques sur la biodiversité 308.1. Méthodologie basée sur le déplacement des écosystèmes 30
8.2. Méthodologie basée sur les facteurs écologiques 30
8.3. Application de la méthodologie basée sur le déplacement des écosystèmes à l’Algérie 31
8.4. Application de la méthodologie basée sur les facteurs écologiques à l’Algérie 32
9. Atténuation des changements climatiques et biodiversité 339.1. Impacts potentiels du boisement, reboisement et lutte contre la déforestation sur la biodiversité 33
9.2. Impacts potentiels de l’exploitation des terres sur la biodiversité 34
9.3. Impacts potentiels des nouvelles technologies de l’énergie sur la biodiversité 35
10. Adaptation aux changements climatiques et biodiversité 3510.1. Notion de vulnérabilité 35
10.2. Options potentielles d’adaptation pour réduire les impacts des changements climatiques sur les
écosystèmes et la biodiversité
36
10.3. Conséquences des activités d’adaptation sur les écosystèmes et la biodiversité 36
10.4. Synergie entre la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité et les changements climatiques 37
11. Prise en charge actuelle de la biodiversité au niveau institutionnel 3711.1. Niveau mondial 37
11.2. Niveau national 37
12. Analyse des capacités actuelles pour atténuer les pressions liées aux changements climatiques et à l’ozone
38
13. Stratégie en matière de renforcement des capacités pour atténuer les pressions liées aux changements climatiques et à l’ozone
40
13.1. Objectifs de la stratégie 40
13.2. Types d’actions de renforcement 40
13.3. Groupes cibles 41
14. Renforcement des capacités pour atténuer les pressions liées aux changements climatiques et à l’ozone
41
14.1. Information générale 42
14.2. Prospective 43
14.3. Actions sectorielles 44
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14.4. Appui à la sensibilisation et la prise de décision 45
14.5. Formation et renforcement de capacités spécifiques 46
15. Renforcement institutionnel 4616. Mécanismes de financement 4817. Conclusion 49
L’EAU ET SON IMPACT SUR LA BIODIVERSITE 50
Introduction 501. Situation actuelle 522. Propositions futures 58Conclusion 60
LA DEGRADATION DES SOLS 61
1. Introduction 612. Importance de la dégradation des sols 632.1. La dégradation des sols 63
2.2 La diversité biologique 63
2.3. L’importance de la biodiversité 63
2.4. Le sol réservoir de la biodiversité 64
3. Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités nécessaires à l'atténuation de la dégradation des sols et sa menace qui pèse sur les éléments de la biodiversité dans sa globalité
65
3.1. Etat des capacités actuelles 65
3.2. Besoins en matière de renforcement des capacités (organisationnels, institutionnels, matériels, humains,
financiers, juridiques et législatifs)
67
4. Partage des responsabilités entre les différentes parties concernées et/ou les différents partenaires impliqués
68
5. Mécanismes de financement et de gestion du financement pour amener les différents partenaires à atténuer les risques de la dégradation des sols (fonds à mettre en place, moyens à mettre en œuvre….)
69
6. Stratégie en matière de renforcement des capacités nécessaires à la réduction des risques de la dégradation des sols menaçant la diversité biologique locale et globale
69
7. Perspectives : la durabilité des actions dans la lutte contre la dégradation des sols et la sauvegarde de ladiversité biologique. Quelques concepts
71
7.1. L'évaluation des sols pour l'utilisation planifiée et durable des terres 71
7.2. Planification de l'utilisation des sols et le développement durable 71
7.3. Les indicateurs des qualités des terres: Moyens d'évaluation de l'état de la biodiversité 72
8. Conclusion 73
LE SURPATURAGE, LE DEFRICHEMENT ET LA DESERTIFICATION 74
Introduction 741. Introduction sur la diversité biologique et sur le surpâturage, le défrichement et la désertification 751.1. Exposé introductif sur la diversité biologique 76
1.2. Exposé introductif sur le défrichement, le surpâturage et la désertification 79
2. Importance du surpâturage, du défrichement et de la désertification et de leurs impacts sur la diversité biologique
80
2.1. Préambule sur le phénomène désertification, conséquence du surpâturage et du défrichement 80
2.2. Compréhension des mécanismes de la désertification des zones arides 81
2.3. Impacts du phénomène désertification sur la diversité biologique 85
3. Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités nécessaires à l'atténuation du surpâturage, du défrichement et de la désertification et de leurs menaces qui pèsent sur la DB en général (quantification)
87
3.1. Etat des capacités actuelles 87
3.2. Besoins en matière de renforcement des capacités: besoins organisationnels, institutionnels, matériels,
humains, financiers, juridiques et législatifs (taxes, impôts, textes à mettre en place et/ou à modifier)
91
4. Partage des responsabilités entre les différentes parties concernées et/ou les partenaires impliqués 975. Mécanismes de financement et de gestion du financement pour amener les différents partenaires à
atténuer les risques de surpâturage, du défrichement et de la désertification 98
6. Stratégie en matière de renforcement des capacités nécessaires à la réduction des risques de surpâturage, du défrichement et de la désertification menaçant la diversité biologique locale et globale
98
6.1. Stratégie de conservation de la flore 99
6.2. Stratégie de conservation de la faune 99
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6.3. Stratégie de conservation des zones humides 100
6.4. Stratégie de conservation de la biodiversité 100
6.5. Stratégie de conservation des espèces animales locales 101
6.6. Stratégie pour prévenir les risques biotechnologiques 101
6.7. Stratégie pour le partage équitable des avantages découlant de la mise en valeur des ressources biologiques 102
6.8. Stratégie pour l'utilisation durable de la biodiversité 102
Conclusion 104
LA DESERTIFICATION 106
Avant propos 106Introduction 1081. Introduction sur la biodiversité 1091.1. Evolution des théories écologiques et notion de biodiversité 110
1.2. La diversité biologique : origine, consistance et répartition géographique 111
1.3. Importance de la diversité biologique et des ressources biologiques 112
2. Introduction sur la désertification en tant que menace sur les composantes de la biodiversité 1142.1. Introduction sur la désertification 114
2.2. Causes de la désertification 115
2.3. Conséquences de la désertification 116
2.3. Menaces de la désertification sur la diversité biologique 117
3. Importance de la désertification et son impact sur la diversité biologique (quantification) 1203.1. Le barrage vert 120
3.2. Importance de la désertification (quantification) : la carte nationale de sensibilité à la désertification
élaborée par télédétection
121
3.3. Impact sur la diversité biologique 124
3.4. Conséquences de l’appauvrissement de la diversité biologique 125
4. Evaluation des besoins pour renforcement des capacités nécessaires à l’atténuation de la désertificationet sa menace sur la biodiversité
126
4.1. Etat des capacités actuelles 126
4.2. Renforcement des capacités 135
5. Partage des responsabilités entre les différentes parties concernées et / ou les différents partenaires 1386. Mécanismes de financements et de gestion du financement pour amener les différents partenaires à
atténuer les risques de la désertification (fonds à mettre en place, moyens à mettre en oeuvre) 138
7. Eléments de la stratégie en matière de renforcement des capacités nécessaires à la réduction des risques de la désertification menaçant la biodiversité locale et globale
139
Conclusion 144
LES INCENDIES 145
Introduction 1451. Quelques notions sur la diversité biologique 1452. La forêt algérienne 1463. Les incendies de forêt 1463.1. Généralités 146
3.2. Notion de pyrologie forestière 147
3.3. Risques Incendies 148
3.4. Comportement des êtres vivants devant l’incendie 149
3.5. Les feux de forêt en Algérie 150
3.6. Lutte contre les incendies de forêt 152
Conclusion 154
L’URBANISATION, LES INFRASTRUCTURES ET LA DEMOGRAPHIE 157
1. Introduction 1571.1. Le contexte géo-politique international 157
1.2. Situation internationale de la diversité biologique 157
1.3. La biodiversité dans le contexte algérien en général 157
2. Analyse conceptuelle 1602.1. Définition de la biodiversité, des ressources biologiques, et de la conservation 160
2.2. Environnement 161
2.3. Notions d'écologie 161
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2.4. Génétique Et Environnement 162
2.5. Productivité 163
3. La problématique de la biodiversité dans le monde 1633.1. Pourquoi la biodiversité s'amenuise-t-elle ? 163
3.2. Une crise mondiale de la disparition des espèces 163
4. Menaces de l’accroissement de la population sur la biodiversité 1664.1. Etat des lieux 166
4.2. Altération de l'environnement par l’homme 168
5. L’importance de l’étude sociologique portant sur le concept de la valeur ayant trait a la conservationde la biodiversité
174
5.1.Le sujet 174
5.2. Valeurs et niveaux d’analyse 175
5.3. Méthodes d’étude des valeurs 175
5.4. Evaluation économique de la biodiversité 176
5.5. Changement de valeurs et biodiversité 177
5.6.Valeurs et développement durable 178
5.7. Gestion de la biodiversité dans l’aménagement de la terre 179
6. Préservation de la biodiversité 1817. Impact de la démographie, de l’urbanisation et des infrastructures sur la biodiversité en Algérie 1827.1. Impact de la démographie sur la biodiversité 182
7.2. Impact de l’urbanisation sur la biodiversité 188
7.3. Impact des infrastructures sur la diversité biologique 198
8. Le phénomène de la désertification 2069. Soutenir la participation des communautés locales dans un système d’information sur la gestion de la
biodiversité210
9.1. Importance de l’approche participative des communautés locales 210
9.2. Conservation in situ et gestion participative 211
9.3. Le rôle de l’expertise scientifique 212
9.4. Quel système d’information pour les organisations locales 213
10. Valorisation économique de la biodiversité 21311. La stratégie algérienne en matière de conservation de la biodiversité 11311.1. La stratégie gouvernementale 113
11.2. Stratégie et programme d’action pour la conservation 224
12. Les recommandations 230Conclusion générale 245
LES POLLUTIONS CHIMIQUES 246
Préambule 246Introduction 2461. Définitions et contexte 2471.1. Définitions 247
1.2. Les pollutions chimiques et leurs effets sur la diversité biologique 247
1.3. Contexte réglementaire et institutionnel 253
2. Diversité biologique et pollutions chimiques en Algérie 2542.1. La diversité biologique en Algérie 254
2.2. Impacts des pollutions chimiques sur la diversité biologique en Algérie 255
3. Renforcement des capacités 2573.1. Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités 257
3.2. Partage des responsabilités 258
3.3. Mécanismes de financement et de gestion des financements 258
3.4. Stratégie en matière de renforcement des capacités 258
Conclusion 260
LA BIO-INVASION, LA POLLUTION ET L’EROSION GENETIQUES 262
1. Introduction 2622. Définition de concepts 2632.1. Biodiversité 263
2.2. Ressources génétiques 265
2.3. Bio-invasion 266
2.4. Pollution génétique 268
2.5. Erosion génétique 269
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2.6. Biopiratage 272
3. Etat actuel de la biodiversité 2743.1. Etat de la DB à l’échelle mondiale 274
3.2. Etat de la Diversité Biologique en Algérie 275
3.3. Inventaire et recensement de la diversité biologique 276
3.4. Législation et réglementation en relation avec la Biodiversité 278
3.5. L’Algérie et les conventions internationales en matière de DB 279
3.6. Institutions actuellement en charge de veiller à l’application des textes réglementaires en relation la
biodiversité
281
3.7. Etat actuel des capacités en matière de contrôle des importations de matériel biologique 284
3.8. Conclusion 285
4. Menaces pesant sur la biodiversité (importance de l’impact) 2864.1. Menaces d’origine abiotique 287
4.2. Menaces d’origine biotique 289
4.3. Menaces d’origine anthropique 291
4.5. Conclusion 293
5. Stratégie pour la conservation de la biodiversité 2955.1. Pourquoi conserver la biodiversité ? 295
5.2. Principes généraux pour la conservation de biodiversité 295
5.3. Stratégie pour la conservation de la biodiversité 297
6. Renforcement des capacités pour la conservation de la biodiversité 3036.1. Renforcement des capacités humaines et institutionnelles 303
6.2. financement de la biodiversité 305
7. Conclusion générale 306
LA PECHE 308
Introduction 3081. Présentation 3091.1. Les côtes algériennes 309
1.2. L’activité halieutique proprement dit 311
2. Le système d’exploitation actuel 3152.1. Les perspectives déclarées 315
2.2. Les capacités biologiques 317
2.3. Evaluation des besoins 318
3. Partage des responsabilités 3233.1. Les protagonistes 323
3.2. Les principes fondamentaux directeurs 324
3.3. La répartition des tâches 324
4. Le financement des actions 3264.1. Les opérateurs 326
4.2. Les bailleurs de fond 326
4.3. L’accès à la mer réglementé 326
5. Stratégie en matière de renforcement des capacités 327Conclusion 329
LA CHASSE 331
1. Introduction sur la diversité biologique et sur la chasse en tant que menace pesant sur les composantes de cette diversité biologique
331
2. Importance de la chasse et de son impact sur la diversité biologique (quantification) 3323. Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités nécessaires à l’atténuation de la
chasse qui pèsent sur la diversité biologique dans sa globalité334
3.1. Etat des capacités actuelles 334
3.2. Besoins en matière de renforcement de capacité 335
4. Partage des responsabilités entre les différentes parties concernées et/ou les différents partenaires impliqués
336
4.1. L’administration forestière 336
4.2. Les groupements de chasseurs 337
4.3. L’administration judiciaire 337
4.4. Administration touristique 337
4.5. Administration du commerce 337
5. mécanisme de financement et de gestion du financement pour amener les différentes partenaires à 337
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atténuer les risques de la chasse (fonds à mettre en place, moyens à mettre en œuvre) 6. Stratégie en matière de renforcement des capacités nécessaires à la réduction des risques de la chasse
menaçant la diversité biologique locale et globale338
7. Conclusion 338
LA COMMERCIALISATION 340
1. Introduction 3402. Problématique démarche 3422.1. Raisons de l’examen des liens entre le commerce et l’environnement 342
2.2. Importance de l’étude des liens entre l’environnement et le commerce extérieur 343
3. Applications : Explicitations 3443.1. Justification des secteurs choisis 344
3.2. Note explicative du choix des secteurs et des produits 347
3.3. Contribution des secteurs 347
3.4. Justification du choix des intrants 348
4. Résultats et commentaires 3484.1. Les sources : présentation et commentaires 349
4.2. Résultats et commentaires 353
4.3. Les degrés de sensibilité des produits sectoriels 356
5. Implications de politiques de l’environnement et recommandations 3585.1. Quelques propositions 358
5.2. Conclusion générale et recommandations 360
5.3. Précautions dans l’utilisation du modèle 361
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Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités nécessaires à l’évaluation et la réduction des risques menaçant les éléments de la diversité biologique en Algérie
PREAMBULE
Pour la réalisation des expertises du thème « Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités nécessaires à l’évaluation et la réduction des risques menaçant les éléments de la diversité biologique en Algérie », il a été fait appel à différents consultants qui ont
travaillé rarement en groupe :
Tabet M. : Impacts Des Changements Climatiques Et De L’Ozone Sur La Biodiversité
Mouhouche B. : L’Eau Et Son Impact Sur La Biodiversité
Gaouas A. : La Dégradation Des Sols Et La Biodiversité En Algérie
Mederbal K. : Le Surpâturage, Le Défrichement Et La Désertification
Djehich F. : La Désertification
Oldache E-H. : Les Incendies
Benmebarek A. et Frioui M. : L’Urbanisation, Les Infrastructures Et La Démographie
Rebah M. : Les Menaces Des Produits Chimiques Sur La Diversité Biologique
Khelifi L. (chef de groupe), Morsli A., Khelifi-Slaoui M. : La Bio-Invasion, La Pollution
Et L’Erosion Génétiques
Chalabi A. : L’impact De La Pêche Sur La Diversité Biologique Marine
Beloued A. : La Chasse En Tant Que Menace Pesant Sur Les Composantes De La
Diversité Biologique
Bourez K. : La Commercialisation En Tant Que Menace Sur La Biodiversité
Les différentes expertises ont été présentées et discutées lors de l’Atelier N°3 qui s’est tenu du
10 au 11 décembre 2002 à Alger (tome VI). Compte tenu des remarques et des débats, les
consultants ont complété, amendés et/ou rectifié leur approche.
Les annexes des différentes expertises sont regroupées au niveau du Tome VIII.
Dr. ABDELGUERFI A.
Expert consultant
2003
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IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DE L’OZONE SUR LA BIODIVERSITE
Préambule
L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature et de ses ressources (UICN) le soulignait
dès 1980 : « La préservation de la diversité génétique est un gage d'avenir et un investissement
nécessaire pour maintenir et améliorer la production agricole, forestière, halieutique, pour garder les
options ouvertes sur l'avenir et pour parer aux changements défavorables qui surviennent à
l'environnement. »
La biodiversité désigne la variété au sein des organismes vivants provenant de toutes les sources y
compris les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes
écologiques dont ils font partie. Elle désigne la diversité au sein des espèces, entre les espèces et
entre les écosystèmes.
La richesse actuelle de la vie sur notre planète est le résultat de centaines de millions d’années
d’évolution. Au cours de la longue histoire de l’humanité, les cultures humaines ont émergé et se
sont adaptées à l’environnement local en utilisant et en modifiant les ressources biotiques locales.
La domestication de variétés locales de plantes et l’élevage d’animaux ont apporté leur
contribution à la biodiversité.
Au cours de la période récente, la satisfaction des besoins de plus en plus grands liés à
l’accroissement démographique exponentiel et au développement accéléré des activités
socioéconomiques ont engendré :
- une urbanisation à grande échelle,
- une surexploitation intensive des sols et une forte extension de la monoculture,
- un défrichement des terres,
- une désertification des terres vulnérables à cause de leur surexploitation,
- une déforestation importante du patrimoine forestier,
- une surexploitation des ressources halieutiques,
- une utilisation effrénée des ressources naturelles ( eau, air, sols) et des matières
premières dont de nombreux minerais,
Ces activités exercent une forte pression sur la biodiversité et sont à l’origine de la dégradation de
nombreux écosystèmes.
Les pratiques de consommation, de production, les échanges commerciaux, le développement
agricole et industriel se trouvent à l’origine :
- d’une pollution dangereuse des ressources naturelles,
- d’une perturbation à grande échelle de l’équilibre climatique due aux émissions
anthropiques des gaz à effet de serre et de la couche d’ozone provoquée par les
émissions de gaz comme les chlorofluorocarbones (CFC) utilisés dans les systèmes de
réfrigération et de climatisation,
- d’une dégradation de plus en plus grande de la biodiversité naturelle.
Beaucoup considèrent que le déclin de la biodiversité est un processus irréversible qui risque
d’hypothéquer l’existence même de l’humanité.
Les scientifiques s'accordent à dire que la biodiversité est, d'une part, le moteur des écosystèmes et,
d'autre part, le garant d'une nature équilibrée et résistante aux maladies et aux changements
climatiques. La biodiversité est une nécessité fondamentale pour l’adaptation et la survie ainsi que
pour la poursuite de l’évolution des espèces.
La biodiversité est une source significative d’avantages économiques, esthétiques, médicaux et
culturels. Bien que les estimations varient, on peut affirmer que le monde est en train de devenir
de moins en moins diversifié biologiquement en termes de gènes, d’espèces et d’écosystèmes.
Expert Consultant Dr. Abdelguerfi A. 2002/2003 Coordonnateur M. Ramdane S.A
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A l’heure actuelle, ni la valeur économique, ni l’interdépendance au sein de la biodiversité ne sont
pas bien comprises. En particulier, on ne dispose que de peu de connaissances sur les liens qui
assurent la cohabitation des espèces au sein des écosystèmes et sur les effets de la disparition
d’une espèce donnée sur les autres.
Le Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) estime que près de 40% de la
couverture du sol changera au cours du 21ième
siècle du fait des changements climatiques. Ce qui
place ces derniers comme une cause de déclin de la biodiversité au même rang que les espèces
invasives, l’utilisation et la surexploitation des sols.
La réduction du taux de perte de la biodiversité et la conservation de celle qui existe, en tant que
bases du développement durable, restent des défis majeurs à relever dans le monde entier. Pour y
faire face et compte tenu de l’interdépendance des différentes nations en matière de biodiversité,
la communauté internationale a adopté la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) au
Sommet de la Terre à Rio en 1992. Cette Convention vise essentiellement trois objectifs :
- conserver la diversité des ressources biologiques de la terre qu’elles soient terrestres ou
aquatiques y compris les plantes, les animaux et les micro-organismes,
- s’assurer que les pays utilisent les ressources biologiques de manière durable dans les
domaines de l’agriculture, des forêts et de la pêche,
- promouvoir un partage juste et équitable des ressources génétiques et des avantages qui
en découlent.
La Convention sur la Diversité Biologique fait partie des quatre conventions adoptées à Rio en 1992
lors du Sommet de la Terre avec celles sur les Changements Climatiques, les forêts et la
Désertification. La Convention sur les Changements Climatiques vise comme "objectif ultime" de
stabiliser les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre à des niveaux sûrs et ce dans un
délai suffisant pour permettre aux écosystèmes de s'adapter naturellement aux changements
climatiques, de s'assurer que la production alimentaire n'est pas menacée et de rendre possible la
poursuite du développement économique de manière durable. A cause des changements
climatiques, l’humanité devra faire face à de nouveaux risques qui sont :
- une baisse des ressources en eau en quantité et en qualité,
- une baisse des rendements agricoles,
- une menace sur le littoral liée à l’élévation du niveau de la mer,
- une fragilisation des écosystèmes,
- une vulnérabilité plus grande en matière de santé.
La Convention sur les forêts vise à protéger les forêts en tant que ressource économique (bois,
nourriture, médicaments), besoin culturel et abri pour de nombreux composants biologiques dont
certains restent à découvrir. Elles jouent un rôle important dans l’équilibre du climat à travers le
stockage d’eau et de carbone en réduisant l’effet de serre responsable des changements
climatiques.
La Convention sur la désertification vise à lutter contre la dégradation des terres dans les zones
arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs parmi lesquels les variations
climatiques et les activités humaines. Les populations et les écosystèmes vivant dans ces zones
sont directement affectés ou menacés par le phénomène de désertification.
L’analyse succincte des quatre conventions montre leur interdépendance et le lien étroit entre le
climat, la biodiversité et la désertification.
Le Protocole de Montréal élaboré en 1987 est le premier accord international sur l’environnement
global de notre planète qui, de plus, tient compte d’une échelle de temps d’un siècle, fait unique
dans les accords internationaux. Ce protocole a été signé entre les pays producteurs et
consommateurs de chlorofluorocarbones (CFC). Il a pour objet de faire face à la diminution de la
couche d’ozone qui est le bouclier de la terre contre le rayonnement ultraviolet du soleil qui
présente un grand danger pour l’homme et les écosystèmes terrestres. Il vise à réglementer les
émissions des Substances Affaiblissant la couche d’Ozone (SAO). Des mesures de renforcement
de ce Protocole ont été prises lors de la conférence de Londres en 1990.
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1. BIODIVERSITE ET PRESSIONS
La biodiversité désigne la variété au sein des organismes vivants provenant de toutes les sources y
compris les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes
écologiques dont ils font partie. Elle désigne la diversité au sein des espèces, entre les espèces et
entre les écosystèmes.
La biodiversité est soumise à différentes pressions d’origine anthropique qui sont admises au
niveau mondial et qu’on peut énumérer comme suit :
- destruction des habitats naturels ou semi-naturels,
- surexploitation de certaines espèces et habitats,
- effets directs sur la reproduction, la dominance et la survie des espèces à travers les
traitements chimiques et mécaniques des sols,
- fragmentation des terres provoquée par l’urbanisation et le développement de grandes
infrastructures,
- connexion des voies d’eau douce et modification du régime hydrologique,
- introduction des espèces invasives,
Ces pressions, qui se produisent indépendamment de celles induites par les modifications de
nature environnementale, peuvent avoir une dimension locale ou régionale. Elles fragilisent et
augmentent la vulnérabilité de certains écosystèmes.
On représente, à la figure 1, les pertes de la biodiversité en fonction de chaque type de pressions
ainsi que les échelles temporelles correspondantes.
De nouvelles pressions d’origine environnementale et de nature planétaire comme l’augmentation
de la concentration du gaz carbonique, les changements climatiques, la diminution de la couche
d’ozone peuvent avoir des impacts importants sur la diversité biologique.
Il faut ajouter à ce qui précède, le phénomène de pollution qui constitue de plus en plus une
contrainte majeure sur la biodiversité. On peut citer particulièrement l’augmentation continue de
la concentration de l’ozone troposphérique à l’échelle locale et qui peut avoir un impact important
sur la biodiversité.
La question critique qui se pose est de savoir comment et à quel degré les modifications des
conditions environnementales comme celles liées aux changements climatiques et à la diminution
de la couche d’ozone peuvent exacerber les pressions qui touchent déjà la biodiversité ? Aussi,
l’objet de la présente étude vise à préciser :
- les liens entre la biodiversité et le climat,
- les impacts de la diminution de la couche d’ozone sur la biodiversité,
- les impacts de l’augmentation de la concentration de l’ozone troposphérique sur la
biodiversité,
- les impacts de l’augmentation de la concentration du gaz carbonique dans l’atmosphère sur
la biodiversité,
- les impacts des changements climatiques sur la biodiversité,
- le partage des responsabilités entre les différents acteurs impliqués par ces impacts,
- La stratégie pour le renforcement des capacités pour réduire ces impacts et le renforcement
des capacités pour faire face aux impacts suscités
- les mécanismes de gestion et de financement pour permettre aux différents acteurs
d’atténuer ces impacts.
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Pressions et échelles de temps
Temps
Pert
es d
e
bio
div
ers
ité
Connexion des voies et réserves d’eau
Espèces invasives
Surexploitatio
Perturbation des habitats
Fragmentation des habitats
Traitements des sols
Destruction des habitats
Figure 1 : Pressions anthropiques sur la biodiversité et les échelles de temps correspondantes
2- LIENS ENTRE BIODIVERSITE ET CLIMAT
Le climat est un déterminant majeur de la production agriculture et de la productivité biologique,
aussi bien dans les terres aménagées que dans les terres vierges. Le climat influence le cycle et la
consommation de l'eau, la nature et la distribution spatiale de la flore et de la faune.
Les liens entre la biodiversité et le climat peuvent être appréhendés à travers l’analyse historique
d’abord et à travers les connaissances actuelles entre la biodiversité et les facteurs du climat.
2-1 Analyse historique
Il y a une évidence historique: la biodiversité a toujours été modelée par les caractéristiques
régionales du climat. L’extinction majeure de nombreux écosystèmes durant la période du
quaternaire, s’est produite au cours de phases rapides de changement du climat. Par conséquent,
ce qui est crucial pour les écosystèmes : c’est essentiellement la vitesse du changement qui si elle
est rapide, ne donne pas assez de temps aux écosystèmes naturels pour s’adapter.
Huntley et al (1997) affirment qu’il est très probable que les changements climatiques conduisent à
une augmentation significative du taux d’extinction des espèces car la vitesse des changements
climatiques est plus rapide que la vitesse naturelle d’évolution des espèces. Il est reconnu que
certaines espèces sont capables de se maintenir assez longtemps dans des sites se trouvant à la
limite de leur tolérance. Cependant elles sont vulnérables et ne pourront pas survivre si cette limite
est dépassée.
Le risque, qui peut affecter une espèce, est fonction de l’intensité de l’aléa auquel elle peut être
soumise et du degré de sa vulnérabilité qui est sa propre capacité à résister et à s’adapter à l’aléa
comme dans le cas des changements climatiques.
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2-2 Biodiversité et système climatique
L’équilibre planétaire du climat se fait principalement à travers les cycles fondamentaux que sont
le cycle hydrologique et les cycles géo-biochimiques.
le cycle hydrologique régule les échanges des flux d’eau entre l’océan, l’atmosphère et la terre.
Les cycles géo-biochimiques assurent les échanges des flux d’énergie et de matière entre l’océan,
la terre et l’atmosphère.
La couverture végétale terrestre joue un rôle majeur en régulant le transport de l’eau vers
l’atmosphère à travers le processus d’évapotranspiration. Les modifications de la nature des sols
comme la conversion des forêts en terres agricoles affectent les échanges biophysiques du système
climatique à travers les changements dans les échanges de gaz carbonique, la transpiration et le
ruissellement des eaux de surface.
Les systèmes biologiques fonctionnent à la fois comme sources et puits de gaz carbonique à
travers la combinaison de processus physiques et géo-biochimiques. Les océans jouent un rôle clé
dans la régulation du système climatique à travers la production primaire de phytoplancton qui se
trouve à la base de la chaîne alimentaire des écosystèmes marins.
L’exploitation économique et à grande échelle du littoral, en plus du phénomène de littoralisation
des populations et de l’urbanisation ont des impacts directs sur les cycles géobiochimiques côtiers
qui assurent l’équilibre entre les continents et les océans.
3. EVOLUTION RECENTE DU CLIMAT EN ALGERIE
Située dans une zone de transition, entre les régimes tempérés et subtropicaux, l’Algérie présente
une grande sensibilité au climat à cause de la grande variabilité des pluies saisonnières et annuelles.
Eu égard au caractère aride et semi-aride de son climat, l’Algérie ressentira davantage les effets des
changements climatiques. Le dérèglement actuel du cycle “ évaporation-pluie ” conduit à envisager
l’occurrence probable d’événements extrêmes comme les sécheresses prolongées ou les inondations
catastrophiques, ce qui constitue une menace sévère sur les écosystèmes terrestres et par conséquent
sur la biodiversité.
L’analyse, qui suit, repose sur la synthèse sur l’évolution récente du climat et les projections
climatiques sur l’Algérie élaborées dans le cadre de la communication nationale initiale de l’Algérie
au titre de la Convention Cadre sur les changements climatiques. Cette évolution met en évidence,
pour ces dernières décennies, une hausse des températures et une baisse des précipitations sur
l’ensemble du pays, une occurrence plus grande de phénomènes extrêmes comme les inondations et
les sécheresses. La persistance de la sécheresse provoque une dégradation accélérée de la steppe,
une augmentation des fréquences des incendies de forêts, une aggravation et une extension de la
désertification.
3.1- Evolution des températures
L’évolution des températures, en Algérie, met en évidence :
- une hausse de température sur l’ensemble du pays au cours des saisons d’hiver et
d’automne,
- une hausse nette des températures minimale et maximale sur l’ensemble des stations de
l'Algérie du Nord depuis la décennie 70 et se prolongeant jusqu’à nos jours,
- durant ces 20 dernières années, les températures maximales ont augmenté plus que les
minimales; cette augmentation est de 2°C environ.
3.2 Evolution des précipitations :
L’examen des précipitations pour les mêmes périodes montre :
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- qu’en automne et en hiver, il y a diminution des pluies sur le Nord ; ces deux saisons
correspondent au réchauffement important qui affecte le Nord du pays,
- qu’au printemps, la pluviométrie est plus importante à l’Ouest, au Centre et au Sud du
pays et qu’il y a diminution des précipitations à l’Est.
Il y a environ 10% de baisse des précipitations ces 20 dernières années.
On peut conclure qu’entre la période 1931-1960 et 1961-1990 :
la hausse de température a été de l'ordre de 0,5°C ; l'augmentation de
l’évapotranspiration potentielle est une conséquence de l’augmentation de la
température (l’évapotranspiration est une fonction croissante de la température),
la pluviométrie a baissé en moyenne de 10%.
Le déficit hydrique sera plus important à l’Ouest qu’au centre et qu’à l’Est du pays.
3-3 Projections climatiques sur l’Algérie
Pour la période 1990 – 2020, la hausse de la température moyenne sera comprise entre 0.8°C et 1,1°C et la baisse des précipitations moyennes sera de l’ordre de 10%. L’élévation du niveau de la
mer sera comprise entre 5 et 10 cm. L’intensification de l’évaporation due à l’augmentation de la
température s’ajoute à la baisse des précipitations pour diminuer encore plus la quantité des eaux
mobilisables au niveau des barrages et des nappes souterraines.
Les projections à l’horizon 2020 et 2050 indiquent que les saisons seront déréglées et les
températures continueront de croître. La période pluvieuse sera concentrée sur une courte période
entraînant des risques d’inondations. De même, il y aura une augmentation de la fréquence des
sécheresses.
Les projections (graphes –figure2), ont été obtenues à l’aide de scénarios d’émissions moyens et des
modèles climatiques globaux..
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PROJECTIONS CLIMATIQUES A L’HORIZON 2020
Tem pératuresTem pératures PrécipitationsPrécipitations
U
K
H
I
E
C
H
A
M
3
T
R
PROJECTIONS CLIMATIQUES A L’HORIZON 2050
Tem pératuresTem pératures PrécipitationsPrécipitations
U
K
H
I
E
C
H
A
M
3
T
R
Figure 2 : Projections du climat aux horizons 2020 et 2050 (modèle UKHI)
4- BIODIVERSITE ET COUCHE D’OZONE
Les changements climatiques et la diminution de la couche d’ozone stratosphérique sont liés par de
nombreuses relations physiques et chimiques. Ce qui constitue une raison suffisante pour tenir
compte de l’ozone stratosphérique lorsqu’on évalue l’impact des changements climatiques sur la
biodiversité. Cependant, il faut avoir à l’esprit la différence essentielle qui existe entre
l’accumulation des gaz à effet de serre à l’origine des changements climatiques et la diminution de
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la couche d’ozone. Les gaz à effet de serre augmente le forcing radiatif sur le climat et réchauffent
la planète. La diminution de la couche d’ozone provoquée par les radicaux chlorés provenant des
Chlorofluorocarbones (CFC) augmentent le rayonnement ultraviolet (UV) au niveau de la surface
terrestre.
L’ozone agit de deux façons différentes dans le phénomène des changements climatiques :
- la diminution de l’ozone stratosphérique peut avoir un impact sur le profil global de la
température atmosphérique car l’ozone joue un grand rôle dans le contrôle de la température
stratosphérique par absorption du rayonnement ultraviolet (UV) du soleil et du rayonnement
infrarouge (IR) terrestre de grande longueur d’onde,
- l’augmentation de l’ozone troposphérique amplifie l’effet de serre à la surface de la terre par
absorption du rayonnement infrarouge (IR).
4-1 Augmentation du rayonnement ultraviolet à la surface de la terre.
L’ozone stratosphérique est un important constituant de l’atmosphère terrestre et intervient pour
plus de 90% dans le budget total de l’ozone atmosphérique. Il se trouve localisé entre 15 et 25 Km
d’altitude avec une concentration de 10 ppmv (parties par million en volume). La couche d’ozone
absorbe et protège la terre contre les radiations ultraviolettes du soleil. Le rayonnement solaire qui
atteint la surface terrestre est composé de 5% d’ultraviolet (UV), de 55% d’infrarouge (IR) et de
40% de rayonnement visible (VIS).
Le rayonnement solaire ultraviolet s’étend sur une gamme de longueurs d’ondes comprises entre
200 et 400 nm ( 1nm = nanomètre = 10-9
mètre). Cette gamme est subdivisée de façon
conventionnelle en UVA (315-400 nm), UVB (280-315 nm) et UVC (100-280 nm). L’ozone
stratosphérique absorbe essentiellement les radiations de courtes longueurs d’ondes à savoir les
UVC fortement énergétiques, près des trois quarts de la bande UVB et une faible part de la bande
UVA. L’ultraviolet restant est absorbé dans la troposphère par les nuages, les aérosols et les
polluants gazeux et solides.
La diminution de la couche d’ozone est apparue évidente à partir de 1970 au-dessus de la zone
Antarctique (pôle Sud). Cette diminution affecte aussi l’hémisphère Nord depuis 1985 avec un
pourcentage de baisse de 0,4% par an. Sur l’espace d’une décade, la baisse a été de 6% durant les
saisons de l’hiver et du printemps et de 3% durant les saisons de l’été et d’automne.
La figure 3, adaptée de celle de l’UNEP-1994a donne en fonction de la latitude le pourcentage de
baisse d’ozone par décade au cours de la période 1979-1994 pour les deux hémisphères.
D im in u t io n e n % p a r d é c a d e e n t r e 1 9 7 9 e t 1 9 9 4
0
5
1 0
1 5
la t i t u d e
% d
e ch
angem
ent
65N 55N
45N
35N 25N 15N 5N 5S 15S 25S 355 45S 55S 65S
Figure 3 : diminution de l’ozone stratosphérique
On constate que la diminution de la concentration de la couche d’ozone au cours d’une décade
est de l’ordre de 3% sous nos latitudes.
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4-2 Mesure de l’ozone total atmosphérique en Algérie
L’importance de la question du changement climatique global impliquant la couche d’ozone et ses
conséquences a amené l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) à mettre en oeuvre un
programme de surveillance climatique et d’analyse de l’ozone et des gaz à effet de serre à l’échelle
mondiale. Ce programme baptisé VAG (Veille Atmosphérique Globale) inclut plusieurs sites de
référence pour l’observation ainsi que des centres mondiaux de concentration et de traitement des
données mesurées. L’Algérie, à travers l'Office National de la Météorologie(ONM) abrite un de ces
sites, au niveau de l’observatoire de Tamanrasset.
Le VAG constitue un système d’alerte précoce, conçu pour :
surveiller les modifications qui affectent la couche d’ozone par la mesure utilisant un
spectrophotomètre de Dobson,
surveiller l’intensité et le spectre du rayonnement solaire reçu au sol, grâce à une centrale de
mesures intégrées,
déceler les fluctuations des concentrations et le transport à grande distance des polluants et
des aérosols et en particulier les gaz à effet de serre (GES), par la mesure indirecte du
trouble atmosphérique,
Les données sur le trouble atmosphérique sont traitées et centralisées au Centre Mondial
d’Asheville aux USA, les données de l’ozone au Centre d’Ozone de l’Ontario au Canada, les
données du rayonnement au Centre National de la Recherche Atmosphérique (NCAR) de Boulder
aux USA.
Le programme VAG est venu intégrer le réseau SMOO3 (Système Mondial d’Observations de
l’Ozone (SMOO3) et le réseau BAPMON (Background Air Pollution Monitoring Network). La
figure 3 donne les valeurs moyennes de l’ozone total enregistrées à la station de Tamanrasset pour
la période 1996-1998. L’épaisseur de la couche d’ozone n’est pas constante au cours de l’année.
Elle varie entre 242 et 290 DU (Unités Dobson).. Ces mesures fournissent l’épaisseur
qu’occuperaient les molécules d’ozone dans une atmosphère standard (8,35 Km). La quantité
d’ozone total moyen croit de Janvier à Avril, décroît brutalement entre Avril et Mai, croit de Mai à
Juillet puis décroît pour le reste de l’année. Le mois de Mai correspond à la période pluvieuse
correspond à la remontée du front intertropical. On voit également que la quantité d’ozone est
pratiquement stable aux mois de Mai et Octobre. Il faut remarquer que ce sont des mois de
transition entre les périodes chaudes et froides. La variabilité inter-annuelle est importante et
avoisine 20% entre le mois de Décembre et le mois d’Avril et 15% pour le reste de l’année. La
variabilité est la plus faible pour la période de Juillet à Octobre. Cette forte variabilité fait que
l’analyse concernant la réduction de la couche d’ozone est délicate et il faut disposer de séries de
plusieurs années pour tenter d’apporter un début de réponse.
4-3 Impacts de la diminution de la couche d’ozone sur la biodiversité
Comme on a vu, la diminution de la couche d’ozone s’accompagne d’une augmentation du
rayonnement UV à la surface de la terre. Ce qui constitue une menace grave à la fois pour l’homme
et la biodiversité.
Sur le plan paléo-climatique, les organismes terrestres et aquatiques n’ont pu commencer à se
développer que lorsque la couche d’ozone stratosphérique est devenue assez dense pour constituer
un bouclier de protection suffisant contre les UV et cela il y a un demi-milliard d’années
auparavant ( dernier dixième récent de l’histoire de la terre). La vie sur terre a été pendant
longtemps confinée à l’océan où il y avait une protection substantielle contre le rayonnement UV.
On peut donc dire que l’exposition de plus en plus grande au rayonnement UV va affecter de façon
sensible et négative les écosystèmes terrestres et perturber l’équilibre des espèces au sein des
écosystèmes.
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Beaucoup d’espèces végétales, mais aussi certaines espèces d’animaux, spécialement celles dont les
étapes importantes de la vie se produisent près ou légèrement au-dessous de la surface des eaux
seront affectées. Ce qui risque de réduire la productivité des écosystèmes terrestres et aquatiques
qui assurent les besoins alimentaires actuels.
24 0
25 0
26 0
27 0
28 0
29 0
30 0
Ja F e M A v M Ju i Ju A o S e O c N o D e
M O IS
UNITES
DU
19 96
19 97
19 98
Figure 4 : Ozone total, moyenne à Tamanrasset
4-3-1 Impacts de la diminution de la couche d’ozone sur les écosystèmes terrestres
Les études expérimentales et les observations sur le terrain montrent que l’exposition à l’UVB peut
perturber la photosynthèse chez les plantes terrestres en réduisant leur taux de croissance et en
augmentant leur susceptibilité aux maladies. Chez les plantes, l'ADN subit des dégâts importants
sous l’effet du rayonnement UV. Les mêmes ponts de thymine se produisent sur les brins de la
chaîne chromosomique comme chez l’homme. Cependant, les plantes possèdent aussi des
molécules de réparation génétique, les photolyases : les haricots augmentent ainsi leur concentration
de ces enzymes en présence d'UVB. Mais dans leur cas, les UV affectent aussi la photosynthèse, la
croissance et la résistance aux parasites. Comme toutes les plantes ne sont pas touchées de la même
façon, l'équilibre entre les différentes espèces d'un écosystème peut se trouver rompu.
Des espèces végétales à feuilles larges ont ainsi tendance, sous l’exposition des UV, à développer
des branches et des feuilles de plus en plus nombreuses, mais de plus en plus petites. Sous le
couvert des arbres par exemple, les différentes espèces qui cohabitent n'ont pas les mêmes besoins
en lumière (certaines préfèrent l'ombre, d'autres des endroits plus ensoleillés). Il suffit d'un léger
déséquilibre pour que la « course à la lumière » favorise l'une d'entre elles, qui peut alors éliminer
ses concurrentes. Deux botanistes américains ont montré, en 1988, que dans les champs où
cohabitaient avoine sauvage et blé de culture, l’irradiation ultraviolette importante favorisait la
pousse du blé, qui remplaçait peu à peu l'avoine. Les UV agissent par l'intermédiaire de médiateurs
chimiques, les « hormones » végétales ou phytohormones, qui, à leur tour, déclenchent une cascade
de réactions enzymatiques conditionnant la croissance des plantes.
En ce qui concerne la photosynthèse, chaque espèce réagit à sa façon. Chez certains conifères par
exemple, la capacité de photosynthèse de leurs « vieilles » aiguilles (âgées de plus d'un an) se réduit
de près de 40 %, tandis que les jeunes aiguilles résistent mieux (la réduction n'est que de 18 %). En
outre, certains végétaux sont plus fragiles que d'autres : les plantes des pays tempérés, comme le
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blé, qui font appel à des mécanismes photosynthétiques dits en C3, sont plus sensibles aux UV que
les plantes d'origine tropicale dites en C4 comme le maïs..
Sous l'effet d'un rayonnement UVB intense, l'épiderme des feuilles des plantes s'épaissit et la
répartition des pigments change. Ainsi, le chou, augmente l'épaisseur de ses feuilles de 45 % et la
quantité de ses pigments « cutanés » de 21 % lorsqu'on le soumet à une irradiation UV de 6 kJ/m2.
L'avoine et l'orge accumulent quant à eux, dans les couches épidermiques de leurs grains, des
pigments photo-protecteurs (les isovitexines) qui absorbent les rayons UV. L'avoine se protège
d'ailleurs mieux que l'orge contre les UVB, parce que ses grains sont capables d'accumuler plus tôt
et en plus grande quantité les pigments en question. Chez les végétaux comme chez les
mammifères, il semblerait qu'une protection dès « l'enfance » soit particulièrement importante pour
lutter contre le rayonnement UV. Qu'il s'agisse d'arbres, de plantes sauvages ou de cultures, le
rayonnement UV affecte toute la production de biomasse.
4-3-2 Impacts de la diminution de la couche » d’ozone sur les écosystèmes marins
Les océans produisant à peu près autant de matière vivante que l'ensemble des écosystèmes
terrestres (104 milliards de tonnes dans les océans contre 100 milliards de tonnes sur la terre ferme),
quelles seront les conséquences d'une diminution de la couche d’ozone sur leur évolution future ?
Pour vivre, se déplacer ou s'orienter, les micro-organismes du plancton marin utilisent la lumière
visible : un besoin essentiel, vital, qui pourrait aussi bien entraîner leur perte. Les rayons lumineux
visibles sont en effet accompagnés dans leur trajectoire aquatique par les UVB qui pénètrent très
profondément dans les eaux claires (dans l'océan arctique, des mesures indiquent qu'ils
s'enfonceraient jusqu'à 65 mètres de profondeur). Là, ils peuvent atteindre aussi bien les
chromosomes, que les protéines de la photosynthèse ou les photorécepteurs des micro-organismes
du plancton. Ainsi les micro-crevettes sont-elles totalement désorientées par la destruction de leurs
photorécepteurs. Qu'elles plongent trop bas, et elles ne reçoivent plus assez d'énergie lumineuse
pour exercer leur métabolisme. Qu'elles remontent, et des UVB plus énergétiques les attendent,
inhibant davantage encore leurs récepteurs d'orientation.
Quant au plancton végétal, le phytoplancton est le maillon sur lequel repose toute la chaîne
alimentaire océanique, il sert de nourriture aux crevettes et aux larves aquatiques, qui sont à leur
tour la proie des petits poissons ou des crabes, eux-mêmes dévorés par les gros poissons. Il se
trouve que les concentrations de phytoplancton dans les eaux arctiques et antarctiques sont mille à
dix mille fois plus élevées que dans les mers tropicales. Or, on a déjà constaté une réduction de 25
% de la biomasse planctonique en Antarctique suite à la formation du trou d'ozone stratosphérique
dans cette région. C'est grâce à ce même phytoplancton que l'océan joue un autre rôle crucial,
régulateur de tout l'équilibre terrestre : il collabore avec ce qui reste de forêts sur les continents pour
absorber le gaz carbonique (CO2) en excès dans l'atmosphère, que les végétaux utilisent comme
source de carbone pour leurs synthèses. Une diminution globale de 10 % du phytoplancton marin
réduirait de 5 milliards de tonnes la consommation de CO2 provenant de l’atmosphère, amplifiant
ainsi l'effet de serre dont souffre déjà notre planète. Par ailleurs, les plantes aquatiques, comme
leurs homologues terrestres, sont incapables d'assimiler l'azote de l'air seules. Il leur faut, pour cela,
les enzymes nitrogénases indispensables. Elles ont besoin pour cela d'algues unicellulaires, des
cyanobactéries, capables de produire l'équivalent de 35 millions de tonnes d'azote chaque année,
mais extrêmement sensibles aux UVB. Si elles disparaissaient, la production de biomasse aquatique
chuterait de manière spectaculaire. La tendance à la baisse de la concentration d’ozone
stratosphérique va continuer pendant longtemps, compte tenu de la durée de vie des polluants
comme les CFC qui agissent sur la couche d’ozone.
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5- BIODIVERSITE ET OZONE TROPOSPHERIQUE
La troposphère contient près de 7% du budget total planétaire d’ozone. Il est difficile de faire la part
entre les sources naturelles et les sources anthropiques de l’ozone, pour la simple raison que l’ozone
n’est pas produit directement mais par des réactions se produisant dans l’atmosphérique. L’ozone
peut être généré par quatre voies différentes :
l’action des radiations ultraviolettes sur l’oxygène de l’air,
la photo-oxydation de l’oxyde de carbone CO, du méthane CH4 et des composés organiques
volatils COV en présence des oxydes d’azote NOx,
le passage de l’électricité à travers l’air ; il y a une production significative d’ozone au
voisinage des lignes électriques de haute tension HT,
le transfert de l’ozone stratosphérique vers les basses couches de l’atmosphère.
Il ne fait pas de doute que la concentration d’ozone, à la surface de la terre, a augmenté au cours des
20 dernières années et cette tendance va sûrement se poursuivre.
Des recherches doivent être entreprises afin de mieux cerner la chimie de l’ozone troposphérique
pour mieux comprendre les réactions chimiques qui se déroulent dans la base atmosphère et qui
donnent naissance à l’ozone. Ce sont là des préoccupations que la communauté tente de prendre en
charge et limitant l’augmentation de l’ozone néfaste aussi bien pour les espèces vivantes que pour
l’environnement.
Certaines programmes sont mis en œuvre au niveau mondial ; on peut citer :
le programme NCLAN ( Nation Crop Loss Assessment Network),
le programme CEE relatif à l’évaluation des effets de la pollution de l’air et d’autres stress
sur les cultures et lancé en 1988,
L’augmentation de l’ozone troposphérique laisse entrevoir deux autres risques :
- la diminution des radicaux (OH) considérés comme les véritables épurateurs de
l’atmosphère,
- l’accélération des pluies acides dans certaines régions du globe car les espèces
photochimiques sont très actives pour transformer les oxydes de soufre et d’azote en
acides sulfurique et nitrique.
5-1 Mesure de l’ozone troposphérique en Algérie
5-1-1 Mesure de l’ozone troposphérique à Tamanrasset
La région de Tamanrasset constitue une zone à l’abri de la pollution atmosphérique. La région est
éloignée de la pollution industrielle et automobile. Les valeurs de l’ozone de surface mesurées à
Tamanrasset constituent ce qu’on appelle une pollution de fond qui est une caractéristique de
l’atmosphère globale. La concentration de l’ozone peut varier du simple au double au cours d’un
mois donné mais la valeur moyenne se situe autour de 40 ppbv (parties par milliard en volume). La
concentration de l’ozone en surface atteint un maximum en été (Juillet – Août) à cause de l’intensité
du rayonnement qui est en grande partie à l’origine de sa production en présence d’oxydes d’azote,
des hydrocarbures et de l’oxygène de l’air. Cette concentration est minimale en automne
(Septembre-Octobre). La figure 4 donne les valeurs (ppbv) moyennes, minimales et maximales de
l’ozone de surface. Il faut noter le parallélisme entre les courbes représentant ces valeurs. Il apparaît
que les normes de L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour l’ozone de surface de 55 ppbv
sont souvent dépassées à Tamanrasset.
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4241
47
42
35
33
43
39
30 30
36
39
48
58
60
58
52
43
58
51
4041
46 46
36 36
39
33
2526
31
33
2423
29 29
20
25
30
35
40
45
50
55
60
65
Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Aout Sep Oct Nov Dec
MOIS
UNITES
PP
B
Valeurs moyennes
valeurs maximales
valeurs minimales
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20
Figure 5 : Ozone de surface (période 1997-1998) à Tamanrasset
5-1-2 Mesure de l’ozone troposphérique à Alger
Des mesures effectuées à Alger - Madania (Boughedaoui et al), ont montré que la concentration
d’ozone de surface se situe entre 40 et 70 ppbv entre 12 et 18 heures soit pratiquement le double de
celui de Tamanrasset. Dans les grandes villes algériennes, on atteint souvent 70 ppbv. La
concentration de l’ozone troposphérique à l’intérieur des villes, en dehors de son caractère polluant
et dangereux au niveau pulmonaire, représente vis à vis du rayonnement ultraviolet un aspect
bénéfice vu que l’ozone est un fort absorbant des radiations UV. Il apparaît que les normes de
L’OMS sont souvent dépassées dans les grandes villes comme Alger.
Le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement a mis en place, au cours de
l’année 2002, un réseau de mesure de la pollution dont la mesure d’ozone troposphérique. Il diffuse
un bulletin périodique.
5-2 Impacts de la diminution de l’ozone troposphérique sur les écosystèmes terrestres
L’ozone troposphérique est un gaz fortement réactif qui peut oxyder directement les molécules et
donner naissance à des radicaux libres à forte énergie qui peuvent endommager les membranes
cellulaires. L’ozone troposphérique peut donc avoir un effet dangereux sur le métabolisme des
plantes. La réponse des plantes, à l’action de l’ozone, commence par la diffusion dans les feuilles à
travers les stomates. La quantité d’ozone absorbée dépend de la résistance de la feuille et de la
densité des stomates. Elle dépend également des facteurs qui interviennent dans le transfert de
l’ozone de la phase gazeuse à la phase liquide à l’intérieur des cellules. En général, l’ozone réduit
l’activité photosynthétique des végétaux dés que sa concentration atteint des valeurs comprises
entre 45 et 100 ppbv. Lorsqu’on expose une plante à des concentrations croissantes d’ozone (Gérard
M.1994), on observe une augmentation de l’activité respiratoire des parties aériennes et une
diminution d’activité au niveau racinaire d’où un déséquilibre en faveur du feuillage. Les effets
opposés de l’ozone troposphérique sur la photosynthèse et la respiration foliaire conduisent à un
autre déséquilibre qui se traduit par une baisse de saccharose ( et autres assimilas) disponibles pour
la plante.
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Les plantes sont d’autant plus sensibles à l’ozone que l’activité photosynthétique est élevée. Dans la
phase liquide, l’ozone se transforme et donne naissance à une variété de radicaux libres qui
réagissent avec les composants cellulaires. L’ozone amoindrit la résistance des plantes aux virus et
les déforme. La sensibilité des plantes est modifiée par :
les facteurs influençant l’ouverture des stomates comme la lumière, l’humidité de l’air et
celle du sol,
les facteurs génétiques propres aux plantes,
les facteurs de développement comme les fertilisants du sol, les engrais et les produits
phytosanitaires comme les herbicides et les fongicides.
Quand la plante est incapable de se défendre ou de compenser les perturbations d’oxydation, il
s’ensuit des dommages sur la partie aérienne de la plante provoquant une décoloration. De petites
taches nécrotiques apparaissent sur la partie supérieure de la feuille. Pour les plantes sensibles, ces
symptômes se manifestent quelques heures après une exposition à des concentrations voisines de 40
ppbv. La réponse des plantes varie d’une espèce à une autre. Certaines espèces de tabac ne peuvent
pas être cultivées à cause de leur hypersensibilité à l’ozone. L’ozone troposphérique accélère les
phénomènes de sénescence et réduit la durée du cycle végétatif. Des études réalisées aux USA ont
montré qu’il se produisait une diminution des rendements des cultures lorsque la moyenne
saisonnière de l’ozone était comprise entre 56 et 72 g /m3. (28 et 36 ppbv). L’action de l’ozone sur
les forêts se traduit par leur fragilisation et parfois la mort des arbres. Au début des années 80, on
attribuait le dépérissement de certaines forêts de l’Europe de l’ouest à l’action des pluies acides
dues à la formation de l’acide sulfurique et de l’acide nitrique dans l’air à partir des émissions de
dioxyde de soufre et d’oxydes d’azote d’origine industrielle. Cette hypothèse est actuellement
abandonnée en faveur de la pollution photo-oxydante et en particulier celle due à l’ozone
troposphérique.
Des expériences ont montré que des concentrations croissantes d’ozone provoquent des atteintes
visibles sur des espèces forestières sensibles (pins), associées à une réduction significative de
l’activité photosynthétique. Cependant, l’influence de l’ozone paraît moins nette pour l’épicéa et le
sapin. L’action de l’ozone peut se conjuguer à celle de l’oxyde de carbone et celle du dioxyde
d’azote pour provoquer des dommages significatifs.
La Directive 92/72 de la CEE du 21 septembre 1992 fixe les seuils pour la protection de la
végétation comme suit :
- 200 micro-grammes par m3 soit 100 ppbv pour la valeur moyenne sur 1 heure,
- 65 micro-grammes par m3 soit 33 ppbv pour la valeur moyenne sur 24 heures.
Des expériences réalisées au laboratoire ont montré qu’un doublement de la teneur de l’ozone
troposphérique réduirait de 30% le rendement de l’ensemble des cultures. Le tableau 1 donne le
degré de sensibilité de certaines espèces végétales à l’ozone.
Les études de laboratoire ( Gilmour et al, 1991) effectuées sur les animaux ont montré les effets
biologiques de l’ozone troposphérique comme : l’augmentation de la perméabilité de l’épithélium
alvéolaire, la destruction des défenses pulmonaires contre les infections virales et microbiennes, la
diminution de la fonction respiratoire.
Dans les prochaines décennies, l’augmentation de la concentration de l’ozone dans la troposphère
devrait accompagner celle du gaz carbonique CO2. Des travaux menés uniquement sur une espèce
très sensible à l’ozone (le radis) concluent à une interaction entre les deux gaz : les fortes teneurs
en CO2 autour de 700 ppmv, contrecarrent les effets toxiques de l’ozone, tandis qu’à l’inverse,
l’ozone réduit l’action bénéfique que pourrait avoir une fourniture plus importante en gaz
carbonique. Les écosystèmes aquatiques ne sont pas directement exposés à l’ozone troposphérique
et de ce fait sont mieux protégés.
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Tableau 1 : sensibilité de certaines espèces végétales à l’ozone troposphérique.
Catégorie Type Variété
ESPECES SENSIBLES
Avoine
Blé
Haricot
Oignon
Pomme de terre
Tabac
Tomate
Avéna sativa
Triticum aestivum
PhaseolusAllium cepa
Solanum tuberosum
Nicotiana tabacumLycopersicon esculentum
ESPECES MOYENNEMENT SENSIBLES
Carotte
Chou
Pin
Pois
Daucus carota
Brassica oleracea
Pinus strobusPisum sativum
ESPECES PEU SENSIBLES
Abricotier
Betterave
Chêne rouge
Laitue
Pêcher
Poirier
Prunus armeniaca
Beta vulgaris
Quercus rubra Lactuca sativa
Prunus persica
Pyrus communis
Les mesures d’ozone effectuées, en Algérie, donnent des valeurs voisines des limites supérieures
des normes internationales. Le problème de l’ozone troposphérique va devenir de plus en plus
préoccupant en Algérie car la tendance à la hausse de sa concentration est liée au développement du
trafic routier, sans cesse croissant, qui est à l’origine des émissions de gaz précurseurs d’ozone.
6- BIODIVERSITE ET AUGMENTATION DU GAZ CARBONIQUE
Le gaz carbonique (CO2) est le principal gaz à effet de serre impliqué dans le phénomène des
changements climatiques. Il représente près de 60% de la concentration totale des gaz à effet de
serre. D’or et déjà, on constate l’impact durable des émissions de CO2 dans l’atmosphère et son
accumulation dans le temps induira sans doute des modifications, au niveau principalement des
écosystèmes. Compte tenu de la circulation générale atmosphérique et du phénomène naturel de
diffusion., l’augmentation de la concentration du CO2 se fait de façon uniforme au niveau du globe
terrestre tout entier et touche donc de la même façon chaque lieu géographique.
6-1 Augmentation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère
Les mesures systématiques du CO2 atmosphérique ont commencé en 1958. On dispose donc
aujourd'hui d'un recul suffisant pour donner une estimation fiable de l'accroissement de la
concentration atmosphérique du CO2. Ainsi, entre 1958 et 1990, sa concentration moyenne est
passée de 315 ppmv (parties par million en volume) à 354 ppvm, une teneur qui représente une
augmentation évaluée à 25 % par rapport à la période pré-industrielle. Au rythme actuel, la teneur
en gaz carbonique dans l'atmosphère pourrait doubler vers le milieu du siècle prochain.
Le cycle de carbone naturel implique les principaux réservoirs que sont l’atmosphère, l’océan, la
biomasse marine et la biomasse continentale. Dans ce cycle, extrêmement complexe et encore mal
connu, l'océan est un irremplaçable régulateur. On estime qu'il renouvelle tous les huit ans la totalité
du CO2 dans l'atmosphère et qu'il joue un rôle régulateur de sa concentration.
6-2 Impacts de l’augmentation de la concentration du CO2 sur les écosystèmes terrestres
Une plus grande concentration de CO2 peut influencer la croissance des plantes dans le cas de
certaines espèces et ce par des voies spécifiques. Certaines espèces vont répondre de façon sensible
et d’autres non (Bazzaz, 1996). Un des facteurs limitant de l’utilisation du CO2 additionnel est la
disponibilité de l’eau. La réponse différente des espèces altérera les facteurs de compétition entre
elles et par voie de conséquence l’abondance relative de chacune.
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Dukes & Mooney (1999) affirment que l’augmentation de la déposition d’azote et l’augmentation
de la concentration de CO2 vont favoriser certaines espèces qui partagent certains traits
physiologiques communs aux espèces invasives et leurs permettront de tirer profit des changements
climatiques.
Les principaux processus d’échange de CO2 entre la végétation, le sol et l’atmosphère sont:
- les réactions de photosynthèse qui se déroulent au niveau des écosystèmes et qui fixent une
quantité de carbone puisée du CO2 atmosphérique,
- la respiration autotrophe des écosystèmes qui dégagent du CO2 vers l’atmosphère,
- la respiration hétérotrophe des micro-organismes qui transforment les matières organiques
du sol et dégagent du CO2 vers l’atmosphère.
L’augmentation de la concentration du CO2 a sans doute un effet sur l’absorption du CO2 par
photosynthèse et le dégagement de CO2 par respiration. Deux types de réactions sont provoquées à
la fois par les changements climatiques et l’augmentation de la concentration du CO2 :
- une réaction métabolique majeure et positive liée au réchauffement climatique. L’élévation
de la température va entraîner une augmentation des taux respiratoires des plantes et des
micro-organismes et un dégagement plus grand de CO2 vers l’atmosphère,
- une réaction métabolique négative associée à l’augmentation de la concentration du CO2 et
à l’élévation de température; l’augmentation de la concentration du CO2 va stimuler le
processus de photosynthèse et une croissance du stock de carbone au sein des écosystèmes.
C’est le bilan entre ces deux types de réactions qui permet d’affirmer si les effets des changements
climatiques et de l’accroissement du CO2 atmosphérique ont un effet de fertilisation ou non sur les
écosystèmes. Cependant, la disponibilité de l’eau. devra jouer un grand rôle vis à vis de cet effet. Il
faut rappeler que la majorité des recherches qui ont été réalisées dans le monde sur l’impact de la
concentration du CO2 sur les plantes ont été faites au laboratoire ou dans des serres. Il est difficile
de transposer ces résultats directement aux conditions réelles et beaucoup plus complexes du
terrain. Un certain nombre de résultats sur les impacts du CO2 peuvent être énumérés :
- les espèces ayant une forte conductance pour la diffusion du CO2 auront une croissance plus
grande que les espèces à faible conductance; la plupart des espèces cultivées ont une
conductance élevée,
- l’augmentation de la concentration du CO2 provoque une fermeture partielle des stomates
des feuilles et réduit l’évapotranspiration chez de nombreuses espèces ; ce qui présente une
amélioration de l’efficacité d’utilisation de l’eau,
- les plantes de type C3 fixeront plus du CO2 que les plantes de type C4 qui sont moins
sensibles.
Les études les plus récentes en physiologie végétale montrent qu'un accroissement de CO2 dans
l'atmosphère influence de manière positive la croissance des plantes dans les régions tempérées
humides ( Drake, 1992) et de façon faible, voire négligeable dans les régions sèches (Oechel et al.,
1994). On peut conclure que dans notre région, en dehors des zones qui reçoivent une irrigation
appropriée, l’effet de fertilisation lié à l’augmentation de la concentration du CO2 serait négligeable
à cause du déficit quasi permanent de l’eau.
Le développement des insectes peut être influencé par l’augmentation de la concentration du CO2.
Certaines expériences suggèrent que les populations d’insectes vont diminuer à cause de la baisse
nutritionnelle de la qualité des feuilles. En effet, des plantes cultivées sous une forte concentration
de CO2 présentent une diminution d’azote dans leurs tissus jusqu’à 30%. Cette diminution est due
aux dommages causés à 80% par les insectes (Trumble, 199). D’autres expériences montrent que les
insectes vont consommer plus de feuilles pour compenser la baisse de la qualité nutritionnelle et
finalement inhiber l’effet de fertilisation sur la croissance des plantes (Bazzaz & Fajer, 1992). Du
fait du réchauffement thermique, les épidémies d’insectes et des vecteurs pathogènes vont
augmenter de fréquence. Elles peuvent être moins sévères pour certaines espèces et graves pour
d’autres.
On ne peut évaluer l’impact de l’augmentation du CO2 sur les écosystèmes terrestres
indépendamment des interactions entre le CO2 et d’autres polluants atmosphériques. En effet,
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certains polluants comme l’ozone troposphérique peuvent avoir des effets souvent contraires à
celui du CO2. Il en est de même de l’impact de l’augmentation du rayonnement UV due à la
diminution de l’ozone stratosphérique.
Les effets de l’augmentation de la concentration de CO2 sur la productivité des plantes et le
stockage de carbone sont aussi importants que les changements climatiques. Globalement, il y aura
diminution de la productivité des plantes dans les régions arides (Bolortsetseg et Tuvaansuren,
1997). Des travaux expérimentaux montrent que la qualité des grains et du forage diminuent avec
l’augmentation de la concentration du CO2 combinée à une élévation de la température.
Les plantes suffisamment alimentées en substances nutritives réagissent plus fortement aux
concentrations élevées de CO2 comparativement à celles qui présentent une carence nutritionnelle.
Néanmoins l’augmentation de la concentration du CO2 améliore la productivité de ces dernières.
L’augmentation de la production de biomasse, sous des niveaux de concentrations de CO2 de plus
en plus élevés, ne peut pas se maintenir sans un apport supplémentaire de matières nutritives
assimilables (Schimel, 1998).
Les plantes, qui sont cultivées sous forte concentration de CO2, augmentent l’allocation de photo-
synthates aux racines. Ce qui augmente la séquestration indirecte du carbone par les couches
inférieures du sol ( Murray, 1997).
Le tableau 2 résume les effets directs et indirects du CO2 sur les plantes et les écosystèmes.
Tableau 2 : effets directs et indirects de l’augmentation de la concentration de CO2
Effets directs Effets indirectsChangement dans la croissance des plantes Changement dans l’abondance des espèces
Changement dans l’utilisation de l’eau Changement dans la répartition des écosystèmes
Changement dans la nutrition Changement des cycles géo-biochimiques
Changement de la compétitivité entre espèces
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
6-3 Impacts de l’augmentation de la concentration du CO2 sur les écosystèmes marins
La production marine primaire se fait à travers le phytoplancton qui convertit le carbone du CO2 en
molécules organiques. Cette conversion nécessite de la lumière, du gaz carbonique CO2 et des
matières nutritives dissoutes dans l’eau. Le taux de production primaire n’est pas contrôlé
uniquement par le CO2 qui se trouve toujours en quantité supérieure par rapport aux besoins
nécessaires à la production primaire mais aussi par la disponibilité de matières nutritives dans la
couche océanique de surface éclairée par le soleil. Ces matières nutritives viennent soit des
substances recyclées dans la couche de surface ou par apport de substances en provenance du
continent, de l’atmosphère ou par remontée des eaux de l’océan profond, riches en minéraux.
Le cycle naturel du carbone dans l’océan et en particulier la pression partielle de CO2 des eaux de
surface sont fortement influencés par les processus biologiques qui se déroulent dans l’océan. La
biomasse marine agit comme une pompe biologique qui véhicule le carbone organique de la surface
de l’océan vers les couches profondes sous forme de particules organiques ou comme matière
organique dissoute et transportée par les courants marins. Ce carbone est reminalisé par les
bactéries au fond de l’océan à l’exception d’une faible quantité qui est enfouie dans les sédiments.
Ainsi la pompe biologique réduit la quantité du CO2 présent à la surface de l’océan ( et par
conséquent dans l’atmosphère) et augmente le contenu de carbone dans l’océan profond. Cette
pompe biologique a pour effet de réduire, de façon substantielle, le CO2 contenu dans les eaux de
surface. Sans la pompe biologique, le niveau de CO2 dans l’atmosphère aurait été beaucoup plus
élevé.
En relation avec l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’océan, certaines algues et
organismes dont, le squelette est constitué par le carbonate de calcium CaCO3, peuvent se
développer par une absorption plus importante du carbone du CO2 en le transformant en CaCO3 et
en structures squelettiques. Les carbonates précipitent ensuite et se dissolvent dans les couches
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profondes de l’océan. Dans certaines régions du monde, il apparaît que la production du
phytoplancton et du zooplancton (Brodeur and Ware, 1992) a augmenté ces dernières décades.
7- BIODIVERSITE ET CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Les changements climatiques et une déposition plus grande de matières nutritives en provenance
de l’atmosphère vont affecter directement les sols, la production végétale, la structure et la
composition des espèces. Les modifications spatiale et temporelle des profils de la température et
des pluies vont influencer les écosystèmes naturels et imposer de nouvelles contraintes régionales
sur l’agriculture et les forêts. L’occurrence de plus en plus grands des phénomènes extrêmes
comme les inondations, les sécheresses et les vagues de chaleur risquent d’avoir des effets
destructeurs sur les écosystèmes terrestres. L’élévation du niveau de la mer comme une
conséquence directe des changements climatiques aura de profonds effets sur les écosystèmes
côtiers. Les changements climatiques, laissent présager des modifications de grande ampleur
affectant les écosystèmes, les communautés biologiques, les populations tant dans leur
composition que dans leur fonctionnement. Les facteurs physiques (température, eau, lumière,
etc.) exercent un rôle primordial sur la distribution des flores et des faunes. Ils modifient aussi les
régimes de sélection, donc la réponse adaptative des organismes. Si les perspectives de
changements climatiques globaux suscitent un regain d'intérêt sur les mécanismes d'action des
facteurs abiotiques, ils montrent en même temps l'insuffisance de nos connaissances. L’analyse du
rôle fonctionnel des espèces dans l’écosystème ainsi que le suivi de groupes fonctionnels bien
identifiés devraient permettre de prédire l’effet des changements globaux sur un large spectre de
systèmes écologiques.
Les changements majeurs au sein des écosystèmes entraînent des contre-réactions importantes sur le
système climatique à cause des modifications de la rugosité et de la réflectivité de la surface
terrestre. Même si les changements climatiques sont de nature globale, ils affectent le temps local et
le climat par des voies qui sont fortement dépendantes du lieu géographique considéré. Ce qui fait
que les impacts des changements climatiques seront différents selon les régions du monde. Ce qui
complique l’examen des impacts et interdit toute généralisation automatique des résultats et leur
extrapolation d’une région à une autre. Il faudra même prendre des précautions lorsqu’on comparera
des zones géographiques présentant actuellement des similitudes climatiques.
La vulnérabilité particulière des écosystèmes des zones arides et semi-arides aux changements
climatiques a été soulignée par le GIEC : « de nombreux écosystèmes terrestres possèdent des capacités intrinsèques de supporter les effets de la variabilité climatique. Ceci n’est pas le cas des écosystèmes des zones arides et semi-arides où de faibles changements du climat peuvent intensifier la grande variabilité naturelle qui existe déjà et conduire à une dégradation permanente du potentiel productif de ces zones » (Bullock and Le Houérou, 1996).
7-1 Impacts globaux sur la biodiversité
Les changements climatiques représentent une contrainte majeure pour la biodiversité. En effet, on
estime le réchauffement de la température moyenne globale à la surface de la terre entre 1,5 et 6°C
au cours de la période 2000-2100. Ce qui constitue un changement rapide jamais enregistré au cours
des 10.000 ans passés. Certaines régions connaîtront un réchauffement plus grand que d’autres. Au
cours des prochaines décades, on s’attend à un fort déclin de la biodiversité du fait que les
changements climatiques vont évoluer à une vitesse plus rapide que la vitesse naturelle d’évolution
qui caractérise la plupart des espèces vivantes. Ainsi, de nombreux écosystèmes n’auront pas le
temps de s’adapter et disparaîtront. Selon les estimations du GIEC, pour chaque degré de
réchauffement, correspondra un déplacement latitudinal vers le Nord d’environ 100 km des limites
bioclimatiques actuelles ou un déplacement altitudinal de 100 m. Les modèles climatiques globaux
(GCM) prévoient une altération des extrêmes de température. Ce qui va entraîner aussi un
raccourcissement de la saison froide entraînant des effets sur le cycle végétal. L’augmentation du
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nombre des jours chauds peut provoquer un stress de chaleur important qui peut endommager les
plantes à travers le phénomène de dessiccation. Le réchauffement climatique contribue à l’extension
géographique de la zone d’influence des parasites et maladies des plantes et donc l’expansion de
leurs effets néfastes. En d’autres termes, le phénomène de tropicalisation se fera de plus en plus
sentir. Les modèles climatiques globaux (GCM) prévoient une altération du régime des pluies et
une augmentation de l’occurrence de sécheresses et d’épisodes pluvieux violents qui peuvent
engendrer des inondations. Les sécheresses fragilisent le sol et les inondations détruisent le couvert
végétal et érodent les sols. Plus les séquences pluvieuses et sèches seront espacées et plus l’érosion
du sol sera intense. Les modèles intégrés sur l’évolution de la biodiversité montrent que :
- que les modifications de la biodiversité présentent des différences à l’échelle régionale et
sectorielle,
- que les modifications les plus significatives interviendront dans les prochaines décades,
- une adaptation appropriée et immédiate ne peut que limiter les impacts des changements
climatiques sur la biodiversité sans les contrer entièrement.
Les écosystèmes les plus vulnérables sont :
les espèces vivantes dans des conditions limites de survie,
les espèces ayant une localisation géographique déterminée (espèces de montagne),
les espèces génétiquement appauvries,
les espèces ayant des niches spécifiques,
les espèces à faible reproduction,
les espèces à faible dispersion.
Le tableau 3 résume les effets directs et indirects des changements climatiques sur les écosystèmes.
Tableau 3 : effets directs et indirects des changements climatiques
Effets directs Effets indirectsChangement de la croissance espèces Changement dans l’abondance des espèces
Changement de la décomposition organique Changement de la structure des écosystèmes
Changement de la distribution des écosystèmes Changement des cycles géo-biochimiques
Changement des régimes de perturbation
Changement de compétitivité entre espèces
Changement des fonctions des écosystèmes
______________________________________________________________________________________________
7-1-1 Ecosystèmes forestiers
L’impact des changements climatiques sur les forêts va être important du fait de la diminution des
précipitations et de l’augmentation de la température. La composition et la distribution des
écosystèmes naturels changeront en fonction de la réaction de chaque type d’espèces aux nouvelles
conditions climatiques. Dans le même temps, les habitats seront dégradés et fragmentés sous l’effet
combiné des changements climatiques, de la déforestation et des autres pressions
environnementales. Les espèces qui ne pourront pas s’adapter, de façon suffisamment rapide,
disparaîtront. Ce qui provoquera une perte irréversible de la biodiversité.
Les forets s’adaptent lentement aux changements climatiques : les expérimentations et les modèles
de simulation montrent qu’une augmentation d’un degré seulement de la température moyenne
globale affectera de façon importante la composition et le fonctionnement des forets. Du fait que
l’ensemble des scénarios des changements climatiques donnent tous une élévation de température
supérieure à 1°C pour le prochain siècle, on conclue à un impact majeur des changements
climatiques qui affectera près d’un tiers des forets existantes au niveau mondial. Certains types de
forets disparaîtront, alors qu’une nouvelle combinaison d’écosystèmes et d’espèces s’établiront.
D’autres contraintes induites par les changements climatiques fragiliseront les forets à savoir plus
de parasites, de vecteurs pathogènes qui seront plus actifs du fait d’un environnement plus chaud
(prolifération et mobilité).
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Les incendies qui seront de plus en plus fréquents, du fait de l’augmentation de température et de la
baisse des précipitations. En ce qui concerne notre région, il semble que ce n’est pas la fréquence et
l’extension des incendies qui sont déterminants mais beaucoup plus leur intensité. Celle-ci est liée à
la charge combustible au cours de la saison sèche qui est fonction de la quantité de pluie qui tombe
au cours de la saison humide. La charge combustible n’est pas une fonction linéaire de la couverture
forestière, comme on a tendance à croire.
Il faut rappeler que les forêts jouent un rôle important dans l’équilibre du climat planétaire. Elles
constituent des réservoirs majeurs de stockage de carbone soit les 80% de tout le carbone stocké au
niveau de l’ensemble de la couverture végétale terrestre et 40% du carbone stocké par les sols.
Ainsi, du fait du risque de dégradation des forets, de grosses quantités de carbone peuvent être
émises vers l’atmosphère durant les transitions correspondant au passage d’un type de forets vers un
autre. Une forêt qui meure libère plus vite le carbone que le temps qu’elle a mis pour le stocker
grâce à une absorption longue et continue, tout au long de son existence. Le carbone libéré risque à
son tour d’accélérer les changements climatiques compte tenu de son rôle dans le réchauffement du
climat. Il faut ajouter encore que les forets affectent directement le climat à différentes échelles,
locale, régionale et continentale à travers leur influence sur la température du sol,
l’évapotranspiration, la rugosité du sol, l’albédo, la formation des nuages et les précipitations. Les
zones forestières et les espèces arborescentes vont subir un déplacement significatif en direction du
Nord, comme une conséquence du réchauffement climatique et de la baisse de la pluviométrie.
7-1-2 Ecosystèmes des zones arides et semi-arides
A la lumière des travaux du GIEC, les changements climatiques toucheront principalement les
régions vulnérables comme les zones arides et semi-arides. Ces zones sont déjà l’objet d’une forte
aridité et d’une grande variabilité climatique intra-annuelle et inter-annuelle. Les écosystèmes y
sont fragiles et les ressources en eau à la limite des besoins. Ces zones seront de plus en plus
chaudes et soumises à une occurrence plus élevée de phénomènes extrêmes comme les sécheresses
et les vagues de chaleur. Ce qui entraînera des contraintes additionnelles sur les écosystèmes qui,
actuellement, se trouvent déjà à la limite de la tolérance thermique. Il faut ajouter comme on le
verra plus loin que le réchauffement du climat sera accompagné, dans le cas des zones arides et
semi-arides ( cas de l’Algérie) d’une diminution probable des ressources en eau. Ce qui accentuera
les pressions actuelles sur l’ensemble des écosystèmes. Certaines espèces végétales risquent de se
retrouver à quelques centaines de kilomètres derrière les nouvelles limites bioclimatiques et subir
une mort certaine. Les phénomènes extrêmes liés aux changements climatiques comme les vagues
de chaleur réduisent le rendement moyen des grains.
7-1-3 Ecosystèmes des zones de parcours
Lavée et al. (1998) affirment, sur la base d’études expérimentales et de terrain, que si les
changements climatiques dans la région méditerranéenne sont rapides avec une diminution de la
moyenne annuelle, de l’intensité et de la fréquence des précipitations, combinée avec une élévation
de la température, alors la productivité des parcours va baisser. Ce qui entraînera une réduction de
la matière organique et de la perméabilité des sols et une diminution des taux d’infiltration de l’eau
dans le sol. Il s’en suivra une dégradation importante des sols qui accéléra le phénomène de
désertification.
L’irrigation dans les zones arides et semi-arides est à l’origine de la salinisation des terres.
L’augmentation de température liée aux changements climatiques va exacerber cet effet. Les
changements qui affectent la couverture des sols du fait des changements à court terme du temps et
des changements climatiques à terme affecteront l’érosion et la dynamique organique des sols et
spécialement dans les zones semi-arides (Grégory et al., 1999).
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Il existe un seuil climatique étroit qui sépare la zone Nord du pays des régions semi-arides et arides
du pays. Ce qui fait que les changements climatiques peuvent modifier profondément la frontière
entre ces entités et accentuer la vulnérabilité du pays tout entier.
Il faut rappeler que les écosystèmes des parcours sont caractérisés par une couverture basse à cause
de la température élevée et de manque d’eau. Les modifications de température et des précipitations
vont augmenter la vulnérabilité actuelle des écosystèmes et reconfigurer les limites actuelles entre
les pâturages, les forets, les maquis et les autres écosystèmes. Les changements de
l’évapotranspiration affecteront profondément la productivité et la répartition des espèces.
La diminution de l’approvisionnement du sol induite par une pluviométrie plus faible, conjuguée à
une température plus élevée va favoriser les espèces dont le stress à l’eau est le plus grand. Ce qui
va altérer la composition des espèces (Polley et al., 1997).
Les zones de parcours comme la steppe connaîtront une forte perturbation des saisons de
croissance. Ce qui influencera fortement la production. Ces zones supportent la majeure partie du
bétail et nourrissent la faune sauvage. Leur déclin entraînera celle du bétail et de la faune sauvage,
un déséquilibre de la biodiversité et une désertification certaine.
7-1-4 Ecosystèmes de montagne
Sous l’effet de l’augmentation de température, les écosystèmes de montagne seront forcés de migrer
vers les altitudes plus élevées. Une grande partie des espèces qui peuplent déjà les sommets des
montagnes sera appelée à disparaître faute de pouvoir s’y adapter.
7-1-5 Ecosystèmes des zones côtières
Une des principales conséquences des changements climatiques est l’élévation du niveau de la mer
causé principalement par l’expansion thermique des eaux. Les zones côtières sont des zones
dynamiques. Les processus physiques, biotiques (récifs et coraux) et autres caractéristiques locales
interagiront avec l’élévation du niveau de la mer. Les nappes d’eau douce des aquifères côtiers sont
de plus en plus vulnérables à cause de leur surexploitation actuelle et subissent l’intrusion des eaux
salées marines qui risque de s’accentuer avec l’élévation du niveau de la mer. Ces nappes risquent
de subir une salinisation irréversible qui les rendra inutilisables aux fins d’irrigation des terres
agricoles ou pour la consommation en eau potable. L’avance du trait de côte à cause du prélèvement
massif des sédiments (sable) et de la destruction des cordons dunaires côtiers risque d’être
accentuée par l’élévation du niveau de la mer. Ce qui constitue une menace pour les écosystèmes
côtiers.
7-1-6 Ecosystèmes des zones humides et des chotts
Au niveau du GIEC, une faible attention a été donnée aux zones humides dans le monde (Sahagin et
Melack, 1998). Les zones humides comme celles de l’Algérie ont des cycles humides et secs
irréguliers. Les espèces vivant au niveau des zones humides forment une communauté adaptée à des
degrés divers aux risques d’inondation. Les zones humides présentent une grande variété dans la
composition des espèces.
Les pressions des changements climatiques sur l’habitat, la biodiversité et la séquestration du
carbone au niveau des zones humides seront des pressions indirectes et interviendront
essentiellement à travers les modifications du réseau hydrographique naturel. La baisse du niveau
d’eau des zones humides est liée à la modification du régime hydrologique provoquée par le
détournement des eaux qui alimentent ces zones, la réduction des précipitations et l’intensification
de l’évaporation en surface à cause de l’élévation de la température. L’approvisionnement en eau
des zones humides est aussi tributaire de celui des barrages en amont et de l’alimentation des
nappes souterraines qui communiquent avec elles ; les zones humides côtières, qui sont inondées de
manière saisonnière, risquent de subir un déplacement du fait de l’élévation du niveau de la mer.
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L’augmentation de la température et l’assèchement partiel ou total des zones humides ont un impact
direct sur les écosystèmes non pas seulement au niveau des zones humides elles-mêmes mais aussi
des zones limitrophes. Des épisodes de phénomènes extrêmes liés aux changements climatiques
comme des inondations intenses ou des sécheresses prolongées peuvent provoquer des pertes
considérables et irréversibles de la biodiversité.
L’augmentation de la température, au niveau des lacs d’eau douce, peut modifier la biodiversité des
espèces en favorisant certaines par rapport aux autres et l’augmentation du risque d’anoxie au fond
des lacs.
7-1-7 Faune
Les estimations actuelles indiquent, que dans le monde, 25% de la population animale et 12% de la
population d’oiseaux sont menacés d’extinction.
De par sa mobilité et le fait qu’elle soit physiologiquement soumise aux stress thermique et
hydrique, la faune est un indicateur privilégié et fiable des changements climatiques (Parmesan et
al., 2000). Les changements significatifs enregistrés ces dernières décades, en matière de
redistribution géographique de certains animaux s’expliquent de manière consistante par les
changements récents du climat. On observe déjà :
- des mouvements vers le Nord et vers les altitudes élevées,
- un changement dans l’abondance de certaines espèces,
- un changement des dimensions corporelles de certaines espèces,
- une modification dans les divers stades de la vie animale comme la précocité des
naissances,
Des modifications de la densité des espèces et à l’intérieur de chaque groupe taxonomique ont été
constatées. La faune peut donc fournir des indications importantes et précoces sur la façon dont
les écosystèmes peuvent réagir aux changements climatiques. Les observations et les études de
terrain montrent, que dans de nombreux cas, la faune réagit aux changements climatiques bien
avant les changements significatifs de la flore.
En fonction des changements climatiques, certains oiseaux migrateurs ont une certaine capacité de
modifier les lieux de transit et de destination. Cependant, dans un monde de plus en plus colonisé
et surexploité, la probabilité de trouver de nouveaux sites est de plus en plus limitée. Il faut
rappeler que le système des aires protégées sous la convention RAMSAR est basé sur la
distribution actuelle du climat. A l’avenir, il faudra tenir compte de l’impact des changements
climatiques.
Des invasions d’acridiens se produisent de façon irrégulière et touchent le Sahel et le Maghreb.
Ces invasions sont directement liées aux conditions climatiques et particulièrement la température
de l’air et l’humidité des sols pour le développement des larves et pour leur déplacement. Les
changements climatiques peuvent jouer un rôle dans l’occurrence positive ou négative de ces
invasions.
Les changements climatiques et en particulier l’élévation de température peut stimuler le
développement et la mobilité des insectes et des vecteurs pathogènes et particulièrement ceux dont
la distribution spatiale et temporelle est fortement tributaire des facteurs du climat. Ce qui peut
augmenter considérablement les dommages causés aux écosystèmes.
Les changements climatiques, à travers l’occurrence de plus en plus grande des phénomènes
extrêmes (inondations, sécheresses, vagues de chaleur), sont des facteurs parmi tant d’autres de
l’augmentation de la vulnérabilité de la faune. Ce qui peut entraîner une disparition ou raréfaction
de certaines espèces.
7.1.8 Besoins en matière d’information et d’évaluation sur les liens entre la biodiversité et les changements climatiques
Ces besoins incluent :
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- une meilleure compréhension des liens entre la biodiversité, la fonction et la structure des
écosystèmes et la dispersion et/ou la migration à travers les sols fragmentés,
- une meilleure compréhension de la réponse de la biodiversité aux changements du climat et
autres pressions,
- un développement de scénarios climatiques transitoires avec une résolution appropriée et de
modèles d’écosystèmes et spécialement pour quantifier les impacts des changements
climatiques sur la biodiversité à toutes les échelles en tenant compte des multiples
réactions,
- une meilleure compréhension des impacts locaux et régionaux des options d’atténuation et
d’adaptation aux changements climatiques sur la biodiversité,
- un développement des méthodologies d’évaluation, critères et indicateurs pour quantifier
les impacts des activités d’atténuation et d’adaptation sur la biodiversité et les autres
aspects du développement durable,
8- METHODOLOGIE D’ETUDE DES IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LA BIODIVERSITE (QUANTIFICATION )
L’étude des impacts des changements climatiques sur la biodiversité a amené la communauté
scientifique à se concentrer sur de larges entités comme les écosystèmes ou les biomes.
Cependant, les changements climatiques agissent sur des organismes individuels qui font partie
d’un réseau complexe d’interactions entre les espèces et avec leur écosystème. De même, il serait
hasardeux de transposer les études et observations relatives à une sélection d’espèces d’un
écosystème à un autre.
Il y a deux approches d’étude :
- la méthode basée sur le déplacement des écosystèmes,
- la méthode basée sur les facteurs écologiques.
8-1 Méthode basée sur le déplacement des écosystèmes
Cette méthode considère que la migration des écosystèmes se fera sans perte en direction de
nouveaux sites qui réunissent des conditions analogues aux conditions initiales. Il s’agit d’une
simplification assez grosse de ce qui arriverait dans le futur mais qui a l’avantage de se baser sur les
relations déjà connues entre les composantes d’un écosystème et les facteurs du climat. Cette
méthode est utilisée pour projeter la distribution des nouveaux écosystèmes à la lumière des
scénarios de projection des changements climatiques.
8-2 Méthode basée sur les facteurs écologiques
Cette méthode part du fait que les espèces d’un écosystème présentent une tolérance climatique
qui diffère d’une espèce à une autre incluant en plus une variabilité génétique entre les espèces,
une différence de capacité migratoire et les effets des espèces invasives (Duke & Money, 1999).
La méthode écologique considère que l’impact des changements climatiques portera
essentiellement sur des modifications locales qui affecteront la composition des espèces et leur
dominance. Les changements se produiront avec la disparition ou le déclin de certaines espèces au
bénéfice d’autres qui deviendront prédominantes. La longévité des individus, la structure d’âges
des populations existantes et l’arrivée des espèces invasives vont modérer les changements qui
vont s’opérer. Le résultat serait l’avènement de nouveaux écosystèmes qui peuvent être
radicalement différents des écosystèmes actuels.
De nombreuses études paléo-écologiques montrent que des espèces importantes dans un
écosystème peuvent réagir différemment aux changements climatiques.
Le problème avec la méthode écologique est qu’elle est délicate à mettre en oeuvre sur le plan
pratique pour prévoir les évolutions possibles. Pour cette raison, la plupart des études globales ou
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régionales relatives aux impacts des changements climatiques sont basées sur la méthode de
déplacement des écosystèmes, compte tenu de sa faisabilité. Cette dernière, limitée aux
projections de la distribution végétale, implique de façon implicite l’assomption que les
populations animales suivent la composition végétale d’un écosystème.
Dans ce qui suit pour évaluer les impacts sur la biodiversité en Algérie, on utilisera :
- la méthode de déplacement des écosystèmes pour avoir une idée globale des grands
changements qui affecteront l’Algérie,
- la méthode écologique en se basant sur les études qui ont été réalisées en Algérie et qui ont
analysé les relations entre certaines espèces végétales ou animales et les facteurs du climat.
8-3 Application de la méthode de déplacement des écosystèmes à l’Algérie
On se base sur la classification bioclimatique empirique d’Emberger qui est la plus utilisée en
Algérie et qui est basée sur la pluviométrie moyenne annuelle, la température maximale moyenne
mensuelle du mois le plus chaud et la température minimale moyenne mensuelle du mois le plus
froid. Le quotient réduit adapté de celui d’Emberger, déterminé en 1972 par Stewart, est donné par
la formule suivante :
Q = 3,43 P/ (M-m) avec :
P = moyenne annuelle des précipitations (mm)
M = moyenne mensuelle de la température maximale du mois le plus chaud
m = moyenne mensuelle de la température minimale du mois le plus froid
Compte tenu des projections climatiques ci-dessus pour l’horizon 2020, les précipitations vont
connaître une diminution de l’ordre de 10% et une élévation de température de 1°C. On considère
que les valeurs de M et m subiront une augmentation identique de température égale à 1°C. Ce qui
donne :
Q / Q = P / P et Q = Q x ( -10/100) = - 0,1Q
Le quotient réduit d’Emberger diminuera de 10% par rapport à sa valeur actuelle. Ce qui
entraîne un déplacement des étages bioclimatiques :
- de l’étage bioclimatique humide vers l’étage sub-humide,
- de l’étage bioclimatique sub-humide vers l’étage semi-aride,
- de l’étage bioclimatique semi-aride vers l’étage aride,
- de l’étage bioclimatique aride vers l’étage saharien,
L’augmentation de la température minimale de 1°C entraînera un déplacement des sous-étages
bioclimatiques :
- des sous étages froids vers les sous-étages frais,
- des sous étages frais vers les sous-étages tempéré ou doux,
- des sous étages tempérés ou doux vers les sous-étages chaud.
Compte tenu, de ces tendances d’évolution climatique, on aura progressivement une nouvelle
répartition des écosystèmes :
- les écosystèmes des zones sub-humides se substitueront progressivement aux écosystèmes
humides,
- les écosystèmes des zones semi-arides se substitueront progressivement à ceux du sub-
humide,
- les écosystèmes de l’aride se substitueront progressivement à ceux du semi-aride.
- Les écosystèmes sahariens se substitueront progressivement à ceux de l’aride.
les écosystèmes de l’étage humide vont subir un stress significatif qui les rendra de plus en plus
vulnérables.
Bouazza M et al (2001) affirme que le climagramme pluviothermique d’Emberger montre que l’aire
de l’alfa (Stipa tenacissima L) subit un déplacement vers les altitudes plus élevées et les valeurs du
Q2 s’accordent avec les nouveaux sites où l’alfa s’installe.
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8-4 Application de la méthode basée sur les facteurs écologiques à l’Algérie
Certaines études ont été menées en Algérie sur les liens qui existent entre la biodiversité et le
climat. Ces études ont porté sur :
- l’alfa (Stipa tenacissima L) et l’armoise (Artemisia herba alba Asso),
- les coquilles de Leucochroa candidissima Drapaneau, 1801 (Mollusca, Leucochroïdae),
8-4-1 Impact du climat sur l’alfa (Stipa tenacissima L) et l’armoise (Artemisia herba alba Asso)
L’étude, réalisée par Bensid T en 1994, a porté sur les interactions entre les facteurs du climat et le
développement de l’alfa et de l’armoise. Cette étude a été réalisée dans les hautes plaines
oranaises au niveau de la station d’El Aricha à 1250 m d’altitude et de celle de Ras El Ma à 1093
m d’altitude.
L’allongement de la période sèche, durant la période récente, provoque une sécheresse que
supporte mal la plante d’alfa. La précocité de cette sécheresse et l’importance du déficit hydrique
raccourcissent la période de développement de l’alfa (Stipa tenacissima L). La durée de la période
de croissance est d’autant plus courte que l’étage bioclimatique est plus aride (Ghrab, 1981). Les
nappes d’alfa s’amenuisent dans la région d’El Aricha et se déplacent en direction du Nord vers
des zones plus humides. En effet, la nappe d’El Aricha est beaucoup plus clairsemée que celle de
Ras El Ma.
La dégradation des nappes d’alfa est accompagnée par l’augmentation de la densité des pieds
d’armoise qui est une plante plus résistante à la sécheresse que l’alfa. L’armoise poursuit sa
croissance tout au long de la période sèche, grâce au grand développement de son appareil
racinaire qui permet l’absorption d’eau et la réduction de la surface foliaire en comparaison avec
celle de l’alfa. L’adaptation de l’armoise n’est pas seulement morphologique (Kappen et al.,
1972). En effet, on enregistre en relation avec les conditions hydriques défavorables, au cours de
la période estivale, des pressions osmotiques élevées dans le xylème et dans les feuilles de
l’armoise. Ce qui permet à cette plante de maintenir, pendant quelques heures par jour, l’activité
photosynthétique au cours de la période sèche.
Compte tenu de la baisse des précipitations et de l’augmentation de l’évapotranspiration liée à
l’élévation de température, données par les scénarios climatiques, on peut conclure que les nappes
d’alfa actuelles ne peuvent pas survivre dans des conditions climatiques de plus en plus sèches et
chaudes. Elles doivent nécessairement se déplacer vers le Nord. Ce qui confirme l’analyse
précédente sur le déplacement des écosystèmes. L’alfa est progressivement remplacée par l’armoise
qui une espèce plus résistante à la sécheresse.
8-4-2 Impact du climat sur les coquilles de Leucochroa candidissima Drapaneau, 1801
(Mollusca, Leucochroïdae)
L’étude réalisée, par Damerdji A en 1994, a été réalisée dans la région des hautes plaines
oranaises et le tell. Les trois sites choisis sont El Aricha, Sebdou et Zenata situés pratiquement sur
un axe Sud Nord. Il est connu que les minimas de température se produisent en Hiver. Sur cet axe,
plus on descend vers le Sud et plus les minimas sont prononcés du fait de la continentalité
(Seltzer, 1946). Cette étude a porté sur les caractéristiques suivantes des coquilles :
- diamètre,
- hauteur,
- ouverture,
- nombre de spires.
Les résultats obtenus sont présentés au tableau 4
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Tableau 4 : Caractéristiques des coquilles selon le site
Station Diamètre (mm) Hauteur (mm) Ouverture (mm) Nombre de spires El Aricha 24,7 17,4 9,9 5,2
Sebdou 21 14,4 8,1 4,9
Zenata 20,3 13,2 8 4,9
Les résultats montrent que les températures minimales influent sur les dimensions des coquilles,
plus les minimas sont bas et plus ces dimensions sont grandes. Plus, on se dirige vers le Nord et
plus les coquilles sont petites. La coquille grandit en même temps que la coquille. En effet, si un
gastropode se trouve handicapé par des conditions climatiques défavorables, la croissance de sa
coquille ralentit en conséquence.
On peut tirer comme conclusion : en cas de réchauffement de la température par suite des
changements climatiques, les coquilles peuvent rester sur place en s’adaptant mais elles se
développeront moins et leurs dimensions se réduiront.
9. ATTENUATION DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET BIODIVERSITE
L’atténuation est définie comme une intervention humaine pour réduire les sources ou augmenter
l’absorption des gaz à effet de serre. Les actions qui réduisent les émissions nettes des gaz à effet de
serre permettront de diminuer le taux de changement du climat et atténueront les pressions des
changements climatiques sur les systèmes naturels et humains. Les actions d’atténuation permettent
donc de temporiser et de réduire les changements climatiques en entraînant des bénéfices
environnementaux et sociaux.
Les activités d’atténuation impliquant la biodiversité incluent essentiellement la séquestration du
carbone et la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Les terres agricoles, les forets et les
autres écosystèmes constituent un potentiel significatif de séquestration de carbone à travers le
changement d’utilisation des sols (boisement et reboisement), la lutte contre la destruction des
forets, l’exploitation rationnelle des systèmes agricoles et des parcours et une gestion forestière
efficace. Les impacts des activités d’atténuation des changements climatiques sur la biodiversité
dépendent du contexte, de la nature et de la mise en œuvre de ces activités. L’utilisation et le
changement de la couverture des sols et les activités forestières (boisement, reboisement, protection
et amélioration des pratiques d’exploitation des forets, des terres culturales et des parcours) et la
mise en œuvre des énergies renouvelables (sources : hydraulique, éolienne et solaire) peuvent
affecter la biodiversité en fonction des sites choisis et des pratiques d’exploitation. Par exemple :
- les projets de boisement ou de reboisement peuvent avoir des impacts positifs, neutres ou
négatifs sur la biodiversité en fonction du niveau de biodiversité des écosystèmes non
forestiers remplacés, de l’échelle considérée et des pratiques d’exploitation mises en œuvre,
- les projets pour éviter et réduire la dégradation des forets vulnérables, qui contiennent un
assemblage d’espèces variées inhabituelles, globalement rares ou uniques au site considéré,
peuvent avoir des avantages bénéfiques sur le plan de la biodiversité et sur le plan de la
réduction des émissions de carbone,
9.1 Impacts potentiels du boisement, du reboisement et de la lutte contre la déforestation sur la biodiversité
Les projets de boisement, reboisement et lutte contre la destruction des forets, avec une gestion
appropriée et des critères de sélection adéquats ainsi que l’implication des communautés locales,
peuvent améliorer la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité. Il existe des options
d’exploitation pour réaliser les synergies entre la séquestration du carbone et la biodiversité. Il
s’agit de conserver, d’entretenir et de mieux gérer les espaces forestiers existants. Le reboisement et
la conservation des forêts participent à une meilleure utilisation des ressources en eau par la
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réduction du ruissellement qui peut avoir un effet négatif en aval sur la biodiversité des zones
humides et les plaines inondables.
9.2 Impacts potentiels de l’exploitation des terres sur la biodiversité dans le cadre de l’atténuation des changements climatiques
L’exploitation des terres visant de limiter les émissions des gaz à effet de serre peut avoir un impact
sur la qualité globale de l’environnement incluant la qualité des sols, la qualité de l’air et les
habitats des écosystèmes. Elle peut avoir des impacts sur la biodiversité terrestre et aquatique.
9.2.1 Impacts potentiels de l’agroforesterie
l’agroforesterie peut séquestrer le carbone et avoir des effets bénéfiques sur la biodiversité.
l’agroforesterie (combinaison de l’arboriculture avec des cultures agricoles pour former un
complexe, systèmes de production de multi-espèces) peut contribuer à augmenter le stockage de
carbone dans le sol où elle remplace des surfaces destinées seulement à des récoltes annuelles ou
des zones dégradées. Les bénéfices supplémentaires apportés par l’agroforesterie sont
l’amélioration de la sécurité alimentaire, des revenus des agriculteurs, la diminution de l’érosion des
sols et la restauration et le maintien de la biodiversité au-dessus et au-dessous du sol. Là où
l’agroforesterie remplace les forets, il y a perte de biodiversité. Les systèmes agroforestiers tendent
à être plus diversifiés biologiquement que les systèmes conventionnels de cultures et les parcours.
Le grand défi est d’empêcher la déforestation, chaque fois qu’il est possible et d’utiliser le savoir
local pour développer des habitats agroforestiers avec de multiples avantages pour l’agriculteur, la
flore et la faune locale.
9.2.2 Impacts potentiels de l’exploitation des forêts
Les activités d’exploitation des forets peuvent permettre la séquestration de carbone au-dessus et
au-dessous de la biomasse. Le carbone organique du sol peut avoir des effets positifs sur la
biodiversité. Des exemples de ces activités incluent la régénération assistée, la fertilisation, la
gestion des incendies, la gestion des parasites, le calendrier des coupes et les processus de coupe à
faible impact.
9.2.3 Impacts potentiels du secteur agricole
les projets et les activités dans le secteur agricole visant à réduire les émissions des gaz à effet de
serre et à augmenter la séquestration du carbone peuvent promouvoir une agriculture durable,
renforcer le développement rural et améliorer la biodiversité. Parmi les activités on peut
mentionner : l’intensification agricole, l’irrigation, les labours de conservation, le contrôle de
l’érosion. Ces activités doivent adopter les approches participatives et intégrer le savoir-faire local
avec les nouvelles technologies. Elles doivent encourager le recyclage et l’utilisation des matières
organiques et développer l’agro-biodiversité comme l’utilisation des variétés locales de cultures et
leur diversification. Les pratiques agricoles qui renforcent la séquestration du carbone peuvent
entraîner une augmentation ou une diminution des émissions du méthane (CH4) et de l’oxyde
nitreux (N2O).
9.2.4 Impacts potentiels des parcours
Les projets et les activités au niveau des parcours peuvent augmenter la séquestration du carbone et
améliorer la biodiversité. Parmi les activités on peut citer la mise en défens, l’amélioration de la
productivité des parcours et la gestion des incendies.
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9.3 Impacts potentiels des nouvelles technologies de l’énergie sur la biodiversité
On va passer en revue les impacts sur la biodiversité des nouvelles technologies de l’énergie
(biomasse, énergie éolienne, énergie solaire, stockage de carbone.
9.3.1 Impacts potentiels de l’utilisation de l’énergie de biomasse
Le potentiel d’atténuation et les bénéfices socioéconomiques des nouvelles technologies
bioénergétiques sont importants. Cependant, sans une sélection appropriée des sites et sans des
pratiques judicieuses d’exploitation, il risque d’y avoir un impact négatif sur la biodiversité.
9.3.2 Impacts potentiels de l’énergie éolienne
L’énergie éolienne peut apporter une contribution substantielle à l’atténuation des gaz à effet de
serre. Si le site d’implantation est bien choisi, l’impact sur la biodiversité peut être très négligeable.
L’acceptabilité de l’énergie éolienne est influencée par le niveau de bruit produit par les
installations, l’impact visuel sur le paysage et la perturbation de la vie animale (oiseaux).
Cependant, l’impact des turbines sur l’environnement est faible et dépend des espèces.
9.3.3 Impacts potentiels de l’énergie solaire
L’utilisation des sols, la consommation d’eau, la compatibilité avec les espèces du désert et les
aspects esthétiques constituent les principales contraintes environnementales pour la mise en œuvre
des technologies thermoélectriques solaires. Du fait que les grandes installations solaires seront
localisées dans des lieux désertiques, le principal facteur environnemental sera la consommation
d’eau.
9.3.4 Impacts potentiels du stockage de carbone
La technologie de collecte du gaz carbonique (CO2) à partir des flux gazeux ou du gaz carburant est
disponible. Le Co2 peut être stocké dans les puits de pétrole ou de gaz, dans les aquifères salins ou
dans les fonds océaniques. Le facteur le plus important concernant les aquifères salins est la
diffusion du CO2, la dissolution des roches d’accueil, la stérilisation des ressources minérales et les
effets sur les nappes d’eau souterraines. Peu de choses sont connues sur le stockage du carbone au
fond des océans.
10. ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET BIODIVERSITE
L’adaptation est définie comme un ajustement des écosystèmes naturels en réponse aux effets du
climat actuel ou futur et vise à les atténuer ou exploiter des opportunités bénéfiques. L’adaptation
doit intégrer les facteurs socio-économiques (GIEC, 2001).
10.1 Notion de vulnérabilité des écosystèmes
Les écosystèmes naturels sont vulnérables s’ils risquent de subir des dommages ou une dégradation
résultant du climat actuel ou de son évolution. La vulnérabilité d’un système est fonction de sa
sensibilité au climat et de sa capacité à s’adapter à de nouvelles conditions climatiques. La
vulnérabilité dépend aussi bien des facteurs endogènes (propres) à chaque écosystème ou espèce et
de facteurs exogènes (extérieurs ) d’origine anthropique qui peuvent accélérer la dégradation de cet
écosystème. C’est par exemple le cas des zones arides sujettes à la désertification et qui sont en
même temps fragilisées par une surexploitation humaine.
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La vulnérabilité des écosystèmes des zones arides et semi-arides se traduit par une grande
sensibilité à de faibles modifications du climat et une capacité d’adaptation extrêmement limitée.
Les processus de la dégradation des zones arides, conduisant à la perte de la biodiversité rendront
ces zones encore plus vulnérables aux changements climatiques et à leurs impacts. Aussi, le
développement de stratégies d’adaptation est rendu nécessaire avec ou sans changements
climatiques.
10.2 Options potentielles d’adaptation pour réduire les impacts des changements climatiques sur les écosystèmes et la biodiversité
Les changements climatiques exacerbent les effets des phénomènes extrêmes comme les
sécheresses, les vagues de chaleur et les inondations. Le développement de stratégies d’adaptation,
pour atténuer la vulnérabilité des communautés rurales et des écosystèmes des zones arides à ces
changements, sera bénéfique et constituera la première priorité pour faire face à ces nouvelles
pressions. La mise en œuvre de ces stratégies aura des effets bénéfiques (stratégies « win-win » ou
stratégies « no-regrets »). Les mesures d’adaptation constituent la base du développement durable
des écosystèmes, vu les fortes synergies entre les réponses aux changements climatiques et la
prévention en matière de lutte contre la dégradation des écosystèmes.
Pour certains écosystèmes, les possibilités d’adaptation sont limitées, à cause de leur forte
sensibilité et/ou exposition aux changements climatiques. C’est le cas du corail et des espèces de
montagne. Jusqu’à présent, la conservation de la biodiversité a été limitée aux aires protégées.
Les mesures d’adaptation peuvent être aussi effectives en dehors de ces aires.
Une surveillance appropriée des écosystèmes peut permettre de détecter les tendances d’évolution
et les changements au sein de la biodiversité et élaborer les mesures d’adaptation les plus
appropriées. Cependant, il faut mentionner que dans le cadre d’un programme de conservation,
certaines génotypes, espèces ou écosystèmes ne peuvent pas être conservés dans un site ou région,
compte tenu des impacts des changements climatiques. Aussi, les efforts doivent s’orienter vers
les mesures et actions qui permettent d’augmenter la résilience de la biodiversité eu égard aux
changements climatiques futurs :
- établissement d’un réseau d’aires protégées reliées par des corridors permettant la
dispersion et la migration des espèces,
- établissement de zones tampon autour des aires protégées,
- minimisation de la fragmentation des habitats provoquée par le développement de
l’infrastructure routière,
- conservation de la diversité génétique au sein et parmi les populations locales,
- protection de la biodiversité au niveau des zones importantes et sensibles « hot spots »,
- reproduction captive et programmes de translocation pour les espèces sensibles ou
vulnérables,
- contrôle des parasites et remplacement de la pollinisation et de l’ensemencement assurés
normalement par la faune sauvage par d’autres moyens.
10.3 Conséquences des activités d’adaptation sur les écosystèmes et la biodiversité
Une gestion intégrée des sols et des ressources en eau constitue un excellent moyen d’adaptation.
L’objectif essentiel est satisfaire les besoins de la population tout en assurant un développement
durable des ressources naturelles. Il existe un certain nombre d’activités d’adaptation qui sont
effectives mais peuvent avoir des effets sur la conservation et la durabilité des ressources. Certaines
peuvent avoir des effets directs sur la biodiversité si elles détruisent les habitats naturels. D’autres
ont des effets indirects quand elles introduisent de nouvelles espèces ou modifient les pratiques
courantes d’exploitation.
Expert Consultant Dr. Abdelguerfi A. 2002/2003 Coordonnateur M. Ramdane S.A
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10.4 Synergies entre la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité et les changements climatiques
Les actions prises pour conserver et utiliser durablement la biodiversité, pour des raisons autres que
les changements climatiques, peuvent affecter de façon positive le taux de changement du climat et
l’aptitude de l’homme à s’adapter a ce changement :
- les aires destinées à la conservation de la biodiversité représentent un fort potentiel de
stockage de carbone à long terme,
- la maintenance de la biodiversité visant la protection du patrimoine génétique peut
contribuer à l’apparition de nouveaux génotypes ayant une meilleure aptitude d’adaptation
aux changements climatiques et aux conditions environnementales qui peuvent se produire,
La maintenance de la biodiversité nécessite l’occurrence de perturbations naturelles alors que
l’exploitation de la biodiversité pour un stockage maximum de carbone tend à éviter ces
perturbations.
11- PRISE EN CHARGE ACTUELLE DE LA BIODIVERSITE AU NIVEAU INSTITUTIONNEL
Les préoccupations en matière de biodiversité concernent:
- les écosystèmes steppiques et les parcours,
- les écosystèmes forestiers,
- les écosystèmes côtiers et marins,
- les écosystèmes sahariens,
- les écosystèmes agricoles,
- les écosystèmes des zones humides.
La prise en charge de la biodiversité se fait à deux niveaux : mondial et national.
11.1 Niveau mondial
Etant donné l’interdépendance des nations en matière de biodiversité, diverses conventions
internationales ont été mises en œuvre pour protéger et conserver la biodiversité. On peut citer : la
Convention Cadre sur la Biodiversité (CBD), la Convention de Ramsar sur les zones humides, la
convention de Bonn sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, la
convention de Washington (CITES) du 3 mars 1973 sur le commerce international des espèces de
faune et de flore sauvages menacées d'extinction, les Principes Forestiers et la Protection des
espèces endémiques. Ces conventions imposent un certain d’obligations pour les pays signataires.
L ‘ Algérie a ratifié l’ensemble de ces conventions. Ces conventions développent des
méthodologies, des modèles, des outils, des systèmes de surveillance et des indicateurs pour la
gestion et la conservation de la biodiversité. Elles ont mis en place des organes de mise en œuvre
et des cadres de coopération avec les autres conventions multilatérales sur l’environnement. -
11.2 Niveau national
La prise en charge de la biodiversité au niveau national est répartie entre :
- le MATE à travers la Direction de la Biodiversité, le Conservatoire National du Littoral et
l’Observatoire de l’Environnement,
- le MAP à travers la Direction Générale des Forêts (DGF), la Direction de la Protection de
la Flore et de la Faune, l’Agence Nationale pour la protection de la Nature (ANN), la
Direction de la Production des Végétaux, la Direction de la Production Animale, le Haut
Commissariat pour le Développement de la Steppe (HCDS) et le Commissariat pour le
Développement de l’Agriculture en Régions Sahariennes (CDARS).
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- Le MESR à travers le Centre de Recherche Scientifique et Technique sur les Régions
Arides (CRSTRA) qui coordonne les activités de recherche sur ces zones.
Il existe des structures universitaires qui ont des activités de recherche en rapport avec la
biodiversité. On peut citer :
- Institut National Agronomique (INA),
- Institut National de la Recherche Agronomique (INRA),
- Institut Technique des Grandes Cultures (ITGC)
- Institut National de la Recherche Forestière (INRF),
- Institut des Sciences de la Mer et de l’Aménagement du Littoral (ISMAL)
- Instituts de biologie ou des sciences naturelles au sein des Universités,
- Centre National des Techniques Spatiales (CNTS),
- Centre de Recherche de Biologie Terrestre (CRBT) de l’Université de Bab-ezzouar
La prise en charge opérationnelle de la biodiversité, au niveau régional, se fait au sein des structures
décentralisées des ministères :
- les Inspections de l’Environnement de Wilaya dépendant du MATE,
- les Directions des Services Agricoles des Wilayates (DSA) dépendant du MAP,
- les Conservateurs des Forêts de Wilaya (CFW) dépendant du MAP-DGF,
- les 13 Unités de Conservation et de Développement (UCD) dont 6 prioritaires.
Le tableau 5 suivant précise, pour chaque type d’écosystèmes, les organismes responsables.
Tableau 5 : Ecosystèmes et organismes responsables
Type d’écosystèmes Organe central responsableEcosystèmes Steppiques HCDS,
Ecosystèmes forestiers DGF
Ecosystèmes côtiers et marins Conservatoire National du Littoral
Ecosystèmes Sahariens Direction de la Protection de la Flore et de la Faune et ANN
Ecosystèmes Agricoles Direction de la Production Végétale
Direction de la Production Animale
Ecosystèmes des zones humides terrestres Direction de la Protection de la Flore et de la Faune, Direction Générale
des Forets et ANN
Ecosystèmes des zones humides côtières Conservatoire National du Littoral
Le point focal de la Convention Internationale sur la Biodiversité est assuré par la Direction de la
Biodiversité au sein du MATE. En application des dispositions de cette convention, un projet
financé par le FEM est en cours d’exécution et porte sur les actions suivantes :
- l’élaboration de la stratégie nationale,
- l’élaboration du plan national d’action,
- le bilan de la biodiversité en Algérie.
12- ANALYSE DES CAPACITES ACTUELLES POUR ATTENUER LES PRESSIONS LIEES AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET A L’OZONE
Le domaine des changements climatiques et de l’ozone représente une nouvelle et récente
préoccupation et à ce titre, il n’est pas pris en charge par la communauté nationale universitaire. Peu
de recherches liées à cette problématique ont été entreprises à ce jour.
12-1 Etat des capacités actuelles
Au niveau du MATE et dans le cadre de la convention sur les changements climatiques, des études
d’impacts sur la biodiversité ont démarré depuis quelques années à travers les écosystèmes
agricoles et les ressources en eau. Ce n’est pas le cas de l’ozone.
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12-1-1 Capacités actuelles en matière d’évaluation des impacts des changements climatiques sur la biodiversité
Le projet ALG/98/G31 a été mis en oeuvre dans le cadre de la convention cadre sur les
changements climatiques pour l’élaboration du plan national d’action en matière de changements
climatiques. Ce projet a été mis en œuvre en parallèle avec le projet régional maghrébin
RAB/94/G31 sur le renforcement des capacités du Maghreb pour faire face aux changements
climatiques. La mise en œuvre du projet ALG/98/G31 a permis principalement :
- la réalisation de l'inventaire national des émissions et de la séquestration des gaz à effet de
serre pour l’année 1994,
- l’élaboration des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, en
particulier dans le domaine des ressources en eau et de l’agriculture,
- l’élaboration de la communication nationale initiale.
Le projet a constitué un cadre important pour sensibiliser et accroître les connaissances dans le
domaine des changements climatiques et particulièrement en direction des cadres des secteurs
chargés des ressources naturelles comme l’agriculture, les forêts, les ressources en eau et
l’environnement. Une dizaine d’ateliers ont été organisés et ont permis d’initier de nombreux cadres
de différents secteurs. Ce qui permis de les impliquer dans les diverses phases des projets par le
biais de concertations périodiques pour assurer une coordination efficace. En retour la contribution
des cadres formés a été fructueuse dans la réalisation des objectifs fixés dans les plans d’opération
des deux projets. La mise en œuvre du projet ALG/98/G31 a permis :
de faciliter le dialogue, l'échange d'informations et la coopération entre l'ensemble des
partenaires nationaux : les institutions, les ONG, les entreprises, les universités et centres de
recherche ainsi que les communautés de base,
de créer des cellules sectorielles en matière de suivi et de prise en charge des impacts sectoriels
liés aux changements climatiques,
d'inscrire la problématique des changements climatiques dans le cadre du développement
durable.
de renforcer la participation et le rôle de l'Algérie dans les forums régionaux et
internationaux scientifiques et les processus de négociation internationale.Au niveau de l’agriculture, des forêts et des ressources en eau, il existe maintenant des cadres à même de contribuer à la mise en place de cellules sectorielles pour la prise en charge de la problématique des changements climatiques dans le domaine de la biodiversité.
12-1-2 Capacités en matière d’évaluation des impacts de l’ozone sur la biodiversité
L’objectif majeur du bureau d’ozone au sein du MATE a porté sur la mise en oeuvre des obligations
nationales en rapport avec le Protocole de Montréal. Les efforts ont consisté essentiellement à
éliminer les substances appauvrissant la couche d’ozone (SAO) au niveau du secteur industiel
utilisateur de ces substances. Ce qui a permis d’éliminer les SAO dans 25 entreprises nationales. En
Algérie, comme on l’a déjà vu aux chapitres 3 et 4, les travaux réalisés et relatifs à l’ozone
troposphérique et à d’ozone stratosphérique ont porté sur les mesures d’ozone au niveau d’Alger et
Tamanrasset. A notre connaissance aucune étude d’impact portant sur le cas de l’ozone n’a été
réalisée au niveau local ou national. L’ozone constitue et constituera à l’avenir un danger potentiel
et grave qui affectera aussi bien l’homme que l’ensemble des écosystèmes terrestres. Il n’existe
pas, à l’heure actuelle, de structure nationale pour l’étude et l’évaluation des impacts de l’ozone. Il
faut rappeler que les effets de l’ozone sur la biodiversité peut se résumer comme suit :
- la diminution de la couche d’ozone à pour conséquence l’augmentation du rayonnement UV
qui est très énergétique et peut provoquer des dommages importants au niveau des tissus des
différentes espèces vivantes,
- l’augmentation de l’ozone troposphérique à pour conséquence une forte oxydation et
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l’occurrence de nécroses provoquées par la déposition d’ozone sur les feuilles ou la peau des
espèces et une perturbation des processus respiratoires.
Au vu des résultats de recherche réalisés à l’étranger, on peut dire que l’Algérie est particulièrement
vulnérable à l’ozone troposphérique du fait qu’elle jouit d’un rayonnement solaire intense qui est le
moteur de la production d’ozone.
13- STRATEGIE EN MATIERE DE RENFORCEMENT DES CAPACITES POUR ATTENUER LES PRESSIONS LIEES AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET A L’OZONE
La dégradation de la biodiversité influence les changements climatiques qui à leur tour rendent les
écosystèmes plus vulnérables et réduisent leur capacité en tant que puits importants de carbone.
Ce qui entraîne une émission plus importante de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et exacerbe
les changements climatiques. Une meilleure gestion et des pratiques appropriées de l’utilisation
des écosystèmes peuvent atténuer les changements climatiques. Une stratégie de sauvegarde de la
biodiversité doit être globale et reposer sur :
- la prise en compte de la préservation de la biodiversité en amont du schéma national de
l’aménagement du territoire (SNAT) et du schéma régional de l’aménagement du territoire
(SRAT),
- le principe du continuum biologique et des ensembles naturels homogènes qui n’obéissent
pas forcément aux limites de nature administrative,
- l’interaction de la biodiversité avec le développement socioéconomique et les
transformations qui s’opèrent au niveau régional ou local,
- Le principe de durabilité en matière d’exploitation des écosystèmes.
13-1 Objectifs de la stratégie
Les différents objectifs des actions, visant le renforcement de la capacité nationale en matière
d’atténuation des impacts des changements climatiques et de l’ozone sur la biodiversité, peuvent
être énumérés comme suit :
- informer et sensibiliser les opérateurs socioéconomiques,
- finaliser et actualiser l’inventaire national relatif à la flore et à la faune,
- réaliser un atlas phénologique national,
- envisager une gestion intégrée des bassins versants pour protéger la biodiversité,
- améliorer la capacité effective de prise de décision en matière d’atténuation des pressions
dont celles liées aux changements climatiques et à l’ozone sur la biodiversité,
- améliorer les connaissances et la prévision des impacts des changements climatiques et de
l’ozone sur la biodiversité,
- préparer les principales mesures d’adaptation pour atténuer les impacts des changements
climatiques et de l’ozone sur la biodiversité et exploiter les écosystèmes de façon durable,
- informer, sensibiliser le public.
13-2 Types d’action de renforcement
On peut énumérer les types d’actions de renforcement :
- actions de renforcement sectoriel par le biais d’études et de recherches appliquées et
directement opérationnelles sur les impacts des changements climatiques et de l’ozone
sur la biodiversité; les équipes nationales de recherche concernées par la biodiversité
doivent être informées sur les travaux internationaux, en particulier dans le cadre de la
convention internationale sur la biodiversité et participer aux organes techniques de cette
convention,
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- l’élaboration de documents de qualité écrits et audiovisuels s’impose pour assurer, de
façon fiable, l’information et la sensibilisation ; la diffusion et l’utilisation des
documents audiovisuels élaborés par le Secrétariat de la convention sur la biodiversité
peuvent être efficaces au niveau des décideurs,
- la préparation d’argumentaires, destinés à favoriser la prise effective de décision, permet
en même temps d’accroître les compétences de ceux qui les auront élaborés,
- le renforcement des capacités dans le domaine de l’analyse économique et de mise au point de référentiels technico-économiques permettront de réaliser dans de bonnes
conditions, les arbitrages intersectoriels,
- la formation de type classique doit être envisagée : stages, ateliers restreints, cours de
courte durée, colloques sur des sujets prioritaires et ciblés,
- la mise en place d’un réseau national sur la biodiversité qui facilitera l’échange
d’informations et la coordination des activités courantes dans le domaine des impacts des
changements climatiques et de l’ozone sur la biodiversité ; ce réseau pourra diffuser
régulièrement un bulletin d’information.
13-3 Groupes cibles
Les groupes cibles seront explicités dans les propositions relatives au renforcement des capacités
qui seront développées plus loin. La constitution effective de ces groupes cibles concernés par les
différentes activités proposées, devra se faire chaque fois en concertation avec les organes
concernés.
Il sera possible de constituer, selon les besoins, des « packages » de renforcement des capacités,
regroupant, autour de différents types de renforcement intégrés, des organismes et personnes ayant
les mêmes besoins de renforcement dans plusieurs domaines.
14- RENFORCEMENT DES CAPACITES POUR ATTENUER LES PRESSIONS LIEES AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET A L’OZONE ET PARTAGE DES RESPONSABILITES
Le renforcement des capacités est essentiel à tous les niveaux pour assurer la conservation et la
protection de la biodiversité. C’est un processus à court, moyen et long terme permettant d’intégrer
les pressions liées aux changements climatiques et à l’ozone dans la gestion, l’évaluation et
l’amélioration de la biodiversité. Le renforcement des capacités s’appuie sur trois volets :
- l’organisation pour coordonner et réaliser les objectifs inscris dans la stratégie et les plans
nationaux relatifs à la protection et la conservation de la biodiversité,
- le développement des ressources humaines par le transfert des connaissances et des
techniques,
- l’information, la sensibilisation et la communication
Le renforcement des capacités permet aux hommes et aux structures de gestion de s’adapter de
façon continue à de nouvelles circonstances et d’acquérir de nouvelles connaissances. Le
renforcement des capacités passe par :
- la formation des cadres et techniciens chargés de la biodiversité,
- l’existence de supports techniques indispensables : laboratoires, équipements, matériels,
outils d’analyse, modèles de simulation, documentation et mise à jour de l’information,
- l’existence de mécanismes de dialogue, de concertation et de coordination au niveau
national,
- la coopération régionale dans les domaines d’intérêts communs,
- la participation effective et continue aux organes techniques de la convention cadre sur la
biodiversité et aux activités conjointes découlant des synergies avec les autres conventions
environnementales internationales.
Compte tenu des obligations de l’Algérie dans le cadre des quatre conventions de RIO
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(Changements climatiques, biodiversité, désertification et forêts), des efforts importants ont été
entrepris par le MATE depuis quelques années pour renforcer les capacités et permettre à de
nombreux secteurs comme l’agriculture, les forets et les ressources en eau d’acquérir les
connaissances de base et de participer à l’élaboration des documents nationaux liés à l’exécution de
ces conventions.
Le renforcement des capacités portera sur :
- l’information générale sur les changements climatiques et l’ozone et leurs impacts sur la
biodiversité,
- le plan national d’action,
- les actions sectorielles
- l’appui à la sensibilisation et la prise de décision,
- la formation et le renforcement de capacités spécifiques
14-1 Information générale
l’information générale doit être assurée par le MATE et porter sur :
- la rédaction et diffusion auprès des décideurs nationaux d’un document d’information
générale sur les changements climatiques et l’ozone, avec une partie « spécificités
nationales » et « impacts prévisibles sur la biodiversité »,
- la diffusion de documents existants sur les changements climatiques et l’ozone auprès des
techniciens concernés des différents ministères, organismes, structures concernées au niveau
des différents secteurs et acteurs,
- l’organisation d’un séminaire national d’information et de réflexion sur la synergie entre les
quatre conventions internationales : Changements Climatiques, Biodiversité Forêts et
Désertification,
- la diffusion de divers documents audiovisuels existants et d’articles « grand public » sur les
changements climatiques et leurs impacts sur la biodiversité, les forêts et la désertification,
- la rédaction de documents écrits et audiovisuels sur les impacts des changements
climatiques et de l’ozone sur la biodiversité, les forêts et la désertification à destination des
groupes cibles (décideurs, grand public, exploitants, enseignants,....),
- l’amélioration des conditions de circulation et de mise à disposition de l’ensemble des
organismes nationaux, des diverses données existantes au niveau national,
- l’amélioration des conditions d’accès, des acteurs nationaux aux données internationales,
le tableau (6) ci dessous précise, en matière d’information générale, les principaux organismes ou
acteurs concernés et le niveau de priorité.
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Tableau 6 : Propositions d’activités de renforcement des capacités d’action pour atténuer les
pressions des changements climatiques et de l’ozone sur la biodiversité
Information générale Principaux organismes ou acteurs concernés
Niveau de priorité
Rédaction et diffusion auprès des décideurs nationaux d’un
document d’information générale sur les changements
climatiques et ozone, avec une partie « spécificités nationales
« et impacts prévisibles sur la biodiversité »
MATE : Points focaux : Changements
Climatiques, Biodiversité,
MAP : Point Focal : Forêts,
Désertification
1
Diffusion de documents existants sur les changements
climatiques et ozone auprès des techniciens concernés des
différents ministères, organismes, structures concernés ou
acteurs
MATE : Points focaux : Changements
Climatiques, Biodiversité
MAP : Point Focal : Forêts,
Désertification
1
Organisation d’un séminaire national d’information et de
réflexion sur la synergie entre les quatre conventions
internationales : Changements Climatiques, Biodiversité,
Forêts et Désertification
MATE : Points focaux : Changements
Climatiques, Biodiversité
MAP : Point Focal : Forêts,
Désertification
1
Diffusion de divers documents audiovisuels existants et
d’articles « grand public » sur les changements climatiques et
l’ozone et leurs impacts sur la Biodiversité, les Forêts et la
Désertification»
MATE : Points focaux : Changements
Climatiques, Biodiversité
MAP : Point Focal : Forets,
Désertification
1
Rédaction de documents écrits et audiovisuels sur les impacts
des changements climatiques et l’ozone sur la biodiversité,
les forêts et la désertification à destination des groupes cibles
(décideurs, grand public, exploitants, enseignants,....),
MATE : Points focaux : Changements
Climatiques, Biodiversité
MAP : Point Focal : Forets,
Désertification
1
Amélioration des conditions de circulation et de mise à
disposition de l’ensemble des organismes nationaux, des
diverses données existantes au niveau national,
MATE : Points focaux : Changements
Climatiques, Biodiversité
MAP : Point Focal : Forets,
Désertification
Ministère des transports : ONM
3
Amélioration des conditions d’accès, des acteurs nationaux
aux données internationales,
MATE : Points focaux : Changements
Climatiques, Biodiversité
MAP : Point Focal : Forets,
Désertification
Ministère des transports : ONM
4
14-2 Plan d’action le plan d’action porte sur :
- le renforcement institutionnel,
- la prise en compte de la conservation et de la protection de la biodiversité dans le cadre des
plans de développement nationaux et sectoriels,
- l’établissement et diffusion rapides des grands scénarios nationaux de changements
climatiques et de l’ozone,
- l’établissement de scénarios des disponibilités en eau ( carte future des ressources en eau de l’Algérie) en prenant en compte les différents scénarios des changements climatiques,
- l’évaluation globale et rapide des impacts des changements climatiques et de l’ozone sur lesressources naturelles,
- l’étude des impacts des changements climatiques et de l’ozone sur les forêts,- l’étude des impacts des changements climatiques et de l’ozone sur la biodiversité,- l’étude des impacts des changements climatiques et de l’ozone sur l’agriculture,- l’étude des impacts des changements climatiques et de l’ozone sur les parcours,
- l’étude des impacts des changements climatiques et de l’ozone sur les zones humides,
- l’étude des impacts des changements climatiques sur l’hydroclimat marin et les ressources marines,
- l’étude des impacts de l’élévation du niveau de la mer sur le littoral,
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- la prise en compte explicite des grands scénarios nationaux de changements climatiques et
de leurs impacts sur les ressources naturelles dans le Schéma National de l’Aménagement du Territoire (SNAT),
le tableau (7) ci dessous précise, en matière de plan d’action, les principaux organismes ou acteurs
concernés et le niveau de priorité.
Tableau 7 : Propositions d’activités de renforcement des capacités d’action pour atténuer les
pressions des changements climatiques et de l’ozone sur la biodiversité
Prospective Principaux organismes ou acteurs concernés Niveau de priorité
l’établissement et diffusion rapides des grands
scénarios nationaux des changements climatiques
(CC) et de l’ozone
MATE : Point focal : Changements Climatiques
(CC)
1
l’établissement de scénarios des disponibilités en
eau (carte future des ressources en eau de l’Algérie)
en fonction des scénarios des CC
MATE : Point focal : Changements Climatiques,
Ministère des Ressources en Eau : ANRH
1
l’évaluation globale et rapide des impacts des
scénarios des CC et de l’ozone sur les ressources
naturelles,
MATE : Points focaux : Changements Climatiques, 1
l’étude des impacts des CC et de l’ozone sur les
forêts
MATE : Point focal : Changements Climatiques,
MAP : Point Focal : Forets,
1
l’étude des impacts des CC et de l’ozone sur les
biodiversité
MATE : Points focaux : Changements Climatiques,
Biodiversité,
1
l’étude des impacts des CC et de l’ozone sur
l’agriculture
MATE : Points focaux : Changements Climatiques,
Biodiversité et MAP : Directions des Productions
Végétale et Animale
1
l’étude des impacts des changements climatiques et
de l’ozone sur les parcours
MATE : Points focaux : Changements Climatiques,
Biodiversité et MAP : Point Focal : Forets,
Désertification et HCDS,
1
l’étude des impacts des CC et de l’ozone sur les
zones humides,
MATE : Points focaux : Changements Climatiques,
Biodiversité et Conservatoire du Littoral,
MAP : Point Focal, Forêts,
Ministère des Ressources en Eau : ANRH
2
l’étude des impacts des CC sur l’hydroclimat et les
ressources marines
MATE : Points focaux : Changements Climatiques,
Biodiversité et Conservatoire du Littoral,
2
l’étude des impacts de l’élévation du niveau de la
mer résultant des CC sur le littoral
MATE : Points focaux : Changements Climatiques,
Biodiversité et Conservatoire du Littoral
Ministère des transports : ISMAL
2
la prise en compte explicite des grands scénarios
nationaux des CC et de l’ozone et leurs impacts sur
les ressources naturelles dans le Schéma National de
l’Aménagement du Territoire (SNAT)
MATE 1
14-3 Actions sectorielles
Les actions sectorielles portent sur :
- l’étude des impacts des changements climatiques sur la gestion de la ressource en eau,
- l’étude des impacts des changements climatiques sur les caractéristiques des sols (érosion, salinisation, dégradation organique),
- l’étude des impacts des changements climatiques sur les bilans hydriques du sol,- l’évaluation des disponibilités en matériel génétique permettant d’atténuer l’impact des
changements climatiques sur la biodiversité,
- l’étude des impacts des changements climatiques et de l’ozone sur la phénologie, la morphogenèse, la production, la répartition des espèces végétales,
- l’étude d’impact des changements climatiques et de l’ozone sur le palmier dattier, notamment la production des dattes et les systèmes oasiens
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Bilans des Expertises sur « Les Risques Menaçant la Biodiversité en Algérie » MATE-GEF/PNUD : Projet ALG/97/G31 45
- l’étude d’impact des changements climatiques et de l’ozone sur les capacités compétitives des espèces,
- l’étude d’impact des changements climatiques et de l’ozone sur les aires de répartition des espèces,
- l’étude d’impact des changements climatiques et de l’ozone sur les cycles des maladies et des prédateurs,
- l’étude d’impact des changements climatiques et de l’ozone sur le métabolisme des animaux,
- l’étude d’impact des changements climatiques sur les périodes de ponte des oiseaux, de pullulation des insectes
- l’ajustement de l’inventaire national des gaz à effet de serre dans le domaine de la
biodiversité,
le tableau (8) ci dessous précise, en matière d’actions sectorielles, les principaux organismes ou
acteurs concernés et le niveau de priorité.
Tableau 8 : propositions d’activités de renforcement des capacités d’action pour atténuer les
pressions des changements climatiques et de l’ozone sur la biodiversité
Actions sectorielles Principaux organismes ou acteurs concernés Niveau de priorité
L’étude des impacts des CC sur la gestion de la
ressource en eau,
Ministère des Ressources en Eau : ANRH 2
L’étude des impacts des CC sur les caractéristiques
des sols (érosion, salinisation, dégradation
organique),
Ministère des Ressources en eau, ANRH, Agences de
bassin ; MAP : DGF, INRA, INA, ITGC, HCDS,
INRF
2
L’étude des impacts des changements climatiques
sur les bilans hydriques du sol,
MAP : DGF, DPV, ITGC, INRA, INA, INRF, HCDS,
Ministère des Ressources en eau, ANRH, Agences de
bassin
2
l’évaluation des disponibilités en matériel
génétique permettant d’atténuer l’impact des CC et
d l’ozone sur la biodiversité,
MATE : Point focal : Biodiversité,
MAP : DGF, DPV, ITGC, INRA, INA, INRF, HCDS,
ANN, CDARS
2
l’étude des impacts des CC et de l’ozone sur la
phénologie, la morphogenèse, la production,
MAP : DGF, DPV, ITGC, INRA, INA, INRF, HCDS 2
l’étude d’impact des CC et de l’ozone sur le
palmier dattier et systèmes oasiens
MAP : DPV, INRA, INA, CDARS 2
l’étude d’impact des CC et de l’ozone sur les
capacités compétitives des espèces
MAP : DGF, DPV, DPA, ITGC, INRA, INA, ANN,
INRF, HCDS
2
l’étude d’impact des CC et de l’ozone sur la
répartition des espèces végétales
MAP : DGF, DPV, DPA, ITGC, INRA, INA, ANN,
HCDS, CDARS
2
l’étude d’impact des CC et de l’ozone sur les cycles
des maladies et déprédateurs
MAP : DGF, DPV, DPA, ITGC, INRA, INA, ANN,
HCDS, INRF, CDARS
2
l’étude d’impact des CC et de l’ozone sur le
métabolisme des animaux
MAP : DPA, INRA, INA, ANN, INRF 2
l’étude d’impact des changements climatiques sur
les périodes de ponte des oiseaux, de pullulation
des insectes
MAP : DPA, INRA, INA, ANN, HCDS, INRF 2
l’ajustement de l’inventaire national des gaz à effet
de serre dans le domaine de la biodiversité,
MATE : Points focaux : Changements Climatiques,
Biodiversité,
MAP : DGF, DPV, DPA, ITGC, INRA, INA, ANN,
HCDS, INRF, CDARS
3
14-4 Appui à la sensibilisation et la prise de décision,
Cet appui porte sur :
- le développement d’argumentaires en faveur de l’intégration de l’impact des changements
climatiques dans les grands choix et stratégies de développement globales et sectorielles
(aménagement du territoire, gestion des ressources en eau, biodiversité) ;
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- Etablissement d’un référentiel de critères et choix intersectoriels, pour l’ensemble des
actions envisageables dans le domaine des changements climatiques en relation avec la
préservation de la biodiversité et la lutte contre la désertification.
Ces activités seront supervisées par le MATE en collaboration avec les autres ministères.
14-5 Formation et le renforcement de capacités spécifiques
La formation portera sur :
- L’organisation
- Les programmes et contenus
- Les outils,
Le renforcement de capacités spécifiques porte sur :
- la formation spécifique nationale dans le domaine des changements climatiques et de
l’ozone,
- le renforcement de la capacité de modélisation des impacts des changements climatiques et
de l’ozone sur les systèmes biologiques,
- la formation à la modélisation des interactions atmosphère-biosphère,
- la formation sur l’évaluation technico-économique des options en matière d’adaptation aux
changements climatiques et à l’ozone,
- la formation spécifique sur les changements climatiques et de l’ozone destinée aux
forestiers,
- la formation spécifique sur les changements climatiques et de l’ozone destinée aux
agronomes
- la formation spécifique sur les changements climatiques destinée aux agents chargés de
l’irrigation agricole,
- l’amélioration de la capacité de modélisation des systèmes hydro-écologiques marins :
le tableau (9) ci dessous précise, en matière de formation, les principaux organismes ou acteurs
concernés et le niveau de priorité.
Tableau 9 : Propositions d’activités de renforcement des capacités d’action pour atténuer les
pressions des changements climatiques et de l’ozone sur la biodiversité
Appui a la sensibilisation et la prise de décision Principaux organismes ou acteurs concernés
Niveau de priorité
La formation spécifique nationale dans le domaine des changements
climatiques et de l’ozone
MATE 2
Le renforcement de la capacité de modélisation des impacts des
changements climatiques et de l’ozone sur les systèmes biologiques
MAP 2
La formation à la modélisation des interactions atmosphère-biosphère MATE 2
La formation sur l’évaluation technico-économique des options en
matière d’adaptation aux changements climatiques et à l’ozone
MATE 2
la formation spécifique sur les changements climatiques et l’ozone
destinée aux forestiers
MAP : DGF, INRF, ANN 2
la formation spécifique sur les changements climatiques et l’ozone
destinée aux agronomes
MAP : DPV, INRA, INA,
HCDS, CDARS
2
La formation spécifique sur les changements climatiques destinée aux
agents chargés de l’irrigation agricole
MAP : DPV-INRA, INA,
ITGC
2
L’amélioration de la capacité de modélisation des systèmes hydro-
écologiques marins :
MATE : Conservatoire
National du Littoral et
Ministère des transports :
ISMAL.
2
15- RENFORCEMENT INSTITUTIONNEL
Les mesures institutionnelles ont pour objet de pérenniser l’action de l'ensemble des secteurs
d'activités dans le cadre de la biodiversité et de l'adaptation aux effets des changements
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climatiques et de l’ozone. Compte tenu de la synergie qui existent entre les conventions des
changements climatiques, de la biodiversité, des forêts et de la lutte contre la désertification, les
mesures institutionnelles relatives à ces conventions sont fortement imbriquées. Le renforcement
institutionnel doit :
- préciser les objectifs opérationnels immédiats du Comité National de la Biodiversité :
élaboration de la stratégie d’action, plan national d’action, planification et programmes
d’activités (mise en œuvre, suivi et évaluation),
- actualiser l’inventaire national des forêts qui date de 1985 et réaliser le cadastre des terres
forestières,
- élaborer le statut foncier des terres steppiques et réglementer leur exploitation ( régime de
concession au bénéfice exclusif des populations riveraines pour assurer leur implication
directe),
- adopter la loi relative à la protection de l’environnement et en particulier en ce qui concerne
la biodiversité,
- mettre en oeuvre la loi sur le littoral,
- rendre opérationnelles les Agences des Bassins Versants et doter leurs comités de larges
prérogatives afin d’assurer une gestion intégrée qui préserve la biodiversité de ces bassins,
- rendre autonome les Inspections de l’Environnement des Wilayates,
- créer des réserves naturelles et mettre en place le dispositif d’accompagnement
- créer un centre de développement des ressources biologiques,
- créer un laboratoire pour le contrôle des organismes génétiquement modifiés (OGN),
- créer une structure chargée de l’étude et de l’évaluation des impacts dus à l’ozone,
- renforcer les réseaux d’observations et de mesures (agro-météorologique, hydro-
météorologique, phénologique, rayonnement UV, ozone, ...) et mettre en place le dispositif
réglementaire d’accompagnement,
- mettre en œuvre l’Observatoire National de l’Environnement et du Développement Durable
(ONEDD),
- créer un réseau national d’échange sur la biodiversité,
- renforcer les capacités des ONG actives dans le domaine du climat et de la biodiversité.
le tableau (10) ci dessous précise, en matière institutionnelle, les principaux organismes ou acteurs
concernés et le niveau de priorité.
Tableau 10 : Propositions d’activités de renforcement des capacités d’action pour atténuer les
pressions des changements climatiques et de l’ozone sur la biodiversité
Renforcement institutionnel Principaux organismes ou acteurs concernés
Niveau de priorité
Préciser les objectifs opérationnels immédiats du Comité National de la
Biodiversité :
MATE : Point Focal -
Biodiversité
1
Actualiser l’inventaire national des forêts qui date de 1985 et réaliser le
cadastre des terres forestières,
MAP : DGF 1
Elaborer le statut foncier des terres steppiques et réglementer leur exploitation,
( régime de concession au bénéfice exclusif des populations riveraines pour
assurer leur implication directe),
MAP : HCDS, DGF
Ministère de l’Intérieur
1
Actualiser la loi relative à la protection de l’environnement en ce qui concerne
particulièrement la biodiversité,
MATE 1
Elaborer et mettre en oeuvre les textes d’application de la loi sur le littoral, MATE : Consevatoire
National du Littoral
1
Rendre opérationnelles les Agences des Bassins versants et leurs comités, MRA 1
Rendre autonome les Inspections de l’Environnement des Wilayates, MATE 1
Créer des réserves naturelles et mettre en place le dispositif d’accompagnement
(liens avec les populations riveraines et leur implication)
MATE :et MAP 1
Créer un Centre de Développement des Ressources Biologiques, (CDRB) MAP 1
Créer un laboratoire national pour le contrôle des organismes génétiquement
modifiés (OGN),
MAP 1
Créer une structure chargée de l’étude et de l’évaluation des impacts dus à MATE 1
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l’ozone
Etendre les réseaux de mesure (agro-météorologique, hydro-météorologique,
rayonnement UV, ozone....),
MATE, MRE, MAP,
Ministère des transports
2
Mise en œuvre de l’Observatoire de l’Environnement MATE 1
Créer un réseau national d’échange sur la biodiversité, MATE, MAP 2
Renforcer les capacités des ONG actives dans le domaine du climat et de la
biodiversité
MATE 2
16 MECANISMES DE FINANCEMENT
Les mécanismes institutionnels et réglementaires sont destinés aux opérateurs socioéconomiques
pour la mise en œuvre des mesures d’adaptation et d’atténuation visant la prévention de la
désertification. Ces mécanismes se situent à trois niveaux : international, national et local.
Les instruments de financement, au niveau national sont basés sur les taxes ou impôts par
l’application du principe « pollueur –payeur ». Ces instruments doivent être décentralisés et gérés
directement par Inspections de l’Environnement des wilayates. On a mentionné plus haut la
nécessité de rendre autonomes ces Inspections.
Compte tenu de l’urgence et de l’importance des financements, il faudra plus s’orienter dans
l’immédiat vers le financement extérieur. Différentes possibilités existent au niveau international
permettant de drainer les fonds nécessaires.
Il faut noter à ce sujet, que jusqu’à présent la tendance, au niveau des institutions nationales en
matière de financement, a été le recours aux financements au titre du budget de l’Etat au lieu de
rechercher des financements extérieurs pour réaliser leurs projets comme ç’est le cas des pays
voisins. Diverses sources de financement dans le cadre de la protection des ressources naturelles
existent :
- le Fonds Mondial de l’Environnement (FEM); à ce jour les sommes drainées ont été très
faibles voire symboliques en comparaison avec les montants dont ont bénéficié les pays
voisins,
- les financements par la CEE dans le cadre du partenariat,
- les financements par le P.E.M (programme environnement méditerranéen), financé par la
banque mondiale et la banque européenne d’investissement,
- la conversion de la dette extérieure en la réinjectant ( DEBT-SWAPPING ou troc de la
dette) dans des projets de grande envergure et qui ont un impact mondial sur
l’environnement comme la réhabilitation de la steppe et la lutte contre la désertification,
- le financement de projets par les organisations internationales auxquelles l’Algérie cotise et
en tire peu de profit par rapport à nos voisins. On peut citer la FAO, le FIDA, OADA, OMS,
OMM, UNESCO,
- le partenariat avec des pays qui encouragent la préservation des patrimoines naturels comme
le Japon, la Suède, le Canada, etc
- la contribution des ONG nationales et internationales,
La mise en oeuvre des conventions internationales sur les changements climatiques, la biodiversité,
les forêts et la désertification ouvre de nouvelles perspectives en matière de financement. Au titre de
la mise en oeuvre de la convention cadre sur les changements climatiques, le Protocole de Kyoto
prévoit la mise en place de moyens financiers et techniques importants en faveur des pays en
développement à travers le mécanisme de développement propre (MDP). La COP 7 a désigné les 15
membres du comité exécutif du MDP. Ce mécanisme sera ainsi le premier instrument
opérationnel du Protocole de Kyoto. Il va sans dire que les autres conventions vont utiliser ou
suivre ce type de mécanisme. Il s’agit donc de s’impliquer de façon concrète dans les processus mis
en oeuvre au sein de ces conventions. le tableau (11) ci dessous précise, en matière de financement,
les principaux organismes ou acteurs concernés et le niveau de priorité.
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Tableau 11 : propositions d’activités de renforcement des capacités d’action pour atténuer les
pressions des changements climatiques et de l’ozone sur la biodiversité
Mécanismes de financement Principaux organismes ou acteurs concernés
Niveau de priorité
Le Fonds Mondial de l’Environnement (FEM) MATE, MAE 1
Financements par la CEE dans le cadre du partenariat, MAE, Ministère des Finances 1
Les financements par le P.E.M financé par la banque mondiale et la
banque européenne d’investissement,
MAE, Ministère des Finances 1
La conversion de la dette extérieure en la réinjectant (DEBT-
SWAPPING ou troc de la dette)
MAE, Ministère des Finances 1
Le financement de projets par les Organisations Internationales MATE : MAE 1
Le partenariat avec des pays MATE 1
Le mécanisme de développement propre (MDP) du Protocole de Kyoto MATE 1
Les ONG nationales et internationales, MATE 1
17- CONCLUSION
La préservation des patrimoines naturels (sols, eaux, flore, faune) est une nécessité vitale pour la
qualité du cadre de vie des citoyens et le développement socioéconomique du pays.
Les écosystèmes avec leur myriade d’espèces végétales et animales constituent des systèmes
complexes dont les structures et fonctions sont intimement liées au climat. Leurs réponses au
changement global (changements climatiques, ozone, pollution,...) diffèrent d’un écosystème à un
autre et d’une espèce à une autre. Ces réponses varient selon une large gamme d’échelles spatiales
et temporelles.
L’objectif premier de l’adaptation dans le cadre de la biodiversité est d’aider les systèmes naturels à
résister et répondre, de façon positive, au changement global en tenant compte de leur vulnérabilité
et des limites de leur capacité d’adaptation. Une stratégie effective basée sur le principe de
précaution et la durabilité des ressources naturelles vise essentiellement à réduire ou éliminer
d’abord les pressions existantes d’origine anthropique.
L’enjeu majeur est la prise de conscience par tous les acteurs nationaux de la nécessité de préserver
la biodiversité en amont de tout projet ou activité pour ne pas hypothéquer l’avenir.
Au niveau international, l’Algérie doit contribuer à l‘effort mondial pour la protection de la planète
et de la biodiversité mais aussi défendre ses intérêts nationaux dans le cadre d’un développement
durable de ses ressources biologiques. Compte tenu de l’ampleur des défis auxquels, elle est
confrontée, elle ne peut pas y faire face sans un apport conséquent de la communauté internationale
sur les plans financier, scientifique et technologique pour freiner la dégradation avancée de ses
ressources biologiques naturelles.
La mise en place de structures institutionnelles actives et opérationnelles et leur pérennisation est
une nécessité nationale pour permettre une mise en oeuvre efficace de la stratégie nationale dans le
domaine de la biodiversité.
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Bilans des Expertises sur « Les Risques Menaçant la Biodiversité en Algérie » MATE-GEF/PNUD : Projet ALG/97/G31 50
L’EAU ET DE SON IMPACT SUR LA BIODIVERSIT
INTRODUCTION
De nos jours, l’importance et le rôle de l’eau ne sont pas à discuter pour toutes les activités
économiques, sociale et même culturelles. Plus encore, elle est à la base de toute vie terrestre ou
aquatique. ‘’Avec l’eau, nous avons fait toute chose vivante ‘’ (le Coran, XXI, v. 30).
Les spécialistes de l’eau sont plus que convaincus que tout développement est inconcevable
sans réserves hydriques conséquentes. Pour cela, les plus grands conflits à venir (certains le sont
déjà) tourneront autour de l’eau. Ainsi, pour les prochaines années, la fièvre de l’or bleu remplacera
celle de l’or noir, ce dernier ayant régné sans partage durant les dernières décennies.
A l’exception des besoins en eau du secteur de l’industrie, pratiquement 100% de l’eau de la
planète est destinée à couvrir les besoins de l’homme, de l’animal et du végétal, donc du monde
vivant. Ce besoin n’est pas destiné seulement à sa consommation au sens strict du terme, mais aussi
à la création d’un milieu adéquat pour son existence et surtout pour qu’il puisse se perpétuer. En
effet, on considère qu’un être vivant résistant à la sécheresse ou à l’excès d’eau n’est pas seulement
un individu qui se maintient en vie dans des conditions de manque ou d’excès d’eau mais c’est
surtout celui qui arrive à sauvegarder son intégrité et se perpétuer, donc qui ne disparaît pas sous la
contrainte hydrique.
Ces dernières années, les phénomènes de changement climatique font que les ressources
hydriques font souvent défaut, tant pour leur quantité que pour leur qualité. Cette dernière étant
intimement liée à la quantité. En effet la qualité d’un rejet hydrique est proportionnelle à sa
quantité. En d’autres termes, la qualité d’un rejet hydrique est d’autant plus élevée que son débit est
plus grand.
Ce manque d’eau génère des phénomènes qui aggravent ce déficit, particulièrement par un
risque de pollution des eaux de surface et des eaux souterraines. A cela, s’ajoute le risque de
salinisation des sols irrigués à cause de la méconnaissance de l’importance et du rôle du lessivage
des sels qui risquent de s’accumuler dans les franges de sol prospectées par les racines.
Si dans les pratiques agricoles, l’homme peut lutter contre le manque d’eau par la pratique
de l’irrigation des cultures ou le breuvage des animaux domestiques ou d’élevage, dans la nature, la
couverture des besoins en eau des espèces animales ou végétales sauvages ne peut se faire que par
les apports naturels des précipitations ou les points d’eau naturels ou artificiels créés à cet effet pour
les animaux vivants dans la nature.
Ainsi, le risque de disparition d’une espèce d’un milieu donné est intimement lié à la
quantité d’eau mise à sa disposition naturellement.
En Algérie, la situation de manque de précipitations sur la quasi-totalité du territoire est
encore plus aggravée par leur mauvaise répartition dans l’espace et dans le temps. De plus, Le
manque de moyens de mobilisation et de stockage des ressources hydriques sous toutes leurs formes
font que l’eau devient de plus en plus le facteur le plus limitant au sens large du terme et pour le
monde vivant, en particulier.
Il est vrai que l’Algérie souffre beaucoup plus du manque d’eau que de son excès, il n’en
reste pas moins que nombre de régions sont soumises au phénomène d’excès d’eau,
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particulièrement dans les régions de l’extrême Nord-est de l’Algérie à cause d’une forte
pluviométrie, du manque de pente et de la nature argileuse des sols. D’autres régions telles que
certains oasis et certaines plaines du Nord-Ouest de l’Algérie sont soumises au phénomène de
remontée des nappes, suite à une mauvaise gestion des ressources hydriques en générale, et les eaux
d’irrigation, en particulier.
Photo 1 : Phénomène de remonté des nappes à proximité d’une oasis (Est de Ourgla)
Ce phénomène est encore plus aggravé par une absence totale de programmes d’entretien
des réseaux de drainage existants et/ou de réalisation de nouveaux réseaux de drainage dans les
zones nécessitant cette pratique.
Le phénomène de remontée des nappes s’accompagne souvent par la dégradation des sols à
cause de la mauvaise qualité des eaux stagnantes à la surface du sol ou à de faibles profondeurs de
celui-ci, rendant ainsi toutes pratiques agricoles très peu rentables, voir même non rentables dans la
plupart des cas.
Ces dernières années, le manque d’eau devient de plus en plus intense faisant apparaître tous
les signes de conditions de sécheresse. Ainsi, on constate un abaissement graduel des niveaux des
barrages, suite à l’assèchement de la plupart des réseaux hydrographiques et un rabattement des
niveaux des nappes sous l’intensité des pompages anarchiques sous toutes leurs formes.
Cette situation fait que la couverture des besoins n’est souvent pas assurée durant une
période plus ou moins longue de l’année, voir même toute l’année selon les cas. Ce manque d’eau
provoque une destruction des conditions minimales nécessaires à la survie des diverses espèces
animales et végétales, provoquant ainsi un risque de disparition graduelle qui concernera en premier
lieu les espèces qui sont les plus sensibles au déficit pluviométrique, pour laisser places aux espèces
les plus résistantes.
Malheureusement, ces dernières ont très peu d’intérêt par rapport aux premières car elles ont
un potentiel de production très réduit, pour ne pas dire nul, dans certains cas. Plus encore, leur
caractère résistance au manque d’eau et à l’excès de sel leur permet d’être envahissantes vis à vis
des espèces cultivées ou naturelles qui ont un potentiel de production relativement plus élevé mais
plus sensibles au sel est à la sécheresse.
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Photo 2 : Envahissement de la palmeraie par les plantes résistantes au sel et à l’hydromorphie
1. SITUATION ACTUELLE
Comme nous l’avons signalé, l’Algérie est classée parmi les pays les plus déficitaires en eau
(environ 500 m3/habitant/an). Ce déficit est encore plus aggravé par une très mauvaise répartition
de ces précipitations dans l’espace et dans le temps.
Dans l’espace, les données météorologiques montrent un double gradient décroisant. En
effet, la partie Nord-Est reçoit plus du double des précipitations que la partie Nord-Ouest, avec en
moyenne de plus de 800 mm dans la zone de Annaba, et seulement 400 mm environ dans les zones
du Nord-Ouest du pays (Oran).
Dans le sens Nord-Sud, les précipitations varient de 700 mm à Alger à 12 mm en moyenne
dans la région d’Adrar, soit une diminution de 98%.
Il est à signaler que certaines zones d’altitude de l’extrême Nord-Est reçoivent annuellement
des précipitations qui dépassent 1500.
La mauvaise répartition dans l’espace est encore plus aggravée par la mauvaise répartition
des précipitations dans le temps. En effet, la quasi-totalité des pluies tombent durant la période
hivernale.
Cette situation exige une infrastructure conséquente de mobilisation, de stockage et de
transfert du peu de ressources hydriques mobilisables dont dispose annuellement le pays.
Malheureusement, depuis l’indépendance, le secteur de l’hydraulique n’a pas bénéficié de
programmes de développement conséquents dignes de son importance.
A ces problèmes naturels s’ajoutent d’autres problèmes d’ordre organisationnels et de
gestion des ressources hydriques au niveau de l’utilisation, ainsi qu’au niveau des rejets.
A notre sens, tous les problèmes autres que naturels sont le résultat de deux points
importants, à savoir :
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Une très mauvaise politique des prix de vente du mètre cube d’eau en général et dans le
domaine de l’agriculture et l’industrie en particulièrement, dans lesquelles le facteur eau
devait être considéré comme un facteur de production au moins au même pied d’égalité que
les autres matières premières ;
Une très mauvaise politique (pour ne pas dire une absence totale) de protection de
l’environnement par l’application stricte des codes de l’eau et de l’environnement,
particulièrement en ce qui concerne le principe de pollueurs payeurs car là aussi, les eaux
de rejet devaient être considérées comme facteur de production.
Cette situation très grave de manque d’eau a provoqué et provoquera encore plus un retard
dans tout programme de développement futur et une dégradation de l’environnement en général, et
sur la biodiversité en particulier. En effet, la diversité biologique ne peut se concevoir que par le
maintien de milieux écologiques divers permettant aux différentes espèces animales et végétales de
se maintenir, et surtout de se perpétuer dans une zone géographique aussi importante que celle de
l’Algérie. Ceci implique l’absence de facteurs limitants de toutes natures.
Malheureusement, dans la pratique, plusieurs facteurs limitants liés au manque ou à l’excès
d’eau provoquent la disparition ou tout au moins la limitation du développement des espèces les
plus sensibles au détriment de celles moins sensibles. Ces dernières ont souvent un potentiel de
production beaucoup moins important que les espèces les plus sensibles, donc moins rustiques.
Ainsi, les principaux problèmes qui caractérisent la situation du manque d’eau durant ces dernières
années se résument comme suit.
1. Manque de mobilisation des ressources hydriques
Malgré l’existence du problème du manque d’eau depuis des décennies, pratiquement aucun
effort n’a été sérieusement fait pour augmenter et améliorer les moyens et les procédures
d’amélioration du potentiel de mobilisation des précipitations en vue d’une meilleure utilisation
localement ou après un stockage plus ou moins long de l’eau mobilisée.
Sur 12 milliards de m3 de potentiel de ruissellement, un pourcentage très réduit de ces
écoulements est effectivement mobilisé.
2. Manque des moyens de stockage
Le manque de moyens de stockage est à l’image du niveau de mobilisation des
précipitations. En effet, le nombre d’ouvrages de stockages des ressources hydriques est très réduit
si on le compare aux pays analogues à l’Algérie.
Au problème du manque de moyen de stockage s’ajoute un autre problème non moins
important relatif au taux d’envasement de la plupart des anciens barrages
3. Le phénomène de perte en eau
Les statistiques du ministère des ressources hydriques montrent que les réseaux de
distributions de l’eau potable et d’irrigation sont plus que défectueux, ce qui provoque des pertes
importantes entre les ouvrages de mobilisation et de stockage et l’utilisateur. Ces pertes sont
souvent estimées à 50% des quantités effectivement distribuées.
La gestion non rationnelle des réseaux, particulièrement en ce qui concerne les pertes de
toute nature appelée à tors des ‘’fuites’’.
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En faisant cette remarque, on est entrain de défoncer une porte ouverte car : qui parmi nous
n’a pas vu des fuites auxquelles il n’a même pas fait attention ? Plus encore, qui n’a pas vu ces
fuites même chez lui ? Et qui ne les a réparées que par peur des dégâts qu’elles peuvent causer.
31. Pourquoi ce phénomène de pertes ?
Simplement parce que d’un point de vue économique, actuellement, les frais générés par la
réparation de la soi-disant fuite sont de loin plus élevés que la valeur de la quantité d’eau perdue
même durant des années. En d’autres termes, l’eau qui est perdue n’a pas de valeur puisque son prix
de vente est dérisoire.
32. Quels sont les résultats ?
Cette situation provoque un désintéressement du gestionnaire de l’eau, puisqu’il est
convaincu que ses efforts ne seront jamais récompensés. Ainsi, il fournira de moins en moins
d’efforts pour mieux stocker, distribuer, réparer les fuites et surtout pour rechercher d’autres
ressources hydriques afin de bien les gérer car ces ressources existent beaucoup d’efforts et les
spécialistes le savent.
Finalement l’utilisateur use et abuse de l’eau qu’il achète à un prix dérisoire et le
gestionnaire de l’eau et/ou du réseau laisse faire puisque de toute façon, les redevances qu’il perçoit
pour l’eau qu’il gère ne couvriraient qu’une infime partie des frais générés par la gestion du réseau.
Finalement, personne n’est satisfait puisque l’utilisateur ne reçoit l’eau qu’en fonction de sa
disponibilité, comme elle est soi-disant rare, le distributeur ou le gestionnaire ne la cède qu’au
compte gouttes. C’est comme l’histoire de la poule et de l’œuf ou de l’œuf et de la poule.
4. Le phénomène de gaspillage
La politique des prix pratiqués depuis l’indépendance n’a jamais encouragé les utilisateurs
de l’eau à tous les niveaux de respecter cet élément si important pour tout développement
économique, social et même culturel. En effet le prix du mètre cube d’eau a toujours été dérisoire.
Cette situation n’a pas incité les utilisateurs à utiliser rationnellement et économiquement
l’eau à tous les niveaux. Jusqu’à ces dernières années, l’eau a été vendue à moins du cinquième de
son prix de production, sous le prétexte que l’eau est un don du ciel et que l’utilisateur ne doit payer
qu’une somme symbolique pour qu’il l’utilise.
De plus, dans certaines activités économiques agricoles et industrielles, l’utilisateur ne paye
pas la valeur de la quantité d’eau utilisée mais seulement l’énergie utilisée pour le pompage.
Cette situation a conduit les utilisateurs de l’eau à profiter au maximum de cette ressource
rare croyant que le rendement est indéfiniment proportionnel à l’apport d’eau d’irrigation dans le
secteur agricole ou une exagération dans la consommation de l’eau potable ou l’eau industrielle.
Le gaspillage a toujours provoqué des situations anormales par l’apparition de phénomènes
d’excès d’eau tels que les remontés de nappes dans toutes les zones géographiques où la pente
minimale pour l’évacuation de ces excès d’eau devient impossible (à titre d’exemple les remontées
des nappes dans la région d’El-Oued, de Relizane, Habra et Sig) sont des exemples frappants.
Ces remontées de nappes sont souvent aggravées par un manque ou l’absence totale de
curage des drains qui existent depuis des années.
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Photo 3 : Curage des drains malheureusement en retard Le sel est apparent sur les deux cotés
Photo 4 : Phénomène de salinisation des sols (sud-ouest d’El-Oued)
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Le non respect du concept de valorisation de l’eau
Quelques exemples permettent de mieux comprendre la notion de productivité du m3 d’eau
selon le domaine d’utilisation (eau domestique, industrielle et commerciale ou en agriculture).
En agriculture, 1 m3 d’eau d’irrigation peut produire 12 kg de pomme de terre, 10 kg de
tomate, 30 à 40 kg de pastèque, 3 à 4 kg de fraise et seulement 0,5 à 1 kg blé.
Les exemples ci dessus montrent que le m3 d’eau d’irrigation peut produire une récolte qui a
une valeur de 10 à 20 DA pour le blé (ce qui est très peu rentable) et jusqu’à 500 ou 600 DA pour la
fraise et la pastèque (ce qui est plus que rentable), soit une différence de 30 à 40 fois. Pourtant, le
blé est un produit hautement stratégique dont personne ne peut s’en passer, alors que la fraise et la
pastèque n’ont aucune valeur d’un point de vue stratégique. Pourtant, le céréalier et le maraîcher
Paye le même prix du m3 d’eau utilisé.
Pour l’eau domestique, le prix du m3 d’eau pour remplir une piscine est pratiquement le
même que celui consommé par les élèves d’une école, d’un lycée ou les malades d’un hôpital.
D’autres exemples analogues pourraient être donnés pour le secteur de l’industrie et le commerce
qui sont souvent de grands utilisateurs de l’eau comme facteur de production.
Les exemples ci dessus ne représentent qu’une infime partie des disparités qui existent au
niveau de la valorisation de l’eau utilisée.
Si pour les exemples cités ci dessus le m3 a un prix même si parfois il est dérisoire, dans
beaucoup d’autres cas l’eau n’a aucun prix comme si elle n’avait aucune valeur. En effet, dans
certaines régions du territoire national l’eau n’est payée qu’à travers l’anergie électrique ou le
carburant consommé pour le pompage de cette eau, comme si l’énergie avait plus de valeur que
l’eau (quelle erreur ?).
Le non-respect de la valeur de l’eau consommée conduit à des phénomènes extrêmement
graves tels que le gaspillage sous toutes ses formes ou l’utilisation abusive de l’eau dans des
secteurs qui ne la valorisent pas mais qui valorisent son produit.
Les prix dérisoires pratiqués pour l’eau et la méconnaissance des quantités effectives d’eau
qui doivent être utilisés dans les différents secteurs font apparaître des gaspillages non justifiés,
comme si la productivité de l’eau utilisée reste proportionnelle à la quantité utilisée.
L’exemple le plus frappant durant les 10 dernières années est le phénomène de remontée des
nappes dans beaucoup de régions, telles que d’El-Oued, dans laquelle un certain nombre d’oasis se
trouvant dans les ghaouts les plus profonds sont complètement inondées. Ce phénomène ne fera
qu’augmenter pour les années avenir dans toutes les zones où la pente naturelle est relativement
faible et où les pompages sont importants et non contrôlés.
Le phénomène inverse se rencontre dans les régions où l’usage des foggaras est important.
En effet, celles-ci se tarissent sous l’intensité des pompages sans prendre en considération le fait
que les foggaras sont alimentées par les nappes superficielles de faible importance (zone sud-ouest
de la wilaya de Ghardaïa, plus particulièrement la région de Hassi Lafhal).
Ce phénomène, bien qu’il ne soit pas aussi important que pour le cas d’El-Oued, il n’en reste
pas moins que la remontée des nappes est fréquente dans plusieurs régions d’Algérie.
Ce phénomène de remontée des nappes est encore plus aggravé par le fait que dans la plupart des
cas l’eau est de très mauvaise qualité chimique physique et biologique.
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Photo 5 : Eau saline et polluée à proximité d’une palmeraie de Tolga (Biskra)
Afin de limiter l’importance du phénomène de manque d’eau et de la dégradation de sa
qualité, donc du risque de dégradation du milieu naturel, il s’agira de se fixer des priorités à moyen
et court terme.
Ces priorités visent principalement à mieux protéger le monde animal et végétal par une
meilleure utilisation du peu de réserves hydriques dont nous disposons par :
Une meilleure mobilisation des précipitations par la pratique de la collecte et le stockage
des eaux pluviales, particulièrement dans les zones à faible pluviométrie ;
Une utilisation efficiente et raisonnée des réserves hydriques, en général et de l’eau
destinée à l’agriculture et à l’industrie, particulier par un meilleur stockage, un meilleur
recyclage, un meilleur transport et une meilleure distribution de l’eau par les techniques les
plus adéquates ;
Une meilleure maîtrise des risques de pollution des eaux de surface et souterraines par un
meilleur contrôle de nos rejets liquides, solides et même gazeux ;
Une meilleure maîtrise de la tarification de l’eau potable sur la base du prix à la production
du mètre cube d’eau, particulièrement pour les industries utilisatrices de l’eau potable
comme facteur de production ;
Une meilleure maîtrise de la tarification de l’eau destinée à l’agriculture et à l’industrie en
prenant en considération, non seulement son prix réel à la production, mais surtout sa
productivité dans son domaine d’utilisation ;
Une meilleure maîtrise des risques de salinisation des sols et de l’eau, particulièrement dans
le domaine de l’agriculture ;
Protéger les espèces animales et végétales qui résistent plus à la sécheresse et à la salinité
du sol et de l’eau en leur créant les conditions écologiques minimales de survie ;
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Multiplier les espèces qui valorisent mieux le peu d’eau qu’elles consomment en
maintenant un potentiel de production acceptable.
2. PROPOSITIONS FUTURES
Sur la base des constatations citées ci dessus, nous proposons quelques mesures que nous
avons jugées importantes pour améliorer la situation de manque d’eau, ainsi que les mesures à
prendre pour une meilleure gestion du peu d’eau dont nous disposons annuellement.
Ces propositions sont d’ordre technique, législatif et financier ou ‘’socio-économiques’’.
1. Une meilleure mobilisation des précipitations
Une meilleure mobilisation des précipitations par la pratique de la collecte et le stockage des
eaux pluviales, particulièrement dans les zones à faible pluviométrie. En effet, le caractère
montagneux des zones les plus pluvieuses du pays et le caractère orageux des précipitations exigent
qu’une partie importante des pluies soient interceptée au niveau de chaque parcelle par l’application
de techniques de collecte des eaux pluviales, afin d’éviter qu’elles ne ruissellent vers les cours d’eau
pour se jeter à la mer, dans les chotts et les sebkhas. Ces techniques sont pratiquées dans beaucoup
de pays analogues à l’Algérie (Jordanie, Syrie, Tunisie, Australie etc…) Cette pratique permet, en
plus des eaux collectées, de lutter en quelque sorte contre le phénomène d’érosion donc
d’envasement des barrages.
2. Augmenter la capacité de stockage et de mobilisation des eaux de surface
Le régime pluviométrique du climat méditerranéen se caractérise par une saison hivernale
relativement pluvieuse, pour cela, une grande partie des écoulements de surface est purement et
simplement perdue fautes de manque de moyens de stockage, tels que les barrages et les retenues
colinéaires. L’efficience de ces ouvrages peut être améliorée par l’adoption de systèmes de grands
transferts entre les barrages et les retenues colinéaires, de sorte que le premier qui se remplit
alimente le suivant.
3. Améliorer les conditions durant le transport et la distribution de l’eau
Afin d’éviter les pertes durant le transport et la distribution de l’eau, faire en sorte que les
pertes soient les plus faibles possibles durant le transport et la distribution au niveau de la parcelle.
En d’autres termes améliorer l’efficience du réseau.
4. Recyclage des eaux de rejet
Une meilleure maîtrise des risques de pollution des eaux de surface et souterraines par un
meilleur contrôle de nos rejets liquides, solides et même gazeux, le phénomène du manque de
précipitations entraîne une diminution et parfois une absence totale d’écoulement de surface dans
les réseaux hydrographiques, particulièrement durant la période estivale, transformant ainsi le
moindre talweg se trouvant à l’aval de toute agglomération en un égout. Ce dernier disparaîtra tôt
ou tard dans la nature alimentant toutes nappes superficielles qui sont à proximité, les rendant ainsi
impropres à l’utilisation.
Devant ce phénomène, le meilleur moyen pour diminuer l’intensité et la vitesse de pollution
serait l’installation de station d’épuration des eaux de rejet, comme le stipule si bien le code des
eaux.
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5. Sanctions à l’encontre des pollueurs
Pour plus d’équité appliquer le principe de pollueurs payeurs, particulièrement pour les
unités industrielles et agro-alimentaires.
6. Lutter contre les pompages illicites
Sanctionner selon le code de l’eau tous les pompages illicites au fil de l’eau.
7. Lutter contre les risques de salinisation de l’eau et du sol
Une meilleure maîtrise des risques de salinisation des sols et de l’eau, particulièrement dans
le domaine de l’agriculture par une meilleure maîtrise des quantités effectives à apporter aux
cultures, et procéder au drainage, si le besoin se fait sentir.
8. Protéger les espèces sensibles à la sécheresse
Protéger les espèces animales et végétales qui résistent moins à la sécheresse et à la salinité
du sol et de l’eau en leur créant les conditions écologiques minimales de survie et de propagation.
9. Favoriser les espèces qui valorisent mieux l’eau
Multiplier les espèces qui valorisent mieux le peu d’eau qu’elles consomment en maintenant
un potentiel de production acceptable.
10. Lutter contre les espèces envahissantes à faible potentiel de production
Lutter contre toutes les espèces animales et végétales qui ont un caractère envahissant, à
cause de leur résistance aux conditions difficiles provoquées par le manque d’eau et/ou sa qualité.
11. Meilleure tarification de l’eau
Bien que ça paraisse paradoxal, l’application d’une politique des prix de vente du mètre
cube d’eau à son prix de revient serait un des plus grands stimulants pour un plus grand respect du
facteur le plus important après l’oxygène pour tous les êtres vivants, dont l’homme au sens large du
terme.
Afin de ne pas nous faire comprendre à tors, il s’agira d’expliquer ce que nous entendons par
‘’politique des prix’’.
Tous les spécialistes s’accordent à dire que l’eau est toujours à la base de toute activité,
encore plus elle est à la base de toute vie.
Puisqu’elle est si fondamentale, il serait anti-naturel de ne pas lui donner la vraie place
qu’elle mérite en lui reconnaissant au moins sa vraie valeur qui n’est ni plus ni moins que son prix à
la production.
Ainsi, pour plus d’équité dans l’utilisation de l’eau au sens large du terme, il est plus juste de
considérer, non seulement le prix à la production du m3 d’eau mais plutôt sa productivité. En effet,
la meilleure politique des prix de l’eau et la plus objective serait de faire payer l’utilisateur un prix
qui serait calculé selon la valeur financière produite par l’eau, particulièrement lorsque celle-ci est
utilisée comme un facteur de production.
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CONCLUSION
L’analyse de la situation concernant le problème du manque d’eau en Algérie montre que
bien que ce manque soit réel, il n’est pas aussi catastrophique qu’on le fait croire car, ce problème
de manque d’eau ne date pas d’aujourd’hui, vu la situation géographique de notre pays.
Actuellement les principaux problèmes rencontrés sont beaucoup plus d’ordre
organisationnel, technique, législatif et socio-économique.
En effet, si la gestion de l’eau est bien maîtrisée pour les prochaines années, le problème de
l’eau serait beaucoup plus vu sous l’angle de sa qualité et non pas seulement de sa quantité, bien
que cette dernière l’ait toujours été et le sera pour toujours.
Il reste maintenant à l’utilisateur et au gestionnaire de l’eau sous ses différents aspects de
savoir conjuguer tous les efforts pour diminuer l’intensité du manque d’eau et surtout de se préparer
avec tous les moyens dont on dispose pour vivre en permanence avec ce danger permanent d’avoir
un jour soif, parce qu’on n’a pas su comment nous comporter, comme c’est le cas aujourd’hui.
Nous dirons pour terminer que l’existence et la place de l’Algérie dépendra de la maîtrise du peu
d’eau dont elle dispose car ce peu d’eau est relativement important s’il est bien géré, et il est
dérisoire s’il ne l’est pas, comme c’est le cas aujourd’hui.
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LA DEGRADATION DES SOLS
1. Introduction
La dégradation des sols par les processus naturels ou induite par l’homme est un processus
continue. Ce phénomène est devenu malheureusement un sérieux problème qui menace la diversité
biologique, la sécurité alimentaire, le bien être de chaque personne sur la terre et la prospérité des
nations. Le problème de la dégradation des sols ou des terres n’est pas nouveau. Déjà, les écrivains
grecs, romains et arabes et bien d’autres anciennes civilisations ont longuement disserté sur ce
phénomène. En plus, beaucoup de religions ont souligné la nécessité du respect de la terre en
particulier et la nature, c’est à dire la biodiversité en général. En effet l'une des causes du déclin de
ces anciennes civilisations était la perte et la dégradation des sols et le non-respect de la diversité
biologique (Mésopotamie, Egypte…).
Ces dernières années, beaucoup d’événements ont eu lieu dans différentes places, concernant
l’aspect de la dégradation des terres en particulier et de l’environnement global en général. Ces
actions menées par les scientifiques et des organisations gouvernementales et non
gouvernementales au niveau mondial avaient pour but de sensibiliser, d’interpeller et de
responsabiliser les groupes ou les personnes politiques ayant les pouvoirs de décision.
En 1971, l’UNESCO avait déjà initié le programme ‘Man and Biosphère’ et en 1980, l’union
internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles promulgua une stratégie
pour la conservation du globe ( World Conservation Strategy). Ces événements ont conduit au
rapport Brundtland (WCED, 1987), qui établit les conditions pour le changement, les objectifs
fondamentaux et la prise de conscience politique. En effet, en 1992, la conférence des Nations Unis
pour l’environnement et le développement préconisa des soutiens pour la conservation de la nature,
des ressources naturelles, de l’environnement et de la biodiversité et des actions globales dans
l’Agenda 21.
L’Agenda 21 pour être effective, avait besoin d’une réelle collaboration non seulement entre toutes
les nations du globe, mais aussi entre les scientifiques et tous ceux qui sont concernés par le
problème de l’environnement en général. Cette collaboration doit s’impliquer dans les problèmes de
durabilité des actions, des pratiques et des idées. Malheureusement la mise en application de ces
directives n'a pas atteint ses objectifs sur le terrain.
L’existence de l’humanité dépend des ressources en sol. Par conséquent les différents aspects de la
durabilité dépendent de ce dernier. De ce point de vue, la dégradation des terres et par conséquent
de la diversité biologique doivent être considérés comme des éléments déterminants et essentiels
pour la durabilité.
2. Importance de la dégradation des sols.
A moins que les forces de dégradation des sols ne soient réduites à un niveau acceptable,
l’agriculture durable sera toujours incontrôlable. L’urgence des actions à mener par les scientifiques
spécialisés dans l’étude des ressources naturelles et particulièrement les ressources en sols sont
d’une importance capitale.
Naturellement la terre ou le sol existe dans un état d’équilibre entre les forces de formation et celles
de la dégradation (figure 1). C’est un équilibre naturel qui est perturbé quand la terre est utilisée
pour l’agriculture ou pour d’autres usages. Il est nécessaire de reconnaître le fait que l’agriculture
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mette sous pression les écosystèmes en équilibre (Beinroth et al., 1994). A cause de la chute de la
productivité, beaucoup de sociétés traditionnelles ont développé des systèmes et des pratiques
culturales qui réduisent cette pression. Cependant, les terres agricoles deviennent rares ou peu
abondantes à cause de l’augmentation de la population et de la demande en terres. Les forces de
dégradation ont augmenté et par conséquent affectent l’état d’équilibre et ont des effets indésirables
sur la productivité et des impacts destructeurs sur la biodiversité et l’environnement en général.
Il est donc nécessaire de mettre au point des mécanismes qui assurent que l’utilisation des terres et
les pratiques agricoles soient en concordances avec les demandes environnementales.
Ce présent travail est orienté sur la dégradation des sols d’un point de vue agricole. Car l’utilisation
agricole des terres est une cause majeure de la déclivité de la qualité des terres et par conséquent de
la biodiversité.
C’est une tentative de voir l’utilisation agricole des terres comme une force négative prééminente
qui va aboutir à la non-durabilité si elle n’est pas contrôlée et mieux gérée.
L’urgence d’un contrôle de la dégradation des terres vient des alternatives qui ne sont
malheureusement pas toujours désirables. Nous avons une obligation morale d’assurer une équité
entre les générations, de contribuer à assurer la sécurité alimentaire et d’aider à assurer une
meilleure qualité de la vie pour tous, en plus du maintien de toutes les autres fonctions du sol.
Donc, la dégradation des terres n’est pas seulement une question de gestion des sols, elle a une
profonde signification en terme de biosphère et de biodiversité.
La désertification est une expression extrême de la dégradation des terres. L’Agenda 21 définit la
désertification comme suit : ‘ La dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-
humides résultantes des facteurs variés en incluant les variations climatiques et les activités
humaines’. D’après l’Agenda 21, la désertification touche 16% de la population mondiale qui vit
dans 3,6 millions de km2 affectés par ce fléau. La majorité de cette terre est pastorale qui possède
déjà une faible capacité à supporter les populations humaines et animales.
Les processus de dégradation des sols Les techniques de conservation
L’érosion Travail du sol adéquat
Productivité
et
conservation
des
Rotation des cultures
Amélioration du drainage
Gestion des résidus
Conservation de l’eau
Terrasses et banquettes
Cultures suivant les
courbes de niveau
Fertilisation chimique
Amendement organique
Adéquation sol, culture et
climat
+
Pertes des éléments nutritifs
par ruissellement
Mauvais drainage
Désertification
Compactions
Salinisation
Pertes de la matière organique
Accumulation des éléments
toxiques
Urbanisation
Mauvaise utilisation
Pollution
Surpâturage
Réduction de l'activité
biologique et microbiologique
Fig. 1 : Les processus de dégradation des sols et les techniques de conservation
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En plus de sa fonction essentielle du sol qui est la production des produits agricoles de
consommation, il y au moins une dizaine d'autres fonctions primordiales accomplies par ce dernier.
Base des systèmes de vie et de la production des biens agricoles.
Base de la biodiversité terrestre
Source et réservoir des gaz
Lieu d'interaction du bilan énergétique global (réflexion, absorption et transmission de l'énergie
électromagnétique provenant du soleil).
Régulateur des stocks et du flux des ressources hydriques.
Réservoir de minéraux et matières brutes.
Rétention, filtration, régulation et transformation des composés chimiques dangereuses.
Gardien et protecteur des évidences et des artefacts (histoire culturelle de l'humanité).
Source d'information sur le paléoclimat et les anciennes utilisations des terres.
Lieu d'habitation, de construction et de récréation des êtres humains.
C'est pour ces fonctions et rôles que la conservation des sols contre les agents de la dégradation est
une nécessité plus que primordiale.
2.1. La dégradation des sols
La dégradation des sols est définie comme étant une réduction de la qualité des sols causée par
l’utilisation humaine. Cette dégradation comprend la dégradation chimique, physique et biologique
comme la réduction de la fertilité, le déclin de la stabilité des agrégats, la salinité, la toxicité des
produits chimiques et des polluants. La dégradation des sols est largement utilisée comme
indicateur de non-durabilité et comme évidence visuelle de la dégradation de l’environnement et de
la diminution de la diversité biologique.
2.2. La diversité biologique
La diversité biologique ou la biodiversité comprend les plantes, les animaux et d’autres organismes
vivants. Les organismes animaux ou végétaux, microscopiques et macroscopiques vivent dans un
environnement plus ou moins spécifique et interactent avec leur environnement et avec les autres
organismes. Ainsi, les écosystèmes sont un aspect important de la biodiversité. Trois types de
biodiversité sont actuellement reconnus : la diversité des écosystèmes, la diversité des espèces et la
diversité des gènes. Les trois types sont fortement liés. La dégradation de leurs environnements,
c’est à dire de leurs habitats comme le sol, il serait impossible de protéger les espèces. Une
population d’espèces appauvrie génétiquement est moins viable qu’une population génétiquement
variable (UNEP, 1993).
2.3. L’importance de la biodiversité
L’importance de la diversité biologique ou de la nature ou de l’environnement ne peut être
exprimée par des termes simples. Nous avons à faire à des systèmes complexes avec des aspects
divers. L’un des ces aspects de la complexité est attribué aux fonctions, qui sont l’utilisation
discrète des catégories des composantes variées de l’environnement (Groot, 1993). Les principales
fonctions de la biodiversité sont les suivantes :
Production : La biodiversité est une ressource matérielle brute pour tous types de produits
(grains, fruits, racines, poissons, médicaments…) et un réservoir de gènes pour la reproduction
des espèces.
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Régulation : La biodiversité joue un rôle dans les processus naturels de recyclage (érosion, la
décomposition, les différents de la nature et de ces ressources).
Récréation : Les moments de loisir passé dans des paysages naturels, l’observation des plantes
et des animaux dans leurs environnements naturels est aussi une fonction importante de la
diversité biologique.
Les valeurs intrinsèques : La biodiversité exprimée par l'existence d’une partie de la nature
non exploitée par l’homme qui possède des valeurs éthiques, esthétiques et des motifs religieux.
2.4. Le sol réservoir de la biodiversité
Un bon sol est un sol vivant. C’est un habitat naturel pour d’innombrables micro-organismes et
d’autres formes de vie représentants de nombreux genres et espèces animales et végétales. Le
nombre, le type et les activités de ces organismes sont influencées par la disponibilité de la
nourriture et du taux de la matière organique du sol ainsi que des facteurs pédologiques comme la
texture, le pH, l’humidité, la température, l’aération etc…
Ces organismes vivent et se propagent dans la pédosphère suivant la règle « le plus fort et le plus
adapté survivra ». Les formes qui prospèrent dans un environnement particulier sont celles qui sont
les mieux adaptées aux conditions présentes ou représentent des compétiteurs des plus
« vigoureux ».
Ces organismes sont très abondants dans l’horizon de surface où ils profitent de la grande quantité
de matière organique disponible sous différentes formes, comme les racines mortes, les animaux et
les végétaux en décomposition et de la litière.
Certaines formes de micro-organismes comme les champignons sont présentes en abondance sur les
feuillages en surface, et d’autres, spécialement des bactéries prospèrent sur la surface du sol en se
nourrissant des racines et des matériaux organiques comme les acides organiques, les amidons et
débris cellulaires.
Bien que dans certains sols quelques organismes parasitent ou détériorent les racines, la plus grande
majorité participent et assurent des fonctions bénéfiques qui sont importantes pour le sol, la plante
et aussi bien pour la plupart des êtres vivants sur terre.
Le tableau 1 présente les formes et le nombre approximatif des organismes vivant dans un bon sol
agricole. Le poids vif de ces organismes peut varier de 500 à 2000 kg/ha. A l’exception des virus,
les bactéries sont les plus abondantes. Les bactéries les plus fréquentes sont : Arthrobacter,
Bacillus, Pseudonomas, Clostridium, Agrobacterium et Flavobacterium. Elles forment des micro-
colonies sur les particules du sol, sur et dans les débris organiques en décomposition et dans
l’humus. Par conséquent, la perte de la couche superficielle du sol est une atteinte irréparable à la
biodiversité et la fertilité naturelle.
Tableau 1 : Le nombre estimé des organismes trouvés dans les sols agricoles.
Bactéries : 1 000 000 à 500 000 000 dans un gramme de sol
Actinomycètes : 1 000 000 à 20 000 000
Champignons : 5 000 à 1 000 000
Levures : 1 000 à 100 000
Protozoaires : 1 000 à 500 000
Algues : 1 000 à 500 000
Nématodes : 10 à 5 000 dans 100 grs de sol.
En plus d’un grand nombre de virus, d'insectes et vers de terre.(Source : SSSA, 677 south Segoe Road Madison, Wisconsin 53711, USA)
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Quelques fonctions et activités importantes des organismes des sols :
1. Décomposition des résidus organiques et libération des éléments nutritifs
2. Formation de l’humus
3. Amélioration des propriétés physiques des sols
4. Libération des éléments nutritifs pour les plantes à partir des matériaux inorganiques insolubles
du sol
5. Fixation de l’azote
6. Amélioration de la nutrition des plantes à travers les relations mycorrhizales
7. Actions antagonistes contre les plantes pathogènes.
3. Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités nécessaires à l'atténuation de la dégradation des sols et sa menace qui pèse sur les éléments de la biodiversité dans sa globalité.
3.1 Etat des capacités actuelles.
a) bases de données et informations sur l'inventaire, la répartition des ressources naturelles, en
particulier sur les sols et leurs états de dégradation.
Inexistence de base de données sur les sols et son état de dégradation. Si elle existe, elle n'est
pas partagée et disponible sur des supports non pratiques.
Manque d'indicateurs spécifiques et scientifiques sur la qualité des sols et de l'état de
dégradation des sols ainsi que sur la perte de la diversité biologique.
Les études d'inventaire et les actions de mise en valeur des ressources en sols sont
essentiellement situées sur les zones irrigables, c'est à dire les plaines.
L'inventaire des sols en Algérie ne couvre que 2% de la superficie totale et moins de 10% de
l'Algérie du Nord. En plus les échelles d'étude ne sont pas adaptées aux objectifs tracés.
Tableau des superficies cartographiées (ha) en Algérie ANRH.
Bassin versant 1/100 000 1/50 000 1/20 000 1/ 10 000 Superf. Totale Cheliff 937 378 169 453 177 526 0 1 284 357 Cotiers Algérois 0 199 586 169 887 8 973 378 446 Cotiers Constantinois 49 771 40 287 55 789 0 145 847 Cotiers Oranais 12 000 76 442 6 148 0 94 590 Chott Hodna 1 125 879 26 952 9 349 14 426 1 176 606 Plateau Constantinois 106 245 91 326 20 568 9 841 227 980 Plateaux Oranais 534 360 0 275 0 534 635 Isser 0 65 700 0 8 013 73 713 Kebir Rhummel 11 100 0 12 899 1 066 25 065 Macta 0 232 674 109 608 0 342 282 Medjerda 70 000 42 717 0 0 112 717 Seybouse 106 336 47 607 49 673 0 203 616 Tafna 0 16 351 33 751 0 50 102 Zahrez 291 576 4 192 0 0 295 768 Soummam 449 538 71 542 42 393 26 105 589 578
Chott Melrhir 729 175 24 615 34 855 0 788 645 Sahara 916 380 577 617 41 491 4 597 1 540 185
Totaux 5 339 738 1 687 061 764 212 73 021 7 864 032
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Pas d'études sérieuses et d'envergures dans le domaine de dégradation des terres encore moins
celui de diversité biologique.
Pratique de la monoculture. Par exemple, les reboisements réalisés à ce jour ont été dominés par
une seule espèce. Le cas du barrage vert est édifiant.
Manque d'études d'impact des différentes réalisations (industrielles, agricoles, commerciales,
infrastructures…) sur l'environnement en général.
Mauvaise utilisation, affectation des terres et pratiques culturales souvent non adaptées aux
conditions locales
Pratique des techniques culturales non conformes aux normes anti-érosives et de protection.
Les thèmes et les concepts comme la biodiversité sont relativement nouveaux.
La dégradation des sols est appréhendée de manière différente et souvent subjective par les
divers observateurs et chaque groupe de parties prenantes en donne sa propre définition.
b) Formation, recherche et les fonds d'informations scientifiques et techniques et le transfert
technologique.
Insuffisance et/ou faiblesse de structures s'occupant de la dégradation des sols et de
l'environnement en Algérie. Une seule station expérimentale sur les problèmes d'érosion
hydrique de L'INRF est installée à Ouzera, Médéa. Les seules structures existantes à notre
connaissance sont l'ANN, INRF et ANRH (transport solide).
Carence et manque des technologies modernes dans le domaine de l'inventaire, et d'étude sur la
dégradation des sols. Peu d'initiatives prises dans le domaine du transfert de technologie en
faveur des actions liés à la connaissance, l'inventaire et la protection des ressources en sol
Insuffisance ou carence d'information sur les thèmes de dégradation des sols et la biodiversité
au niveau local, national et régional.
Education, formation: Malgré quelques tentatives encourageantes d'introduction des thèmes de
la pollution dans le secteur éducatif, il reste beaucoup à faire dans ce domaine.
Inexistence de revues ou publications sur les thèmes de l'environnement en général.
Vulgarisation
Peu ou pas d'études et de recherche dans ces domaines en Algérie.
Pas d'actions raisonnées tenant compte des expériences passées dans le domaine de la
conservation de nature, la désertification et la pollution.
La non-multidisciplinarité des équipes s'occupant des études et des actions de lutte contre la
dégradation des sols et la sauvegarde de la biodiversité.
c) Prise en charge de la question environnementale.
Inexistence de politique environnementale claire et prévoyante dans le temps et dans l'espace.
Manque de coordination entre différentes structures et institutions dans le domaine de la lutte
contre la dégradation des sols et la sauvegarde de la biodiversité.
Actions et intérêts gouvernementales sporadiques, conjoncturels et non basés sur le long terme.
En d'autres termes, il y a mauvaise gouvernante de la question environnementale.
Le peu d'efficacité des structures existantes qui nécessitent des renforcements de leurs capacités
multiples dans les actions et les interventions d'implémentation.
Inexistence de politiques et d'actions réfléchies sur l'utilisation durable et réfléchie des terres.
L'attention des pouvoirs publics et les intérêts des agriculteurs est surtout portée sur les
problèmes liés à la production et non à la protection des ressources naturelles. Ceci est du
principalement aux objectifs de la satisfaction des besoins agro-alimentaires en Algérie. Mais
cet état de fait n'est pas un argument consistant pour ne pas avoir une politique
environnementale adéquate.
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Carence dans la planification de l'utilisation raisonnée des terres suivant leurs qualités et
potentialités.
d) Les actions participatives
Pas d'action participative des populations locales aux travaux de conservation des sols et de la
sauvegarde de la biodiversité.
Désintéressement des paysannes vis à vis de la question de l'environnement et de la protection
des ressources car non immédiatement rentable. En plus, les rares actions menées dans ce
domaine ont été réalisées sans leurs implications ni participations directes.
Carences dans les actions incitatives et d'encouragement à l'intention des populations locales.
Le problème foncier et d'appartenance des terres reste un sérieux handicap.
3.2. Besoins en matière de renforcement des capacités (organisationnels, institutionnels, matériels, humains, financiers, juridiques et législatifs).
a) Besoins organisationnels:
Mise en place des structures compétentes et durables pour étudier, gérer, appliquer, vulgariser et
encourager les différentes actions visant à protéger et à sauvegarder les ressources naturelles
comme les sols et leurs biodiversités.
Le renforcement des actions et des initiatives se fera de manière effective en encourageant la
multidisciplinarité des taches à entreprendre et la multisectorialité des interventions.
L'incorporation des actions de protection des sols et de la biodiversité dans les principaux secteurs
productifs de l'économie au niveau local et national.
b) Besoins institutionnels:
Implication des institutions de recherche nationales spécialisées dans ces domaines, notamment
universitaire.
Coopération avec les institutions internationales pour la maîtrise des méthodes et des techniques.
Implication des différentes structures éducatives, de formation et universitaire dans ce grand projet
qui est la sauvegarde et l'amélioration de la biodiversité.
Mise en place d'un organisme responsable des taches visant à:
La collecte et compilation des données,
La diffusion de l'information
La vulgarisation des techniques, des méthodes et des moyens pour combattre les
fléaux qui touchent l'environnement en général et la dégradation des sols en particulier.
c) Besoins en matériels:
Encourager la mise en place de laboratoires et/ou renforcer les capacités de ceux existants ainsi que
les moyens de locomotion conséquents.
Créer et doter les stations de recherche sur la dégradation des sols et sur la biodiversité dans les
différents écosystèmes existants en Algérie.
S'équiper de matériels d'inventaire et d'étude sur la dégradation des sols
Acquérir et maîtriser les logiciels et les équipements de la technologie de l'information: SIG,
télédétection, MNT, GPS et logiciels spécialisés sur l'évaluation des terres, sur l'utilisation des
terres, sur l'estimation et la simulation.
d) Moyens humains:
Formation et renforcement des capacités scientifiques des techniciens et des agents directement
impliqués dans la gestion des ressources en terre et dans l'atténuation des risques qui pourrait
affecter la biodiversité.
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Formation de spécialistes en science du sol (biologie du sol) orientés vers les problèmes de
protection des biotopes du sol.
Encourager les approches participatives des populations locales par la vulgarisation et la
sensibilisation sur les thèmes protection des ressources et de la biodiversité.
Mettre en place et/ou renforcer les institutions directement impliquées dans l'étude et la gestion
raisonnée des terres.
Participation aux rencontres scientifiques et techniques touchant les domaines liés à la sauvegarde
de la biodiversité.
Octroi de bourses d'études et de stages de formation et de perfectionnement (renforcement des
capacités) aux personnels scientifiques et techniques pour enrichir le capital scientifique et humain
des différentes structures.
e) Moyens financiers:
Encourager les actions participatives des populations locales
Aider les paysans pour les grands travaux d'intérêt local, régional et national.
Encourager la recherche appliquée en mettant à sa disposition des moyens financiers nécessaires.
f) Cadre juridique et législatif:
Prendre des dispositions pratiques nécessaires pour améliorer le cadre législatif qui appuie la
conservation de la biodiversité, son recouvrement et l'utilisation durable des ressources
naturelles et biologiques.
Encourager et favoriser l'application des lois, décrets et règlement portant sur l'utilisation et la
conservation des ressources en sol et de la biodiversité.
Intégrer dans les différents projets, des lois cadres sur l'environnement et sur la conservation des
ressources et de la biodiversité.
Eviter des lois et décrets trop coercitives, mais des actions de sensibilisation, d'encouragement,
d'incitation et d'aide.
Responsabiliser les communautés autochtones et locales dans l'élaboration des règlements, lois
et décrets portant sur les thèmes de la conservation et la biodiversité.
Inclure dans le code pénal les incriminations ayant pour objet la destruction, la dégradation et la
pollution préméditée de l'environnement de manière à rendre les poursuites plus rapides, plus
efficaces et surtout plus exemplaires.
Conférer aux populations locales d'avantages de responsabilités et de droits sur leurs ressources
naturelles et leurs environnements.
Appuyer ces populations locales dans l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies et de
mesures de gestion destinées à prévenir la dégradation des sols, la sauvegarde de la BD et de
l'environnement en général.
Compléter l'arsenal juridique en matière de conservation et de l'utilisation de la biodiversité.
Participer et adhérer aux conventions régionales et internationales sur la désertification, la
dégradation des ressources naturelles, la pollution et la biodiversité.
Clarifier les lois foncières. Les nouvelles lois sur la jouissance à terme des terres agricoles du
secteur public doivent inclure des closes claires sur la protection des sols, sur leurs utilisations et
surtout la sauvegarde de leurs biodiversités.
4. Partage des responsabilités entre les différentes parties concernées et/ou les différents partenaires impliqués.
En Algérie, la gestion de la dégradation des sols, de la biodiversité et des problèmes de
l'environnement relève de divers secteurs et fait partie intégrante du travail de plusieurs ministères
et services. Cependant, il existe peu de coordination entre les services, dont les responsabilités se
recoupent fréquemment. Afin d'améliorer la situation, il est souhaitable de restructurer, clarifier et
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renforcer l'un des organes existants, qui fera fonction d'interlocuteur unique chargé de la
coordination et de la mise en œuvre de la politique environnementale du gouvernement. Entre
autres, il est nécessaire de:
Clarifier les responsabilités administratives des divers organismes et ministères à l'égard de
l'environnement et de la biodiversité.
Déterminer les mécanismes appropriés de coopération et de coordination entre les organes
gouvernementaux.
Mettre en place un cadre institutionnel et administratif favorisant la concertation intersectorielle
et interministérielle dans le domaine de la dégradation des sols et de biodiversité.
Mettre en place des mécanismes pour la participation et la responsabilisation des populations
locales en matière de conservation et d'utilisation durable de la biodiversité.
Assurer, entre les différents organismes concernés par la conservation de la biodiversité,
l'harmonisation des lois touchant ce domaine dans le but de réduire les dédoublements et
combler les lacunes en assurant une coordination effective.
Contribuer à régler le problème de disponibilité et de partage des données entre les différents
intervenants. Ceci sera utile et indispensable lors de la mise en place des systèmes d'information
géographique par exemple.
5. Mécanismes de financement et de gestion du financement pour amener les différents partenaires à atténuer les risques de la dégradation des sols (fonds à mettre en place, moyens à mettre en œuvre….)
Eviter la gestion trop administrative et bureaucratique des fonds servant à atténuer les risques de
la dégradation des sols et de la diversité biologique.
L'Etat doit encourager et financer la recherche, les études multidisciplinaires et les travaux
d'inventaire et d'études des sols et de la gestion durable de l'utilisation des terres. Tout en
mettant l'accent sur la protection des ressources naturelles et leurs diversités.
Encourager financièrement les populations à l'utilisation des techniques de conservation des
terres et de l'utilisation rationnelle et durable des ressources en sol. Les incitations peuvent être
de diverses natures.
Mise en place d'organismes de contrôle du devenir des moyens financiers destinés aux études et
aux travaux sur la dégradation des sols et sur l'atténuation des risques sur la diversité
biologique.
6. Stratégie en matière de renforcement des capacités nécessaires à la réduction des risques de la dégradation des sols menaçant la diversité biologique locale et globale
Malgré la relative nouveauté du thème "conservation de la biodiversité", les actions entreprisent
jusqu'à nos jours par les spécialistes en science du sol à travers les études pédologiques n'ont pas
bien mis en évidence l'aspect biodiversité du sol. Ces derniers ont toujours tenu compte
implicitement de la conservation et la protection des sols dans leurs interprétations des données
pédologiques. C'est à dire qu'à travers les actions de recherches sur les sols en vue d'améliorer la
production agricole l'aspect protection des sols est toujours présent, bien que non exprimé.
Les actions, les travaux et les projets concernant la dégradation des sols et à l'atténuation des risques
sur la biodiversité doivent être conformes à tous les principes et directives qui régissent les
stratégies définies et à définir dans le cadre des conventions et des pratiques conservatrices et de
défense de l'environnement en général. Il est essentiel de mettre en valeur les expériences passées et
les leçons apprises, surtout les bonnes pratiques retenues à travers les exemples dans le monde.
Parmi ces bonnes pratiques on peut retenir les plus essentielles:
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Stratégie participative.
Utilisation des connaissances actuelles, modernes et/ou traditionnelles.
Elaboration des mesures d'encouragement pour assurer la durabilité des actions et pratiques au
niveau local.
Promouvoir les technologies appropriées.
Les projets ou les actions doivent être écologiquement, socialement et financièrement durable.
Réduire les risques liés à la marge d'incertitude.
S'attaquer aux causes fondamentales des problèmes de la dégradation des sols aux moyens
d'approche intégrées.
Renforcer l'environnement propice et équilibré à la gestion intégrée des ressources naturelles à
différents niveaux (local, national, régional et global).
Les actions doivent être économiquement, institutionnellement et politiquement durables et
reproductibles.
Assurer un suivi et une évaluation dynamique afin d'assurer l'obtention des résultats et des
impacts au niveau du terrain.
Adopter un cadre temporel assez long pour assurer la durabilité et la stabilité des actions et des
institutions.
Délimiter, renforcer, étendre et consolider les zones de protection comme les parcs nationaux.
Identifier les éléments de la biodiversité les plus importants pour la conservation.
Incorporer les éléments de la recherche qui contribuent à la sauvegarde de l'environnement.
Pour renforcer les capacités nécessaires à la réduction de la dégradation des sols, plusieurs actions
sont utiles et nécessaires:
Mettre en place des moyens et des outils modernes et performants, comme la télédétection, les
systèmes d'information géographique, le modèle numérique de terrain, le système de gestion des
bases de données, le GPS (Global Positioning System) pour aider à inventorier les sols, localiser
les zones dégradées et les zones sensibles.
Mettre en place des moyens matériels, financiers et humains pour entreprendre des études et des
recherches sur les thèmes de la dégradation des sols et les moyens à mettre en œuvre pour la
sauvegarde de la diversité biologique.
Mettre en place des moyens informatiques maîtrisables et abordables et simples pour évaluer et
gérer durablement les ressources en sol.
Encourager la recherche scientifique et pragmatique dans le domaine de détection des
indicateurs de la qualité et de la dégradation des sols et de la biodiversité.
Mettre en place et développer progressivement une base de données informatique sur les sols,
les différentes utilisations et occupations des terres et les systèmes de gestion.
Encourager les travaux sur la gestion durable des ressources en terre et l'évaluation de ces
ressources par des méthodes scientifiques.
Intégrer et encourager les populations locales à tous les travaux de conservation des terres et de
la biodiversité.
Mettre en place des structures locales pour encourager et contrôler les actions visant à
sauvegarder et à conserver la nature et ses ressources.
Améliorer la gestion actuelle des terres.
Encourager les partenariats entre les différents acteurs (secteur public, privé, société civile et les
institutions d'enseignement).
Encourager la durabilité et la reproductibilité des bonnes actions et des expériences réussies.
Suivi et évaluation des actions entreprisent dans toutes les activités liées à la lutte contre la
dégradation des sols et à l'atténuation des risques qui pèsent sur la biodiversité.
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7. Perspectives: La durabilité des actions dans la lutte contre la dégradation des sols et la sauvegarde de la diversité biologique. Quelques concepts
7.1. L'évaluation des sols pour l'utilisation planifiée et durable des terres.
C'est en partie à cause des risques de dégradation des sols que la communauté scientifique
internationale a jugé utile de mettre en place des systèmes et des méthodes pour évaluer les
ressources en sol. En 1976, la FAO a entrepris une série de consultations et de rencontres
scientifiques dans le but de résoudre les problèmes méthodologiques de l'évaluation des
potentialités et des contraintes des ressources en sol.
Cette louable entreprise a débouché sur l'élaboration de plusieurs guides pour l'évaluation des terres.
Ces guides mettent l'accent sur les principes et les concepts d'évaluation des ressources en sol pour
différents usages, allant de l'utilisation générale (agriculture, irrigation, forêt …) à l'utilisation
spécifique et précise des terres.
La plupart des méthodes d'évaluation des sols sont des systèmes qualitatifs, basées sur les
appréciations des experts. Ces experts sont majoritairement des pédologues et des agronomes qui
interprètent les données du terrain pour les mettre à la disposition des utilisateurs (aménageurs,
ingénieurs, agriculteurs…). Ce n'est que récemment que des études plus approfondies ont débouché
sur des concepts et des méthodes plus pertinentes mettant en évidence les contraintes liées aux
différentes propriétés/qualités des terres (FAO, 1995). Parmi ces contraintes on peut citer la fertilité
des sols, la disponibilité en eau, la disponibilité en oxygène, la facilité du travail du sol et les
dangers de dégradation des sols comme l'érosion et la salinisation.
Le développement des technologies informatiques durant ces dernières décades a permit aux
chercheurs de progresser dans les analyses des intéractions entre les ressources en sol et les
utilisations de ces derniers en terme quantitatif. Cependant, les systèmes d'évaluation et d'utilisation
des terres ont rencontré des limites concernant l'aspect socio-économique des actions à entreprendre
pour répondre aux préoccupations des utilisateurs des données sur les ressources en sol. Les
différents problèmes et défis rencontré dans le cadre de la planification de l'utilisation des terres
peuvent trouver des solutions en ayant recours à l'approche multidisciplinaire.
7.2. Planification de l'utilisation des sols et le développement durable
La gestion planifiée des terres peut largement contribuer à la réalisable du développement durable.
Elle peut favoriser l'allocation des terres aux utilisations qui permet un bienfait durable (Agenda 21,
par10.5). La Conférence des Nations Unis sur l'environnement et le développement (UNCED,
1992) et les recommandations de l'Agenda 21 ont encouragé les politiques et les interventions qui
respectent le développement durable.
En Algérie, la gestion anarchique continue des sols, les politiques de planification des terres
inadéquates et l'application inefficaces des techniques de gestion et des programmes de
conservation soulèvent des questions au sujet de la disponibilité et de la communication de
l'information sur les ressources naturelles. Les gestionnaires de l'utilisation des terres et les
décideurs peuvent améliorer les situations en ayant à leurs dispositions des informations
géoréférencées sur les sols et les ressources naturelles en général.
L'objectif de la gestion durable des sols est d'harmoniser les différents objectifs afin de répondre
aux besoins environnementaux, économiques et sociaux des générations présentes et futures. Les
objectifs doivent maintenir et améliorer la qualité des sols.
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La relation entre la gestion durable des sols et le développement durable implique explicitement les
deux aspects de production et de protection des ressources et de la biodiversité. La figure 2 souligne
l'intéraction entre les trois sphères d'activité.
Système
biologique
Système
social
Système
biologique
Système
socialSystème
économi
que
Système
économi
que
DEVELOPPEMENT DEVELOPPEMENT NON DURABLE DURABLE
(pas d’interaction) (interaction)
Figure 2 : La durabilité: un échange entre les trois sphères d'activité.
7.3. Les indicateurs des qualités des terres: Moyens d'évaluation de l'état de la biodiversité.
La gestion durable des terres exige l'intégration des technologies, des lois et des politiques adaptées,
la participation effective des populations locales, la multidisciplinarité des interventions et des bases
de données complètes et fiables. Pour évaluer les ressources naturelles et proposer des schémas
pour la gestion durable des sols, les chercheurs ont proposé cinq critères ou piliers indispensables à
la durabilité des actions. La définition de Dumanski (1993) de la gestion durable des terres " La
gestion durable des terres combine les technologies, les lois et les activités en intégrant les principes
socio-économiques et environnementaux en respectant les facteurs suivants:
la productivité, maintien et l'amélioration des services.
La sécurité des actions et réduction du niveau des risques.
La protection des ressources et prévenir la dégradation des sols.
La viabilité économique.
L'acceptabilité sociale des actions..
Entre-temps beaucoup de progrès a été réalisé pour développer et identifier les critères et les
indicateurs pour la gestion durable des terres. Un accord international a été obtenu sur les
indicateurs suivants pour estimer la qualité des terres (DUMANSKI, 1997).
1 Rendement des cultures (tendances et variabilité)
2 Equilibre nutritionnel des plantes
3 Maintien de la couverture du sol
4 Qualité des sols
5 Qualité et quantité d'eau disponible
6 Profit des exploitations agricoles
7 Utilisation des techniques de conservation des sols.
Ces indicateurs sont les composantes de la qualité des sols au sens large pour la gestion durable des
terres.
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Enfin les agriculteurs, les forestiers, les éleveurs et les autres utilisateurs sont des gardiens des
ressources rurales et leurs décisions collectives détermineront en dernier la durabilité du
développement, de la gestion et des systèmes d'utilisation des terres.
8. Conclusion
Il y a une évidence à reconnaître que les systèmes des ressources naturelles et l'équilibre
harmonieux des écosystèmes sont très complexes. Toutefois nous devons accorder plus
d'importance aux décisions et actions concernant la planification de l'utilisation durable des sols qui
respecte l'équilibre des systèmes naturels, conserve les ressources et sauvegarde l'environnement et
la biodiversité. Le phénomène de la dégradation des sols ne peut être cerné et résolu que grâce à
plusieurs actions simultanées qui respectent la productivité des sols, la sécurité, la protection la
viabilité économique et l'acceptabilité. L'utilisation de la technologie moderne comme les SIG,
GPS, la télédétection et les logiciels spécialisés ne peut occulter les techniques de conservation
traditionnelles qui ont prouvé leurs bienfaits. La participation des populations locales et du secteur
privé dans l'entreprise de conservation et de protection de sols et de la biodiversité est nécessaire.
Le rôle des structures gouvernementales doit être primordial dans le domaine financier, législatif et
juridique. Le développement de la recherche, les soutiens divers aux structures chargées de
l'inventaire, l'évaluation et l'application des techniques et méthodes de conservation de
l'environnement doivent être encouragées et soutenues. Les problèmes environnementaux en
général et ceux de la dégradation des sols en particulier doivent être pris en charge par des équipes
pluridisciplinaires.
Enfin, il est très important de susciter une prise de conscience chez tous les acteurs (décideurs,
populations, scientifiques et..) au sujet de la dégradation des sols et les menaces qui pèsent sur la
diversité biologique dans nos écosystèmes.
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LE SURPATURAGE, LE DEFRICHEMENT ET LA DESERTIFICATION
Introduction
Il est reconnu par tous les observateurs, depuis plusieurs années, que la dynamique régressive des
écosystèmes arides et, par conséquent, l'appauvrissement de la biodiversité n’en sont que la
manifestation d’une dynamique socio-économique, caractérisée par une forte démographie et des
méthodes d’exploitation du milieu de plus en plus agressives (Quezel, 1989; Quezel et al., 1989;
Quezel, 2000).
Souvent des études, plus au moins sectorielles consacrées à la diversité biologique et sur le
phénomène désertification, établissant des diagnostics à posteriori sur l’état du milieu, peuvent
conduire à des attitudes plus réparatrices que préventives: on agit sur les effets et non sur les causes
(FAO, 1980 et 1995). Par conséquent on en est en dessous des espérances pour différentes raisons
essentielles:
Les surfaces traitées ne peuvent être que marginales par rapport aux espaces dégradés. La
situation économique du pays ne permet, en aucun cas, de dégager des ressources suffisantes
pour infléchir une dynamique de dégradation par une dynamique de restauration;
Le traitement technique de la dégradation n’est pas toujours accueilli favorablement par les
populations qui peuvent le juger inadapté à leurs intérêts. Il s’ensuit que, tôt ou tard, la
dynamique régressive revient ;
Bien que disposant d’une certaine avance, les connaissances phytoécologiques ne permettent
pas encore de maîtriser les espèces clés de voûte à introduire ou réintroduire pour rétablir
l’ancien équilibre ou créer un nouvel équilibre mieux adapté aux modes d’utilisation de
l’espace.
Beaucoup de travaux consacrés à la mise au point de modèles de gestion rationnels ou de modèles
prévisionnels des ressources biologiques, afin de réagir à temps par des actions de régulation, ont
également connu peu d’application sur le terrain (Belouam et al., 1974 et 1975; Beraud et al., 1975;
Achour, 1983 et 1998; Aidoud, 1983; Benabadji, 1995; Bouazza, 1991). On bute toujours sur les
éternels problèmes de rigidités structurelles et de pénurie de moyens: passer de la compréhension
d’un phénomène à l’action n’est pas évident. Aussi efficaces que soient les techniques, elles
doivent, pour être appliquées, rencontrer sur le terrain des structures réceptives et propices au
changement et c’est précisément là le principal blocage car bien souvent l’efficacité de la lutte
contre la désertification dépend davantage de changements qualitatifs que du volume de ressources
qui lui seront consacrées.
Depuis la fin des années quatre-vingts, les approches holistiques des phénomènes de désertification
et plus largement du développement agro-pastoral se sont bien répandues (Mederbal 1989, 1990,
1996 et 1997). On reconnaît désormais qu’il faut raisonner en termes de " développement
participatif " et " durable ".
En effet, en matière de lutte contre la désertification, en optant pour la voie du "développement
durable", l’approche consiste essentiellement à stimuler et accompagner l’évolution des systèmes
agro-pastoraux vers des formes d’exploitation qui concilient les intérêts des populations et
l’équilibre écologique.
Les rappels précédants montrent l’intérêt de se placer dans un contexte de recherche-action et
d’observer les règles ci-après:
Réunir dans une même approche, la dynamique socio-économique et la dynamique biophysique,
car ce n’est qu’en saisissant correctement les interactions entre ces ceux dynamiques que l’on
peut envisager les changements structurels qui auront un impact sur l’exploitation du milieu;
Utiliser des méthodes d’analyse et des échelles de perception qui soient reconnues et admises à
la fois par le chercheur, l’agent de développement et l’agro-pasteur. Il est, en effet, difficile
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d’engager une action de développement concertée si les participants ne parlent pas le même
langage ou utilisent des échelles d’appréciation différentes.
Par ailleurs pour toute action de développement concertée, technicien et agro-pasteur sont
conduits à raisonner en termes de potentialités et de pratiques d’exploitation.
Dans les milieux arides, les ressources biologiques les plus convoitées sont les sols, la végétation et
l’eau. Chacune de ces ressources peut être identifiée par les spécialistes (agronomes, pédologues,
hydrologues, économistes, écologues....) par un grand nombre d’indicateurs (CEPE et CNES, 1978;
Mederbal, 1980 et 1983; Baril et al, 1989; Halitim, 1988; Esacafadal, 1989; Boulahouat, 1993;
Engman, 1995; UNESCO, 1995).
De même que pour ces ressources biologiques, les modes d’exploitation s’expliquent par une
multitude de variables (naturelles, sociales, économiques, juridiques,....) interactives.
Pour argumenter les choix techniques et méthodologiques, qui doivent prévaloir dans les stratégies
et les actions à entreprendre pour réduire les risques menaçant la diversité biologique en Algérie, le
cheminement suivant est retenu :
D'abord, pour cerner l’objet de notre approche, une synthèse sur " la diversité biologique et sur
le surpâturage, le défrichement et la désertification" est proposée. Ces informations s’avèrent
particulièrement pertinentes pour cerner les dysfonctionnements écologiques et, par conséquent,
poser clairement la problématique et les approches possibles à envisager pour réhabiliter les
systèmes écologiques fragilisés (chapitres 1 et 2);
Ensuite, sur la base de cette synthèse, les besoins en matière de renforcement des capacités
nécessaires à l'atténuation du surpâturage, du défrichement et de la désertification et de leurs
menaces qui pèsent sur la diversité biologique en général, sont esquissés. A ce niveau de la
réflexion, l'accent est plus particulièrement mis sur l'apport de la géomatique (la télédétection et
les systèmes d'informations géographiques) pour l'éco-aménagement des systèmes écologiques
fragilisés (chapitre 3);
Enfin, dans le but d'apporter quelques éléments de réflexion pour la réhabilitation et la
valorisation de la diversité biologique en Algérie, des recommandations et des propositions sont
faites au sujet du:
- Partage des responsabilités entre les différentes parties concernées et/ou les partenaires
impliqués (chapitre 4);
- Les mécanismes de financement et de gestion du financement pour amener les différents
partenaires à atténuer les risques de surpâturage, du défrichement et de la désertification
(chapitre 5);
- La stratégie à adopter en matière de renforcement des capacités nécessaires à la réduction des
risques de surpâturage, du défrichement et de la désertification menaçant la diversité biologique
locale et globale (chapitre 6).
1. Introduction sur la diversité biologique et sur le surpâturage, le défrichement et la désertification
Depuis des siècles, la nature n’a jamais connu une destruction aussi massive des ressources
naturelles et des bouleversements écologiques que durant cette période contemporaine. Le
développement socio-économique croissant, avec la conception de la vie moderne, a laissé l’homme
exploiter beaucoup plus, et d’une façon anarchique et irrationnelle, les ressources naturelles.
Cette utilisation abusive des richesses naturelles a touché tous les milieux, notamment, les déserts,
les steppes, les forêts, les zones humides, les mers, les océans et les cieux, ce qui a engendré des
conséquences néfastes sur les milieux naturels, tels que la disparition de certaines espèces animales
et végétales, l’appauvrissement de la biodiversité, la perforation de la couche d’Ozone, le
réchauffement de la planète par l’effet de serre et des changements climatiques.
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Conscients du danger de cette dégradation, les scientifiques ont alerté l’opinion mondiale, pour la
sensibiliser sur les conséquences aggravantes et sur les mesures nécessaires à prendre, pour la
rationalisation des ressources naturelles et leur utilisation durable.
La Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique représente le premier traité
international relatif à la protection des êtres vivants et de leurs écosystèmes où la communauté des
nations reconnaissait que la diversité biologique s'appauvrissait d'une manière considérable du fait
d'activités humaines, que sa conservation était une préoccupation commune de l'humanité et que les
Etats étaient responsables de la conservation de leur diversité biologique et de l'utilisation durable
de ses éléments constitutifs.
Signée en 1992, à Rio de Janeiro, au Sommet de la Terre et ratifiée rapidement par plus de 170
pays, cette Convention - cadre fixe des principes et des objectifs universels à atteindre.
Dans ce contexte beaucoup de pays ont lancé des programmes urgents en collaboration avec les
institutions internationales pour la conservation de la nature et pour adapter une nouvelle politique
permettant sans aucun doute de mieux coordonner toutes les activités, de profiter des expériences de
chacun afin de contribuer à la résolution des problèmes, et de répondre ainsi à la nécessité du
développement et à celle de la conservation et de la préservation des ressources naturelles au
bénéfice de l’être Humain.
La position géographique de l’Algérie et les variations importantes de son climat expliquent en
partie la grande diversité de la faune et la flore qu’on y rencontre. Ces derniers représentent une
grande partie de la végétation et des animaux du bassin Méditerranéen en plus des espèces
représentatives de la zone Africaine. Plusieurs espèces animales et végétales ont commencé à
régresser voire même à disparaître du fait de certaines calamités (guerres, invasions, défrichement,
incendies, rejets…).
1.1. Exposé introductif sur la diversité biologique 1.1.1. Historique
La biodiversité est un concept relativement nouveau, puisqu’il est apparu au début des années 1980.
Né dans les milieux internationaux de la protection de la nature (UICN), il a été repris parmi les
« changements globaux » dans le processus de la conférence des Nations Unies sur l’environnement
et le développement (Rio de Janeiro, Juin 1992). Une convention mondiale, signée par 175 pays et
entrée en vigueur en décembre 1993, est d’ores et déjà ratifiée par 106 pays (au 9 décembre 1994).
(Chauvet, 1996 in Mederbal 1996).
1.1.2. Définition de la biodiversité
La convention de Rio sur la diversité biologique définit la biodiversité comme « (…) la variabilité
entre les organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres,
marins et aquatiques (non marins) ainsi que les complexes écologiques dont ils font partie ; Cela
comprend la diversité au sein des espèces, entre les espèces et celle des écosystèmes. » (Mermet et
Poux, 2000 in Mederbal 1996).
Selon la FAO, 1993, la diversité biologique est constituée par l’ensemble des espèces animales et
végétales, de leur matériel génétique et des écosystèmes dont elles font partie.
Selon Chauvet (Loc. cit.), la notion de la biodiversité, ou diversité biologique, englobe la multitude
des formes de vie existant sur la terre. Plus explicitement, et selon une définition reconnue
internationalement, la biodiversité regroupe " la variété et la variabilité des organismes vivants et
des complexes écologiques dont ils font partie ".
Le terme de biodiversité a des nombreuses définitions qui dérivent d’une expression
simple : « variabilité du vivant ». La définition la plus largement citée est celle du US Congress
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Office Of Technology Assessement (OTA, 1987) qui précise que "la diversité biologique représente
la variété et la variabilité des organismes vivants et des écosystèmes dans lesquels ils développent".
La diversité peut être définie comme le nombre et la relative abondance des éléments considérés.
Les composantes de la diversité biologique sont organisées en plusieurs niveaux, depuis les
écosystèmes jusqu’aux structures chimiques qui sont les bases moléculaires de l'hérédité. Ce terme
englobe donc les écosystèmes, les espèces, les gènes et leur abondance relative.
Le concept de biodiversité correspond en fait au concept de diversité biologique. Ce terme désigne
simplement la variété des espèces vivantes qui peuplent la biosphère. Il se traduit par le nombre
total d’espèces que renferment les écosystèmes terrestres et aquatiques de la biosphère et que les
scientifiques dénomment " la richesse totale ".
1.1.3. Les niveaux d'intégration de la biodiversité
1.1.3.1. Diversité génétique intraspécifique
Il s'agit de la diversité des gènes au sein des espèces. Ces gènes peuvent caractériser des
populations, des écotypes, des variétés, des races, des souches (Garnier, 1995 in Mederbal 1996).
Pour les généticiens des populations, le concept recouvre la diversité génétique, soit le nombre et la
fréquence des gènes d’une population (Fichesser, 1996 in Mederbal 1996).
Selon la FAO, 1993, la diversité génétique désigne la variation des gènes et des génotypes entre
espèces et au sein de chaque espèce. Elle correspond à la totalité de l’information génétique
contenue dans les gènes de tous les animaux, végétaux et micro-organismes qui habitent la terre. Au
sein d’une espèce, la diversité permet l’adaptation au changement de l’environnement, du climat ou
des méthodes de culture ou à la présence de ravageurs et de maladies.
1.1.3.2. Diversité spécifique
Elle correspond à la diversité des espèces dans une région, s’exprimant par le nombre d’espèces
rencontrées, mais aussi par leur appartenance à des genres, familles ou classes différentes (Garnier,
1995 in Mederbal, 1996).
Pour le systématicien, l’étonnante diversité d’espèces et d’adaptation de la biosphère est une
résultante de l’évolution qui n’a fait que s’accroître depuis l’apparition de la vie (Fichesser, 1996 in
Mederbal 1996).
Selon la FAO, 1993, la diversité des espèces correspond au nombre d’espèces qui existent dans une
zone donnée.
L’évaluation de la diversité spécifique peut se réaliser à des échelles d’organisation différentes
(Ramade, 1984).
1.1.3.3. La diversité des écosystèmes ou écologique
Elle représente la différentiation des ensembles formés par le milieu (biotope) et la communauté
d'êtres vivants végétaux, animaux et microbiens qui le peuple (biocénose). (Garnier, 1995 in
Mederbal 1996).
L’écologue transpose la diversité biologique au niveau de l’écosystème et le paysage. Elle est
fonction du nombre de niches écologiques disponibles et dépend de l’hétérogénéité de structures
d’un paysage et de leur organisation.
Les écologues ont montré qu’une très riche diversité écologique est le résultat de l’organisation
fonctionnelle des espèces en peuplements, biocénoses et écosystèmes (Fichesser, 1996 in Mederbal
1996).
Les écosystèmes sont constitues de communautés interdépendantes d’espèces (mélanges complexes
d’espèces et de variétés ou de races) et de leur environnement physique.
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Le périmètre d’un écosystème ou habitat est imprécis ; un écosystème peut couvrir plusieurs
milliers d’hectares ou seulement quelques-uns (FAO, 1993).
1.1.3.4. La diversité culturelle humaine
Ce quatrième niveau de la biodiversité peut être ajouté aux précédents pour refléter la variété des
langues, des arts, des structures sociales, des pratiques de gestion des terres, des régimes
alimentaires (WRI, UICN, PNUE, 1994).
La diversité culturelle peut donc être retenue comme une composante particulière de la biodiversité,
un résultat de l’aboutissement ultime de notre propre évolution. Elle a bien de ce point de vue, la
même fonction que la biodiversité pour les autres espèces.
La biodiversité humaine est donc génétique avec ses conséquences phénotypiques mais aussi
culturelles.
1.1.2. Importance de la biodiversité
1.1.2.1. Importance de la biodiversité sur le plan économique
Dans les régions en développement, la biodiversité fournit de nombreuses ressources: aliments,
innombrables matières premières telles que fibres pour la confection de vêtements, matériaux de
construction, engrais, combustibles et médicaments, énergie mécanique sous forme de traction
animale. On estime que les ressources biologiques répondent à 90 pour cent des besoins des pauvres
ruraux. Dans les pays avancés, l’accès à des ressources biologiques diversifiées est indispensable
pour la fabrication d’un large éventail de produits industriels. Dans l’effort incessant visant à mettre
au point des formes d’agriculture efficientes et durables adaptées à des conditions très diverses, ces
ressources fournissent la matière première nécessaire pour l’amélioration des plantes et des animaux
ainsi que pour les nouvelles biotechnologies (FAO, 1993).
Globalement, la biodiversité représente le réservoir, à long terme, des ressources génétiques à
utiliser pour répondre à des besoins futurs et imprévisibles.
Néanmoins, l’évaluation en termes économiques de ces ressources biologiques est chose difficile et
très discutée, même si des progrès ont été faits dans ce domaine.
1.1.2.2. Importance de la biodiversité sur le plan scientifique et écologique
La biodiversité est à l’origine de tous les mécanismes qui permettent à la biosphère d’assurer en
permanence des taches de protection des sols et de régulation du climat et des fluides vitaux
maintenant les paramètres de notre environnement dans des limites compatibles avec la vie
(Fichesser, 1996 in Mederbal, 1996).
Cependant, il faut reconnaître que nos connaissances sur ce point sont largement insuffisantes ; la
signification précise de la biodiversité pour le fonctionnement des écosystèmes et de la biosphère
est encore largement inconnue au-delà de la fonction particulière de certaines espèces dans des
processus majeurs comme la production primaire, la nitrification, la fixation d’Azote, etc.…
La variabilité génétique des populations naturelles est la condition première de leur survie à long
terme, puisque d’elle dépend leur capacité d’adaptation à des conditions changeantes.
La diversité des écosystèmes et des paysages assure et régule les grands cycles biogéochimiques
(eau, carbone, azote, phosphore…) nécessaires au fonctionnement de la planète et à ses
équilibres climatiques.
1.1.2.3. Importance de la biodiversité sur le plan esthétique, culturel et éthique
Sur le plan de l’esthétique et culturel, force est de constater que la contemplation de la diversité de
la vie est une des sources importances d’un épanouissement personnel et de la créativité (Fichesser,
1996 in Mederbal 1996).
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Sur le plan éthique et indépendamment de toute considération directement économique, il y a des
raisons purement morales à préconiser une sagesse conservationniste; Les enjeux et les débats
actuels sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) démontrent la nécessité de prendre
sérieusement en question cette problématique.
1.2. Exposé introductif sur le défrichement, le surpâturage et la désertification
Les modifications régressives de la flore et des structures de végétation sont alarmantes en Algérie
(Quezel, loc. cit.). En effet, les changements sont importants et rien ne peut laisser prévoir que cette
situation s'inversera. Deux facteurs majeurs, l'aggravation des impacts liés à l'utilisation du milieu
végétal par l'homme et le problème d'éventuelles modifications climatiques, sont probablement
responsables de cette situation. Les conséquences de ces deux séries de causes se traduisent
globalement par le phénomène désertification dont il n'est pas évident de cerner les mécanismes. En
outre, pour sauvegarder la biodiversité, diverses réalisations ont tenté sur le terrain de préserver des
portions du patrimoine naturel d'un intérêt biologique évident par, notamment, le biais de mise en
défens, de création de sites protégés, de parcs nationaux ou régionaux...
Les zones arides correspondent à des territoires marqués par la présence d’un couvert végétal ténu
mais régulièrement dispersé dans l’espace et par un déséquilibre marqué entre la quantité d’eau
disponible et le pouvoir évaporant du climat (Celles, 1975).
Le premier paramètre étant en fait tributaire du second, la définition des terres arides se doit donc
d’être avant tout climatique ou plus précisément pluviométrique.
Délimiter clairement l’étendue couverte par ces zones est paradoxalement le premier handicap à
franchir (Barry, 1980 in Mederbal, 1992).
Globalement, ce territoire se trouve modelé par une intense érosion éolienne et hydrique qui lui
donne une morphologie bien particulière. Les sols y sont minces voire même squelettiques, le
climat bien tranché en deux périodes fort inégales en durée, dont la plus brève et humide favorise la
photosynthèse et, auquel cas, seules les plantes adaptées à la longue sèche défavorable sont capables
de s’y installer et de s’y multiplier (Bagnouls et Gaussen, 1953 et 1957; Emberger, 1955 et 1971;
Quezel, 1965; Stewart, 1968 ; Le Houerou, 1969; Paquin, 1971; Daget, 1977; Pouget, 1980;
Djellouli, 1990).
Par ailleurs, la productivité des écosystèmes arides est extrêmement faible en raison de
l’insuffisance et de la variabilité des précipitations d’une part et du faible niveau de fertilité des sols
d’autre part (Skouri, 1996 in Mederbal, 1996).
La maigre végétation qui se développe dans ces zones arides a été utilisée depuis les âges les plus
reculés comme source d’alimentation pour la faune sauvage et pour les animaux domestiques. Ainsi
différents systèmes pastoraux extensifs ont été établis dans ces territoires. Ces systèmes se basent
sur l’élevage d’animaux rustiques capables de résister aux températures élevées et aux disettes
fréquentes qui caractérisent ces zones. Les stratégies traditionnelles, qui ont permis l’adaptation des
hommes et des animaux à de telles conditions difficiles, reposent sur certaines formes
d’organisations sociales et sur une grande mobilité liée à la recherche de points d’eau et de sources
d’alimentation.
Associée à une faible pression humaine et animale cette mobilité a permis, jusqu’à une période
relativement récente, de maintenir l’équilibre des écosystèmes naturels. Mais avec l’accroissement
démographique et par suite de la sédentarisation d’une grande partie de la population et de la
réduction de l’amplitude de la transhumance, des modes d’exploitation agro-pastoraux se sont
substitués aux modes pastoraux traditionnels et ont engendré une rupture de cet équilibre.
En effet, on assiste à une extension progressive de l’agriculture au détriment des meilleurs espaces
pastoraux dont la végétation a été détruite par des moyens mécaniques de plus en plus en plus
puissants. Cette destruction est également aggravée par l’accroissement de la pression animale sur
des surfaces pastorales de plus en plus réduites et par l’augmentation du prélèvement des produits
ligneux destiné à la satisfaction des besoins en combustibles ainsi qu’à d’autres usages divers
(artisanat, clôture…).
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Ces différents phénomènes ont conduit à accroître la fragilité des écosystèmes, à réduire leur
capacité de régénération et à diminuer leur potentiel de production. Dans les zones les plus fragiles,
la surexploitation des ressources naturelles a induit un accroissement de la sensibilité à la
désertification et des formes de dégradations quasi - irréversibles.
Les zones arides et semi-arides ont une grande importance parce qu'elles couvrent une grande partie
des pays du pourtour méditerranéen (les pays du proche orient et de l'Afrique du nord : Arabie
Saoudite, Iran, Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie Algérie, Egypte, Libye, Maroc, Tunisie).
Ces régions présentent entre elles de nombreuses similitudes en raison du climat, malgré leur
grande diversité.
Pour les régions semi-arides, les précipitations annuelles sont comprises entre 300 et 600mm et
pour les régions arides, elles sont comprises entre 100 et 300mm. Par ailleurs, pour les régions
qualifiées de désertiques, les précipitations sont inférieures à 100 mm. Globalement, dans
l’ensemble de ces territoires, les pluies sont très irrégulières concentrées en hiver, alors que les étés
sont longs chauds et secs. Ce type de régime climatique conditionne totalement la vie agricole et
pastorale de ces régions. Toutefois "les spécialistes reconnaissent que l'aridisation s'accentue sous
l'effet d'un mauvais aménagement, par l'homme, des ressources que la nature a mise à sa
disposition" (BAUMER, 1974 in Boulahouat, 1993; UNESCO, 1995).
2. Importance du surpâturage, du défrichement et de la désertification et de leurs impacts sur la diversité biologique
2.1. Préambule sur le phénomène désertification, conséquence du surpâturage et du défrichement
La désertification, qui se manifeste donc par des paysages désertiques, est un ensemble d’actions
impliquant la réduction plus ou moins irréversible du couvert végétal; Elle touche environ 70% de
la totalité des terres arides (FAO, 1995).
Les phénomènes de désertification ont été révélés au monde par la terrible sécheresse du Sahel qui a
pratiquement duré de 1970 à 1985, avec deux culminations (1973 et 1985). On se rappelle tous des
silhouettes faméliques que les médias ont longuement diffusées.
En effet, l'accroissement de la production agricole et alimentaire dans les zones arides a été obtenu
dans une faible mesure par l'augmentation des superficies irriguées et dans une large mesure par
l'extension des superficies cultivées.
L'accroissement des produits de l'élevage a été obtenu par l'accroissement de la charge des
pâturages où les surfaces cultivées ont été implantées sur les terres marginales des zones
montagneuses et sur les steppes des régions arides. L'augmentation de la production de viande a été
obtenue par l'accroissement du cheptel et par conséquent les forêts, les maquis, les garrigues et les
steppes arides ont été fortement perturbés. Donc, l'accroissement de la production agricole s'est
effectué au détriment des ressources naturelles.
Pour l'intensité de l'érosion (considérée comme forme de désertification) et son évolution les
chiffres sont alarmants:
Les pertes de sol dans certains versants sont de l'ordre de 1 à 7mm/an;
Les pertes de surface agricoles atteignent localement 3%/an;
Dans les pays de l'Afrique du Nord seulement on remarque qu'environ 130.000ha de terres
cultivées (0,6%) sont détruites annuellement par l'érosion hydrique (40.000ha pour l’Algérie
seule).
Il a été démontré qu'aucune variation systématique du climat ne cause la désertification mais seule
la pression de l'homme et ses animaux sont responsables. A juste titre le grand Biologiste Dubos
(1974, in Regagba, 1999) affirme : "Il faut reconnaître que l'histoire est chargée de désastres
écologiques causés par l'intervention humaine, autant d'ailleurs que par des catastrophes cosmiques
ou telluriques. Mais je crois, néanmoins, qu'avec l'amour de la terre, et l'aide de la science, nous
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pourrons créer des environnements écologiquement stables, économiquement rentables d'une
esthétique agréable, et compatibles avec une croissance continue de la civilisation".
Donc, l’influence grandissante de l’homme et de ses animaux, sous l’effet d’une croissance
démographique galopante, ont induit la création de désert; le climat n’est qu’une circonstance
favorable.
Les conséquences de la pression démographique sont :
Le surpâturage, causé par un accroissement important des troupeaux, tend à suivre
l’accroissement démographique ;
La destruction des espèces ligneuses, pour satisfaire les besoins des populations en bois ;
plusieurs milliers d’hectares de forêts et de steppes sont détruites chaque année;
L’extension des forages, sans organisation pastorale ; les points d’eau, à grand débit, provoquent
de grandes concentrations de troupeaux autour des forages détruisant ainsi tous les pâturages.
Beaucoup de travaux ont été accomplis depuis ; on sait mieux ce qui ce passe dans ces régions,
arides à vocation pastorale.
L’exposé ci-après dresse une synthèse sur le phénomène désertification en s'appuyant
essentiellement sur l'exemple de l'Afrique du Nord, sachant, que sous des formes différentes les
mêmes causes engendrent les mêmes conséquences, quelle que soit la région.
2.2. Compréhension des mécanismes de la désertification des zones arides
2.2.1. Les ingrédients d'un milieu naturel fragile
Rappelons que les caractéristiques du milieu, bien connues, sont les suivantes:
1) La pluviosité: Elle est réduite par définition et irrégulière. L’irrégularité est à la fois inter
annuelle et inter saisonnière. L’effet de cette irrégularité sur la végétation est plus que
proportionnel. Certains scientifiques estiment qu'une variation de 1% de la pluviosité entraîne une
variation de 1,5% de la phytomasse produite;
2) Les pluies: Elles sont orageuses et brutales. Le diamètre d'une goutte de pluie est souvent
supérieur ou égal à 2mm. Si le sol est découvert, ces gouttes arrivent avec force et arrachent les
particules fines de sol;
3) Les températures et les amplitudes thermiques: Elles sont élevées, ce qui a des effets sur les
bilans hydriques et humiques des sols;
4) Les vents: Ils sont violents et ne rencontrent souvent pas d'obstacles pour les freiner. Les
éléments fins des sols libérés par une remise en mouvement sous l'action des instruments aratoires
ou tout simplement par un appauvrissement du sol en matière organique peuvent être transportés
dès que le vent monte à 10km/h;
5) Les sols: Ils sont souvent squelettiques et pauvres en matière organique. La couche exploitable
par les racines est généralement peu épaisse (dans bien des cas la roche mère est pratiquement
affleurante). La quantité d'eau que peut stocker le sol au profit des plantes est donc limitée et aura
tendance à s'amenuiser si des phénomènes d'érosion décapent la surface.
En détruisant la végétation, on l'expose davantage au rayonnement solaire et on accélère les pertes
de matière organique par minéralisation. Or cette matière organique assure la cohésion des
particules de sol et leur organisation en mottes qui résistent mieux à l'action de la pluie et du vent.
Les éléments fins vont se diluer dans l'eau, colmater la surface et constituer au séchage une pellicule
fine mais compacte et très dure. Ce véritable glaçage de la surface empêche les pluies de s'infiltrer,
l'eau ruisselle et creuse des ravines, etc. De plus les graines qui germent ne peuvent pas percer cette
croûte et meurent. Des surfaces considérables sont concernées par ce phénomène. Ces paysages
typiques s'observent de l'Afrique du Nord au Moyen orient et au sud de l’Europe (Espagne) dans la
région méditerranéenne.
6) Les sécheresses: Elles sont définies comme un déficit en pluie par apport à la moyenne, ne sont
pas un phénomène nouveau dans les zones arides. D'ailleurs l'année moyenne ne survient que
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rarement. On a beaucoup parlé de la sécheresse au Sahel de 1970-85, mais cette région à connu 3
épisodes similaires depuis le début du siècle (1895-1905, 1910-1916 et 1938-1943). Ces épisodes
sont méconnus parce qu'à l'époque l'activité humaine était limitée.
La flore et la faune des zones arides sont adaptées à ces cycles de sécheresse et sont dotées des
facultés nécessaires pour les surmonter. Dans les zones protégées et mises en défens on s'aperçoit
que la sécheresse ne laisse pas de trace sur le milieu (ex frontière algéro- marocaine). Tout le monde
reconnaît que la sécheresse, en elle même, n'est pas un facteur de désertification. C'est l'activité
humaine qui dégrade. La sécheresse est une circonstance aggravante qui provoque des bonds à la
désertification. Face à la persistance de problèmes écologiques et socio-économiques liés à la
sécheresse et à la désertification, il y a eu une conférence des Nations Unies sur l'Environnement et
le Développement (CNUED) à Rio (Brésil) en juin 1992 où les Etats Africains ont évoqué leurs
problèmes. La communauté internationale a été amenée à décider, au plus haut niveau politique,
d'établir une convention internationale sur la lutte contre la désertification, reconnaissant que cette
dernière est un problème environnemental de caractère global qui requiert des mesures urgentes.
La convention a été adoptée le 17 juin 1994 à la suite de la 6ème
session de son comité
intergouvernemental de négociation tenue au siège de l'UNESCO.
Globalement, la grande sécheresse, qui a affecté tout particulièrement l'Afrique sahélienne, à la fin
des années 1970, a mis en exergue les souffrances humaines et les catastrophes écologiques
occasionnées par ce phénomène.
2.2.2. Processus de la désertification
Le scénario est toujours le même quelque soit l'endroit, même si les itinéraires et la durée des étapes
qui conduisent à la désertification sont différents: on assiste à une régression du tapis végétal qui va
passer par plusieurs gradations. Les diminutions quantitatives sont suivies par un changement de la
composition floristique. Les plantes sont de plus en plus rabougries et inintéressantes.
Graduellement le sol découvert subit l'action du vent et de la pluie ; les phénomènes d'ablation et de
décapage laissent des étendues caillouteuses tandis que le transport et l'accumulation créent des
paysages dunaires.
Plusieurs formes de dégradation peuvent conduire à la formation du désert:
1) Les défrichements: C'est l'action la plus brutale. Que ce soit par brûlis ou par traction mécanique,
la mise en culture détruit totalement la végétation naturelle. Les sols défrichés, perdant rapidement
leur fertilité, sont laissés en jachère et ils ne peuvent remonter à leur niveau antérieur tant que ces
jachères steppisées sont pâturées.
2) Le surpâturage: La végétation diminue progressivement et finit par disparaître. Seules les plantes
délaissées par les animaux colonisent les parcours, mais elles sont généralement sans grand intérêt
pour la protection des sols (petits épineux, ...)
3) L'éradication des espèces ligneuses: Pour beaucoup de sociétés, le bois est la seule source
d'énergie domestique. Un pays comme le Burkina Faso dépend à 85% du bois de chauffe. Au début,
les arbres sont abattus, puis les plantes steppiques plus ou moins ligneuses sont arrachées. (Exemple
des paysages en auréoles typiques autours des agglomérations africaines).
4) La salinisation: Dans les zones cultivées en irrigué, il peut se produire une stérilisation définitive
des terres par accumulation de sels toxiques. Les eaux utilisées sont fréquemment chargées de sels.
Comme les températures sont élevées, l'évaporation provoque une concentration de ces sels dans le
sol, jusqu'à un niveau insupportable par les végétaux. Ce problème est dramatique dans certains
pays comme l'Egypte.
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5) L'extirpation des plantes à usage médical ou industriel: Certaines plantes médicinales sont
extirpées à outrance en Asie (Chine). En Afrique du Nord on peut citer la cueillette de l'Alfa pour
les usines de pâte à papier.
Le bois dans différentes actions de dégradation est naturellement variable, mais la mise en culture,
le surpâturage et la coupe de bois expliquent à eux seules 80 à 90% des surfaces désertifiées.
2.2.3. La crise du pastoralisme
La surexploitation des milieux arides, et la désertification qui en découle, est un phénomène propre
au 20ème
siècle. Pendant des siècles les sociétés agro-pastorales étaient un exemple parfait
d'équilibre entre l'homme et le milieu naturel.
Le principe de base de l’équilibre agro-pastoral est la mobilité. Les sociétés pastorales étaient
nomades ou semi-sédentaires, pratiquant la transhumance. La règle était de ne jamais rester trop
longtemps au même endroit. La pression sur le milieu était donc répartie dans le temps et dans
l'espace, au rythme des saisons.
En guise de rappel de l’équilibre agro-pastoral nord-africain, qui a survécu jusqu'à la veille de la
colonisation on peut retenir que :
en hiver, les campements sont installés aux portes du désert. Il y fait plus chaud, et les quelques
pluies automnales et hivernales suffisent pour assurer une végétation éphémère à poussée
rapide;
au printemps, en remontant vers les hautes plaines steppiques, les pluies d'automne et d'hiver
favorisent une végétation abondante utile pour les brebis en période d'agnelage ;
en été, en avançant vers le tell, c'est à dire vers les hautes plaines céréalières, il y avait encore
suffisamment de terres incultes pour les bêtes, qui profitent en plus des chaumes. Par ailleurs,
pendant que les nomades sont employés comme main d’œuvre saisonnière sur les chantiers de
moisson–battage, ils font leur réserve de grain pour l'année quand ils redescendent vers la
steppe.
en automne, sur la steppe de nouveau, la végétation pérenne est suffisante pour le cheptel. Si
l'année est mauvaise, la disette et les maladies se chargent de remettre les effectifs à un niveau
compatible avec les ressources fourragères. Quelques labours sont effectués, mais uniquement
sur des zones d'épandage de crues ou sur des bas fonds ou des cuvettes à sols profonds. Ces
champs seront récoltés, au retour, lors de la migration de printemps. La descente vers le désert
pour les quartiers d'hiver s'amorce avant les grands froids.....
Ce système fonctionnait avec une organisation et des institutions tribales et un droit coutumier
reconnu et respecté de tous. Les mutations profondes qu'il a connues depuis un siècle sont
défavorables à une gestion rationnelle des ressources.
Néanmoins, ces systèmes agro-pastoraux connaissent, depuis quelques décennies, des mutations
profondes avec comme causes principales :
1) la démographie: C'est l'une des principales causes. Elle a littéralement explosé depuis le début du
siècle. Pratiquement la population double tous les 20 à 30 ans, selon les pays, soit 25 ans en
moyenne, en particulier depuis les années 50. Il faut donc cultiver plus de terre, élever plus
d'animaux et couper plus de bois pour se chauffer.
Par ailleurs la plupart des pays concernés connaissent une nette amélioration du niveau de vie et
une certaine urbanisation. La demande en viande et produits céréaliers à donc augmenté encore plus
vite que la population ; ce qui aggrave davantage les pressions sur les terres.
2) La désorganisation de la société pastorale : Plusieurs facteurs sont responsables de cette désorganisation sociale:
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a) L'état : Les sociétés pastorales se sont heurtées à la monté des états, introduits par la
colonisation. C'est l'état qui détient le pouvoir. Du coup, les institutions traditionnelles sont
devenues inutiles et ont disparu. Les jeunes états ont poursuivi la même politique de consolidation
des structures étatiques. Les sociétés nomades, jugées rétrogrades, sont poussées à la sédentarisation
à cause du problème de contrôle politique.
b) La fixation volontaire : Beaucoup de nomades sont attirés par le standard de vie moderne
et se sont d'eux même sédentarisés. La scolarisation explique beaucoup cette sédentarisation car
les jeunes instruits ne veulent plus courir derrière les brebis !
Le rythme de ces fixations évolue en fonction des opportunités ou des grandes crises climatiques
ou même politiques (cas du Sahel ces derniers temps: fixation pour raisons de sécurité ou par souci
de diversification des ressources par crainte d'une nouvelle sécheresse).
La sédentarisation et la semi-sédentarisation ont aggravé le problème des défrichements ainsi que la
concentration des troupeaux autour des habitations.
c) Les obstacles aux migrations : Les frontières des jeunes pays sont des obstacles aux
déplacements traditionnels. Une même tribu peut avoir ses différents lignages éparpillés entre
plusieurs pays et être coupée de ces couloirs traditionnels de nomadisation.
A l'intérieur d'un même pays les obstacles au nomadisme ne manquent pas non plus :
Le développement des cultures pérennes au détriment des céréales ;
Appropriation et exploitation de terrain qui étaient anciennement des friches servant de parcours
ou d'aires de stationnement.
d) Les erreurs de politique économique : Pour avoir des ressources, les terres les plus
productives sont souvent affectées à des cultures à forte valeur ajoutée. Les populations se rabattent
sur les terres marginales pour les produits vivriers et réduisent ainsi les espaces pâturés. Dans
d'autres cas, pour parvenir à l’autosuffisance en viandes rouges ou tout simplement pour venir en
aide à des éleveurs frappés par la sécheresse, beaucoup de gouvernements ont encouragé la
supplémentation en important et en mettant à la disposition des pasteurs des quantités considérables
d'aliments de bétail d'origine industrielles concentrés. L’alimentation étant disponible à un prix
dérisoire, on peut se contenter de parcours très pauvres dont le rôle est désormais d'assurer
l'encombrement uniquement. Les pasteurs ont donc été encouragés à détenir des sureffectifs, là où
il aurait fallu les réduire. Plus grave encore, en raison des super profits que l'activité génère, des
spéculateurs citadins, qui n'ont jamais été pasteurs, investissent dans l'élevage et utilisent les
services des bergers sans troupeaux. Certains observateurs, un peu sévère, ont dit, à ce propos, que
"l'Algérie a subventionné la désertification des steppes".
e) Le progrès technique et les techniques agressives : Les pratiques d'exploitation se sont
modernisées. Elles permettent de labourer davantage de terres et de détenir des cheptels
excessivement importants :
Le camion ramène sur les parcours non seulement des concentrés mais aussi de la paille;
L’accès aux soins vétérinaires permet de réduire la mortalité, alors qu’anciennement les disettes
et les maladies jouaient un rôle de régulateur naturel;
Le camion citerne ou la citerne tractée, ramènent l'eau sur place. L’éleveur n'a plus besoin de se
tenir à proximité des points d'eau.
L'ensemble de ces facteurs concourent à une augmentation vertigineuse du nombre d’animaux. et à
leur concentration dans des zones sévèrement surpâturées.
- Le tracteur défriche et laboure en une journée ce que l'attelage animal exécute en 10 jours. Comme
on a besoin de plus en plus d'orge, on laboure de plus en plus d'espaces qui donneront dans le
meilleur des cas 3 quintaux de grains par hectare. Si l'année climatique est défavorable les espaces
labourés sont pâturés en vert.
f) Le statut foncier : A l'origine la terre appartenait à des collectivités qui vivaient en
communauté et les exploitaient collégialement. De nos jours les terres sont statutairement restées
collectives ou sont devenues propriété de l’état qui accorde un droit de jouissance aux pasteurs. Or
la notion de communauté s'est considérablement amenuisée. Les liens tribaux et familiaux ne sont
plus les mêmes. Le mode d'exploitation de la terre obéit à des règles de rentabilité, de spéculation,
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pour atteindre des objectifs individuels. Comme la terre appartient à tout le monde, elle n'appartient
de fait à personne et il n'y a pas plus de lien entre le sort de l'exploitant et celui de la terre. Personne
ne veut donc investir dans la préservation de l'écosystème ni même accepter d'imposer la discipline
qu'exige une gestion rationnelle. Ce problème foncier est pris en charge depuis quelques années par
de nombreux pays. Après plusieurs expériences d'organisation pastorale, l'Algérie a préparé une loi
pastorale dont l'aboutissement est ralenti par les événements actuels. La Tunisie a essayé de créer
des exploitations coopératives mais ce fut un échec. En effet, en Tunisie, des titres de propriété
privée ont été consentis à ceux qui en mis en valeur des terres, notamment par des plantations
d'oliviers. Ceci a abouti à une extension de l'olivier au détriment des parcours, aggravant ainsi le
surpâturage sur les parcours déjà surchargés, sans que l'olivier produise grand chose, puisqu'il a été
installé dans les zones de trop faible pluviosité et ne donne qu'une récolte tous les huit ans. De ce
fait, la plantation est plus un moyen d'obtenir un titre de propriété qu'une véritable mise en valeur.
Enfin on peut signaler que le Maroc est également préoccupé par ce problème foncier avec,
notamment, un essai d'implantation de coopératives pastorales dans la partie Orientale du pays.
La question foncière n'est donc pas simple:
Que faire des ayant droits qui n'ont pas de troupeaux ou qui ont migré?
Ne risque-t-on pas de morceler à outrance les parcours et de rendre la transhumance impossible?
Que faire du droit coutumier qui reconnaît plus ou moins le droit de propriété à celui qui
exploite sans interruption une parcelle?
Que faire des éleveurs urbains et périurbains actuels?
Les enjeux sont importants et des conflits déjà chroniques risquent de dégénérer.
L'ensemble des problèmes évoqués concourent ainsi à exercer de fortes pressions sur les milieux
arides déjà fragiles.
La situation des zones arides bien que critique n'est pourtant pas désespérée. Des signaux
permettent partout d'espérer l'infléchissement de la dynamique régressive.
2.3. Impacts du phénomène désertification sur la diversité biologique
2.3.1. Impacts du surpâturage sur la diversité biologique
Précisons que le surpâturage est dû à l’accroissement du cheptel lié à une réduction de l’offre
fourragère. Par ailleurs, au niveau des écosystèmes steppiques par exemple, l’exploitation des
forages et des points d’eau à grand débit, sans organisation pastorale, provoque de grandes
concentrations des troupeaux autour des forages et provoque la formation d’auréoles désertifiées sur
des rayons de 5 à 15 km perceptibles sur les images satellitaires (Mederbal, 1992).
En outre, le surpâturage en forêts ou en steppe a pour conséquences d'éliminer par broutage les
jeunes régénérations, les branches basses, et les rejets. Par ailleurs les effets du piétinement sur le
sol et la végétation sont graves: tassement, solifluxion, écrasement des végétaux, etc...
Devant une situation dramatique, l'interdiction de pâturer a été initiée. Néanmoins, en dépit du
contrôle des services forestiers, un accroissement souvent exponentiel des têtes de bétail a conduit
en quelques décennies à une régression dramatique et souvent irréversible du couvert végétal. Ce
surpâturage quasi permanent a stoppé les régénérations, transformé la steppe en "désert" et
beaucoup de forêts en un piqueté d'arbres ébranchés et a profondément modifié le tapis herbacé
associé.
Aux espèces caractéristiques du cortège sylvatique des écosystèmes forestiers, souvent de haute
valeur pastorale, a succédé une forêt à tapis ras d'annuelles dans le meilleur des cas, ou une forêt
envahie par les espèces non appétées. Ces forêts à annuelles (forêts-parcs) sont maintenant
présentes en Algérie sous presque toutes les essences: Pinus, Quercus, Tetraclinis, Cedrus, etc...
(Quézel, 2000).
Il faut noter qu'actuellement, les charges tolérables sont 2 à 3 fois plus élevées (Quézel, 2000).
Toutefois des initiatives de mise en défens (stricte ou contrôlée), au niveau des parcs nationaux (cas
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des écosystèmes forestiers) et dans la région steppique, ont induit une remontée biologique
remarquable et une reprise d'extension de la végétation.
2.3.2. Impacts du défrichement sur la diversité biologique
Rappelons que qu'au niveau de la région steppique, le défrichement a pour origine l’extension de la
céréaliculture qui a été fortement amplifiée par l’introduction de la mécanisation et des labours
réalisés à l’aide de tracteurs équipés de charrues à disques. Cette mécanisation, inadaptée aux
conditions écologiques de la steppe, entraîne également la stérilisation des sols. Dans un article
apparu dans le Quotidien d’Oran (Nov. 2000) sous le titre « sauver ce qui peut l’être encore »,
l’auteur dénonce ceux qui ont la fâcheuse idée et qui n’hésitent pas à labourer dès les premières
pluies, avant même l’ouverture officielle de la compagne à la seule fin de mettre les responsables
des services agricoles et forestiers devant le fait accompli. Nul n’ignore d’ailleurs, y compris une
très large frange d’éleveurs, que les labours dans la région steppique, foncièrement pastorale,
constituent le coup de grâce qui met fin définitivement, et d’une manière irréversible, à toute forme
de vie végétale.
Notons qu'au cours des dernières années (et bien que des statistiques officielles soient impossibles à
obtenir!), les surfaces cultivées au niveau des franges inférieures des forêts ont été multipliées par 4
ou 5 (Quézel, 2000).
Un autre type de défrichement anarchique des forêts est celui qui se produit à proximité des
agglomérations. En effet une exploitation intensive conduit progressivement à leur disparition.
D’autres actions brutales comme les brûlis répétitifs, ou les jachères pâturées, favorisent le
défrichement.
Malgré plusieurs cris d'alarme, la situation ne risque que de s'aggraver dans les prochaines années
tant que la législation forestière n'est pas appliquée.
2.3.3. Menaces de la désertification sur la biodiversité
Rappelons que la désertification, conséquence de phénomènes tels que le défrichement ou le
surpâturage, englobe tous les processus de dégradation biologique quelles que soient leurs causes ou
l’endroit où ils apparaissent.
Le lien entre désertification et occupation humaine apparaît donc comme un concept généralisable
et la FAO propose que ce lien soit clairement exprimé par une définition plus précise: "la
désertification est l'ensemble des facteurs géologiques, climatiques, biologiques et humains qui
conduisent à la dégradation des qualités physiques, chimiques et biologiques des terres des zones
arides et semi-arides et mettent en cause la biodiversité et la survie des communautés humaines".
L’action de l’homme se traduit par un double effet défavorable sur la biodiversité végétale :
- La dominance, en raréfiant les populations de la plupart des espèces, et l'extension d'un tout
petit nombre d’espèces opportunistes;
- L’extinction de certaines espèces de la totalité de leur aire de répartition géographique.
Selon certaines estimations, 25 à 75000 espèces végétales devaient disparaître avant l’an 2000. Or,
60% de médicaments sont issus du règne végétal et on estime qu’une espèce sur 1000 à 10000
présente des propriétés pharmacologiques remarquables.
Par ailleurs, les causes du déclin des espèces animales de grande taille peuvent être multiples. Elles
sont directement liées la chasse à laquelle se livre l’Homme ou indirectement à des pressions
anthropozoogènes induisant la destruction des niches écologiques.
La réduction de la biodiversité est souvent présentée comme un problème environnemental, mais
ces causes fondamentales sont essentiellement sociales économiques et politiques. En effet, la
tendance à la monoculture (uniformité génétique) agricole et forestière sur de vastes territoires
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entraîne la disparition de nombreuses espèces de flore et de faune sauvage qui avaient besoin d’un
milieu diversifié pour se nourrir toute l’année et survivre.
La diversité génétique disparaît des champs cultivés au fur et à mesure des succès mêmes de
l’alimentation des plantes et l’intensification de l’agriculture. Il s'agit de l’érosion génétique qui se
manifeste selon trois niveaux :
- Diminution de la diversité interne aux variétés, par la généralisation de variétés génétiquement
homogènes ;
- Diminution du nombre des variétés cultivées au sein d’une espèce ;
- Diminution du nombre d’espèces cultivées.
Cette érosion génétique est reconnue comme étant la principale cause d’extinction des espèces
(FAO, 1993). Elle (l'érosion génétique) est, à ce titre, un index révélateur du déséquilibre et de la
dégradation des écosystèmes.
3. Evaluation des besoins en matière de renforcement des capacités nécessaires à l'atténuation du surpâturage, du défrichement et de la désertification et de leurs menaces qui pèsent sur la DB en général (quantification)
3.1. Etat des capacités actuelles
3.1.1. L'effort national global de préservation de la diversité biologique
Le développement industriel et socio-économique de l’Algérie n’a pas toujours tenu compte de
l’impact sur la qualité de l’environnement et sur la conservation des milieux des ressources
naturelles. Mais à partir des années 1980, cette lacune a été comblée par la définition et la mise en
œuvre d’une politique de préservation de la diversité biologique visant notamment :
- La préservation des sites présentant des écosystèmes originaux ou fragiles ;
- La protection des espèces rares ou menacées.
Cette politique, étant basée sur la préservation et l’utilisation durable des ressources naturelles, est
entamée par plusieurs acteurs dont les centres de recherche universitaires, les instituts de recherche,
les collectivités locales, les opérateurs économiques et les ONG. Un comité national est mis en
place pour le suivi permanent de cette politique.
Dans ce cadre, le lancement de l’inventaire de la faune et de la flore, au début des années quatre
vingt dix (1990), et son utilisation dans le développement économique visait comme objectif
l’identification des différentes composantes du patrimoine naturel national. A ce titre, treize (13)
unités de conservation et de développement (UCD), sous la tutelle de l'Agence Nationale pour la
conservation de la Nature (ANN) du Ministère de l'Agriculture, sont mises en place dans diverses
zones écologiques dont six (06) sont considérées comme prioritaires et représentatives des
écosystèmes fragiles à sauvegarder et à réhabiliter. La mission essentielle de ces UCD est la
coordination et le suivi des inventaires des ressources entrepris avec les différents établissements
techniques et scientifiques. Par ailleurs, pour la consolidation de cet inventaire, les différents
biotopes menacés doivent faire l’objet de protection stricte par la mise en place d’aires protégées, de
réserves naturelles ou intégrales et de différents parcs nationaux dont la gestion répond d’abord au
souci de sauvegarde et de réhabilitation.
En outre, sur le plan législatif, cette politique est consolidée par une réglementation riche en matière
de conservation de la nature à laquelle s’ajoutent les engagements internationaux d’envergure
s/régionale, régionale et mondiale. Cette législation tient compte également de la stratégie nationale
globale englobant tous les volets de préservation et de développement de la biodiversité en cours
d’élaboration.
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3.1.2. Stratégie de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique
L’Algérie a élaboré sa stratégie nationale de conservation et d’utilisation durable de la diversité
biologique sur la base d'un état des lieux de la biodiversité en Algérie et d’une identification précise
des options prioritaires à envisager dans le cadre d'un plan d'action national.
Ainsi, un programme de travail a été élaboré en coordination avec tous les secteurs concernés par la
protection et la gestion des ressources naturelles axée essentiellement sur la synergie avec les
conventions environnementales (CCD, CCC, CBD, RAMSAR, etc….). Les programmes identifiés
concernent cette synergie dans plusieurs projets réalisés ou en cours:
- Au sujet de la stratégie de la préservation de la biodiversité, l’Algérie, ayant pris conscience
des enjeux de sa diversité biologique, a mis en œuvre une politique de préservation de ses
ressources biologiques visant notamment la préservation des sites présentant des écosystèmes
originaux ou fragiles ainsi que la protection des espèces rares ou menacées d’extinction. A ce
titre, dans le but d’identifier son patrimoine en ressources, l’Algérie a entamé, depuis 1997,
l’inventaire national de la diversité biologique. Ainsi, dix (10) parcs nationaux et cinq réserves
naturelles, représentatifs des principaux écosystèmes du pays, ont été crées. Cette politique entre
également dans le cadre des engagements internationaux qui s'intègre dans le cadre d'une
stratégie nationale conforme aux dispositions de la convention sur la biodiversité biologique en
cours d’élaboration.
- Au sujet de la stratégie de la nouvelle technologie de la conservation de la biodiversité, la
compréhension des phénomènes environnementaux (la désertification notamment) passe
nécessairement par la représentation spatiale des informations à l'aide d'outils tels la
télédétection et les systèmes d'information géographique (SIG). En effet, ces outils offrent des
possibilités quant à la manipulation et l’analyse des données (voir exemple d'application en
annexe); il s'agit précisément de:
Mettre en place un dispositif permanent de suivi et d’évaluation de l'environnement et ceci à
travers la production, la collecte, le traitement de l'information dans le domaine de
l'environnement et du développement;
Illustrer à travers le traitement de l'information la nature et la dimension de l'interaction entre
l'environnement et le développement;
Fournir aux décideurs et aux planificateurs les moyens nécessaires à la mise en place d'un
développement durable.
- Au sujet de la stratégie du renforcement des capacités nécessaires à la réduction des risques menaçant la biodiversité, l’étude nationale sur la diversité biologique a retenu quatre objectifs
nécessaires à la dotation du pays en savoir-faire nécessaires à ces activités :
Objectif 1 : Mieux connaître la Diversité Biologique de l'Algérie:
Ce premier objectif vise à remédier aux insuffisances actuelles dans le domaine de la
connaissance de la Diversité Biologique et notamment des écosystèmes sous tous leurs aspects
(écologique, socio-économique et culturel), ainsi qu'à maintenir un état de connaissances tel qu'il
permet de planifier en temps voulu toute intervention dans le sens de la conservation et de
l'utilisation durable des ressources biologiques au bénéfice du développement socio-économique et
du bien être du citoyen. L'approche d'un tel objectif devra nécessairement passer par :
La mise à jour permanente d'inventaires qualitatifs et quantitatifs des ressources biologiques
terrestres et marines ;
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L’optimisation des connaissances sur les écosystèmes non perturbés, en vue de leur
conservation, et de ceux qui sont modifiés ou dégradés en vue de leur réhabilitation ;
L’étude et l'évaluation des conditions nécessaires à une utilisation durable de l’Agro-
biodiversité, notamment à travers la mise au point d'une approche intégrée de la gestion des
agro-systèmes ainsi que de l’usage de techniques agricoles appropriées ;
L’étude et l'évaluation des conditions nécessaires à une utilisation durable des ressources
marines aussi bien au niveau de la flore que de la faune à travers la mise au point d'une approche
intégrée de la gestion des " halieu-systèmes ";
L’évaluation du potentiel économique des ressources biologiques par le renforcement des
capacités nationales notamment dans les domaines de la formation et de la recherche en rapport
avec la Diversité Biologique.
Objectif 2 : Mettre en place les conditions favorables en vue de la planification d'une gestion durable de la Diversité Biologique en général et des écosystèmes en particulier:
Ce second objectif vise à améliorer et à harmoniser le cadre actuel institutionnel et juridique de
l'environnement et à mettre en place les outils et les instruments appropriés en vue de la
planification d'une gestion durable de la Diversité Biologique, impliquant toutes les parties
concernées, à savoir l'ensemble des utilisateurs directs et indirects, les décideurs et autres
administrateurs, les chercheurs et les enseignants, etc.
La réalisation d'un tel objectif passe par un certain nombre d'adaptations et de mesures, notamment:
Les textes législatifs et réglementaires ayant trait à la conservation, à l'accès et à l'utilisation des
ressources biologiques : Dans la situation actuelle, les textes sont nombreux, mais manquent de
cohérence ou d'harmonie et ne sont pas toujours appliqués en raison de l'absence de moyens ou
de dispositions d'application, et parfois de leur impact négatif sur les ressources biologiques. En
outre, ces textes et/ou mesures, souvent, n'intègrent pas les considérations d'ordre écologique et
socio-économique particulièrement dans le domaine marin;
Les rôles et prérogatives des institutions et administrations impliquées dans les activités ayant
trait à la conservation et à l'utilisation des ressources biologiques : Le manque de clarté, à
travers les actions entreprises par les diverses institutions et parties administratives concernées,
incite à une mise en cohérence au niveau :
Au niveau des approches d'intervention dont la nécessité d'une révision de l'attribution des
rôles entre les différentes parties concernées, étatiques ou privées soient-elles, s'avère
nécessaire. En effet, l'adoption d'une approche précise d'intervention intégrée, qui
favoriserait la participation effective de toutes ces parties concernées par la Diversité
Biologique, nécessite une approche participative de tous les utilisateurs de la Diversité
Biologique qui est à promouvoir et à définir sur la base de quelques essais pilotes permettant
de mieux appréhender les grandes actions.
Au niveau du renforcement des capacités nationales d'intervention dans le domaine de la
conservation et de l'utilisation durable de la Diversité Biologique; Elles sont actuellement
jugées limitées, qualitativement et quantitativement, et elles ne sont pas en mesure de
garantir une mise en œuvre efficace des politiques tracées par les pouvoirs publics dans ce
domaine.
Au niveau du suivi et de l'évaluation régulière des interventions dans le domaine de la
conservation et de l'utilisation de la Diversité Biologique dont l'insuffisance des dispositifs
et des organes de contrôle des stratégies et des programmes d'intervention ne permettent ni
de capitaliser les expériences du passé, ni de procéder aux ajustements éventuellement
nécessaires.
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Objectif 3 : Mieux sensibiliser, éduquer et informer
Ce troisième objectif vise à améliorer la prise de la conscience collective et à engager la
responsabilité du citoyen vis-à-vis de la conservation et de l'utilisation durable de la Diversité
Biologique. La réalisation d'un tel objectif suppose des efforts d'innovations dans les domaines de
la sensibilisation, de l'éducation, de la diffusion et de l'échange de l'information, en vue d'impliquer
l'ensemble des capacités nationales.
Objectif 4 : Elaborer et mettre en œuvre des programmes d'action dans les domaines d'intervention prioritaire
Ce dernier objectif vise à préparer et à mettre en œuvre à court et à moyen terme un certain
nombre d'actions en vue de contribuer à la restauration des divers éléments de la diversité
biologique dans les milieux les plus menacés ainsi qu'à la valorisation par une gestion durable, des
ressources biologiques, présentant un potentiel socio-économique et culturel remarquable.
L'évaluation et l'analyse effectuées dans le cadre de l’étude Nationale de la Diversité Biologique ont
permis de relever les domaines prioritaires suivants comme étant les plus prioritaires en raison de
leur importance écologique, économique, sociale et culturelle. Il s'agit notamment:
- Des aires protégées : Un réseau, représentatif des principaux écosystèmes et paysage, a été
identifié. Néanmoins, les aires protégées actuellement font l'objet de pressions anthropiques qui
constituent une menace sérieuse à leur intégrité et, par conséquent, nécessitent la mise en place
de plans de gestion spécifiques et rationnels.
- De la gestion intégrée et durable des agro-systèmes, les écosystèmes forestiers et pastoraux et les halieu-systèmes : Ces écosystèmes présentant un intérêt socio-économique important et
font l'objet d'une pression anthropique sans cesse croissante. Ceci n’est pas compatible avec une
utilisation durable des ressources abiotiques et biotiques de ces milieux.
- De la gestion côtière et marine : Les milieux littoraux constituent des zones sensibles qui
subissent actuellement de nombreuses agressions directes et indirectes menaçant fortement leur
biodiversité. Le réseau de surveillance du littoral existant doit être renforcé au niveau spatial
(tout le littoral), et doit intégrer les principales composantes biotiques. L'impact du tourisme sur
le milieu côtier et marin est à prendre en considération dans la gestion de ces écosystèmes.
- De la protection des éléments ou composantes vulnérables de la Diversité Biologique : L’étude Nationale sur la Diversité Biologique a répertorié les menaces de dégradation ou de
disparition de ressources génétiques. Elle a mis en évidence la vulnérabilité d'espèces ou
groupes d'espèces ou d'écosystèmes entiers qu'il faudrait préserver en priorité.
- De la sensibilisation, de l’éducation et de l'information : S'agissant d'un domaine qui
concerne d'une manière ou d'une autre l'ensemble des catégories sociales, il est impératif de
chercher à impliquer d’une manière effective tous les citoyens à travers la sensibilisation,
l’éducation et l'information. La notion de la Diversité Biologique représente une vision nouvelle
de la conservation, de l'utilisation durable et de la valorisation du potentiel des ressources
naturelles.
- De la promotion des techniques et des biotechnologies qui concourent à la protection et au maintien de la diversité biologique : Dans les domaines de production forestière et agricole
(amélioration génétique des espèces, mise au point de bio-pesticides et bio-fertilisants,
assainissement des eaux et des sols, valorisation des résidus,...), il est nécessaire de développer
le transfert technologique, de créer des centres d'excellence et d'appuyer ce transfert entre les
centres de recherche et l’industrie. Il est nécessaire de favoriser l'élaboration d'une
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réglementation sécuritaire des produits issus de la biotechnologie en particulier les organismes
génétiquement modifiés.
3.1.3. Domaines d’intervention prioritaires
Compte tenu des résultats des études et en fonction des orientations proposées en matière de
stratégie nationale pour la conservation et d'utilisation durable de la biodiversité et des ressources
biologiques, les domaines suivants ont été retenus comme étant les plus prioritaires en raison de leur
importance écologique, économique et socioculturelle :
- La gestion des aires protégées visant la durabilité de la Diversité Biologique: Les aires
protégées font l'objet de fortes pressions des milieux environnant ce qui constitue une menace
sérieuse à leur intégrité, notamment en l'absence de plans de gestion adéquats qui soient en
harmonie avec les développements récents de la politique nationale dans le domaine.
- La gestion intégrée des agro-systèmes visant la durabilité de la Diversité Biologique: Les
études ont montré l'importance biologique et socio-économique des systèmes agricoles et de
leur impact sur la durabilité des ressources naturelles et sur l’équilibre et le fonctionnement
durable des écosystèmes naturels. Certains itinéraires techniques devraient être mieux infléchis
dans le sens d’un impact plus doux des systèmes agricoles sur leur environnement. En outre,
l’exploitation des couverts végétaux naturels, de type cueillette, doivent laisser la place à des
systèmes d’exploitation et de gestion adéquats de la flore naturelle.
- La gestion intégrée des halieu-systèmes visant la durabilité de la Diversité Biologique: Plusieurs biotopes des eaux continentales (cours d’eau, retenues collinaires, barrages), des
milieux humides littoraux (sebkhas, chotts, Gueltas, oasis, lacs, etc.) et de certaines lagunes sont
souvent variables et, quelque fois, mal définis ou encore inconnus. Dans ces cas, il faut
distinguer chaque type d’écosystème et présenter, en détail, chaque site à part. Dans le cas du
milieu marin, il faut opter pour des secteurs représentatifs de tout le littoral, qui soient
caractéristiques, homogènes et répartis uniformément.
3.2. Besoins en matière de renforcement des capacités: besoins organisationnels, institutionnels, matériels, humains, financiers, juridiques et législatifs (taxes, impôts, textes à mettre en place et/ou à modifier)
3.2.1. Les espoirs de retour à une dynamique progressive
1) Les changements de mentalités (dans l'approche du pastoralisme): Il y a quelques années, le
pasteur était considéré avec mépris. C'est un prédateur exclu systématiquement de tous les projets
qui le concernent en premier chef. Il n'était pas sensé savoir ce qui est bon pour lui-même. Les
actions de développement suscitaient donc son indifférence et bien souvent son opposition.
Aujourd'hui, son savoir-faire, basé sur une connaissance séculaire de son milieu lui est reconnu.
Techniciens du développement et scientifiques sont graduellement passés d'une attitude d'exclusion
et de mépris à une démarche participative dans les années 70. Depuis les années 80, gouvernants,
agents de développement et scientifiques adoptent une attitude ethnoncentriste et associative. On
reconnaît désormais qu'un projet ne peut aboutir que s'il est global et porté par la population cible.
Les ONG ont également abandonné l'assistanat. Les projets en cours sont multi directionnels et
s’appuient sur des institutions traditionnelles qu'on tente de réactiver.
2) Le volet foncier et juridique: La prise de conscience est générale. Chaque année des rencontres
internationales se tiennent. Des formes d'organisation variées sont expérimentées un peu partout.
3) Les progrès techniques et scientifiques: Le potentiel de progrès technique et scientifique, prêt à
être appliqué, est important mais les freins à son exploitation sont les sempiternels problèmes de
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moyens d'organisation d'hommes formés et compétents, de règles de fonctionnement consensuel.
Par conséquent, la désertification des milieux arides n'est que l'une des facettes du sous
développement. Protéger les milieux arides passe par le développement des sociétés concernées.
3.2.2. Apport de la géomatique pour l'éco-aménagement des systèmes écologiques fragilisés
3.2.2.1. Approche à envisager pour le développement des zones arides et la conservation de la biodiversité
Après notre bref exposé sur « la problématique générale de la désertification des zones arides »
nous retenons que la dynamique régressive des écosystèmes arides n’est que la manifestation d’une
dynamique socio-économique, caractérisée par une forte démographie et des méthodes
d’exploitation du milieu de plus en plus agressives.
Souvent des études plus au moins sectorielles consacrées à la désertification, établissant des
diagnostics à posteriori sur l’état du milieu, peuvent conduire à des attitudes plus réparatrices que
préventives: on agit sur les effets et non sur les causes. Par conséquent on en est en dessous des
espérances pour trois raisons essentielles:
1) Les surfaces traitées ne peuvent être que marginales par rapport aux espaces dégradés. La
situation économique du pays ne permet, dans aucun cas, de dégager des ressources suffisantes pour
infléchir une dynamique de dégradation par une dynamique de restauration;
2) Le traitement technique de la dégradation n’est pas toujours accueilli favorablement par les
populations qui peuvent le juger inadapté à leurs intérêts. Il s’ensuit que, tôt ou tard, la dynamique
régressive revient ;
3) Bien que disposant d’une certaine avance, les connaissances phytoécologiques ne permettent pas
encore de maîtriser les espèces clés de voûte à introduire ou réintroduire pour rétablir l’ancien
équilibre ou créer un nouvel équilibre mieux adapté aux modes d’utilisation de l’espace.
Beaucoup de travaux consacrés à la mise au point de modèles de gestion rationnels (Algérie,
Tunisie) ou de modèles prévisionnels des ressources, afin de réagir à temps par des actions de
régulation, ont également connu peu d’application sur le terrain. On bute toujours sur les éternels
problèmes de rigidités structurelles et de pénurie de moyens: passer de la compréhension d’un
phénomène à l’action n’est pas évident. Aussi efficaces que soient les techniques, elles doivent,
pour être appliquées, rencontrer sur le terrain des structures réceptives et propices au changement et
c’est précisément là le principal blocage car bien souvent l’efficacité de la lutte contre la
désertification dépend davantage des changements qualitatifs que du volume de ressources qui lui
seront consacrées.
Depuis la fin des années quatre-vingts, les approches holistiques des phénomènes de désertification
et plus largement du développement agro-pastoral se sont bien répandues. On reconnaît désormais
qu’il faut raisonner en termes de «développement participatif » et «durable ».
En matière de lutte contre la désertification, cette nouvelle approche consiste essentiellement à
stimuler et accompagner l’évolution des systèmes agro-pastoraux vers des formes d’exploitation qui
concilient les intérêts des populations et l’équilibre écologique.
Les rappels précédents montrent l’intérêt de se placer dans un contexte de recherche-action et
d’observer les deux règles ci-après:
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1) Réunir dans une même approche, la dynamique socio-économique et la dynamique biophysique,
car ce n’est qu’en saisissant correctement les interactions entre ces ceux dynamiques que l’on peut
envisager les changements structurels qui auront un impact sur l’exploitation du milieu;
2) Utiliser des méthodes d’analyse et des échelles de perception qui soient reconnues et admises à la
fois par le chercheur, l’agent de développement et l’agro-pasteur. Il est, en effet, difficile d’engager
une action de développement concertée si les participants ne parlent pas le même langage ou
utilisent des échelles d’appréciation différentes.
En effet, le constat désertification = crise de gestion des ressources étant largement reconnu, on
admettra que la confrontation des ressources disponibles aux modalités d’utilisation exprimera
l’intensité des pressions humaines et par conséquent les dynamiques prévisibles.
Ce sont ces deux éléments fondamentaux, ressources naturelles- mode d’utilisation par l’homme,
qui concentrent l’attention des groupes sociaux en présence et des institutions impliquées dans les
milieux arides.
En définitive c’est autour de ces deux éléments que vont se déployer les stratégies des uns et des
autres.
C’est bien là le point de départ de toute action de développement concertée. Techniciens et agro-
pasteurs sont conduits à raisonner en termes de potentialités et de pratiques d’exploitation.
Dans les milieux arides, les ressources les plus convoitées sont les sols, la végétation et l’eau.
Chacune de ces ressources peut être identifiée par les spécialistes (agronomes, pédologues,
hydrologues, économistes, écologues... ) par un grand nombre d’indicateurs.
De même que pour les ressources, les modes d’exploitation s’expliquent par une multitude de
variables (naturelles, sociales, économiques, juridiques,....) interactives.
Dans le cadre d’une étude, qui se veut intégrée et simplificatrice, il est préférable de choisir des
indicateurs synthétiques. Les approches factorielles classiques exigeantes en pluridisciplinarité, en
moyens d’investigation et en temps sont difficilement reproductibles sur tous les sites.
Les indicateurs suivants doivent être connus:
1) Les potentialités :
a) Sols: éléments associés à la capacité de rétention :
Il est évident que les terres de meilleure qualité sont les plus appréciées soit pour leurs
potentialités de production, soit pour leur aptitude à la mise en culture. En milieu aride le facteur
limitant par excellence est l’eau. En priorité, il s’agit de connaître la capacité de rétention pour l’eau
(en tenant compte des facteurs climatiques et topographiques) par rapport aux critères habituels de
fertilité.
Deux voies méthodologiques peuvent être proposées: l’approche par les identifiants et celle par
l’humidité rémanente.
b) Ressources végétales: offre fourragère :
Les systèmes agro-pastoraux, pratiqués actuellement dans les milieux arides, sont marqués par la
diversité des ressources végétales. Il est donc difficile de pouvoir juger des stratégies d’exploitation
des ressources par la seule végétation produite par les parcours. C’est la raison pour laquelle il est
préférable de parler d’espaces pâturés.
L’attractabilité qu’exerce la végétation de ces espaces sur les hommes et les troupeaux pourrait
s’expliquer par la quantité (phytomasse) et la qualité (valeur pastorale) de leur végétation fourragère
utile.
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c) Eaux: étages bioclimatiques et réserves disponibles :
Là encore, l’intérêt est à porter sur la part utile des eaux pluviales et mobilisables. En effet, si les
gradients climatiques le justifient, il est souhaitable d’envisager de relier les données
météorologiques enregistrées au sol aux données de télédétection pour approcher les pluies utiles.
Les réserves accessibles et prouvées (eau pour l’abreuvement et l’irrigation) doivent être également
cartographiées parce qu’elles sont au centre de toutes les appréciations sur la valeur du milieu.
2) Pratiques d’exploitation : le système de production:
Le système de production pourrait être retenu comme un indicateur synthétique qui exprime les
stratégies humaines, face aux contraintes et opportunités qui caractérisent les milieux. humain et
naturel. Il s’agit du lien concret entre les deux dynamiques, biophysique et humaine.
L’analyse de chacun des éléments du couple ressource - exploitation ainsi que leur spatialisation
nécessitent des méthodes qui leurs sont particulières, générant des couches d’information du SIG,
qui s’articuleront comme suit:
- Le sol, l’offre fourragère, l’eau seront cartographiées et combinées pour découper le site étudié
en zones équipotentielles.
- Parallèlement une enquête socio-économique approfondie sera consultée pour caractériser et
comprendre le fonctionnement des systèmes de production, notamment les pratiques
d’exploitations.
- Une représentation cartographique des différents systèmes de production peut être entreprise
aux regards de critères qui leurs sont fortement corrélés et qui se prêtent à une spatialisation
(cartographie ethno-lignagére et socio-foncière...).
- Localisés dans leurs zones de potentialités respectives, ceux ci expriment en principe des
zones de potentialités et de pratiques d’exploitation, c’est à dire des unités de réflexion de
concertation et d’action pour lutter contre la désertification.
L’évaluation des ressources fondée sur les techniques modernes de géomatique, et couplée avec une
étude socio-économique et écologique parait d’un grand intérêt, à condition de veiller à adapter les
outils au contexte de recherche-action.
Les nouvelles technologies de l’information spatialisée ont suscité beaucoup d’espoirs en matière de
lutte contre la désertification, mais leur impact sur la lutte elle-même reste limité, bien que ces
dernières aient largement contribué à mieux comprendre et surveiller le phénomène. Un effort
d’adaptation au contexte de recherche-action reste donc à faire.
En effet, de l’avis de nombreux observateurs, la chaîne recherche-développement de ces
technologies, bien que renforcée au sommet, n’atteint pas suffisamment l’utilisateur final.
L’idée de mettre les outils modernes d’investigation au service des utilisateurs n’est pas
d’aujourd’hui. Déjà en 1990, la nécessité de développer des logiciels peu coûteux sur des outils
micro-informatiques a été avancée. En effet dans une phase d’apprentissage et d’évaluation de
l’outil télédétection, aucune structure raisonnable ne peut investir dans des équipements lourds.
Les méthodes de traitements des données doivent également être simplifiées ou plus précisément
adaptées aux moyens d’investigation des collaborateurs locaux. Les pertes de performances dues à
la modestie des équipements et des appareils de mesure peuvent être largement compensées par un
atout majeur: la plus grande possibilité d’interprétation des données grâce à la connaissance du
terrain par les partenaires locaux et à leur proximité des sites, ce qui autorise un nombre
d’observations et de contrôles moins restrictifs. Associée à une bonne connaissance du terrain,
l’exploitation de la valeur composite pixel peut s’avérer un raccourci avantageux, par rapport aux
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démarches analytiques qui consistent pour chaque investigateur à détecter des objets concernant sa
propre discipline.
Pour assurer l’utilisation des acquis et la continuité des programmes, il est utile d’inclure dans le
partenariat des opérationnels de terrain, déjà impliqués dans une action et demandeurs de
collaboration.. Il ne s’agit pas de chercher des partenaires pour mener des travaux, mais bien de se
greffer sur un « chantier en cours ». Autrement dit cette recherche doit répondre directement ou
indirectement à des besoins exprimés localement.
En conséquence, il est nécessaire voire indispensable que le dispositif de partenariat comprenne des
structures de recherche et des structures opérationnelles qui ont des responsabilités de gestion sur le
site. On pourra réunir ainsi, autour d’un thème et d’une interface d’exploitation de données géo-
référencées fédérateur, des scientifiques et des praticiens.
Par ailleurs cette attitude associative sera également adoptée en cours d’élaboration et de validation
des produits cartographiques vis à vis des agro-pasteurs. En effet, le développement durable parait
peu probable en l’absence de participation en phase d’investigation. Il est nécessaire d’associer, non
seulement les praticiens de terrain mais aussi de tenir compte des savoirs traditionnels des usagers
et de leur propre «perception de la ressource », qui sont fondamentaux dans le choix des pratiques
d’exploitation.
Notre travail de recherche sera dirigé sur les écosystèmes arides (versant méridional de l’atlas
saharien) et tente de s’intégrer dans cette nouvelle dynamique.
3.2.2.2. Objectifs visés par les recherches écologiques à l'aide de l'outil géomatique
Pour ces choix techniques et méthodologiques, qui doivent prévaloir dans une telle vision, une
démarche peut être préconisée dans notre travail pour:
- Analyser les systèmes écologiques à l’aide de la télédétection spatiale;
- Concevoir une base de données géocodées, organisées en «référentiel de terrain », fonctionnant
comme un SIG en mode raster.
Dans notre recherche nous tenterons donc de mettre en place une approche méthodologique visant à
contribuer aux objectifs suivants :
1) Des objectifs principaux :
a) Analyser les systèmes écologiques en utilisant des données de télédétection et des données
exogènes, dans une logique SIG, en appliquant les techniques du référentiel de terrain déjà
acquises ;
b) Comprendre les relations entre dynamique socio-économique et dynamique écologique à
travers les rapports ressources- systèmes de production ;
c) Créer une base de données cartographiques adaptée à des actions concertées de
développement en intégrant dans le processus cartographique les visions des scientifiques, des
praticiens et des agro-pasteurs.
2) Des objectifs thématiques :
a) Télédétection de paramètres associés aux unités écologiques homogènes ;
b) Exploitation de la complémentarité des données de télédétection et des données collatérales
pour évaluer ces unités écologiques ;
c) Proposer des orientations d’aménagement pour chacune des unités (Unités Spatiales
d’Aménagement) correspondant aux unités écologiques homogènes.
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3) Des objectifs méthodologiques :
a) Développer des méthodes de télédétection et de cartographie simples peu coûteuses et
adaptées aux besoins des opérationnels de terrain pour assurer un maximum de transferts
scientifiques et techniques ;
b) Exploiter le caractère composite du pixel en essayant de détecter directement des
descripteurs synthétiques, sans devoir passer par les classiques cartes factorielles, trop longues à
obtenir.
3.2.2.3. Exemple d'application de la géomatique: Analyse et synthèse des données du milieu de la zone test d'El Bayadh
(voir en annexe)
3.2.3. Besoins en matière de renforcement des capacités
Toutes les parties concernées par la diversité biologique ou/et le phénomène désertification
reconnaissent l'importance du renforcement des capacités tant locales que nationales voire
internationales.
Globalement, ce renforcement concernera les institutions, la formation, le développement des
capacités locales et nationales pertinentes pour lutter contre la désertification, etc..
Plus particulièrement, il s'agit de promouvoir des actions pour :
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
(8)
Renforcer les capacités de formation et de recherche au niveau national dans le domaine de la
désertification et de la sécheresse ;
Créer des services d'appui et de vulgarisation, et/ou les renforcer, pour assurer une diffusion
plus efficace des technologies et des méthodes pertinentes, et pour former des vulgarisateurs et
des membres des organisations rurales aux méthodes participatives de conservation et
d'utilisation durable des ressources naturelles;
Encourager l'utilisation et la diffusion des connaissances, des savoir-faire et des pratiques des
populations locales dans le cadre des programmes de coopération technique, chaque fois que
cela est possible ;
Adapter, si nécessaire, les technologies écologiquement rationnelles et les méthodes
traditionnelles d'agriculture et de pastoralisme pertinentes aux conditions socio-économiques
modernes ;
Dispenser une formation appropriée relative à l'utilisation des sources d'énergie de substitution,
en particulier des sources d'énergie renouvelables, et de fournir les technologies voulues afin,
notamment, de réduire la dépendance à l'égard du bois de chauffage ;
Mettre au point et exécuter des programmes dans le domaine de la collecte, de l'analyse et de
l'échange d'informations dans le cadre de la coopération et des accords internationaux ;
Promouvoir de nouveaux moyens d'existence, y compris la formation en vue de l'acquisition de
nouvelles qualifications, grâce à des formules novatrices;
Former des décideurs, des gestionnaires ainsi que du personnel chargé de la collecte et de
l'analyse des données, de la diffusion et de l'utilisation des informations sur la sécheresse
fournies par les systèmes d'alerte précoce et de la production alimentaire;
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(9)
(10)
(11)
(12)
(13)
(14)
(15)
(16)
(17)
Contribuer à un meilleur fonctionnement des institutions et des cadres juridiques nationaux
existants et, si nécessaire, créer de nouvelles institutions et de nouveaux cadres capables de
renforcer la planification dite écologique ;
Initier des programmes d'échange de personnel afin de renforcer les capacités dans
l'ensemble des pays touchés par les problèmes ;
Organiser des campagnes de sensibilisation pour promouvoir, de façon permanente, l'accès
du grand public aux informations pertinentes, ainsi qu'à une large participation de ce dernier aux
activités d'éducation et de sensibilisation ;
Encourager la création d'associations qui contribuent à sensibiliser le public;
Mettre au point et échanger du matériel éducatif et de sensibilisation du public, si possible
dans les langues locales;
Echanger et détacher des experts pour former le personnel des pays en développement
touchés par le problème;
Evaluer les besoins en matière d'éducation dans les zones touchées et, par voie de
conséquence, élaborer des programmes scolaires appropriés et développer, selon les de besoins,
des programmes éducatifs et d'alphabétisation des adultes pour offrir à tous, en particulier aux
filles et aux femmes, les moyens pour des actions d'identification, de conservation et
d'utilisation ou de gestion durable des ressources naturelles des zones touchées ;
Mettre au point des programmes participatifs pluridisciplinaires qui intègrent la
sensibilisation aux problèmes de désertification et de sécheresse dans les systèmes d'éducation
et dans les programmes d'enseignement extrascolaire, d'éducation des adultes, de
téléenseignement et d'enseignement pratique.
Créer et/ou renforcer des réseaux de centres régionaux d'éducation et de formation pour
lutter contre la désertification et atténuer les effets de la sécheresse. Ces réseaux sont
coordonnés par une institution créée ou désignée à cet effet afin de former du personnel
scientifique, technique et de gestion et de renforcer les institutions chargées de l'éducation et de
la formation dans les pays touchés. Ces réseaux, dans un souci d'harmonisation des programmes
et d'organisation des échanges d'expériences, doivent coopérer étroitement avec les
organisations intergouvernementales et non gouvernementales compétentes pour éviter les
redondances.
4. Partage des responsabilités entre les différentes parties concernées et/ou les partenaires impliqués
Pour ce point, un état des lieux est nécessaire pour identifier tous les partenaires impliqués et, par
conséquent, mettre en cohérence la participation de chaque partie et/o partenaire impliqué. Dans ce
cadre, le Conseil National de l'Information Géographique (CNIG) a initié, par le biais de ses
commissions permanentes spécialisés, notamment la commission "SIG et Normalisation", des
actions pour mettre au point une stratégie nationale en matière de gestion des "ressources naturelles
partagées".
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5. Mécanismes de financement et de gestion du financement pour amener les différents partenaires à atténuer les risques de surpâturage, du défrichement et de la désertification
Etant donné l'une importance fondamentale des moyens de financement pour atteindre les différents
objectifs, toutes les parties concernées ne doivent ménager aucun effort, dans la mesure de leurs
capacités, pour faire en sorte que des ressources financières adéquates soient dégagées en faveur de
programmes de lutte contre la désertification et d'atténuation des effets de la sécheresse.
A cet égard, il s'agit de :
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
Mobiliser des ressources financières adéquates pour mettre en œuvre les programmes d'action
nationaux ;
Mobiliser d'importantes ressources financières, y compris sous forme de dons et de prêts, pour
appuyer la mise en œuvre de programmes visant à lutter contre la désertification;
Promouvoir la mobilisation de ressources financières adéquates, prévisibles et en temps voulu, y
compris de fonds nouveaux et additionnels fournis par le fond pour l'environnement mondial,
pour financer les coûts supplémentaires convenus des activités se rapportant à la désertification
qui relèvent de ses quatre principaux domaines d'action, conformément aux dispositions
pertinentes de l'instrument portant création du dit fond;
Faciliter, grâce à la coopération internationale, le transfert de technologies, de connaissances et
de savoir-faire et d'étudier, en coopération avec les pays en développement touchés, des
méthodes novatrices et des incitations possibles pour mobiliser et acheminer des ressources, y
compris celles de fondations, d'organisations non gouvernementales et d'autres entités du
secteur privé, en particulier les conversions de créances et d'autres moyens novateurs qui
permettent d'accroître le financement en réduisant la charge de la dette extérieure ;
Mobiliser des ressources financières pour améliorer qualitativement tous les mécanismes et
sources de financement nationaux, bilatéraux et multilatéraux recourant à des consortiums, des
programmes communs et des financements parallèles notamment les financements du secteur
privé et des organisations non gouvernementales. A cette fin, il s'agit de mettre en application
les mécanismes opérationnels mis au point dans les différentes procédures des conventions.
Rationaliser et renforcer la gestion des ressources déjà allouées à la lutte contre la désertification
et à l'atténuation des effets de la sécheresse en les utilisant de manière plus efficace et efficiente
et évaluer leurs succès et leurs échecs, en supprimant les entraves à leur emploi efficace.
6. Stratégie en matière de renforcement des capacités nécessaires à la réduction des risques de surpâturage, du défrichement et de la désertification menaçant la diversité biologique locale et globale
Pour renforcer les capacités nécessaires à la réduction des risques de surpâturage, du défrichement
et de la désertification menaçant la diversité biologique locale et globale, il est nécessaire de mettre
au point des stratégies de conservation de la flore, de la faune, de l'agrobiodiversité, de la
biosécurité et celles de la répartition juste et équitable des bénéfices émanant de l'exploitation des
ressources biologiques et enfin de l'utilisation durable des ressources naturelles:
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6.1. Stratégie de conservation de la flore
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
(8)
(9)
Promouvoir des études d'inventaire et d'évaluation de la flore dans tous les écosystèmes du pays
pour contribuer à :
- Renforcer les capacités en matière de taxonomie en favorisant la formation des botanistes
qualifiés ;
- Identifier, inventorier et localiser les espèces endémiques, les espèces rares ou menacées de
disparition en vue de leur conservation ex-situ ;
- Evaluer en permanence le statut des espèces et des écosystèmes naturels de manière à prévenir
leur disparition ;
- Adopter et prendre des mesures appropriées pour sauvegarder les espèces et les écosystèmes
menacés et vulnérables ;
- Favoriser la restauration des écosystèmes dégradés.
Renforcer le réseau d'aires protégées existant en y intégrant celles en perspective, de façon à
assurer la protection de la biodiversité sur une grande portion du territoire national ;
Favoriser la création et le développement des institutions et les programmes de conservation ex-
situ au niveau du pays ;
Réduire les impacts de l'exploitation des ressources fourragère et énergétiques sur la
biodiversité ;
Impliquer les populations et plus particulièrement les femmes dans l'identification et la solution
des problèmes de dégradation des ressources végétales ;
Favoriser le libre accès de l'information concernant la diversité biologique à travers les
programmes d'éducation, de formation, de sensibilisation, et les activités régulières de diffusion
;
Tenir compte de l'aspect conservation dans les différents secteurs de l'économie en assurant une
prise en compte des objectifs de conservation dans les législations nationales;
Promouvoir une concertation permanente en matière d'utilisation et de gestion durable des
ressources végétales en mettant en place le cadre institutionnel et administratif favorisant la
concertation intersectorielle et interministérielle et la participation des populations en matière de
conservation des ressources de la biodiversité;
Valoriser la commercialisation de certaines espèces à potentiel économique élevé tout en
respectant les capacités de maintien de ces espèces ainsi que celles de leurs habitats.
6.2. Stratégie de conservation de la faune
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
Impliquer les populations locales dans la gestion des ressources naturelles ;
Parvenir dans un bref délai à une meilleure gestion des aires protégées dédiées à la faune
existante en œuvrant notamment à :
- Former des agents qualifiés ;
- Acquérir des moyens financier et matériel adéquats ;
- Réhabiliter les centres de formation forestière ;
Créer de nouveaux parcs nationaux et des réserves de faune ;
Réintroduire les espèces très menacées ou disparues dans un délai raisonnable.
Promouvoir l'installation de fermes à gibiers pour garantir la pérennité de la ressource et accorder la
priorité aux espèces les plus appréciées par la population ;
Valoriser au mieux la faune en développant les activités génératrices de revenus telles que
l'écotourisme.
Organiser de façon rationnelle la transhumance, ceci dans le but d'éviter la concurrence directe
entre le cheptel et la faune sauvage en éloignant les couloirs de transhumance des parcs et
réserves de faunes et en renforçant les programmes de santé animale;
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(7)
(8)
Lutter contre la désertification par la promotion de l'éducation environnementale en vue d'une
utilisation rationnelle et de la conservation des ressources biologiques;
Lutter contre le braconnage en impliquant l'armée et les populations riveraines dans la
surveillance des parcs et des aires protégées.
6.3. Stratégie de conservation des zones humides
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
Promouvoir une connaissance approfondie des zones humides en mobilisant les compétences et
les ressources financières pour procéder à l'inventaire et l'évaluation tant écologique
qu'économique ;
Encourager la préservation des zones humides vulnérables en vulgarisant les pratiques
d'utilisation rationnelle des ressources en initiant des actions pour:
- Identifier et maîtriser les facteurs qui provoquent la dégradation des écosystèmes aquatiques ;
- Identifier, restaurer et protéger les zones humides dégradées ;
- Renforcer la lutte contre le braconnage des animaux aquatiques.
Redynamiser les services concernés pour un suivi écologique efficace des zones humides et
renforcer les capacités opérationnelles de la Direction Générale des Forêts ;
Mettre en place un comité national de conservation de zones humides comprenant toutes les
partenaires potentiels (pouvoirs publics, ONG, société civile, université, etc.).
Renforcer et promouvoir les capacités en matière de gestion des zones humides en matière de
formation des spécialistes et de sensibilisation des utilisateurs.
6.4. Stratégie de conservation de la biodiversité
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
(8)
(9)
(10)
(11)
Initier des études débouchant sur une typologie des zones agro-écologiques homogènes à l'aide
de l'outil géomatique et l'identification des zones d'Actions Agro-Sylvo-Pastorales avec des
orientations sur les espèces animales et la charge supportables;
Favoriser l'intégration ou l'association agriculteur / éleveur ;
Améliorer les ressources agricoles par le renforcement, la caractérisation et l'évaluation des
collections de référence (conservation in situ et ex-situ) :
Identifier et inventorier les principales ressources agricoles de base et les ressources principales
et secondaires.
Assurer la promotion, la mise en valeur et la commercialisation des espèces secondaires et
celles qui sont sous-exploitées.
Intensifier les systèmes de production par des actions capables de :
Mettre en place un programme d'amélioration de la fertilité et de la conservation des sols (agro-
foresterie, compostage, etc....) ;
- Faire respecter la durée de la jachère pendant au moins 5 ans ;
- Faire appliquer les bonnes pratiques culturales ;
- Renforcer les capacités techniques des productions ;
- Utiliser du matériel végétal sain, tolérant aux principales maladies.
Assurer l'auto-promotion paysanne des solutions et des stratégies adoptées ;
Publier des textes juridiques limitant l'introduction des parasites et ravageurs nouveaux à travers
le matériel végétal en procédant notamment au :
- Renforcement de la police phytosanitaire aux frontières ;
- Mettant en place des centres de quarantaine végétale.
Mettre en place des structures de gestion et de conservation des ressources phytogénétiques
(renforcement ou création de laboratoires de cultures des tissus et de centres semenciers) ;
Promouvoir le crédit agricole et le partenariat;
Réactualiser le calendrier agricole actuel selon les zones agro-climatiques homogènes.
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6.5. Stratégie de conservation des espèces animales locales
(1)
(2)
(3)
(4)
Assurer la protection et la restauration des parcours pastoraux dégradés en :
sensibilisant les éleveurs / agriculteurs / chasseurs sur les conséquences du surpâturage, le
défrichement et la désertification ;
- Evaluant les superficies dégradées et les espèces appétées menacées ou détruites ;
- Semant les espèces végétales appétées par les animaux au niveau des parcours dégradés ;
- Intégrant la culture fourragère dans les systèmes de cultures ;
Renforcer les aspects sanitaires en :
- Redynamisant le contrôle sanitaire aux frontières ;
- Elargissant les aspects sanitaires relatifs au petit bétail à travers les associations socio-
professionnelles ;
- Facilitant l'accès au métier de pharmacien vétérinaire ;
Renforcer les programmes de recherche / développement et ceux des institutions universitaires;
Promouvoir la recherche scientifique et la formation technique notamment dans les domaines de
la taxonomie des espèces animales et la conservation des parcours agro-sylvo-pastoraux.
6.6. Stratégie pour prévenir les risques biotechnologiques
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
Appliquer le principe de précaution en ce qui concerne l'introduction et l'utilisation de tout
organisme vivant ou modifié par des actions aptes à :
- Renforcer la police phytosanitaire et zoo-sanitaire aux frontières ;
- Mettre en place un centre de quarantaine végétal et /ou animal ;
- Contrôler et éradiquer les organismes vecteurs des maladies ;
- Doter le pays d'une loi phytosanitaire adaptée à la conservation et à l'utilisation durable des
ressources de la biodiversité.
Assurer l'inventaire du potentiel de la biotechnologie, leurs usages et les institutions par :
L'identification des éléments de la biosécurité, leur utilisation et les risques liés à cette utilisation ;
- L'identification des éléments de la biotechnologie (plantes, animaux locaux) susceptibles
d'amélioration génétique pour faire face à certains éléments de la biosécurité qui mettent en
péril les ressources biologiques ;
- La gestion, la surveillance et la maîtrise des effets négatifs sur les ressources biologiques.
Renforcer la conservation in situ et ex situ des espèces locales par la formation et la mise en
place des structures de la biotechnologie et de la biosécurité.
Identifier les besoins nécessaires pour mettre en place des structures chargées de la gestion et de
l'utilisation durable de la biotechnologie ;
Mettre en place des structures et former des cadres nationaux compétents dans le domaine de la
biotechnologie et de la biosécurité et plus particulièrement :
Mettre en place des programmes spécifiques sur la biosécurité ;
Equiper les laboratoires, enrichir les bibliothèques spécialisées et améliorer les conditions de travail
de toute personne qui travaille dans la biosécurité.
Assurer le contrôle ou la maîtrise des espèces reconnues comme nuisibles à la biosécurité en
menant des actions pour :
- Cibler les sites, les espèces ou les groupes systématiques ;
- Mettre en place des programmes de recherche afin de disposer des données scientifiques pour
prendre des mesures de prévention et de conservation appropriées;
- Encourager les campagnes de surveillance et de lutte contre les organismes nuisibles à travers
les structures compétentes ;
Promouvoir la coopération technique et scientifique sous régionale, régionale et internationale
dans le domaine de la formation, de la recherche scientifique et technique sur la biosécurité par
des initiatives telles :
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- La participation des experts nationaux aux diverses rencontres internationales en matière de
biotechnologie et de biosécurité ;
- L'élaboration de programmes de jumelage inter-universitaire et interministériel Sud-Sud et
nord-sud dans le domaine de la biotechnologie et de la biosécurité.
(8) Mettre en place des programmes pour rechercher les fonds et l'assistance du pour l'élaboration
d'une stratégie nationale et un plan d'action en biotechnologie et biosécurité.
6.7. Stratégie pour le partage équitable des avantages découlant de la mise en valeur des ressources biologiques
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
Impliquer les communautés locales, dans la gestion et le partage juste et équitable des bénéfices
résultant de l'exploitation des ressources biologiques ;
Mettre en place une réglementation stricte relative à la collecte des échantillons biologiques et
génétiques et en y incluant le processus d'accès aux ressources de la biodiversité et du partage
de leurs avantages avec notamment des précisions sur les conditions d'accès à ces ressources
pour des fins scientifiques et / ou commerciales et l'établissement d'un certificat d'origine ;
Fournir des informations complètes sur le matériel spécifique souhaité, l'usage potentiel ou réel
et impliquer des chercheurs locaux ;
Mettre les résultats scientifiques obtenus à la disposition du Gouvernement Algérien ;
Impliquer les populations riveraines dans les mécanismes de conservation, d'utilisation et de
partage des bénéfices découlant de l'exploitation des ressources de la biodiversité.
Garantir la propriété intellectuelle découlant de l'innovation biotechnologique ;
Inventorier les ressources biologiques et les biotechnologies appropriées par région.
6.8. Stratégie pour l'utilisation durable de la biodiversité
(1)
(2)
(3)
Favoriser une approche intégrée dans l'utilisation de toutes les espèces biologiques dans les
plans de développement et des activités du Gouvernement, des agences locales et internationales
de développement et des Organisations Non Gouvernementales (ONG).
Garantir une utilisation durable des ressources sauvages en prenant le soin de :
- Evaluer les populations et les capacités productives des espèces et des écosystèmes exploités et
l'utilisation conforme à ces capacités ;
- Définir des seuils d'exploitation qui fassent la part de l'ignorance et du doute quant à la biologie
des espèces clés concernées, à l'état des écosystèmes dont elles dépendent, et à d'autres impacts
potentiels sur les dits écosystèmes et espèces ;
- S'assurer que l'exploitation d'une ressource n'excède pas la capacité de renouvellement de cette
dernière ;
- Réglementer l'accès aux parcours naturels par l'introduction de charge supportable (le droit de
prélever une certaine quantité fourragère durant une période donnée de l'année);
- Conserver les habitats et processus écologiques dont dépendent les ressources biologiques
concernées ;
- Etablir si l'exploitation des ressources biologiques est durable :
- Evaluer périodiquement l'état de la ressource biologique (faune et flore) ;
- Prendre en compte l'état des processus écologiques et de la diversité biologique dont dépend la
dite ressources ;
- Identifier et évaluer les impacts du prélèvement et des activités qui lui sont associées sur les
autres ressources renouvelables, sur la santé humaine, les écosystèmes entretenant la vie et sur
la diversité biologique ;
- Identifier et prendre en compte les principaux éléments socio-économiques influant sur la
durabilité du secteur concerné.
Aider les communautés locales à gérer leurs ressources sauvages renouvelables et renforcer les
incitations à préserver la diversité biologique :
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- Elaborer conjointement par le Gouvernement et les communautés locales les politiques pour la
gestion des ressources renouvelables (P.N.A.E) ;
- Développer des institutions communautaires dynamiques et efficaces permettant aux
communautés locales de bénéficier des garanties adéquates en matière de jouissance et de droit
de propriété ;
- Aider les communautés locales qui protègent efficacement leurs ressources biologiques d'avoir
la possibilité d'exporter le surplus en veillant à ce que la production reste durable, et d'en
toucher les revenus ;
- Verser aux communautés concernées une partie des droits d'entrée perçus dans les aires
protégées (Parc Nationaux), des compensations financières pour les activités d'écotourisme
(exemple de la chasse organisée pour les "émirs" des pays du Golfe dans la région steppique!);
- Encourager indirectement par les exemptions fiscales, la sécurité alimentaire et l'assistance au
développement communautaire ;
- Prendre des mesures visant à maintenir ou à renforcer les pouvoirs des organisations chargées
de la gestion des ressources biologiques ;
- Procurer des revenus directs, immédiats, légalement garantis et durables aux communautés
concernées ;
- Se fonder sur l'utilisation d'espèces animales et végétales autochtones ou indigènes, au lieu de
privilégier l'importation des espèces allochtones en prenant en compte les connaissances des
communautés locales pour sélectionner les espèces ;
- Procurer des revenus supplémentaires aux autorités locales, de façon à renforcer leur motivation
et leur capacité de gestion ;
- Reconnaître les droits de propriété et de jouissance existants et les intégrer dans les activités de
conservation et dans la législation ;
- Mettre en place un système d'indicateurs et de surveillance adapté aux conditions locales, afin
de pouvoir vérifier si les effectifs des populations d'espèces utilisées sont maintenus ou
renforcés.
(4)
(5)
(6)
Donner aux communautés les moyens de gérer leur propre environnement ressource (ressources
biologiques) par des actions prioritaires capables de :
- Renforcer le contrôle des communautés sur leur propre existence, notamment en termes d'accès
aux ressources et de participation équitable à leur gestion (et à leurs bénéfices) ; participer aux
décisions, d'éducation et de formation ;
- Donner aux communautés les moyens de satisfaire durablement leurs besoins ;
- Permettre aux communautés de conserver leur environnement ;
- Faire participer les communautés tout en veillant à ce que les consultations avec elles soient
conduites sous une forme culturellement acceptable.
Financer la durabilité en prenant la précaution de :
- Réaménager les priorités budgétaires, en réduisant les dépenses outrancières pour des secteurs
privilégiés, dits hautement prioritaires ou de souveraineté et en supprimant les investissements
consacrés à des projets démesurés et non durables, au profit des dépenses sociales et de
l'environnement ;
- Rentabiliser les dépenses de développement ;
- Améliorer les procédures administratives et des services pour réaliser des économies ;
- Promouvoir l'investissement du secteur privé ;
- Payer des droits, redevances, taxes et impôts ;
- Faire contribuer les particuliers, les ONG, les entreprises, etc. ;
- Elaborer des programmes d'assistance bilatérale et multilatérale.
Forger une alliance nationale et internationale (coopération internationale et partenariat) pour
notamment :
- Renforcer et rationaliser les mécanismes visant à promouvoir une approche coordonnée de
problèmes d'environnement, sur la base d'un calendrier dont les priorités seront déterminées en
fonction des procédures de consultation les plus appropriées ;
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- Mettre en place un (nouveau) mécanisme visant à garantir que le dialogue à l'échelon tant
national qu'international reflète bien les connaissances, compétences et préoccupations de tous
les secteurs de la société, y compris les Organisations Non Gouvernementales (ONG), le milieu
des affaires, le commerce, l'industrie, les populations autochtones et les groupes religieux ;
- Mettre en place, redynamiser si cela existe déjà, des mécanismes financiers destinés à
promouvoir la coopération technique et le transfert et l'application des meilleures technologies
disponibles dans les pays amis, afin de créer ainsi les conditions les plus favorables pour une
utilisation durable des ressources de la biodiversité et pour la protection de l'environnement
national ;
- Réviser et adapter les structures commerciales nationales (commerce de gros et de détail) de
façon à accroître l'ouverture des marchés aux produits nationaux par la promotion ;
- Renforcer les mécanismes nationaux d'évaluation et de recherche afin que les politiques
nationales soient de plus en plus fondées sur une somme commune d'éthique, de connaissances
et d'expériences.
(7) Mettre en œuvre des stratégies nationales, axées sur la durabilité, pour :
- Faire respecter et refléter les conditions, besoins et possibilités des communautés concernées
dans chaque plan ;
- Traiter de manière intégrée et exhaustive les questions de conservation et développement ;
- Accompagner les stratégies d'une révision en profondeur des politiques, loi et institutions ;
- Faire contribuer les stratégies à une meilleure compréhension des relations ainsi que les
différents problèmes évoqués ou soulevés ;
- Assurer une synergie entre les différentes orientations de planification en vue d'harmoniser les
différentes actions sectorielles dont celles ayant trait à la biodiversité.
Conclusion
L’état actuel de la diversité biologique, son importance écologique et socio-économique, la
dégradation du milieu et la nécessité d’un développement durable sont autant d’éléments qui
justifient cette recherche.
L’objectif principal du présent travail visait une évaluation des besoins en matière de renforcement
des capacités nécessaires à l'évaluation et la réduction des risques menaçant la diversité biologique
en Algérie: cas du surpâturage, du défrichement et de la désertification
Globalement, quelques résultats, pouvant être jugés pertinents, sont dégagés:
La synthèse sur " la diversité biologique et sur le surpâturage, le défrichement et la
désertification" met la lumière sur les dysfonctionnements écologiques et, par conséquent, pose
clairement la problématique et les approches possibles à envisager pour réhabiliter les systèmes
écologiques fragilisés ;
Ensuite, sur la base de cette synthèse, les besoins en matière de renforcement des capacités
nécessaires à l'atténuation du surpâturage, du défrichement et de la désertification et de leurs
menaces qui pèsent sur la diversité biologique en général, sont esquissés. A ce niveau de la
réflexion, l'accent est plus particulièrement mis sur l'apport de la géomatique (la télédétection et
les systèmes d'informations géographiques) pour l'éco-aménagement des systèmes écologiques
fragilisés;
Enfin, dans le but d'apporter quelques éléments de réflexion pour la réhabilitation et la
valorisation de la diversité biologique en Algérie, des recommandations et des propositions sont
faites au sujet du:
- Partage des responsabilités entre les différentes parties concernées et/ou les partenaires
impliqués;
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- Les mécanismes de financement et de gestion du financement pour amener les différents
partenaires à atténuer les risques de surpâturage, du défrichement et de la désertification;
- La stratégie à adopter en matière de renforcement des capacités nécessaires à la réduction
des risques de surpâturage, du défrichement et de la désertification menaçant la diversité
biologique locale et globale.
Cette étude recèle certainement quelques faiblesses et manques, mais il convient de souligner que
ce type de travaux est par essence multidisciplinaire; C’est un travail qui nécessite la collaboration
de plusieurs spécialités (écologie, agronomie, sociologie, etc.).
Toutefois, la présente approche sur la diversité biologique est enrichie par "l'apport de l'outil
géomatique" dans le but de démontrer que les études thématiques nécessitent, pour leur maîtrise,
une bonne gestion de l’information géographique.
Un important travail reste à faire pour lutter contre la désertification et aménager les
systèmes écologiques fragilisés et par conséquent sauvegarder la biodiversité. Afin
d'arriver à cette fin, il est recommandé:
d’intensifier les recherches et les études dans ce domaine;
d’impliquer plusieurs laboratoires de recherche spécialisés, tant au niveau national
qu’international;
de profiter de l’existence d’autres outils technologiques tels que la télédétection, considérée
comme une source d’information inépuisable et efficace lorsqu’il s’agit de la cartographie
thématique, de la surveillance de l’environnement, des études multitemporelles et de
l’actualisation des bases de données;
développer des solutions communes pour la recherche, la collecte, l’accès, le partage et
l’utilisation des données en réponse aux besoins des différentes thématiques.
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LA DESERTIFICATION
AVANT PROPOS
La diversité biologique est le capital unique de la survie de l’humanité. Elle maintient la vie sur
terre grâce à ses rôles écologiques et de pourvoyeur de produits de subsistance pour les êtres
vivants. La diversité biologique contribue également à la réglementation et à l’harmonisation des
rapports sociaux, nationaux, regionaux et internationaux grâce
à ses utilisations scientifiques, technologiques, sociologiques, culturelles et éducatives.
Des catastrophes viennent régulièrement nous démontrer la fragilité de l'équilibre de nos milieux :
la sécheresse, les inondations, la désertification, l'érosion ne sont en définitive que les conséquences
d'une mauvaise planification économique et d'une mauvaise gestion de l'espace rural.
Pour prévenir, il faut prévoir, pour prévoir il faut analyser le présent et établir des plans d'actions
pour réparer la dégradation et les perturbations aux milieux naturels. Cela ne peut pas se faire à
l'aide d'une baguette magique mais grâce à une politique et une stratégie qui se basent sur le passé et
le présent, projette l'avenir promoteur vis à vis de l'homme, concept vu dans le sens le plus large.
Les composantes de la biodiversité constituent un patrimoine social, culturel et paysagé. C'est aussi
un capital essentiel, nécessaire au développement socio-économique du pays. Ces biens doivent être
gérés et aménagés avec un esprit nouveau. Cette dynamique à impulser doit s'adapter à une
cohabitation équilibrée entre l'homme et ses besoins en matière de sécurité alimentaire, de bien être
et d'harmonie avec l'environnement.
C'est donc vers la prise en charge des problèmes qu'il faut s'acheminer dans un esprit d'une
adaptation au changement.
Cette démarche logique en elle-même nécessite de bien comprendre les problèmes posés au niveau
local, régional et national et de rechercher des solutions adaptées à chaque milieu.
C'est dans cette optique de maîtrise des outils de développement que les compétences peuvent
s'exprimer, s'orienter et agir. Il faut pour cela non seulement posséder les matériaux scientifique et
technique mais aussi faire preuve d'imagination, de savoir-faire et de persévérance pour trouver les
solutions adaptées à un milieu aussi complexe que le nôtre.
Il est utile de rappeler que les actions à entreprendre dans le domaine de la conservation de la
biodiversité doivent découler d'une approche intégrée, multidisciplinaire, multisectorielle où
chaque parcelle du territoire est affectée à une utilisation propre en tenant compte de son
aptitude et de sa vocation.
L'objectif visé dans un délai raisonnable, la conception et la mise en oeuvre d'un plan
d'aménagement du territoire où les terres agricoles sont préservés et utilisées durablement,
les écosystèmes protégés et valorisés.
Le Programme d'action se base sur la connaissance du patrimoine naturel dans toutes ses
composantes et sa diversité. Cette connaissance permet d'orienter les actions et de les prioriser.
Un inventaire doit être mené dans les écosystèmes fragiles et d'intérêts écologiques et
économiques lequel sera généralisé par la suite à l'ensemble du territoire national.
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Nous sommes persuadés que la démarche adoptée conditionne la levée de la marginalisation de
la biodiversité et favorisera son intégration dans le développement du pays.
Il est important de sortir la conservation de la biodiversité du ghetto dans lequel elle se
trouve. Cette activité est une donnée essentielle et incontournable dans tout plan de
promotion et de développement durable de nos ressources naturelles.
Par ailleurs, les perspectives offertes par les technologies et les brevetabilités du vivant
ont fait que l'on est passé d'une préoccupation éthique de protection de la nature à une
vision utilitariste fondée sur la course aux bénéfices réels de l'utilisation de la biodiversité
à travers des biotechnologies.
D'autre part, le développement des échanges internationaux permet la confrontation des
performances et la recherche des rendements toujours plus élevés de la part des agriculteurs et
des industriels fait que le patrimoine naturel où qu'il soit est convoité par de nombreuses
firmes internationales.
Cette catégorie d'entreprises à pour objectif de prospecter et de collecter les ressources
génétiques à travers tous les écosystèmes existant par le monde et ce en vue de les développer et
de les utiliser commercialement.
La gestion de la biodiversité, se conçoit au niveau international. Dans le cas des plantes
cultivées ou non cultivées, les centres de diversité se trouvent souvent dans un autre
continent que celui où elles sont produites en masse. La majorité de ces centres sont
situés dans des pays en développement et les enjeux économiques liés à la
commercialisation de variétés améliorées sont importants.
Face à cet état de fait, les pays qui ne sont pas en moyen de se lancer dans cette vision
dynamique nouvelle deviennent des otages qui assistent à la dilapidation et l'exploitation de
leur propre ressource naturelle par des pays tiers sans aucune retombée économique et sociale.
Notre pays à l'instar des Etats qui n'ont pas accès au progrès de la biotechnologie de
pointe doit se prémunir de ce type d'hémorragie de son patrimoine national.
Il est évident que la mise au point de modalités réglementaires et juridiques du contrôle, de
prospection et de circulation des ressources génétiques nationales visant à respecter les
droits de souveraineté et de propriété de notre pays sur ces ressources est une des actions
majeures de notre politique en faveur de la gestion des ressources génétiques.
La gamme de nos races et variétés traditionnelles fait partie également de notre patrimoine
culturel. Le prélèvement et la valorisation de ce patrimoine qui motive de nombreux prétendants
doivent être contrôlés et maîtrisés. C'est dans cette optique, que tout collecteur doit être
identifié et soumis aux conditions de collecte et surtout d'utilisation de la ressource naturelle
collectée.
Le partage juste et équitable des différentes formes de valeurs de ces ressources (valeur
biologique, économique, d'usage coutumier et récréative) est un bien de toutes les générations
présentes et futures de notre nation. Il est de notre devoir de nous garantir et d'en assurer la
protection, le développement et l'utilisation durable à tous les citoyens.
Expert Consultant Dr. Abdelguerfi A. 2002/2003 Coordonnateur M. Ramdane S.A
Bilans des Expertises sur « Les Risques Menaçant la Biodiversité en Algérie » MATE-GEF/PNUD : Projet ALG/97/G31 108
INTRODUCTION
Comme le soulignait la commission mondiale sur l'environnement, les actions d'une
majorité pauvre luttant pour rester en vie, combinées à celles d'une minorité riche,
consommatrice de ressources, réduisant rapidement la marge qui a toujours existé, du moins à l'échelle
mondiale, entre la consommation humaine des ressources et la capacité productive de la terre.
Le maintien de la plus grande diversité biologique devient d'autant plus urgent que le rythme des
modifications écologiques s'accélère. La diversité des gènes, des espèces, des écosystèmes, et les
modes de gestion des ressources sont le fondement de l'adaptation au changement.
Cependant l'érosion des systèmes qui assurent la pérennité de la vie sur terre risque de se poursuivre-
tant que les aspirations humaines n'auront as été ramenées à un niveau compatible avec la capacité
productive et durable à long terme.
Les problèmes qui se posent à la conservation de la nature ne peuvent onc pas être séparés des questions
plus larges de développement économique et social du pays tout entier.
Face à une opinion publique de plus en plus sensible aux questions écologiques, les hommes politiques
comprennent qu'il ne s'agit plus de s'interroger sur la validité de la conservation de la nature ; mais sur
les modalités de sa mise en oeuvre compte tenu des contraintes politiques, économiques et sociales qui
entravent l'organisation de la conservation dans son action.
La civilisation humaine est à la croisée des chemins. Les actions que nous entreprendrons ces
prochaines années seront déterminantes : ou nous irons tout droit, vers le chaos, par la surexploitation
et l'abus de nos ressources biologiques, ou nous choisirons la voie de la raison, celle du maintien de la
diversité et de l'utilisation durable des ressources. C'est la prospérité de la société humaine qui est en
jeu.
C'est aussi une question de motivation des hommes formés aux sciences de la vie, à
l'écoute de leur environnement, ouvert aux dialogues, capable à partir d'une synthèse
d'aboutir à des actions nouvelles et adaptées à même de modifier dans le bon sens les
paysages et les cadres de vie, au bénéfice des populations dont les besoins sont nettement
exprimés.
Le tout est de sauvegarder nos patrimoines et de faire du développement une promotion de
l'homme dans ses valeurs naturelles et culturelles.
Il est possible d'orienter le développement en insistant sur la nécessité du maintien des
équilibres naturels dans les prises de décision et de prolongements conceptuels et
technologiques, cela demande que chacun s'implique, du particulier au décideur, du
technicien à l'administratif et du paysan à l'industriel.
La biodiversité n'est pas seulement l'affaire des naturalistes ou des écologistes c'est aussi
l'affaire des agents impliqués dans le développement qui devraient avoir le réflexe
d'aujourd'hui en produisant plus et mieux et, celui de demain en préservant les ressources
naturelles.
La production agricole est une condition de survie de l'homme. Cette production est liée à la
préservation des ressources biologiques, à la gestion rationnelle de l'eau, à la gestion équilibrée
des sols.
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Bilans des Expertises sur « Les Risques Menaçant la Biodiversité en Algérie » MATE-GEF/PNUD : Projet ALG/97/G31 109
Le règne des grands aventuriers et des pratiques qui détruisent ces 3 éléments vitaux est révolu.
Il faut combattre l'opportunisme et la précipitation.
Dans le cadre des nouvelles orientations, l'économie dominée par le gigantisme, caractérisée
par des actions spectaculaires, doit laisser place à une diversité adaptée à la nature même de
nos ressources naturelles et à leur fragilité.
L'accroissement des connaissances augmente les choix technologiques, il devient donc facile
de diversifier les stratégies et de les adapter aux contraintes écologiques locales.
Il n'est pas question d'uniformiser ni de standardiser. La standardisation des cultures et des
élevages fragilise les plantes et les maux domestiques tout en détruisant le capital génétique.
Si d'un autre côté les espèces de faune et de flore disparaissent, c'est l’acheminement à coup
sûr vers une catastrophe économique et sociale sans précédant dans l'histoire de notre pays.
Les contraintes écologiques sont libératrices d'initiatives notamment ou l'économie dans
l'utilisation de l'eau, pour le recours aux espèces et variétés locales adaptées par le recyclage
des résidus et de l'eau provenant villes et des campagnes.
Il devient possible de redéployer nos activités vers les zones jusque là marginalisées notamment
les montagnes, les steppes, les zones sahariennes.
Toutes les précautions doivent être prises afin d'adapter notre mode de faire valoir et de
produire à celui d'utiliser les composantes du, milieu naturel d'une manière rationnelle et durable.
Il s'agit de repenser fondamentalement nos stratégies pour une survie t, un nouvel essor. La
sagesse est de ne faire que ce qui est prouvé inoffensif vis-à-vis des composantes de la
nature et de rechercher au contraire à faire de ces composantes le moteur du
développement économique et social du pays.
I. INTRODUCTION SUR LA BIODIVERSITE
L’importance des ressources biologiques au double plan écologique et économique n’est plus à
démontrer. Base de la vie sur terre, ces éléments constituent la matière première nécessaire au
développement.
Que ce soit en agriculture, en industrie ou en médecine, ils sont indispensables et on ne peut s’en
passer. Malheureusement, ces ressources qui sont en fait renouvelables, font l’objet d’une
exploitation effrénée et irrationnelle par l’homme, qui entraîne leur diminution de manière
considérable. L’impact de la pollution également, se concrétise par des déséquilibres écologiques
entraînant le plus souvent, la disparition d’espèces floristiques et faunistiques.
Les risques biotechnologiques sont également des sources d’appauvrissement de la diversité
biologique.
Les ressources biologiques représentent l’essentiel de l’alimentation et la disparition de certaines
espèces locales, mettrait en péril la survie des individus à long terme.
En effet, les engrais, les pesticides et d’une manière générale, l’agriculture intensive favorisant la
monoculture pour maximiser les rendements, constituent une menace (en cas de maladie), car
rendant vulnérables les cultures.
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Les mauvaises pratiques agricoles comme le défrichage, l’exploitation irrationnelle du bois, le
surpâturage, les incendies de forêts, le déboisement, l’excès d’irrigation, le drainage et
l’assèchement des marais sont autant des causes de réduction des ressources biologiques, dont la
dégradation des habitats en constitue la plus importante.
Les exemples sont nombreux pour inciter à une rationalisation de l’utilisation des ressources aussi
bien par les utilisateurs (agriculteurs, pêcheurs et autres) que par les décideurs et gestionnaires
(aménagement du territoire et forestier, pêche, hydraulique,...) car un équilibre écologique témoigne
d’une santé environnementale.
1.1. Evolution des théories écologiques et notion de biodiversité
La biodiversité fait référence à la variété des organismes vivants quel que soit leur milieu. Elle
prend en compte les diversités intraspecifiques, interspécifiques et fonctionnelles (Lepart, 1997).Le
terme de biodiversité est une simple extension de la diversité spécifique aux diversités génétiques et
fonctionnelle .Il a été adopté en 1992 et reçut sa consécration à la conférence de Rio.
Jusqu’en 1960, on admettait que la diversité biologique augmentait lorsque la végétation se
reconstituait après des facteurs de perturbation (dégradation) et que la diversité maximale était
obtenue dans les stades de végétation les plus évolués (stades climaciques ) .Le corollaire de cette
idée était de protéger des portions de territoire et d’éliminer les causes de perturbation (lutte contre
les incendies,contre la dégénérescence des forets …).
Apres 1960, les idées se transforment et l’accent se déplace vers les perturbations (incendies,
pâturage, climat,…), qui facilitent la coexistence d’espèces en interrompant les processus
d’exclusion compétitive et fournissent une très grande variété de microclimat, constituant des
conditions favorables à la régénération des espèces .La végétation est perçue comme une mosaïque
d’unités à différents stades d’évolution ou une mosaïque d’unités d’occupation d’habitats différents.
Les stades climaciques ne sont plus à privilégier, mais le maintien de la diversité se fait à travers
l’existence d’ouvertures de la végétation et de perturbations périodiques du milieu .On assiste à une
moindre valorisation de la forêt : il s’agit non plus d’éviter les perturbations, mais de faire en sorte
« qu’une mosaïque de milieux ayant subi des perturbations de nature différentes à des dates
différentes puisse se mettre en place ».Les perturbations naturelles et humaines peuvent avoir des
effets positifs sur la diversité .Ce qu’il faut pour la maintien de la diversité , »c’est la coexistence
d’espaces proches de gestion différente ,plus la conservation intégrale de l’un d’eux ».
La notion de « diversité biologique » désigne les variétés et/ou la variabilité des gènes, des espèces
et des écosystèmes.
Ainsi la convention sur la diversité biologique définit « la diversité biologique » en son article
comme étant la « variabilité des organismes vivants de toute origine y compris entre autre,des
écosystèmes terrestres,marins,et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont
ils font partie ;cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des
écosystèmes ».
La diversité biologique se divise en trois grandes composantes .Ce sont :
La diversité génétique : variabilité héréditaire que contiennent les gènes,la biotechnologie
,l’amélioration génétique et l’extraction des substances médicamenteuses des plantes et des
animaux sont rendues possibles grâce au matériel génétique que renferment ces derniers ;
La diversité des espèces : différenciation taxonomique des végétaux et des animaux, y
compris les micro-organismes, de même que les différenciations au sein des espèces (les
variétés, les races) ;
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La diversité des écosystèmes : variété des systèmes écologiques qui concourent à entretenir
les formes de vie (ex : écosystèmes de forets, montagne, steppe et autres écosystèmes d’eau
douce).
Le nombre d’éléments constitutifs de la diversité biologique connus jusqu’ici est infime par rapport
à la diversité de ce qui vit sur notre planète. Selon les scientifiques, seulement 1,7 millions
(OCDE ,1996) d’espèces sont connues dans le monde sur un total de 1²2millions estimées de nos
jours .Aussi l’homme ignore totalement les services que pourrait lui rendre le reste des espèces
inconnues,alors qu’on sait que c’est de la diversité biologique que l’homme tire l’essentiel des
produits pour sa vie .
1.2. La diversité biologique : origine, consistance et répartition géographique
Nous ne savons que très peu de chose sur les raisons de l'ampleur considérable de la
biodiversité, sur sa composition exacte et sur son rôle dans le fonctionnement des écosystèmes.
Nous ne savons pas qu'elle part revient à la biodiversité dans le maintien des
caractéristiques vitales des écosystèmes.
Cette biodiversité qui est propre à chaque espèce, constitue une ressource irremplaçable.
Elle est un déterminant majeur du succès avec lequel l'espèce humaine réagit aux perturbations
et en particulier aux modifications suscitées par les activités de l'homme.
Les gènes, espèces et écosystèmes sont l'aboutissement de centaines de millions d'années
d'évolution et ce sont eux qui permettent à l'espèce de prospérer.
On ne connaît pas avec certitude le nombre d'espèces qui peuplent notre planète , dont on ne
peut même pas indiquer l'ordre de grandeur. Les estimations varient entre 5 et 80 millions
d'espèces , mais il est très probable que ce nombre se situerait aux alentours de 30 millions.
Environ 1,4 millions d'espèces ont été étudiées, dont 750 milles sont des insectes, 41 milles
des vertébrés et 250 milles des plantes , le reste comprend tout un assortiment d'invertébrés,
de champignons , d'algues et autres micro-organismes
Comme pour les autres ressources naturelles , la répartition des espèces n'est pas uniforme.
La richesse des espèces va croissant du pôle vers l'équateur.
Les insectes d'eau douce sont trois à six fois plus abondants dans les
régions tropicales que dans les zones tempérées. C'est aussi dans les régions tropicales que
l'on trouve la plus grande variété des mammifères au km2 et la diversité des plantes
vasculaires est beaucoup plus élevée aux latitudes les plus faibles.
En Amérique sur un hectare de forêts tropicales ombrophiles on peut recenser entre 40 et 100
essences d'arbres, contre 10 à 30 par hectare de forêt dans la partie orientale de l'Amérique du
nord.
A Bornéo, sur 15 hectares de forêt tropicale , jusqu'à 700 espèces d'arbres ont pu être
identifiés, ce qui correspond à la totalité des essences identifiées en Amérique du nord.
En Malaisie , dans les régions de basse terre qui bordent Kuala Lampur, on a recense 570
espèces végétales de plus de 2 cm de diamètre à l'hectare ;par comparaison le Danemark
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possède moins du double du nombre d'espèces de toutes dimensions que n'en possède qu'un
hectare de terre en Malaisie .
La diversité des espèces dans le milieu marin suit le même schéma. C'est ainsi que le
nombre de tuniqués (poulpe de mer) passe de 103 dans l'Arctique à 629 dans les régions
tropicales ;la diversité atteint son maximum dans les forêts tropicales et les récifs coralliens.
Les forêts tropicales ne sont toutefois pas les seuls écosystèmes où la diversité biologique est
extrêmement élevée. Les régions au climat méditerranéen sont également très riches en flore
et recèlent un grand nombre d'espèces endémiques ; ainsi , sur 23 200 espèces de plantes
recensées en Afrique du sud , au Botswana , en Namibie , au Lesotho et au Swaziland, qui sont
des régions tempérées , on estime que 18 500 espèces soit 80%, sont endémiques à la région.
Cette région possédait donc la plus grande diversité biologique de notre planète, 1,7 fois celle du
Brésil.
Environ 30% des espèces végétales californiennes qui sont au nombre de 5 046 , et 60% de
celles du Sud Ouest de l'Australie , qui sont au nombre de 3 600 , sont endémiques à ces
régions.
Les terres humides sont parmi les écosystèmes les plus productifs du monde sur le plan
biologique, bien qu'elles soient souvent perçues comme inutiles et inexploitables.
En réalité , les terres humides aident à régulariser le cycle de l'eau et constituent l'air de
reproduction de nombreuses espèces de faune et de flore sauvages.
Les terres humides sont en régression presque partout Les Etats Unies, ont perdu près de 53%de leurs
terres humides côtières et continentales
La Nouvelle Zélande a perdu plus de 90% de ses terres humides et beaucoup de pays d'Europe ont
perdu la quasi-totalité de leurs terres humides naturelles.
Dans les régions tropicales , certains pays ont perdu plus de 80% de leurs terres humides notamment
le Bengladesh , le Cameroun ,l'Inde , le Niger, le Tchad ,la Thaïlande et le Vietnam.
Les effets de cette perte sont ressentis, parce qu'elle perturbe le cycle hydrologique , détruit l'habitat des
oiseaux migrateurs et diminue la productivité des pêcheries.
1.3. Importance de la diversité biologique et des ressources biologiques
Importance de la diversité biologique
La diversité biologique revêt une très grande importance pour l’humanité, car c’est sur elle que
repose la survie de l’humanité .D’une manière générale, les services rendus par la diversité
biologique peuvent être subdivisé en cinq entités qui sont :
- la production des biens de consommation (alimentation, vêtements, mobilier, abris, etc.) ;
- la mise à disposition de produits médicinaux (extraits des plantes,des animaux ) ;
- l’entretien de la vie végétale et animale (l’oxygène, le climat, etc.) ;
- valeurs socio-culturelles (lieu de culte, symboles coutumiers etc.) ;
- autres services (utilisation scientifiques, technologiques, éducatives, recréatives, esthétiques,
etc.) ;
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Sur le plan des trois ensembles de la diversité biologique, nous pouvons donner quelques exemples
de services rendus :
- les gènes : leur manipulation permet de mettre au point de nouvelles variétés, d’augmenter la
qualité et le rendement d’espèces, d’augmenter le résistance de certains végétaux et animaux
aux maladies ;
- les espèces : céréales, fruits, légumes, protéines animales et végétales, contribuent au maintien
de la vie ;
- les écosystèmes : ils contribuent à la régulation du climat et la capacité de charge dans le
milieu naturel, maintiennent l’équilibre écologique, améliorent la qualité de l’air et de l’eau,
favorisent la production et la reproduction des espèces.
Importance des ressources biologiques
Les ressources biologiques sont les produits de la diversité biologique directement utilisables et /ou
profitables à l’homme .Ce sont les ressources biologiques qui sont à la base du développement. En
effet, selon les statistiques, l’économie des pays en développement repose à plus de 80% sur les
ressources biologiques tandis que celles des pays développés dépend d’elles pour 45%.
En outre, les ressources biologiques présentent une importance particulière au niveau local,
national et sous régional. C’est un avantage lorsque les ressources biologiques dont on dispose
permettent d’avoir des privilèges par rapport aux autres .A ce titre, l’on peut retenir les exemples
suivants :
tous les sols, toutes les zones ou toutes les régions ne sont pas favorables à la culture ou à
l’élevage de toutes les espèces ;
la plupart des espèces sont spécifiques à des régions, des zones ou des habitats< bien
déterminés ;
la présence des espèces végétales ou animales comestibles mais peu utilisés constitue un
recours en temps de famine ou de disette.
La présence et l’abondance des ressources biologiques sont donc un facteur principal de
développement, surtout pour un pays comme l’Algérie dont l’économie repose en deuxième
position sur l’Agriculture.
Valeur socio économique de la diversité biologique
Les usages faits des éléments constitutifs ou des produits de la diversité biologique au niveau
national sont nombreux : alimentation humaine, énergie, santé,besoins domestiques,artisanat,
industrie,commerce,alimentation animale,culture,tradition,religion ,rites,etc.
La valeur socio-économique de la diversité biologique réside dans l’usage direct que l’on fait des
ressources biologiques, mais également les utilisations indirectes, telles que les valeurs écologiques
(ex : amélioration de la qualité de l’eau, et l’air, la fixation de l’azote, la formation des sols), les
utilisations socio-culturelles, les utilisations récréatives et esthétiques, etc.
Ces usages se retrouvent au niveau de l’alimentation et des differents secteurs d’activités qui
s’intéressent à la diversité biologique.
Importance de la biodiversité par secteur
La diversité biologique est la base du développement durable .La présentation qui suit donne à titre
d’illustration l’importance de la diversité biologique par secteur.
Environnement : régulation des eaux et de l’atmosphère, protection des sols enrichissement
des sols ;
Agriculture : matériel génétique pour l’amélioration des plantes cultivées biotechnologie,
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maintien de l’humidité, prévention de l’érosion ;
Sylviculture : matériel génétique, habitats pour une grande variété d’espèces exploitables,
sous produits forestiers ;
Elevage : matériel génétique ;
Récolte : cueillette, chasse, élevage de gibier ;
Energie : régulation des eaux, production de bois, combustible ;
Alimentation en eau : régulation des eaux, infiltration des eaux de pluie ;
Industrie : source de matières premières génétiques et biologiques pour les produits
industriels ;
Santé publique : produits médicinaux, régulation du climat, cadre de vie ;
Enseignement et recherche : nature, flore, faune matériel génétique ;
Art : artisanat
Culture et religion : rites, valeurs culturelles et religieuses.
L’importance principale de la diversité biologique se situe non seulement sur le plan pourvoyeur de
bien de consommation et de services, mais également en terme de variétés de ces biens .En effet,
les besoins alimentaires de l’homme se trouvent dans les produits differents, par conséquent ,la
diversité des produits alimentaires est indispensable pour assurer une alimentation équilibrée .
En outre, il faut souligner que la diversité biologique recèle des éléments constitutifs dont nous
ignorons l’utilité pour l’instant .Dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention sur de la
diversité biologique, des efforts sont davantage déployés pour améliorer la connaissance de la
diversité biologique, ce qui sans doute permettra à l’humanité de découvrir de nouveaux services
que peut lui rendre ce capital inestimable.
2. INTRODUCTION SUR LA DESERTIFICATION EN TANT QUE MENACE SUR LES COMPOSANTES DE LA BIODIVERSITE
2.1. Introduction sur la désertification
« La désertification est la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides
sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités
humaines ». (UNCCD juin 94)
Depuis quelques décennies, l’Algérie est confrontée à une situation de dégradation écologique très
avancée, caractérisée par une régression très significative du couvert végétal entraînant une
intensification de l’érosion éolienne (désertification et ensablement) ainsi que l’érosion hydrique
(envasement des barrages et perte des terres agricoles) et l’apparition de paysages désertiques et
une dynamique dunaire particulièrement au niveau de la steppe.
L’exploitation abusive des forets, le surpâturage ; les labours incontrôlés et les sécheresses
cycliques font qu’aujourd’hui la désertification reste un phénomène généralisé vécu avec toutes les
conséquences écologiques ,sociales et économiques au niveau du patrimoine sol,flore ,faune tapis
pastoral et des infrastructures envahis par les sables.
Ce fléau reste une menace pour l’économie du pays particulièrement au niveau de la steppe ou les
ressources naturelles sont déjà irrationnellement exploitées avec toutes les conséquences que ceci
entraîne sur aussi bien la diversité biologique faunistique que floristique .
En effet la désertification affecte 20 millions d’hectares soit 65% du nord du pays ou vivent 06
millions d’habitants. La carte nationale de sensibilité à la désertification élaborée par télédétection
a permis de subdiviser la zone steppique en 05 zones de sensibilité à la désertification et a identifié
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07 millions d’hectares très sensibles à la désertification ou l’intervention devra se faire à court
terme.
C’est pourquoi la steppe dans sa dimension territoriale est placée au premier rang des
préoccupations qui se posent pour l’avenir ,non seulement par souci d’aménager et de développer
une zone qui présente à la fois ,un espace et une profondeur stratégique du point de vue de
l’aménagement du territoire ,mais aussi et surtout pour y combattre le courant de dégradation qui
l’a atteint dans son potentiel de production et qui a engagé, depuis plusieurs décennies ,l’économie
pastorale dans un processus de déclin lequel risque,à long terme de s’étendre aux zones fertiles du
tell.
Conscient de l’ampleur qu’a atteint ce processus de dégradation, et face à cette situation la lutte
contre la désertification s’est inscrite comme une des grandes préoccupations et priorités des
autorités politiques qui, depuis l’indépendance à ce jour ont tenté avec des moyens colossaux aussi
bien humains que matériels d’engager une lutte cohérente à tous les niveaux tout en arrêtant une
stratégie devant répondre d’une part aux problèmes posés par la désertification en terme de
protection de la diversité biologique floristique et faunistique,,et d’autre part aux besoins des
populations menacées et/ou touchées par ce phénomène.
2.2. Causes de la désertification
2.2.1. Causes liées a l’activité humaine
SurpâturageIl correspond à une surcharge et à un trop long séjour du cheptel sur les parcours se traduisant par
un prélèvement annuel d’une quantité d’unités fourragères supérieure à la production de ces
parcours.
DéfrichementIl a pour origine l’extension de la céréaliculture qui constitue l’activité la plus importante après
l’élevage. Le défrichement est accentué par développement de la mécanisation.
Les labours étant réalisés à l’aide de tracteurs équipés de charrues à disques .
La culture des céréales se fait de façon anarchique, ne tenant compte ni du couvert végétal existant,
ni des conditions de sols et de climats. Il s’agit d’une agriculture épisodique et itinérante dont les
rendements sont insignifiants.
L’éradication des espèces ligneuses L’état actuel de la dégradation des peuplements forestiers montre que la végétation ligneuse a été
surexploitée . Les besoins en combustible pour la cuisson et le chauffage amenant les populations à
prélever du bois et déraciner des espèces ligneuses. Les touffes d’alfa sont encore brûlées par les
pasteurs pour se protéger du froid.
2.2.2. Causes liées aux facteurs physiques
La SécheresseLes conditions climatiques défavorables ont aggravé le processus de la désertification. La steppe
Algérienne a connu ces 3 dernières décennies une diminution de la pluviosité annuelle avec parfois
plusieurs années consécutives de sécheresses persistantes .
Ces contraintes entravent le développement de l’agriculture et la promotion du monde rural .
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Les ressources en eauLes ressources en eau sont conditionnées par des précipitations très irrégulières dans le temps et
dans l’espace . A cet effet, la diminution des ressources en eau causée par la sécheresse a poussé
les agriculteurs et éleveurs à trouver des solutions de rechange .
Certains sont soucieux de maintenir leur niveau de revenu, se sont livrés à une exploitation extrême
de la nappe phréatique, ayant ainsi recours à une nappe de plus en plus chargée en sels ; d’autres ont
essayé de combler le déficit de leur pâturage par une exploitation des branchages et de toutes les
autres possibilités pastorales en forêts .
En effet, le problème de l’eau se pose avec de plus en plus d’acuité du fait de l’accroissement de la
demande, du caractère conflictuel des usagers et de la dégradation de la ressource eau .
L’érosion éolienne et hydrique L’action de l’érosion éolienne accentue le processus de la désertification . Ce type d’érosion
provoque une perte de sol de 150 à 300 T/ha/an dans les zones défrichées .
L’érosion hydrique en Algérie constitue un phénomène très grave qui affecte durement le
patrimoine foncier . Cette érosion est due en grande partie aux pluies torrentielles qui sous forme
d’orages violents désagrégent les sols peu épais, diminuent leur perméabilité et leur fertilité. La
superficie totale menacée par l’érosion hydrique est estimée à prés de 10 millions d’hectare .
Le phénomène de salinisationLes sols salés constituent la caractéristique fondamentale des sols des régions arides en Algérie,
plus de 95% des sols de ces régions soit calcaires, soit gypseux, soit salsodiques.
2.3. Conséquences de la désertification
Au plan socio-économiqueSi le processus de désertification n’est pas enrayé à temps, on risque d’assister dans les prochaines
années à une aggravation de la crise du pastoralisme . Cela aura sans aucun doute des répercussions
sur la production et amplifiera inévitablement l’exode rural vers les centres urbains, compte tenu de
la faiblesse des autres sources de revenus .
La désertification a des conséquences également sur les infrastructures . En effet, les phénomènes
d’ensablement qui en découlent commencent déjà à menacer les voies de communication et les
agglomérations . Les accumulations de sable au voisinage des habitations, des routes et des voies
ferrées constituent l’illustration la plus concrète et la plus frappante du processus de désertification.
Au plan écologiqueL’accélération du processus de désertification constatée durant les dernières décennies menace
gravement l’équilibre fragile de cette portion du territoire national .
On assiste à :
- Une réduction globale du couvert végétal ;
- Une prolifération dans les terres de parcours d’espèces végétales peu palatables au détriment des
espèces d’intérêt fourrager ;
- Une dégradation due au tassement des sols provoqué par le troupeau, et ayant pour
conséquence la réduction de l’infiltration des eaux de pluies ;
- une stérilisation des sols par salinisation ;
- une baisse de fertilité notamment par la diminution du taux de matière organique et la perte
d’éléments fertilisants.
Outre la destruction du potentiel productif de la steppe, on assiste à une rupture de l’équilibre
écologique précaire aggravée par les phénomènes de sécheresse entraînant ainsi une aridification de
plus en plus accentuée du milieu.
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2.4. Menaces de la désertification sur la diversité biologique
Les menaces dont il est question sont des contraintes et tendances qui entravent l’objectif de
conservation et d’utilisation rationnelle et /durable de la diversité biologique .Celles qui pèsent sur
la diversité biologique en zone menacée et /ou touchées par la désertification sont globalement
d’origine climatique et anthropique .Sur ce plan il existe plusieurs menaces qui entravent également
les efforts de conservation et d’utilisation durable des ressources biologiques.
Les remontées biologiques de la végétation dans le Nord se raréfient suite aux sécheresses cycliques
et aux pressions humaines. Malheureusement, ce patrimoine écologique exceptionnel a déjà été en
grande partie dégradé par une exploitation excessive de ses ressources naturelles. Cette situation
sera exacerbée par les changements climatiques.
Les impacts de la diversité biologiques sont particulièrement difficiles à évaluer.
Compte tenu de l’objet de l’impact de telle ou de telle menace, celle-ci peut être considérée comme
une menace d’ordre général ,s’appliquant à toute la diversité biologique ,ou d’ordre spécifique
,nuisant à une ou quelques composantes de cette diversité .
2.4.1. Les menaces générales
La diversité biologique de l’Algérie subit depuis plusieurs années des menaces de grandes ampleurs
qui perturbent les écosystèmes et provoquent la perte d’espèces.
la sécheresse la dessiccation
Les sécheresses ont perturbé l’équilibre de plusieurs écosystèmes et engendré des effets
dévastateurs sur les terres agricoles et sur le bétail .Les conséquences ressenties aujourd’hui
s’expriment tant par l’appauvrissement économique des populations que par l’appauvrissement de
la diversité biologique.
Du fait de la longue séquence de sécheresse que connaît le pays depuis trois décennies, avec une
perte de 20%, a provoqué des pertes de récoltes et de cheptel, aggravant par la même la concurrence
pour l’occupation des terres .Les systèmes de production végétale et animale ont du subir des
modifications pour s’adapter .Les cultivateurs ont abandonné leurs variétés traditionnelles souvent
de cycle plus long pour adopter les nouvelles variétés à cycle plus courts .Ce faisant ,un
appauvrissement du patrimoine génétique des plantes cultivées s’effectuait à contrecœur.
Ainsi plusieurs variétés de plantes cultivées ont été abandonnées ou perdues .Les sécheresses ont
parfois conduit à la consommation de semences suite à la pauvreté qu’elle provoque en zone
rurale.
La transformation des espaces naturelles (habitat de la faune forestière, présaharienne et ces
aquatique) entraîne automatiquement la régression, voire la disparition de certaines espèces de
faune inféodées à ces milieux. Le bouleversement survenu dans l’occupation des sols entraîne les
déplacements des populations vers des zones encore relativement plus propices aux activités
agricoles et pastorales.
Les phénomènes de dessiccation, quant à eux, se traduisent par la baisse de la nappe phréatique,
l’assèchement des cours d’eau et la mortalité de la végétation, surtout ligneuse .La dessiccation est
définie comme un processus de l’aridité résultant d’une période sèche dont la durée s’exprime ne
décennie. Elle entraîne inexorablement la perte de la végétation herbacée et ligneuse, l’assèchement
de certains points d’eau, la baisse du niveau de la nappe d’eau phréatique, etc.
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Les sécheresses des années soixante-dix ces dernières années et l’irrégularité persistante ainsi que
la mauvaise répartition des eaux pluviales ces dernières années ont clairement mis à nu la nécessité
de disposer de systèmes de production adaptés aux variations climatiques et capables de produire le
minimum nécessaire. Dans ces conditions,,il est impérieux de disposer d’une large gamme
d’espèces beaucoup plus productrices et plus résistantes à la sécheresse .
La poussée démographique et le mouvement des populations
L’importante poussée démographique observée de 1962 à 1990 découle des conséquences notables
telles que l’élévation de la pression foncière et l’accroissement de la demande en vivres, vêtements,
logements ; soins de santé, éducation et emplois .En milieu rural, les besoins économiques des
populations proviennent essentiellement de l’exploitation des ressources biologiques.
Les incendies des formations végétales
Au niveau des zones steppiques, les formations végétales ,niche écologique de plusieurs espèces
animales font l’objet de feux d’ordre criminels ou accidentels, ce qui constitue une menace à la
conservation et à l’utilisation durable de la diversité biologique. Les objectifs recherchés à travers la
protection et l’aménagement des formations naturelles pour le développement durable seront
compromis.
La dégradation des terres
La dégradation des terres est une notion que l’on peut lier au degré d’exploitation des terres. En
effet, elle est provoquée par des méthodes inappropriées de mise en valeur des terres dans des
conditions écologiques délicates ou fragiles sans précaution. Comme tout moyen de production, la
terre s’use et demande à être recapitalisée. Or dans le cas des zones steppiques lorsque la terre se
dégrade, elle ne bénéficie parfois pas d’apports permettant sa restauration, d’où l’aggravation du
processus .Par ailleurs, le phénomène de désertification et la surpopulation, qui ont pour
conséquence la raréfaction des terres cultivables, entraînent la réduction ou l’abandon de la période
de jachère .Toutes ces réalités ne permettent plus à la diversité biologique de se renouveler comme
il se devrait.
Les politiques de gestion des ressources naturelles
Les politiques de gestion des ressources naturelles visent à atteindre les objectifs recherchés pour
assurer le bien être des populations rurales .Cependant, certaines politiques de développement
n’obéissent pas au souci de développement durable tant recherché de nos jours.
En effet, il y a parfois des tendances à atteindre des objectifs immédiats au détriment de la
diversité biologique. C’est le cas des :
-Cultures qui nécessitent à chaque fois des terres riches, d’où défrichement massif et itinérant qui
n’épargnent pas les espèces végétales, perturbent les écosystèmes et rendent vulnérables la faune
que ces derniers abritent,
-l’abandon des variétés et races locales de céréales et d’animaux domestiques au profit de celles
plus productrices mais exotiques.
Les textes juridiques et réglementaires
Sur le plan institutionnel et juridique, il y a également les situations suivantes qui ne favorisent pas
la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique :
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-la terre appartenant à l’état et non à la personne qui en use, cette dernière n’y réalise pas des
investissements durables, tels que les plantations, de peur de se voir un jour desapropriée,
-le droit foncier traditionnel qu repose sur la concession des terres notamment le prêt temporaire, est
un système d’insécurité foncière pour le bénéficiaire.
Les stratégies
Sur le plan stratégique, il existe deux menaces principales qui pèsent sur la diversité biologique .Il
s’agit :
du manque d’un véritable programme d’éducation environnementale qui mobilise
effectivement l’ensemble de la population pour la protection de l’environnement d’une
manière générale et plus particulièrement la protection de la diversité biologique.
du manque de connaissance de l’endémisme des espèces floristiques et faunistiques, ce qui
ne permet pas d’entrevoir des actions spécifiques de celles qui se trouveraient menacées.
2.4.2. Les menaces spécifiques
Comme souligné précédemment, les menaces spécifiques dans notre cas sont celles qui n’ont
d’impact que sur une ou quelques composantes de la diversité biologique.
Les menaces spécifiques qui pèsent sur la flore
La liste suivante non exhaustive énumère les menaces spécifiques qui pèsent sur la flore :
o La surexploitation des matières premières d’origine végétale ;
o Le surpâturage qui est du au brout excessif du fourrage et au piétinement de la strate
herbacée par le bétail ;
o Les pratiques agro-pastorales incontrôlées ;
o L’introduction d’espèces envahissantes qui empêchent à la longue le développement
d’autres espèces ;
o Les cultures itinérantes qui font appel à de nouveaux défrichements au fur et à mesure que
l champ devient peu productif ;
o Les pollutions des eaux suite à l’usage des pesticides , ce qui entraîne la mortalité de
certaines plantes aquatiques ;
o La coupe abusive de bois ;
o L’érosion génétique suite à l’abandon des variétés locales ;
o L’envasement des plans d’eau.
Les menaces spécifiques qui pèsent sur la faune
Les menaces dont la faune est spécifiquement l’objet sont :
o Le braconnage, avec pour autre revers l’insécurité des agents de protection de la faune ;
o La surexploitation des ressources cynégétiques et halieutiques ;
o L’érosion génétique à travers l’abandon des races locales ;
o Les pratiques qui à moyen ou long terme risquent d’entraîner une perte significative de la
diversité des animaux domestiques au détriment des races locales naturellement plus
adaptées aux conditions locales et de la préférence des males aux femelles pour des
raisons pratiques ou de commodité ;
o L’absence de banques de gènes des animaux domestiques ;
Expert Consultant Dr. Abdelguerfi A. 2002/2003 Coordonnateur M. Ramdane S.A
Bilans des Expertises sur « Les Risques Menaçant la Biodiversité en Algérie » MATE-GEF/PNUD : Projet ALG/97/G31 120
o Le refoulement ou la disparition des espèces de la faune aquatique en raison de la
diminution de la quantité d’eau ;
o La destruction ou l’agression des habitats et niches écologiques, etc.
3. IMPORTANCE DE LA DESERTIFICATION ET SON IMPACT SUR LA DIVERSITE BIOLOGIQUE (Quantification)
L'Algérie, compte 238 millions d'Ha, mis à part les 200 millions d'Ha que compte le désert naturel
représenté par le Sahara, 12 millions d'Ha représentent les zones de montagnes au nord de l'Algérie
sont touchés par l'érosion éolienne. Cependant, la zone la plus soumise, affectée et / ou menacée
par la désertification en Algérie demeure essentiellement la zone steppique qui couvre une
superficie d'environ 20 millions d'hectares.
Les causes, les conséquences et les menaces sur les composantes de la diversité biologique de ce
fléau traitées précédemment mettent en exergue la nécessite absolue d’une intervention urgente et
la mise en place d’une politique nationale intégrée avec l’intervention harmonieuse de tous les
acteurs, chacun suivant les missions qui lui sont assignés.
3.1. Le Barrage Vert
La première stratégie de lutte contre la désertification engagée par l’Etat a débute en 1970 était
basée sur une action de développement pastoral intégré de type agro-sylvo-pastorl, appelé le
« Barrage Vert » complété au fur et à mesure par d’autres programmes .
3.2.1. Objectif du Barrage Vert
L’objectif fondamental du « Barrage Vert » est de rétablir et maintenir l’équilibre écologique du
milieu par une exploitation rationnelle des ressources avec pour finalité d’une part la promotion
économique et sociale des populations d’autre part la conservation de la biodiversité floristique et
faunistique des zones steppiques. Il s’agit donc d’une approche intégrée visant à concilier d’une
part la satisfaction des besoins des populations et d’autre part la restauration et l’amélioration du
potentiel productif des terres. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la politique nationale
d’aménagement du territoire .
3.2.2. Présentation de la zone d’intervention
La zone du Barrage Vert est située dans l’étage bioclimatique semi-aride (isohyètes compris entre
300mm au nord et 200mm au sud), elle s’étend de la frontière Marocaine a la frontière Tunisienne
sur 1500 Km de long et 20 Km de large, couvrant ainsi une superficie de 3 millions d’ha sur
l’ensemble des wilayas suivantes : Djelfa, M’Sila, Batna, Khenchela, Tébessa, Naâma, Laghouat,
El-Bayadh .
Le programme initié, essentiellement « curatif », avait pour objectifs :
La reconstitution des massifs forestiers dégradés de l’atlas saharien par un reboisement
intensif,
L’amélioration des parcours par l’introduction d’arbres et arbustes fourragers,
La mise en valeur agricole essentiellement par l’arboriculture rustique au profit des
populations locales,
La lutte contre l’ensablement par la fixation des dunes dans le cadre de la protection des
infrastructures socio-économiques
Expert Consultant Dr. Abdelguerfi A. 2002/2003 Coordonnateur M. Ramdane S.A
Bilans des Expertises sur « Les Risques Menaçant la Biodiversité en Algérie » MATE-GEF/PNUD : Projet ALG/97/G31 121
La mise en place d’une infrastructure de désenclavement par l’ouverture et
l’aménagement de pistes.
La préservation du patrimoine « flore et faune » de cette zone fragilisée par les différents
facteurs (cites précédemment).
Toutes ses actions, sont complétées par un programme de recherche et de développement dont la
finalité est :
La connaissance de la dynamique de la végétation,
La mise au point de techniques rationnelles (mécaniques et biologiques de lute contre
l’ensablement),
L’étude du comportement des espèces adaptées aux zones arides et semi-arides en vue
d’assurer un maximum de diversification dans les reboisements.
Un programme d’étude de développement intégré de type agro-sylvo-pastoral a concerné
l’ensemble des wilayate touchées par la désertification notamment celles du Barrage Vert. A ce
titre, sept zones pilotes ont été étudiées totalisant près de 01 millions d’hectares.
3.2. Importance de la désertification (quantification) : La carte nationale de sensibilité à la désertification élaborée par télédétection
En Algérie, l’évaluation du phénomène de désertification des zones steppiques a été rendu possible
grâce à l’étude par télédétection qu’a entrepris le Centre National des Techniques Spatiales (CNTS
Arzew) pour le compte de la Direction Générale des Forets sur une superficie de plus de (13)
millions d’hectares’ soit 70% environ de l’ensemble steppique.
Et pour apprécier d’une manière synoptique l’état de la dégradation des territoires steppiques, il
était nécessaire de faire un diagnostic aussi précis que possible. A cet effet, par imagerie satellite,
il a été élaboré la carte nationale de sensibilité à la désertification dont les objectifs sont :
Utilisation de la télédétection pour la surveillance continue de la désertification,
Etude de la dynamique du couvert végétal,
Quantification de la désertification et classification des terres en fonction du degré de
dégradation et de la sensibilité à la désertification,,
Disposer d’un outil de planification de manière à rationaliser les interventions, à court,
moyen et long terme tant sur le plan préventif que curatif.
Cette cartographie de sensibilité à la désertification des zones steppiques a été élaborée sur la base :
De données satellitaires T.M ;
De cartes d’occupation du sol ;
De cartes de morphophonologie.
Chaque composante de milieu a été étudiée en fonction de sa sensibilité potentielle à la
désertification.
C’est ainsi que (5) classes de sensibilité à la désertification ont pu être dégagées,
Expert Consultant Dr. Abdelguerfi A. 2002/2003 Coordonnateur M. Ramdane S.A
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Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 124
De ces tableaux, il ressort que les zones classées de moyennement sensible à très sensible sont
évaluées à 9 226 694 ha soit 67% de la superficie totale considérée par cette étude.
Les zones complètement désertifiées représentent 487 902 ha soit un peu plus de 3% de l’ensemble
étudié.
Par région, les zones les plus menacées par le phénomène de désertification représentent ;
- Région Centre : 4 423 074 ha soit 86% de la superficie cet ensemble
- Région Ouest : 4 410 0926 ha soit 85% de la superficie de cet ensemble
- Région Est : 2 119 826 ha soit 61% de la superficie de cet ensemble
Pour mieux cerner les priorités d’intervention en vue de la préservation des zones sensibles au
phénomène de désertification, nous avons classé les wilayas par rapport à l’ampleur des parcours
soumis à ce risque majeur .
Tableau : Sensibilité des zones au phénomène de désertification
SensibilitéForte Moyenne Faible
Tiaret 98%
El-Aricha 95%
M’Sila 90%
El-Bayadh 87% Batna 68% Khenchela 32%
Djelfa 84% Tebessa 75%
Naama 82%
Biskra 81%
Laghouat 79%
Ce classement suggère une intervention sélective et accrue de la part des organismes chargés de la
préservation du milieu et de sa mise en valeur comme notamment, le haut commissariat au
développement de la steppe, la Direction Générale des Foret, la Direction Générale de
l’Environnement, l’Agence nationale pour la Conservation de la Nature, l’Institut National de la
Recherche forestière, l’Institut National de le Recherche Agronomique, le Centre de Recherche sur
les Zones Arides ainsi que l’institut que l’Institut de l’Elevage Ovin.
Les interventions de nature pluridisciplinaire et concentrées sur les wilayas à risque élevé de
désertification présentent l’avantage d’une intervention rapide eu égard à l’étendue de l’espace
steppique.
3.3. Impact sur la diversité biologique
Etant le capital unique de la survie de tout être vivant végétal ou animal, l’appauvrissement de la
diversité biologique en zone menacée et/ou touchée par la désertification présente des impacts est
liés à plusieurs facteurs :
Le surpâturage en steppe a pour conséquences d'éliminer par broutage les jeunes régénérations déjà
fragilisées par les conditions climatiques sévères. Les effets du piétinement de la surcharge du
cheptel (actuellement, les charges tolérables sont 2 à 3 fois plus élevées) sur le sol et la végétation
sont graves: tassement, solifluxion, écrasement des végétaux, etc...
La perte ou la modification des habitats. en règle générale si on réduit la taille d'un habitat de 90%,
on réduit à long terme de90% lé nombre d'espèces qui peuvent être entretenues par cet habitat.
La pollution provoqué par les vents de sable ,les pesticides ont notamment affecté différentes
espèces d'oiseaux ainsi que d'autres organismes. La pollution de l'air empêche les écosystèmes de
fonctionner normalement et réduit les populations d'espèces vulnérables. En Europe et en Amérique
Expert Consultant Dr. Abdelguerfi A. 2002/2003 Coordonnateur M. Ramdane S.A
Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 125
du nord , le dépérissement de certaines essences forestières est attribué à la pollution de l'air et aux
pluies acides.
L'introduction d'espèces étrangères dans un milieu naturel, ces espèces pouvant devenir prédatrices
à l'égard de la flore de la faune d'origine, leur faire concurrence, ou modifier l'habitat naturel.
L'accroissement des pressions humaines, les écosystèmes se modifient et se morcellent rapidement,
des espèces sont en voie de disparition et les réservoirs génétiques s'amenuisent.
Compte tenu des taux de croissance démographique et économique projetés, il est quasi certain que
cet appauvrissement ira en s'accentuant.
A l'heure actuelle, Il n'existe aucune estimation précise du nombre espèces disparus ou en voie de
disparition dans les grands habitats, parce qu'il n'existe pas de surveillance systématique ni de
données de référence.
On estime que certaines espèces pourraient disparaître avant même d'avoir été découvertes et la
disparition d'autres espèces pourraient n'être connue que des années plus tard.
La plupart des experts s'accordent à penser qu'un quart environ de la diversité biologique de la
planète est sérieusement menacée d'extinction au cours des 20 à 30 prochaines années.
Les experts indiquent également qu'entre 1990 et 2020, le boisement des forêts tropicales (qui
couvrent seulement 7% de la superficie de notre planète mais qui contiennent plus de la moitié des
espèces) pourrait provoquer la disparition de 5 à 15 % de la totalité des, espèces. Ceci représenterait
15 000 à 50 000 espèces par an soit entre 40 et 140 espèces par jour.
Certains scientifiques avancent que peut-être, un quart de la biodiversité globale du monde serait
sérieusement menacée de disparaître au cours des 30 prochaines années.
De plus la variabilité génétique de nombreuses espèces est en voie de diminution, et est avec elle
leur capacité de s'adapter à la pollution, à évolution du climat , aux maladies et autres nuisances
écologiques. Le patrimoine génétique de culture comme le mais et le riz ne représente plus qu'une
fraction de ce qu'ils étaient il y a seulement quelques dizaines d’années.
Devant une situation dramatique, l'interdiction de pâturer a été initiée. Néanmoins, en dépit du
contrôle des services forestiers, un accroissement souvent exponentiel des têtes de bétail a conduit
en quelques décennies à une régression dramatique et souvent irréversible du couvert végétal. Ce
surpâturage quasi permanent a stoppé les régénérations, transformé la steppe en "désert" et
beaucoup de forêts en un piqueté d'arbres ébranchés et a profondément modifié le tapis herbacé
associé.
La biodiversité joue un rôle d’indicateur important. La diversité biologique connaît un déclin rapide
du à l a surexploitation,à la destruction et à la fragmentation des biotopes ,en plus de toutes les
formes de pollution locale et régionale .
Plus grave encore, la désertification combinée aux aléas climatiques a créé des obstacles qui
empêchent les espèces de se disperser pour rechercher les conditions climatiques qui leur
conviennent.
En attendant, nombre de signes indiquent que les changements climatiques sont déjà réalité. Le
monde naturel commence à réagir, certaines espèces modifient leur répartition géographique ainsi
que les dates de leur migration ou de leur reproduction
3.4. Conséquences de l’appauvrissement de la diversité biologique
L'appauvrissement de la diversité biologique diminuera les avantages socio-économiques et
écologiques et à long terme compromettra la capacité des générations futures de satisfaire leurs
propres besoins.
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En outre cet appauvrissement restreindrait la génétique indispensable pour continuer d'améliorer
et d'entretenir les espèces actuellement utilisées et, en définitive, priverait l'humanité de nouvelles
utilisations possibles de la biotechnologie.
Nous citerons un exemple a titre illustratif :
Les médicaments et produits pharmaceutiques issues d'espèces sauvages rapportent chaque année 40
milliards de dollars environ. En 1960 un enfant atteint de leucémie n'avait qu'une chance sur cinq de
survivre.
Aujourd’hui, cet enfant a quatre chances sur cinq de guérir, s'il suit un traitement contenant des
substances actives découvertes dans la pervenche rose, plante tropicale originaire de Madagascar.
4. EVALUATION DES BESOINS POUR RENFORCEMENT DES CAPACITES NECESSAIRES A L’ATTENUATION DE LA DESERTIFICATION ET SA MENACE SUR LA BIODIVERSITE
4.1. ETAT DES CAPACITES ACTUELLES
4.1.1. En matière de lutte contre la désertification
L’urgence de la lutte contre la désertification dans les écosystèmes arides et semi-arides est imposée
par la nature du processus qui tend à s’accélérer de par lui-même .Consciente de l’ampleur et des
conséquences de ce fléau, l’Algérie a entrepris une lutte cohérente à tous les niveaux, concrétisée
par le lancement en 1971 le « Le Barrage Vert ».Ce projet a nécessite la mobilisation de moyens
humais, matériels et financiers colossaux . L’objectif étant de reboiser 03 millions d’hectares pour
la reconstitution des massifs forestiers dégradés de l’Atlas saharien par la plantation d’espèces
diversifiées adaptées à ses zones.
Parallèlement à ce projet d’envergure nationale fonctionnel jusqu'à ce jour et devant les problèmes
sérieux d’environnement auxquels elle est confrontée, l’Algérie a fait siennes des recommandations
du sommet de la Planète terre organisé en Juin 1992 par la Conférence des Nations Unies sur
l’Environnement et le Développement Durable à Rio de JANEIRO qui a solennellement adopté la
notion de développement durable.
L’Algérie a signé la convention des Nations Unies sur la lute contre la désertification en Octobre
1994, approuvée par Ordonnance N°96-04 du 10 Janvier 1996, ratifiée par décret présidentiel N°
96-52 du 22 Janvier 1996.
L’adoption en juin 1994 et l’entrée en vigueur en décembre 1996 de cette convention a donné un
nouvel élan à la lutte contre la désertification et permis d’asseoir une politique de lutte contre la
désertification basée sur la concertation de tous les acteurs concernés et a remplacé l’assistanat par
le partenariat et l’instauration d’une concertation de tous les acteurs concernés de la base vers le
sommet et à tous les niveaux.
Mise en place de
Conformément aux principes de la convention l’Organe national de coordination sur la lutte contre
la désertification a été mis en place en juin 1998 dont la mission principale est la coordination entre
les différents interventions dans ce domaine .Il est multidisciplinaire, intersectoriel. C’est l’organe
opérationnel de la convention .
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Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 127
4.1.1.1. Elaboration du Programme d’Action National (PAN) pour la Lutte Contre la désertification
Conformément à l’article 09 de la CCD, le PAN est cours d’élaboration .C’est un processus qui a
commencé avec de larges campagnes de sensibilisation de tous les acteurs et intervenants
concernés.
Le programme d’action national de lutte contre la désertification, initié selon les principes de la
CCD est en cours d’élaboration avec comme objectif de le faire valider avant la fin de l’année
courante.
Les différentes étapes réalisées dans le cadre du processus PAN se sont effectuées selon une
approche participative visant le développement d’un partenariat effectif entre tous les acteurs
concernés. Il a été tenu compte durant tout le processus d’établir le PAN de façon à assurer son
intégration à la stratégie de développement économique et social du pays ,ainsi que son articulation
aux plans sectoriels, son harmonie avec le programme national de développement agricole et le
Programme d’Action Sous Régional de lutte contre la désertification (PASR) et sa mise en
cohérence avec les stratégies et plans nationaux du développement durable des conventions de la
biodiversité et des changements climatiques.
4.1.1.2. Programmes et projets en cours
Pour ce qui est de la mise en œuvre de la convention au niveau national * Dans le cadre de la sensibilisation et de la vulgarisation ; étant un volet très important
et continue durant tout le processus PAN en cours ; un dialogue national a été initié avec
l’implication de tous les secteurs sur l’éducation environnementale et du rôle de tout un chacun
dans la préservation des ressources naturelles seules garantes de notre sécurité alimentaire. les
activités suivantes sont réalisés d’une manière régulière durant toute l’année .
- l’organisation et la tenue de journées d’études et d’ateliers sur le thème de la sécheresse et la
désertification ;
- la réalisation et la diffusion de documentaires relatant l’état de la dégradation des zones arides
et semi-arides et les perspectives pour leur réhabilitation et leur développement ;
- la conception d’affiches, de quits pédagogiques et de dépliants diffuses dans le milieu scolaire
…
- des tables rondes ont été tenues à la télévision et à la radio avec la participation d’un grand
public ou les spécialistes ont eu à discuter les conséquences de la désertification sur le plan
social, économique et environnemental et faire des propositions pour atténuer les effets de ce
fléau sur le milieu .
* Dans le cadre des études ,un inventaire quantitatif et qualitatif a été réalisé sur l’état des
lieux présentant une synthèse des différentes études existantes en mettant l’accent sur leur
insuffisance .Dans le cadre de la mobilisation des ressources financières pour la mise en œuvre de la
CCD,une étude de faisabilité pour la mise en place en place d’un fonds national de la lutte contre la
désertification qui a aboutit à la mise en place de ce dernier dans la loi de finance complémentaire
2002 .
Le Haut Commissariat au Développement de la Steppe (HCDS) chargée de faire émerger
une de gestion rationnelle des parcours avec la participation des populations locales qui
réhabiliteraient la vocation naturelle de la steppe a engagé en 2001une étude pour l’identification et
la cartographie des zones potentielles à l’agriculture en steppe .Elle a pour objet principalement
l’amélioration des connaissances du milieu steppique ainsi que l’état des parcours à travers la carte
de l’occupation des sols qui permettra la planification dans l’espace et dans le temps des
interventions de lutte contre la désertification.
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Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 128
* Dans le cadre de la recherche scientifique et technique, l’Algérie s’est doté d’un réseau
de recherche scientifique et de développement technologique chargé de la mise en œuvre et
l’exécution des programmes nationaux de recherche (PNR) en aménagement du territoire et
développement de la zone steppique prévu par la loi de 1998. Il comprend un domaine réservé à la
lutte contre la désertification et au développement des régions arides et semi-arides.
La communauté scientifique a également élaboré un guide sur les techniques de lutte contre la
désertification et l’atténuation de la sécheresse conçu comme étant un outil de base indispensable
aux techniciens travaillant dans le domaine de la lutte contre la désertification.
* Dans le cadre du renforcement des capacités ; des formations en approche participative
ont été organisées en zones steppiques.
L’organe national de coordination a été renforcé, au au niveau de son statut,de sa composition et au
niveau de ses ressources(humains et matériels ).
La mise en place du Fonds national de lutte contre la désertification et la préservation de la steppe
ainsi que la contribution financière de certaines institutions internationales a permis une
diversification dans la mobilisation de cette ressource.
* Dans le cadre de la mobilisation des ressources financières, la mise en place d’un
Fonds national de la lutte contre la désertification et de développement du pastoralisme est venu
conforter les budgets nationaux alloués à la lutte contre la désertification et acheminer les
contributions extérieures dans ce domaine. Il est à noter une réunion de concertation avec les
partenaires au développement pour la mobilisation de ressources nécessaires à la mise en œuvre du
PAN.
* Dans le cadre de la circulation de l’information a travers les services déconcentrés du
Ministère de l’Agriculture et du développement rural , il a été mis en place un réseau -Intra net qui
permet à travers le territoire national l’échange d’informations et la restitution simultané des bilans
,des réalisations et de toutes les informations du secteur . Une base de donnée pour le suivi
évaluation des projets du développement agricole est en phase d’élaboration.
Les données et l’approche de la carte nationale de sensibilité à la désertification élaborée par
télédétection a été mise à la disposition de ce projet une éventuelle actualisation.
* Dans le cadre de la concertation, il a été organisé une réunion de pre-planification de ses
dernières au sein de l’ONC , ce qui a permis d‘identifier le nombre d’ateliers locaux et régionaux à
organiser .Les ateliers locaux au nombre de 48 ont été organisés et réalisés avec la prise en compte
de l’unité géographique ,les ateliers régionaux au nombre de 04( en zones littorales ,de montagnes
,steppiques et sud ) sont en cours d’organisation avec la prise en compte de l’unité agro écologique.
La tenue de ses ateliers a permis :
- Analyse des causes de la désertification et les particularités du milieu ;
- Capitaliser les expériences dans le cadre de la lutte contre la désertification en mettent
l’accent sur les lacunes;
- Identifier les domaines prioritaires d’interventions
- Proposition d’actions prioritaires avec d’une politique de lutte contre la désertification ;
Pour ce qui est du projet Barrage Vert
Ce projet a connu une étape novatrice intitulée “ Consolidation et extension du barrage
vert ”,depuis la troisième décennie de son lancement ,l’approche consiste à une participation plus
accrue des populations locales à la conception des programmes répondant à leurs préoccupations et
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Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 129
afin d’améliorer leur niveau de vie des vergers familiaux ont été réalisés avec la prise en charge de
ses derniers par la population bénéficiaire et l’appui technique de l’administration locale . Les
programmes de réalisation de ce projet sont toujours en cours.
Pour ce qui est du programme d’aménagement pastoral
Les projets concernent les périmètres fourragers communaux ,cette formule obéit à l’adhésion des
responsables communaux ,ce sont des plantations pastorales ou des mises en défens .En
concertation avec l’APC (Assemblée Populaire Communale) ,en accord avec les communautés
riveraines ,l’administration procède à la mise en œuvre .Une fois achevés ,les périmètres aménagés
sont cédés aux communes .
Dans le souci d’exploiter rationnellement les périmètres aménagés, une formule d’exploitation
moyennant le payement d’une redevance, qui constitue une première est instituée par la loi de
finance de 1997 portant redevance de pacage .L’exploitation est conduite selon un cahier des
charges qui précise la période et la durée de pacage ainsi que la charge animale admise, les riverains
sont prioritaires au périmètres ,cette formule a connu un grand engouement des populations locales .
Pour ce qui est du programme hydraulique pastoral
Pour ce qui est de l’aspect eau, facteur limitant en steppe, l’objectif visé consiste à densifier et à
mieux répartir les ponts d’eau pour l’abreuvement du cheptel Il existe actuellement à travers la
steppe 01 point d’eau pour 4.000 hectares, alors que les besoins sont de 01 point d’eau pour 1.500
hectares.
Les actions concernent la réalisation de puits et forage nouveaux et la réhabilitation d’anciens ponts
d’eau abandonnés par des aménagements et des équipements.
En plus des puits pastoraux, un effort a été fait pour la mobilisation des eaux superficielles, Il est à
signaler que les eaux superficielles constituées d’écoulements s superficiels temporaires issus de
pluies,sont très peu utilisées. En effet le volume mobilisé actuellement n’excède pas 30 millions de
m3alors que l’écoulement de surface à travers la steppe est de l’ordre de 1,5milliard de m3.
Les principales techniques utilisées sont, les ceds de dérivation ou de stockage, les marres et djoubs,
le captage et l’aménagement des sources et les travaux de CES.
L’accroissement des superficies irriguées par la technique de l’épandage des eaux de crues
,permettra une augmentation de la production de fourrages en steppe (orge, en vert et en grains
essentiellement ).
Pour ce qui est du programme de veille météorologique
Un vaste programme est en cours de réalisation par l’Office National de Météorologie dont les
travaux sont faits en concertation avec les autres secteurs concernés. Les activités en cours
concernent :
-Intensification du réseau d’observation,
-« calage »avec les observations satellitaires,
-campagne de mesures météorologiques,
-analyse du climat
-étude de la sécheresse dans sa dimension globale,
-impacts directs des phénomènes météorologiques,
-effet du climat, et de son évolution dans la zone aride et semi-aride sensible,
-évolution du climat et impacts sur les zones agro écologiques,
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Pour ce qui est du programme de gestion du patrimoine forestier
*cadastre forestier national
Le patrimoine forestier qui s’étend sur 4.100.000 ha, se caractérise par la faiblesse dans la maîtrise
de sa consistance physique. En effet, la majeure partie de ce patrimoine n’est pas délimitée ou tout
au moins non vérifiée depuis de très longues années, ce qui a souvent entraîné des occupations
illicites, défrichements et autres atteintes. Pour cela la délimitation du domaine forestier national et
la transcription dans un sommier de consistance spécifique,sont apparues comme une nécessité et
une urgence.
Dans ce cadre, le point focal national de la CCD en concertation avec les services du Cadastre
National un décret portant établissement du cadastre forestier , ce qui a permis à ce jour d’intégrer
335.399,53ha sur les 1.900.000 ha de terres forestières .
*inventaire forestier national
Dans le cadre de la nouvelle politique en matière de conception et d’organisation du Fond National
Forestier et son espace et afin de mieux soutenir le patrimoine forestier, il a été décidé la mise en
place d’un instrument de suivi-évaluation des ressources naturelles, c’est à dire d’un inventaire
forestier national .Celui-ci vise d’une part la constitution d’une banque de données informatisées
par la mise en place d’un Système d’Information Géographique (SIG) doté notamment de logiciels
de cartographie et de traitement d’images performants et d’autres part l’établissement d’un Plan
National de Développement Forestier . .
*développement des nappes alfatières
Ce programme a comporté plusieurs phases :
-inventaire et cartographie des nappes alfatières,
-étude de l’aménagement des zones steppiques,
-mise en défens des nappes alfatières, dont l’impact a été :
o Sur le plan économique,l’augmentation de la production d’alfa et l’amélioration du
potentiel fourrager.
o Sur le plan écologique,la protection des sols contre la désertification grâce aux
développement harmonieux des nappes alfatières ainsi que leur exploitation rationnelle .
o Sur le plan social ,la création d’emplois .
Pour ce qui est du Programme National du Développement Agricole (PNDA) en application du Plan National de Reboisement (PNR)
Ce programme a concerné plusieurs volets :
*lutte contre la désertification
*extension du patrimoine forestier
*conservation des sols, mise en valeur et aménagement des périmètres de bassin versants de
barrages,
*Protection de la flore et de la faune
Ce programme s’inscrit dans le cadre du plan national de développement agricole (PNDA) et en
application du plan national de reboisement (PNR),il concerne le traitement de 30 bassins-versants à
travers 29 wilayas, des travaux de lutte contre la désertification sur 22 wilayas et des travaux
d’extension du patrimoine forestier .
En parallèle le gouvernement a initié dans ce sens :
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Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 131
o Un programme de développement des zones dégradées sur 17 wilayas,
o Un programme de travaux d’utilité à haute intensité de main d’œuvre initié touchant 39
wilayas et qui a eu comme effet la resoption du chômage dans ses localités.
L’objectif visé à travers l’inscription de ses action est essentiellement, l’allégement de la pauvreté,
l’amélioration de la sécurité alimentaire des ménages, l’augmentation des revenus ruraux et la
gestion durable des ressources naturelles.
4.1.2. En matière de préservation de la diversité biologique en Algérie
La politique nationale de la diversité biologique est basée sur la préservation et l’utilisation durable
des ressources naturelles .Son élaboration a mobilisé l’implication et l’intervention de plusieurs
acteurs notamment les départements ministériels concernés (le Ministère de l’Aménagement du
Territoire et de l’Environnement ,le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural ,le
secteur des Forets , le Ministère de la Ressource en Eau…) ; les Instituts de recherche ,le milieu
universitaire ,le mouvement associatif , les collectivités locales, les opérateurs économiques…
Etant Partie prenante à part entière dans les traités internationaux relatifs au droit environnemental
par la ratification de ces derniers, l ’Algérie est engagé à tenir compte des principes de ces traités
dans les politiques et stratégies. Ainsi la stratégie nationale de la biodiversité a pris en compte dans
ses differents volets la synergie avec les conventions environnementales (CCD, CCC, CBD,
RAMSAR, CITES etc….).
L’Algérie des sites ,une flore et une faune très riche et très diversifié. Parmi les espèces existantes
en Algérie certaines sont endémiques et nombreuses sont celles dont la protection est assurée à
l’échelle mondiale.
Malgré la disparition totale des grands fauves en dépit des actes destructeurs, la faune demeure
encore intéressante de par sa diversité et sa représentativité. L’inventaire national de la diversité
biologique élaboré en 1997 a permis l’identification des gazelles, au nombre de trois (Dorcas
Cuvier et Ceptocemos ), le cerf de Barbarie ,le mouflon à manchettes ,l’addax, le lynx ,le singe
magot ,le fennec la sittelle des bobards ,l’outarde de houbara,l’Ibis chauve ,l’aigle des steppes et le
flamant rose .
Plus de 30 mammifères ,8 reptiles et plus de 70 espèces d’oiseaux sont menacées de disparition.
En ce qui concerne les espèces végétales, la composition botanique de l’Algérie est très riche .Elle
comprend des espèces endémiques et des espèces rares telles que le sapin de Numidie, le cyprès du
Tassili et le pin noir de Mauritanie.
La flore algérienne compte plus de 3000 espèces dont 611 sont considérées comme rares ou en voie
d’extinction.
Pour la protection des espèces de faune et de flore menacées, de nombreuses aires protégées ont été
créées .Il s’agit notamment de neufs parcs nationaux, à savoir ;
El Kala (80.000 Ha) ; Theniet El Had (3O16),Djurdjura (18550Ha ),Chréa (26585Ha), Belezma
(26250Ha ),Gouraya (2086 Ha ),Taza (3807Ha) ,Tlemcen et enfin le Tassili et le Hoggar avec de
très grandes superficies couvrant respectivement 11 et 15 millions d’hectares .
En outre quatre réserves naturelles sont en voie de création .Ce sont les réserves de Beni Salah
(2000 Ha), es Babords (23000Ha), de Mergueb (125 000Ha) et enfin la Macta (zone humide avec
une superficie de 20 000 Ha ).
Quant aux réserves de chasse, elles sont au nombre de quatre à savoir : Djelfa (32000Ha), Mascara
(7000 Ha), Tlemcen (40000 Ha) et Zeralda (17000 Ha).
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D’autres mesures destinées à assurer la conservation et la multiplication des espèces menacées ont
été prises .Il s’agit notamment de :
- La réalisation d’un inventaire cynégétique qui a permis d’avoir une connaissance de la
ressource mais aussi de préciser les conditions de leur développement, de leur
aménagement et de la gestion rationnelle.
- La création de plusieurs centres cynégétiques dont la production est destinée au
repeuplement
- La mise en place d’une réglementation propre à assurer une exploitation rationnelle des
ressources en faune et en flore.
4.1.2.1. Stratégie nationale pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique
Principes généraux et axes stratégiques
En ratifiant la convention internationale sur la diversité biologique, l’Algérie s’est engagée tenir
compte des principes de cette dernière.
La mobilisation des ressources humaines et des compétences techniques, la motivation et la
disponibilité des populations à apporter leur concours, se sont avérées indispensables pour atteindre
les objectifs de la Convention.
Les mesures d’accompagnement concernant la production et la communication des connaissances,
la circulation de l'information, l'assistance technique, l'éducation et la formation dans le domaine de
la biodiversité constituent des éléments sur lesquels repose la stratégie. Ses mesures constituent
avec l'évaluation et le suivi, des activités complémentaires inséparables.
La stratégie nationale ainsi que le plan d’action qui l’accompagne viennent compléter et consolider
les efforts nationaux dans le domaine du développement socio-économique et la protection de
l'environnement.
Compte tenu du caractère complexe de la biodiversité et de ses nombreux prolongements dans la
plupart des secteurs de la vie économique, la stratégie nationale implique que les mesures de
conservation de la biodiversité soient intégrées à la planification du développement socio-
économique au niveau national, régional et local.
La conservation de la biodiversité et la planification du développement doivent donc être liées et
coordonnées par des mécanismes législatifs, réglementaires et institutionnels.
Une telle intégration serait à même d'assurer que le développement agricole en particulier et le
développement économique en général, maintienne l'intégrité des ressources biologiques.
Elle suppose la prise en compte d’un certain nombre de principes essentiels notamment:
l’implication des utilisateurs des ressources biologiques dans les efforts de conservation
notamment à travers l'évaluation et l'intégration de leur savoir-faire, la prise en compte
de leurs préoccupations, des problèmes qu'ils rencontrent, ainsi que de l'amélioration de
leurs techniques d'utilisation et de gestion, etc.
L’implication des opérateurs économiques dans la prise en charge partielle, directe et/ou
indirecte, des coûts de la conservation des ressources biologiques et l'encouragement de
la coopération entre ces opérateurs, ainsi qu’avec les structures de recherche.
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Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 133
L’implication du secteur privé et des ONG.
L'accroissement des moyens humains et matériels qui seront consacrés aux efforts de
conservation.
Le caractère planétaire de la diversité biologique qui fait que la conservation de celle-ci
relève d’efforts ayant des dimensions transnationales qui débordent le cadre national et
qui devront avoir des prolongements au niveau sous-régional, régional et international.
Ainsi les efforts de coordination et d'échanges d'informations doivent être renforcés en créant les
meilleures conditions pour que les chercheurs et organismes impliqués dans le domaine de la
conservation de la biodiversité soient intégrés dans les réseaux régionaux et/ou internationaux qui
interviennent dans divers aspects de la conservation des ressources biologiques et génétiques.
Ainsi, la stratégie esquissée pour atteindre les objectifs de développement durable, s'appuie
essentiellement sur d’une démarche globale et intégrée, qui s'articule autour des axes principaux, à
savoir :
4.1.2.1.1. Une meilleure connaissance de la diversité biologique
Ce premier objectif vise à remédier aux insuffisances actuelles dans le domaine de la connaissance
de la Diversité Biologique et notamment des écosystèmes sous tous leurs aspects (écologique,
socio-économique et culturel), ainsi qu'à maintenir un état de connaissances tel qu'il permet de
planifier en temps voulu toute intervention dans le sens de la conservation et de l'utilisation durable
des ressources biologiques au bénéfice du développement socio-économique et du bien être du
citoyen.
L'approche d'un tel objectif devra nécessairement passer par :
La mise à jour permanente d'inventaires qualitatifs et quantitatifs des ressources
biologiques terrestres et marines ;
L’optimisation de la connaissance sur les écosystèmes non perturbés en vue de leur
conservation et de ceux qui sont modifiés ou dégradés en vue de leur réhabilitation ;
L’étude et l'évaluation des conditions nécessaires à une utilisation durable de l’Agro-
biodiversité, notamment à travers la mise au point d'une approche intégrée de la gestion des
agro systèmes ainsi que de l’usage de techniques agricoles appropriées ;
L’évaluation du potentiel économique des ressources biologiques le renforcement des
capacités nationales notamment dans les domaines de la formation et de la recherche en
rapport avec la Diversité Biologique.
4.1.2.1.2. La mise en place des conditions favorables en vue de la planification d'une gestion durable de la Diversité Biologique en général et des écosystèmes en particulier.
Ce deuxième objectif vise à améliorer et à harmoniser le cadre actuel institutionnel et juridique de
l'environnement et à mettre en place les outils et les instruments appropriés en vue de la
planification d'une gestion durable de la Diversité Biologique, impliquant toutes les parties
concernées, à savoir l'ensemble des utilisateurs directs et indirects, des décideurs et autres
administrateurs, des chercheurs et enseignants, etc.
La réalisation d'un tel objectif devra passer par un certain nombre d'adaptations et de mesures,
notamment:
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u niveau des textes législatifs et réglementaires ayant trait à la conservation, à l'accès et à
l'utilisation des ressources biologiques
Dans la situation actuelle, les textes sont nombreux, mais manquent de cohérence ou d'harmonie et
ne sont pas toujours appliqués en raison de l'absence de moyens ou de dispositions d'application, et
parfois de leur impact négatif sur les ressources biologiques. En outre, ces textes et/ou mesures,
souvent, n'intègrent pas les considérations d'ordre écologique et socio-économiques.
u niveau des rôles et prérogatives des institutions et administrations impliquées dans les activités
ayant trait à la conservation et à l'utilisation des ressources biologiques.
En effet, on note parfois un manque de cohérence à travers les actions entreprises par les diverses
institutions et parties administratives concernées.
u niveau des approches d'intervention
Il y a nécessité d'une révision de l'attribution des rôles entre le secteur public et le secteur privé et de
l'adoption d'une approche précise d'intervention intégrée qui favoriserait la participation effective de
toutes les parties concernées par la Diversité Biologique en insistant sur une approche participative
de tous les utilisateurs de la Diversité Biologique qui est également à promouvoir et à définir sur la
base de quelques essais pilotes permettant de mieux appréhender les grandes actions.
Au niveau du renforcement des capacités nationales d'intervention dans le domaine de la
conservation et de l'utilisation durable de la Diversité Biologique.
Ces capacités jugées actuellement limitées, qualitativement et quantitativement ne sont pas en
mesure de garantir une mise en oeuvre efficace des politiques tracées par les pouvoirs publics dans
ce domaine.
Au niveau du suivi évaluation régulier des interventions dans le domaine de la conservation et de
l'utilisation de la Diversité Biologique
Actuellement, l'insuffisance de dispositifs de suivi évaluation de la mise en oeuvre des stratégies et
programmes d'intervention ne permet ni de capitaliser les expériences du passé, ni de procéder aux
ajustements éventuellement nécessaires.
4.1.2.1.3. Mieux sensibiliser, éduquer informer
Cet objectif vise à améliorer la prise de la conscience collective et à engager la responsabilité du
citoyen vis-à-vis de la conservation et de l'utilisation durable de la Diversité Biologique.
La réalisation d'un tel objectif suppose des efforts d'innovations dans les domaines de la
sensibilisation, de l'éducation, de la diffusion et de l'échange de l'information, en vue d'impliquer
l'ensemble des capacités nationales.
4.1.2.1.4. Elaboration et mise en oeuvre des programmes d'action dans les domaines d'intervention prioritaire
Cet objectif vise à préparer et à mettre en oeuvre à court et à moyen terme un certain nombre
d'actions en vue de contribuer à la restauration des divers éléments de la diversité biologique dans
les milieux les plus menacés ainsi qu'à la valorisation par une gestion durable, des ressources
biologiques, présentant un potentiel socio-économique et culturel remarquable.
L'évaluation et l'analyse effectuées dans le cadre de l’étude Nationale de la Diversité Biologique ont
permis de relever les domaines prioritaires suivants comme étant les plus prioritaires en raison de
leur importance écologique, économique, sociale et culturelle.
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4.1.2.1.5.Domaines d’intervention prioritaires de la stratégie
Compte tenu des résultats de l'étude nationale sur la biodiversité et en fonction des orientations
proposées pour la stratégie nationale pour la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité et
des ressources biologiques, les domaines suivants ont été retenus comme étant les plus prioritaires
en raison de leur importance écologique, économique et socioculturelle.
Il s'agit notamment de
a) la gestion des aires protégées visant la durabilité de la diversité biologique
En effet les aires protégées font écosystèmes naturels.
Certains itinéraires techniques devraient être mieux infléchis dans le sens d’un
impact plus doux des systèmes agricoles sur leur environnement.
L’exploitation des couverts végétaux naturels de type cueillette, doivent laisser la place à des
systèmes d’exploitation et de gestion adéquates de la flore naturelle
b) la gestion intégrée des halieu-systèmes visant la durabilité de la diversité
biologique
Plusieurs milieux des eaux continentales (cours d’eau et retenus de barrages), des milieux humides
littoraux (sebkhas, chotts, Gueltas, oasis, lacs de montagne etc.) sont souvent variables, et quelque
fois mal définis ou encore inconnus.
d) la gestion intégrée des ressources naturelles visant la durabilité de la diversité biologique
Ces écosystèmes Ils font l'objet d'une pression anthropique sans cesse croissante, ce qui n'est pas
sans conséquences sur l'utilisation durable du capital des ressources abiotiques et biotiques de ces
milieux et, en particulier, sur la diversité biologique.
e) la protection des éléments ou composants vulnérables de la biodiversité.
En effet, les études ont relevé de nombreux composants vulnérables et menacés de dégradation ou
de disparition, qu'il s'agisse de ressources génétiques, d'espèces ou groupes d'espèces ou
d'écosystèmes entiers, et qu'il y aurait lieu de préserver en priorité.
g) La sensibilisation, l'éducation et l'information.
En effet s'agissant d'un domaine qui concerne d'une manière ou d'une autre l'ensemble des couches
de la société, il y aurait lieu de chercher à impliquer d'une manière effective le citoyen à travers la
sensibilisation, l'éducation et l'information d'autant plus que la biodiversité représente une
problématique nouvelle de la conservation et de la valorisation du potentiel des ressources
biologiques pour le développement durable.
4.2. RENFORCEMENT DES CAPACITES
L’objectif est d’accroître les compétences techniques et les capacités de gestion des individuset institutions impliquées dans la gestion et la préservation de la diversité biologique.
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1. Réviser et si nécessaire modifier la législation nationale pour sa mise en adéquation
par rapport à l’état actuel de la diversité biologique et des différentes composantes de la
désertification qui la menacent, il y a lieu de ;
De procéder à l’évaluation de la législation et des pratiques et décrire dans les
rapports nationaux, les moyens par lesquels les lignes directrices sur l’application
du concept d’utilisation rationnelle sont mises en œuvre,
Encourager à déployer de plus grands efforts pour élaborer des politiques nationales
pour la biodiversité, soit de façon indépendante soit en tant que composantes
clairement identifiables d’autres initiatives de planification nationale de la
conservation, telles que les plans d’action nationaux pour l’environnement, les
stratégies nationales pour les zones humides, ou de la lutte contre la désertification.
2. Intégrer la conservation et l’utilisation rationnelle de la diversité biologique dans les
plans et décisions communaux, locaux et régionaux à travers le territoire national
relatifs à l’occupation des sols, la gestion des parcours en zone touchées par la
désertification, ainsi que dans toutes les autres de planification et de gestion de
l’environnement, il y a lieu,
Veiller à ce qu’il soit tenu compte des aires protégées et des zones touchées par le
phénomène de la désertification dans les documents et activités d’aménagement du
territoire en rapport avec la diversité biologique.
3. Promouvoir l’élaboration des évaluations économiques des avantages et des fonctions
de la diversité biologique pour les besoins de planification de l’environnement.
4. Faire des études d’impacts sur l’environnement, dans le cas de projets ou modifications
des modes d’utilisation des sols, de l’eau et de la couverture végétale qui pourraient
affecter certaines aires protéger ou perturber des écosystèmes de biodiversité, dont les
caractéristiques écologiques sont susceptibles de’ changer « par suite d’évolutions
technologiques, de dégradation ou d’une autre intervention humaine ».
5. Encourager une participation active et informée des communautés locales, notamment
les populations autochtones et en particulier des femmes dans les domaines de la
préservation, la conservation et l’utilisation rationnelle de la diversité biologique.
6. Encourager la participation du secteur privé à la conservation et à l’utilisation
rationnelle de la biodiversité.
7. Améliorer la sensibilisation, aux valeurs et fonctions de la diversité biologique dans
toutes les localités et à tous les niveaux.
8. Améliorer les activités de communication au niveau national en général et au niveau
des aires protégées en particulier en ce qui concerne la convention sur la diversité
biologique et celle de la lutte contre la désertification.
9. Encourager la formation de partenariat entre gouvernements, organisation non
gouvernementale et autres organisations à même d’organiser des rencontres de
concertation et de coordination sur l’importance de la préservation de la diversité
biologique.
10. Promouvoir de nouveaux moyens d'existence, y compris la formation en vue de
l'acquisition de nouvelles qualifications, grâce à des formules novatrices.11. Encourager le transfert du savoir-faire traditionnel des populations pour la durabilité de
ce savoir et sa transmission aux générations futures.
12. Encourager l’intégration de modules en rapport avec la préservation de la biodiversité
et la lutte contre les phénomènes de dégradation dans les programmes d’éducation, à
tous les niveaux et les cours de formation spécialisés.
13. Renforcer et améliorer les capacités des institutions en lançant un vaste programme de
formation. L’approche stratégique qui permettra d’identifier les besoins précis de
formation et les publics cibles tiendra compte des disparités entre les régions, les
localités et les sites.
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14. Déterminer les besoins en matière de formation, des institutions et des individus
concernés par la conservation et l’utilisation rationnelle de la diversité biologique et
appliquer des mesures de suivi.
15. Renforcer la coopération et la synergie avec les autres conventions environnementales
(CCCC, CCD, Ramsar ).
16. Encourager un soutien financier direct de la part des organismes multilatéraux et
bilatéraux d’aide au développement qui viendraient en complément à la mobilisation
des ressources nationales.
17. Encourager la conception d’outils informatiques (données, bibliographies, SIG) et de
gestion (gestion de la flore et de la faune) afin d’étudier les interactions dynamiques
entre le processus socioéconomiques et écologiques.Ces informations et techniques
serviront de support à la prise de décision et pour des analyses comparées entre sites.
18. Elaborer des programmes de sensibilisation et d’éducation environnementale dans les
sites en partenariat avec les ministères concernés et en utilisant une variété de support
médiatique pour chacun des groupes cibles.
19. Etablir un programme régional de formation pour les agriculteurs, les éleveurs et les
gestionnaires afin d’augmenter leurs capacités techniques de gestion et de conservation
durable de la biodiversité.
20. Etablir un mécanisme pour la participation active des communautés dans les projets. Ce
mécanisme intégrera le savoir-faire de ces communautés.
21. Promouvoir des plans de gestion rationnelle en favorisant la concertation et la gestion
participative des ressources et se basant sur les usages traditionnels et les règles
coutumières.
22. Créer un observatoire national des techniques novatrices de lutte contre la
désertification et la préservation de la diversité biologique.
23. Renforcer la part des recherches sur la lutte contre la désertification et la conservation
de la biodiversité dans les programmes nationaux de recherche.
24. Concourir à la création d’observatoires de la biodiversité dans l’ensemble des
collectivités ou se trouve des aires protégées et participer aux réseaux internationaux de
suivi de ces derniers.
25. Développer un suivi national sur la base d’indicateurs pertinents à l’échelle national.
26. Favoriser le transfert des connaissances en matière de lutte contre la désertification en
relation avec la préservation des ressources biologiques.
27. Informer les décideurs et les aménageurs en leur fournissant les éléments utiles
notamment les données sur la valeur économiques des ressources biologiques.
28. Renforcer l’application et la mise en œuvre des conventions CBD, CCD.
29. Améliorer l’accès des collectivités locales aux differents programmes de financement
nationaux et internationaux.
30. Intégration du mouvement associatif dans les différentes phases des programmes de
lutte conte la désertification et de l’utilisation rationnelle de la diversité biologique.
31. La création d’une base de données fonctionnelle et interactive à des fins de gestion et
de recherche scientifique.
32. L’instauration de mécanismes de suivi et d’évaluation pour permettre une adaptation
des objectifs de recherche aux besoins socio-économiques.
33. L’amélioration des compétences des capacités techniques des individus et institutions
impliquées dans la gestion des zones touchées et /menacées par la désertification et
l’utilisation rationnelle de la diversité biologique.
34. L’amélioration du flux d’information scientifique et technique sur la gestion et la
conservation des ressources naturelles à travers des ateliers et des conférences
électroniques.
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5. PARTAGE DES RESPONSABILITES ENTRE LES DIFFERENTES PARTIES CONCERNEES ET / OU LES DIFFERENTS PARTENAIRES
En ce qui concerne les domaines de la lutte contre la désertification et la préservation de la
biodiversité, chaque département ministériel, institut de recherche et mouvement associatif, chacun
dans le cadre des missions qui lui assignées œuvre et mobilise tous les voies et moyens pour
l’atteinte des objectifs arrêtes dans ce sens.
Ce qu’il y a lieu de préconiser dans ce sens pour coordonner les actions de tous ou faire converger
les efforts vers une cohérence et une harmonie de l’intervention serait :
Une entité qui assurerait ce rôle de médiateur ou facilitateur,
Soit la redynamisation du HCEDD (Haut Comite de l'Environnement et du Développement
Durable ).dont la mission principale est de coordonner les interventions des différents
acteurs dans le domaine de la protection de l’environnement
6. MECANISMES DE FINANCEMENTS ET DE GESTION DU FINANCEMENT POUR AMENER LES DIFFERENTS PARTENAIRES A ATTENUER LES RISQUES DE LA DESERTIFICATION (FONDS À METTRE EN PLACE, MOYENS A METTRE EN OEUVRE)
Le manque de financement reste l’obstacle principal à la mise en œuvre des programmes aussi
bien de lutte contre la désertification que ceux de la préservation de la diversité biologique.
Au niveau national, le gouvernement mobilise des moyens colossaux pour la protection de
l’environnement d’une manière général et pour la lutte contre la désertification et la préservation de
la diversité biologique d’une manière plus particulière.
Il y a lieu de préconiser la rationalisation de la dépense publique en faveur de l’environnement. La
stratégie à adopter ne consiste toutefois pas à augmenter d’autant la dépense publique. Au contraire,
elle consiste à graduellement recourir aux instruments économiques et à la fiscalité
environnementale de concert avec la mise en œuvre de la réglementation.
Etant donné l’absence d’un Fonds international spécialisée pour la prise en charge de la mise en
œuvre de la convention internationale sur la lutte contre la désertification, il y a lieu :
De renforcer le Mécanisme Mondiale de l’UNCCD (institution financière créée pour
mobiliser les ressources nécessaires pour l’application de l’UNCCD), au niveau à tous les
niveaux.
L’Algérie ayant mis en place (conformément aux principes de l’UNCCD),le Fonds
Nationale de lutte Contre la Désertification et l a protection des parcours et de la Steppe
créer par la loi de finances 2002, il y lieu d’harmoniser les interventions des differents fonds
en concertation avec les gestionnaires de ces derniers.
Afin d’assurer la réussite des programmes et leur réalisation dans les délais avec
l’implication de tous les acteurs concernés, il y a lieu de favoriser l’émergence de petits
financements pour des projets moyens dont l’impact aurait « un effet levier » au niveau de la
localité du projet.
Renforcer les moyens financiers des programmes de développement consacrés à la
diversité biologique.
Améliorer l’accès des collectivités des aires protégées aux differents programmes et
financements nationaux et internationaux,
Favoriser l’implication et l’intégration du secteur privée (opérateurs touristiques et
industriels notamment )dans le financement des actions de protection de la diversité
biologique et de la lutte contre la désertification.
Explorer, identifier et défendre les voies de financements possibles au niveau international ;
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Identifier les fonds nationaux, communautaires et internationaux mobilisables et les porter à
la connaissance des collectivités.
Favoriser l’information des acteurs des collectivités des zones concernées sur les
programmes et financements internationaux en faveur de la préservation des ressources
naturelles (FEM/FFEM,Banque mondiale ,Union Européenne ,PNUE,PNUD,…).
Identifier et mettre en place des moyens économiques incitatifs ou répressifs.
7. ELEMENTS DE LA STRATEGIE EN MATIERE DE RENFORCEMENT DES CAPACITES NECESSAIRES A LA REDUCTION DES RISQUES DE LA DESERTIFICATION MENACANT LA BOIDIVERSITE LOCALE ET GLOBALE
Préservation, promotion, développement et utilisation durable de la diversité biologique constitue
une condition essentielle pour un développement économique et social durable.
En dépit des efforts déployés par notre pays dans ce domaine , l’appauvrissement de la diversité
biologique s'est intensifiée notamment par la destruction des habitats, les cultures, l'urbanisation,
l'érosion la désertification et l'introduction des plantes et des animaux exotiques .
Les enjeux liés à la diversité biologique sont souvent ignorés et les atouts pour la promotion
économique et sociale et pour le renforcement de notre souveraineté sont négligés.
Une volonté politique réelle et concrète est nécessaire et vitale et est à même de nous donner la capacité
d'exercer notre droit souverain d'exploiter ses ressources pour notre propre développement et le progrès
attendus pour notre économie et notre sécurité.
La conservation de la biodiversité est loin d'être seulement l'affaire des écologistes et des naturalistes, elle
doit être avant tout l'une des préoccupations essentielles des opérateurs économiques et des décideurs
politiques.
Etant donné les liens très intimes liant les trois conventions environnementales issues de Rio
(CCD,CBD,CCCC), Il y a nécessite de créer la synergie entre ces trois conventions sœurs dans les
programmes et politiques environnementaux .
La grande priorité doit par conséquent être accordée à la préservation de la biodiversité non pas
comme une pièce de musé mais comme source de progrès et de promotion.
La conservation phytogénétique et zoo génétique joue un rôle fondamental dans la croissance
économiques des pays développés qui continuent à s'enrichir.
Notre pays détient des ressources biologiques importantes susceptibles de lui permettre un
développement agricole et rural durable mais elles ne sont pas exploitées de façon appropriée et on ne
fait pratiquement rien pour éviter leur dégradation ; une fois perdue, ces ressources ne peuvent être ni
reconstituées, ni récupérées
Jusqu'à maintenant les programmes de développement n'ont pas apporté une amélioration
substantielle dans la situation de la biodiversité en Algérie, mais l'ont rendu encore plus vulnérable.
Face à cette situation critique l'approche doit être revue et corrigée et doit viser à intégrer la
conservation de la biodiversité dans les programmes de développement économique et social car les
enjeux liés à la conservation de la diversité biologique sont multiples et notamment :
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Stratégique, puisqu'elle contribue à la sécurité alimentaire et l'accroissement de la production
agro-alimentaire en quantité et en qualité, elle permet d'exercer notre droit souverain sur les
potentialités génétiques
Economique, puisqu'elle apporte des solutions aux problèmes de développement et de
promotion.
Sociale, puisqu'elle contribue au bien être du citoyen, à la préservation de sa santé et son
équilibre.
Ecologique, par la protection d'espèces, des espaces et des habitats de la faune et de la flore.
Scientifique, puisqu'elle affermit la tradition de recherche liée au développement, valorise le
capital scientifique et technologique, renforce la culture scientifique et technique, technologique au sein
de la société.
La politique nationale de développement économique et sociale n'est donc viable que si elle
prend en compte les éléments et principes directeurs qui permettent une utilisation durable de la diversité
biologique et notamment :
1. adopter un type de développement qui ne met pas en danger les espèces, les espaces, les
écosystèmes et ne détruit pas leurs habitats et leur intégrité.
2. permettre et respecter le renouvellement des ressources notamment es espèce sauvages de
plantes et d'animaux avec leur capital génétique ;
3. axer le programme national de développement sur la durabilité et prévenir toute perturbation
des écosystèmes naturels.
4. restaurer et maintenir l'intégrité des écosystèmes dégradés et adopter une approche intégrée
tout en préservant la plus grande superficie des écosystèmes représentatifs ou d'intérêt écologique,
économique et utilitaire.
5.mettre en terme ou limiter l'utilisation destructrice des écosystèmes et des matériaux tout
en protégeant les terres agricoles, les terres de parcours et forêts, les zones sahariennes, les zones
humides et la mer.
6. améliorer la connaissance et la compréhension et conserver in situ et ex situ les ressources de
la biodiversité.
7. aider les populations locales à mieux gérer les ressources et les inciter à préserver la diversité
biologique en leur procurant les meilleures conditions possibles pour assurer leur stabilité dans les
espaces qu'elles occupent.
8. promouvoir l'engagement des différents secteurs et opérateurs vis à vis de la durabilité de la
diversité biologique .
9. adopter des normes sévères de prévention tout en créant des conditions favorables à leur
application ;
10. améliorer les conditions d'établissement humaines en mettant un terme à l'incapacité des
autorités à faire respecter les normes d'urbanisation notamment en ce qui concerne la préservation des
terres agricoles et des écosystèmes
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11.établir une stratégie pour une agriculture durable et promouvoir la conservation de l'eau et
des sols support essentiel à une agriculture productive et une biodiversité riche tout en contrôlant
l'emploi des engrais et pesticides et les autres formes de pollutions.
12. conserver les ressources génétiques des espèces animales sauvages et domestiques et des
espèces végétales sauvages ou apparentées aux espèces
14. reconnaître le droit des agricultures au développement des variétés et aux races locales et les
protéger contre le droit de propriété intellectuelle.
Celle-ci doit être contrôlée et normalisée même si le droit de la propriété intellectuelle est
reconnue par la réglementation.
Autrement et sur la base de ces principes, il conviendrait de mettre en oeuvre une série de
mesures concrètes tendant à ;
1- Prévenir et conserver les gênes, les espèces et les écosystèmes afin d'assurer la gestion et
l'utilisation durable des ressources biologiques sachant que les progrès réalisés par la
biotechnologie qui utilise les matériaux génétiques existants dans les plantes, les animaux et
les micro organismes, peuvent apporter à l'agriculture, la santé, au bien être et à
l'environnement un gain inestimable à l'équilibre économique et social.
2 - Intégrer des stratégies de conservation et d'utilisation durable aux stratégies et
plans nationaux de développement. Ces stratégies, plans et programme d'action doivent assurer
une exploitation non déprédatrices des ressources naturelles et la richesse biologique
et la diversité génétique des espèces y compris son milieu terrestre, aquatique ou marin.
3- Inventorier et étudier les éléments constitutifs de la diversité biologique et recenser ceux
qui exercent une pression sur les composantes afin de fournir aux opérateurs des indicateurs
nécessaires pour asseoir des modes et des méthodes de production durable notamment dans
l’agriculture, l’élevage, la sylviculture, les parcours la faune sauvage et la flore spontanée.
4 - Prendre des mesures pour que soient respectés, protégés, adoptés et le cas échéant,
améliorer les connaissances, les innovations et les pratiques traditionnelles des populations
locales.
5 - Entreprendre des travaux de recherche et d'expérimentation à court moyen et long terme
sur l'importance de la biodiversité , le fonctionnement des écosystèmes et leur capacité de
production durable et renouvelable des biens et services , des valeurs et des bienfaits. Les
domaines d'investigation concernent la biologie, la productivité, la reproduction et la
régénération et les modes d'exploitation non destructeurs ; les recherches concernent également
les nouvelles techniques d'observation (satellite, base de données, système d'informations
géographique).
6 - prendre des mesures pour assurer la préservation des ressources biologiques dans
les écosystèmes naturels (in situ), ainsi que celles des écotypes , des cultivars d'origine,
des espèces sauvages apparentées. Dans ce cadre Il y a lieu d'évaluer le système des
aires protégées et le cas échéant les renforcer ou les compléter par des
écosystèmes non représentatifs d'intérêt stratégique, écologique, économique,
esthétique ou culturel.
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7 - favoriser la remise en état ou la reconstitution des écosystèmes endommagés et
la régénération des espèces menacées ou en voie de disparition tout en étudiant et en
éliminant les facteurs qui ont conduit à cette situation négative.
8 - favoriser la conservation ex situ notamment par la création de jardins botaniques,
les vergers conservatoires des conservations botaniques, des fermes zootechniques
d'élevage. Il y a lieu aussi de créer des banques de gênes spécialisés modernes en
utilisant des techniques modernes et performantes
9-Encourager , par des mesures incitatives , les industries, les entreprises de tourisme à
exploiter sans danger la biodiversité et ses composantes.
10- Introduire les méthodes qui conviennent pour étudier l'impact sur la biodiversité.
Evaluer l'apport de la richesse biologique, autant se faire que peut, afin de mieux
apprécier la valeur de la diversité biologique et de ses constituants.
11- Assurer des programmes de formation scientifique et technique sur
l'identification des ressources biologiques, leur conservation et leur utilisation
durable et la prévention contre les risques encourus par la manipulation génétique.
12- Procéder au recyclage et à la spécialisation dans les différents domaines de la
biodiversité et des ses composantes notamment, les disciplines permettant aux
institutions publiques, collectivités locales, entreprises privées et publiques,- institutions
financières, organisations non gouvernementales représentants socio-professionnels de
prendre les décisions en connaissance de cause et avec toute la clairvoyance nécessaire.
Eviter les erreurs revient à économiser et à préserver les patrimoines au bénéfice des
générations actuelles et de celles qui vont venir.
13 - renforcer les institutions existantes responsables du domaine, coordonner leurs
activités et leur capacité de connaissance, de préservation dans tous les secteurs
pertinents de la diversité biologique, de sa préservation et de l'utilisation durable de
ses composantes.
14 - créer des capacités d'appréciation dans les administrations, les entreprises,
organismes sur les avantages attendus par une gestion rationnelle de la biodiversité
notamment lors du calcul des coûts d'opportunité dans la conception, la mise en
oeuvre et l'évaluation des projets.
15 - Des dispositions particulières doivent être prises en ce qui concerne la
conservation des ressources génétiques. Dans ce cadre il conviendrait de:
o mettre en oeuvre des programmes pour connaître, étudier, évaluer, concevoir
les ressources phytogénétiques du pays.
o développer les capacités institutionnelles, structurelles, organisationnelles afin
de mieux prendre charge l'utilisation rationnelle des ressources phytogénétiques.
o renforcer et développer la capacité de recherche notamment sur les domaines tels
que la phytogéographie, la génétique, la culture in vitro et la cryoconservation
o développer les moyens de multiplication et d'obtention végétale semence et
plants) dans le cadre de plan d'action prioritaire de production de matériel
végétal de reproduction.
o surveiller , contrôler et évaluer la circulation des ressources phytogénétiques aussi
bien à l'intérieur de nos frontières qu'à l'extérieur par notamment la sensibilisation
et le renforcement des capacités nationales des institutions spécialisées, des
collectivités nationales et locales des groupement socio-professionnels et des
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représentants de la société civile (associations).
o renforcer et créer des réseaux de zones de conservation in situ y compris dans les
exploitations agricoles et dans les milieux de culture traditionnelle. Un système
national de conservation et d'utilisation des ressources phytogénétiques est à
mettre en place afin d'adapter la production agricole à l'utilisation de ces
ressources et de promouvoir l'utilisation de plantes mal connues.
o connaître, étudier, toutes les espèces et les races locales en fixant des priorités
pertinentes pour celles qui sont les plus menacées, les plus intéressantes
génétiquement ou les plus utilisées.
o Déterminer les risques concourus par chaque race afin d'asseoir des mesures de
préservation appropriées.
o Collecter, traiter, stocker et d'analyser les données zootechniques à l'échelle
nationale pour l'établissement des inventaires nationaux. La description de chaque
race et sa relation avec d'autres races, son importance numérique et sa capacité de
reproduction, ses caractéristiques biologiques et adaptations.
o développer et conserver les matériaux zoo génétiques essentiels et promouvoir la
création de banques de gènes notamment par la collecte et le stockage de
semences ou d'embryons ainsi que la conservation du patrimoine dans les
exploitations agricoles identifiées. Installer des centres d'insémination, des fermes
l'élevage et de section in situ.
o renforcer le potentiel scientifique afin de développer et de conserver les matériaux
génétiques essentiels et d'obtenir des indicateurs permettant de prendre des
mesures préventives appropriées lorsque les races sont en danger.
o donner aux scientifiques et aux gestionnaires les moyens propres à leur permettre
de développer et de conserver les matériaux zoo génétiques essentiels.
15 - Il importe d'encourager les biotechnologies et les biotechniques utilisant le matériel
génétique des plantes, des animaux et des micro organismes afin de créer des produits
techniques utiles et sans danger pour l'homme et l'environnement notamment pour renforcer la
sécurité alimentaire par des techniques et des pratiques agricoles. Il s'agit en fait :
o - d’augmenter les rendements des cultures et de l'aquaculture en utilisant les
biotechniques modernes et les techniques classiques d'amélioration génétique des
végétaux et des animaux.
o -d’ améliorer la valeur nutritive des cultures et des produits agricoles , des
cultivars et des produits agricoles après récolte et durant les phases végétatives
(lutte intégrée contre les parasites et les maladies)
o -de développer les applications des biotechnologies à la foresterie, au parcours, à
la lutte contre la désertification et à la production des plantes médicinales
aromatiques ou industrielles.
o - de créer des cultivars tolérant et / ou résistant aux rongeurs et aux autres
agressions biotiques et abiotiques et améliorer les facteurs de résistance par la
fixation de l'azote, l'absorption minérale et les autres synergies symbiotiques
o - de réglementer efficacement l'obtention, du germinatif végétal et microbien en
appliquant des procédures d’évaluation, de prévention et de gestion des risques.
o - d’ encourager la masse critique de la recherche et des chercheurs pour permettre
la mise au point de produits et de procédés viables économiquement, admissibles
socialement et sans danger pour l'homme et l'environnement.
o - de prendre les précautions nécessaires pour l'obtention des produits issus des
plantes, animaux ou de micro organismes génétiquement modifiés notamment en
ce qui concerne la production vivrière, fourragères , piscicoles ou de matières
premières renouvelables.
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Conclusion
Sans la diversité biologique, il ne peut y avoir ni production alimentaire ni agriculture. L'avenir de notre
pays est ainsi entièrement lié à la protection et à l'utilisation durable de la diversité biologique et des
ressources génétiques.
C'est celui qui possède la capacité de connaître, de protéger et de développer ces ressources qui a
le plus de chance de vaincre le sous développement et la pauvreté d'une part et d'être en mesure
d'éviter la dilapidation de son patrimoine.
En effet, les sélectionneurs des pays nantis et les multinationaux se sont toujours servis des richesses
des pays en développement sans contrepartie ; pire encore puisque les espèces et variétés multipliées
dans ces pays sont brevetées et retournées dans leur pays d'origine qui les achètent à des prix
très: fort avec l'existence du droit de propriété et donc l'impossibilité de les multiplier.
Par ailleurs, et malgré les avantages que cela peut entraîner, l'introduction de la biotechnologie est
encore de l'apanage des transnationales et des pays industrialisés qui détiennent les capacités
techniques et scientifiques et sont loin de dépendre des pays en développer
Par ailleurs l'émergence de ces techniques et leur développement , sans discernement , pourraient
avoir des retombées aussi néfastes que la révolution vertes dans les années 60 qui a conduit à
la disparition de nombreuses espèces locales traditionnelles , plus disposées pour résister aux
conditions difficiles (stress, hydrique, sol pauvre, gel, maladies, parasites...).
Cependant certaines biotechniques contribuent à la conservation des ressources génétiques animales
et végétales par notamment la collecte, la conservation de genèse, la détection de maladie dans les
banques de genèse, la détection de gènes utiles, la distribution du plasma germinatif.
Si notre pays veut maîtriser ses ressources, il se doit de mettre en place un dispositif permettant de
renforcer les institutions et de valoriser les ressources humaines qui activent dans ce domaine.
Si l'eau constitue l'une des préoccupations majeures du siècle prochain, l'avenir appartient aussi à celui
qui domine la production de semences et de plantes de nouvelles variétés.
La mise au point de nouveaux produits alimentaires, médicinal et aromatique à partir de la flore
locale est supérieure aux découvertes pétrolières les plus fructueuses.
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LES INCENDIES
Introduction
L’homme existe sur terre depuis environ 3 millions d’années (Wolf, 1984), du début de
l’humanité jusqu’à la révolution industrielle au début du XIXième siècle, l’impact de l’homme sur
l’environnement restait limité, le taux de gaz carbonique dans l’atmosphère était de 0.03 %.
Depuis la révolution industrielle, le taux de gaz carbonique ne cesse d’augmenter.
Des gaz qui n’étaient pas présent à l’état naturel dans l’atmosphère apparaissent, c’est le cas des
CFC.
Certes avec la maîtrise du feu l’homme a déjà commencé à perturber le milieu dès le début du
Néolithique, il y a de cela environ.
La forêt est l’écosystème qui, après les océans, présente la plus grande diversité biologique, bien
avant les terres cultivées (Ager) et terrains de parcours (saltus et steppes).
A l’instar des autres forêts du pourtour méditerranéen, la forêt algérienne est chaque année, ravagée
par les incendies, nous ferons une analyse succincte des principales causes. La connaissance de la
déclaration et de la propagation des incendies sont nécessaires pour la mise au point des techniques
et moyens pour les contrecarrer.
Nous essayerons de faire ressortir leurs conséquences sur la biodiversité.
Nous terminerons par les moyens à mettre en œuvre pour réduire les feux de forêt qui constituent un
véritable fléau en région méditerranéenne, et qui constituent une véritable menace pour la forêt
algérienne en particulier et la biodiversité biologique en général.
1. Notions sur la diversité biologique :
La diversité allélique ou intra spécifique : au niveau du génome au niveau des formation naturelles,
il existe une grande variabilité en raison du brassage. Les forêts naturelles méditerranéennes sont
donc caractérisées par leur grande variabilité biologiques, mais aussi leur très grande sensibilité au
feu pour plusieurs raisons :
Les reboisements par contre, en particulier la ligniculture : diversité intra spécifique très faible
(risques de ravage plus élevés
La Diversité spécifique quant à elle, est le moyen le plus fréquent d’exprimer la diversité biologique
1.7 millions d’espèces ont été décrites à ce jour. Le nombre total d’espèces existant sur l’ensemble
de la planète est inconnu, il est estimé entre 10 et 30 millions.
La diversité est d’autant plus grande que les conditions de milieu sont plus favorable , c’est ainsi
que le nombre d’espèces diminue avec l’altitude et la latitude (Woodward, 1987).
Les écosystèmes forestiers sont transformés par l’homme en terrains de parcours (steppes et saltus)
et terrains de cultures (Ager), qui sont du point de vue diversité biologique beaucoup moins riches.
Dans un écosystème forestier, qui nous intéresse ici la biodiversité est organisée selon les grand
pôles suivants :
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A) Capteurs d’énergie êtres vivant autotrophes (Chlorophylliens)
1. Espèces ligneuses
2. Espèces herbacées et arbustives,
3. Algues lichen et épiphytes
B) Utilisateur mobiles d’énergie
1. Insectes et arachnides
2. oiseaux
3. Batraciens et reptiles
4. mammifères
Utilisateurs d’énergie peu mobiles
Microfaune du sol
Utilisateurs d’énergie non mobiles
Champignons
Bactéries
actinomycètes
Les oiseaux, les colomboles (insectes qui vive près du sol) et les végétaux sont les
principaux indicateurs de biodiversité utilisés par les scientifiques
2. La forêts algérienne
En Algérie les forêts, les reboisement, les maquis et les garrigues occupent une superficie d’environ
4000 000 d’ha, néanmoins chaque année environ 48 000 sont parcourus par les incendies.
Principales essences des forêts algériennes
Essences Superficie Taux %Pin d'Alep 800000 20
Reboisement P.A 800000 20
Chêne liège 460000 11,5
Chêne Zeen et Chêne Afares 65000 1,625
Chêne vert 360000 9
Thuya 140000 3,5
Genévrier 280000 7
Cèdre 23000 0,575
Pin maritime 12000 0,3
Eucalyptus 60000 1,5
Maquis et garrigues 1000000 25
Total 4000000 100
3. Les incendies de forêt
3.1 Généralités
C’est par la maîtrise du feu que l’homme a réussi à défricher et à mettre en culture, une bonne partie
des terres agricoles
A côté de la destruction d’un patrimoine économique inestimable, les feux de forêt entraînent des
dégâts sur les écosystèmes qui se
Par la destruction des paysages
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La Perte d’une matière première qui est le bois
La Destruction de biotopes des animaux sauvages
La Libération dans l’atmosphère d’une grande quantité de gaz à effet de serre, en particulier,
le CO2 et le CO.
Les incendies entraînent non seulement d'importantes pertes économiques, mais ils
nuisent gravement au patrimoine forestier et agricole. Ils menacent les différentes fonctions de
la forêt : économique, sociale, écologique. Ils constituent un facteur qui peut limiter tout
développement durable forestier et plus généralement rural .
Les forêts les plus sensibles au feu, hors les résineux occupent plus de 51 % de la surface de
nos forêts, le pin d’Alep, une des espèce les plus sensible au feu occupe à lui seul une surface de
16000000 ha soient 40 % de la surface forestière.
3.2 Notions de pyrologie forestière
Le feu est le résultat de la combustion ou de la réaction exothermique qui se produit entre un
comburant (combustible) à la suite d’une élévation de température.
Combustible + 02 CO2 + CO + H2 + calories + résidus + goudrons
Trois facteurs sont nécessaire à la déclaration du feu et à son extension
élévation de température
le comburant dont le taux dans l’air doit être au minimum 18 %
Le combustible dont la pyrogénation une fois amorcée ne s’arrête pas à moins d’une
intervention anthropique ou épuisement de l’un de ces facteurs
Le feu part toujours de la litière (végétaux morts), les gaz chauds s’élèvent du foyer initial et
provoquent la pyrolyse des végétaux situés au-dessus ; ces gaz émis s’enflamment au-dessus et en
avant du foyer par combinaison avec le vent. Le feu se propage donc de bas en haut à travers les
différentes strates.
La puissance du feu P, s’exprime en KiloWatt par mètre de front (kW/m), dépend de la
quantité de biomasse w (kg/m2) de biomasse brûlé par le front (feuilles, aiguilles, brindilles et
litière = débris végétaux sur le sol) et de la vitesse de progression du feu sur le front R (m/s), selon
la formule de Byram : P = 18700 wR (Alexander, 1982). Cette puissance fluctue en fonction de la
densité de la végétation des sautes du vent local qui dépendent du relief, de la structure de la
végétation et des ascendances thermiques ou des tourbillons créés par l’ incendie
Les canadiens considèrent qu’un front de feu de puissance inférieure à 2000 kW/m peut être
maîtrisé par les moyens de lutte au sol. Au delà et jusqu’à 4000 kW/m, l’intervention de moyens
aériens permet seul de maîtriser directement la terre du feu. Au-delà de 4000 kW/m, il est souvent
impossible de contenir la tête du feu. Au delà de 10000 kW/m la maîtrise du feu est impossible, Et
on doit attendre un affaiblissement de la puissance du feu ou un ralentissement de sa progression
(affaiblissement du vent, passage du feu dans une zone de végétation moins dense, fraîcheur du
soir) ou encore les effets des interventions retardatrices (Attaques latérales, largage de produits
moussants ou retardants)
En France max 25 000 kW/m soit 1 à 2 kg/m2 correspondant à 10 à 20 tonnes/ha et vitesse max de
progression de 0.5 à 1 m/s. Pour une puissance de feu de cet ordre de grandeur, la hauteur moyenne
des flammes est de l’ordre d’une dizaine de m (Trabaud, 1989)
Il semble que la vitesse de progression du feu soit la plus élevée dans la formations végétales basses
continues (pelouse, champs, landes, garrigues claires) où la biomasse est faible ou très faible ; dans
les formation arborée avec sous-bois dense, où la végétation forme un écran s’opposant au vent, au
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rayonnement thermique et à la convection horizontale, la vitesse de progression du feu est
relativement faible alors que la biomasse brûlée est beaucoup plus importante.
3.3 Risques naturels
Les risques naturels sont liés à la météorologie (sécheresse, vent, foudre), aux conditions du milieu
(topographie) et à la nature du végétal.
Une des cause de la sensibilités de la forêt méditerranéenne au feu est directement lié aux
paramètres climatiques (la sécheresse estivale et le vent) mais aussi à la facilité de déclaration des
incendies et la vitesse de propagation.
Le vent, paramètre qui agit directement en cas d’incendies (les autres paramètres agissent
indirectement) :
Favorise le dessèchement
Couche et allonge les flammes
Apport d’O2
Vitesse et turbulence, transporte les brindilles embrassées très loin ce qui augmente d’autant plus
les risques de déclaration de nouveaux foyers
Les indices d'incendies de forêt
Afin de prévenir les risques d’incendie de forêt, les services concernés ont établi des indices qui
indiquent le degré de sensibilité au feu de forêt.
Ces indices sont basés sur 3 groupes de paramètres :
La météo (vent et sécheresse)
Et l’homme.
La méthode canadienne,
Et la méthode espagnole.
L’indice forêt - météo IFM
Méthode globale d’évaluation des dangers d’incendie
Indice de l’humus IH : Teneur en eau d’une couche de matière organique en décomposition et peu
compact pesant environ 5 Kg /m2
Indice de propagation initiale : IPI : Résulte de la combinaison de ICL et représente uniquement la
vitesse de propagation sans tenir compte de l’effet des quantités variables de combustible
Le combustible
A partir de ces trois critères différents pays ont mis au point des indices nous présenterons ici trois.
La méthode française
Indice du combustible léger (ICL) : teneur en eau d’une couche de litière et d’autre combustibles
légers séché pesant environ 0.25 kg (masse anhydre) par m2
Indice de sécheresse : IS : Représente une couche profonde de matière organique (MO) compact
pesant environ 25 Kg au m2
Indice du combustible disponible : ICD : résulte de la combinaison de l’IH et l’IS et représente la
quantité totale de matière forestière disponibles au feu en progression
IFM : Combinaison de l’IPI et de l’ICD et représente l’intensité du feu en propagation d’après la
quantité d’énergie produite par unité de longueur de front.
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3.3.1 Incendies et météorologie
La remontée de l’anticyclone des Açores, en été, amène une période de sécheresse en faisant
circuler des perturbations atlantiques
Le vent : vitesse
La sécheresse : ET a à p
r
R c lculée artir de l’ETP par la formule suivante :
ETR = ETP x R
r : réserve d’eau dans le sol
R : réserve maximale qu’il peut contenir
Ce mode de calcul revient à faire diminuer de la réserve d’eau en fonction de la somme des ETP
r = R exp ETP
R
Comportement du combustible
La litière : comprend l’humus, les feuilles mortes, les mousses, les lichens et les brindilles
La strate herbacée : Constituée par les espèces annuelles et les fougère
Pour notre part nous proposons un indice plus simplifiée qui tient compte
Qui prend en considération la quantité de litière et l’ETR et qui sont plus faciles à déterminer
Bois morts et chicots
Strate des ligneux bas : Le ligneux qui ne dépassent pas 2 m : broussailles, arbustes bas et
arbrisseaux
Ligneux hauts : Comprend les branches et le feuillage des arbres
Le facteur humain
L’homme est le facteur le plus imprévisible, la majeure partie des incendies lui sont
imputée. Le meilleur moyen de le contrecarrer c’est de l’associer en le faisant bénéficier des
produits de la forêt. C’est le moyen le plus efficace pour réduire les feux de forêts
Là où la forêt n'assure plus de fonction économique, elle n'est plus entretenue et brûle
fréquemment.
3.4 Comportement des êtres vivant devant l’incendie
Selon leur mobilité et leur résistance les êtres vivants se comportent très différemment. En ce qui
concerne les végétaux :
Mobilité :
Non mobiles, c’est le cas des plantes,
Peu mobiles, les microorganismes et la microflore et la microfaune
Mobiles les animaux
En cas d’incendie ceux qui seront les plus vulnérables c’est le 1 pôles des les capteurs
d’énergie que les végétaux chlorophylliens, les utilisateurs d’énergie non mobiles : champignons,
bactéries et actinomycètes qui se trouvent à la surface du sol et sur les végétaux, et ceux qui sont
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dans le sol à une faible profondeur. Les êtres vivants se trouvant à l’intérieur du sol seront touché
par l’incendie, en fonction de l’intensité de celui-ci.
Devant le feu, les végétaux ont développé des systèmes de protection très variés.
Certain sont gorgé d’eau, écorce spongieuse ou ignifuge c’est ainsi que le liège est utilisé comme
isolant thermique ( et phonique), c’est le une fois démasclé que le chêne liège est vulnérable devant
un incendie.
D’autre par contre, utilise le feu comme moyen pour supprimer les concurrents, c’est le cas des
gymnospermes, les pins ont une écorce pulpeuse qui se consume sans brûler ; ainsi les tissus
fragiles (assise libero- ) qu’elle protège sont isolé en grande partie de la chaleur. Les bourgeons à
l’extrémité des rameaux des jeunes arbres à la merci des flammes dont protégé par d’épais bouquets
d’aiguilles longues, dont la combustion dégage une chaleur supportable
Les conifères ne se contentent pas de résister, ils créent aussi les conditions nécessaires au
déclenchement de l’incendie. En effet, les aiguilles de pin gorgés de résine, forment un tapis
imputrescible est hautement inflammable. Les risques d’incendies sont donc plus grande que dans
des forêts de feuillus. La fumée détruit certains champignons parasites.
La régénération des résineux est favorisée par les incendies à différents niveaux :
1. Les cônes de pin ne s’entrouvrent que si elles sont soumises à une intense chaleur.
2. La libération d’élément nutritifs (cendres) favorise le développement des jeunes semis.
Certains animaux, pour échapper au feu ont recours à la fuite, c’est le cas des oiseaux qui
s’envolent, des mammifères et qui s’enfuient
En temps normal, les feux progressent très vite sont généralement sans danger pour la faune.
Pour échapper, les oiseaux s’envolent
Les serpents et les tortues s’ abritent dans les cavités utilisées habituellement pour leur fraîcheur
Les pics sont plus directement menacés
La microfaune, se trouvant à l’intérieur du sol, réussit à survivre si elle se trouve à l’intérieur du sol,
et si l’intensité du feux n’est pas trop importante.
3.5 Les feux de forêts en Algérie
Surfaces forestières incendiées annuellement
Année Hectares Année Hectares Année Hectares1881 169056 1891 45924 1901 9687
1882 4018 1892 135574 1902 141141
1883 2464 1893 47787 1903 94398
1884 3232 1894 100890 1904 2759
1885 51569 1895 32907 1905 7676
1886 14043 1896 14091 1906 9186
1887 53714 1897 79203 1907 4457
1888 14788 1898 12384 1908 6540
1889 17807 1899 16099 1909 9751
1890 23165 1900 2937 1910 24294
Total 353856 Total 487796 Total 309889Moyenne 35385,6 Moyenne 48779,6 Moyenne 30988,9
Expert Consultant Dr. Abdelguerfi A. 2002/2003 Coordonnateur M. Ramdane S.A
Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 151
Surfaces forestières incendiées annuellement
Année Hectares Année Hectares Année Superficie1911 16309 1921 11200 1931 61067
1912 26505 1922 89473 1932 9734
1913 138191 1923 5997 1933 17640
1914 43305 1924 62360 1934 2517
1915 9350 1925 9146 1935 28691
1916 78863 1926 81985 1936 22372
1917 75453 1927 10504 1937 61877
1918 33720 1928 13339 1938 9571
1919 116889 1929 1583 1939 21777
1920 83986 1930 10675 1940 39850
Total 622571 Total 296262 Total 275096Moy. 62257,1 Moyenne 29626,2 Moyenne 27509,6
Surfaces forestières incendiées annuellement
Année Hectares Année Hectares Année Hectares1941 7416 1951 49015 1961 59471
1942 31740 1952 7659 1962 nd
1943 81678 1953 7053 1963 3923
1944 34548 1954 9809 1964 9386
1945 57708 1955 25576 1965 50624
1946 15513 1956 204220 1966 2503
1947 20530 1957 105604 1967 49561
1948 7617 1958 125822 1968 14550
1949 23369 1959 55038 1969 13315
1950 Nd 1960 60174 1970 30439
Total 280119 Total 649970 Total 233772Moyenne 31124 Moyenne 64997 Moyenne 25975
Surfaces forestières incendiées annuellement
Année Hectares Année Hectares Année Hectares1971 57835 1981 17361 1991 13176
1972 4098 1982 9382 1992 25621
1973 34530 1983 221368 1993 58681
1974 11003 1984 4732 1994 2715981975 37331 1985 4668 1995 32157
1976 19945 1986 21538 1996 7302
1977 43947 1987 23300 1997 17831
1978 41552 1988 27758 1998 28630
1979 15663 1989 4469 1999 38462
1980 26945 1990 28047 2000 557822001 14356
Total 2928490 Total 362623 Total 292000Moyenne 292849 Moyenne 36262 Moyenne 51236
Trois décennies ont été particulièrement désastreuses pour la forêt algérienne, La décennie 1911-
1920, et qui coïncide avec la première guerre mondiale, la décennie 1951-1960
Deux causes principales sont à l’origine des incendies de grande ampleur que connaissent nos
forêts:
- Le climat, en effet c’est durant les années particulièrement sèches : 1983 que les incendies ont été
les plus dévastateurs
- La deuxième cause est liée au troubles sociales, en particulier lors des guerres et des révoltes, c’est
l’année 1994 qui a été la plus destructrice pour la forêt algérienne avec une superficie supérieure à
270 000 qui a été concernée soit 6,8 % de la superficie forestière totale. En moyenne sur 120 ans,
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3.6. Lutte contre les incendies de forêts
Dans la perspective d'une Gestion Durable des écosystèmes forestiers, les feux de forêts sont et
resteront l'un des problèmes majeurs pour les forêts méditerranéenne en générale et pour la forêt
algérienne en particulier, c’est pourquoi, il faudra mettre les moyens nécessaire pour les
circonscrire.
Après les reboisement, la lutte contre les incendies de forêt est le créneau qui mobilise le plus
l’effort du forestier, des moyens considérable lui sont consacré, ceci se justifie en raison des
dommages considérables que ces derniers occasionne à ce patrimoine économique, et écologique.
Durant la période estivale le forestier est quasiment mobilisé pour la lutte contre les incendies.
En matière de lutte contre les incendies, la prévention en est le meilleur moyen. En effet, une fois le
feu déclaré, il occasionnera des dégâts important sur le milieu
3.6.1 Moyens de lutte
L’aménagement forestier est l’un des moyens les plus adéquat pour lutter contre les incendies de
forêt.
Les plans d’aménagement intègrent toutes les infrastructures nécessaire en matière de DFCI à
savoir :
L’ouverture et l’entretien de pistes
L’ouverture de TPF
L’installation de poste vigie
La réalisation et l’aménagement de points d’eau.
Par ailleurs une surveillance des massifs forestier par des brigades mobiles et les gardes forestiers
doit prévue en particulier en été.
3.6.2 Etat actuel.
Actuellement, les différentes conservations des Forêts à l’échelles nationale sont très peu pourvues.
Les moyens d’intervention au sol sont suffisants.
Il faut envisager de doter les régions forestières qui présente une masse de combustible trop
importante, de moyen de lutte aériens (Canadair, hélicoptères)
Au niveau des massifs isolés, installer de postes de détection automatiques pourront être envisagés
3.6.2.1. Tranchées pare-feu
Tranchées pare-feu doivent être entretenues annuellement, en région méditerranéenne
européenne, le berger est associé à l’entretien de ces dernières en faisant paître son bétail. Il vaut
mieux ne pas réaliser des tranchée pare-feu que la faire et ne pas les entretenir, car une végétation
pyrophyte se développe ce qui favorisera d’autant plus le déclenchement des incendies.
Les normes établies pour les forêts méditerranéennes sont de 5 ha de tranchée pare-feu pour
100 ha de forêt.
3.6.2.2. Pistes
L’accessibilité de la forêt est vital en matière de lutte contre les incendies, en effet, une intervention
rapide en cas de déclaration d’un sinistre permettra de limiter les dégâts occasionnés, les normes
sont de 1 km de piste pour 100 ha, seules quelques-unes unes de nos forêts en sont équipées
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suffisamment (voir tab.)
3.6.2.3. Réseau de postes vigie.
En matière de postes vigie et postes de guet, les normes sont de 1 poste tous les 25 km, nos forêts en
sont très faiblement dotées.
3.6.2.4. Aménagement de point d’eau
Les normes requises en matière de points d’eau varient en fonction de la dimension de celui-ci,
mais en moyenne nous considérons qu’il faut un point d’eau tous les 500 ha
Pour toutes ces infrastructures et moyens nos forêts sont inégalement dotées.
Pour ce qui est des pistes, sur 40 wilayate du nord, 11 répondent aux normes qui sont de 1 km/100
ha de forêt
Les normes recommandées pour le TPF, sont de 5 km pour 100 km de forêt, aucune Wilaya ne
répond aux normes, celle qui s’en approche est la Wilaya de Sidi Bel-Abbes qui en est à 50 % de
ces normes
Pour ce qui est des poste vigie, la majeure partie des Wilayate en sont relativement bien dotées sauf
les Wilaya de Tizi-Ouzou et Batna, il est à signaler que la Wilaya de Tizi-Ouzou avec Bouira,
Bejaia et Boumerdes qui ont connu le plus d’incendies ravageurs ces dernières années.
Seules 3 Wilayate atteigne 77 (Guelma), 65 (Boumerde) et 45% du taux de d’équipement requis, les
autres en sont très loin.
Pour ce qui est des brigades mobiles, 7 wilayate sont relativement bien dotée, se sont par ordre
décroissant les Wilayate suivant : Alger, Boumerdes, Relizane, Constantine, Chlef et Mostaganem.
La moins bien dotée est la Wilaya de Djelfa.
3.6.3. Moyens juridiques et législatifs
Pour ce qui est des dispositions juridiques et législatif, les textes actuels recouvrent parfaitement,
les aspects de lutte contre les incendies, néanmoins certains nécessitent une actualisation. Mais ce
qui fait défaut le plus, c’est l’application des textes.
3.6.4 . Partage des responsabilités en matière de lutte contre les incendies et mécanisme de financement
Les parties concernées sont tenues de nettoyer les accotements, immédiat de leurs infrastructures
sur une distance de 10 m, elles peuvent demander aux services forestiers des Wilaya concernées de
le réaliser moyennement rétribution, au cas où ce n’est pas réalisé, le service forestier peut
l’entreprendre à la charge de la partie concernée (SONELGAZ, SNCF, etc…)
Un droit de pâture payant est accordée aux riverains, dans les parties des forêts, réservées à cet
effet, (tranchées pare-feu, partie de la forêt non incendiées et en dehors des zones mise en
régénération
Droit de récolte des fruits forestier, champignons, mousse de chêne et autres produits forestiers est
accordé par appel d’offre ou de gré à gré, 50 % de la recette est versé au fond de lutte contre les
incendies en particulier dans la prévention).
En cas de négligence avérée dans la déclaration d’un sinistre, la partie responsable est tenue
d’assurer les réparations nécessaires dans les limites du possible.
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3.6.5 Moyens organisationnels
En plus du service forestier, les partenaires suivants doivent être directement impliqués en cas
d’incendie en forêt.
La sécurité civile
La région militaire
La DSA
3.6.6 Réalisation des documents
Les documents suivants sont nécessaires et doivent être réalisés pour tous les massifs forestiers afin
d’assurer une meilleure protection contre les incendies, et limiter leur extension en cas de sinistre.
1. Cartes de visibilité
2. Carte de sensibilité
Mettre au moins des indices de danger applicable dans le cas des forêts algériennes
Mise en place de SIG, pour toutes les infrastructures, l’historique des incendies, et tenir compte des
cartes de sensibilité de visibilité etc.
Aménager les forêts et mettre en application les plans d’aménagement
Conclusion
Les stratégies à développer en matière de renforcement des capacités nécessaires à la réduction des
risques d’incendies menaçant la diversité biologique locale et globale intègrent par les points
suivants :
1. Occupation de la forêt, en effet c’est la présence humaine qui est le meilleur garant pour assurer
la protection des forêts contre les incendies.
2. Associer les riverains dans toutes les phases de la réalisation des plans d’aménagement des
forêts et de leur mise en application.
3. Renforcement des infrastructures en matière de DFCI,
4. Certains Wilayate sont bien pourvus en infrastructures (pistes et routes forestières, poste-vigie,
points d’eau) alors que d’autres sont loin d’atteindre les normes requises
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