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WATER BRIEFING

Partenariat pour la gouvernance environnementaleen Afrique de l’Ouest - PAGE

Forêts galeries et têtes de sources :des écosystèmes vitaux à préserver au Sénégal

Message clé

Au Sénégal, la flore et la végétation des vallées subissent une pression de plus en plus importante engendrée par des facteursnaturels mais surtout anthropiques.

Les forêts galeries sont marquées par une dynamique souvent régressive. Elles sont victimes des biens et services écosystémiquesqu’elles fournissent aux populations humaines et animales aussi bien riveraines qu’éloignées. Les têtes de sources subissent lamême dynamique qui atténue voire élimine les possibilités d’une recharge correcte des nappes qui les alimentent.

La connaissance demeure indispensable afin de préserver ces écosystèmes importants pour le développement économique etsocial du pays.

Recommandations

• L’apport des têtes de sources et desforêts galeries au bien-être humain estsouvent méconnu. La connaissance decet apport doit être soutenue etrenforcée.

• La connaissance des têtes de sourceset des forêts galeries est indispensablepour une gestion durable de cesécosystèmes. La réalisation d’étudesdédiées permettra de mettre les basespour leur conservation durable.

• Ces écosystèmes sont assujettis à unemultitude de facteurs de dégradation.Des activités de conservation adaptéesdoivent être mise en œuvre afin de lesprotéger.

• La gestion intégrée de ces écosystèmesest l’approche à privilégier pour assurerleur protection, leur restauration etleur utilisation rationnelle.

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En outre, les petits cours d’eau sont, pour certaines espècesanimales, des habitats permanents ou saisonniers (espècesmigratrices) essentiels pour leur cycle biologique(reproduction, alevinage). L’importance de la biodiversité dansles têtes de bassin est re étée par la présence d’espècescaractéristiques, de zones de reproduction pour certainesespèces de poisson et de refuges d’animaux et de plantes.

Comprendre et agir

Les principales forêts galeries et les têtes de sourcesau Sénégal

Les forêts galeries qui occupent 725 177 ha ont reçu plusieursnoms comme forêts rivulaires, forêts des alluvions et desbords des cours d'eaux, galeries forestières, forêts riveraines,forêts ripicoles.

Au Sénégal, les forêts se rencontrent généralement dans lapartie sud du pays, dans les régions administratives deZiguinchor, Sédhiou, Kolda, Kédougou et Tambacounda.

Une typologie basée sur la densité, la structure et lacomposition oristique et la durée de l’écoulement permetd’identi er cinq principaux types de forêts galeries dans cesrégions: les forêts galeries conservées, les galeries forestièresdégradées, les forêts galeries de cours d’eau à écoulementpermanent, les galeries forestières de cours d’eau àécoulement temporaire et les forêts galeries où une espèceprédomine. La variabilité de la largeur des vallées expliquecelle des forêts galeries qui l’occupent. La ore de ces forêtsgaleries présente des espèces végétales caractéristiquescomme le Popo (Mitragynastipulosa), le Mad (Sabasenegalensis). La panthère et le chimpanzé sont desmammifères présents dans les galeries forestières.

Forêts galeries et têtes de sources :des écosystèmes vitaux à préserver au Sénégal

Justification

Les têtes de sources et de bassins versants : support de services écosystémiques vitaux

La tête de bassin versant est la partie située le plus en amont de la surface d’alimentation d’un cours d’eau. Cette zone donnenaissance à plusieurs rivières qui se rejoignent en aval pour former le cours d’eau principal. Ces zones présentent généralementune diversité biologique relativement importante. Les ruisseaux de têtes de bassins sont marqués par la présence d’espècesexigeantes en eau. Les stations de mesures sont en majorité situées dans les cours moyen et inférieur des rivières. C’est pourquoila plupart des têtes de bassin ne sont pas bien connues.

Les têtes de sources et de bassins versants et les forêts galeries qui s’y trouvent fournissent un nombre important des biens etservices aux hommes et contribuent à leur bien-être par :

• les services d’approvisionnement grâce aux aliments, bois, bres, gommes, résines, huiles, sèves ;• les services de régulation des processus écologiques tels que la recharge des nappes phréatiques, l’atténuation des crues et

des étiages, la puri cation de l'eau et la protection des sols contre l’érosion hydrique ;• les services culturels qui concernent les aspects spirituels et religieux, les visites récréatives, les activités scienti ques et

pédagogiques ; • les services de soutien, d’appui et d’assistance qui sont présents à travers le cycle de l'eau et du carbone, la photosynthèse,

la production primaire, le recyclage de la matière organique, la conservation des habitats.

La dégradation des forêts galeries des têtes de bassins versantset la diminution du débit de certaines sources sont engendréespar des facteurs anthropiques mais également par un facteurnaturel. Les principaux facteurs anthropiques sont:

• l’exploitation des espèces ligneuses pour l’énergie et le boisd’œuvre et de service qui touche le Caïlcédrat (Khayasenegalensis), le Linké (Afzelia africana), le Raphia (Raphiapalma-pinus) ;

• les mauvaises pratiques de collecte des produits forestiersautres que le bois (fruits, feuilles, écorces, sève, racines, miel),qui ciblent des espèces comme le Ditakh (Detariumsenegalense), le Mad (Saba senegalensis), le Sindiègne(Cassia sieberiana);

• les feux de brousse qui proviennent de l’exploitation desproduits forestiers non ligneux et parfois des pratiquesagricoles;

• la fragmentation et la destruction des écosystèmes surtoutdues à l’agriculture, la construction de barrages, les voies decommunication et l’urbanisation;

• la pollution de l’eau par des produits chimiques comme lesdétergents et de plus en plus le mercure issu de l’exploitationartisanale de l’or;

• le braconnage qui est responsable de la diminution deseffectifs de certaines espèces animales comme la panthère,le python, le crocodile, l’éléphant;

• les plantes envahissantes telles que la laitue d’eau(Pistiastratiotes), le Typha (Typha domingensis), le Mimosa(Mimosa pigra) et Salvinia molesta.

Le changement climatique est le principal facteur naturel quiagit sur les têtes de sources et de bassins versants et les forêtsgaleries qui s’y trouvent. Il se manifeste à travers la baisse despluies suite au dé cit pluviométrique persistant, la diminutiondes ressources en eau de surface, la salinisation des terres et deseaux, les pluies hors-saison, les inondations.

Les facteurs de dégradation à combattre

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La prise en compte de la conservation des forêts galeries destêtes de sources et de bassins versants dans la mise en œuvredes documents de stratégie comme celle relative à labiodiversité.

La stratégie nationale pour la biodiversité au Sénégal comportequatre axes stratégiques qui s’accordent bien avec l’objectifde conservation des écosystèmes des têtes de sources et debassins versants. Ces quatre axes sont :

• la réduction des pressions, la restauration et laconservation de la biodiversité ;

• la promotion de l’utilisation durable de la biodiversité etdes mécanismes d’accès aux ressources biologiques etde partage juste et équitable des avantages découlantde leur exploitation ;

• l’amélioration des connaissances sur la biodiversité et lerenforcement des capacités institutionnelles et techniquesde mise en œuvre de la stratégie ;

• la promotion de la prise en compte de la biodiversitédans les politiques de développement économique etsocial.

L’adaptation des politiques de conservation au contexte actuelLa restauration des sites dégradés doit privilégier la mise endéfens et le reboisement avec des plantes d’espèces localesou natives. Ces deux options permettent la restauration de lavégétation dans les parties dégradées et la protection desberges des têtes de bassins versants. L’importance de préserveret de restaurer ces petits cours d’eau est un enjeu majeur pourles ressources halieutiques. La lettre de politique du secteur del’environnement et du Développent durable a un programmed’action (Conservation de la biodiversité et gestion des airesprotégées) qui comporte la création de nouvelles airesprotégées et le développement de l’écotourisme. Le documentde politique forestière du Sénégal, dans son axe 1(aménagement et gestion durable des ressources forestièreset fauniques), intègre la création de réserves naturellescommunautaires et la restauration des écosystèmes.

L’information, la sensibilisation et la concertation de tous lesacteurs directs et indirects concernés.

Tous les acteurs de la conservation et de l’utilisation durabledes ressources naturelles des forêts galeries des têtes desources et de bassins versants doivent privilégier l’information,la sensibilisation et la concertation surtout dans les débuts detout programme ou projet dans le domaine de la gestiondurable des ressources naturelles. La phase d’informationprécède en général celle de la sensibilisation qui représenteune autre étape permettant de lever les contraintes etdif cultés de l’étape d’information. La mise en place descadres de concertation fonctionnels réunissant tous les acteursnécessite un contexte favorable que l’information et lasensibilisation aideront à avoir.

Promouvoir des actions de conservation adaptées pour lapréservation des forêts galeries et des têtes de sources

L’importance des services écosystémiques des têtes de bassinversant et des forêts galeries d’une part et d’autre part leurdynamique généralement régressive expliquent l’urgence demener des actions participatives et intégrées de conservationin-situ.

La préservation de ces écosystèmes par le biais des RéservesNaturelles Communautaires (RNC)

La mise en réserve des écosystèmes de forêts galeries et destêtes de sources et de bassins versants doit d’abord cibler lesplus importants au plan de l’étendue et de l’importance desbiens et services écosystémiques fournis. Cette mise en réservedoit se faire de manière participative et concertée suivant unprocessus qui débutera par des activités d’information, deconcertation et de recherche. Les résultats de ces activitéspermettront de bien orienter la suite du processus qui doitaboutir à la création de chaque RNC.

L’élaboration participative de plans d’aménagement et degestion

L’élaboration participative d’un plan d’aménagement et degestion devra se faire après la création de chaque RNC.L’identi cation de partenaires d’appui et la rédaction de projetsfaciliteront le nancement de chaque plan. La mise en œuvredu plan permettra une bonne gestion des pressionsanthropiques surtout dans les domaines de l’agriculture, del’utilisation de l’eau, de l’exploitation des produits forestiers etdes ressources minières.

Figure 1. L’occupation des sols du Sénégal en 2005. Auteur UICN,Source CSE

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CONTACTSUICN Sénégal Complexe Sicap Point E - Immeuble A, Av. Cheick Anta Diop

B.P. 3215 Dakar Sénégal - Tél. : +221338690280 - Fax : +221 33 824 92 46 - E-mail : [email protected] - Site web : www.iucn.org

L’UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE – UICN L’UICN, Union internationale pour la conservation de la nature, est la plus ancienne et la plus grande organisation mondiale de l’environnement. Elle aide à trouver des solutions pratiques aux problèmes de l’environnement et du développement les plus pressants de l’heure. Valoriser et conserver la nature, assurer une gouvernance e$cace et équitable de son utilisation, et développer des solutions basées sur la nature pour relever les dé%s mondiaux du climat, de l'alimentation et du développement, tels sont les domaines dans lesquels s'exercent les activités de l'UICN. L’Union soutient la recherche scienti%que, gère des projets dans le monde entier et réunit les gouvernements, les ONG, l’ONU et les entreprises en vue de générer des politiques, des lois et de bonnes

pratiques.

Expériences de terrain

• Le projet "Restauration des écosystèmes et paiement desservices environnementaux - REPASE" mis en œuvre au niveaudu bassin de Tinkisso en Haute Guinée, a réalisé des activitésde restauration et de protection des principales têtes de sourcesdu cours d’eau. Il a permis une amélioration de lacompréhension d’instruments économiques importants dans lagestion durable des écosystèmes naturels. Les perspectivesd’étendre cette approche aux autres sous bassin du Haut Nigerpermettront d’agir efficacement contre les facteurs dedégradation des têtes de sources et des forêts galeries.

• Le Projet d’appui à la préservation et au développement desforêts galeries et production de cartographie de basenumérique au Bénin vise à contribuer à la réduction des causeset des effets des inondations. Il promeut la conservation etl’utilisation durable des forêts galeries du fleuve Ouémé dansun réseau de zones de conservation communautaire. Ce projetlutte contre la dégradation et l’empiètement des forêts galeriesde ce cours d’eau. Il a permis l’aménagement de bergeslagunaires et l’élaboration de plans de gestion de forêtsgaleries. Il est dans un processus de mise en œuvre des modèlesd’utilisation durable.

• Le projet «Ecosystèmes pour la Protection des Infrastructureset des Communautés» ou EPIC, vise à documenter et àaméliorer la gestion des écosystèmes pour la réduction desrisques de catastrophes naturelles. En Afrique de l’Ouest, ceprojet a permis de restaurer les bases productives des terresagricoles, forestières et pastorales par des techniquesendogènes telles que le “zaï” et les “cordons pierreux” auBurkina Faso. En parallèle, des activités de reboisement et dereplantation ont été mises en place afin d’augmenter lacouverture végétale et de restaurer les berges des rivièressujettes à l’érosion et à l’envasement. Au Sénégal, les activitésse sont concentré sur la réduction de l’intrusion saline à traversla construction de "diguettes anti-sel” ou fascines.

Pour en savoir plus :• UICN, Water Briefing, 2014 : Investir dans les écosystèmes naturels pour garantir le développement durable.• UICN, 2015 : Approches de gestion intégrée des écosystèmes - Expériences en Afrique de l’Ouest.• UICN, 2015 : Note introductive sur l’approche écosystémique ou par écosystèmes. • UICN 2013 : Intégration de l’environnement dans les politiques de lutte contre la pauvreté : influencer les politiques et les pratiques par le dialogue et la diffusion

des réponses innovantes. • IRD & CIRAD, 2010. Forêts de failles et forets galeries au sud du Mali : deux voies pour la pérennité des refuges guinéens en zone soudanienne• MEDD, 2015. Politique forestière du Sénégal 2005-2025 (actualisée en 2014). 138 p.• MEDD, 2015. Cinquième rapport national sur la mise en œuvre de la convention internationale sur la diversité biologique

Les publications sont disponibles sur l’espace web du « Programme Ressources en Eau et Zones Humides – PREZOH » de l’UICN-PACO : www.iucn.org/prezoh


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