Moyens de lutte alternatifs contre Lobesia botrana :
Premiers résultats de l’essai de 2015 : Argile kaolinite calcinée,
macération d’ail, fructose et saccharose
Introduction :
Depuis 2003, AgroBio Périgord mène des enquêtes sur l’utilisation des produits
phytosanitaires lors desquelles 15 à 54% des viticulteurs ont déclaré avoir recours à au
moins un traitement insecticide contre les vers de la grappe. Ceci révèle donc une réelle
problématique vis-à-vis de ce ravageur sur le vignoble bergeracois.
Les traitements contre eudémis en viticulture biologique sont coûteux, difficiles à
positionner et à appliquer et certains ne sont pas neutres pour l’environnement. C’est
pourquoi il est intéressant de tester des moyens de lutte alternatifs contre ce ravageur. Des
moyens avec moins d’impact sur l’environnement, moins couteux et avec une facilité
d’utilisation.
Dans cette optique, différents produits sont testés : l’argile kaolinite calcinée, la
macération d’ail et des infra-doses de fructose et de saccharose.
En 2014, AgroBio Périgord et Agrisynergie ont décidé d’une convention
d’expérimentation sur l’argile kaolinite calcinée (SOKALCIARBO® WP) comme insectifuge
contre eudémis. Les premiers résultats ont montré une efficacité faible de l’argile mais le
niveau de pression en eudémis était très élevé (Cf : travaux de Marie-Camille Dubreuil,
stagiaire AgroBio Périgord 2014).
Les modalités ayant obtenues les meilleures efficacités en 2014 sont testées à
nouveau cette année dans des conditions de pression plus faibles. Afin d’améliorer l’efficacité
de l’argile kaolinite calcinée, l’impact d’un agent mouillant à base de terpène de pins est testé.
Les essais sur l’argile kaolinite calcinée sont menés en micro-placettes et en grandes
parcelles.
Un deuxième essai en micro-placettes teste l’efficacité de la macération d’ail en
insectifuge, et des infra-doses de fructose et de saccharose dans le but d’améliorer les
défenses naturelles de la plante.
I. Objectif :
L’objectif de ces essais est de montrer de façon objective l’impact des différents
produits sur les dégâts engendrés par eudémis. Le but étant de trouver une solution
intéressante en termes d’utilisation et d’efficacité tout en restant économiquement
abordable.
II. Protocole :
Les traitements ne sont réalisés qu’à partir de la deuxième génération puisque la
première génération n’engendre pas de dégâts importants et ne mérite généralement pas
d’être traitée.
Les tests ont été réalisés en micro-placettes ainsi qu’en grandes parcelles pour certains.
A. Les produits testés :
L’argile kaolinite calcinée est utilisée en tant que barrière physique. La diminution de
l’attractivité de la vigne vis-à-vis de la femelle d’eudémis et le recouvrement des parties
végétales par les cristaux gênent le dépôt des pontes. Il faut préciser également que l’argile
kaolinite calcinée n’a aucun impact sur la photosynthèse. L’un des avantages de l’argile est
qu’elle peut être associée aux traitements cuivre et soufre.
L’ajout d’Héliosol®, agent mouillant à base de terpène de pins, permet une meilleure
application de l’argile kaolinite calcinée sur les baies qui possèdent une surface cireuse. Cet
agent mouillant permet aussi une meilleure résistance au lessivage.
La macération d’ail contenant de l’allicine en grande quantité, possède un pouvoir
insectifuge. Grâce à son odeur caractéristique, elle serait susceptible de repousser la
tordeuse.
Le fructose (sous forme D-(-)fructose) et le saccharose : ces produits vont induire
des réactions en chaîne qui vont modifier les signaux chimiques diffusés par la plante. Les
insectes sont alors perturbés dans la reconnaissance de leur lieu de ponte.
B. Essais en micro-placettes
Les essais se déroulent en bloc de Fisher, c'est-à-dire que chaque modalité de traitement
est répétée quatre fois et placée de façon homogène dans la parcelle.
Les traitements sont réalisés avec un atomiseur thermique à dos, sur des piquetés de 10
ceps.
Deux pièges tri-Δglués© à phéromones sexuelles sont placés au sein de la parcelle d’essai
afin de déterminer la dynamique de vol d’eudémis et de pouvoir enclencher les traitements
dès l’apparition des premiers adultes.
1. Essai à l’argile kaolinite calcinée :
- TNT : témoin non traité contre eudémis.
- RT : référence technique, traitement par insecticides Bt et/ou Spinosad par le
stagiaire au plus proche du stade tête noire (définit en fonction des observations),
la majorité des vignerons utilisant en alternance un Spinosad et un Bt (source
enquête Agrobio Périgord), les traitements se font selon cette pratique. Avec
comme premier traitement un Spinosad et si besoin un renouvèlement avec un
Bt.
- M1 : modalité 1, Argile SOKALCIARBO® WP 20kg/ha dirigé sur grappe, sans
adjuvant.
- M2 : modalité 2, Argile SOKALCIARBO® WP 30kg/ha en plein, sans adjuvant.
- M3 : modalité 3, Argile SOKALCIARBO® WP 20kg/ha dirigé sur grappe, avec
Héliosol®.
- M4 : modalité 4, Argile SOKALCIARBO® WP 30kg/ha en plein, avec Héliosol®.
Les effets sur la deuxième et la troisième génération sont étudiés séparément, pour
cela les dégâts engendrés par la deuxième génération sont analysés sur le dispositif 1 et les
dégâts engendrés lors de la troisième génération sont dénombrés sur le dispositif 2.
2. Essai ail, fructose, saccharose :
Les dégâts d’eudémis de la deuxième et troisième génération sont étudiés sur le même
dispositif. Les sucres agissant directement sur la plante, il faut voir leur effet sur le plus long
terme.
- TNT : témoin non traité contre eudémis, lors de la deuxième génération, il n’y avait
pas de TNT (prise en compte du TNT de l’essai argile), en revanche sur la troisième
génération des observations sont réalisées.
- RA : référence agriculteur, les traitements insecticides Spinosad et/ou Bt sont
appliqués par le stagiaire mais le même jour que les traitements réalisés par le
viticulteur (à la différence de la RT).
- M1 : La macération d’ail, les traitements sont renouvelés une fois par semaine en
plein à 20%.
- M2 : fructose (D-(-)Fructose) et M3 : saccharose, les traitements sont renouvelés
tous les 21 jours et réalisés en plein avec un dosage de 100ppm (c'est-à-dire 100mg
dans 1 litre, soit 10g pour 100 L).
3. Lieux et conditions d’études
Les essais en micro-placettes sont menés à Saint Julien d’Eymet appartenant au
Château Tour des Gendres. Le choix s’est porté sur cette parcelle car la pression en
eudémis est moins importante que celle rencontrée lors de l’essai en 2014, mais nécessite au
moins un traitement insecticide par génération.
Tableau 1 : Caractéristique de la parcelle d’essai à Saint Julien d’Eymet.
Surface 14 ha
Année de plantation 1964
Année de conversion en
BIO 2006
Densité de plantation 2300
Mode de conduite guyot mixte
Taille 2 baguettes de 8 à 9
bourgeons
Cépage Merlot
Sol Argilo-calcaire sur calcaire
dur
Enherbement 1 rang sur 2
Rendement 45hl/ha
Destination Bergerac AOC
4. Observations :
Dès la deuxième génération, des comptages de pontes et de perforations sont faits une
fois par semaine.
Pour les essais à l’argile, les comptages sont réalisés seulement sur les modalités non
traitées à l’argile. Le marquage blanc important et recherché du produit rendant les
observations difficiles.
Sur l’essai en micro-placettes les comptages se font sur 25 grappes par placettes, soit 100
grappes par modalité.
Un saumurage est fait en fin de génération, afin de déterminer précisément le nombre de
chenilles et de perforations.
Une notation complémentaire est faite pour montrer l’efficacité des produits sur le
développement du botrytis. Cette notation n’a pas pu être réalisée sur la deuxième
génération puisque les grappes n’étaient pas encore touchées par ce champignon.
5. Dynamique de vol sur la parcelle :
La pression en eudémis semble plus importante en troisième génération. Il faut noter
qu’il y a une différence de capture au niveau des deux pièges, il semblerait qu’il y ait un
gradient au sein de la parcelle : le piège au sein du dispositif 2 captant plus de papillons que
celui du dispositif 1 alors que les deux pièges sont à une dizaine de rangs d’intervalle.
6. Résultats :
Argile kaolinite calcinée :
Le vol de troisième génération est toujours en cours. Les observations ne sont pas
encore terminées.
Pour l’instant, 4 traitements à l’argile kaolinite calcinée ont été appliqués : 2 sur la G2
pour rester dans les préconisations d’utilisation (renouvellement tous les 20 jours) (18 juin
et le 8 juillet) et 2 sur la G3 à cause du lessivage (le 30 juillet et le 11 août) et 2 traitements
insecticides avec un Success4, le premier traitement a été fait le 1 juillet (G2) et le second le
7 août (G3).
Figure 1: Dynamique de vol à Saint Julien d’Eymet sur le dispositif 1et 2.
La pression en troisième génération est nettement supérieure à la pression
rencontrée lors de la deuxième génération. En moyenne le maximum de ponte de G2 est
atteint le 8 juillet avec 11 pontes sur 100 grappes. Au 26 août, le maximum de ponte de G3
est de 84 pontes pour 100 grappes.
En G2 le maximum de perforation était atteint sur le TNT avec 34 perforations pour
100 grappes, le 15 juillet. En ce début de troisième génération, le maximum de perforation
est atteint pour le TNT, avec 28 perforations pour 100 grappes, le 26 août (les perforations
sur cépage rouge sont plus difficiles à observer, le nombre de perforations est donc sous
estimé). Le nombre de perforations est plus important sur le TNT que sur la RT. Pour
l’instant le nombre de perforations en G3 est très faible mais le vol est toujours en cours et
des pontes stades frais et jaune sont encore observées de façon régulière.
Les chenilles de G2 ne sont pas mobiles, ce qui diminue l’efficacité du saumurage. Le
nombre de chenilles est donc en dessous de la réalité. Il existe une corrélation entre le
nombre de chenilles et de perforations. Les saumurages ont eu lieu le 16 et 17 juillet.
47
6
38
45
53
47
26
6
20 22 23
26
3 1
9
15
19 17
0
10
20
30
40
50
60
TNT RT M1 M2 M3 M4
Inte
nsi
té/f
réq
ue
nce
de
pe
rfo
rati
on
et
no
mb
re d
e
che
nill
es
po
ur
10
0 g
rap
pe
s
Résultats des saumurages de deuxième génération
Intensité moyenne de perforations Fréquence moyenne de perforations nombre moyen de chenilles
87%
19%
4%
-13%
0%
77%
23% 15% 12%
0%
-20%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
RT M1 M2 M3 M4
Effi
caci
té (
%)
Efficacité de l'argile kaolinite calcinée sur l'intensité et la fréquence d'attaque des
chenilles d'eudémis
Intensité Fréquence
B
AB
A AB
A
Il semblerait que l’argile kaolinite calcinée ait un impact plus important sur la
fréquence, mais les efficacités restent faibles. Les modalités à l’argile seule, semblent avoir
plus d’impact que les modalités avec de l’Héliosol®. Mais il faut avoir à l’esprit que lors de la
G2 il n’y a pas eu de pluies et donc la capacité de l’Héliosol® à recouvrir de façon optimale
les baies et donc à résister au lessivage n’a pas pu être montrée. Les pluies fréquentes
rencontrées lors de la G3 permettront de mettre en évidence l’impact de cet agent
mouillant dans des conditions plus difficiles. Pour l’instant les résultats obtenus sur la G2 ne
confirment pas les résultats de 2014 (mais le dispositif ne permettait pas de dissocier la G2
de la G3, les saumurages étant réalisés seulement sur la G3).
Essai ail, fructose, saccharose :
Le nombre de pontes en troisième génération est plus important qu’en deuxième
génération. D’une façon générale le nombre de pontes est plus élevé sur le TNT par rapport
aux autres modalités. L’ail semble être la modalité traitée la moins efficace.
Il faut tenir compte que le TNT lors de la G2 correspond au TNT de l’essai à l’argile,
que les comptages sur la RT n’ont commencé qu’à partir du premier traitement insecticide
du 3 juillet et les observations sur les modalités traitées n’ont commencé que le 2 juillet.
0
2
4
6
8
10
12
24.06 30.06 02.07 08.07 15.07 29.07 04.08 12.08 19.08 Inte
nsi
té d
e p
on
tes
po
ur
10
0 g
rap
pe
s
Evolution de l'intensité de pontes sur la G2 et G3
TNT RA Ail Saccharose Fructose
La fréquence et l’intensité sont corrélées, les deux graphiques sont similaires.
Pour l’instant le nombre de perforation en G2 est plus important que celui de G3.
Toutefois la troisième génération est toujours en cours. Il semblerait à nouveau que les
modalités traitées soient moins attaquées que le TNT avec un minimum de perforations
pour la RA, suivie de la modalité au fructose.
0
0,02
0,04
0,06
0,08
0,1
0,12
24.06 30.06 02.07 08.07 15.07 29.07 04.08 12.08 19.08
Fré
qu
en
ce d
e p
on
tes
po
ur
10
0 g
rap
pe
s Evolution de la fréquence de pontes sur la G2 et G3
TNT RA Ail Saccharose Fructose
0
5
10
15
20
25
30
35
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24.06 30.06 02.07 08.07 15.07 29.07 04.08 12.08 19.08
Inte
nsi
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e p
erf
ora
tio
ns
po
ur
10
0 g
rap
pe
s
Evolution de l'intensité de perforations sur la G2 et G3
TNT RA Ail Saccharose Fructose
De nouveau il existe une similitude entre l’intensité et la fréquence de perforations.
Les résultats des saumurages montrent une intensité et fréquence de perforations
des modalités d’essais assez proches de celle de la référence agriculteur mais seuls le
saccharose et le fructose ont des résultats significativement proches de la RA. En effet, ces
derniers se révèlent plus efficaces en termes de lutte contre eudémis que la macération d’ail
en deuxième génération, avec 3 traitements pour l’Ail contre 1 pour les sucres.
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
24.06 30.06 02.07 08.07 15.07 29.07 04.08 12.08 19.08
Fré
qu
en
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e p
erf
ora
tio
n p
ou
r 1
00
gr
app
es
Evolution de la fréquence de perforations sur la G2 et G3
TNT RA Ail Saccharose Fructose
47
9
19
10
16
26
9
16
8
15
6 2
5 2
6
0
5
10
15
20
25
30
35
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45
50
TNT RT Ail Saccharose Fructose
Inte
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fré
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erf
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nill
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po
ur
10
0 g
rap
pe
s
Résultats des saumurages de G2
Intensité perforations Fréquence Nombre de chenilles
A
B
AB
B B
Nombres de traitement Fréquence de traitement
G2 G3
RA 1 1 03/07 et 10/08
Ail 4 4 1 fois par semaine (début
24/06)
Saccharose 1 2 1 fois tous les 21 jours
Fructose 1 2 1 fois tous les 21 jours
Les meilleures efficacités sont obtenues au niveau de l’intensité. L’efficacité du
saccharose est du même ordre que l’efficacité de la RA. Cependant l’analyse statistique ne
révèle aucune différence significative entre toutes les modalités.
81%
60%
79%
66% 65%
38%
69%
42%
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
RT Ail Saccharose Fructose
Effi
caci
té (
%)
Efficacité des produits testés sur les dégâts engendrés par les chenilles de G2 p/r TNT
Intensité Fréquence
Seul la modalité au saccharose semble plus efficace que la RA et seulement au niveau de
la fréquence. Par contre, une fois encore, les différences ne sont pas significatives.
C. Essais en grandes parcelles
Seule l’argile kaolinite calcinée a été testée en grande parcelle, sur deux fermes du
Réseau Ecophyto animé par AgroBio Périgord. Les essais en grandes parcelles sont réalisés à
Saussignac au Château les Miaudoux et à Razac de Saussignac au Château le Payral.
Les essais sont réalisés avec le matériel du viticulteur en plein à 30kg/ha. Les premiers
traitements sont réalisés au début des vols de deuxième et troisième génération. Le
renouvellement des traitements se fait en fonction de la pousse et du lessivage afin de
maintenir un recouvrement optimal de la vigne.
Les traitements à l’argile en plein peuvent être associés aux traitements cuivre et
soufre et ainsi diminuer le nombre de passage dans la vigne.
Les parcelles d’essais sont découpées en quatre afin d’avoir deux répétitions de
chaque modalité : une modalité traitée à l’argile kaolinite calcinée et une modalité non traitée
(protocole « classique » développé au sein du RESAQ Viti-Bio pour les essais grandes
parcelles).
-111%
-11%
-78% -78%
11%
-67%
-120%
-100%
-80%
-60%
-40%
-20%
0%
20%
Ail Saccharose Fructose
Effi
caci
té (
%)
Efficacité des produits testés sur les dégâts engendrés par les chenilles en G2 p/r RA
Intensité Fréquence
Des comptages de pontes et de perforations sont faits une fois par semaine sur la
modalité non traitée sur des placettes de comptages définies.
En grandes parcelles les comptages se font sur des placettes de comptage délimitées au sein des
deux modalités (TNT et traitée à l’argile). Sur chaque placette, les comptages se font sur 100
grappes.
Et en fin de génération, les chenilles sont dénombrées par la méthode de saumurage.
Les meilleurs résultats ont été obtenus sur la parcelle du Château Le Payral à Razac de
Saussignac (donc seuls les résultats de l’essai à Razac de Saussignac seront présentés).
L’efficacité au Château les Miaudoux atteint seulement 10% sur la fréquence et 0% sur
intensité.
Sur les deux domaines la pression en eudémis est similaire (en G2 121- 81 perforations
au Château le Payral contre 93 au Château les Miaudoux). La différence d’efficacité peut être
due au matériel utilisé. Au Château le Payral, les traitements sont réalisés en passant à
l’intérieur de tous les rangs, alors qu’au Château les Miaudoux, les traitements se font tous
les trois rangs. La différence de cépages entre les deux domaines peut aussi être à l’origine
de ces différences d’efficacité.
1. Lieux et conditions d’études
La pression sur la parcelle est très forte mais aucun traitement insecticide n’est réalisé
contre la tordeuse.
Tableau 2 : Caractéristiques de la parcelle du Château le Payral
Surface 1 ha
Année de plantation 2007-2008
Année de conversion en
BIO 2005
Densité de plantation 5500
Mode de conduite guyot simple
Cépage Muscadelle
Sol Boulbène sur molasses
décarbonatées
Enherbement 1 rang sur 2
Rendement 60-40hl/ha
Destination Blanc sec AOC Bergerac
2. Dynamique de vol sur la parcelle d’essai du Château le Payral
Le pic de vol de la G3 est plus important que le pic de vol atteint en G2. Pour
l’instant le vol est toujours en cours.
3. Résultats :
A ce jour 3 traitements à l’argile kaolinite calcinée ont été appliqués : le 28 juin, le 31
juillet et un troisième traitement le 15 août.
La pression en troisième génération est très importante avec une moyenne
maximale de pontes 226 pour 100 grappes. Alors qu’en G2 le maximum était de 6
pontes.
Lors de la G2 le nombre de perforations atteint est de 21 perforations pour 100
grappes sur le TNT(1). Toutefois un comptage aurait du être réalisé le 16 juillet pour avoir
une meilleure estimation des dégâts mais par manque de temps ce comptage n’a pas été fait.
En revanche le saumurage permet de déterminer précisément le nombre de perforations.
121
81
32 22
11
24
0
20
40
60
80
100
120
140
moyenne TNT moyenne Traité
Inte
nsi
té/f
réq
ue
nce
de
pe
rfo
rati
on
s e
t n
om
bre
de
ch
en
ille
s p
ou
r 1
00
gra
pp
es
Résultats des saumurages de G2
Intensité de perforations Fréquence de perforations Nombre de chenilles
A
a
A
a
Les saumurages ont eu lieu le 20 juillet. Le nombre réel de perforations est supérieur
aux perforations dénombrées lors des observations sur la parcelle. Le maximum de
perforation atteint 121 perforations pour 100 grappes sur le témoin non traité. Soit 6 fois
plus que le nombre de perforations observées sur la parcelle. Il semblerait que l’argile
kaolinite calcinée soit efficace mais les deux modalités ne sont pas significativement
différentes. Le nombre plus élevé de chenilles sur la modalité traitée n’est pas significatif
puisque la méthode des saumurages n’est pas adaptée à la G2.
Malgré la forte pression rencontrée lors de la G2 (121 perforations pour 100
grappes) l’argile kaolinite calciné semble avoir une efficacité similaire sur la fréquence et
l’intensité de perforations.
III. Analyse économique :
dose à
l'hectare
Coût à
l'hectare
Traitement
Argile kaolinite
calcinée
20kg/ha 27,30€/ha localisé
30kg/ha 40,95€/ha plein
Héliosol ® 0,2L/ha 2,39€/ha localisé
0,6L/ha 7,17€/ha plein
Delfin® 1kg/ha 29€/ha localisé
Success4® 0,1L/ha 50€/ha localisé
33%
31%
30%
31%
31%
32%
32%
33%
33%
34%
Effi
caci
té (
%)
Efficacité de l'argile kaolinite calcinée sur la G2
Intensité Fréquence
Coût des 4 traitements à l’argile et des 2 traitements insecticides sur l’essai en micro-placettes
M1 M2 M3 M4 RT
Coût en produit 109,2 €/ha 163,8€/ha 118,8€/ha 192,5€/ha 100€/ha
Coût en passage spécifique 120€/ha 120€/ha 60€/ha
TOTAL 229,50€/ha 163,8€/ha 238,8€/ha 192,5€/ha 160€/ha
Au niveau économique, les modalités en plein sont plus avantageuses puisqu’elles ne
nécessitent pas de passage spécifique.
Au Château le Payral 3 traitements en plein ont été réalisés pour un coût de 122 €/ha.
Sur la base d’un seul traitement l’argile kaolinite calcinée est avantageuse en comparaison
des traitements insecticides. Cependant les traitements à l’argile sont plus fréquents ce qui
entraine une augmentation des coûts de traitements sur l’ensemble de la saison, sauf si ils
sont couplés à des traitements fongicides.
Dans le cas où les modalités avec de l’Héliosol® donneraient de meilleures résultats sur
la G3, il serait intéressant de tester la modalité en plein avec adjuvant en grande parcelle.
L’Héliosol ® permettant de diminuer le nombre de traitement et ainsi le coût.
Coût des 8 traitements à l’ail et des 4 traitements au Fructose-Saccharose
Ail (20%) Saccharose
(100ppm)
Fructose
(100ppm)
Dose 60 L/ha 20 g/ha 20 g/ha
Coût en
produit
360 €/ha 0,08 €/ha 3,98 €/ha
Nombre de
traitements
8 4 4
Total 2880 €/ha 0,32 €/ha 15,92 €/ha
L’ail est donc une modalité non avantageuse économiquement. Les sucres sont quant
à eux beaucoup plus accessibles.
Conclusion
L’argile kaolinite calcinée, dans les conditions de l’essai, ne se révèle pas efficace sur la
G2. Les effets restent à voir pour la G3 où la pression est beaucoup plus forte.
Malgré un coût élevé des traitements à l’argile kaolinite calcinée, les traitements en
plein restent avantageux puisqu’ils peuvent être associés aux traitements cuivre et soufre.
La macération d’ail est la modalité la moins efficace par rapport à la RA sur la G2.
Cette alternative de traitement pourtant utilisée à 20 % a encore tout à montrer en G3.
Le saccharose et le fructose, utilisés en infra-doses, ont des résultats intéressants
mais il faut les étudier sur le plus long terme pour confirmer cette efficacité sur des
millésimes différents. Le saccharose semble plus efficace que le fructose cependant, les deux
étant dans le même groupe statistique que la RA.