8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
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MONNAIES
MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN
PAR
MM.
LE
VICOMTE
DE
PONTON
D'AMCOURT
BT
E.
DE
MORE DE
PRVIALA.
EXTRAIT
De VAnnuaire
de
la
Socit
franaise
de
Numismatique et
d'AixholoQie
1883.
PARIS
IMPRIMERIE
PILLET
ET
DUMOULIN
3,
HUE DES
GRANDS-AUGU3TNS,
5.
1883
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MONNAIES
MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN
PAR
M.
LE
VICOMTE
DE
PONTON D'AMCOURT
ET M.
E. DE
iMOR DE PRVIALA.
Le
nom
de Gvaudan
est
form de deux
mots
primitifs
:
Gabal
et
tan dont
le
premier
est le nom
d'mi
peuple
gaulois,
nomm
par
Csar Gabali^ et
le
second un radical commun
plusieurs
bran-
ches de la famille linguistique
indo-europenne,
qui
peut
se
traduire par
rgion
desn.
L'agglomration de
ces deux substan-
tifs, latinise
dans
la
forme Gabaletanum^
signifie
donc : pays des
Gabales. On trouve,
dans
des
contres bien diverses des compo-
ss
analogues :
en France, le Lavedan
(pays
de
Lourdes), le
Gabardan (pays
de Cabaret),
le Grsivaudan (pays de Grenoble);
dans
la
presqu'le
Ibrique,
la
Lusitanie
;
en
Afrique,
la
Maur-
tanie, et il
nous parat
probable
que
l'indoustan,
le
Turkestan,
l'Afganistan, leBloutcliistan,etc.,
sont
des
noms
composs
de la
mme manire.
Nous
verrons,
par les lgendes des monnaies,
que
le
mot
Gava-
letanum
ou
Gabaletanum eut un second sens
indiquant
une
qualit
et
qu'il
remplit
le
rle
d'adjectif
pour dsigner
ce
qui est Gabale
;
dans
ce
sens,
analogue
celui
des
mots
Samaritain^
Mtropolitain^ Tripolitain^
Tingitati,
etc.,
la
formule que
nous
rencontrerons
souvent
:
BANNACIACO
GAVALETANO
doit
se traduire
par
Bannassac
le
Gabalitain;
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2
MONNAIES
MROVINGIENNES DU
GVAUDAN.
s'ilii'en
taitpas
ainsi,
la
numismatique
mrovingienne nousoffri-
raitune
autre
formule
qui
serait
BANNACIACO
IN
GAVALE-
TANO, coraraeelle nous
donne
les
formes
WICO
IN-PONTIO
(Vie
en
PonthieuouQuentovvic),
NASIO
IN -BARRINSE
(Naix en Bar-
rois),
CANNACO-INRVTENECIVE(Cannac
dans
la
cit
Rutne).
Les
Oabales taient un
peuple
de
la
premire
Aquitaine.
Leur
cit
ou diocse avait
pour
limites
:
TEst, le
territoire
des
Ilelviens
(Viviers),
qui
faisait
partie
de
la Viennoise, et
celui
des
Vellaves
(Le
Puy),
dpendant
de
la
premire Aquitaine;
au
Nord,
la
haute
Auvergne,
de
la premire
Aquitaine
;
l'Ouest,
le pays
des
Rutnes
(Rodez), encore
de
la
premire
Aquitaine;
enfin,
au
Sud, les
dio-
cses de iXmes
et
d'Uzs,
de
la premire
Narbonnaise.
Le
terri-
toire
des Cabales correspondait
peu
prs
au
dpartement
actuel
de
la
Lozre
et au
diocse
de Mende^
On sait
que la
mtropole
de
la premire Aquitaine
tait Bourges
;
le
nom
gaulois
de
la
capi-
tale
des
Cabales
tait
A
7identum,
mais ce nom
qui
est
inscrit
sur
la
table
de Peutinger
et
dans Ptolme
(raaXoi
xal r.okk
Avoscioov)
a
disparu,
comme la
plupart des noms des
villes
gau-
loises, pour
faire
place
au
nom du
peuple;
Andcritum
est devenu
Gabalus, parce
que
toute la vie
politique de
la
citoijentiei
Gabale,
la
civilas, comme
on
disait
alors,
la
cit, comme
on dit
aujour-
d'hui
sans
bien
comprendre souvent
le
sens complexe
de
ce
mot,
se
concentrait dans son
enceinte. L'emj;lacement ainsi
que
le nom
de cette
antique capitale
se
retrouvent
dans
le
village
de Javols.
Le
sige
de
la
cit
et de
l'vch
fut
transport
plus
tard
Mende
[Mimas)
cause
du
martyre
de
l'voque saint Privt,
qui eut
lieu
en
cette ville, en
408.
Strabon et Pline donnent une autre
forme
grammaticale
au
nom du peuple Cabale, le premier
crit
raga>vi,
le second
Cabales.
1.
Lorsqu'on
a
form
le
dpartement
de
la
Lozre,
on
a
enlev
tout
le
canton
de
Saugues,
qui
appartenait
au
Gvaudan
et on l'a donn
la
Haute-Loire. Par
com-
pensation
on
a
donn
la Lozre une
panie du
canton
de Villefort,
qui
appartenait
rancic-u
diocse d'Alais, ainsi
qu'une
portiju du
canton
de
Meyrueis
qui
dpen-
dait
de
l'vclic
de
Vabres.
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MONNAIES
MROVINGIENNES
DU GKVAUDAN.
3
Les Cabales taient
intelligents,
industrieux et
trs aptes
au
commerce.
Peu
favoriss
par
leur
sol
montagneux,
de
difficile
accs
et
souvent
couvert
de
neiges
{terram
Gabalum
satis
nivo-
sam,
disait Sidoine
Appolinaire),
ils migraient
priodiquement
vers
des
rgions
plus
fortunes
et rapportaient
chez
eux
le
produit
de leur
travail;
de
mme
que
les
Auvergnats
allaient
exercer cer-
taines
industries
dans
les rgions septentrionales
de
la Gaule,
eux,
qu'on appelait
les
Auvergnats
du
Sud,
se
rpandaient dans
les
provinces mridionales
et
au
del des
monts
pour
se
livrer
aux
travaux
les
plus
pnibles;
pendant
tout
le
moyen
ge
et
jusqu'
nos
jours ils
ont
continu
parcourir
l'Espagne, exerant
diverses
professions,
notamment
celles de rtameurs,
marchands
de
parapluies, etc. On
les
dsignait
sous
le
nom
de
Gavaches,
Gavac/ios,
et
ce
n'est
pas
sans
un
certain mpris
que
les
espa-
gnols
prononaient
ce mot,
parce
que
les
hommes
du Gvaudan
ne
reculaient
pas devant
les
plus
humbles
mtiers.
Donnons
quelques
notes historiques rapides
sur
le
Gvaudan
et
particuUrement
sur
la nature de
la
domination
qu'exercrent
plusieurs
rois francs
sur
cette petite
rgion.
Des
dix-sept
provinces
qui
composaient
la
Gaule
la
fin
de
rEm[)ire,
et
qui
furent
presque
toutes
conquises
par
Clovis
et
par
ses
fils,
dix
seulement
fiu'ent
transformes en
quatre
royaumes
au
profit
des
premiers
descendants
de ce
prince.
La
premire
et
la
deuxime
Germanie
(Mayence
et
(
Pologne)
avec
la
premire
Belgique
(Trves), plus
une
partie
de la
deuxime
Belgique
(Reims)
formrent
peu
prs
en bloc
le
royaume
d'Austrasie
et
la
part de Thierry
1 .
Le reste de la deuxime
Belgique,
dont
Noyon fut
en
quelque
sorte
la
mtropole
sous
l'vque
saint
loi, et
toute la
deuxime
Lyonnaise
(Rouen) formrent
galement
en bloc
le
royaume
de
Neustrie.
La
quatrime
Lyonnaise
(Sens),
puis
la
premire (Lyon)
et la
Squanaise
(Besanon),
enfin
la Yiennoise
(Vienne)
et les
Alpes
Grecques et
Pennines
(Moutiers
et
Martigny)
formrent,
au
moyen
de
plusieurs
remaniements,
au premier
partage,
les
royaumes
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4
MONNAIES
MROVINGIENNES
DU GVAUDAN.
d'Orlans
et
de
Paris,
et,, au
deuxime
partage,
le
royaume
de
Paris
et
le
deuxime
royaume
de
Bourgogne.
Il
restait
la
troisime
Lyonnaise (Tours), la premire
et la
deuxime
Aquitaine
(Bourges,
Bordeaux),
la
Noverapopulanie
(Eause),conquisesparCloYis,
la
premire
Narbonnaise(Narbonne)
appartenant
encore aux
Wisigoths, la
deuxime
Narbonnaise(x\ix)
et les Alpes
maritimes
(Embrun)
encore
occupes
par
les
Ostro-
goths.
Narbonnene
fut jamais
soumise aux
rois
Francs,
Embrun
ne
fut
annex
que
par
Thodebert P''.
C'est
donc
dans
le
nord
de
la
Gaule
que les
rois Francs
se
constiturent
une
sorte
d'unit
territoriale
;
ils
se
partagrent les
cits
du Midi
peu
prs au
hasard,
comme
on
se
partage
des
sacs
d'cus
ou
des
titres
dans une
succession, n'en
faisant
cas, en
quelque
sorte,
que
pour le
montant
du
revenu
qu'on
pouvait
en
tirer.
C'taient
pour eux
plutt des
bnfices
que. des
domaines.
Les
habitants
du
midi
de
la
Gaule
n'entrevoyaient
leurs
rois
qu'
de
rares
intervalles,
quand ceux-ci allaient
faire
la
guerre
au
del des monts ou
venaient rprimer
des
insurrections,
comme celles que
fomentaient
parfois
les turbulents
Gascons.
Bu
reste,
profondment
fidles
aux
murs
romaines adoucies
par
le
christianisme,
c'est--dire
la plus haute
civilisation
que le
monde
antique
ait connue,
rgis
par
les
fortes institutions
qui
avaient
survcu
au
grand
empire,
contemporains et
compagnons
des
Sidoine
Apollinaire,
des
Ausone, des
Forlunat,
des
Grgoire
de
Tours,
des
Isidore
de
Sville
et de
tant d'autres
esprits
distin-
gus^
gouverns
par les vques
qui exeraient
alors la
suprme
puissance
morale,
habitus
et
rsigns par
leur
foi
aux
dvasta-
tions intermittentes causes
par
les
avalanches de
barbares, abri-
ts
tant bien que
mal
sous
la
protection des
rois Francs qu'ils
croyaient
acheter
par leur
impt et
qui
formait
leur rempart
du
ct
du
Nord,
ces
peuples
sans
histoire,
et
relativement
heu-
reux,
connaissaient
peine
le nom de
leur monarque et
se
croyaient
toujours
les
sujets
du
grand empire.
Un
sicle s'tait
coul
depuis
le sac
de
Rome,
ils avaient entendu
raconter
les
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MONNAIES
MROVINGIENNES
DU
GRVAUDAN.
Tj
hauts faits
du roi
Thodoric,
des
rois
Euric
et
Alaric,
du
roi Clo-
vis,
du
roi
Goiidel)aud,
du
roi
Tliodebert,
mais
les
noms
inscrits
sur
leurs
monnaies
taient
encore
des noms
d'Empereurs
:
i^nas-
tase,
Justin
l'\
Justinien,
Justin
II,
Constantin,
Maurice
Tibre,
Phocas,
Hraclius.
Romains
de
race,
puisque
depuis
six
sicles
leurs
anctres
avaient
fait
partie
de
Rome,
ils
taient
toujours
romains
de
nation;
les
rois
n'taient
pour
eux
que
des fonction-
naires
de Rome,
des
consuls
ou
despatrices.
Leurs
pres
n'avaient-
ils
pas
vu
jadis
grandir
et
passer
sa
vie
au
milieu
d'eux
l'lve
de
l'orateur
Exupre,
le premier
des
princes
crs
rois
par
les
empe-
reurs de
Constantinople,le
roi
Hannibalien,
gendre
et
petit-neveu
de
Con>tantin?
Bien
plus,
Rome
semblait
renatre,
car
soixante
ans
aprs
sa prise
par
les
barbares,
Blisaire
venait
de
la
rendre
l'empire.
Les
Cabales
en
paiticulier
taient
dans
des
conditions
toutes
spciales
pour
conserver
jusqu'
la
dernire
extrmit
leur
caractre
romain.
Garantis
contre
les
rafales
du
Nord
par
l'-
norme
massif
des
montagnes
d'Auvergne,
ils
n'prouvaient
que
de
faibles
remous
de
ces grands
cyclones
humains
qui,
du
nf
au
V
sicle,
balayrent
tant
de fois
le
littoral
de
l'Ocan
et le
bassin
du
Rhne.
Ils
consentirent
comme
les
autres
tre
sujets
de
Clovis
quand
Clovis
consentit
tre
sujet
du
Christ,
et
des
agissements
du
peuple
franc
ils
ne
sentirent
que
les
lointaines
secousses
r-
percutes
par
la
chane
des
Pyrnes.
S'ils
descendaient
du
flanc
des
Cvennes
oii
ils
taient
logs,
c'tait
pour
entrer
en
contact
avec
les
Wisigoths,
qui
occupaient
la
Narbonnaise,
ou
avec
les
Ostrogths
qui,
jusqu'en
53(i,
tenaient
la
rive
gauche
du
Rhne.
Ils
payaient
correctement
les
droits
dus
au
fisc
quand
l'homme
de
la
maison
du
roi
venait
recueillir
l'impt
ou
les
revenus
des
an-
ciens
domaines
impriaux;
du
reste,
ils
taient
tellement
dsin-
tresss
de
la
politique
franque,
qu'il
a
suffi
l'aventurier
Gondovald
de
se dire
fils
dshrit
de
Clotaire
L''
et ami
de
l'em-
pereur
Maurice
Tibre
pour
pouvoir
parcourir
toute
l'Aquitaine
aller
d'Avignon
Bordeaux,
aprs
avoir
t
de
Marseille
Avi-
gnoi],
traverser
en
vainqueur
le
Gvaudan
et
aller
se faire
porter
sur
le
pavois
Brives-la-Gaillarde.
Les
peuples
de
l'Aquitaine
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6
MONNAIES
MROVINGIENNES
DU GVAUDAN.
suivaient
son
parti
parce que quelques vques
s'y
taient
com-
promis,
mais
c'tait
pour
eux
une
querelle
d'trangers;
Gondo-
vald
tomba
Comminges
abandonn
de tous
ses
sujets,
et
sous
les
coups
d'ennemis
venus
de
Neustrie,
de Bourgogne
et
d'Aus-
trade
;
tous
les
hros
de
son quipe
furent
des
hommes
du
Nord.
Dans
ces
conditions,
les
Cabales
taient
un peuple heureux,
riche
et
presque
en
possession de
son autonomie,
puisque
jijsqu'
la
fin
du
moyen
ge leurs
vques
partageaient
le
gouvernement
avec
le
roi.
La
chute
de
rem[)ire
d'Occident
ayant
rompu
tous
les
liens
de
l'ancienne
administration,
les
corporations
de
montaires
se
dsagrgrent
et
l'on
ne
tarda point
voir surgir
des
ate-
liers
dans
toutes
les cits en
raison
des
besoins
du
commerce
et
de
l'activit
des
transactions;
maiS;, alors mme
que les mon-
nayeurs
ne
recevaient
plus
du
snat
romain
ou de
l'empereur
les
coins
officiels,
ils
livraient
au
public
un mtal
de bon
alol,
tant
taientvivaces
les
traditions
de
leur corporation,
etrciproquement,
alors
mme
que le
peuple
ne
lisait
plus
sur
les
espces monnayes
le
nom du
prince,
il
continuait
les
recevoir avec confiance,
parce
que,
dans
cette
socit
profondment honnte
et religieuse,
on
croyait
encore
au
caractre
sacr
de
la
monnaie. L'effigie
diad-
mes
gardait son
prestige
mme
aprs
avoir perdu
son nom;
personne
ne
songeait
rclamer
de
plus
compltes
garanties.
Tel tait
l'esprit
de
ces
populations
quand
elles formaient un
des lointains
apanages
de
la
couronne d'Austrasie,
laquelle
leur
territoire
tait
chu
en partage.
Aprs
la
mort de
ClovJs,
les
Cabales passrent
successivement
dix
rois
dont
ils
connaissaient
probablement
moins
les
nomsgue
ceux
des
huit
empereurs
qui
se
succdrent
pendant
le
mme
in-
tervalle
d'un
sicle
environ.
Voici la liste
de
ces
rois
et
empereurs
contemporains :
Thierry
1
;iH-:j3;
23
an?
Thodebertl*^';.
b34-548
14
Justin P--
ol8-o27
9
EMPEREUBS.
Anastase 49l-ol8
27
ansi
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MONNAIES
MEROVINGIR.N.NF.S
DU
GRYAUDAN,
aiis.
hodebaid...
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10/144
s
MONNAIES
5I lOVNGIENNi:S
DU
GVAUDAN.
Il lui abandonna
seulement
une
partie
de
cette
province
et
les
cits
les plus
loignes
de
Paris
:
Toulouse,
l'AgenaiSj.leQuercy,
la
Saintonge,
le
PcrigorJ
et
les
places
des
Pyrnes
les
plus
rappro-
ches
de
la
Septimanie et de
la
Gascogne. La
cit
des
Cabales
fit
partie
de
ce
royaume,
c'est la numismatique
qui
nous
l'apprend,
car
l'histoire n'en fait
pas
mention.
Ce
ne
fut
pas de
bon
cur que
Dagobert
cra
co
royaume
d'Aquitaine;
son
rve
tait
de
possder
la
Caule
entire;
mais
il
sut
cder
aux
avis
des
plus sages
de son
conseil.
Le
jeune
roi
Caribcrt_,
ambitieux,
lui
aussi, tait
soutenu
par
un
puissant,
parti
la
tte
duquel tait
Brunnlfe,
frre
de
sa
mre.
A
l'instar
des
anciens
rois
Wisigoths,
il choisit
Toulouse
pour
capitale
de
son
royaume,
et s'installa
dans le
palais
d'Euric
et
d'laric.
Bientt
il
augmenta
ses
tats par
la
conqute
du
pays
des
Cascons,
qui,
peu
de
temps
auparavant,
avaient
secou
le
joug
des
Francs.
Caribert
s'tait engag
n'lever
de
prtentions
sur
aucune
des
autres
provinces
de
la Gaule,
mais
on
pense qu'il
ne fut
pas
fidle
:-a
promesse,
car ds l'anne
028,
la
premire
de son
rgne,
il
parut
tre
de
connivence
avec son
oncle Brunulfe
qui
conspirait
contre
Dagobert.
Brunulfe
paya
ce complot
de
sa
vie;
Dagobert
le
fit
prir dans
un
cachot.
L'histoire parle
bien
peu du roi
d'Aqui-
taine
Caribert.
Un jour,
saint
loi
qui
habitait
le
palais
de
Dago-
bert vint
faire
part au roi
de
la
mort
de
ce
prince
;
Audoenus
(saint
Ouen),
Thistorien
de
saint
loi,
considra
cet avis comme
une
rvlation
prophtique.
En effet,
Caribert
mourut
en
631,
laissant
un
jeune
enfant,
nomm
(>hilpric,
qui le
suivit
de trs
prs dans
la
tombe.
Ainsi
finit
le premier
royaume
d'Aquifai-e
qui n'a
dur
que
trois
ans.
Il
ft
retour
Dagobert
1 ,
et
ce roi
alors
dans
l'ciat
de
son rgne^,
iorrem^
pidcher et iiiciyhts,
comme
le
dcrit
le mme
historien
Audoenus,
archevque
de
Rouen,
n'chappa
pas
au
soupon
d'avoir
ht
la mort de l'infor-
tun
petit
Chilpric.
On trouva
dans
la
succession
de Caribert
d'assez
grands
trsors
que Dagobert
fit
transportera
Paris.
L'Aquitaine
redevint
ce qu'elle tait
avant
Caribert, une pro-
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
11/144
MONNAIES
MKROVINGIRNNES DU
GIJVAUDAN.
9
vince
appartenant
de
fait
au
roi
des
Franc?,
mais
reste
par ses
traditions
et
ses
murs
plutt
romaine que
IVanque.
Deux
ans aprs
(633),
Dagobert fut
contraint
encore
de
d-
membrer
son royaume
pour
donner
satisfaction
aux
leudes d'Aus-
trasie
qui
voulaient avoir un
roi; il
donna
l'Austrasie
son
fils
Sigebert
III,
n vers
l'an
G30, et
ayant
peine
trois
ans.
D'aprs
le
trait
qui
fut dress,
Sigebert fut
dclar successeur
de
Dago-
bert,
non
seulement
pour
l'Austrasie
proprement
dite, mais encore
pour toutes
les
cits que
les
anciens matres
de
ce
royaume avaient
possdes,
notamment
la
plus
grande
partie
de
l'Aquitaine
ou
des
pays
au
del de la
Loire.
Sigebert
possda le
Gvaudan,
non
plus
comme
roi
d'A-
quitaine,
mais
comme
roi
d'Austrasie.
Son
rgne
plus
exem-
plaire
que
glorieux dura
vingt-deux
ans,
et
ses
vertus lui mrit-
rent,
dfaut d'autres
trophes l'honneur
de
figurer
dans
la liste
des
saints.
Il
mourut
en 65o
l'ge
de vingt-cinq
ans, peu de
temps
avant
son
frre
Clovis
II,
le
fils
de
la
reine
Nanthikle.
Il
laissa
un
fils, nomm
Dagobert,
g
au plus de sept ou
huit
ans,
auquel
Grimoald
substitua
son
propre
fils
appel
Childebert;
mais
ce
maire du
palais
ne
put
faire sanctionner
son usurpation, son
fils fut
dtrn,
lui-mme
prit dans un cachot,
et,
la
mort
de
Clovis
II,
en
GoG,
le second
fils
de
ce
dernier
roi,
Chilpric II, fut
plac
su[' le trne
d'Austrasie. On sait
par quelles vicissitudes
de
la
fortune le
fils
de
saint
Sigebert,
Dagobert II,
ramen d'Eco-se
par
saint
Wilfrid,
occupa
plus
lard
le
trne
dont il tait
le lgi-
time
hritier.
Quant
l'iVquitaine
en gnral et au
Gvaudan
en particulier,
nous
n'en
dirons plus
qu'un
mot
avant d'aborder notre descrip-
tion
des monnaies.
Ces
provinces continurent
rester
en
quelque
sorte isoles
de
la
France
jusqu'au jour
oi^i
Charlemagne fonda,
en
faveur de
son
jeune
fils
Louis,
le
second
royaume
d'Aquitaine.
C'est
en
778,
un
sicle
et
demi
plus tard,
que
fut faite la vritable
et
dfinitive
conqute de
l'Aquitaine
par les
Francs.
Charlema-
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
12/144
10
MONNAIES
MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN.
gne,
crit
Emile
Mabille',
aprs
son expdition
d'Espagne,
r-
solut,
avant
de
retourner
dans
le
Nord,
de
donner
h
ce pays une
organisation
qui
pt le garantir
contre
les rvoltes
continuelles
de
ses
habitants
et
permettre
aux
institutions
germaniques
de
s'im-
planter
sur-le
sol
d'une manire
dfinitive.
Il
crut qu'en
flattant
les
ides
d'indpendance
qui
onl;
toujours fait
le
fond
du
carac-
tre
des Aquitains,
il
rallierait
plus facilement
le
peuple
sa
domi-
nation.
Pour
atteindre
ce
but,
il
rigea
l'Aquitaine
en
royaume
avec
un
gouvernement
particulier
et donna
ce
royaume
son
jeune
fils
qu'il
venait
de
faire
baptiser
au
palais
de
Chasseneuil.
Les Aquitains
pouvaient
supposer
qu'ils auraient une cer-
taine autonomie.
En
ralit
Charlemagne
conservait
le
pouvoir,
c'tait lui qui
administrait
sous
le
nom de son fils. Il
commena
par
confier
toutes
les fonctions
du
gouvernement
qu'il instituait
en
Aquitaine
des
hommes
de race
franque; il
choisit pour r-
gent
un
homme
dans
lequel
il
avait
toute
confiance^ Arnoul.
En
793,
quand
il
dut
lui
trouver
un
successeur,
ce
fut Meginha-
rius,
homme
sage et
profond
politique,
qu'il investit
de
ces
dlica-
tes fun
tions
.
.
Les monnaies
du
Gvaudan
qui sont
parvenues jusqu'
nous
sont
nombreuses
et
forment
plusieurs groupes
bien
distincts
dont
l'ordre
chronologique
se
dtermine
par
l'tude de
la
filiation
des
types, par la
qualit du
mtal
et
par
les
donnes
historiques.
Elles
ne
font
mention, jusqu'
l'tat
actuel de nos
connaissances numis-
matiques,
que
de
quatre
rois
nomms
Childebert,
Caribert,
Dago-
bert
et Sigebert
;
la
critique numismatique tablit
que
la
monnaie
de
Childebert
est
la plus ancienne
de
toutes,
que
les
espces
au
nom
de
Caribert
sont plus anciennes
que
celles
au
nom
de
Sige-
bert,
enfin
que
la
monnaie
de
Dagobert
est
un peu
postrieure
celle
de Caribert
;
l'examen
du titre
du
mtal
conduit aux
mmes
conclusions,
car les
monnaies
de
Caribert
du Gvaudan
sont d'un
1.
Le roymmie
d'Aquitaine
et les
Marcher sous les Corlovinqiens.
Toulou5f
Privt,
1870.
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
13/144
MONNAIKS
MKROVINGIENNEJTDU
GKVAUDAN. H
titre
beaucoup
plus fin
que celles
au
nom
de
Sigebert
frappes
dans
la
mme
province
et
dans
la
mme
ville
de
Bannassac;
or
c'est
un
fait
conomique gnral
et presque sans exception, que le
titre
du
mtal
tend
dcliner tandis
que
la
valeur
nominale
des
espces
tend
s'accrotre'.
Nous avons constat
par
des faits
nombreux et
notamment
par
l'tude des riches
sries
montaires
de Paris et
de
Marseille,
que,
dans
le
cours
des rgnes de
Clovis II
et de
Sigebert
III,
les deux
fils de
Dagobert
P' ,
et pour
des
raisons
non
encore
suffisamment
expliques,
le
titre
des
monnaies
d'or
franques
fut
considrablement
abaiss. Ces
donnes
suffisent
pour
fixer
premptoirement
l'attribution
des
monnaies
royales du
G-
vaudan;
celles
de Childebert ne pouvant
tre
antrieures
Jus-
tin II,
ni
postrieures
Caribert II,
appartiennent
ChildebertlI.
Celles
la
lgende
CHARIBERTVS
REX
ne
peuvent
appartenir
qu'
Caribert
II
et
ont
t
frappes
au moins
trente-deux ans
plus
tard.
Celles
la
lgende
SIGIBERTVS REX
ne
peuvent
tre
antrieures
saint
Sigebert,
et c'est
ces
deux
derniers
rois dont nous
venons
d'esquisser
l'histoire,
au frre
et au fils de
Dagobert
P' ,
qu'il faut attribuer
toutes les monnaies
royales du
G-
vaudan
connues
jusqu'
ce
jour
sur
lesquelles
on lit
leurs noms.
La
priode de
leur
mission
a
dur
de
628
6So,
c'est--dire
vingt-sept ans; entre Caribert
et
Sigebert il
y
eut
deux
ans
de
rgne
de
Dagobert I*^;
c'est pendant
ce court intervalle,
entre
les
annes
631 et
633,
que
la
monnaie
de
Dagobert a
t
frappe.
Il
1.
Nous
croyons
que le
triens
ou tiers du sol de
40 deniers fut
appel sol
aprs
la
mort de Dagobert et produisit
le
sol
de
12
deniers (lgalement
13
1/3)
que
Charlemagiie adopta
et
rgularisa en triplant
le
poids
du denier,
afin
que
12 de
ses
deniers
devinssent
l'quivalent
de 30 deniers antrieurs
l'accroissement
de la
va-
leur
nominale du triens, les quntre
derniers quarantimes
reprsentant
le
frai
des
anciens deniers.
Mous
croyons
galement
que
de
chute en chute
le sol qui
reprsen-
tait
cinq
grammes
d'or
environ,
au
iv sicle, est
tomb
cinq
grammes
de
cuivre
au
xix
sans
jamais
cesser
d'tre
la
monnaie
ayant
cours
dans
le
systme
des
livres,
sous et deniers qui,
depuis
quinze
sicles,
a
servi
de
mesure
aux
valeurs
et
de
ba-
lance
aux
transactions.
Ces
sortes
de dprciations deviennent fatales
le jour
o se
manifeste un cart
entre
la
monnaie
et
le
poids
(statre,sicle,
livre,
etc.)
quiluisert
de
dnominateur.
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
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12
MONNAIES
MROVIi\GIENNES
DU
GVAUDAN.
est
trs
possible
qu on
dt'couvre
aussi ded
monnaies
gabales
avec
les
noms
de
Tibre
Constantin
et de
Maurice
Tibre,
peut-tre
mme
avec
des
dbris
des
noms de
Phocas
et d'Hraclius,
car
jus-
qu' ce
dernier
rgne,
qui
commence en
610,
les
espces frappes
-Marseille,
Valence,
Uzs,
Viviers ont
t
plus
romaines
que
franques.
La
proportion
dans laquelle
se
rencontrent
les
monnaies
portant
les noms de Caribert et de Sigebert
prouve
que presque
toutes les
monnaies mrovingiennes
du
Gvaudan
ont
tfrappes
dans
la courte
priode
occupe
par
ces
deux rgnes,
surtout celui
de
Ciribert
beaucoup
plus
court
et
beaucoup
plus riche
en
mon-
naies que l'autre. Caribert
s'est
trouv
au
pouvoir prcisment
au
moment oii s'accomplissait au
Gvaudan
la refonte
gnrale
des anciennes
monnaies, et l'histoire,
en
assignant des
dates
cer-
taines
au
premier
royaume
d'Aquitaine, fournit
la numismati-
que du Gvaudan
des
dates
galement
prcises
et
prcieuses.
Presque
toutes les
monnaies franques
frappes
dans
le
Gvau-
dan
se
reconnaissent,
mme sans
l'aide des
lgendes,
un type
parfaitement
localis
et
spcial
cette province, au type
du
gobe-
let,
ou
coupe
deux
anses que
les
numismatistes
s'accordent
appeler le
Calice du
Gvaudan. On peut
dire, a priori,
que toutes
les
monnaies
qui
prsentent ce
type sont
gabales
;
mais
il
ne se-
rait
pas vrai
de
dire
que
toutes
les
monnaies qui
n'ont
pas un ca-
lice
au
revers
sont
trangres
au
Gvaudan, car il
existe
des
es-
pces
de
types trs
varis
et
sans calice qu'on ne peut
contester
cette
province.
Ces
espces
appartiennent principalement
la
plus
ancienne
priode
du
monnayage
mrovingien,
Tge
de
transi-
tion
entre
la
monnaie
romaine
et
la monnaie franque
;
quoique
leurs
types
n'aient aucun
rapport
entre eux
et
soient
aussi
dispa-
rates
que possible,
nous
devons,
pour
dblayer
le
terrain de
nos
explorations,
les
runir
par
ce
lien
ngatif et
en
former un
groupe
part,
qui
est
une sorte
de
hors-d'uvre. Notre premier
groupe
sera
donc
celui
des
monnaies
gabales
sms
calice .
Parmi
les
monnaies au
type
du
calice,
on peut
en
distinguer
un
certain
nombre qui ont
un
caractre
tout particulier
et
dont
l'an-
ciennet
se
trahit
par le
style
et
la
finesse du travail. Elles
parais-
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
15/144
MONNAIKS
MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN. 13
sent
tre
le
plus
ancien
produit
de
l'mancipation
de
l'art
et
de
cet
esprit
de
raction
fconde
qui
a
lutt
contre
l'immobilisation
des
types romains
i
our crer le
gracieux type
du calice.
Elles
portent
le nom du
peuple
gabale sous la
forme
GABALORVM,
sans
indiquer d une manire
absolument
certaine
l'atelier oii
elles
ont
t
frappes,
sont-elles
de
Javols?le
mot Gabalonun semble
l'in-
diquer; sont-elles
de
Bannassac? on a
pour
le croire
d'excellentes
raisons
que
nous
exposerons
plus loin
;
elles
ont
encore
un
autre
caractre
commun
qui
les
distingue, elles ne
portent pas
de
nom
de
montaire,
d'oii
nous
concluons
qu'elles
sont
antrieures
l'u-
sage ou
la
loi
qui imposa aux
montaires
du
Gvaudan l'obliga-
tion
d'inscrire
leur nom
sur
leurs
monnaies.
Notre second
groupe
sera
compos
de
ces
monnaies
au
type
le
plus ancien
et le plus
gracieux
de la
coupe
deux
anses,
avec la
mention du peuple
sous
la forme
GABALORVM
ou
GAVALORVM,
et l'omission
du
nom
du
montaire. On
peut
l'appeler
groupe
GABALORVM
au calice
Un
jour \int oii
tout
d'un
coup
le
montaire qui
dirigeait
la
fabrication
des espces
au
type
du
calice inscrivit
son
nom
et
cessa
d'inscrire
le
nom
de
l'atelier.
Ce changement
subit,
cette
rvolu-
lution
dans
Tpigrapliie
nous aurait
fort
embarrasss
dans
notre
uvre
de
classement si l'tude de
la
filiation
des types
et d'autres
symptmes
n^avaient rpandu la
lumire
sur les
phases de cette
mtamorphose;
les deux dernires monnaies
du
deuxime
groupe
nous
en
donnent
un indice
prcurseur
dans l'initiale
du
nom
du
montaire,
et
la
premire
monnaie du
troisime
groupe,
en nous
rvlant ce
nom tout
entier,
maintient
encore les
deux
premires
lettres
du
nom de
Tateher qu'on
va
momentanment
passer sous
silence. Le
nom
du
montaire
est
ELAFVS;
par
sa forme et sa
composition, il offre un
pendant d'une
heureuse
symtrie
au
nom
d'ELlGlVS
qui
florissait
la
mme
poque;
quant
au
nom de
l'atelier,
c'est dfinitivement Bannassac. Les
monnaies
signes
par
Elafius
formeront notre troisime groupe.
On critique
avec
raison
les auteurs
qui
ont la manie
de
peupler
les
vocabulaires
de
mots
nouveaux, pourtant
toute
science
nouvelle il
faut
des
mots
nouveaux,
puisqu'un
mot e^t
toujours
la plus
simple et la
meil-
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
16/144
14
MONNAIES
MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN.
leure
des
dfinitions;
nous ne
verrions
donc aucun
inconvnient
ce
que
ce
troisime
groupe que nous
n'inventons
pas et
qui est
impos
aux
niimismatistes, comme les quatre autres,
par
des
faits
palpables
el
incontestables,
fi
dsign d'un
commun
accord
par
le
nom de groupe
Elafien.
Puis
certaines
espces
font cortge aux noms
de Caribert
et
de
ses
montaires,
dont le
plus
en vidence
est
MAXIMINVS.
Elles
offrent
la
plnitude
du caractre
des
monnaies
mrovingiennes
:
nom
du
roi,
nom du
montaire, nom
de
l'atelier,
tte royale
d'un
ct,
type
IocliI
du
calice
au
revers;
la
mention
du
Gvaudan
est seule
absente,
mais
qu'importe? le
nom de
Tatelier
ne suffii-il
pas?
(l^^%
monnaies
dsignent un
roi :
CHARIBERTVS,
deux
montaires
:
MAXIMINVS
et
LEVDEGISELVS;
deux
ate-
liers
:
BANNACIACO
et
SC
MARTINI BANNACIACO.
Elles
marquent le point
culminant
de l'art montaire
mrovin-
gien,
le rayonnement
de cette
cole
du Palais, schola
palatina,
dont
la
grande
personnalit
de
saint
Eloi
tait le foyer
la fin
du
rgne de Clotaire
IL
Nous
en
formerons
un
quatrime groupe
qu'on
appellera, si
l'on veut,
groupe
des
monnaies
caribertines.
C'est
ce
groupe
qu'appartiendra
encore l'unique
monnaie
connue frappe
en
Gvaudan
au
nom
de
Dagobert.
Enfin,
des
espces encore
plus
nombreuses
que
les
prcdentes
suppriment de
nouveau
le nom
du
montaire,
except
dans
une
seule occasion
qui suffit
pour nous
apprendre
que ce
personnage est
le
mme
que
le
signataire
de
la
plupart
des
monnaies
du quatrime
groupe. Le flan
est large
et
trs charg
de
symboles
;
on
pourrait
qualifier
ce
style
de iiirovingien
fleuri;
ces
monnaies
avaient
cours
dj
bien
avant
l'poque de l'abaissement
du titre, elles
ont
continu
tre
fabriques pendant
celte
priode et,
depuis,
leur
production
s'est perptue
aussi
longtemps
que
le calice
a
t le
signe
montaire
du Gvaudan,
c'est--dire
jusqu'
la
fin;
elie
durait
encore
quand
l'art
mrovingien
se
mourait dans
l'obscure
priode
des rois
et
des artistes fainants;
elle
a pass de
l'or
pur
l'or
ple,
de
l'lectrum
l'argent,
et
tant
que
cet art,
nous
de-
vrions
dire
cette
barbare industrie
du
v[ii
sicle, a
su
tracer
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
17/144
MONNAIES
MIROVINGIF.NNES
DU
GVAUDAN.
15
quelques
grossiers caractre?,
elle
a recopi
les dbris
de
la
Ionique
lgende
gographique
BAN(naciaco)
GAVALETANO
FUT.
Entre
temps,
elle
a
trac
autour
de
l'effigie
le
uora d'un
roi
:
SIGIBER-
TVS REX;
et une
fois,
une
seule
fois,
le
nom
d'un
montaire
:
MAXIMINVS.
Nous
englobons
toutes
ces
espces
dans
un
cin-
quime
groupe
que, pour
rpondre
au
besoin
d'une
nomencla-
ture
numismatique,
on
peut appeler
siieberiin\
ce
groupe
com-
prend
ncessairement
deux
subdivisions
: les
monnaies
buste
et
les
monnaies
simple tle.
C'est
la
subdivision
des
monnaies
simple
tte
royale
qu'appartiennent
les
espces
au
nom
de
Sigebert
III.
PREMIER
GROUPE
MONNAIE
A LA
LGP.NDE
GABALORUM
SANS
CALICE.
Ce
groupe,
nous
l'avons
dit,
n'a
aucune
unit
de
style;
les
monnaies
qui
le
composent
sont
des
spcimens
erratiques
dont
le
seul
lien
est
la
^:ommunaut
d'origine
;
ce
sont
d'abord
des
imitations
plus
ou
moins
grossires
de
types
impriaux;
aprs la
monnaie
de Justin
II,
dont
nous
avons
dit
un
mot,
nous
trouvons
deux
immobilisations
de
types
romains
ap-
partenant
la
priode
de
complte
barbarie
qui
a
prcd
rmancipation
de
l'art
montaire
et
la
naissance
du
systme
mrovingien.
Nous
considrons
ces
premires
monnaies
comme
antrieures
l'apparition
du
caice;
puis
lestypes
de
l'archer,
des
deux
personnages,
du
monogramme
et de
la
lgende
tVROSCA,
ou
plutt
SCAtVRO,
viennent
se
placer
dans
ce
groupe,
comme
des
hors-d'uvre,
pour
cette
seule
raison
que
nous
ne
pouvons
pas
nous
dcider
composer
quatre
groupes avec
cinq
monnaies.
Le
monnayage
franc
du Gvaudan
cherchait
sa
voie,
nous
ver-
rons, dans la
description
des
autres
groupes
qu'il
l'a
dfinitive-
ment trouve
dans
le
joli
type du
calice
deux
anses.
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
18/144
Jo
MON.NAILS
MROVINGIENNES DU
GEVAUDAN.
JUSTIN II
(563-578).
1.
_
D
N
IVSTINVS P
'
F
A/G.
Buste
diadme
de
Justin
11
droite ;A
et
V
sont lis
dans
le mot
AVG^.
ii .
GABALOR.
Croix latine
base
potence,
au-dessus de trois
degrs.
PI. I, n i
Publi
par
M.
l'intendant
gnral
Robert d'aprs
M.
de Bar-
thlmy
:
Rev.
numiwi.,
1864,
t.
IX;
tude
sur
les
monnayeurs
et
les
?ioms
de
lieu.
Ch.
Robert,
Nouvelle
dition de lldstoire
du
LaKjuedoc.
Numismatique
franque
de cette province, pi.
IX,
n
13.
2.
D
N
IVSTINVS
P
F
AVG.
Mme
buste plus
grle
et
prsentant
plusieurs
varits.
Le mot
AVG
est en
trois
lettres.
11 .
GABALOR.
Mme type; la
forme
du
B
est
diffrente.
PI.
1,11'^
2.
D'aprs
un
dessin
conserv
par
M.
de
More.
La
forme
du
B
de
cette
varit
prouve
que
c'est
notre numro
2 que Rasche dcrit
comme
faisant
partie
du
muse de
Vienne
(Autriche).
C'est
au
R.
P.
Hardouin
que
revient
Vhonneur
d'avoir
donn
la
vritable
attribution
de
cette
monnaie
qui
a
tant
intrigu les an-
ciens
numismatistes,
el
sur laquelle on a
crit des volumes. Pou-
vait-on
alors
supposer
que
cette monnaie
impriale tait franque,
et
n'tait-il
pas
naturel de
chercher
laquelle des
deux villes de
Gabala,
l'une
de
Syrie et l'autre de
Lydie ou de
Pamphilie, elle
pouvait
bien
appartenir,
puisque
chacune
de
ces
deux
villes avait
mis
des
monnaies
impriales.
Rasche
(verbo
GABALORVM
a
vu
notre
numro
2 au
muse
de
Vienne
{Trsor
imprial^
1,
p.
3U;
Eckhel,
catal.
II,
p.
538).
Banduri (II,
p.
651)
n'ose
se
prononcer
entre
les
deux
Gabala
d'Asie.
Gusseme
(HI,
p.
270,
n
18)
se dcide
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
19/144
MON.\AIi:s
MLUOVINGIKNNKS
DU
GliVAUDA.N.
17
en faveur
de
l'atelier
syrien, mais
llardouin,
dans
sq^ Monnaies
du
sicle
de
Constantin
(p.
438),
donne
la vritable
attribution
en restituant
la
monnaie
aux
Cabales d'Aquitaine.
Elle
a
encore
t dcrite
de
nos
jours par
Ph.
Le Bas dans son
Dictionnaire
encyclopdique
de la France
(Paris, Didot,
1842,
t. VIII,
p.
788).
L'auteur
rappelle
que cette monnaie
a beaucoup
occup
les
sa-
vants
des xvn
et xvni*
sicles,
fort
tonns
de lire
tous
les
titres
impriaux
sur
une
monnaie
d'une province
qui au
temps
de
Justin
II appartenait
depuis
plus
d'un
demi-sicb
aux
rois
Francs.
Ils
se
tirrent
de
leur
embarras
en
relguant
la
mon-
naie
gnante
des
sries impriales
d'Asie.
Le Bas
ajoute
avec
beaucoup
de
raison
que la prsence du
nom
de
Justin
II,
Javouls, n'est
pas
plus
tonn-mte
que
celle
du
nom
de
Mau-
rice
Tibre
Uzs,
Valence,
Vienne,
Arles
et
Marseille.
Nous
avons
attribu
ce
fait
la
lenteur
avec
laquelle
les
ha-
bitants du
midi
de la Gaule
se
sont
assimils
au
peuple
franc.
Le
Bas en trouve
une autre
explication dans l'esprit
de
dfiance
qui
animait
les populations
soumises aux
barbares
;
il
cite
une
phrase
de
Procope: dLes
barbares,
dit cet
historien,
n'osrent
inscrire
les
noms
de
leurs
princes
sur
les monnaies d'or
qu'aprs
la
cession
de
la
Provence
;
Sans doute,
ajoute Le Bas,
les
premiers
essais
tents
par eux
ne
furent
pas heureux
et
Ton
fut
contraint
de
revenir
l'ancien
usage
dont on
trouve
des
tracesjusqu'
l'occupation
de
la
Gaule entire
par
Clotairell)).
Kous
sommes
parfaitementd'accord
avec
Le
Bas,
pour
reconnatre
que
le
monnayage
de
la
Provence
est
rest romain
jusqu' Clotairell,
mais
nous n'admettons
pas
l'ex-
plication
qu'il
en donne.
Certes les villes
de Lyon,
Chalon,
Reims,
Trves
et
Cologne
taient
aussi
romaines
que
l'Aquitaine,
et
Tho-
debert
P a
bien
su
leur
faire
admettre
sa
monnaie
qui,
en
dfinitive,
tait
une vritable monnaie
romaine,
et par
ses
types,
ei
par
la
men-
tion
de
plusieurs
Augustes dans la
lgende
VICTORIA
AVGGG.
Les
rois
Francs
s'organisrent
d'abord
dans
la partie
septentrionale
de
la
Gaule,
et
s'occuprent
peu
du
Midi
qui
conserva
son
carac-
tre
rom.ain
et
ses lois
romaines,
mais
ce
n'est
pas
par
crainte
qu'ils
n'inscrivirent
pas
leurs noms
sur la
monnaie
d'or
avant
2
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
20/144
J8
MONNAIES
MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN.
l'anne
S38,
date
des
traits
passs avec
Jiistinien
la
suite
de
la
campagne
d'Italie et
de
la
cession de
Provence;
c'est
tout
simple-
ment
parce
qu'ils
n'en
avaient
pas
le
droit.
Ils
couvraient
la
Gaule
de
leurs
monnaies
de
cuivre;
Thierry,
Thodebert,
Childe-
bert,
l'exemple
des
rois
Burgondes,
Wisigoths et Ostrogoths
frappaient
des
espces
d'argent et
de
cuivre
;
mais,
partir
de
S38,
en
vertu
du
trait de
concession
impriale
et de
complet affran-
chissement
auquel
fait
allusion la
lgende
d'un
sol
d'or de Mayence
PAX
ET LIBERTAS,
le roi
d'Austrasie,
Thodebert
P%
et
lui
seul,
put
lgalement
inscrire
son
nom
sur
les
monnaies
d'or.
Il
le
fit
comme roi
indpendant, associ
en
quelque
sorte
l'empire
et
partageant avec
l'empereur
le
titre
d'Auguste. Seul de
sa
famille,
il
eut
ce
droit,
mais
Clotaire
P en
hrita en
mme temps
que
de
la
couronne d'Austrasie,
et il
le
passa ses
fils,
et
principalement
celui
qui eut
l'Austrasie,
Sigebert
P''.
Celui-ci
le
transmit
Chlldebert
II, son fils. Clotaire
II
en devint
possesseur
par la se-
conde
annexion
de
l'Austrasie, car
il
ne
parat
pas
que son
pre Chil-
pric s'en
soit jamais prvalu.
C'est
depuis Clotaire
II
seulement
que
tous
les
rois francs en
furent
investis
lgalement.
Il
y
avait
l
une
question
de
constitution
sociale et
de
droit
pubhc
suprieure
aux
questions
de
droit civil. Il
ne
faut pas
perdre de
vue que
jamais
la
connaissance
et
le
respect
du droit
n'ont
t ports
plus haut
que sous le
rgne
de
l'illustre
auteur des
Insiitutes
et
des recueils
immortels
des
lois
romaines..
Il est
fort
probable
qu'un
grand
nombre
de
fils
des
plus
nobles
familles
de
la
Gaule
allaient
encore
peupler
les
coles
de
Constantinople,
et
que le
monnayage
n'au-
rait jamais
obtenu
la
confiance
des
populations
s'il
ne
s'tait
pas
produit dans les
formes du
droit pubhc
alors
en
vigueur.
TYPES
ROMAINS
IMMOBILISS.
3.
OVALORVM.
Buste
droite;
le
manteau
est orn
de phs
horizontaux.
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
21/144
MONNAIES
MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN.
19
r.
VICTORIA
AVGV
(
l'exergue
:
CONO).
Croix
latine
sur un
globe,
au-dessus
d'un
degr,
accoste
des
initiales
G.
A.
Collection
d'Amcourt.
Poids
1,30.
PI.
I,
n^'S.
Il est
inutile
de
faire
remarquer
que
OAVALORVM
est
l'quiva-
lent de
GABALORVM.
Si
l'on
en
doutait,
on
pourrait
en
acqurir
la
conviction
par
les
initiales
G A
qui
sont
droite
et
gauche
de
la
croix.
La
conclusion
en
tirer
est
que
les
lettres
G
etO
avaient
peu
prs
la
mme
valeur dans
le langage
parl
du
Gvaudan
au
vi^
sicle.
G
tait
une
semi-voyelle
comme
VV
(cf.
Gascon-
Wascon),
Guillaujne
a
t
souvent
l'quivalent
de
William;
Oiliiamson,
nom
d'une
famille
franaise,
est
le
mme
mot
que
TF^7/^/?^5o;^
;
Tpigraphie
des
monnaies
mrovingiennes
fournit
de
nombreux
exemples
de
faits
analogues
:
OELLAO
pour
VELLAO
OELLOMONTE
pour
BELLOMONTE,
CAOILONNO
pour
CAVI-
LONi\0,
VILIEMVNDVS
pour
GVILIEMVNDVS.
4.
Dbris
de
la
lgende
GAVALORVM.
Buste
diadme
droite.
Cf.
Lgende
illisible.
Monogramme
du
Christ
accompagn
des
lettres
A
et
CO,
sur
un
globe.
Coll.
d'Amcourt.
Poids,
1,33.
PL I,
n 4.
Cette
monnaie
est
une
dgnrescence
des
demi-sols
d'or
impriaux
et
notamment
de
la
curieuse
monnaie
frappe
Vienne
par
Laurentius
avec la
lgende
DE
OFFICINA
LAVRENTI
et le
nom de
l'empereur
Maurice Tibre
(382-602).
TYPE
DE
L'ARCHER.
5.
GAVALORVM.
Buste
diadme
droite.
JX'
VOR.
Personnage
debout,
gauche, tenant un
arc.
Coll.
d'Amcourt.
Poids
1,23.
PI.
I,
n
3.
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MONNAIES
MROVIiNGIENNES
DU
GVAUDAN.
21
devrait
pas
nous
tonner
aprs
ce
que
nous venons
de
dire
de
la
forme
OAVALORVM.
O
et
V
sont
liomophones,
et
HVAVALORVM
n'est
qu'une
forme
aspire
de
OAVALORVM,
se
rapprochant
de
GAVALORVM
comme
Wascon
de
Gascon.
TYPE
DU MONOGRAMME.
7.
GAVALORVM.
Buste
diadme
droite; la
tte,
un
peu
grotesque
par
ses
grosses
dimensions,
est
spare des
paules.
J)l\
Monogramme
en forme d'dicule,
compos
des lettres
BANACiACVS,
surmont
d'une
croix,
dans
une paisse
couronne
de
feuillage.
Yoy.
Robert
{lac.
laud,, IX,
3o),
d'aprs
Fillon
{Lettres,
etc.,
Il, n
9),
lequel tenait
ce
dessin
de
Lelewel.
PI. I, n
7.
8.
GAVALORVM.
Buste diadme
droite,
plus
fin
et
du
mme
style que
la
monnaie
au type
de Tarcher. La
s-
paration
de
la
tte
et
du
buste
s'est accentue
au
point
qu'il s'est form
un
nouveau
buste
au-dessus
de
l'ancien
buste sans
tfe.
T.
Mme monogramme
compos
des
lettres
BANNACIACO.
Coll.
de France
;
pi. I,
n
8.
Robert,
loc.
laud.,
IX,
'3G.
L'paisse
couronne
de
feuillage,
que
nous
avons
vue
autour
des
deux
personnages (n
6)
et qui apparat
encore
ici, figurera
sur
des
monnaies
appartenant aux
autres
groupes
;
elle
est
emprunte
aux
monnaies
des
Ostrogoths;
elle
accuse
la
contemporanit
de
noire
monnaie
avec
celles
des
autres
groupes
qui
ont adopt
la
mme couronne
et
l'ont
mme
perptue.
Les monnaies
n^'o,
6,7
et
8
sont moins
anciennes
que
les
numros
1,
2,
3
et 4
;
elles
ont
rompu avec
l'imitation
sei
vile et
l'immobilisation
barbare des
types
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24/144
22
MONNAIES
MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN.
romains
;
elles
sont
pourtant antrieures
l'poque
oii
les
mon-
taires
furent
obligs
d'inscrire
leurs
noms. Les
monnaies
qui
nous
offrent
le
monogramme
de
Bannassac formant
un
jalon
interm-
diaire
qui
relie
les
monnaies du
vi
sicle
celles du vni% et
prouve
que
les
monogrammes
n'ont
pas
cess
d'tre
en
honneur.
Le
vi sicle
a
produit
les
beaux
monogrammes
de
Thodoric,
d'Ama-
laric, de
Thierry
1 ,
de
Thodebert, de
Childebert;
le
viif
sicle
cra de
nombreux monogrammes
;
mais
si
cette sorte
d'criture
fut moins
usite dans l'intervalle
qui
spare ces
deux
poques,
elle ne
fut jamais
compltement
abandonne;
l'emploi
du mono-
gramme
fut une
des
marques
caractristiques du
monnayage
de
Rodez, et,
comme
le Gvaudan est
limitrophe
du
Rouergue, il
n'est
point tonnant que le
monogramme de Bannassac se
ren-
contre
sur
une
monnaie
du
commencement
du
vn^ sicle.
UNE MONNAIE
DE BANNASSAC
SANS
CALICE.
9.
BANACIACO FIT.
Tte
diadme
droite;
la partie
post-
rieure du
crne
est borde d'une
ligne
de perles.
W.
+
VROSCA.
Croix
latine
soude
sur
un anneau.
Coll.
d'Amcourt.
Poids,
i,28.
Pi.
I,
n
9.
Si nous donnons
la
lgende
du revers
la
forme
VROSCA
plutt que
SCAVRO,
c'est
parce
que la
croisette
qui,
ordinaire-
ment, est
place au
commencement
de
la.
lgende,
nous
indique
cette
coupure ,
mais
Scaiirus
est un
nom
d'homme
,
tandis
q\i'U?'osca
n'en
est pas
un. Est-ce d'aiheurs un
nom de
mon-
taire
que le graveur a
voulu
inscrire
?
C'est probable,
mais
ce
n'est pas
sr;
on
ne
voit aucun
indice
du
mot
MONETARIO.
Les
lettres
SC
cachent-elles
une
abrviation
comme
SCONAS
pour
sancionas,
SCI MARTINI
pour
sancti Martini?
Notre lgende
serait-elle
l'quivalent de
SL
AVRO?
Que signifierait cette for-
mule?
Nous
rencontrons
encore
des
nigmes
chaque
pas.
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25/144
MONNAIES MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN.
23
Pour rsumer l'examen
du
premier
groupe
des
monnaies
gabales,
nous pouvons
dire
qu'il
contient
tous
les
vestiges
des
types
romains
l'tat de
dcadence
et
d'imniobilisation,
notam-
ment,
l'effigie
impriale
de
Justin
JI,
la
rminiscence
de
la Vic-
toire,
le
chrisme,
la croix,
le
monogramme,
la
couronne
paisse
de
feuillage.
Ces
espces
marquent
la
transition
entre
le
monnayage
romain
et
le monnayage
mrovingien,
elles
sont
contemporaines
des
suc-
cesseurs de
Justinien,
depuis
Justin
II jusqu'
Ilraclius, elles
furent
frappes
en
petite
quantit,
et
elles
ont prcd
en
Gvau-
dan
la
grande
refonte
des
monnaies
antiques,
qui
tait
dj
trs
avance
dans
les
villes
burgondes
de
Chalon,
Autun,
Mcon,
Be-
sanon,
Lyon, Gray, Gy ou
Gex,
Isernore,
Beaune,
Pontaillier,
Champlitte,
Langres,
etc., etc.
Au milieu
de
ces
ruines de
l'art
montaire
romain,
nous
voyons
se
manifester un
esprit
d'mancipation
;
une
nouvelle
sve
fermente
et
pousse
les
germes
d'une
renaissance
artistique,
signes
prcurseurs
d'une
renaissance
sociale
et
d'une
nouvelle
civilisa-
tion. Que
signifie cet
archer
qui
n'a
presque de
prcdents
en
nu-
mismatique que
dans le
Sagittaire des
dariques
ou
la
Diane
des
monnaies grecques
ou
consulaires
?
Nous
l'ignorons
;
peut-tre
son
sens qui
nous chappe
encore
est-il d'une
simplicit
en-
fantine
;
mais
il
nous
apprend
ds
aujourd'hui
que
le
lien
puis-
sant
de
centralisation
qui,
depuis
six
sicles,
avait
tenu
la
Gaule
enchane
Rome,
est
dfinitivement
rompu
;
que
les
rits
de
la
Sacra
moneta
ont
perdu
leur
prestige,
aussi
bien que le
culte des
dieux paens, et
que rien
n'empche
plus
les
mon-
nayeurs
de
donner
libre
essor
leur
imagination.
Les
Gabales n'avaient pas
encore
lanc le
type
du
sagittaire
que
dj celui
du calice
tait
rpandu
chez
eux
;
nous
aurions
pu
comprendre,
dans notre
premier
groupe,
quelques
pices
ce
dernier
type, assurment
contemporaines
de
celles
l'archer,
si
elles
ne
leur
taient
pas
antrieures;
mais
nous
les
avons
rser-
ves
pour
former
notre second
groupe,
parce
que
la
coupe
deux
anses tant
appele
devenir
bientt
le
type
caractristique
du
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
26/144
24
MONNAIES
MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN.
Gvaudan,
il
tait plus
rationnel de runirdans le
mme
chapitre
tous
les
lments de
la
monographie
du
calice
du
Gvaudan.
Nous
ne
sommes
pas
plus en tat de
nous
prononcer
sur
la
raison
d'tre
de cette
coupe au
revers
des
monnaies
du
Gvau-
dan,
que
sur
la
signification
du
type
de
l'archer.
On
a
remarqu
que
les
monnayeurs
employaient
souvent
des
types
parlants,
afin
d'indiquer par
des
rbus,
au
public
illettr,
les
noms
des
ateliers qui
avaient
produit
ces types
;
cette
tendance
est
toute
naturelle,
et les types les
plus
anciens
de
la
Grce
ont
t
le plus
souvent
inspirs par
le
double
sens
des
noms
de lieux.
On
pourrait citer
d'aprs les
vocabulaires
del
basse latinit quel-
ques
mots
qui
ressemblent
au
nom
des
Gabales
et dsignent
une
coupe
;
il
semble
mme qu'on
en retrouve
la trace
dans les
mots
franais
:
Gobelet^
gober,
gaver, gnbeloter,
etc. Parfois
aussi
les
types
crs
par
les
artistes mrovingiens
contiennent
des
allu-
sions
des
souvenirs
ou
des
faits
locaux.
Le type de l'archer
parat
tre
de
cette
catgorie
;
on peut
se
demander
si
celui
de
la
coupe
n'est
pas tout
simplement
l'enseigne
de
l'importante
fabri-
cation
d'objets cramiques,
dont
Bannassac
tait
le centre
dans
l'antiquit
;
nous
ne
le pensons pas,
et
nous
allons dire pour-
quoi.
Bannassac
a, en effet,
cette double gloire
d'avoir t
un
Samos
ou un
Arezzo
gaulois
et
un grand centre
de
fabrication mo-
ntaire, le
fcond
et
peut-tre
unique
atelier des
monnaies
royales
d'Aquitaine
;
ce
petit village
que
l'histoire
ne
men-
tionne
pas,
qui
n'est
cit par aucun
gographe
de
l'antiquit,
s'alrme dans
tous
les muses du monde
par
les
produits
de son
activit
et de son
gnie
industriel
et
commercial.
Non
seulement
il
n'est
pas
un cabinet
numismatique
srieux
qui
ne
possde
un
des petits
bijoux sortis
de
son officine,
mais
encore
on
ne remue
pas
les terrains^
qui ont
servi
d'habitacles
aux
agglomrations
hu-
maines en
Gaule,
sans rencontrer
des
fragments
de
la
poterie
de
Bannassac.
M.
Anatole
de Barthlmy
a
publi
dans
la
Gazette
archolo-
gique
(anne
1877)
une
notice des plus
intressantes
sur
la fabri-
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
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MONNAIES
MI5R0VI VGIENNES
DU GVAUDAN.
25
cation
des
poteries de
Jknnassac.
Un
fonr trouve en
1871
conte-
nait
des
vases
de
toutes
formes
par
centaines,
des
assiettes,
des
moules, des
pierres
ayant
servi
la
fabrication ou
rvlant
quel-
ques-uns
des
anciens procds
;
le
muse de
Saint-Germain
en
acquit la plus
grande partie, et
l'un de
ses
conservateurs,
M,
de
Mortillet,
en
a
aussi
entretenu
le
monde
savant.
Ces fragments,
car
peu de
vases
taient
intacts, n'avaient
pas
une grande
valeur
au
point de
vue
de l'art, mais d'aprs les restitutions
qu'on put
faire,
on reconnut
que
la poterie
de Bannassac
couvrait jadis tous
les
marchs
de la Gaule.
Des inscriptions
du
plus
grand intrt
ornaient
la
panse
de
ces vases, dont les types gnraux
n'taient
gure
varis;
c'taient,
au
moins ceux
que
M.
de
Barthlmy
a
fait graver,
des
/?oc//t,
c'est--dire
des vases
boire,
destins
recevoir
le
contenu
de
la bouteille
(Jage?ia)]
en effet,
sur
un
vase
de
celte espace,
on lit
une
invocation
du pociihwi
h
la
lagena
:
VENI
AD
ME
AMICA
Viens bouteille, ma
mie,
Sur un autre,
une
sorte
de
toast
aux
brasseurs
:
CERVESARIIS
FELICITER
Vivent les
marchands de bire
1
Une
srie
particulirement
intressante est celle
des
pocula
portant des
noms
de
villes ou
de
peuples
;
plusieurs spcimens
trouvs
intacts
Bannassac
et
des
fragments rapprochs
de
spcimens
conservs dans
les
muses
tablissent
d'une
manire
positive
que
ces coupes
taient
envoyes
de
Bannassac
dans
toute la Gaule.
Voici quelques-unes
des
for-
mules
dcouvertes
:
LINGONIS
FELICITER
Vivent
les
gens
de
Langres
REMIS
FELICITER
Vivent
les gens
de
Reims
c'est l
que
devait
mousser
le vin
de
Champagne primitif.
Les
Cabales
ne
s'oubliaient pas
:
GABALIBVS
FELICITER
Vi\ent
les
Cabales
))
Il
parat
que le
nom
de
ce
peuple tait
de
la
deuxime dchnai-
son,
GABALORVM,
sur
les monnaies,
comme
dans
Csar,
et
del
8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala
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MONNAIES
MROVINGIENNES
DU
GVAUDAN.
troisime,
GABALIBVS,
sur
les
coupes,
comme
dansPlinaet
Stra-
bon
;
cette
dernire
dLlinaison
aurait-elle
un
sens
plus
senti-
mental
et
plus
tendre?
Les
potiers
de Bannassac
auraient
aussi
bien
pu
crire LINGONIBYS
FELICITER;
pourquoi
ont-ils
prfr
la
forme
LINGONIS?
Deux
fragments qui
portent les
lettres
VAN
et
QV
dterminent
l'attribution
la
fabrique
de
Bannassac
d'un poculum
trouv
Genve
et
conserv
dans le
muse de
cette
ville:
SEQVANIS
FELICITER
Vivent
les
Squanes
La
coupe
reprsente
sur
les
monnaies
du Gvaudan
est-elle
l'enseigne,
le prospectus
des
i:)ocula
en
terre
cuite
qu'on
fabri-
quait
Bannassac?
Nous
ne
le pensons pas.
Le
type
des
poteries
de
Bannassac est
bien
dtermin
et
n'a
aucun rapport
avec le
calice
figur sur
les
monnaies. Le profil
d'une jolie coupe
qu'on
pourrait
vaser en
forme
de
patre
n'est
pas
disgracieux,
et
en
supposant
que les Gabales
aient
voulu donner
la meilleure
ide
possible
des
produits
de
leur
fabrication, ils
n'auraient pas
ima-
gin de figurer un
type
de
poculum quTls
n'ont
jamais fabriqu.
La coupe
des monnaies
est une coupe
creuse
monte
sur
pied
;
si
les
Gabales
avaient fabriqu ce
genre
de coupe, on
en
retrouve-
rait dans quelque
muse;
or
cela n'existe
pas
;
tous les
pocula
de
Bannassac que
l'on connat
sont des
coupes
basses.
Le
calice
anse fabriqu
en
terre cuite
n'est
pas
pratique. La coupe
figure
sur
les
monnaies estun
travail
mtallurgique,
on ne
peut pas
la concevoir
autrement
qu'en
mtal,
car
les
anses
lgres
en forme
d'S
soudes
leur
extrmit
suprieure seraient
tellement
fragiles, si
elles
taient
un
travail cramique,
que
personne ne
voudrait
les acbeter.
Les
potiers de
Bannassac
se
seraient
bien
gards de prendre pour
rclame
une pice d'orfvrerie;
des
potiers
d'tain
auraient pu
faire
cela, mais
ce
n'est
pas
eux que
met
en
cause
l'industrie c-
ramique
de Bannassac.
La
discussion des monnaies
nous
ram-
nera
au
calice de
Bannassac;
les emblmes qui
l'environnent
nous rvlent
son
caractre religieux,
mystique,
et
voil encore
selon
nous
un
ordre
d'ides incompatible avec la pense
d'une
simple
rclame commerciale.
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MONNAIES
MEROVINGIENNES
DU
GVAUDAN.
27
DEUXIME GROUPE
MONNAIES
A LA
LGENDE
GABALORUM
ET
AU CALICE
VIEUX
STYLE.
Les
caractres
gnraux de
ce groupe sont
:
1
L'anciennet,
accuse par
la
finesse
du
travail
et
la
puret
du
mtal
;
2
L'apparition
du
calice
;
3
La
persistance
de la lgende
unique
:
GABALORVM
;
4
L'absence
du
nom
de
montaire.
Groupe
gale