IICP – INSTITUT INTERNATIONAL DE COMMUNICATION DE PARIS
La publicité est-elle suffisamment encadrée ?
MEMOIRE – M2 COMMUNICATION
Olivier PERBET 2013
1 Olivier PERBET – IICP - 2013
Table des matières
Introduction .............................................................................................................................................................................. 2
1- Pourquoi encadrer la publicité ................................................................................................................................. 3
1.1 – Centralité de la publicité dans la société ......................................................................................................... 3
1.1.1 – Une exposition déjà massive ........................................................................................................................ 3
1.1.2 – Un rejet du public : le cas des nouveaux canaux .................................................................................. 4
1.2 – Impact de la publicité sur le consommateur : démonstration par les stéréotypes ........................ 9
1.2.1 – Deux exemples de personnes ciblées par les stéréotypes : femmes et étrangers .............. 10
1.2.2 - La puissance d’un stéréotype sur la perception des « autres » et de soi ................................. 13
2 – La régulation suffit-elle face aux abus persistants ? ................................................................................ 16
2.1 – Des autorités régulatrices attentives ............................................................................................................. 16
2.1.1 - L’ICC, inspiration pour l’autorégulation ................................................................................................ 16
2.1.2 – L’ARPP, instance autorégulatrice de référence ................................................................................. 16
2.1.3 - Un pouvoir de réclamation peu efficace à travers le JDP ............................................................... 17
2.1.4 – L’Etat, influenceur et législateur .............................................................................................................. 18
2.2 – Les contournements et innovations aux limites de la légalité ............................................................. 20
2.2.1 – Dupliquer les supports pour contourner les limites : l’exemple de la presse ...................... 20
2.2.2 - La publicité de demain : un avenir inquiétant pour le public....................................................... 21
2.3 – Les abus persistants .............................................................................................................................................. 23
2.2.1 - Le second degré : l’humour pour esquiver la Loi .............................................................................. 23
2.2.2 – Occuper les espaces libres : Le Street Marketing.............................................................................. 24
3 – Propositions : Comment proposer une publicité responsable ........................................................... 26
3.1 - La publicité en ligne ............................................................................................................................................... 26
3.2 - Récompenses et critiques sur les produits ................................................................................................... 28
3.3 – la méthode de la provocation ............................................................................................................................ 30
3.4 –utiliser les pratiques interdite a travers l’humour .................................................................................... 31
3.5 – Jouer sur les tendances sociales modernes ................................................................................................. 32
Conclusion ................................................................................................................................................................................. 33
Annexes : Fiches de Lecture ........................................................................................................................................... 34
Bibliographie ......................................................................................................................................................................... 38
2 Olivier PERBET – IICP - 2013
INTRODUCTION
Ce mémoire traite de l’éthique de la publicité en France. La finalité est de guider une entreprise
vers des publicités plus responsables pour le consommateur, en présentant le contexte publicitaire
ainsi que le cadre réglementaire qui s’y rapportent, à travers des exemples parlants.
D’abord, un diagnostic expose la centralité de la publicité dans la société, mais surtout l’impact
qu’elle peut avoir sur la psychologie du consommateur, afin de démontrer que ce n’est pas un
outil neutre ni inoffensif. Ce constat est avancé par l’exemple de l’usage des stéréotypes. Le
diagnostic démontre que la publicité est un outil qui doit être encadré.
Ensuite, une mise en perspective présentera les différents éléments qui forment le cadre
réglementaire de la publicité : l’autorégulation du secteur et la législation de l’Etat. Cette
régulation est confrontée aux contournements et abus des publicitaires qu’elle doit encadrer : elle
est donc insuffisante. Il faut alors édicter des recommandations pour guider une entreprise vers
une publicité plus responsable. Plusieurs exemples pertinents de publicités existantes illustrent
ces recommandations.
A la lecture du mémoire, une entreprise aura pris conscience de l’impact de l’outil publicitaire sur
le consommateur, aura connaissance du cadre réglementaire existant, et trouvera des propositions
pour elle-même créer des publicités responsables vis-à-vis du consommateur.
3 Olivier PERBET – IICP - 2013
1- POURQUOI ENCADRER LA PUBLICITE
Comment définir la publicité ? Le sens originel est « l’action de rendre public »1
. Avec
l’industrialisation, au XIXe siècle, puis l’essor de la société de consommation au siècle dernier,
elle se précise pour atteindre sa définition contemporaine : « Activité ayant pour but de faire
connaître une marque, d'inciter le public à acheter un produit, à utiliser tel service… Ensemble
des moyens et techniques employés à cet effet » selon le dictionnaire Larousse2. Celle du CNRTL
est plus inquiétante pour le consommateur : « fait de promouvoir la vente d'un produit en
exerçant sur le public une influence, une action psychologique afin de créer en lui des besoins,
des désirs »3. Elle n’est pas de l’information au sens strict : en jouant avec la vérité, elle
désinforme4. Bien qu’elle ne soit pas seulement commerciale, les définitions convergent pour
mettre en avant son caractère actif : elle agit sur ses cibles.
La publicité est-elle un harcèlement ou bien un élément du paysage ? Quoi qu’il en soit, elle est
présente à tous les instants (éveillés) d’une journée d’un individu, l’exposition est massive.
1.1 – CENTRALITE DE LA PUBLICITE DANS LA SOCIETE
1.1.1 – UNE EXPOSITION DEJA MASSIVE
Le consommateur moderne est exposé aux messages publicitaires à travers une panoplie de
supports. En dehors de son domicile, les affiches, vitrines, journaux et messages sonores sont
omniprésents. Le domicile n’est pas épargné : le papier (journaux et prospectus) côtoie
l’audiovisuel (radio, télévision) et le numérique (ordinateur, tablette, téléphone). Il est difficile
d’estimer le nombre de publicités auxquelles le consommateur est exposé quotidiennement :
1 J. Lendrevie, B Brochand, « Publicitor » , p3 2 Encyclopédie Larousse en ligne – Publicité http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/publicit%C3%A9/84214 3 CNRTL - Définition de Publicité - http://www.cnrtl.fr/lexicographie/publicit%C3%A9 4 Groupe Marcuse, « De la misère humaine en milieu publicitaire »
4 Olivier PERBET – IICP - 2013
2005 ? Entre 300 et 1000
6 ? Jusqu’à 2500
7 ? Ces chiffres proviennent de chercheurs ayant étudié
le sujet, ils prennent donc en compte la part d’exposition dont le consommateur n’a pas
conscience. Quand on demande aux français d’estimer le degré d’exposition quotidien à la
publicité pour les médias audiovisuels, ils déclarent un taux beaucoup plus faible : 70 publicités
par la télévision et autant par internet, 32 par la radio et 5 par le téléphone, soit un total de 1778.
Ces chiffres dix fois inférieurs (à ceux d’un point de vue externe) suffisent pour provoquer un
agacement face à la publicité. Une étude dans un environnement urbanisé au maximum où la
présence publicitaire est maximale informe sur la réaction du public face à la saturation : la ville
de Paris. Un sondage de l’institut IFOP en 20109 pose les questions pertinentes, le jugement sur
la présence de la publicité dans Paris est explicite : 45% des sondés l’estiment « trop présente »,
80% approuvent la suppression des panneaux d’affichage 4x3 (mètres) et 58% préfèrent réduire
le nombre de panneaux même si « cela se traduit par une baisse des recettes financières pour la
municipalité » (donc plus d’impôts pour eux).
1.1.2 – UN REJET DU PUBLIC : LE CAS DES NOUVEAUX CANAUX
1.1.2.1 - LA PUBLICITE SUR INTERNET : UN PROGRES TECHNOLOGIQUE QUI AGACE
Les NTIC, « Nouvelles technologies d’information et de communication », portent bien leur
nom : ce sont des canaux de communication investis très tôt par les annonceurs. Internet est
indissociable de la publicité : la majorité des sites web commerciaux tirent leurs revenus des
annonces qu’ils diffusent. La publicité en ligne se porte bien : elle représente 20% des
investissements publicitaires en France, soit 1,4 milliards d’euro au premier semestre 201310
avec
une croissance de 4% en 2012. Le marché mondial représente 102 milliards de dollars, dont 42%
en Amérique du Nord11
. Le « search marketing », soit la publicité textuelle relative à un mot-clé
5 G. Mermet, « Francoscopie 2005 » 6 Groupe Marcuse, « De la misère humaine en milieu publicitaire » 7 S. Pietrucci, C. Vientiane, A. Vincent, « Contre les publicités sexistes » 8 IFOP - Les Français et la publicité sur Internet 9 IFOP - Les Parisiens et la publicité 10 Le Monde - La publicité en ligne a progressé de 4 % en France au premier semestre 11 ZDnet - Chiffres clés : le marché mondial de la publicité en ligne
5 Olivier PERBET – IICP - 2013
dans un moteur de recherche, est le plus utilisé (57% du marché), ainsi que la deuxième formule
préférée pour 23% des sondés d’un sondage IFOP12
. La tendance semble aller contre la
préférence de l’internaute : les formules les moins appréciées, les vidéos et les publicités avant
visionnage (d’une vidéo souhaitée) qui n’obtiennent la préférence que de 9% des sondés, sont en
forte croissance : 34% sur l’année. Plus généralement, le jugement des français est sévère : 64%
considèrent que la publicité sur internet est une « mauvaise chose », dont 17% « une très
mauvaise chose ». Ils lui reprochent d’être « omniprésente » pour 90% des sondés, qu’elle est
« intrusive » pour 80%, voire « stressante » pour 61%. Le seul facteur qui pourrait lui donner une
image positive chez les internautes serait si elle pouvait « apporter une information intéressante »
(à 74%), ce qui est loin d’être accompli : seulement 36% la trouvent « informative ». Au-delà de
ces souhaits et préférences, l’internaute agacé n’a pas attendu pour agir : l’application bloqueuse
de publicités Adblock Plus a été téléchargé plus de 190 millions de fois13
mondialement. Des
progrès considérables restent donc à accomplir par les annonceurs pour proposer des publicités de
meilleure qualité, l’efficacité de leurs campagnes est en jeu.
Le plus grand progrès offert par la publicité en ligne est de proposer des annonces personnalisées
au maximum à l’internaute. 46% d’entre eux le perçoivent, et 55% le souhaitent. Mais son
corollaire indissociable est l’utilisation des données personnelles de l’internaute par les sites web,
et 85% d’entre eux le rejettent. Ce paradoxe est sans doute dû aux autres facteurs de nuisance
cités plus haut. La publicité en ligne est un outil d’une puissance rare qui offre une segmentation
poussée à l’annonceur. Un exemple à travers la régie AdSense14
de Google, qui gère 75% de la
publicité sur les sites web (en plus de sa régie AdWords, affichant des annonces dans
l’environnement des sites Google) : l’image est un extrait du tableau de bord d’une campagne.
Au-delà des indicateurs utiles à l’annonceur sur la performance des annonces (clics, affichages),
on peut remarquer la finesse de la segmentation par tranche d’âge. Il est également possible de
segmenter selon le sexe de l’internaute et de ses centres d’intérêt, et donc de mesurer la
performance selon le profil du visiteur.
12 IFOP - Les Français et la publicité sur Internet 13 Wikipedia - Adblock Plus 14 W3 Techs - Usage statistics and market share of Google AdSense
6 Olivier PERBET – IICP - 2013
EXTRAIT DU TABLEAU DE BORD D'UNE CAMPAGNE ADSENSE
Ce profilage de l’individu peut choquer (« Flippant: découvrez le portrait que Google fait de
vous15
» titre un article des Inrocks), mais Google informe clairement l’internaute de la collecte et
de l’utilisation de ses données (récoltées par la technologie des « cookies »), dans le but avoué d’
« accroître la pertinence des annonces diffusées à votre attention »16
. Avec la progression en
équipement des smartphones et tablettes, soit des terminaux supplémentaires pour naviguer sur
internet, la publicité par ce canal sera de plus en plus utilisée par les annonceurs. L’internaute
devra trancher entre confidentialité de ses données et pertinence de la publicité.
1.1.2.2 – LES ECRANS VIDEO : L’INTRODUCTION RATEE D’UNE TECHNOLOGIE FUTURISTE
A la fin de l’année 2008 commencent à apparaître les écrans vidéo dits « Numériflash ». La
technologie initiale était révolutionnaire : « Au moyen de capteurs de visage, les Numériflash
pourront mesurer l'audience des publicités mais également identifier les images ou éléments qui
auront retenu le plus l'attention » 17
. Ces apports de données qui auraient eu un grand bénéfice
pour l’annonceur ont été sacrifiés face à la réaction hostile d’associations18
. Cette concession n’a
15 http://www.lesinrocks.com/2012/01/buzzodrome/flippant-decouvrez-le-portrait-que-google-fait-de-vous/ 16 Comment Google utilise les cookies - http://www.google.fr/intl/fr/policies/technologies/cookies/ 17 Le JDN - La RATP va mesurer l'audience de ses panneaux publicitaires 18 Culture Visuelle - Les éclats des écrans Numériflash
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pas pour autant stoppé l’opposition que suscite cette technologie : le vandalisme (bris de vitre,
tags) est fréquent depuis sa première apparition. L’agacement provient du fait que ces nouveaux
formats publicitaires sont animés et rétroéclairés : le regard du passant ne peut qu’être capté, là
où une affiche classique ne surprend plus, tellement sa présence est banale. D’autant plus efficace
dans les zones sombres ou de forte affluence. Pour une régie publicitaire, l’investissement est
sans doute lourd à installer et consommateur en électricité, mais doit attirer nombre
d’annonceurs. La technologie présente aussi l’avantage de se passer du traditionnel emploi de
colleur d’affiches.
Une recherche d’informations sur internet (par le moteur de recherche Google) remonte une
majorité d’articles qui traitent de réactions négatives aux Numériflash (notamment le
vandalisme). Malgré le potentiel inédit de créativité qu’ils apportent aux agences de publicité et
aux annonceurs, ils semblent ne pas encore être assez bien reçus du public pour être rentrés dans
les mœurs. Les campagnes de publicité traditionnelles sont abondamment commentées,
comparées, analysées, souvent sous un angle positif. A l’inverse, une publicité en Numériflash
semble ne pas intéresser le public. Après trois ans de présence, même cantonnée à la région de
Paris, un annonceur peut donc douter de l’efficacité du dispositif à atteindre les objectifs d’une
campagne. Au niveau cognitif (notoriété), la cible sera certainement informée de l’offre de
l’annonceur. Au niveau affectif, la perception du produit ou de la marque risque de pâtir de sa
présence sur un Numériflash, la technologie pouvant être un repoussoir. Le risque de saturation
est également présent : une même campagne est souvent diffusée sur un ensemble de
Numériflash à plusieurs endroits (dans le cas de Paris, dans l’ensemble des stations de métro ou
RER équipées). Un usager des transports y sera donc exposé plusieurs fois dans sa journée. Dans
le pire des cas, on peut douter de l’utilité d’aligner une multitude de panneaux sur une distance de
marche de la cible extrêmement courte. L’agression visuelle à ce niveau de saturation est une
évidence.
8 Olivier PERBET – IICP - 2013
ALIGNEMENT DE NUMERIFLASH EN GARE DE LYON A PARIS
9 Olivier PERBET – IICP - 2013
1.2 – IMPACT DE LA PUBLICITE SUR LE CONSOMMATEUR : DEMONSTRATION PAR LES STEREOTYPES
Un exemple parlant : le verbe « positiver » existe bien dans la langue française, mais son usage
n’a-t-il pas été popularisé par le slogan « Avec Carrefour, je positive » ? De l’aveu d’un président
de chaine de télévision, grand diffuseur de publicités à une large audience nationale : « Pour
qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. […]
Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »19
Ce constat
peut se généraliser à l’ensemble des canaux publicitaires : le consommateur est souvent dans les
conditions de réceptivité maximales face à la publicité qu’il aperçoit. Qu’il soit la cible prévue ou
non ne rentre pas en compte : la publicité n’atteint pas que ses cibles, mais s’expose à tous les
publics confrontés au canal (télévision, presse, affichage). Les publicités ont des effets sur la
conscience du public spectateur, on y est exposé involontairement et sur un temps très court, ce
qui empêche de prendre du recul. Etant donné la quantité que l’on aperçoit chaque jour, on peut
encore moins réfléchir à chaque message. On les intègre alors passivement. La publicité est une
fiction : ce sont des scénarios et des images mis en scène pour intégrer une offre commerciale à la
vie réelle de la cible. « Le pouvoir de la publicité repose sur la croyance que les images sont les
reflets d’une réalité. »20
Il est donc important de démontrer l’influence de la publicité sur le consommateur, à travers un
exemple parlant : les stéréotypes véhiculés par les publicités. C’est bien le contenu qui est en
cause ici, et non le vecteur. Un stéréotype se définit comme une représentation que l’on possède,
une idée prédéfinie sur des catégories de personnes, susceptible d’influencer notre comportement.
Il comble nos lacunes d’information, mais on y a recours pour confirmer des attentes, et ainsi
dévaluer des informations non-conformes. L’influence d’un stéréotype est double : il parasite
notre perception des autres, mais il nous pousse aussi à intérioriser ce qu’on pense être la
perception des autres (en psychologie, Freud a démontré que « l’homme se comporte
conformément à l’image que les autres lui renvoient de lui-même »21
). Il peut amener un effet
d’assimilation, où les membres du groupe amplifieraient les similitudes entre eux-mêmes ; mais
19 Acrimed - Le Lay (TF1) vend « du temps de cerveau humain disponible » 20 S. Pietrucci, C. Vientiane, A. Vincent, « Contre les publicités sexistes » 21 Conférence du recteur Jean-Marc Monteil - Cultures et comportements – Les stéréotypes
10 Olivier PERBET – IICP - 2013
également un effet additionnel de contraste, où des groupes différents amplifieraient leurs
différences. C’est donc « un mécanisme social puissant, pouvant amener la simplification à
l’extrême d’une catégorie donnée »22
.
1.2.1 – DEUX EXEMPLES DE PERSONNES CIBLEES PAR LES STEREOTYPES : FEMMES ET ETRANGERS
1.2.1.1 – LA FEMME : A LA FOIS OUTIL DE VENTE ET MODELE DE COMPORTEMENT
« Comme un bouquet de fleurs, la jolie femme sert à égayer tout produit un peu austère […] et
peut aussi avoir une fonction de présentoir »23
. Cette citation résume la condition féminine dans
le monde de la publicité. Le corps des femmes est utilisé pour susciter le désir du consommateur
en rendant le produit plus attirant. D’un autre côté, la publicité joue le rôle d’une autorité qui
détermine le modèle à suivre au niveau du comportement et de l’apparence. Le public féminin est
alors « soumis aux normes aliénantes d’une beauté stéréotypée ». La mentalité sexiste diffusée
pousserait les femmes à percevoir leur corps comme une somme de problèmes esthétiques à
résoudre avant de pouvoir mener une vie épanouie, et « la culture du régime banalise l’habitude
de s’infliger des privations ». En 2008, la Ministre de la Santé reconnaît que les images de
mannequins très maigres jouent un rôle dans le développement des troubles alimentaires chez les
adolescentes24
.
Quand il s’agit de nourrir les enfants, le père est souvent absent de la publicité. A titre d’exemple
parlant, une annonce de 2011 présentait un lait Candia pour bébés comme « le bon plan pour les
mamans ». La tendance n’est pas prête de s’inverser, en témoigne le site Candia qui explique
« Pourquoi les mamans choisissent Candia ? »25
Parler de « parents » aurait été plus consensuel.
22 Idem 23 S. Pietrucci, C. Vientiane, A. Vincent, « Contre les publicités sexistes » 24 Cf . section 2.1.4.2 du mémoire 25 http://www.babylait.fr/nos-engagements/pourquoi-les-mamans-choisissent-candia.html
11 Olivier PERBET – IICP - 2013
En résumé, la publicité cantonne la femme à quatre rôles : « l’épouse aimante, la mère aimante,
l’objet de désir ou la machine à laver »26
. Dans les pires cas, on ne s’embarrasse plus d’un
semblant de personnalité du modèle. Le visage est de trop quand c’est bien le corps féminin qui
est l’argument de vente, et autant doublonner les « parties utiles » de l’anatomie pour proposer
« deux faces tactiles », telle une console de jeux vidéo.
PUBLICITE POUR LA CONSOLE PS VITA - 2012
1.2.1.2 – LE RACISME PUBLICITAIRE : EXOTISME ET SEGREGATION
L’exotisme fait vendre : un produit à l’origine très marquée est toujours accompagné d’une
personne associée à la même origine. Mais l’exotisme débute à la sortie des grandes villes : tout
produit qui cherche à faire valoir son authenticité sera cautionné par une personne stéréotypée de
la campagne, de type agriculteur ou paysan. Les produits alimentaires en sont les meilleurs
exemples : fromages, vins, charcuteries27
, pour que le consommateur les associe à une fabrication
artisanale par mégarde (la majorité étant des produits industriels). C’est une forme de tromperie
inoffensive sur le produit, mais qui s’appuie sur un stéréotype à l’encontre des ruraux, présentés
comme simples et joviaux, dotés d’un fort accent. Les dégâts sont plus sérieux quand les produits
(et les personnes) n’ont plus la même couleur de peau.
Depuis que l’imaginaire colonial s’est popularisé en métropole, par les Expositions coloniales dès
1889 (et jusqu’à 1931), la publicité en a tiré profit. Malgré l’évolution des mentalités au XXe
siècle et les 19% de français immigrés ou descendants directs en 2008 (source : INSEE), chaque
26 F. Amalou – « Le livre noir de la pub » 27 L’égérie de la marque de saucisson Justin Bridou est un paysan savoyard, avec béret et moustache.
12 Olivier PERBET – IICP - 2013
origine sert de faire-valoir à des produits exotiques, tout en étant largement sous-représentée dans
les publicités de produits courants.
L’origine la plus représentée est l’Afrique noire. La référence en la matière est l’égérie du
chocolat en poudre Banania, un tirailleur sénégalais, et son slogan « Y’a bon Banania ». Le
slogan en français simplifié parlé par un sénégalais de l’époque coloniale (créé vers 1914) était
sans doute pertinent à l’époque, mais fut abandonné en 1977, après avoir marqué l’imaginaire
collectif. Son retour en 2003 sous la forme « Y’a bon » a donné lieu à une condamnation en 2011,
après une plainte d’associations antiracistes dont le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour
l'amitié entre les peuples), au motif qu’il n’est « plus possible de stigmatiser une couleur pour un
produit28
» et « qu'un Noir[…] ne sait pas parler autre chose qu'un français simplifié ».
Ce cas d’école n’empêche pas que la publicité actuelle associe systématiquement une personne
noire aux produits exotiques : café, chocolat, épices, fruits, et naturellement, et plus logiquement,
les destinations touristiques. Les rares exceptions existent, notamment dans la mode, mais où
« les femmes noires modèles de beauté sont plutôt celles qui ont des traits physiques […]
européens et la peau claire29
». Le sport est un domaine particulier où la célébrité de l’égérie,
athlète reconnu, l’emporte sur son origine. Bien qu’une critique pertinente ait pu être formulée à
cet égard : « On voit les muscles mais pas la tête »30
.
En résumé, le rôle où l’on cantonne les modèles d’origine étrangère est néfaste. Leur attribuer la
publicité de produits exotiques et étrangers est logique, mais en couplant ceci avec leur sous-
représentation dans les produits de consommation courante, cela mène à les identifier comme
uniquement étrangers et non français à part entière dans l’esprit du consommateur.
28 L’Express - « Y'a bon Banania" disparaîtra bel et bien » 29 S. Pietrucci, C. Vientiane, A. Vincent, « Contre les publicités sexistes » 30 IPSOS - Représentation des minorités ethniques: la publicité peut mieux faire
13 Olivier PERBET – IICP - 2013
1.2.2 - LA PUISSANCE D’UN STEREOTYPE SUR LA PERCEPTION DES « AUTRES » ET DE SOI
La psychologie humaine est faite de telle manière que rien que l’action de s’imaginer dans la
peau d’une catégorie de personne donné influe sur une performance à un test (en conditions
d’expérimentations scientifiques). Une étude américaine de 201031
proposait à ses participants de
s’identifier soit à un professeur, soit à une majorette. Les résultats étaient révélateurs : les
« professeurs » se percevaient en un mot comme « intelligents », les « majorettes » comme
« magnifiques ». Dans un second temps, les deux groupes passaient un test d’intelligence
cognitive : les performances de celui des « professeurs » dépassaient celui des « majorettes ».
Cette étude démontre donc l’impact que les stéréotypes peuvent avoir sur une personne, vis-à-vis
d’une autre qu’elle rapproche d’un stéréotype donné, par facilité.
Le problème posé est donc le processus de généralisation qui découle de la connaissance du
stéréotype. Cet effet joue chez un individu : même s’il n’adhère pas à un stéréotype donné, il
suffit qu’il en ait connaissance. Et en matière de diffusion des stéréotypes, la publicité est un
vecteur majeur. Pour démontrer l’effet des stéréotypes sur les individus, on simule un contexte
dans lequel il sera plus facilement accessible. Confronter deux catégories de personnes permettra
d’étudier un stéréotype qui les distingue. C’est ce qu’ont fait plusieurs études, notamment à
propos des stéréotypes contre les femmes et contre les personnes âgées.
1.2.2.1 - LES STEREOTYPES CONTRE LES FEMMES DANS LES DOMAINES SCIENTIFIQUES
On constate en France une sous-représentation des femmes dans les domaines scientifiques. Au
Baccalauréat 2011 (INSEE) : le Bac L présente 78% de filles (+ ¾) et le Bac S spécialité Maths :
35 % de filles. En école d’ingénieur : 26% de filles. Les stéréotypes sociaux, des croyances
partagées, en sont-ils une des causes ? L’idée reçue que les femmes soient faibles en
mathématiques, est-il de nature à perturber réellement leurs performances si elles l’intériorisent ?
C’est ce qu’affirment deux études scientifiques32
.
31 NPR - Gender Is Dead! Long Live Gender! 32 Citées par : Conférence du recteur Jean-Marc Monteil - Cultures et comportements – Les stéréotypes
14 Olivier PERBET – IICP - 2013
Deux groupes mixtes, composés d’hommes et de femmes, passent un test de mathématiques
(dans lequel les hommes réussissent légèrement mieux que les femmes en temps normal). Au
premier, on annonce qu’il existe une différence de performance entre hommes et femmes sur ce
test : la performance des hommes est alors nettement supérieure à celle des femmes. Au second
groupe, on annonce l’inverse : il n’y a pas de différence de performance entre les sexes :
contredire l’idée reçue déconcerte les hommes et encourage les femmes. Les performances sont
égales au final.
Les idées reçues sont intégrées très tôt. Pour le démontrer, des chercheurs ont étudié les
performances de deux groupes de personnes entre 11 et 13 ans, tous de niveau égal en
mathématiques. Un groupe est composé uniquement de filles, l’autre uniquement de garçons.
L’exercice consiste à mémoriser et reproduire une figure géométrique. Dans un premier test, on
annonce que c’est un exercice de géométrie, donc de mathématiques : la performance des garçons
est cinq fois supérieure à celle des filles. Dans un second test, on annonce que c’est un exercice
de mémoire : la performance des filles est cinq fois supérieure à celle des garçons, le rapport est
inversé.
Un exemple publicitaire récent illustre parfaitement la présence de ce stéréotype. « Quand le
ministère de l'Education nationale recrute, sa campagne de pub reste engluée dans les
stéréotypes »33
: une campagne de recrutement de l’Education Nationale a fait réagir par son
sexisme.. Elle se déclinait en deux affiches : Sur la première, une femme lit un livre, le texte
explique que « Laura a trouvé le poste de ses rêves ». Sur la seconde, un homme est penché sur
son ordinateur, le texte explique que « Julien a trouvé un poste à la hauteur de ses ambitions ».
« On a donc, d'un côté, la femme, la douceur, les couleurs pastels, la littérature, la blondeur, le
rêve, et de l'autre, l'homme, l'ordinateur, le bleu, l'attitude concentrée, l'ambition34
. » Le résultat
final rattrape à peine l’ensemble : les deux seront enseignants.
33 Les Nouvelles News - L'enseignement féminisé par le bas 34 Arrêt sur Images - Education Nationale : à elle les "rêves", à lui "l'ambition"
15 Olivier PERBET – IICP - 2013
1.2.2.2 – LES CAPACITES CEREBRALES SUPPOSEES DES PERSONNES AGEES
L’impact des stéréotypes visant les personnes âgées et sur eux-mêmes a été également mis en
évidence. Des exercices de réflexion ont été soumis à deux groupes : l’un composé de personnes
de 70 ans (A), l’autre de personnes 23 ans (J), dans trois conditions d’étude différentes (c’est
évidemment ce deuxième groupe qui est l’objet de l’étude). Dans la première, le groupe de
personnes âgées n’est pas prévenu de la présence du groupe de jeunes, et l’exercice leur prend
deux fois plus de temps à terminer. Dans la deuxième condition d’étude, on annonce la présence
du groupe J au groupe A, en précisant qu’il n’y a aucune différence de performance attendue
entre les deux groupes : cette affirmation va à l’encontre de l’idée reçu, et encourage ainsi les
personnes âgées, tout en déconcertant les jeunes. Par rapport au premier test, les performances du
groupe A sont meilleures, celles du groupe J sont moins bonnes. Le troisième test est le plus
concluant : le groupe A est informé de la présence du groupe J, et on leur annonce qu’une
différence de performance est attendue : c’est un rappel du stéréotype, qui voudrait que les
personnes âgées soient moins performantes que les jeunes. Dans ces conditions, les performances
du groupe A sont trois fois moins bonnes que celles du groupe J, alors que l’écart n’était que de 2
dans des conditions neutres.
16 Olivier PERBET – IICP - 2013
2 – LA REGULATION SUFFIT-ELLE FACE AUX ABUS PERSISTANTS ?
2.1 – DES AUTORITES REGULATRICES ATTENTIVES
L’éthique des professionnels de la publicité, complétée par les textes de Loi, est-elle
suffisante pour garantir une régulation efficace ?
2.1.1 - L’ICC, INSPIRATION POUR L’AUTOREGULATION
L'ICC (International Chamber of Commerce - Chambre de Commerce Internationale) édite un
« Code ICC consolidé sur les pratiques de publicité et de communication commerciale »35
depuis
1937. Il contient des conseils et orientations qui servent de référence aux instances
professionnelles d'autorégulation de la publicité, dans plusieurs pays du monde (dont l'ARPP en
France). L'intention est de renforcer la confiance du consommateur.
Ses dispositions sont donc assez générales pour s'adapter à des marchés différents. L'Article 2
traitant de "La Décence" stipule par exemple que "La communication commerciale doit proscrire
toute déclaration ou tout traitement audio ou visuel contraire aux convenances selon les normes
actuellement admises dans le pays et la culture concernés." Difficile d’interpréter ceci comme
une consigne claire dans la conception d’une publicité. C’est donc à l’ARPP d’expliciter.
2.1.2 – L’ARPP, INSTANCE AUTOREGULATRICE DE REFERENCE
Le BVP, Bureau de Vérification de la Publicité a été créé dès 1950. Depuis, L’ARPP (Autorité de
Régulation Professionnelle de la Publicité) a repris sa mission de « mener une action en faveur
d’une publicité loyale, véridique et saine dans l’intérêt des consommateurs, du public et des
professionnels de la publicité ».
Ses missions officielles sont36
:
35 http://www.arpp-pub.org/IMG/pdf/code_consolide_pratique_publicite_marketing-2.pdf 36 ARPP – Rôles et missions
17 Olivier PERBET – IICP - 2013
-l’élaboration des Recommandations
-la mise en conformité de campagnes avant diffusion
-les interventions en cas de manquement (aux règles) après diffusion (par autosaisissement ou
réception de plainte)
-l’interface avec les publics de la publicité (c’est à dire, l’écoute des retours de la société civile)
Les chiffres sont assez parlants sur l’activité de contrôle : en 201237
, l’ARPP a traité 10 328
annonces TV, 1 754 de presse et 717 d’affichage. La majorité de ses interventions sont des
demandes de modification (avant diffusion) et très peu d’avis défavorables. Toutes les variétés
des publicités sur internet sont présentes, mais atteignent un total infime de 375… L’autorité a
donc des progrès à faire sur les nouveaux supports.
Dans sa mission d’écoute du public, l’ARPP semble manquer de sincérité. A la lecture de l’étude
« Décrypter les attitudes vis-à-vis de la publicité » en 201138
, l’autorité étudie les avis des
français à propos de la publicité : la présentation est orientée pour valoriser les qualités attribuées
à la publicité tout en minimisant les reproches qu'on lui fait. D’une manière condescendante, elle
indique qu'une opinion négative de la publicité n'est due qu'à un mal-être plus général de
l'individu. La considération du public, cible permanente de la publicité, de la part de l’ARPP
n’incite pas à la confiance.
2.1.3 - UN POUVOIR DE RECLAMATION PEU EFFICACE A TRAVERS LE JDP
Comme possibilité de réclamation, le public peut interpeller l’annonceur ou l’agence de publicité
responsable d’une publicité visée, voire la régie qui la diffuse. C’est une action assez
symbolique : une plainte isolée n’a que peu d’écho. S’adresser indirectement aux responsables est
plus efficace et assez fréquent, sous forme de tribunes dans des médias en ligne39
(assez souvent,
le site Rue89 qui propose une fréquentation mensuelle autour de 10 millions de visites40
).
Un Jury de Déontologie Publicitaire existe depuis 2008, pour « statuer sur les plaintes du public à
l’encontre de publicités diffusées ». Bien que ses membres soient officiellement neutres (« aucun
37 Statistiques 2012 de l’ARPP 38 Cf. fiche de lecture 39 Rue89 - Les seins de sa femme pour vendre une mousse à raser : pub sexiste ? 40 Chiffres de l’OJD
18 Olivier PERBET – IICP - 2013
liens direct avéré avec la profession publicitaire41
»), ils sont nommés par l’ARPP qui en assure
également le fonctionnement. Une plainte émise doit concerner une campagne récente (3 mois)
qui ne serait pas conforme aux règles déontologiques de l’ARPP. Les statistiques ne sont pas non
plus encourageantes : sur l’année 201142
, 606 plaintes ont été reçues mais seulement 81 estimées
« potentiellement fondées » donc étudiées. Au final, 33 plaintes étaient fondées, donc valables :
5%. Dans le pire des cas, le JDP peut enjoindre l’ARPP d’imposer à l’annonceur de retirer la
publicité, mais sans pouvoir contraignant (littéralement : « demander au Directeur général de
l’ARPP de prendre les mesures nécessaires pour le non-renouvellement de cette publicité » )
Sa réactivité n’est également pas adaptée à la majorité des campagnes : « Le Jury se réunit à une
fréquence permettant que le traitement d’un dossier n’excède jamais un mois.43
». Une campagne
dénoncée sera terminée une fois la plainte reçue, traitée, et la décision (non contraignante)
rendue. Ce n’est donc pas un moyen de faire cesser la diffusion d’une publicité pendant la durée
de la campagne.
Pour des problèmes plus généraux mais tout aussi sérieux, ce sont parfois d’autres instances qui
interviennent. Après avoir reçu plusieurs centaines de plaintes (124 en 2009, 134 en 2010) contre
l’écart entre le volume sonore des publicités à la télévision et les émissions, c’est le Conseil
Supérieur de l’Audiovisuel qui a adopté une « délibération » sur le sujet44
, et non l’ARPP.
2.1.4 – L’ETAT, INFLUENCEUR ET LEGISLATEUR
2.1.4.1 – LES TEXTES DE LOI
L’ARPP résume les principaux textes de droit de la publicité45
:
- Dispositions générales : Identification de la publicité et de l’annonceur, l’usage de la langue, les
cas de la publicité comparative et mensongère.
- Dispositions spécifiques à certains produits ou secteurs : Alcool, alimentation, crédits, prix…
41 Site du JDP 42 JDP - Activité du Jury de Déontologie Publicitaire en 2011 43 idem 44 Télé-Loisirs - Le CSA baisse le volume sonore de la pub 45 ARPP - Principaux textes de droit de la publicité
19 Olivier PERBET – IICP - 2013
- Régimes spécifiques à certains supports de communication : Audiovisuel, écrit, radio…
A la lecture de ces textes, on remarque que le Législateur prend l’initiative de protéger les
mineurs des publicités qui s’adressent à eux, en en excluant une variété de produits (alcool,
produits financiers). C’est également la loi qui impose des mentions légales et restrictions sur des
catégories de produits étendues46
: l’alcool et le tabac sont exclus de nombreux supports par la
Loi du 10 janvier 1991 (dite « Loi Evin », et tout produit financier (ou offre affichant un prix
sous conditions de crédit) doit mentionner une foule de détails précis pour informer au mieux le
consommateur.
2.1.4.2 – DES ACCORDS NON CONTRAIGNANTS MAIS INFLUENTS
Pour des problèmes plus globaux, l’Etat est plutôt dans une logique de dialogue avec le milieu
publicitaire. Ainsi en 2008, s’attaquant au problème de santé publique qu’est l’anorexie, le
Ministère de la Santé fait signer à tous les professionnels de la communication utilisant l’ « image
du corps humain » dans leurs œuvres une « Charte d’engagement volontaire sur l’image du
corps »47
. L’intention était de traiter le problème des mannequins (de mode et de publicité) trop
maigres pour être des modèles de personnes en bonnes santé, développant ainsi un complexe de
maigreur chez les personnes sensibles (les filles mineures notamment, développant des troubles
alimentaires). Sans être contraignant et tout en précisant que « les médias et la publicité ne
doivent pas être le bouc émissaire de phénomènes qu'ils ne maîtrisent pas », cette action conjointe
a été aussi l’occasion d’un débat de société, rencontrant un large écho dans l’opinion publique.
L’influence sur les mentalités en est peut-être d’autant plus forte qu’une recommandation inédite
de l’ARPP.
46 PJ Lagier – Cours de droit de la communication 47 http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/charte_imageducorps_signe.pdf
20 Olivier PERBET – IICP - 2013
2.2 – LES CONTOURNEMENTS ET INNOVATIONS AUX LIMITES DE LA LEGALITE
Malgré la régulation du secteur et la vigilance du Législateur, rien ne peut vraiment bloquer les
initiatives des annonceurs pour imposer leurs campagnes dans de nouvelles formes difficile à
anticiper, donc à bloquer.
2.2.1 – DUPLIQUER LES SUPPORTS POUR CONTOURNER LES LIMITES : L’EXEMPLE DE LA PRESSE
Aussi longtemps que la presse ait existé, la « réclame » publicitaire l’a accompagnée. Par des
encarts discrets couvrant un dixième d’une page, ou à l’inverse par des doubles-pages complètes.
La presse papier a l’obligation légale d‘avoir « au plus les deux tiers de [sa] surface consacrés à
la publicité48
». Le ratio en usage est plutôt de la moitié. L’inconvénient pour le lecteur, c’est la
prolifération des supports. La presse quotidienne gratuite compte 2,7 millions de lecteurs
(quotidiens) si l’on cumule les chiffres des trois titres principaux49
. Son financement intégral par
la publicité garantit une exposition maximale au lecteur. La
presse payante, soucieuse d’informer au mieux le lecteur des
nouveautés dans les offres commerciales des annonceurs (ou de
pouvoir vendre d’avantage d’espaces publicitaires, selon le
point de vue) a depuis plusieurs décennies trouvé la solution : le
supplément. Cette publication doublonne le titre original,
souvent sous la forme d’un magazine. Mais sa finalité est
suspecte : sur une centaine de pages, la moitié sert d’espace
publicitaire (souvent en double-page). Les lignes éditoriales ont
une orientation ouvertement consumériste : interview de
célébrité que l’on retrouve quelques pages plus loin dans sa
fonction publicitaire d’égérie de marque, articles dans la
thématique de la consommation, et plus transparent encore, un comparatif de produits sur
48 CPAP – « Ligne directrice sur la publicité » 49 OJD - Presse Gratuite d'Information
"M LE MAGAZINE DU MONDE"
21 Olivier PERBET – IICP - 2013
plusieurs pages. Dans de rares cas, c’est une entreprise de produits de consommation qui a le
privilège de faire la couverture sous prétexte d’un reportage (« M Le magazine du Monde » dans
son édition du 27 juillet 2013 titre « Le Monde selon IKEA »).
C’est donc un environnement contextuel mieux adapté à l’insertion publicitaire : d’un côté on
expose un sujet neutre (« Dix divorces retentissants de mannequins »50
), et de l’autre, on vante un
produit ou une marque en rapport (dans cet exemple, les mannequins en question sont associés à
des marques, qu’on retrouve quelques pages plus loin). Plus flagrant encore, le fait d’exposer une
problématique de santé/beauté ouvre l’esprit du lecteur à l’offre commerciale qui apporte la
solution (« Bague de fiançailles: comment choisir un solitaire? »51
). Ce n’est toutefois qu’une
déclinaison du modèle des magazines féminins, qui « reprennent le vocabulaire de la pub »52
. Un
rapide coup d’œil aux rubriques de ces suppléments suffit à confirmer les soupçons : « Style,
Beauté, Art de vivre, Recettes » pour le « Figaro Madame » ; « Mode, Beauté, Saveurs, Mariage,
Shopping » chez « L’Express Styles » : « Mode, Beauté, Design, High-tech, Voyage » chez
« Obsession » (du « Nouvel Observateur »). L’intérêt pour le lecteur est incertain, mais
l’opportunité pour l’annonceur est formidable. Sous couvert de rédactionnel, ces publications
sont des catalogues. Ces suppléments sont souvent repris dans des sections dédiées sur les sites
web des titres de presse, ouvrant ainsi un espace publicitaire supplémentaire.
2.2.2 - LA PUBLICITE DE DEMAIN : UN AVENIR INQUIETANT POUR LE PUBLIC
Les innovations des technologies publicitaires depuis dix ans ont reçu un accueil très mitigé du
public. Le temps que les autorités prennent conscience de ces nouveautés et légifèrent en
conséquence, elles restent dans une zone grise d’impunité relative. Les annonceurs peuvent se
satisfaire de l’apparition de nouveaux canaux qui diffuseront leurs campagnes d’une manière plus
marquante pour la cible, mais la saturation et l’agacement risquent de susciter le rejet (aussi bien
pour le support que pour la publicité). Un annonceur devra donc considérer toute innovation avec
prudence, au risque de nuire à sa campagne. Plusieurs canaux s’offriront à l’annonceur dans un
avenir proche, en voici quelques exemples :
50 L’Express Styles, 03.08.2013 51 L’Express Styles, 09.08.2013 52 Acrimed, « Beauté : des rédactrices de magazines féminins encore pires que les publicitaires »
22 Olivier PERBET – IICP - 2013
-Les lunettes Google permettront à l’individu d’évoluer dans une réalité augmentée. Ces lunettes
connectées à internet afficheront des données sur son environnement, permettront des usages de
base d’un smartphone (rédaction de mail, navigation internet, GPS). Naturellement, ce sera un
espace publicitaire inédit53
. Le constructeur veille à que la publicité s’intègre avec précaution,
tout en restant dans la navigation de l’utilisateur (des liens sponsorisés et contextuels,
notamment). Mais cette technologie lance la démocratisation de la réalité augmentée pour le
grand public, et avec elle un nouvel espace publicitaire.
-Le « Tunnel marketing » semble avoir comme finalité la conquête des derniers espace encore
libres de toute publicité. Grâce à la vitesse de la rame, 400 affiches savamment disposées donnent
l'impression aux voyageurs de regarder un spot publicitaire d'une quinzaine de secondes »54
.
Quatre grandes villes mondiales en font déjà « bénéficier » leurs usagers qui n’ont plus le luxe de
reposer leurs yeux en regardant par la fenêtre lors de leurs trajets.
-De nouveaux espaces publicitaires pourraient s’ouvrir, inspirés des pratiques d’autres pays.
Parmi les moins attendus, les kits pédagogiques sponsorisés par des entreprises, insérant le nom
de leurs produits dans des exercices de calcul.55
La publicité est bien entendue interdite en France
dans les écoles, mais cela n’y a pas empêché la (rare) présence de kits pédagogiques créés par des
agences de communication, pour le compte de leurs clients.
53 Know Your Mobile - Google Glass & The Future of Advertising 54 Le JDN - La haute technologie dans les tunnels des métros 55 F. Amalou – « Le livre noir de la pub »
23 Olivier PERBET – IICP - 2013
2.3 – LES ABUS PERSISTANTS
Malgré la présence des autorités de régulation et leurs efforts relatifs, la publicité fait souvent
parler d’elle par ses abus. Se servir de la provocation est un moyen de se démarquer d’autres
annonceurs, le public est marqué par l’annonce. C’est donc un risque calculé qui peut être
rentable.
2.2.1 - LE SECOND DEGRE : L’HUMOUR POUR ESQUIVER LA LOI
Pour se démarquer, une campagne publicitaire doit avoir un axe créatif marquant, et l’humour est
souvent l’outil le plus courant. Dès lors, si une majorité de campagnes sont sur le même registre,
comment faire la différence ? Par le type d’humour employé. Le second degré est une méthode
risquée : elle consiste souvent à se servir de méthodes polémiques sur un ton humoristique. Le
message fait souvent usage de provocations ou de stéréotypes. Un exemple récent est celui de la
campage d’affichage pour la station radio Le Mouv’. Le concept était de présenter des éléments
caractéristiques de la société « d’avant » comme des mauvais souvenirs : huile de foie de morue,
consoles de jeu vidéo primaires, mur de Berlin. La baseline étant « Non, tout n’était pas mieux
avant ». Une affiche a posé problème : elle présentait un écolier américain des années 50 avec
une pancarte indiquant « We won’t go to school with negroes »
(nous n’irons pas à l’école avec des Noirs). La régie publicitaire du
métro parisien l’a refusée, au prétexte qu’elle risquait d’être prise
au premier degré, donc comme de la provocation56
.
56Childhood is Better - La campagne de pub du Mouv' : non, tout n'était pas mieux avant...
24 Olivier PERBET – IICP - 2013
Mieux admis, l’utilisation de stéréotypes sexistes est plus
« acceptable » : on le rencontre souvent sur un ton décalé,
depuis que le premier degré commence à choquer le
public. « Ces pubs ont l'air machistes, elles y ressemblent,
en ont même le goût, mais n'en sont pas... C'est de
l'humour! » écrit un livre critique sur la publicité57
. Quand
on voit cette publicité récente pour la société de location
de voitures Sixt, l’intention est claire : l’exagération
montre bien qu’on est dans le registre humoristique. Problème : il y a toujours usage d’un
stéréotype (en l’occurrence, celui que les femmes ne sauraient pas conduire).
2.2.2 – OCCUPER LES ESPACES LIBRES : LE STREET MARKETING
Le piéton parisien en cet été 2013 n’a eu aucun répit : s’il regarde en face, en plus des affichages
traditionnels, il était exposé à des bandeaux publicitaires pour le film « Pacific Rim », parfois des
pancartes sur les barrières de chantiers. S’il pensait trouver une échappatoire en baissant le regard
pour se focaliser sur les quelques mètres devant ses pas, il était alors désagréablement surpris
d’être pris pour cible par une affiche de 50cm² collée au trottoir pour le film « Man of Steel »,
également présentes sur les boîtes aux
lettres (ces dernières étant de couleur
jaune vif, la publicité est alors
immanquable). Les dernières alternatives
restantes étant de lever les yeux au ciel en
marchant ou bien de les fermer, pour sa
sécurité le piéton n’avait pas d’autre
choix que de regarder la publicité.
La tendance est donc au « street marketing » : pour marquer l’esprit de la cible, la publicité doit
l’interpeller par des moyens inédits, en dehors des espaces qui lui sont légalement réservés. Au
niveau de la légalité, c’est une occupation non autorisée de l’espace publique. Pour la cible, c’est
57 F. Amalou – « Le livre noir de la pub »
PANCARTE PUBLICITAIRE POUR LE FILM "PACIFIC RIM"
25 Olivier PERBET – IICP - 2013
une exposition supplémentaire à la publicité, une intrusion dans les espaces non-publicitaires du
champ de vision. Mais pour les annonceurs, c’est un moyen plus efficace de toucher la cible : la
publicité est isolée des autres concurrentes, elle est ainsi mieux vue et mémorisée. La vocation du
street marketing est éphémère : l’action doit durer un temps très court, quelques heures voire
quelques jours.
PUBLICITES POUR LE FILM "MAN OF STEEL" SUR LES BOITES AUX LETTRES ET SUR LE TROTTOIR
Le street marketing, ou marketing urbain, est « une campagne marketing qui se déroule dans la
rue, au contact de la cible souhaitée58
». Compris dans son sens restreint, il est légal : la
distribution de prospectus, de gadgets ou d’objets publicitaires en pleine rue s’apparente à du
colportage occasionnel, soumis à autorisation préfectorale (loi du 29 juillet 1881)59
. Les exemples
en images ci-dessus s’apparentent toutefois à de l’affichage sauvage. Afficher en dehors des
zones de publicité définies par la loi est interdit par le code de l’Environnement (articles L.581-4
et suivants)60
. Etant donné la banalité de ces opérations publicitaires, il semblerait que l’amende
prévue de 3 750€ ne soit pas assez dissuasive pour un annonceur doté de moyens considérables
pour sa campagne (une campagne pour la sortie d’un film se chiffre en millions d’euros, pour les
plus gros films).
58 Bepub - Comment monter une opération de street marketing 59 Idem 60 JurilexBlog - Le street marketing : une pratique interdite par la Loi
26 Olivier PERBET – IICP - 2013
3 – PROPOSITIONS : COMMENT PROPOSER UNE PUBLICITE RESPONSABLE
Les publicités sont donc potentiellement néfastes pour le public. La seule parade pour le
consommateur est de prendre de la distance par rapport à ces images qu’il n’a pas choisi de voir,
de les considérer comme des messages construits plutôt que des représentations du réel61
.
Evidemment, c’est un effort considérable à maintenir, étant donné l’exposition massive dont est
victime l’individu. Et l’autorégulation du secteur publicitaire reste insuffisante, malgré son
pouvoir d’influence positive. Face à l’impact que peut avoir la publicité sur le consimmaterC’est
donc aussi à l’annonceur de prendre ses responsabilités pour proposer des publicités plus
responsables.
3.1 - LA PUBLICITE EN LIGNE
Les français passent trois heures en moyenne sur internet chaque jour et tout suggère qu’ils y
passeront encore plus de temps dans les années à venir. Ils seront donc encore plus exposés à la
publicité. On peut penser qu’ils s’habitueront à ses défauts (ils lui reprochent son omniprésence et
le fait qu’elle soit intrusive), mais les entreprises devront répondre à leurs attentes exprimées
(voir la partie 1.1.1). Pour ce qui est de rendre la publicité plus contrôlable et mieux intégrée au
contenu des sites, c’est du ressort des régies publicitaires, intermédiaires entre l’annonceur et
l’internaute. L’annonceur devra alors agir sur la qualité et l’utilité de la publicité, c’est à dire son
contenu. Ainsi, elle évitera de tomber sous le reproche partagé par 84% des français que la
publicité en ligne « fait perdre du temps ».
Deux exemples de publicités en ligne, parmi les formats les plus courants : Celle de gauche au
format carré est à la fois intrusive (par ses couleurs et la taille de son texte, elle s’intègre mal à la
plupart des sites) et inutile : les trois incitations à l’action n’apportent aucune information sur le
contenu (qu’est-ce qu’on regarde ? à quoi s’inscrit-t-on ?). La faute d’orthographe (« Essaie ») est
une preuve supplémentaire que cette publicité n’est ni qualitative ni utile.
61 Idem
27 Olivier PERBET – IICP - 2013
A l’inverse, la publicité de droite de type « skyscraper62
» est réussie : elle
présente le produit (paquet de bonbons), l’offre proposée (la réduction) et le
moyen d’en profiter (« cliquez ici pour commander »). L’annonceur est
identifié et respecte la réglementation qui lui impose d’afficher une mention
légale. C’est un modèle de publicité de qualité.
62 http://www.journaldunet.com/dossiers/sites/e-pub/annuaireformats.shtml
28 Olivier PERBET – IICP - 2013
3.2 - RECOMPENSES ET CRITIQUES SUR LES PRODUITS
Dans les domaines culturels, les produits sont jugés par des critiques professionnels. Ainsi, les
avis les plus favorables sont raccourcis en une citation percutante pour être insérés sur l’affiche
publicitaire. C’est surtout répandu pour les affiches annonçant les sorties de films au cinéma,
dans une moindre mesure pour les jeux vidéo et les pièces de théâtre. La pratique étant banalisée,
l’intérêt pour le consommateur n’est pas de pouvoir distinguer les produits entre eux mais de se
fier à ces avis pour se faire une idée de la qualité du produit. Il en va de même pour les
compétitions (Oscars et Césars dans le cinéma).
L’avis de journaux reconnus et/ou spécialisés a
un impact. Un détournement de cet
enrichissement publicitaire est fréquent : les
avis valorisés sur les publicités proviennent de
sources étrangères. Il est alors difficile pour le
consommateur de juger de la fiabilité de la
source (exemple sur l’image de gauche, citant
quatre médias américains).
Dans la même logique, la nomination d’un film à
une compétition est un argument de vente. Mais
tapisser l’affiche avec toutes les nominations et
récompenses obtenues, quelle que soit la
compétition, c’est trompeur pour le public (exemple
sur l’image de droite où se bousculent des prix d’une
dizaine de compétitions différentes).
PUBLICITÉ DU FILM "AMERICAN NIGHTMARE"
PUBLICITE DU FILM "AVIATOR"
29 Olivier PERBET – IICP - 2013
La pratique recommandée serait de ne citer que les avis de sources connues, si possible sans
conflits d’intérêt (le cas où la critique provient du sponsor). Le dernier exemple va dans le bon
sens : seules des critiques françaises sont indiquées, bien que le barème de notation de chaque
source ne soit pas connu quand il est indiqué. La mention des festivals auxquels le film a été
présenté informe peu, mais reste discrète.
PUBLICITE DU FILM "MAGIC MAGIC"
30 Olivier PERBET – IICP - 2013
3.3 – LA METHODE DE LA PROVOCATION
Le pape a été tellement mobilisé dans la publicité dans le monde qu’on s’étonne que sa présence,
toujours associée à des comportements polémiques63
, puisse faire réagir. Une campagne de 2011
de Benetton fait un montage entre plusieurs personnalités mondiales « opposées » (politiquement,
religieusement) s’embrassant, dans le but de « combattre la culture de la haine ».64
Malgré
l’interdiction d’utiliser des figures religieuses ou politiques en publicité, l’ARPP n’est
visiblement pas intervenue. C’est justement
du Vatican qu’est venue la plus forte
réaction, provoquant le retrait de la
campagne. Quelle était le reproche ? Le
« viol des règles élémentaires du respect
envers la personne pour attirer l’attention à
travers une provocation ».
La finalité d’une publicité est généralement d’informer le consommateur sur un produit ou une
marque. Celle de la provocation est de se distinguer d’autres annonces, et de faire parler de sa
marque en dehors du contexte publicitaire. L’activité commerciale ou l’offre de l’annonceur
importe alors peu. La provocation est une technique malhonnête et à double tranchant. Benetton
en est l’exemple parfait : il y a 20 ans déjà, le photographe Oliviero Toscani infligeait aux
consommateurs occidentaux des séries d’images atroces65
. Bateaux de réfugiés, malades du sida
agonisant à l’hôpital, voire cadavres baignant dans leur sang, avec le logo Benetton comme seule
information. La marque évoque dans l’esprit du public aujourd’hui ces publicités scandaleuses,
plutôt que les produits. L’arme de la provocation est à bannir de la boîte à outils publicitaires.
63 Rue89 – Pour les publicitaires, le pape boit, drague et se bagarre 64 http://next.liberation.fr/mode/01012372087-sous-pression-benetton-retire-ses-affiches-montrant-le-pape-embrasser-un-imam 65 F. Amalou – « Le livre noir de la pub »
31 Olivier PERBET – IICP - 2013
3.4 –UTILISER LES PRATIQUES INTERDITE A TRAVERS L ’HUMOUR
Comme vu plus haut (section 2.2.1), les annonceurs n’hésitent pas à recycler des méthodes
condamnables en les couvrant d’humour : ce ne serait pas sexiste de se servir du corps d’une
femme pour vanter un produit sans rapport si le ton de l’annonce est au second degré. Le public
offensé n’aurait que lui-même à plaindre pour son manque d’humour.
Cette méthode est un contournement de la loi et des recommandations de l’ARPP, et une manière
irresponsable de raviver les stéréotypes et autres pratiques dans l’esprit du consommateur. Un
annonceur responsable se passera de cette méthode.
PUBLICITE POUR LE SERVICE DE LIVRAISON HOURA.FR
32 Olivier PERBET – IICP - 2013
3.5 – JOUER SUR LES TENDANCES SOCIALES MODERNES
Une tendance positive est apparue récemment : s’inspirer des évolutions de la société pour
concevoir sa publicité. Ainsi, la marque de chaussures Eram déclare avoir « voulu représenter ce
que peuvent être nos clients et la société actuelle »66 pour leurs publicités traitant des familles
modernes (notamment homosexuelles). Le constructeur Renault a fait de même en présentant un
père allant chercher ses enfants chez plusieurs mères différentes. A l’inverse de l’usage de
stéréotypes éculés et régressifs, jouer sur des tendances sociales nouvelles participe à l’évolution
des mentalités, tout en faisant parler de l’annonceur d’une manière (souvent) positive.
66Rue 89 - Homoparentale, recomposée : Eram défrise la famille Ricoré
33 Olivier PERBET – IICP - 2013
CONCLUSION
Nous avons donc constaté que la publicité était omniprésente dans la vie quotidienne, au point
d’agacer par sa seule présence, et que de nouvelles méthodes apparaissent régulièrement. Pire
encore, alors que la publicité a bien un impact sur le consommateur, ses messages se basent sur
des stéréotypes régressifs. Et la régulation privée et publique du secteur ne suffit pas à empêcher
les abus des annonceurs, ni à modérer les technologies émergentes. C’est donc à l’annonceur
d’adopter des pratiques responsables dans sa création publicitaire. Son image en sera améliorée
dans la perception du public.
34 Olivier PERBET – IICP - 2013
ANNEXES : FICHES DE LECTURE
Groupe Marcuse
« De la misère humaine en milieu publicitaire »
Editions La Découverte, 2004
Ce livre est un manifeste contre la publicité dans sa globalité, il ne se limite pas à dénoncer ses
excès mais s’attaque à ses fondements. « La publicité est […] un symptôme de la dévastation du
monde et un de ses moteurs », énonce l’introduction. La démonstration en est que le système
publicitaire serait « indispensable à l’expansion du consumérisme et du productivisme, dont les
conséquences sont catastrophiques pour les hommes comme pour la nature ».
L’économie industrielle moderne aurait créé la publicité pour écouler les biens qu’elle produit au-
delà du nécessaire, du fait de l’impératif économique de croissance des profits. L’impératif de
produire toujours plus se traduit par celui de consommer massivement, la publicité est ainsi un
pilier de l’économie. L’individu en est la cible, étant réduit à sa fonction de consommateur. Il
n’achète alors plus pour satisfaire ses besoins, mais pour l’action-même de consommer, qui sert
de moyen de distinction sociale. L’impact sur l’individu est sérieux : la publicité est puissante par
les moyens de persuasion qu’elle met en œuvre (ex : la répétition), et dangereuse par les idées
qu’elle propage (ex : les stéréotypes).
L’apport de ce livre pour le mémoire est surtout au niveau théorique. Il avance des raisonnements
pour expliquer la centralité de la publicité dans la société, contextualise les méthodes utilisées sur
une période longue, et en expose les conséquences sur l’individu ciblé, son environnement et la
société. Les références vers des auteurs et des théories philosophiques apportent un recul et une
ouverture. C’est surtout un point de vue très tranché sur le rejet et l’opposition que peut susciter
la publicité, parmi plusieurs catégories de personnes (les auteurs étant sociologues, économistes,
psychologues…), donc un exemple en soi pour soutenir la problématique du mémoire.
35 Olivier PERBET – IICP - 2013
Sophie PIETRUCCI, Chris VIENTIANE, Aude VINCENT,
« Contre les publicités sexistes »
Editions L’Echappée, 2012.
L’ouvrage part du constat que « la publicité exploite le corps des femmes pour susciter du désir,
générer de l’envie, exacerber les frustrations et rendre le produit attirant. […] Elle véhicule les
pires clichés sexistes et renforce la domination patriarcale. » Les auteures sont membres d’un
collectif féministe et dénoncent ce qu’elles nomment le « publisexisme ».
La publicité étant très souvent critiquée pour son sexisme, un point de vue directement concerné
est informatif. Le parti pris militant apporte une analyse théorique et une perspective sur la
publicité, utile pour la rédaction du mémoire. La justification apportée pour s’attaquer à la
publicité est que l’ « image » n’est pas un objet (passif) mais un agent (actif) qui agit sur la
conscience : la publicité est puissante car nous considérons que ce qu’elle nous présente est bien
une représentation du réel.
L’ouvrage détaille d’abord l’historique du sexisme en publicité, dès les années 1850. Il présente
ensuite les stéréotypes de la beauté répandus par la publicité : la jeunesse et la minceur sont les
critères d’image, la nudité et la disponibilité des modèles de comportement. L’humour misogyne
est courant (plaisanter sur les défauts supposés des femmes). Une grande tendance relevée est
d’associer les femmes aux éléments du foyer. Ce sont elles qui gèrent les enfants, les tâches
ménagères et la cuisine, très rarement un homme. La femme modèle est épanouie dans son rôle
de mère au foyer. L’image de l’homme est également attaquée : la publicité imposerait un modèle
de virilité par le corps (musclé) et le comportement (dominateur).
Les effets du sexisme en publicité sont dénoncés : l’apparence d’une personne est survalorisée
par rapport à d’autres éléments qui la composent ; une quantité importante de jeunes femmes
s’abiment la santé en essayant de se conformer aux modèles présentés par la publicité ; les
progrès sociaux en termes de parité et d’égalité hommes-femmes sont mis à mal par les
représentations du rôle des femmes en publicité.
L’ouvrage est donc une source pour enrichir la section du mémoire sur les stéréotypes, et fournit
de nombreux exemples récents pour appuyer la problématique de la responsabilité de la publicité.
36 Olivier PERBET – IICP - 2013
Florence AMALOU
« Le livre noir de la pub »
Editions Stock, 2001
"Plus rien n'échappe à la pub qui, loin de se contenter de s'adapter à la société, en arrive la
modifier, souvent en mal." Cet ouvrage a pour ambition de montrer l'envers du décor de la
publicité, pour que le public en prenne conscience et adopte un comportement critique et informé
à son égard.
En premier lieu, il révèle les principes sous-jacents de la conception publicitaire : jouer sur
l'instinct et le fantasme de la cible (domination par le sexe, mythes de la jeunesse et de la beauté,
valorisation de l'égoïsme), à travers des stéréotypes et clichés. C'est dans un but consumériste,
mais l'influence sur les mentalités et fort et négatif.
Ensuite, le livre présente des secteurs où la publicité est particulièrement nocive : l'éducation, où
la publicité entre par des moyens détournés à l'école, la santé, où les laboratoires
pharmaceutiques utilisent des campagnes d'information publiques à leur profit, et le tabac, donc
la communication et ses effets vendeurs ne faiblit pas.
Enfin, l'auteur explique comment la publicité (du moins ses méthodes) peut servir des intérêts
politiques et électoraux, et présente l'influence qu'elle peut avoir sur les médias papier et
audiovisuels (pressions sur les contenus).
L'ouvrage est surtout une référence pour trouver de nombreux exemples récents de publicités
polémiques, notamment pour illustrer les sections du mémoire traitant des stéréotypes. Il permet
aussi une mise en perspective : les exemples les plus scandaleux se trouvent à l'étranger, le plus
souvent aux USA (la publicité dans les écoles). On peut être soulagé de ne pas les subir, mais
s'inquiéter que les publicitaires français les importent.
37 Olivier PERBET – IICP - 2013
Etude ARPP / IREP / IPSOS
Décrypter les attitudes vis-à-vis de la publicité
2011 - http://www.arpp-pub.org/IMG/pdf/ARPP_IREP_IPSOS.pdf
Cette étude a été menée par l'ARPP en partenariat avec l'institut IPSOS pour étudier la réception
de la publicité chez les français. Elle révèle la position de l'ARPP face aux critiques du public.
-"La publicité n'existe pas" : l'opinion générale sur la publicité est négative, mais présenter aux
sondés une variété d'annonces de différents formats, « utiles et drôles » aboutit à des réponses
plus nuancées. Les publicités civiques (campagnes d'information publiques) sont les plus
appréciées. Ici, l'ARPP oriente sa conclusion vers le positif : la publicité serait en réalité
appréciée, si elle est utile et divertissante.
-"Il existe plusieurs attitudes face à la publicité" : les sujets qui dérangent en publicité sont
"variés", mais admis. C'est la morale qui est jugée la plus importante pour le public, notion très
subjective selon les publics, donc un moyen d'esquiver le problème. L'ARPP admet que
l'intrusion et la répétition (ou leurs "perceptions") agacent, mais préconise plus de variété pour en
limiter les effets.
-"Diversité des opinons car diversité des individus et des campagnes" : ici l'ARPP indique les
cinq thèmes qui dérangent : le sacré, ce qui ne se fait pas, la tromperie, l'intrusion et le danger.
L'étude indique que ce sont des problèmes spécifiques à des groupes précis (détaillés) et non des
reproches communs. Il est bien signalé que l'autorité est "très mobilisée" sur ces sujets sensibles.
-"Les réactions des Français à l’égard de la publicité renvoient au problème plus général de leur
relation avec la vie collective". Le jugement positif ou négatif d'un sondé dépend de son
optimisme général, de son rapport aux autres et de ses revenus. "Les plus optimistes sont ceux qui
aiment le plus la publicité." On doit comprendre qu'une opinion négative de la publicité n'est due
qu'à un mal-être plus général de l'individu. Ainsi, l'ARPP dédouane la publicité de ses défauts.
L'ensemble est donc consternant : l'étude est orientée pour valoriser les qualités attribuées à la
publicité tout en minimisant les reproches qu'on lui fait. C'est une publicité pour la publicité.
L'étude démontre que le secteur est peu sincère dans son autocritique, on peut alors douter de sa
volonté de remplir sa mission efficacement.
38 Olivier PERBET – IICP - 2013
Jacques LENDREVIE, Bernard BROCHAND,
Publicitor
Dalloz
Le Publicitor est un ouvrage de référence pour étudier la publicité.
Faisant preuve d’un certain recul, il contextualise d’entrée la publicité dans ses fondements : elle
est une communication partisane, pas exclusivement marchante, née de l’industrialisation et ne
rencontre pas toujours le succès. Les auteurs sont lucides : ils mentionnent l’existence de groupes
anti-pub et leurs motivations variées, ainsi que les différentes définitions admises pour la
publicité, qui n’est donc pas une science « exacte ».
L’ouvrage détaille d’abord les fondamentaux du marketing et de la communication pour désigner
la place de la publicité. Les théories essentielles de ces deux disciplines étant nécessaires pour
comprendre le comportement des cibles que seront les consommateurs. Ensuite est expliqué
comment s’élabore une stratégie de communication : de la réflexion de marque à la mesure finale
de l’efficacité d’une campagne.
Les différents supports d’une campagne sont présentés à partir de leurs origines pour offrir une
vision d’ensemble et comprendre les tendances actuelles : quels médias sont les moins pertinents,
et lesquels émergent. Les statistiques et mesures de performance donnent une idée de l’éfficacité
de chaque média. Enfin, le processus de création publicitaire est expliqué du début à la fin. Le
marché de la publicité est aussi traité : acteurs et réglementations sont introduits.
L’ouvrage est une référence par son exhaustivité et son utilité : il propose schémas, statistiques et
méthodes pour être pédagogique et opérationnel au maximum. Son apport pour ce mémoire est
d’avoir été une référence experte et professionnelle sur de nombreux points traités par les autres
ouvrages, d’une manière plus théorique et subjective.
39 Olivier PERBET – IICP - 2013
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
-S. Pietrucci, C. Vientiane, A. Vincent, « Contre les publicités sexistes », Editions l’Echappée,
2012
- F. Amalou, « Le livre noir de la pub », Stock, 2001
-G. Mermet, « Francoscopie 2005. Pour Comprendre Les Français », Larousse, 2005.
-Groupe Marcuse, « De la misère humaine en milieu publicitaire », La Découverte, 2004
- J. Lendrevie, B Brochand, « Publicitor », Dalloz, 5e édition, 2001
Articles
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- « Education Nationale : à elle les "rêves", à lui "l'ambition" » - Arrêt sur Images, 16.06.2011,
http://www.arretsurimages.net/breves/2011-06-16/Education-Nationale-a-elle-les-reves-a-lui-l-
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-« Les seins de sa femme pour vendre une mousse à raser : pub sexiste ? » - Rue89, 01.12.2011,
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42 Olivier PERBET – IICP - 2013
Sondages
-IFOP - Les Français et la publicité sur Internet – 27.06.2013
http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=2281
-IFOP - Les Parisiens et la publicité - 21.06.2010
http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=1197
Cours
-P-J Lagier – Cours de droit de la communication – IICP 2013
Conférences
-« Conférence du recteur Jean-Marc Monteil - Cultures et comportements – Les stéréotypes » -
CNAM – 14/06/2012 – Non disponible en ligne, mais l’auteur de ce mémoire y était présent.