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Le Roman de Renart
(Université de Liège)Maitre en langues et littératures françaises et romanes
Document rédigé par Éliane Choffray
Questionnaire de lecture
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Document rédigé par Éliane Choffray
Le Roman de Renart
Questionnaire de lecture
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Un récit anonymeLe fruit d’un travail à plusieurs mains
Le Roman de Renart n’est pas le fruit d’un seul auteur. En effet, l’ensemble de son contenu a été rédigé par plu-sieurs individus, la plupart étant des clercs, seules personnes capables de lire et d’écrire au Moyen Âge.
Entre 1170 et le milieu du xiiie siècle, ces derniers ont ajouté vingt- six histoires au récit originel de Renart. On considère celui- ci comme un « tronc » auquel les différents rédacteurs ont ajouté des « branches », appellation devenue courante pour désigner leurs continuations.
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Pour aller plus loin dans votre étude de l’œuvre, consultez aussi :
• la fiche de lecture sur Le Roman de Renart
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Le Roman de RenartUn roman satirique au comique
bien particulier
• Genre : poésie• Éditions de référence :
ʟ Le Roman de Renart, traduit de l’ancien français par Gabriel Bianciotto, édition de Naoyuki Fukumoto, Noboru Harano et Satoru Suzuki, Paris, Le Livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », 2005, 990 p.
ʟ Le Roman de Renart, texte établi et traduit par J. Dufournet et A. Méline, Paris, Flammarion, coll. « GF », 1985, 159 p.
• 1re édition : entre 1170 et 1250• Thématiques : fable, satire, morale, humour, ruse
Les différentes branches qui composent le Roman de Renart sont à considérer comme autant de variations du combat que se livrent Renart le goupil et Isengrin le loup.
S’inspirant de l’Ysengrimus de Nivard (1148-1149), les auteurs caricaturent une société médiévale peinte sous les traits d’animaux. Les textes qui en découlent se présentent sous la forme de brefs récits en vers octosyllabiques, marqués par l’utilisation de la ruse comme moteur du récit et par la distillation d’un comique vulgaire (souvent basé sur le sexe ou la scatologie).
Véritable ode à l’ingéniosité, le Roman de Renart consacre le triomphe de son protagoniste, dont la roublardise et les bons tours fascinent encore aujourd’hui.
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9. Pourquoi les auteurs ont- ils choisi de représenter les personnages sous la forme d’animaux ?(10 lignes)
10. L’anthropomorphisme animal du Roman de Renart vous évoque- t-il une autre œuvre littéraire ? Les visées sont- elles identiques ?(7 lignes)
QUESTIONNAIRE
1. Quelle est la relation entre Renart et Isengrin ? Citez et expliquez deux tours joués par le goupil au loup.(10 lignes)
2. Comment Renart parvient- il à échapper aux nombreux procès qui lui sont intentés ? Décrivez ces situations.(15 lignes)
3. Les personnages du Roman de Renart peuvent être clas-sés en trois camps. Identifiez- les et décrivez- les.(10 lignes)
4. Décrivez la personnalité d’Isengrin.(7 lignes)
5. Décrivez la personnalité de Renart. En quoi incarne- t-il l’archétype du triomphe du mal ?(10 lignes)
6. Quelle est l’attitude du roi Noble par rapport à Renart ? Est- elle tranchée ?(7 lignes)
7. Que vous évoquent les termes « goupil » et « renard » ?(3 lignes)
8. Montrez comment et à travers quels personnages le Roman de Renart stigmatise les trois ordres de la société médiévale.(15 lignes)
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Il est amené dans un garde- manger où il piège ses compagnons et évite le traquenard d’Isengrin. Il s’en-fuit et se réfugie dans sa forteresse.
ʟ Grimbert le blaireau réussit à ramener Renart à la cour. Il est condamné à la potence, mais il réussit à s’en tirer en promettant de partir en pèlerinage.
ʟ Cette promesse est de courte durée. Renart s’est réfugié dans son château, contraignant le roi Noble à l’assaillir. Renart est à nouveau condamné à la pen-daison, puis bastonné. Alors qu’il est sur le point de mourir, sa famille arrive et supplie de le laisser en vie. Il est ainsi sauvé.
ʟ Renart est une nouvelle fois convoqué à la cour pour jugement. Le roi et le conseil décident la paix pour Renart en échange d’un serment. Mais Chantecler, qui a le dernier mot, ordonne sa mort. Renart a recours à une nouvelle ruse pour y échapper : il doit marier Noble avec sa prétendue promise.
ʟ On le voit, Renart, dans la plupart des cas, parvient à se tirer seul de situations périlleuses par la ruse. Il ne devra compter qu’une fois sur l’aide d’autres personnes.
3. Les personnages du Roman de Renart peuvent être clas-sés en trois camps. Identifiez- les et décrivez- les.
ʟ Le camp de Renart : il comprend Hermeline (sa femme qui l’assiste parfois dans ses projets), Grimbert le blaireau (son cousin, la seule personne que Renart respecte et dont il suit les conseils), et Tibert le chat (vassal du goupil, constamment maltraité par ce dernier). Le caractère vindicatif de Renart et sa sournoiserie réfrènent les tentatives d’insurrection des autres membres de son clan.
CORRIGÉ
1. Quelle est la relation entre Renart et Isengrin ? Citez et expliquez deux tours joués par Renart au loup.
Isengrin est l’oncle de Renart. Il lui voue une haine sans borne suite aux différents tours que Renart lui a fait subir :
ʟ Renart a volé chez son oncle trois jambons. N’étant pas soupçonné par Isengrin, le goupil en profite pour s’introduire chez lui, séduire sa femme, uriner sur ses petits et dévaliser le garde- manger. Suite à cela, Isengrin lui déclare la guerre ;
ʟ affamé, Isengrin supplie Renart de lui offrir un peu de poisson. Celui- ci accepte à une condition : que son oncle devienne moine d’un ordre qu’il vient de créer. Le loup accepte et se fait tonsurer ;
ʟ Renart veut faire tourner Isengrin en bourrique en lui faisant croire qu’il peut pêcher des anguilles avec sa queue. Le loup s’exécute, mais il se retrouve coincé car le lac a gelé. Repéré par des chiens, il ne doit son salut qu’en sacrifiant sa queue.
2. Comment Renart parvient- il à échapper aux nombreux procès qui lui sont intentés ? Décrivez ces situations.
ʟ Renart a été condamné à de nombreuses reprises, mais il parvient à chaque fois à s’échapper grâce à la ruse.
ʟ Isengrin porte plainte au roi, qui demande une conci-liation entre les deux parties. Lors de l’assemblée, Renart refuse de prêter serment s’il n’a pas mangé.
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qu’on a lâchés contre lui ; la deuxième est sa meilleure arme pour échapper à tous les châtiments qu’on veut lui faire subir.
Lorsque ces deux traits principaux lui font défaut, Renart profite de la clémence ou de la maladresse de ses enne-mis, ainsi que d’un brin de chance, pour s’échapper.
Détesté de tous, sans foi ni loi (il viole, tue et se moque des institutions sans regret), Renart représente donc l’archétype du triomphe du mal.
6. Quelle est l’attitude du roi Noble par rapport à Renart ? Est- elle tranchée ?
Le roi ne prend jamais la peine de trancher personnelle-ment la querelle qui oppose Isengrin à Renart et, s’il le fait, c’est après délibération.
De plus, on peut constater une certaine sympathie de la part du souverain à l’égard du renard, tandis qu’il n’éprouve que lassitude devant les plaintes répétées du loup. Malgré ses préférences, il peut également faire preuve d’un relatif sens de l’équité en châtiant Renart quand il n’y a plus d’autre solution.
7. Que vous évoquent les termes « goupil » et « renard » ?
Le mot « renard » tire son origine de l’énorme succès qu’a connu le Roman de Renart durant le Moyen Âge. Sa popularité était telle qu’il a fini par supplanter celui de « goupil », utilisé auparavant pour désigner ce mammifère.
ʟ Le camp d’Isengrin : ce clan comprend Hersan (épouse du loup, souvent malmenée par le goupil), l’ours Brun, Chantecler le coq, Roonel le mâtin. C’est sur-tout la volonté d’en finir avec Renart et ses exactions qui unit ces différents personnages.
ʟ Le camp du roi Noble et ses conseillers : il s’agit d’un camp qu’on peut qualifier de « neutre », qui ne prend pas parti pour l’une ou l’autre faction.
4. Décrivez la personnalité d’Isengrin.
Isengrin se distingue de Renart, son ennemi juré, par sa grande force physique. De par sa stature et la peur qu’il inspire, Isengrin jouit d’un certain prestige à la cour. Mais son côté impétueux et irréfléchi le rend vulnérable aux attaques de son adversaire. Sa principale occupation est donc d’essayer de faire condamner Renart pour ses méfaits, sans succès. Les tours qui lui sont constamment joués et ses demandes incessantes de procès le font apparaitre comme un personnage ridicule, qui voit triom-pher la ruse du renard face à la bêtise de la force pure.
5. Décrivez la personnalité de Renart. En quoi incarne- t-il l’archétype du triomphe du mal ?
Renart se présente sous les traits d’un goupil sournois dont le caractère vindicatif l’amène à jouer constamment des tours à ses adversaires, surtout à son ennemi Isengrin.
Ses principales caractéristiques sont la vivacité de son corps et son sens inné de la ruse : la première lui per-met souvent d’échapper à des situations qui tournent mal, que ce soit pour éviter des pièges ou fuir les chiens
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9. Pourquoi les auteurs ont- ils choisi de représenter les personnages sous la forme d’animaux ?
Premièrement, on peut imaginer que si les auteurs ont pris pour personnages des animaux et non des humains, c’est pour mieux dissimuler la critique de la société du Moyen Âge. C’est une façon détournée de stigmatiser les trois ordres cités ci- dessus sans mettre en scène directement des représentants de cet ordre.
Ensuite, la symbolique des animaux est très riche et reflète le caractère des protagonistes. Ainsi, le roi est représenté par le lion, animal le plus noble, tandis que Renart est un goupil, dont la couleur rousse représente la traitrise.
Ils se comportent néanmoins comme des humains puisqu’ils chevauchent des destriers ou combattent à l’épée. Ce mélange de deux opposés, conjugué à la cocasserie des péripéties, suscite une invraisemblance propice au rire.
10. L’anthropomorphisme animal du Roman de Renart vous évoque- t-il une autre œuvre littéraire ? Les visées sont- elles identiques ?
Exemples de réponses possibles :
ʟ les Fables (publiées en trois séries : 1668, 1678-1679, 1693-1694) de Jean de La Fontaine (poète français, 1621-1695) : les fables, qui mettent en scène des
8. Montrez comment et à travers quels personnages le Roman de Renart stigmatise les trois ordres de la société médiévale.
La société médiévale est divisée en trois ordres : les nobles, l’Église, les paysans et les serfs. Dans le Roman de Renart, chacun de ces ordres est tourné en ridicule :
ʟ les nobles, représentés par le roi Noble et ses barons, dont Isengrin, sont humiliés par Renart et ses ruses malgré leur bravoure. Leur honneur, constamment bafoué, n’est jamais lavé. De plus, le concept de féo-dalité, censé aider le roi Noble à punir Renart pour irrespect, brille par son inefficacité ;
ʟ les moines sont souvent présentés sous les traits peu flatteurs de l’obésité et de la lubricité. Les nom-breux vols commis par Renart dans les abbayes mettent en évidence un mode de vie en contradic-tion avec le vœu de pauvreté qu’ils sont tenus de respecter. Ajoutons aussi que la religion perd tota-lement son rôle dogmatique et sacré du fait que Renart ne la considère que comme un instrument capable de le servir (il y recourt pour amadouer ses proies ou pour prouver sa fausse bonne foi à travers des confessions) ;
ʟ les paysans et les serfs sont stigmatisés à travers des personnages comme Liétard ou les marchands de poisson. L’œuvre attire l’attention sur la naïveté inhérente à cette classe et la facilité qu’il y a à les berner par la ruse ou la rapine.
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POUR ALLER PLUS LOIN
ÉDITIONS DE RÉFÉRENCE
• Le Roman de Renart, texte édité par N. Fukumoto, N. Harano et S. Suzuki, revu, présenté et traduit par G. Bianciotto, Paris, Le Livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », 2005.
• Le Roman de Renart, texte établi et traduit par J. Dufournet et A. Méline, Paris, Flammarion, coll. « GF », 1985.
ÉTUDES DE RÉFÉRENCE
• Boutet D., Histoire de la littérature française du Moyen Âge, Paris, Champion, coll. « Unichamp essentiel », 2003.
• Dufournet J., Le Roman de Renart : entre réécriture et innovations, Orléans, Paradigmes, 2007.
• Scheidegger J., Le Roman de Renart ou le texte de la dérision, Genève, Droz, coll. « Publication Romanes Françaises », 1989.
ADAPTATION
• Le Roman de Renart, film d’animation de Thierry Schiel avec Frédéric Diefenthal et Lorànt Deutsch, 2005.
animaux aux caractéristiques humaines, ont une visée morale, cherchant à montrer les défauts humains et à les corriger ;
ʟ La Ferme des animaux (1945) de George Orwell (écri-vain britannique, 1903-1950) : il s’agit d’un roman allégorique à visée politique, destiné à dénoncer les dérives des régimes totalitaires.
Gaudé• La Mort du roi Tsongor• Le Soleil des Scorta
Gautier• La Morte amoureuse• Le Capitaine Fracasse
Gavalda• 35 kilos d’espoir
Gide• Les Faux-Monnayeurs
Giono• Le Grand Troupeau• Le Hussard sur le toit
Giraudoux• La guerre de Troie n’aura pas lieu
Golding• Sa Majesté des Mouches
Grimbert• Un secret
Hemingway• Le Vieil Homme et la Mer
Hessel• Indignez-vous !
Homère• L’Odyssée
Hugo• Le Dernier Jour• d’un condamné• Les Misérables• Notre-Dame de Paris
Huxley• Le Meilleur des mondes
Ionesco• Rhinocéros• La Cantatrice chauve
Jary• Ubu roi
Jenni• L’Art français de la guerre
Joffo• Un sac de billes
Kafka• La Métamorphose
Kerouac• Sur la route
Kessel• Le Lion
Larsson• Millenium I. Les hommes qui n’aimaient pas les femmes
Le Clézio• Mondo
Levi• Si c’est un homme
Levy• Et si c’était vrai…
Maalouf• Léon l’Africain
Malraux• La Condition humaine
Marivaux• La Double Inconstance• Le Jeu de l’amour et du hasard
Martinez• Du domaine des murmures
Maupassant• Boule de suif• Le Horla• Une vie
Mauriac• Le Nœud de vipères
Mauriac• Le Sagouin
Mérimée• Tamango• Colomba
Merle• La mort est mon métier
Molière• Le Misanthrope• L’Avare• Le Bourgeois gentilhomme
Montaigne• Essais
Morpurgo• Le Roi Arthur
Musset• Lorenzaccio
Musso• Que serais-je sans toi ?
Nothomb• Stupeur et Tremblements
Orwell• La Ferme des animaux• 1984
Pagnol• La Gloire de mon père
Pancol• Les Yeux jaunes des crocodiles
Pascal• Pensées
Pennac• Au bonheur des ogres
Poe• La Chute de la maison Usher
Proust• Du côté de chez Swann
Queneau• Zazie dans le métro
Quignard• Tous les matins du monde
Rabelais• Gargantua
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