DFGSM3 MED0501 – Agents infectieux, hygiène et aspects généraux PATRIN Elie Pr I. VILLENA correcteur : JALLU Quentin Mardi 29 septembre 2020
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Larva migrans viscérales et cutanées
I- Introduction
Définition
Syndrome de larva migrans
Ensemble des symptômes provoqués par les migrations et la survie dans l’organisme de larves de nématodes d’origine animale en impasse parasitaire.
Autrement dit les syndromes de larva migrans sont dus à des parasites animaux en impasse parasitaire chez l’homme.
II- Larva migrans viscérales
A- Toxocarose
Intro
Définition Due a la présence de larves d ’ascaris d’animaux= Toxocara canis, Toxocara cati, Ascaris suum (proches des Ascaris humains).
Répartition géographique
• Affection cosmopolite : France : 20% des chiots, en pays tropicaux : 80%.
• Touche surtout les enfants (bacs a sable)
Prévalence • Dans les pays industrialises : 2 a 5% en milieu urbain, 37% en milieu rural.
Dans les pays tropicaux, il est eleve (env 93% chez l’adulte a La Reunion).
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Cycle
Chez le chien : HD
• Chiot : cycle complet
• Chien femelle : cycle hormono dependant
Larves vivantes dans les visceres, evolution chez femelles gravides ou allaitantes
➢ Fin du cycle (intestin)
➢ Transmission transplacentaire
➢ Transmission par lait
• Chien mâle : impasse parasitaire (migration viscerale et mort sans atteindre stade adulte)
Autres mammifères : HI
• Impasse parasitaire (absence d’evolution apres L2)
• Syndrome de Loeffler (migration)
• Destruction tissulaire par reponse immunitaire (granulome inflammatoire) (œil++, atteinte hepatique/ neuro)
Toxocarose
Chez le chien: HD
cycle hormono dépendant
transmission
transplacentaire
Chiot/femelle gravide ou
allaitante
Chien adulte: impasse
parasitaire
Autres mammifères: HI
impasse parasitaire
(syndrome de Loeffler)
destruction tissulaire par
réponse immunitaire
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Clinique
Intensité des symptômes Fonction du degre d’infestation : souvent asymptomatique.
Manifestations cliniques
• Fievre (50%), asthenie, symptomes digestifs, pulmonaires (20 a 50%) ou cutanes allergiques (urticaire),
• + rares : manifestations cardiaques ou neurologiques
Complication oculaire
A distance de la contamination :
Granulome du pole posterieur, uveite unilaterale = toxocarose oculaire dont le diagnostic differentiel se pose avec la CR toxoplasmique ou le retinoblastome (frequence chez l’enfant).
Choriorétinite (destruction de la rétine)
Diagnostic
Diagnostic d’orientation
• Hypereosinophilie importante (> 20 000/mm3) et elevee pendant des mois (plateau)
• Hypergammaglobulinemie frequente
Diagnostic de certitude
• Serologie = IF, ELISA, Synerese et surtout WB (sur serum, LCR et humeur aqueuse)
• Nombreuses reactions croisees avec autres nematodes.
• Interpretation difficile
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Diagnostique différentiel
Toxoplasmose (aigue ou congenitale/age), retinoblastome
Traitement
Traitement délicat
• Anti-inflammatoires et anti- helminthiques en cure prolongee, associes ou non.
➢ albendazole (Zentel®) : un comprime a 400 mg pendant trois jours ➢ diethylcarbamazine (Notezine®) : doses progressivement croissantes de 1⁄4
a 1,5 comprimes par jour, dose a maintenir pendant 21 jours ➢ ivermectine (Mectizan®) : 2 comprimes en prise unique
Traitement de la toxocarose oculaire
En priorité par les corticoïdes, ttt anti-helmintique réservé (formes graves ou rebelles à corticothérapie)
Prophylaxie
Individuelle Vermifugation des chiens, des chats adultes et des chiots (6 mois), lavage des mains apres jeux sur le sol (enfants +++), geophagie
Collective Eviction des chiens des parcs (bacs à sable)
B. Anisakiose (anisakidose)
Introduction
Définition
Parasitose due a des formes larvaires d’Anisakidae, parasites de mammiferes marins (baleines, dauphins, otaries, phoques, morses).
Risques parasitaires liés
aux poissons
• Zoonose cosmopolite, 15 a 100% des poissons de mer contamines, taux moindres pour les cephalopodes.
• Poissons d’elevage: risque infestation quasi-nul si alimentation maitrisee
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• Contamination humaine par ingestion poisson crus ou peu cuits ou conserves dans des preparations a faible teneur en sel
• En France, differentes enquetes sur les taux d’infestation des poissons destines a la consommation les plus souvent consommes ont permis de retrouver des taux d’infestation de l’ordre de 80% pour les anchois, 30% pour les maquereaux, 70% pour les merlans, 90% pour les merlus. Enquete 2011-14: 2000 poissons echantillonnes= 57% contamines (filets / visceres), lingue bleue, lotte, merlu, lieu noir
• Repartition geographique: affection cosmopolite, frequente dans pays ou les poissons sont consommes crus ou fumes (Europe du nord, Japon). Cas isoles en France.
• Taux eleve de contamination des poissons.
Cycle
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Clinique
Forme gastrique d’evolution aiguë
• 4 a 6h- 12 heures apres repas infestant
• Associe douleurs epigastriques violentes accompagnees de nausees, vomissements, douleurs pseudo-ulcereuses
• Dues a la penetration des larves dans la muqueuse digestive
• Visibles a la fibroscopie
Formes intestinales • 12h a plus de 5 jours apres repas infestant
• nausees, vomissements, diarrhees parfois sanglantes
Manifestations allergiques
Durée : quelques jours
Forme intestinale plus tardive
Souvent asymptomatique, peut donner un syndrome occlusif (granulome eosinophile)
Phénomènes allergiques
Anisakiose gastro-allergique (allergies digestives, urticaires) provoquee par des larves vivantes, quelques heures apres la contamination
Allergies cutanées et ou respiratoires
• urticaire 20%
• provoquee par des larves vivantes ou mortes
Diagnostic
Diagnostic d’orientation
Hyperéosinophilie modérée (inconstante)
Diagnostic de certitude
• Examen des selles toujours negatif
• Serologie (formes tardives)
• Etude histopatho des biopsies = larves au sein d’un granulome eosinophile.
Traitement
Chirurgical Extirpation endoscopique des larves ou chirurgicale des granulomes larvaires (en cas de syndrome occlusif ou invagination intestinale)
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Après exérèse du ver
Sur paillasse après exérèse
endoscopique
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C. LMV : Trichinellose → VOIR ED Dr AUBERT
III- Larva migrans cutanées
Larva migrans cutanées (LMC)
• LMC ankylostomienne = Larbish ➔ Homme = impasse parasitaire
• LMC due a des anguillules: Larva currens migrations erratiques lors des autoreinfestations (lesion tres fugace)
• Diagnostic differentiel : - Loase (filaire sous cutanee) - Myase
Prophylaxie
Surveillance dans les aliments
Dans les produits de la peche, pour detecter les larves, la methode de reference est l'examen visuel des pieces (filets) par transillumination. Efficacite variable (7 a 75 % des parasites detectes selon type de poissons et nature des larves).
Recommandations aux opérateurs
Congelation et cuisson = traitements les plus efficaces pour tuer les larves, mais aucune mesure de maitrise n’est decrite pour lutter contre les risques d’allergies.
Prophylaxie collective
Basee sur :
• Refrigeration rapide ou traitement (decoupe, congelation) des produits de la peche, maintien de la chaine du froid,
• Inspection visuelle sur place et/ou au laboratoire des produits livres a la consommation,
congelation prealable (-20 °C, 24h en tous points) des produits destines a etre consommes crus ou peu transformes (fumage a froid, salage, marinage, etc.)
• Refrigeration et evisceration le plus rapidement possible des poissons fraichement peches pour eviter migration larvaire.
Prophylaxie individuelle
• Cuisson a cœur (65°C) du poisson frais.
• Si amateurs de poisson cru, il est conseille la congélation pendant 7 jours dans un congélateur domestique.
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A. Larbish
Introduction
Définition Penetration transcutanee (active) de larves (sur les sols humides) d ’ankylostomes de chiens (Ankylostoma caninum) ou de chats contenus dans leurs déjections et dont le cycle est comparable a celui chez l’homme.
Cycle Pénétration active des larves, migration sous la peau, absence d’evolution possible, mort en quelques semaines
Incubation courte Pendant le voyage/jusqu’a maximum 1 mois apres le retour du voyage
Diagnostic Repose sur le tableau clinique et la notion de sejour en zone d’endemie
Eosinophilie Souvent normale donc inutile
Clinique
Lésion spécifique 1 ou plusieurs papules prurigineuses → cordon serpigineux s’allongeant d’1 a 3 cm/jour, mobile avec vitesse de migration lente.
Siège Regions cutanees en contact avec le sol (pieds, fesses).
Prurit ++++
Evolution Favorable en qq semaines (1 à 4), raccourcie sous traitement.
Complications • Infectieuses (10% des patients)
• Allergie locale bulleuse voir generale (poumon eosinophile)
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Traitement
• Absence de consensus: local ou general • Pommade thiabendazole 10% sous pansement occlusif 7 j • Albendazole (Zentel): 1cp a 400mg, pdt 3jrs • Ivermectine (Stromectol): 200 μg/kg en 1 prise unique TT oral + efficace et guerison rapide • Tentative d’extraction de la larve aleatoire, douloureuse et inutile.
Prophylaxie
• Interdiction des chiens et chats sur les plages ? -> Illusoire • Port de chaussures, nattes epaisses • Flux des marees (bord de l’eau)
Larva migrans cutanées (LMC)
• LMC ankylostomienne = Larbish homme = impasse parasitaire
• LMC due a des anguillules (S. stercoralis) : Larva currens (dermatite lineaire rampante) Migrations erratiques lors des autoreinfestations ou migration sous-cutanee des larves (recidives)
• Diagnostic différentiel : - Loase (filaire sous cutanee) - Myase
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Diagnostique différentiel Larbish/Larva currens
Larva currens
• Cordon cutane serpigineux mobile, de 1 a 2 cm de large et 5-10cm long. Signes cutanées allergiques (dermatite lineaire rampante)
• Migration tres rapide (entre 5 a 15 cm par heure) contrairement a Larbish
• Siège des lésions différent : plutôt fessier, perianal, abdominal, crural, pour Larva currens, (préférentiellement au niveau des pieds/fesses pour Larbish (contact avec le sol).
Diagnostic différentiel
Loase → Filaire sous cutanée
Myiase
• Myiase= parasitisme d’un etre vivant par larve d’une mouche (asticot)
• Myiases sont cosmopolites
• Larves qui sont en surface de la peau ou penetrent la peau = myiase furonculeuse (ver de Cayor en Afrique ou ver macaque en Amerique du sud- Guyane)
IV- Histoire clinique
Patient de 23 ans
Trecking foret Guyane francaise le 20/08/2011
Retour France le 27/08
Cs dermatologie le 30/08 pour 3 lesions inflammatoires des MI, traitement par corticoides locaux
Cs Mal Inf le 29/09/2011 : prescription de Pyostacine® pour infection staphylococcique probable
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Le 05/10 : visualisation d’un ver a l’occasion d’un bain chaud
Cs le 06/10 en dermato : extraction de trois vers (incision chirurgicale)
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