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Réseau louviérois de Lecture publique Bibliothèque provinciale – Périodiques

Atelier Histoire-Actualité

Jeudi 25 janvier 2018

Rencontre-débat, animée par Michel Host, autour d’un grand événement de l’Histoire qui a marqué nos mémoires, ou sur un fait marquant de l’actualité.

La catalogne

On le sait, la terre catalane est le terroir prestigieux d’une culture exceptionnelle. Connue des Grecs anciens, des Carthaginois, des Romains, des Wisigoths et des Arabes, la « Gothalaunia » sera une « marche » carolingienne. Lié à la Provence médiévale, le pays catalan sera aussi partie prenante du royaume aragonais. Poste avancé du Languedoc dans la péninsule ibérique, la Catalogne se heurtera au centralisme de l’Etat espagnol, donc aussi castillan, en gestation. Le centralisme du royaume des Habsbourg puis des Bourbon se prolongera dans l’autoritarisme dictatorial du franquisme après la guerre civile espagnole (1936-1939)… Comme nous le rappellerons, centralisme et particularisme font rarement un couple harmonieux, surtout quand la « Garde civile » fait le ménage, à moins que l’indépendance catalane ne s’aménage…

Bibliographie sélective

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La Catalogne On le sait, la terre catalane est le terroir prestigieux d’une culture exceptionnelle. Connue des Grecs anciens, des Carthaginois, des Romains, des Wisigoths et des Arabes, la « Gothalaunia » sera une « marche » carolingienne. Lié à la Provence médiévale, le pays catalan sera aussi partie prenante du royaume aragonais. Poste avancé du Languedoc dans la péninsule ibérique, la Catalogne se heurtera au centralisme de l’Etat espagnol, donc aussi castillan, en gestation. Le centralisme du royaume des Habsbourg puis des Bourbon se prolongera dans l’autoritarisme dictatorial du franquisme après la guerre civile espagnole (1936-1939)… Comme nous le rappellerons, centralisme et particularisme font rarement un couple harmonieux, surtout quand la « Garde civile » fait le ménage, à moins que l’indépendance catalane ne s’aménage… Généralités sur la Catalogne : surface et population, provinces, langue La superficie de la Catalogne fait 32000 kms² (6% de la surface de l’Espagne), pour une population de 7,523 millions d’habitants en 2016 (environ 17% de la population espagnole) Dans l’Etat espagnol : La Catalogne est une des 17 régions de l’Espagne. Elle comprend quatre provinces : Barcelona, Girona, Tarragona, Lleida. Ces provinces groupent 41 comarques (une comarque est un regroupement de municipalités qui, en Catalogne, possède un statut juridique et administratif)… Les Catalans envisageraient de regrouper plusieurs comarques en 7 ou 8 vigueries, destinées à remplacer les provinces. La langue catalane C’est une langue romane provenant d’une lente évolution du latin parlé (3ème- 8ème siècles) : ce qu’on appelle le « bas-latin » ou « latin vulgaire ». Mais le catalan a été précédé par d’autres langues. Les substrats linguistiques préromains -La langue des Sorotaptes indo-européens dès -900. Exemple : le mot « balma » pour caverne, -La langue des Celtes indo-européens dès – 600. Exemple : « cami » pour chemin, ou le nom de « Besalu », -La langue des Phéniciens sémites dès le 7ème siècle avant notre ère. Exemple : le toponyme « Eivissa », -la langue des Grecs dès -600. Exemples : « galera, palangre » -la langue des Ibères : des populations locales en contact avec d’autres groupes ethniques de Méditerranée. La langue ibère aurait, selon certains auteurs, des liens avec le basque. Exemple : « Esquerra », signifiant « gauche » en catalan vient du basque. Superpositions linguistiques (superstrates) Avec la décadence romaine, d’autres peuples vont apporter leur « bagage parlé » ; -Les Wisigoths dès le 5ème siècle : des Germains qui vont se latiniser et se christianiser. Exemple de termes wisigoths : « Oliba » pour chouette. Mais d’autres germanismes plus anciens ont imprégné la langue catalane. Exemple : « guerra » pour guerre. Vers le milieu du 8ème siècle, le catalan existe en tant que langue, des idiomes catalans figurent dans les textes juridiques écrits en latin au siècle suivant. -Une influence arabe confinée. Dès 801, Barcelone est reprise par Charlemagne et, après le sac de la ville par l’émir de Cordoue en 985, une renaissance du catalan est manifeste, renforcée par la puissance des comtés de Catalogne. En outre, la « Reconquista » chrétienne des terres occupées par les Arabes est précoce en Catalogne par rapport à d’autres régions d’Espagne. Lleida est reprise en 1149 et Valence en 1238.

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Les traces arabes dans le parler catalan sont donc moins nombreuses que dans le castillan et le portugais. Exemples : des termes marins, militaires, agricoles et alimentaires : « arroz » (le riz), « almirall » (amiral), ou des toponymes comme « Borjes » ou « Blanques ». -Les mozarabes : les Catalans (ou autres) pratiquant des parlers romans sous domination musulmane qui ont laissé des toponymes : « Olivares », « Muro »… -Il y aura également quelques mots persans introduits par les Arabes : « llimona » (citron) ou « espinac » (épinard) -Les Francs ont laissé des termes franciques dans le catalan : « gaire » ( guère), « ganivet » (couteau). Généalogie d’un nom Elle est controversée Réminiscences germaniques et autres Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer l’origine du terme « Catalogne ». Selon certains, la Catalogne, la « Gothalaunia » tirerait son nom des Goths… Les Wisigoths ont dominé l’Ibérie (ancien nom de l’Espagne) « celtibère », qui était sous l’autorité de Rome, avant l’occupation wisigothique, laquelle débute au 5ème siècle après J-C. A partir de 711, le chef arabo-berbère Tarik commencera la conquête musulmane de l’Espagne.» Quant à l’expression arabe « Al-Andalous » désignant bien sûr l’Andalousie, notamment, elle tire son nom d’une autre ethnie germanique : les Vandales, provisoirement installés en Espagne. Une hypothèse celte, et même belge, au sens très ancien ? Selon certains auteurs, le terme « Catalaunia » aurait une origine plus nordique, c’est-à-dire celtique. Deux localités gauloises s’appelaient « Catalaunum ». Ce toponyme deviendra : « Châlons-sur-Marne » (rebaptisée : « Châlons-en-Champagne ») dans la partie « belge » de la Gaule, et « Chalon-sur-Saône » plus au sud. … C’est aux environs de Châlons-sur-Marne (aussi appelée : « Durocatalaunum » à l’époque gauloise) que se serait déroulée la célèbre « bataille des champs catalauniques » (en 451), remportée par une coalition de troupes gallo-romaines et germaniques sur les Huns d’Attila. Une hypothèse « castillane » ? La reconquête chrétienne (ou « Reconquista ») des régions occupées par les Arabes s’est accompagnée de la construction, par les nobles chrétiens vainqueurs, de nombreux « châteaux en Espagne ». Par son nom, la Castille rappelle qu’elle est le pays des châteaux… Mais le même phénomène se produira en Catalogne qui, selon certains, tirerait son appellation de l’édification de nombreux castels. Gare à l’anachronisme ! Le mot « Catalonia » n’est pas présent dans les textes avant le début du 12ème siècle… Il n’y donc pas encore de sentiment d’une entité autonome chez les Catalans, même si le particularisme de la région s’affirme de plus en plus. La Catalogne appartient alors à l’Occitanie. Réminiscences puniques et grecques Avant l’arrivée des Romains au 2ème siècle avant J-C, d’autres occupants étrangers s’étaient installés sur les côtes catalanes : les Sémites carthaginois originaires de la Phénicie (Syrie et Liban actuels)… « Punus » est la version romaine de « Phénicien », d’où le terme : « punique ». Les Phéniciens ont créé des comptoirs et des colonies dans plusieurs régions méditerranéennes. Leur plus célèbre implantation sera Carthage (la « ville nouvelle »), la future Tunis. Les Phéniciens ont aussi fondé Carthagène (la « nouvelle Carthage ») en Espagne où ils se heurteront aux Romains, lors des trois guerres puniques qui se dérouleront aussi en Sicile, en

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Italie, sur mer, et en Afrique, aux 3ème et 2ème siècles avant notre ère. Finalement, Rome anéantira Carthage en -146. Deux généraux carthaginois sont restés célèbres : Hamilcar et surtout son fils Hannibal… Ils appartenaient à la prestigieuse famille des Barca, dont le nom serait à l’origine du toponyme « Barcelone ». Barcino et la deuxième guerre punique – Intervention romaine C’est en -230 que le carthaginois Hamilcar Barca installe donc une colonie phénicienne à l’emplacement de la future Barcelone. Mais, sachant qu’Hannibal est parti d’Espagne pour attaquer l’Italie avec ses éléphants, ce qui a failli causer la fin de la puissance romaine, les Romains prennent Empurias en -218 et conquièrent la péninsule ibérique. Devenu une colonie romaine, le site de Barcino prospèrera au point de devenir Barcelone. Empurias Située près de La Escala, Empurias fut successivement occupée par des populations préhistoriques, notamment celtibères, puis par des colons grecs fondateurs de ce comptoir vers -550. Vinrent ensuite les Phéniciens et les Romains. Le site d’Empurias est un des témoignages les plus significatifs de l’ancienneté et de la richesse du patrimoine catalan. Tarraco Vainqueurs des Carthaginois, les Romains feront de la future Tarragone la capitale de la province « tarragonaise » aussi appelée Hispania Citerior, l’autre province étant l’Hispania Ulterior (Cordoue), qui sera subdivisée en Bétique (Cordoue) et Lusitanie (Merida). La Catalogne wisigothique Les tribus germaniques ne furent pas que « barbares ». Elles ont aussi tenté de concilier l’héritage romain avec leur culture. Les Wisigoths Leur nom signifie plutôt « vaillant, sage, bon » que Goths de l’ouest, même si leurs migrations souvent agressives les ont placés dans la partie occidentale des territoires germanisés à la fin de l’empire romain d’occident. Alliés occasionnels des Romains dont ils n’hésitent pas à dévaster les territoires (prise de Rome par Alaric en 410), les Wisigoths sont « détournés » vers la péninsule ibérique par l’empereur Honorius. Le domaine wisigothique – Théodoric 1er Vainqueurs d’autres Germains (les Suèves en Galice et les Vandales refoulés en Afrique) ainsi que des Alains indo-iraniens en Lusitanie (le futur Portugal), les Wisigoths occupent le sud-ouest de la Gaule et l’Espagne. Leur roi Théodoric 1er établit sa capitale à Toulouse, avant d’être tué en combattant les Huns d’Attila aux Champs Catalauniques en 451. De Vouillé à Barcelone La rivalité entre les peuplades germaniques que sont les Wisigoths et les Francs mérovingiens va tourner à l’avantage de ces derniers… En effet, les Francs de Clovis, convertis depuis peu au catholicisme, bénéficieront de l’appui du clergé catholique contre les Wisigoths adeptes de l’hérésie de l’arianisme. Vainqueur à Vouillé près de Poitiers en 507, Clovis refoule les Wisigoths dont le domaine se limitera à l’Espagne. Barcelone sera un moment leur capitale, avant Tolède.

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L’art wisigothique pré-roman est bien apparent dans la sculpture et l’architecture pré-romanes, ainsi que dans la joaillerie. 589 : le triomphe du catholicisme En effet, le troisième concile de Tolède fusionne la religion catholique et la souveraineté en Espagne… Les monarques wisigoths seront ainsi les premiers à établir la domination du christianisme romain dans la péninsule… Les détenteurs du pouvoir espagnol seront toujours convaincus de leur mission essentielle : la croisade pour le monopole catholique… Ainsi et déjà, les monarques wisigoths seront antisémites, tout en étant confrontés à une noblesse querelleuse. Dès 417/418, le prêtre Orose, peut-être originaire de Tarragone et disciple de Saint Augustin, a rédigé plusieurs « Histoires contre les païens ». Il faut signaler que d’autres conciles eurent lieu à Tarraco et à Barcino. L’occupation arabe : brève en Catalogne, bien plus durable ailleurs en Espagne La proximité des régions catalanes par rapport aux Pyrénées et aux domaines occupés par les Francs carolingiens en Gaule du sud et en Aquitaine explique que la présence arabe y fut relativement superficielle. La puissance militaire des Carolingiens de Charles Martel et de son petit-fils Charlemagne a fortement limité l’influence musulmane dans le temps et dans l’espace. C’est en 732, rappelons-le, que Charles Martel a stoppé les incursions arabes en remportant la bataille de Poitiers. Ces incursions se faisaient depuis l’Espagne. Les « Colonnes d’Hercule » deviennent le détroit de Gibraltar en 711 Répondant à l’appel de certains prétendants au trône de roi des Wisigoths, le chef arabo-berbère Tarik franchit le détroit séparant l’Europe de l’Afrique, appelé depuis l’antiquité : « Les colonnes d’Hercule » qui deviennent désormais « le « Djebel Tarik » : le détroit de Gibraltar. Tarik commence alors la conquête musulmane de l’Espagne. Cette conquête sera rapide : Barcelone est prise en 717, avant d’être « libérée » par Charlemagne en 801. Une Marche carolingienne La Catalogne sera alors une partie de la « Marche d’Espagne » : un territoire situé à la marge des possessions carolingiennes face aux « Maures » musulmans. La « Chanson de Roland » évoquera de manière épique et tardive les expéditions de Charlemagne contre les Arabes au 8ème siècle Déjà une spécificité catalane de part et d’autres des Pyrénées De part et d’autres des Pyrénées, une communauté de culture et de langue cimente peu à peu une identité catalane qui évolue au gré des conflits entre chrétiens et musulmans, ou entre les féodaux chrétiens (entre Francs et Catalans, par exemple) ou encore entre classes sociales différentes : paysans contre nobles, notamment… On peut évoquer une « Vieille Catalogne », celle des Pyrénées et des régions côtières, par opposition à la « Nouvelle Catalogne » des plaines intérieures, occupée par les Arabes jusqu’au 12ème siècle. Le Principat de Catalunya : une Catalogne « française » et une Catalogne « espagnole » Plus vaste que la Catalogne actuelle, il s’étendait de Salses en France jusqu’à la vallée de l’Ebre près de Valence. La Catalogne « française » sera séparée de l’ensemble catalan en 1659, par le « Traité des Pyrénées »… Elle correspond au département des Pyrénées orientales, dont le chef-lieu est Perpignan… Mais l’architecture catalane s’y manifeste par des bâtiments prestigieux : palais des Rois de Majorque à Perpignan, abbayes d’Elne, de Serrabone, de Saint-Michel-de-Cuxa et de Saint-Martin du Canigou, etc… Sans oublier le retour de l’intérêt, parfois chauvin, pour la langue catalane.

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L’Emirat de Cordoue et le « millénaire catalan » Après la conquête rapide réalisée par Tarik, l’Espagne musulmane est, dès 756, gouvernée par un émir omeyyade (vite appelé calife) de Cordoue. 985 : Al Mansour « Le Victorieux » à Barcelone Le puissant maître arabe de Cordoue, s’empare, le 6 juillet 985, de Barcelone. Les conséquences sont catastrophiques : massacres de familles entières, de religieux et des Juifs, incendie gigantesque, déportation et esclavage des survivants… C’est un cataclysme : « l’année où Barcelone mourut ». 985 : le début de l’histoire de la Catalogne, séparée de l’héritage carolingien Considérée comme point de départ de cette histoire, l’année du désastre marque paradoxalement une rupture positive dans le souvenir collectif catalan. Car, n’ayant pu compter sur l’aide du lointain suzerain franc, en l’occurrence le roi Lothaire puis Hugues Capet, face à l’armée du calife de Cordoue, les comtes de Barcelone rompent le contact avec le souverain des Francs. 985 : le comté de Barcelone ne dépend plus d’une autorité extérieure et revit La ville se reconstruit et bénéficie d’une circulation monétaire intense, couverte par le minerai d’or des Arabes de Cordoue…Ainsi, la rançon des prisonniers catalans sera vite payée au calife. Les relations commerciales avec les musulmans se multiplient et de nombreux mercenaires chrétiens sont embauchés dans les troupes du calife. Leur solde enrichira la Catalogne. 1010 : le retour du balancier : Cordoue tombe aux mains des comtes de Barcelone Leur captivité à Cordoue ainsi que les nombreux contacts entretenus avec les Arabes révèlent aux Catalans la prodigieuse richesse et le raffinement du califat omeyyade. Mais la puissance militaire va basculer du côté des vaincus de 985. En 1010, les comtes Raimond Borrel de Barcelone et Ermengol d’Urgell, chefs d’une armée de 9000 hommes, prennent et pillent Cordoue. Le 11ème siècle : un « siècle d’or » catalan L’économie du comté de Barcelone sera désormais approvisionnée par l’or prélevé sous forme de tributs aux musulmans. Venant d’Afrique, le métal précieux échappe au contrôle de Cordoue et les souverains de Catalogne seront les premiers princes occidentaux à frapper une monnaie à leur effigie. Prémices d’une prospérité : les paysans défricheurs et les artisans Un miracle catalan agricole Le recul arabe permet aux populations réfugiées dans les Pyrénées de descendre dans les plaines et de défricher, dès les 9ème et 10ème siècles, l’espace compris entre les montagnes et la mer. Vers 950, la surface agraire est considérable grâce à l’aménagement en terrasses et à la diversification de la production : vigne, blé, olivier, vergers, cerisiers et jardins, notamment à Barcelone … Sans omettre l’importance des techniques d’irrigation, complétées par des centaines de moulins à vent. Il faut souligner ici l’importance des associations de petits propriétaires paysans : une « solidaritat » s’installe ! Un miracle catalan technologique - le temps des forgerons et des paysans-soldats Il est dû en partie à l’excellente qualité du minerai de fer, comme celui du Canigou. Des forgerons s’installent dans les villages et améliorent les outils agricoles : bêches, faux, etc… En outre, ils contribuent au perfectionnement de l’attirail militaire : armures et armes, non seulement pour la noblesse, mais aussi pour les nombreux agriculteurs.

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Ces grands progrès agricoles et artisanaux peuvent expliquer, au moins autant que l’or de Cordoue, l’apparition de la prospérité et de la puissance militaire du pays catalan, dont les nobles et les paysans sont armés et font preuve de savoir-faire guerrier. Un berceau de l’art roman. Reconstruite après le désastre de 985, Barcelone devient une métropole en perpétuelle expansion. Cette prospérité, due au développement économique du comté et à l’activité commerciale du port, explique partiellement l’élaboration des techniques de l’art roman (la voûte en pierre). Architecture Ces techniques sont utilisées dans l’édification d’abbayes souvent prestigieuses, dont les moines participent à l’essartillage, au défrichement, dans plusieurs régions catalanes. Citons Banyoles près de Gerone (dès 957), Saint-Martin de Fenollar, et surtout Sant Père de Roda (1022)… Sans oublier, en Catalogne « française », Saint-Michel de Cuxa (974) et Saint-Martin du Canigou (vers 1000). Sculpture et peinture Vers l’an 1000, les artistes vont passer progressivement du décor floral et géométrique à la représentation humaine : linteau de Saint-Genis-des-Fontaines (France) et peinture murale de Pedret (« L’orant surmonté d’un oiseau », fin du 10ème siècle)… Préfigurations d’un art roman de grande qualité ! L’origine d’une culture originale Après 985, les Catalans s’intéressent particulièrement au droit et aux mathématiques, contrairement à la culture franque en pleine « renaissance carolingienne » friande, au 9ème siècle, de rhétorique et de poésie latines. Le juridisme catalan écrit et précoce Il remonte aux Codes wisigothiques mêlant, aux 6ème et 7ème siècles, des compilations de droit romain à des éléments germaniques. Il s’agit surtout de titres de propriété. La loi est donc écrite à haute époque et on l’enseigne dans les écoles des cathédrales à Barcelone, Gerone, et Elne (Elne est dans le département français des Pyrénées orientales). Juges et tribunaux jouent très tôt un rôle important : les Catalans y gagneront une réputation de grande compétence juridique alliée à un légalisme scrupuleux. Une Catalogne scientifique et ludique A la fin du 10ème siècle, les relations entre les mondes catalan et musulman sont en pleine expansion, après la catastrophe de 985. Un « Traité de l’astrolabe » est alors traduit en latin, ce qui expliquerait le succès de cet instrument dans l’Occident chrétien souvent peu informé en matière scientifique, selon certains auteurs. Les bibliothèques du monastère de Ripoll et du Chapitre de Vic contiennent alors des traités d’arithmétique, d’astronomie, de calcul et de médecine. Un autre succès de la culture catalane : le jeu d’échecs, cité pour la première fois en Occident dans le testament du comte Ermengol 1er d’Urgell (1010). Un pape cultivé et « catalanisé » En 999, Gilbert d’Aurillac, qui a suivi les cours donnés par l’évêque de Vic féru de mathématiques, devient le pape Sylvestre II, « l’homme réputé le plus savant de son temps ».

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Un paradoxe culturel : décadence littéraire, effervescence juridique et linguistique Brillante, la culture catalane néglige, aux 10ème et 11ème siècles, la littérature : quelques morceaux de chroniques en latin, et aucune trace de culture théologique ne nous est parvenue… Alors que les textes « pratiques » sont abondants Un latin décadent La syntaxe, le vocabulaire, les déclinaisons et les conjugaisons « déclinent » ! Une écriture pragmatique considérable Le juridisme catalan écrit « s’en donne à cœur joie » : chartes de vente, d’achats, de prêts, de mariages, de testaments, etc… L’émergence du catalan parlé La langue catalane bouscule l’héritage latin dans de nombreux domaines : grammaire, orthographe des noms de lieux et de personnes, termes techniques et populaires… Le quotidien supplante l’ancien. L’émergence d’une nation ? – le comté de Barcelone Après 985, son dynamisme permet au peuple catalan de renaître de ses cendres, disent ses hagiographes. De nouvelles habitudes de solidarité, la nécessité d’une défense commune face aux dangers extérieurs, le juridisme pointilleux, les innovations artistiques et scientifiques, locales ou importées, la curiosité scientifique, l’essor de l’agriculture et de l’artisanat se conjuguent dans une renaissance catalane. Celle-ci a un symbole : Barcelone reconstruite ! Les comtes de Barcelone : Guifred le Velu et ses successeurs La renaissance de la cité catalane, sa puissance économique, politique et militaire permettent aux comtes dirigeant la ville d’en faire une capitale. Ils imposent leur autorité à l’ensemble de la région. Guifred ou (Wilfred) le Velu (Guifré el Pelos), comte de Barcelone en 878, est le fondateur de la dynastie catalane qui s’éloignera de plus en plus du suzerain franc carolingien surtout quand celui-ci n’a pas pu, ou n’a pas voulu, protéger son vassal barcelonais contre l’émir de Cordoue en 985. « El bressol de Catalunya » C’est Guifred qui a fondé le « berceau de la Catalogne » : le monastère de Ripoll vers 880. La consécration de l’abbaye date de 1032. Le particularisme catalan Dès la fin du 10ème siècle, la Catalogne prend donc ses distances, non seulement par rapport au royaume franc, mais aussi par rapport aux principautés chrétiennes situées dans le nord-ouest de l’Espagne. Elle s’est aussi émancipée du joug de l’émir de Cordoue, tout en poursuivant ses fructueuses relations avec le monde musulman ibérique. Une spécificité catalane fondatrice : la paix et la trêve de dieu Dès la fin du 10ème siècle et lors du siècle suivant, les juristes catalans établissent sous le contrôle de l’Eglise la paix puis la trêve de dieu, interdisant toute guerre à certaines périodes (Noël par exemple). Les « assemblées de paix », une nouvelle institution Typiques du juridisme écrit de la catalogne, ces innovations s’inscrivent dans un cadre fondateur : celui du droit catalan devenu un des « fonts baptismaux » d’un futur Etat en gestation. Ces assemblées sont considérées comme les ancêtres des « Corts », le parlement de

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Catalogne… C’est un phénomène social, juridique et politique qui va limiter le pouvoir féodal et central des comtes de Barcelone et, plus tard, des rois d’Espagne. 1060 : les « Usatges », une ébauche de constitution ? Ils sont promulgués par le comte Raymond Berenger 1er (Ramon Berenguer). Ils composent un code de droit et de coutumes qui, selon certains auteurs, seraient les bases du premier gouvernement constitutionnel européen. Relativité du concept de nation : catalane ou occitane ? Déjà au moyen âge, la tentation est grande de faire de l’année 985 celle de la naissance catalane. Rappelons toutefois que le mot « Catalogne » n’apparaîtra dans les textes qu’au 12ème siècle. La Catalogne : une singularité politique et linguistique plus qu’une nation autonome en Occitanie La Catalogne noue de profondes relations dynastiques avec des principautés occitanes : l’Auvergne, le Languedoc, la Provence. En outre, l’évolution de la langue catalane par rapport au latin est semblable à celle des autres parlers occitans…Plus tard, les troubadours de Catalogne écriront en occitan, et les grands pèlerinages d’Oc ont toujours été fréquentés par de nombreux Catalans : Conques, Saint-Gilles entre autres. Enfin, les comtes barcelonais ont eu des possessions à Carcassonne, en Provence et dans d’autres régions méridionales…

Catalogne et Provence : un mariage d’Oc en 1212

Par son mariage, Douce de Provence (ou de Gevaudan) met dans les mains de son époux, le

comte de Barcelone Raymond Bérenger III le Grand, ses droits sur la Provence.

Elle inaugure ainsi une période catalano-provençale qui a duré jusqu‘en 1245. Et on lui

attribue le début de la littérature courtoise des troubadours, laquelle donnera la langue

appelée : « l’ancien occitan » :

" La princesse Douce la porta chez les Catalans, par son mariage avec Raimond-Bérenger, comte de Barcelone, et la fit briller de toutes les grâces qu'elle et les seigneurs de sa cour étaient capables de lui donner. Dans peu de temps, elle n'eut pas d'autres bornes que les États du comte; elle passa depuis la cour parmi le peuple, à Valence, à Majorque, à Minorque, et servit même à dépouiller celle des Espagnols de la barbarie qu'elle avait contractée en passant par la bouche des Sarrasins. Alphonse II, roi d'Aragon, en faisait ses délices et l'employait dans ses poésies, lorsqu'il se délassait, avec les troubadours provençaux, des soins pénibles de la royauté."

Frédéric Mistral et la Catalogne au 19ème siècle

Les liens culturels et même politiques entre Catalans et Provençaux sont restés vivaces,

surtout au 19ème siècle avec les « Renaissances » des cultures des deux régions « occitanes »

qui s’inspirent du prestige des troubadours « courtois ». Les félibres provençaux ont alors

des contacts assidus avec les auteurs catalans. Les « Jocs florals » de Barcelone, rétablis en

1859, reconstituent les compétitions poétiques pratiquées à Toulouse au 14ème siècle.

Initiateur du félibrige provençal, Frédéric Mistral rédige en 1861 : « I troubaire catalan » qui exalte la liberté et stigmatise les « noirs corbeaux « massacreurs venus du nord au moment de la croisades des Albigeois : « … S’il (le peuple) tient sa langue, il tient la clef ».

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Exilé en Provence, le poète nationaliste catalan Victor Balaguer est reconnaissant pour l’accueil reçu. En 1868, Mistral et les félibres participeront aux « Jocs Florals » de Barcelone. … Rédigé par Mistral la même année, la « Coupo Santo », l’hymne identitaire provençal, évoque alors les deux nations sœurs. Toutefois, le mouvement provençal, surtout littéraire et musical, se distinguera ensuite du mouvement catalan jugé trop politique. Un autre puissant facteur de singularité : l’entité Catalogne-Aragon, 12ème- 15ème siècles A cet égard, il faut encore évoquer l’importance de la politique matrimoniale des comtes catalans. Peu après les noces de Douce et de Raymond Bérenger III, celles de leur fils Raymond IV auront aussi des conséquences significatives. 1137 : Raymond Bérenger IV épouse Pétronille, l’héritière du royaume d’Aragon Devenus rois d’Aragon, les comtes de Barcelone vont diriger la plus grande puissance de la Méditerranée occidentale. Leur autorité s’étendra sur les Baléares (1230), Valence (1238), la Sicile (1282) et la Sardaigne (1321)… sans oublier des comptoirs commerciaux en orient et le duché d’Athènes (14ème et 15ème siècles), et ce tout en maintenant le particularisme institutionnel catalan. Le succès de cette politique matrimoniale s’explique par la coutume occitane qui permet aux filles d’hériter d’un patrimoine comprenant d’importants domaines. Le cas d’Aliénor d’Aquitaine en est l’exemple le plus célèbre. Poblet, 1196 Ce superbe monastère cistercien supplante alors Ripoll comme lieu de sépulture des comtes de catalogne. Il faut lui associer une autre abbaye cistercienne : Santes Creus Muret 1213 : l’héroïsme catastrophique de Pierre II le Catholique Paradoxalement et stupidement, le comte catalan et roi d’Aragon Pierre II va causer la perte de ce qui reste des possessions catalanes dans le sud-ouest de la France. Un héros catholique « matamore » de la Reconquista Pierre II appartient en effet à la série des nobles chrétiens matamores, c’est-à-dire tueur des maures, des Arabes. Las Navas de Tolosa 1212 En effet, il écrase, avec les rois de Castille et de Navarre, les Arabes à Las Navas de Tolosa. C’est un épisode essentiel de la Reconquista contre les Arabes d’Espagne Muret 1213 et la croisade des Albigeois Fidèle à son idéal chevaleresque, Pierre II vole au secours de son cousin Raymond VI comte de Toulouse. L’adversaire n’est plus musulman mais catholique : Simon de Monfort, chef de l’armée des féodaux, souvent pillards, du nord en croisade contre les Albigeois, avec la bénédiction du pape. Malgré sa bravoure et son anonymat (il avait échangé son armure royale avec un de ses chevaliers), le roi d’Aragon est défait et tué à Muret, au sud-ouest de Toulouse… Il ne reste que l’entité catalano-aragonaise, bientôt amputée de la Provence. 1246 : la Provence n’est plus catalane, mais angevine Les politiques matrimoniales peuvent, à l’époque féodale, faire et défaire les Etats. Ce sera le cas après la mort du comte catalan Raymond Bérenger V.

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Castille et Capétiens Blanche de Castille, mère du roi de France Louis IX (Saint Louis), arrange alors le mariage de Charles d’Anjou, son autre fils, avec Béatrice, héritière de Raymond V pour la Provence, désormais séparée de l’entité Catalogne-Aragon. Précocité des institutions : La Generalitat et la « monarchie pactiste » Une évolution importante caractérise les institutions de l’entité catalano-aragonaise au 13ème siècle. Le comte-roi Jacques 1er et son successeur sont tenus de convoquer annuellement les « Corts » : l’assemblée des délégués du clergé (le « bras ecclésiastique »), de la noblesse (le « bras » militaire) et des villes royales (le « bras » populaire). C’est en 1283 que le principat de Catalogne a officialisé le « Cort General » : le parlement régulier. Le « Général de Catalogne » : vers une députation permanente au 14ème siècle C’est le nom de l’ensemble des délégués des trois bras. Ils votent l’attribution au souverain du droit de lever des impôts (comme les Etats Généraux du royaume de France). Le comte-roi devra donc « pactiser » avec le « Général de Catalogne » ! En 1359, les « Corts » obtiennent le droit de déléguer 12 « députés permanents » qui siègeront entre chaque réunion de l’ensemble des « Corts ». Toujours le juridisme catalan ! Plus tard, il n’y aura plus que trois députés élus pour trois ans, toujours présidés par un religieux , et chargés de contrôler la conformité constitutionnelle de la politique pratiquée par le souverain catalan. Ils feront de Saint Georges le « patron » de la Catalogne. Le centralisme des rois d’Espagne voudra réduire les pouvoirs de ces députés. En 1716, Philippe V supprimera la Generalitat catalane. L’apogée de la puissance catalano-aragonaise, 13ème-14ème siècles Jacques (Jaime) 1er le Conquérant, comte de Barcelone, roi d’Aragon de 1213 à 1276, de Majorque et de Valence, seigneur de Montpellier. Fils de Pierre II tué à Muret, Jacques 1er s’empare de nombreuses possessions musulmanes : les Baléares et Valence. Le traité de Corbeil (1238) Jacques le Conquérant conclut ce pacte avec le roi de France Louis IX qui lui concède le Roussillon (L’actuel département français des Pyrénées orientales) et Montpellier mais le souverain catalan renonce à toute autre possession au-delà des Pyrénées. Autres conquêtes (jusqu’au 15ème siècle) La puissance catalano-aragonaise dominera également la Sardaigne, Naples, la Sicile, Malte, Djerba et la Corse (l’étendard corse serait dû à l’influence des souverains de Barcelone)… sans oublier Djerba et une partie de la Grèce face à l’empire turc ottoman. Puissance et législation maritimes La « thalassocratie » de Jacques 1er est aussi permise par la construction de nombreux navires dans les « Drassanes », les chantiers navals de Barcelone. Le « Liibre del Consolat de Mar » Ce code sera la référence pour les coutumes commerciales en Méditerranée. Extension de Barcelone Sous Jacques 1er, les nouveaux remparts protègent une surface urbaine décuplée et les maisons « nobles » se multiplient. Il en sera de même pour les édifices religieux ainsi que pour les palais.

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Efflorescence culturelle Elle ne se limite pas à la littérature de cour vantant les exploits de Jacques le Conquérant et de ses successeurs. Les « Jocs Florals » de Barcelone seront créés en 1395. Ramon Llull (Raymond Lulle) 1232-1315 : le « docteur illuminé » Poète et philosophe, ce très grand lettré né à Majorque fera figure de pionnier en écrivant en langue de tous les jours des textes religieux. Son œuvre est au carrefour d’influences juives, musulmanes et occitanes, et s’illustre aussi bien dans les sciences, occultes ou non, que dans les lettres… tout en faisant du catalan une langue prestigieuse. Coups d’arrêt 14ème siècle : la famine et la peste conjuguent leurs effets néfastes, surtout en 1348. La vieille famille régnante catalane des comtes-rois va âtre évincée. Crise économique Elle se caractérise par l’exode rural, la chute de l’artisanat et du commerce ainsi que par des luttes sociales. Mortalité et antisémitisme Dix épidémies de peste massacrent un tiers des Catalans, échaudés par les prêtres. Les « calls », les quartiers juifs, sont saccagés. Le Compromis de Caspe 1412 : la fin de la dynastie catalane au profit de la Castille En 1410, le dernier comte-roi, Martin 1er l’Humain ou le Vieux, meurt sans descendance directe car il n’a qu’un petit-fils, Frédéric de Luna. Neuf notables proches de la couronne se réunissent à Caspe en Aragon pour choisir le futur roi parmi cinq candidats : Frédéric de Luna, le comte d’Urgell, Alphonse de Gandie, Louis d’Anjou, et Ferdinand d’Antequera de Trastamare, infant (futur roi) de Castille. Ferdinand de Trastamare roi d’Aragon de 1412 à 1416 : Ferdinand 1er L’influence de l’antipape Benoît XIII sera déterminante car les neuf notables choisissent Ferdinand de Trastamare, frère du roi de Castille…contre la volonté des délégués catalans. Guerre civile et révolte en Catalogne 1462-1472 Déçus par l’éviction de leur dynastie, les Catalans se déchirent, en période de crise économique et de décadence du port de Barcelone : serfs contre seigneurs, riches (propriétaires et commerçants) contre le syndicat des marchands et des artisans, partisans de l’autorité aragonaise et castillane contre les « pactistes » désireux de concilier un pouvoir externe autoritaire avec le respect du statut des trois « bras » des « Corts »… Le mécontentement catalan va aussi se manifester par une rébellion contre le roi Jean II d’Aragon… au point de permettre au roi de France Louis XI d’occuper le Roussillon. 1469 : mariage de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille : les « rois catholiques » L’Espagne se centralise au profit de l’ensemble Aragon – Castille qui formera un royaume unifié où la Catalogne ne sera plus prépondérante. 1478 : instauration de l’Inquisition espagnole 1492 : prise de Grenade par les rois catholiques La fin de la Reconquista chrétienne scelle la fin des possessions arabes d’Espagne, et le triomphe de l’influence castillane.

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1492 : « découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb A son retour, le navigateur génois et des « Indiens » des Caraïbes seront reçus à Barcelone, mais l’essentiel du commerce va délaisser la Méditerranée au profit des colonies d’outre-Atlantique, de Cadix et de Séville… 1492 : expulsion des Juifs espagnols Les communautés israélites étaient actives et importantes en Catalogne, notamment à Barcelone et à Gerone. Leur expulsion sera un coup très dur pour la Catalogne. Décadence Marginalisée par Charles Quint de Habsbourg, petit-fils des rois catholiques, qui installe sa cour à Madrid, la Catalogne subira, aux 16ème et 17ème siècles, les attaques côtières des pirates musulmans… Insécurité aggravée par le « bandolerisme » des bandits de grand chemin. Guerres civiles lors des guerres européennes L’obligation imposée aux Catalans, par le pouvoir central de Madrid, de participer aux guerres européennes de l’Espagne s’ajoute aux difficultés économiques et sociales de l’ancien comté de Barcelone. L’exaspération grandit contre le pouvoir castillan. La guerre de trente ans 1618-1648 et la guerre des faucheurs En partie causée par les conflits religieux entre catholiques et protestants, cette longue guerre oppose le royaume de France, les protestants allemands et la Suède aux monarchies habsbourgeoises d’Espagne et d’Autriche. Les combats dévastent non seulement l’Allemagne, mais aussi la Catalogne et les Pays-Bas espagnols (futures Belgique et Hollande). La guerre des faucheurs (1640) Le centralisme excessif du duc d’Olivares, ministre du roi d’Espagne Philippe IV de Habsbourg, de même que les impôts destinés à financer les troupes espagnoles exaspèrent plusieurs régions du royaume ibérique dont, bien sûr la Catalogne… Cette Catalogne dont le particularisme des institutions est raboté par le pouvoir castillan. La révolte « des faucheurs » éclate dans le pays catalan : la république y est proclamée avant que le roi de France Louis XIII ne soit reconnu comme comte de Barcelone. Finalement, la « reconquista » castillane de la Catalogne sera réalisée en 1652, mais le pouvoir de Madrid reconnaîtra les institutions du pays catalan. « Els Segadors » hymne catalan en 1993 Créé à Montserrat en 1896, lors de la bénédiction du drapeau catalan, le « chant des faucheurs » deviendra le chant national de la Catalogne en 1993, en hommage aux révoltés de 1640. Il sera souvent entonné lors de la guerre d’Espagne entre 1936 et 1939. Mais cet hymne s’inspire aussi d’une chanson populaire du 17ème siècle. Le Traité des Pyrénées (1659) Après les traités de Westphalie qui ont mis fin à la guerre de trente ans en 1648, le Traité des Pyrénées consacre la séparation de la Catalogne française et de la Catalogne espagnole. Le Roussillon sera définitivement français et l’usage public de la langue catalane y sera interdit. La guerre de succession d’Espagne et la « Diada » 1701-1714 Fils de Philippe IV, le roi d’Espagne Charles II de Habsbourg meurt sans enfant en 1700. Le roi de France Louis XIV propose son petit-fils Philippe d’Anjou comme successeur. Ce dernier devient souverain espagnol sous le nom de Philippe V : c’est l’arrivée des Bourbons sur le trône espagnol ! Le refus catalan et la défaite A Barcelone, on craint l’instauration, sous l’égide de la Castille partisane de Philippe V, d’un régime absolutiste semblable à celui de Louis XIV. Le soulèvement catalan soutient l’autre

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candidat à la couronne espagnole : l’archiduc Charles d’Autriche. Le conflit se termine avec la prise de Barcelone par les troupes franco-castillanes de Philippe V en 1714. La « Diada » : une bataille des éperons d’or à l’envers ? Paradoxalement, l’anniversaire de la chute de Barcelone, le 11 septembre 1714, deviendra la fête nationale catalane, chaque 11 septembre, alors que la fête nationale flamande, chaque 11 juillet, célèbre la victoire (provisoire) des milices flamandes sur l’armée royale française de Philippe le Bel à la « bataille des éperons d’or » du 11 juillet 1302 ! La Diada est la fête nationale de la Catalogne depuis 1886. Décadence provisoire Si la fin du 18ème siècle est marquée par une profonde régression en Catalogne, le siècle suivant verra sa « Renaissance ». Régression, répression et occupations françaises Après 1714, l’autorité centrale madrilène dissout les Corts et la Generalitat, ainsi que les universités de la Catalogne et interdit le catalan. Des quartiers de Barcelone sont rasés pour faire place à une citadelle. Le décret de Nueva Planta (1716) confirme le contrôle de la monarchie absolue sur la région catalane décadente. L’impact des guerres révolutionnaires françaises, prolongées par l’occupation napoléonienne Si les combats menés par la jeune république française depuis 1793, et la mainmise de Napoléon 1er sur la Catalogne amènent des destructions (pillage de l’abbaye de Montserrat, sièges de Gerone et de Barcelone) ainsi que de nombreuses atrocités, le découpage de la région en départements français et l’irruption de l’idéal révolutionnaire auront des conséquences politiques. Les idées « libérales » gagnent la Catalogne et s’opposent aux partisans d’une monarchie absolue comme les Carlistes… Ces derniers ont parfois été soutenus par les éléments ruraux et conservateurs d’une Catalogne déchirée par des conflits internes au début du 19ème siècle. Décadence économique ? Comme d’autres régions d’Espagne, la Catalogne connaît de grands bouleversements parfois contradictoires. L’exode rural causé par la misère agricole et les destructions provoquées par les diverses guerres sont parfois contrebalancés par un renouveau économique naissant : industriel suite à la production d’armes et commercial avec l’accès aux colonies espagnoles, du moins provisoirement. En effet, les guerres d’indépendance des colonies espagnoles d’Amérique du centre et du sud freineront l’expansion économique catalane. Evolution politique espagnole Les changements économiques et la progression des « idées libérales » amènent des réformes (et des contre-réformes) dans le royaume ibérique. Rappelons-les : création d'un parti républicain (1854), vote d’une nouvelle constitution libérale et monarchique par les « Cortes » (le parlement de Madrid) en 1869, proclamation de la Première République (1873) annulée par un coup d’Etat militaire en 1874, couronnement du roi Alphonse XII (1875), dictature de Miguel Primo de Rivera en 1923 et fin épisodique de la monarchie. La Renaixença et le catalanisme Intimement liés, ces deux mouvements expriment un renouveau pluriel catalan… Un nouveau miracle catalan Plus que d’autres régions d’Espagne, la Catalogne s’ouvre au modernisme après la crise du début du 19ème siècle. Le port de Barcelone bénéficie du contact accru avec les colonies espagnoles, même après leur indépendance. La « guerre du Rif » au Maroc espagnol accélère la production

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industrielle et les échanges économiques…la capitale catalane bénéficie d’une expansion planifiée et artistique : l’ « Eixample ». La production de coton s’intensifie, de même que la démographie et l’immigration attirées par la production industrielle associée aux cités ouvrières Ces progrès considérables, caractéristiques d’un modernisme économique très en avance par rapport à d’autres régions d’Espagne, expliquent un autre modernisme culturel et très prestigieux, celui de la « Renaixença ». La Renaixença du 19ème siècle Ce terme désigne un mouvement d’affirmation de l’identité catalane, qui s’exprime dans les écrits de Bonaventura Aribau (« L’Ode à la patrie ») et dans les poèmes d’un moine : Jacint Verdaguer. Cette « renaissance » se manifeste brillamment dans la résurrection des « Jocs Florals » barcelonais en 1859. Les poètes Borafull et Balaguer s’y illustrent. La langue s’identifie à sa patrie catalane, au détriment du monopole imposé du Castillan dans les documents et les publications publics comme privés… D’où la revendication d’une littérature propre à la Catalogne Poètes, romanciers, auteurs dramatiques s’accordent à revendiquer par leurs écrits la normalisation de la langue (interdite depuis 1714) et de la culture catalanes. Le modernisme catalan au tournant du 20ème siècle C’est l’explosion de l’ « Art Nouveau » ! … chez des architectes comme Gaudi (« La Sagrada Familia), Montaner, Cadafalch, chez des peintres comme Casas, Rusinol, chez des sculpteurs comme Arnau, Llimona. Des revues décrivant ce modernisme paraissent, comme L’Avenc. Liées à ces mouvements, des expositions universelles sont organisées à Barcelone en 1888 et en 1929/1930. Un génie culturel poursuivi au 20ème siècle L’art catalan confirme son génie multiforme et mondialement reconnu avec des créateurs tels que Dali, Picasso, Miro, Tapies, et des musiciens comme Pablo Casals ou des chanteurs lyriques comme José Carreras et Montserrat Caballé. Le catalanisme – la M ancomunitat L’essor littéraire et artistique semble insuffisant. Des publications prennent le relais, souvent censurées par le pouvoir central. En 1886, Almirall exprime ses revendications politiques dans : « Le catalanisme ». Six ans plus tard, l’ « Union catalaniste » rédige : « Bases pour la Constitution régionale catalane ». Et des députés conservateurs forment une Ligue régionaliste pour être candidats aux élections législatives nationales. De 1914 à 1925, la Mancomunitat sera une fédération des quatre provinces catalanes (Gerone, Barcelone, Tarragone et Lleida). Son rôle sera considérable en faisant la liaison entre l’art et le pouvoir catalans d’une « nation millénaire ». Elle sera anéantie par le dictateur Miguel Primo de Rivera. La « semaine tragique » de Barcelone et l’exécution de Francesco Ferrer 1909 Anarchiste et franc-maçon, le pédagogue catalan Francesco Ferrer crée l’ « Ecole Nouvelle » à Barcelone en 1901, ce qui déplait fortement aux catholiques conservateurs. Accusé injustement d’avoir préparé un attentat pour le mariage du roi d’Espagne Alphonse XIII en 1906, il est acquitté mais doit s’exiler. A son retour, on l’accuse tout aussi injustement, d’avoir instigué la « Semaine sanglante » de Barcelone (fin juillet-début août 1909). Après un procès inique, il sera fusillé dans la citadelle de Montjuich le 13 octobre. Les combats de la « Semaine sanglante » feront 116 morts.

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République catalane et deuxième république espagnole Les dictateurs Miguel Primo de Rivera, de 1923 à 1930, et Damaso Berenguer, de 1930 à 1931, mettent fin à la monarchie moribonde d’Alphonse XIII. Le 11 avril 1931, Francesc Macia proclame la « République catalane dans une fédération de républiques ibériques », peu avant l’instauration de la 2ème république espagnole. République catalane éphémère : le retour de la Generalitat La Catalogne doit abandonner l’appellation républicaine pour ne pas effrayer les républicains unitaristes de Madrid. En 1932, le gouvernement autonome de Barcelone reprend le titre de « Generalitat ». La crise de 1934 – Lluis Companys L’opposition entre anarchistes insurrectionnels et plusieurs ministres antirépublicains de Madrid convainc Lluys Companys, nouveau président de la Genaralitat, de proclamer « L’Etat catalan de la République fédérale espagnole ». Le gouvernement central républicain de Madrid suspend alors l’autonomie catalane et emprisonne les ministres catalans… Companys a-t-il alors commis une erreur semblable à celle de Puigdemont qui a proclamé récemment l’indépendance catalane ? Le Front Populaire espagnol et la guerre civile 1936-1939 Aux élections législatives de février 1936, les forces de gauche espagnoles syndicalistes, communistes, socialistes, anarchistes, trotskystes et l’Union de la gauche républicaine, triomphent et forment le gouvernement du « Frente Popular » (ou « Crapular » pour ses ennemis). Le retour provisoire de la Generalitat et de l’autonomie catalanes Le nouveau gouvernement espagnol libère Companys redevenu le Président de la Generalitat… La guerre civile Le 18 juillet 1936, éclate un coup d’Etat militaire bientôt orchestré par le général Franco, qui vient de réprimer dans le sang la grève des mineurs des Asturies. S’appuyant sur les troupes coloniales comme sur des officiers conservateurs monarchistes, catholiques, nationalistes et fascisants, Franco déclenche la guerre d’Espagne qu’il remportera en 1939, aidé par l’appui militaire de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste. En Catalogne Malgré l’aide de l’URSS et des Brigades Internationales, les forces républicaines catalanes sont minées par les rivalités entre socialistes, anarchistes, communistes et trotskystes…aussi ardents à s’opposer entre eux que de combattre les armées franquistes. En 1937, les communistes staliniens iront jusqu’à éliminer les trotskystes du POUM (le Parti Ouvrier d’Unification Marxiste) à Barcelone. Défaite et répression La prise de Barcelone par Franco en janvier 1939 marque la fin de la guerre civile terminée en avril, et celle de l’autonomie catalane. Aux morts catalans de la guerre s’ajoutent les milliers d’exilés dans les misérables camps d’internement en France et les Espagnols assassinés en déportation dans les camps nazis… On évoque le chiffre de un million de morts en Espagne, sans compter les victimes de la répression franquiste (200 000 victimes ?), ni les républicains capturés en France par les Allemands qui les livreront aux franquistes. C’est le cas de Lluys Companys fusillé à Barcelone en 1940.

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Achille Chavée Il serait impardonnable de ne pas évoquer le poète surréaliste louviérois présent en Catalogne pendant la guerre civile à partir de décembre 1936, plus précisément à Albacete. Il est actif au sein de la croix-rouge puis dans un état-major. Avocat, il siègera ensuite dans la Commission judiciaire des Brigades internationales… ce qui lui sera reproché en Belgique par Léon Degrelle, accusant Chavée d’avoir fait fusiller 17 membres des Brigades… Aucun document ne légitime aujourd’hui ces accusations. Devenu communiste, il participera à plusieurs combats des Brigades. « Ils mirent des menottes aux symboles » Cette adaptation d’une citation célèbre fait allusion à l’interdiction franquiste de tout symbole catalan, qu’il s’agisse des pyramides humaines, de la sardane, de l’hymne des Segadors, de la Diada, de la langue catalane. C’est l’époque de la « noche negra », de la nuit noire, quelque peu atténuée par l’augmentation du tourisme et la reprise économique des « années 1960 », bien favorisée par l’OTAN. Le Barça Créé en 1899, ce vénérable club de football a un statut particulier en Catalogne. Un de ses présidents, Josep Sunyol, dirigeant clandestin de l’Esquerra Republicana Catalana (l’ERC : un parti de gauche alors interdit), sera fusillé par les franquistes en 1936. Mais le club s’identifie à la cause catalane, ainsi qu’à l’intégration des Espagnols non catalans. Son stade fétiche, le Nou Camp date de 1957 … Ce club particulier est « l’armée désarmée symbole de la Catalogne ». Aujourd’hui : déni démocratique et séparatisme ? Franco meurt en 1975. Depuis, l’autonomie catalane a été reconnue par les différents gouvernements de Madrid : en 1979, en 2006, mais avec des restrictions en 2010. Citons deux déclarations révélatrices : -A propos de l’’identité populaire et culturelle de la Catalogne, Bruno Coppieters de la VUB a écrit : « La Catalogne ressentait déjà une forte identité culturelle, malgré le souhait du Parti populaire de la réhispaniser ». -un porte-parole du Parti populaire de Mariano Majoy, quand il était dans l’opposition, a déclaré, à propos du renforcement de l’autonomie catalane accordée en 2006 par le parlement espagnol : - « L’antichambre du démembrement de l’Espagne ? » Il s’adresse donc à la Cour constitutionnelle qui, en 2010, annulera une partie du statut catalan, ce qui provoquera des manifestations considérables. Le 11 septembre 2012 (le 11 septembre est le jour de la fête de la Catalogne), plus d’un million de personnes réclameront, à Barcelone, l’indépendance. Mariano Rajoy, chef du gouvernement espagnol, 2011 Il refuse, peu après la manifestation du 11 septembre 2012, de négocier avec Artur Mas, le Président du gouvernement catalan. Cette intransigeance gonfle les rangs des indépendantistes de Catalogne. 18 août 2017 : une dernière manifestation de concorde espagnole à Barcelone ? La veille, une camionnette conduite par un islamiste a foncé dans la foule déambulant sur les Ramblas de la capitale catalane. Seize personnes sont tuées et des dizaines d’autres sont blessées. Le même jour, un autre attentat fait six blessés à Cambrils. Le 18 août, le roi Felipe VI, Mariano Rajoy et Carlos Puigdemont, qui a succédé à Artur Mas comme chef de l’exécutif catalan, se recueillent en présence d’une foule considérable.

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Mais les Catalans indépendantistes et leurs partisans hors de l’Espagne (pensons à la NVA) estiment que le gouvernement de Madrid ne respecte pas leur droit démocratique, sinon à l’indépendance complète, du moins à une autonomie réelle. Un referendum est prévu pour le 1er octobre, mais le gouvernement de Madrid le déclare illégal Un referendum brutalement réprimé, 1er octobre 2017 L’action très violente de la Garde civile rappelle aux Catalans la brutalité et les atrocités de cette sorte de gendarmerie pendant la guerre civile… Face aux femmes blessées et aux vieillards meurtris, de nombreux Barcelonais, jusque-là indécis, ont changé d’avis et voté pour l’indépendance de leur région. Et Felipe VI ? Dans son discours télévisé, le souverain espagnol soutient la fermeté brutale de son Premier ministre Majoy et stigmatise unilatéralement les organisateurs du referendum ainsi que les votants. 27 octobre 2017 : une certaine Catalogne franchit son Rubicon En -49, Jules Cesar avait ordonné à son armée de franchir le Rubicon, un fleuve qui correspondait alors à la frontière nord de l’Italie romaine. De la sorte, Cesar entrait en rébellion contre l’Etat et provoquait la guerre civile. Le 27 octobre 2017, le Parlement catalan vote unilatéralement l’indépendance, mais à une très relative majorité : la séance ne réunit que 70 députés sur 135. Carles Puigdemont, président à distance ? Exilé à Bruxelles car menacé d’emprisonnement, retrouvera-t-il son poste de chef du gouvernement de la Catalogne ? Elu le 21 décembre 2017, le nouveau Parlement catalan s’est réuni pour la première fois le 17 janvier 2018. Un président renouvelé ou un nouveau président ? Le nouveau Parlement régional devra alors élire le président du nouveau gouvernement de la Catalogne. Carles Puigdemont avait été démis de cette fonction par le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy le 31 octobre, suite à la déclaration unilatérale d’indépendance de la Catalogne. Puigdemont sera-t-il réélu, alors qu’il a quitté Barcelone… ? Ses conférences sont diffusées depuis Bruxelles par Skype. Peut-on gouverner par ce truchement médiatique ? Une arithmétique parlementaire catalane compliquée Composition du Parlement de Barcelone : 135 députés 70 députés sont indépendantistes (deux de plus que la majorité absolue). Ils appartiennent à trois partis : -le Parti démocratique européen de Catalogne (PdeCat), le parti de Puigdemont, -la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) dont le leader Oriol Junqueras, vice-président du gouvernement catalan, est emprisonné depuis le 2 novembre pour « rébellion et sédition », -la Candidature d’Union Populaire (CUP), dont les 4 sièges ont été indispensables pour la majorité indépendantiste. Son influence avait contraint le PdeCat à ne plus représenter aux élections son candidat charismatique Artur Mas, ancien président du gouvernement catalan.

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7 députés indépendantistes sont exilés ou emprisonnés Pourront-ils voter par procuration ? Le parti vainqueur des élections du 21 décembre : « Ciudadanos » d’Ines Arrimadas n’est pas indépendantiste. C’est un parti du « Centre droit ». Une date-butoir : le 31 janvier 2018 Sans Président gouvernemental élu, il faudra organiser de nouvelles élections régionales en Catalogne, ce que n’a pas prévu l'article 155 de la Constitution espagnole invoqué par Mariano Rajoy pour mettre la Catalogne sous tutelle. Est-on parti pour un nouveau carrousel politique rappelant les querelles linguistiques belges, mais cette fois à l’échelle de la Catalogne, donc de l’Espagne, donc de l’Union Européenne, bien frileuse à l’égard des velléités sécessionnistes de certaines régions de ses pays membres ?

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Ouvrages disponibles dans le Réseau louviérois de Lecture publique de La Louvière

La Catalogne : Une nation millénaire Michel Bourret ; relecture scientifique par Josep Maria Lluro. - Paris : Autrement, 2009 (Autrement junior histoire ; 29) Sujet : Catalogne (Espagne) -- Histoire -- Ouvrages pour la jeunesse Localisation : LA LOUVIÈRE - SECTION ADULTES ET ADOLESCENTS : Service des prêts directs 94(460) BOU

Patouffèt' une histoire contée par Praline Gay-Para et Marta Soler Gorchs ; illustrée par Vanessa Hié. - Paris : Didier jeunesse, 2009 (A petits petons) Sélection Prix Versele 2011 - 2 chouettes Sujets : Parents et enfants -- Livres d'images ; Autonomie (psychologie) -- Livres d'images ; Boeuf domestique -- Livres d'images Conte catalan "Le conte où un enfant minuscule mais dégourdi se fait avaler par une vache (ou un boeuf), après différentes aventures, est largement répandu dans toute l'Europe. En Catalogne, le "Tom Pouce" de ce conte emblématique pour les petits s'appelle Patufet (francisé ici en Patouffet'), et cette version est issue de la tradition familiale de Marta Soler Gorchs, qui vit à Barcelone." Localisation : LA LOUVIÈRE - LA RIBAMBELLE DES MOTS : Service des prêts directs ER

Hommage à la Catalogne : 1936-1937 par George Orwell et Yvonne Davet. - Paris : Ed. 10/18, 2004 Sujets : Partido obrero de unificación marxista (Espagne) -- Roman ; Catalogne (Espagne) -- 1931-1939 -- Récits personnels ; Espagne -- 1936-1939 (Guerre civile) -- Récits personnels britanniques ; Orwell, George (1903-1950). Hommage à la Catalogne Roman historique Localisation : LA LOUVIÈRE - SECTION ADULTES ET ADOLESCENTS : Service des prêts directs 8 ORW 05.12

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Peinture catalane des XIIème et XIIIème siècles par Fritz Hermann. - Lausanne : Payot, Cop. 1962 Sujets : Peinture médiévale -- Espagne -- Catalogne ; Peinture catalane -- Moyen âge Localisation : LA LOUVIÈRE - SECTION ADULTES ET ADOLESCENTS : Réserve Houdeng (délai d'1 semaine) 07#060562

Articles de périodiques consultables à la Section des Périodiques, Gazomètre, rue du Gazomètre, 50 – 7100 La Louvière Catalogne : l'héritage du "roi Pujol" [article] par Dominique Audibert Le Point ; 2003, 1626 (14 novembre), p. 50-54 Sujet : Catalogne (Espagne) -- Histoire -- Autonomie et mouvements indépendantistes LA LOUVIÈRE - SALLE DE LECTURE ET DES PÉRIODIQUES : salle des périodiques P004 La Catalogne souterraine [article] Henri Puig-Giralt Dossiers d'archéologie ; 2005, 301 (mars 2005), p. 80-86 Sujet : Souterrains -- Espagne -- Catalogne (Espagne) LA LOUVIÈRE - SECTION ADULTES ET ADOLESCENTS : Salle des périodiques P247 L'Espagne, royaume de l'anarchie [ARTICLE] Frédéric Goldbronn et Frank Mintz Manière de voir ; 2009, 103 (février-mars 2009), p. 84-87 Sujet : Collectivisme -- Espagne -- Catalogne -- 1900-1945 LA LOUVIÈRE - SALLE DE LECTURE ET DES PÉRIODIQUES : salle des périodiques P565

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Migrations Société 2011/2-3 (N° 134-135) Immigration en Catalogne : politiques et société

Contenu : Ricard Zapata-Barrero, Catherine Wihtol de Wenden - Page 47 à 54 - Pourquoi la Catalogne intéresse-t-elle l’Europe ?

I. Politique d’immigration et citoyenneté

Oriol Amorós i March - Page 55 à 68 - La politique d’immigration du Gouvernement de la Catalogne : approche, orientations et enjeux Ricard Zapata-Barrero - Page 69 à 82 - La gouvernance de l’immigration en Catalogne : d’où venons-nous, où en sommes-nous et où allons-nous ? Núria Franco i Guillén - Page 83 à 93 - L’immigration en Catalogne dans le contexte espagnol : l’évolution de la démographie et des politiques publiques Pere A. Salvà Tomàs - Page 95 à 107 - Immigration dans les Baléares : impacts socioculturels sur la société David Moya - Page 109 à 136 - Instruments de participation pour les immigrés en Espagne et en Catalogne en particulier : droit de vote et alternatives

II. Politiques d’éducation et apprentissage linguistique

Jordi Garreta Bochaca - Page 137 à 151 - Immigration et politiques d’intégration en Catalogne : quelques enjeux Josep Vallcorba, Traduit de l’anglais par Catherine Wihtol de Wenden, et Myrna Giovanella - Page 153 à 174 - Éducation et immigration en Catalogne : le Plan pour la langue, l’interculturalisme et la cohésion sociale

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III. Politiques d’insertion sociale

Jordi Bosch Meda - Page 175 à 199 - L’exclusion liée au logement et Le “sans-abrisme”au sein de la population immigrée en Catalogne Angelina Puig i Valls - Page 201 à 213 - L’office du travail de Catalogne et l’emploi des immigrés Elvira Méndez, Eduard Sagarra - Page 215 à 226 - Droits des étrangers et politiques en matière de protection de la santé en Catalogne Carol Galais, Laia Jorba - Page 227 à 248 - Les associations d’immigrés en tant qu’outil d’intégration politique en catalogne - Les raisons de leur implication politique

IV. État des recherches sur la Catalogne et l’immigration

Vicent Climent-Ferrando - Page 249 à 268 - La recherche sur l’immigration en Catalogne : bilan 2000-2010 Page 269 à 272 - Bibliographie sélective

Pôle Sud 2014/1 (n° 40)

Contenu Paul Alliès, Joan Marcet, Traduit de l’espagnol par Jacques Fontaine Page 5 à 12 - La Catalogne sur le chemin de l'indépendance ? Enric Ucelay-Da Cal - Page 13 à 28 - Catalan Nationalism, 1886-2012: An Historical Overview Marina Subirats - Page 29 à 41 - La société catalane aujourd'hui : croissance et crise Laura Chaqués-Bonafont, Mariona Tomàs - Page 43 à 57 - Public Policies in Catalonia. From Self-rule to Shared Rule? Antoni Castells - Page 59 à 80 - Catalonia and Spain: Political and Fiscal conflict Joan Marcet, Lucia Medina, Robert Liñeira, Traduit de l’espagnol par Jacques Fontaine - Page 81 à 97 - 35 ans d'élections en Catalogne: de l'autonomisme à l'indépendantisme

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Astrid Barrio , Juan Rodríguez Teruel, Traduit de l’espagnol par Jacques Fontaine - Page 99 à 119 - Pour quelles raisons les partis politiques en Catalogne se sont-ils radicalisés ? - Le système des partis et la montée du souverainisme (1999-2012) Judit Carrera , Traduit de l’espagnol par Jacques Fontaine - Page 121 à 135 La culture catalane Nicolás Barbieri - Page 137 à 152 - Légitimité et changement des politiques culturelles: de la transition culturelle à la « désétatisation». Le cas de la Catalogne Caterina García Segura, Traduit de l’espagnol par Jacques Fontaine Page 153 à 170 - La présence internationale de la Catalogne dans le processus de transition nationale


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