Fragilité en clinique gériatrique : stadeFragilité en clinique gériatrique : stade défini ou processus continu ?
Olivier SAINT JEANHôpital Européen Georges PompidouUniversité René DescartesUniversité René DescartesParis, France
La complexité du conceptp p
Nourri d’une littérature pléthoriqueNourri d’une littérature pléthorique, identifiante du champ de la Gériatrie Loin d’être défini consensuellement ou de reposer sur un schéma physiopathologique validéMais si identifiable cliniquement par les professionnels et par les aînés eux-mêmes « …ce qui se casse facilement… »
La fragilité en 2006
Survie après hospitalisation pour insuffisance cardiaque selon le statut cognitifq g
ZUCCALA GAJM 2003
Domaines de définition de la fragilitég
Requiert une intervention multidisciplinaire (Fisk AA, JAMA,Requiert une intervention multidisciplinaire (Fisk AA, JAMA, 1983)Excès de mortalité en référence à l’âge et au sexe (Vaupel JW, Demography, 1988)g p y )Age > 65 ans et altération des ADL (Woodhouse KW, QJ Med 1998)Perte d’autonomie et plus de 3 pathologies actives (Pannill FC, p p g (Am J Med 1991)Un critère parmi 14 (Winograd CH, JAGS 1991)Institutionnalisation avec perte d’au moins 2 ADL (Mulrow CD, p (JAMA 1994)
Domaines de définition de la fragilitég
Réduction de la force musculaire retentissant sur l’équilibre etRéduction de la force musculaire retentissant sur l équilibre et la marche (Ory MG, JAGS 1993) Démence et stade terminal d’une pathologie (Grunfeld E, CMAJ 1997)CMAJ, 1997)Réduction de l’autonomie durant une hospitalisation (Carlson JE, Am J Phys Med Rehabil 1998)A 70 t i d é h it li ti (G AJ JAGSAge > 70 ans et risque de ré-hospitalisation (Gagnon AJ, JAGS 1999)Réduction masse et force musculaire (Roubenoff R, J Clin Nutr 2000)Déclin cognitif, incontinence et perte des ADL (Wieland D, PACE, Gerontologist 2000)
Une évolution récente
Mise en place de grandes études épidémiologiquesMise en place de grandes études épidémiologiques explorant la fragilité (principalement aux USA et au Canada)Mise à l’agenda des sociétés savantes réunionsMise à l’agenda des sociétés savantes, réunions scientifiques de travail et (AGS/NIA et Initiative Canadienne sur la Fragilité)Une définition communeDeux grandes tendances
Le syndrome de fragilité physique– Le syndrome de fragilité physique– Une vision plus globale ajoutant à la fragilité physique une
dimension psycho-cognitive et sociale
Une définition commune
1 La fragilité comme diminution de l’homéostasie et1. La fragilité comme diminution de l homéostasie et de la résistance face au stress qui augmente la vulnérabilité et les risques d’effets néfastes tels quevulnérabilité et les risques d effets néfastes tels que la progression d’une maladie, les chutes, les incapacités et la mort prématurée, par baisse des réserves fonctionnelles
2. La fragilité ne se résume donc ni à la pathologie lti l i à l t d’ t i imultiple, ni à la perte d’autonomie, ni au
vieillissement
La fragilité physique comme facteurLa fragilité physique comme facteur confondant de la fragilité globale
Un syndromeUn syndrome pragmatique facilement mesurable, autorisant de nombreuses études
Cinq critères classant en trois étatsq
5 critères5 critères– Perte de poids involontaire au cours de la dernière année– Vitesse de marche lente– Faible endurance– Faiblesse/fatigue
Activités physiques réduites– Activités physiques réduitesTrois états facilement repérables:
– non fragile (pas de critères)g (p )– pré-fragile ou intermédiaire (1 à 2 critères)– fragile (3 ou plus)
Fried L J Gerontol Med Sci 2001
Valeur prédictive de la fragilité physiquep g p y q
Fried L J Gerontol Med Sci 2001
La fragilité physique, prédictive de l’entrée en institution
Gill TM JAMA 2004
Un ensemble bien distinct de morbidité et de handicapp
Fried L J Gerontol Med Sci 2001
Une fragilité physique évolutive, mais parfois régressivep g
Gill TM Arch Int Med 2006
Une approche non exclusivementUne approche non exclusivement physique
Intégrant une vision plus globale des sujets âgés
Une démarche prenant en compte la globalité des problèmes gériatriquesg p g q
Agrège les travaux sur la fragilité physique mais enAgrège les travaux sur la fragilité physique mais en intégrant d’autres dimensions et le regards d’autres acteurs dans une lecture cliniqueMoins compatible avec le modèle biomédical dominant (!)S h t à l é ité d éd i l l ité àSe heurte à la nécessité de réduire la complexité à des indicateurs simples (utilisable en clinique)Deux démarches possibles baséesDeux démarches possibles, basées
– sur l’analyse statistique– sur l’impression clinique
Une échelle de fragilité cliniqueg q
1 Santé excellente1. Santé excellente2. Bonne santé3. Bonne santé, avec comorbidité traitée et asymptomatique4. Apparemment vulnérable (ralenti ou morbidité symptomatique)5. Fragilité légère (IADL modérément perturbées)6. Fragilité moyenne (besoins d’aide pour les ADL et les IADL)6. Fragilité moyenne (besoins d aide pour les ADL et les IADL)7. Fragilité sévère (perte de toutes les ADL ou phase terminale de
pathologie)
Rockwood K CMAJ 2005
Validation sur la survie (Enquête Canadienne Santé et Vieillissement))
Rockwood KCMAJ 2005
Validation sur l’institutionnalisation (Enquête Canadienne Santé et Vieillissement))
Rockwood KCMAJ 2005
Le stade de la fragilité physique
Etape sous-tendue par un schéma physiopathologique potentiel
Le muscle au cœur d’un processus complexep
Le maintien de la masse musculaire relèveLe maintien de la masse musculaire relève de facteurs multiples
H– Hormonaux– Inflammatoires– Neurologiques (centraux et périphériques)– Nutritionnels– Et d’entraînement
Fragilité physique et processus de coagulationg
Waltson J Arch Int Med 2002
Fragilité physique, infection à CMV et taux d’IL-6
Schmaltz HN et al, JAGS 2005
L’étape de la fragilité physiquep g p y q
Waltson J JAGS 2006
Le parcours de la fragilité globale
Le patrimoine génétiqueLe parcours de vieLe vieillissement Les pathologiesLes pathologiesL’environnement de vie
Les facteurs génétiquesg q
Mais il y a sûrement des gènes liés à laMais il y a sûrement des gènes liés à la fragilité globale et au syndrome physique
I t t d l ét b li– Intervenant dans les processus métaboliques (IGF-1), inflammatoires ou de coagulation
S’ j t t li i d lS’ajoutant aux anomalies acquises de la réplication et de la transcription du
t i i é étipatrimoine génétique
Le parcours de viep
Au travers d’un univers plus ou moins accueillant parAu travers d un univers plus ou moins accueillant par– Ses facteurs agressifs, biochimique ou biophysique– Ses conditions de vie et de travailSes conditions de vie et de travail– Son environnement humain– La qualité de l’alimentation, y compris in utero– Les infections virales, etc…
Que l’on traverse avec ses outils sociaux, psycho-itif t éd tif ti ité h icognitifs et éducatifs, son activité physique ….
Le vieillissement
Processus de compensation dirigé vers laProcessus de compensation, dirigé vers la survie qui porte en lui des facteurs d’inadaptation à d’autres fonctionsd’inadaptation à d’autres fonctions– Isotype « sénile » de la myosine cardiaque
O té d’ d t ti– Ostéoporose comme processus d’adaptation pour s’alléger (Frost HM)
Les pathologies chroniquesp g q
Contributives d’évidence à la fragilité tout en étantContributives d évidence à la fragilité tout en étant distinctes, sans oublier les effets iatrogènes En insistant surEn insistant sur
– Les affections à évolutions démentielles– Les troubles dépressifsp– Les affections responsables de troubles nutritionnels
Avec une interrogation sur nos critères de définition des pathologies
L’environnement de vie dans le grand âgeg
L’institutionL institution Le regard des autres et les interactions avec les autresles autresLa qualité et la disponibilité des systèmes d’aided aideLa qualité de la prise en charge médicaleL di ti d tè d i tLa coordination des systèmes de soins et d’aide
Le parcours de la fragilité globalep g g
Bergman H Gérontol Soc 2005
Quels que soient les modèles ….Q q
Des axes de recherche passionnantsDes axes de recherche passionnants (marqueurs dynamiques)Un concept essentiel pour comprendre les aînés et évaluer leur état de santéPour mieux les soigner, notamment dans les grands défis gériatriques :– Affections psycho-cognitives– Cancers
Modèles séméiologiques desModèles séméiologiques des malades âgés
PRESENTATION SPECIFIQUE
EXPRESSION MONO-SYMPTOMATIQUE– SYMPTOME TYPIQUE – SYMPTOME ATYPIQUE
CASCADE PATHOLOGIQUE SYMPTOMATOLOGIE D’EMPRUNTAUTRES MODELES
– ATTRIBUTIF– EVENEMENT DEMASQUANT
SS OMALADIE A EXPRESSION MONOSYMPTOMATIQUEQ
UN SEUL SIGNE RESUME L’AFFECTION MAIS IL EST CLASSIQUEMAIS IL EST CLASSIQUE
– PERTE DE POIDS ISOLEE : HYPERTHYROIDIE– PRISE DE POIDS ISOLEE : INSUFFISANCE CARDIAQUEPRISE DE POIDS ISOLEE : INSUFFISANCE CARDIAQUE
RISQUE DE PERTE DE SPECIFICITE DURISQUE DE PERTE DE SPECIFICITE DU RAISONNEMENT CLINIQUE
SS OMALADIE A EXPRESSION MONOSYMPTOMATIQUEQ
UN SEUL SIGNE RESUME L’AFFECTION MAIS IL N’EST PAS CLASSIQUEMAIS IL N EST PAS CLASSIQUE
– CHUTE = SEPTICEMIE– VOMISSEMENT = INFARCTUS DU MYOCARDE– ALTERATION DE L ’ETAT GENERAL = INSUFFISANCE
CARDIAQUE
PATHOLOGIE EN CHAINE
FIBRILLATION AURICULAIRETRAITEMENT BRADYCARDISANTMALAISE AVEC CHUTETRAUMATISME CRANIENEPILEPSIE AVEC CHUTEHEMATOME SOUS DURAL
PATHOLOGIE EN CHAINE
ALITEMENT ET ESCARREPHLEBITEEMBOLIE PULMONAIREINSUFFISANCE CARDIAQUE...... DECES ?
SYMPTOMATOLOGIE D’EMPRUNT
LES SYMPTOMES TRADUISENT UNE DEFAILLANCE VISCERALE.... MAIS LA CAUSE N ’EST PAS TOUJOURS UNE PATHOLOGIE DE L’ORGANE DEFAILLANT
C O C ODEFAILLANCE FONCTIONNELLE ET FRAGILITE
PRESENTATION ATYPIQUE
MALADE AGES FRAGILES
MALADES AGES NON FRAGILES
CONFUSION 61 % 32 %
CHUTE 9 % 37 %
GRABATISATION 5 % 5 %GRABATISATION 5 % 5 %
DECLIN DE L’AUTONOMIE
19 % 26 %
DEFAILLANCE VISCERALE CHEZ LEDEFAILLANCE VISCERALE CHEZ LE MALADE AGE
Performancesde l'organe
1
2
Seuil de 33 ?? ?
défaillance
AgeAge
Analyse des performances d'un organe chez un sujet âgé, sous l'effet du vieillissement (1), des pathologies de l'organe (2) et des affections intercurrentes (3), avec ou sans traitement spécifique (?). (J.P. Bouchon 1984)
VIEILLISSEMENT CARDIAQUEFIBROSE MYOCARDIQUEMODIFICATION DES PROPRIETESMODIFICATION DES PROPRIETES DYNAMIQUES DE LA MYOSINE
TROUBLES DE LA RELAXATIONTROUBLES DE LA COMPLIANCETROUBLES DE LA COMPLIANCE
ALTERATION DE LA FONCTION DIASTOLIQUEALTERATION DE LA FONCTION DIASTOLIQUE
+ CARDIOPATHIE HYPERTENSIVEMAJORATION DES TROUBLES DE LA COMPLIANCECOMPLIANCEMAJORATION DES TROUBLES DE LA RELAXATIONRELAXATIONHYPERTROPHIE VENTRICULAIRE GAUCHE
MAJORATION DES TROUBLES DE LA FONCTION DIASTOLIQUE SANSFONCTION DIASTOLIQUE SANS ALTERATION DE LA FONCTION D’EJECTION SYSTOLIQUE
+ « EFFORT »
PAR EXEMPLE PASSAGE EN AC/FAPAR EXEMPLE PASSAGE EN AC/FAPERTE DU REMPLISSAGE ACTIF PAR LA SYSTOLE AURICULAIRESYSTOLE AURICULAIRERACCOURCISSEMENT DE LA DUREE DU REMPLISSAGE PASSIFREMPLISSAGE PASSIFDEFAILLANCE CARDIAQUE CONGESTIVE A FONCTION SYSTOLIQUE PRESERVEE ET FONCTION DIASTOLIQUE PERTURBEE
LE CŒUR N’EST PAS SI MALADE !
INSUFFISANCE CARDIAQUEQ
VIEILLISSEMENT CARDIAQUECARDIOPATHIE ISCHEMIQUE A MINIMAANEMIE AIGUE OU PNEUMOPATHIEANEMIE AIGUE OU PNEUMOPATHIE HYPOXEMIANTE
INSUFFISANCE CORONAIRE
VIEILLISSEMENT CORONAIRESTENOSE MODEREESTENOSE MODEREEANEMIE PAR MYELODYSPLASIE
DEFICIT NEUROLOGIQUEQ
VIEILLISSEMENT CEREBRALSTENOSE CAROTIDIENNE ASYMPTOMATIQUEASYMPTOMATIQUEHYPOGLYCEMIE OU BAS DEBIT
CONFUSION MENTALE
VIEILLISSEMENT CEREBRALMALADIE D’ALZHEIMER TOUT DEBUTANTEHYPONATREMIE OU MEDICAMENT ANTI-HYPONATREMIE OU MEDICAMENT ANTICHOLINERGIQUE OU DEPRESSION OU STRESS DE TOUT TYPESTRESS DE TOUT TYPE
MODELE ATTRIBUTIF
PROBLEME EMERGEANT NON RECONNU
ATTRIBUTION A UN PROBLEME CHRONIQUE
MODELE ATTRIBUTIF
Malade de 82 ans porteur d’une maladieMalade de 82 ans, porteur d une maladie d’Alzheimer connue et traitée depuis 5 ans, admis pour maintien à domicile impossible en raison depour maintien à domicile impossible en raison de l’évolution récente des troubles cognitifsMais une fois :
– l’anémie par saignement chronique d’un ulcère gastrique résoluel’h th ïdi t ité– l’hypothyroïdie traitée
– …
Tout s’arrangeTout s arrange ...
OMODELE DE L’EVENEMENT DEMASQUANTQ
ETAT COMPENSE ETAT DECOMPENSE
MECONNAISSANCE RECONNAISSANCE
EVENEMENTDEMASQUANT
OMODELE DE L’EVENEMENT DEMASQUANTQ
Malade de 82 ans amené en consultation par sa filleMalade de 82 ans amené en consultation par sa fille pour apparition il y a 2 mois de troubles de la mémoire. L’interrogatoire rapporte que le malade vitmémoire. L interrogatoire rapporte que le malade vit chez sa fille depuis son veuvage survenu il y a 3 mois. Dépression de deuil ?L’anamnèse révèle que les troubles « à début brutal » existent depuis plus longtemps et que l’é it l défi it d il’épouse compensait les déficits du mari
CONCLUSIONS
EXAMEN CLINIQUE ++++EXAMEN CLINIQUE ++++RAISONNEMENT PHYSIOPATHOLOGIQUE +++
UNE GERIATRIE EFFICACE ET ECONOME D’EXAMENS COMPLEMENTAIRESD EXAMENS COMPLEMENTAIRES