COMPAGNIE GÉNÉRALE DE POUSSAGE
SUR LES VOIES NAVIGABLES
54, Avenue Marceau (PARIS 8ème)
JK f
PROJET D'INSTALLATION D'UNE DECHARGE CONTROLEE
D'ORDURES MÉNAGÈRES A GAILLON (Eure)
Rapport Géologique
BUREAU DE RECHERCHES GEOLOGIQUES ET MINIERES
74, rue de la Fédération - 75 - Paris 1S« Tel 783-94-00
DIRECTION DU SERVICE GÉOLOGIQUE NATIONAL
Botte postale 818 - 45 - Orléans-La Source - Tel 87-06-60 è 64
Département GEOTECHNIQUE
69 SGL 275 BGA Décembre isas
SOMMAIRE
INTRODUCTION
1 - DONNEES GENERALES
1.1 - Données géologiques 4
1.2 - Données hydrogéologic]ues 5
1.3- Zone de protection des forages de Gaillon 8
2 - DONNEES TECHNIQUES 1 1
2. 1 - Mise en décharge contrôlée 12
2. 2 - Travaux complémentaires 14
3 - CONCLUSION 16
INTRODUCTION
Les problèmes de la collecte et de l'élimination des ordures
ménagères retiennent, en France, de plus en plus l'attention des muni¬
cipalités et des organismes s 'occupant d'hygiène publique.
La région parisienne, avec ses 8 millions d'habitants, pose
des problèmes spéciaux et d'une réelle acuité. En 1964, le tonnage à
traiter s'élevait à 2. 140. 000 tonnes, dont 1. 545. 000 tonnes reçues par
le service d'évacniation du département de la Seine (T. I, R. U. ).
Dans le cadre de la préparation du programme duodécennal
19i>4-1975 d'équipement du District de la Région de Paris, une étude
générale a été faite en 19*fi2-19f>3.
Ce programme a pour objectif l'évacuation de 3 millions de
tonnes de résidus urbains en 1975 dans les meilleures conditions tech¬
niques et économiques, à répartir ainsi entre l'incinération, l'utilisation
agricole et la mise en décharge :
~ Incinération 1. 700. 000 t.
- Utilisation agricole 650.000 t.
- Mise en décharge 650. 000 t.
La mise en décharge contrôlée reste un procédé très
valable ; elle présente même l'avantage de permettre la récupération
de terrains inutilisables et de les valoriser en culture ou de les amé¬
nager en espaces verts, voire en zones industrielles.
2 -
Mais, avec le développement des agglomérations, les terrains
favorables sont de plus en plus rares. C'est pourquoi, en 1968, le
B.R.G.M. adressé, à la demande de M. J. SAIGOT, Président Direc¬
teur Général de la Compagnie générale de poussage sur les voies navi¬
gables (C. G. P. V. N, ) 54, Avenue Marceau PARIS Sème, un inventaire
des vides ou zones susceptibles de servir de décharges dans la vaEée
de la Seine, entre Vernon et Rouen.
Cet inventaire a permis de retenir la zone de Gaillon -
Saint Pierre -la -Garenne comme l'une des plus intéressantes tant
pour sa situation privilégiée que par le volume des vides disponibles
et sa vocation future de zone industrielle.
C'est pourquoi M. SAIGOT a chargé le Bureau de recherches
géologiques et minières (département Géotechnique) d'tme expertise
géologique sur les possibilités de comblement de ballastières sur la
commune de Gaillon par des ordures ménagères.
- 3
1 - DONNEES GENERALES
La plaine de Gaillon, sur la rive gauche de la Seine, en
amont de l'a,gglomération de Gaillon -Aubevoye a été définie comme zone
industrielle portuaire au plan directeur du groupement d'urbanisme de
Gaillon (novembre 1965).
Dans le cadre du plan d'aménagement de la future zone
industrielle, M. I. WIENER, urbaniste chargé de mission auprès du
Ministère de l'Equipement a présenté en Í967 une étude en vue de
concilier l'extraction des matériaux avec les objectifs d'aménagement
â long terme de la zone industrielle.
Le bilan global des remblais après exploitation totale du
secteur s'établit ainsi :
3
- remblais nécessaires 15. 596. 000 m
3
- remblais disponibles sur place 8. 699. 000 m
3
L'apport extérieur serait d'environ 7. 000. 000 de m dont
3
il faudra peut-être déduire 1. 800. 000 m apportés par les services de
3
la navigation de la Seine. Il resterait alors à prévoir 5. 157. 000 m de
remblais.
Le bilan des vides disponibles en 1968 s'élevait seulement
3 3à 2. 800. 000 m , dont 2. 000. 000 de m dans les carrières exploitées
3
par les Ponts et chaussées et 800. 000 m dans les carrières exploitées
par M. GOUERY au lieu dit "la Muette".
4 -
Dams la partie nord-ouest de la zone industrielle, les deux
ballastières exploitées par M. GOUERY au lieu dit le "Val Corbon"
seront conservées comme plans d'eau et joueront le rôle de bassins
3
d'accumulation pour un volume de 2. 600. 000 m .
Quant aux gravières de M. HEROUARD (lieux-dits "le Blanc
Fossé et les Joncs Marins") elles sont actuellement en cours de rem¬
blaiement. Leur comblement par des gravats et des déchets industriels
a été autorisé par M. le Préfet sur avis géologique favorable (rapport
d'expertise établi par M. C. P. NICOLESCO (8 janvier 1966).
Pour ce faire, un appontement de déchargement a été aménagé
sur la rive gauche de la Seine, face aux carrières de Saint- Pierre -la-
Garenne.
C'est pourquoi la C. G. P. V. N. est particulièrement intéres¬
sée au comblement de ces vides, et plus spécialement avix trois ballas¬
tières exploitées par les Ponts et chaussées, service de l'autoroute
Paris - Normandie (cf. M. LOUBEYRE, Ingénieur des Ponts et chaussées
à Evreux). Au total, elles représentent un volume d'environ 2. 000. 000
de m^.
Notre enquête s'est donc portée essentiellement sur ces
carrières et les résultats se trouvent exposés dans ce rapport.
1.1- Données géologiques
La zone intéressée est située à l'Est de Gaillon, sur la
rive gauche de la Seine, dans un méandre fossile. Elle se place sur
la basse terrasse (+ 12 à 15 NGF) de la vallée de la Seine constituée
d'alluvions anciennes (sables et graviers)
Celles-ci reposent sur la craie blanche (Coniacien, Santonien)
que l'on rencontre vers 8 à 10 m de profondeur.
La puissance moyenne des alluvions est de l'ordre de 7 à
8 m. Elle varie de 1 0 m dans la partie centrale de la plaine à moins
de 3 m de l'extrémité est de la plaine et en aval, aïox abords d'Aubevoye.
Ces alluvions sont constituées de matériaux siliceux grossiers
hétérogènes (sables, gravillons, graviers et galets de toutes dimensions)
disposés très souvent en stratifications entrecroisées. Les silex de la
craie y prédominent, mais on y rencontre également des roches cristal¬
lines du Morvan, des meulières, des grès et des poudingues, etc. . . Le
pourcentage d'argile est toujours faible (1 à 2 %) ; celui des sables de
diamètre 0, 1 à 5 mm varie de 25 à 50 %.
A leur base, et au contact du substratvun crayeux, on
rencontre une assise de sables plus ou moins crayeux, au niveau des¬
quels s'arrêtent en général les exploitations. L'épaisseur de cette
formation ne dépasse guère 1 à 2 m.
La craie sous-jacente est blanche, grenue, friable et rela¬
tivement tendre. Elle a un faciès monotone avec de nombreux et sou¬
vent volumineux silex.
1. 2 - Données hydrogéologiques
La seule nappe existante est renfermée dans la craie. C'est
elle seule qui peut alimenter les industries et les réseaux d'adduction
d'eau potable.
- 6 -
En fond de vallée, et lorsque la nappe est au repos, son
niveau piézométrique se stabilise dans les alluvions quaternaires.
La craie par elle-même n'est pas une roche perméable ;
sa porosité propre est très faible, mais elle possède une porosité
secondaire de fissuration due à de nombreuses diaclases et joints
de stratification. L'épaisseur utile de la nappe n'est pas connue avec
précision.
Le bassin d'alimentation de la nappe dans la région de
Gaillon correspond au bassin de la Seine. La surface piézométrique
indique un écoulement de la nappe des coteaux vers la vallée et un
drainage très marqué par la Seine (direction Sud-Est - Nord-Ouest).
La nappe de la craie alimente donc le fleuve en période
normale ; par contre, en période de crue, la Seine peut partiellement
réalimenter la nappe à travers les alluvions.
La cote moyenne piézométrique de la nappe, entre Gaillon,
Saint-Pierre-la~Garenne et la Seine est de + 10 NGF.
Des pompages expérimentaux ont été effectués en novembre
1966 par le B. R. G. M. sur les forages de Gaillon n* 4 et Saint -Aubin-
sur -Gaillon, au lieu dit "les Carreaux".
Les ouvrages sont situés à 330 m l'un de l'autre et atteignent
les profondeurs respectives de 35, 50 m et 29, 40 m (avec crépinage
à partir de 16, 50 m).
Des piézomètres ont été placés sur une ligne droite passant
par les 2 puits d'essai.
Ils ont permis de retenir les valeurs suivantes pour les ca¬
ractéristiques hydrogéologiques du réservoir :V
Débit spécifique
Transmis sivité
Coefficient d'emmagasine¬
ment
Rayon d'influence après
24 h de pompage
Puits de St -Aubin
47 m /h/m
225 à 25r- m^/h
4 à 7 %
400 à 700 m
Puits de Gaillon
3
21 m /h/m
1 1 0 à 1 75 m^/h
0,5 %
200 m
La zone d'essai est donc très hétérogène, ce qui est dû
aux différences de fissuration de la craie. Les valeurs de transmissi¬
vitês sont situées nettement au-dessus des valeurs moyennes de la
craie ; elles semblent augmenter encore vers la Seine.
La Compagnie générale des eaux, chargée d'évaluer les
besoins en eau potable des différents secteurs du groupement d'urba¬
nisme de Gaillon estime que la consommation journalière en 1980 at¬
teindra les chiffres suivants :
Zone urbaine Gaillon-Aubevoye 18. 000 m"
Zone industrielle
soit :
7. 000 m
25. 000 mVjour
Les ressources actuelles qui pourraient être intégrées
dans le plan d'alimentation de Gaillon - Aubevoye zone industrielle
sont d'environ 5.
supplémentaires.
3 3sont d'environ 5. 000 m /j. Il restait donc à trouver 20. 000 m /j
Tel a été l'objet de l'étude et du rapport de M. BASSOMPIERRÊ
géologue officiel (27/2/1968) qui a proposé un programme de forages ainsi
que les mesures propres à préserver la qualité des eaux souterraines.
Le projet comportera 5 nouveavix forages (n"* 3 à 7, cf. fig. n° 1), grou¬
pés à proximité des deux forages existants (n" 1 et 2). Ils seront espa-
3
ces de 300 m environ, profonds de 35 m et exploités à environ 150 m /h.
Hormis ses ressources hydrologiques, la plaine alluviale
entre le Goulet et Aubevoye fait l'objet d'autres et multiples convoi¬
tises : exploitation de sables et graviers, urbanisme et aménagement
de zones industrielles, réemploi des ballastières épuisées comme dé¬
charges d'ordures ménagères ou de déchets industriels, etc. . .
M. BASSOMPIERRE, conscient de ce problème, a recherché
une solution qui satisfasse autant que possible les différents intérêts
en jeu.
1.3- Zone de protection des forages de Gaillon
Nous nous bornerons ici à reprendre les termes mêmes du
rapport de M. BASSOMPIERRE :
" A mon avis, cette solution de compromis, qui consiste à
implanter des forages destinés à la fourniture d'eau potable, dans une
plaine alluviale exploitée pour le gravier et prévue pour la création d'une
zone industrielle, n'est acceptable que si des mesures de protection
sévères sont prises et appliquées".
" Je propose les périmètres de protection et les servitudes
suivantes " : (cf. fig. n" 1).
. C A . * . - ^ w - >**•/*: " T r u u . w i i o r i , < * , - • • /•
i-X Ni'^ Ä S I - .*• ** • ^ . A l l . . y> l f Ùiî* J>%>
LEGENDEC.5 .S .
iê (7. .
ä7^^ü:*. M
ro
Courbe ¡:
d'e
ÏJ
•^ i
• - i ' ' ? \ \ ' S•pi
f/g n*l R E G I O N de u A l L L O N _ . Plan de s ¡tua h on 1/25^00
A - Zone de protection immédiate
Chaque forage est inclus au milieu d'un carré de 40 m de
côté entouré d'une clôture efficace.
B - Zone de protection rapprochée
a) A l'intérieur d'un cercle de 60 m de rayon autour de
chaque forage, le terrain sera déclaré zone non aedificandi. Aucune
fouille et aucun dépôt sur sol non étanche ne devront être faits.
b) Dans la zone figurée en orange sur le plan : interdiction
de creuser de nouveaux puits et d'exploiter des carrières. Rejet dans
le sous -sol de quelque substance que ce soit formellement interdit.
C - Zone de protection éloignée
a) Dans cette zone, figurée en vert sur le plan, l'exploita¬
tion du gravier sera possible, mais soumise à un contrôle de iDanière
à ce que le fond des feuilles reste hors d'eau. Rejet dans les excava¬
tions de tous déchets interdit.
b) Dans cette zone, figurée en jaune, les seules restrictions
concernent le remblai des excavations après extraction du gravier".
" Dans les excavations en eau, soit en temps normal, soit
durant les périodes de fortes crues, interdiction de remblayer si ce
n'est avec des matériaxix inertes et après autorisation ".
" Dans les fouilles hors d'eau, déchargesd'ordures ménagères
possibles à condition d'être exploitées en décharges contrôlées. Rejet
de déchets industriels pouvant être autorisé à condition qu'ils ne soient
pas susceptibles de polluer les eaux souterraines, donc à l'exclusion de
tous liquides ou de solides solubles fermentescibles ou pouvant donner
des produits solubles après oxydation".
10
Avertie de ce délicat problème et soucieuse de ne pas conta¬
miner les eavix souterraines utiles à l'alimentation de l'homme, la
C. G. P. V. N. est tout à fait disposée à se soumettre à ces servitudes
et à respecter toute réglementation administrative.
C'est pourquoi elle renonce dès à présent à son projet de
remblayer les carrières des Ponts et chaussées, situées au lieu dit
"la Garenne". Ces fouilles sont en effet partiellement en eau et à
l'intérieur du périmètre de protection éloigné a, défini par M.
BASSOMPIERRE. Il devrait en être de même pour la carrière exploi¬
tée par M. HEBDUARD au lieu dit "les Joncs Marins" et qui n'est dis¬
tante que de 875 m environ des deux forages cités plus haut.
Compte tenu de ces servitudes, la C. G. P. V. N. limite donc
pour l'instant son projet au remblaiement de la ballastière appartenant
à M. GOUERY et exploitée par les Ponts et chaussées, au lieu dit
"la Muette". Pour ce faire, elle propose l'installation en ce lieu
d'une décharge contrôlée expérimentale d'ordures ménagères, dont
nous donnons ci -après les détails techniques.
11
2 - DONNEES TECHNIQUES
La ballastière objet de cette étude est située sur le territoire
de la commune de Gaillon, lieu dit "la Muette". Elle est limitée et
desservie à l'Est par le chemin vicinal n° 11 d'Emainville à St-Pierre-
la-Garenne et au Nord par la voie ferrée Paris -Le Havre. Elle couvre
une superficie d'environ 12 ha et l'altitude du terrain naturel avant
extraction des matériaux était d'environ -1-16 NGF. Après extraction des
matériaux alluvionnaires, la cote actuelle du terrain (fonds de gisement)
est de -h 1 0 NGF en moyenne, selon le plan fourni par M. LOUBEYRE
(cf. Fig. n" 2).
Le front de taille, d'une hauteur de 6 à 7 m environ, montre
un mélange de galets et graviers (60 %) et de sables (40 %).
La capacité de réception de cette carrière est en première
3
approximation de 800. 000 m .
L'exploitation n'a véritablement touché le substratum crayeux
qu'en certains points particuliers, plus spécialement dans l'angle nord-
ouest de la carrière.
Lors de notre visite (octobre 1968), la carrière était en
totalité hors d'eau. Toutefois, il nous a été précisé qu'elle pouvait
être inondée, du moins partiellement, lors des périodes de crues de
la Seine, la hauteur d'eau atteignant alors 0, 50 m environ. La courbe
-I- 9 NGF est particulièrement significative, car elle correspond à la
fois au sommet du substratum crayeux et à la cote moyenne de la nappe
phréatique dans ce secteur.
\
Pig.n ¿
Plan cofé de la carrière
Échelle. •• i/-2. Ooo
i l u a u
LA MUETTE
" • ' 3
12 -
Normalement la nappe est haute au printemps et basse en
automne. L'amplitude des fluctuations piézométriques de la nappe est
de l'ordre de 1, 50 m. Il conviendra donc, avant épandage des ordures,
de niveler et de remblayer le fond de la carrière sur 0, 50 à 1 m de
hauteur suivant les endroits, afin de se mettre partout hors d'atteinte
des hautes eaux, soit aux environs de la cote -f- 1 0, 5 NGF.
2. 1 - Mise en décharge contrôlée - Mode d'exécution des travaux
A la lumière de ces données, le comblement de cette ballas¬
tière par des ordures ménagères ne paraît pas devoir constituer un
danger évident de contamination pour les réserves souterraines d'eau
potable de la région.
La Société C. G. P. V. N. espère mettre en décharge 200. 000
à 300. 000 m /an d'ordures ménagères classiques, telles qu'elles sont
définies dans l'arrêté ministériel du 14 avril 1962 (Journal Officiel du
2 mai 19Î!2, 94ème année, n" 104).
Dans le but de pouvoir contrôler le mécanisme et le chimisme
des eaux de percolation, nous proposons l'installation d'une décharge
contrôlée d'un type expérimental.
Ceci reviendra à y faire appliquer les principes et respecter
les prescriptions de la réglementation en vigueur sur les "décharges
contrôlées d'ordures ménagères" (voir circulaire interministérielle
du 14 avril 1962, J. O. du 2 mai 1962).
Les règles à observer avant et pendant la mise en décharge
contrôlée seront les suivantes :
- 13 -
a) L'ensemble de la carrière sera nivelé et remblayé dans
ses parties les plus creuses par de la terre ou du sable, de manière à
se mettre en tous points hors d'atteinte des eaux de la nappe. La cote
finale â atteindre après nivellement sera de -I- 1 0, 5 NGF.
Les alluvions, par les assises ou lentilles sableuses qu'elles
présentent, auront un rôle de filtre stérilisateur et constitueront sur
fond sec un excellent sous -sol pour les décharges.
La contamination ne s'étend en général qu'à une distance
très faible à l'aval des décharges contrôlées normalement conduites.
A titre d'exemple on peut citer la décharge contrôlée d'Isles
Armentières, dans la vallée de la Marne, et située à l'amont d'un cap-
tage communal, lequel ne s'est jamais montré contaminé.
De même, près des Mureatix, des expériences précises
ont été entreprises par M. M. PARTRIDGE et GUILLERD, vers 1937,
sur une décharge contrôlée expérimentale. Les conditions géologiques
et hydrogéologiques y étaient tout à fait semblables à celles de Gaillon
(sables et graviers alluvionnaires surmontant la craie ; écoulement de
la nappe vers la Seine). La pollution chimique de la nappe a été étudiée
au moyen de puits instantanés battus à l'amont et à l'aval de la décharge.
Les résultats ont été particulièrement probants : "A cinq mètres du
dépôt, la souillure chimique était manifeste, mais très atténuée à 50
mètres, elle disparaissait à 1 00 mètres. A cette distance, l'amoniaque
avait disparu et la nitrification devenait intense. La même expérience
avait mis en vue l'absence de germes pathogènes".
A titre expérimental, nous préconiserons le même type de
contrôle pour la décharge de Gaillon.
- 14 -
b) Les ordures seront mises en décharges par couches
successives d'épaisseur modérée (2 m à 2, 50 m maximunn), bien nive¬
lées et limitées par des talus réglés, dont la pente optimum est de 30°
(une nouvelle couche n'étant déposée que lorsque la température de la
couche précédente s'est abaissée à la température du sol naturel). Le
dépôt devra être compact, mais sans excès, ne pas comporter de vides
nombreux ou importants ou en particulier de vides formant cheminées.
Le passage répété des camions et engins mécaniques effectuera un
tassement suffisant du dépôt.
c) Le dépôt (y compris les talus) sera, dans un délai de
72 heures et mieux le jour même, recouvert de terre ou de matériaux
convenables (sable) appelés couverture, qui aura 20 cm d'épaisseur
environ.
La couche de couverture finale, con-iposée de terre et de sables
devra atteindre 30 à 50 cm d'épaisseur après tassement.
L'expérience montre que si ces précautions sont correctement
prises, les inconvénients et les dangers de la décharge brute sont consi¬
dérablement réduits. La circulation de l'air et la fermentation aérobie
des ordures pourront s'effectuer normalement et détruiront rapiden-ient
les germes pathogènes, d'ailleurs normalement peu nombreux dans les
ordures ménagères.
Le risque de contamination des eaux souterraines sera réduit
car on se trouve à distance raisonnable des captages d'eau potable à
l'amont desquels le périmètre de protection est respecté.
2. 2 - Travaux complémentaires
Malgré ces dispositions et l'application des mesures de
protection, tout risque de pollution des eaux n'est pas totalement exclu.
15 -
C'est pourquoi nous préconisons l'emploi de moyens complé-
nientaires de contrôle de la nappe phréatique. Cela reviendra à installer
une décharge contrôlée expérimentale, du type de celle des Mureaux dont
nous avons parlé plus haut.
La pollution éventuelle de la nappe sera étudiée et contrôlée
au moyen de puits forés à l'aval de la décharge. Pour ce faire, on
limitera provisoirement le dépôt des ordures ménagères à l'angle sud
de la carrière, zone la plus éloignée des captages actuels.
Préalablement à tout dépôt, deux puits seront exécutés en
fond de carrière, l'un (S ) approximativement au centre de la carrière
et l'autre (S ) dans l'angle opposé à la décharge, soit au Nord (cf. fig,
n° 2). Ils seront ainsi alignés suivant le sens présximé de l'écoulement
de la nappe. Ces deux puits devront être équipés d'un matériel permet¬
tant des essais de pompage et des prélèvements d'eaux.
Une analyse chimique et bactériologique sera effectuée avant
la mise en décharge et servira d'analyse -témoin.
Ensuite, au fur et à mesure de la mise en décharge, on pro¬
cédera périodiquement à des essais de pompage et à des prises d'échan¬
tillons d'eau. Les analyses chimiques et bactériologiques de ces eaux
seront confiées à un laboratoire spécialisé et agréé.
Un tel procédé expérimental présentera en effet un double
avantage : d'abord mieux connaître les qualités filtrantes du sous -sol et
valoriser la technique de la décharge contrôlée, mais surtout vérifier
régulièrement la qualité des eaux et arrêter ou éliminer les causes
d'une pollution éventuelle.
16
3 - CONCLUSION
De même que la ballastière de M, HEROUARD (lieu dit
"le Blanc Fossé") sert déjà de décharge de déchets industriels et n'a
pas causé, à notre connaissance, du moins jusqu'à présent, de préju¬
dices graves aux réserves et exploitations d'eau potable, le projet de
dépôt contrôlé d'ordures ménagères mis en place dans la ballastière
de M. GOUERY, située à proximité immédiate (lieu dit "La Muette")
ne devrait pas présenter de danger de contamination.
La mise en oeuvre de moyens exceptionnels de protection
et de contrôle offrira une garantie supplémentaire pour la qualité et
les réserves d'eaux potables utilisées dans la région.
Enfin, ce projet aura l'avantage de remettre en état et de
revaloriser des terrains à vocation industrielle et actuellement impro¬
pres à toute utilisation.
ORLEANS le 1er décembre 1969
M. BARRES
Ingénieur -géologue au B. R. G. M.