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Submitted on 11 Jul 2014

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Conception de multicapteurs à courants de Foucault etinversion des signaux associés pour le contrÎle non

destructifCyril Ravat

To cite this version:Cyril Ravat. Conception de multicapteurs à courants de Foucault et inversion des signaux associéspour le contrÎle non destructif. Instrumentations et Détecteurs [physics.ins-det]. Université Paris Sud- Paris XI, 2008. Français. tel-01022823

No d’ordre

THÈSE

présentée pour obtenir

Le GRADE de DOCTEUR EN SCIENCESDE L’UNIVERSITÉ PARIS-SUD 11

par

Cyril RAVAT

SpĂ©cialitĂ© : PhysiqueÉcole Doctorale « Sciences et Technologies de l’Information

des Télécommunications et des SystÚmes »

Sujet :

Conception de multicapteurs à courants de Foucaultet inversion des signaux associéspour le contrÎle non destructif

ThÚse soutenue le 15 décembre 2008 devant les membres du jury :

Mme Danielle Nuzillard Présidente du jury

M. Jean-Marc Decitre Invité

M. Mouloud Feliachi Rapporteur

M. Pierre-Yves Joubert Examinateur

M. Yann Le Bihan Examinateur

M. Jean-Yves Le Huerou Rapporteur

M. Claude Marchand Directeur de thĂšse

Remerciements

Le travail prĂ©sentĂ© dans ce document a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© au sein de deux laboratoires du sud de l’Île deFrance, le Laboratoire de GĂ©nie Électrique de Paris (LGEP) et le laboratoire SystĂšmes et Applicationsdes Technologies de l’Information et de l’Énergie (SATIE). Je remercie MM. Alain Kreisler et FrĂ©dĂ©-ric Bouillault, directeurs successifs du LGEP et MM. Sylvain Allano et Pascal Larzabal, directeurssuccessifs du SATIE pour m’avoir accueilli dans leur laboratoire.

Je remercie particuliĂšrement MM. Pierre-Yves Joubert et Yann Le Bihan pour m’avoir proposĂ© cesujet intĂ©ressant et encadrĂ© dans ces travaux, pour leurs conseils souvent pour ne pas dire toujoursavisĂ©s. Mes remerciements s’adressent aussi Ă  M. Claude Marchand pour sa direction clairvoyante etses remarques toujours utiles. Je suis trĂšs reconnaissant pour le temps que vous avez passĂ© tous lestrois Ă  me faire avancer dans ce projet.

Je remercie Mme Danielle Nuzillard, Professeur des UniversitĂ©s Ă  l’UniversitĂ© de Reims pour avoirprĂ©sidĂ© le jury de soutenance et pour les corrections qu’elle a apportĂ©es Ă  ce mĂ©moire.

Je remercie M. Jean-Yves Le Huerou, Professeur des UniversitĂ©s Ă  l’UniversitĂ© de Cergy-Pontoiseet M. Mouloud Feliachi, Professeur des UniversitĂ©s Ă  l’Institut Universitaire de Technologie de Saint-Nazaire pour avoir acceptĂ© d’évaluer mon travail en tant que rapporteurs.

Je souhaite aussi signifier toute ma plus grande reconnaissance Ă  Mlle Marion Woytasik, MaĂźtrede ConfĂ©rence Ă  l’Institut Universitaire de Technologie d’Orsay, pour les capteurs que j’ai utilisĂ©smais surtout pour toutes les discussions, conseils, articles, retours en RER et pour les Doctoriales.Je remercie aussi Mme Élisabeth Dufour-Gergam, Professeur des UniversitĂ© Ă  l’UniversitĂ© Paris-Sud,pour avoir permis cette collaboration fructueuse avec l’Institut d’Électronique Fondamentale.

Je remercie trĂšs chaleureusement l’ensemble des personnes qui m’ont croisĂ© pendant ces troisannĂ©es, et avant tout les compagnons d’infortune : Yohan, LĂ©a, Vincent, Belkacem, Yahya, Alejandro,Nicolas, JĂ©rĂ©my, Romain, Zatar, Hala, LĂ©na, et ceux que j’oublie. L’ensemble de l’équipe pĂ©dagogiqueĂ  l’Institut Universitaire de Technologie de Cachan oĂč j’ai effectuĂ© mon monitorat, et plus parti-culiĂšrement Christophe, Florence, Fabien, Yves, Anthony, Antony, Demba, RenĂ© mais aussi tous ceuxque j’oublie ici aussi, a Ă©tĂ© d’une grande aide et d’une extrĂȘme sympathie, particuliĂšrement dans lesmoments oĂč le travail de thĂšse Ă©tait plus incertain. Je me suis senti trĂšs favorisĂ© par les excellentesconditions de travail et cette expĂ©rience m’a confirmĂ© que mon avenir professionnel se trouve dansl’enseignement.

Avant de conclure, je souhaite remercier de façon anonyme les initiateurs des outils que j’ai utilisĂ©savec abondance : Mark Shuttleworth, Leslie Lamport et Mitchell Baker sont entre beaucoup d’autresdes personnalitĂ©s importantes qui font l’informatique d’aujourd’hui et de demain.

Le dernier remerciement est pour quelqu’un qui le mĂ©rite cent fois, au moins pour mon caractĂšrequi s’est peu Ă  peu dĂ©tĂ©riorĂ© entre mai et dĂ©cembre 2008, pour l’étĂ© peu trĂ©pidant que je lui ai faitpasser et pour ma faible disponibilitĂ© depuis la rentrĂ©e scolaire. Merci Ă  toi AmĂ©lie pour le soutien quetu m’as apportĂ©, et ce jusqu’à ce sacrĂ© week-end avant la soutenance. Merci de supporter avec autantde courage mon perfectionnisme maladif. Je te promets que l’on se rattrapera l’étĂ© prochain et tousles suivants...

ii

Abréviations

ACP Analyse en composantes principales

CF Courants de Foucault

CI Circuit imprimé

CND ContrĂŽle non destructif

COR Caractéristique opérationnelle de résultat

DC DĂ©tection correcte

DSP Densité spectrale de puissance

ED Erreur de détection

EMCO Estimateur des moindres carrés ordinaires

FA Fausse alarme

NC Non détection correcte

PDC Probabilité de détection correcte

PFA Probabilité de fausse alarme

RSB Rapport signal sur bruit

TF Transformée de Fourier

TFD Transformée de Fourier discrÚte

AR CritÚre « aire du rectangle inscrit »

ASC CritÚre « aire sous la courbe »

DA CritÚre « distance au point antagoniste »

DO CritÚre « distance au point optimal »

MA CritÚre « moyenne des probabilités de DC et de NC »

MO CritĂšre « moyenne des probabilitĂ©s d’ED et de FA »

iii

Table des matiĂšres

Abréviations iii

Introduction générale 1

1 Contexte du contrÎle non destructif et des sondes multiéléments 51.1 Le contrÎle non destructif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

1.1.1 Les objectifs du CND . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51.1.2 Les différentes techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

1.2 Les types de sondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91.2.1 Les sondes, les émetteurs et les récepteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101.2.2 Les sondes à fonction double ou à fonctions séparées . . . . . . . . . . . . . . . 101.2.3 Les sondes à mesure absolue ou différentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

1.3 Le CND par courants de Foucault . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111.3.1 Le principe du CND par CF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111.3.2 Les avantages du CND par CF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141.3.3 Les inconvénients du CND par CF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

1.4 Les capteurs magnétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151.4.1 Les capteurs inductifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151.4.2 Les GMI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161.4.3 Les GMR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161.4.4 Les fluxgates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

1.5 Les principaux avantages et inconvénients des microbobines . . . . . . . . . . . . . . . 18

2 Mise en Ɠuvre expĂ©rimentale 212.1 Pourquoi des sondes multiĂ©lĂ©ments ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

2.1.1 Augmenter la rapiditĂ© . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212.1.2 RĂ©duire l’influence des paramĂštres perturbateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . 222.1.3 AcquĂ©rir davantage d’informations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

2.2 Les deux technologies de microbobines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222.2.1 Les microbobines sur circuit imprimé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232.2.2 Les microbobines micromoulées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262.2.3 Comparaison des deux technologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

2.3 Le matĂ©riel utilisĂ© . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302.3.1 L’impĂ©dancemĂštre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312.3.2 Le bras robotisĂ© . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332.3.3 Le contrĂŽleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

2.4 L’échantillon de test . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342.5 Les stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

2.5.1 La stratégie à mesure absolue « E/R » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352.5.2 La stratégie émission-réception « ER » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 362.5.3 La stratégie à mesure différentielle « RER » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

v

vi TABLE DES MATIÈRES

2.5.4 La stratĂ©gie Ă  Ă©mission additive « ERE+ » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 362.5.5 La stratĂ©gie Ă  Ă©mission diffĂ©rentielle « ERE− » . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

3 Signaux et prétraitements 373.1 Les représentations des signaux CF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

3.1.1 Une premiĂšre reprĂ©sentation : le C-scan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373.1.2 Une deuxiĂšme reprĂ©sentation : la signature complexe . . . . . . . . . . . . . . . 433.1.3 Une (presque-)troisiĂšme reprĂ©sentation : l’amplitude principale . . . . . . . . . 44

3.2 L’orientation des dĂ©fauts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 483.2.1 Les diffĂ©rentes orientations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 483.2.2 La combinaison d’images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

3.3 D’autres prĂ©traitements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 503.4 La dĂ©cimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

3.4.1 Pourquoi la décimation ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523.4.2 Le critÚre de Nyquist-Shannon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523.4.3 Le problÚme du positionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

3.5 Le surĂ©chantillonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 553.5.1 L’interpolation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 563.5.2 Influence du facteur de dĂ©cimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 573.5.3 Influence du facteur de surĂ©chantillonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

3.6 Le rapport signal sur bruit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 583.6.1 Pourquoi quantifier la qualitĂ© d’un signal ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 593.6.2 Le calcul du rapport signal sur bruit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 593.6.3 Comparaison des conditions de mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 603.6.4 Influence de l’orientation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 613.6.5 Influence de la dĂ©cimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

3.7 SynthÚse des traitements effectués et des résultats obtenus . . . . . . . . . . . . . . . . 63

4 DĂ©tection 654.1 L’algorithme de dĂ©tection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

4.1.1 Qu’est-ce qu’une dĂ©tection ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 664.1.2 Un premier algorithme : le seuillage simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 674.1.3 Un deuxiĂšme algorithme : le seuillage moyennĂ© . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

4.2 Les caractĂ©ristiques opĂ©rationnelles de rĂ©ception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 694.2.1 La sensibilitĂ© et la spĂ©cificitĂ© . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 694.2.2 L’espace des COR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 714.2.3 Les critĂšres de qualitĂ© . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 714.2.4 Prise en compte du coĂ»t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 754.2.5 Conclusion sur la comparaison des courbes COR . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

4.3 Les performances de dĂ©tection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 784.3.1 Comparaison des technologies de microbobines . . . . . . . . . . . . . . . . . . 784.3.2 Comparaison des stratĂ©gies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 784.3.3 Influence du pas d’échantillonnage spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 804.3.4 Influence de l’orientation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 814.3.5 SynthĂšse des rĂ©sultats et conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

5 Inversion des signaux, caractĂ©risation des dĂ©fauts 875.1 Les difficultĂ©s de l’inversion d’image . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

5.1.1 Les problĂšmes « mal posĂ©s » et la rĂ©gularisation . . . . . . . . . . . . . . . . . 885.1.2 Une solution : l’inversion paramĂ©trique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

5.2 Les mĂ©thodes d’inversion paramĂ©trique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 895.2.1 L’inversion itĂ©rative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

TABLE DES MATIÈRES vii

5.2.2 L’inversion directe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 905.2.3 Le choix entre les mĂ©thodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

5.3 La paramétrisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 915.3.1 Le but de la paramétrisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 915.3.2 Les paramÚtres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

5.4 L’inversion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 935.4.1 Les caractĂ©ristiques Ă  estimer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 935.4.2 SĂ©lection des paramĂštres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 945.4.3 Estimation de l’orientation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 985.4.4 Estimation de la profondeur et de la longueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 995.4.5 Utilisation d’informations a priori . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1025.4.6 Le schĂ©ma global de l’algorithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1045.4.7 RĂ©glage des coefficients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

5.5 Erreurs d’estimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1065.5.1 Les mĂ©thodes pour quantifier la qualitĂ© de l’inversion . . . . . . . . . . . . . . . 1065.5.2 Erreur de classification de l’orientation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1065.5.3 Erreur d’estimation des dimensions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107

Conclusion générale 111

Bibliographie 121

Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages,mais à avoir de nouveaux yeux.

Marcel Proust

Une civilisation sans la Science, ce serait aussi absurde qu’un poisson sans bicyclette.

Pierre Desproges

Introduction générale

Le travail prĂ©sentĂ© dans ce document a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© au sein de deux laboratoires du sud de l’Île deFrance, le Laboratoire de GĂ©nie Électrique de Paris (LGEP) et le laboratoire SystĂšmes et Applicationsdes Technologies de l’Information et de l’Énergie (SATIE), respectivement dans les Ă©quipes ContrĂŽle,Commande, Diagnostic (CoCoDi) et Traitements d’Information et Multicapteurs (TIM). Ce travails’inscrit dans le cadre du pĂŽle SPEE Labs (Sud de Paris Énergie Électrique), nĂ© en fĂ©vrier 2005 durapprochement du LGEP, du SATIE, du Laboratoire des Technologies Nouvelles (LTN, INRETS) etdu DĂ©partement « Électrotechnique et SystĂšmes d’Énergie » de SupĂ©lec.

L’étude porte sur la conception et l’utilisation de nouvelles structures de sondes Ă  courants deFoucault (CF) pour le contrĂŽle non destructif (CND). Une mĂ©thodologie a Ă©tĂ© Ă©tablie afin de mettreau point des structures multiĂ©lĂ©ments et de comparer leurs performances dans le cadre de la recherchede fissures submillimĂ©triques dĂ©bouchantes. Des algorithmes originaux de dĂ©tection et d’inversion ontĂ©tĂ© conçus et mis en Ɠuvre afin d’utiliser la structure la plus efficace, de quantifier la qualitĂ© dedĂ©tection des fissures et d’estimer les caractĂ©ristiques gĂ©omĂ©triques de ces dĂ©fauts.

Les processus industriels et les piĂšces fabriquĂ©es sont devenus de plus en plus complexes tout au longdu siĂšcle dernier. Le CND, derniĂšre Ă©tape du processus industriel, vise Ă  contrĂŽler sans endommager laqualitĂ© des piĂšces, en particulier mĂ©canique. Le CND est devenu une nĂ©cessitĂ© industrielle, la dĂ©faillancede ces piĂšces pouvant entraĂźner des consĂ©quences plus ou moins importantes. Par exemple, dans lesdomaines aĂ©ronautique et nuclĂ©aire, ces consĂ©quences s’expriment souvent en termes de sĂ©curitĂ© despersonnes ou de dĂ©gĂąts environnementaux. L’enjeu du CND est aussi d’ordre Ă©conomique : la rapiditĂ©et la fiabilitĂ© des techniques employĂ©es sont capitales pour la rĂ©duction des coĂ»ts de maintenance etl’optimisation de la durĂ©e de vie des installations.

La recherche de dĂ©fauts peut ĂȘtre opĂ©rĂ©e soit lors de la fabrication des piĂšces, soit lors de leurmaintenance en cours de vie. Dans le premier cas, il s’agit souvent de dĂ©tecter les problĂšmes et detrier les piĂšces dĂ©fectueuses en vue d’une Ă©ventuelle Ă©limination ou d’un ajustement. Dans le secondcas, il est prĂ©fĂ©rable de prĂ©ciser la nature et les dimensions des dĂ©fauts, dans le but de dĂ©terminer sila piĂšce peut ĂȘtre remise en service ou non. Dans les deux cas, l’inspection des dĂ©fauts doit ĂȘtre fiable,reproductible, relativement rapide et avec un coĂ»t aussi faible que possible.

La technique des courants de Foucault (CF) est largement utilisĂ©e dans le domaine du CND, dĂšslors qu’il s’agit de matĂ©riaux Ă©lectriquement conducteurs. Elle reprĂ©sente par exemple la moitiĂ© descontrĂŽles dans le domaine de l’aĂ©ronautique. Cette mĂ©thode est en effet sensible Ă  des dĂ©fauts dansl’état gĂ©omĂ©trique ou Ă©lectromagnĂ©tique d’une piĂšce, comme des inclusions, des fissures ou les effetsde la corrosion. De plus, elle est aisĂ©e Ă  mettre en Ɠuvre, robuste dans le cadre des applicationsindustrielles et relativement peu coĂ»teuse. Cependant, le besoin grandissant de fiabilitĂ© et de rapiditĂ©pour les opĂ©rations d’inspection requiert le dĂ©veloppement de nouveaux systĂšmes de contrĂŽle.

Dans ce contexte, des systĂšmes d’imagerie par courants de Foucault ont Ă©tĂ© rĂ©cemment dĂ©veloppĂ©safin de produire des images CF obtenues par des procĂ©dures de balayage mĂ©canique rĂ©duites et prĂ©-

1

2 INTRODUCTION GÉNÉRALE

sentant malgrĂ© cela de bonnes performances en termes de caractĂ©risation des dĂ©fauts. Leur principeest basĂ© sur l’utilisation simultanĂ©e d’un large Ă©metteur CF pour exciter la structure Ă  contrĂŽler etd’un systĂšme d’acquisition pour mesurer le champ magnĂ©tique de rĂ©action Ă  la surface de la structure.Le systĂšme d’acquisition est conçu spĂ©cifiquement pour fournir une haute sensibilitĂ© et/ou rĂ©solutionspatiale, afin que les dĂ©fauts puissent ĂȘtre efficacement caractĂ©risĂ©s.

Par exemple, un systĂšme imageur magnĂ©to-optique CF a Ă©tĂ© dĂ©crit dans [JP06]. Cet appareil utiliseun grenat magnĂ©to-optique linĂ©aire au sein d’un montage optique dĂ©diĂ© Ă  la mesure de la distributionspatiale 2-D de la densitĂ© de flux magnĂ©tique. Les images CF obtenues offrent une haute rĂ©solutionspatiale (100 × 100 ”m2) sur une large surface d’inspection (disque de diamĂštre 60 mm) pour uneposition donnĂ©e de l’imageur.

D’autres imageurs CF matriciels utilisant des multicapteurs Ă  haute sensibilitĂ© comme les magnĂ©to-rĂ©sistances gĂ©antes ont aussi Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s. Ces appareils permettent d’obtenir des images CF avec unehaute sensibilitĂ©[PLHDB04] ou une haute rĂ©solution[VGPD+06], tout en rĂ©duisant les procĂ©dures debalayage mĂ©canique, particuliĂšrement coĂ»teuses en temps. En effet, l’utilisation de matrices de capteurspermet de rĂ©aliser plusieurs mesures adjacentes de façon quasi-simultanĂ©e, et donc d’augmenter larapiditĂ© de mesure. La fiabilitĂ© et la reproductibilitĂ© peuvent aussi ĂȘtre aussi augmentĂ©es par desacquisitions redondantes ou multivues.

Ces techniques utilisent cependant un inducteur de grandes dimensions pour l’excitation d’une largezone, ce qui prĂ©sente un certain nombre d’inconvĂ©nients (uniformitĂ© des courants induits, consomma-tion Ă©lectrique, taille, effets de bord...). Au contraire de ces sondes Ă  capteurs magnĂ©tiques, l’utilisationde microbobines en tant qu’élĂ©ments de sonde permet Ă  chaque Ă©lĂ©ment de jouer le double rĂŽle d’émet-teur et/ou de rĂ©cepteur. Il devient alors possible de supprimer l’inducteur et d’élaborer diffĂ©rentesstratĂ©gies opĂ©ratoires d’émission-rĂ©ception afin d’enrichir les donnĂ©es CF.

Cette Ă©tude se place dans le cadre de la recherche des fissures submillimĂ©triques dĂ©bouchantes. Cesfissures sont extrĂȘmement dangereuses car elles constituent souvent le point de dĂ©part de dĂ©fauts plusgrands comme les fissures de fatigue, qui peuvent s’avĂ©rer fatals Ă  la piĂšce. La technique de ressuage,souvent utilisĂ©e, est appelĂ©e Ă  disparaĂźtre du fait de nouvelles normes en termes de pollution. Parmiles solutions de remplacement envisageables, la technique des CF, souvent utilisĂ©e pour des fissures detaille moyenne ou grande et enfouies au sein des matĂ©riaux, est aussi trĂšs bien adaptĂ©e Ă  ces dĂ©fauts,en particulier lorsque les Ă©lĂ©ments sensibles des sondes sont de faibles dimensions.

L’acquisition des signaux CF n’est qu’une premiĂšre Ă©tape dans le processus du CND. Il faut ensuitetraiter les signaux acquis de façon Ă  en extraire les informations utiles et les transformer en donnĂ©esqualifiant les Ă©ventuels dĂ©fauts recherchĂ©s. Deux types de traitements ont une importance majeure etont fait l’objet d’une Ă©tude approfondie : la dĂ©tection des dĂ©fauts et leur caractĂ©risation.

La dĂ©tection a pour but d’estimer si un signal CF correspond ou non Ă  un dĂ©faut recherchĂ©. CetteĂ©tape est au plus simple rĂ©alisĂ©e par seuillage : l’amplitude du signal infĂ©rieure Ă  une valeur donnĂ©esignifie que le matĂ©riau est intact ; dans le cas contraire, une inhomogĂ©nĂ©itĂ© est considĂ©rĂ©e dĂ©tectĂ©e.La dĂ©tection peut ĂȘtre affinĂ©e en prenant en compte des paramĂštres supplĂ©mentaires, comme le bruitde mesure ou la ressemblance avec des signaux canoniques.

L’inversion des signaux, ou caractĂ©risation des dĂ©fauts, permet d’estimer les caractĂ©ristiques desdĂ©fauts Ă  partir des signaux CF acquis : il s’agit de rĂ©soudre le « problĂšme inverse ». Cette procĂ©durepeut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e Ă  l’aide d’un grand nombre d’algorithmes diffĂ©rents, provenant du domaine destraitements d’images (reconnaissance de forme, inversion d’image), ou du domaine des traitements dedonnĂ©es (rĂ©seaux de neurones, maximum de vraisemblance).

Le travail de cette thĂšse s’inscrit dans ce cadre gĂ©nĂ©ral du CND appliquĂ© aux processus industriels.Les sondes CF conçues ont Ă©tĂ© utilisĂ©es sur une cible reprĂ©sentative possĂ©dant des dĂ©fauts de typefissures parallĂ©lĂ©pipĂ©diques dĂ©bouchantes. Ces sondes sont Ă  considĂ©rer comme des Ă©lĂ©ments d’une

INTRODUCTION GÉNÉRALE 3

structure de taille plus importante Ă  deux dimensions, qui prĂ©sentera de grands avantages en termesde rapiditĂ© d’acquisition et de facilitĂ© d’exploitation.

Plan de la thĂšse

Le travail de cette thĂšse consiste en la mise en Ɠuvre de sondes multiĂ©lĂ©ments Ă  microbobinespour le CND par CF. Le plan gĂ©nĂ©ral de ce document, sous la forme du fonctionnement du systĂšmed’inspection de dĂ©fauts rĂ©alisĂ©, est prĂ©sentĂ© Ă  la figure 1.

Classification

Oui / Non

Longueur

...

Profondeur

Orientation

Inversion

Signal (si oui)

Caractérisation

DĂ©tectionSignal

PrétraitementsSignal

brutAcquisition

inspecterPiĂšce Ă 

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 3Chapitre 2

Fig. 1 – Fonctionnement du systĂšme d’inspection de dĂ©fauts rĂ©alisĂ©

Le chapitre 1 dĂ©crit le contexte actuel de ces recherches, et plus particuliĂšrement les diffĂ©rentesmĂ©thodes de CND, leurs intĂ©rĂȘts et leurs dĂ©fauts. S’attardant davantage sur le CND par CF, il dĂ©taillele principe de cette technique et les principales technologies existantes.

Le chapitre 2 prĂ©sente le matĂ©riel utilisĂ© et les conditions de l’expĂ©rimentation. Les Ă©lĂ©ments dessondes sont des microbobines. Deux technologies ont Ă©tĂ© choisies, reprĂ©sentatives des possibilitĂ©s issuesde l’industrie et d’un laboratoire de recherche. Ces microbobines sont caractĂ©risĂ©es gĂ©omĂ©triquementet Ă©lectriquement. Les stratĂ©gies opĂ©ratoires d’émission-rĂ©ception conçues sont explicitĂ©es.

Le chapitre 3 montre des exemples de signaux CF acquis autour de dĂ©fauts calibrĂ©s. L’influence dupas d’échantillonnage spatial des acquisitions sur la qualitĂ© des signaux est quantifiĂ©e. Ce pas corres-pond Ă  la discrĂ©tisation inhĂ©rente aux sondes matricielles. Des rapports signal sur bruit sont calculĂ©set utilisĂ©s pour comparer les stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception et les technologies de microbobines.

Le chapitre 4 explique le fonctionnement de l’algorithme de dĂ©tection qui a Ă©tĂ© spĂ©cialement conçu.Une mĂ©thode de quantification statistique de la capacitĂ© de dĂ©tection des sondes est ensuite mise enƓuvre sur l’ensemble des acquisitions. L’influence des conditions expĂ©rimentales sur les performancesde dĂ©tection est examinĂ©e, les stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception et les technologies de microbobines Ă nouveau comparĂ©es. Des performances maximales sont dĂ©gagĂ©es.

Le chapitre 5 rĂ©alise l’estimation des caractĂ©ristiques gĂ©omĂ©triques des dĂ©fauts inspectĂ©s, Ă  partirdes signaux CF correspondants et ayant donnĂ© lieu Ă  une dĂ©tection. Un algorithme d’inversion est Ă©tabliet mis en place. Une paramĂ©trisation des signaux CF, c’est-Ă -dire l’extraction de paramĂštres au seindes signaux CF acquis, est opĂ©rĂ©e. Ces paramĂštres sont insĂ©rĂ©s dans un modĂšle rĂ©glable permettantd’en dĂ©duire les caractĂ©ristiques Ă  estimer. Les erreurs des estimations sont enfin quantifiĂ©es. Uneattention particuliĂšre est portĂ©e sur le cas d’un pas d’échantillonnage spatial assez grand, permettantpotentiellement de supprimer tout dĂ©placement mĂ©canique de la sonde.

Chapitre 1

Contexte du contrÎle non destructif etdes sondes multiéléments

Le contrĂŽle non destructif (CND) a pour but d’évaluer l’intĂ©gritĂ© d’une piĂšce sans la dĂ©tĂ©riorer.Cette Ă©tape du processus industriel est destinĂ©e Ă  garantir la sĂ©curitĂ© d’utilisation des piĂšces contrĂŽlĂ©es.Elle joue aussi un rĂŽle Ă©conomique non nĂ©gligeable, dans le sens oĂč elle permet une gestion optimisĂ©ede la maintenance. À ces deux titres, le contrĂŽle non destructif est trĂšs important pour l’industrie etparticuliĂšrement utilisĂ©, par exemple dans l’industrie automobile, pĂ©troliĂšre, navale, aĂ©ronautique etnuclĂ©aire[DF, Wika]. AprĂšs avoir prĂ©sentĂ© les principales mĂ©thodes de CND et en particulier celle descourants de Foucault, ce chapitre rĂ©alise une description rapide des capteurs magnĂ©tiques utilisablesdans ce cadre, en dĂ©taillant les spĂ©cificitĂ©s des Ă©lĂ©ments sensibles inductifs utilisĂ©s dans ces travaux.

1.1 Le contrĂŽle non destructif

1.1.1 Les objectifs du CND

Le contrĂŽle non destructif a pour objectif, comme son nom l’indique, de contrĂŽler l’état des piĂšces in-dustrielles sans pour autant que les examens correspondants ne puissent nuire Ă  leur utilisation future.Ceci peut correspondre Ă  deux types de contrĂŽles : l’estimation d’un paramĂštre constitutif de la piĂšcecomme par exemple l’épaisseur d’une paroi[YLLL06], la distance Ă  un objet[DCH04], les propriĂ©tĂ©s Ă©lec-tromagnĂ©tiques constitutives du matĂ©riau ; la recherche d’une rupture de ces paramĂštres[LBLCT+96].Dans le deuxiĂšme cas, il s’agit en gĂ©nĂ©ral de dĂ©fauts, qui peuvent ĂȘtre par exemple des fissures, desinclusions, des porositĂ©s, des effets de la corrosion ou de la fatigue mĂ©canique. Cette procĂ©dure decontrĂŽle se produit souvent plusieurs fois au cours de la vie d’une piĂšce et doit satisfaire au mieux lescritĂšres suivants :

– la rapiditĂ© d’exĂ©cutionIl faut que le contrĂŽle soit rapide pour qu’il ne soit pas trop pĂ©nalisant Ă  la fois en termesd’immobilisation physique de chaque piĂšce, mais aussi au niveau des coĂ»ts que sont le temps detravail de la main-d’Ɠuvre ou les frais de fonctionnement de l’usine.

– le coĂ»tLe contrĂŽle qualitĂ© reprĂ©sente sur les piĂšces complexes un coĂ»t non nĂ©gligeable et qui doit ĂȘtreminimisĂ© dans la mesure du possible.

– la reproductibilitĂ©La mesure ne doit pas souffrir des circonstances extĂ©rieures : une mĂȘme piĂšce contrĂŽlĂ©e plusieursfois doit toujours donner le mĂȘme rĂ©sultat.

– la fiabilitĂ©

5

6 CHAPITRE 1. CONTEXTE DU CND

Le contrĂŽle doit remplir son cahier des charges, et par exemple dĂ©tecter tous les dĂ©fauts qu’il estcensĂ© ĂȘtre capable de dĂ©tecter, indĂ©pendamment des conditions d’inspection.

– la sensibilitĂ©La sensibilitĂ© est le rapport des variations de la mesure et du mesurande. Plus la sensibilitĂ©est grande, plus les petites variations du mesurande sont dĂ©tectables, comme par exemple lesdĂ©fauts de faibles dimensions.

– la rĂ©solutionLa rĂ©solution est la plus petite variation de signal pouvant ĂȘtre dĂ©tectĂ©, par exemple la dimensiondu plus petit dĂ©faut. Usuellement est dĂ©fini le pouvoir de rĂ©solution, ici la dimension du pluspetit dĂ©faut visible. Le pouvoir de rĂ©solution est fort si cette dimension est petite.

Parmi ces six critÚres, il est naturel de penser que la rapidité, la reproductibilité et la sensibilité sontrespectivement fortement liées au coût, à la fiabilité et à la résolution. Il est trÚs souvent nécessairede consentir à des compromis entre les trois groupes ainsi définis.

1.1.2 Les différentes techniques

La diversitĂ© des piĂšces Ă  inspecter, de leurs gĂ©omĂ©tries, de leurs matĂ©riaux et des conditions d’ins-pection, interdit Ă  une mĂ©thode de CND d’ĂȘtre universelle. Un certain nombre de techniques existeet chacune prĂ©sente certains avantages et inconvĂ©nients. Il n’est pas question ici d’établir une listeexhaustive des techniques utilisĂ©es dans le domaine du CND[DF], mais de donner un aperçu globaldes techniques les plus rĂ©pandues industriellement.

1.1.2.1 Procédés optiques

Les procĂ©dĂ©s optiques constituent un type de techniques qu’il convient de sĂ©parer en deux ca-tĂ©gories, selon que le contrĂŽle soit automatisĂ© ou non. L’examen visuel, contrĂŽle ancestral le plusĂ©lĂ©mentaire, est la base des contrĂŽles optiques non automatiques. Il peut ĂȘtre aidĂ©, par un Ă©clairagelaser ou classique, une loupe binoculaire, ou un systĂšme de tĂ©lĂ©vision1. Il reste cependant sujet auxinconvĂ©nients liĂ©s Ă  l’Ɠil humain, c’est-Ă -dire une faible productivitĂ© et une certaine subjectivitĂ©,entraĂźnant un manque de fiabilitĂ©. De façon automatique, sont rĂ©alisĂ©es en gĂ©nĂ©ral des acquisitionsd’images par balayage laser[SWW+07] ou par utilisation de barrettes de capteurs optiques[HMN07],suivies de traitement d’images tel que le seuillage ou la reconnaissance de formes. Ce type de contrĂŽle,beaucoup plus efficace, est cependant beaucoup plus complexe Ă  mettre en Ɠuvre et par consĂ©quentrestreint Ă  des applications trĂšs particuliĂšres[HH05].

1.1.2.2 Ressuage

Le ressuage consiste Ă  appliquer sur la surface de la piĂšce Ă  contrĂŽler, prĂ©alablement nettoyĂ©e etsĂ©chĂ©e, un liquide d’imprĂ©gnation colorĂ© ou fluorescent[BAL06]. Ce liquide pĂ©nĂštre, par capillaritĂ©,dans les ouvertures des dĂ©fauts. AprĂšs un certain temps correspondant Ă  la pĂ©nĂ©tration du liquided’imprĂ©gnation dans les dĂ©fauts, l’excĂšs de liquide prĂ©sent Ă  la surface de la piĂšce est Ă©liminĂ© parlavage. La surface est ensuite recouverte d’un rĂ©vĂ©lateur qui attire le liquide d’imprĂ©gnation retenudans les dĂ©fauts, ce que dĂ©signe le terme « ressuage ». Il donne ainsi une indication renforcĂ©e de ceux-ci,dont l’observation est alors gĂ©nĂ©ralement rĂ©alisĂ©e visuellement.

Le ressuage est une technique rapide et peu coĂ»teuse, mais qui connaĂźt les mĂȘmes inconvĂ©nientsque les procĂ©dĂ©s optiques, Ă  cause de la nature visuelle de l’information utile. De plus, le liquide utilisĂ©est souvent un liquide toxique ou polluant[KW06], d’autant plus dangereux s’il s’agit du contrĂŽle de

1C’est-Ă -dire un systĂšme constituĂ© par exemple de camĂ©ras et de moniteurs.

1.1. LE CONTRÔLE NON DESTRUCTIF 7

lampe UV

nettoyage

piĂšce

liquide fluorescent

Fig. 1.1 – Principe du ressuage

piĂšces de l’industrie nuclĂ©aire. Les normes environnementales de plus en plus contraignantes tendentĂ  dĂ©courager l’emploi de cette technique, au profit des autres techniques existantes.

1.1.2.3 Radiographie

La radiographie industrielle est comparable Ă  la radiographie mĂ©dicale : elle consiste Ă  faire tra-verser par un rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique de trĂšs courte longueur d’onde, comme les rayons Xou les rayons Îł, la matiĂšre Ă  inspecter. Lors de leur passage Ă  l’intĂ©rieur de la piĂšce, les photonsvoient leur Ă©nergie absorbĂ©e totalement ou partiellement par la matiĂšre, selon sa densitĂ©. Un filmplacĂ© derriĂšre la piĂšce est irradiĂ© par les photons qui ont encore suffisamment d’énergie. Il rĂ©cupĂšreainsi le radiogramme, oĂč les zones avec des dĂ©fauts sont reprĂ©sentĂ©es par une variation de la densitĂ©optique[TNB00].

filmsensible

piĂšce (coupe)

source

Fig. 1.2 – Principe de la radiographie

Si la radiographie rĂ©ussit Ă  produire des images prĂ©cises, fiables et interprĂ©tables, l’utilisation detels dispositifs reste complexe, en particulier Ă  cause de la mise en place nĂ©cessaire de procĂ©dures deprotection du personnel et de la faible productivitĂ© qui engendrent un coĂ»t de contrĂŽle important. Laradiographie est utilisĂ©e notamment dans le domaine de la fonderie[Chi00] ou pour la recherche dedĂ©fauts dans les soudures[DSSDS+05].

1.1.2.4 Ultrasons

La technique des ultrasons repose sur la propagation dans la piĂšce d’une onde ultrasonore gĂ©nĂ©rĂ©eĂ  l’aide d’un transducteur Ă©metteur[Sil84]. Un transducteur rĂ©cepteur gĂ©nĂ©ralement situĂ© du mĂȘmecĂŽtĂ© que l’émetteur reçoit les ondes rĂ©flĂ©chies avec un certain retard dĂ» Ă  la propagation des ondes Ă travers la piĂšce. Connaissant la vitesse v de propagation sonore dans le matĂ©riau, il est alors possiblede distinguer l’écho correspondant au fond de la piĂšce, d’un Ă©ventuel Ă©cho correspondant Ă  un dĂ©fautsituĂ© Ă  l’intĂ©rieur de la piĂšce. En effet, le temps de propagation ÎŽt de l’onde rĂ©flĂ©chie sur le dĂ©fauts’exprime

ÎŽt =d1 + d2v

8 CHAPITRE 1. CONTEXTE DU CND

d2d1

Ă©metteurtransducteur transducteur

récepteurcouplant

piĂšce (coupe)

Fig. 1.3 – Principe du CND par ultrasons

Le CND par ultrasons est une technique trĂšs utilisĂ©e, parce que relativement flexible et simplepour dĂ©tecter des dĂ©fauts enfouis[BB86]. La mesure d’épaisseur est aussi souvent effectuĂ©e par cettetechnique[PBEH06]. Des sondes multiĂ©lĂ©ments sont dĂ©veloppĂ©es depuis quelques annĂ©es[MRBR02], etpermettent la mise en place de techniques complexes comme la focalisation des ondes Ă©mises[DBP91]ou encore la « dĂ©composition de l’opĂ©rateur retournement temporel » (mĂ©thode DORT[KPCF02]).Cependant, l’usage presque obligatoire d’un couplant peut ĂȘtre gĂȘnant, et les frontiĂšres entre deuxmatĂ©riaux engendrent des Ă©chos parasites. De plus, la recherche des dĂ©fauts de dimensions submillimĂ©-triques requiert l’utilisation de frĂ©quences relativement Ă©levĂ©es, pour lesquelles l’attĂ©nuation devientgrande.

1.1.2.5 Flux de fuite magnétique

Le contrĂŽle par flux de fuite magnĂ©tique consiste Ă  soumettre la piĂšce ou une partie de celle-ciĂ  un champ magnĂ©tique constant. Les dĂ©fauts superficiels provoquent, par l’importante variation derĂ©luctance qu’ils reprĂ©sentent, une dĂ©viation des lignes de champ[ANHM06]. Des flux de fuite ma-gnĂ©tique sont engendrĂ©s localement. Ils sont ensuite gĂ©nĂ©ralement visualisĂ©s soit Ă  l’aide d’un produitindicateur porteur de limaille de fer (magnĂ©toscopie[Goe90]), soit Ă  l’aide d’un film magnĂ©tisable(magnĂ©tographie[KHH+03]), soit Ă  l’aide d’appareils de mesure de champ magnĂ©tique[HUBB02].

limaille de fer concentrĂ©eautour d’une fissure

lignes de champ

piĂšce

ferromagnétiquebobine émettricenoyau

Fig. 1.4 – Principe de la magnĂ©toscopie

Le CND par flux de fuite magnĂ©tique n’est utilisable que pour les matĂ©riaux ferromagnĂ©tiques.Cette technique est particuliĂšrement efficace pour les dĂ©fauts de surface de trĂšs petites dimensions,mais donne difficilement de bons rĂ©sultats pour les dĂ©fauts enfouis. La mise en Ɠuvre technique peutĂȘtre complexe, Ă  cause de la magnĂ©tisation originelle des matĂ©riaux et de la dĂ©magnĂ©tisation souventnĂ©cessaires.

1.1.2.6 Courants de Foucault

Cette derniĂšre technique utilise des courants induits Ă  l’intĂ©rieur de la piĂšce, appelĂ©s courants deFoucault. Pour ce faire, un excitateur externe est employĂ©, souvent constituĂ© d’une bobine parcouruepar un courant alternatif. Les courants induits, parce qu’ils forment des boucles et sont Ă  la mĂȘme

1.2. LES TYPES DE SONDES 9

frĂ©quence que le courant d’excitation, engendrent un champ magnĂ©tique alternatif de rĂ©action sortantde la piĂšce Ă  inspecter. Les dĂ©fauts superficiels dĂ©vient les lignes des courants de Foucault, et parsuite modifient le champ magnĂ©tique rĂ©sultant[Lib79]. La variation du champ magnĂ©tique est enfinmesurĂ©e au moyen d’un Ă©lĂ©ment sensible au champ magnĂ©tique alternatif, qui peut ĂȘtre une bobineou un capteur de champ magnĂ©tique.

vr

inductricebobine bobine

de mesure

piĂšce

ie

champ magnétiquede réactionde Foucault

courants

Fig. 1.5 – Principe du CND par courants de Foucault

L’utilisation des courants de Foucault dans les applications de CND est limitĂ©e aux piĂšces Ă©lectri-quement conductrices. Elle s’étend de l’inspection des tubes (Ă©changeurs, gĂ©nĂ©rateurs de vapeurs decentrales nuclĂ©aires[YCM00]) Ă  la recherche des dĂ©fauts dĂ©bouchants[HOB+06] sur des surfaces plusou moins planes. Il est aussi possible de mesurer des Ă©paisseurs de paroi[LBJP01] ou la permĂ©abilitĂ©magnĂ©tique du matĂ©riau[ZWG+03]. La principale difficultĂ© est la faible pĂ©nĂ©tration des courants in-duits, selon l’effet dit « de peau », qui rend difficile la dĂ©tection de dĂ©fauts enfouis. C’est une techniquesans contact et la rapiditĂ© d’établissement des courants induits donne la possibilitĂ© de dĂ©placer trĂšsrapidement la sonde.

1.1.2.7 Méthodes couplées

De plus en plus de dispositifs utilisent conjointement plusieurs mĂ©thodes parmi celles qui viennentd’ĂȘtre prĂ©sentĂ©es. Il existe ainsi des mĂ©thodes laser-ultrasons[KFKA00], Ă©lectromagnĂ©tiques ultraso-nores[DEP01] ou encore magnĂ©to-optiques[JLDP07]. Ces techniques tentent de s’affranchir des dif-fĂ©rents dĂ©fauts des mĂ©thodes utilisĂ©es tout en en conservant les avantages. Par exemple, la mĂ©thodelaser-ultrasons permet de rĂ©aliser des contrĂŽle par ultrason sans contact, et donc sans couplant[Zan01].Il s’agit le plus souvent de techniques en cours de dĂ©veloppement Ă  l’heure actuelle.

1.1.2.8 SynthĂšse

La prĂ©sentation de ces mĂ©thodes ne serait pas complĂšte sans une synthĂšse comparative selon lescritĂšres Ă©noncĂ©s Ă  la sous-section 1.1.1. Ainsi, le tableau 1.1 prĂ©sente une vue d’ensemble des qualitĂ©set dĂ©fauts de chacune de ces techniques.

1.2 Les types de sondes

La plupart des techniques prĂ©sentĂ©es prĂ©cĂ©demment utilisent des sondes pour l’acquisition desmesures. Pour le CND par courants de Foucault comme pour d’autres techniques, plusieurs types desondes et de mesures sont utilisables : la conception de la sonde doit dĂ©terminer ceux Ă  employer.

10 CHAPITRE 1. CONTEXTE DU CND

Rapidité Coût Reproductibilité Fiabilité Sensibilité Résolution

Optique automatisĂ© −− + − −− −− −Optique non automatisĂ© ++ − + − − +

Ressuage ++ ++ − − −− −Radiographie ++ − + + − −

Ultrasons + + − − ++ +

Flux magnĂ©tique de fuite + + − − ++ +

Courants de Foucault + + ++ + + −

Tab. 1.1 – Comparatif des principales techniques de CND

1.2.1 Les sondes, les émetteurs et les récepteurs

Le principe des courants de Foucault nĂ©cessite l’emploi de deux « fonctions » :

– l’émission (E) d’un champ Ă©lectromagnĂ©tique alternatif ;– la rĂ©ception (R) d’un autre champ Ă©lectromagnĂ©tique, alternatif lui aussi.

Ces deux fonctions de base peuvent ĂȘtre individuellement rĂ©alisĂ©es par un ou plusieurs Ă©lĂ©ments. Unesonde comprend par consĂ©quent un ou plusieurs Ă©lĂ©ments, dont certains sont Ă©metteurs ou « excita-teurs » et d’autres rĂ©cepteurs ou « capteurs ». En pratique, certaines technologies entraĂźnent qu’unĂ©lĂ©ment ne peut ĂȘtre qu’émetteur, ou seulement rĂ©cepteur, ou encore assurer les deux fonctions. Ledispositif de mesure intĂšgre la sonde ainsi que son Ă©lectronique associĂ©e, comme le montre la figure 1.6,et produit les signaux de mesure.

E RĂ©lectronique

sonde

dispositif

Fig. 1.6 – DĂ©finition d’un dispositif de mesure

1.2.2 Les sondes à fonction double ou à fonctions séparées

Certains Ă©lĂ©ments peuvent rĂ©aliser simultanĂ©ment ces deux fonctions E et R, tandis que d’autresne peuvent en assurer qu’une. Deux possibilitĂ©s existent ainsi pour rĂ©aliser ces fonctions au sein d’unemĂȘme sonde :

– les sondes Ă  fonction doubleCe sont des sondes dans lesquelles le mĂȘme Ă©lĂ©ment rĂ©alise les deux fonctions. Dans le cas duCND par courants de Foucault, la sonde Ă©lĂ©mentaire composĂ©e d’une seule bobine est le pluscommun exemple de ce qui peut ĂȘtre une sonde Ă  fonction double. La grandeur mesurĂ©e est alorsl’impĂ©dance de la bobine, comme expliquĂ© ci-aprĂšs dans la sous-section 1.3.1.2.

– les sonde Ă  fonctions sĂ©parĂ©esDeux Ă©lĂ©ments ou groupes d’élĂ©ments y assurent sĂ©parĂ©ment les deux fonctions. La grandeurmesurĂ©e est une image de la variation du champ Ă©lectromagnĂ©tique. Il peut s’agir d’un capteurinductif bobinĂ© ou d’un autre type de capteur de champ (cf. section 1.4).

1.3. LE CND PAR COURANTS DE FOUCAULT 11

Les sondes Ă  fonctions sĂ©parĂ©es sont habituellement plus efficaces que les sondes Ă  fonction double.Elle permettent d’augmenter indĂ©pendamment d’une part l’intensitĂ© du signal Ă©mis en modifiant parexemple la gĂ©omĂ©trie de l’émetteur, d’autre part la sensibilitĂ© au signal reçu et la rĂ©solution spatialeen modifiant par exemple la gĂ©omĂ©trie du rĂ©cepteur. Enfin, elles sont en gĂ©nĂ©ral moins sensibles auxperturbations externes[LB00].

1.2.3 Les sondes à mesure absolue ou différentielle

IndĂ©pendamment de la sĂ©paration des fonctions, le type de mesure doit ĂȘtre dĂ©terminĂ©. Deux typesde mesures existent :

– les mesures absoluesLes sondes absolues sont constituĂ©es de un ou plusieurs Ă©lĂ©ments sensibles, Ă  fonctions sĂ©parĂ©esou non, dont le signal est exploitĂ© individuellement. La grandeur mesurĂ©e est donc absolue, sansrĂ©fĂ©rence.

– les mesures diffĂ©rentiellesLes sondes diffĂ©rentielles sont composĂ©es de plusieurs Ă©lĂ©ments, les signaux mesurĂ©s Ă©tant re-tranchĂ©s deux Ă  deux. Cela permet de ne mesurer par exemple qu’une variation locale de l’étatde la piĂšce entre deux points. Dans le cas des sondes CF, lorsque les deux Ă©lĂ©ments sensiblesconcernĂ©s sont assez proches l’un de l’autre, la soustraction permet aussi de minimiser en grandepartie l’influence du dĂ©collement de la sonde et de tous les problĂšmes de mesures qui concernentune Ă©tendue Ă  inspecter relativement grande, comme une variation de permĂ©abilitĂ© du matĂ©riau.

Parmi les appareils pour le CND par courants de Foucault commercialisĂ©s et utilisĂ©s actuellement, lessondes absolues sont souvent utilisĂ©es pour dĂ©tecter des variations graduelles comme les dĂ©gradationsdues Ă  la corrosion ou l’usure de contact. Au contraire, les sondes diffĂ©rentielles sont avant toutprĂ©fĂ©rĂ©es pour la dĂ©tection des dĂ©fauts abruptes et soudains, comme les bords ou les fissures. Il estĂ©ventuellement possible de disposer des deux types de mesures sur une seule sonde.

1.3 Le CND par courants de Foucault

Le fonctionnement d’une sonde pour le CND par courants de Foucault (CF) est rĂ©gi par desphĂ©nomĂšnes physiques complexes et non linĂ©aires, qu’il convient d’expliciter avant d’exposer en dĂ©tailles avantages et inconvĂ©nients de cette technique.

1.3.1 Le principe du CND par CF

1.3.1.1 Création des courants induits

Une sonde CF peut ĂȘtre divisĂ©e en deux parties. L’émetteur est en gĂ©nĂ©ral constituĂ© d’une bobineparcourue par un courant d’excitation Iexc, qui produit un champ Ă©lectromagnĂ©tique dĂ©terminĂ© parles Ă©quations de Maxwell :

~∇ · ~B = 0 (Ă©quation de conservation du flux magnĂ©tique)

~∇ · ~D = ρ (Ă©quation de Maxwell-Gauss)

~∇⊗ ~E = −∂~B

∂t(Ă©quation de Maxwell-Faraday)

~∇⊗ ~H = ~J +∂ ~D

∂t(Ă©quation de Maxwell-AmpĂšre)

12 CHAPITRE 1. CONTEXTE DU CND

~E et ~H sont respectivement les champs Ă©lectrique et magnĂ©tique, ~D et ~B les inductions Ă©lectriqueet magnĂ©tique, ~J la densitĂ© surfacique de courant Ă©lectrique et ρ la densitĂ© volumique de chargesĂ©lectriques.

Ici, les courants de dĂ©placement reprĂ©sentĂ©s par la quantitĂ© ∂ ~D∂t dans l’équation de Maxwell-AmpĂšresont nĂ©gligeables. En effet, l’Approximation des RĂ©gimes Quasi-Statiques (ARQS) Ă©nonce qu’il estpossible de nĂ©gliger le temps de propagation des ondes Ă©lectromagnĂ©tiques si les dimensions considĂ©rĂ©essont faibles devant la longueur d’onde. Les frĂ©quences utilisĂ©es gĂ©nĂ©ralement pour le CND par courantsde Foucault et plus particuliĂšrement dans ces travaux ne sont pas supĂ©rieures Ă  20 MHz, ce quicorrespond Ă  une longueur d’onde

λ =cf

= 15 m

car la vitesse de propagation des ondes dans le matĂ©riau est assimilable Ă  celle c = 3 · 105 km · s−1 dela lumiĂšre dans le vide. Cette longueur d’onde peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e trĂšs grande devant les longueursde propagation des ondes, infĂ©rieures au centimĂštre.

Les matériaux considérés dans cette étude étant des milieux linéaires isotropes, les relations consti-tutives

~B = ” ~H

~D = Δ ~E

~J = σ ~E

se vĂ©rifient, avec ” la permĂ©abilitĂ© magnĂ©tique, Δ la permittivitĂ© Ă©lectrique et σ la conductivitĂ© Ă©lec-trique du matĂ©riau.

En prenant en compte l’absence de charges Ă©lectriques dans ce cas de figure et en supposant les mi-lieux non diĂ©lectriques (Δ constante, Ă©gale Ă  la permittivitĂ© du vide Δ0) et non saturĂ©s (” indĂ©pendantede la valeur de H), les quatre Ă©quations de Maxwell deviennent

~∇ · ” ~H = 0 (1.1)~∇ · ~E = 0 (1.2)~∇⊗ ~H = ~J = σ ~E (1.3)

~∇⊗ ~E = −” ∂~H

∂t(1.4)

Ces Ă©quations entraĂźnent la crĂ©ation, par le champ magnĂ©tique ayant pĂ©nĂ©trĂ© Ă  l’intĂ©rieur de lapiĂšce, de courants induits au sein de cette piĂšce. En rĂ©gime harmonique, ces courants sont Ă  la mĂȘmefrĂ©quence que le champ et donc Ă  la mĂȘme frĂ©quence que le courant inducteur. Ces courants sontreprĂ©sentĂ©s sur la figure 1.7 dans l’exemple d’une bobine excitatrice.

y z

x0

ie

−→

B

Fig. 1.7 – Distribution des courants de Foucault gĂ©nĂ©rĂ©s par une bobine excitatrice

Dans le cas canonique d’une piĂšce conductrice Ă  surface plane, oĂč l’induction est rĂ©alisĂ©e parun champ d’excitation uniformĂ©ment orientĂ© de type onde plane transverse Ă©lectromagnĂ©tique, la

1.3. LE CND PAR COURANTS DE FOUCAULT 13

résolution de ces équations est possible analytiquement[PCS89]. Elle indique que les lignes de courantssont situées dans des plans parallÚles à la surface de la piÚce. La densité de ces courants varie en fonctionde la profondeur z à laquelle ils se trouvent. Si la piÚce est semi-infinie ou suffisamment épaisse, cettedensité est donnée par

J(z,t) = Js exp(−z

√ω σ ”

2

)cos

(ω t+

π

4− z

√ω σ ”

2

)(1.5)

oĂč Js est l’amplitude de la densitĂ© des courants induits au niveau de la surface de la piĂšce et ω lapulsation associĂ©e au courant excitateur, comme montrĂ© par la figure 1.8. Cette Ă©quation montre quel’amplitude de la densitĂ© des courants induits varie de façon exponentielle en fonction de la profondeur,avec une grandeur caractĂ©ristique

ή =1√

π f σ ”(1.6)

correspondant à la distance au-delà de laquelle les courants induits ont perdu 63% de leur amplitude.Cette longueur est appelée « profondeur de pénétration » ou « épaisseur de peau », et est essentielledans la compréhension du fonctionnement du CND par CF.

Js

Js/e

ÎŽ

|J(z)|

Profondeur z

Fig. 1.8 – Distribution des courants de Foucault en fonction de la profondeur, dans le cas d’uneexcitation en onde plane

Pour la plupart des autres configurations, calculer la densitĂ© J(z,t) des courants de Foucaultdemande des dĂ©veloppements analytiques[DD68] ou numĂ©riques consĂ©quents, comme par exemple lecalcul par Ă©lĂ©ments finis[CSLBM07a] ou par intĂ©grales de volume[BSS89]. Dans le cas de courantscrĂ©Ă©s par un solĂ©noĂŻde, les courants induits sont des boucles qui peuvent ĂȘtre au mieux situĂ©es dansdes plans parallĂšles Ă  la surface de la piĂšce (cf. figure 1.7). Ils ne peuvent pas exactement ĂȘtre explicitĂ©spar l’équation 1.5. Cependant, la dĂ©croissance de l’amplitude des courants induits existe toujours etl’épaisseur de peau, en tant que grandeur caractĂ©ristique, est habituellement encore exprimĂ©e parl’équation 1.6[Mot90].

De plus, l’équation 1.5 dĂ©crit le dĂ©phasage entre le courant d’excitation et le courant induit Ă  laprofondeur z comme une fonction affine de cette profondeur. Ceci reste aussi globalement vrai avecun inducteur solĂ©noĂŻde.

1.3.1.2 CrĂ©ation d’un champ magnĂ©tique de rĂ©action et mesure

Les courants ainsi crĂ©Ă©s suivent des chemins Ă  l’image de spires virtuelles situĂ©es Ă  l’intĂ©rieur dumatĂ©riau conducteur. Ils engendrent donc Ă  leur tour un champ Ă©lectromagnĂ©tique de rĂ©action, quis’oppose au champ d’excitation. Ce champ est prĂ©sent au niveau de la sonde. Son amplitude dĂ©penden particulier de la circulation des courants de Foucault dans la piĂšce.

Dans le cas d’une sonde Ă  fonction double, l’impĂ©dance de la bobine est perturbĂ©e dĂšs lors quecelle-ci est traversĂ©e par ce champ Ă©lectromagnĂ©tique de rĂ©action[BJSS91]. Il existe alors une valeurd’impĂ©dance « hors dĂ©faut », autour de laquelle sont mesurĂ©es les variations par un impĂ©dancemĂštrebranchĂ© aux bornes de la bobine. Il mesure la tension Ă  ses bornes et la divise par le courant d’excitationqui la traverse.

14 CHAPITRE 1. CONTEXTE DU CND

Dans le cas d’une sonde Ă  fonctions sĂ©parĂ©es oĂč l’élĂ©ment rĂ©cepteur est une bobine, le champĂ©lectromagnĂ©tique total crĂ©e une diffĂ©rence de potentiel entre les bornes de cette bobine. Il s’agitd’une force Ă©lectromotrice gĂ©nĂ©rĂ©e par la loi de Lenz-Faraday, qui peut s’écrire

E = −dΩdt

(1.7)

pour une spire, oĂč Ί est le flux de l’induction magnĂ©tique ~B Ă  travers la surface de la spire. Il est alorspossible de mesurer la transimpĂ©dance de la sonde qui est le rapport de la tension de rĂ©ception sur lecourant d’excitation. Ainsi, les deux mĂ©thodes sont Ă©quivalentes en termes de grandeur mesurĂ©e.

1.3.1.3 Perturbation des courants induits

Les courants induits satisfont les Ă©quations de Maxwell, simplifiĂ©es selon des hypothĂšses d’ho-mogĂ©nĂ©itĂ© des conductivitĂ©, permĂ©abilitĂ© et permittivitĂ© du matĂ©riau. Si une inhomogĂ©nĂ©itĂ© commeune inclusion est prĂ©sente, la conductivitĂ© Ă©lectrique et/ou la permĂ©abilitĂ© magnĂ©tique sont modifiĂ©es.D’aprĂšs les Ă©quations 1.1 Ă  1.4, ceci entraĂźne une dĂ©viation des lignes des courants et par suite unevariation du champ Ă©lectromagnĂ©tique de rĂ©action. En rĂ©alitĂ©, la grandeur d’intĂ©rĂȘt est la variationde l’impĂ©dance ou de la transimpĂ©dance par rapport Ă  sa valeur hors dĂ©faut. Soit, Ă  la pulsationd’excitation ω

Signal = ∆Z(ω) =∆Vmesure(ω)Iexcitation(ω)

Ceci permet de dĂ©tecter des dĂ©fauts au sein de la piĂšce. Si le but du contrĂŽle est l’estimation d’unparamĂštre constitutif de la piĂšce, il convient de rĂ©aliser un Ă©talonnage de la sonde Ă  l’aide de piĂšcesĂ©talons parfaitement connues ou de simulations numĂ©riques.

1.3.2 Les avantages du CND par CF

– la simplicitĂ©Le principal avantage des sondes Ă  CF est leur facilitĂ© de mise en Ɠuvre. Le contrĂŽle est rĂ©alisĂ©sans contact, et par consĂ©quent sans utilisation de couplant. Le signal CF est obtenu directementet instantanĂ©ment.

– l’intĂ©grationLa nature Ă©lectrique du signal CF mesurĂ© permet aussi de bĂ©nĂ©ficier fortement des avancĂ©es rĂ©-centes au niveau de l’intĂ©gration des composants Ă©lectroniques, en termes de rĂ©duction de volumecomme d’augmentation des performances. Le signal CF est en effet directement utilisable pourd’éventuels traitements Ă©lectroniques analogiques, suivis d’une numĂ©risation et de traitementsnumĂ©riques ou informatiques. Cela permet d’envisager des appareils de contrĂŽle Ă  la fois pluspetits, plus lĂ©gers et plus rapides.

– le coĂ»tUn dispositif CF trĂšs simple est une unique bobine avec un gĂ©nĂ©rateur, un voltmĂštre et unampĂšremĂštre. Il s’agit d’un dispositif trĂšs bon marchĂ©, qui mĂȘme en augmentant la complexitĂ©de la technologie ou de l’instrumentation (utilisation de multiplexeur, de dĂ©tection synchrone, decapteurs de haute technologie), reste abordable et ne demande pas un investissement primordialtrop important.

1.3.3 Les inconvénients du CND par CF

– la non-linĂ©aritĂ©Les Ă©quations diffĂ©rentielles 1.1 Ă  1.4 ne sont pas linĂ©aires par rapport aux paramĂštres constitutifsdu matĂ©riau. Leurs solutions, comme la densitĂ© de courant dĂ©finie par l’équation 1.5, ne le sont

1.4. LES CAPTEURS MAGNÉTIQUES 15

pas non plus. Cela entraĂźne une forte non-linĂ©aritĂ© entre la gĂ©omĂ©trie des dĂ©fauts situĂ©s dans lapiĂšce Ă  inspecter et la rĂ©ponse obtenue avec une sonde CF. L’analyse des signaux produits estdonc relativement complexe et l’opĂ©rateur doit ĂȘtre habituĂ© Ă  cette technique pour ĂȘtre efficace,c’est-Ă -dire rĂ©alisant un contrĂŽle rapide et fiable.

– la rĂ©solutionUn dĂ©faut ponctuel de dimensions micromĂ©triques dĂ©vie toutes les lignes de courants qui s’ap-prochent de lui. Si l’émetteur fait une surface de l’ordre du millimĂštre carrĂ©, les courants induitsparcourent une surface au moins Ă©gale voire plus grande que celle-ci. Par consĂ©quent, le dĂ©-faut micromĂ©trique correspond Ă  une rĂ©ponse qui s’étend sur plusieurs millimĂštres carrĂ©s, cequi a pour consĂ©quence de dĂ©tĂ©riorer nettement la rĂ©solution spatiale d’une sonde Ă  courant deFoucault.

– l’effet de peauL’équation 1.5 fait apparaĂźtre une dĂ©croissance exponentielle sur l’amplitude des courants :ceux-ci sont localisĂ©s Ă  une faible profondeur. Ce phĂ©nomĂšne, appelĂ© effet de peau, a pourconsĂ©quence la difficultĂ© voire l’impossibilitĂ© de dĂ©tecter un dĂ©faut situĂ© Ă  une distance trĂšssupĂ©rieure Ă  l’épaisseur de peau ÎŽ. En effet, les courants induits ont une amplitude infĂ©rieure Ă 95% de l’amplitude maximale au-delĂ  d’une profondeur supĂ©rieure Ă  3 ÎŽ.

– le positionnementL’induction des courants de Foucault est fonction du couplage entre la sonde et la piĂšce. Si celuici-varie au cours de la mesure ou n’est pas celui attendu, la mesure sera faussĂ©e. Un dĂ©collementou une inclinaison de la sonde par rapport Ă  la surface de la piĂšce sont les deux principauxproblĂšmes de positionnement rencontrĂ©s, qui conduisent Ă  une variation parasite de l’impĂ©dancemesurĂ©e[NWFN94]. En particulier, le contrĂŽle des surfaces non planes peut ainsi poser problĂšmesi la sonde ne se conforme pas Ă  la surface.

1.4 Les capteurs magnétiques

Toute sonde CF mesure un champ Ă©lectromagnĂ©tique alternatif et comporte nĂ©cessairement descapteurs magnĂ©tiques. Plusieurs technologies existent, quatre parmi les principales sont prĂ©sentĂ©esci-aprĂšs2. Les trois derniers types d’élĂ©ments sont des capteurs de champs magnĂ©tiques, ne pouvanteffectuer que des mesures. L’émission du champ magnĂ©tique alternatif doit alors ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par unautre Ă©lĂ©ment Ă  cĂŽtĂ© ou au-dessus du capteur.

1.4.1 Les capteurs inductifs

Historiquement, les capteurs inductifs ont Ă©tĂ© les premiers Ă©lĂ©ments sensibles au champ magnĂ©tiqueconnus. Les capteurs inductifs sont des bobines, qui peuvent ĂȘtre de diffĂ©rentes gĂ©omĂ©tries, plates ousolĂ©noĂŻdes, et Ă©ventuellement contenir un noyau ferromagnĂ©tique afin de concentrer le champ magnĂ©-tique et augmenter la sensibilitĂ©[CET+99].

Un capteur inductif transforme un champ magnĂ©tique qui le traverse en tension grĂące au phĂ©nomĂšned’induction par la loi de Lenz-Faraday (Ă©quation 1.7). Cette loi montre que la force Ă©lectromotricecrĂ©Ă©e est proportionnelle Ă  la dĂ©rivĂ©e temporelle de l’induction : la composante continue du champmagnĂ©tique est rejetĂ©e. Pour la mĂȘme raison, la sensibilitĂ© en hautes frĂ©quences est relativementgrande.

Les capteurs inductifs ont été les premiers utilisés pour des raisons historiques, mais restent encore

2La technologie des SQUID (Superconducting QUantum Interference Device, dispositifs supraconducteurs Ă  interfĂ©-rences quantiques) n’est pas prĂ©sentĂ©e dans ce document, car ces capteurs sont encore trop complexes et contraignantsĂ  mettre en Ɠuvre.

16 CHAPITRE 1. CONTEXTE DU CND

intĂ©ressants grĂące Ă  leur prĂ©cision et leur robustesse. De plus, les bobines sont bon marchĂ© et faciles Ă rĂ©aliser industriellement, du moins dans des dimensions raisonnables. L’inductance d’une bobine Ă©tantdirectement fonction de son nombre de spires[Bry55, Ter43] et donc de sa taille, les bobines de petitesdimensions prĂ©sentent en gĂ©nĂ©ral une sensibilitĂ© moindre. NĂ©anmoins, des techniques Ă©voluĂ©es per-mettent aujourd’hui la rĂ©alisation de bobines de faibles dimensions avec une grande sensibilitĂ©, grĂąceĂ  des formes complexes ou un grand nombre de spires[WGDG+06]. Le domaine frĂ©quentiel d’utilisa-tion d’un capteur inductif dĂ©pend grandement de son impĂ©dance, mais la frĂ©quence d’utilisation estrarement infĂ©rieure Ă  la dizaine de kHz.

1.4.2 Les GMI

Le phĂ©nomĂšne dĂ©couvert en 1935 par Harrison[HTR35] ayant permis l’utilisation des magnĂ©toim-pĂ©dances gĂ©antes (giant magneto-impedances, GMI) repose sur l’effet de peau dĂ©crit prĂ©cĂ©demmentpar l’équation 1.6 et sur la courbe d’aimantation B = f(H) que montre la figure 1.9.

Induction B (T)

Champ magnĂ©tique H (A ·m−1)

Fig. 1.9 – Exemple de courbe d’aimantation B = f(H)

Une GMI peut ĂȘtre un simple fil ferromagnĂ©tique, traversĂ© par un courant alternatif. Si la frĂ©quenceest assez Ă©levĂ©e, les courants ne traversent le fil qu’en surface, la profondeur de pĂ©nĂ©tration ÎŽ devenantplus faible que l’épaisseur du fil. L’impĂ©dance du fil est alors inversement proportionnelle Ă  ÎŽ selonl’équation

Z = (1 + ı)Ra

ÎŽ

oĂč R est la rĂ©sistance en basses frĂ©quences du fil et a son rayon. ı est le nombre complexe. L’expres-sion 1.6 de ÎŽ montre que Z dĂ©pend de la permĂ©abilitĂ© ” du matĂ©riau. Or selon la courbe d’aimantation,le rapport ” = B/H dĂ©pend de la valeur de H. L’impĂ©dance varie en fonction du champ magnĂ©tiqueexterne[KP02].

La recherche sur les GMI dans le domaine du CND par CF a beaucoup progressĂ© ces derniĂšresannĂ©es. Cette technologie permet de mesurer des champs magnĂ©tiques faibles sur une bande passanteallant en gĂ©nĂ©ral du continu Ă  environ 10 kHz[VAGP07]. Il faut cependant que le champ magnĂ©tiqueextĂ©rieur soit supĂ©rieur au champ de saturation du matĂ©riau utilisĂ©. Les dimensions classiques sont del’ordre de quelques millimĂštres[JS04].

1.4.3 Les GMR

Les magnĂ©torĂ©sistances gĂ©antes (giant magneto-resistances, GMR) ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes Ă  la fin desannĂ©es 1980, simultanĂ©ment par les deux rĂ©cents prix Nobel Fert[BBF+88] Ă  l’UniversitĂ© Paris-Sud etGrĂŒnberg[BGSZ89]. Le domaine physique utilisĂ© est l’électronique de spin, et plus particuliĂšrement lefait que les Ă©lectrons d’un spin donnĂ©, qui peut ĂȘtre up ou down, ne se dĂ©placent pas Ă  la mĂȘme vitesse

1.4. LES CAPTEURS MAGNÉTIQUES 17

selon l’orientation de l’aimantation du matĂ©riau traversĂ©. La conductivitĂ© mesurĂ©e d’un matĂ©riau estdirectement reliĂ©e Ă  la vitesse des Ă©lectrons le traversant par la relation

σ = n q ”n

oĂč n est la densitĂ© des Ă©lectrons, q la charge Ă©lĂ©mentaire et ”n la mobilitĂ©, Ă©gale au rapport de lavitesse des Ă©lectrons par le champ Ă©lectrique qui crĂ©e leur mouvement.

Typiquement, une GMR est composĂ©e de plusieurs couches, deux couches ferromagnĂ©tiques sĂ©pa-rĂ©es par une couche de matĂ©riau conducteur. L’orientation de l’une des deux couches ferromagnĂ©tiques,la « couche dure », est forcĂ©e. L’autre couche, la « couche douce », a son aimantation variable : lors-qu’un champ magnĂ©tique externe est prĂ©sent, elle s’aligne Ă  ce champ ; sinon, elle s’aligne parallĂšlementĂ  l’aimantation de la couche dure, par couplage ferromagnĂ©tique indirect, Ă  travers la couche conduc-trice. La mesure de rĂ©sistance est effectuĂ©e par passage d’un courant Ă  travers l’ensemble des couches.Le courant peut alors ĂȘtre dĂ©composĂ© en deux courants Ă©lĂ©mentaires[HMS], celui des Ă©lectrons de spinup et celui des Ă©lectrons de spin down. Comme indiquĂ© sur la figure 1.10, lorsque les deux aimantationssont parallĂšles, le courant up voit deux rĂ©sistances r faibles et le courant down deux rĂ©sistances Rfortes. La rĂ©sistance totale est, si r â‰Ș R,

Rp = 2Rr

R+ r≈ 2 r

Au contraire, si les deux aimantations sont opposées ou antiparallÚles, chaque courant traverse suc-cessivement une résistance r et une résistance R. Il vient alors

Ro =R+ r

2≈ R

2

La rĂ©sistance de la GMR varie ainsi entre ces deux valeurs extrĂȘmes, en fonction du champ magnĂ©tiqueexterne au capteur[Vac07].

coucheconductrice

AimantationsparallĂšles

R

r r

R

Aimantationsopposées

R

r R

r

Fig. 1.10 – Principe de fonctionnement des GMR

MĂȘme si les GMR sont avant tout connues en tant que tĂȘte de lecture dans tous les disques dursactuels[DTN+05], elle sont aussi utilisĂ©es dans le domaine du CND. Les premiĂšres GMR offraient desrĂ©sultats infĂ©rieurs Ă  ceux des GMI, mais la recherche sur ce type de capteur est trĂšs active depuisvingt ans. Pour une dimension active de quelques dizaines de micromĂštres, un champ magnĂ©tique faiblepeut ĂȘtre mesurĂ©[YCH+05]. Son amplitude doit ĂȘtre infĂ©rieure Ă  une valeur maximale pour laquelleles aimantations des deux couches ferromagnĂ©tiques seront opposĂ©es.

On peut enfin signaler l’existence d’autres types de magnĂ©torĂ©sistances, comme les magnĂ©torĂ©sis-tances anisotropes (anisotropic magneto-resistances, AMR)[MVR08] ou les magnĂ©torĂ©sistances Ă  effettunnel (tunnel magneto-resistances, TMR)[YNF+04]. Toutes ces magnĂ©torĂ©sistances sont en gĂ©nĂ©ralutilisĂ©es pour dĂ©tecter un champ magnĂ©tique de frĂ©quence infĂ©rieure au kHz.

18 CHAPITRE 1. CONTEXTE DU CND

1.4.4 Les fluxgates

Un dernier type de capteur de champ magnĂ©tique, d’une technologie assez rĂ©cente, est reprĂ©sentĂ©par les capteurs fluxgates. Il s’agit de capteurs formĂ©s autour d’un noyau magnĂ©tique, pouvant avoirdes formes relativement diverses[Rip03]. La figure 1.11 montre trois exemples de gĂ©omĂ©tries possibles.Le matĂ©riau du noyau doit avoir une courbe d’aimantation B = f(H) (cf. figure 1.9) comportant uneforte saturation de l’induction lorsque le champ magnĂ©tique est Ă©levĂ©. Le permalloy est par exempleun matĂ©riau trĂšs utilisĂ© dans ce type d’application.

Bobine d’excitationBobine de mesure

Fig. 1.11 – Exemples de gĂ©omĂ©tries de fluxgates

Un enroulement excitateur entourant au plus proche le noyau est parcouru par un courant alter-natif non nĂ©cessairement sinusoĂŻdal, crĂ©ant un champ magnĂ©tique alternatif dans le noyau, localementparallĂšle Ă  l’axe de l’enroulement. L’induction correspondante subit une saturation, symĂ©trique parrapport Ă  zĂ©ro. Un autre enroulement est disposĂ© autour du noyau, son axe Ă©tant rectiligne. Il n’estpas alimentĂ©, et la force Ă©lectromotrice crĂ©Ă©e Ă  ses bornes est, selon la loi de Lenz, proportionnelleĂ  la dĂ©rivĂ©e du flux de l’induction magnĂ©tique dans la ou les parties du noyau entourĂ©es. Lorsqu’unchamp magnĂ©tique extĂ©rieur s’ajoute au champ d’excitation Ă  l’endroit oĂč est bobinĂ© l’enroulementde rĂ©ception, la saturation de l’aimantation n’est plus symĂ©trique et la tension est dĂ©formĂ©e. CettedĂ©formation est en gĂ©nĂ©ral visible dans l’amplitude des harmoniques paires de la tension[Rip03]. Selonla fonction d’onde de l’excitation, il peut aussi s’agir des harmoniques impaires[PHMN+96].

Les fluxgates ont une grande sensibilitĂ©, en particulier pour les champs magnĂ©tiques continus. Ilssont ainsi trĂšs employĂ©s dans les boussoles, car ils sont capables de dĂ©tecter le champ magnĂ©tiqueterrestre. Dans les applications CND, leur mise en Ɠuvre demande une miniaturisation importante,ce qui leur confĂšre une rĂ©putation de technologie relativement coĂ»teuse.

1.5 Les principaux avantages et inconvénients des microbobines

– l’inductionLes bobines sont les seuls Ă©lĂ©ments Ă  pouvoir rĂ©aliser les deux fonctions d’émission et de rĂ©cep-tion. En effet, une bobine traversĂ©e par un courant crĂ©e un champ Ă©lectromagnĂ©tique et rĂ©aliseune fonction d’émission. Au contraire, une bobine non alimentĂ©e transforme le champ Ă©lectroma-gnĂ©tique externe en tension Ă  ses bornes, rĂ©alisant par consĂ©quent la fonction de rĂ©ception. L’undes intĂ©rĂȘts de cette double possibilitĂ© est pour l’utilisation d’une matrice d’élĂ©ments. Il est alorsenvisageable de dĂ©placer virtuellement l’émission et la rĂ©ception Ă  travers la trame de la sondeĂ  l’aide d’un multiplexage temporel. Cela permet de gagner beaucoup de temps en supprimantles dĂ©placements mĂ©caniques.

– les basses frĂ©quencesLe principal inconvĂ©nient des bobines en rĂ©ception est la diminution de l’amplitude utile enbasses frĂ©quences. En effet, elles ne mesurent non pas le champ magnĂ©tique, mais sa dĂ©rivĂ©etemporelle : Ă  amplitude du champ magnĂ©tique externe constante, l’amplitude du signal reçu estproportionnelle Ă  la frĂ©quence du champ. Dans les basses frĂ©quences, l’amplitude du signal estfaible et le rapport signal sur bruit diminue. Cela devient trĂšs pĂ©nalisant lorsque sont recherchĂ©sdes dĂ©fauts enfouis profondĂ©ment dans le matĂ©riau, car il est est alors nĂ©cessaire d’augmenter

1.5. LES PRINCIPAUX AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DES MICROBOBINES 19

l’épaisseur de peau, c’est-Ă -dire diminuer la frĂ©quence.– la facilitĂ© de mise en Ɠuvre

La mise en Ɠuvre de microbobines est trĂšs souvent plus aisĂ©e que celle d’autres capteurs de champmagnĂ©tique. En effet, la mesure de champ par l’intermĂ©diaire d’une bobine consiste simplementĂ  la mesure d’une tension en gĂ©nĂ©ral supĂ©rieure au millivolt. Il n’y a pas de polarisation ni decompensation de flux Ă  opĂ©rer ; la tempĂ©rature n’influe que trĂšs peu sur la valeur de cette tension.Il n’est donc pas utile, au moins dans un premier temps, de mettre en place une instrumentationĂ©lectronique complexe.

Chapitre 2

Mise en Ɠuvre expĂ©rimentale

L’objet du travail exposĂ© dans ce mĂ©moire a pour but l’étude de la conception d’une sonde mul-tiĂ©lĂ©ments Ă  courants de Foucault et de sa mise en Ɠuvre dans le cadre de la recherche de fissuressubmillimĂ©triques dĂ©bouchantes. Ce chapitre dĂ©crit la premiĂšre partie du travail effectuĂ©. Il exposeles diverses motivations pour l’utilisation des sondes multiĂ©lĂ©ments, puis dĂ©crit les deux technologiesde bobines qui ont Ă©tĂ© choisies pour ĂȘtre utilisĂ©es expĂ©rimentalement. Il dĂ©taille ensuite les conditionsd’expĂ©rimentation, le matĂ©riel employĂ© et l’échantillon de test, cible comportant des fissures calibrĂ©es.Enfin, 5 stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception pour une sonde Ă  trois microbobines sont proposĂ©es.

2.1 Pourquoi des sondes multiéléments ?

Le chapitre 1 explique pourquoi la technique CF prĂ©sente de grands avantages Ă  ĂȘtre appliquĂ©eau CND. En particulier, la rapiditĂ© de la prise de mesure et le fait que la mesure soit directement unsignal Ă©lectrique permet de limiter l’instrumentation au minimum et par suite de limiter les erreurs demesure. Cela permet aussi de bĂ©nĂ©ficier des avancĂ©es modernes de l’électronique et de l’informatique entermes de traitements et de logiciels embarquĂ©s. Ainsi, il est possible de miniaturiser suffisamment lessondes et leur instrumentation tout en faisant des traitements relativement complexes sur les mesuresavant l’affichage Ă  l’utilisateur pour interprĂ©tation.

L’application visĂ©e par cette Ă©tude est la recherche de fissures submillimĂ©triques dĂ©bouchantes. Ac-tuellement, une des techniques les plus utilisĂ©es est le ressuage, prĂ©sentĂ© Ă  la sous-section 1.1.2.2. Cettetechnique prĂ©sente un inconvĂ©nient majeur dans l’utilisation de liquides particuliĂšrement polluants etde moins en moins tolĂ©rĂ©s par les normes environnementales rĂ©centes et Ă  venir. Il est donc nĂ©cessairede trouver une technique de remplacement pour cette application. Dans ce contexte, des systĂšmesd’imagerie par CF ont Ă©tĂ© rĂ©cemment dĂ©veloppĂ©s, parmi lesquels les sondes multiĂ©lĂ©ments tiennentune place importante. Ces systĂšmes ont pour avantage d’amĂ©liorer sur trois points les performancesde la mĂ©thode de CND par CF.

2.1.1 Augmenter la rapidité

Avec une sonde classique disposant d’un seul Ă©lĂ©ment, et plus particuliĂšrement dans le cadre del’inspection des surfaces planes, le mĂ©canisme d’émission-rĂ©ception utilisĂ© la plupart du temps entraĂźnenĂ©cessairement la conception d’une sonde de type « stylo »[UMS02]. AmĂ©liorer la rĂ©solution signifietypiquement augmenter la durĂ©e d’inspection, qui peut devenir relativement longue. L’utilisation desondes multiĂ©lĂ©ments peut pallier ce problĂšme. En effet, une matrice d’élĂ©ments sensibles permetd’effectuer un nombre multiple de mesures simultanĂ©ment, sans mouvement de la sonde. Une telle

21

22 CHAPITRE 2. MISE EN ƒUVRE EXPÉRIMENTALE

matrice permet donc d’économiser autant de dĂ©placements, en remplaçant le balayage mĂ©canique parun balayage Ă©lectronique, ce qui peut reprĂ©senter un gain de temps non nĂ©gligeable.

2.1.2 RĂ©duire l’influence des paramĂštres perturbateurs

En outre, la prise de mesures diffĂ©rentielles permet en gĂ©nĂ©ral de s’affranchir d’un grand nombrede perturbations extĂ©rieures. En effet, si un paramĂštre perturbateur (dĂ©collement, variation lentede permĂ©abilitĂ© magnĂ©tique, variation lente d’épaisseur...) intervient de façon uniforme dans une zonecontenant plusieurs Ă©lĂ©ments sensibles, il les affecte tous identiquement. En retranchant les mesures lesunes aux autres, il est alors possible de rĂ©duire fortement l’influence de ces paramĂštres. L’utilisation destratĂ©gies complexes d’émission-rĂ©ception doit ainsi permettre d’augmenter globalement la sensibilitĂ©aux paramĂštres d’influence, notamment grĂące Ă  la prise de mesures diffĂ©rentielles.

La mesure diffĂ©rentielle a cependant quelques dĂ©fauts, comme la mauvaise dĂ©tection des varia-tions lentes. Selon le cahier des charges, il peut ĂȘtre alors utile de combiner les mesures absolues etdiffĂ©rentielles.

2.1.3 AcquĂ©rir davantage d’informations

Enfin, il est important de noter qu’une sonde Ă  plusieurs Ă©lĂ©ments en ligne peut avoir une directionde dĂ©tection privilĂ©giĂ©e, notamment Ă  cause de la direction des courants induits. Par exemple, lafigure 2.1 montre deux dĂ©fauts, perpendiculaire et parallĂšle aux lignes des courants induits. Le dĂ©fautparallĂšle a beaucoup moins d’influence sur ces lignes et, par consĂ©quent, est a priori beaucoup plusdifficile Ă  dĂ©tecter. L’intĂ©rĂȘt d’une matrice multiĂ©lĂ©ments est alors de pouvoir effectuer des mesuresavec des courants induits successivement dans plusieurs sens. Il est ensuite possible de combiner lesdiffĂ©rentes mesures, afin d’aboutir Ă  des informations plus complĂštes permettant de dĂ©tecter les dĂ©fautsindĂ©pendamment de leur orientation dans le plan d’inspection.

courants induits

déviations descourants induits

défauts

lignes de

Fig. 2.1 – DĂ©viation des lignes de courants de Foucault en fonction de l’orientation du dĂ©faut

2.2 Les deux technologies de microbobines

Cette expérimentation a été effectuée avec des microbobines carrées de deux technologies diffé-rentes :

– des microbobines sur circuit imprimĂ© multicouches et de largeur Ă©gale Ă  2,6 mm, compor-tant des pistes larges sur un faible nombre de spires par couche ;

– des bobines micromoulĂ©es de largeur Ă©gale Ă  1 mm, aux pistes beaucoup plus fines sur ungrand nombre de spires pour une couche unique.

Ces deux technologies ont été choisies pour leur complémentarité et leur représentativité des alterna-tives actuelles : si la premiÚre est intéressante car largement éprouvée et de faible coût, la deuxiÚme

2.2. LES DEUX TECHNOLOGIES DE MICROBOBINES 23

représente une technologie en cours de développement, à la fois plus chÚre et aux perspectives deperformances renouvelées.

2.2.1 Les microbobines sur circuit imprimé

Les premiÚres microbobines utilisées sont de type circuit imprimé (CI) huit couches, fabriquées in-dustriellement par la société Linea Connect. Elles représentent les meilleures caractéristiques couram-ment obtenues pour cette technologie standard. Le matériel utilisé est une ligne de huit microbobinesindépendantes, visibles sur la figure 2.2.

2.2.1.1 Caractérisation géométrique

Chaque microbobine est constituĂ©e en fait de huit bobines plates superposĂ©es, reliĂ©es en sĂ©rie,rĂ©parties sur une Ă©paisseur totale de 1,25 mm. Chaque couche a un cĂŽtĂ© de longueur c = 2,6 mm, despistes de largeur ℓp = 100 ”m et d’épaisseur ep = 25 ”m, et comporte n = 5 spires distribuĂ©es surtoute sa surface avec un espacement de e = 100 ”m. La figure 2.3 montre une vue schĂ©matique d’unemicrobobine obtenu par le logiciel de conception Orcad ainsi qu’une une vue de coupe. Les connexionssont effectuĂ©es par deux plots ronds de 1 mm de diamĂštre.

2, 8 mm

Fig. 2.2 – Barrette de 8 microbobines CI

Vue en coupe aprÚs réalisationVue schématique de conception

2, 6 mm

200 ”m

ℓp + e =

Fig. 2.3 – Vues d’une microbobine CI

Il est intĂ©ressant pour la suite de la caractĂ©risation de calculer aussi les deux grandeurs gĂ©omĂ©triquesque sont la longueur dĂ©veloppĂ©e de piste et la surface totale effective. La longueur dĂ©veloppĂ©e oulongueur totale de piste peut ĂȘtre calculĂ©e par la formule

ℓ = 8n−1∑

i=0

4 (c− 2 (e+ ℓp) i) (2.1)

(dans laquelle le 8 correspond aux 8 couches). La surface totale effective, qui est la surface Ă©quivalentede l’ensemble des spires, s’écrit

Stotale = 8n−1∑

i=0

(c− 2 (e+ ℓp) i)2 (2.2)

Pour cette gĂ©omĂ©trie, ℓ vaut 288 mm et Stotale vaut 142 mm2.

24 CHAPITRE 2. MISE EN ƒUVRE EXPÉRIMENTALE

2.2.1.2 Caractérisation électrique

Cette gĂ©omĂ©trie confĂšre Ă  ces bobines une impĂ©dance fortement inductive. Le diagramme de Bodede l’impĂ©dance mesurĂ©e d’une microbobine CI avec la connectique de l’expĂ©rimentation (dĂ©crite ci-aprĂšs Ă  la sous-section 2.3.1) est prĂ©sentĂ© Ă  la figure 2.4. Il montre en effet un dĂ©phasage compris entre70 et 90˚ entre 500 kHz et 12 MHz. Cette figure prĂ©sente aussi l’évolution mesurĂ©e de la rĂ©sistance Ren fonction de la frĂ©quence f , ainsi que la partie imaginaire X et l’inductance L telle que

X = Lω = 2 π f L

106

107

20

40

60Module (en dB)

106

107

70

80

90Phase

106

107

0

5

10Réel

106

107

0

100

200Imag

106

107

0

2

4x 10

−6 Inductance

Fréquence (MHz)

40

Module (dB)

Partie réelle (Ω)

Fréquence (MHz) Fréquence (MHz)0

100

200

Fréquence (MHz)

Inductance (”H)

Fréquence (MHz) 10

10

Argument (degrés)

60

20

90

80

7011

1 1

10

2

4

0

5

10

Partie imaginaire (Ω)

10

10

10

Fig. 2.4 – ImpĂ©dance d’une microbobine CI

ModĂšle thĂ©orique Un modĂšle macroscopique thĂ©orique largement admis d’une microbobine estprĂ©sentĂ© Ă  la figure 2.5. L est l’inductance de la bobine, R la rĂ©sistance des pistes et C reprĂ©sentel’ensemble des capacitĂ©s parasites, comprenant en particulier les capacitĂ©s inter-spires. La rĂ©sistancevaut expĂ©rimentalement environ 5 Ω et l’inductance L est comprise expĂ©rimentalement entre 2,5 ”Het 1,5 ”H. Une approximation1 de la valeur de C peut ĂȘtre calculĂ©e grĂące Ă  l’expression de la capacitĂ©entre deux conducteurs de surface S, sĂ©parĂ©s par la distance e :

C = Δ0S

e= Δ0ℓ epe

(2.3)

Ici, il vientC = 637 fF

1Les valeurs de R et L Ă  prendre en compte sont celles mesurĂ©es en basse frĂ©quence. Leur valeur est par consĂ©quentpeu influencĂ©e par la connectique. La valeur de C ne peut pas ĂȘtre obtenue en basse frĂ©quence, il est nĂ©cessaire de lacalculer de façon approchĂ©e. L’influence de la connectique sur cette valeur est par ailleurs bien plus importante.

2.2. LES DEUX TECHNOLOGIES DE MICROBOBINES 25

Le modĂšle est un dipĂŽle RLC dont l’impĂ©dance s’écrit

Z =R+ jLω

1 + jRC ω − LC ω2

ou, sous forme normalisée,

Z = R1 + j Qωω0

1 + j ωQω0−(ωω0

)2 avec ω0 =1√LC

et Q =1R

√L

C≈ 350

En supposant le facteur de qualité Q grand, le calcul de la fréquence de résonance fr la donne prochede la fréquence propre f0 du dipÎle. Il vient

fr ≈ f0 =1

2 π√LC

= 353 MHz (2.4)

Cette valeur, trÚs supérieure aux fréquences utilisées pour ces travaux, justifie que le phénomÚne derésonance ne soit pas visible dans les graphes de la figure 2.4.

C

R L

Fig. 2.5 – ModĂšle thĂ©orique d’une microbobine

Le calcul de C et fr est effectuĂ© pour la bobine seule, c’est-Ă -dire sans prendre en compte laconnectique associĂ©e qui est utilisĂ©e pour l’obtention du diagramme de Bode de l’impĂ©dance. L’in-fluence de cette connectique est forte, comme le prouve la diminution des valeurs de l’inductance etde la rĂ©sistance mesurĂ©es lorsque la frĂ©quence est supĂ©rieure Ă  8 MHz. Ce phĂ©nomĂšne, qui n’est pasdĂ» Ă  la capacitĂ© parasite des microbobines mais Ă  l’ensemble des connexions et des cĂąbles, entraĂźneune limitation dans la plage des frĂ©quences utilisables.

2.2.1.3 CaractĂ©risation de l’élĂ©ment sensible

En tant qu’élĂ©ment de sonde, les caractĂ©ristiques gĂ©omĂ©triques et Ă©lectriques ne suffisent pas Ă qualifier complĂštement le comportement physique. Un Ă©lĂ©ment peut ĂȘtre soit rĂ©cepteur soit Ă©metteur.Dans le premier cas, il est utile de dĂ©terminer sa sensibilitĂ© et son bruit. Dans le second cas, le calculdu pouvoir d’émission est nĂ©cessaire.

La sensibilitĂ© d’un capteur est le rapport des variations respectives de la grandeur de sortie ducapteur et du mesurande. Dans le cas d’une bobine utilisĂ©e comme capteur magnĂ©tique, un champmagnĂ©tique est transformĂ© en tension. La sensibilitĂ© s’écrit, d’aprĂšs la loi 1.7 de Lenz-Faraday, Ă  lafrĂ©quence f

S =∣∣∣∣dVdB

∣∣∣∣ = 2 π f Stotale (2.5)

oĂč Stotale est la surface totale de l’ensemble des spires de la bobine. Pour les microbobines CI, lasensibilitĂ© Ă  f = 1 MHz vaut

S = 0,89 V·mT−1

Le bruit d’une bobine lorsqu’elle n’est pas parcourue par un courant est uniquement un bruitd’agitation thermique. Cette tension efficace s’écrit, Ă  la tempĂ©rature T et sur une plage de frĂ©quencesde mesure ∆f

vb =√

4 k T R∆f (2.6)

26 CHAPITRE 2. MISE EN ƒUVRE EXPÉRIMENTALE

oĂč k = 1,38 · 10−23 J·K−1 est la constante de Boltzmann. La bande passante ∆f Ă  prendre en compteest celle sur laquelle est faite la mesure : il s’agit en gĂ©nĂ©ral de l’intersection de la bande passantede l’éventuel dernier filtre de l’instrumentation et de celle de l’appareil de mesure. Sans a priori surl’instrumentation, il est raisonnable de poser au maximum ∆f = 10 MHz2, ce qui donne Ă  T = 298 K

vb = 0,91 ”V

Il est possible de rapporter cette grandeur au mesurande. Il suffit pour cela de la diviser par lasensibilité, obtenant alors la valeur efficace de bruit magnétique équivalent, qui vaut ici

Bb = 1,01 nT

Le pouvoir d’émission, dans le cas d’un Ă©lĂ©ment Ă©metteur, est le rapport entre le champ Ă©mis etle courant nĂ©cessaire Ă  son Ă©mission. Son expression s’obtient Ă  l’aide de celle du flux magnĂ©tique Ίproduit par un Ă©lĂ©ment d’inductance L traversĂ© par un courant I, qui s’écrit avec B supposĂ© uniformesur l’ensemble de la surface effective de la bobine

Ί = LI = B Stotale

ce qui donne

Pe =B

I=L

Stotale(2.7)

Ainsi apparaĂźt la notion de densitĂ© surfacique d’inductance. Cela signifie que plus l’inductance d’unebobine est « concentrĂ©e », plus son pouvoir d’émission est grand. Ici, avec les valeurs donnĂ©es prĂ©cĂ©-demment,

Pe = 14 mT·A−1

2.2.2 Les microbobines micromoulées

La seconde technologie de microbobines est issue des techniques de rĂ©alisation de microsystĂšmes,plus complexes que les techniques de CI. Il s’agit de microbobines rĂ©alisĂ©es par micromoulage decuivre sur un substrat de silicium. Ces microbobines ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es par l’Institut d’ÉlectroniqueFondamentale (IEF, Orsay), laboratoire de l’UniversitĂ© Paris-Sud, avec lequel depuis plusieurs annĂ©esune collaboration est en cours[RWJ+07].

Le substrat sur lequel sont gravĂ©es les microbobines peut ĂȘtre de deux types, en silicium (supportrigide, 280 ”m d’épaisseur) ou en kapton (support souple, 50 ”m d’épaisseur). Seul le premier type desubstrat est utilisĂ© dans ces travaux, mais il est utile de noter que le second donnera la possibilitĂ© dansun futur proche d’amĂ©liorer les performances des microbobines pour le CND : le dĂ©collement sera plusfaible et ce substrat souple permettra de se conformer Ă  des gĂ©omĂ©tries de piĂšces non planes[CD07].

2.2.2.1 Procédé de fabrication

Le procédé de fabrication de ces microbobines se découpe en 6 grandes étapes[Woy05, WGDG+06].La figure 2.6 montre schématiquement ces étapes.

1. La premiĂšre Ă©tape est une Ă©tape de mĂ©tallisation. AprĂšs nettoyage de la surface du substrat Ă l’aide de solvants, une sous-couche mĂ©tallique de cuivre, d’une Ă©paisseur de 100 nm, est dĂ©posĂ©epar Ă©vaporation sous vide. Cela consiste Ă  bombarder un fil de cuivre avec un faisceau d’électronsĂ©nergĂ©tiques, ce qui entraĂźne l’arrachage des atomes de cuivre. Ils viennent alors se dĂ©poser surle substrat situĂ© en face du dispositif. Cette sous-couche sert uniquement Ă  rendre possible ledĂ©pĂŽt Ă©lectrolytique de l’étape 5.

2Cette plage de frĂ©quence est fortement surestimĂ©e, car le signal est « filtrĂ© » par une dĂ©tection synchrone (cf. lasous-section 2.2.3 pour davantage d’informations).

2.2. LES DEUX TECHNOLOGIES DE MICROBOBINES 27

Étape 1 : MĂ©tallisation Étape 2 : EnrĂ©sinement Étape 3 : Photolithographie UV

Étape 4 : DĂ©veloppement Étape 5 : DĂ©pĂŽt Ă©lectrolytique Étape 6 : Élimination du mouleet gravure de la sous-couche mĂ©tallique

Substrat CuivreRĂ©sine photorĂ©sistanteCouche d’amorçage

Fig. 2.6 – ProcĂ©dĂ© de fabrication des bobines micromoulĂ©es

2. La deuxiĂšme Ă©tape est une enduction de rĂ©sine, Ă  l’aide d’une tournette atmosphĂ©rique. CetenrĂ©sinement est suivi d’un recuit thermique. L’épaisseur de rĂ©sine aprĂšs enduction et recuit estde 18,5 ”m. Cette Ă©tape et les deux suivantes font partie de la technique de lithographie UV.

3. La troisiĂšme Ă©tape, l’insolation, consiste Ă  Ă©clairer l’échantillon pendant une durĂ©e dĂ©terminĂ©e,avec une lumiĂšre monochromatique. L’insolation est rĂ©alisĂ©e Ă  travers un masque sur lequel sontinscrites les pistes en nĂ©gatif. Ainsi seule la rĂ©sine situĂ©e Ă  l’endroit des pistes subit l’attaque dela lumiĂšre.

4. Pour terminer la lithographie UV, un dĂ©veloppement est opĂ©rĂ©, pendant lequel la rĂ©sine insolĂ©eest dissoute par un bain dans un liquide dĂ©veloppeur. Les Ă©chantillons sont ensuite rincĂ©s etsĂ©chĂ©s sous flux d’azote.

5. Le dĂ©pĂŽt Ă©lectrolytique de cuivre est l’étape la plus importante et la plus critique. L’opĂ©rationest effectuĂ©e en mode galvanostatique : un courant d’intensitĂ© constante traverse une solutionĂ©lectrolytique trĂšs acide, de pH infĂ©rieur Ă  1, par l’intermĂ©diaire d’une anode et d’une cathoderespectivement constituĂ©es d’une plaque de cuivre et de l’échantillon. Une rĂ©action d’oxydationa lieu Ă  l’anode, libĂ©rant un ion Cu2+ qui rĂ©agira ensuite dans une rĂ©duction au niveau de lacathode, selon les rĂ©actions suivantes :

Oxydation à l’anode : Cu −→ Cu2+ + 2 e−

RĂ©duction Ă  la cathode : Cu2+ + 2 e− −→ Cu

ce qui entraĂźne le dĂ©pĂŽt d’un atome de cuivre sur la piĂšce. La rĂ©duction ne pouvant avoir lieuque sur une surface conductrice (dont des Ă©lectrons sont arrachĂ©s), seule la partie de la piĂšcenon protĂ©gĂ©e par la rĂ©sine rĂ©agit : les pistes se dessinent ainsi lors de cette rĂ©action. Toute ladifficultĂ© de cette Ă©tape rĂ©side dans la nĂ©cessaire constance de dĂ©pĂŽt en termes de section toutau long de la piste.

6. Enfin, la gravure de la sous-couche mĂ©tallique est la derniĂšre Ă©tape du procĂ©dĂ©. Assez dĂ©licateelle aussi, elle est essentielle puisqu’elle sert Ă  isoler les spires des microbobines. AprĂšs avoirdissout le moule en rĂ©sine par immersion dans l’acĂ©tone, puis rincĂ© l’échantillon Ă  l’éthanol, ilfaut supprimer les zones de la sous-couche anciennement protĂ©gĂ©es. Pour ce faire, l’échantillonest plongĂ© dans un bain acide commercial qui grave le cuivre restant de façon uniforme encommençant par les bords : au bout de quelques minutes la sous-couche de 100 nm d’épaisseura disparu sans que les pistes ne soient encore trop dĂ©formĂ©es.

28 CHAPITRE 2. MISE EN ƒUVRE EXPÉRIMENTALE

2.2.2.2 Caractérisation géométrique

Les bobines micromoulĂ©es sont des microbobines carrĂ©es, dont la largeur c d’un cĂŽtĂ© vaut 1 mm etqui comportent n = 40 spires. La largeur et l’espacement des pistes valent cette fois ℓp = e = 5 ”m,tandis que l’épaisseur des pistes de cuivre a Ă©tĂ© fixĂ©e Ă  ep = 20 ”m. La figure 2.7 montre une photo-graphie traditionnelle (appareil photo numĂ©rique montĂ© sur une loupe binoculaire) d’une des barrettesde quatre microbobines utilisĂ©es. La figure 2.8 montre une photographie provenant d’un microscopeĂ©lectronique Ă  balayage d’une de ces microbobines. Les plots de connexion sont des carrĂ©s de 100 ”mde cĂŽtĂ©.

1 bobine

1 mm

Fig. 2.7 – Barrette de quatre bobines micromoulĂ©es

Fig. 2.8 – Photographie au microscope Ă  balayage Ă©lectronique d’une bobine micromoulĂ©e

Les formules 2.1 et 2.2 appliquĂ©es ici donnent ℓ = 98 mm et Stotale = 17 mm2.

2.2.2.3 Caractérisation électrique

Contrairement Ă  la technologie CI, le micromoulage permet d’obtenir des pistes trĂšs fines. Celaa pour effet d’augmenter l’inductance grĂące Ă  l’augmentation possible du nombre de spires, les deuxĂ©tant fortement liĂ©s[Bry55, Ter43]. Afin d’obtenir la plus grande inductance possible, le nombre despires est maximisĂ© par le remplissage complet de la surface disponible.

Ceci a pour consĂ©quence d’augmenter fortement la rĂ©sistance. En effet, pour un conducteur ohmiqueclassique, la rĂ©sistance s’écrit

R =ρ ℓ

s

oĂč ρ est la rĂ©sistivitĂ© du conducteur, ℓ sa longueur dĂ©veloppĂ©e et s sa section. Pour un encombrementdonnĂ©, plus la bobine comportera de spires, plus la longueur dĂ©veloppĂ©e de conducteur sera importante

2.2. LES DEUX TECHNOLOGIES DE MICROBOBINES 29

et, surtout, plus la section sera faible : ces deux paramĂštres tendent Ă  augmenter la rĂ©sistance. Le dĂ©fautde ces bobines est donc d’avoir une forte rĂ©sistance, ce qui est relativement perturbateur pour nosmesures : augmentation du bruit thermique Ă  la rĂ©ception, augmentation des dissipations thermiquespar effet Joule Ă  l’émission...

Le diagramme de Bode de l’impĂ©dance prĂ©sentĂ© Ă  la figure 2.9 confirme le fait qu’à une frĂ©quenceinfĂ©rieure Ă  5,5 MHz, la partie rĂ©sistive (rĂ©elle) de l’impĂ©dance est plus grande que la partie inductive(imaginaire), et la phase est infĂ©rieure Ă  45˚.

106

35

40

45Module (en dB)

106

0

50

100Phase

106

20

40

60Réel

106

0

100

200Imag

106

107

1

1.5

2x 10

−6 Inductance

Fréquence (MHz)1

1.5

2

20

40

60

40

45

Module (dB)

Partie réelle (Ω)

Fréquence (MHz) Fréquence (MHz)0

100

0

200

50

100

Fréquence (MHz)

Partie imaginaire (Ω)

Inductance (”H)

Fréquence (MHz)0,5

0,5

0,5

10

10 10

100,5

0,5

Argument (degrés)

1 10

35

Fig. 2.9 – ImpĂ©dance d’une bobine micromoulĂ©e

Les graphes reprĂ©sentant la rĂ©sistance R et l’inductance L ont globalement la mĂȘme allure que pourles microbobines CI, comme l’indique la figure 2.4). R est ici beaucoup plus Ă©levĂ©e et vaut environ55 Ω, tandis que la valeur de l’inductance L est assez proche Ă  1,7 ”H. Ceci est possible grĂące au grandnombre de spires, augmentant la surface effective totale. Les Ă©quations 2.3 et 2.4 ont ici pour rĂ©sultat

C = 3,45 pF et fr = 165 MHz

La valeur de C est cependant largement sous-estimĂ©e, car la capacitĂ© interspires considĂ©rĂ©e pour lesmicrobobines CI (cf. sous-section 2.2.1.2) est maintenant en parallĂšle d’une capacitĂ© bobine - substrat.Cette capacitĂ© est de l’ordre de quelques centaines de pF[Woy05] et s’ajoute Ă  C. Il vient alors que lafrĂ©quence de rĂ©sonance fr est plus proche de quelques dizaines de MHz.

Le phĂ©nomĂšne capacitif dĂ» Ă  l’instrumentation et Ă  la connectique associĂ©es est observĂ© de la mĂȘmefaçon qu’il l’avait Ă©tĂ© dans le cas des microbobines CI.

30 CHAPITRE 2. MISE EN ƒUVRE EXPÉRIMENTALE

2.2.2.4 CaractĂ©risation de l’élĂ©ment sensible

De mĂȘme que pour les microbobines CI, il est possible d’utiliser les dĂ©finitions 2.5 Ă  2.7 pourdĂ©terminer les caractĂ©ristiques de l’élĂ©ment de mesure. Il vient dans les mĂȘmes conditions

S = 0,11 V·mT−1

vb = 3,0 ”V

Bb = 28 nT

Pe = 118 mT·A−1

2.2.2.5 Intégration

La soudure Ă  l’étain Ă©tant impossible sur les plots de 100 ”m de cĂŽtĂ©, le substrat de silicium aĂ©tĂ© collĂ©, aprĂšs un clivage au plus prĂšs des bobines, sur un support constituĂ© d’un circuit imprimĂ©intermĂ©diaire oĂč ont Ă©tĂ© gravĂ©es des pistes en cuivre d’une largeur de 0,8 mm de large pour 5 mm delong. Les connexions ont alors Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par microsoudage par ultrasons d’un fil d’aluminium de25 ”m de diamĂštre.

2.2.3 Comparaison des deux technologies

Les valeurs des caractĂ©ristiques gĂ©omĂ©triques, Ă©lectroniques et de l’élĂ©ment sensible sont rĂ©sumĂ©espour les deux technologies utilisĂ©es dans le tableau 2.1. La miniaturisation des microbobines micro-moulĂ©es est dĂ©favorable sur deux points : la sensibilitĂ© est 8 fois plus faible et le bruit est 28 foisplus grand. Cependant, ces inconvĂ©nients sont limitĂ©s par le fait que le niveau de bruit est trĂšs faibledans les deux cas, infĂ©rieur au bruit apportĂ© en gĂ©nĂ©ral par l’instrumentation, donc peu perturbateur.De plus, le calcul de bruit thermique est rĂ©alisĂ© sur une plage Ă©tendue de frĂ©quences et par consĂ©-quent trĂšs fortement surestimĂ© : en pratique pour cette Ă©tude, une dĂ©tection synchrone dĂ©crite Ă  lasous-section 2.3.1 rĂ©duit la plage ∆f Ă  quelques dizaines de hertz.

En outre, la rĂ©solution est a priori nettement amĂ©liorĂ©e par les bobines micromoulĂ©es : en effet,elle est grossiĂšrement proportionnelle Ă  la surface d’encombrement, qui est 8 fois plus faible pourcette technologie. Le pouvoir d’émission est lui inversement proportionnel Ă  la surface effective totale,ce qui signifie qu’une bobine CI Ă©mettra un champ plus faible Ă  courant Ă©gal. Cependant, grĂące Ă une Ă©paisseur de piste plus grande, un courant plus important peut physiquement circuler dans lesmicrobobines CI. En pratique, Ă  des niveaux de tension et des frĂ©quences comparables, le courant estenviron deux fois plus important dans les microbobines CI.

2.3 Le matériel utilisé

L’ensemble du matĂ©riel utilisĂ© dans cette expĂ©rimentation est pris en photographie dans la fi-gure 2.10. Il est composĂ© de

– un impĂ©dancemĂštre qui mesure l’impĂ©dance de la sonde ;– un bras robotisĂ© qui effectue les mouvements de la sonde ;– un contrĂŽleur qui gĂšre les deux autres appareils ;– la sonde composĂ©e des microbobines et de la connectique associĂ©e ;– un Ă©chantillon de test, prĂ©sentĂ© Ă  la section suivante.

2.3. LE MATÉRIEL UTILISÉ 31

Microbobines CI Bobines micromoulées

Caractéristiques

Longueur de cÎté c 2,6 mm 1 mm

géométriques

Nombre de spires n 5 40

Espacement interpiste e 100 ”m 5 ”m

Largeur de piste ℓp 100 ”m 5 ”m

Épaisseur de piste ep 25 ”m 5 ”m

Longueur dĂ©veloppĂ©e ℓ 288 mm 98 mm

Surface d’encombrement 7,8 mm2 1 mm2

Surface effective totale Stotale 142 mm2 17 mm2

Caractéristiques

Résistance moyenne mesurée R 5 Ω 55 Ω

Ă©lectriques

Inductance moyenne mesurée L 2 ”H 1,7 ”H

Capacité estimée C 0,64 pF 3,45 pF

Fréquence de résonance estimée fr 353 MHz 165 MHz

Caractéristiques

SensibilitĂ© S (pour f = 1 MHz) 0,89 V·mT−1 0,11 V·mT−1

sensibles

Tension de bruit vb (∆f = 10 MHz) 0,91 ”V 3,0 ”V

Champ Ă©quivalent de bruit Bb 1,0 nT 28 nT

Pouvoir d’émission Pe 14 mT·A−1 118 mT·A−1

Tab. 2.1 – Tableau comparatif des caractĂ©ristiques pour les deux technologies de microbobines

2.3.1 L’impĂ©dancemĂštre

La sous-section 1.3.1.2 explique que les mesures faites pour le CND par CF sont des mesuresd’impĂ©dance pour une sonde Ă  fonction double, ou de transimpĂ©dance pour une sonde Ă  fonctionssĂ©parĂ©es. Ces mesures sont faites ici grĂące Ă  un impĂ©dancemĂštre Hewlett Packard HP4192-A, ayant unebande passante de 5 Hz Ă  13 MHz. Les frĂ©quences utilisĂ©es sont en pratique comprises entre 500 kHzet 12 MHz. Ce sont des mesures « 4 voies », parmi lesquelles deux voies servent Ă  l’établissement d’uncourant d’émission et les deux autres voies Ă  la mesure d’une tension de rĂ©ception. La mesure CF estle rapport complexe, prenant en compte rapport d’amplitudes et dĂ©phasage, de ces deux grandeurs.La figure 2.11 montre une photographie du montage et de l’impĂ©dancemĂštre.

Le cĂąblage est assurĂ© par quatre cĂąbles coaxiaux de diamĂštre 1,2 mm. L’ñme de chaque cĂąbleest utilisĂ©e pour une des deux bornes de chaque microbobine, ce qui permet de rĂ©aliser un blindagetotal entre l’impĂ©dancemĂštre et les microbobines, en dĂ©portant au plus prĂšs d’elles les quatre pointsde mesure. Pour que cela fonctionne, il faut que les gaines soient toutes reliĂ©es cĂŽtĂ© sonde : un plande masse est rĂ©alisĂ© sur un deuxiĂšme circuit imprimĂ© contenant de plus les connecteurs des cĂąblescoaxiaux. Ainsi le montage est isolĂ© des perturbations Ă©lectromagnĂ©tiques externes sur l’espace allantphysiquement de l’impĂ©dancemĂštre au plan de masse, et seules les perturbations existant entre le plande masse et les microbobines interviennent. Un schĂ©ma de la mesure effectuĂ©e, dans le cas d’une sondeĂ  fonctions sĂ©parĂ©es, est prĂ©sentĂ© Ă  la figure 2.123.

L’impĂ©dancemĂštre rĂ©alise une dĂ©tection synchrone du signal de mesure. Il s’agit d’un systĂšme defiltrage dans lequel le signal de mesure s(t), composĂ© d’un signal utile et d’un bruit alĂ©atoire

s(t) = Ames cos (2 π f t+ ϕ) +B(t)

3Le fait que le voltmĂštre et l’ampĂšremĂštre soient vectoriels permet de mesurer des amplitudes vectorielles, accĂ©dantainsi Ă  leur dĂ©phasage.

32 CHAPITRE 2. MISE EN ƒUVRE EXPÉRIMENTALE

bras robotisé

sonde et Ă©chantillon de test

inpédancemÚtre

contrĂŽleur

Fig. 2.10 – ExpĂ©rimentation

Fig. 2.11 – Montage et impĂ©dancemĂštre

est multipliĂ© par le signal d’excitation, Ă  la mĂȘme frĂ©quence f

sexc(t) = Aexc cos (2 π f t)

ainsi que par le signal en quadrature de mĂȘme amplitude

sq(t) = Aexc sin (2 π f t)

Le résultat de ses deux multiplications est

M(t) =AmesAexc

2(cos (4 π f t+ ϕ) + cos (ϕ)) +B(t)Aexc cos (2 π f t)

Mq(t) =AmesAexc

2(sin (4 π f t+ ϕ)− sin (ϕ)) +B(t)Aexc cos (2 π f t)

M et Mq sont alors filtrĂ©s Ă  basse frĂ©quence par un filtre de frĂ©quence de coupure fc trĂšs infĂ©rieure Ă f , ce qui Ă©limine la partie sinusoĂŻdale des premiers termes et une grande partie du spectre de B. Il estalors possible d’obtenir les valeurs de Ames et ϕ par les expressions

Ames = 2

√M2 +Mq

2

Aexc

ϕ = − arctanM

Mq

2.3. LE MATÉRIEL UTILISÉ 33

Plan de masse

A

V Vmes

iexcAmpĂšremĂštre

VoltmĂštre

Bobine

Bobine

vectoriel

vectoriel

ImpédancemÚtre Cùbles coaxiaux

réceptrice

Ă©mettrice

Fig. 2.12 – SchĂ©ma de cĂąblage « 4 voies »

Ainsi, la seule influence du bruit est celle de son spectre prÚs de f , plus précisément celle de laplage

[f − fc,f + fc]

Pour le bruit thermique considĂ©rĂ© aux sous-sections 2.2.1.3 et 2.2.2.4, prendre en compte l’utilisationde la dĂ©tection synchrone signifie

∆f = 2 fc

Ici, la documentation de l’impĂ©dancemĂštre annonce une frĂ©quence de coupure infĂ©rieure Ă  50 Hz, cequi diminue de façon trĂšs significative les valeurs de tension de bruit calculĂ©es.

2.3.2 Le bras robotisé

Afin d’effectuer les mouvements de la sonde par rapport Ă  la piĂšce, un bras robotisĂ© 3 axes aubout duquel est fixĂ©e la sonde est utilisĂ©. Il est commandĂ© par une liaison sĂ©rie. Sur chaque axe, lemouvement est effectuĂ© Ă  l’aide d’un moteur pas Ă  pas, de façon discrĂ©tisĂ©e. Le pas de dĂ©placementminimal est 1/80 mm soit 12,5 ”m.

2.3.3 Le contrĂŽleur

L’ensemble de l’expĂ©rimentation est contrĂŽlĂ© par un ordinateur et plus particuliĂšrement par l’in-termĂ©diaire du logiciel Matlab, aidĂ© par une librairie pilote4. Pour ce faire, des scripts Matlab ont Ă©tĂ©Ă©crits, afin de rĂ©aliser plusieurs fonctions :

– interface avec l’impĂ©dancemĂštreEnvoi des rĂ©glages (frĂ©quence, tension d’excitation, mode de mesure), prise de mesure (ordrede prise de mesure, rĂ©cupĂ©ration de l’impĂ©dance complexe, courant d’excitation, tension derĂ©ception).

– interface avec le bras robotisĂ©Envoi d’ordre de dĂ©placement absolu ou relatif, attente de retour d’état sans temporisation, miseĂ  zĂ©ro des coordonnĂ©es. Optimisations fortes en termes de rapiditĂ© d’exĂ©cution et de gestion dela mĂ©moire.

– gestion des dĂ©placementsGestion des zones Ă  contrĂŽler en fonction des positionnements et des dimensions des diffĂ©rentsdĂ©fauts. Gestion des pas de dĂ©placement et de plusieurs modes de balayage. Optimisation dutemps de dĂ©placement.

4Les quatre fonctions dĂ©crites ci-aprĂšs sont entiĂšrement gĂ©rĂ©es par Matlab et ses mĂ©thodes natives, sans l’emploi d’unlogiciel externe tel que Labview ni de toolbox particuliĂšre. La librairie de pilotage de l’interface gpib a Ă©tĂ© installĂ©e auniveau du systĂšme.

34 CHAPITRE 2. MISE EN ƒUVRE EXPÉRIMENTALE

– gestion des donnĂ©esFormatage et enregistrement des mesures sous forme de matrices. PossibilitĂ© d’affichage simul-tanĂ©ment avec la mesure.

Ces scripts, spĂ©cialement Ă©crits pour ces travaux, constituent une nette avancĂ©e dans l’instrumentationutilisĂ©e prĂ©cĂ©demment dans les deux laboratoires de co-tutelle. En particulier, l’accent a Ă©tĂ© mis sur lalisibilitĂ© du code et l’ajout prolifique de commentaires permettant une rĂ©utilisation ultĂ©rieure la plusaisĂ©e possible. Tous scripts crĂ©Ă©s sont des fonctions autonomes attendant les ordres en argument etpossĂ©dant des ordres par dĂ©faut. Tels quels, ils sont extrĂȘmement versatiles et utilisables pour d’autresapplications de dĂ©placement de sonde avec acquisition simultanĂ©e.

2.4 L’échantillon de test

Afin de pouvoir comparer diffĂ©rentes mesures effectuĂ©es sous des conditions d’expĂ©rimentation dif-fĂ©rentes (sonde, frĂ©quence...), il est nĂ©cessaire d’utiliser un jeu de dĂ©fauts calibrĂ©s. Une piĂšce Ă©chantillonen alliage paramagnĂ©tique de nickel, ayant une permĂ©abilitĂ© magnĂ©tique

” ≈ ”0 = 4 π 10−7 H ·m−1

et une conductivitĂ© Ă©lectrique σ = 0,76 MS · m−1, a Ă©tĂ© fabriquĂ©e. Ce matĂ©riau a Ă©tĂ© choisi pourson importante utilisation dans le domaine aĂ©ronautique, grĂące Ă  sa rĂ©sistance Ă  la corrosion et auxconditions d’utilisation difficiles[Wikb, Key]. La gamme de frĂ©quences utilisĂ©e dans la suite de l’étudea Ă©tĂ© fixĂ©e Ă  [500 kHz, 12 MHz], frĂ©quences pour lesquelles l’épaisseur de peau varie entre 160 ”m et820 ”m comme indiquĂ© dans le tableau 2.2.

Fréquence (MHz) 0,5 1 2 4 6 8 10 12

Épaisseur de peau (”m) 816 577 408 289 236 204 183 167

Tab. 2.2 – Variation de l’épaisseur de peau en fonction de la frĂ©quence au sein de l’échantillon

Sur cette piÚce échantillon ont été usinées des fissures rectangulaires par décharges électriques. Cesdéfauts, représentés sur la figure 2.13, sont débouchants et représentatifs des défauts recherchés surles piÚces aéronautiques telles que tubes et disques de turbines. Ils ont des dimensions précisémentdéfinies :

– longueur Ă©gale Ă  100 ”m, 200 ”m, 400 ”m, 600 ”m ou 800 ”m ;– profondeur Ă©gale Ă  100 ”m, 200 ”m ou 400 ”m ;– largeur Ă©gale Ă  100 ”m ;– orientation parallĂšle Ă  l’axe ~i ou parallĂšle Ă  l’axe ~j du bras robotisĂ©.

Ils sont au nombre de 30, soit 15 couples de dĂ©fauts aux mĂȘmes dimensions. Chaque couple de dĂ©fautscontient un dĂ©faut de chaque orientation.

2.5 Les stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception

L’utilisation de microbobines est particuliĂšrement utile si elles sont agencĂ©es dans des sondesmultiĂ©lĂ©ments, en particulier grĂące Ă  leur possibilitĂ© de remplir indiffĂ©remment et alternativement lafonction d’émetteur ou de rĂ©cepteur. Cependant, cette facultĂ© entraĂźne un choix nĂ©cessaire : de trĂšsnombreuses stratĂ©gies sont possibles. Pour ces travaux, une limite Ă  l’étude des stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception possibles pour trois microbobines en ligne a permis le dĂ©veloppement de considĂ©rations etl’obtention de rĂ©sultats gĂ©nĂ©ralisables Ă  des structures plus importantes. Il est possible de considĂ©rer ces

2.5. LES STRATÉGIES D’ÉMISSION-RÉCEPTION 35

~i

~j

5 mm

6 mm

10 mm

(1,4)(2,1)

(4,2)

(6,4)

(4,1)

(6,2)

(8,4) (8,2)

(6,1)

(2,4)

(1,2) (1,1)

(2,2)

(4,4)

(8,1)

(a,b) : (longueur,profondeur)

en dixiĂšmes de mm

Fig. 2.13 – SchĂ©ma de la piĂšce Ă©chantillon avec la localisation des dĂ©fauts

stratĂ©gies comme des structures Ă©lĂ©mentaires d’une matrice de neuf microbobines, elle-mĂȘme structureĂ©lĂ©mentaire d’une matrice plus grande.

On peut considérer cinq stratégies différentes, constituées de une, deux ou trois bobines. Elles sontschématisées dans la figure 2.14.

i

ii

i i

v

v

v

Mesure différentielle RER

Émission diffĂ©rentielle ERE−v

v

Émission additive ERE+

Mesure absolue E/R Émission-rĂ©ception ER

Fig. 2.14 – StratĂ©gies d’émission-rĂ©ception conçues dans le cadre de cette Ă©tude

2.5.1 La stratégie à mesure absolue « E/R »

Avec une unique bobine, il n’y a qu’une seule stratĂ©gie possible, celle de la sonde Ă  fonctionsdoubles. Le signal mesurĂ© est l’impĂ©dance de la bobine, qui joue Ă  la fois le rĂŽle d’émetteur et derĂ©cepteur. La mesure est absolue. Cette stratĂ©gie est trĂšs largement utilisĂ©e Ă  l’heure actuelle, grĂąceĂ  sa simplicitĂ© de mise en Ɠuvre et Ă  sa flexibilitĂ© pour la dĂ©tection des variations lentes ou rapidesd’état. Cependant, cette sensibilitĂ© Ă  toutes les variations est parfois dĂ©favorable Ă  la recherche dedĂ©fauts particuliers ou Ă  la discrimination entre diffĂ©rents dĂ©fauts.

36 CHAPITRE 2. MISE EN ƒUVRE EXPÉRIMENTALE

2.5.2 La stratégie émission-réception « ER »

Avec deux bobines existe la stratĂ©gie classique Ă  fonctions sĂ©parĂ©es, elle aussi largement utilisĂ©epour sa simplicitĂ© et malgrĂ© son manque de sensibilitĂ© au dĂ©faut. Une des deux bobines est parcouruepar un courant d’excitation, et la tension de rĂ©ception aux bornes de l’autre bobine est mesurĂ©e.

2.5.3 La stratégie à mesure différentielle « RER »

Cette stratĂ©gie, plus complexe que les deux prĂ©cĂ©dentes, utilise trois bobines : la bobine centralejoue le rĂŽle d’émetteur tandis que les deux bobines latĂ©rales effectuent une mesure diffĂ©rentielle duchamp magnĂ©tique. En effet, elles sont connectĂ©es en sĂ©rie de façon Ă  ce qu’un champ magnĂ©tiquealternatif vertical engendre deux tensions sinusoĂŻdales en opposition de phase dans les deux bobinesrĂ©ceptrices. En absence de dĂ©faut, le signal CF est ainsi idĂ©alement nul.

2.5.4 La stratégie à émission additive « ERE+ »

Pour les quatriĂšme et cinquiĂšme stratĂ©gies, l’idĂ©e est de rĂ©aliser l’émission par les deux bobineslatĂ©rales et la rĂ©ception par la bobine centrale. Deux possibilitĂ©s sont alors possibles pour l’émission.Cette stratĂ©gie exploite deux bobines latĂ©rales connectĂ©es de telle façon que le mĂȘme courant lestraverse et produit deux champs magnĂ©tiques qui s’ajoutent au niveau de la bobine centrale. Celarevient Ă  « ajouter » deux stratĂ©gies ER, dĂ©calĂ©es sur l’axe ~i d’une distance Ă©gale Ă  la largeur d’unebobine.

2.5.5 La stratĂ©gie Ă  Ă©mission diffĂ©rentielle « ERE− »

La derniĂšre stratĂ©gie utilise comme la prĂ©cĂ©dente une bobine centrale rĂ©ceptrice et deux bobineslatĂ©rales Ă©mettrices. Cependant, ici le courant traversant une bobine Ă©mettrice est en opposition dephase par rapport Ă  celui de l’autre bobine Ă©mettrice. Les flux des deux champs magnĂ©tiques s’opposentau niveau de la bobine centrale, et idĂ©alement s’annulent en absence de dĂ©faut. Il s’agit de ce quipourrait ĂȘtre dĂ©signĂ© comme une « excitation diffĂ©rentielle », ce qui a priori devrait conduire au mĂȘmecomportement que la mesure diffĂ©rentielle de la stratĂ©gie RER.

Chapitre 3

Signaux et prétraitements

Les travaux expĂ©rimentaux menĂ©s dans cette Ă©tude ont donnĂ© lieu Ă  l’acquisition de donnĂ©esspĂ©cifiques, correspondant Ă  un balayage surfacique de la piĂšce Ă©valuĂ©e (rĂ©alisĂ© Ă  l’aide du matĂ©rieldĂ©crit dans la section 2.3, page 30). Ce chapitre prĂ©sente tout d’abord les signaux obtenus, une premiĂšreinterprĂ©tation et une discussion sur la reprĂ©sentation de ces signaux CF. Ensuite, la dĂ©cimation et lesurĂ©chantillonnage des signaux CF sont Ă©tudiĂ©es. Enfin, le rapport signal sur bruit est dĂ©fini et calculĂ©,dans le but de comparer les diffĂ©rentes conditions de mesure.

3.1 Les représentations des signaux CF

Les signaux CF sont obtenus par balayage de la surface de la piĂšce. La sonde effectue de faiblesdĂ©placements, suivant les deux axes ~i et ~j, dĂ©finis Ă  la section 2.4, du plan de la surface, de 100 ”mdans le cas des bobines micromoulĂ©es (dĂ©crites Ă  la sous-section 2.2.2) ou de 200 ”m dans le cas desmicrobobines CI (dĂ©crites Ă  la sous-section 2.2.1). À chaque position de la sonde, une mesure complexede la transimpĂ©dance de la sonde est rĂ©alisĂ©e, comme expliquĂ© Ă  la sous-section 1.3.1.2, c’est-Ă -dire lerapport en amplitude et en phase de la tension de rĂ©ception sur le courant d’émission. Une cartographieest ainsi constituĂ©e, appelĂ©e « signal CF ». Cette cartographie de valeurs complexes est Ă©chantillonnĂ©edans l’espace, avec un pas correspondant aux distances de dĂ©placement, pas ici relativement faiblepar rapport Ă  la taille des microbobines, d’un facteur de division respectif 10 ou 15 pour les bobinesmicromoulĂ©es ou les microbobines CI.

Cette section dĂ©crit les diffĂ©rentes reprĂ©sentations possibles pour des signaux CF. L’étude portesur 30 dĂ©fauts calibrĂ©s ; les acquisitions ont Ă©tĂ© faites par deux sondes comportant des microbobinesde deux technologies diffĂ©rentes, avec 5 stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception, pour une dizaine de frĂ©quencesdiffĂ©rentes, selon deux positionnements de la piĂšce (cf. ci-aprĂšs, section 3.2). La base de donnĂ©es acquisecompte environ 30 × 2 × 5 × 10 × 2 = 6000 signaux CF : il est Ă  la fois inutile et impossible de tousles reprĂ©senter. Les figures suivantes montreront des exemples obtenus Ă  partir d’un unique dĂ©faut,de dimensions 200 ”m × 400 ”m × 100 ”m en profondeur×longueur×largeur. Ce dĂ©faut sera nommĂ©ci-aprĂšs dĂ©faut « exemple ».

3.1.1 Une premiÚre représentation : le C-scan

3.1.1.1 Exemples de C-scan

Une premiĂšre façon de visualiser les signaux CF mesurĂ©s est la reprĂ©sentation en tant que carto-graphie complexe. Il s’agit, afin de prendre en compte la nature complexe du signal, d’un ensemble

37

38 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

de deux images. Elles affichent soit le couple module / argument, soit le couple partie rĂ©elle / partieimaginaire. Cette reprĂ©sentation est souvent appelĂ©e C-scan (cf. encadrĂ©). Chaque image reprĂ©sentela valeur de la grandeur correspondante suivant une Ă©chelle de couleurs qui peut ĂȘtre ou non notĂ©eĂ  cĂŽtĂ©, continue ou discrĂšte. En gĂ©nĂ©ral l’échelle de couleurs fait correspondre les valeurs par ordrecroissant Ă  une Ă©chelle allant des couleurs froides aux couleurs chaudes, ou bien s’éclaircissant dansune mĂȘme teinte. Les axes des images sont les axes ~i et ~j de balayage de la surface inspectĂ©e (vuesuivant l’axe ~k).

Les dĂ©nominations A-scan, B-scan et C-scan (de l’anglais to scan, lire rapide-ment un document pour y trouver une information) viennent du domaine du CNDpar ultrasons. Avec cette technologie, il est possible de reprĂ©senter l’amplitude dusignal en fonction du temps Ă  un endroit donnĂ©, afin de visualiser le phĂ©nomĂšned’écho propre Ă  l’émission-rĂ©ception d’ultrasons. Cela constitue la forme A-scan.Un graphe de type B-scan trace la dynamique (le maximum de l’amplitude aubout d’un temps assez long) d’un signal en fonction de son abscisse le long d’uneligne. Il s’agit en quelque sorte d’une vue en coupe le long de cette ligne. UnC-scan est une image Ă  part entiĂšre qui reprĂ©sente la dynamique en tout point dela surface, selon une Ă©chelle de couleurs qui peut ĂȘtre continue ou binaire. Ceci estpar consĂ©quent Ă©quivalent Ă  une « vue de dessus ». La figure 3.1 schĂ©matise cestrois types de reprĂ©sentations dans le cas d’une Ă©valuation par sonde Ă  ultrasons.

t

A-scan B-scan C-scan

Écho de fond

DéfautdéfautDeuxiÚmedéfaut

Premier

t

s(t)

x x

y

S(x, y) = 0

S(x) = max(s(t))

Sonde Ă  ultrasons(fixe) DĂ©placement x

y

DĂ©placement x

S(x, y) = 1

Fig. 3.1 – DĂ©nominations A-scan, B-scan, C-scan pour le CND par ultrasons

Avec la technique CF, les A-scans n’existent qu’en «courants pulsĂ©s», fonc-tionnement peu utilisĂ© en pratique et non exposĂ© prĂ©cĂ©demment. En rĂ©gime har-monique, la mesure effectuĂ©e Ă  chaque point n’est pas un signal dĂ©pendant dutemps (le rĂ©gime transitoire d’établissement de la mesure n’apporte a priori au-cune information). Par contre, les reprĂ©sentations B-scan et C-scan de l’amplitudedu signal existent et sont largement utilisĂ©es. Pour les travaux prĂ©sentĂ©s dans cemĂ©moire, l’importance de balayer des surfaces Ă©limine de fait la pertinence desB-scans.

Les figures 3.2 et 3.31 montrent les signaux CF acquis autour du dĂ©faut « exemple » pour les deuxtechnologies de microbobines prĂ©sentĂ©es aux sections 2.2.1 et 2.2.2. Ces acquisitions sont effectuĂ©esavec la stratĂ©gie d’émission-rĂ©ception ERE− et Ă  une frĂ©quence des courants d’émission de 4 MHz.Les contours du dĂ©faut sont superposĂ©s en pointillĂ©s, Ă  l’échelle. Chaque figure est composĂ©e de quatre

1On notera que les deux sondes n’ont pas Ă©tĂ© connectĂ©es de façon strictement identique : les deux bornes de lamicrobobine centrale de rĂ©ception sont inversĂ©es entre les deux sondes, ce qui provoque une opposition sur la tensionmesurĂ©e, par suite sur la transimpĂ©dance (les lobes bleus deviennent rouges et inversement Ă  la fois sur la partie rĂ©elleet sur la partie imaginaire).

3.1. LES REPRÉSENTATIONS DES SIGNAUX CF 39

images, dont deux suffisent à représenter entiÚrement le signal CF. Le pas spatial de balayage choisiest 200 ”m dans le cas des microbobines CI et 100 ”m dans le cas des bobines micromoulées.

MalgrĂ© le caractĂšre diffĂ©rentiel des mesures faites par la stratĂ©gie ERE− utilisĂ©e ici, la valeur dusignal CF loin du dĂ©faut n’est pas nulle. Des paramĂštres perturbateurs, comme les dissymĂ©tries entreles bobines ou la connectique, engendrent aux frĂ©quences de mesure (entre 1 et 10 MHz) des tensionstrĂšs faibles qui, divisĂ©es par la valeur du courant d’excitation lui aussi trĂšs faible, produisent cettevaleur « Ă  vide » non nulle. Ceci engendre visuellement une diffĂ©rence trĂšs nette entre les modulesdes figures 3.2 et 3.3. Cependant, cette valeur Ă  vide est sans effet sur la suite des traitements, carretranchĂ©e juste aprĂšs l’acquisition.

3.1.1.2 Interprétation

La premiĂšre chose remarquable Ă  la vue de ces images est leur trĂšs faible correspondance avec lagĂ©omĂ©trie du dĂ©faut. Le dĂ©faut originel, vu selon l’axe ~k, a la forme d’un rectangle horizontal. Pourtantsur ces images, ce sont deux lobes de forme ellipsoĂŻdale qui sont visibles. De plus, la dimension desellipses n’a aucun rapport avec celle du dĂ©faut, car les acquisitions sur d’autres dĂ©fauts donnentdes lobes de dimensions similaires, mais tend Ă  se rapprocher davantage de la longueur du cĂŽtĂ© dechaque type de microbobine (environ 2,5 mm pour les acquisitions issues des microbobines CI, environ0,9 mm pour celles issues des bobines micromoulĂ©es). Les zones contenant les lobes seront dans la suitenommĂ©es « zones de signal utile ».

La prĂ©sence de ces lobes signifie que le signal CF subit une variation non seulement lorsque le dĂ©fautest situĂ© sous le rĂ©cepteur, mais aussi lorsqu’il est situĂ© sous l’un des deux Ă©metteurs. La figure 3.4schĂ©matise quelques positions des trois microbobines composant la sonde par rapport au dĂ©faut, pourquelques exemples repĂ©rĂ©s sur un C-scan. Lorsque le dĂ©faut se situe sous la partie gauche de l’émetteurde droite (position a), les lignes de courants induits de cet inducteur sont dĂ©viĂ©es vers la microbobinecentrale de rĂ©ception. Les courants induits par l’inducteur de gauche ne sont par contre pas dĂ©viĂ©s,l’équilibre est rompu et la tension aux bornes de la microbobine centrale n’est pas nulle. Si le dĂ©fautse trouve sous la partie droite de la microbobine rĂ©ceptrice (position b), une variation Ă©quivalente dusignal CF est observĂ©e, pour la mĂȘme raison. Cette variation est situĂ©e de part et d’autre de la frontiĂšreentre la microbobine centrale et la microbobine de droite. Le maximum de cette variation est atteintlorsque le dĂ©faut se situe entre les centres de chacune des deux microbobines (position c). Sur la droitede symĂ©trie de la sonde parallĂšle Ă  l’axe ~j (positions d et e), l’influence du dĂ©faut est identique pour lesCF induits par les deux Ă©metteurs et le signal CF est nul. Aux limites des microbobines parallĂšlementĂ  l’axe ~j (position f ), le signal s’attĂ©nue trĂšs fortement, car les dĂ©viations sont trop Ă©loignĂ©s pourengendrer une variation importante de la tension aux bornes de la microbobine de rĂ©ception. Enfin,dans les parties externes des microbobines Ă©mettrices (position g), les courants induits sont dĂ©viĂ©s versl’extĂ©rieur de la sonde, ce qui ne produit aucun signal.

Ainsi, la zone d’influence du dĂ©faut est situĂ©e autour des frontiĂšres entre chaque microbobineĂ©mettrice et la microbobine rĂ©ceptrice (et non uniquement la surface de la zone rĂ©ceptrice commeil pourrait ĂȘtre attendu). Ceci est une consĂ©quence des petites dimensions des dĂ©fauts considĂ©rĂ©s,comparativement Ă  celles des microbobines. Dans ce cas, les dĂ©viations des CF sont en effet localisĂ©esĂ  l’endroit oĂč se trouve le dĂ©faut. Dans le cas d’un dĂ©faut de plusieurs millimĂštres de long, le C-scanCF produit ressemble davantage Ă  l’image gĂ©omĂ©trique du dĂ©faut, avec des bordures relativementĂ©paisses.

3.1.1.3 Traitement des images

L’influence des faibles dimensions des dĂ©fauts peut aussi ĂȘtre expliquĂ©e par la thĂ©orie des filtres.En posant ni et nj les indices des points de l’image selon les axes ~i et ~j, il est possible de considĂ©rer

40 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

Module (Ω)

Partie réelle (Ω)

Argument (degrés)

Partie imaginaire (Ω)

axe ~i (mm)0-2 -1 1 2

axe~ j

(mm

)

-2

2

0

1

-1

axe ~i (mm)-2 -1 1 20

axe~ j

(mm

)-2

2

0

1

-1

axe ~i (mm)0-2 -1 1 2

axe~ j

(mm

)

-2

2

0

1

-1

axe ~i (mm)0-2 -1 1 2

axe~ j

(mm

)

-2

2

0

1

-1

0,05

0,06

0,07

0,8

0,09

0,1

-0,06

-0,05

-0.055

-0,065

-0,07-0,07

-0,06

-0,05

-0,04

-0,03

-0,02

-145

-160

-155

-150

-140

Fig. 3.2 – Signal CF complexe obtenu avec la sonde Ă  microbobines CI connectĂ©es selon la stratĂ©-gie ERE−, Ă  4 MHz, pour le dĂ©faut « exemple », d’une longueur de 200 ”m suivant l’axe ~i, d’uneprofondeur de 400 ”m et d’une largeur de 100 ”m suivant l’axe ~j (superposĂ© en pointillĂ©s)

1

0,5

-0,5

-1

axe~ j

(mm

)

0

0,5-0,5 1-1axe ~i (mm)

0

-0,06

-0,04

-0,02

0,02

0

Partie réelle (Ω)

1

0,5

-0,5

-1

axe~ j

(mm

)

0

0,5-0,5 1-1axe ~i (mm)

0

Module (Ω)0,08

0,75

0,07

0,065

0,06

1

0,5

-0,5

-1

axe~ j

(mm

)

0

0,5-0,5 1-1axe ~i (mm)

0

Partie imaginaire (Ω)

0,04

0,05

0,06

0,07

1

0,5

-0,5

-1

axe~ j

(mm

)

0

0,5-0,5 1-1axe ~i (mm)

0

Argument (degrés)150

130

110

90

70

Fig. 3.3 – Signal CF complexe obtenu avec la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es connectĂ©es selon lastratĂ©gie ERE−, Ă  7 MHz, pour le dĂ©faut « exemple », d’une longueur de 200 ”m suivant l’axe~i, d’uneprofondeur de 400 ”m et d’une largeur de 100 ”m suivant l’axe ~j (superposĂ© en pointillĂ©s)

3.1. LES REPRÉSENTATIONS DES SIGNAUX CF 41

DĂ©faut

d

e

f

b

c g

a

~j

~i

Bobine Bobine Bobineémettriceémettrice réceptrice

Bobine Bobine Bobineémettriceémettrice réceptrice

Bobine Bobine Bobineémettriceémettrice réceptrice

Bobine Bobine Bobineémettriceréceptriceémettrice

Bobine Bobine Bobineémettriceémettrice réceptrice

Bobine Bobine Bobineémettriceémettrice réceptrice

Bobine Bobine Bobineémettriceémettrice réceptrice

0,5-0,5 1-1 01

0,5

-0,5

-1

0

Fig. 3.4 – SchĂ©ma reprĂ©sentant pour quelques points de mesure la position de la sonde par rapportau dĂ©faut

la sonde comme un filtre de traitement bidimensionnel discret

(ni,nj) 7→ h (ni,nj)

qui transforme une image binaire e (ni,nj) contenant le dĂ©faut vu selon l’axe ~k en l’image constituĂ©epar le module du signal CF s (ni,nj) montrĂ©e par exemple dans les figures 3.2 ou 3.3. Un tel filtrelinĂ©aire2 permet alors d’écrire, sans prendre en compte le bruit extĂ©rieur

s (ni,nj) = (h ∗ e) (ni,nj) =∑

p

∑

q

(h (ni − p,nj − q) e (p,q)) (3.1)

oĂč ∗ est l’opĂ©rateur de convolution. Il vient alors que les dĂ©fauts dont les dimensions sont trĂšs faiblespar rapport Ă  celles de la sonde constituent des impulsions de Dirac de l’ensemble des dĂ©fauts, c’estĂ  dire des images d’entrĂ©e dont l’image de sortie correspondante est proportionnelle Ă  la rĂ©ponseimpulsionnelle du filtre h. Cela correspond bien Ă  la ressemblance des rĂ©ponses engendrĂ©es par tousces dĂ©fauts.

La rĂ©ponse impulsionnelle de la sonde Ă©tant ainsi connue grĂące Ă  l’acquisition autour d’un dĂ©faut defaibles dimensions, il est possible de calculer a priori ce que sera le signal CF pour un dĂ©faut de tailleimportante grĂące Ă  la formule prĂ©cĂ©dente. La figure 3.5 montre l’exemple d’un dĂ©faut rĂ©ellement Ă©valuĂ©Ă  l’aide de la sonde Ă  microbobines CI et de la convolution de l’image binaire du dĂ©faut par la rĂ©ponseimpulsionnelle de la sonde. Le dĂ©faut en question est composĂ© de deux fissures perpendiculaires delongueur 4,5 et 5 mm et de largeur 1 mm, espacĂ©es par un isthme large de 1,5 mm : le dĂ©faut n’a

2La sous-section 1.3.1 explique que le phĂ©nomĂšne des courants de Foucault n’est pas linĂ©aire et que les amplitudesdes grandeurs d’intĂ©rĂȘt ne varient pas linĂ©airement en fonction des perturbations. Cela ne signifie pas qu’il est impossibled’utiliser la thĂ©orie des filtres linĂ©aires : il suffit que les thĂ©orĂšmes de superposition et d’invariance par translationsoient vĂ©rifiĂ©s. Si la vĂ©rification du deuxiĂšme thĂ©orĂšme est Ă©vidente, l’hypothĂšse de superposition est souvent faite, parexemple dans le cas de l’hypothĂšse de Born[Zor90]. En pratique, cette hypothĂšse est valable dans un domaine de validitĂ©restreint[LDJ07].

42 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

pas une forme triviale. Cette convolution donne une image assez proche de l’image correspondant aumodule du signal CF rĂ©ellement obtenue : les arĂȘtes suivant l’axe ~j sont trĂšs visibles, tandis que lesarĂȘtes suivant l’axe ~i sont presque invisibles. Seuls les contours des dĂ©fauts peuvent ĂȘtre dĂ©tectĂ©s, carla structure de la sonde est diffĂ©rentielle.

-2

0

-4

2

4

axe~ j

(mm

)

0-4 -2 2 4axe ~i (mm)

Image binaire

du défaut considéré

axe~ j

(mm

)

axe ~i (mm)

RĂ©ponse impulsionnelle

de la sonde CF

0

0

-2

-1

2

1

-1-2 21

0

axe~ j

(mm

)

0axe ~i (mm)

Convolution de l’image binaire

et de la réponse impulsionnelle

-3-6 3 6

-6

6

-3

3

0

axe~ j

(mm

)

0axe ~i (mm)

Signal CF

réellement acquis

-6 6

6

-6

-3

3

-3 3

Fig. 3.5 – Correspondance entre le rĂ©sultat de la thĂ©orie des filtres et l’acquisition rĂ©elle : exempled’un dĂ©faut de forme non triviale

Ces signaux peuvent encore ĂȘtre utilisĂ©s Ă  des fins de traitement du signal par les algorithmesd’inversion ou de dĂ©convolution. Ces algorithmes ont pour but de rĂ©aliser le traitement inverse decelui effectuĂ© par la sonde, c’est-Ă -dire revenir Ă  l’image originale du dĂ©faut. Il est souvent questiond’utiliser la transformĂ©e de Fourier discrĂšte (TFD) de h, notĂ©e H. Cette matrice doit ĂȘtre inversĂ©e,et la transformĂ©e inverse de Fourier de la matrice ainsi obtenue correspond au filtre inverse h−1. Lamatrice H est rarement inversible, et plusieurs mĂ©thodes d’inversion approchĂ©e existent. Parmi cesmĂ©thodes se trouvent

– le calcul de la matrice pseudo-inverse, obtenu par la fonction Matlab pinv Ă  l’aide de la mĂ©thodede Moore-Penrose[Moo20, Pen55], par dĂ©composition en valeurs singuliĂšres ;

– le calcul du filtre inverse de Wiener[PAC90], qui fait intervenir les densitĂ©s spectrales de puissance(DSP) σB du bruit et σS du signal et qui s’écrit pour chaque couple de frĂ©quences spatiales (fi,fj)

W (fi,fj) = H−1 (fi,fj) =conj (H (fi,fj))

(H (fi,fj))2 +

(σB(fi,fj)σS(fi,fj)

)2

Il est par consĂ©quent nĂ©cessaire d’évaluer ces DSP, c’est-Ă -dire souvent de les supposer a priori.

Ces deux mĂ©thodes ont Ă©tĂ© mises en Ɠuvre sur les acquisitions effectuĂ©es. Les faibles dimensions desdĂ©fauts considĂ©rĂ©s ont eu pour consĂ©quence des rĂ©sultats peu concluants. NĂ©anmoins, trois observationsont pu ĂȘtre dĂ©gagĂ©es au sujet de ces deux mĂ©thodes :

– Elles donnent des rĂ©sultats assez proches. Si les DSP dans l’expression du filtre de Wiener sontcorrectement estimĂ©es, le rĂ©sultat de cette mĂ©thode de dĂ©convolution est normalement meilleur,en termes de rapport signal sur bruit, car la pseudo-inversion produit une amplification du bruitdue Ă  l’inversion des plus faibles valeurs singuliĂšres de H.

– Le calcul de la pseudo-inverse devient extrĂȘmement coĂ»teux en temps de calcul lorsque la taillede h devient importante. Ce n’est pas le cas du filtre de Wiener, qui est un simple calcul pointpar point de matrices.

– En termes de simplicitĂ© de mise en Ɠuvre, le filtre de Wiener a l’inconvĂ©nient majeur de ne pasĂȘtre universel : au contraire de la matrice de Moore-Penrose, il faut le recalculer pour chaqueimage s. De plus, le rĂ©glage consistant Ă  l’estimation des DSP est relativement sensible. Si laquantitĂ© σB/σS dĂ©terminĂ©e est trop faible, le rĂ©sultat n’est que trĂšs peu amĂ©liorĂ© par rapportĂ  la pseudo-inversion. Si la quantitĂ© σB/σS dĂ©terminĂ©e est surestimĂ©e, l’apparition de lobessecondaires latĂ©raux constitue une baisse sensible de la qualitĂ© de dĂ©convolution.

3.1. LES REPRÉSENTATIONS DES SIGNAUX CF 43

En conclusion, cette approche linĂ©aire permet dans certains cas de proposer efficacement des prĂ©-traitements de dĂ©convolution favorisant l’interprĂ©tabilitĂ© des images CF, mais reste dans le cas gĂ©nĂ©ralinsuffisante pour la caractĂ©risation quantitative des dĂ©fauts. Il faut alors mettre en Ɠuvre des modĂšlesinverse plus Ă©laborĂ©s, qui font actuellement l’objet d’une recherche active.

3.1.2 Une deuxiÚme représentation : la signature complexe

Une deuxiĂšme reprĂ©sentation des signaux CF est trĂšs utilisĂ©e dans le domaine du CND par CF.Il s’agit de la reprĂ©sentation dans le plan complexe de chaque valeur mesurĂ©e de la transimpĂ©dance.L’abscisse et l’ordonnĂ©e correspondent respectivement aux parties rĂ©elle et imaginaire de cette grandeurcomplexe.

Lorsque l’évaluation est effectuĂ©e le long d’une ligne uniquement, Ă©valuation qui peut ĂȘtre reprĂ©-sentĂ©e sous forme de B-scan, il est d’usage de relier les points de mesure entre eux, afin de garderune information spatiale sur l’ordre des points complexes. Ce genre de graphe est alors appelĂ© courbeou figure de Lissajous. Dans le cas des acquisitions effectuĂ©es ici, il est prĂ©fĂ©rable de ne pas lier lespoints entre eux, afin de garder une certaine lisibilitĂ© des graphes. La figure 3.6 montre les signaturesobtenues pour le dĂ©faut « exemple » avec les deux technologies de microbobines. Chaque croix cor-respond Ă  un point de mesure (les points de mesure sont espacĂ©s sur les deux axes ~i et ~j de 200 ”mpour les acquisitions faites avec la sonde Ă  microbobines CI et de 100 ”m dans le cas des bobinesmicromoulĂ©es).

-0,05-0,06-0,07

-0,03

-0,02

-0,04

-0,05

-0,07

-0,06

-0,02-0,06 -0,04 0 0,02

0,07

0,04

0,06

0,05

(a) Microbobines CI

(b) Bobines micromoulées

Part

ieim

agin

air

e(Ω

)

Part

ieim

agin

air

e(Ω

)

Partie réelle (Ω)

Partie réelle (Ω)

Fig. 3.6 – Signatures complexes obtenues avec le dĂ©faut « exemple »

Sur chacune de ces deux signatures, les points centraux correspondent aux mesures hors de la zonede signal utile, loin du dĂ©faut. Comme avec la reprĂ©sentation C-scan, cette valeur centrale moyenneest non nulle. Une variation complexe constituĂ©e d’un grand nombre de points, symĂ©trique de part etd’autre de cette valeur moyenne, correspond aux lobes des figures 3.2 et 3.3.

MalgrĂ© la perte des informations spatiales comme la forme du signal utile, cette reprĂ©sentation offredes nouvelles informations. En particulier, elle permet de mieux visualiser les tendances gĂ©nĂ©rales devariation de l’impĂ©dance de la sonde, en module et en phase. Ce mode de reprĂ©sentation est souvent

44 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

choisi comme point de dĂ©part pour paramĂ©triser3 l’acquisition, c’est-Ă -dire rĂ©duire Ă  quelques valeursune signature CF entiĂšre[KSK+04]. Une paramĂ©trisation des signatures CF est par exemple l’objet duchapitre 5. Elle y sert Ă  obtenir les dimensions des dĂ©fauts dĂ©tectĂ©s.

3.1.3 Une (presque-)troisiĂšme reprĂ©sentation : l’amplitude principale

3.1.3.1 IntĂ©rĂȘt de la transformation

La derniĂšre possibilitĂ© pour la reprĂ©sentation des signaux CF n’en est pas vraiment une. Il s’agitdes mesures complexes, projetĂ©es sur l’axe de plus grande variation de la signature CF et reprĂ©sentĂ©esen tant qu’image spatiale. Cela reste une sorte de C-scan, appelĂ©e par la suite « image CF ».

L’intĂ©rĂȘt de cette reprĂ©sentation est de simplifier la visualisation des images CF des dĂ©fauts, auprix d’une perte si possible minime d’informations. En effet, comme cela est visible sur les figures 3.2et 3.3, se contenter d’une image unique par signal CF signifie nĂ©cessairement faire un choix entremodule, partie rĂ©elle et partie imaginaire. Choisir le module pose le problĂšme de l’opposition desvaleurs des deux lobes : le module Ă©tant toujours positif, l’opposition ne peut ĂȘtre conservĂ©e. Les deuxderniĂšres grandeurs ne sont pas prĂ©fĂ©rables l’une Ă  l’autre et il est par consĂ©quent difficile d’en choisirarbitrairement une. La plus intĂ©ressante des deux serait, d’aprĂšs les signatures CF des figures 3.6-aet 3.6-b, plutĂŽt la partie imaginaire pour la premiĂšre, plutĂŽt la partie rĂ©elle pour la seconde. L’idĂ©eest alors de choisir une combinaison linĂ©aire des deux, qui maximise l’énergie du signal CF conservĂ©e.Plusieurs techniques existent pour ce faire.

3.1.3.2 PremiĂšre mĂ©thode : l’analyse en composantes principales

Le terme « amplitude principale » peut ĂȘtre rapportĂ© Ă  la mĂ©thode de l’analyse en composantesprincipales (ACP), qui effectue une comparaison des diffĂ©rentes composantes d’un signal, aprĂšs pro-jection dans un sous-espace de reprĂ©sentation engendrĂ© par une nouvelle base orthogonale[Sap78,MKB79]. Cette base orthogonale peut ĂȘtre indiffĂ©remment dĂ©terminĂ©e Ă  l’aide de la dĂ©composition envaleurs singuliĂšres[Bjo96] de la matrice de covariance des deux vecteurs partie rĂ©elle et partie imagi-naire, ou de la matrice dont les colonnes sont ces deux vecteurs. L’effet produit est la maximisation desprojections orthogonales des points sur chacun des axes dĂ©finis. La premiĂšre composante produite parl’ACP est a priori l’amplitude principale recherchĂ©e, du moins pour le type de signaux CF considĂ©rĂ©sici.

3.1.3.3 DeuxiĂšme mĂ©thode : l’estimateur des moindres carrĂ©s ordinaires

Une autre mĂ©thode est le calcul de l’estimateur des moindres carrĂ©s ordinaires (EMCO). CettemĂ©thode permet de minimiser la somme des carrĂ©s des erreurs entre les valeurs mesurĂ©es et les valeursestimĂ©es[VHV91]. Il s’agit souvent de mesures y rĂ©alisĂ©es pour un paramĂštre de mesure x connu : lebut est alors de minimiser l’erreur y − y d’estimation. Ces erreurs sont par consĂ©quent les distancesverticales entre les points de mesure et la droite trouvĂ©e, comme indiquĂ© par la figure 3.7-a.

Dans le cas de cette Ă©tude, l’utilisation de l’EMCO est sensiblement diffĂ©rente, car le but est dedĂ©terminer l’existence d’une relation entre deux grandeurs mesurĂ©es. Il n’y a aucune lĂ©gitimitĂ© Ă  donnerun sens physique diffĂ©rent aux parties rĂ©elle ou imaginaire de l’impĂ©dance, qui jouent respectivement

3Comme beaucoup de termes techniques, le verbe paramĂ©triser est un anglicisme (de l’anglais to parameterize). Iln’est pas correct et il serait prĂ©fĂ©rable en français classique de lui prĂ©fĂ©rer le verbe paramĂ©trer. NĂ©anmoins, l’action enquestion ici est bien diffĂ©rente de paramĂ©trer au sens rĂ©gler des paramĂštres, mais signifie trouver comment dĂ©finir cesparamĂštres et Ă©tudier comment il est possible de s’en servir. C’est pourquoi utiliser un terme diffĂ©rent n’est pas aberrant.

3.1. LES REPRÉSENTATIONS DES SIGNAUX CF 45

le rÎle de x et y. Il convient donc de minimiser ici la distance orthogonale à la droite recherchée, commele montre la figure 3.7-b.

y

x0

Droite estimée

Points de mesure

(b) Distances orthogonales(a) Distances verticales

0

y = Partie imaginaire

x = Partie réelle

Fig. 3.7 – Distances ou erreurs pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ©es pour l’estimateur des moindres carrĂ©s ordi-naires

Le calcul de cette droite prend en compte les n points de mesure de coordonnées (xi,yi). La moyennedes x, la variance des x et la covariance des (x,y) sont respectivement notées

x =1n

n∑

i=1

xi

V(x) =1n

n∑

i=1

(xi − x)2

cov(x,y) =1n

n∑

i=1

(xi − x) (yi − y)

Pour une droite affine quelconque, d’équation

a x+ b y + c = 0 (3.2)

oĂč a, b et c sont les paramĂštres Ă  dĂ©terminer, la distance algĂ©brique depuis un point de coordonnĂ©es(xi,yi) est dĂ©finie par

di =a xi + b yi + c√a2 + b2

(3.3)

La somme des carrĂ©s des distances entre les n points de mesure et la droite s’écrit

ÎŁ(a,b,c) =1

a2 + b2

n∑

i=1

(a xi + b yi + c)2

=1

a2 + b2

[n∑

i=1

(a xi + b yi)2 + 2

n∑

i=1

(a xi + b yi) c+ n c2]

Sa dérivée partielle par rapport à c vaut

∂Σ

∂c=

2a2 + b2

[n∑

i=1

(a xi + b yi) + n c

]

et s’annule si et seulement si

c = − 1n

n∑

i=1

(a xi + b yi) = −a x− b y

46 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

Cela signifie que la droite minimisant l’erreur orthogonale passe par le barycentre (x,y) de l’ensembledes points de mesure. AprĂšs substitution, la somme Ă  minimiser s’écrit

ÎŁ(a,b) =1

a2 + b2

[n∑

i=1

(a (xi − x) + b (yi − y))2

]

=1

a2 + b2

[a2

n∑

i=1

(xi − x)2 + b2n∑

i=1

(yi − y)2 + 2 a bn∑

i=1

(xi − x) (yi − y)]

=n

a2 + b2(a2 V(x) + b2 V(y) + 2 a b cov(x,y)

)(3.4)

Pour minimiser cette somme, ses dérivées partielles par rapport à a et b sont calculées :

∂Σ

∂a=

n

(a2 + b2)2

[2 a b2 (V(x)−V(y)) + 2

(b3 − a2 b

)cov(x,y)

]

∂Σ

∂b=

n

(a2 + b2)2

[2 a2 b (V(y)−V(x)) + 2

(a3 − a b2

)cov(x,y)

]

L’annulation de ces deux dĂ©rivĂ©es engendre la mĂȘme Ă©quation

a b (V(y)−V(x)) +(a2 − b2

)cov(x,y) = 0 (3.5)

En fixant b, il est possible de calculer la valeur de a par la rĂ©solution de l’équation du second degrĂ©4,soit

a = bV(x)−V(y)±

√(V(x)−V(y))2 + 4 cov2(x,y)

2 cov(x,y)

La symĂ©trie de l’équation 3.5 donne au calcul Ă©quivalent pour b en fixant a un rĂ©sultat identique. Ilest alors envisageable de choisir, par exemple, d’avoir un couple (a,b) normalisĂ© tel que

a2 + b2 = 1 et b ≄ 0

Les deux solutions trouvĂ©es correspondent Ă  deux extrema de la somme S. La solution minimalecorrespond Ă  une dĂ©rivĂ©e seconde de S par rapport Ă  a positive. La valeur de cette dĂ©rivĂ©e seconde,lorsque la dĂ©rivĂ©e premiĂšre s’annule, est positive si et seulement si

2 a cov(x,y) ≀ b (V(x)−V(y))

Cette inéquation permet de choisir la solution correcte, qui est

a = b

V(x)−V(y)−

√(V(x)−V(y))2 + 4 cov2(x,y)

2 cov(x,y)

= bK

ce qui conduit Ă  la solution

a =K√

1 +K2et b =

1√1 +K2

4Si la quantitĂ© cov(x,y) est nulle, l’équation 3.5 est une Ă©quation du premier degrĂ© Ă  deux variables. Deux cas sontalors possibles :

– V(x) = V(y) : l’équation 3.5 est toujours vĂ©rifiĂ©e, n’importe quels a et b la satisfont. Pour satisfaire la symĂ©trie del’équation 3.4, il est logique de choisir a = b.

– V(x) 6= V(y) : l’équation 3.5 est vĂ©rifiĂ©e si et seulement si a = 0 ou b = 0. La minimisation de la somme dĂ©finie parl’équation 3.4 est rĂ©alisĂ©e en choisissant a = 0 si V(x) > V(y) et b = 0 sinon.

En pratique, le fait que cov(x,y) = 0 et V(x) = V(y) simultanĂ©ment est hautement improbable, car dans le cas prĂ©sentx et y sont fortement dĂ©pendantes. cov(x,y) = 0 ne se produit en fait que lorsque l’une des deux donnĂ©es est constantede façon uniforme sur l’ensemble de l’acquisition.

3.1. LES REPRÉSENTATIONS DES SIGNAUX CF 47

qui peut ĂȘtre simplifiĂ©e5 en

a = − signe (cov(x,y))

√√√√√12

1− V(x)−V(y)√

(V(x)−V(y))2 + 4 cov2(x,y)

(3.6)

b =

√√√√√12

1 +

V(x)−V(y)√(V(x)−V(y))2 + 4 cov2(x,y)

(3.7)

L’amplitude principale sâ€Č est l’abscisse de la projection de chaque point de mesure sur la droitedĂ©terminĂ©e. Cette projection orthogonale s’écrit, Ă  une constante additive prĂšs

sâ€Či =b xi − a yi√a2 + b2

= b xi − a yi

3.1.3.4 TroisiÚme méthode : le maximum de vraisemblance

Une troisiĂšme mĂ©thode est celle du maximum de vraisemblance. Il y est question de dĂ©termi-ner les paramĂštres d’une loi de distribution afin de l’optimiser pour l’ensemble des Ă©chantillonsmesurĂ©s[Rao65]. En pratique, il faut trouver une variable alĂ©atoire fonction des mesures effectuĂ©es,dont la loi de distribution dĂ©pend des paramĂštres recherchĂ©s. Le choix des paramĂštres est effectuĂ©grĂące Ă  la maximisation de la vraisemblance qui prend en compte l’ensemble des probabilitĂ©s pourchacune des mesures.

Ici, les paramĂštres recherchĂ©s sont les coefficients a, b et c de la droite d’équation 3.2. La variablealĂ©atoire choisie est la distance algĂ©brique di dĂ©finie par l’équation 3.3. Cette distance Ă©quivaut Ă l’erreur commise. Si la distribution de cette variable alĂ©atoire est posĂ©e, par hypothĂšse, comme Ă©tantune loi normale centrĂ©e et d’écart-type σ, la densitĂ© de probabilitĂ© de di s’exprime

fa,b,c(xi,yi) =1√

2 πσexp

(− di

2

2σ2

)

En supposant l’indĂ©pendance entre les diffĂ©rents Ă©chantillons, la vraisemblance est par dĂ©finition leproduit de l’ensemble des n densitĂ©s de la variable alĂ©atoire prise pour chaque Ă©chantillon, soit

La,b,c ((x1,y1),(x2,y2), . . . ,(xn,yn)) =(

1√2 πσ

)nexp

(− 1

2σ2

1a2 + b2

n∑

i=1

(a xi + b yi + c)2

)

Trouver les paramĂštres a, b et c qui maximisent cette quantitĂ© n’est pas chose aisĂ©e. Cependant, ilest possible d’obtenir les mĂȘmes paramĂštres en utilisant la fonction logarithme nĂ©pĂ©rien ln. En effet,La,b,c est strictement positive et ln est croissante et monotone. Il vient

ln (La,b,c ((x1,y1),(x2,y2), . . . ,(xn,yn))) = n ln(

1√2 πσ

)− 1

2σ2

1a2 + b2

n∑

i=1

(a xi + b yi + c)2

= n ln(

1√2 πσ

)− 1

2σ2ÎŁ(a,b,c)

oĂč ÎŁ(a,b,c) est la somme des distances carrĂ©es minimisĂ©e prĂ©cĂ©demment pour le calcul de l’EMCO.Il apparaĂźt clair que maximiser la quantitĂ© ln (La,b,c) en fonction de a, b et c revient exactement Ă minimiser ÎŁ(a,b,c). La mĂ©thode du maximum de vraisemblance donne, dans le cas Ă©tudiĂ©, le mĂȘmerĂ©sultat que le calcul de l’EMCO.

5En posant signe(0) = 1, cette Ă©criture permet de prendre aussi en compte les cas oĂč cov(x,y) = 0 et V(x) 6= V(y).

48 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

3.1.3.5 Mise en Ɠuvre

Les rĂ©sultats donnĂ©s par les deux mĂ©thodes de calcul (ACP et EMCO) sont numĂ©riquement rigou-reusement identiques. Ceci est dĂ» Ă  l’utilisation dans le calcul de l’ACP de la covariance des donnĂ©es.Le calcul de l’EMCO faisant lui aussi intervenir les variances et covariances des parties rĂ©elles x etimaginaires y, les deux calculs ont un fondement thĂ©orique diffĂ©rent mais une mise en Ɠuvre similaireet donnant par consĂ©quent le mĂȘme rĂ©sultat.

Une image unique est obtenue, qui maintient la visualisation de la forme gĂ©omĂ©trique des signauxCF. Les amplitudes principales correspondant au dĂ©faut « exemple » sont reprĂ©sentĂ©es dans la fi-gure 3.8. La dynamique de ces grandeurs, c’est-Ă -dire la diffĂ©rence entre les valeurs extrĂȘmes, visiblesur les Ă©chelles de couleurs, est bien maximisĂ©e.

Microbobines CI Bobines micromoulées

1

0,5

-0,5

-1

axe~ j

(mm

)0

0,5-0,5 1-1axe ~i (mm)

0

Module (Ω)

0,04

0,02

0

-0,02

-0,04

Module (Ω)

-2 -1 1 20axe ~i (mm)

axe~ j

(mm

)

-2

2

0

1

-1

-0,03

-0,015

0

0,015

0,03

Fig. 3.8 – Amplitudes principales (images CF) obtenues pour le dĂ©faut « exemple », Ă  comparer avecles figures 3.2 et 3.3

3.2 L’orientation des dĂ©fauts

La section 2.4 a prĂ©sentĂ© la piĂšce Ă©chantillon, qui comporte des dĂ©fauts rectilignes suivant l’axe~i et l’axe ~j. Il a par ailleurs Ă©tĂ© vu Ă  la sous-section 2.1.3 que le contrĂŽle par courants de Foucaultest relativement sensible Ă  l’orientation des dĂ©fauts. RĂ©aliser des acquisitions pour deux orientationsperpendiculaires de dĂ©fauts n’est pas suffisant pour pouvoir dĂ©terminer des rĂ©sultats gĂ©nĂ©raux ouanalyser les performances dans l’ensemble des cas possibles. Il a Ă©tĂ© choisi, dans ce but de gĂ©nĂ©ralisation,d’augmenter le nombre d’orientations.

3.2.1 Les différentes orientations

Lors des acquisitions, la piÚce a été utilisée dans deux positions :

– la position originale, oĂč les dĂ©fauts sont orientĂ©s suivant l’axe ~i ou l’axe ~j ;– une position oblique aprĂšs rotation de 45˚, oĂč les dĂ©fauts sont orientĂ©s suivant les axes ~i−~j et~i+~j.

Les quatre orientations, appelĂ©es respectivement oi, oj, oi−j et oi+j, sont schĂ©matisĂ©es sur la figure 3.9.

Les diffĂ©rentes orientations rĂ©sultent en des signaux aux formes visuellement assez diffĂ©rentes. Lafigure 3.10 montre l’amplitude principale pour des dĂ©fauts de mĂȘme taille que le dĂ©faut « exemple »,mais selon les 4 orientations. L’image CF du dĂ©faut oj prĂ©sente des lobes primaires d’étendue plus

3.2. L’ORIENTATION DES DÉFAUTS 49

~j

~i

oi oi−j oi+joj

Fig. 3.9 – Orientations schĂ©matisĂ©es des dĂ©fauts

restreinte que pour le dĂ©faut oi, mais aussi des lobes secondaires non nĂ©gligeables. Les images CF desdĂ©fauts oi−j et oi+j sont lĂ©gĂšrement dĂ©formĂ©es perpendiculairement au dĂ©faut. La figure 3.11 superposeles signatures CF des 4 orientations. Il n’y a aucune diffĂ©rence de forme ni d’angle des signatures. Ladynamique, par contre, diffĂšre de façon importante, notamment entre les dĂ©fauts oi et oj. Les signauxCF des dĂ©fauts oi−j et oi+j ont eux des dynamiques identiques, du fait de leur symĂ©trie par rapport Ă l’axe ~i.

1

0,5

-0,5

-1

axe~ j

(mm

)

0

0,5-0,5 1-1axe ~i (mm)

0

1

0,5

-0,5

-1

axe~ j

(mm

)

0

0,5-0,5 1-1axe ~i (mm)

01

0,5

-0,5

-1

axe~ j

(mm

)

0

0,5-0,5 1-1axe ~i (mm)

0

1

0,5

-0,5

-1

axe~ j

(mm

)

0

0,5-0,5 1-1axe ~i (mm)

0

0,04

0,02

0

-0,02

-0,04

0,02

-0,01

0

0,01 0,01

0

0,01

0,02

0,01

0

-0,01

-0,02

Orientation axe ~i Orientation axe ~j

Orientation axe (~i−~j) Orientation axe (~i+~j)

Fig. 3.10 – Amplitudes principales pour des dĂ©fauts d’une longueur de 200 ”m dans les diffĂ©rentesorientations, obtenues avec la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es connectĂ©es selon la stratĂ©gie ERE−, Ă 7 MHz

3.2.2 La combinaison d’images

Les stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception exposĂ©es Ă  la section 2.5 sont Ă  considĂ©rer comme Ă©tant desstructures Ă©lĂ©mentaires d’une matrice en deux dimensions de 9 microbobines, elle-mĂȘme brique Ă©lĂ©-mentaire d’une matrice plus grande. À ce titre, les acquisitions rĂ©alisĂ©es permettent de simuler lefonctionnement d’une telle matrice Ă  deux dimensions, grĂące Ă  la combinaison des images de dĂ©fautsde mĂȘmes dimensions.

En effet, l’évaluation conjointe de dĂ©fauts orientĂ©s selon l’axe ~i et de dĂ©fauts identiques orientĂ©sselon l’axe ~j permet d’obtenir pour une mĂȘme dimension trois signatures diffĂ©rentes. La figure 3.12

50 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

-0,02

-0,01

0

0,01

0,02

-0,02-0,04 0 0,02 0,04

oi

oj

oi−j

oi+j

Partie imaginaire (Ω)

Part

ieré

elle

(Ω)

Fig. 3.11 – Signatures superposĂ©es des dĂ©fauts d’une longueur de 200 ”m dans les diffĂ©rentes orienta-tions, acquisitions Ă  7 MHz avec les bobines micromoulĂ©es, stratĂ©gie ERE−

schĂ©matise ces trois modes d’acquisition Ă©quivalents, dans le cas des stratĂ©gies Ă  trois microbobines 6.Le signal CF du dĂ©faut oi est conservĂ© sans modification, tandis que celui du dĂ©faut oj Ă©quivaut, aprĂšsavoir subi une rotation, Ă  l’acquisition effectuĂ©e pour un dĂ©faut oi par trois microbobines situĂ©es enligne sur l’axe ~j. Enfin, la somme en chaque point de mesure de ces deux signaux correspond Ă  ce quipeut ĂȘtre rĂ©alisĂ© simultanĂ©ment par deux lignes de microbobines perpendiculaires. Chacun des troissignaux rĂ©sultant de ces modes est notĂ©, conformĂ©ment Ă  la figure 3.12,

– m‖i pour le signal CF du dĂ©faut oi ;– m⊄i pour le signal CF du dĂ©faut oj aprĂšs rotation horaire ;– mc,i pour le signal CF somme des deux modes prĂ©cĂ©dents (mode combinĂ©).

De plus, la mĂȘme combinaison peut ĂȘtre effectuĂ©e pour les acquisitions des dĂ©fauts orientĂ©s Ă  45˚ etdonne les signaux notĂ©s

– m‖ij pour le signal CF du dĂ©faut oi−j ;– m⊄ij pour le signal CF du dĂ©faut oi+j aprĂšs rotation horaire ;– mc,Äł pour le signal CF somme des deux modes prĂ©cĂ©dents (mode combinĂ©).

L’utilitĂ© de cette combinaison est par exemple comprĂ©hensible en termes de dĂ©tection. Un dĂ©fautd’une dimension donnĂ©e produit un signal beaucoup plus intense s’il est parallĂšle Ă  l’orientation dela sonde que s’il est perpendiculaire. Cela signifie que la dĂ©tection de ce dĂ©faut dĂ©pend certainementde son orientation. Le mode combinĂ© mc,i produit un signal Ă©quivalent pour les deux orientationsperpendiculaires de dĂ©faut et permet de dĂ©tecter de façon Ă©quivalente deux dĂ©fauts suivant ces deuxorientations.

3.3 D’autres prĂ©traitements

Les signaux CF bruts aprÚs acquisition nécessitent quelques traitements préliminaires à la trans-formation en amplitude principale et à leur utilisation dans les algorithmes de détection et de carac-térisation décrits aux chapitres 4 et 5. Trois prétraitements sont réalisés :

– filtrage de type moyennageUn filtrage bidimensionnel est effectuĂ© indĂ©pendamment sur la partie rĂ©elle et sur la partieimaginaire de chaque signal CF complexe. Ce filtrage de type moyennage a pour but de supprimer

6Pour la stratĂ©gie E/R Ă  une seule microbobine, ce genre de considĂ©ration est sans intĂ©rĂȘt. En effet, la sonde n’aalors pas de direction privilĂ©giĂ©e, et chaque dĂ©faut est vu de la mĂȘme façon indĂ©pendamment de son orientation. Pour lastratĂ©gie ER Ă  deux microbobines, il serait Ă©ventuellement possible de concevoir de telles combinaisons, nĂ©cessairementdiffĂ©rentes de celles dĂ©finies ici. Cela n’a pas Ă©tĂ© fait, les stratĂ©gies ERE− et RER Ă©tant a priori plus intĂ©ressantes entermes de performances.

3.4. LA DÉCIMATION 51

Modes

d’acquisition

Ă©quivalents

d’acquisition

Modes

réels

somme

E ER RE E

R

E

E

E R E E R

E

E

E

DĂ©fauts

rotation

Mode m⊄iMode m‖i Mode mc,i

~j

~i

~j

~i

~j

~i

~j

~i

~i

~j

Fig. 3.12 – SchĂ©ma des diffĂ©rents modes d’acquisition Ă©quivalents pour un mĂȘme dĂ©faut

les variations franches entre deux pixels voisins et de limiter l’influence des points « aberrants ».Dans le domaine frĂ©quentiel, il est Ă©quivalent Ă  un filtrage de type passe-bas, attĂ©nuant les hautesfrĂ©quences spatiales.

– centrage des valeurs complexesLa soustraction uniforme de la valeur moyenne calculĂ©e hors de la zone de signal utile est rĂ©alisĂ©e,indĂ©pendamment sur la partie rĂ©elle et sur la partie imaginaire de chaque signal CF. Les signauxCF traitĂ©s sont donc Ă  valeur moyenne nulle hors de la zone de signal utile.

– centrage spatialLes zones de « masque » oĂč seront appliquĂ©s les algorithmes de dĂ©tection et de caractĂ©risationdoivent ĂȘtre parfaitement positionnĂ©es par rapport aux dĂ©fauts Ă©valuĂ©s, afin de reproduire defaçon systĂ©matique le mĂȘme comportement sur ces dĂ©fauts calibrĂ©s. Cependant, le positionne-ment mĂ©canique du dispositif n’est pas assurĂ© prĂ©cisĂ©ment, malgrĂ© le pas spatial trĂšs faible(12,5 ”m) du bras robotisĂ©, car la piĂšce est positionnĂ©e manuellement. Une variation du centrespatial du signal CF autour de la position attendue a ainsi Ă©tĂ© observĂ©e sur les donnĂ©es brutes.Cette variation est au maximum de l’ordre de 200 ”m, ce qui reste faible mais nĂ©anmoins nonnĂ©gligeable Ă  l’échelle des dimensions des dĂ©fauts. Un centrage spatial est effectuĂ© sur le moduleaprĂšs soustraction de la moyenne, par une reconnaissance basique de forme des signaux CF7.

3.4 La décimation

Les signaux CF prĂ©sentĂ©s dans ce chapitre ne sont pas des signaux continus. Ils sont quantifiĂ©sdans les valeurs de leurs parties rĂ©elle et imaginaire, parce que l’impĂ©dancemĂštre utilisĂ© est numĂ©riqueavec un pas de quantification de 1 mΩ en rĂ©sistance et en rĂ©actance. Cette quantification n’est pasimportante ici, car les dynamiques typiques des signaux CF observĂ©s sont plus de 10 fois supĂ©rieures Ă cette valeur. D’autre part, ils sont Ă©chantillonnĂ©s dans l’espace, par l’utilisation d’un systĂšme robotisĂ©et la prise de mesure discrĂšte avec un pas d’échantillonnage spatial choisi Ă  100 ”m ou 200 ”m.

7Les signaux CF provenant des stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception, comme le montrent les figures 3.2, 3.3 et 3.11, possĂšdentdeux symĂ©tries : une symĂ©trie selon l’axe ~j, et une antisymĂ©trie selon l’axe~i. Ces symĂ©tries peuvent ĂȘtre dĂ©terminĂ©es parune « autoconvolution », comme cela est le cas dans les scripts produits pour cette Ă©tude.

52 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

3.4.1 Pourquoi la décimation ?

Dans l’optique d’une acquisition dans des conditions rĂ©alistes, la rapiditĂ© d’exĂ©cution est un facteuressentiel Ă  la viabilitĂ© d’un systĂšme de CND. Il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dit dans le chapitre 1 que la technique desCF compte parmi ses avantages la rapiditĂ© d’acquisition, car l’établissement des courants induits etdes champs Ă©lectromagnĂ©tiques est quasi-immĂ©diate, contrairement par exemple Ă  la technique desultrasons qui nĂ©cessite une propagation Ă  la vitesse du son dans le matĂ©riau inspectĂ©, ou Ă  la radio-graphie qui nĂ©cessite un temps de pose pour imprĂ©gner le film sensible. Il a de plus Ă©tĂ© expliquĂ© dansla section 2.1.1 que l’intĂ©rĂȘt principal des sondes multiĂ©lĂ©ments est de diminuer le temps d’acquisitionen prenant des mesures sans dĂ©placement mĂ©canique.

Le temps total entre deux mesures de transimpĂ©dance, comprenant le temps de dĂ©placement (pourun pas de 100 ”m), le temps de mesure et le temps de stockage des donnĂ©es, a Ă©tĂ© Ă©valuĂ© Ă  0,37 sdans le cas des acquisitions prĂ©sentĂ©es prĂ©cĂ©demment. Cela signifie que l’inspection d’une surface de2 mm de cĂŽtĂ© soit 212 = 441 points, comme dans le cas des signaux CF prĂ©sentĂ©s aux figures 3.3 ou3.10, nĂ©cessite prĂšs de 3 minutes ; une Ă©valuation d’une zone de 2 cm de cĂŽtĂ© nĂ©cessite un temps 100fois plus grand. Cette durĂ©e n’est pas compatible avec des impĂ©ratifs industriels. Pour ĂȘtre davantagerĂ©aliste, deux mĂ©thodes existent :

– effectuer plusieurs mesures simultanĂ©es, Ă  l’aide d’une matrice multiĂ©lĂ©ments ;– relever un nombre plus faible de mesures en augmentant le pas d’échantillonnage spatial

de déplacement de la sonde.

Les deux dĂ©marches peuvent ĂȘtre menĂ©es conjointement. Par exemple, une matrice multiĂ©lĂ©ments Ă deux dimensions de bobines micromoulĂ©es est capable, sans dĂ©placement mĂ©canique, de prendre aumieux une mesure tous les millimĂštres8 suivant les deux directions. Ceci est possible sans dĂ©placement,par consĂ©quent dans un temps trĂšs faible, par l’intermĂ©diaire d’un multiplexage temporel entre lesdiffĂ©rents groupes de microbobines. Pour obtenir un pas d’échantillonnage spatial de 100 ”m = 1

10 mmsur une zone aussi large que la sonde, il suffit de prendre un jeu de mesures dans 10 × 10 = 100positions diffĂ©rentes de la sonde, ce qui demanderait un temps d’exĂ©cution nettement plus faible quepour une sonde de trois microbobines en ligne balayant mĂ©caniquement la surface. En augmentant lepas d’échantillonnage spatial Ă  500 ”m, il suffit alors de rĂ©aliser seulement 4 jeux de mesures, le tempsd’acquisition devient alors trĂšs faible.

Les acquisitions effectuĂ©es dans le cadre de ces travaux permettent de simuler ce comportementet les rĂ©sultats qu’il pourrait apporter. Pour ce faire, une dĂ©cimation des signaux CF mesurĂ©s estopĂ©rĂ©e. Il s’agit simplement de prendre, sur chaque axe du plan d’acquisition, une mesure toutes lesnd = pas/100 ”m, oĂč pas est le pas d’échantillonnage spatial du signal CF aprĂšs dĂ©cimation et 100 ”mle pas des acquisitions originales. nd est appelĂ© facteur de dĂ©cimation.

La valeur du facteur de dĂ©cimation sera comprise dans la suite de ce document entre 1 et 10. nd = 1correspond Ă  aucune dĂ©cimation et un signal CF dĂ©cimĂ© identique au signal CF originalement acquis,tandis que nd = 10 correspond Ă  un pas d’échantillonnage spatial pour le signal CF dĂ©cimĂ© Ă©gal Ă 1 mm, c’est-Ă -dire aucun dĂ©placement mĂ©canique de la matrice de microbobines de deux dimensionsqui aurait pu rĂ©aliser l’acquisition.

3.4.2 Le critĂšre de Nyquist-Shannon

Les signaux CF sont des signaux complexes bidimensionnels. Comme pour des signaux temporels,il est possible d’analyser les variations de ces signaux Ă  l’aide du calcul du contenu frĂ©quentiel. Cegenre d’analyse est usuellement menĂ© Ă  l’aide d’outils comme la transformĂ©e de Fourier discrĂšte (TFD)

8Il s’agit de la largeur des bobines micromoulĂ©es.

3.4. LA DÉCIMATION 53

S(fi,fj), qui pour le signal s(ni,nj) s’écrit9

S(fi,fj) =Ni−1∑

ni=0

Nj−1∑

nj=0

s(ni,nj) exp (−2 π ı (fi ni Te + fj ni Te))

oĂč Ni et Nj sont les nombres de points de mesure suivant les axes~i et ~j, Te la pĂ©riode d’échantillonnagespatial soit le pas de mesure, en mm, fi et fj les frĂ©quences spatiales en mm−1. La TFD a la propriĂ©tĂ©d’ĂȘtre pĂ©riodique de pĂ©riode 1/Te. La figure 3.13 reprĂ©sente les modules des TFD des deux signauxCF des figures 3.2 et 3.3 pour les couples (fi,fj) vĂ©rifiant

(fi,fj) ∈[− 1

2Te,

12Te

]2

Microbobines CI Bobines micromoulées

r = 0, 7 mm−1 r = 1, 7 mm−1

0

-2 -1 1 2

-2

-1

1

2 4

2

-2

-4

-4 -2 2 4Fré

qu

ence

spati

alef

j(m

m−

1)

Fré

qu

ence

spati

alef

j(m

m−

1)

FrĂ©quence spatiale fi (mm−1) FrĂ©quence spatiale fi (mm−1)

0

0 0

Fig. 3.13 – Module des transformĂ©es de Fourier discrĂštes des signaux CF reprĂ©sentĂ©s aux figures 3.2et 3.3

L’énergie du signal est frĂ©quentiellement contenue Ă  98% dans un cercle centrĂ© de rayon 0,7 mm−1

pour la sonde Ă  microbobines CI et 1,7 mm−1 pour celle Ă  bobines micromoulĂ©es. L’échantillonnage estĂ©quivalent frĂ©quentiellement Ă  un filtrage passe-bas, de frĂ©quence spatiale l’inverse du pas d’échantillon-nage. Si cette frĂ©quence est trop faible, un effet de recouvrement de spectre ou aliasing apparaĂźt sur lesplus hautes frĂ©quences du spectre du signal. Un Ă©chantillonnage correct d’un signal doit permettre dereconstruire le signal original par interpolation. Le thĂ©orĂšme de Nyquist-Shannon annonce que poureffectuer un tel Ă©chantillonnage, il faut une frĂ©quence d’échantillonnage Fe au moins supĂ©rieure audouble de la frĂ©quence maximale du signal, soit

Fe ≄ 2Fmax

ou encoreTe ≀

12Fmax

Ici, cela signifie un pas d’échantillonnage spatial maximal de 0,7 mm pour la sonde Ă  microbobinesCI et 0,3 mm pour celle Ă  bobines micromoulĂ©es. Ces valeurs correspondent, pour chaque technologiede microbobines, Ă  peu prĂšs au tiers de la largeur des lobes observĂ©s sur les images CF et au tripledu pas d’échantillonnage choisi pour rĂ©aliser les acquisitions, soit un facteur de dĂ©cimation nd = 3.Les rĂ©sultats des algorithmes de dĂ©tection et caractĂ©risation risquent d’ĂȘtre fortement affectĂ©s par unfacteur de dĂ©cimation plus grand.

9En pratique, il est d’usage de rĂ©aliser une opĂ©ration appelĂ©e « bourrage de zĂ©ros », consistant Ă  agrandir la taille de sjusqu’à une valeur (N +P )2 en remplissant les nouveaux pixels de zĂ©ros. Le premier intĂ©rĂȘt est d’amĂ©liorer la rĂ©solutionspatiale, car la taille de S est Ă©gale Ă  celle de s pour des valeurs de frĂ©quences spatiales inchangĂ©es. Le deuxiĂšme intĂ©rĂȘt,plus particuliĂšrement si N + P est une puissance de 2, est de pouvoir tirer parti au maximum des algorithmes de calculde transformĂ©es de Fourier rapide, qui fonctionnent par dĂ©composition de l’expression de la TFD.

54 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

3.4.3 Le problĂšme du positionnement

La simulation du comportement rĂ©aliste de la sonde, avec un pas d’échantillonnage spatial supĂ©rieurĂ  celui des acquisitions rĂ©alisĂ©es, requiert une dĂ©cimation des signaux CF mesurĂ©s. Cette dĂ©cimation,qui consiste Ă  ne considĂ©rer qu’un point de mesure sur nd, signifie avoir nd

2 possibilitĂ©s de positionne-ment des points de mesure choisis par rapport au bord de l’image CF originale. La figure 3.14 montrel’exemple d’une image Ă  partir de laquelle est rĂ©alisĂ©e une dĂ©cimation d’un facteur nd = 5, selon lechoix du premier point de mesure aux coordonnĂ©es (ni,nj). Chaque cadre reprĂ©sente une des 25 imagespossibles. Chaque image possĂšde des points (entourĂ©s) diffĂ©rents de ceux des autres images, choisisparmi les points de l’image originale (non entourĂ©s).

Images possiblesaprÚs décimation

Points choisis

Points originaux

nj = 5

nj = 4

nj = 3

nj = 2

nj = 1

ni = 1 ni = 2 ni = 3 ni = 4 ni = 5

Fig. 3.14 – SchĂ©matisation du problĂšme de positionnement initial pour la dĂ©cimation, pour nd = 5

La dynamique d’un signal CF est la diffĂ©rence entre les valeurs maximale et minimale de l’amplitudeprincipale. Elle dĂ©pend de nd ainsi que du choix du premier point de mesure (ni,nj). Elle est parconsĂ©quent notĂ©e Dnd

(ni,nj), avec nécessairement (ni,nj) ∈ [1,nd]2. Pour le cas particulier nd = 1 (pasde décimation), est posée pour simplifier la notation D1 = D1(1,1).

La figure 3.15 trace, en fonction du facteur de dĂ©cimation, la dynamique des signaux CF aprĂšsdĂ©cimation, relativement Ă  la dynamique du signal original. Le signal original est obtenu pour le dĂ©faut« exemple » avec la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es. La courbe supĂ©rieure est la moyenne sur l’ensembledes images dĂ©cimĂ©es, obtenue par la formule

Dmoy =∑

(ni,nj)∈[1,nd]2

Dnd(ni,nj)nd

2D1(3.8)

oĂč Dnd(ni,nj) est la dynamique du signal CF dĂ©cimĂ© d’un facteur nd et auquel appartient le point

de mesure aux coordonnées originales (ni,nj). Il est aussi intéressant de connaßtre le minimum desdynamiques des signaux CF décimés

Dmin = min(ni,nj)∈[1,nd]2

Dnd(ni,nj)D1

(3.9)

qui donne l’importance de la plus grande dĂ©gradation engendrĂ©e par la dĂ©cimation.

3.5. LE SURÉCHANTILLONNAGE 55

91 2 3 4 5 6 7 8 10Facteur de décimation nd

Dmin

Dmoy

Dyn

am

iqu

ere

lati

ve

(%)

0

10

20

30

40

60

50

70

80

90

100

Fig. 3.15 – Dynamique des signaux CF aprĂšs dĂ©cimation relativement Ă  la dynamique du signaloriginal, pour le dĂ©faut « exemple »

Le processus de dĂ©cimation dĂ©grade les signaux CF en termes de dynamique quasi-linĂ©airement avecle facteur de dĂ©cimation nd. Si nd ≀ 3, les diffĂ©rents positionnements donnent des signaux CF assezĂ©quivalents : la dynamique relative moyenne est supĂ©rieure Ă  90%, la dynamique relative minimale Ă 85%. À partir de nd = 5, certains couples (ni,nj) produisent une chute de dynamique supĂ©rieure Ă 50%. Enfin, au-dessus de nd = 9, plus de 50% de la dynamique est perdue en moyenne.

Les deux courbes présentées à la figure 3.15 sont en fait quasiment indépendantes des dimen-sions du défaut évalué et des conditions de mesure. En effet, aucun de ces paramÚtres ne modifiesubstantiellement la forme de ces courbes ni les valeurs données au paragraphe précédent.

3.5 Le suréchantillonnage

Les signaux CF produits par la dĂ©cimation des signaux originaux simulent des acquisitions quiseraient rĂ©ellement rĂ©alisĂ©es avec un pas d’échantillonnage spatial grand. Deux problĂšmes se posentpour l’exploitation automatique de ces signaux CF :

– le signal est dĂ©gradĂ©, en dynamique notamment, ce qui peut par exemple conduire Ă  uneconfusion entre des signaux CF provenant de diffĂ©rents dĂ©fauts ;

– le signal comporte peu de points de mesure, car leur nombre de points de mesure est divisĂ©par n2

d. Cela est néfaste pour les performances des traitements (quantification de la qualité dusignal, détection, caractérisation).

Pour remĂ©dier Ă  ces deux problĂšmes, un surĂ©chantillonnage10 est effectuĂ© sur les signaux dĂ©cimĂ©s.Cette technique consiste Ă  insĂ©rer un nombre (ne − 1) de nouveaux Ă©chantillons entre deux points demesure existants, et Ă  dĂ©terminer la valeur du signal CF en ces points Ă  partir d’une interpolation desvaleurs du signal existant. ne est appelĂ© le facteur de surĂ©chantillonnage.

10Le terme « surĂ©chantillonnage » a deux sens. Il peut dĂ©signer– l’échantillonnage initial d’un signal analogique qui serait effectuĂ© avec une frĂ©quence d’échantillonnage bien supĂ©-

rieure à la limite du théorÚme de Nyquist-Shannon. Cette technique, trÚs utilisée dans le domaine audio-vidéo pourles applications haute-fidélité (convertisseurs analogiques-numériques, chaßnes hifi, vidéo HD...), réduit fortementles risques de repliement de spectre et augmente le rapport signal sur bruit.

– le fait de rĂ©Ă©chantillonner, c’est-Ă -dire Ă©chantillonner numĂ©riquement Ă  nouveau un signal numĂ©rique, mais en ajou-tant des points de mesures entre ceux dĂ©jĂ  prĂ©sents. C’est prĂ©cisĂ©ment cette acception qui est utilisĂ©e ici.

56 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

Un signal CF suréchantillonné avec un facteur de suréchantillonnage possÚde un nombre de pointsde mesure ne fois plus grand que son signal originel. Comme pour le facteur de décimation, ne = 1correspond à un suréchantillonnage inopérant.

Le processus de décimation/suréchantillonnage est réalisé séparément sur la partie réelle et sur lapartie imaginaire de chaque signal CF. Les signaux traités ici sont par conséquent réels.

3.5.1 L’interpolation

Pour rĂ©aliser cette opĂ©ration de surĂ©chantillonnage, il est nĂ©cessaire de choisir une mĂ©thode d’in-terpolation parmi celles existantes.

L’interpolation « au plus proche voisin » consiste Ă  affecter Ă  tout nouveau point de mesure lavaleur du signal bidimensionnel Ă©chantillonnĂ© (ni,nj) 7→ s (ni,nj) au point de mesure original le plusproche. Cette technique, qui rĂ©sout correctement le deuxiĂšme problĂšme posĂ© prĂ©cĂ©demment, n’estd’aucune utilitĂ© pour le premier.

L’interpolation linĂ©aire consiste Ă  relier linĂ©airement les valeurs aux points de mesure existants.Pour chaque Ă©chantillon (xi,xj) insĂ©rĂ© entre les points (ni,nj) et (ni + 1,nj + 1), la valeur du signals’écrit

se (xi,xj) = s (ni,nj)

+ [s (ni + 1,nj)− s (ni,nj)] (xi − ni) + [s (ni,nj + 1)− s (ni,nj)] (xj − nj)

+ [s (ni + 1,nj + 1) + s (ni,nj)− s (ni + 1,nj)− s (ni,nj + 1)] (xi − ni) (xj − nj)

Les signaux CF ainsi surĂ©chantillonnĂ©s ont des valeurs assez Ă©loignĂ©es de celles du signal avant dĂ©-cimation. En effet, l’évolution du signal CF entre deux points n’est pas rectiligne mais davantagecurviligne. Lorsque cette Ă©volution est concave, les valeurs surĂ©chantillonnĂ©es sont systĂ©matiquementsous-estimĂ©es.

L’interpolation polynomiale ou lagrangienne gĂ©nĂšre un unique polynĂŽme Ă  deux variables passantpar tous les points de mesure existants, et dĂ©finissant les valeurs pour les nouveaux points de mesure.Ce polynĂŽme est dĂ©fini par une Ă©quation Ă  chaque point de mesure, soit un ensemble deNiNj Ă©quations.Il est donc d’un rang Ă©levĂ©, ce qui rend le calcul trĂšs complexe. De plus, cette technique est sujette Ă des problĂšmes de stabilitĂ© lorsque le nombre de points de mesure augmente (phĂ©nomĂšne de Runge).

L’interpolation par fonction spline11 utilise une fonction (xi,xj) 7→ Sp (xi,xj) de degrĂ© k servantĂ  interpoler le signal. Sp est une fonction dĂ©finie par morceau. Sur chaque intervalle bidimensionnel([ni − 1,ni] , [nj − 1,nj]), elle est Ă©gale Ă  un polynĂŽme Ă  deux variables (xi,xj) d’ordre k :

∀ (ni,nj) ∈ [1,Ni − 1]× [1,Nj − 1] , ∀ (xi,xj) ∈ [ni − 1,ni]× [nj − 1,nj] Sp (xi,xj) = Pni,nj(xi,xj)

vĂ©rifiant l’égalitĂ© entre Sp et s aux points de mesure, soit

Pni,nj(ni,nj) = s (ni,nj)

Pni,nj(ni − 1,nj) = s (ni − 1,nj)

Pni,nj(ni,nj) = s (ni,nj)

Pni,nj(ni,nj − 1) = s (ni,nj − 1)

Chaque polynĂŽme possĂšde

nc =(k + 1) (k + 2)

211Le terme spline est un terme anglais signifiant « latte », ou plus particuliÚrement « cerce » : la cerce est un outil

utilisĂ© dans les mĂ©tiers de la construction qui, sous la forme d’une latte flexible en bois, permet de tracer des courbesharmonieuses Ă  rayon de courbure non constant, impossibles Ă  tracer Ă  l’aide un compas.

3.5. LE SURÉCHANTILLONNAGE 57

coefficients qu’il faut dĂ©terminer. Il faut alors (Ni − 1) (Nj − 1) nc Ă©quations pour dĂ©terminer l’en-semble des coefficients des polynĂŽmes qui composent Sp. En supposant que Sp est de classe Ck−1, oucontinĂ»ment dĂ©rivable k − 1 fois, suivant les deux axes, il vient

∀r ∈ [1,k − 1] , ∀(p,q) tel que p+ q = r, ∀ (ni,nj) ∈ [0,Ni − 2]× [0,Nj − 2] ,

∂rPni,nj(ni,nj)

∂xip∂xj

q=∂rPni+1,nj

(ni,nj)∂xip∂xj

q

∂rPni,nj(ni,nj)

∂xip∂xj

q=∂rPni,nj+1 (ni,nj)∂xip∂xj

q

Une fois les coefficients des Pni,njdĂ©terminĂ©s, l’interpolation est rĂ©alisĂ©e par simple correspondance

∀ (xi,xj) ∈ [0,ne (Ni − 1)]× [0,ne (Nj − 1)] se (xi,xj) = Sp

(xi

ne,xj

ne

)

L’interpolation par fonction spline cubique, composĂ©es de polynĂŽmes de degrĂ© 3, a Ă©tĂ© choisie. Il s’agitde la mĂ©thode comportant le meilleur compromis entre rapiditĂ© d’exĂ©cution et minimisation de l’erreur.La dĂ©rivabilitĂ© apporte en particulier un caractĂšre beaucoup plus « lisse » au signal produit qu’avecl’interpolation linĂ©aire, ce qui correspond bien aux variations relativement curvilignes des signaux CForiginaux.

3.5.2 Influence du facteur de décimation

Le principal objectif du suréchantillonnage opéré ici est de pallier les dégradations des signaux CFengendrées par la décimation précédente, afin de rendre cette décimation, qui répond à un besoin réel,le moins influente possible. La figure 3.16 compare les dynamiques relatives obtenues à la sous-sectionprécédente (figure 3.15) par les équations 3.8 et 3.9, notées Dmoy et Dmin à celles obtenues aprÚs unsuréchantillonnage réalisé avec un facteur ne égal au facteur de décimation nd, notées Dmoy,e et Dmin,e.

0

10

20

30

40

60

50

70

80

90

100

91 2 3 4 5 6 7 8 10Facteur de décimation nd

Dyn

am

iqu

ere

lati

ve

(%)

Dmoy

Dmin

Dmoy,e

Dmin,e

Fig. 3.16 – Dynamique des signaux CF aprĂšs dĂ©cimation et suivie ou non de surĂ©chantillonnage,relativement Ă  la dynamique du signal original, pour ne = nd

Pour nd ≀ 3, la dynamique relative est fortement rapprochĂ©e des 100% (respectivement plus de97% et 95% pour la moyenne et le minimum). Cela s’explique par la conclusion du thĂ©orĂšme deNyquist-Shannon (cf. sous-section 3.4.2) : pour nd ≀ 3 ou pour un pas d’échantillonnage spatialinfĂ©rieur Ă  0,3 mm, le signal CF peut ĂȘtre normalement correctement reconstruit, ce qui ici est traduitpar une perte maximale de seulement 5% en dynamique. Dans le cas oĂč nd > 3, la persistance de la

58 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

dĂ©gradation des signaux CF est nettement visible, malgrĂ© une amĂ©lioration de la dynamique relativenon nĂ©gligeable, comprise entre 5 et 10%. Enfin, il est remarquable que pour nd ≄ 7, la dynamiquerelative minimale n’est absolument pas modifiĂ©e par le surĂ©chantillonnage, ce qui signifie que certainspositionnements engendrent des signaux totalement bruitĂ©s et inutilisables pour la dĂ©tection de dĂ©fauts.

3.5.3 Influence du facteur de suréchantillonnage

Les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s Ă  la figure 3.16 sont relatifs Ă  une dĂ©cimation des signaux CF originalementacquis, suivie d’un surĂ©chantillonnage de facteur ne Ă©gal Ă  nd. Le choix de la valeur de ne doit rĂ©pondreĂ  deux critĂšres contradictoires :

– rĂ©soudre au mieux les problĂšmes engendrĂ©s par la dĂ©cimation exposĂ©s prĂ©cĂ©demment ;– ne pas entraĂźner une quantitĂ© de donnĂ©es trop importante Ă  traiter.

En effet, pour un ne fixĂ©, l’échantillonnage multiplie le nombre d’échantillons par ne2, ce qui peut trĂšs

vite, si ne est surdimensionnĂ©, poser des problĂšmes de stockage et ralentir fortement l’exĂ©cution destraitements ultĂ©rieurs. La figure 3.17 montre l’évolution, pour nd fixĂ© Ă  3 en tant que valeur optimaledĂ©finie plus haut, des dynamiques relatives moyenne et minimale en fonction de ne. Si ne < nd, ladĂ©gradation apportĂ©e par la dĂ©cimation n’est pas compensĂ©e. À partir de ne = nd, l’évolution de cettecompensation est assez faible, autant en moyenne que sur le signal le plus dĂ©gradĂ©. En moyenne, ladiffĂ©rence entre ne = 3 et ne = 10 n’est que de 1%.

91 2 3 4 5 6 7 8 10

Dyn

am

iqu

ere

lati

ve

(%)

80

82

84

86

88

90

92

94

96

98

100

Facteur de suréchantillonnage ne

Dmoy

Dmin

Fig. 3.17 – Dynamique des signaux CF aprĂšs dĂ©cimation avec nd = 3, suivie de surĂ©chantillonnage,relativement Ă  la dynamique du signal original

Ce comportement, montrĂ© ici pour nd = 3, a Ă©tĂ© expĂ©rimentalement vĂ©rifiĂ© pour l’ensemble desmesures effectuĂ©es et pour un facteur de dĂ©cimation variant de 1 Ă  10. Le meilleur choix du facteur desurĂ©chantillonnage est ainsi assimilable Ă  ne = nd.

3.6 Le rapport signal sur bruit

La mesure de la dynamique des signaux CF peut servir Ă  quantifier la « qualitĂ© » de ces signaux,lorsqu’il s’agit d’une comparaison Ă  une rĂ©fĂ©rence commune rĂ©alisĂ©e dans des conditions similaires,comme Ă  la section prĂ©cĂ©dente. Si au contraire les conditions de mesure varient, les signaux corres-pondants n’ont pas de lien entre eux et comparer la dynamique n’a plus aucun sens physique. C’estpourquoi une autre mesure est souvent utilisĂ©e : le rapport signal sur bruit (RSB).

3.6. LE RAPPORT SIGNAL SUR BRUIT 59

3.6.1 Pourquoi quantifier la qualitĂ© d’un signal ?

Les acquisitions faites dans le cadre de ces travaux balayent des conditions de mesure assez larges.En particulier, trois conditions de mesure seront considérées dans la suite :

– deux technologies de microbobines sont utilisĂ©es (cf. section 2.2) ;– cinq stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception sont mises en Ɠuvre (cf. section 2.5) ;– une dizaine de frĂ©quences d’excitation sont appliquĂ©es (cf. sous-section 2.3.1).

Il est utile d’essayer de dĂ©terminer l’influence de chacune de ces trois conditions de mesure, en termesd’efficacitĂ© de la sonde Ă  multiĂ©lĂ©ments, notamment afin de pouvoir dĂ©terminer le jeu de conditions leplus efficace s’il existe.

Ces classements doivent ĂȘtre effectuĂ©s selon un ou des critĂšres objectifs, calculables pour toutes lesconditions de mesure, Ă  partir de chaque signal CF ou de l’ensemble des acquisitions. Le chapitre 4met en place un algorithme de dĂ©tection et une mĂ©thode permettant de quantifier la qualitĂ© statistiquede dĂ©tection d’un grand nombre de signaux CF acquis dans des conditions identiques. Un calcul plussimple et individuel peut consister Ă  l’établissement du rapport signal sur bruit de chaque signal CF.

3.6.2 Le calcul du rapport signal sur bruit

Le bruit de la mesure dĂ©pend trĂšs fortement des trois conditions de mesure. En effet, le bruit demesure est supĂ©rieur en gĂ©nĂ©ral dans cette application au bruit de quantification de l’impĂ©dancemĂštre(quantum numĂ©rique d’échantillonnage de 1 mΩ). Il est donc liĂ© principalement Ă  la transimpĂ©dancede la sonde « Ă  vide », qui est fonction de ces conditions de mesure. La qualitĂ© du signal CF considĂ©rĂ©est directement affectĂ©e par le niveau de bruit, et il est nĂ©cessaire de le prendre en compte pourquantifier cette qualitĂ©.

La qualitĂ© d’un signal dĂ©pend aussi directement de la dynamique du signal. Si, pour une dynamiquedonnĂ©e, la qualitĂ© du signal est inversement proportionnelle au niveau de bruit, Ă  l’opposĂ©, pour unniveau de bruit donnĂ©, la qualitĂ© du signal est proportionnelle Ă  sa dynamique. Une dĂ©finition appelĂ©ePSNR (peak signal-to-noise ratio, rapport signal maximal sur bruit) reprend cette idĂ©e et s’exprimepour un signal s (ni,nj) Ă  valeur moyenne nulle12 par

PSNR = 20 log

max(ni,nj)∈[1,Ni]×[1,Nj]

|s (ni,nj)|√√√√

1ℓzhd

∑

(ni,nj)∈zhd

s (ni,nj)2

oĂč zhd est la zone hors dĂ©faut, choisie distinctement de la zone de signal utile et suffisamment Ă©loignĂ©edu dĂ©faut pour que l’hypothĂšse que le dĂ©faut n’influence pas le signal puisse ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e et ℓzhd est lataille totale en points de mesure de cette zone. L’utilisation du logarithme permet de rĂ©duire l’échellede valeurs, ce qui est particuliĂšrement utile quand les dynamiques Ă  comparer sont diffĂ©rentes deplusieurs ordres de grandeur. Le PSNR est exprimĂ© en dĂ©cibels.

Cependant, le calcul du PSNR accorde une grande influence Ă  un unique point de mesure parmil’ensemble, celui pour lequel la valeur du signal est la plus grande. Si une erreur de mesure arrive surce point prĂ©cis, elle est directement reportĂ©e dans l’expression et la valeur finale du PSNR. Le calculest par consĂ©quent peu robuste vis-Ă -vis du bruit. Pour remĂ©dier Ă  ce problĂšme, le calcul du RSB choisiprend en compte les valeurs du signal CF sur une « zone de dĂ©faut » zd, centrĂ©e sur la position du

12Ici, le choix du signal d’intĂ©rĂȘt se fera entre l’amplitude principale et le module du signal CF. Dans le cas du module,il est bien question d’annuler la valeur moyenne complexe de la transimpĂ©dance mesurĂ©e, et non de retirer artificiellementla valeur moyenne du module qui par dĂ©finition est toujours positif.

60 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

dĂ©faut et d’une taille toujours identique13, correspondant Ă  la zone de signal utile. La valeur efficacedu signal CF est calculĂ©e sur cette zone, ce qui donne

RSB = 20 log

√√√√1ℓzd

∑

(ni,nj)∈zd

s (ni,nj)2

√√√√1ℓzhd

∑

(ni,nj)∈zhd

s (ni,nj)2

oĂč ℓzd est la taille totale en points de mesure de cette zone.

Pour analyser ces valeurs de RSB, un critĂšre reconnu est le critĂšre de Rose[BSLB01] : si la valeurde RSB est infĂ©rieure Ă  7 dB14, alors il sera difficile de reconnaĂźtre l’information cherchĂ©e au sein dusignal, Ă  cause d’un bruit trop important. Ce critĂšre est expĂ©rimentalement assez bien vĂ©rifiĂ© sur lesacquisitions rĂ©alisĂ©es.

3.6.3 Comparaison des conditions de mesure

Le calcul du RSB permet de comparer la qualitĂ© des signaux CF et par suite l’efficacitĂ© de la sondeen fonction des conditions de mesure. La figure 3.18 prĂ©sente les rĂ©sultats obtenus pour l’ensemble desstratĂ©gies d’émission-rĂ©ception, en fonction de la frĂ©quence des courants d’excitation et pour chacunedes deux technologies de microbobines. Chaque dĂ©faut correspond Ă  un signal de dynamique diffĂ©rente,de RSB diffĂ©rent : un seul dĂ©faut est pris en compte pour les valeurs portĂ©es par ces courbes. Il s’agitdu dĂ©faut « exemple », d’une longueur de 200 ”m suivant l’axe~i, d’une profondeur de 400 ”m et d’unelargeur de 100 ”m suivant l’axe ~j. NĂ©anmoins, tous les rĂ©sultats des comparaisons obtenus dans cettesous-section ont Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©s comme valables pour l’ensemble des acquisitions.

E/RER

RERERE−ERE+

0

RSB

(dB

)

61 2 3 4 5

2

4

6

8

10

12

14

16

18

1 2 7543 8 109 11 12

RSB

(dB

)

6

Fréquence (MHz)Fréquence (MHz)

E/RERERE+

ERE−RER

25

0

5

10

15

20

Microbobines CI Bobines micromoulées

Fig. 3.18 – Rapport signal sur bruit en fonction de la frĂ©quence, pour le dĂ©faut « exemple »

Deux stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception se dĂ©tachent assez nettement des autres : les stratĂ©gies diffĂ©-rentielles, ERE− et RER offrent globalement de plus importants RSB. Ensuite, les stratĂ©gies absoluesĂ  plusieurs Ă©lĂ©ments, ERE+ et ER sont Ă©quivalentes, en particulier pour la sonde Ă  bobines micro-moulĂ©es. Cela est certainement dĂ» Ă  la prĂ©cision de la mesure, qui a Ă©tĂ© a priori meilleure pour cette

13En pratique, les deux types de microbobines ayant des dimensions différentes, la « zone de défaut » est prise égale àun carré de 5,6 mm de cÎté pour les signaux venant des microbobines CI, et 2 mm de cÎté pour les signaux venant desbobines micromoulées.

14Le critĂšre de Rose annonce en rĂ©alitĂ© qu’il faut un rapport linĂ©aire des puissances du signal et du bruit Ă©gal Ă  5. CelaĂ©quivaut ici, avec l’expression de RSB en dĂ©cibels, Ă  une limite de 10 log(5) = 7,0 dB.

3.6. LE RAPPORT SIGNAL SUR BRUIT 61

technologie de microbobines, des effets de types rĂ©sonance ayant quelque peu perturbĂ© certaines acqui-sitions faites avec les microbobines CI15. Enfin, ces courbes montrent que la stratĂ©gie Ă  microbobineseule est beaucoup moins efficace que les autres, Ă  tel point que le critĂšre de Rose s’applique pour laplupart des frĂ©quences avec la sonde Ă  microbobines CI.

Pour chacun des deux types de sonde, la forte correspondance des deux meilleures courbes s’ex-plique par le fait que les deux stratĂ©gies sont en rĂ©alitĂ© Ă©quivalentes en considĂ©rant chaque groupe dedeux microbobines Ă©mission-rĂ©ception sĂ©parĂ©ment. Comme cela a Ă©tĂ© vu Ă  la sous-section 3.1.1.2, lesdeux groupes dans le cas de la stratĂ©gie ERE− fonctionnent indĂ©pendamment, rĂ©alisant au sein del’image CF chacun des deux lobes. Il en est de mĂȘme dans le cas de la stratĂ©gie RER, ce qui conduitĂ  un fonctionnement global identique.

En termes de fréquence, les conclusions sont différentes en fonction de la technologie des microbo-bines utilisée :

– Pour la sonde Ă  microbobines CI, 3 MHz est la meilleure frĂ©quence.– Pour la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es, une plage de frĂ©quences allant globalement de 4 MHz Ă 

7 MHz semble donner des résultats équivalents.

Cette diffĂ©rence s’explique par les gĂ©omĂ©tries et les propriĂ©tĂ©s Ă©lectriques des Ă©lĂ©ments sensibles.

Enfin, il est utile de signaler que dans le cas du dĂ©faut « exemple », le RSB maximal obtenu est22,5 dB. En fonction de la dimension des dĂ©fauts, la valeur du RSB varie, comme indiquĂ© dans letableau 3.1. La sonde Ă  bobines micromoulĂ©es reste plus efficace que la sonde Ă  microbobines CI pourl’ensemble des dimensions. Ceci n’était pas prĂ©visible par l’étude simple des caractĂ©ristiques thĂ©oriquesdĂ©terminĂ©es prĂ©cĂ©demment dans le tableau 2.1. En effet, les produits des pouvoirs d’émission et dessensibilitĂ©s sont Ă©quivalents pour les deux technologies de microbobines. Cependant, la sensibilitĂ© desmicrobobines CI est calculĂ©e en nĂ©gligeant l’espacement entre les 8 couches : la derniĂšre couche parexemple se situe Ă  plus d’un millimĂštre de la surface Ă  inspecter. La sensibilitĂ© rĂ©elle des microbobinesCI est certainement bien moindre. Ceci conduit Ă  des plus grands RSB pour les mesures effectuĂ©es parla sonde Ă  bobines micromoulĂ©es.

Tous ces rĂ©sultats correspondent Ă  des acquisitions rĂ©alisĂ©es sans aucune amplification, avec descourants d’intensitĂ© efficace 10 mA pour les microbobines CI et 5 mA pour les bobines micromoulĂ©es.En particulier, tout dĂ©faut dĂ©bouchant de dimension supĂ©rieure Ă  100 ”m est contrĂŽlĂ© par les bobinesmicromoulĂ©es sans amplification avec un RSB supĂ©rieur Ă  8 dB.

Dimensions du dĂ©faut (”m−3) 100× 100× 100 200× 400× 100 800× 400× 100

Microbobines CI / 3 MHz 2,6 dB 16,4 dB 29,0 dB

Bobines micromoulées / 4 à 7 MHz 8,3 dB 22,5 dB 39,7 dB

Tab. 3.1 – Rapport signal sur bruit maximal pour chaque technologie de microbobines (stratĂ©gie RERou ERE−)

3.6.4 Influence de l’orientation

Le RSB d’un signal CF dĂ©pend des dimensions du dĂ©faut correspondant, mais aussi de son orien-tation. Pour les conditions de mesures optimales obtenues prĂ©cĂ©demment, Ă  savoir l’utilisation de lasonde Ă  bobines micromoulĂ©es dans la stratĂ©gie ERE−, des courbes de RSB sont tracĂ©es Ă  la figure 3.19en fonction de la frĂ©quence pour le plus gros dĂ©faut et le dĂ©faut « exemple ». Le tableau 3.2 liste les

15Ce sont les mĂȘmes effets de rĂ©sonance qui ont rendu impossible toute acquisition Ă  une frĂ©quence supĂ©rieure Ă  6 MHzavec la sonde Ă  microbobines CI.

62 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

valeurs optimales des RSB correspondant Ă  ces courbes.RSB

(dB

)

RSB

(dB

)

25

0

5

10

15

20

10

15

20

25

30

35

40

1 2 7543 8 109 11 126

Fréquence (MHz)

mc,Äł

m⊄ij

m‖ij

mc,i

m⊄i

m‖i

1 2 7543 8 109 11 126

Fréquence (MHz)

mc,Äł

m⊄ij

m‖ij

mc,i

m⊄i

m‖i

DĂ©faut 800 × 400 × 100 ”m−3 DĂ©faut 200× 400× 100 ”m−3

Fig. 3.19 – Rapport signal sur bruit en fonction de la frĂ©quence, pour les diffĂ©rents modes de mesure(sonde Ă  bobines micromoulĂ©es, stratĂ©gie ERE−)

Les courbes ont toutes la mĂȘme forme, avec un maximum assez plat entre environ 4 et 7 MHz. LedĂ©faut parallĂšle Ă  l’axe principal de la sonde (mode m‖i) est celui donnant la plus importante valeurde RSB, tandis que celui perpendiculaire au mĂȘme axe (mode m⊄i) produit trĂšs souvent le plus faibleRSB, d’autant plus lorsque le dĂ©faut est de grandes dimensions. La combinaison des deux modes demesure (mode mc,i) permet d’obtenir un trĂšs bon compromis. Les dĂ©fauts oi−j et oi+j (modes m‖ij etm⊄ij) sont logiquement Ă©quivalents en termes de RSB. Leur combinaison (mode mc,Äł) donne un RSBcomparable.

m‖i m⊄i mc,i m‖ij m⊄ij mc,Äł

DĂ©faut 200× 400× 100 ”m−3 22,5 dB 15,9 dB 19,9 dB 16,6 dB 16,0 dB 17,5 dB

DĂ©faut 800× 400× 100 ”m−3 39,7 dB 27,2 dB 36,4 dB 34,4 dB 33,5 dB 33,1 dB

Tab. 3.2 – Rapport signal sur bruit optimal pour deux dimensions donnĂ©es en fonction du mode demesure (sonde Ă  bobines micromoulĂ©es, stratĂ©gie ERE−)

3.6.5 Influence de la décimation

Un signal CF dĂ©cimĂ© possĂšde a priori moins d’informations que le signal CF original. La section 3.5explique que le surĂ©chantillonnage arrive Ă  reconstruire le signal original si le facteur de dĂ©cimationest infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  3, et que le rĂ©sultat est optimal pour un facteur de surĂ©chantillonnage ne = nd.

Par analogie avec les dynamiques relatives moyennes et minimales définies par les équations 3.8et 3.9, il est possible de définir un RSB relatif moyen16 par

RSBmoy =∑

(ni,nj)∈[1,nd]2

(RSBnd

(ni,nj)nd

2

)−RSB1

oĂč RSBnd(ni,nj) est le RSB du signal CF dĂ©cimĂ© d’un facteur nd et auquel appartient le point de

mesure aux coordonnées originales (ni,nj) et comme à la sous-section 3.4.3, RSB1 = RSB1(1,1). En

16Cette moyenne arithmétique de logarithmes correspond à une moyenne géométrique des RSB linéaires divisés par leRSB linéaire du signal CF original.

3.7. SYNTHÈSE DES TRAITEMENTS EFFECTUÉS ET DES RÉSULTATS OBTENUS 63

valeur minimale, cela devient

RSBmin = min(ni,nj)∈[1,nd]2

RSBnd(ni,nj)−RSB1

La figure 3.20 montre le calcul de ces deux grandeurs pour le dĂ©faut « exemple ». Le RSB semble enmoyenne beaucoup moins sensible Ă  la dĂ©cimation que la dynamique. Cependant, Ă  partir de nd = 5,au moins un des signaux dĂ©cimĂ©s produit un RSB diminuĂ© de prĂšs de 2 dB, diminution qui vaut plusde 5 dB dĂšs nd = 7. À l’inverse, comme prĂ©cĂ©demment le thĂ©orĂšme de Nyquist-Shannon (cf. sous-section 3.4.2) est bien respectĂ©, car la diminution maximale de RSB vaut Ă  peine 0,1 dB pour nd ≀ 3,ce qui est nĂ©gligeable.

91 2 3 4 5 6 7 8 10Facteur de décimation nd

-20

0

-5

-10

-15

RS

Bre

lati

f(d

B)

RSBmin

RSBmoy

Fig. 3.20 – Variation du rapport signal sur bruit des signaux CF en fonction du facteur de dĂ©cimation,aprĂšs dĂ©cimation puis surĂ©chantillonnage, pour ne = nd

3.7 SynthÚse des traitements effectués et des résultats obtenus

À partir des signaux CF provenant des acquisitions, deux reprĂ©sentations peuvent ĂȘtre utilisĂ©esde façon complĂ©mentaire. Une projection, au sein du plan complexe, des valeurs des signaux CFest opĂ©rĂ©e (cf. sous-section 3.1.3). Cette projection est effectuĂ©e sur une droite dĂ©terminĂ©e de façonautomatique afin de minimiser les pertes d’information. La position gĂ©omĂ©trique de chaque valeurdu signal CF est conservĂ©e : par consĂ©quent, les informations gĂ©omĂ©triques comme la position ou lataille des lobes de signal utile ne sont pas modifiĂ©es. Une deuxiĂšme reprĂ©sentation appelĂ©e signatureCF (sous-section 3.1.2) est la reprĂ©sentation dans le plan complexe de l’ensemble des valeurs, sansindication sur la position gĂ©omĂ©trique. Elle sera utilisĂ©e dans le chapitre 5.

Afin de prendre en compte un grand nombre de possibilitĂ©s, quatre orientations dĂ©calĂ©es d’unangle de 45˚ sont utilisĂ©es dans les acquisitions (figure 3.9). Une combinaison des signaux CF est deplus rĂ©alisĂ©e. Il s’agit de l’addition complexe point par point de deux acquisitions obtenues pour deuxpositions perpendiculaires entre elles de la sonde (figure 3.12). Ces combinaisons sont identiques pourdeux dĂ©fauts perpendiculaires et conduisent ainsi Ă  l’existence de deux signaux supplĂ©mentaires pourl’ensemble des quatre orientations.

Une dĂ©cimation des signaux CF est ensuite rĂ©alisĂ©e (cf. section 3.4). Elle correspond Ă  une acquisi-tion rĂ©elle avec un pas d’échantillonnage spatial multipliĂ© par un facteur nd, soit un temps d’acquisitiond’autant plus faible que le pas d’échantillonnage spatial est grand. L’intĂ©rĂȘt de l’étude est alors dequantifier l’influence du pas d’échantillonnage en termes de dĂ©gradation des performances. Les mul-tiples possibilitĂ©s de positionnement (figure 3.14) quant aux mesures originales acquises avec un pasd’échantillonnage spatial faible permettent une Ă©tude statistique de ces dĂ©gradations.

64 CHAPITRE 3. SIGNAUX ET PRÉTRAITEMENTS

Un surĂ©chantillonnage des signaux dĂ©cimĂ©s est procĂ©dĂ© (cf. section 3.5). Il s’agit d’une reconstruc-tion par interpolation, intercalant un nombre (ne − 1) de points entre deux points du signal dĂ©cimĂ©.Cette opĂ©ration a pour but d’augmenter artificiellement la quantitĂ© de donnĂ©es des signaux, afind’amĂ©liorer les rĂ©sultats des algorithmes utilisĂ©s dans les chapitres suivants. L’influence sĂ©parĂ©e dela variation des facteurs de dĂ©cimation et de surĂ©chantillonnage sur la dynamique des signaux estquantifiĂ©e. Quelle que soit la valeur de nd, la reconstruction offre une plus grande dynamique lorsquend = ne. De plus, l’échantillonnage spatial engendre une faible dĂ©gradation de la dynamique pour unpas d’échantillonnage Ă©gal Ă  un tiers de la largeur des microbobines.

Enfin, le rapport signal sur bruit (RSB) est dĂ©fini et calculĂ© pour l’ensemble des signaux CF acquis(cf. section 3.6), avant ou aprĂšs dĂ©cimation et avant ou aprĂšs surĂ©chantillonnage. Les dĂ©gradationsobservĂ©es sur le RSB sont identiques Ă  celles sur la dynamique. Une comparaison des performances entermes de RSB est rĂ©alisĂ©e. Elle permet d’établir conjointement les stratĂ©gies ERE− et RER commeĂ©tant globalement les plus performantes, indĂ©pendamment de la frĂ©quence des courants d’excitation.Elle indique aussi que le RSB est plus important si cette frĂ©quence est comprise entre 4 MHz et 7 MHz.

Chapitre 4

DĂ©tection

Les signaux CF acquis dans le cadre de cette Ă©tude sont utilisĂ©s pour l’inspection de dĂ©fauts de typefissures parallĂ©lĂ©pipĂ©diques submillimĂ©triques. Cette Ă©valuation se dĂ©roule usuellement en deux Ă©tapes.La premiĂšre Ă©tape est le processus de dĂ©tection, qui permet de dĂ©terminer si un signal CF correspondou non Ă  la prĂ©sence d’un dĂ©faut. Pour les dĂ©fauts dĂ©tectĂ©s, la seconde Ă©tape est la caractĂ©risation, c’est-Ă -dire la recherche de caractĂ©ristiques des dĂ©fauts comme les dimensions gĂ©omĂ©triques, l’orientation, laposition par rapport Ă  la surface. Ces deux Ă©tapes sont aussi respectivement appelĂ©es « classification »,ici au sein de deux catĂ©gories, et « inversion », c’est-Ă -dire passage du signal Ă  une reprĂ©sentationphysique, ce qui revient Ă  rĂ©aliser l’opĂ©ration inverse du processus de mesure. La figure 4.1 schĂ©matisece fonctionnement adoptĂ© dans le cadre de ces travaux.

Classification

Oui / Non

Longueur

...

Profondeur

Orientation

Inversion

Signal (si oui)

Caractérisation

DĂ©tectionSignal

PrétraitementsSignal

brutAcquisition

inspecterPiĂšce Ă 

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 3Chapitre 2

Fig. 4.1 – Fonctionnement d’un systĂšme d’inspection de dĂ©fauts

Le chapitre prĂ©cĂ©dent a dĂ©crit l’acquisition des signaux, les signaux CF eux-mĂȘmes ainsi que lesdiffĂ©rents prĂ©traitements appliquĂ©s. Avant d’aborder la caractĂ©risation des dimensions des dĂ©fauts ausein du chapitre suivant, ce chapitre traite leur dĂ©tection. AprĂšs avoir mis en place un algorithme dedĂ©tection ainsi qu’une mĂ©thode de quantification statistique de l’efficacitĂ© de la sonde, les diffĂ©rentesconditions de mesure sont comparĂ©es et les plus efficaces en termes de dĂ©tection dĂ©terminĂ©es. Enfin,les performances optimales de dĂ©tection sont quantifiĂ©es.

65

66 CHAPITRE 4. DÉTECTION

4.1 L’algorithme de dĂ©tection

La section 3.6 met en place une technique trĂšs utilisĂ©e de quantification de la qualitĂ© d’un signal,le calcul du rapport signal sur bruit. Cette technique ne suffit pas pour mettre en Ɠuvre un processusde dĂ©tection des dĂ©fauts, car une valeur du RSB de l’ordre du critĂšre de Rose ne permet pas d’estimercorrectement si le signal CF correspond ou non Ă  un dĂ©faut. De plus, une valeur du RSB est propreĂ  un signal donnĂ©, et chaque jeu de conditions de mesure, de mĂȘme que chaque dĂ©faut ou chaquepositionnement relatif de la sonde par rapport au dĂ©faut, peut donner un RSB diffĂ©rent.

Par consĂ©quent, la dĂ©tection doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e indĂ©pendamment des traitements dĂ©jĂ  effectuĂ©s,d’une mesure de dynamique ou d’un calcul de RSB. Il est prĂ©fĂ©rable pour ce faire d’utiliser un algo-rithme de dĂ©tection dĂ©diĂ©.

4.1.1 Qu’est-ce qu’une dĂ©tection ?

La dĂ©tection d’un dĂ©faut est un processus de dĂ©cision binaire. Il s’agit de donner une estimationpositive ou nĂ©gative de la prĂ©sence d’un dĂ©faut. Cette rĂ©ponse est donnĂ©e grĂące Ă  un critĂšre de dĂ©ci-sion dĂ©fini en gĂ©nĂ©ral au sein d’un algorithme. L’état de dĂ©tection, rĂ©sultat binaire du processus dedĂ©tection, s’écrit de façon gĂ©nĂ©rale

det =

1 si le critÚre de décision est validé

0 sinon

L’état de dĂ©tection dĂ©pend d’un ou de plusieurs paramĂštres, comme ce sera le cas pour les algorithmesdĂ©crits ci-aprĂšs. Ces paramĂštres doivent ĂȘtre alors rĂ©glĂ©s en fonction des conditions de mesure, Ă©ven-tuellement des propriĂ©tĂ©s de la cible comme la rugositĂ©, voire des dĂ©fauts recherchĂ©s.

Deux cas rĂ©els concernant la prĂ©sence d’un dĂ©faut sont possibles, reprĂ©sentĂ©s usuellement par deuxhypothĂšses H0 et H1

– H0 : le signal CF ne correspond Ă  aucun dĂ©faut ;– H1 : le signal correspond Ă  un dĂ©faut.

En fonction de la valeur de l’état de dĂ©tection det, quatre combinaisons sont possibles. Elles sontprĂ©sentĂ©es dans le tableau 4.1. Les deux erreurs possibles sont l’erreur de dĂ©tection (ED) et la faussealarme (FA). Une ED correspond Ă  une piĂšce dĂ©fectueuse non diagnostiquĂ©e comme telle, qui peutdevenir potentiellement dangereuse selon le dĂ©faut qu’elle contient. Cette erreur survient particuliĂš-rement lorsque le dĂ©faut prĂ©sent est de trĂšs faibles dimensions, ou si les conditions de mesure sontparticuliĂšrement dĂ©favorables pendant l’acquisition. Une FA est la dĂ©tection erronĂ©e d’un dĂ©faut in-existant. Elle contribue Ă  la rĂ©paration ou la perte d’une piĂšce pourtant intacte, et constitue parconsĂ©quent un coĂ»t injustifiĂ© pour le processus de fabrication ou de rĂ©vision de l’appareil.

H0 H1

det = 0Non-détection correcte Erreur de détection

NC ED

det = 1Fausse alarme DĂ©tection correcte

FA DC

Tab. 4.1 – Correspondance entre l’hypothĂšse et l’état de dĂ©tection

4.1. L’ALGORITHME DE DÉTECTION 67

4.1.2 Un premier algorithme : le seuillage simple

L’algorithme le plus Ă©vident est certainement le seuillage simple. Il donne une rĂ©ponse positive dedĂ©tection si, pour au moins un seul point de mesure (ni,nj), la valeur s (ni,nj) du module du signalCF est supĂ©rieure au seuil de dĂ©tection Ξ fixĂ©, soit

det(Ξ) =

1 si ∃ (ni,nj) , |s (ni,nj)| ≄ Ξ0 sinon

Ξ est un rĂ©glage du critĂšre de dĂ©cision. Il peut ĂȘtre fixĂ© pour chaque jeu de conditions de mesure,restant alors identique pour l’ensemble des Ă©valuations effectuĂ©es dans les mĂȘmes conditions.

Il est Ă©ventuellement possible d’ajuster le seuil de dĂ©tection en fonction des dĂ©fauts recherchĂ©s. Eneffet, l’amplitude des signaux CF dĂ©pend de la taille des dĂ©fauts et il est possible de se donner unetaille minimale de dĂ©faut Ă  visualiser, en considĂ©rant que les dĂ©fauts de taille moins importante nesont pas nocifs pour l’application visĂ©e. Il en dĂ©coule une valeur de seuil, qui dĂ©pend des conditionsde mesure mais aussi des dimensions minimales des dĂ©fauts recherchĂ©s.

Cet algorithme est extrĂȘmement simple Ă  mettre en Ɠuvre. Cependant, sa simplicitĂ© a pour consĂ©-quence un taux de FA potentiellement assez Ă©levĂ©. En effet, le moindre point de mesure correspondantĂ  une valeur de signal bruitĂ©e supĂ©rieure au seuil Ξ dĂ©clenche une dĂ©tection, ce qui entraĂźne nĂ©cessaire-ment un grand nombre d’états det = 1 sous l’hypothĂšse H0. Augmenter le seuil Ξ peut alors permettrede diminuer le nombre de fausses alarmes, mais engendre une perte certaine de dĂ©tections correctes(DC) sur les dĂ©fauts de faibles dimensions.

4.1.3 Un deuxiÚme algorithme : le seuillage moyenné

Une façon d’amĂ©liorer l’algorithme Ă  seuillage simple est de rĂ©aliser un seuillage prenant en compteles points de mesure adjacents au point considĂ©rĂ©. L’algorithme choisi est reprĂ©sentĂ© Ă  la figure 4.2.Il est important de noter que le signal CF Ă  mettre en entrĂ©e de l’algorithme doit ĂȘtre rĂ©el positif. Ilpeut s’agir soit du module du signal CF, soit de la valeur absolue de l’amplitude principale dĂ©finie Ă la section 3.1.3. L’algorithme est constituĂ© de 3 Ă©tapes, deux seuillages entre lesquels est effectuĂ©e uneconvolution.

Oui / NonSeuillage Convolution

Seuil Ξ

s s2s1=1

Signal rĂ©el positif Image binaire 0 ≀ s2 ≀ 1

Masque binaire

Fig. 4.2 – Fonctionnement de l’algorithme utilisĂ©

4.1.3.1 Premier seuillage simple

Un premier seuillage simple est effectuĂ©, avec un seuil de dĂ©tection Ξ, comme celui rĂ©alisĂ© au seindu premier algorithme. L’image rĂ©sultante s1 est une image binaire, dans laquelle chaque valeur estremplacĂ©e par un 1 ou un 0 si elle est supĂ©rieure ou infĂ©rieure Ă  Ξ, soit

s1 = [ s ≄ Ξ ]

Le seuil Ξ est le seuil de dĂ©tection, paramĂštre de l’algorithme. Il doit ĂȘtre rĂ©glĂ© lors d’une Ă©tapeprĂ©liminaire en fonction de l’ensemble des signaux CF acquis, afin de ne plus ĂȘtre modifiĂ© ultĂ©rieure-

68 CHAPITRE 4. DÉTECTION

ment. Contrairement au seuillage du premier algorithme, celui-ci n’est pas suivi immĂ©diatement de laprise de dĂ©cision du processus de dĂ©tection.

4.1.3.2 Convolution avec un masque

Le rĂ©sultat de ce premier seuillage est une image binaire. Si le seuil est suffisamment faible, ungrand nombre de points de mesure correspondront Ă  un rĂ©sultat non nul. Les points de mesure situĂ©sdans de la zone de signal utile, de valeur s (ni,nj) dĂ©terministe et supĂ©rieure au seuil, seront tous« allumĂ©s » tandis que seule une partie d’entre eux le sera hors de cette zone, de façon dispersĂ©e. Ilest alors possible de dĂ©terminer une zone comme Ă©tant une zone de signal utile si elle est remplieuniformĂ©ment de valeurs binaires s1 (ni,nj) non nulles : il suffit par consĂ©quent de rechercher dansl’image seuillĂ©e un nombre suffisant de points de mesure non nuls adjacents.

Pour ce faire, l’image binaire s1 est convoluĂ©e Ă  une autre image binaire m. Cette image est unmasque contenant une « tĂąche » connexe, c’est-Ă -dire constituĂ©e de points adjacents oĂč la valeur estnon nulle ; les points ne faisant pas partie de cette tĂąche correspondent Ă  des valeurs nulles. Elle peutĂȘtre de forme quelconque : un carrĂ© plein est une forme trĂšs simple, facile et rapide Ă  gĂ©nĂ©rer ; undisque demande un calcul un peu plus complexe1 mais est plus rĂ©aliste par rapport aux images CFprĂ©sentĂ©es au chapitre 3. Le masque est « normĂ© » : la somme de l’ensemble des valeurs vaut 1. Lesdeux valeurs possibles de m ne sont pas 0 et 1 mais 0 et 1/nm, oĂč nm est le nombre de points Ă  valeurnon nulle.

La notion de convolution correspond, comme cela a Ă©tĂ© expliquĂ© dans la sous-section 3.1.1.3, Ă une notion de filtrage. Ici, le filtre utilisĂ© possĂšde une rĂ©ponse impulsionnelle Ă©quivalente en deuxdimensions Ă  une porte en une dimension : il s’agit donc d’un filtre moyenneur. Ainsi, un moyennage2

des valeurs de s1 est effectuĂ© sur une zone aussi large que la tĂąche de m. La convolution s’écrit

s2 = s1 ∗m ou s2 (ni,nj) =∑

p

∑

q

(s1 (ni,nj) m (ni − p,nj − q)) (4.1)

Les valeurs du signal rĂ©sultant s2 sont ainsi nĂ©cessairement comprises entre 0 et 1 et subissent enchaque point l’influence d’un ensemble de valeurs correspondant Ă  l’étendue entiĂšre de la tĂąche.

La taille de cette tĂąche peut par ailleurs devenir un paramĂštre Ă©ventuel de l’algorithme, car ellea une influence non nĂ©gligeable sur son rĂ©sultat, comme le seuil de dĂ©tection Ξ. En effet, diminuercette taille jusqu’à transformer la tĂąche en un point unique rend cet algorithme Ă©quivalent au premieralgorithme prĂ©sentĂ© Ă  la sous-section prĂ©cĂ©dente. À l’inverse, si la taille de la tĂąche est trop grande,l’algorithme risque de ne jamais donner de rĂ©sultat positif.

Dans cette Ă©tude, la sous-section 3.1.1 a montrĂ© que les images CF possĂšdent toutes des lobesd’étendue spatiale similaire. L’influence de la taille de la tĂąche de m a Ă©tĂ© observĂ©e dans le cas des

1La gĂ©nĂ©ration d’un disque de rayon r au sein d’une matrice nĂ©cessairement carrĂ©e et par exemple de cĂŽtĂ© 2 r demandeen effet de crĂ©er une matrice contenant Ă  chaque point la valeur de la distance relativement au centre positionnĂ© au point(r,r). Ensuite, un seuillage inversĂ© doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© avec un seuil Ă©gal Ă  r afin de donner une valeur non nulle aux pointsde distance au centre infĂ©rieure Ă  r. Ceci est beaucoup plus complexe que gĂ©nĂ©rer un carrĂ© plein, qui est simplement unematrice carrĂ©e remplie de 1.

2Il est aussi possible de considĂ©rer l’opĂ©ration rĂ©alisĂ©e par l’équation 4.1 comme une corrĂ©lation croisĂ©e des deuximages. En effet, une corrĂ©lation croisĂ©e entre s1 et m s’écrit

sâ€Č2 (ni,nj) =

∑

p

∑

q

(s1 (ni,nj) m∗(p− ni,q − nj))

La conjugaison complexe signifiĂ©e par l’opĂ©rateur ∗ est ici inactive car m est rĂ©elle, de mĂȘme que la symĂ©trie spatialepar rapport Ă  la diagonale car m possĂšde cette symĂ©trie. Les deux calculs sont donc bien Ă©quivalents. Or le calcul d’unecorrĂ©lation croisĂ©e quantifie, comme son nom l’indique, une ressemblance entre les deux signaux considĂ©rĂ©s. Le calcul desâ€Č2 traduit ainsi la recherche des points oĂč l’image binaire s1 ressemble en partie Ă  la tĂąche prĂ©sente sur le masque m. Laressemblance parfaite intervient au point oĂč la corrĂ©lation croisĂ©e est maximale et ici Ă©gale Ă  1.

4.2. LES CARACTÉRISTIQUES OPÉRATIONNELLES DE RÉCEPTION 69

signaux CF acquis pour ces travaux, ce qui a permis de la fixer empiriquement Ă  une valeur de perfor-mances optimales, offrant les meilleurs rĂ©sultats indĂ©pendamment de tout autre paramĂštre d’influence.Pour un masque contenant un disque, le diamĂštre utilisĂ© ici vaut 1800 ”m et 700 ”m respectivementpour les signaux CF produits par les sondes Ă  microbobines CI et Ă  bobines micromoulĂ©es3.

4.1.3.3 Recherche de valeur maximale

Si s2 comporte une seule valeur s2 (ni,nj) Ă©gale Ă  1, cela signifie qu’au sein de l’image s1, beaucoupde points de mesure (ni

â€Č,njâ€Č) situĂ©s autour du point (ni,nj) ont leur valeur initiale s (ni

â€Č,njâ€Č) supĂ©rieure

au seuil de dĂ©tection Ξ. Il s’agit bien de ce qui est attendu comme Ă©tant l’image d’un dĂ©faut4. Il suffitdonc de rechercher cette valeur maximale Ă©gale Ă  1 pour savoir si l’algorithme doit donner une rĂ©ponsepositive ou non. Un deuxiĂšme seuillage, cette fois effectuĂ© sur s2 et de seuil 1, permet cela. AprĂšsl’application du critĂšre de dĂ©cision sur ce seuillage, il vient

det(Ξ) =

1 si ∃ (ni,nj) , s2 (ni,nj) = 1

0 sinon

Ainsi, l’état de dĂ©tection est Ă©gal Ă  1 si et seulement si au moins un point de mesure de l’image CF sest entourĂ© d’un nombre nm suffisant de points oĂč la valeur de s est supĂ©rieure Ă  Ξ, nm Ă©tant dĂ©fini parle masque. Cela a pour effet d’éliminer les zones de bruit oĂč il est statistiquement difficile de trouverautant de points agglomĂ©rĂ©s dĂ©passant le seuil de dĂ©tection. Comparativement au premier algorithme,il est alors possible de diminuer fortement ce seuil sans pour autant dĂ©clencher de fausse alarme.

4.2 Les caractéristiques opérationnelles de réception

L’algorithme mis en place Ă  la section prĂ©cĂ©dente permet d’estimer un Ă©tat de dĂ©tection det = 0ou det = 1 Ă  partir de n’importe quelle image CF correspondant Ă  une hypothĂšse H0 ou H1. Cetalgorithme dĂ©pend d’un seuil de dĂ©tection Ξ dont la valeur doit ĂȘtre fixĂ©e pour chaque jeu de conditionsde mesure.

Pour fixer cette valeur, la mĂ©thode usuellement employĂ©e est de parcourir l’ensemble des valeursde seuil possibles, et de calculer pour chacune de ces valeurs, sur un jeu d’images statistiquementreprĂ©sentatif, les Ă©tats de dĂ©tection correspondants. À partir de toutes ces donnĂ©es, il devient pos-sible de dĂ©terminer quel est le seuil offrant des performances optimales grĂące aux caractĂ©ristiquesopĂ©rationnelles de rĂ©ception (COR).

4.2.1 La sensibilité et la spécificité

Un algorithme de dĂ©tection produit, comme indiquĂ© dans le tableau 4.1, deux rĂ©sultats diffĂ©-rents Ă  partir de deux hypothĂšses diffĂ©rentes, soit quatre possibilitĂ©s. Le mĂȘme genre de tableaupeut reprĂ©senter un certain nombre de tests utilisĂ©s dans de nombreux domaines, particuliĂšrement enmĂ©decine[FCM+07, EGJ00] pour dĂ©terminer par exemple si une personne est porteuse ou non d’unvirus, d’autres tests comme les tests de grossesse[Cha92], ou en informatique comme la reconnaissanced’empreintes digitales ou la dĂ©tection de courriels indĂ©sirables. Le point commun de tous ces tests estla possibilitĂ©, particuliĂšrement utilisĂ©e dans le domaine de la recherche biomĂ©dicale, de quantifier leurefficacitĂ© en dĂ©finissant deux grandeurs statistiques, la sensibilitĂ© et la spĂ©cificitĂ©.

3Ces valeurs vĂ©rifient les rĂ©sultats de l’analyse frĂ©quentielle rĂ©alisĂ©e Ă  la sous-section 3.4.2.4Les images prĂ©sentĂ©es au chapitre 3 montrent systĂ©matiquement deux tĂąches. Ne rechercher qu’une seule tĂąche n’est

pas moins prĂ©cis, et permet de gagner en rapiditĂ© d’exĂ©cution par une taille de masque moins importante.

70 CHAPITRE 4. DÉTECTION

4.2.1.1 La sensibilité

La sensibilitĂ© est le nombre de DC mesurĂ©es nDC divisĂ© par le nombre total de DC possibles, surun nombre statistiquement suffisant d’échantillons, soit

se =nDC

nDC + nED=nDC

nH1

La sensibilitĂ© est donc Ă©gale au taux de bonnes dĂ©tections et quantifie la capacitĂ© du processus dedĂ©tection Ă  apporter une rĂ©ponse juste quand l’hypothĂšse est H1.

4.2.1.2 La spécificité

La spĂ©cificitĂ© est le nombre de non-dĂ©tections correctes (NC), mesurĂ©es divisĂ© par le nombre totalde NC possibles, sur un nombre statistiquement suffisant d’échantillons, soit

sp =nNC

nFA + nNC=nNC

nH0

La spĂ©cificitĂ© est donc Ă©gale au taux de bonnes non-dĂ©tections et quantifie la capacitĂ© du processus dedĂ©tection Ă  apporter une rĂ©ponse juste quand l’hypothĂšse est H0.

4.2.1.3 La précision

La prĂ©cision est le nombre total d’états de dĂ©tection en accord avec l’hypothĂšse Ă©valuĂ©e divisĂ© parle nombre total d’échantillons, soit

pr =nDC + nNC

nH0+ nH1

La prĂ©cision permet ainsi de quantifier la capacitĂ© du processus de dĂ©tection Ă  ne pas se tromper.Cependant, elle pose un problĂšme d’interprĂ©tation lorsque les deux diffĂ©rentes classes d’origine H0

et H1 ne sont pas Ă©quivalentes en nombre, ce qui arrive typiquement dans le cas de la recherche dedĂ©fauts, lorsque par exemple une piĂšce sur 1000 peut ĂȘtre dĂ©fectueuse. Dans ce cas, si la prĂ©cision estde 99,9%, cela ne signifie pas nĂ©cessairement que la piĂšce dĂ©fectueuse est dĂ©tectĂ©e comme telle. Ellen’est par consĂ©quent en gĂ©nĂ©ral pas utilisĂ©e pour quantifier l’efficacitĂ©5 de la dĂ©tection[PFK98].

4.2.1.4 La validité intrinsÚque

Une mesure de sensibilitĂ© seule n’est pas suffisante pour quantifier l’efficacitĂ© d’un processus dedĂ©tection, de mĂȘme que la mesure de la spĂ©cificitĂ© seule. En effet, une sensibilitĂ© de 95% peut ĂȘtreassociĂ©e Ă  un processus de dĂ©tection mal rĂ©glĂ© si la spĂ©cificitĂ© est de 5%, ou au contraire tout-Ă -fait efficace si la spĂ©cificitĂ© vaut 95% elle aussi. Le couple (se,sp) qu’il est ainsi nĂ©cessaire de dĂ©finirest appelĂ© la validitĂ© intrinsĂšque de la dĂ©tection. Les paramĂštres du processus de dĂ©tection affectentdirectement sa validitĂ© intrinsĂšque : par exemple, une diminution de la valeur du seuil a tendance engĂ©nĂ©ral Ă  augmenter la sensibilitĂ© tout en diminuant la spĂ©cificitĂ©, tandis que son augmentation tendĂ  diminuer la sensibilitĂ© et Ă  augmenter la spĂ©cificitĂ©.

5L’efficacitĂ© d’un processus de dĂ©tection n’a pas encore Ă©tĂ© dĂ©finie. Une telle dĂ©finition est difficile Ă  Ă©tablir, car elledĂ©pend fortement de l’application visĂ©e et de son cahier des charges. Une longue discussion sur les diffĂ©rentes façons dela mesurer est tenue Ă  la sous-section 4.2.3.

4.2. LES CARACTÉRISTIQUES OPÉRATIONNELLES DE RÉCEPTION 71

4.2.2 L’espace des COR

Dans le but de vĂ©rifier et de comparer la validitĂ© intrinsĂšque pour diffĂ©rentes conditions de mesure,les « courbes COR » tracent l’évolution de la probabilitĂ© de dĂ©tection correcte (PDC) en fonction dela probabilitĂ© de fausse alarme (PFA). La PDC est la probabilitĂ©, comprise entre 0 et 1, qu’une imageCF d’hypothĂšse H1 corresponde Ă  un Ă©tat de dĂ©tection det = 1. La PFA, Ă  l’inverse, est la probabilitĂ©qu’une image CF d’hypothĂšse H0 corresponde Ă  un Ă©tat Ă©gal Ă  0. La variation de ces deux probabilitĂ©sest observĂ©e en fonction des paramĂštres de l’algorithme de dĂ©tection, ou comme ici dans le cas d’unparamĂštre unique, grĂące Ă  l’ensemble des valeurs possibles de ce paramĂštre.

Les courbes COR illustrent ainsi le compromis Ă  rĂ©aliser entre le dĂ©clenchement des DC et desFA[Ega75]. Ces probabilitĂ©s sont obtenues par approximation en considĂ©rant que les nombres d’échan-tillons des deux classes nH0

et nH1sont suffisamment grands :

PDC ≈ se et PFA ≈ 1− sp

Dans l’espace de reprĂ©sentation de ces courbes appelĂ© espace des COR, certains points ont uneimportance particuliĂšre (cf. figure 4.3) :

– le point (0,1)Point optimal, pour lequel une DC a une probabilitĂ© maximale et une FA a une probabilitĂ© nulle.

– le point (0,0)Point oĂč aucune dĂ©tection, qu’elle soit correcte ou non, ne se produit.

– le point (1,1)Point oĂč tout signal, quelle que soit son hypothĂšse H0 ou H1, dĂ©clenche une dĂ©tection.

– le point (1,0)Point antagoniste, oĂč l’algorithme de dĂ©tection donne une rĂ©ponse systĂ©matiquement fausse.

– la premiĂšre bissectrice PDC = PFADroite correspondant Ă  une dĂ©tection alĂ©atoire, c’est-Ă -dire donnant une probabilitĂ© aussi grandede dĂ©tection pour les deux hypothĂšses.

Les courbes COR sont des courbes paramĂ©triques variant en fonction du paramĂštre de l’algorithmede dĂ©tection, soit

COR = (PDC(Ξ),PFA(Ξ))

Dans le cas prĂ©sent oĂč le paramĂštre unique de l’algorithme est un seuil de dĂ©tection Ξ, les courbesĂ©voluent toujours depuis le point (1,1) pour un Ξ trĂšs faible voire nul correspondant Ă  une rĂ©ponse sys-tĂ©matiquement positive de l’algorithme, jusqu’au point (0,0) atteint pour un Ξ supĂ©rieur au maximumdes signaux CF associĂ© Ă  une non-dĂ©tection systĂ©matique. Elles doivent normalement Ă  tout momentse situer dans la partie supĂ©rieure gauche de l’espace des COR, c’est-Ă -dire prĂ©sentant un meilleurcompromis que la premiĂšre bissectrice. En effet, celle-ci reprĂ©sente un Ă©tat de dĂ©tection alĂ©atoire :n’importe quelle image, indĂ©pendamment de son hypothĂšse, reçoit un des deux Ă©tats possibles, commele rĂ©sultat d’un jet de piĂšce. Enfin, si la courbe COR atteint le point optimal (0,1), cela signifie qu’ilexiste un seuil pour lequel toutes les DC possibles sont rĂ©alisĂ©es sans aucune FA : il s’agit du meilleurrĂ©glage possible pour l’algorithme.

4.2.3 Les critÚres de qualité

De façon gĂ©nĂ©rale, deux courbes COR diffĂ©rentes reprĂ©sentent la variation de la validitĂ© intrinsĂšquede l’algorithme de dĂ©tection, dĂ©pendant du seuil de dĂ©tection, pour deux jeux de conditions de mesurediffĂ©rents. Les deux buts du tracĂ© de ces courbes sont

– dĂ©terminer le seuil apportant les meilleures performances pour chaque courbe ;

72 CHAPITRE 4. DÉTECTION

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

10,90,80,70,60,50,40,30,1 0,20

(1,1)

(0,0)

PremiĂšre bissectrice

PDC = PFA

(0,1) : point optimal

antagoniste(1,0) : point

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©tec

tion

corr

ecte

(PD

C)

Probabilité de fausse alarme (PFA)

Augmentation du seuil

Fig. 4.3 – Espace des COR

– dĂ©terminer les conditions de mesure, c’est-Ă -dire la courbe COR, correspondant aux meilleuresperformances globales.

4.2.3.1 CritĂšres depuis le point optimal

Il est nĂ©cessaire de pouvoir choisir pour quels points les performances de dĂ©tection sont optimales.Deux critĂšres gĂ©omĂ©triques peuvent ĂȘtre dĂ©terminĂ©s par rapport au point optimal (0,1). Un pointdans l’espace des COR correspond Ă  de bonnes performances lorsqu’il est proche du point optimal :les valeurs de ces critĂšres doivent ĂȘtre minimisĂ©es. Les meilleures courbes iso-performances vis-Ă -visde ces deux critĂšres sont reprĂ©sentĂ©es Ă  la figure 4.4.

Le premier critĂšre de qualitĂ© est la distance au point optimal qui s’écrit

DO =√

(1− PDC)2 + PFA2

Les courbes iso-DO sont des arcs de cercle centrĂ©s sur le point optimal. La minimisation de DOcorrespond Ă  la minimisation de l’aire du cercle de centre le point optimal et tangent Ă  la courbeCOR.

Le second critĂšre est la moyenne des probabilitĂ©s d’ED et de FA :

MO =(1− PDC) + PFA

2

Les courbes iso-MO sont des droites parallĂšles Ă  la premiĂšre bissectrice. La minimisation de MOcorrespond Ă  la minimisation de l’aire du triangle supĂ©rieur limitĂ© par la parallĂšle Ă  la premiĂšrebissectrice tangente Ă  la courbe COR.

Sur la courbe donnĂ©e en exemple Ă  la figure 4.4, les deux critĂšres ne donnent pas le mĂȘme rĂ©sultat :la plus faible valeur de DO est atteinte au point A, tandis que la plus faible valeur deMO est obtenuepour le point B. En effet, la courbure des courbes iso-DO a tendance Ă  privilĂ©gier les points proche

4.2. LES CARACTÉRISTIQUES OPÉRATIONNELLES DE RÉCEPTION 73

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

10,90,80,70,60,50,40,30,1 0,20

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©te

cti

on

corr

ecte

Probabilité de fausse alarme

A

B

Courbe iso-DO

Courbe iso-MO

Courbe COR

Fig. 4.4 – CritĂšres de qualitĂ© des courbes COR relativement au point optimal (0,1)

de la deuxiĂšme bissectrice de l’espace des COR, symbolisant un compromis plus Ă©galitaire entre lesdeux types d’erreurs, soit avec PDC = 1− PFA. Au contraire, le critĂšre MO et ses courbes iso-MOĂ  courbure nulle favorise les points prĂšs des axes PDC = 1 ou PFA = 0, qui correspondent Ă  descomportement idĂ©alisĂ©s.

4.2.3.2 CritĂšres depuis le point antagoniste

Les deux critĂšres prĂ©cĂ©dents peuvent aussi ĂȘtre dĂ©finis depuis le point antagoniste (1,0), et doiventcette fois voir leurs valeurs maximisĂ©es. Respectivement notĂ©s DA et MA, ces critĂšres s’écrivent

DA =√PDC2 + (1− PFA)2

MA =PDC + 1− PFA

2= 1−MO

Un troisiĂšme critĂšre est l’aire du rectangle AR dont les sommets opposĂ©s sont le point antagonisteet le point de la courbe COR considĂ©rĂ© :

AR = PDC (1− PFA)

Les courbes iso-AR sont des hyperboles ayant pour foyer le point antagoniste. La maximisation deAR correspond par dĂ©finition Ă  celle de l’aire du rectangle inscrit sous la courbe COR. La dĂ©finitionanalogue par rapport au point optimal est peu intĂ©ressante, car minimiser le rectangle dont les sommetsopposĂ©s sont le point optimal et un point de la courbe COR revient automatiquement Ă  considĂ©rer lespoints extrĂȘmes de la courbe COR, pour lesquels l’aire de ce rectangle est nulle.

Ces trois critĂšres ont un point commun : il s’agit en effet systĂ©matiquement d’une moyenne entreles coordonnĂ©es des points de l’espace des COR relativement au point antagoniste. DA correspond Ă la moyenne quadratique, MA Ă  la moyenne gĂ©omĂ©trique et RA au carrĂ© de la moyenne harmonique6.

6La moyenne quadratique est la racine carrée de la moyenne des carrés des éléments. La moyenne géométrique est

74 CHAPITRE 4. DÉTECTION

Les courbes iso-performances vis-Ă -vis de chacun de ces trois critĂšres dĂ©terminant la meilleurecourbe sont reprĂ©sentĂ©es Ă  la figure 4.5. De mĂȘme que prĂ©cĂ©demment, les rĂ©sultats ne sont pas iden-tiques, les trois critĂšres DA, MA et AR correspondant respectivement aux points A, B et C. Ce-pendant, les trois points sont trĂšs proches, car les courbures respectives des trois courbes iso-critĂšrecorrespondantes sont trĂšs faibles. De plus, la courbe iso-DA ayant sa courbure de sens opposĂ© Ă  lacourbe iso-DO prĂ©sentĂ©e Ă  la figure 4.4, elle favorise cette fois davantage le rapprochement vers lesaxes de comportement idĂ©al.

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

10,90,80,70,60,50,40,30,1 0,20

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©te

cti

on

corr

ecte

Probabilité de fausse alarme

B

AC

Courbe COR

Courbe iso-AR

Courbe iso-MA

Courbe iso-DA

Fig. 4.5 – CritĂšres de qualitĂ© des courbes COR relativement au point antagoniste (1,0)

Il est intĂ©ressant de noter que MA, qui est aussi appelĂ©e prĂ©cision globale, est Ă©gale Ă  la prĂ©cisionde l’algorithme de dĂ©tection dĂ©finie par la sous-section 4.2.1.3, dans le cas oĂč le nombre d’échantillonsde chaque hypothĂšse est Ă©quivalent, soit nH0

= nH1. Par ailleurs, les courbes iso-MO et iso-MA sont

confondues : comparer l’efficacitĂ© de dĂ©tection par l’un ou l’autre critĂšre est Ă©quivalent.

4.2.3.3 Aire sous la courbe

Dans le but de la comparaison globale des performances pour un jeu de conditions de mesure,prenant en compte plus seulement une valeur de seuil mais l’ensemble des valeurs possibles, l’aire sousla courbe COR[Bra97] est une mesure souvent utilisĂ©e[WW07, DHD07]. L’aire sous la courbe (ASC)est l’aire dĂ©limitĂ©e par la courbe COR, l’axe des abscisses et l’axe de droite PFA = 1, prĂ©sentĂ©e parla figure 4.6.

L’ASC est une fraction de l’aire de l’espace des COR : sa valeur est comprise entre 0 et 1. De plus,une courbe COR rĂ©elle doit obligatoirement offrir de meilleures performances que le choix alĂ©atoire,

la racine niĂšme du produit des Ă©lĂ©ments. La moyenne harmonique est l’inverse de la moyenne des inverses des Ă©lĂ©ments.Cela donne, en notant respectivement ces moyennes Mq, Mg et Mh

Mq =

√1

n

∑

i

xi2 Mg = n

√1

n

∏

i

xi Mh =

(1

n

∑

i

1

xi

)−1

4.2. LES CARACTÉRISTIQUES OPÉRATIONNELLES DE RÉCEPTION 75

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

10,90,80,70,60,50,40,30,1 0,20

Probabilité de fausse alarme

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©te

cti

on

corr

ecte

Aire sous la courbe a

Aire sous la courbe bCourbe COR b

Courbe COR a

Fig. 4.6 – CritĂšre « aire sous la courbe » (ASC) pour deux courbes COR

c’est-Ă -dire se situer au-dessus de la premiĂšre bissectrice. La valeur de l’ASC est par consĂ©quentnormalement comprise entre 0,5 et 1.

Il a Ă©tĂ© montrĂ©[HM82] que l’ASC correspond Ă  des tests statistiques, comme le sont les tests deMann-Whitney[MW47] et de Wilcoxon[Wil45], qui dĂ©terminent si deux jeux d’échantillons statistiquesproviennent de la mĂȘme distribution ; de mĂȘme, l’ASC est proche[HT01] du coefficient de Gini[Gin21],qui quantifie la dispersion statistique et est particuliĂšrement utilisĂ© en Ă©conomie dans l’étude desdisparitĂ©s de salaires.

La figure 4.6 prĂ©sente deux courbes COR fictives. Ces courbes correspondent Ă  des performancesassez proches. Faire un choix entre ces deux courbes et donc entre les deux jeux de conditions demesure qu’elles reprĂ©sentent est possible, grĂące Ă  n’importe quel critĂšre prĂ©cĂ©demment exposĂ©. Il suffitde supposer plus efficace le jeu pour lequel le point aux meilleures performances est obtenu. Deux deces critĂšres donnent des rĂ©sultats diffĂ©rents : pour DO, la courbe a est meilleure, tandis qu’il s’agit dela courbe b pourMO. L’ASC est un critĂšre, au sens du choix entre deux courbes dans leur ensemble etnon deux points uniquement, qui permet un choix dĂ©finitif : l’ASC de la courbe b est plus importanteque celle de la courbe a.

4.2.4 Prise en compte du coût

L’analyse des courbes COR et la recherche de la meilleure performance de dĂ©tection posent unproblĂšme essentiel, qui est la dĂ©finition d’une bonne performance. En ce qui concerne la discriminationdes performances d’un jeu de conditions de mesure, performances reprĂ©sentĂ©es par une courbe CORentiĂšre, le calcul de l’aire sous la courbe est le meilleur choix, largement utilisĂ© dans le domaine. EllereprĂ©sente en effet la possibilitĂ© d’établir une dĂ©tection plus fiable indĂ©pendamment du paramĂštre del’algorithme choisi.

DĂ©terminer le meilleur point d’une courbe COR, c’est-Ă -dire la valeur optimale du paramĂštre del’algorithme de dĂ©tection, est moins Ă©vident. Les critĂšres proposĂ©s Ă  la sous-section 4.2.3 donnent tousdes rĂ©sultats a priori diffĂ©rents. Ils correspondent tous Ă  la minimisation ou maximisation d’une aire

76 CHAPITRE 4. DÉTECTION

situĂ©e au-dessus ou au-dessous de la courbe. Ils n’ont qu’un faible rapport avec ce qui pourrait ĂȘtreimposĂ© dans un cahier des charges ou une quelconque rĂ©alitĂ© physique.

Éventuellement, il est possible de considĂ©rer que la courbure permet de rapprocher ou d’éloignerle meilleur point de la courbe par rapport Ă  la seconde bissectrice de l’espace des COR. Un classementdes critĂšres peut ainsi ĂȘtre Ă©tabli, depuis celui privilĂ©giant les points prĂšs de la seconde bissectriced’équation PDC = 1 − PFA, Ă  celui privilĂ©giant les points prĂšs des axes de comportement idĂ©alisĂ©d’équations PDC = 1 et PFA = 0 :

DO → AR→MO ≡MA→ DA

Cependant, choisir le dernier critĂšre ne permet pas de privilĂ©gier Ă  l’avance les points proches del’axe PDC = 1 ou de l’axe PFA = 0. Cela peut poser un problĂšme, car leur signification est trĂšsdiffĂ©rente. Dans le cas de la recherche de dĂ©fauts, il est possible d’imaginer que les dĂ©fauts dangereuxdoivent ĂȘtre dĂ©tectĂ©s avec une probabilitĂ© maximale, celle d’obtenir une FA Ă©tant peu importante. Aucontraire, il est aussi envisageable que les rĂ©parations effectuĂ©es de façon systĂ©matique sur les piĂšcesdĂ©fectueuses soient tellement complexes qu’il devienne nĂ©cessaire de minimiser au mieux la probabilitĂ©de fausse alarme, quitte Ă  ne pas dĂ©tecter certains dĂ©fauts de faibles dimensions.

Une technique pour prendre en compte cela est de dĂ©finir un coĂ»t pour chacune des deux erreurspossibles[PF01], coĂ»ts notĂ©s cFA et cED. Il s’agit de coĂ»ts qui peuvent ĂȘtre financiers ou non (im-mobilisation du matĂ©riel, du personnel ; perte de crĂ©dibilitĂ© auprĂšs de clients ; dĂ©lais contractuels...).Davantage qu’une valeur absolue, c’est leur valeur relative qui est importante, soit la rĂ©ponse Ă  laquestion « combien de fois une FA coĂ»te-t-elle plus ou moins cher qu’une ED ? ». Le coĂ»t total dĂ» auxerreurs lors d’une Ă©valuation portant sur nH0

+ nH1Ă©chantillons s’écrit alors

ctotal = nFA cFA + nED cED

Or, par définition,

nFA = nH0(1− sp)

nED = nH1(1− se)

Il vientctotal = nH0

(1− sp) cFA + nH1(1− se) cED

Si le nombre total d’échantillons Ă©valuĂ©s nH0+ nH1

devient grand, ce coĂ»t devient le coĂ»t statisti-quement engendrĂ© par les erreurs du processus de dĂ©tection sur n’importe quel groupe d’échantillonsdu mĂȘme nombre et en mĂȘme proportion. Il est possible de normaliser ce coĂ»t en le divisant parnH0

+ nH1. Le coĂ»t estimĂ© normalisĂ© s’écrit

c = PFApH0cFA + (1− PDC) pH1

cED

oĂč pH0, respectivement pH1

, est la probabilitĂ© que l’hypothĂšse H0, respectivement H1, soit vraie.

Les courbes iso-coĂ»t sont par consĂ©quent dans l’espace des COR des droites de pente

pente =pH0cFA

pH1cED

=pH0

pH1

cFA

cED

Cette pente intĂšgre deux rapports. Le premier est le rapport des probabilitĂ©s des deux hypothĂšses.Il permet de prendre en compte le fait qu’une de ces deux hypothĂšses est plus frĂ©quente que l’autre.Par exemple, si H0 est beaucoup plus frĂ©quente que H1, c’est-Ă -dire si le contrĂŽle est effectuĂ© sur despiĂšces majoritairement saines, ce rapport est approximativement Ă©gal Ă  l’inverse de la probabilitĂ© pH1

.Le second rapport est celui des coĂ»ts, et permet d’intĂ©grer la diffĂ©rence de pĂ©nalitĂ© causĂ©e par uneerreur, diffĂ©rence dĂ©finie par le cahier des charges du processus de dĂ©tection.

4.2. LES CARACTÉRISTIQUES OPÉRATIONNELLES DE RÉCEPTION 77

Cette mĂ©thode est ainsi la plus prĂ©cise pour dĂ©terminer un point de performances optimales surune courbe COR. L’inconvĂ©nient est qu’elle est particuliĂšre Ă  chaque application. Par exemple, pourune probabilitĂ© de voir vraie l’hypothĂšse H1 Ă©gale Ă  1/3, ce qui correspond Ă  un ratio pH0

/pH1= 2,

une FA coĂ»tant 10 fois moins cher qu’une ED donne une pente Ă©gale Ă  0,2 ; une FA coĂ»tant 5 fois pluscher qu’une ED donne une pente Ă©gale Ă  10. Le premier cas peut exister lorsque ne pas dĂ©tecter undĂ©faut est trĂšs dangereux en termes de vies humaines, mais aussi lorsque le type de piĂšce inspectĂ©e esttrĂšs simple et jeter les piĂšces dĂ©fectueuses ne coĂ»te presque rien. Le second cas peut exister Ă  l’inverselorsque les piĂšces Ă©valuĂ©es sont trĂšs complexes et difficiles Ă  remplacer ou rĂ©parer.

La figure 4.7 montre les deux droites iso-coĂ»t dĂ©finies dans ces deux cas. Le premier cas correspond Ă une droite iso-coĂ»t Ă  pente faible, plutĂŽt horizontale, privilĂ©giant les valeurs proches de l’axe PDC = 1,car la PFA importe peu. À l’inverse, le second cas correspond Ă  une droite iso-coĂ»t Ă  pente forte, plutĂŽtverticale, privilĂ©giant les valeurs proches de l’axe PFA = 0, car les FA sont relativement trĂšs coĂ»teuses.Les points aux meilleurs performances ainsi dĂ©terminĂ©s sont respectivement les points A et B. Selonle choix effectuĂ© dans le cahier des charges, le rĂ©sultat de ce critĂšre peut donc varier sensiblement.

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

10,90,80,70,60,50,40,30,1 0,20

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©te

cti

on

corr

ecte

Probabilité de fausse alarme

A

B

Courbe COR

cFA/cED = 10

cFA/cED = 0, 2

Fig. 4.7 – CritĂšre de qualitĂ© des courbes COR, prenant en compte le coĂ»t des erreurs et la probabilitĂ©de l’hypothĂšse H1 (ici pH1

= 0,4)

4.2.5 Conclusion sur la comparaison des courbes COR

Les sous-sections prĂ©cĂ©dentes montrent que les critĂšres pour quantifier la qualitĂ© des courbes CORsont nombreux. En pratique, leurs rĂ©sultats ne sont cependant rĂ©ellement diffĂ©rents uniquement lorsqueles courbes COR sont relativement Ă©loignĂ©es du point optimal (0,1). En effet, si elles s’approchentsuffisamment de ce point optimal, leur rayon de courbure Ă  sa proximitĂ©, nĂ©cessairement trĂšs faible,n’autorise pas une diffĂ©rence remarquable entre les diffĂ©rentes courbes iso-critĂšres. Au contraire, sielles sont suffisamment Ă©loignĂ©es du point optimal, il est possible qu’elles Ă©pousent une envelopperessemblant davantage Ă  ces courbes iso-critĂšres, et qu’elles laissent ainsi une latitude dans le rĂ©glagedu paramĂštre de l’algorithme de dĂ©tection.

Le critĂšre ASC n’est que trĂšs peu influencĂ© par la courbure de la courbe COR. Il reprĂ©sente de faitle meilleur moyen de s’assurer que les conditions de mesure correspondantes offrent des meilleures per-

78 CHAPITRE 4. DÉTECTION

formances de dĂ©tection indĂ©pendamment du rĂ©glage de l’algorithme. Cela signifie que ces performancessont plus robustes vis-Ă -vis d’un mauvais choix du paramĂštre.

Enfin, le critĂšre prenant en compte le coĂ»t estimĂ© des erreurs de l’algorithme semble rĂ©aliser lemeilleur compromis au niveau des performances de dĂ©tection dĂ©terminĂ©es par une courbe COR unique.En effet, il permet de considĂ©rer les rĂ©alitĂ©s imposĂ©es par le cahier des charges, et de donner un poidsfort pour privilĂ©gier les FA ou les ED.

En conséquence, il vient deux conclusions à cette étude :

– la comparaison de plusieurs courbes COR doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par le calcul de l’airesous la courbe (critĂšre ASC) ;

– au sein d’une courbe COR, le point aux meilleures performances doit ĂȘtre choisigrĂące Ă  la mĂ©thode prenant en compte le coĂ»t.

Si le cahier des charges n’est pas connu, comme c’est le cas pour ces travaux, un bon compromis estde donner un coĂ»t Ă©quivalent aux deux types d’erreurs, ce qui entraĂźne une droite iso-coĂ»t parallĂšle Ă la bissectrice, Ă©quivalente Ă  la droite iso-MO.

4.3 Les performances de détection

Les deux sections prĂ©cĂ©dentes ont permis l’établissement d’un algorithme de dĂ©tection applicablesur chaque signal CF acquis (section 4.1) et d’une mĂ©thode statistique permettant Ă  la fois de dĂ©ter-miner quelles conditions de mesure offrent les meilleures performances de dĂ©tection, et quel rĂ©glage del’algorithme il faut choisir pour obtenir ces meilleures performances (section 4.2). Cet algorithme etla mĂ©thode des courbes COR ont Ă©tĂ© utilisĂ©s sur l’ensemble des acquisitions effectuĂ©es. Ils permettentainsi de connaĂźtre les performances de dĂ©tection qui peuvent ĂȘtre statistiquement attendues des sondesrĂ©alisĂ©es pour la gamme des dĂ©fauts considĂ©rĂ©s dans cette Ă©tude.

4.3.1 Comparaison des technologies de microbobines

La figure 4.8 prĂ©sente les courbes COR obtenues pour les diffĂ©rentes frĂ©quences des CF, dans le casd’acquisitions faites avec les deux technologies de microbobines, pour la stratĂ©gie ERE−. La sonde Ă microbobines CI a des performances nettement moins bonnes que celle Ă  bobines micromoulĂ©es : pourla stratĂ©gie ERE−, la seconde sonde obtient une courbe COR « parfaite », c’est-Ă -dire passant par lepoint optimal (0,1), pour presque toutes les frĂ©quences, contrairement Ă  la premiĂšre.

Ces courbes utilisent les 30 dĂ©fauts de la piĂšce-Ă©chantillon, soit les orientations oi et oj, sanscombinaison. La PFA est Ă©valuĂ©e Ă  l’aide de 30 zones suffisamment Ă©loignĂ©es des dĂ©fauts, pour chaqueĂ©valuation. L’obtention des courbes parfaites signifie qu’il existe pour ces conditions de mesure aumoins un seuil permettant grĂące Ă  l’algorithme dĂ©fini Ă  la section 4.1 de dĂ©tecter tous les dĂ©fauts sansdĂ©clencher une seule FA. Cette dĂ©tection est parfaite dans le cas de l’utilisation de la sonde Ă  bobinesmicromoulĂ©es. La sonde Ă  microbobines CI, avec le meilleur rĂ©glage, permet Ă  3 MHz de dĂ©tecter tousles dĂ©fauts (PDC = 1) mais avec 6,7% de FA. La figure 4.8 confirme donc la conclusion de l’étude duRSB Ă  la section 3.6 : la technologie des bobines micromoulĂ©es permet d’obtenir des meilleurs rĂ©sultatsde dĂ©tection que la technologie des microbobines CI.

4.3.2 Comparaison des stratégies

Cinq stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception ont Ă©tĂ© conçues dans le cadre de ces travaux, dans le but devoir leurs performances de dĂ©tection comparĂ©es et de dĂ©terminer ainsi la meilleure d’entre elles. Afin

4.3. LES PERFORMANCES DE DÉTECTION 79

Bobines micromouléesMicrobobines CI

0,5

1

0,8

0,7

0,9

0,6

0,4

0,3

0,2

0,1

00,6 0,7 0,8 0,9 10 0,1 0,2 0,3 0,4

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©te

cti

on

corr

ecte

0,5

Probabilité de fausse alarme

6 MHz

5 MHz

4 MHz

3 MHz

2 MHz

1 MHz

0,5

1

0,8

0,7

0,9

0,6

0,4

0,3

0,2

0,1

00,6 0,7 0,8 0,9 10 0,1 0,2 0,3 0,4

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©te

cti

on

corr

ecte

0,5

Probabilité de fausse alarme

1 MHz

3 MHz

2 MHz

4 MHz

5 MHz

6 MHz

7 MHz

8 MHz

9 MHz

10 MHz

11 MHz

12 MHz

Fig. 4.8 – Courbes COR obtenues avec les deux technologies de microbobines et pour l’ensemble desfrĂ©quences d’acquisition

de pouvoir les Ă©valuer et dĂ©terminer la meilleure stratĂ©gie d’émission-rĂ©ception, il est important decomparer leurs performances de dĂ©tection. La figure 4.9 prĂ©sente les courbes COR optimales7 au sensde la maximisation du critĂšre ASC, pour chacune des cinq stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception et pourchacune des deux technologies de microbobines. Il y apparaĂźt que les stratĂ©gies RER, ERE− et ERsont capables avec la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es d’atteindre le point optimal (0,1). Pour la sondeĂ  microbobines CI, la meilleure courbe reste celle correspondant Ă  la stratĂ©gie ERE− Ă  une frĂ©quencede 3 MHz.

Bobines micromouléesMicrobobines CI

ERE−

RER

ERE+

ER

E/R

ERE−

RER

ERE+

ER

E/R

0,5

1

0,8

0,7

0,9

0,6

0,4

0,3

0,2

0,1

00,6 0,7 0,8 0,9 10 0,1 0,2 0,3 0,4

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©te

cti

on

corr

ecte

0,5

Probabilité de fausse alarme

0,5

1

0,8

0,7

0,9

0,6

0,4

0,3

0,2

0,1

00,6 0,7 0,8 0,9 10 0,1 0,2 0,3 0,4

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©te

cti

on

corr

ecte

0,5

Probabilité de fausse alarme

Fig. 4.9 – Courbes COR optimales pour chaque stratĂ©gie d’émission-rĂ©ception

7Chaque courbe correspond Ă  une seule frĂ©quence, optimale pour la stratĂ©gie d’émission-rĂ©ception et la technologiede microbobines considĂ©rĂ©es.

80 CHAPITRE 4. DÉTECTION

Pour plus de dĂ©tail, la figure 4.10 trace l’ASC pour l’ensemble des frĂ©quences d’acquisition. Unclassement des performances des diffĂ©rentes stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception peut ĂȘtre Ă©tabli ainsi :

– la stratĂ©gie ERE− est la stratĂ©gie la plus efficace pour la sonde Ă  microbobines CI, suivie par lastratĂ©gie RER ;

– dans le cas de la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es, les deux stratĂ©gies ERE− et RER sont Ă©quiva-lentes et obtiennent des rĂ©sultats parfaits de dĂ©tection Ă  toutes les frĂ©quences sauf 1 MHz ;

– les rĂ©sultats des trois autres stratĂ©gies sont assez comparables pour la sonde Ă  microbobines CI ;– dans le cas de la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es, les deux stratĂ©gies ER et ERE+ ont des rĂ©sultats

similaires et assez bons ;– enfin, la stratĂ©gie E/R connaĂźt des performances de dĂ©tection bien moindres que toutes les autres

stratégies, pour la sonde à bobines micromoulées.

En simplifiant, ce classement peut s’écrire

ERE− ≈ RER≫ ERE+ ≈ ER≫ E/R

Microbobines CI Bobines micromoulées

1 2 3 4 5 6 5 6 8 9 11 121074321

Air

eso

us

laco

urb

e(A

SC

)

Air

eso

us

laco

urb

e(A

SC

)

1

0,98

0,96

0,94

0,92

0,9

0,88

0,86

0,84

0,82

1

0,98

0,96

0,94

0,92

0,9

0,88

0,86

0,84

0,82

Fréquence (MHz) Fréquence (MHz)

ER

E/R

ERE+

RER

E/RERERE+

RERERE− ERE−

Fig. 4.10 – Aire sous la courbe en fonction de la frĂ©quence pour les diffĂ©rentes stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception

De plus, les courbes de la figure 4.10 confirment Ă  nouveau et de façon trĂšs globale, pour l’ensembledes stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception et l’ensemble des frĂ©quences des CF, la capacitĂ© de la sonde Ă bobines micromoulĂ©es Ă  obtenir des meilleures performances de dĂ©tection. Les figures dans la suitede ce chapitre ne considĂ©reront donc plus que les mesures effectuĂ©es Ă  l’aide de la sonde Ă  bobinesmicromoulĂ©es, dans le cas de la stratĂ©gie d’émission-rĂ©ception ERE−.

4.3.3 Influence du pas d’échantillonnage spatial

Le pas d’échantillonnage spatial des acquisitions influence directement le nombre de points demesure appartenant Ă  la zone de signal utile et par suite l’efficacitĂ© de l’algorithme de dĂ©tection. Lavariation du pas d’échantillonnage est ici obtenue, comme expliquĂ© Ă  la section 3.4, par dĂ©cimation. Plusle facteur de dĂ©cimation est fort, plus grand est le pas d’échantillonnage et plus petit est le nombre depoints de mesure conservĂ©s dans l’image dĂ©cimĂ©e. Un facteur de dĂ©cimation Ă©gal Ă  10 correspond, pourla sonde Ă  bobines micromoulĂ©es, Ă  un pas d’échantillonnage spatial Ă©gal Ă  la largeur des microbobines.Une reconstruction est ensuite possible Ă  partir de l’image dĂ©cimĂ©e, par un surĂ©chantillonnage exposĂ©Ă  la section 3.5. Les meilleurs rĂ©sultats ont Ă©tĂ© observĂ©s pour un facteur de surĂ©chantillonnage ne Ă©galau facteur de dĂ©cimation nd.

4.3. LES PERFORMANCES DE DÉTECTION 81

La figure 4.11 compare, dans le cas de la stratĂ©gie ERE− mise en Ɠuvre avec la sonde Ă  bobinesmicromoulĂ©es, les performances de dĂ©tection de la sonde en fonction de la dĂ©cimation opĂ©rĂ©e, toujourssuivie d’un surĂ©chantillonnage de mĂȘme facteur. Elle trace l’évolution du critĂšre ASC (figure 4.11-a)en fonction de la frĂ©quence, pour un facteur de dĂ©cimation compris entre 1 et 10, ainsi que les courbesCOR correspondantes, pour une frĂ©quence des CF de 5 MHz (figure 4.11-b).

La dĂ©gradation des courbes COR nĂ©cessairement entraĂźnĂ©e par le processus de dĂ©cimation estquasi-nulle jusqu’à nd = 6 : la dĂ©tection est presque parfaite encore pour cette valeur, ce qui est uneconclusion un peu plus optimiste que celle du calcul du RSB. À nd = 7 soit un pas d’échantillonnagespatial Ă©gal Ă  700 ”m, l’ASC diminue lĂ©gĂšrement. Les courbes s’éloignent plus nettement du pointoptimal (0,1) pour un facteur de dĂ©cimation plus grand.

(b) Courbes COR pour une fréquence de 5 MHz(a) CritÚre ASC

0,5

1

0,8

0,7

0,6

0,4

0,3

0,2

0,1

00,6 0,7 0,8 0,9 10 0,2 0,3 0,4 0,50,1

0,9

Probabilité de fausse alarme

8 9 11 12101 3 42 5 6 7

1

0,99

0,98

0,97

0,96

0,95

0,94

0,93

0,92

0,91

Air

eso

us

laco

urb

e(A

SC

)

Fréquence (MHz)

nd = 1

nd = 2

nd = 3

nd = 4

nd = 5

nd = 6

nd = 7

nd = 8

nd = 9

nd = 10

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©tec

tion

corr

ecte

Fig. 4.11 – Influence du pas d’échantillonnage spatial, par l’intermĂ©diaire du facteur de dĂ©cimation,sur les courbes COR pour la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es dans le cas de la stratĂ©gie ERE−

La figure 4.12 dĂ©taille cette Ă©volution par les valeurs, pour chaque courbe COR, des PDC et PFAcorrespondant aux performances optimales8 de la sonde. Pour nd = 7, plus de 98% des dĂ©fauts sontdĂ©tectĂ©s, et Ă  peine 1% de fausses alarmes sont dĂ©clenchĂ©es : ce rĂ©sultat est tout Ă  fait acceptable.Pour nd = 8, ces taux sont encore corrects avec respectivement 93% de DC et 2% de FA. Enfin, pournd = 10, le taux d’ED dĂ©passe les 15%, ce qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme des performances moyennes.Ce cas est nĂ©anmoins intĂ©ressant car il correspond Ă  un pas d’échantillonnage spatial Ă©gal Ă  1 mm,c’est-Ă -dire la longueur du cĂŽtĂ© des microbobines : avec une matrice de microbobines, l’acquisitionpeut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e sans dĂ©placement mĂ©canique.

4.3.4 Influence de l’orientation

Les figures 4.8 Ă  4.12 montrent des courbes COR et les ASC correspondantes, calculĂ©es Ă  partir desacquisitions faites pour les dĂ©fauts suivant les orientations oi et oj, sans combinaison. Or, l’orientationd’un dĂ©faut comparativement Ă  l’orientation principale de la sonde modifie le signal CF mesurĂ©, comme

8Chaque point sur la figure 4.12 correspond donc Ă  une courbe COR entiĂšre, soit un grand nombre de signaux et unrĂ©glage que l’on peut considĂ©rer comme dĂ©finitif pour les conditions considĂ©rĂ©es. On parle de « ProbabilitĂ© de dĂ©tectioncorrecte optimale » et de « ProbabilitĂ© de fausse alarme optimale », au sens oĂč ce sont les performances optimales quipeuvent ĂȘtre atteintes dans ces conditions de mesure.

82 CHAPITRE 4. DÉTECTION

8 9 11 12101 3 42 5 8 9 11 12101 3 42 5

nd = 1

nd = 2

nd = 3

nd = 4

nd = 5

nd = 6

nd = 7

nd = 8

nd = 9

nd = 10

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©tec

tion

corr

ecte

op

tim

ale

Pro

bab

ilit

Ă©d

efa

uss

eala

rme

op

tim

ale

6 7

Fréquence (MHz)

6 7

Fréquence (MHz)

0

0,01

0,02

0,03

0,04

0,05

0,06

0,07

0,08

0,09

0,1

1

0,95

0,9

0,85

0,8

0,75

Fig. 4.12 – Influence du pas d’échantillonnage spatial, par l’intermĂ©diaire du facteur de dĂ©cimation,sur les performances optimales pour la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es dans le cas de la stratĂ©gie ERE−

l’a montrĂ© la section 3.2, et par consĂ©quent sa probabilitĂ© de dĂ©tection. L’influence de l’orientation dudĂ©faut sur les performances de dĂ©tection de la sonde doit donc ĂȘtre quantifiĂ©e.

La figure 4.13 montre, pour la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es avec la stratĂ©gie ERE− et pour unfacteur de dĂ©cimation nd = 7, les valeur de l’ASC pour les courbes COR dans trois possibilitĂ©s :

– ne prenant en compte que les dĂ©fauts suivant l’orientation oi ;– ne prenant en compte que les dĂ©fauts suivant l’orientation oj ;– ne prenant en compte que les dĂ©faut suivant les orientations oi−j et oi+j, qui sont Ă©quivalentes

en termes de probabilité de détection.

Cette figure prĂ©sente aussi les valeurs des PDC qui correspondent au rĂ©glage optimal du paramĂštre del’algorithme. Contrairement Ă  la figure 4.12, le rĂ©glage du seuil de dĂ©tection est dĂ©terminĂ© par d’autrescourbes COR, prenant en compte l’ensemble des dĂ©fauts. En effet, pour une frĂ©quence des CF donnĂ©e,les inspections des dĂ©fauts suivant les orientations oi, oj et (oi−j + oi+j) engendrent trois courbesCOR particuliĂšres. Mais l’ensemble des dĂ©fauts, dans un environnement rĂ©aliste oĂč les dĂ©fauts sontmĂ©langĂ©s, correspond Ă  une quatriĂšme courbe COR. Cette courbe sert Ă  dĂ©terminer le rĂ©glage optimalde l’algorithme de dĂ©tection, qui est ainsi optimal pour l’ensemble des cas possibles. La probabilitĂ© dedĂ©tecter un dĂ©faut suivant une orientation est alors obtenue au sein de la courbe COR particuliĂšre,au point correspondant au seuil ainsi dĂ©terminĂ©.

Les dĂ©fauts situĂ©s suivant l’orientation oi sont bien mieux dĂ©tectĂ©s que les autres9. MalgrĂ© une valeurd’ASC relativement proche, une nette diffĂ©rence, de prĂšs de 10%, peut ĂȘtre visualisĂ©e entre les taux dedĂ©tection de ces dĂ©fauts et ceux des dĂ©fauts d’orientations (oi−j + oi+j). En effet, les dynamiques dessignaux CF pour les premiers dĂ©fauts sont gĂ©nĂ©ralement plus Ă©levĂ©es que pour les seconds : prendrele seuil de dĂ©tection global conduit Ă  un compromis qui a tendance Ă  diminuer le seuil de dĂ©tectionpour les dĂ©fauts suivant oi tout en augmentant celui des dĂ©fauts suivant (oi−j + oi+j). Les taux de DCet par suite les probabilitĂ©s de dĂ©tection varient dans le sens opposĂ©.

9Les dĂ©fauts suivant l’orientation oj, bien que situĂ©s selon une orientation a priori trĂšs mauvaise, sont plus efficacementdĂ©tectĂ©s que les orientations oi−j et oi+j, car leur signal CF possĂšde une aussi grande dynamique et recouvre une plusgrande surface grĂące Ă  l’apparition des lobes secondaires suivant l’axe ~j. Cette Ă©tendue acquiert un rĂŽle important pourla dĂ©tection lorsque le pas d’échantillonnage devient grand.

4.3. LES PERFORMANCES DE DÉTECTION 83

8 9 11 12101 3 42 5 6 7

Fréquence (MHz)

0,8

0,95

0,9

0,85

1

Pro

bab

ilit

Ă©d

ed

Ă©tec

tion

corr

ecte

op

tim

ale

8 9 11 12101 3 42 5 6 7

1

0,99

0,98

0,97

0,96

0,95

0,94

0,93

0,92

0,91

0,9

Air

eso

us

laco

urb

e(A

SC

)

Fréquence (MHz)

oj

oi

oi−j

oi+j

Fig. 4.13 – Comparaison des performances en fonction de l’orientation des dĂ©fauts

IntĂ©rĂȘt des modes de combinaison d’orientationsUne combinaison des images a Ă©tĂ© mise en place Ă  la sous-section 3.2.2 (cf. figure 3.12). Il s’agit de

l’addition complexe, en chaque point de mesure, des valeurs d’impĂ©dances acquises par deux jeux demicrobobines dont les orientations principales sont perpendiculaires entre elles10. Cela doit permettrede dĂ©tecter avec les mĂȘmes performances un dĂ©faut qui serait dans l’orientation oi ou dans l’orientationoj. Il est intĂ©ressant de savoir ce qu’il advient pour l’ensemble des dĂ©fauts, y compris ceux suivant lesorientations oi−j et oi+j.

La figure 4.14 montre la valeur du critĂšre ASC en fonction de la frĂ©quence pour un facteur dedĂ©cimation variable compris entre 1 et 10. Ces valeurs sont tracĂ©es Ă  la figure 4.14-a pour des courbesCOR prenant en compte simultanĂ©ment les quatre orientations de dĂ©fauts inspectĂ©s, sans combinaison.La valeur de l’ASC quantifie donc la qualitĂ© globale de dĂ©tection du dispositif, indĂ©pendamment del’orientation des dĂ©fauts. Sur la figure 4.14-b, les courbes COR prennent en compte uniquement lesdeux modes combinĂ©s mc,i et mc,Äł. La valeur de l’ASC quantifie alors, comme prĂ©cĂ©demment, laqualitĂ© de dĂ©tection indĂ©pendamment de l’orientation des dĂ©fauts, mais cette fois aprĂšs combinaisondes signaux acquis.

Le fait de rĂ©aliser la dĂ©tection par l’intermĂ©diaire des modes combinĂ©s plutĂŽt que par les acquisitionsavant combinaison permet d’augmenter sensiblement la valeur de l’ASC. Cela permet, selon la formedes courbes COR correspondantes, de gagner en moyenne, pour un facteur de dĂ©cimation nd = 7,environ la moitiĂ© du taux d’erreurs de dĂ©tection, soit de 6% Ă  3% d’ED, tandis que la PFA reste Ă peu prĂšs constante et trĂšs faible.

4.3.5 SynthÚse des résultats et conclusion

Afin de rĂ©sumer les divers rĂ©sultats et conclusions de cette section, deux tableaux sont Ă©tablisci-aprĂšs. Le premier rĂ©unit les donnĂ©es de comparaison entre les deux technologies de microbobines etles cinq stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception. Le second tableau Ă©nonce les meilleurs rĂ©sultats de dĂ©tectionen fonction du facteur de dĂ©cimation choisi.

10Ici, ces mesures combinĂ©es sont calculĂ©es Ă  partir de mesures rĂ©alisĂ©es avec une mĂȘme sonde sur deux dĂ©fautsidentiques perpendiculaires entre eux, aprĂšs rotation d’une des deux images.

84 CHAPITRE 4. DÉTECTION

8 9 11 12101 3 42 5 8 9 11 12101 3 42 5

nd = 1

nd = 2

nd = 3

nd = 4

nd = 5

nd = 6

nd = 7

nd = 8

nd = 9

nd = 10

6 76 7

Fréquence (MHz)

1

0,99

0,98

0,97

0,96

0,95

0,94

0,93

0,92

0,91

1

0,99

0,98

0,97

0,96

0,95

0,94

0,93

0,92

0,91

Air

eso

us

laco

urb

e(A

SC

)

Air

eso

us

laco

urb

e(A

SC

)

Fréquence (MHz)

(b) Orientations combinĂ©es mc,i et mc,Äł(a) Orientations non combinĂ©es oi, oj, oi−j et oi+j

Fig. 4.14 – Aire sous la courbe en fonction de la frĂ©quence avec et sans utilisation de la combinaisond’orientations

4.3.5.1 Comparaison entre les technologies, entre les stratégies

Le tableau 4.2 contient toutes les valeurs optimales du critĂšre ASC. Il dĂ©taille chaque technologiede microbobines, chaque stratĂ©gie d’émission-rĂ©ception et trois valeurs du facteur de dĂ©cimation ; ilne prend en compte que, d’une part les dĂ©fauts situĂ©s selon les orientations oi et oj, d’autre part lacombinaison de ces deux orientations au sein du mode mc,i. Les valeurs optimales des PDC et desPFA sur les courbes COR correspondantes sont aussi incluses dans ce tableau. Il permet ainsi dedĂ©gager trois conclusions importantes au sujet des performances de dĂ©tection :

– la sonde constituĂ©e de bobines micromoulĂ©es offre nettement de meilleures perfor-mances11 que celle constituĂ©e des microbobines CI

– les stratĂ©gies ERE− et RER sont les stratĂ©gies les plus efficaces en dĂ©tectionElles peuvent dĂ©tecter tous les dĂ©fauts sans aucune erreur si nd = 5, et commettent moins de15% d’erreurs (ED et FA ajoutĂ©es) pour nd = 10.

– utiliser la combinaison des acquisitions par le mode mc,i est trĂšs bĂ©nĂ©fiqueCela permet en effet de diminuer en gĂ©nĂ©ral le taux total d’erreurs commises (ED et FA) d’environ10%.

4.3.5.2 RĂ©sultats optimaux

Le tableau 4.3 montre les meilleurs rĂ©sultats obtenus avec la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es et lastratĂ©gie d’émission-rĂ©ception ERE−, en considĂ©rant tous les dĂ©fauts, c’est Ă  dire les orientations oi, oj,oi−j et oi+j, uniquement par combinaison : il s’agit donc des performances par l’utilisation des modesmc,i et mc,Äł.

Il convient de rappeler que nd est le facteur de la dĂ©cimation qui est appliquĂ©e sur les signaux CFavant de quantifier ses performances, et que la dĂ©cimation est suivie d’un surĂ©chantillonnage de mĂȘmefacteur avant l’évaluation par l’algorithme de dĂ©tection. Cela correspond Ă  un pas d’échantillonnage

11Il convient de comparer les performances globales des deux types de microbobines pour un facteur de dĂ©cimationnd = 5, oĂč ces performances ne sont pas encore trop dĂ©gradĂ©es.

4.3. LES PERFORMANCES DE DÉTECTION 85

Sans combinaison (oi + oj) Avec combinaison (mc,i)

Technologie Stratégie nd ASCPDC PFA

ASCPDC PFA

optimale optimale optimale optimale

Microbobines

1 0,985 0,950 0,058 0,994 0,961 0,048

CI

E/R 5 0,980 0,941 0,095 0,994 0,976 0,051

10 0,960 0,867 0,000 0,993 0,933 0,000

1 0,977 0,967 0,100 1,000 1,000 0,000

ER 5 0,973 0,913 0,067 0,994 0,968 0,037

10 0,971 0,940 0,071 0,991 0,939 0,035

1 0,962 0,966 0,113 0,980 0,933 0,067

ERE+ 5 0,955 0,888 0,083 0,980 0,912 0,056

10 0,940 0,867 0,100 0,963 0,956 0,133

1 0,996 1,000 0,067 1,000 1,000 0,000

ERE− 5 0,994 0,981 0,044 1,000 0,995 0,000

10 0,984 0,963 0,081 0,999 0,997 0,023

1 0,985 1,000 0,100 1,000 1,000 0,000

RER 5 0,978 0,967 0,067 1,000 1,000 0,000

10 0,977 0,933 0,033 0,999 0,982 0,007

Bobines

1 0,977 0,967 0,033 0,978 0,933 0,067

micromoulées

E/R 5 0,969 0,972 0,087 0,972 0,933 0,000

10 0,965 0,927 0,079 0,968 0,906 0,121

1 0,999 0,967 0,000 1,000 1,000 0,000

ER 5 0,999 0,991 0,021 1,000 1,000 0,000

10 0,953 0,908 0,145 0,967 0,883 0,053

1 0,999 0,967 0,000 1,000 1,000 0,000

ERE+ 5 0,999 0,965 0,000 1,000 1,000 0,000

10 0,968 0,887 0,080 0,978 0,900 0,071

1 1,000 1,000 0,000 1,000 1,000 0,000

ERE− 5 1,000 0,987 0,001 1,000 1,000 0,000

10 0,952 0,820 0,050 0,981 0,915 0,057

1 1,000 1,000 0,000 1,000 1,000 0,000

RER 5 1,000 1,000 0,000 1,000 1,000 0,000

10 0,944 0,822 0,069 0,980 0,893 0,032

Tab. 4.2 – Comparaison des conditions de mesure par les performances de dĂ©tection

86 CHAPITRE 4. DÉTECTION

spatial des acquisitions Ă©gal Ă  nd×100 ”m. Le temps d’acquisition « normalisĂ© » est calculĂ© pour chaquefacteur de dĂ©cimation, en fonction du temps de l’acquisition effectuĂ©e avec un pas d’échantillonnagespatial Ă©gal Ă  100 ”m. Ce pourcentage est le temps que mettrait la mĂȘme sonde Ă  trois microbobinespour Ă©valuer une mĂȘme zone. Le gain de temps est donc trĂšs grand, mĂȘme pour un facteur de dĂ©cimationĂ©gal Ă  5. Dans le cas d’une matrice Ă  deux dimensions de microbobines, le cas nd = 10 est celui pourlequel la sonde n’est plus dĂ©placĂ©e pour effectuer l’ensemble des acquisitions : le temps d’acquisitionest alors trĂšs faible, voire nul.

ASCPDC PFA Pourcentage d’erreur Temps d’acquisition

optimale optimale total (ED et FA) « normalisé »

nd = 5 1,000 1,000 0,004 0,4% 1/25 = 4,0%

nd = 6 1,000 0,992 0,000 0,8% 1/36 = 2,8%

nd = 7 1,000 0,993 0,008 1,5% 1/49 = 2,0%

nd = 8 0,998 0,983 0,023 4% 1/64 = 1,6%

nd = 9 0,983 0,935 0,060 12,5% 1/81 = 1,2%

nd = 10 0,966 0,914 0,099 18,5% 1/100 = 1,0%

Tab. 4.3 – Performances globales maximales pour la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es et la stratĂ©gied’émission-rĂ©ception ERE−, avec l’utilisation des modes combinĂ©s mc,i et mc,Äł

L’augmentation de l’erreur commise est expĂ©rimentalement une fonction logarithmique12 de nd :une valeur de 7 ou 8 permet de contenir les taux d’erreurs dans des limites tout-Ă -fait acceptable.Au-delĂ , la dĂ©tection ne peut plus ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme totalement fiable. NĂ©anmoins, cette Ă©tudepermet de quantifier la perte de performances de dĂ©tection correspondant Ă  un temps d’acquisitionnul, soit 8,5% d’ED et 9,9% de FA.

12La corrélation linéaire entre le logarithme de ces pourcentages et la valeur de nd est trÚs forte, avec le carré ducoefficient de corrélation R2 supérieur à 0,98.

Chapitre 5

Inversion des signaux, caractérisationdes défauts

L’objet d’un dispositif de CND est en gĂ©nĂ©ral soit la recherche de dĂ©fauts au sein des piĂšces, soitl’évaluation de grandeurs constitutives de ces piĂšces. Les travaux menĂ©s ici concernent la recherchede dĂ©fauts, et consistent en la mise en Ɠuvre de deux technologies de microbobines au sein de deuxsondes (cf. chapitre 2), l’acquisition des signaux CF sur un jeu de fissures parallĂ©lĂ©pipĂ©diques calibrĂ©es(cf. chapitre 3), et la dĂ©tection automatisĂ©e de ces dĂ©fauts (cf. chapitre 4). Le chapitre prĂ©cĂ©dent ade plus permis de dĂ©terminer la technologie de microbobines et la stratĂ©gie d’émission-rĂ©ception quipermettent d’obtenir les meilleures performances.

Ces conditions de mesure ont par consĂ©quent Ă©tĂ© choisies dans un but d’inversion des signauxCF ainsi acquis. L’inversion de signaux est un processus qui rĂ©alise une transformation des signauxpour retrouver la reprĂ©sentation physique des objets Ă©valuĂ©s. Cela correspond Ă  l’opĂ©ration inversedu processus d’acquisition, comme le montre la figure 5.1. RĂ©aliser l’inversion des signaux permetd’obtenir

– une plus grande facilitĂ© d’interprĂ©tation, grĂące Ă  une reprĂ©sentation rĂ©aliste ;– des informations quantitatives dans les dimensions des dĂ©fauts.

Défaut réel

Défaut estimé

Acquisition

Opérateur direct

Caractérisation

Opérateur inverse

Fig. 5.1 – Processus d’acquisition et d’inversion de signaux

Dans ce chapitre, une introduction gĂ©nĂ©rale sur l’inversion explique le choix effectuĂ© de la caractĂ©-risation. Une paramĂ©trisation des signaux CF est ensuite Ă©tablie et utilisĂ©e pour l’inversion des signauxCF acquis. Enfin, les rĂ©sultats de cette inversion sont Ă©valuĂ©s en terme d’erreur systĂ©matique et dedispersion statistique.

87

88 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

5.1 Les difficultĂ©s de l’inversion d’image

Une inversion des signaux CF peut consister Ă  rechercher l’image « rĂ©elle » du dĂ©faut : pour lesdĂ©fauts inspectĂ©s ici, cette image serait une image binaire contenant un rectangle plein. L’intĂ©rĂȘt del’inversion est alors l’obtention d’images dont l’interprĂ©tation est beaucoup plus aisĂ©e pour l’opĂ©ra-teur : il devient particuliĂšrement facile de connaĂźtre les dimensions des dĂ©fauts ou leur orientation.NĂ©anmoins, l’étude effectuĂ©e Ă  la sous-section 3.1.1.3 montre que cette inversion est complexe Ă  mettreen Ɠuvre pour des dĂ©fauts de faibles dimensions.

5.1.1 Les problÚmes « mal posés » et la régularisation

L’inversion d’images nĂ©cessite l’établissement d’un opĂ©rateur « inverse », permettant de transfor-mer les images issues de la mesure CF en images rĂ©elles des surfaces Ă©valuĂ©es[RH72]. Cet opĂ©rateurinverse est nĂ©anmoins souvent difficile Ă  dĂ©terminer. Si le modĂšle du « problĂšme direct », qui rĂ©alise latransformation depuis la rĂ©alitĂ© physique vers l’image acquise, est connu et inversible, alors l’opĂ©rateurinverse sera bien l’inverse de ce modĂšle.

Les phĂ©nomĂšnes expliquĂ©s Ă  la sous-section 1.3.1 sont rĂ©gis par un modĂšle direct fortement non-linĂ©aire. Les signaux CF produits le sont donc nĂ©cessairement aussi, ce qui peut engendrer une impor-tante difficultĂ© pour inverser les signaux. En particulier, plusieurs dĂ©fauts diffĂ©rents peuvent donnerdes signaux CF acquis identiques : la solution de l’inversion n’est pas unique. Il est dans ce cas questionde problĂšme « mal posĂ© »[Had02]. Ces problĂšmes, par opposition aux problĂšmes « bien posĂ©s », nerĂ©pondent pas, au minimum, Ă  une de ces trois conditions :

– solubilitĂ©Une solution existe pour toute donnĂ©e soumise au processus d’inversion.

– unicitĂ©Cette solution est unique.

– stabilitĂ©La solution dĂ©pend de façon continue des donnĂ©es d’entrĂ©e du processus.

L’unicitĂ© est bien souvent non vĂ©rifiĂ©e et particuliĂšrement gĂȘnante. La non-stabilitĂ© engendre, Ă  partird’une faible incertitude sur la mesure, une incertitude plus importante sur la solution du processus.

Ici, en supposant l’opĂ©rateur direct comme un filtre linĂ©aire sur une plage de validitĂ© restreinte,ce filtre direct est connu : la sous-section 3.1.1.3 a montrĂ© qu’il Ă©tait possible de prendre l’image CFde l’évaluation d’un dĂ©faut de trĂšs faibles dimensions en tant que rĂ©ponse impulsionnelle du dispositifd’acquisition, dont la transformĂ©e de Fourier est la fonction de transfert du modĂšle direct. L’inversionde cette fonction de transfert suffit alors Ă  dĂ©terminer le filtre inverse.

Cependant, la non-linĂ©aritĂ© des phĂ©nomĂšnes Ă©lectromagnĂ©tiques et les bruits apportĂ©s par leur miseen Ɠuvre engendrent des difficultĂ©s supplĂ©mentaires lors de l’inversion. Il est en effet nĂ©cessaire derĂ©gulariser l’image, c’est-Ă -dire par exemple de supprimer l’influence des parties du signal ne contenantaucune information, et de permettre ainsi au processus d’inversion le choix de la solution correcteentre les diffĂ©rentes possibilitĂ©s. La rĂ©gularisation des problĂšmes inverses est largement rĂ©pandue enmathĂ©matique physique depuis les travaux de Tikhonov[TA77]. Le filtrage de Wiener, dont l’explicationdu fonctionnement et un exemple d’application sont donnĂ©s Ă  la sous-section 3.1.1.3, fait partie deces nombreuses techniques1 et a pour but de limiter l’influence du bruit dans le processus d’inversion.Comme beaucoup d’autres mĂ©thodes de rĂ©gularisation, elle fonctionne Ă  partir d’une analyse spectraledu signal acquis. Cela a pour inconvĂ©nient de conduire Ă  une rĂ©gularisation qui doit ĂȘtre recalculĂ©epour chaque signal.

1Le filtrage de Wiener est en fait une certaine « rĂ©gularisation de Tikhonov » oĂč la matrice de rĂ©gularisation contientl’inverse de la densitĂ© spectrale de puissance du rapport signal sur bruit.

5.2. LES MÉTHODES D’INVERSION PARAMÉTRIQUE 89

Le rĂ©glage des paramĂštres de rĂ©gularisation, quelle que soit la mĂ©thode adoptĂ©e, reste nĂ©anmoinsrelativement complexe. Ces paramĂštres ont en effet des dĂ©pendances fortes et non linĂ©aires avec lesconditions de mesure et avec les Ă©tats statistiques de bruit des signaux Ă  inverser. De plus, l’influencedes valeurs choisies pour ces paramĂštres est suffisamment importante pour rĂ©duire trĂšs fortement laqualitĂ© d’une inversion lorsqu’elles sont mal dĂ©terminĂ©es[Bar95].

5.1.2 Une solution : l’inversion paramĂ©trique

Une alternative envisageable pour la rĂ©solution des problĂšmes inverses est l’utilisation de l’inversionparamĂ©trique des signaux. L’inversion paramĂ©trique, aussi appelĂ©e caractĂ©risation, ne produit pasde reprĂ©sentation de la rĂ©alitĂ© physique sous forme d’images, mais sous forme de caractĂ©ristiquesd’un modĂšle donnĂ©[Fau98]. La possibilitĂ© de recourir Ă  ce genre d’inversion dĂ©pend trĂšs fortementde l’application : ici, les dĂ©fauts concernĂ©s par l’évaluation sont tous des dĂ©fauts de mĂȘme type, Ă savoir des fissures parallĂ©lĂ©pipĂ©diques de trĂšs faibles dimensions. Il est donc possible d’obtenir lareprĂ©sentation physique de ces dĂ©fauts uniquement en retrouvant leurs dimensions et leur orientation.L’inversion rĂ©alisĂ©e par ces travaux consiste ainsi Ă  estimer ces caractĂ©ristiques des dĂ©fauts. Dansd’autres domaines, l’inversion paramĂ©trique peut aussi ĂȘtre utilisĂ©e pour dĂ©terminer d’autres grandeursphysiques, comme par exemple la tempĂ©rature d’une chambre de combustion[SO95].

5.2 Les mĂ©thodes d’inversion paramĂ©trique

Comme expliquĂ© prĂ©cĂ©demment, l’inversion paramĂ©trique est un processus permettant d’estimerdes caractĂ©ristiques des Ă©lĂ©ments Ă©valuĂ©s Ă  partir des acquisitions effectuĂ©es ou du moins de paramĂštresdes signaux CF acquis. Deux types d’inversions existent : si le modĂšle utilisĂ© est exĂ©cutĂ© plusieurs fois,il s’agit d’une inversion itĂ©rative ; dans le cas contraire, l’inversion est directe.

5.2.1 L’inversion itĂ©rative

Pour l’inversion itĂ©rative, le processus est constituĂ© d’une boucle d’itĂ©ration au sein de laquellese trouve le modĂšle direct, qui doit ĂȘtre connu, de façon exacte ou approchĂ©e. La sortie du modĂšledirect est comparĂ©e aux acquisitions effectuĂ©es, et l’erreur ainsi observĂ©e2 est proposĂ©e en entrĂ©e d’unalgorithme d’optimisation qui modifie alors les estimations des caractĂ©ristiques recherchĂ©es. À chaqueitĂ©ration, cette modification a pour but de minimiser l’erreur obtenue. L’inversion est supposĂ©e correcteet le processus est arrĂȘtĂ© lorsque cette erreur devient infĂ©rieure Ă  une valeur limite dĂ©terminĂ©e commecritĂšre d’arrĂȘt des itĂ©rations. La figure 5.2 reprĂ©sente le schĂ©ma du processus d’inversion itĂ©rative.

Si toutes les mĂ©thodes d’inversion itĂ©ratives rĂ©pondent Ă  ce schĂ©ma gĂ©nĂ©ral, leur diffĂ©rence rĂ©side es-sentiellement dans l’algorithme d’optimisation qui effectue l’estimation des caractĂ©ristiques par modifi-cations successives. De tels algorithmes sont relativement nombreux. Parmi les plus utilisĂ©s se trouventla mĂ©thode de Newton[Deu04], la descente du gradient[Sny05], la mĂ©thode du simplexe[DOW55] ouencore les algorithmes gĂ©nĂ©tiques[SBKKB07].

Un inconvĂ©nient de cette technique est le temps de calcul requis, en particulier si le modĂšle utilisĂ©est complexe. En effet, les nombreuses itĂ©rations demandent un temps qui peut devenir important, etqui est inconnu a priori : chaque Ă©valuation demandera un temps de traitement diffĂ©rent. Il est dĂšslors relativement difficile de mettre en Ɠuvre ce genre d’inversion pour un systĂšme d’acquisition et decaractĂ©risation simultanĂ©es.

2L’erreur entre les acquisitions rĂ©alisĂ©es et la sortie du modĂšle direct n’est pas nĂ©cessairement le rĂ©sultat d’une simplesoustraction ou d’un calcul d’erreur quadratique, mais peut intĂ©grer des calculs plus complexes, comme ceux de fonctionsde vraisemblance.

90 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

Boucle itérative

Instrumentation

si le critùre d’erreur

est valide

initialisation

des estimations

RĂ©sultat

de l’estimation

ModĂšle directsortie du

modĂšleComparaison

erreur

Optimisationcaractéristiques

estimées

caractéristiques

réelles

Dispositif

de mesure

mesures

Fig. 5.2 – Processus gĂ©nĂ©ral d’inversion itĂ©rative

De plus, l’inversion itĂ©rative est assez sensible Ă  la prĂ©cision du modĂšle direct : un modĂšle inexactpeut aboutir Ă  une solution non satisfaisante tandis qu’un modĂšle trop prĂ©cis risque de rendre le pro-cessus peu robuste vis-Ă -vis de perturbations. Le choix de l’initialisation des caractĂ©ristiques estimĂ©esest aussi important. En effet, ces algorithmes d’optimisation recherchent des minima, et il arrive quele rĂ©sultat soit un minimum local et non global. Cependant, des mĂ©thodes existent pour pallier cesproblĂšmes, et l’inversion itĂ©rative est prĂ©sentĂ©e comme une mĂ©thode trĂšs efficace et prĂ©cise lorsquecorrectement mise en Ɠuvre[SVS08].

5.2.2 L’inversion directe

Dans le cas de l’inversion directe, le processus contient directement le modĂšle inverse, commeindiquĂ© sur la figure 5.3. Deux cas se prĂ©sentent alors.

caractéristiques

réelles

Dispositif

de mesure

ModÚle inversecaractéristiques

estimées

mesures

Fig. 5.3 – Processus gĂ©nĂ©ral d’inversion directe

5.2.2.1 Si le modĂšle direct est connu et inversible

Si le modĂšle direct est connu et inversible, le modĂšle inverse est alors obtenu par l’inversion dumodĂšle direct. Le processus d’inversion est ensuite capable de donner de façon immĂ©diate et systĂ©ma-tique une estimation des caractĂ©ristiques du dĂ©faut inspectĂ©. Cette mĂ©thode est donc particuliĂšrementrapide. Il est envisageable3 que le modĂšle ne soit inversible que sur une plage rĂ©duite de valeurs, surlaquelle il aura Ă©tĂ© prĂ©alablement linĂ©arisĂ©[Akn90].

3Ces linĂ©arisations sont mĂȘme quasi-systĂ©matiques, au moins parce que l’ensemble des valeurs des grandeurs d’intĂ©rĂȘtne sont pas physiquement disponibles. Les modĂšles directs ne sont donc trĂšs souvent dĂ©finis que sur une plage de valeursfinie, plage sur laquelle les grandeurs d’intĂ©rĂȘt sont disponibles. Par ailleurs, le comportement des dispositifs d’acquisitionen dehors de ces plages est souvent dĂ©nuĂ© d’intĂ©rĂȘt.

5.3. LA PARAMÉTRISATION 91

5.2.2.2 Si le modùle direct n’est pas inversible

Si le modĂšle direct n’est pas inversible, le modĂšle inverse peut dans ce cas ĂȘtre construit Ă  partirde la correspondance entre paramĂštres des signaux acquis et caractĂ©ristiques recherchĂ©es des dĂ©fauts.Le modĂšle inverse n’a alors aucun rapport rĂ©el avec le modĂšle direct constituĂ© des Ă©quations et loisphysiques mises en jeu, mais les transformations qu’ils modĂ©lisent sont l’inverse l’une de l’autre. Il s’agitd’un modĂšle uniquement « comportemental », associant les variations des caractĂ©ristiques Ă  estimeren fonction des paramĂštres des signaux. Ce modĂšle possĂšde des paramĂštres internes, qui doivent ĂȘtrerĂ©glĂ©s par une pĂ©riode d’apprentissage.

Ces modĂšles inverses peuvent ĂȘtre Ă©tablis par plusieurs algorithmes. Les algorithmes de type rĂ©-seaux de neurones[SKC97, BCFR98] sont trĂšs utilisĂ©s, industriellement depuis une trentaine d’annĂ©es.InspirĂ©s des neurones biologiques, il s’agit d’un outil rĂ©putĂ© souple, rapide et susceptible de modĂ©liserdes fonctions compliquĂ©es, notamment non linĂ©aires. Cependant, un rĂ©seau de neurones possĂšde, enplus de ses coefficients rĂ©glables, un grand nombre d’élĂ©ments variables. Il faut en effet dĂ©terminer enparticulier le nombre de couches internes sur lesquelles sont fixĂ©s les neurones, le nombre de neuronessur chaque couche, le type de fonction d’activation pour chaque neurone. Toutes ces possibilitĂ©s ontun revers : il est nĂ©cessaire de possĂ©der une certaine expertise avant de pouvoir construire un rĂ©seaude neurones efficace.

5.2.3 Le choix entre les méthodes

Le choix entre les mĂ©thodes d’inversion briĂšvement prĂ©sentĂ©es prĂ©cĂ©demment n’est pas Ă©vident.Les travaux de recherche des derniĂšres dĂ©cennies ont engendrĂ© une trĂšs grande diversitĂ© au sein de cestechniques, chacune prĂ©sentant des avantages et des inconvĂ©nients.

Le choix dĂ©pendra avant tout du cahier des charges et de la prĂ©cision du modĂšle direct. Il estpossible d’effectuer un premier choix par le fait que si le temps de calcul n’est pas le principal critĂšreet que le modĂšle direct est parfaitement connu, l’utilisation de mĂ©thodes itĂ©ratives est souhaitable.Dans le cas d’une application rapide ou disposant de faibles moyens de calcul, les mĂ©thodes d’inversiondirecte sont prĂ©fĂ©rables. La construction d’un modĂšle inverse sera obligatoire si le modĂšle direct n’estpas inversible.

5.3 La paramétrisation

5.3.1 Le but de la paramétrisation

Dans le but de l’évaluation des dĂ©fauts inspectĂ©s, le choix de l’inversion des signaux CF a Ă©tĂ©portĂ© vers l’estimation des caractĂ©ristiques des dĂ©fauts, c’est-Ă -dire le processus de caractĂ©risation.Cependant, les signaux CF originaux contiennent un grand nombre de donnĂ©es, Ă  savoir une valeurd’impĂ©dance complexe Ă  chaque point de mesure. Cela complique fortement l’inversion, qu’elle soititĂ©rative ou directe.

Ces donnĂ©es, valeurs des signaux CF situĂ©es les unes Ă  cĂŽtĂ© des autres, sont trĂšs dĂ©pendantes entreelles, et toutes ne sont pas nĂ©cessaires pour l’inversion. Diminuer le nombre de ces donnĂ©es permetde simplifier le processus de caractĂ©risation. La paramĂ©trisation des signaux CF, par la sĂ©lection desdonnĂ©es utiles, rĂ©alise cette simplification[Ouk97].

92 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

5.3.2 Les paramĂštres

ParallĂšlement Ă  la nĂ©cessitĂ© de rĂ©duction du nombre de donnĂ©es caractĂ©risant le signal CF, il estimportant que les paramĂštres dĂ©finissent au mieux le signal, afin que le moins possible d’informationcontenue dans le signal ne soit perdue.

Beaucoup de paramĂštres peuvent ĂȘtre choisis. Comme expliquĂ© Ă  la sous-section 3.1.2, les reprĂ©-sentations de type signatures permettent une dĂ©finition plus aisĂ©e de ces paramĂštres et facilitent doncla paramĂ©trisation. Il est possible de sĂ©parer les paramĂštres en deux classes, selon qu’ils correspondentĂ  une signature CF ou Ă  une combinaison de signatures CF.

5.3.2.1 Paramùtres d’une signature CF

La signature CF est une des reprĂ©sentations possibles du signal CF. Elle a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e Ă  lasous-section 3.1.2. Elle permet de visualiser l’ensemble des valeurs complexes de l’impĂ©dance acquisesaux diffĂ©rents points de mesure, dans le plan complexe. Trois paramĂštres peuvent y ĂȘtre dĂ©terminĂ©s,indiquĂ©s sur la figure 5.4 :

– la dynamique principale D– la dynamique secondaire d– l’angle d’inclinaison α

Partie réelle (Ω)

Part

ieim

agin

air

e(Ω

)

αD

d

Fig. 5.4 – ParamĂ©trisation d’une signature CF

La dĂ©termination de l’angle d’inclinaison est effectuĂ©e conjointement Ă  la transformation en am-plitude principale exposĂ©e Ă  la section 3.1.3. L’angle d’inclinaison α est celui sĂ©parant l’axe rĂ©el duplan complexe de la droite de projection dĂ©finie par la transformation. À partir des coefficients a et bde la droite d’équation 3.2, dĂ©finis par les Ă©quations 3.6 et 3.7, l’angle d’inclinaison (en degrĂ©s) s’écrit

α =

−180

πarctan

(ba

)si a 6= 0

90 signe (b) sinon

La dynamique principale est la dynamique de l’amplitude principale, calculĂ©e simplement par

D = maxni,nj

sâ€Č (ni,nj)−minni,nj

sâ€Č (ni,nj)

oĂč sâ€Č est l’amplitude principale4, signal rĂ©el contenant les valeurs de la projection orthogonale du signalCF complexe s (ni,nj) sur la droite d’angle d’inclinaison α par rapport Ă  l’axe rĂ©el, ou encore

D = maxni,nj

(bℜ [s (ni,nj)]− aℑ [s (ni,nj)]

)−minni,nj

(bℜ [s (ni,nj)]− aℑ [s (ni,nj)]

)

4L’amplitude principale est l’amplitude signĂ©e de l’impĂ©dance mesurĂ©e, dĂ©finie Ă  la sous-section 3.1.3, page 44.

5.4. L’INVERSION 93

De mĂȘme, d est la dynamique de la projection sur la droite perpendiculaire notĂ©e sâ€Čâ€Č et s’obtient avec

d = maxni,nj

sâ€Čâ€Č (ni,nj)−minni,nj

sâ€Čâ€Č (ni,nj)

= maxni,nj

(aℜ [s (ni,nj)] + bℑ [s (ni,nj)]

)−minni,nj

(aℜ [s (ni,nj)] + bℑ [s (ni,nj)]

)

Ces trois paramÚtres définissent quasiment totalement la signature CF à laquelle ils sont attachés.

5.3.2.2 ParamĂštres aprĂšs combinaison

La combinaison des signaux CF, dĂ©crite Ă  la sous-section 3.2.2, permet de multiplier le nombre deces paramĂštres par 3. En effet, chaque dĂ©faut, inspectĂ© par deux sondes d’axes principaux perpendi-culaires entre eux, donne trois signaux CF :

– celui du mode5 parallĂšle m‖ comprenant les modes m‖i et m‖ij ;– celui du mode perpendiculaire m⊄ comprenant les modes m⊄i et m⊄ij ;– celui du mode combinĂ© mc comprenant les modes mc,i et mc,Äł.

Ainsi sont obtenus les paramĂštres α‖, α⊄, αc, D‖, D⊄, Dc, d‖, d⊄, dc. Le mode combinĂ© produit unsignal CF identique pour deux dĂ©fauts perpendiculaires entre eux : il sera souvent prĂ©fĂ©rable d’utiliser,parmi les paramĂštres dĂ©finis prĂ©cĂ©demment, ceux calculĂ©s sur des signatures CF combinĂ©es.

D’autres paramĂštres peuvent ĂȘtre calculĂ©s Ă  partir des trois signaux CF correspondant Ă  un mĂȘmedĂ©faut, en utilisant plusieurs paramĂštres parmi les prĂ©cĂ©dents. En faire une liste exhaustive serait fasti-dieux et relativement peu utile, Ă  cause des multiples possibilitĂ©s. Un grand nombre de ces possibilitĂ©sa nĂ©anmoins Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©. Cette Ă©tude a permis de sĂ©lectionner les paramĂštres les plus intĂ©ressants,comme prĂ©sentĂ© Ă  la sous-section 5.4.2.

5.4 L’inversion

La mĂ©thode d’inversion choisie est une mĂ©thode directe, non itĂ©rative. Cette mĂ©thode permet unemise en Ɠuvre rapide, avec un prĂ©-rĂ©glage des coefficients grĂące Ă  des donnĂ©es a priori. Elle nĂ©cessitecependant l’établissement d’un modĂšle inverse, ce qui n’est pas toujours possible. Pour cette Ă©tude,un tel modĂšle a pu ĂȘtre dĂ©fini. Cette section explique en dĂ©tail les diffĂ©rentes Ă©tapes ayant permisla rĂ©alisation de l’algorithme d’inversion : la dĂ©finition des caractĂ©ristiques des dĂ©fauts Ă  estimer etdes paramĂštres des signaux CF, l’obtention du modĂšle inverse, les amĂ©liorations apportĂ©es grĂące auxinformations a priori et les rĂ©glages des coefficients du modĂšle.

5.4.1 Les caractéristiques à estimer

Les défauts considérés dans ces travaux sont des fissures parallélépipédiques. Ils ont donc troisdimensions :

– une longueur ℓ, ici Ă©gale Ă  100 ”m, 200 ”m, 400 ”m , 600 ”m ou 800 ”m ;– une profondeur p, ici Ă©gale Ă  100 ”m, 200 ”m ou 400 ”m ;– une largeur, ici Ă©gale Ă  100 ”m pour tous les dĂ©fauts.

Dans cette Ă©tude, la largeur des dĂ©fauts est exclue des dimensions Ă  estimer, car l’ensemble des dĂ©fautsĂ  disposition ne permet pas de connaĂźtre son influence sur les signaux CF. Les seules dimensions Ă estimer sont la longueur et la profondeur.

5Les notations des 6 modes m‖i, m‖ij, m⊄i, m⊄ij, mc,i et mc,Äł, ont Ă©tĂ© introduites Ă  la sous-section 3.2.2, page 49.

94 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

L’orientation est aussi une caractĂ©ristique importante influençant les signaux CF. Ici, les acqui-sitions ont Ă©tĂ© faites Ă  partir de quatre orientations diffĂ©rentes. Il sera par consĂ©quent impossible dedĂ©terminer de façon continue un angle entre les orientations principales du dĂ©faut et de la sonde, maisil sera question d’un choix entre les trois cas suivants :

– orientation o1 : orientation selon les axes ~i ou ~j ;– orientation o2 : orientation selon les axes

(~i−~j

)ou(~i+~j

);

– orientation o3 : aucune orientation principale (cas du dĂ©faut de longueur 100 ”m).

Chaque dĂ©faut dĂ©tectĂ© doit ĂȘtre classĂ© au sein de l’un de ces trois cas6 : il s’agit d’une classification.

Pour chaque jeu de conditions de mesure, c’est-Ă -dire pour chaque triplet constituĂ© d’une technolo-gie de microbobines, d’une stratĂ©gie d’émission-rĂ©ception et d’une frĂ©quence des courants d’excitation,60 acquisitions sont effectuĂ©es, 90 signaux CF sont disponibles aprĂšs combinaison. Cela correspondĂ  30 dĂ©fauts diffĂ©rents, parmi lesquels chaque valeur de longueur se rapporte Ă  6 dĂ©fauts et chaquevaleur de profondeur Ă  10 dĂ©fauts. Concernant les orientations, si o1 et o2 correspondent chacune Ă  12dĂ©fauts, o3 n’est l’orientation que de 6 dĂ©fauts.

5.4.2 SĂ©lection des paramĂštres

Ces paramĂštres sont assez nombreux et redondants. Le bruit que chacun d’eux comporte indivi-duellement et de façon alĂ©atoire risque de rendre instable le processus d’inversion. Il faut sĂ©lectionnerles plus pertinents. Deux axes de sĂ©lection doivent ĂȘtre privilĂ©giĂ©s :

– la corrĂ©lation avec les caractĂ©ristiques Ă  Ă©valuer ;– la robustesse Ă  l’échantillonnage spatial.

5.4.2.1 ParamĂštres hybrides

Parmi les paramĂštres calculĂ©s Ă  partir des trois signaux CF correspondant Ă  un mĂȘme dĂ©faut,deux paramĂštres apparaissent comme particuliĂšrement intĂ©ressants pour l’estimation de l’orientation,effectuĂ©e Ă  la sous-section 5.4.3.

Le premier de ces deux paramĂštres est la diffĂ©rence entre les dynamiques des deux premiers modes,divisĂ©e par la dynamique du mode combinĂ©. Ce rapport s’écrit

P1 =

∣∣∣D‖ −DâŠ„âˆŁâˆŁâˆŁ

Dc

Le second de ces deux paramĂštres est le rapport entre l’angle d’inclinaison et la dynamique du modecombinĂ©, donnĂ© par

P2 =αc

Dc

Ces paramĂštres prĂ©sentent l’avantage de varier fortement en fonction de l’orientation des dĂ©fauts etfaiblement en fonction des autres caractĂ©ristiques.

6Dans le cas de l’orientation o1, il est relativement aisĂ© de dĂ©terminer l’axe du dĂ©faut parmi ~i ou ~j, la plus grandedynamique Ă©tant obtenue par la sonde dont l’axe principal est parallĂšle au dĂ©faut. Il est donc possible d’éventuellementdĂ©finir deux « sous-cas », ce qui n’est pas rĂ©alisĂ© ici. Dans le cas de l’orientation o2, dĂ©terminer l’axe parmi les deuxpossibilitĂ©s est par contre impossible.

5.4. L’INVERSION 95

5.4.2.2 Étude de la corrĂ©lation

Afin d’effectuer un premier tri parmi les paramĂštres choisis, une mĂ©thode simple peut ĂȘtre d’effec-tuer une Ă©tude de corrĂ©lation entre les paramĂštres des signaux CF et les diffĂ©rentes caractĂ©ristiquespour l’ensemble des dĂ©fauts. Une Ă©tude de corrĂ©lation est la recherche des ressemblances dans lesvariations des donnĂ©es. Cette Ă©tude est menĂ©e par le calcul du coefficient de corrĂ©lation linĂ©aire quis’écrit

R =cov(x,y)√V(x) V(y)

=

n∑

i=1

(xi − x) (yi − y)√√√√n∑

i=1

(xi − x)2n∑

i=1

(yi − y)2

avec les xi et yi les n réalisations des grandeurs x et y.

La figure 5.5 montre les rĂ©sultats de cette Ă©tude. Le produit ℓ×p a Ă©tĂ© ajoutĂ© au sein des caractĂ©ris-tiques, pour essayer de trouver l’existence de relations affines avec cette quantitĂ©. Il apparaĂźt dans cesvaleurs que les angles d’inclinaison des signatures CF ont une forte corrĂ©lation avec la profondeur ; lesdynamiques, qu’elles soient principales ou secondaires, sont fortement corrĂ©lĂ©es avec le produit ℓ× p.

ℓ

α‖ P2P1dcd⊄d‖DcD⊄αc D‖α⊄

1

0,9

0,8

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0

ℓ× p

orientation

p

Fig. 5.5 – Coefficients de corrĂ©lation linĂ©aire entre les paramĂštres des signaux CF et les caractĂ©ristiquesdes dĂ©fauts Ă  estimer

La premiĂšre corrĂ©lation s’explique essentiellement par l’équation 1.5. Elle montre en effet que ledĂ©phasage de la densitĂ© des courants induits au sein de la piĂšce testĂ©e dĂ©pend de façon importantede la profondeur Ă  laquelle ils se situent au sein de cette piĂšce. La variation de l’angle d’inclinaisonest la variation du dĂ©phasage entre la tension mesurĂ©e et le courant d’excitation, donc la variationde phase de la tension mesurĂ©e. La tension mesurĂ©e Ă©tant modifiĂ©e lorsque les courants induits sontdĂ©viĂ©s, l’angle d’inclinaison de la signature CF observĂ©e est par consĂ©quent fonction de la profondeurp du dĂ©faut.

Pour la deuxiĂšme corrĂ©lation, il convient de restreindre l’analyse au cas prĂ©sent des dĂ©fauts de typeparallĂ©lĂ©pipĂšdes plats, avec une largeur plus faible que la longueur. Il a Ă©tĂ© montrĂ© dans ce cas que lalargeur des fissures a une influence nĂ©gligeable sur le champ magnĂ©tique de rĂ©action dĂ» aux dĂ©fauts :les signaux, en particulier en amplitude, sont trĂšs influencĂ©s par la surface latĂ©rale des dĂ©fauts. CettepropriĂ©tĂ© est d’ailleurs Ă  la base de la modĂ©lisation par Ă©lĂ©ments finis de dĂ©fauts fins[CSLBM07b],les dĂ©fauts Ă©tant modĂ©lisĂ©s comme des fissures infiniment plates. Cette propriĂ©tĂ© est ici retrouvĂ©e par

96 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

l’étude des coefficients de corrĂ©lation linĂ©aire.

Discussion sur l’utilisation des coefficients de corrĂ©lation linĂ©aireIl est couramment admis que R quantifie la corrĂ©lation linĂ©aire entre deux donnĂ©es, c’est-Ă -dire

la possibilitĂ© de trouver une relation affine entre ces deux vecteurs. Toute autre relation n’est pasprise en compte : par exemple, une relation polynomiale d’ordre 2 donne en gĂ©nĂ©ral un coefficient decorrĂ©lation linĂ©aire trĂšs faible. De plus, ce coefficient est trĂšs sensible aux valeurs extrĂȘmes, comme lemontre la figure 5.6. Elle prĂ©sente quatre couples de vecteurs possĂ©dant les mĂȘmes moyennes, variances,coefficients de corrĂ©lation linĂ©aire et droites de rĂ©gression linĂ©aire, malgrĂ© une diffĂ©rence visuelle trĂšsimportante. Ces quatre couples, connus sous le nom du quartet d’Anscombe, ont Ă©tĂ© publiĂ©s par F.Anscombe en 1973[Ans73].

14

12

10

8

6

4

200 5 1510

14

12

10

8

6

4

200 5 1510

14

12

10

8

6

4

200 5 1510

14

12

10

8

6

4

200 5 1510

Fig. 5.6 – Quartet d’Anscombe : les quatre couples (x,y) ont tous un coefficient de corrĂ©lation linĂ©aireĂ©gal Ă  0,816

NĂ©anmoins, calculer les coefficients de corrĂ©lation linĂ©aire entre les paramĂštres des signaux CFacquis et les caractĂ©ristiques des dĂ©fauts inspectĂ©s permet d’obtenir des informations intĂ©ressantes,dans le cas oĂč des relations affines existent. Par exemple, la longueur et la profondeur n’offrent, pouraucun des paramĂštres, une corrĂ©lation trĂšs importante. Il n’y a a priori que peu de chances de pouvoirdĂ©finir une relation linĂ©aire entre chacun des paramĂštres et ces caractĂ©ristiques. Il est par contre toutĂ  fait envisageable que des relations non linĂ©aires existent.

5.4.2.3 Influence du pas d’échantillonnage spatial

L’inversion envisagĂ©e doit permettre de retrouver Ă  partir d’un signal CF paramĂ©trĂ© les caractĂ©-ristiques du dĂ©faut inspectĂ©. Les processus de dĂ©cimation et de surĂ©chantillonnage des signaux CFacquis, prĂ©sentĂ©s aux sections 3.4 et 3.5 correspondent au processus d’échantillonnage spatial que rĂ©a-liserait une acquisition « rĂ©aliste ». Le pas d’échantillonnage spatial du signal CF aprĂšs dĂ©cimation estĂ©gal au pas original (100 ”m) multipliĂ© par le facteur de dĂ©cimation nd. Ce processus de dĂ©cimationintroduit le fait que ces contrĂŽles effectuĂ©s en pratique contiennent moins de points de mesure et parconsĂ©quent moins d’informations : plus le pas d’échantillonnage spatial ou le facteur de dĂ©cimation estimportant, plus la dynamique, le RSB et la probabilitĂ© de dĂ©tection sont dĂ©tĂ©riorĂ©s. Il est nĂ©cessaireque les valeurs des paramĂštres utilisĂ©s au sein de l’inversion soient le moins possible affectĂ©es par ladĂ©cimation ou la variation du pas d’échantillonnage spatial.

Les figures 5.7 et 5.8 montrent l’évolution des coefficients de corrĂ©lation en fonction du facteurde dĂ©cimation, plus prĂ©cisĂ©ment pour un facteur nd = 5 Ă  la premiĂšre et nd = 10 Ă  la deuxiĂšmefigure. Le cas nd = 5 correspond Ă  un pas d’échantillonnage spatial Ă©gal Ă  500 ”m, soit la moitiĂ© de lalargeur d’une microbobine ; le cas nd = 10 correspond Ă  un pas d’échantillonnage spatial Ă©gal Ă  1 mm,soit la largeur d’une microbobine. Elles indiquent que la corrĂ©lation entre les angles d’inclinaison dessignatures CF et les profondeurs des dĂ©fauts, conservĂ©es encore pour nd = 5, sont trĂšs dĂ©gradĂ©es Ă nd = 10. Au contraire, les valeurs des coefficients de corrĂ©lation linĂ©aire entre les dynamiques et lessurfaces latĂ©rales des dĂ©fauts sont assez stables.

5.4. L’INVERSION 97

ℓ

α‖ P2P1dcd⊄d‖DcD⊄αc D‖α⊄

1

0,9

0,8

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0

ℓ× p

orientation

p

Fig. 5.7 – Coefficients de corrĂ©lation linĂ©aire entre les paramĂštres des signaux CF et les caractĂ©ristiquesdes dĂ©fauts Ă  estimer, aprĂšs dĂ©cimation d’un facteur nd = 5

ℓ

α‖ P2P1dcd⊄d‖DcD⊄αc D‖α⊄

1

0,9

0,8

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0

ℓ× p

orientation

p

Fig. 5.8 – Coefficients de corrĂ©lation linĂ©aire entre les paramĂštres des signaux CF et les caractĂ©ristiquesdes dĂ©fauts Ă  estimer, aprĂšs dĂ©cimation d’un facteur nd = 10

98 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

5.4.2.4 Utilisation du mode combiné

Le mode combinĂ© correspond Ă  un signal CF identique pour deux dĂ©fauts perpendiculaires entreeux. Il est ainsi souvent prĂ©fĂ©rable d’utiliser les paramĂštres calculĂ©s sur les signatures CF combinĂ©es. Eneffet, la dynamique du mode combinĂ© est par exemple identique pour ces deux dĂ©fauts perpendiculaires,contrairement aux modes parallĂšle et perpendiculaire. Elle ne dĂ©pend que des autres caractĂ©ristiquesdes dĂ©fauts.

5.4.3 Estimation de l’orientation

Dans le cas de l’étude menĂ©e ici, estimer l’orientation des dĂ©fauts dĂ©tectĂ©s correspond, contrai-rement Ă  l’estimation de leur profondeur et de leur longueur, Ă  une classification entre trois classesdĂ©finies Ă  la sous-section 5.4.1. Les deux paramĂštres P1 et P2 ont Ă©tĂ© dĂ©finis Ă  la sous-section 5.4.2.1 etchoisis pour rĂ©aliser cette estimation. Il s’agit de paramĂštres faisant intervenir plusieurs paramĂštres Ă©lĂ©-mentaires des signatures CF. Ils ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©s grĂące Ă  l’observation de leur Ă©volution en fonctiondes caractĂ©ristiques des dĂ©fauts inspectĂ©s7, reprĂ©sentĂ©e Ă  la figure 5.9 pour un exemple des 30 combi-naisons de signaux CF, acquis avec la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es, la stratĂ©gie d’émission-rĂ©ceptionERE− et une frĂ©quence des courants d’excitation Ă©gale Ă  5 MHz.

100

200

400

100

200

100

400

200

400

100

200

400

100

200

400

100 200 600 800

0

o3

100

200

400

100

200

100

400

200

400

100

200

400

100

200

400

100 200 400 600 800

0

o2o1

o3

400

p (”m)

ℓ (”m)

p (”m)

ℓ (”m)

0,3

0,9

0,7

0,8

0,6

0,5

0,4

0,2

0,1

3000

2500

2000

1500

1000

500

(b) Évolution de P2 =αc

Dc

(a) Évolution de P1 =

∣

∣D‖ −D⊄

∣

∣

Dc

Fig. 5.9 – Évolution des paramĂštres P1 et P2 en fonction des caractĂ©ristiques des dĂ©fauts

5.4.3.1 Le paramĂštre P1 = |D‖−D⊄|Dc

Le paramĂštre P1 rĂ©alise le rapport entre, d’une part la diffĂ©rence entre les dynamiques des deuxmodes parallĂšles et perpendiculaires, d’autre part la dynamique du mode combinĂ©. Cette derniĂšreĂ©tant nĂ©cessairement plus grande que les dynamiques non combinĂ©es, ce rapport est donc normalisĂ©

7Sur cette figure ainsi que sur les suivantes, les dĂ©fauts d’orientation o3 sont ceux de longueur Ă©gale Ă  100 ”m, soitles trois premiers en partant de la gauche. Les suivants correspondent effectivement Ă  l’orientation marquĂ©e en lĂ©gende,Ă  savoir o1 pour la courbe bleue Ă  croix et o2 pour la courbe rouge Ă  ronds.

De mĂȘme, cette figure et toutes les figures suivantes prĂ©sentant l’évolution des paramĂštres en fonction des caractĂ©ris-tiques des dĂ©fauts inspectĂ©s correspondent Ă  des acquisitions effectuĂ©es dans les mĂȘmes conditions de mesure :

– sonde Ă  bobines micromoulĂ©es ;– stratĂ©gie d’émission-rĂ©ception ERE− ;– frĂ©quence des courants d’excitation Ă©gale Ă  5 MHz.

5.4. L’INVERSION 99

et toujours compris entre 0 et 1. Lorsque l’une des deux sondes est privilĂ©giĂ©e, c’est-Ă -dire possĂšdeune orientation principale proche de celle du dĂ©faut, la combinaison des signaux CF devient semblableau signal CF de la sonde privilĂ©giĂ©e : ce rapport est alors proche de 1. Dans le cas contraire et plusparticuliĂšrement lorsque l’orientation du dĂ©faut est situĂ©e Ă  45˚ de chacune des deux sondes, ce rapportest normalement proche de 0, car les deux signaux non combinĂ©s et donc les dynamiques D‖ et D⊄sont comparables.

La figure 5.9-a, reprĂ©sente l’évolution du paramĂštre P1 et montre qu’il est possible d’identifieraisĂ©ment l’orientation o1. En effet, une valeur de sĂ©paration fixĂ©e Ă  0,4 donne de bons rĂ©sultats expĂ©-rimentaux. Cependant, l’utilisation unique de ce paramĂštre ne permet pas de diffĂ©rencier les dĂ©fautsd’orientation o2 et o3.

5.4.3.2 Le paramÚtre P2 = αc/Dc

Il a Ă©tĂ© observĂ© (cf. la sous-section suivante) que la dynamique et l’angle d’inclinaison des signaturesCF varient de façon affine en fonction de la profondeur p et de ℓ. Leurs Ă©volutions ne sont pas identiques.En particulier, si l’évolution en fonction de p pour ℓ fixĂ©e est une fonction affine croissante dans lesdeux cas, l’évolution en fonction de ℓ pour p fixĂ©e est une fonction affine, respectivement dĂ©croissanteet croissante dans le cas de αc et de Dc. L’idĂ©e est alors que le rapport αc/Dc a le double intĂ©rĂȘt d’ĂȘtrefaiblement influencĂ© par p et fortement par ℓ. Les sens de variation de αc, Dc et P2 sont rĂ©sumĂ©s parle tableau 5.1.

ℓ

αc

Dc

αc

Dc

Tab. 5.1 – Variation des paramĂštres en fonction de la longueur ℓ du dĂ©faut, Ă  profondeur p fixĂ©e

L’évolution du paramĂštre P2 sur la figure 5.9-b montre qu’une valeur importante de ce paramĂštrecorrespond Ă  une longueur faible, indĂ©pendamment de la profondeur du dĂ©faut. À largeur fixe, celasignifie qu’au-delĂ  d’un seuil de sĂ©paration, le paramĂštre P2 indique que le dĂ©faut possĂšde une surfacedĂ©bouchante carrĂ©e, sans orientation principale.

Il est ainsi possible grĂące Ă  ce deuxiĂšme paramĂštre de dĂ©terminer si la classe de l’orientation dudĂ©faut dĂ©tectĂ© est o3 ou non. Une valeur de sĂ©paration peut donc ĂȘtre prĂ©alablement Ă©tablie uniquementen fonction des conditions de mesure.

5.4.4 Estimation de la profondeur et de la longueur

Une fois l’orientation dĂ©tectĂ©e, la profondeur et la longueur peuvent Ă  leur tour ĂȘtre estimĂ©es. Cettefois, il ne s’agit pas d’une classification mais d’une estimation continue. Les profondeurs et longueursestimĂ©es peuvent prendre un nombre infini de valeurs au sein d’une plage rĂ©aliste.

Pour ce faire, l’angle d’inclinaison ainsi que la dynamique des signatures CF combinĂ©es sont utili-sĂ©s. Leur Ă©volution en fonction des caractĂ©ristiques des dĂ©fauts est reprĂ©sentĂ©e Ă  la figure 5.10, dans

100 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

les mĂȘmes conditions que celles de la figure 5.9. Ces Ă©volutions ont en commun qu’une valeur de para-mĂštre ne correspond pas Ă  une valeur unique des caractĂ©ristiques des dĂ©fauts inspectĂ©s. Il n’est doncpas possible de dĂ©terminer la profondeur ou la longueur uniquement Ă  partir d’un seul de ces deuxparamĂštres. Il est nĂ©anmoins possible d’établir un modĂšle inverse Ă  partir de l’ensemble de ces deuxparamĂštres.

100

200

400

100

200

100

400

200

400

100

200

400

100

200

400

100 200 600 800400

p (”m)

ℓ (”m)

o3

0

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

100

200

400

100

200

100

400

200

400

100

200

400

100

200

400

100 200 600 800

o2o1

400

p (”m)

ℓ (”m)

o3

50

75

70

65

55

60

80

(a) Évolution de αc (b) Évolution de Dc

Fig. 5.10 – Évolution des paramĂštres αc et Dc en fonction des caractĂ©ristiques des dĂ©fauts

5.4.4.1 Variations de l’angle d’inclinaison

L’évolution en « dents de scie » de l’angle d’inclinaison αc est en rĂ©alitĂ© une fonction bilinĂ©aireĂ  deux variables, affine pour chacune des deux variables. En effet, la figure 5.11-a montre que pourune valeur de ℓ fixĂ©e, la variation de αc est une fonction affine de p. La figure 5.11-b montre quepour une valeur de p fixĂ©e, la variation de αc est aussi une fonction affine de ℓ. Les droites d’équationαc

∣∣ℓ=cste

= fℓ(p) ont toutes la mĂȘme origine et une pente qui dĂ©pend de la valeur de ℓ. Les droitesd’équation αc

∣∣p=cste

= gp(ℓ) ont elles une pente et une origine dĂ©pendant de la valeur de p. Il est parconsĂ©quent possible d’écrire

αc

∣∣ℓ=cste

= A1(ℓ) p+B1

αc

∣∣p=cste

= A2(p) ℓ+B2(p)

Ces deux Ă©quations permettent d’obtenir une relation globale entre l’angle d’inclinaison de la signatureCF et les profondeur et longueur du dĂ©faut inspectĂ©

Cα,1 αc + Cα,2 ℓ p+ Cα,3 p+ Cα,4 = 0 (5.1)

5.4.4.2 Variations de la dynamique

L’évolution de la dynamique principale des signatures CF est prĂ©sentĂ©e Ă  la figure 5.12. Ici aussi, ilest possible de trouver des relations affines Ă  coefficients variables entre la dynamique et chacune desdeux dimensions des dĂ©fauts inspectĂ©s. De mĂȘme que pour l’angle d’inclinaison, les droites d’équationDc

∣∣ℓ=cste

= f â€Čℓ(p) ont toutes la mĂȘme origine et une pente qui dĂ©pend de la valeur de ℓ ; les droitesd’équation Dc

∣∣p=cste

= gâ€Čp(ℓ) ont elles une pente et une origine dĂ©pendant de la valeur de p. Il est

5.4. L’INVERSION 101

o2o1

200

100

400

100

200

100

200

400

400

100

200

400

400

100

200 p (”m)

ℓ (”m)100 200 400 600 800

o3

80

75

70

60

50

65

55

200

100

400

100

200

100

200

400

400

100

200

400

400

100

200 p (”m)

ℓ (”m)100 200 400 600 800

80

75

70

60

50

65

55

o3

(a) Évolution pour des longueurs ℓ constantes (b) Évolution pour des profondeurs p constantes

Fig. 5.11 – Évolution du paramĂštre αc pour des caractĂ©ristiques de dĂ©fauts alternativement fixĂ©es

encore une fois possible d’écrire

Dc

∣∣ℓ=cste

= Aâ€Č1(ℓ) p+Bâ€Č1Dc

∣∣p=cste

= Aâ€Č2(p) ℓ+Bâ€Č2(p)

soit

CD,1Dc + CD,2 ℓ p+ CD,3 p+ CD,4 = 0 (5.2)

o2o1

200

100

400

100

200

100

200

400

400

100

200

400

400

100

200 p (”m)

ℓ (”m)100 200 400 600 800

o3

0

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

200

100

400

100

200

100

200

400

400

100

200

400

400

100

200 p (”m)

ℓ (”m)100 200 400 600 800

0

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

o3

(a) Évolution pour des longueurs ℓ constantes (b) Évolution pour des profondeurs p constantes

Fig. 5.12 – Évolution du paramĂštre Dc pour des caractĂ©ristiques de dĂ©fauts alternativement fixĂ©es

La dynamique secondaire dc est Ă©galement exploitable Ă  la place de la dynamique principale. LemodĂšle Ă  adopter serait Ă©quivalent au prĂ©cĂ©dent. La similaritĂ© des Ă©volutions respectives de ces deuxparamĂštres entraĂźne que leur utilisation simultanĂ©e n’amĂ©liore pas significativement les rĂ©sultats desestimations. De plus, la dynamique secondaire est moins robuste que la dynamique principale vis-Ă -visdu facteur de dĂ©cimation : les rĂ©sultats des estimations Ă  partir de la dynamique secondaire sont plusrapidement dĂ©gradĂ©s. Par consĂ©quent, seuls la dynamique principale et l’angle d’inclinaison ont Ă©tĂ©choisis pour ĂȘtre utilisĂ©s dans l’algorithme d’inversion.

102 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

5.4.4.3 ModĂšle direct, modĂšle inverse

Les Ă©quations 5.1 et 5.2 constituent un systĂšme de deux Ă©quations non linĂ©aires Ă  deux inconnues,pour des valeurs de αc et Dc dĂ©terminĂ©es par la paramĂ©trisation de la signature CF considĂ©rĂ©e. LesĂ©quations, d’origine diffĂ©rentes, sont indĂ©pendantes entre elles : ce systĂšme est a priori inversible.

Le modĂšle inverse est obtenu par l’inversion de ce systĂšme. Il vient, par Ă©limination des termes enp× ℓ

p =(Cα,1 αc + Cα,4) CD,2 − (CD,1Dc + CD,4) Cα,2

Cα,2CD,3 − Cα,3CD,2(5.3)

Cette expression montre la relation affine existant entre p et les paramĂštres αc et Dc, les coefficientsĂ©tant constants. Il est donc Ă©quivalent d’écrire

p = Cp,1 αc + Cp,2Dc + Cp,3 (5.4)

Par factorisation des p et division membre à membre des deux équations du systÚme, il vient unerelation définissant la longueur estimée en fonction des paramÚtres

(CD,1Dc + CD,4)(Cα,2 ℓ+ Cα,3

)= (Cα,1 αc + Cα,4)

(CD,2 ℓ+ CD,3

)

ou encore

ℓ = −(Cα,1 αc + Cα,4) CD,3 − (CD,1Dc + CD,4) Cα,3(Cα,1 αc + Cα,4) CD,2 − (CD,1Dc + CD,4) Cα,2

(5.5)

Contrairement Ă  l’équation 5.3, cette Ă©quation n’est pas une relation linĂ©aire et n’est pas simplifiabledans son Ă©criture.

Les Ă©quations 5.3 et 5.4 dĂ©finissent le modĂšle inverse qui est mis en Ɠuvre au sein de l’algorithmede caractĂ©risation. Elles permettent d’estimer la profondeur et la longueur d’un dĂ©faut Ă  partir desvaleurs des paramĂštres αc et Dc de la signature CF correspondant Ă  ce dĂ©faut. Les coefficients de cesĂ©quations sont des constantes, dĂ©finies pour un jeu de conditions de mesure.

5.4.5 Utilisation d’informations a priori

Les modĂšles directs reliant les caractĂ©ristiques des dĂ©fauts aux paramĂštres des signatures ne sontpas exacts, et l’inversion amplifie ces inexactitudes. Cela engendre des rĂ©sultats d’estimation qui restentperfectibles. La connaissance de certaines spĂ©cificitĂ©s de l’application Ă©tudiĂ©e permettent d’amĂ©liorerces rĂ©sultats, grĂące Ă  l’utilisation de ces informations a priori.

5.4.5.1 Prise en compte des spécificités des défauts

Les caractéristiques réelles des défauts inspectés pour cette étude permettent de déterminer defaçon arbitraire quelques contraintes :

– La longueur des dĂ©fauts dĂ©tectĂ©s et classĂ©s comme Ă©tant d’orientation o3 est normalement prochede leur largeur, c’est-Ă -dire ici 100 ”m. Si ce n’est pas le cas, il est possible de l’en rapprocherfortement8.

8Par exemple, il est possible de prendre une moyenne pondĂ©rĂ©e entre l’estimation trouvĂ©e et 100 ”m, avec un poidsplus ou moins important pour la deuxiĂšme valeur selon le degrĂ© de confiance accordĂ© Ă  l’estimation de l’orientation.

5.4. L’INVERSION 103

– Il est possible de dĂ©terminer une longueur minimale de dĂ©fauts ne pouvant statistiquement plusĂȘtre dĂ©tectĂ©s. Si la longueur estimĂ©e est infĂ©rieure Ă  cette longueur, il convient de la corriger. Auminimum, cette longueur minimale sera naturellement nulle9.

– De mĂȘme, une profondeur minimale de dĂ©fauts peut ĂȘtre Ă©tablie. Une profondeur estimĂ©e plusfaible pourra alors ĂȘtre corrigĂ©e10.

– En termes de longueur maximale de dĂ©faut, il est aussi possible de se fixer une limite, par exemplela taille de la zone spatiale de mesure. Une longueur estimĂ©e plus grande doit alors ĂȘtre corrigĂ©e.

– Une profondeur maximale, par exemple Ă©gale Ă  l’épaisseur de la piĂšce inspectĂ©e, peut ĂȘtre aussidĂ©terminĂ©e.

Ces deux derniĂšres corrections n’ont pas Ă©tĂ© nĂ©cessaire pour cette Ă©tude, les estimations des dimensionsn’ayant jamais dĂ©passĂ© ces limites.

5.4.5.2 Prise en compte de la détection

Les conditions de laboratoire des acquisitions effectuĂ©es permettent d’appliquer l’inversion de façonaveugle sur tous les signaux CF acquis. La prĂ©sence des dĂ©fauts est en effet connue et la moitiĂ© dessignaux CF correspond par dĂ©finition Ă  un dĂ©faut sur une zone prĂ©cisĂ©ment dĂ©limitĂ©e, tandis quel’autre moitiĂ© correspond Ă  des zones sans dĂ©faut.

Cependant, dans une mise en Ɠuvre rĂ©elle oĂč la prĂ©sence des dĂ©fauts est inconnue par avance, iln’est pas logique de paramĂ©triser des signaux CF n’ayant pas entraĂźnĂ© de dĂ©tection. Par consĂ©quent,seuls les signaux pour lesquels l’algorithme de dĂ©tection a donnĂ© une rĂ©ponse positive ont Ă©tĂ© proposĂ©sĂ  l’algorithme de caractĂ©risation.

De plus, l’estimation dĂ©pend fortement de la qualitĂ© du signal CF, de mĂȘme que la dĂ©tection. LesrĂ©sultats de l’inversion ne peuvent ĂȘtre corrects si le signal CF a donnĂ© prĂ©cĂ©demment lieu Ă  une nondĂ©tection.

5.4.5.3 Augmentation de la dynamique pour compenser la décimation

Comme cela a Ă©tĂ© vu Ă  la sous-section 3.4, le processus d’échantillonnage spatial engendre une pertemoyenne en termes de dynamique des signaux CF (cf. figure 3.15). Cette perte est statistiquementquantifiable et constante pour l’ensemble des dĂ©fauts : il est donc possible de la compenser a priori,artificiellement, par une multiplication aveugle d’un coefficient constant. Le coefficient doit ĂȘtre dĂ©finiprĂ©alablement et ne dĂ©pend que des conditions de mesure.

Cela suppose nĂ©anmoins de connaĂźtre le facteur de dĂ©cimation des signaux CF Ă  inverser ou le pasd’échantillonnage spatial des acquisitions rĂ©alisĂ©es en pratique.

5.4.5.4 Augmentation de la dynamique pour les dĂ©fauts d’orientation estimĂ©e o2

La figure 5.12 montre que pour des dĂ©fauts de mĂȘmes dimensions, leur orientation engendre unediffĂ©rence dans la dynamique mesurĂ©e : cette dynamique est, pour un dĂ©faut d’orientation o1, systĂ©-matiquement supĂ©rieure Ă  celle d’un mĂȘme dĂ©faut situĂ© dans l’orientation o2. Le rapport de ces deuxdynamiques est par ailleurs constant et indĂ©pendant des dimensions des dĂ©fauts considĂ©rĂ©s : il estdonc possible de compenser cette diminution par la multiplication d’un coefficient prĂ©rĂ©glĂ©, appliquĂ©e

9Dans ces travaux, il a Ă©tĂ© vu que les performances de dĂ©tection restent correctes pour des facteurs de dĂ©cimationinfĂ©rieurs Ă  7 et la longueur estimĂ©e doit uniquement ĂȘtre positive. Au-delĂ , il est possible de supposer que les longueursinfĂ©rieures Ă  50 ”m sont difficilement dĂ©tectĂ©es. Le choix a Ă©tĂ© pris de faire confiance au rĂ©sultat de la dĂ©tection, mais ilserait envisageable de faire davantage confiance au rĂ©sultat de l’estimation de longueur.

10Les valeurs utilisĂ©es pour les corrections des estimations de longueur peuvent ĂȘtre reprises ici.

104 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

Ă  tous les dĂ©fauts dont l’orientation aura Ă©tĂ© estimĂ©e comme Ă©tant o2. De mĂȘme, l’angle d’inclinaisondes signatures CF est lĂ©gĂšrement affaibli entre les deux types d’orientations. L’ajout d’une constantepermet de corriger cela.

L’effet secondaire de cette optimisation est qu’une mauvaise dĂ©tection de la classe de l’orientationaura certainement des rĂ©percussions difficilement quantifiables sur l’exactitude de l’estimation desdimensions.

5.4.6 Le schĂ©ma global de l’algorithme

L’algorithme d’inversion est totalement dĂ©fini par les sous-sections prĂ©cĂ©dentes. Ont Ă©tĂ© abordĂ©essuccessivement les dĂ©finitions des paramĂštres choisis des signaux CF et celles des caractĂ©ristiques desdĂ©fauts Ă  estimer, les mĂ©thodes d’estimation de ces caractĂ©ristiques et les possibilitĂ©s d’affinage del’algorithme. Toutes ces considĂ©rations sont synthĂ©tisĂ©es dans le schĂ©ma global de l’algorithme decaractĂ©risation donnĂ© Ă  la figure 5.13. L’ensemble des coefficients Ci, Cα,i, CD,i et Cp,i y figurant sontdes coefficients Ă  rĂ©gler. Ils ne dĂ©pendent que des conditions de mesure.

Estimation

des dimensions

si o = o2, +C3

si o = o2, ×C4

×C2

ℓ

Corrections

si o = o3 et ℓ 6= 100 ”m, moyenne avec 100 ”m

Estimation de

l’orientation

o

p

ℓ

o

o2o1

si oui< 0, 4

si oui si non

< C1

si nonnd

p

P2 = αc

Dcαc DcP1 =

|D‖−D⊄|Dc

ParamĂštres

si ℓ < ℓmin, ℓmin

−(Cα,1 αc+Cα,4)CD,3−(CD,1Dc+CD,4)Cα,3(Cα,1 αc+Cα,4)CD,2−(CD,1Dc+CD,4)Cα,2

si p < pmin, pmin

o3

Cp,1 αc + Cp,2Dc + Cp,3

Fig. 5.13 – Algorithme d’inversion

5.4.7 RĂ©glage des coefficients

Le rĂ©glage des coefficients doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© comme un Ă©talonnage de l’appareil. Ces coefficientsdĂ©pendent en effet uniquement des conditions de mesure, Ă  savoir la technologie de microbobinesutilisĂ©e, la stratĂ©gie d’émission-rĂ©ception mise en Ɠuvre et la frĂ©quence des courants d’excitation. Ilest donc possible de les dĂ©terminer Ă  l’avance, Ă  l’aide d’un jeu d’acquisitions correspondant Ă  des

5.4. L’INVERSION 105

dĂ©fauts calibrĂ©s et de conserver ces coefficients pour l’estimation Ă  partir de nouvelles acquisitions.

Les coefficients Ci sont dĂ©terminĂ©s par l’observation des donnĂ©es correspondantes. Les coefficientsC1, C3 et C4 sont calculĂ©s Ă  partir des paramĂštres de l’ensemble des signatures CF avant dĂ©cimation.Le coefficient C2 est lui calculĂ© par comparaison entre ces paramĂštres et les paramĂštres des signaturesCF aprĂšs dĂ©cimation, pour une valeur de facteur de dĂ©cimation ou de pas d’échantillonnage spatialdonnĂ©.

Les coefficients Cα,i, CD,i et Cp,i sont calculĂ©s par la recherche des fonctions affines reliant lesdimensions des dĂ©fauts inspectĂ©s aux paramĂštres des signatures CF avant dĂ©cimation, respectivementd’équations 5.1, 5.2 et 5.4.

Les Ă©quations recherchĂ©es sont des Ă©quations d’hyperplans dans les espaces formĂ©s par l’ensembledes variables. La dĂ©termination de ces hyperplans est similaire Ă  la dĂ©termination de la droite principalepour la signature CF, expliquĂ©e Ă  la sous-section 3.1.3. Pour l’obtention des coefficients de l’équation 5.4dĂ©finissant la profondeur des dĂ©fauts Ă  partir des paramĂštres des signatures CF, l’estimation est rĂ©alisĂ©epar l’estimateur des moindres carrĂ©s ordinaires, minimisant la somme des carrĂ©s des erreurs p− p. Lecalcul complet nĂ©cessite une Ă©criture sous forme matricielle de l’équation de minimisation[Wikc]. Lescoefficients sont alors obtenus par l’équation

Cp =(XtX

)−1Xt ~p

oĂč Cp est un vecteur colonne contenant les estimations des coefficients Cp,i, ~p un vecteur colonnecontenant les valeurs connues des profondeurs p pour l’ensemble des dĂ©fauts inspectĂ©s. X est unematrice de trois colonnes contenant les valeurs des angles d’inclinaison dans la premiĂšre colonne, lesvaleurs des dynamiques principales dans la seconde colonne et des 1 dans la derniĂšre colonne, soit

X =(−→αc−→Dc ~1

)

Pour l’obtention des autres coefficients, les Ă©quations 5.1 et 5.2 n’ont un sens que si Cα,1 et CD,1

sont non nuls. En les choisissant Ă©gaux Ă  -1, il vient

αc = Cα,2 ℓ p+ Cα,3 p+ Cα,4Dc = CD,2 ℓ p+ CD,3 p+ CD,4

Ces Ă©quations sont alors similaires Ă  l’équation 5.4, ce qui permet d’écrire

Cα =(XtX

)−1Xt−→αc

CD =(XtX

)−1Xt−→Dc

avec dans les deux cas

X =( −−−→p× ℓ −→p ~1

)

Ces coefficients sont obtenus Ă  partir des acquisitions considĂ©rĂ©es pour l’étalonnage. Il s’agit icides acquisitions originales, avant dĂ©cimation, pour un pas d’échantillonnage spatial Ă©gal Ă  100 ”m. Lescoefficients sont rĂ©glĂ©s « une fois pour toutes ». L’algorithme ainsi rĂ©alisĂ© peut ensuite ĂȘtre appliquĂ©sur les acquisitions aprĂšs dĂ©cimation, qui reprĂ©sentent ce qui peut ĂȘtre obtenu de façon plus rĂ©alistepar des acquisitions de durĂ©e rĂ©duite car avec un pas d’échantillonnage spatial plus important. Pourun pas d’échantillonnage Ă©gal Ă  la largeur d’une microbobine et dans le cas d’une sonde matricielle Ă deux dimensions, cette durĂ©e d’acquisition sera mĂȘme tout Ă  fait nĂ©gligeable grĂące Ă  l’annulation desdĂ©placements mĂ©caniques.

106 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

5.5 Erreurs d’estimation

L’algorithme d’inversion doit ĂȘtre enfin Ă©valuĂ©. Plusieurs mĂ©thodes existent pour quantifier laqualitĂ© de l’inversion. L’erreur est en gĂ©nĂ©ral calculĂ©e pour chaque Ă©chantillon de test, et la moyennedes erreurs ainsi que leur Ă©cart-type dĂ©terminent respectivement la prĂ©cision et la dispersion statistiquedes estimations. Les mĂ©thodes varient dans la modification des coefficients.

5.5.1 Les mĂ©thodes pour quantifier la qualitĂ© de l’inversion

Une premiĂšre mĂ©thode appelĂ©e resubstitution[AB86] consiste Ă  calculer les coefficients en prenanten compte l’ensemble des signaux acquis, et Ă  garder ces coefficients inchangĂ©s pour Ă©valuer les per-formances d’estimation sur les mĂȘmes signaux. Cette mĂ©thode, simple Ă  mettre en Ɠuvre, est souventcritiquĂ©e parce qu’elle ne prend pas en considĂ©ration le comportement de l’algorithme lorsqu’un casde figure inconnu est rencontrĂ©.

Une seconde mĂ©thode, appelĂ©e Leave one out (« laissez-en un seul », LOO)[FH89], fait partie desmĂ©thodes de validation croisĂ©e. Il s’agit de calculer les coefficients grĂące Ă  l’ensemble des Ă©chantillonssauf un, et de calculer ensuite l’erreur d’inversion commise sur ce dernier. L’opĂ©ration est exĂ©cutĂ©e Ă nouveau pour chaque Ă©chantillon. Cette mĂ©thode a la particularitĂ© d’engendrer mathĂ©matiquement unestimateur sans biais de l’erreur d’estimation. Son principal inconvĂ©nient est le temps de calcul requis,car les coefficients de l’algorithme doivent ĂȘtre dĂ©terminĂ©s autant de fois qu’il y a d’échantillons.

Une troisiĂšme mĂ©thode, la mĂ©thode K-fold[Koh95] («K pliages ») est une extension de la mĂ©thodeLOO, nĂ©cessitant un temps de calcul plus faible. Elle « plie » en K parties l’ensemble des Ă©chantillons,et applique la mĂ©thode LOO partie par partie. Il est ainsi nĂ©cessaire de recalculer les coefficients del’algorithme uniquement K fois. Les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© montrĂ©s comme Ă©quivalents Ă  ceux de la mĂ©thodeLOO lorsque K > 10.

Dans le cas de cette Ă©tude, il est Ă  la fois plus simple et plus rĂ©aliste d’appliquer une autre mĂ©thode.En effet, les mĂ©thodes dĂ©crites ci-dessus sont particuliĂšrement utiles lorsque les acquisitions font partiesimultanĂ©ment des bases d’apprentissage et de test. Ce n’est pas le cas ici, car les acquisitions prises encompte dans le calcul des coefficients de l’algorithme, acquisitions constituant la base d’apprentissage,sont les signaux CF avant dĂ©cimation. L’algorithme est ensuite appliquĂ©, sans modifier ses coefficients,Ă  l’ensemble des signaux aprĂšs dĂ©cimation, pour un facteur de dĂ©cimation donnĂ©. Il ne s’agit donc pasd’un calcul d’erreur en resubstitution, car l’erreur d’estimation des caractĂ©ristiques est calculĂ©e sur unensemble de signaux diffĂ©rents de ceux de la base d’apprentissage.

5.5.2 Erreur de classification de l’orientation

L’estimation de l’orientation consiste en une classification au sein de trois classes, explicitĂ©es Ă  lasous-section 5.4.3. L’erreur de classification n’est donc pas continue mais boolĂ©enne, de valeur nulleou positive. L’erreur globale peut ĂȘtre alors dĂ©finie comme le ratio des erreurs commises sur le nombretotal des Ă©chantillons de test. Le tableau 5.2 donne ces valeurs en fonction du facteur de dĂ©cimation,dans les conditions de mesure utilisĂ©es Ă  partir de la figure 5.9.

L’erreur de classification est nĂ©gligeable jusqu’à nd = 4 et reste infĂ©rieure Ă  5% pour un facteur dedĂ©cimation infĂ©rieur Ă  6, soit un pas d’échantillonnage spatial Ă©gal Ă  600 ”m. Au-delĂ , le pourcentaged’erreur devient grand. Pour un facteur de dĂ©cimation Ă©gal Ă  10 correspondant Ă  un pas d’échantillon-nage spatial Ă©gal Ă  1 mm ou une acquisition sans dĂ©placement mĂ©canique pour une sonde matricielle,prĂšs d’un dĂ©faut correctement dĂ©tectĂ© sur trois est classĂ© sur une orientation qui n’est pas la sienne.Cela pose un grave problĂšme dans le sens oĂč l’estimation des dimensions dĂ©pend de ce rĂ©sultat.

5.5. ERREURS D’ESTIMATION 107

Facteur de décimation nd 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Nombre total d’acquisitions 120 270 480 750 1080 1470 1920 2430 3000

Nombre de détections positives 118 268 478 726 1044 1425 1772 2194 2581

Nombre d’orientations0 0 3 17 51 122 278 528 794

non correctement classées

Pourcentage d’erreurs de0% 0% 0,6% 2,3% 4,9% 8,6% 15,7% 24,1% 30,8%

classification d’orientation

Tab. 5.2 – Erreur de classification de l’orientation en fonction du facteur de dĂ©cimation

5.5.3 Erreur d’estimation des dimensions

L’erreur est dĂ©terminĂ©e, comme expliquĂ© Ă  la sous-section 5.5.1, en prenant en compte l’ensembledes acquisitions. La figure 5.14 montre ces erreurs d’estimation des profondeurs et des longueurs desdĂ©fauts inspectĂ©s, pour un facteur de dĂ©cimation Ă©gal Ă  2, Ă  5, Ă  7 et Ă  10. Elle prĂ©sente les histogrammesde ces erreurs, c’est-Ă -dire le nombre d’acquisitions correspondant Ă  l’erreur portĂ©e en abscisse. Afin derester comparables indĂ©pendamment du facteur de dĂ©cimation et donc du nombre total d’acquisitions,les ordonnĂ©es de ces histogrammes sont donnĂ©es en pourcentage du nombre total d’acquisitions ayantengendrĂ© une dĂ©tection positive.

La figure 5.14 montre que la profondeur est assez bien estimĂ©e, avec une erreur p− p infĂ©rieure envaleur absolue Ă  50 ”m pour presque toutes les acquisitions Ă  nd = 2 et nd = 5. Cette erreur resteencore trĂšs infĂ©rieure Ă  100 ”m pour nd = 7. Enfin, pour nd = 10, la majoritĂ© des estimations donneune erreur comprise dans l’intervalle [−150 ”m,75 ”m].

La longueur est moins correctement estimĂ©e. En effet, si un facteur de dĂ©cimation nd = 2 permetd’obtenir une erreur d’estimation ℓ − ℓ infĂ©rieure en valeur absolue Ă  100 ”m, ce qui est encore trĂšscorrect, il faut compter sur une erreur infĂ©rieure Ă  150 ”m pour nd = 5 et Ă  200 ”m pour nd = 7.L’estimation de la longueur pour nd = 10 donne un grand nombre d’erreurs trĂšs importantes. Lacause de cette difficultĂ© d’obtenir une bonne estimation de la longueur vient principalement de lanon-linĂ©aritĂ© de l’équation 5.5 dĂ©finissant ℓ. Une erreur rĂ©alisĂ©e sur l’un des deux paramĂštres choisisprovoque une erreur d’estimation bien plus importante que pour la profondeur des dĂ©fauts.

Afin de synthĂ©tiser les histogrammes de la figure 5.14, il est d’usage de calculer la moyenne et l’écart-type de l’erreur d’estimation, qui dĂ©terminent respectivement la prĂ©cision et la dispersion statistiquedes estimations. Le tableau 5.3 contient l’ensemble de ces valeurs, en fonction du facteur de dĂ©cimation.

Il apparaĂźt dans ce tableau que l’algorithme a une tendance Ă  surestimer en moyenne les dimensionsdes dĂ©fauts. Cela est principalement dĂ» Ă  l’effet non symĂ©trique du seuillage infĂ©rieur des dimensions,qui corrige des valeurs sous-estimĂ©es aberrantes, et introduit un biais moyen de sur-estimation. Sansce seuillage, l’erreur d’estimation aurait un biais beaucoup plus faible voire nul, mais des valeursnĂ©gatives de dimensions estimĂ©es seraient donnĂ©es en rĂ©sultat, ce qui est absurde.

NĂ©anmoins, l’erreur systĂ©matique est trĂšs correcte pour l’estimation de la profondeur, quel quesoit le facteur de dĂ©cimation : une dĂ©viation de 30 ”m peut encore ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme faiblecomparativement Ă  la plus petite profondeur des dĂ©fauts inspectĂ©s, qui vaut seulement 100 ”m. Lesvaleurs des Ă©carts-types de ces estimations montrent que l’algorithme mis en Ɠuvre fonctionne trĂšsbien pour l’estimation de la profondeur des dĂ©fauts, au moins jusqu’à un facteur de dĂ©cimation Ă©gal Ă 7, soit un pas d’échantillonnage spatial Ă©gal Ă  700 ”m.

En ce qui concerne l’estimation de la longueur, les observations de la figure 5.14 sont confirmĂ©es :les rĂ©sultats sont nettement moins bons que pour l’estimation de la profondeur des dĂ©fauts. Il faut

108 CHAPITRE 5. INVERSION ET CARACTÉRISATION

00

Pou

rcen

tage

des

déf

au

ts

-200 -100 0 100 200 -200-500 0 200 5000 0

Pou

rcen

tage

des

déf

au

ts

-200 -100 0 100 200 -200 0 200 5000 0

Pou

rcen

tage

des

déf

au

ts

-200 -100 100 200 -200-500 0 200 4000

8

16

24

32

0

8

16

24

32

40 40

Pou

rcen

tage

des

déf

au

ts

nd = 2

nd = 5

nd = 7

nd = 10

30

24

18

12

6 6

12

18

24

30

30

24

12

6

18

30

24

18

12

6

20

18

12

8

4 4

8

12

18

20

-300 -150 150 300

0

Erreur sur l’estimation Erreur sur l’estimation

-500

0

de la profondeur (”m) de la longueur (”m)

400 1200 2000-400 0

Fig. 5.14 – Histogramme en pourcentage des erreurs p − p sur la profondeur estimĂ©e et ℓ − ℓ sur lalongueur estimĂ©e, pour un facteur de dĂ©cimation Ă©gal Ă  2, 5, 7 et 10

cependant souligner que la longueur est une dimension dont les valeurs considĂ©rĂ©es sont pour les dĂ©fautsinspectĂ©s plus importantes que celles de la profondeur. Les valeurs des erreurs moyennes et des Ă©carts-types sont donc logiquement plus importantes. Ces erreurs moyennes restent par ailleurs assez faiblesdevant la longueur moyenne des dĂ©fauts. Les valeurs des Ă©carts-types sont critiques surtout pour lesdĂ©fauts de faibles dimensions, et il est possible d’affirmer que les longueurs supĂ©rieures Ă  400 ”m sontassez correctement estimĂ©es, jusqu’à un facteur de dĂ©cimation Ă©gal Ă  7. Pour les longueurs plus faibles,l’influence de la longueur sur les signaux CF acquis est trop faible pour permettre une estimationcorrecte.

5.5. ERREURS D’ESTIMATION 109

Facteur de décimation nd 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Valeur moyenne de

l’erreur d’estimation de 0,3 1,6 3,7 8,3 11,9 13,0 13,0 19,3 28,7

la profondeur (”m)

Écart-type de l’erreur

d’estimation de la 31,7 32,2 33,9 37,7 43,8 51,7 57,9 69,9 79,8

profondeur (”m)

Valeur moyenne de

l’erreur d’estimation de 6,0 6,8 9,3 11,2 19,4 35,6 47,1 68,4 83,5

la longueur (”m)

Écart-type de l’erreur

d’estimation de la 78,8 79,8 82,5 105,6 149,3 175,8 272,4 395,6 655,1

longueur (”m)

Tab. 5.3 – Erreur d’estimation des dimensions des dĂ©fauts en fonction du facteur de dĂ©cimation

Conclusion générale

La complexitĂ© grandissante des processus industriels et des piĂšces fabriquĂ©es, les exigences crois-santes en termes de sĂ»retĂ© de fonctionnement ainsi que la volontĂ© d’optimisation de la durĂ©e de viedes piĂšces conduisent Ă  mettre en place des contrĂŽles de qualitĂ© de plus en plus poussĂ©s. L’utilisationdes courants de Foucault (CF) permet un contrĂŽle non destructif (CND) fiable, rapide et peu coĂ»teux.Sa simplicitĂ©, sa robustesse d’utilisation, et son caractĂšre Ă©lectromagnĂ©tique « sans contact » en fontune technique trĂšs utilisĂ©e industriellement depuis plusieurs dĂ©cennies.

Le travail prĂ©sentĂ© dans ce mĂ©moire aborde un cas prĂ©cis mais de grande importance parmi lesapplications du CND par CF. Il s’agit de proposer une alternative aux techniques de ressuage, trĂšsperformantes pour la dĂ©tection des fissures dĂ©bouchantes de faibles dimensions, mais qui devront Ă terme ĂȘtre abandonnĂ©es pour des raisons de normes environnementales. Les fissures submillimĂ©triquesdĂ©bouchantes, qui constituent souvent des amorces de fissures plus grandes, doivent faire l’objet d’uneattention particuliĂšre. Ces fissures sont crĂ©Ă©es en grande partie par l’usinage des piĂšces, c’est-Ă -dire aumoment de la fabrication. Leur dĂ©tection avant la mise en service permet de prĂ©venir la destructiondes piĂšces en fonctionnement et d’augmenter la fiabilitĂ© des produits industriels.

Ce travail a portĂ© sur plusieurs aspects. Tout d’abord, un banc expĂ©rimental a Ă©tĂ© mis en placeĂ  partir d’élĂ©ments existants. L’ensemble du processus d’acquisition a Ă©tĂ© repensĂ© et reconditionnĂ©,depuis les communications entre les diffĂ©rents appareils jusqu’au mode de stockage des donnĂ©es numĂ©-riques acquises. Ceci a permis une trĂšs nette amĂ©lioration du processus de prise de mesure : rapiditĂ©globale multipliĂ©e d’un facteur 5, stabilitĂ© des logiciels, exactitude dans le repositionnement de la sonde,automatisation pour pouvoir effectuer un trĂšs grand nombre de balayages de surface successifs sansintervention humaine. Ce banc expĂ©rimental optimisĂ© permet donc de rĂ©aliser des plans d’expĂ©riencesautomatisĂ©s qui ont Ă©tĂ© abondamment exploitĂ©s au cours de ces travaux de thĂšse. Sa conception auto-rise une grande versatilitĂ© et permettra ainsi son exploitation dans les travaux Ă  venir des laboratoiresLGEP et SATIE.

La sonde CF utilisĂ©e pour les acquisitions est constituĂ©e de trois microbobines carrĂ©es en ligne,Ă  considĂ©rer comme structure Ă©lĂ©mentaire d’une matrice de microbobines Ă  deux dimensions. Deuxtechnologies de microbobines ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es :

– une technologie de type circuit imprimĂ© (CI) rĂ©alisĂ©e industriellement, conduisant Ă  des micro-bobines Ă  8 couches de largeur 2,6 mm qui comportent des pistes larges (de largeur 100 ”m) sur5 spires par couche ;

– une technologie de type micromoulage de cuivre rĂ©alisĂ©e par l’Institut d’Électronique Fondamen-tale, conduisant Ă  des microbobines de largeur 1 mm qui comportent des pistes fines (de largeur5 ”m) sur 40 spires rĂ©parties dans une couche unique.

Cinq stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©es pour cette structure de sonde comportanttrois microbobines. Elles ont Ă©tĂ© mises en Ɠuvre dans l’acquisition de signaux CF par balayage surfa-cique. Les surfaces Ă©valuĂ©es contiennent trente dĂ©fauts parallĂ©lĂ©pipĂ©diques d’orientation et de dimen-sions diffĂ©rentes, dimensions comprises entre 100 ”m et 800 ”m, ainsi que des zones sans dĂ©faut. Lepas d’échantillonnage spatial des balayages a Ă©tĂ© initialement fixĂ© dans le cas de la sonde Ă  bobines

111

112 CONCLUSION GÉNÉRALE

micromoulées à 100 ”m, soit un dixiÚme de la largeur des microbobines.

Le deuxiĂšme aspect important du travail effectuĂ© dans cette thĂšse concerne le prĂ©traitement dessignaux CF acquis. Une mise en forme gĂ©nĂ©rale et automatisĂ©e a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e et permet d’obtenirdes signaux comparables pour l’ensemble des dĂ©fauts. Sa mise en Ɠuvre est « aveugle » : le mĂȘmetraitement est appliquĂ© sans distinction de la mĂȘme façon Ă  tous les signaux CF. Un calcul de rapportsignal sur bruit a permis de quantifier la qualitĂ© des signaux et d’identifier les stratĂ©gies Ă  Ă©missiondiffĂ©renciĂ©e (ERE−) et Ă  rĂ©ception diffĂ©renciĂ©e (RER) comme Ă©tant globalement plus efficaces que lesautres.

Un algorithme original de dĂ©tection a ensuite Ă©tĂ© conçu. Il estime pour chaque signal CF acquis sila surface Ă©valuĂ©e est intacte ou endommagĂ©e. Des tracĂ©s statistiques appelĂ©s CaractĂ©ristiques opĂ©ra-tionnelles de rĂ©ceptioncourbes (COR) reprĂ©sentent pour un grand nombre d’acquisitions la probabilitĂ©de fausse alarme (dĂ©tection de dĂ©faut en absence de dĂ©faut) en fonction de la probabilitĂ© de dĂ©tectioncorrecte (dĂ©tection de dĂ©faut en prĂ©sence de dĂ©faut). Ces courbes, rĂ©alisĂ©es pour un grand ensemblede signaux CF acquis dans les mĂȘmes conditions de mesure, apportent la possibilitĂ© de comparerstatistiquement les stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception et les technologies de microbobines, en termes decapacitĂ© de dĂ©tection. Quatre conclusions ont principalement Ă©tĂ© Ă©tablies :

– la sonde constituĂ©e de bobines micromoulĂ©es offre de meilleures performances de dĂ©tection quecelle constituĂ©e des microbobines CI ;

– les stratĂ©gies ERE− et RER sont les stratĂ©gies les plus efficaces en termes de dĂ©tection desdĂ©fauts ;

– avec la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es, tous les dĂ©fauts peuvent ĂȘtre dĂ©tectĂ©s sans aucune faussealarme, pour un pas d’échantillonnage spatial au plus Ă©gal Ă  la moitiĂ© de la largeur d’une micro-bobine ;

– avec la sonde Ă  bobines micromoulĂ©es, pour un pas d’échantillonnage spatial Ă©gal Ă  la largeurd’une microbobine, le taux d’erreurs (erreurs de dĂ©tection et fausses alarmes ajoutĂ©es) est infĂ©-rieur Ă  15%.

Ce dernier rĂ©sultat de l’algorithme de dĂ©tection s’inscrit dans l’optique de l’utilisation d’une matrice demicrobobines Ă  deux dimensions. Un pas d’échantillonnage spatial Ă©gal Ă  la largeur d’une microbobinecorrespond alors Ă  une acquisition sans dĂ©placement mĂ©canique de la sonde et par suite avec un tempsd’acquisition trĂšs faible : une telle acquisition n’entraĂźne que 15% d’erreurs, ce qui, selon le cahier descharges, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© suffisant.

Pour le dernier point de cette Ă©tude, un autre algorithme original a Ă©tĂ© conçu et utilisĂ© sur lessignaux ayant entraĂźnĂ© dĂ©tection. Il s’agit d’un algorithme de caractĂ©risation ou d’inversion, qui apour but dans le cadre de cette application d’estimer les caractĂ©ristiques gĂ©omĂ©triques des dĂ©fauts,dimensions et orientation. Des paramĂštres ont Ă©tĂ© extraits des acquisitions afin d’ĂȘtre entrĂ©s dansl’algorithme. Cet algorithme est un modĂšle reliant ces paramĂštres aux caractĂ©ristiques des dĂ©fauts,dont les coefficients ont Ă©tĂ© rĂ©glĂ©s prĂ©alablement par une partie des signaux CF acquis, correspondantĂ  un pas d’échantillonnage spatial minimal.

Les estimations ont donnĂ© des rĂ©sultats qui, bien que perfectibles, sont trĂšs encourageants. En effet,la profondeur des dĂ©fauts a Ă©tĂ© trĂšs correctement caractĂ©risĂ©e, avec une prĂ©cision (erreur moyenne)infĂ©rieure Ă  30 ”m mĂȘme pour un pas d’échantillonnage spatial Ă©gal Ă  la largeur d’une microbobine. Ladispersion (Ă©cart-type), de l’ordre de quelques dizaines de micromĂštres, est convenable. En revanche,l’estimation de la longueur des dĂ©fauts dĂ©tectĂ©s n’a Ă©tĂ© correcte que pour un pas d’échantillonnagespatial infĂ©rieur Ă  700 ”m (0,7 fois la largeur d’une microbobine). Au delĂ , l’estimation de la longueurdevient trop imprĂ©cise pour permettre encore la caractĂ©risation correcte des dĂ©fauts d’une longueurinfĂ©rieure Ă  400 ”m.

L’étude rĂ©alisĂ©e pour cette thĂšse et exposĂ©e au sein de ce mĂ©moire apporte une preuve que l’ap-proche multicapteurs pour le CND par CF est viable et utile. En effet, cette approche amĂ©liore nette-

CONCLUSION GÉNÉRALE 113

ment les performances des sondes Ă©quivalentes monocapteurs sur trois points :

– diminution du temps d’acquisition grĂące Ă  la possibilitĂ© de diminution du nombre de points demesure ;

– trĂšs bonne capacitĂ© de dĂ©tection grĂące Ă  un algorithme de dĂ©tection optimisĂ© ;– dimensions et orientation des dĂ©fauts correctement estimĂ©es grĂące Ă  un algorithme d’inversion

spécifique.

Des bases sont ainsi posées pour de futures études de multicapteurs plus complexes à deux dimensions.

En termes de perspectives, de multiples amĂ©liorations pourront ĂȘtre opĂ©rĂ©es au sein de l’instru-mentation. La mise en Ɠuvre d’une amplification des courants d’excitation ou des tensions de mesuredevrait permettre d’augmenter les rapports signal sur bruit. L’utilisation d’un inducteur externe pour-rait autoriser la conception de nouvelles stratĂ©gies d’émission-rĂ©ception ainsi qu’une pĂ©nĂ©tration plusdiffuse des champ Ă©lectromagnĂ©tiques au sein des matĂ©riaux. Des microbobines rĂ©alisĂ©es sur supportsouple Ă  base de Kapton sont d’ores et dĂ©jĂ  disponibles et devraient conduire Ă  de meilleures perfor-mances grĂące Ă  une Ă©paisseur de support plus faible et Ă  une possible conformation aux surfaces nonplanes. Pour les traitements des signaux, un approfondissement des dĂ©veloppements effectuĂ©s dans cetravail pourrait rĂ©sider dans la comparaison de diffĂ©rentes mĂ©thodes d’inversion ou la mise en placede fusion de donnĂ©es, afin d’augmenter la confiance des estimations. Les algorithmes mis en place etles mĂ©thodes utilisĂ©es sont en effet suffisamment gĂ©nĂ©raux pour pouvoir ĂȘtre rĂ©utilisĂ©s dans des Ă©tudesultĂ©rieures.

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Résumé

La complexitĂ© grandissante des processus industriels et des piĂšces fabriquĂ©es, les exigences crois-santes en termes de sĂ»retĂ© de fonctionnement ainsi que la volontĂ© d’optimisation de la durĂ©e de viedes piĂšces conduisent Ă  mettre en place des contrĂŽles qualitĂ© de plus en plus poussĂ©s.

Les fissures submillimĂ©triques dĂ©bouchantes, parmi l’ensemble des anomalies Ă  considĂ©rer, doiventfaire l’objet d’une attention particuliĂšre. Elles constituent en effet souvent des amorces de fissuresplus grandes pouvant entraĂźner la destruction des piĂšces. Les techniques de ressuage sont actuellementlargement utilisĂ©es pour ce type de dĂ©fauts, en raison de leurs bonnes performances. Elles devrontcependant Ă  terme ĂȘtre abandonnĂ©es pour des raisons de normes environnementales. Au sein dessolutions de remplacement envisageables, l’utilisation des courants de Foucault (CF) est pour lespiĂšces conductrices une alternative fiable, rapide et peu coĂ»teuse.

L’étude porte sur la conception et l’utilisation de structures multiĂ©lĂ©ments de sondes CF exploitantdes microcapteurs pour le contrĂŽle non destructif. Une mĂ©thodologie a Ă©tĂ© Ă©tablie afin de mettreau point de telles structures et de comparer leurs performances dans le cadre de la recherche defissures submillimĂ©triques dĂ©bouchantes. Ces structures ont Ă©tĂ© employĂ©es pour l’évaluation de fissurescalibrĂ©es sur un banc d’acquisition spĂ©cialement rĂ©alisĂ©. Des algorithmes originaux de dĂ©tection et decaractĂ©risation de dĂ©fauts ont Ă©tĂ© conçus et mis en Ɠuvre pour les signaux acquis, permettant dedĂ©terminer la structure la plus efficace, de quantifier la qualitĂ© de dĂ©tection des fissures et d’estimerles caractĂ©ristiques gĂ©omĂ©triques de ces dĂ©fauts.

Abstract

The growing complexity of industrial processes and manufactured parts, the increasing need of sa-fety in service and the will of life span optimization, require more and more complex quality evaluationsto be set up.

Among the different anomalies to consider, submillimetric breaking surface notches have to besubject to special care. Indeed, it often constitutes a start to larger notches, which can cause des-truction parts. Penetrant testing is nowadays widely used for that kind of defect, owing to its goodperformances. Nevertheless, it should be eventually dropped because of environmental norms. Amongthe possible substitution solutions, the use of eddy currents (EC) for conductive parts is a reliable,fast and inexpensive alternative.

The study is about the conception and the use of multielements EC probe structures featuringmicrosensors for non destructive testing of surface breaking defects. A methodology has been esta-blished in order to develop such structures and to compare their performances within the frameworkof submillimetric surface breaking notch research. These structures has been employed for calibratednotches evaluation with a specific acquisition bench. Original detection and defect characterizationalgorithms have been designed and implemented on acquired signals. The most efficient structure hasbeen determined, the notch detection quality has been quantified, and the geometric characteristicsof notches has been estimated.


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