Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la
politique ?
Synthèse du débat ouvert du 29 juin 2014 et de témoignages
recueillis durant l’été par les Jeunes Démocrates de l’Isère
Les dernières élections, et en particulier celles de ce printemps 2014, ont donné lieu à une montée
simultanée de l’extrême-droite et de l’abstention en mettant en avant la méfiance croissante
qu’expriment les citoyens vis-à-vis des responsables politiques. Ce sont les mêmes constats que faisait
Jean Lassalle en 2013 lors de sa marche de 8 mois à la rencontre des Français.
En tant que jeunes citoyens engagés en politique, cette actualité nous interpelle et nous avons voulu,
avec les Jeunes Démocrates de l’Isère, organiser un dialogue ouvert qui s’est tenu le 29 juin dernier à
Grenoble pour échanger autour de ce sujet. Nous avons aussi profité de cette réflexion pour lancer la
discussion autour de nous avec des personnes non engagées en politique, dans le but de comprendre
quelles sont les raisons à la base de ce « ras-le-bol » et quelles solutions les citoyens voudraient
proposer.
Si comme l’exprimaient des participants l’heure semble être à la résignation pour une partie des
citoyens (« je n’attends plus rien des politiques »), comme cela a aussi été exprimé, « si les gens ne
votent pas, le vote perd tout son sens » : la démocratie fonctionne avec la participation du peuple. Dès
lors, nous nous sommes interrogés sur ce qui pourrait permettre de rétablir la confiance entre les
citoyens et les politiques, pour recréer le lien entre les deux, et amener les citoyens à être parties
prenantes des décisions politiques.
Animés par ces constats, nous sommes alors allés à la rencontre de jeunes isérois non engagés en
politique à travers tout le département, pour approfondir cette réflexion avec eux, comprendre leur
rapport à la politique et les encourager à s’engager.
Nous vous présentons ici le compte-rendu de toutes les idées échangées, notre contribution pour
répondre à la question : comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ?
2
Table des matières
1/ Moraliser la vie politique ................................................................................................................ 3
1) Des affaires et des attitudes politiciennes qui donnent une image négative de la politique aux citoyens ..... 3
2) Vers une évolution des institutions favorisant l’exemplarité des élus ............................................................. 4
2/ Une autre communication entre les citoyens et les politiques ......................................................... 6
1) Un éloignement des politiques ressenti par les citoyens ................................................................................. 6
2) Montrer une autre image de l’action politique aux citoyens ........................................................................... 8
3) Rendre la réflexion politique plus accessible aux citoyens ............................................................................ 10
3/ Rapprocher les citoyens de la prise de décisions ........................................................................... 14
1) Des citoyens résignés qui aimeraient pouvoir contribuer de façon utile ....................................................... 14
2) La difficulté des politiques à mobiliser les citoyens ....................................................................................... 17
3) Former à l’engagement et l’encourager pour donner une plus grande place à la participation citoyenne .. 19
Conclusion ........................................................................................................................................ 22
Bibliographie / Sources d’inspiration ................................................................................................ 23
3
1/ Moraliser la vie politique
Pour un certain nombre de citoyens, la première réaction exprimée en parlant des politiques est « tous
pourris ». Que veulent dire les citoyens quand ils expriment ce ressenti ? Comment pourrait évoluer le
système politique pour encourager davantage ceux qui s’y engagent aux comportements les plus
constructifs ?
1) Des affaires et des attitudes politiciennes qui donnent une
image négative de la politique aux citoyens
Les affaires qui touchent les responsables politiques sont très mal perçues par l’opinion, en donnant le
sentiment aux citoyens que les politiques sont malhonnêtes.
- Les affaires impliquant les politiques ont pris une grande place dans les médias ces derniers
temps (Cahuzac, Bygmalion, démission récente du ministre Thévenoud suite au non-paiement de
ses impôts…)
- « On a un sentiment « 2 poids, 2 mesures » en terme de justice, que les politiques ne sont pas
responsables de ce qu’ils font »
Les citoyens sont également agacés par le ton des échanges entre responsables politiques. Ils
aimeraient un débat plus constructif, qui permettrait une action politique plus efficace.
- « Il faudrait avant tout arrêter les manœuvres politiques classiques en particulier les postures
d'opposition systématique à toute politique effectuée par un autre parti »
- « Les gens ne votent pas parce qu’ils ont l’impression que les guerres internes sont plus
importantes que les idées »
- « Il faut respecter les dimensions d'une élection. En particulier les élections municipales ne sont
pas un message envers le gouvernement en place. Je trouve insupportable qu'on nous dérobe le
scrutin municipal pour lequel on peut voir souvent concrètement les conséquences de nos choix
électoraux au profit de messages supposément envoyés au pouvoir en place.»
- Sentiment de « formatage », d’une même façon de parler, « l’impression que c’est du cinéma et
qu’il n’y a pas de fond, pas comme De Gaulle qui incarnait ses idées »
- « Avec la compétition entre partis, les politiques croient qu’ils doivent forcément passer leur
temps à critiquer les autres pour être élus. On dirait qu’ils se sentent obligés de passer plus
d’énergie à démonter ce que font les autres qu’à construire un projet et à écouter les citoyens.
Même si les critiques peuvent apporter au débat, elles sont parfois très basses et ces échanges
4
paraissent factices voire stupides du point de vue des citoyens. Il faudrait des échanges plus
constructifs entre les politiques des différents partis. »
Ces affaires et ces attitudes politiciennes déçoivent les citoyens et entraînent un sentiment de « tous
pourris ». Ce mécontentement est une des causes du vote en faveur des extrêmes et de l’abstention (ce
dernier choix étant prisé par ceux qui ne veulent pas voter par les partis de gouvernement tout en
refusant d’aller vers les extrêmes).
L’avis d’un élu sur ce ressenti des citoyens
Si de nombreux citoyens ont cette image négative des politiques en entendant ces affaires dans les
médias, elles ne concernent tout de même qu’une faible part des responsables politiques : tous ne sont
pas à mettre dans le même sac.
- Sur le « tous pourris » : sentiment des élus que les gens ne font pas la part des choses, « on le vit
très mal quand on y consacre du temps et de l’énergie »
- « Il n’y a pas plus de gens malhonnêtes en politique qu’ailleurs, en politique on les voit
simplement plus »
Les affaires qui concernent des politiques impactent ainsi l’image de l’ensemble de la classe politique,
et, ajoutées aux attitudes politiciennes, donnent l’impression aux citoyens que les politiques ne sont pas
sincères. Mais cette image est aussi une souffrance pour les politiques lorsqu’ils sont tenus
collectivement responsables d’attitudes individuelles. Citoyens comme responsables politiques
gagneraient ainsi à ce que le système politique valorise avant tout les attitudes les plus constructives.
2) Vers une évolution des institutions favorisant l’exemplarité des
élus
La moralisation de la vie politique apparaît comme une des priorités à mettre en œuvre pour rétablir le
lien de confiance entre citoyens et politiques, car de par leurs responsabilités, les politiques ne peuvent
être considérés comme crédibles par les citoyens sans être exemplaires.
Cette moralité doit d’abord être entraînée par la loi, premier rempart contre les dérives et garantie que
les politiques aient des limites à respecter, c’est pourquoi de nombreuses voix s’élèvent pour qu’une loi
de moralisation ambitieuse soit votée.
- Proposition de faire voter une loi de moralisation par référendum, pour que ce ne soit pas les
élus qui légifèrent sur ce qui les concernent directement (« Les élus font ce qu’ils veulent s’ils
5
choisissent eux-mêmes quelles règles ils doivent suivre, combien ils sont payés… Cette loi doit
être votée par les citoyens pour que ce soit réellement démocratique »)
- Plus de transparence financière de la part des partis, règles claires et contrôle rigoureux des
indemnités représentatives de frais de mandat
- Travail sur les peines d'inéligibilités en matière de délits politiques
- Loi définissant un cadre spécifique pour régir la démocratie interne des partis politiques
Il apparaît ainsi comme fondamental pour que les citoyens leur fassent confiance que les élus soient
exemplaires : bien qu’ils aient des défauts comme tout être humain, leur responsabilité les oblige à
avoir une attitude modélisante pour être crédibles.
- « Il est primordial que les élus soient exemplaires et soient soumis exactement aux mêmes règles
que les autres citoyens, car pour garder le lien de confiance qui les lie aux citoyens il ne faut pas
qu’ils apparaissent comme des privilégiés »
- « Un éducateur ne peut pas apprendre à ne pas taper en tapant. Un responsable politique ne
peut pas apprendre aux citoyens à respecter la loi s’il ne la respecte pas. »
- « L'exemplarité, surtout pour les élus, est fondamentale dans la mesure où les élus représentent
les citoyens »
Le rôle de responsable politique demande ainsi des efforts spécifiques, ou mieux, d’être choisi de façon
désintéressée, avec pour seule ambition de servir la collectivité.
- « Le politique doit être dans l’état d’esprit de faire ça pour les autres, dans un état d’esprit de
dévouement et non pas juste pour gérer les affaires courantes. Être politique, ce n’est métier,
c’est un engagement pour les autres. »
- «Elu, c’est un rôle de service »
- « Les meilleurs politiques sont ceux qui incarnent ce qu’ils défendent, qui le vivent »
- Comment, en démocratie, arriver à valoriser les hommes politiques qui ont des valeurs, du bon
sens, et qui incarnent tout cela ?
- Comment mettre ça au cœur des campagnes politiques et du débat citoyen ?
La moralisation de la vie politique doit ainsi passer à la fois par un encadrement plus fort des pratiques
politiques par la loi, et par une prise de conscience des élus que la crédibilité de leur action est
directement liée à leur honnêteté et leur sincérité.
6
2/ Une autre communication entre les citoyens et les
politiques
Les enquêtes d’opinion montrent qu’une part assez faible des citoyens font confiance aux responsables
politiques, les citoyens se montrent souvent très critiques envers ceux-ci et n’ont pas forcément le
sentiment qu’ils les représentent. De l’autre côté, les responsables politiques éprouvent de la difficulté
à se faire comprendre des citoyens et à créer du lien avec eux. Comment changer cette perception de
« fossé » entre les citoyens et les politiques ?
1) Un éloignement des politiques ressenti par les citoyens
Le manque de lien entre citoyens et politiques s’exprime d’abord par un sentiment des citoyens de ne
pas être écoutés par les politiques.
- Sentiment d’une partie des gens que l’Europe ne comprend pas, ne tient pas compte des
citoyens, déçus du « passage en force » pour le traité européen : les Français ont voté non alors
que le traité de Lisbonne a été ratifié deux ans plus tard -> manque de démocratie dans les
institutions de l’UE
- Sentiment que les politiques ne protègent pas assez (sentiment que les politiques n’ont pas de
pouvoir face au monde économique), « Le sentiment d'impuissance qui s'exprime vis-à-vis du
monde politique, c'est le même que celui qui s'exprime vis-à-vis du monde économique »
- « Notre système français n’oblige pas à des conseils citoyens, à la prise en compte de la volonté
des français » (exemple de l’urbanisme : pas d’obligation légale à consulter les personnes)
- « Les scientifiques ont le sentiment de ne pas forcément être écoutés par les politiques,
notamment pour le réchauffement climatique »
D’autre part, les responsables politiques évoluent dans un milieu qui n’est pas très représentatif de ce
que vit l’ensemble de la population, ce qui donne aux citoyens le sentiment que les politiques sont en
décalage avec leur réalité.
- Manque de confiance lié à l’éloignement avec les représentants (éloignement « physique » : peu
de rencontres, et « psychologique » : pas la même vie) -> on accorde plus volontiers sa confiance
au maire de son village à la campagne, plus on monte en échelon, plus il y a un éloignement avec
les citoyens
« Dans les villages, on est beaucoup plus amenés à donner sa confiance à l’élu local, parce qu'il
partage le même quotidien que nous »
7
- La plupart des responsables politiques sont issus du même milieu social -> les citoyens issus
d’autres milieux ne se sentent pas forcément représentés
- « ENA = vase clot » -> apprendre à voir les choses sous un angle théorique et administratif, pas
dans la réalité
- Problème des élus qui n’ont jamais connu autre chose que le monde politique
- « Plus les élus sont techniques, moins ils sont proches »
- Les politiques ne comprennent pas cet éloignement
« Tous pourris non, mais tous lointains oui »
L’avis d’un élu sur cette question de l’éloignement
Les élus ont de leur côté le sentiment que l’engagement en politique, et le temps qu’il demande, ne
permet pas plus de proximité, même s’ils veulent faire de leur mieux pour créer du lien avec les
citoyens. Les compétences demandées par le rôle d’élu peuvent de plus être un obstacle à la diversité
des profils des représentants.
- « Il ne faut pas oublier que les élus sont des individus, des parents qui mettent leurs enfants à
l’école, prennent les transports en commun… »
- « Difficile d’avoir la même vie que les citoyens, la représentation nationale est très incompatible
avec la vie professionnelle »
- Concernant l’idée d’avoir des ministres ayant une profession liée à ce domaine : « Tant mieux
qu’on n’ait pas de médecins ministres de la santé, car être ministre demande du recul, une vision
globale, de ne pas avoir de parti-pris »
- « Si on veut attirer les meilleurs, les individus les plus compétents, il faut des salaires qui soient
du même type que ce qu’ils auraient dans le privé, il faut que la fonction publique soit attractive
pour les gens qui ont les compétences »
- « Les grandes fortunes françaises ne viennent pas de la politique »
Ce sentiment d’éloignement n’est ainsi pas perçu de la même manière par les politiques et les citoyens,
mais témoigne en tout cas d’un manque de compréhension entre ces deux mondes. Pour qu’il y ait
davantage d’écoute et de proximité, il apparaît avant tout nécessaire de créer plus de liens entre
citoyens et politiques.
8
2) Montrer une autre image de l’action politique aux citoyens
Une responsabilité partagée entre politiques, citoyens et médias
Alors que les citoyens sont souvent dégoûtés de l’image des politiques qu’ils voient dans les médias, les
responsables politiques ont le sentiment que leur action est déformée par les médias, qui donnent un
espace important aux affaires et aux querelles internes mais n’approfondissent pas toujours les sujets
de fond. Cependant, cette information de fond reste accessible aux citoyens, qui doivent s’y intéresser
afin qu’elle soit davantage valorisée.
- Sentiment par certains citoyens d’être manipulés par les médias, sentiment d’une connivence
entre pouvoir médiatique, politique et économique
- Poids de la communication dans la politique, et importance de cette communication pour être
élu
- « Les citoyens ne font pas confiance aux jeunes qui arrivent, ils veulent un renouvellement des
politiques mais votent pour ceux qu’ils connaissent »
- « Les gens se plaignent des affaires politiques mais ils réélisent Balkany ! »
- « La communication – et ainsi l’argent –permet de gagner une élection seulement si les citoyens
préfèrent voter pour celui qui communique bien que pour celui qui réfléchit bien. Il faut
responsabiliser les citoyens, qu’ils aient conscience de l’importance de s’informer de manière
approfondie. Les politiques et les médias mettraient plus en avant la réflexion de fond si c’était
ce qui marchait pour être écouté. »
- « Les gens s’en foutent de Trierweiler, ce qui les intéresse c’est l’emploi »
- « Les médias ne cherchent pas tous à faire de la bonne information, ils cherchent à faire de
l'information qui s'achète, parce que c'est ça qui les fait fonctionner »
- « J’expliquais à des personnes non politisées une des réflexions qu’on avait à ce moment-là au
sein de notre parti, des questions qu’on se posait et un débat qu’on organisait sur ce sujet. J’ai
été très étonnée de leur réaction, dans la discussion ils venaient de passer 1/4h à critiquer les
politiques, et là ils nous félicitaient pour ce qu’on faisait, ils trouvaient ça très intéressants ; ils
étaient très étonnés qu’au sein des partis on se pose comme ça des questions de fond. Ils n’en
entendaient jamais parler donc ils n’imaginaient pas que cela puisse être le quotidien dans un
parti politique. Cet aspect là de la politique ils le trouvaient très intéressant, ils aimeraient que
les médias en parlent plus plutôt que de parler de politique politicienne. D’autant plus que c’est
en valorisant le débat de fond que ça donne envie aux partis de s’y concentrer. »
- « Il faudrait plus d’optimisme dans les médias, un regard plus positif »
9
- « Il faut donner envie aux citoyens de chercher une information approfondie »
- « Il faudrait une meilleure formation des journalistes aux impacts de leur travail, qu’ils puissent
mieux prendre conscience de la façon dont sont lus leurs articles et de l'influence qu'ils ont dans
l'opinion »
- Dans quelle mesure pourrait-on encourager les médias à faire une information plus complète et
les citoyens à chercher cette information ?
- Comment faire pour donner envie aux médias de ne plus parler des petites phrases mais des
idées en profondeur, comment rendre la politique « sexy » ?
- « Si les élus donnent l’impression d’être arrogants, c’est qu’ils ne savent pas communiquer »
- « Crevons l’abcès, si les politiques font l’effort d’être proches, mais que ce n’est pas ressenti par
les citoyens, ils doivent lancer le débat »
Une meilleure communication, et ainsi une meilleure compréhension, entre les citoyens et les
politiques, demande ainsi une attitude responsable, et ouverte, à la fois des politiques, des citoyens et
des médias : ces derniers étant souvent le lien entre les deux premiers.
10
3) Rendre la réflexion politique plus accessible aux citoyens
De nombreuses réflexions sont actuellement menées pour trouver comment rapprocher la politique
des citoyens, autant sur la forme que sur le fond.
« Il ne faut pas changer l’image des politiques, qui se changera d’elle-même quand il y aura
un changement du système, il faut changer plutôt la politique »
Plus de relations entre les politiques et les citoyens
Pour que les citoyens se sentent plus écoutés et comprennent mieux l’action politique, il faut créer
davantage de lieux d’échanges entre les citoyens et les politiques.
- La pédagogie est la solution pour faire comprendre l’intérêt des élections
- Plus de rencontres entre les politiques et les Français (ex : démarche « La Grande Enquête » des
Jeunes Démocrates)
- « Les gens attendent qu'on leur parle directement, pas par lettres, pas par le journal, mais
directement. Par exemple, appeler quelqu'un au téléphone et parler serait long mais mille fois
plus efficaces qu'envoyer mille mails qui seront sans réponse. Ecrire un article, c'est très bien,
mais ce n'est pas suffisant. Ca n'a aucun impact sur les gens de mon lycée par exemple, les gens
ne lisent pas, ne veulent pas se renseigner. Il faut aller à eux ! »
- Aller davantage chercher les citoyens, jusque sur leur lieu de vie ?
- Inciter les élus à aller voir directement les gens pour comprendre leurs attentes
- « Les citoyens ont l’expertise des situations qu’ils vivent, il faut aller leur demander dans leur
quotidien »
- « Allons vers les gens pour les écouter. Pourquoi pas lancer une page, un forum pour que les
gens expriment leurs ressentis et qu'on les écoute, qu'on prenne le temps de comprendre. »
- Sur les réseaux sociaux : engagement plutôt éphémère (+ risque de manipulation), il faut
encourager engagement dans la durée, plus qu’un simple soutien => internet : un outil mais pas
« l’outil » (relation par tweet : c’est bien qu’il y ait un lien direct mais le politique doit prendre en
compte l’intérêt général, pas juste l’avis d’une personne)
- Mise en place du parrainage citoyen pour certaines élections ?
- « Je pense que les jeunes des partis politiques pourraient organiser en commun avec d'autres
partis des événements festifs ou sérieux avec des intervenants d'autres cultures. L'idée est de
casser les barrières habituelles qu'elles soient culturelles ou politiques. »
- « Les gens attendent un rassemblement de tous, de vrais citoyens »
11
Vers une évolution des institutions pour un pouvoir plus représentatif
Un grand nombre d’idées émergent aujourd’hui pour rendre le système politique plus représentatif des
citoyens et de leurs opinions.
- Favoriser le renouvellement des responsables politiques (non cumul des mandats, dans le temps
et en nombre de mandats simultanés)
- Comptabiliser le vote blanc (« De toute façon ça ne sert à rien de voter blanc, ça ne compte
pas »)
- Plus de proportionnelle (exécutif + assemblée -> un parti a beaucoup trop de pouvoir ; en cas de
proportionnelle, on est plus responsabilisé car son vote a plus d’impact)
- Autre mode de scrutin ? (exemple : vote de valeur où on donne une note à chaque candidat, ce
qui pousse les citoyens à s’intéresser à tous les programmes plutôt que de voter « utile »,
souvent par défaut)
- Quel avenir pour les nouveaux partis français prônant des idées démocrates ? (Nouvelle Donne,
Rassemblement citoyen, Nous Citoyens, Front Démocrate, Parti Pirate, etc. ; et plus ancien le
Mouvement Démocrate)
- Est-ce contradictoire de vouloir changer le système politique en participant au jeu de la
compétition entre partis ? / Et inversement, est-ce nécessaire ?
- Faut-il supprimer les partis politiques ? (qui sont en un sens des « assemblages » d’idées et de
revendications parfois antagonistes) Sont-ils le meilleur moyen ou non de faire vivre le débat
politique ?
- Quelles alternatives pourraient exister ?
- Pourrait-on inventer un autre système électoral et/ou un autre système de gouvernance
permettant que la compétition entre partis ait moins de place et les propositions des citoyens
plus de place ?
Serait-il possible/souhaitable d’aller vers un système où les représentants sont tirés au sort ?
(avantages : implication directe des citoyens, personnes décisionnaires représentant la
diversité de la population, moins de problème de politiques « carriéristes » et de postures
politiciennes ; inconvénients : question de la légitimité des représentants ne représentant
pas toujours les opinions des citoyens, de la continuité de l’action politique en cas de
changement fréquent de l’assemblée, des compétences des personnes qui font les lois)
Avoir une assemblée à moitié élue, à moitié tirée au sort ?
-> cela permettrait de profiter des avantages des deux systèmes, avec un enrichissement
mutuel : les élus apporteraient leurs compétences à rédiger des loi et leur culture politique,
et les citoyens « lambdas » leur rapport à la réalité, leur diversité et leur spontanéité.
12
- Proposition d’une VIe République, mise en place d’une nouvelle Constitution pour faire évoluer
les institutions, avec en particulier :
> la prise en compte du vote blanc,
> le non-cumul des mandats,
> plus de proportionnelle,
> une seule assemblée législative ou une diminution du nombre de députés et de sénateurs,
pour qu’ils soient plus responsables de leur mission,
> un seul chef de l’exécutif (président ou 1er ministre), l’autre ayant un rôle de représentant de
l’Etat plus symbolique (« il faut distinguer ces deux rôles pour que les critiques envers la
politique menée ne soient pas de paire des critiques envers le représentant de la France »)
- « Pourquoi ne pas confier l'immense chantier de l'organisation du métier politique et donc des
partis, pièce centrale du dossier, à un « Haut Conseil de la démocratie » tiré au sort et non
renouvelable, qui serait chargé d'élaborer, hors des injonctions du pouvoir politique, toutes les
règles de fonctionnement de la profession politique.» Michel Offerlé (Professeur à l'Ecole
normale supérieure-Ulm) – article du Monde1
La question de la formation des responsables politiques est également soulevée, la connaissance du
terrain étant en effet au moins aussi importante que les connaissances théoriques.
- Une école telle que l’ENA, formant de nombreux responsables politiques selon une vision très
administrative et théorique, est-elle pertinente en l’état ? -> Proposition de la supprimer, ou de
réformer ses enseignements pour qu’ils rapprochent plus les futurs décisionnaires qui y sont
formés de la réalité
- Proposition d’avoir des spécialistes à la tête des ministères et non des hommes politiques sans
expérience professionnelle (spécialistes du domaine mais ayant du recul pour éviter des conflits
d’intérêts)
- Proposition que pour accéder à telle ou telle responsabilité il faille avoir fait des stages dans
différents secteurs (entreprises…), « pour s’être confronté soi-même à ce que les gens vivent. »
« Rien que symboliquement cela aurait déjà de la valeur. »
- « Il faudrait un système où du bon sens et des valeurs, ça suffise pour être un bon décideur
politique »
1 Cf bibliographie
13
Face à ce « fossé » ressenti entre citoyens et hommes politiques, dont témoignent aussi des
responsables politiques2, il s’avère ainsi nécessaire de faire évoluer les institutions pour que les
représentants aient une vie plus proche des citoyens.
Besoin de plus de débats et d’information approfondie
En envisageant de faire davantage appel à l’avis des citoyens, il faut permettre à ceux-ci d’avoir accès à
une information leur donnant les clés pour comprendre la société et se faire une opinion approfondie,
tous les citoyens ne se sentant pas à l’aise pour analyser l’actualité politique.
- « Il faut aider à faire un comparatif neutre entre les partis »
- « Il faudrait un magazine neutre de 2 ou 3 pages dans les facs, aussi souvent que possible, avec le
20 minutes, présentant tous les partis politiques et l'information politique. »
- « Il faut faire des réunions de plusieurs partis politiques ensemble »
- « Il faut organiser de vrais débats avec des intervenants des différents partis et idées (avec
notamment des spécialistes des sujets abordées) centrées sur les idées et non sur les postures »
- « Il faut que les politiques et les médias expliquent mieux l’Union européenne, parce que ça nous
concerne mais qu’on ne comprend pas forcément comment elle fonctionne »
Plus qu’une question d’image, il apparaît ainsi nécessaire de repenser la relation entre les citoyens et
les politiques, qui ne peuvent mieux se comprendre qu’en étant davantage en contact.
2 Cf la tribune de Michèle Delaunay indiquée dans la bibliographie
14
3/ Rapprocher les citoyens de la prise de décisions
Etymologiquement, la démocratie repose sur le principe d’un pouvoir exercé par le peuple, cependant
aujourd’hui un grand nombre de citoyens se sentent éloignés de la politique et n’y prennent pas part.
Qu’est-ce qui les retient de participer, et comment orienter l’idéal et les compétences que chacun
porte vers un engagement pour la collectivité ?
1) Des citoyens résignés qui aimeraient pouvoir contribuer de
façon utile
Beaucoup de citoyens n’ont jamais envisagé de faire remonter leurs idées et leur avis aux élus, ne
s’imaginant pas que leur participation puisse apporter quelque chose. Peu de citoyens font la démarche
de prendre part à la vie politique, alors même qu’ils aimeraient être plus écoutés par les élus. Manque
d’intérêt ou résignation, pourquoi est-ce que si peu de citoyens font la démarche de s’engager ?
- « Les gens autour de moi me donnent l'impression de ne pas s'intéresser à la politique, et de ne
pas la comprendre : trop compliqué, langage technique, ils s'y perdent »
- « La politique, ça donne mal au crâne »
- Parmi les raisons de l’abstention : pas d'idées sur la question ; pas envie de se renseigner, donc
pas envie de voter pour n'importe quoi ; ne pas se sentir concerné, trouver les élections
lointaines et ne pas en voir l'importance
- « Beaucoup attendent des politiques qu’ils « fassent leur boulot », se sentant bien pris de leur
côté par leur famille et leur travail »
- « Adhérer à un parti politique, pour quoi faire ? »
- « Comment peut-on être utile dans un parti politique ? »
- « Les gens ne veulent pas s'engager parce qu'ils pensent ne pas avoir les armes, ne sont pas
formés » - « Les partis politiques sont inaccessibles »
- « Pour les gens, s’encarter est une démarche lourde, il faut changer ça »
- « On ne montre pas assez au simple citoyen que sa parole est importante »
- « Les citoyens ne savent pas comment faire remonter leurs idées »
15
- « Les gens ne savent pas pourquoi ils s’engageraient parce qu’ils ont le sentiment que c’est
réservé à une élite »
- « Les gens n’imaginent pas avoir quelque chose à apporter à la politique »
- « Le frein principal des gens pour s'impliquer, c'est qu'ils se pensent incompétents »
L'exemple est donné en lien avec les budgets participatifs, « les gens pensent qu'ils ne sont pas
capables de le faire, s'ils ne s'impliquent pas c'est qu'ils n'osent pas »
- « Le problème, si les gens ne s'engagent pas, à mon sens, c'est qu'ils sont dans un état passif et
attendent qu'on vienne. Alors venons. Mes parents critiquent continuellement les hommes
politiques, notre manière de faire de la politique. Je leur ai dit que ça ne servait à rien de
critiquer s’ils ne s'engageaient pas, tout comme ceux qui critiquent sans avoir voté. »
- « Les gens n’aiment pas la politique politicienne et ne veulent pas s’engager dans cette politique-
là »
- « les gens ont le sentiment que ce n’est pas au sein de la politique qu’ils pourront le mieux
défendre leurs idées »
- « Dans les partis, il faut considérer les militants comme des sources d’idées et non pas seulement
comme des colleurs d’affiche »
- « Les citoyens sont résignés car ils ne voient pas comment avoir un impact sur les problèmes du
monde à leur échelle »
- « Mon vote ne compte pas car ce n’est qu’une voix sur des dizaines de millions »
- Les gens aimeraient changer le monde mais ils ne savent pas comment faire -> résignation
- Les gens ne veulent pas juste être consultés, mais aussi participer aux décisions
- Besoin pour les gens de voir/comprendre que quand ils s’impliquent, ça sert à quelque chose =>
la question de l’utilité de l’engagement est centrale
- « Ce sont aux politiques de dire et de montrer aux citoyens qu’ils peuvent s’impliquer »
- « Lors de ma 1e réunion politique, il y a eu un déclic : quand on m’a demandé mon avis »
Les besoins exprimés par les citoyens :
Que la politique soit plus accessible, moins de complexité dans les débats, dans le
processus de décision
S’ils s’engagent : que ce soit utile, que cela ait un impact réel
Qu’on aille vers eux (les gens ne vont pas forcément chercher l’info approfondie,
s’informer sur tous les aspects, les enjeux : manque de temps, de passion… mais ils sont
16
intéressés quand on va vers eux) -> faire comprendre l’importance des élections et en
quoi ça les concerne
Un potentiel de compétences qui peut être puisé dans la société
- 10 à 15 millions bénévoles dans des associations en France => un potentiel important de
personnes prêtes à donner de leur temps pour la collectivité
- un niveau d'étude de plus en plus élevé, qui développe de plus en plus le sens critique et le recul
(ex : en cours d'histoire avant on apprenait d’abord des dates, maintenant d’abord à analyser et
à construire sa pensée)
Ainsi, si les citoyens ont des attentes et un avis, beaucoup n’ont pas le sentiment d’être faits pour la
politique et n’ont jamais envisagé d’y participer. Pourtant, l’organisation de la vie collective concerne
tout le monde, l’enjeu est alors de le faire comprendre aux citoyens, tout en faisant en sorte que chacun
puisse se sentir à l’aise et à sa place en participant à la vie politique.
17
2) La difficulté des politiques à mobiliser les citoyens
Du côté des élus, si de plus en plus tentent de mettre en place des instances de démocratie
participative, celle-ci fonctionnerait mieux avec une meilleure participation et une meilleure formation
de la population.
Une participation faible des citoyens aux processus de démocratie participative
- « Dans beaucoup de villes les municipalités organisent des formations (ex : formation au
budget), des ateliers participatifs ou ont des démarches de démocratie participative, mais seule
une petite minorité de gens s’y rendent, c’est difficile de toucher une population suffisamment
vaste pour un vrai débat »
- « Les responsables politiques ressentent une difficulté à attirer les citoyens à donner leur
opinion »
- « L’intérêt est très différent selon le type de personnes : quand on organise une concertation, on
a souvent affaire aux mêmes personnes (engagés, associatifs, retraités, passionnés par la chose
publique, qui y passent beaucoup de temps, environ 100 à 200 personnes à Grenoble donc une
petite minorité).
Une 2e catégorie : ceux qui s’y intéressent quand ils sont concernés (parents d’élèves, riverains
pour l’immobilier,…), qui apporteront leur réflexion sur la concertation (quelques centaines,
maximum 5% de la population)
La 3e catégorie, la grande majorité de la population : personnes qu’on ne voit jamais dans les
phases de concertation (au plus émettent parfois un avis sur Internet sur les réseaux sociaux ou
en commentaires d’articles)
- « La majorité délègue à une minorité, le noyau engagé, l’expression de l’opinion, la décision »
- « Les élus se demandent si les personnes engagées, participant aux instances de démocratie
participative, sont représentatives de l’ensemble de la population »
- Grandes questions des élus : comment avoir l’écoute des citoyens ? Leur implication ?
Comment recueillir l’avis des personnes qui n’utilisent pas les moyens d’expression qu’on leur
propose ? (obligation d’aller les voir, mais lorsque l’élu a beaucoup de travail il n’a pas beaucoup
de temps pour ça ; impossible pour le Président de discuter avec 65 millions de personnes)
Comment rendre la démocratie participative attractive pour les citoyens ?
18
Des critiques parfois en décalage avec les contraintes des élus
- « Les mesures politiques s’appliquent sur un temps long (par exemple : 4-5 ans pour faire une
nouvelle école), les élus prennent des décisions à long terme, alors que les gens voudraient que
leurs problèmes soient résolus à court terme »
- « Les citoyens n’ont pas toujours conscience des obstacles administratifs, financiers… que
peuvent rencontrer les élus, et ne comprendront donc pas que la solution proposée ne
correspondent pas exactement à leur demande »
- « Certains pensent que les arguments des politiques sont forcément de mauvaise foi, et n’ont
pas confiance, ne croient pas par principe les politiques («ils ont entendus ça, lu sur internet, on
leur a dit… », le dialogue est difficile avec certains habitants qui n’ont pas forcément les
connaissances financières/organisationnelles… »
- « Il faut à un moment mettre la main dans le cambouis pour comprendre et savoir »
- « Avoir un avis constructif, ça demande du travail, de l’investissement » => Effort nécessaire de la
part des citoyens
- « En tant qu’élus, on a le sentiment que les gens ne prennent pas le temps de s’informer
correctement, de façon approfondie, de se former à mieux comprendre les problèmes ; qu’ils
sont dans un rôle de consommateurs »
- « Les gens ne font pas confiance mais ne font pas l’effort de se former pour changer les choses, il
faut les responsabiliser »
Ainsi, si les citoyens souhaitent que leur avis soit davantage pris en compte, la mise en place d’une
démocratie plus participative demande un investissement réciproque des citoyens et des élus, afin de
rendre ces instances de démocratie participative efficaces.
Cela demande une ouverture de la part des élus (« Les élus croient que quand les citoyens donnent leur
avis, c’est pour casser leur projet »), mais aussi une volonté de se former et d’être constructif pour les
citoyens.
19
3) Former à l’engagement et l’encourager pour donner une plus
grande place à la participation citoyenne
Puisqu’une partie des citoyens se sentent démunis pour s’impliquer dans la politique en estimant n’être
pas faits pour ça, une des pistes d’actions pour favoriser cette participation est de « donner les billes »
aux citoyens pour qu’ils jouent un rôle actif dans la société : de créer des lieux où ils puissent participer
à leur niveau et de les former à l’engagement citoyen.
- La démocratie fonctionne beaucoup mieux quand les citoyens s’engagent
> Démocratie : « par le peuple, pour le peuple » : elle fonctionne quand chacun s’y implique
(vote, mais plus)
> Avis d’un élu : « Ceux qui comprennent le mieux les contraintes des politiques sont ceux qui
ont une expérience de l’engagement »
> La classe politique est très homogène en termes d’origine sociale et de formation, alors que
plus de diversité dans les profils des politiques apporterait beaucoup plus de créativité dans les
débats
> « Le monde politique a besoin de gens qui s’y investissent avec un autre état d’esprit »
Faire prendre conscience à chacun qu'il a de bonnes idées à apporter aux autres dans ses
domaines de compétences ; donner envie de faire de la politique
- Comment rendre le système politique plus accessible à des personnes qui en sont éloignées ?
- Témoignage de personnes qui ont été jurés pour des procès et à qui ça a donné envie de
s’engager (cf article de Rue89 sur ce sujet3)
Beaucoup ne s’engagent pas spontanément mais lorsqu’ils y sont amenés cela leur donne envie
de poursuivre
- « Comment faire pour que les citoyens se disent : « ce soir, plutôt que d’aller boire un verre, j’ai
envie d’aller débattre politique » ? » -> « Il faut parler de ce que les gens vivent au quotidien, de
sujets qui les intéressent », ex : café débat sur l’immobilier en invitant les personnes qui
travaillent là-dedans
- « Il faut un encouragement, une reconnaissance et une valorisation de l'engagement politique
et/ou associatif »
3 Voir bibliographie
20
- Quelle formation pour les citoyens ?
- Est-on assez formé pour avoir conscience du vote que l’on fait, des actions que l’on peut mener
si l’on décide de se présenter à une élection, etc. ?
- Former dès l’école à la participation constructive : création d’une matière scolaire (ex : pendant
les temps périscolaire à l’école, puis en classe de 3e ou 2nde), où les élèves montent des projets
citoyens/solidaires par groupes de 5 à 10, qui pourraient être encadrés par des jeunes adultes en
service civique
- Développer le parcours citoyen au sein de l’école
- « Il faut s’engager de façon collective pour changer les choses »
- Démocratie participative :
o Budgets participatifs (cf démarches de plusieurs villes comme Paris)
o Instances participatives : Conseils citoyens indépendants en projet à Grenoble (les
citoyens par quartiers disposent d’un budget pour mettre en place des projets), conseils
citoyens de Bayrou à Pau (rencontre entre le maire ou les adjoints et les citoyens qui le
souhaitent), Commission jeunesse Rhône-Alpes (jeunes Rhônalpins volontaires faisant
des propositions pour les politiques de jeunesse)
- Avoir des bureaux dans les villes où les gens puissent transmettre leurs idées
- Qu’un fonctionnaire de l’Etat se rende à chaque mouvement de revendication pour en prendre
note et faire remonter (comme au Japon)
- Plus de référendums comme en Suisse ?
- Voter par internet ?
Mettre en place régulièrement des référendums par vote électronique ?
- « Il faut développer la participation politique via des consultations numériques. Les grands
débats de société devraient donner lieu à des enquêtes auprès de leur électorat menées par les
partis exploitant les technologies de l'information. »
- Trouver des formes de concertations avec les citoyens attractives (ludiques ?)
- Utilité des médias participatifs (Rue89 où toute personne ayant une expérience sur un sujet peut
écrire une tribune pour en témoigner, Particité, journal récent grenoblois en ligne, où les
lecteurs sont invités à participer à la création de l’information)
21
- Pouvoir proposer à l'Assemblée nationale des amendements "citoyens"
- Ateliers législatifs citoyens4
- « Mon vote ne compte pas car ce n’est qu’une voix sur des dizaines de millions »
=> décentralisation pour amener la prise de certaines décisions à l’échelle locale et rapprocher le
lieu de prise de décision des personnes que cela concerne
- « Le non cumul exige, d'une part, de rapprocher les élus nationaux des élus locaux, ces derniers
étant porteurs des intérêts de leur collectivité. Les élus locaux seront plus que jamais chargé
d'informer, de transmettre et de convaincre de la nécessité de certaines politiques au profit des
besoins locaux, tandis que le député, comme le sénateur, arbitrera entre les divergences, pour
faire converger les intérêts.
D'autre part, l'élu national doit maintenir un lien étroit avec le territoire sur lequel il est élu. Il
devra créer des techniques de délibération avec les citoyens de sa circonscription pour faire
connaître son travail, évoquer les enjeux nationaux dont il a la charge, et débattre des
orientations envisageables. » (C. Untermaier – article sur les Ateliers législatifs citoyens)
- « L'homme d'État fait confiance au peuple. Alors, celui-ci prend conscience que les grandes
décisions lui appartiennent vraiment et il sait se hausser au niveau de son devoir historique. » –
Pierre Mendès-France, La République moderne, 1962
Différentes pistes sont ainsi envisageables pour amener les citoyens à davantage d’engagement, pour
qu’ils acquièrent les compétences leur permettant de participer à la prise de décisions. C’est important
d’une part pour aller vers plus de démocratie, mais également pour faire progresser le niveau des
politiques menées, car c’est dans l’intelligence collective qu’on réunit le plus de compétences.
4 Cf tribune de Cécile Untermaier (voir bibliographie)
22
Conclusion
Aujourd’hui, de plus en plus de citoyens réclament une évolution du système politique, en ne le
trouvant pas assez constructif et représentatif : la démocratie peut largement être améliorée. Le
manque de compréhension entre élus et citoyens met en évidence la nécessité de rapprocher
davantage ces deux mondes. Tout ce qui permet de créer des liens entre citoyens et politiques est ainsi
une bonne chose, car d’une part les citoyens ressentent le besoin de participer davantage à la prise de
décisions, et d’autre part les élus ont besoin de l’implication des citoyens pour jouer leur rôle de façon
efficace.
En ce sens, de nombreuses évolutions de la société actuelle offrent des perspectives et sont un ressort
sur lequel s’appuyer :
- Les nouvelles technologies, et en particulier Internet, donnent de grandes possibilités pour
communiquer de façon plus rapide, permettre à chacun d’avoir accès à une information
approfondie, d’exprimer son avis et d’échanger ;
- De nouvelles formes d’engagement citoyen apparaissent, avec en particulier le dispositif du
service civique qui touche de plus en plus de jeunes ;
- Une nouvelle culture du « collaboratif » émerge : avec le développement de la consommation
collaborative (covoiturage…), des journaux participatifs, du crowdfunding…
Il existe ainsi de nombreuses pistes sur lesquelles fonder un nouveau système politique. A l’aube de ce
débat de société, nous devons imaginer de nouvelles idées pour recréer la démocratie ; comme le disait
Victor Hugo : « Il n’y a rien de plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue ».
23
Bibliographie / Sources d’inspiration
Réinventons la politique avec les Ateliers législatifs citoyens,
Cécile Untermaier (Députée PS de Saône-et-Loire) – Le Huffington Post,
http://www.huffingtonpost.fr/cacile-untermaier/politique-ateliers-legislatifs-
citoyens_b_4359799.html?utm_hp_ref=tw
Le tunnel, ou comment faire carrière sans mettre un pied dans la vraie vie,
Michèle Delaunay (Députée PS de la Gironde),
http://www.michele-delaunay.net/delaunay/blog/le-tunnel-ou-comment-faire-carriere-sans-mettre-un-
pied-dans-la-vraie-vie
Trois scénarios de rénovation pour sortir du champ de ruines,
Yves Sintomer (Professeur de science politique) – Le Monde,
http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/08/28/trois-scenarios-de-renovation-pour-sortir-du-champ-
de-ruines_4477704_3232.html
Il faut revoir les règles du métier politique,
Michel Offerlé (Professeur à l’ENS-Ulm) – Le Monde,
http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/08/28/il-faut-revoir-les-regles-du-metier-
politique_4478339_3232.html
Des organisations rejetées et pourtant essentielles,
Pierre Bréchon (Professeur à Sciences Po Grenoble) – Le Monde,
http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/08/28/des-organisations-rejetees-et-pourtant-
essentielles_4478340_3232.html
Article sur l’expérience de juré en cours d’assise :
« C’est impossible qu’une telle personne ait commis ce meurtre »,
Camille Polloni - Rue89, http://rue89.nouvelobs.com/2013/01/20/cest-impossible-quune-telle-
personne-ait-commis-ce-meurtre-238682
Et différents échanges avec des citoyens :
- Lors du débat ouvert « Comment les citoyens peuvent-ils se réapproprier la politique ? »
organisé le 29 juin 2014 à Grenoble,
- Avec des personnes plus ou moins politisées, de différents milieux, issues de notre entourage ou
rencontrées lors de covoiturages, au cours de l’été 2014,
- Lors d’échanges avec des jeunes rencontrés dans des villes iséroises à l’occasion de notre action
« Place (au) orange ! » en septembre 2014.