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DÉBUT DE LA CONFÉRENCE
ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE : QUELLES STRATÉGIES POUR LES
ENTREPRISES ?
Mardi 27 novembre 2012, de 9h30 a 12h30
PROGRAMME
Le 18 janvier 2012, AGRION organisait une première conférence sur les enjeux de
l’adaptation au changement climatique pour le territoire et ses acteurs, notamment les
entreprises. Dans la continuité de cette contextualisation, nous réfléchirons aux pistes
envisageables pour parer au changement climatique, c’est-à-dire les stratégies à adopter
pour les entreprises, ainsi que les technologies nécessaires à leur mise en oeuvre. Plusieurs
grandes entreprises se sont déjà lancées dans cette réflexion et ont mis au point des plans
d’adaptation, qui s’organisent sur une stratégie de long terme.
Comment les entreprises ont-elles construit leur plan d’adaptation ? Quelles mesures y sont
prévues ? Comment ce plan d’adaptation s’intègre t-il dans la stratégie de l’entreprise ? Qui
est en charge de sa coordination avec les multiples services ?
Plans d’adaptation : comment anticiper pour faire face aux risques ?
Mesurer la vulnérabilité des différents secteurs : sur quelles données se baser ?
Quelles probabilités d’exposition : les scenarii des effets du changement climatique
Développer une gouvernance adaptée aux aléas climatiques du futur : situations
exceptionnelles, changement de comportement des utilisateurs,…
L’approche sectorielle des risques : quelles solutions face aux risques naturels ?
Quels secteurs touchés concernés pour les grandes entreprises ?
Quelles solutions techniques et technologiques ?
Les infrastructures face aux conséquences du changement climatique : adapter les
investissements, les matériaux, …
Intervenants :
EDF : Jean-Yves CANEILL, Responsable changements climatiques
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HELIO INTERNATIONAL : Hélène CONNOR, Directrice
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RTE : Erik PHARABOD Directeur du Département Information et Transparence à la
Direction de l'économie, de la prospective et de la transparence
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SNCF : Alexandre KADDOURI, Chargé de mission
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Animatrice :
ENEA : Consulting Isabelle PAMART, Manager Pôle Performance Environnementale
et Sociétale
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DÉBUT DE LA CONFÉRENCE
INTRODUCTION PAR ISABELLE PAMART
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Je suis Directrice Développement Performance Environnementale et Sociale chez ENEA, une
société de conseil en énergie et développement durable pour l'industrie. J’accompagne divers
clients qui gravitent autour de l'industrie et qui ont une expertise très technique. Nous
travaillons avec une vision prospective aussi afin d'appréhender les bouleversements
environnementaux à venir à horizon 2020-2030. Notre spécificité est de dédier 20% de notre
temps à l’accès de l’énergie dans des pays en développement, principalement sous forme de
mécénats de compétences avec des ONG ou des entrepreneurs sociaux sur l'énergie.
Changement climatique : où en est-on ?
Aujourd'hui, l'un des effets du changement climatique est le réchauffement dû aux gaz à effets
de serre à l'échelle mondiale. Pendant longtemps, le GIEC préconisait de tenir un scénario de
450 PPM de gaz à effets de serre dans l'atmosphère pour ne pas avoir une augmentation de
température de plus de 2°C Celsius à l'échelle mondiale. Au-delà de 2°C, les bouleversements
climatiques seraient très importants. Aujourd'hui, nous sommes à 390 PPM et la tendance est
toujours à la hausse. D’après le dernier rapport de la Banque Mondiale du 18 novembre 2012, le
scénario à 450 PPM n'est plus tenable. Une augmentation de +4°C d'ici 2000-2060 (et de +6°C
d'ici 2100) est prévue. Concernant l'élévation du niveau de la mer, les prévisions tablent sur +0,5
à +1 mètre annoncée d'ici 2100. Les zones à risques sont partout. En France, elles sont
concentrées dans la zone méditerranéenne.
Changement climatique : quels impacts pour les entreprises ?
Les principaux effets du changement climatique doivent faire l’objet d’une stratégie
d'adaptation. L'évolution des températures a plusieurs effets connexes : fonte des glaces,
montée des eaux, modification des courants océaniques, stress hydrique dans certains endroits,
augmentation de la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes de type inondation, qui
ont des impacts conséquents pour les infrastructures. Autre effet du réchauffement : l'évolution
de la biodiversité. Cette dernière peut modifier les zones de sourcing et d'approvisionnement
pour les industries agro-alimentaires ou entrainer une migration des éléments pathogènes du
fait de l'augmentation de la chaleur ou de l'humidité.
Le changement climatique se traduit donc par une raréfaction éventuelle des ressources et une
modification des sources d'approvisionnement pour les entreprises à plus ou moins long terme.
Du fait des tensions sur les ressources, des hausses des prix sur les matières premières et des
phénomènes de rupture d'approvisionnent sont possibles.
Il y a toutefois des opportunités avec une évolution de la demande et des besoins de nouveaux
produits pour faire face à ces changements climatiques et leurs effets.
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Changement climatique : comment agir ?
Nous utilisons deux voies pour faire face au changement climatique : l'adaptation et
l'atténuation. L'atténuation consiste à réduire les émissions de gaz à effets de serre pour réduire
les impacts à long terme et réduire le coût de l’adaptation climatique. L'adaptation fait plutôt
référence à des actions mises en place par les collectivités pour réduire leur exposition aux
risques et bénéficier des opportunités à venir.
INTERVENTION D’ALEXANDRE KADDOURI - MOBILITÉ ET CHANGEMENT CLIMATIQUE :
QUELLE STRATÉGIE POUR UN OPERATEUR DE MOBILITÉ DURABLE ?
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Présentation de la SNCF : son réseau et ses métiers
La SNCF a un historique important et une grande sensibilité à la gestion des aléas climatiques.
Nous sommes l'un des principaux transporteurs de voyageurs en France et une référence en
Europe et dans le monde. Pour le réseau France, la SNCF compte 30 000 km de voies, avec pour
moitié l'électrification de ces voies et à peine 10% de lignes à grande vitesse. Nous avons environ
15 000 trains qui voyagent par jour et les voyageurs descendent dans près de 3 000 gares.
L'entreprise représente 160 000 personnes au niveau de l’EPIC (Etablissement Public Industriel
et Commercial) et 220 000 personnes au niveau du groupe.
Dans la composition du groupe SNCF, les activités sont organisées en 5 branches :
- INFRA : cette branche renvoie à la maintenance de l'infrastructure, à la gestion, l'exploitation et la maintenance du réseau pour RFF et à l'ingénierie d'infrastructure à dominante ferroviaire. Il existe une volonté d'avoir un gestionnaire de service unifié en fusionnant les services de l'Etat, RFF et SNCF INFRASTRUCTURES afin de mieux travailler sur notre réseau dont certaines parties sont usées par le temps, même si des renouvellements de voies sont faits régulièrement.
- SNCF PROXIMITÉ renvoie à l’activité de transporteur périurbain et régional.
- SNCF VOYAGE s’occupe des transports « grande vitesse ».
- SNCF GEODIS s’occupe du transport de marchandises.
- GARES ET CONNEXIONS : l'objectif est le déploiement de nouvelles gares et de l'activité de SNCF en tant que transporteur et opérateur de mobilité. Cette branche concerne aussi la gestion des gares indépendamment des personnes.
Pour terminer sur la présentation de notre activité, mentionnons l’existence de notre filiale
KEOLIS, spécialisée dans le transport par route, via autocars.
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Pourquoi la SNCF s'intéresse au changement climatique ?
La SNCF investit année après année dans du matériel roulant, dans le développement de
nouvelles gares et, en collaboration avec RFF, dans de nouvelles lignes. A travers le changement
climatique, il y a des opportunités et des contraintes.
Nous devons alors revoir la façon de produire le service que nous offrons à nos voyageurs,
développer de nouveaux modes (vélos, voitures électriques qui permettent d'élargir notre
offre), anticiper au maximum les risques dans le développement de l'éco-conception des gares
et des trains et faire en sorte que notre outil de production soit résilient en travaillant sur la
maîtrise des situations perturbées.
En ce moment, nous travaillons avec de gros industriels en BTP pour l'aménagement de
solutions de mobilité virtuelle. A la demande de son Ministère de tutelle, la SNCF souhaite
également travailler à faire évoluer les référentiels techniques et normatifs afin d'avoir un
système plus résilient. C'est un investissement sur le long terme.
Le projet « CLIMAT D-RAIL »
Le changement climatique est une opportunité pour la SNCF. Dans le cadre du projet « CLIMAT
D-RAIL », nous avons travaillé avec plusieurs partenaires : des spécialistes en climatologie et
météorologie (tel METEO FRANCE), ainsi qu’avec des entreprises comme BOUYGUES pour la
partie « bâtiment » et ALSTOM pour la partie « train ». Le travail avec ces entreprises a permis
de déterminer les impacts de ces changements climatiques et les solutions envisageables. Avec
le réassureur suisse RAY, nous avons également déterminé « les mesures sans regret », c'est-à-
dire les mesures à prendre tout de suite. Le projet a demandé un travail conséquent réalisé sur
une courte période. Toutes nos branches ont été engagées dans la démarche.
Le projet porte sur quatre thématiques :
- La gouvernance, - La résilience des infrastructures, - Le développement d'un nouveau référentiel : matériel roulant « Climate compliance »
en cas de conditions climatiques extrêmes, - La prospective de mobilité.
Le changement climatique, les pluies extrêmes, les fortes neiges, les épisodes de grand froid,
peuvent provoquer des dommages importants sur l'outil de production. Pour le matériel roulant,
la neige cause des problèmes de transmission d'informations entre deux rames. Les
équipements électroniques et électroniques sont très sensibles aux variations de température
qui peuvent causer des retards très importants en période de froid extrême. Les canicules,
quand à elles, sont à l'origine de la déformation des rails, de l'altération des équipements
électroniques et électriques, de l'affaissement des caténaires, etc. C'est alors sur l'ensemble du
système qu'il faut travailler.
Les « décisions sans regret », état des lieux
Toutes les décisions ne se prennent pas au même moment en fonction des systèmes sur lesquels
nous travaillons. Cela nécessite d'articuler investissement et organisation. Par exemple, pour
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entreprendre de créer de nouvelles lignes demain, il faut d'ores et déjà entreprendre des actions
dans les cahiers des charges. Des solutions techniques existent. Nous avons déjà pu déterminer
un certain nombre de solutions.
Nous avons mis plusieurs actions en place par le passé. En 2011, par exemple, un « plan neige »
de 90 millions d'euros a été déployé pour la mise à niveau du matériel, la prise en charge des
voyageurs quand arrive une rupture de correspondance et la réparation des infrastructures.
L'objectif du plan d'adaptation SNCF est de mieux connaître les risques et les opportunités
existantes. Pour cela, il faut :
- Connaître en cartographiant les risques et les opportunités.
- Outiller en actualisant les plans de prévention et de gestion de crise et développant des solutions de mobilité alternative.
- Mobiliser l'ensemble des parties prenantes sur les impacts du changement climatique.
INTERVENTION D’ÉRIK PHARABOD - L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
CHEZ RTE
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RTE : son réseau et ses missions
RTE est un réseau de transport d'électricité, c'est une filiale d'EDF indépendante. Nous gérons un
réseau à très haute tension (de 63 000 volts à 400 000 volts) qui couvre l'ensemble du territoire
français. La distribution de l'électricité est assurée par ERDF, une autre filiale d'EDF.
RTE poursuit deux missions : maintenir et développer le réseau, et maintenir en permanence un
équilibre entre la production et la consommation d'électricité. Nous surveillons en permanence
qu'il y ait assez de production pour faire face aux aléas de consommation dus aux périodes de
grand froid par exemple.
La lutte contre le changement climatique : atténuation / adaptation
Comme l'a souligné Isabelle PAMART, face au changement climatique, il y a deux
comportements : l'adaptation et l'atténuation.
Concernant l'atténuation, au nom de notre activité propre, nous essayons de limiter notre
consommation et nous veillons à ce que nos chantiers soient moins émetteurs de Co2. Nous
faisons notre bilan carbone pour suivre les évolutions de nos émissions au fil des ans.
L'adaptation reste nécessaire. La réflexion sur l'adaptation est arrivée un peu après celle sur
l'atténuation dans l'entreprise. En France, elle a particulièrement été mise en lumière par le
rapport de l'observatoire de l'ONECC (Observatoire National des Effets du Changement
Climatique) et le Plan national sur le réchauffement climatique de 2010. Au sein de RTE, nous
avons entrepris en premier lieu, un plan de sensibilisation pour recevoir l’adhésion générale. La
première chose à faire dans l'adaptation au changement climatique : c'est la pédagogie.
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L’objectif est la sensibilisation et la diffusion des enjeux au sein de tous les métiers de
l'entreprise. Pour cela l'adhésion générale de toutes les parties prenantes est incontournable.
En France, l'essentiel des enjeux porte d'abord sur les canicules et les sécheresses, les
modifications de précipitations, la hausse du niveau des mers, les tempêtes. METEO FRANCE a
relevé qu'il y avait eu une élévation du niveau des températures de +1,4% depuis le XIXème
siècle.
Quels impacts pour le système électrique et pour les infrastructures ?
Les impacts sur la consommation d'électricité
Il y a quatre grands types d’impacts sur la consommation d’électricité :
- Baisse de la consommation de chauffage en hiver.
- Hausse des besoins de froid en été. En Italie, en Grèce ou en Espagne, la vague de consommation est plus forte en été avec l'utilisation de ventilateurs pas chers mais très gourmands en énergie.
- Autres nouveaux usages : canons à neige, piscines, installations de confort, etc.
- Sur le long terme, la question qui se pose est celle du déplacement des centres de
consommation en raison des activités qui se repositionnent.
Impacts sur la production d’électricité
Ils sont au nombre de trois :
- Baisse de productibilité (hydraulique, éolien en été).
- Perte de rendement et impact sur les rendements des centrales.
- Contraintes liées au refroidissement.
Impacts sur l'exploitation du système électrique
Les sécheresses et les canicules peuvent nuire à la fondation du bâti, accélérer le vieillissement
et favoriser les risques d'incendie. Les pluies et les inondations font courir des risques au
matériel électrique. Pour mesurer ces risques, nous avons entre autres dressé une carte du
risque d'inondation. Cela a nécessité de repérer tous les ouvrages à proximité des rivières
susceptibles d'être en crue et les ouvrages installés à des altitudes très faibles qui seraient
soumis au risque de submersion.
Auparavant, la gestion était simplifiée : il y avait une référence en été et une référence en hiver.
Aujourd'hui, il est de plus en plus difficile de développer le réseau électrique. C'est pourquoi
nous cherchons à exploiter le maximum d'électricité sur ces lignes et à expérimenter
l'adaptation de l'intensité électrique aux conditions météorologiques rencontrées. Cela implique
de mettre en place des systèmes de monitoring.
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Sur les centres de réseau à long terme, il faut s'interroger sur la localisation des centres de
consommation et des centrales électriques. Les centrales électriques ont besoin de sources de
refroidissement mais où les chercher demain si les sources sont plus difficiles ?
Les mesures déjà mises en œuvre
RTE est naturellement exposé aux risques climatiques. Suite aux tempêtes de 1999, le Sud-Ouest
du pays a été très touché : de nombreux ouvrages sont tombés mais nous avons réussi à
maintenir l'intégrité du réseau en nous appuyant sur des importations en provenance d'Espagne.
A la suite de cette expérience, nous avons mis en place un programme de sécurisation
mécanique sur 15 ans qui comprend l'ancrage de pylônes et qui est actuellement en cours. Ce
programme et a été actualisé pour prendre en compte les effets de la canicule de 2010.
Le programme implique un coût financier conséquent dans les infrastructures qui s'est négocié
avec la Commission de Régulation de l'Energie qui valide les investissements de RTE. Ces
investissements sont des coûts qui se retrouvent en conséquence dans les tarifs du coût des
transports de l'électricité et sont pris en charge, in fine, par la collectivité. Ce plan est de l'ordre
de 200 millions d'euros par an d'investissements jusqu'en 2017.
Suite à la canicule de 2003, il y a eu un autre retour d'expériences sur les ouvrages. Nous avons
alors mis en place un Plan Canicule, avec lequel nous avons entrepris de réviser des
températures de référence et de créer des cellules de crise.
Maîtriser la vulnérabilité du réseau
Ces actions montrent que le processus d'adaptation au changement climatique est progressif.
C'est à travers des événements extrêmes que l'on se rend compte des difficultés.
Pour faire face, il est nécessaire de développer les connaissances et l'expertise en soutenant la
R&D et de partager les connaissances pour faire émerger des scénarios de référence communs,
en se référant également à l'expérience des réseaux sous d'autres climats. Cela implique un
benchmark auprès des opérateurs étrangers.
Il est impératif de maîtriser la vulnérabilité du réseau face aux canicules en surveillant le
vieillissement du matériel et des liaisons souterraines.
Face aux inondations, les risques sont surveillés régionalement. En lien avec les Plans de
prévention du risque inondation (PPRI), les dispositions de prévention des risques en régions
sont consolidées au niveau national.
Il faut aussi adapter l'exploitation du système électrique en développant des études de
développement du réseau en adaptant les règles d'exploitation, en développant de nouveaux
leviers pour gérer les pointes d’été. Il faut aussi renforcer les capacités à gérer les situations de
crise en insistant sur la formation, la sensibilisation, le développement des compétences et le
traitement des enjeux financiers, contractuels, juridiques.
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Quatre actions prioritaires en 2012
En 2012, nos priorités sont les suivantes :
- La réalisation d'un benchmark avec les opérateurs de réseau exposé à un climat plus froid et plus sec.
- La réalisation d’une étude de vulnérabilité des liaisons souterraines aux sécheresses et fortes chaleurs.
- L'intégration des évolutions de localisation de la production et de la consommation dans
les études prospectives sur la structure du réseau à long terme.
- La consolidation au niveau national des dispositions de prévention des risques d'inondation.
Aujourd'hui, les déterminants du système électrique face à l'adaptation aux changements
climatiques sont pluriels : les usages et la maîtrise de la demande ont évolué, la crise
économique a un impact sur la consommation, etc. Du côté de la production, plusieurs défis
sont posés : l’arrêt des centrales nucléaires, le développement de l’éolien et du photovoltaïque,
le développement des smartgrids, l’acceptabilité des ouvrages.
Le changement climatique est donc un facteur d'incertitude important qui s’ajoute à d’autres
concernant l’évolution du système électrique.
ÉCHANGES AVEC LA SALLE
Martine BENHAIM, FONDATION EPF : Êtes-vous doté d'outils de simulation ou de
modélisation d'aide à la décision pour développer des scénarios prospectifs ? Est-ce
que vous avez mis en place des collaborations, des réflexions en commun avec les
collectivités territoriales et les villes ?
Alexandre KADDOURI : Il existe des outils plus orientés sur la prédiction météorologique. Ce
n'est pas suffisant. La SNCF réfléchit à un nouvel outil plus performant intégrant le changement
climatique. L'échange d'outils entre RTE et RFF n'a pas vraiment eu lieu pour l'instant. Nous
sommes plus dans la gouvernance stratégique, c'est ce que nous regardons en premier.
Erik PHARABOD : Nous avons un service R&D qui travaille avec les universitaires et les cabinets
d'étude pour aller de l'avant.
Jérôme RATHLE, ERM : À ce stade, compte tenu du champ des actions très larges et très
vastes et de la différence de durée de vie des investissements, y a-t-il un critère
discriminant qui a été mis en place ?
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Alexandre KADDOURI : Aujourd'hui, le critère qui a été retenu est d'abord un critère financier.
Pour les projets de plus de 3 millions d'euros, nous étudions particulièrement les dossiers liés
aux changements climatiques quelle que soit la demande. Mais comme nous sommes aussi dans
une approche d'apprentissage, nous essayons d'avoir le réflexe « changement climatique »?
Philippe DECQ, DNV : Est-que la combinaison des risques dus au changement
climatique et de l'évolution des techniques disparates dans le schéma français aide ou
complique la conduite à adopter face au changement climatique ?
Erik PHARABOD, RTE : Les évolutions techniques aident à apporter des solutions dans
l'adaptation au changement climatique et la diversification des moyens de production facilite le
travail. Plus il y a de moyens de production et de filières complémentaires qui coexistent, moins
nous sommes exposés à un mode commun qui rend indisponible une grande partie de la
production d'électricité. Dans tous les cas, ce qui compte, c'est que le réseau électrique de
transport permette toutes ces productions différentes et de faire appel à l'une quand l'autre est
indisponible. C'est l'enjeu d'aujourd'hui. Le réseau de transport continue donc d'être utile et
nécessaire dans la transition énergétique.
INTERVENTION D’HÉLÈNE CONNOR - VULNERABILITY–ADAPTATION–RESILIENCE (VAR)
INDICATORS OF ENERGY SYSTEMS
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Présentation d’HELIO INTERNATIONAL
HELIO INTERNATIONAL est un think tank associatif présent à l’international grâce à un réseau de
correspondants locaux sollicités sur les projets. Notre mandat est d'aider les acteurs de la scène
énergétique à avoir les outils pour développer les systèmes énergétiques et les politiques
énergétiques nécessaires aux pays désireux d'arriver à l'éco-développement. HELIO
INTERNATIONAL est accrédité par différentes agences internationales comme les Nations-Unies
pour le climat, l'environnement et les Sommets de la terre. Nous participons aux rencontres sur
l'énergie et aux accords multilatéraux sur l'environnement. Nous travaillons avec de nombreux
groupes dont le Global Reporting Initiative, nous les avons par exemple aidés à développer les
critères de reporting pour les utilités électriques en particulier.
Pour le moment, nos outils sont testés dans plusieurs pays africains mais ont vocation à être
développés en France. Nous développons des méthodes de diagnostic sur la vulnérabilité des
systèmes énergétiques existants et pour l'avenir. Ces méthodes servent à guider les
investissements dans les systèmes énergétiques.
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Le développement d’indicateurs
Les critères qui définissent notre démarche sont étroitement liés à l'éco-développement dans
ses cinq dimensions : l'environnement, la société, l'économie, les choix technologiques et la
gouvernance.
Le choix des indicateurs doit coller au plus près de la réalité du terrain, refléter la nécessité de
climatiser le pays, contribuer à réduire la pauvreté et améliorer le bien-être économique des
populations. Tous ces critères doivent être envisagés de paire et intégrés à des politiques qui se
tiennent. Le choix des politiques énergétiques est très important, il faut y prendre un soin
particulier et le faire en concertation avec les populations locales.
Les producteurs de l'énergie ont pris du temps pour comprendre vraiment les implications du
climat pour leur propre profession. Par exemple, en 2007, nous avions voulu faire des travaux
avec l'Agence Internationale de l’Énergie, mais elle n'était pas prête.
Les indicateurs qui favorisent la mise en place d'une meilleure politique énergétique
Trois éléments sont déterminants :
- Le capital monétaire : un pays est mieux doté pour mettre en place une bonne politique énergétique s'il a déjà de fortes ressources financières, s'il a une capacité domestique importante pour investir et si des investissements dans les énergies renouvelables sont déjà mise en place et s'il a des entreprises privées et des compagnies d'assurance.
- La capacité technologique : la mise en place d'une politique énergétique durable passe par la diversification des industries, la présence de bonnes écoles d'ingénieur qui forment les ingénieurs de demain, l'existence de compagnies domestiques et par des plans pour prévoir la localisation des centrales.
- La capacité humaine et administrative est bien sûr essentielle.
Les indicateurs de l’amélioration de la résilience
Pour que l'adaptation soit résiliente, différents indicateurs doivent être pris en compte : une très
bonne localisation des sites et des équipements, la diversification technologique, l'amélioration
de la fabrication et la proximité du lieu de consommation, une stratégie d'éco-développement
définie en collaboration avec les citoyens (engagement des citoyens intégrés dans la politique
nationale) et faire preuve de précaution afin d'encadrer au mieux les politiques énergétiques.
Les résultats et travaux en cours
Les indicateurs de Vulnérabilité Adaptation Résilience (VAR) pour mesurer la vulnérabilité et la
résilience des systèmes énergétiques nationaux face aux impacts du changement climatique ont
été testés dans 10 pays d'Afrique subsaharienne : au Bénin, au Burkina Faso, Au Cameroun, En
République démocratique du Congo, au Kenya, au Mali, au Nigeria, au Sénégal, en Tanzanie et
en Ouganda. Les résultats de ces projets sont accessibles sur le site d'HELIO International.
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INTERVENTION DE JEAN-YVES CANEILL - EXPÉRIENCE D’EDF SUR L’ADAPTATION AU
CHANGEMENT CLIMATIQUE
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Présentation d’EDF et de la production électrique en France
La stratégie d'adaptation au changement climatique concerne l'ensemble du groupe EDF et pas
seulement EDF France. Nous avons des chiffres concernant les politiques d'atténuation. En 2011,
l'exposition carbone d'EDF représentait 50 millions de tonnes de Co2. Nous sommes un
opérateur d'électricité qui a une exposition carbone relativement faible par rapport à la
moyenne des producteurs d'électricité même si nous sommes présents dans plusieurs pays
d'Europe. Aujourd'hui, c'est surtout l'adaptation qui nous intéresse.
La France dispose d'un parc de production très peu carboné, qui contient de nombreuses
centrales thermiques nucléaires et non-nucléaires : 58 réacteurs nucléaires, 30 unités
thermiques, 450 unités hydrauliques, des fermes éoliennes et des centrales solaires. RTE gère le
réseau à très haut voltage et ERDF gère le réseau de distribution ainsi que 28 millions de clients.
Le secteur électrique est concerné par le changement climatique car l'offre et la demande sont
sensibles aux aléas climatiques. Tous les cycles de décision sont concernés. Les impacts des
crises sont visibles et sensibles.
Dans les années 1990, une réflexion sur l'impact du changement climatique est amorcée. EDF a
une sensibilité naturelle au climat et à la météorologie. À ce moment-là, nous n'étions pas
autant écoutés que maintenant. Nous avons toutefois lancé un programme de recherches qui
grandit année après année. Nous avons acquis de l'expérience en dix ans. Aujourd’hui, cette
expérience nous permet de réagir.
Résistance et Résilience : deux concepts importants dans l'adaptation au changement
climatique
La résistance est la capacité des installations à résister à un aléa climatique (approches
statistiques, connaissance historique et capacité à prévoir).
La résilience est la capacité de nos équipes opérationnelles à faire face en temps réel à des
événements extraordinaires. Cette capacité doit permettre de garantir la sûreté des installations
et des équipements, garantir les services vitaux à nos clients et s'organiser pour revenir à une
situation normale le plus vite possible. C'est une question d'organisation dans l'entreprise mais
également de co-organisation avec les autorités administratives de manière à pouvoir résister
face à une crise anormale grâce à l'anticipation.
Le facteur « temps » dans une stratégie d’adaptation
Pour mettre sur pieds une stratégie d’adaptation efficace, il faut prendre en compte trois
échelles de temps différentes. À chacune de ces échelles correspond des enjeux spécifiques.
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Aujourd'hui
Nous nous organisons pour anticiper au mieux les crises à venir. Dans cette perspective,
l'entraînement, l'information et le dialogue sont des données incontournables. Nous
développons également de nouveaux outils nécessaires à la prévision.
À moyen terme
Notre parc de production va exister encore plusieurs années, il faut donc adapter nos
installations (construction de l'EPR, évolution des installations existantes) en regardant poste de
production après poste de production. Nous avons prévu 400 à 500 millions d’investissements
pour faire face à cela. Aujourd’hui, il nous est encore impossible de prévoir les scénarios du
futur. Néanmoins, il est possible de faire des « portraits d'incertitude » à partir desquels nous
faisons des calculs d'investissements pour apporter des éléments à donner aux décideurs.
À long terme
Il s'agit de développer les connaissances dans le domaine et de penser l’évolution des
infrastructures.
Retours d'expériences et d'actions
Pour une meilleure résistance face au changement climatique, nous avons décidé de
transformer certaines lignes aériennes en lignes souterraines et d'investir pour certaines
centrales.
Afin de rendre notre politique d'adaptation climatique plus résiliente, nous avons décidé de
créer la FIRE (Force d'Intervention sur les Réseaux Electriques), de construire dans les îles, de
créer la FIRN (Force d'Intervention pour les Réacteurs Nucléaires) pour faire face à des
événements anormaux. Nous avons surtout décidé de nous préparer au futur en préparant
chaque année l'été prochain (notamment concernant la gestion de l'eau), en contribuant à la
stratégie nationale d’adaptation au changement climatique et en ne cessant de développer nos
connaissances.
Les piliers de la stratégie d'adaptation du groupe EDF en matière d'adaptation au changement
climatique se résume en trois points :
- le maintien des capacités de résilience à des phénomènes climatiques extrêmes et la préparation à une crise éventuelle,
- la conception de nouveaux moyens de production, - le maintien de la R&D. Les facteurs clés de succès sont donc l'anticipation et
l'organisation.
Pour tout cela, une collaboration entre la sphère publique et la sphère privée est essentielle.
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ÉCHANGES AVEC LA SALLE
Isabelle PAMART : Dans l'entreprise, qui est mobilisé pour la stratégie d’adaptation ?
Jean-Yves CANEILL : Dans l'entreprise il y a un comité développement durable qui gère
l'ensemble de ces questions, la stratégie d’adaptation en fait partie. Le comité décide mais les
actions sont décentralisées. Nous essayons de responsabiliser l'ensemble des entités et sous-
entités du groupe à partir d'un cadre général établi et accepté par tout le monde. Ensuite, nous
demandons à chaque entité de définir un plan adapté à sa situation.
Jérôme Rathle , ERM : Y a-t-il aujourd’hui, dans les plans d'adaptation, des objectifs de
résilience qui ont été définis et qui vont décliner les investissements nécessaires ?
Jean-Yves CANEILL : Nous l'avons fait pour la France, nous avons fixé des objectifs et avons tout
mis en œuvre pour pouvoir les atteindre. Nous en avons atteint quelques-uns dans les délais
impartis. Là, il ne s'agit pas seulement d'investissements mais aussi d'organisation.
Et pour les autres pays, allez-vous procéder de la même façon ?
Les objectifs doivent être adaptés à la situation que vit l'opérateur dans le pays et ce ne sont pas
forcément les mêmes situations. C'est à chaque entité de s'approprier l'adaptation, mais il nous
revient de leur donner les éléments, le savoir-faire scientifique à notre connaissance car, en
général, les entités ne connaissent pas aussi bien que nous la problématique. Les « services
climatiques » sont l'un des enjeux de mettre à dispositions à des opérateurs industriels des
informations nécessaires à une bonne gestion de l'adaptation.
Hélène CONNOR : Les coûts de la prévention climatique extrême sont-ils évalués ?
Jean-Yves CANEILL, EDF : Aujourd’hui, les coûts d'adaptation du parc sont intégrés dans les coûts
opérationnels. Sur la durée, ils seront intégrés dans les coûts d’électricité, mais ça ne se voit pas
d'une année sur l'autre.
Etes-vous capable d'attribuer ces coûts aux différentes filières ?
Je n'ai pas fait le calcul. Il s'agit d'un travail difficile à effectuer car une partie est commune à
tous : la connaissance du climat futur.
Manon DELACHENAL : Dans quelle mesure les indicateurs pourraient être
transposables, utilisables en France ou en Europe ?
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ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE : QUELLES STRATÉGIES POUR LES ENTREPRISES ? - MARDI 27
NOVEMBRE 2012
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Hélène CONNOR : Ce sont des indicateurs techniques donc ils sont applicables partout. Le
développement est plus complexe quand il touche aux politiques.
CONCLUSION PAR ISABELLE PAMART
Nous avons donc vu qu'il y avait plusieurs niveaux d'intervention dans les stratégies. Rappelons
les points essentiels. La dimension de gestion de crise et la dimension d'adaptation des actifs
existants restent très importantes. L'anticipation du futur, notamment l'intégration de
l'adaptation dans les investissements futurs est une autre donnée fondamentale. Enfin, la
flexibilité est incontournable dans la gestion de crise.
FIN DE LA CONFÉRENCE