Le N°10 d A S v \ l I était consacré au 2" Régiment de Hussard, une unité très particulière destinée à la reconnaissance et à l'acquisition du renseignement sur les arrières immédiats de l'ennemi. La fin de la guerre froide a orienté le régiment vers de nouvelles missions et bien sûr de nouvelles techniques basées sur l'exploitation des intervalles dans le dispositif ennemi. Depuis le monde a encore beaucoup change et nne fois de plus, le régiment s'est adapté et a considérablement endurci ses capacité. Cette nouvelle montée en puissance et en connaissance correspond également à un changement de garnison : Adieu Sourdan et bonjour Hagenau ! Jean Jacques CÉCILE vous présente quelques un des savoir-faire de ce prestigieux régiment qui a toujours su évoluer dans un monde de plus en plus dangereux.
La bête est là, tapie dans Vombre, encore au repos. Museau effilé, pneus imposants, impression de force tranquille. Nous sommes en zone d'agencement avancée (ZAA), c'est le calme avant la tempête.
Derniers détails à régler avant que Faction ne se déclenche,
après ce sera trop tard. L'itinéraire que j'ai choisi est-il le meilleur ? Ai-je vraiment ciblé tous les points de passage obligés (PPO) où des précautions supplémentaires devront être prises pour éviter que l'ennemi
Les Hussards de la furtivité
ne nous repère ? Puis, un à un, les moteurs s'ébrouent, leur ronflement puissant sature l'ouïe. I l n'est plus temps maintenant d'avoir des doutes, i l faut y aller, Edgy Owl (mot-à-mot chouette énervée) débute. Cette manœuvre est d'une importance capitale : elle tient lieu de QT5 (ultime qualification tactique) au profit des apprentis chefs de patrouille et adjoints à chef de patrouille. Pour les candidats du 2e Régiment de hussards montés sur leurs VBL bourrés de capteurs et d'électronique, c'est un départ en exercice qui fera date.
Ci-contre : Le dernier briefing
avant le départ est donné sur une carte directement
projetée sur l'écran du VBL. (Photo Yves DEBAY)
Ci-dessous : Les VBL prêts au départ. Comme nous sommes en France et qu'au début de l'infiltration, les blindés légers emprunteront les routes départementales, les engins ne sont pas encore camouflés. (Photo
Yves DEBAY)
ASSAUT
Un système de renseignement complet et cohérent
L'infiltration débute, cap vers l'inconnu. La première partie,
relativement facile, s'effectue en zone permissive. Pour la patrouille (deux VBL, six hommes), i l s'agit d'aller vite, c'est ce que les hussards appellent une "ambiance rapidité". Les choses véritablement sérieuses ne commencent qu'ensuite lorsque les véhicules blindés se rapprochent de l'ennemi, i l faut prendre les mesures nécessaires à assurer cette discrétion qui est la marque de fabrique du régiment. Une halte, la zone de déploiement opérationnel (ZDO), les hussards s'affairent autour du blindé. C'est que vu d'Haguenau, la furtivité est tout sauf un vain mot, le souci du détail est poussé au paroxysme. Les plaques d'immatriculation sont masquées, les rétroviseurs sont démontés de manière à éviter qu'un reflet inopportun ne vienne trahir la présence de la patrouille. Plus tard, pas encore cependant,
la cellule transmissions vont se séparer. Quelques heures encore et le capteur humain, premier "pion" de la chaîne du renseignement que constitue le 2 e Régiment de hussards, sera en place, la surveillance de l'axe pourra commencer. Dès lors, rien de ce qui y passe n'échappera aux yeux acérés des
cavaliers confortablement installés dans une cache enterrée, comme au... Lorsque l'on hasarde la comparaison, le capitaine Alexandre V., officier responsable des ressources humaines, s'insurge ajuste titre : « vous venez de dire que le 2' Régiment de hussards est comparable à certaines unités de forces spéciales ou autres qui utilisent le même procédé, on peut tout aussi bien dire que les forces spéciales sont comparables au 2' Régiment de hussards ! ». Le ton est donné. Ici, on n'a pas besoin d'être mesuré à l'aune d'un étalon, on sait ce que l'on est, on sait ce que l'on vaut. En un mot comme en cent, on ne vient pas là par hasard, on n'y reste pas par habitude, i l y faut de la passion, de l'enthousiasme, de la fierté aussi.
Le 2e Régiment de hussards est avant tout un système de renseignement complet et cohérent ayant deux cordes à son arc : la recherche profonde au moyen de patrouilles
des coupe-circuits permettront de neutraliser phares et feux stop.
On est désormais dans le vif du sujet, les équrpiers ont chaussé les optiques de vision nocturne et progressent tous feux éteints. Périodiquement, des points de regroupement sont reconnus, au cas où les deux VBL de la patrouille viendraient à être séparés, enfin l'installation en base de mission, là où la cellule acquisition et
N° 72 - Avril 2012
Ci-dessus : Cette imagedonne une
idée de l'encombrement dans un
VBL prêt pour une semaine de terrain.
(Photo Yves DEBAY)
Au milieu : Une fois les grands axes quittés, le VBL est couvert d'un filet de camouflage. Feux, phares et plaque d'immatriculation sont masqués en moins de 30 secondes. Le blindé, déjà très "furtif", va alors poursuivre son infiltration par un itinéraire discret, utilisant les masques du terrain et en navigation de nuit. (Photo Yves DEBAY)
Ci-dessous: Une fois sur sa zone
d'opérations, le VBL, devenu "maison mère"
pour les équipes d'observation,
va littéralement disparaître dans
l'environnement. A un mètre, vous
ne le distinguerez pas car le camou
flage naturel va compléter le filet.
Vous pouvez imaginer sur cette photo qu'il y a un
VBL, maison vous a prévenus, alors
que nous sommes dans un bois en
hiver... en été le VBL est totale
ment invisible ! (Photo Yves DEBAY)
15
M.rwW< d'une part et le recueil de l'information (Reclnf) par traitement de sources humaines d'autre part. Intéressons-nous en premier lieu au volet recherche profonde.
En territoire contrôlé par l'ennemi
Mais où donc se cache-t-elle, cette cache ? L'officier accom
pagnant votre serviteur est resté en arrière, i l arbore un sourire en coin teinté d'un zeste d'ironie. Le saint Graal est là, à quelques mètres, je le sais, i l me l'a dit, mais où ? Finalement, je capitule, m'avoue impuissant à détecter ce trou à l'intérieur duquel les trois hommes de la cellule observation se relaient afin de monter une garde vigilante. Pas brillant pour un ancien du 13e RDP... Le capitaine, lui, éclate de rire : « vous êtes juste au-dessus ! ». Bingo. Eh oui, la fente de visée est là, à mes pieds, je ne l'avais pourtant pas détectée tellement elle est parfaitement intégrée au paysage. C'est finalement plus et mieux que du camouflage, c'est autre chose, du professionnalisme élevé au rang d'un art. Le temps de prendre quelques photos, de discuter avec les hussards et direction la base radio. Nous décidons de jouer au même jeu : à moi de débusquer le lièvre. Je m'attends à ce que cela soit plus facile car deux VBL côte-à-côte composent une masse pour le moins
^ - • « y -
Ci-contre: La vie dans une cache n'est
pas une sinécure. Promiscuité, trois hommes sont les uns sur les autres
pendant quelquefois une semaine.
Faim, froid, manque de sommeil sont
au rendez-vous. Le hussard doit être très fort morale
ment et physiquement pour suppor
ter ce traitement.
Au milieu : En arrière des caches ou des postes d'observation, on trouve la
cellule transmission qui, sous les VBL
totalement camouflés, va renvoyer
vers le haut les informations recueillies. La vie y est presque
aussi frugale que dans une cache.
Ci-dessous : La cache, ici bien ouverte pour la photo, est une des raisons d'être du 2 e RH. Le moyen d'observation est une jumelle télémètre JIM-LR de SAGEM. Les coordonnées GPS delà cible télémétrée s'affichent, ce qui est particulièrement intéressant si l'équipe planquée doit déclencher un tir d'artillerie ou une frappe aérienne. (Photos Yves DEBAY)
imposante que l'on ne fait pas disparaître aussi facilement que cela ! Eh bien cette masse, je la détecterai certes, mais pas avant d'avoir été amené à moins de vingt mètres et
• T * """" ' . v
après que l'on m'ait indiqué la direction générale dans laquelle chercher. Cela fait belle lurette que la sentinelle, elle, nous a à l'œil. Furtivité, quand tu nous tiens...
Un peu plus tard, nous sommes accueillis par le commandant (en fait un chef d'escadrons puisque nous sommes dans 1 arme-blindée-cavalerie-!) Hubert B., chef du BROI (bureau renseignement, opérations, instruction) qui va se charger d'éclairer notre lanterne. La recherche profonde au 2e Régiment de hussards, nous explique-t-il, c'est avant tout quatre missions et quatre procédés. Les missions, tout d'abord :
- Renseignement sur axe (identification et décompte des véhicules adverses passant sur un axe de manière à ce que les analystes, recevant les comptes-rendus de plusieurs patrouilles prenant en compte plusieurs axes, puissent reconstituer le dispositif ennemi'
- Renseignement sur objectif (infrastructure, activités observées"' :
- Renseignement sur un VIP (qui rencontre-t-il ? Quels sont ses schémas de vie ?) ;
- Renseignement sur un événement particulier (notamment une manifestation, cas fréquemment rencontré en Côte-d'Ivoire, au Kosovo aussi, où i l y en avait beaucoup, souvent suivies d'incidents très violents f o m e n t é s par des individus armés représentant une menace particulière. I l s'agit alors,
Ci-dessus: Les équipiers rentrent leur équipement dans la cache. Une fois cette opération terminée, ils rabattent le couvercle et peaufinent le camouflage. Ils sont désormais totalement invisibles et peuvent commencer leur mission d'observation.
Ci-contre : Pour nous montrer l'efficacité du camouflage d'une cache, les hussards ont légèrement dévoilé une des fentes d'observation. On peut imaginer que sans être prévenu, il est pratiquement impossible de détecter l'emplacement d'une cache. (Photos Yves DEBAY)
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entre autres, d'identifier les leaders). Ces quatre missions peuvent
donc être accomplies en ayant recours à quatre procédés :
- La reconnaissance spécialisée, « combinaison de déplacements qui sont plus ou moins discrets voire furtifs avec des phases d'observation qui sont elles-mêmes discrètes voire complètement furtives et puis également, ponctuellement, des phases d'entretien d'opportunité. C'est
le cas au Tchad où l'on •:f-:::\ dis missions longues que
: -/ .-<?•?ellent les tournées de mais nous le faisons sous
- :->:>::e renseignement», rrer.si \± :he: du BROI ;
- La surveillance spécialisée, un s fix ; i l s'agit de ren-un axe, un objectif,
un VIP. Dans le le pins courant, l'accomplis-
La mission comprend : d'infiltration, une
: en place en zone de se d'observation
et enfin une phase dexfiltration. Au 2* Régiment de hussards, on cultive tout particulièrement les savoir-faire indispensables à un
Ci-dessus : Une patrouille légère d'intervention s'apprête à partir dépanner un VBL qui s'est retourné lors d'une infiltration. Ces mécanos de l'impossible, eux mêmes très souvent "anciens" des Patrouilles de Reconnaissance Profonde, savent s'infiltrer et réparer ou récupérer des VBL dans les conditions les plus difficiles. Bien sûr, et contrairement à notre photo ici, tout se fait de nuit et dans une discrétion absolue. (Photo
Yves DEBAY)
redéploiement en cours de mission (par exemple, transition d'une mission de renseignement sur axe à une mission de renseignement sur objectif). C'est avant tout l'emploi du VBL qui autorise cela. Souvent, cette transition impose de relever une boîte aux lettres morte (BLM) dans laquelle la patrouille trouve en particulier le carburant, le ravitaillement ainsi que les munitions indispensables à la suite des événements ;
- Le recueil de l'information par traitement de sources humaines. I l s'agit là d'une spécialité que ne délaissent nullement les patrouilles profondes à titre de savoir-faire complémentaire utilisable lorsqu'il s'agit de profiter d'une opportunité qui se présenterait. C'est tout particulièrement le cas lors de ces "tournées de province" tchadiennes évoquées ci-dessus ;
- La désignation, le guidage au profit d'une unité d'infanterie, de l'armée de l'Air ou de l'Aviation légère de l'armée de Terre (ALAT).
Tout cela avec, bien entendu, de nombreuses spécificités. Voyons de quoi i l retourne.
Des hussards égaux entre eux mais différents les uns des autres
Cela fait quelques jours déjà que les hommes sont sur le terrain,
la fatigue commence à se faire sentir. Qui plus est en ce début du mois de décembre dans le département de la Haute-Saône, un vent glacial souffle en rafales, i l fait un froid de canard. Qu'importe ! Les ordres sont les ordres, la patrouille doit réarticuler son dispositif pour passer d'une mission d'observation sur axe à une mission de surveillance d'un objectif. Un à un, les trois hussards s'extraient du confort douillet de la cache. Les doigts sont gourds mais les gestes cent fois répétés à l'entraînement s'enchaînent en silence et dans l'obscurité la plus totale. Les hommes ont chaussé les optiques de vision nocturne, ils s'affairent à effacer toute trace de leur passage. Puis c'est le départ vers le point de rendez-vous avec les VBL. Mais avant de s'en aller cap sur de nouvelles aventures furtivement nocturnes, i l faut relever une boîte aux lettres morte car les
18 ASSAUT
hommes ont faim et les montures ont soif. Le contenu de cette BLM a été déposé là par des hussards aux-aussi très spéciaux dont i l est maintenant temps de faire connaissance.
Le détachement d'appui et de soutien (DETAS) mis sur pied dans le cadre de l'exercice comprend un groupe de commandement, un peloton de sûreté (protection rapprochée du poste de commandement) ainsi que trois composantes de soutien : ravitaillement, mécanique et santé. Immédiatement sautent à l'esprit des images d'Epi-nal représentant des bons gars que guette l'embonpoint ou des militaires fonctionnarisés vêtus de bleus de chauffe graisseux à souhait. Point de cela au 2 e Régiment de hussards ! Car chargées de ravitailler les patrouilles en zone déniée, les équipes logistiques sont composées de guerriers dans l'âme sachant passer entre les mailles du filet tendu par l'ennemi. Ces équipes préparent les plots de ravitaillement dissimulés, elles appliquent pour cela « des procédures et emploient des procédés qui sontfurtifs et très discrets. Si le travail est bienfait, c'est invisible et indécelable », précise le capitaine
Jérôme C, chef du DETAS et par ailleurs officier adjoint au commandant l'escadron de commandement et de logistique (ECL).
Se mettre les mains dans le cambouis, c'est l'affaire des patrouilles légères d'intervention (PLI). Même chose : ces équipes savent s'infiltrer discrètement et agir là où l'adversaire contrôle le terrain. Ce sont des magiciens de la clé à molette, ils sont entraînés à intervenir sur la mécanique en ayant seulement recours aux optiques de vision nocturne à intensification de lumière perchées sur leurs casques. En fonction du diagnostic, la panne peut être réparée, la pièce défaillante changée ou, si nécessaire, le VBL immobilisé est détruit afin qu'il ne tombe pas aux mains de l'ennemi.
L'ennemi, justement : puisque ces patrouilles légères d'intervention sont accoutumées à grenouiller sur ses arrières, pourquoi ne pas leur demander d'apporter leur pierre à l'édifice du renseignement ? Aussitôt dit, aussitôt fait. Certes, les PLI ne possèdent pas de l'ensemble de la panoplie mise à disposition des patrouilles profondes mais « emportent néanmoins suffisamment de moyens
Ci-dessous: Les Hussards de l'ECL sont bien sûr partie intégrante du système 2 e RH. Les procédures sont tenues secrètes mais nos logisti-ciensdechoc sont capables d'aller créer des "boîtes aux lettres" où les équipiers des Patrouilles de Reconnaissance Profonde iront récupérer carburant, nourriture et batteries afin de poursuivre leur mission. 'Photo Yves
tenu)
d'observation pour être en mesure, soit suite à une opportunité ou sur ordre, de recueillir du renseignement car ils connaissent les procédés et sont qualifiés au même titre que les patrouilles de recherche », ajoute le capitaine. Voilà bien la marque d'un régiment singulier : lorsque le mécanicien baille aux corneilles, on peut toujours lui demander d'aller traîner ses guêtres au plus près de l'adversaire afin d'épier ses moindres faits et gestes !
De leur côté, les quatre escadrons de recherche profonde, à savoir les 1 e r, 2e, 3e et 4e, ont également leurs spécificités. Pour autant, le tempo opérationnel imposé au régiment estompe cet aspect des choses ainsi que l'explique le chef du BROI : « le 1er escadron est équipé de motos, il est actuellement en retour de projection donc les motos n'ont pas tourné depuis un certain temps. Le 2e escadron est spécialisé dans la désignation, c'est-à-dire qu'à une époque, on y a concentré les spécialistes du guidage aérien, etc. Au 3e escadron, c'est toujours très spécialisé car il s'agit de formations spécifiques, ce sont les plongeurs, il n'y a aucun changement à ce sujet. Le 4' escadron avait un mandat d'expérimentation concer-
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nant les opérations en zone urbaine, cela n'a pas changé. Maintenant, très concrètement, avec des projections d'une durée de 6 mois précédées par des mises en condition opérationnelle (MCP) également d'une durée de 6 mois, on a pratiquement en permanence une spécialité qui est peu ou prou mise en sommeil pour un an ». Dernier en date à s'y coller, le 1 e r escadron : « entre la phase de MCP, les six mois de projection, ensuite le retour avec les permissions et autres, cela fait un total de 13 à 14 mois. Pendant ce laps de temps, les motos ont été très peu employées. Ceci dit, la spécialisation va être relancée maintenant que les gens vont rentrer ».
Spécificité de la logistique, spécificités pour chaque escadron de recherche profonde, spécificité aussi concernant le 5e escadron. Ainsi que le confie le colonel D A N E S , chef de corps, celui-ci a en effet la particularité « d'être un escadron spécialisé renseignement de réserve. Il n'en existe que deux dans l'ensemble de l'armée de Terre en ce qui concerne la spécialité renseignement, à savoir un au 13' RDP et le second au 2e Régiment de hussards ». Mais de quoi parle-t-on là ? D'un type de renseignement intéressant le territoire national sur réquisition de la force publique. « Ces spécialistes peuvent être des anciens du régiment mais
également des civils recrutés dans la région, en Alsace voire même dans le grand Est. Ils sont censés accomplir des missions de recherche humaine dites élémentaires. Ce sont des missions de surveillance, d'observation sans qu'il n'y ait besoin d'une discrétion ou d'une furtivité très élevée et des missions d'entretien d'opportunité aussi pour recueillir le renseignement par la conversation ». Cela a-t-il déjà été le cas ? Non. Début décembre 2011, la force publique n'avait pas encore éprouvé le besoin d'avoir recours aux services du 5e escadron. L'ensemble du régiment a en revanche d'ores et déjà été employé à ces missions-là dans le cadre des fes-
N VBL POUR LES HUSSARDS
La société Panhard a construit spécialement pour le 2 e Régiment de Hussards, une version spéciale de son désormais célèbre VBL. I l s'agit en fait d'un VBL dans la version VB2L long optimisé pour la patrouille profonde. Extérieurement le véhicule se reconnaît immédiatement par le treuil placé à l'avant du blindé. A l'intérieur le VBL "2e Hussards" l'ergonomie a été modifié pour accueillir tout le matériel destiné aux équipes de recherche.
Poids : 3,5 à 4 tonnes Longueur : 3,80 m (4,00 m version longue) Largeur : 2,02 m - Hauteur : 1,70 m Equipage : 2-3 Blindage : STANAG niveau 1
(protection contre le 7,62 x 51 mm OTAN et les éclats.
Armement : une mitrailleuse
Motorisation : Peugeot XD3T turbo-diesel 95 hp (70 kW)
Ratio poids/puissance : 27-23,75 ' Suspension : 0,35 m garde au sol Rayon d'action : 600 km Vitesse : 95 km/h
turDo-
5 CV
(Photos Yves DEBAY)
20 ASSAUT
UN CENTRE DE FORMATION DÉLÉGUÉ, KESAKO ?
C'est tout simplement un groupement d'instruction appartenant à une unité spécifique ayant reçu de la part des hautes autorités militaires une délégation de pouvoir lui permettant d'organiser des stages de cursus ainsi que des stages complémentaires. Pour ce faire, le CFD du 2e Régiment de hussards est en l'occurrence subdivisé en deux sections, à savoir la section d'instruction spécialisée recherche (SISR) et la section recueil de l'information (Reclnf) qui rassemblent soit des instructeurs tactiques (procédures, déplacement, actes élémentaires de la patrouille, etc.), soit des instructeurs spécialisés (identification, transmissions et photographie).
Lawrence d'Arabie avait ses sept piliers de la sagesse, l'instruction au 2 e Régiment de hussards n'en a plus modestement que trois : « la tactique qui nous permet de survivre, la technique qui nous permet de renseigner et le savoir-être qui permet de s'insérer dans une unité », martèle le commandant (en fait chef d'escadrons, j'en entends qui crient déjà au sacrilège !) Stephan V., chef du CFD.
En ce qui concerne le stage de patrouille type organisé par la section d'instruction spécialisée recherche, le principe est d'alterner une semaine d'instruction théorique avec une
semaine de qualification tactique (QT) sur le terrain. S'il s'agit par exemple d'apprendre à construire une cache enterrée, la première semaine sera consacrée à l'apprentissage théorique sans le moindre environnement tactique, exercice que l'on renouvellera la semaine d'après mais cette fois-ci en environnement tactique avec infiltration préalable dans une zone dite d'insécurité. I l existe cinq QT sur l'ensemble du stage, la QT3, située à mi-chemin, revêtant un aspect particulier : « on leur fait effectuer du renseignement banalisé, c'est-à-dire que l'on ne cache pas la présence des militaires mais on cache ce qu'ils font. On fait également effort sur le traitement des sources humaines ; vous voyez que même les patrouilles connaissent les fondamentaux de cette spécialité », précise le chef du CFD. La QT5 constitue l'exercice de restitution final, c'est l'objet de la manœuvre Edgy Owl à laquelle ASSAUT a été admis à assister.
Ci-dessous : Dans une des salles de l'escadron d'instruction, les jeunes préparant le stage de chef de patrouille effectuent la restitution d'une mission. Comme pour les pilotes de chasse, chaque
i est méticuleusement "débrifée". (Photo Yves DEBAY)
tivités relatives au 60s anniversaire du débarquement de Normandie. « Le régiment a apporté une bonne plus-value grâce à la permanence de l'observation, à la permanence de la présence sur le terrain et le fait qu'assez naturellement puisque l'on s'y entraîne et qu'on le pratique en
opérations, on arrive à recueillir des informations par des entretiens qu'on peut mener en traversant les villages, les fermes isolées, etc. Il y a eu aussi des observations discrètes », ajoute le colonel D A N E S . A la grande satisfaction de l'état-major de la Région terre nord-ouest pour qui les infor
mations acquises se sont révélées très complémentaires de celles obtenues par la Gendarmerie.
Mais nous l'avons vu, le régiment possède une deuxième corde à son arc : le recueil de l'information par traitement de source humaine, c'est le cœur de métier des T et 8e escadrons.
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ECUEIL DE LTNFORMATION : ANATOMIE D'UNE ÉQUIPE
Une équipe de recueil de l'information par traitement de sources humaines comprend quatre hommes, elle est subdivisée en deux cellules. La première, en l'occurrence composée du capitaine Paul-Antoine C. ainsi que du sergent-chef Eric A., prend en compte les entretiens. La seconde cellule rassemble deux hommes du rang, ici le caporal-chef Jean-Alexandre P. ainsi que le brigadier-chef A. ; elle est de son côté responsable la partie "environnement" (sûreté, déplacements, etc.). Avant toute chose, faisons plus ample connaissance avec ces quatre hommes.
Le capitaine Paul-Antoine C. est saint-cyrien ; i l rejoint le 53e Régiment de transmissions pour une première affectation en qualité de lieutenant chef de section. I l passe ensuite les tests d'agrément technique "recueil
Ci-dessous : Vue d'une équipe de recueil de l'information. Pour d'évidentes raisons de sécurité les visages sont floutés. (Photo Yves
DEBAY}
Page suivante en bas à droite :
Un équipier assure la sécurité rapprochée d'un
interview. (Photo
de l'information" et fait l'objet d'une mutation au 2e Régiment de hussards. En quoi ces tests consistent-ils ? « Pour des raisons que vous comprendrez bien, je ne peux en dévoiler le contenu. Je dirai simplement qu'il s'agit de tests psychotechniques, psychologiques et dynamiques dont le but est, entre autres, de mettre à l'épreuve les capacités de réaction des candidats ; ils incluent des mises en situation ». L'officier commande actuellement un peloton de recueil de l'information rattaché au 7 escadron.
Le sergent-chef Eric A. est issu du contingent 97/10 au 1 e r Régiment de hussards parachutistes. I l rejoint bientôt l'Ecole nationale des sous-officiers d'activé (ENSOA) où i l est tout naturellement pressenti pour effectuer une carrière de linguiste d'écoutes arabisant. Mais ce qui l'intéresse vrai
ment, c'est d'être sur le terrain pour y effectuer du renseignement d'origine humaine. Il opte finalement pour l'infanterie et effectue un séjour de cinq années dans les rangs du 1 e r Régiment de tirailleurs. Après un intermède qui le voit fréquenter à nouveau l'ENSOA cette fois-ci en tant que formateur, i l postule pour différentes unités spécialisées en matière de renseignement. I l choisit finalement le 2e Régiment de hussards où i l exerce désormais les fonctions d'équipier de recueil de l'information et supplée à son chef d'équipe en cas d'absence.
Le caporal-chef Jean-Alexandre P., "Jeannot" pour les intimes, a contracté en 1998 un engagement au sein du 1 e r Régiment de chasseurs parachutistes où i l reste pendant onze années. I l rejoint ensuite le 16e Bataillon de chasseurs encaserné outre-Rhin, à
<
22 ASSAUT
Ci-contre : Matériel emporté par une équipe de recueil de l'information.
En bas à droite, le récepteur GPS
de type OAGR (Défense Advanced
GPS Receiver) ; en bas au centre,
un téléphone satellitaire Iridium ;
au centre de la photo un système
de vision nocturne OB70/DIPT18
Lucie. L'ensemble est complété par
un ordinateur, un appareil photo ain
si qu'une caméra. (Photo Yves
DfBA-1 »
Saarburg, où i l est intégré à la
section de reconnaissance régimen-
taire. I l tient maintenant les fonctions d'équipier d'appui-recueil de l'information.
Enfin, le brigadier-chef A. s'est engagé en
1996 au 68e Régiment d'artillerie d'Afrique où i l
est affecté à la batterie sol-air. Il est muté en 2002, année au
cours de laquelle il intègre les rangs de l'escadron de reconnaissance et d'intervention antichar du 3e Régiment de hussards. Il en est là lorsqu'en 2007 le Groupement de recueil de l'information (GRI, ancêtre des escadrons de recueil de l'information actuels) est mis sur pied à Metz ; i l obtient sa mutation. Puis, le GRI étant dissous et les compétences transférées au 2e Régiment de hussards, le brigadier-chef A. persiste. I l tient également les fonctions d'équipier d'appui-recueil de l'information.
A lire ce qui précède, on réalise à quel point les quatre hommes ont, comme l'on dit, "de la bouteille". C'est que le recueil de l'information est une spécialité exigeante, i l y faut de la maturité, raison pour laquelle sous-officiers et hommes du rang qui s'y destinent sont recrutés en seconde partie de carrière : « pour aller au contact de la population, il est préférable d'avoir des équipiers qui ont un certain vécu, une certaine expérience
militaire, qui savent parler, qui savent se poser dans une conversation. Ils discutent souvent avec des personnalités qui ont un certain âge, un certain rang, une position sociale importante, il est préférable d'employer quelqu'un d'expérimenté qui sera à l'aise dans de multiples sujets de conversation. De tels soldats ont en outre une bonne expérience en opérations extérieures donc une connaissance plus fine des problématiques relatives aux gens qui vivent dans des zones de crise », assène le capitaine. Blanc-bec s'abstenir. Quid des exigences linguistiques ? L'anglais est un must. Pour le reste, l'équipe a recours à des interprètes.
Un véhicule Land Rover Defender est à la disposition des quatre hommes. En ce qui concerne l'armement, l'équipe est dotée de trois FAMAS. d'un pistolet-mitrailleur H&K UMP (calibre 9 mm), de quatre pistolets automatiques Glock 17
(calibre de 9 mm également, magasin de 17 coups) ainsi que de bâtons de défense télescopiques. Un récepteur GPS, en l'occurrence de type DAGR (Défense Advanced GPS Receiver), est intégré à la panoplie de l'équipe tandis que les communications sont assurées au moyen de téléphones satellitaires Iridium, Thuraya ou Inmarsat en fonction de la couverture localement disponible sur le théâtre des opérations. Une caméra ainsi qu'un appareil photo complètent l'ensemble. L'équipe emporte également un ordinateur permettant de saisir les données recueillies auprès des différentes sources. Les comptes-rendus sont envoyés via le système de transmissions MAESTRO (Module adapté aux échanges sécurisés, aux transmissions et aux raccordements des opérationnels) et ingéré par le système de traitement des données orienté renseignement GRANITE NG.
N° 72 - Avril 2012 23
Les analystes à l'œuvre
P arserr.ee ce petits villages, la plaine d'Alsace déroule sonpaf-
chwork de champs, tâches claires hachées par de sombres forêts. Nous abordons une route en lacets qui grimpe une colline boisée et nous débouchons dans un décor digne d'un thriller "post nucléaire" avec d'immense antennes radar rouillant au pied de bunker envahis de mousses et lichen. Bienvenue à Drachenbronn (la montagne du dragon), dans une dépendance désaffectée de la base aérienne 901 qui abrite les deux DLMO (détachements de liaison et de mise en œuvre) armés par le régiment pour la durée de l'exercice Edgy Owl.
Nous entrons dans un bâtiment tout en longueur. La première pièce bruisse, vibrionne, c'est la station de recueil, c'est là que sont reçus les
Ci-dessous : Un analyste du 6' escadron devant sa console GRANITE va fouiller dans sa base de données pour crédibiliser ou compléter des observations. Exemple, une équipe photographie une Peugeot 307 immatriculée JB007. L'analyste va consulter Granité et va immédiatement savoir que ce véhicule était dans la plaine delaBeka tel jour à telle heure et qu'ensuite, on l'a retrouvé à Pristina, au Kosovo. (Photo Yves
DEBAY)
et "guerre électronique" ne sont que simulées. Durant l'exercice la mission du BRM consiste à renseigner sur le retrait des forces Violet ainsi qu'à surveiller l'activité des milices Orange. Dans un tel contexte, les deux escadrons de patrouilles profondes barrent les axes afin de comptabiliser les véhicules ennemis, à savoir trois bataillons d'infanterie motorisée, un bataillon blindé, un bataillon d'artillerie, une compagnie de reconnaissance et enfin une compagnie de commandos-parachutistes. Le flux continu d'informations a permis, par synthèse, de confirmer le retrait des forces Violet ainsi que l'inactivité des miliciens.
Les détachements de liaison et de mise en œuvre sont armés par le 6e escadron qui dispose d'un peloton transmissions ainsi que d'un peloton de traitement de l'information
principalement composé de spécialistes du renseignement, majoritairement des sous-officiers. L'unité n'a que très récemment été mise sur pied suite à l'émergence d'un besoin ainsi résumé par le capitaine Marc P., commandant d'unité : « dans les premiers temps, on a surtout développé la composante "observation" des patrouilles mais on se rend bien compte depuis quelques années que ce qui est important, c'est d'être en mesure de présenter une production de qualité, de faire des recoupements et de disposer d'un historique des événements passés. C'est cela qui intéresse le commandement. On continue donc à développer la composante "observation" mais on développe maintenant en parallèle l'aspect "renseignement". C'est pour cette raison que le 6e escadron a été créé en 2010 ».
Ce qui fait la richesse du 6e escadron, c'est la diversité de ses hommes. Certains des spécialistes renseignement étaient auparavant en patrouille profonde, d'autres sont passés par le 1 e r RPIMa ou le 13e RDP Pour sa part, le capitaine P. et un ancien de l'EEIl et ce qui le motive, c'est avant tout la passion. Qu'est-ce qui à son avis fait un bon spécialiste du renseignement ? « C'esf avant tout la curiosité, il faut lire beaucoup, internet, blogs, tout ce qui est relatif aux théâtres sur lesquels nous sommes appelés à intervenir. »
Une unité quelle qu'elle soit, un système d'arme quel qu'il soit, ne vaut cependant que ce que valent les hommes et femmes qui y servent ou qui les servent.
comptes-rendus en provenance des équipes. Dans les deux pièces qui suivent règne au contraire un silence impressionnant. Les analystes ne
: . pas des yeux leur console OLAXITE NG (Gestion du ren-
. et d'analyse des infor-iransmises par les équipes
génération), un système permettant d'analyser
f J C —eu >er le renseignement. i- uurrence, le thème de
retient la formation de renseignement
(BRM) intégrant les : • errant du 2e Hussard
: r.r : mantes "drones"
Ci-contre : Le bataillon de ren
seignement multi capteurs (BRM)
recueille les informations envoyées
par les drones, les écoutes des
"grandes oreilles" et les rapports des
équipes du 2 e RH. Ici, cette cellule
reçoit les messages radio des
hussards planqués dans leur cache ou
en "chouff" avec leur VBL. (Photo Yves
DEBAY)
ASSAUT
Bavardez, bavardez, il en restera toujours quelque chose...
Notons que l'acronyme ROHUM-C (renseignement
d'origine humaine-conversationnel) a disparu, le mot "conversationnel" ayant au final été jugé péjoratif. Car i l ne s'agit nullement « de conversations dans un bar mais bel et bien d'entretiens préparés avec des personnes préalablement identifiées et qui sont susceptibles de satisfaire les besoins en renseignement exprimés par le commandant de la force ». Si l'on en croit le capitaine G., commandant le 8e escadron, qui prétend réussir dans cette discipline exigeante doit aimer les relations humaines, avoir une très bonne culture générale (indispensable pour être actif et proactif dans un échange verbal), être humble et savoir se remettre sans cesse en question. L'officier aime à dire qu'un « entretien est une improvisation calculée, c'est-à-dire que l'on prépare cet entretien mais que cela ne dispense en rien d'avoir du répondant afin de savoir réagir de manière appropriée aux propos tenus par celui qui vous fait face ». Pour autant, pas question de prêter le flanc aux amalgames hasardeux : les hussards travaillent en uniforme de l'armée de Terre française même si le mode banalisé leur permet parfois d'arborer les insignes d'une unité à laquelle ils n'appartiennent pas.
Les sous-officiers et militaires du rang admis à exercer la spécialité « recueil de l'information par traitement de sources humaines » sont recrutés en deuxième partie de carrière. S'il s'agit d'un sous-officier, le candidat devra au minimum détenir le grade de sergent-chef et être titulaire du BSTAT (brevet supérieur de technicien de l'armée de Terre). Accepté à l'issue de test, le « capteur humain » effectue tout d'abord un stage de 10 semaines au sein du CEERAT (Centre d'enseignement et d'études du renseignement de l'armée de Terre) qui lui inculque les fondamentaux de la communication. Puis c'est le retour au 2e Hussards pour le « stage complémentaire capteur » effectué au sein du Centre de formation délégué (CFD, voir encadré) propre au régiment. Là, le contenu de l'instruction est tout autre : environnement de l'entretien, sûreté et procédures spécifiques. Les instructeurs "maison" insistent par ailleurs sur les différents domaines qui ne sont pas étudiés au CEERAT, en particulier la communication non-verbale (signification des attitudes, des gestes) et les TIOR (techniques d'interventions opérationnelles rapprochées).
Les hommes du rang effectuent quant à eux le « stage d'équipier appui-recherche (EAR) » (quatre semaines) destiné non seulement aux personnels du 2e Hussards mais aussi à ceux des BRB (batteries de renseignement de brigade). La formation des seuls militaires
Ci-dessus : Le 2' RH n'est pas monolitiquement incrusté dans ces caches et peut selon les circonstances observer à partir d autres plate-forme et notamment en zone urbaine. Cette équipe du 4* escadron a trouvé refuge sur un toit d'où elle est capable de diriger des chasseurs-bombardiers sur une cible d'opportunité. (Photo Yves DEBAY)
d'Haguenau dans cette spécialité est ensuite complétée par un stage de quatre semaines dit « complémentaire EAR » : procédures propres au régiment, constitution de dossiers de sites (lieu où l'entretien se déroule) ou des fiches d'itinéraire. Cette période d'instruction concerne également l'apprentissage du déplacement (conduite tactique de la Land Rover Defender en ambiance de sûreté) ainsi que le contre-renseignement.
Finalement, tout ceci ne laisse qu'une seule question en suspens : quelles sont les "ficelles du métier" permettant de "tirer les vers du nez" des interlocuteurs faisant face aux équipiers de recueil de l'information ? Le capitaine Paul-Antoine C, chef de peloton au 7 escadron, botte en touche : « cela n'a rien à voir avec la coercition ». Quid par ailleurs de l'acronyme MICE (monnaie, idéologie, coercition, égo) listant les ressort psychologiques
sur lesquels un espion est susceptible de jouer
lorsqu'il s'agit de manipuler une source humaine ? Prudemment, du bout des lèvres, l'officier répond : « c'est quelque chose qui est connu ». Nous n'en saurons pas plus.
N° 72 - Avril 2012 25
A Haguenau, on n'aime pas trop l'expression «forces spéciales », je vais cependant me permettre d'oser. Le 2e Hussards partage avec ces élites militaires nombre de caractéristiques communes, en particulier celle d'avoir mis sur pied une cellule "expérimentation". Dans quel but ? Dénicher au profit du régiment les matériels nécessaires à accomplir les missions spécifiques qui sont les siennes dans les meilleures conditions et avec la plus grande efficacité possible. Nous y sommes reçus par l'adjudant Thierry B., un jeune et dynamique ancien du 1 e r Régiment de hussards parachutistes. Ainsi qu'il le précise lui-même, assumer ses fonctions nécessite « d'être un touche-à-tout, d'avoir le goût du contact humain lorsque l'on aborde les représentants des sociétés. J'ai un rôle d'intermédiaire mais nous ne réalisons nous-mêmes aucun développement. Il me revient en revanche d'établir un cahier des charges lorsque cela s'avère nécessaire ».
L'antre de l'adjudant regorge de gadgets (sans connotation péjorative) qui feraient le bonheur du plus exigeant des amateurs de militaria. I l y a là certes pêle-mêle des vêtements dont on devine qu'ils n'ont pas été achetés au supermarché du coin, des brêlages up-to-date, etc. mais
aussi d'autres systèmes sur lesquels i l convient de rester plus discret. En fait, quatre domaines intéressent le maître de céans : l'optique/vidéo/ photo, les transmissions, l'armement et enfin les équipements personnels. Pour trouver les nouvelles idées, les systèmes qui apporteront ce petit plus susceptible de faire la différence, i l faut en premier lieu ratisser les expositions d'armements. Justement, une édition du salon Milipol s'est tenue fin octobre, soit à peine plus d'un mois avant que ce reportage à Haguenau ne soit effectué. Qu'est-ce qui y a retenu l'attention de l'adjudant ? « Les matériels pour plongeurs, propulseurs, sacs étanches. L'armement, également, notamment H&K ainsi que FN SCAR. Un intérêt particulier pour la planche de navigation pour plongeurs Aqualung Tac-200. Actuellement, nous sommes également intéressés par les systèmes de camouflage réversibles ainsi que les équipements grand froid ». Rappelons que dans les rangs du 3e escadron barbotent 10 hommes qualifiés « plongeur de combat du génie » ainsi que 10 autres labellisés « spécialistes des techniques subaquatiques ». Mais pour qu'un système attire l'œil du hussard en maraude dans les allées d'un grand déballage couleur kaki, encore faut-il qu'il fasse
1 VAWk*
au moins aussi bien que ce qui existe voire mieux et que son poids ainsi que son encombrement soient réduits. Précisons enfin que la cellule "expérimentation" du 2e Régiment de hussards entretient d'excellents rapports avec ceux qui tiennent des fonctions équivalentes au sein des Groupement de commandos parachutistes (GCP) et Groupement de commandos montagne (GCM).
Ci-dessus : Un Hussard prépare son sac, ici un sac "trans", avant de partir en patrouille. Tout le matériel et petit équipement est bien surpassé plus tôt par la cellule expérimentation et à été déclaré "bon de guerre". (Photo Yves
DEBAY)
Ci-contre : Pour observer, les Hussards n'utilisent pas toujours des caches sophistiquées. Une "observation d'opportunité" est toujours possible et nécessite un camouflage léger et de puissants moyens d'observation, tous savamment testés par le cellule expérimentation. (Photo
Yves DEBAY)
26 ASSAUT
A gauche : Le quartier Estienne à Oberhoffen, près d'Hagenau, reçoit souvent la visite de spécialistes de l'armement et de l'équipement, souvent d'anciens militaires en charge de présenter leurs produits au régiment. Ici, le représentant d'une célèbre firme d'équipement initie un jeune Hussard au démontage du SCAR.
Ci-dessus : Tir FN SCAR en version courte. Le régiment teste et expérimente divers types d'armes.
En bas à gauche : Les optiques et les appareils photos sont également testés. Ici, une bague spécialement faite pour le régiment permet d'adapter un appareil photo commercial à une lunette d'observation. Ce montage a permis une PID (Positive Identification) en Afghanistan à 2 200 m. Les Hussards ayant identifié des individus armés ont demandé un tir d'artillerie sur les taliban.
Ci-dessous : Chiite, pistolet Gtoc* 9 mm en double dotation, F AMAS doté de différentes optiques et d'un suppresseur de son, optique de nuit faciale équipent ce guer
rier du 1" esc. Tous ces effets sont passés par la cellule expérimentation. (Photos Yves DCBAY)
-5
H ;
N° 72 - Avril 2012 27
LES ÉQUIPES MOTO DU i e r ESCADRO
Le 1 e r escadron aligne deux équipes moto montées sur des Cagiva 350 qui n'ont reçu aucune modification mais n'en subissent pas moins, avant action, le même traitement que les VBL (démontage des rétroviseurs, etc.) en zone de déploiement opérationnel aux fins de discrétion. Une telle équipe rassemble 4 motos orbitant autour d'un blindé léger emportant les sacs "confort" des motocyclistes qui ne se séparent pas, eux, de leurs sacs "mission". Ce type d'équipe est parfaitement adapté à la recherche, sur zone, d'un objectif dont on ne connaît pas exactement la position, par exemple un poste de commandement tactique dont les coordonnées n'auraient été déterminées qu'avec une grande marge d'erreur par les unités d'intercep-
Ci-contre : Enfourchant sa
moto Cagiva
350, cet équipier expérimentant
une nouvelle tenue multrispectrale
haute performance à "poids léger",
sensée diminuer la signature IR de notre
hussard, effectue un déplacement.
Bon, on va un petit pi ni éconnei mais
à ASSAUT on peut
se le permettre. Les Hussards sont du bon côté de la Force et les Elfes
leur ont prêté des tenues les rendant
invisibles afin de contrer les Orques
des armées du Mordor. A l'époque delà guerre froide,
cela aurait très bien passé. (Photo Yves DEBAY)
r.
tion des communications radio. L'objectif trouvé, l'équipe peut alors mettre en œuvre le procédé de surveillance spécialisée pour tenir l'objectif à l'œil. Dans ce cas,
les motos restent avec le VBL qui tient lieu de base radio, l'ensemble étant bien entendu soigneusement camouflé. Lors de la démonstration diurne (dans la réalité, les motos
multispectral haute performance à
poids léger » actuellement en cours
d'expérimentation.
auraient furtivement évolué de nuit
avec une discrétion de bon aloi...)
ayant été organisée début mars au
profit d'ASSAIJT, un équipier était
armé d'un Famas sur lequel avait
En bas à gauche: Deux membres d'une équipe du 1e r esc se préparent à partir en mission. Tout est soigneusement et méticu-leusement vérifia ;;v;;; -f y,>:, On note le sac mission su sa claie L'autre partie, le sac conf irt, res t< dan: le VBL. Nous nous répétons, mai î il est important de rappeler aux lecteurs que tout déplacement se fait de nuit et dans la plus grande discrétion et qu'ici, les hussards ont posé pour nous en piein jour.
gaucne Des
été ajouté non seulement un viseur
Aimpoint mais aussi un pointeur
laser infrarouge d'aide au tir EL-9A
Pirat. Un autre équipier portait par
ailleurs une tenue de « camouflage
(Pour plus de renseignement sur le 1er escadron qui utilise notamment la composante moto pour ses infiltrations, reportez vous au N°10 ^'ASSAUT ou le régiment vous est présenté dans son intégralité)
• çoceate pied boMadeenfaref àmoto.'»l
les à la réafité. Tout se fait de nuit et
par tous les temps, armes et équipe
ments accrochent dans la broussaille,
il faut progresser de façon tactique avec
la vue "fatiguée" par la lumière verte de la vision nocturne.
Sac et moto pèsent très lourd et quand
il y a de la boue c'est le cauchemar. Bref,
motocycliste au 1** esc est un métier
très physique. Donc, si tu as envie de te
te i sut le régiment. (PhotosYves DBAY)
N° 72 - Avril 2012 29
"i '•t' i i iwymi Vi iii yiiii1!
D U MATÉRIEL DE POINTE POUR LES PLONGEURS DU 3e ESCADRON
Ils se nichent dans les rangs du 3e escadron. « Ils », ce sont des canards qui ne sont ni petits ni vilains, en fait 10 hommes qualifiés « plongeur de combat du génie » ainsi que 10 autres labellisés « spécialiste des techniques subaquatiques ». Pour eux, s'équiper est tout un rituel. Les appareils respiratoires autonomes de plongée à circuit fermé (ils ne relâchent pas de bulle) qu'ils utilisent sont soit des CODE (Compact Oxygen Diving Equipment) soit des FROGS (Full Range Oxygen Gas System). Le CODE est léger (6,5 kg prêt à plonger), compact (40 x 38 x 13 cm) et fournit une autonomie de 1 heure 30 minutes. Plus lourd (appareil complet en ordre de marche : 14,3 kg), le FROGS est aussi plus endurant (4 heures d'autonomie) ; c'est la même version que celle utilisée par la Marine. L'emploi de l'oxygène pur limite la profondeur d'évolution à 7 mètres ; i l est cependant admis de descendre à 18 mètres pendant 3 minutes ou à 10 mètres pendant 6 minutes lorsqu'il s'agit d'éviter un obstacle ou une ronde de plongeurs adverses.
Ci-contre : Rituel de préparation
avant une plongée. On note à
l'arrière plan un cylindre qui est en fait un propulseur
sous-marin Suez XK1 et le nouveau
SCAR à l'avant plan. Comme pour toutes les équipes
du 2 e RH, rien ne doit être oublié
car sur le terrain, une erreur peut se payer au prix fort.
(Photo Yves DBAY)
Ci-dessous : Le 3* escadron expérimente le fusil d'assaut SCAR qui a de très bonnes chances d'être adopté. L'arme peut en effet tirer tout de suite après avoir séjourné dans l'eau. C'est le SCAR en version courte et en 5,56 (que l'on voit à l'avant plan) qui pourrait entrer en service très bientôt. (Photo Yves
DEBAY)
30 ASSAUT
La planchette de navigation est une Tac-200 sur laquelle le pro-fondimètre digital a été remplacé par un profondimètre classique 0-16 mètres pour de raisons de fiabilité et de lisibilité notamment en ambiance de faible luminosité.
En ce début mars, la société TR Equipement a décidé de jouer au Père Noël retardataire amenant dans sa hotte de superbes fusils d'assaut SCAR ainsi que des trac
teurs sous-marins Suex XK1 et Suex XK2. Au moins en ce qui concerne les SCAR, le principe de l'acquisition d'une vingtaine d'armes en calibre 5,56 mm à canon court au profit des plongeurs est acquis, reste à concrétiser. Le fusil FN Herstal est désormais bien connu ; précisons simplement qu'il pèse 3,19 kg sans chargeur (30 coups type M16), qu'il est doté d'une crosse repliable, que
sa cadence de tir en mode automatique atteint 600 à 650 coups/mn et qu'il peut recevoir un lance-grenades FN40GL.
Pour plus de renseignement sur le i' escadron qui utilise notamment pour ses infiltrations, les voies nautiques reportez vous au N°10 d'AS-8A1JT ou le régiment vous est présenté dans son intégralité.
N° 72 - Avril 2012 31
LES TRACTEURS SOUS-MARINS DU TYPE SUEZ
L'introduction de tracteurs sous-marins du type Suez, va permettre «d'économiser» nos plongeurs et de leur donner plus d'autonomie pour arriver sur la zone de recueil de renseignement.
les deux tracteurs sous-marins testé ont notamment été présentés lors du salon Milipol en octobre dernier, leurs caractéristiques s'établissent comme suit :
Type Longueur 0,96 m 1,3 m Diamètre du corps 0,197 m 0,197 m Poids 17 kg 35 kg
(sans bat (avec batterie) teries)
Autonomie (vitesse max) 1 h 15 2 h 30 Autonomie (croisière) 5 heures 10 heures
32
Lorsque l'on parle de sac au 2 e Régiment de hussards, on veut en fait parler d'une claie supportant deux sacs distincts, à savoir d'un part le sac "mission" dans lequel on enfourne tout ce qui est jugé indispensable au strict accomplissement de la mission et d'autre part le sac "confort" contenant un surplus d'équipements permettant de mieux vivre sur le terrain et donc de durer dans de meilleures conditions. Lors de la présentation organisée au profit d'ASSAUT, cette distinction est respectée : sur le poncho, le contenu du sac "mission" est étalé à droite tandis que celui du sac "confort" l'est à gauche. I l existe par ailleurs deux types de chargements, c'est-à-dire le chargement "observateur" et le chargement "transmetteur". Ce dernier porte la charge la plus lourde, elle atteint parfois 60 kilos alors que le portage "observateur" culmine à 55 kilos.
Le contenu du sac mission "observateur" tel qu'exposé
laisse apparaître en particulier les équipements suivants : - Les Jumelles infrarouges refroidies multifonctions longue
portée (JIM LR rassemblant dans 2,8 kg une voie diurne couleur, une voie thermique, un télémètre laser, un récepteur GPS, un compas magnétique digital et un pointeur laser). L'équipier qui emporte la JIM LR se charge également des batteries ;
- L'optique de nuit OB70/DIPT 18 Lucie ; - Un poste radio ER350. La Minimi est au calibre 7,62 mm. Les observateurs doivent
également emporter la lunette Swarovski, son trépied et un boîtier d'appareil photo Nikon D2X accompagné de ses objectifs.
Chief Snoeck va apprécier. I l y a bien un sécateur et l'outil de jardinage sert à ratisser les herbes, mousses et branches qui serviront à camoufler le toit de la cache.
ACHETEZ L'INSIGNE DU 3E ESCADRON
Contactez par courrier le capitaine Julien B A R G A I N - Cdt du 3e escadron, 2' Régiment de Hussards Quartier Estienne 67504 HAGUENAU CEDEX
Prix insigne + port : 15 €, jeton de caddie 5 €.
N° 72 - Avril 2012 33
A cœur vaillant rien d'impossible
Pour qui veut s'engager au 2e Régiment de hussards, « avant
d'être bardé de diplômes, ce qui compte, c'est l'état d'esprit. Quand la fatigue est là, que l'homme vit dans des conditions rustiques sur le terrain, c'est souvent le mental qui fait la différence et quelque part, le mental ne se décrète pas par diplôme. Lorsque la carcasse ne veut plus avancer ou que l'on sent que physiquement on est au bout du rouleau, le pas supplémentaire, c'est la tête qui va le faire faire » : pour un journaliste, interviewer le capitaine Alexandre V., l'officier responsable des ressources humaines du 2e Régiment de hussards, est un vrai bonheur. L'homme sait trouver la phrase choc, l'image qui fait mouche, la répartie qui, telle une flèche lancée adroitement, touche la cible en plein dans le mille. Et c'est un fait : pour un tiers d'entre eux, les candidats qui poussent la porte du 2e Régiment de hussards n'ont pas le moindre diplôme en poche, ce qui ne les empêche nullement de faire d'excellents soldats.
Pour autant, ne nous voilons pas la face. Faire son trou à Haguenau nécessite tout-de-même un minimum d'endurance physique. Certes, mais la pire chose serait de penser : cela n'est pas pour moi, c'est trop dur, trop exigeant, je n'ai pas le niveau, mieux vaut aller voir ailleurs. Mauvaise réaction. Car l'endurance physique, même si elle est initialement flageolante, cela se travaille, se mature, cela grandit aussi. Rien n'est jamais acquis à l'homme et surtout pas sa faiblesse. Et puis dans ce petit coin d'Alsace, "péter une perf" ne sert pas à grand-chose : « nous, ce que l'on demande, ce n'est pas quelqu'un qui va parcourir 3 500 mètres en 12 minutes lors de l'épreuve sportive. Par contre, s'il est capable de faire 3 000 mètres en 12 minutes avec un sac à dos,
. .luelqu'un qui nous intéresse. Lexemple chiffré n'est peut-être pas pertinent mais dansl 'esprit, c'est cela ».
La motivation, le mental, donc, encore et toujours tout au long de la carrière, deux conditions indis-
. - .r :ap:taine, telle une * :ii ' . cite encore
une fois dans son discours en dessinant par la magie du verbe une de ces images dont i l a le secret : « nous, à l'armée, on ne parle pas d'ascenseur social mais d'escalier. La différence ?
Ci-dessus : Pour arriver à être opérationnel
dans une cache, il faudra beau
coup de sueur et de volonté. Ici, un équipier en
action. Beaucoup de photos prises
au 2 e RH sont posées et c'est normal, vu les
missions. Un peu de peinture pour
briser les lignes du FAMAS serait
utile. (Photo 2RH)
Ci-contre: Un Hussard tout équi
pé. Les Hussards des équipes de
recherche ne sont pas des champions de sport
mais plutôt des sportifs ayant
de la cervelle et sachant tenir dans la durée. (Photo2RH)
Dans un ascenseur, on appuie sur un bouton et on monte à l'étage choisi tandis qu'à l'armée, on s'élève par l'effort, il faut donc monter les marches. D'où mon insistance sur la volonté et l'état d'esprit. Celui qui a les deux, il n'y a aucune raison pour laquelle
il ne puisse pas réussir à monter les marches, quand bien même seraient-elles hautes ». Défaitistes de tout poil, passez votre chemin ! Ceci dit, quel est le cursus que doit suivre un candidat à l'intégration dans les rangs du 2e Hussards à titre d'EVAT ?
34 ASSAUT
I l s'agit tout d'abord de pousser les portes d'un CIRFA (centre d'information et de recrutement des forces armées), première étape incontournable bientôt suivie d'un court séjour en GRS (groupement recrutement sélection). Parfois, une visite à Haguenau pour se rendre compte sur place permet au candidat d'effectuer ce que le capitaine Alexandre V. appelle un « choix éclairé. Le choix est éclairé à partir du moment où je sais ce que je viens chercher, ce que je peux apporter mais aussi ce à quoi je vais renoncer ». C'est parfois une piqûre de rappel à la réalité. « Par exemple, si le candidat aperçoit chez nous de l'armement exotique différent de ce que l'on trouve dans un régiment d'infanterie, on lui explique que les armes les plus importantes ici, ce sont les postes radio ainsi que les appareils photo ! ». A ce stade, pas de sélection, pas de test spécifique à une nuance près. Le 2e Régiment de hussards offre en effet deux options à chaque EVAT se destinant à devenir spécialiste du renseignement : acquisition (sous-entendu : des informations) ou transmetteur. Or, les transmetteurs doivent avoir cette indispensable dis
position naturelle à la lecture au son (code Morse), i l n'y a pas d'échappatoire, on l'a ou on ne l'a pas.
Contrat en poche, c'est l'arrivée à Haguenau ; dès lors, le nouvel engagé est happé par un maelstrom d'activités. Tout d'abord, direction le CFIM (centre de formation initiale des militaires du rang) de Bitche pour la FGI (formation générale initiale) d'une durée de trois mois. Ensuite, retour à Haguenau pour la FSI (formation de spécialité initiale) sous la férule du centre de formation délégué (CFD). Ainsi que déjà précisé, la FSI "observateur" offre deux options : "acquisition" (photographie, identification, etc.) et "transmissions", c'est une phase de deux mois et demi que l'on qualifie volontiers de très dynamique. A l'issue de la FSI, affectation dans un escadron pour un séjour (deux à six mois en fonction des qualifications préalablement détenues) destiné à l'instruction, à l'endurcissement physique ainsi qu'à la conduite des engins militaires, VBL notamment.
Ci-dessous : Les Hussards ne sont pas toujours cachés et le renseignement c'est aussi l'aventure d'une "tournante" en brousse comme ces P-4 arpentant une piste dans le sud du Tchad.
Le hussard en maturation retourne alors au
centre de formation délégué pour la FSE (formation de spécialité élémentaire), toujours avec les deux options "acquisition" et "transmissions". Quelle est la différence entre la formation de spécialité initiale (FSI) d'une
part et la formation de spécialité élémentaire (FSE) d'autre part ? « La FSI concerne en premier lieu les savoir-faire techniques individuels tandis que lors de la FSE sont inculqués les savoir-faire en patrouille constituée », précise le commandant Stephan V., chef du centre de formation délégué qui ajoute avec un éclair de malice au coin de l'œil : « en fait, le CFD est un peu l'organe reproducteur du régiment ! ». Un organe qui, espérons-le, connaîtra bientôt ce regain de vigueur habituellement ressenti lors du retour printanier. Car afin d'assurer la pérennité de ses effectifs, le 2e Régiment de hussards doit recruter 80 EVAT en 2012. J'avoue que si c'était à refaire, je me laisserais bien tenter...
N° 72 - Avril 2012 35
Vauteur tient à remercier l'ensemble des officiers, sous- Remerciements en particulier au général DE BARMON, j Dans les couloirs des escadrons, officiers et hussards ayant contribué, de par la qualité commandant la Brigade de renseignement, au colonel des affiches rappellent les missions de leur accueil leur franchise, leur disponibilité, leur DANES, chef de corps, ainsi qu'au capitaine M., officier I et le mot d'ordre du régiment, et gentillesse et leur patience, à la réussite de ce reportage. supérieur adjoint du 2' Régiment de hussards. \t à en forger l'esprit.
36 ASSAUT