ACTES DE LA RÉSERVEZOOLOGIQUE ET BOTANIQUE

DE CAMARGUEANNEXE DU BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATIONAvril 1934No 17

ACTES ADMINISTRATIFS

:Malgré l'absence quasi totale de pluies pen1dant ce trimestreles eaux ont atteint un niveau exceptionnel dans tout lebassin ùu Vaccarès par suite de l'insuffisance des moyensd'évacuation à la mer; la submersion était presque générale.Les eaux ont recouvert parfois p!lusieurs kilomètres de laroute du Salin de Badon qui n'a été accessible qu'avec desmoyens spéciaux. Il ne faut donc pas s'étonner du petitnombre de visiteurs parmi lesquels nous tenons cependant àsignaler: :M. Launay et :M. Stroh, düecteur des Usines duCreusot.

Cette submersion a diminué le nombre des Renards, desSangliers sur la Réserve. Aussi la battue traditionnelle dansles fourrés du Clos de la V!ille n'a-t-elle pas donné un résul­tat aussi important que les années précédentes.

Un dépeuplement partiel des Lapins a été effectué par lessoins de l'Amicale des Chasseurs de Camargue qui les a cap­hués vivants, au terrier, pour le repeuplement.

Castors. - Nous donnons ci-dessous copie de la lettre duPrésident de. l'Amica1le. des Chasseurs de Camargue consa­crant nos accords concernant ~a protection du Castor.

« ... Je vous confirme notre conversation au sujet de la pro­tection du Castor. Nous nous engageons, sur l'étendue de noschasses et plus particulièrement sur Chartrouse, le :Masd'Auphan et les Pilotes, à garder étroitement ces animaux

14 ACTES- DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE

et à en empêcher toute capture. Nos gardes ont reçu à ceseffets des prescriptions spéciales et nous sommes très heureuxdans notre rayon d'action de pouvoir aider la Réserve deCamargue.

« Nous vous tiendrons au courant des colonies qui pour­raient se trouver sur nos chasses... D'ores et déjà vous pouvezcompter que chez nous la protection des Castors est effective.

Il VeU!illez agréer... Il

Le P1'ésident,Signé: LAUTIER.

Nous sommes particulièrement heureux de voir ainsi pro­tégée la seule colonie limportante du grand Rhône.

On a noté pendant ce trimestre une recrudescence d'activitédes Castors en Camargue soit sur le Grand Rhône, soit dansla colonie du Petit Rhône qui avait été autrefois dévastée.

Nous avons subi une véritable offensive de la part des bra­conniers professionnels. Nos gardes ont réagi vigoureuse­ment; celui du Salin de Badon a dressé plus de 20 procèsen mars sur un seul territoire. La fermeture de la chasse arétabli la tranquill~té sur la Réserve.

Baguage. - Une bague nous a été remise par un chasseurde Camargue: G-û4JOO Riksmuséum, Stockholm, sur TotanusocMopus, tué le 15 août 1933; cet Oiseau avait été bagué le16 juin 1933 dans la paroisse de Alfta, province de Helsing­land, 61 0 23' lat. La station nous communique que c'est lepremier inmvidu de cette espèce retrouvé avec une bague.

ACTES ÙE LA RÉSERVE DE CAMARGUE

ACTES SCIENTIFIQUES

OBSERVATIO.'\S MÉTI~OROLOGlQUES

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Pluie. - On a relevé: 5 ml", pour janvier en 3 jours ;10 mlm pour février en 2 jours; 10 mhn pour mars en 4 jours;au total: '25 mhn en 9 jours.

'TelnpénLtu1'e. - En janvier minima de - 5° il + 3°,maxima de +2° à +14°; en f,évrier, minima de - 6° à+9°, ma,xima de +4° à +20°.

Au total, 43 jours de gelée, oont 21 en janvier, 19 enfénier et 3 au début de mars.

11erd. - Nombre de jours de vent:1° À direction moyenne Nord: '28 en jallYier, 21 en fé­

vrier, 17 en mars dont 15 en janvier, 9 en février et 7 enmars à vitesse supérieure à 10 mètres secondes ('26 mètresseconde le 21 février).

2° A direction moyenne Sud: 3 en janvier, 5 en févj'ier,8 en mars.

3° A direction moyenne Ouest: 4 en mars.4° A diœction moyenne Est: '2 en février, '2 en mars.

Evaporation. - En janvier, 24 ml", 5; en février, 54 mlm 5;en ma.rs, 82 m/m; au total, 161 min,.

Le premier trimestre de 1934 est caractérisé parùnetempérature basse et une grande prédominance des ventsdu Nord.

Si nous· groupons les observations de décembre aveccelles de ce trimestre, nous constatons la plus grande ana­logie avec l'hiver 1931-193'2, hiver long et froid, très secavec de fréquents vents du Nord.

G. T .

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16 AOTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE

OnSElWATIONS OR\lTHOLOGIQUBS EN OAMAHr.UE

(1er trimestre 1934)

Janvier

Malgré quelques gelées nocturnes, janvier a été favorisédans l'ensemble par une température relativement douce,surtout vers le milieu du mois, et par une insolation pres­qne constante, avec seulement quelqlles pluies éparses.Toutefois, les résultats désastreux des grands froids dedécembre n'ont été encore que bien imparfaitement com­pensés, et si les eaux, l'estées libres dmant tout le mois,ont permis le regroupement normal de nombreux oiseauxaquatiques, pal' contre, les espèces qui avaient été parti­culièrement éprouvées par le froid sont restées presqueintrouvables.

Parmi les hôtes d'hiver qui se sont maintenus en Oa­margue pendant ce mois, on peut citer surt{)ut quelquesOies sauvages, des Cormorans en quantité appréciable, desOorneilles noires, des Buses vulgaires et des Busards demarais, ces derniers surtout trèsa.bondants partout. IlesOanards, - Morillons, Siffleurs huppés, Sarcelles d'hi­ver, Ools-verts, Souchets, Siffleurs et Pilets - ont con­tinué à fréquenter par milliers les étangs et les baisses dela réserve, ainsi que de nombreuses Foulques noires, desPoules d'eau, des Mouettes rieuses, des Oourlis cendrés etdes Grèbes huppés. Les Hérons cendrés eux-mêmes ontreparu en petits groupes immuablement cantonnés encertains points de la réserve, dont ils semblent apprécierla sécurité en comparaison de la chasse dont ils ont étél'obj.et, lorsqu'ils ont dû s'en éloigner, pendant la périodedes froids. Quant 'aux espèces les plus sensibles, Flamantset Aigrettes, on peut constater avec satisfaction que lespœrniers d'entre eux, bien qu'on en ait découvert quel­ques nouveaux cadavres, ne paraissent pas 'avoir trop souf­fert, car on en a revu à plusieurs reprises des troupes asseznombreuses sur divers étangs. Par contre, les AigrettesGarzettes n'ont plus donné lieu à une seule observationen janvier, et cette disparition totale, imputable à une

ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE 17

cause ou à une autre, permet de les considérer décidémentcomme l'une des plus délicates de nos espèces aquatiques.

Certains Passereaux, si nombreux <1vant les froids dedécembre, paraissent avoir maintenant presque complète­ment disparu et n'ont pas été vus davantage en février:tels sont les Roitelets huppés et triple-handeau (une seuleobservation en janvier et une autre en févri.er) les Fau­vettes cisticole et mélanocéphale, la Mésange Rémiz, etc ...La Mésange bleue est restée le plus abondant de tous, bienque commençant à diminuer vers la fin du mois et à sedisperser; pendant les périodes de froid, €Ile est restée àpeu près exclusivement cantonnée parmi les roseaux, oùelle trouvait sans doute une abondance de larves pour sanourriture. La Mésange à longue queue 'a, recommencé sesdéplacements, mais seulement par petites troupes, à lafin du mois, et la Fauvette Pitchou est restée en nombre àpeu près stationnaire. Les observations relatives à Ia, Pie­Grièche méridionale ont été aussi plus fréquentes qu'enété, mais sans doute est-ce dû à un changement plutôtdans les conditions ambiantes que dans la densité de l'es­pèce. Quant aux Etourneaux, ils n'ont hiverné qu'en petitnombre cette année dans la réserve, au lieu de l'abon­dance const'atée en 1932-1933.

On a pu remarquer encore, au cours du mois, la pré­sence de plusieurs espèc.es de Rapaces, en plus de cellesdéjà mentionnées: ainsi le Busard Sa,int-Martin, le BusardMontagu, et un Faucon Emerillon, dont chaque apparitiollprovoque la terreur chez les petits Passereaux, parmi les­quels il choisit toujours sa victime ; celle-ci ne peut luiéchapper qu'à forc.e de vélocité et de ruse etel:e y réussitqllelquefois.

En janvier, il faut mentionner enfin la reprise de quel­ques cris et chants d'Oiseaux: le Bruant proyer le 18 parexemple, puis ceux de la Mésange à moust'aches, de laPouIe d'eau, du Râle d'eau et du Grèbe Castagneux, ­et aussi les accouplements de plus en plus manifestes duCanard Col-Vert.

Février

Mois encore beau et sec dans l'ensemble, assez douxmême dans la deuxième quinz'a.ine, malgré des périodes de

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vent violent; plus froid au début, mais avec gelées insuf­fisantes pour provoquer la congélation des étangs. Malgrétout. le soleil des mois de janvier et février, la trace desgrands froids de décembre n',est pas encore eff:acée et l'étatde la végétation manifeste visiblement un retard sur lesépoques correspondantes d,es années précédentes.

C'est en février que l'on peut apprécier les indices dudéplacement printanier des Oiseaux. Une partie des hôtesd'hiver de la réserve a.déjà disparu : aucun signalementd'Oies sauvages, grande diminution du nombre des Cor­morans, des Corneilles noires et même des Busa.rds demarais. De même, la diminution du nombre des petitsOiseaux, sensible déjà dès le début du mois, va en s'accé­lérant -après le 10; ainsi les Fauvettes pitchous (dernièreobservation le 27 février), les Bruants de roseaux, Rouges·gorges, les Mésanges à longue queue, les Mésanges bleuesmême se raréfient rapidement. Par contre, un fort contin­gent de Grives musiciennes apparaît le 2:2 et une observa­tion particulièrement intéressante et précise relate, les 22tt 23 février, la présence de petites troupes de Tarins, desdeux sexes, cantonnées dans les bouquets d'Aulnes: cepetit Fringille n'avait pas été jusqu'à maintenant signaléparmi les oiseaux de Oamargue, et il est probab1e que sal'are occurrence, comme celle du Pinson d'Ardennes, doitêtre liée aux conditions rigour,euses de l'hiver.

Parmi les Oiseaux de rivage, les Chevaliers- Gall1 bettesne sont plus signalés après le 8 et la diminution des Cour­hs cendrés va, aussi en s"accentuant. Les premières arrivéesde quelques hôtes de passage compensent ces départs: du12 au 16, appal'aiss,ent 1:iuccessivemeut les premières BargeségocéphaJes, des Avocette1:i, des Bécas1:ieaux, et des Cheva­liers Combattants. Une Sarcelle d'été est abattue le 24,non loin de la réserve. Quant aux Flamants, ils ont pres­que disparu ou du moins n'ont donné lieu en février qu'àquelques observations précaires, tandis qu'une AigretteGal'zette a été de nom'ean aperçue le 15. Les Oisea,ux deproie habituels, abstraction faite de la llloùldre abondancede Busards des marais. se sont maintenus pendant cettepériode comme en janvier: Busards Saint-Martin, Buses,Emerillons et Créeerelles.

Un de~ raradères eSRentiels dl! nlois de fpvriel' èst anssi

ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE 19

le vérita,ble réveil des chants d'OiEeaux : Mésanges, Alouet­tes, Pinson, Bruant proyer, Pouillot frtis, Troglodyte,Bouscarle Cetti, etc ... , se sont fait entendre fréquemment.D'autre part, les accouplements de Canards Cols-Vertssont de plus en plus fréquents, ainsi que ceux de la Perdrixl'ouge. Par contre, aucun cri de Butor n "a encore étéentendu, et, par comparaison avec les années précédentes,on peut craindre que ce retard apparent ne traduise enréa~ité que l'extermination de l'espèce d'ans la réserve par:;nite des grands froids.

Mars

Cette période de l'a,nnée est toujours importante au pointde vue des déplacements des Oiseaux. Les départs massifs(l'une grande partie des hôtes d'hiver de la Camargue créedans la réserve un vide relatif que ne comble que peu iLpeu et plus tardivement, souvent même seulement 0811

a\Til. l'alTivée des migrateurs du sud. D'ailleurs ces mou­yements restent liés quelque peu aux conditions atmosphé­riques, qui ,en mars 19::34, n'ont pas été très favorables, duIlloins quant tl la température, restée en moyenne assezbasse, ayec de fréquèntes l'afa les de vent; pal' contre lasécheresse a eontinué sans intelTuption, aucune pluie du­rable n'étant survenue.

Les départs ont été surtout très sensibles pal'lJli hl popu­lation aquatique: après le 20 mars en effet, on est frappéde \a. forte diminution de l'dIectif hi\"8111al des Héronscendrés et de toutes les espèces de Callards, bien que toutesIléallliloins soient ellcore représentées. Les Cols-Verts ont('oIl1IlJellcé leur nidific:ation, les Pilets, les Souchets et les8iffleurs Imppés se montrent aussi pal' couples, les der­niers paraissant pourtant moins nombreux que les autresannées. Ln passage d'Oies sauvages est encore signa'[éle 9, et de grandes troupes de Morillons s'a:battent aussi,sans rési(ler, vers la fin du mois. Les Flamants n'ont pasclOlllltl lieu Ir une seule observation durant toute è8tte pé­l'iode. Fal' contre. ven; le milieu de mars. ont commencé .1,réapparaÎtre sUl' lems lieux d'élection habituels: le H émuBihoreau (le 14), l'Aigrette garzette et le Héron pourpré,(lont le premier contingent, est signalé le ::!O mar~' Di,,>

20 ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE

le 9, les cris du Butor se sont fait entendre à nOUVèilU e!1

plusieurs p<:>ints et se manifestent plus fréquemment encore. par la suite. Les Grèbes, Râles d'eau, Poules d'eau et

Foulques, sont toujours en nombre respectivement impor­tant, mais plus ·silencieux que durant le mois précé(lent.Quant aux Oiseaux littoraux (Chevaliers, etc ... ), on COI1\­mence surtout à les voir en fin du mois, solitairement oupar petits groupes; mais ils ont été précédés par des trou­pes plus importantes de Combattants, d'Avocettes et deBarges égocéphales, qui n'ont cessé d'évoluer déjà depuisle début.

Des variations numériques à peu près parallèles ont pnêtre notées chez les Oiseaux terrestres, en particulier lesPassereaux. Les Corneilles ont disparu et, dès le d~bllt

du mois, les Mésanges bleue et charbonnière, la Pie-Griè­che méridionale, les Pipits, le Merle noir accentuent en­core leur diminution progressive, tandis que des troupesd'Etourneaux seront vues encore jusqu'à I-a, fin. Les Mé­sanges à longue queue ne sont plus signalées après le 7, etles derniers individus, solitaires, de Fauvette pitchou, 6e111­blent nous avoir quitté définitivement le 12. Par une coÏn­cidence assez curieuse, le départ de cette dernière espèceest compen:,é par l'arrivée précoce de sa congénère, la Fau­vette à lunettes, hôte d'été en Camargue, et dont le pre­mier spécimen est aperçu le 10, date 'après laquelle lesobservations se sont multipliées, d'abord de mâles soli­taires, puis de couples, tout à fait à la fin du mois, néan­moins cette espèce ne paraît j'amais devenir abondanh~ ptl'este cantonnée dans des districts bien clétenninés :L~l

Huppe, visiteur régulier, est arrivée vers la même date(7 mars), presque jour p<:>ur jour, que les années précé­dentes. M'ais c'est surtout à partir du 20 que l'on 11 punoter des arrivées considérables de petits Passereaux. ve­nant renforcer l'effectif si diminué dans la premièrt guin­za.ine: Chardonnerets, Linots, Pinsons, Bruants, Mésan­ges R€miz. Grives, Traquets, Rouges-queues, etc ... Lespremières Hirondelles de Cheminée sont signalées le 21mars, <:elles de rivage le 25, par conséquent en retard sur193:::l. De même, la nidifieation de la M€sange Remiz est,cette année, notablement retardataire.

Quunt aux Rapaces, il peut être intéressant d'ajouter

ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE 21

aux espèces habituelles de l'hiver, qui n'ont cessé de semontrer couramment aussi en mars, le signalement dequelques hôtes beaucoup plus exceptionnels: un Aigle Bo­nelli, 'abattu le rr mars, un Hibou brachyote vu le 17 etun Néophron percnoptère le BI.

OBSERV.-\TIO:\'S BOTA:\TIQUES

La longue durée du froid et de la sécheresse pendant<;et hiver a amené dans toute la région méridionale ungrand retard de Joa végétation. Mais ce retard a été pa.rti­culièrement sensible en Oamargue pour la vég,étation desterrains exondés qui souffre en plus dans ces circonstancesd'une trop grande concentration du sel. Aussi au 1"r avril,le paysage avait encore en grande partie son aspect hiver­na,l; en particulier les pelouses végétaient misérablement,Ranunculus Baudotii 11e fleurissait pas sur les eaux sau­mâtres.

Oependant, comme nous l'ayons mentionné en 19BB, lesGéophytes ayant bénéficié des pluies d'automne abondan­tees n'ont pas souffert de cet état de choses et ont eu, grflce:1 leurs réserves, une brillante floraison dans les derniers:iours de mars: Narcissus Tq,zetta, Barlia longibracteataParI., très souvent accompagné d'Ophrys exaltata Ten.dont Joa pr,ésence est maintenant certaine en Oamargue(Salin de Badon, Frigoulès).

Parmi les modifications de la flore de la Réserve obser­vées en 19B3, nous citerons tout d'abord le développementdes Tamaris au Salin de Badon dans t-oute la zone en reln­tions directes ou indirectes avec notre roubine du R-oy etétant par conséquent presque toujour,s imprégnée d'eau àteneur en sel pas très élevée. Dans cette zone, de nombreuxsemis de jeunes TamaTis ont été observés. Les vieux ar­bres non taillés, non brûlés, non broutés comme cela seproduit le plus souvent ailleurs en Oamargue, ont depuis lamise en Réserve repris leurs formes naturelles et acquiè­rent leur plein et harmonieux développement.

Parallèlement dans la même zone mais sur les levées deterre, les anciennes dunes aplanies, le Phillyrea angusti­folia a également progressé. De très nombreux jeunes su-

22 AèTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE

jets ont été observés un peu partout, et spécialement dansj'association il BmcltypodiwlL phœnicoidcs. c.et arbuste apris notamment un grand développement sur la levée lon­geant hL mnbine du Roy. Iles Tamaris qui y avaient poussé,sans doute lorsque la roubine non entretenue s'était salée,sont étouffés par lesPhillYTea angustijolia auquel se mêlentquelques individus de PhillYTea media, Rhamn'Us (date'm'Us.La flore herbacée des enclaves non boisées d,e cette levées'est d' ai1Jeurs également modifiée. I-les espèces de la pe­louse disparaissent peu à peu et, si dans les parties remuéesCOI,stamment par les Lapins et enrichis en 'azote pal' leurs(léjections c'est la flore nitrophile <]ui domine: Ci1Ûlllli lall­reolat1l1n, Dipsaeus silvestTis, Canluils pycl1orephal"lls,RUII/c:l' cTispus, JJappa mino,., CTcpis p'/deh'ra., MaT?"uiJi'lL'llIvulgaTe, Tm'ilis 'YIodosa, CentauTea rnelitensis avec MelieaN!agnolii, Lit710spcnnurn o!fi tinale, par contre nous voyonss'installer d'autres espèces en relation avec le boisement:nmc7/ yporiium silvaticU11'l" .1 gTim.onia l.Eupa toria , 711ulaConyza, AnLln italieu'l1l, PiC1'is umbe/lata.

c.ette levée couronnée d'arbustes en fourré forrne ft la.1imite de .la Réserve une barrière élevée que les oiseauxpourcha.ssés de l'autre côté franchissent fréquemment pour:;e mettre ;\ l'abri.

Pal' contre, notre vaste fourré de PhillYTea angmtijoliadu Clos de la, Ville souffre de l'imprégnation du sol assezbas par les eaux saumâtres, répétée maintenant chaquehiver. Les plus vieux individus prennent beaucoup debranches mortes et l'extension si rapide des jeunes s'estarrêtée. Dans le même clos le développement des Ormeauxest également bien compromis par l'apparition et l'exten­sion ,du Gmphiu11'i Vlmi dont nous aurons l'occasion de re­par:er; la tache d'arbres morts s'étend.

Les Frênes du Salin de Badon et au Clos de la VilleYégètent et semblent sur le point de périr en partie; ilsvivent en effet dans les fonds et craignent les eaux saléesqui leur arrivent maintenant chaque hiver.

Nous noterons aussi en passant: 1 0 la disparition tota,ledu Papaver setigemm de la, station du Salin de Badon oùl'année précédente il était en peuplement presque pur. La.sécheresse du printêmps paraît en être la cause au moinspartielle; :2 0 l'extension nouvelle d'A ster squamma,tus qui

ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE 23

att-eint maintenant au nord le mas de Merles, à 7 km. d'Ar­les seulement.

Nous avons entrepris 1e catalogue général de la Florede la Camargue, qui n'a jamais été établi. Nous donneronsdans les Actes les espèces les plus remarquables qui aurontété observées et que nous n'<avons pas déjà -citées., en pr-e­na,nt comme base la liste générale des espèces données parFlahaut et Combres (1), seul travail d'ensemble auquel ilfaut toujours se reporter. Leur liste, ainsi qu'ils l'indi­quent, ne correspond pas à l'ensemble de leurs observationssur le delta, mais à celles faites loin de toute interventionactuelle de l'homme.

* A Ilium Chamœmnly L. Fiélollse, les Vétérines, végé­tation rase de très anciennes dunes aplanies. Cette espècequi montre à fleur de terre ses fleurs violacées au premierprintemps est toujours rare. Nouvelle pour la .Camargue,elle a été signalée dans les sables maritimes de Fos-sur­Mer et dans la région littorale de l'Hérault. A Fiélouseelle fait partie de l"association des pelouses souvent citées.Elle est accompagnée d'espèces intéressantes: * AjugaPseudo-Iva, * Clypeola microcarpa var. lœvigata. * Salviaclandest'ina, * Euphorbia ex'igua, Siderit'is romana avecles autres espèces de la pelouse Evax pygrnœa, * Myosotispusilla, * Cerasûum sernidecandmm, * B(/1-t.~ùl lati/olia,Erod'ium cicutarium.

Dans cette localité remarquable figure un vieil individuisolé de Juniperus phœnicea, et sur les bords quelquesLentisques, ce qui peut faire supposer que le J unipéraie desRièges s'étendait jusque-là.

Ajuga Iva Schr-eb. subsp. Pseudo-Iva Rob. et Cast.Cette rare sous-espèce signalée seulement aux îles d'Hyè­res, aux environs de Marseille, d'Aix et Arles est en réalitéassz abondante en Camargue dans la· pelouse. En dehorsde Fiélous-e elle est répandue aux Rièges, au Clos de laVille, etc...

* Salvia clandestina L. également dans la pelouse. Endehors de Fiélouse, au Clos de la Ville, au Cassieu sur la

(1) Flahaut et Combres. - Sur la Flore de la Camargue. Bull. Soc.Bot. Fr. Janv. 1894, p. 56. .

Les espèces non mentionnées sur cette liste sont précédées d'uneastérisque.

24 ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE

dune formée uniquement de coquilles de Car,dium. Elle estremplacée dans les dunes non maritimes du nord de laOamargue par * Salvia rnultifida S. et Sm.

Leucoiu1n œstivum L. Bord d'anciens fossés ou canauxen eau douce: Faraman, ,entre le Grand Badon et lesChal':ots.

,1' S eon.:onem pœrvifiora J acq. Prés palustres: Cazeneuve,Salin de Giraud, Fiélouse. A Cazeneuve .elle est accompa­~née d'Orchis palustris, Sonchus maritirnus, * FestueaFenas, * Tamxaeu1F/, palustre, Lotus decumbens, Holeus/al/,lttus, Tetmgonowbus siliquosus, * Ophrys apifem.

" Platanthem bifolia Reich. * Listem ovata R. Br. ForêtnveTawe entre le Salin de Giraud et l'embouchure duRhône. La présence de la première espèee, qui était d'ail­leurs parfaitement dév.eloppée, si près de la, Méditerranéeest remarquable ..

G. TALLON.

Le Gérant: F. PRÉNAT.

CHATEAUROUX. - IMPRIMERIE CENTRALE