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    3/28/2016 E-cigarette : la bataille continue

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/09/29/e-cigarette-la-bataille-continue_4776523_1650684.html

    E-cigarette : la bataille continue

    LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 29.09.2015 à 10h38 • Mis à jour le 30.09.2015 à 09h32 | Par Pascale Santi

    (/journaliste/pascale-santi/)

    Cinq ans après son arrivée sur le marché français, la cigarette électronique est aujourd’hui adoptéepar 3 millions de personnes en France (6% des 15-75ans), dont la moitié vapotent quotidiennement,

    même si l’engouement se stabilise. Alternative au tabac pour les uns, mais avec des effets

    potentiellement toxiques pour les autres, elle suscite de vifs débats, jusque dans les revues

    scientifiques.

    Le dernier épisode a semé le trouble. Le 19 août, un rapport du Public Health England (PHE), qui

    dépend du ministère de la santé britannique, a affirmé que la nocivité de la cigarette électronique est

    «environ 95 %» moins grande que celle du tabac. Sans minimiser d’éventuels risques, le rapport du

    PHE estime qu’ils sont vingt fois moins importants que ceux liés au tabac. La professeure Ann

    McNeill (King’s College de Londres), l’une de ses coauteurs, y voit un moyen efficace pour arrêter

    de fumer.

    Lire aussi Cigarettes électroniques : de « nombreuses anomalies » sur la sécuritérelevées (/sante/article/2015/09/30/cigarettes-electroniques-de-nombreuses-anomalies-sur-la-securite-

    relevees_4777736_1651302.html)

    Deux semaines plus tard, l’éditorial du Lancet du 29 août, intitulé«Des preuves fondées sur la

    confusion», a quelque peu terni l’affirmation du PHE en parlant de «précipitation» et d’un travail «

    méthodologiquement faible». Surtout, parmi les 185 références sur lesquelles le rapport se fonde,

    The Lancet  pointe une étude coordonnée par le docteur David Nutt et onze autres auteurs, publiée

    dans la revue European Addiction Research  fin 2014, qui précise les liens d’intérêt pour trois des

    douze auteurs: le docteur Karl Fagerström et Jonathan Foulds sont consultants pour des

    compagnies ayant des intérêts dans les traitements d’arrêt du tabac, dont Pfizer, GSK et Novartis,

    tandis que Ricardo Polosa a également été consultant pour Arbi, un distributeur de cigarettes

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    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/09/29/e-cigarette-la-bataille-continue_4776523_1650684.html

    électroniques. Certes, liens d’intérêt ne signifie pas conflits d’intérêts, mais European Addiction 

    Research  a elle-même mentionné les liens entre Karl Fagerström et Nicoventures, qui

    commercialise la Vype, propriété de Britisth American Tobacco.

    Encadrement strict

    Dans une réponse au Lancet , le PHE a affirmé la probité des auteurs du rapport, en regrettant aussi

    que le Lancet ne mette pas en avant le reste des conclusions de l’étude. Repris par les médias

    outre-Manche, salué par la Fédération interprofessionnelle de la vape (Fivape), ce rapport va à

    l’encontre du rapport de l’Organisation mondiale pour la santé d’août 2014, qui préconisait un

    encadrement strict de l’usage de la cigarette électronique.

    «L’éditorial du Lancet affaiblit le rapport, mais cela ne modifie pas la portée des grands messages: 

    des risques à l’évidence inférieurs à ceux de la cigarette», estime le médecin et épidémiologiste

    William Dab, auteur du blog Des risques et des hommes, hébergé par Le Monde . Le tabacologue

    Jacques Le Houezec se dit «en colère» au sujet de cette controverse, «qui peut instiller le doute 

    chez les utilisateurs, alors que l’e-cigarette est un vrai outil de sevrage tabagique».

    Lire aussi Le plan antitabac suscite l’incompréhension des associations de vapoteurs

    (/sante/article/2014/09/25/plan-touraine-une-declaration-de-guerre-aux-industriels-du-tabac-selon-les-

    associations_4494656_1651302.html)

    Le sujet est en effet très controversé. Récemment, des chercheurs ont demandé au New England 

    Journal of Medicine  de retirer une étude américaine du 22 janvier qui affirmait que les cigarettes

    électroniques étaient quinze fois plus cancérigènes que le tabac! Or, les mesures utilisées ne

    reflétaient pas la façon de vapoter.

    Un succès venu des utilisateurs

    L’e-cigarette suscite d’autant plus les passions que personne n’avait imaginé un tel engouement. Le

    succès est venu des utilisateurs eux-mêmes, comme l’Association indépendante des utilisateurs de

    cigarette électronique, constituée notamment d’anciens gros fumeurs qui ont réussi à arrêter grâce à

    la «vape», et qui vante ses mérites. En consultation, les tabacologues sont tous les jours face à des

    vapoteurs. D’ailleurs, le professeur Bertrand Dautzenberg a ouvert une consultation spécialisée sur

    le vapotage à la Pitié-Salpêtrière.

    Mais «pour l’instant, la science est très modeste», résume le professeur Yves Martinet,

    pneumologue au CHU de Nancy et président du Comité national contre le tabagisme. D’une part, le

    recul est insuffisant. D’autre part, il existe des centaines de modèles de cigarettes électroniques, et

    «les résultats peuvent être très différents selon les modèles, les concentrations, les quantités 

    inhalées…»

    Des substances dangereuses sont parfois retrouvées dans l’atomiseur, comme le formaldéhyde,

    l’acétaldéhyde, l’acroléine, mais leur quantité varie en fonction des conditions de vaporisation et de

    la puissance de chauffe. La Haute Autorité de santé indiquait ainsi dans un avis, début 2014, que  «

    les toxiques sont en quantité extrêmement moins forte, de 9 à 450fois moins élevée, que dans la 

    vapeur de cigarettes classiques».

    Lire aussi Cigarette électronique : qui sont les vapoteurs ? (/sante/article/2015/02/24/cigarette-

    electronique-qui-sont-les-vapoteurs_4582651_1651302.html)

    « On remplace une addiction par une autre »

    «Deux logiques s’affrontent, selon François Bourdillon, directeur général de l’Institut de veille

    sanitaire, ceux qui voient la cigarette électronique comme un outil de réduction des risques. Et 

    d’autres, partant du constat que la nicotine est addictogène, qui estiment que l’on remplace une 

    addiction par une autre.»

    Certains craignent que la publicité de l’e-cigarette soit un moyen détourné de vanter le tabagisme.

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    Le marketing de l’e-cigarette «met en lumière des similitudes avec les stratégies commerciales de 

    l’industrie du tabac, des arguments de liberté, produit glamour, tendance…», et utilise des leaders

    d’opinion pour promouvoir des marques, décrypte Karine Gallopel-Morvan, professeure des

    universités à l’Ecole des hautes études en santé publique. Un exemple, l’e-liquide «Vincent dans les

    vapes»a été placé dans le clip Zombie, de Maître Gims, vu plus de 46 millions de fois… Des

    constats selon elle d’autant plus préoccupants que les compagnies de tabac sont présentes sur le

    marché de l’e-cigarette.

    Lire aussi L’efficacité limitée de l’e-cigarette pour arrêter de fumer (/sante/article/2015/02/25/la-

    e-cigarette-echappatoire-limitee-du-tabagisme_4582894_1651302.html)

    Les autorités sanitaires se montrent prudentes – certains disent frileuses –, car elles craignent que

    l’e-cigarette puisse être une porte d’entrée vers le tabac. La loi de santé, toujours en discussion au

    Parlement, va la réglementer. Le sujet est sensible au ministère de la santé, au point que la

    Direction générale de la santé n’a pu apporter de réponse à nos questions.

    La France, mauvaise élève

    A la différence de l’Angleterre, où le taux de fumeurs atteint 20 %, et de l’Australie (13 %), la

    France fait figure de très mauvaise élève en matière de lutte contre le tabagisme, avec 34 %

    (13 millions) de fumeurs quotidiens en 2014. Alors même que le nombre de fumeurs en

    Europe a baissé de 40 % à 26 % de 2002 à 2014, le tabac tue 78 000 personnes chaque

    année dans l’Hexagone. Pour parvenir à réduire le nombre de fumeurs de 10 %, Marisol

    Touraine envisage la mise en place du paquet neutre, des aides au sevrage, l’élargissement

    des interdictions de fumer dans les lieux publics – mais pas d’augmenter drastiquement les

    tarifs, une mesure qui a pourtant fait ses preuves dans d’autres pays… Le projet de loi de

    santé doit revenir bientôt à l’Assemblée nationale. Mais les lobbies à l’œuvre, tels que celui

    des buralistes, sont puissants. Et ça marche auprès des parlementaires. Le Canard enchaîné 

    du 23 septembre indiquait que les sénateurs ont voté contre le paquet neutre, le

    16 septembre, à 228 voix, contre… 16.

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