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UFC-Que Choisir - Service des tudes
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Rnovation nergtique des logements :la pitre performance des professionnels impose une
reconstruction du systme
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1
Rsum
A la suite du dbat sur la transition nergtique, auquel lUFC Que Choisir a
particip, un projet de loi doit tre prsent par le gouvernement au dbut de lt
2014, portant notamment sur lhabitat, et plus particulirement la rnovation
nergtique des logements existants. Avec un budget nergie en hausse de plus de
23% depuis 2007, lefficacit nergtique des logements est en effet devenue un
enjeu clef, pour rpondre aux dfis environnementaux et limiter la facture des
mnages.
Suite aux chocs ptroliers des annes 1970, les gouvernements successifs ont mis
en place une srie de mesures rglementaires dans le btiment, afin de diminuer la
consommation dans les constructions neuves. Un deuxime lan, via des dispositifs
financiers, est donn dans la fin des annes 1990 sur lhabitat existant, en vue de et
se conformer aux engagements europens et internationaux sur la diminution desmissions de gaz effet de serre.
Au-del des objectifs environnementaux, lenjeu de la rnovation est aussi financier
puisque que dans le cadre dune augmentation tendancielle des prix des nergies, le
principal levier permettant au consommateur de maitriser sa facture nergtique
reste la rduction de sa consommation, qui passe largement par lefficacit
nergtique des logements.
Avec seulement 134 000 logements rnovs de manire performante en 2011,
lchec de ces politiques incitatives est patent. En labsence dun projet de loi detransition nergtique ambitieux, lobjectif dune baisse de la consommation
dnergie du bti de 38% dici 2020, fix lors du Grenelle de lenvironnement, a
toutes les chances de ne pas tre atteint
Pour identifier et comprendre les raisons de cet chec, lUFC-Que Choisir a men
une enqute de terrain pour mesurer la qualit du conseil et de laccompagnement
des professionnels de la performance nergtique. Dans le cadre dun projet de
rnovation nergtique globale de 5 maisons diffrentes, nous avons sollicit 29
professionnels (indpendants ou partenaires dEDF et de GDF Suez). Le constat est
sans appel : le diagnostic de la maison tait souvent trop succinct, ce qui dbouchaitsur des propositions de travaux largement incohrentes. Laccompagnement pchait
en outre dans le conseil en financement des travaux.
Pour lever les freins la rnovation nergtique, il est ncessaire de renforcer la
qualit de laccompagnement des consommateurs, et de simplifier laccs aux aides
et financements. A cette fin, lUFC-Que Choisir propose des mesures quilibres qui
clarifient et renforcent les effets incitatifs des aides actuelles, mais galement la mise
en place de vritables architectes-nergticiens , acteurs indpendants destins
accompagner les consommateurs dans leurs projets de rnovations nergtiques.
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Contenu
I. Le logement individuel ancien, coteux boulet de la
performance nergtique franaise __________________________ 3
1. Une facture nergtique de plus en plus sale ___________________________ 3a. Depuis 2007, 23 % daugmentation du budget nergie des consommateurs ___________ 3b. Des volumes qui stagnent mais des prix qui augmentent __________________________ 3c. Des consommateurs prisonniers de leurs logements gourmands ____________________ 4d. Les mnages modestes et les ruraux : premires victimes _________________________ 5
2. Les maisons anciennes, vritables passoires nergtiques ________________ 6
a. 60% des logements construits avant les premires rglementations thermiques ________ 6b. Une consommation qui augmente avec lanciennet _____________________________ 7c. Les maisons au cur du problme ___________________________________________ 8
3. Rnovation nergtique : encore loin des esprances_____________________ 8
a. Les acteurs sur le terrain : 2 familles principales _________________________________ 8b. Lchec des politiques publiques sur lefficacit nergtique du bti _________________ 9
II. Notre enqute : un accompagnement des consommateurs bien
peu performant __________________________________________ 12
1. Protocole de lenqute ______________________________________________ 12
2. Lvaluation du bti : un zro point __________________________________ 13
a. La qualit de linformation : deux poids, deux mesures ___________________________ 13b. Une valuation du logement souvent non exhaustive ____________________________ 14
3. Des propositions de travaux incohrentes et trop minimalistes ____________ 16
a. Des propositions de travaux incohrentes _____________________________________ 16b. Des niveaux de performances minimales sur les matriaux disolation : _____________ 18
4. Financement : une information standardise en lieu et place dun conseil
personnalis __________________________________________________________ 18
5. Bilan de lenqute : la vritable loterie du conseil _______________________ 20
a. Partenaires des nergticiens : le ciel est loin dtre bleu _________________________ 20b. Les fausses promesses du signe de qualit RGE ____________________________ 21
III. Les deux freins au dveloppement de la rnovation nergtique
221. Lincapacit daccompagner les consommateurs : des entreprises trop petites,
isoles et insuffisamment formes________________________________________ 22
a. Des entreprises corpo-centres et mal formes _____________________________ 22b. Un dispositif reformer pour un accompagnement global et indpendant ____________ 25
2. Financement : une complexit et une instabilit corriger ________________ 29
a. Des dispositifs publics aussi changeants que compliqus ________________________ 29b. Un mcanisme qui nincite pas la performance nergtique _____________________ 31c. La ncessit dun financement corrl la performance nergtique atteinte _________ 32
IV. Les demandes de lUFC Que Choisir _____________________ 37
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I. Le logement individuel ancien, coteux boulet de la
performance nergtique franaise
1. Une facture nergtique de plus en plus sale
Dores et dj proccupation majeure pour les consommateurs, la question
nergtique va devenir de plus en plus sensible pour certaines catgories de
mnages, sous leffet des volutions tarifaires venir.
a. Depuis 2007, 23 % daugmentation du budget nergie des consommateurs
Le poids de lnergie dans les dpenses des mnages na cess de progresser
durant ces dix dernires annes. Entre 2007 et 2012, le budget moyen des mnages
concernant lnergie du logement a ainsi augment de plus de 23%, passant de
1376 1702. La part nergie dans le budget des mnages est ainsi passe de
3.2% plus de 4.3% sur la mme priode1.
b. Des volumes qui stagnent mais des prix qui augmentent
Dans un cadre actuel de relative stagnation, voire de diminution de la consommation
dnergie des mnages pour leur logement2
, la principale cause dvolution dubudget dcoule de la variation rapide du prix des diffrentes nergies. Comme on
peut le remarquer dans le graphique ci-dessous, celui-ci augmente dans son
ensemble.
1Service de lObservation et des Statistiques2Entre 2001 et 2012 la consommation des secteurs rsidentiels et tertiaire est reste relativement stable autour
de 68 millions de tonnes quivalent ptrole
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Cette hausse est particulirement marque pour les rseaux de chaleur (+70% entre
2007 et 2014), le fioul domestique (+ 58% sur la mme priode), le gaz (+40%), et un
peu moins pour llectricit mme si laugmentation reste significative (+30.8%). Il
faut relever pour cette dernire que les prvisions convergent vers une inflation forte
dici la fin de la dcennie, selon la commission de rgulation de lnergie (de lordre
de +30% dici 2017).
c. Des consommateurs prisonniers de leurs logements gourmands
Globalement, 60 70% de la consommation dnergie dun mnage habitant dans
un logement construit avant les annes quatre-vingt est lie la production de
chaleur. Il est ds lors extrmement complexe pour les consommateurs dattnuer
les augmentations de prix de lnergie qui grvent leur budget. Selon les enqutes
du SOeS3
, plus dun quart des mnages (26.9%) jugent quil est trop difficile ou tropcoteux de chauffer leur logement. La difficult, voire limpossibilit, pour un mnage
de modifier sa structure de consommation dnergie sans faire des travaux
consquents, le rend totalement captif des volutions des prix de lnergie court et
moyen termes. Avec les consquences que lon connait sur laugmentation de la
prcarit nergtique, qui touche actuellement prs de 4 millions de foyer4.
3 Service de lObservation et des Statistiques, site du service Statistiques du ministre duDveloppement Durable4INSEE
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Enrayer la hausse de la facture nergtique des mnages passe donc
ncessairement par une baisse du niveau de la consommation, qui sobtient par
lachat dquipements mnagers plus performants, une modification du
comportement des consommateurs dans leur lieu de vie, mais surtout par la
modification profonde de la consommation dnergie lie au bti.
d. Les mnages modestes et les ruraux : premires victimes
Limpact des volutions de lnergie dans les dpenses des mnages franais nest
pas homogne. Ainsi, le poids de lnergie dans le budget peut tre distingu
selon plusieurs dimensions5:
Une dimension sociale: l o les mnages les plus pauvres consacrent
environ 15% de leur revenu aux postes logement et transport, les mnages
les plus aiss en consacrent peine 4%. Cette situation risque de saggraveravec le temps, puisque nombre dexperts estiment qu long terme les prix des
diffrentes nergies vont continuer augmenter. Du fait de la captivit
dusage, cette inflation va davantage toucher le budget des mnages les plus
pauvres.
Une dimension spatiale: leffort nergtique des mnages habitant en zone
rurale est deux fois plus important que ceux habitant en zone urbaine dense
(6.9% du budget pour les premiers contre 3.3% pour les seconds). Cette
diffrence peut sexpliquer par la physionomie de lhabitat selon les zonesconsidres. En zones moins denses, le type dhabitat est essentiellement
individuel et plus grand, ce qui entraine des dpenses nergtiques plus
importantes (6% du budget pour lhabitat individuel) que dans les zones
denses o lhabitat est plutt collectif, avec des surfaces moins importantes
(2.9% dans lhabitat collectif).
Une dimension structurelle : lanne de construction du logement a un
impact sur la consommation moyenne dnergie de ce dernier. En effet,
comme le montre le graphique ci-dessous, la part des dpenses consacre lnergie, en particulier dans le logement individuel, augmente avec
lanciennet du logement. Labsence de rglementation thermique dans les
constructions ralises avant 1975 explique en partie cette diffrence.
5Enqute logement, INSEE, 2006
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Ainsi, les prix de lnergie, les politiques publiques et les obligations de rnovation
nimpactent pas les mnages de manire identique. Par consquent lvolution des
prix de lnergie va plus fortement toucher les mnages faible revenu, mais
galement les mnages habitant en zone rurale dans des maisons individuelles.
2. Les maisons anciennes, vritables passoires nergtiquesEn 2012, le secteur rsidentiel a consomm 46 millions de tonnes quivalent ptrole,
soit 30% de la consommation finale dnergie en France. Cette forte consommation
du secteur rsidentiel dcoule en grande partie de la faible performance nergtique
du parc de logements construit avant la premire rglementation thermique de 1975.
a. 60% des logements construits avant les premires rglementations thermiques
En 2010, le parc rsidentiel franais comptait 32,5 millions de logements rsidentielsdont prs de 27,1 millions de rsidences principales. Le parc de rsidence principale
se dcompose entre lhabitat individuel avec 15,4 millions de logements et lhabitat
collectif avec 11,7 millions de logements.6
Malgr une augmentation du nombre de logements depuis 1975, le parc reste
relativement ancien. Comme le montre le graphique suivant, la majeure partie des
logements franais (plus de 60 %) ont t construits avant 1975, soit avant les
premires rglementations thermiques.
6http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=T14F071
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b. Une consommation qui augmente avec lanciennet
Lanciennet du logement a un impact important sur la consommation dnergie
finale du bti, quelle que soit la source dnergie utilise.
Ainsi, un logement construit avant 1975 consomme en moyenne prs de 30% de
plus quun logement construit aprs les annes 1990. Le renforcement des normes
nergtiques dans la construction a par consquent eu un effet bnfique sur la
consommation moyenne du parc de logements. Cette volution de la consommation
moyenne est donc en partie lie la vie du parc de logements.
Cependant, lamlioration de lefficacit du parc de logements est extrmement
lente : avec une production annuelle de logements ne reprsentant quenviron 1
1,5% du parc total, et un rythme de destruction de lordre de 0,1 0,2 % par an, la
part des constructions antrieures 1975 ne rduit pas significativement. Impossible
par consquent dobtenir une baisse rapide de la consommation moyenne. De ce
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fait, lessentiel des efforts de rduction de la consommation dnergie doit porter sur
les logements existants.
c. Les maisons au cur du problme
Le parc de maisons anciennes (construites avant 1975), reprsente un peu plus dun
tiers du parc de logements franais, or il consomme plus de 42% de lnergie finale
du secteur rsidentiel (soit 177 tWh/an). Dans le dtail, si lon regarde la
consommation unitaire prsente dans le graphique ci-dessous, on distingue de
relles diffrences entre la consommation des maisons anciennes et celle des
maisons plus rcentes, avec des carts de consommation qui peuvent atteindre de 4
6 mWh.
Dans le secteur rsidentiel, lenjeu majeur reste par consquent la rnovation
nergtique des logements anciens. Nous nous concentrerons dans le cadre de
cette tude principalement sur les maisons individuelles qui restent de loin la
premire source de consommation du secteur rsidentiel.
3. Rnovation nergtique : encore loin des esprances
a. Les acteurs sur le terrain : 2 familles principales
Les consommateurs qui souhaitent sengager dans une dmarche de rnovation
nergtique de leur logement peuvent faire appel aux rseaux de partenaires
structurs autour des grands fournisseurs dnergie ou des entreprises
indpendantes spcialises dans la rnovation nergtique. Cette distinction est
importante car lorganisation et la manire dapprhender la relation avec les
consommateurs est diffrente.
Les diagnostiqueurs et thermiciens partenaires de GDF-Suez et EDF :
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Actuellement, EDF et GDF-Suez, travers les marques Bleu Ciel pour le premier et
Dolce Vita pour le second, cherchent intgrer lensemble de la filire, pour proposer
une offre de rnovation complte au consommateur, c'est--dire de lvaluation du
logement, aux travaux et la maintenance en passant par le financement.
Dans le cadre de notre enqute, lassociation sest intresse lamont de cette
filire, cest dire aux experts spcialiss sur lvaluation thermique
(diagnostiqueurs, experts thermiciens, auditeurs,), qui proposent une analyse du
logement et des prconisations de travaux. Ces prestations proposes la fois par
EDF et GDF-Suez sont factures au consommateur, 290 pour la premire et 390
pour la seconde. Ces experts sont normalement capables dapprcier ltat
thermique et de faire une srie de prconisations de travaux permettant damliorer
de manire significative lefficacit nergtique du logement.
Les professionnels de la rnovation nergtique :
Des entreprises indpendantes sont prsentes dans lensemble des corps de mtier
du btiment (maon, couvreur, plombier,.) avec des comptences plus spcifiques
dans lefficacit nergtique. Depuis 2011, afin de rpondre aux exigences de
monte en comptence des professionnels souhaite par les pouvoirs publics, toutes
les entreprises ralisant des travaux concourant lefficacit nergtique et voulant
faire bnficier leurs clients des aides (crdit dimpt et co-PTZ) doivent dtenir le
signe de qualit Reconnu Grenelle de lEnvironnement (RGE).
Ce signe de qualit est cens faciliter la tche des consommateurs dans
lidentification des professionnels comptents. Pour lobtenir, les professionnels
doivent ncessairement fournir un certain nombre de garanties7et a minima suivre
une formation spcialise qui doit leur permettre de matriser lapproche globale
nergtique, de comprendre le fonctionnement thermique dun btiment et de
maitriser les logiciels dvaluation defficacit nergtique.
Si ces professionnels ne sont pas des experts thermiques, leur formation doit donc
leur permettre dapprcier la situation nergtique du bti.
A noter que ces professionnels ne facturent pas leur prestation dvaluation et de
conseil, lie en gnral lmission dun devis.
b. Lchec des politiques publiques sur lefficacit nergtique du bti
Les consommateurs franais ont dpens un peu plus de 38 milliards deuros en
travaux de rnovation de leur habitat en 2011. Sur cette somme, 14 milliards ont t
7 Moyens humains mobiliss ; les moyens matriels; lassurance correspondant son activit
concerne ; des critres lgaux, administratifs et juridiques,.
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consacrs des travaux ayant un impact nergtique, soit un peu plus du tiers des
dpenses totales de rnovation8.
Paralllement, pour soutenir lactivit de rnovation nergtique, les pouvoirs publics
ont mobilis, sur la seule anne 2011, 7.36 milliards deuros de fonds publics9afin
dinciter les mnages sengager dans des travaux de rnovation nergtique.
Sur le terrain, les rsultats restent pour le moins trs mitigs au regard des sommes
engages. Par exemple, en 2011, sur 2.5 millions de travaux de rnovation
nergtique effectus, seuls 134 000 logements, soit 5% des rnovations totales, ont
atteint un niveau de performance nergtique lev, comme le montre le graphique
ci-dessous. Il en faudrait quasiment le quadruple pour atteindre les objectifs de
baisse de la consommation dici 2020 fixs par le Grenelle de lenvironnement.
Ces chiffres sont confirms par ceux dEffinergie10, qui montrent quentre 2009 et fin
2012, seuls 13 600 logements ont obtenu le label BBC-rnovation11, cest--dire
des logements dits basse consommation dnergie. Si lon compare le modle
allemand de la rnovation nergtique au modle franais, on constate que le
modle germanique permet datteindre, selon les annes, de 60 000 150 000
8Enqute de lobservatoire permanent de lamlioration nergtique du logement, OPEN 2011
9Estimation du conseil national de la transition nergtique
10Lassociation qui ralise et dveloppe la promotion des btiments basse consommation.11
C'est--dire une consommation de 80kwh/m/an. Cette valeur est encore aujourdhui la rfrence enFrance pour la rnovation.
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rnovations nergtiques par an soit un niveau quivalent celui du BBC
rnovation.12
LUFC-Que Choisir a cherch, par le biais dune tude de terrain, tablir les raisons
de lchec de la politique de rnovation nergtique mene en France, alors mme
que des fonds publics et privs sont trs largement mobiliss.
12Institut du dveloppement durable et des relations internationales
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II. Notre enqute : un accompagnement des
consommateurs bien peu performant
1. Protocole de lenqute
Lassociation a test la qualit de conseil des professionnels de la rnovation
nergtique sur ses trois points principaux, c'est--dire :
Lvaluation thermique de la maison, qui consiste faire un tat des lieux de
la maison pour dtecter les principaux points de dperdition nergtique ;
La qualit des propositions de travaux faites : prise en compte de lensemble
des facteurs (isolation, ventilation, production de chaleur), ordre suivre pour
effectuer les travaux, qualit des matriaux proposs
Et linformation donne sur les dispositifs daide et de financement, cest--dire
tous les dispositifs publics permettant au consommateur de rduire le cot des
travaux et/ou deffectuer des travaux de plus grande ampleur.
Le scnario de lenqute tait simple : le propritaire dune maison cherche rduire
sa facture dnergie de manire significative (la diviser au moins par deux) et il
contacte pour cela :
Les fournisseurs dnergie (EDF et GDF-Suez) via leur site internet, afin
dobtenir une valuation payante du bti ;
Plusieurs professionnels indpendants prsents sur le march local et certifis
RGE13.
Le propritaire na pas dide sur le type de travaux ncessaires ni sur lenveloppe
budgtaire prvoir, mais a entendu parler daides dont il pouvait bnficier.
Lenqute sest droule du mois de mars dbut avril 2014, dans cinq maisons
situes dans cinq dpartements franais trs diffrents au niveau du climat (lEure et
Loire ; le Gard ; la Loire Atlantique ; la Champagne ; la Savoie).
Ces maisons ont t construites avant le milieu des annes 1970, cest--dire avantles premires rglementations nergtiques. Au niveau de la production de chaleur
deux maisons sont au fioul, une llectricit, une avec un mix gaz et lectricit et
une dernire avec un mix bois, gaz et lectricit. En moyenne la facture dnergie est
denviron 2 175 par an. Les maisons nont pas ou peu subi de travaux rcents de
performance nergtique.
13 Entreprise certifie Qualibat RGE, entreprise certifie Eco-Artisan RGE, et entreprise Pros de la
performance nergtique.
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Aprs le passage de chaque professionnel, le propritaire de la maison devait remplir
un questionnaire concernant la visite et nous renvoyer les devis tablis par les
diffrentes entreprises.
Dans un second temps, lUFC-Que Choisir a fait analyser les devis et
recommandations des professionnels par une entreprise indpendante, spcialise
dans la rnovation des btiments basse consommation et sur lapproche globale de
la performance nergtique. Cette entreprise bnficie dune trs bonne exprience
et reconnaissance dans ce domaine, travaillant dj tant pour les grands acteurs du
secteur entreprises comme rgulateurs - pour les collectivits locales et pour les
institutions europennes.
Au total, sur 34 professionnels contacts par nos bnvoles/propritaires, 29 se sont
dplacs chez les propritaires : 5 partenaires EDF, 5 partenaires GDF, 19
indpendants RGE .
Cette enqute de terrain a permis de mettre en lumire des constats accablants, tant
au niveau de la qualit du travail et du conseil des professionnels de la rnovation
nergtique que sur linformation dlivre sur les conditions de financement de cette
rnovation.
2. Lvaluation du bti : un zro point
A partir des devis et des rapports dvaluation thermiques, notre expert a apprci
la fois la qualit de lvaluation faite par les professionnels mais galement les
propositions de travaux qui en dcoulaient.
a. La qualit de linformation : deux poids, deux mesures
Au niveau de linformation donne au consommateur il existe deux poids deux
mesures. En effet, sur les 29 professionnels qui se sont dplacs chez le particulier,
seuls 8 ont remis un rapport qui permet davoir une image de la situation de leur bien,
quand 15 ont remis un simple devis, contenant uniquement les travaux ncessaires.
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Dans le dtail, sur les dix professionnels affilis GDF-Suez et EDF (valuateurs ou
diagnostiqueurs) huit ont remis un rapport sur ltat thermique du logement, et deux
partenaires GDF-Suez ont produit un devis.
Paralllement, les professionnels indpendants nont dlivr au mieux quun devis
(13 fois sur 19), qui, tant centr avant tout sur les lments installer ou changer,
ne permet pas didentifier ltat thermique de son bti. A noter que 6 indpendants
nont rien remis au client !
b. Une valuation du logement souvent non exhaustive
Afin de faire des propositions de travaux de performance nergtique cohrents il est
ncessaire de faire un tat des lieux pralable du bti. Cela passe a minima par
lanalyse de 3 critres essentiels :
Une valuation des matriaux qui composent lenveloppe du logementavec
lisolation du toit, des murs, du sol et des lments constituant lesouvertures ;
Une valuation de la ventilation: il est ncessaire de voir ltat de la
ventilation car dans un logement trs isol une mauvaise circulation de lair
peut avoir des consquences sur la qualit de lair ou dgrader la
performance nergtique du logement.
Une valuation du systme de production de chaleur: le professionnel doit
inspecter la puissance ou encore lge des quipements mais aussi le mode
de production.
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Cette dmarche, essentielle pour faire un tat des lieux thermique du bti, est la
base dune approche globale de rnovation nergtique.
Or, la visite de lensemble des lieux na t ralise que par 58% des
professionnels
14
, ce qui peut rendre une apprciation complique voire impossiblecar le propritaire a rarement une connaissance prcise et exhaustive des
modifications ralises ou encore des caractristiques techniques de son logement.
Dans le dtail, on constate que les dix professionnels envoys par les fournisseurs
dnergie pour faire une valuation thermique font tous une visite complte du lieu,
alors que 69% des indpendants ne lont pas fait.
Ces donnes sont confirmes, voire aggraves, par lanalyse faite par notre expert
sur lvaluation du bti. Il existe une absence quasi-totale dapprciation complte
des maisons par les professionnels. Comme on peut le constater dans le
graphique ci-dessous, seul un professionnel, soit 3% de notre panel, prend en
compte les trois critres mentionns (enveloppe, ventilation, production de chaleur)
dans son valuation. Pour la grande majorit des professionnels (83%), lvaluation
nest pas suffisamment dtaille et sarrte sur un ou deux critres. Enfin, 14% des
professionnels nont effectu aucune valuation.
Par ailleurs, sur les 10 prestataires dEDF et GDF-Suez, seul 1 prestataire (de GDF-
Suez) a labor un tat des lieux plutt complet. Les 9 autres prennent bien en
compte les trois critres, mais avec un rel manque de prcision.
1426 visites renseignes sur cet aspect (3 questionnaires nindiquent rien sur le sujet)
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Les professionnels indpendants, sans surprise, concentrent leur valuation sur leur
spcialit. Ainsi, sur les 19 indpendants, 15 ont fait une valuation non exhaustive
des logements, les 4 derniers nayant pas men dvaluation. Il est important de
noter quaucun des artisans na propos de faire intervenir dautres professionnels
spcialiss dans dautres curs de mtiers, afin de complter lvaluation de la
maison.
Consquence de cette valuation incomplte : si une srie de propositions de
travaux est souvent remise, celles-ci restent largement insuffisantes.
3. Des propositions de travaux incohrentes et trop
minimalistes
a. Des propositions de travaux incohrentes
Des propositions de travaux qui manquent de pertinence
Au vu de ltat des logements tmoins, les propositions de travaux auraient d porter
sur les trois critres pour tre juges cohrentes, mais galement sur la performance
de lensemble des matriaux et quipements (comme le niveau de rsistance dun
isolant ou la puissance dune chaudire, ...).
Par exemple, commencer par rnover le systme de chauffage avant de revoir
lenveloppe du bti peut entrainer un surdimensionnement du systme de chauffage,
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qui savrera terme extrmement coteux, et par consquent rduire
considrablement la pertinence conomique de la rnovation sur le moyen terme.
Comme on pouvait sy attendre au vu des lacunes de lvaluation, la cohrence des
propositions faites par les diffrents professionnels nest pas au rendez-vous.
Sur les 29 professionnels qui se sont dplacs, seuls 23 ont remis aux
consommateurs des propositions de travaux.
Parmi ceux-ci, une seule entreprise de notre panel, prestataire de GDF Suez, a
labor une proposition de travaux cohrente, portant sur les trois critres la fois.
Le reste des acteurs, qui nont en gnral pas conduit une valuation exhaustive du
bti, proposent des travaux ne portant que sur un ou deux des trois critres.
Il est noter que plus de 64% des professionnels tests ont allgu des conomies
dnergie et de facture allant de 20% 50% sans engagements contractuels et pour
les professionnels indpendants surtout sans valuation objective.
Des prestations EDF et GDF-Suez qui ne sont pas la hauteur
Un seul professionnel EDF/GFD-Suez sur les dix tests a fait une srie de
propositions, alors quils disposent tous des outils et des comptences ncessaires
pour avoir une approche plus globale. Au niveau des diagnostiqueurs partenaires
dEDF, les recommandations se focalisent trop souvent sur le systme de production
de chaleur, avec une approche partielle, voire inexistante, de lenveloppe, du bti et
de la ventilation : alors quils constatent un dfaut majeur de lisolation de la maison,
3 des 5 diagnostiqueurs EDF se concentrent sur une solution de changement de
chauffage.
Il y a donc une incohrence assez tonnante entre leurs constats et leurspropositions.
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Des indpendants trop corpo-centrs
Sagissant des professionnels indpendants, la plupart laborent des propositions
plus ou moins axes autour de leur cur de mtier. Seuls 5 professionnels
indpendants sur les 13 qui proposent des travaux abordent ou mentionnent
succinctement la ncessit des travaux sur dautres composantes du bti. Cette
approche corpo-centre est trs prjudiciable pour le consommateur, car il risque
de sengager dans des travaux qui ne permettent pas datteindre les objectifs fixs.
Beaucoup trop dacteurs ont une approche partielle de la rnovation nergtique du
logement. Or, comme la expliqu de faon image un chauffagiste qui na pas fait de
forcing pour placer ses quipements de production de chaleur, rien ne sert de
mettre de leau dans un seau perc, il faut boucher les trous .
b. Des niveaux de performances minimales sur les matriaux disolation
Un autre lment saillant constat lors de cette enqute est le faible niveau de
performance nergtique des matriaux disolation proposs dans beaucoup de
devis. Cette situation concerne tous les professionnels, y compris les partenaires
EDF Bleu-ciel et GDF-Suez. Gnralement, les professionnels semblent se limiter,
volontairement ou non au niveau de performance minimum qui permet au particulier
dtre ligible aux aides et crdits.
Or, actuellement, ces dispositifs daides et de crdits sont bass sur des exigencesnergtiques dj anciennes, qui sont trs loin des normes basses consommation
(80 kWh/m/an). Cette situation est fortement regrettable : en effet, sur des travaux
disolation, lessentiel des cots provient de la main duvre et de loutillage
ncessaires. Ainsi, utiliser des rsistances plus importantes sur les matriaux
isolants nentraine ainsi pas de surcot important mais permet une bien meilleure
efficacit nergtique.
4. Financement : une information standardise en lieu et placedun conseil personnalis
Les aides et les moyens de financer les travaux de rnovation nergtique sont un
lment dterminant dans la dcision des consommateurs. Par exemple, pour
certains mnages faibles ressources, plus de la moiti du cot des travaux peut
tre compens par les aides, et avec un financement adapt, les conomies peuvent
couvrir le remboursement dun prt.
Dans notre enqute, la question des aides et financements nest pas et cest l une
bonne surprise un sujet inconnu des professionnels : en effet, 63% dentre eux
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abordent spontanment cette question. Si lon rajoute ceux qui lont voque aprs la
demande du particulier, ce taux monte 81,5%.
.
Sagissant des 10 diagnostiqueurs partenaires dEDF et de GDF, 6 abordent
spontanment ce sujet, 2 aprs demande du client et 2 ne labordent pas. Les 8
professionnels ayant transmis un rapport ont fourni un document rcapitulatif des
dispositifs existants.
Autre point important, la qualit du conseil sur les dispositifs. Lensemble des
diagnostiqueurs partenaires dEDF transmettent une liste exhaustive des diffrentes
aides. Liste peu utile pour un consommateur non spcialiste, puisque sur les 33
pages du document, elle recense 27 types de crdits et daides diffrents ! Difficile
ds lors pour le consommateur de savoir quel dispositif lui convient.
De manire gnrale, lensemble des acteurs qui abordent le sujet ne donnent pas
de conseil personnalis sur les montants daides auxquels le mnage peut prtendre
lors de la remise du devis ou du rapport.
La consquence directe de cette situation est que lensemble des devis et rapports
distribus raisonnent partir dun cot brut des travaux nintgrant pas les aides et
subventions. Ce nest que plus tard, une fois la dcision deffectuer les travaux prise,
quune personnalisation des aides est ralise.
En raisonnant partir des cots bruts des travaux, sans prise en compte des aides et
subventions, le consommateur aura tendance sorienter vers le devis le moins
onreux quelle que soit lampleur des travaux contenusalors que la prise en
compte des aides et subventions aurait pu lui permettre de faire des travaux certes
plus coteux, mais au final bien plus rentables.
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5. Bilan de lenqute : la vritable loterie du conseil
Au regard des rsultats de notre enqute de terrain, force est de constater la grande
insuffisance en matire de conseil et daccompagnement du consommateur
concernant les travaux de rnovation nergtique, et ce, tous les stades :
information, visite des lieux, valuation du bti et prescription de travaux. Laspect
financement est galement limit : si linformation est effectivement dlivre par les
professionnels, celle-ci est cependant trs limite et nest jamais personnalise.
Aucun des deux grands types dacteurs, que ce soient les partenaires EDF/GDF-
Suez spcialiss dans les valuations thermiques ou les professionnels
indpendants, ne fournissent aujourdhui de prestations satisfaisantes pour que leconsommateur puisse raliser des travaux en toute confiance.
a. Partenaires des nergticiens : le ciel est loin dtre bleu
Au regard du prix des prestations (290 390 ), il est frappant de constater les
mdiocres rsultats des prestataires envoys par les fournisseurs dnergies afin
deffectuer une valuation du bti.
Si ces acteurs effectuent rellement une visite intgrale du bti pour effectuer ltat
des lieux, lvaluation qui en rsulte est trs incomplte (concentration
principalement sur les systmes de chauffage, prise en compte trs rare de la
ventilation, ), ce qui se traduit, mcaniquement, par des propositions incohrentes :
par exemple, en nisolant que trs partiellement le logement tout en proposant un
mode de chauffage surdimensionn.
Sur laspect financement, le travail dinformation est fait, mais il passe par la remise
de liasses de documents indigestes pour les consommateurs et en aucun cas de
conseils personnaliss.
Au final, la prestation payante effectue est totalement en-de de ce que peut
attendre un consommateur des oprateurs historiques de lnergie.
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b. Les fausses promesses du signe de qualit RGE
La situation est galement trs inquitante pour les professionnels indpendants,
alors mme que nous avions volontairement choisi des professionnels Reconnus
Garants de lEnvironnement supposs tre des spcialistes de lanalysenergtique.
Les visites compltes du bti sont rares (31% des cas), ce qui entrane une
valuation insuffisante des travaux effectuer. Il apparat clairement que rares sont
les indpendants qui arrivent se dgager de leur cur de mtier historique pour
raliser une valuation sur lensemble des grands critres de rnovation. En dpit de
cette lacune, aucun ne propose de faire appel des spcialistes dautres corps de
mtiers, qui pourraient complter lanalyse et faire des propositions globales.
Comme pour les diagnostiqueurs EDF/GDF-Suez, linformation sur le financementest diffuse, mais galement de manire trop gnrique, et, cette fois-ci, sans aucun
support crit destination du consommateur.
Ce constat traduit lchec de lapproche RGE : malgr le suivi obligatoire dune
formation qui doit, dune part, leur permettre de matriser lapproche globale
nergtique15 et, dautre part, leur permettre de comprendre le fonctionnement
thermique dun btiment et maitriser les logiciels dvaluation defficacit
nergtique16, les rsultats sont invisibles sur le terrain !
Les rsultats plus que dcevants concernant la rnovation nergtique en France ne
sont pas le fruit du hasard, comme lillustre notre enqute de terrain : ils sexpliquent
par laccompagnement trop limit des consommateurs par les professionnels du
secteur. Ils sont en outre la consquence de freins structurels lis tant la filire de
la rnovation nergtique qu des dispositifs de financement inefficaces.
15FEEBAT module 1 ( Identifier les lments cls dune offre globale damlioration nergtique des
btiments existants )16
FEEBAT module 2 ( Matriser les logiciels pour mettre en uvre une offre globale damliorationnergtique des btiments existants )
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III. Les deux freins au dveloppement de la rnovation
nergtique
1. Lincapacit daccompagner les consommateurs : des
entreprises trop petites, isoles et insuffisamment formes
a. Des entreprises corpo-centres et mal formes
Une surreprsentation de trs petites entreprises non polyvalentes :
Lactivit de performance nergtique reste largement domine par des petites, voire
trs petites entreprises. En effet, comme on peut le constater dans le graphique ci-
dessous, presque trois quarts des entreprises du secteur ne dpassent pas deux
salaris, quand 93 % en comptent moins de 10.
Ce constat est regrettable, puisque la taille de lentreprise va de pair avec une
meilleure matrise des comptences de la part de ses employs. Comme on peut le
constater dans le graphique suivant, les trs petites et petites entreprises, pour une
grande partie, ne possdent quune trois comptences en interne dans les
prestations performantes alors que les plus grandes entreprises disposent de
comptences en interne plus largies.
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Cette spcialisation peut expliquer la difficult des petites entreprises, qui
reprsentent la majorit du secteur, maitriser une approche globale de la
performance nergtique, c'est--dire dtre capables dvaluer correctement
lensemble des diffrents lments qui composent le bti et surtout de pouvoir
proposer des solutions qui vont au-del de leur cur de mtier.
En clair, un artisan chauffagiste nest pas un diagnostiqueur, et surtout na pas
forcment de connaissances approfondies sur les techniques et quipements
ncessaires lisolation des murs ou celle des combles. Ce qui pose une autrequestion : pourquoi alors des partenariats ou des groupements dartisans ne se
forment-t-il pas, permettant de proposer une solution globale et cohrente au
consommateur ?
La difficult des artisans nouer des partenariats :
La mise en place de partenariats entre les diffrents mtiers de la rnovation
nergtique est aujourdhui tente par certains acteurs, comme Eco artisan ou
encore lopration Dormi, qui a ncessit un long travail de concertation et de
formation avec les diffrents professionnels afin quils changent leurs pratiques.Cependant, ce type dinitiative reste trop rare : les trs petites entreprises et artisans
nont pas lhabitude de pratiquer des partenariats, comme le montre le graphique
suivant.
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Il est par consquent ncessaire de proposer une formation et un accompagnement
des professionnels qui permettent de raliser ce type dorganisation collaborative.
Le manque de formation des acteurs RGE :
Comme nous lavons dj voqu, les professionnels RGE, pour obtenir leur
qualification ou leur certification, doivent suivre une formation spcialise qui leurpermet normalement de matriser lapproche globale nergtique17 dune part, de
comprendre le fonctionnement thermique dun btiment et maitriser les logiciels
dvaluation defficacit nergtique18dautre part. Ces deux modules de formation,
qui durent deux jours chacun, sont obligatoires.
Pour autant nos rsultats le montrent : les professionnels RGE se sont contents
dun devis, et aucun na propos une valuation relle, mme payante, pour avoir un
tat des lieux du bti et faire ensuite des propositions de travaux de rnovation
nergtique globale. Par consquent, lobjectif principal de faire monter encomptence des professionnels ne semble pas atteint avec ce label.
Cela sexplique avant tout en raison dune formation trop thorique et surtout trop
limite dans le temps, qui ne laisse pas ou peu de place une formation pratique
permettant damliorer les comptences des professionnels sur le terrain. En effet,
un professionnel ne va pas prendre le risque dappliquer chez un client une
17FEEBAT module 1 ( Identifier les lments cls dune offre globale damlioration nergtique des
btiments existants )18
FEEBAT module 2 ( Matriser les logiciels pour mettre en uvre une offre globale damliorationnergtique des btiments existants )
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technique dinstallation ou faire des propositions de travaux quil a vus dans un
document technique.
Afin de corriger ces diffrents errements, lUFC - Que Choisir propose plusieurs
solutions concrtes permettant damliorer et de renforcer laccompagnement desconsommateurs dans leur dmarche de rnovation nergtique.
b. Un dispositif reformer pour un accompagnement global et indpendant
Deux mesures sont ncessaires pour garantir une vritable monte en comptence
des professionnels qui souhaitent obtenir le signe de qualit RGE, mais aussi
assurer un meilleur accompagnement des mnages qui entreprennent des travaux.
Premire mesure : un renforcement du signe de qualit RGE
Afin de renforcer la confiance des consommateurs vis--vis des professionnels de la
performance nergtique, le signe de qualit RGE ne doit pas tre une nouvelle
tiquette comme il en existe dj tant dautres, mais vritablement un outil
permettant de distinguer les artisans faisant la preuve dune relle comptence dans
lapproche globale de la rnovation nergtique. Cest pour cela que lUFC-Que
Choisir demande quune srie de mesures soient prises afin davoir une relle
monte en comptence des professionnels.
Un contrle renforc:
Actuellement le maintien du signe de qualit RGE est conditionn un seul contrle
sur chantier par lorganisme certificateur. Afin de garantir une meilleure fiabilit aux
consommateurs, il est ncessaire de renforcer le nombre de ces contrles sur
chantier. Ceux-ci doivent se faire linitiative du certificateur sur un chantier choisi
alatoirement ds la premire anne de lobtention du label. Ce premier contrle doit
avoir une valeur pdagogique, permettre de relever les dfauts et les non-
conformits afin dorienter la formation du professionnel. En cas de manquements
importants, il est ncessaire dengager une procdure de suivi sur les professionnelsconcerns. Enfin, un dernier contrle pouvant faire lobjet de sanctions devra tre
ralis dans les deux dernires annes de la certification afin de vrifier le respect
des engagements du professionnels RGE.
Une transparence des organismes certificateurs :
Actuellement, la sanction reste la discrtion des organismes certificateurs sans
obligation de publier les rsultats annuels. Il est essentiel que lensemble des
certificateurs publient en toute transparence la liste des professionnels certifis,
comme le font dj certains organismes de qualification. Ainsi, devraient trepublies par les organismes certificateurs de manire annuelle les informations sur
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les contrles effectus, le nombre de dossiers traits, le nombre et les raisons des
sanctions. Cette transparence permettra de mieux responsabiliser les organismes
certificateurs, de renforcer la crdibilit de la certification, mais aussi didentifier les
principaux problmes de la filire.
Une responsabilisation de lorganisme certificateur :
La monte en comptences des professionnels passe en outre par la
responsabilisation des organismes certificateurs, afin quils portent rellement ce
projet. Dans ce but, les pouvoirs publics doivent dfinir des objectifs clairs,
contraignants et engageants la qualification du certificateur. Cette rforme ncessite
la mise en place dindicateurs de suivi de lactivit des organismes certificateurs,
pour mesurer leur implication dans la surveillance et la monte en comptence de
leurs adhrents (exemple : taux de suivi des professionnels dfaillants, rduction des
taux de dfauts, etc.).
Un renforcement de la formation des professionnels et du cahier des
charges sur les obligations de conseils :
A lheure actuelle, les professionnels et entreprises ayant obtenu le signe de qualit
RGE doivent ncessairement suivre une formation au sein de lorganisme FEEBAT.
La formation minimum doit permettre au professionnel dlaborer et de proposer aux
consommateurs un projet de rnovation nergtique global, de comprendre le
fonctionnement thermique du btiment et des logiciels permettant de fiabiliser le
chiffrage des conomies dnergie ralisables.
Deuxime mesure : la promotion dun architecte-nergticien , expert
indpendant capable daccompagner le consommateur dans son projet de
rnovation globale.
Nous avons montr que linstauration dun signe de qualit RGE et la structuration
autour des fournisseurs dnergie ne permettent pas de garantir un niveau de conseil
suffisant. Le secteur de la performance nergtique reste trop fragment et avec une
formation insuffisante des professionnels. De ce fait, le consommateur souhaitantsengager dans une dmarche de rnovation nergtique cohrente risque dtre
totalement dsarm.
Cest pourquoi lUFC-Que Choisir propose de crer un cadre rglementaire
permettant lmergence dexperts, indpendants tant des professionnels que des
fournisseurs dnergie, qui tiendraient lieu de vritables architectes-nergticiens .
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Une indpendance de l architecte-nergticien assure par son
financement :
Pour garantir une valuation dans lintrt du consommateur, il est ncessaire de
mettre en place une organisation sur le principe de la sparation
mdecin/pharmacien.
Dans notre cas, il est ncessaire que lexpert, qui peut tre un architecte, un cabinet
spcialis, soit totalement indpendant, pour choisir la solution la plus adapte au
logement tudi et lintrt du consommateur client.
Cette indpendance passe par un financement direct par le consommateur.
Cependant, le cot dintervention dun expert indpendant risque dtre lev : un
audit thermique qui prend en compte le comportement des mnages peut atteindre
entre 1 000 et 2 000 pour une maison individuelle et la maitrise duvre, mme
simplifie, peut atteindre 10% du cot des travaux.
Afin de limiter ce surcot, nous proposons dutiliser :
Lors de la phase daudit, les certificats dconomie dnergie (CEE) pour financer
une partie du cot li cette valuation.
o Il est indispensable dinciter les consommateurs raliser des audits de leur
maison pour quils prennent conscience des opportunits dconomies
offertes par les travaux de rnovation nergtique.
o Pour compenser le cot de laudit complet ralis par larchitecte-
nergticien, les CEE, auxquels devraient tre ligibles les consommateursfaisant faire des valuations de leurs logements, pourraient tre revendus
par ceux-ci pour diminuer le cot de laudit.
Et pour inciter les mnages sengager dans une dmarche de travaux qui suit
les prconisations, nous proposons la mise en place dun dispositif
complmentaire de financement qui absorbe la totalit du surcot li lexpert.
o Ce financement passerait par le Crdit dImpt Dveloppement Durable.
Les avantages de cette mthode, mise en place en Allemagne, sont notables :
En premier lieu, pour un cot relativement rduit pour le consommateur (en
Allemagne lintervention dun expert reprsente 2 5 % du cot global), cet
accompagnement permet dassurer la qualit de ralisation et la cohrence du
projet vis--vis des exigences rglementaires et des caractristiques du btiment.
Ce mode de financement devrait permettre le dveloppement rapide de cet acteur
central dans la rnovation nergtique, comme le montre lexemple allemand
avec la cration de plus de 4 000 experts thermiciens en moins de 4 ans suite
la mise en place dun dispositif de financement.
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Par ailleurs, cet expert devra tre certifi par un organisme indpendant et/ou par
ladministration. Cette certification devra porter sur un cahier des charges trs
prcis qui prendrait en compte minima la formation, les comptences relles de
lexpert, son caractre indpendant, mais galement le contrle des ralisations
afin dviter toute drive. Cette certification doit tre une vritable slection afin degarantir une comptence minimum au consommateur.
Un suivi tout au long du projet, et une maitrise duvre coordinatrice :
L architecte-nergticien effectuera un rle de suivi sur toute la dure du projet
de rnovation nergtique :
En amont, il sera charg deffectuer lanalyse pralable et complte de la maison,
dtablir laudit des lieux et les propositions de travaux, et de chiffrer lobjectifprcis de rduction de consommation dnergie permis par ces travaux et les
gains conomiques qui en dcoulent.
Durant les travaux, il jouera le rle dinterlocuteur unique, entre le consommateur
et les professionnels des divers corps de mtier en charge des travaux. Il aura
donc un vritable rle de maitre duvre et de coordonnateur des
professionnels, pour le compte du consommateur.
A laboutissement des travaux, il effectuera un audit de sortie des travaux, et
vrifiera latteinte ou non des objectifs dfinis en amont. Chaque valuation
du bti pr-travaux et post-travaux devra tre envoy lADEME. En cas de non-
respect des engagements, sa responsabilit pourra tre engage auprs du
consommateur, comme de la banque si un prt a t concd pour les travaux. Il
pourra ventuellement mener des actions rcursoires contre les professionnels si
les travaux nont pas t effectus dans les rgles de lart.
Outre son rle de coordinateur, lexistence de l architecte-nergticien prsente
un autre avantage pour le consommateur : par sa connaissance du march, lexpertpourra limiter les pratiques de prix excessifs de certains professionnels
(renforcement du pouvoir de ngociation du consommateur), les phnomnes dits de
multi-marges (chaque professionnel intervenant sparment pratique une marge
sans prendre en compte celle des autres professionnels), et ainsi rduire le cot
global des travaux.
Enfin, avantage indirect pour la communaut des consommateurs : lenvoi des
valuations pr- et post-travaux permettra aux pouvoirs publics davoir une image
fiable du parc de logements et de son volution. Ces informations pourraient avoir
galement un intrt pour ladministration dans le cadre des valuations des
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politiques publiques afin dapprcier et de mieux calibrer les diffrents dispositifs
daides et subventions ou de mieux dceler les dysfonctionnements sur le terrain.
2. Financement : une complexit et une instabilit corriger
Du fait du cot des travaux de rnovation nergtique, la barrire du financement est
aujourdhui un lment dterminant dans le passage lacte des mnages.
En effet, lheure actuelle, beaucoup de mnages font appel leur ressources
propres afin de financer des travaux de rnovation nergtique performants : ainsi,
un sondage avanait en 2013 que le fait davoir des ressources financires en propre
a convaincu 72% des sonds de lancer des travaux de performance nergtique19.
Les mnages restent ainsi rticents sendetter, alors mme que les conomiesobtenues peuvent permettre si la performance des travaux est suffisante - de
financer une large partie du crdit.
Cette situation limite considrablement le nombre des mnages envisageant
deffectuer des travaux de rnovation nergtique, puisque les sommes ncessaires
peuvent tre importantes. Pire, toujours selon ce mme sondage, 19% des mnages
ayant entrepris des travaux de performance nergtique nont pas effectu
lintgralit des travaux ncessaires par manque de ressource et daides financires.
De plus, de moins en moins de mnages font appel aux diffrents dispositifs publicsdaide au financement des travaux de rnovation nergtique. Par exemple
lutilisation du crdit dimpt dveloppement durable est de moins en moins
envisage (par 53% des mnages en 2013, contre plus de 67% en 2010), tout
comme lEco prt taux zro (seulement 5% des mnages en 2013, 9% en 2010).
Comme la rvl notre tude, sajoute la faible motivation des consommateurs
pour lutilisation des dispositifs daide publics un profond problme de conseil de la
part des professionnels sur cet aspect.
a. Des dispositifs publics aussi changeants que compliqus
Labsence de conseil personnalis par les professionnels est due une trs grande
complexit - et une instabilit certaine - des mcanismes de financement et daides.
Ainsi, pour les mnages habitant en maison individuelle, il existe deux types daides :
19TNS - Sofres
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Le crdit dimpt dveloppement durable (CIDD) :
Le CIDD bnficie aux particuliers et bailleurs qui installent des matriaux et
quipements performants nergtiquement.
Ce dispositif a t maintes fois remani avec des modifications sur le taux du crditdimpt, sur les quipements ligibles ou encore sur les critres techniques, si bien
que les consommateurs, mais aussi les professionnels, sont dsorients.
De mme, depuis 2008, les pouvoirs publics ont souhait rduire la voilure sur le
CIDD. Entre 2008 et 2012, le montant du CIDD a t divis par 4 passant ainsi de
2.6 milliards en 2008 650 millions deuros en 2012.
A cela sajoute le fait que depuis 2012, les pouvoirs publics cherchent mieux utiliser
les ressources et ont dcid de moduler un peu plus le CIDD en fonction du nombre
de travaux raliss. Ds lors, pour bnficier du CIDD taux plein (25%), leconsommateur doit entreprendre un bouquet de travaux, cest--dire raliser
plusieurs travaux.
La mesure reste encore complexe car lligibilit des travaux varie en fonction du
type de logement (collectif/individuel), du type dquipement, ou encore du niveau de
ressources des mnages.
Lco-prt taux zro (co-PTZ):
Cr en 2009, ce prt taux bonifi (0%) sadresse aux propritaires dun logementconstruit avant 1990. Il permet de financer jusqu 30 000 des travaux de
rnovation nergtique sur une priode de 15 ans, et le risque est partag entre les
banques et lEtat.
Comme pour le CIDD, le consommateur doit raliser un bouquet de travaux pour
pouvoir bnficier de ce type de mesure. A la diffrence du CIDD, lco-PTZ se
dcline aussi selon un objectif de performance. Loctroi du crdit taux bonifi se fait
alors sur la base du niveau de performance nergtique atteint grce la rnovation
nergtique et non plus uniquement sur la base des quipements utiliss.
Malheureusement ce type de financement bas sur latteinte dun rsultat ne
reprsente quun pourcent des crdits co-PTZ. Selon les experts, cet insuccs de
lEco-ptz est chercher dans :
la difficult des banques valuer la pertinence technique et conomique des
travaux de performance nergtique car elles ne possdent pas les capacits
dexpertise technique ncessaire ;
les difficults que rencontrent les banques auprs de ladministration sur la
constitution des dossiers et lligibilit des demandes de crdit ;
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la faible implication de certaines banques dans la promotion de ce type de
dispositif. En 2012, selon les chiffres de la Socit de Gestion du Fonds de
Garantie de lAccession Sociale la proprit , seulement trois banques sont
rellement impliques, reprsentant elles trois les deux tiers des crditsoctroys.
De cette situation de complexit et dinstabilit dcoule le manque de connaissances
oprationnelles des professionnels de la rnovation nergtique sur les subventions
et les modes de financements particuliers. Comme le montre lenqute INSEE de
2011 (graphique ci-dessous), cette mconnaissance rend difficile la personnalisation
des aides par les entreprises du secteur, et surtout par les petites structures. Avec
moins de 15 % de connaissances oprationnelles sur le CIDD et 10 % sur lEco-prt
taux zro, les entreprises ne peuvent donner quune information succincte et
gnrale au consommateur, linvitant se dbrouiller par lui-mme.
b. Un mcanisme qui nincite pas la performance nergtique
Les instruments financiers actuels doivent, normalement, inciter les consommateurs
sinscrire dans une logique de rnovation nergtique pousse.
Or, comme nous lavons constat prcdemment, les professionnels proposent des
quipements et matriaux qui permettent aux consommateurs dtre ligibles aux
diffrents dispositifs, mais sans chercher aller plus loin. On peut ainsi sinterrogersur le caractre incitatif au niveau nergtique - des dispositifs de financement de
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travaux. Ainsi, pour les deux tiers des personnes ayant ralis des travaux, le CIDD
et lco-prt nont pas t des lments dclencheurs de la rnovation. Pire, daprs
lenqute OPEN de 2011, dans seulement un cas sur dix ces dispositifs ont incit les
mnages raliser plus de travaux et utiliser des quipements plus performants !
Le problme principal est que dans leur grande majorit, ces dispositifs reposent sur
une obligation de moyens, cest dire que, pour percevoir les subventions et
bnficier des prts aids, les consommateurs sont dans lobligation de raliser un
bouquet de travaux avec des exigences techniques minimum sur les matriaux et
quipements utiliss.
Si cette situation a lavantage dimposer de fait un standard minimum, elle a aussi
linconvnient de ne pas pousser les mnages et les professionnels aller plus loin
dans la logique de rnovation globale, avec le risque de tuer le gisement dconomie
possible pour plusieurs annes. En effet, un mnage qui sengagerait dans unprocessus plus pouss de rnovation nergtique avec des quipements et des
matriaux plus performants ne bnficiera pas davantages supplmentaires lui
permettant dabsorber une partie des surcots. Paralllement, les industriels nont
aucun intrt innover pour proposer des quipements plus performants car les
consommateurs sorienteront plutt vers des quipements moins chers, certes moins
performants, mais qui respectent les niveaux minimums exigs.
Une alternative intressante consisterait moduler le niveau des aides et le taux des
prts en fonction de la performance atteinte grce une rnovation nergtique
c. La ncessit dun financement corrl la performance nergtique atteinte
Les mesures financires reposent sur une obligation de moyens : afin de bnficier
des dispositifs prvus (CIDD, Eco-prts,) les consommateurs doivent rentrer dans
une logique de bouquets des travaux. Mais, paradoxalement les dispositifs daides
ne prennent pas en compte la performance nergtique globale. Vous pouvez donc
renouveler plusieurs quipements et composants sans pour autant changer
radicalement la performance du btiet quand mme bnficier des aides !
Une progressivit du CIDD bas sur la performance:
Sur ce sujet, lapproche allemande est intressante car les pouvoirs publics ont mis
en place une aide dpendante du niveau de performance nergtique atteint. Ainsi,
le niveau de subvention va de 10% (soit 7 500 au maximumpour une performancefaible) jusqu 25% du cot des travaux (soit 18 750 pour une performance trs
leve). Ce mcanisme constitue bien entendu une incitation pour les
consommateurs aller jusquau bout de la logique defficacit nergtique de leurs
travaux.
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Au niveau franais, ce type de mesure peut tre mis en place progressivement avec,
comme lexplicite le graphique ci-dessous, un taux faible voire nul pour une
performance relative faible : dans ce cas le consommateur sorientera vers un CIDD
de type bouquet de travaux 25%. A linverse, pour une rnovation nergtique
avec une performance leve le CIDD progressif devient plus intressant car lecrdit dimpt dpasse celui du bouquet de travaux.
Ce systme, pour tre efficace, ncessite la mise en place de notre proposition
prcdente, savoir la cration dune expertise systmatique valuant laperformance pr-travaux puis post-travaux, afin destimer la performance rellement
atteinte grce aux rnovations ralises.
Une progressivit de lEco-prt taux zro base sur la performance:
Lco-prt actuel bnficie dj dune modulation du niveau de crdit maximum en
fonction du bouquet de travaux (jusqu 20 000 pour 2 actions et 30 000 pour 3
actions) ou de la performance nergtique (jusqu 30 000). La dure est
galement module selon les travaux, cest--dire 10 ans pour deux bouquets et
jusqu 15 ans pour 3 bouquets de travaux ou loption performance nergtique.
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L encore, il est ncessaire dinciter les mnages aller plus loin dans la rnovation,
en diffrenciant encore plus les deux options existantes mais en crant galement
une modulation sur le taux. En effet, afin de concentrer les moyens sur les
rnovations lourdes, il est ncessaire de crer un lien entre le taux du prt et la
performance atteinte, pour que les projets de rnovation les plus efficaces
bnficient des taux les moins levs. Ce systme permettra de transfrer les aides
publiques des travaux faible performance vers ceux forte efficacit nergtique.
Crer une complmentarit entre les deux principaux dispositifs de
financement :
Actuellement le CIDD et lEco-Ptz ne sont pas cumulables dans le cadre dun
bouquet de travaux, sauf sous strictes conditions de ressources. Le consommateur
doit choisir un des deux dispositifs.
Notre proposition consiste conserver le mcanisme actuel qui prsente
lavantage de permettre aux consommateurs de faire leurs travaux par tapes mais
de le complter paralllement par un CIDD et un Eco-ptz progressif en fonction de la
performance, pour les consommateurs qui souhaiteraient effectuer des rnovations
ambitieuses.
Comme le montre le graphique ci-dessous, loption CIDD et Eco-PTZ ne fonctionne
pas sur des travaux qui entrainent une faible performance, obligeant le
consommateur se retourner vers une option plus classique.
Avec notre proposition, plus la performance est leve, plus lattractivit du CIDD et
de lEco PTZ samliorent. Par ailleurs, il est possible dimaginer un cumul des deux
options CIDD et Eco-PTZ bas sur la performance nergtique, pour un mnage qui
souhaiterait aller encore plus loin dans la rnovation.
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Ce mode de fonctionnement est plus clair pour le consommateur car il suit lalogique : plus je vais loin dans la performance nergtique et plus les pouvoirs
publics maccompagnent dans ma dmarche . Enfin pour lEtat, les moyens sont
concentrs sur les rnovations nergtiques les plus performantes, permettant une
meilleure efficacit des fonds investis.
Ces dispositifs ont plusieurs avantages :
o Un mcanisme plus simple pour le consommateur, les professionnels et
ladministration. Actuellement, loctroi du CIDD et de lEco-PTZ ncessite
plusieurs dossiers en mentionnant les diffrentes caractristiques surlensemble des produits, de lentreprise Avec un dispositif fonction du rsultat,
seule lvaluation faite pr et post travaux sur la performance du logement est
ncessaire. De plus, la progressivit des aides incite les consommateurs
pousser la rnovation au-del de la simple rglementation en vigueur car ils
obtiennent une compensation plus importante.
o Renforcer linnovation sur les quipements et les matriaux. Ce systme
permet de valoriser linnovation, car les mnages et les artisans ne seront plus
enclins se baser sur la performance minimum de la rglementation et desaides et subventions. De plus, cela vitera les phnomnes de stop or go
entrains par loctroi ou larrt net des aides sur une technologie puisque seules
les technologies les plus performantes seront choisies par le march.
Responsabilit de lexpert indpendant vis--vis de la banque.
Afin de rpondre aux difficults des banques, sur lvaluation de la pertinence
conomique des travaux mais aussi sur les difficults administratives de validation
des dossiers, nous proposons de mettre au centre de la dmarche administrative et
financire l architecte-nergticien . En effet, cet expert indpendant, sur la basede son valuation de ltat du bti, devra laborer un rapport comprenant la
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proposition de travaux de rnovation nergtique valide par le consommateur avec
une valuation conomique (devis prcis, gains lis la diminution de
consommation, etc.) et technique (baisse de la consommation, marge derreur,
risque, etc.). Ce rapport permettra la banque de correctement valuer le dossier du
mnage. Le prteur pourra alors prendre en compte le gain de pouvoir dachatpermis par la rnovation nergtique dans lvaluation du crdit.
Par ailleurs, nous proposons que le prteur soit en droit de mettre en responsabilit
l architecte-nergticien si les objectifs de performance nergtique value ne
sont pas atteints etsil a eu en charge la maitrise duvre.
Grce cette proposition, les dmarches administratives comme llaboration du
dossier de crdit (pice justificative, devis) ou de demande daide (niveau de
performance atteint,...) seront largement simplifies pour le consommateur : lexpert
soccupera de tout.
La procdure, comme le traitement administratif pour louverture dun crdit taux
zro, sera galement facilite pour le prteur. Mais surtout, le fait de pouvoir engager
la responsabilit des experts permettra de rduire considrablement le risque pour la
banque.
Renforcement des critres de performance minimum des matriaux et
quipements ligibles au CIDD et lco-prt :
Enfin, pour rduire les effets paliers entrains par le CIDD et de lECO-prt actuels,
cest--dire des propositions de travaux sur les standards minimums, il estncessaire de revoir ces niveaux dexigence planchers sur les quipements et les
matriaux.
Nous proposons donc que les exigences de performance par quipement et
matriaux ligibles aux CIDD et Eco-prt soient alignes sur le niveau BBC-
rnovation, cest--dire 80kwh/m/an. Lobjectif tant de rellement valoriser les
matriaux et quipement les plus performants et surtout dviter au consommateur
qui effectue des travaux par tape de devoir reprendre une partie des travaux dj
effectus.
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IV. Les demandes de lUFC Que Choisir
Cette tude a mis en lumire les deux grands freins qui psent sur la rnovation
nergtique : le manque daccompagnement du consommateur dans sa dmarche
de rnovation nergtique performante, et la faible efficacit des dispositifs daides et
de financements actuels.
Or, au vue de la forte inflation passe et venir sur lnergie, et dun parc de
maisons individuelles anciennes extrmement nergivores, il est indispensable
damliorer le conseil des professionnels pour faciliter lapproche globale de la
rnovation nergtique ainsi que le caractre incitatif des financements.
Dans cet objectif, lUFC-Que choisir prsente trois propositions concrtes visant
mettre de lhuile dans les rouages du moteur gripp de la rnovation nergtique :
1. Un renforcement du contrle et de la formation ncessaires lobtention dela qualification Reconnu Garant de lEnvironnement .
Un renforcement de la formation des professionnels pour amliorer la qualit
de conseil.
Un contrle renforc des professionnels RGE, en particulier sur chantier pour
garantir leur vraie monte en comptence.
Une transparence des organismes certificateurs pour les responsabiliser,
renforcer la crdibilit de la certification, et identifier les principaux problmes
de la filire.
Une responsabilisation de lorganisme certificateur sur la base dobjectifsclairs et engageants dfinis par les pouvoirs publics.
2. La promotion et lincitation au dveloppement dune filire d architectes-
nergticiens indpendants capables daccompagner le consommateur
dans un projet de rnovation nergtique globale.
Un expert spcialis indpendant capable de faire un audit et de prendre en
charge la maitrise duvre.
Effectuant un contrle des travaux la fin du chantier afin de garantir latteinte
de la performance nergtique. La promotion de ces architectes-nergticiens indpendants, grce un
financement incitatif et ddi.
3. Un renforcement de laspect lincitatif des dispositifs daides et de
financements, li la performance nergtique atteinte.
Une progressivit du CIDD base sur la performance atteinte.
Une dcroissance du taux de lEco-prt base sur la performance atteinte.
Une complmentarit entre ces deux principaux dispositifs de financement,
pour favoriser les projets ambitieux et cohrents de rduction de laconsommation dnergie des logements existants.