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UNE ÉTUDE EXPLORA TOIRE SUR L'EXPOSITION A UX ORGANOPHOSPHORÉS
ET LES RISQUES POUR LA SANTÉ: VERGERS DE LA MONTÉRÉGIE
RAPPORT SKTHÈSE
Préparé par
Le groupe de travail interministériel sur les vergers
20 mai 1997
Dliaclwiï w ' : : - - - ^ CO.MOLxo Cc'jSw.adu
Dépôt légal Bibliothèque Nationale du Québec Bibliothèque Nationale du Canada 2ieme trimestre 1997 ISBN: 2-89342-076-1
Ce document est disponible au Module de santé environnementale de la Direction de la santé publique de la Montérégie (514-928-6777 poste 5558) au coût de 7,00$.
Le chèque doit être libellé au nom de la RRSSS de la Montérégie.
ipSi!Uf n a ' 'o n a l 0 ,8 m i è Publ/que du Québec 4835, avejjue Christophe-Colomb, bureau 200
Montréal (Québec) H2J3G8 Tél.: (514) 597-0606
AUTEURS ET REMERCIEMENTS
Les auteurs veulent exprimer leur gratitude à tous les collaborateurs qui ont participé à cette recherche. La réalisation de cette étude a été possible grâce à la collaboration étroite de l'ensemble des ministères impliqués dans la problématique soit le ministère de l'Environnement et de la Faune (MEF), le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ), le ministère de la Santé et dés Services sociaux, Agriculture et agroalimentaire Canada et Santé Canada. Ils nous ont accordé leur soutien financier et assuré la mobilisation des ressources nécessaires. Nous tenons également à souligner l'implication des municipalités du milieu agricole, de l'Union des producteurs agricoles, de la Fédération des producteurs de pommes du Québec, du groupe Nature-Action, du Comité consultatif de l'agriculture de la Ville de Mont-Saint-Hilaire et du député de Borduas, monsieur Jean-Pierre Charbonneau. Nous sommes très reconnaissants envers la population pour leur participation à tous les volets de l'étude. Un merci tout spécial aux producteurs et à leur famille, aux enfants et aux résidents pour la qualité de leur collaboration.
COORDINA TION DU PROJET
Dorice Boudreault. médecin-conseil DSP de la Montérégie
PARTICIPANTS A U GROUPE DE TRA VAIL
Bruno Bélanger Denis Belleville Dorice Boudreault Gaétan Carrier Régis Charbonneau Richard Desrosiers
Raymond-Marie Duchesne
Isabelle Giroux Richard LaRue Pascal Moreau Réal Normandeau Bernard Panneton Denise Phaneuf Daniel Savoie Jean-Philippe Weber
MAPAQ DSP de la Montérégie DSP de la Montérégie DSP de la Montérégie MAPAQ - Montérégie MEF - Direction des politiques des secteurs agricoles et naturels MAPAQ - Direction de l'environnement et du développement durable MEF - Direction des Écosystèmes aquatiques DSP de la Montérégie Étudiant en maîtrise - CHUS . MEF - Direction régionale de la Montérégie Agriculture et agroalimentaire Canada Centre de toxicologie du Québec MEF - Direction régionale de la Montérégie Centre de toxicologie du Québec
VOLET ENVIRONNEMENTAL
Jocelyne Auger Bruno Bélanger Michel Bisson Robert Brisson Charles Brochu Régis Charbonneau Gilles Côté Nathalie Dassylva Christian Deblois -Réjean Deschênes Richard Desrosiers
Isabelle Giroux Claude Laliberté Pascal Moreau Réal Normandeau Bernard Panneton Paul Martin Roy Gilles Saint-Laurent Daniel Savoie
VOLETSANTÉ
Denis Belleville Dorice Boudreault Gaétan Carrier Marie-Andrée Carrier Liliane Ferron Jean-Guy Guillot Louis Jacques Claudine Léonard Thérèse Lapointe Diane Marcoux Elizabeth Masson Denise Phaneuf Claude Prévost Denise Rhéault Evelyne Savoie Jean-Philippe Weber
VOLETSOCIAL
Hélène Aubry Dorice Boudreault Richard LaRue
MEF - Direction régionale de la Montérégie MAPAQ MEF - Direction du milieu atmosphérique MEF - Direction régionale de la Montérégie MEF - Direction des laboratoires MAPAQ - Montérégie MEF - Direction régionale de la Montérégie MEF - Direction des laboratoires MEF - Direction des laboratoires MAPAQ MEF - Direction des politiques des secteurs agricoles et naturels MEF - Direction des Écosystèmes aquatiques MEF - Direction des laboratoires (Resp. du TAGA) Etudiant en maîtrise - CHUS MEF - Direction régionale de la Montérégie Agriculture et agroalimentaire Canada Ferme Au Pic Enr. (producteur agricole) Agriculture et agroalimentaire Canada MEF - Direction régionale de la Montérégie
DSP de la Montérégie DSP de la Montérégie DSP de la Montérégie DSP de la Montérégie Centre de toxicologie du Québec Centre de toxicologie du Québec DSP de la Montérégie DSP de la Montérégie CLSC Maskoutains CLSC Vallée des Forts DSP de la Montérégie Centre de toxicologie du Québec DSP de la Montérégie CSLC Maskoutains DSP de la Montérégie Centre de toxicologie du Québec
Étudiante en médecine DSP de la Montérégie DSP de la Montérégie
TABLE DES MA TIÈRES
LISTE DES FIGURES i
LISTE DES TABLEAUX ii
1. INTRODUCTION 1
L. L CONTEXTE DE L'ÉTUDE 1 L .2 OBJECTIFS ET MISE EN OEUVRE DE L'ÉTUDE L
1.2. J Environnemental 2
1.2.2 Analyse du risque à la santé 2
1.2.3 La perception du risque 4
1.3 PRÉSENTATION 4
2. DOMAINE D'ÉTUDE 5
2.1 CHOIX DES VERGERS 5 2.2 PÉRIODE DE MESURE 5 2.3 POPULATIONS ÉTUDIÉES POUR LE DOSAGE DES ALKYLPHOSPHATES DANS L'URINE 5
3. RÉSULTATS 6
3.1 ENVIRONNEMENT 6 3. 1.1 Présence des pesticides dans l'air ambiant et au sol à proximité des vergers 6
3.1.2 Evaluation de l'importance de la dérive aérienne lors de la pulvérisation en verger. S
3.2 ANALYSE DU RISQUE À LA SANTÉ ASSOCIÉ À L'EXPOSITION AUX ORGANOPHOSPHORÉS APPLIQUÉS DANS LES VERGERS DE LA MONTÉRÉGIE 11
3.2.1 Effets adverses sur la santé des organophosphorés 11
3.2.2 Cinétique de l'azinphos-méthyl chez l'humain 13
3.3 ANALYSE COMPARATIVE 14 3.3.1 Groupes d'enfants 14
3.3.2 Groupes de travailleurs 17
3.3.3 Analyse des risques à la santé 18
3.4 PERCEPTION DU RJSQUE 22 3.4.1 Convergences et divergences 22
3.4.2 La transmission des résultats et l'information 23
4. DISCUSSION 24
4.1 RJSQUE ET EXPOSITION CHEZ LES ENFANTS 24 4.2 RISQUE ET EXPOSITION CHEZ LES TRAVAILLEURS 25 4.3 ALLERGIES 25 4.4 LIMITE DE L'ÉTUDE SUR L'ANALYSE DU RISQUE À LA SANTÉ 26 4.5 PRÉSENCE DES PESTICIDES DANS L'AIR AMBIANT ET AU SOL 26 4.6 RISQUE PERÇU 27
5. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 28
5.1 CONCLUSION ; 28 5.2 RECOMMANDATIONS 28 5.3 ÉTUDES ULTÉRIEURES PROPOSÉES 29
6. RÉFÉRENCES 31
i
LISTE DES FIGURES
Figure 1 Effet de la vitesse du vent sur la dose à 1,42 m au-dessus du sol 10
Figure 2 Effet de la vitesse du vent sur la concentration au sol ...10
Figure 3 Simulation de la charge corporelle en fonction du temps: comparaison du NOAEL avec notre pire cas parmi les travailleurs 20
Figure 4 Simulation de la charge corporelle en fonction du temps: comparaison du NOAEL avec notre pire cas parmi les enfants 21
\ ii
LISTE DES TABLEA UX
Tableau 1 Résidus de certains insecticides organophosphorés au sol à proximité des
vergers le jour de l'application 7
Tableau 2 Résultats des échantillonnages d'alkylphosphates urinaires chez les enfants. 15
Tableau 3 Résultats des échantillonnages d'alkylphosphates urinaires chez les travailleurs 17
Tableau 4 Comparaison des charges corporelles maximales en azinphos-méthyl éq atteintes chez les travailleurs les premier et septième jours suivant la pulvérisation et avec celle atteinte avec le NOAEL 19
Tableau 5 Comparaison des charges corporelles maximales en azinphos-méthyl éq atteintes chez les enfants, les premier et septième jours suivant la pulvérisation et avec celle atteinte avec le NOAEL 21
j
L RÉSUMÉ
L1 Contexte et objectifs de l'étude
Le phénomène d'étalement urbain a permis l'émergence d'une frange rurale/urbaine où se côtoient
complexes résidentiels et zones agricoles. En Montérégie, où se situe près de 70% de la surface totale
des pommeraies du Québec, on estime à plus de 800 le nombre de résidences situées à moins de 30
mètres de vergers commerciaux périurbains. L'application fréquente de pesticides dans ces vergers
suscite des craintes de la part des citoyens vivant à proximité des vergers.
Un groupe de citoyens de l'organisme Nature-Action Beloeil/Mont-Saint-Hilaire s'est adressé au
député de Borduas, monsieur Jean-Pierre Charbonneau, afin que soit évalué le risque à la santé posé
par l'utilisation des pesticides dans les vergers. Un groupe de travail interministériel, incluant des
représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux, du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, du ministère de l'Environnement et de la Faune et
d'Agriculture et agroalimentaire Canada, a été formé pour réaliser adéquatement le mandat. Des
représentants municipaux, des représentants du milieu agricole (producteurs, Union des producteurs
agricoles, Fédération des producteurs de pommes du Québec et du Comité consultatif de l'agriculture
de la ville de Mont-Saint-Hilaire) et de groupes environnementaux (Nature-Action) ont été associés
aux différentes phases du projet.
Cette étude comporte trois volets: environnemental, santé et social; l'étude environnementale vise à
mesurer la dérive aérienne des pesticides afin de mieux caractériser l'exposition de la population aux
insecticides organophosphorés; l'analyse de risques vise à estimer le risque pour la santé de cette
population dans les jours suivant, une pulvérisation à partir de l'exposition interne aux insecticides
organophosphorés des personnes vivant à proximité de vergers ou y travaillant; enfin le volet social
vise à étudier le risque perçu chez les résidents et les pomiculteurs. Les organophosphorés ont été
retenus en raison de la plainte des citoyens concernant les risques d'effets neurotoxiques, les risques
potentiels d'effets aigus de ces substances et de la possibilité de quantifier l'exposition par des dosages
urinaires. Comme ce type d'étude n'a jamais été réalisé au Québec, il fut entendu, dès le départ, qu'il
s'agissait d'un projet exploratoire. Les résultats obtenus ne prétendent donc pas répondre à toutes les
questions et préoccupations soulevées par cette problématique.
1.2 La mesure de la dérive
LU Les concentrations de pesticides dans l'air et au soi
Les résultats obtenus montrent que lors de l'application de pesticides dans les vergers, des résidus sont
transportés en dehors des zones visées. En effet, des pesticides sont décelés dans l'air et au sol des
terrains voisins. Là concentration dans l'air des insecticides organophosphorés et des fongicides
appliqués est plus élevée durant la pulvérisation mais ces produits sont encore décelés en
concentrations appréciables dans les 6 à 12 heures qui suivent la pulvérisation. Les concentrations
d'azinphos-méthyl ont varié entre 2706 et 252 ng/m3 tandis que celles du phosmet ont varié entre 2600
et 131 ng/m3.
Les concentrations d'insecticides organophosphorés au sol sont plus élevées pour les terrains adjacents
situés dans le sens du vent, mais sont aussi détectées même pour des terrains qui sont dans le sens
contraire du vent par rapport au verger traité. Les concentrations décelées au sol vont de 0 à 550
ng/cm2 pour l'azinphos-méthyl, entre 39 et 1700 ng/cm2 pour le phosmet et entre 13 et 21 ng/cm2 pour
le méthidathion. Les personnes vivant dans le voisinage immédiat (moins de 30 mètres) des vergers,
le jour de la pulvérisation, sont donc susceptibles d'être exposées à la dérive des pesticides qui y sont
appliqués.
1,2.2 Les paramètres influençant la dérive
Afin d'avoir une meilleure compréhension de l'influence des techniques d'application et des conditions
météorologiques sur la dérive, l'approche retenue est de comparer la dérive obtenue en utilisant des
paramètres de pulvérisation comparables à ceux observés chez les producteurs participant à l'étude
(pulvérisation de référence) à celle obtenue dans un scénario de pire cas. En tenant compte de la pire
situation, les risques d'exposition et d'effets sur la santé peuvent être évalués de façon plus détaillée et
sécuritaire. Des données préliminaires ont été recueillies à l'automne 1996 et des essais
supplémentaires seront réalisés en 1997 pour compléter la prise de données. Les résultats
préliminaires montrent clairement que la rangée de pommiers adjacente au passage du pulvérisateur
ne retient pas toute la bouillie pulvérisée. On retrouve dans l'air, à la hauteur d'un adulte, des quantités
non négligeables de dérive dans les trois rangs adjacents au rang où le tracteur a circulé.
7.25 Analyse du risque pour la santé
L'exposition interne aux organophosphorés a été quantifiée chez les enfants et les travailleurs agricoles
en mesurant les alkylphosphates, dérivés urinaires des organophosphorés. L'étude a porté sur un
échantillon de 16 travailleurs oeuvrant dans 10 vergers de 5 municipalités de la Montérégie (Mont-
Saint-Hilaire, Otterbum Park, Saint-Michel-de-Rougemont, Saint-Jean-Baptiste et St-Alexandre). Les
enfants du groupe exposé (n= 30)_sont âgés entre 2 et 10 ans et ce groupe comprend 7 enfants de
pomiculteurs et 23 enfants vivant près des vergers. Un groupe témoin a été constitué d'enfants
résidant à plus de 500 mètres d'un verger. Ils sont au nombre de 23 et âgés entre 2 et 10 ans. Chaque
participant a fourni un échantillon d'urine prélevé dans la période précédant l'arrosage avec les
organophosphorés, un deuxième échantillon le jour suivant la pulvérisation et un troisième échantillon
le septième jour suivant la pulvérisation. Les enfants du groupe témoin ont fourni trois échantillons
d'urine prélevés aux mêmes périodes. Divers tests statistiques ont été effectués. On a de plus vérifié
s'il existe une relation entre les mesures urinaires d'alkylphosphates et les données d'exposition
obtenues des questionnaires complétés par les participants. Les résultats de cette étude d'exposition
ont servi à estimer le risque d'effets adverses sur la santé des personnes exposées. Pour faire cette
analyse, nous avons développé un modèle de simulation du devenir des organophosphorés dans
l'organisme humain (modèle toxicocinétique).
Dans la région où s'est déroulée l'étude, avant l'utilisation d'insecticides dans les vergers (début mai),
on observe des niveaux non nuls d'alkylphosphates dans l'urine de la population étudiée. Des
concentrations d'alkylphosphates sont mesurées dans les urines des enfants du groupe témoin lors des
trois séries d'échantillons. Leur présence observée dans les échantillons est le signe d'une exposition
de cette population à des organophosphorés en provenance de d'autres sources.
Chez le groupe d'enfants qui résident près des vergers, on observe une augmentation significative des
concentrations d'alkylphosphates dans les urines le jour suivant la pulvérisation par rapport à
l'échantillon prélevé avant les pulvérisations. Le septième jour suivant la pulvérisation,
l'augmentation observée n'est pas significative. En comparant les résultats obtenus dans les deux
groupes d'enfants (exposé et témoin) à l'étude, on constate que les concentrations urinaires
d'alkylphosphates mesurées le jour suivant l'arrosage sont significativement plus élevées chez les
enfants du groupe exposé par rapport aux enfants du groupe témoin. Au septième jour, par contre, la
différence n'est pas significative. Ces résultats suggèrent que les enfants vivant près des vergers sont
exposés aux organophosphorés provenant de l'arrosage de ceux-ci et que cette exposition s'est dissipée
le septième jour suivant l'arrosage.
Parmi les enfants du groupe exposé, ceux des pomiculteurs sont six fois plus exposés le jour suivant la
pulvérisation que les autres enfants vivant près des vergers. De plus, l'exposition attribuable à la
pulvérisation est encore mesurable de façon significative le septième jour suivant la pulvérisation.
À l'analyse des distributions des trois séries d'échantillons chez les travailleurs, il ressort que
l'exposition attribuable à la pulvérisation des organophosphorés est significative le jour qui suit la
pulvérisation. Cette exposition est .encore mesurable de façon significative le septième jour qui suit la
pulvérisation pour les travailleurs qui ont accompli les tâches inhérentes à la pulvérisation. Pour les
travailleurs qui n'ont pas effectué de taches se rapportant à la pulvérisation, les niveaux
d'alkylphosphates sont demeurés bas dans les trois échantillons urinaires fournis. La pulvérisation
semble contribuer davantage à l'exposition que la préparation de la bouillie. Il existe une corrélation
positive entre la durée de la pulvérisation et les concentrations d'alkylphosphates mesurées dans les
urines des travailleurs.
Quoique ces observations démontrent que les enfants vivant près d'un verger absorbent une quantité
statistiquement significative d'organophosphorés suite à une pulvérisation, notre analyse des risques
associés à cette exposition nous indique qu'aucun d'entre eux n'a accumulé une charge corporelle
suffisante pour induire un effet dommageable pour la santé. En comparant les charges corporelles
maximales estimées avec le modèle tbxicocinétique en azmphos-méthyl éq. atteintes chez les enfants,
les premier et septième jours suivant la pulvérisation, avec celles atteintes avec le NOAEL {non
observable adverse effect level), on constate que, dans le cas de l'enfant ayant la charge corporelle la
plus élevée, celle-ci est dix fois inférieure au seuil dit de NOAEL. Ce seuil correspond au niveau
auquel aucun effet toxique n'est observé. Cependant, on ne peut pas exclure totalement que dans des
conditions différentes à celles observées dans l'étude, un enfant puisse atteindre le seuil de toxicité. La
probabilité d'apparition d'effets toxiques est cependant faible.
À l'instar des résultats de l'analyse des risques effectuée chez les enfants, la charge corporelle
maximale estimée accumulée pour le travailleur qui présente la plus forte charge corporelle en
azinphos-méthyl demeure encore bien en deçà de la charge corporelle estimée au NOAEL. Cela se
vérifie aussi pour les deux autres insecticides organophosphorés impliqués dans l'étude.
Finalement, mentionnons que nous ne pouvons pas exclure que certaines personnes puissent présenter
des réactions allergiques ou d'hypersensibilité aux organophosphorés ou à d'autres substances
contenues dans le mélange avec lesquelles les organophosphorés sont mélangés dans le produit
pulvérisé.
1.3 Le risque perçu
Nous avons réalisé une analyse qualitative à partir de deux séries de «focus groups» réunissant des
résidents et des pomiculteurs. Comme on pouvait s'y attendre à partir de la littérature scientifique sur
le sujet, les résidents perçoivent le risque et les inconvénients reliés à l'utilisation des pesticides plus
vivement que les producteurs. Les producteurs manifestent une grande confiance quant à la sécurité
des produits utilisés, aux mesures de protection utilisées et au programme d'homologation des
pesticides. La perception de risques chez les résidents semble déterminée par le peu de confiance qu'ils
témoignent à l'endroit des pomiculteurs, des compagnies productrices de pesticides et des mesures
visant à assurer la protection du public (inspection et homologation). La présence de jeunes enfants
est aussi un facteur associé à la perception du risque chez les résidents ainsi que chez les producteurs.
1.4 Conclusion
En fonction des données scientifiques disponibles et à la lumière des résultats de cette étude, on
constate que, pour les niveaux d'exposition aux organophosphorés documentés auprès des travailleurs
et des enfants qui résident près des vergers, le risque d'effets sur leur santé est faible dans les
conditions d'exposition de cette étude. Même si on ne peut exclure que dans des conditions
différentes, la quantité absorbée d'organophosphorés soit plus élevée et même se rapproche de doses
pouvant causer des effets toxiques aigus et chroniques, la probabilité que cette situation se présente
dans la population environnante aux vergers nous apparaît faible.
Toutefois étant donné le caractère involontaire de l'exposition des résidents, les mesures que ceux-ci
doivent prendre pour s'en prémunir et les inconvénients qui en découlent, compte tenu du fait que
cette analyse des risques exclut les autres pesticides utilisés en pomoculture tels les fongicides et qu'il
existe des solutions pour réduire l'exposition, nous recommandons de poursuivre les efforts pour
réduire l'exposition, à la fois celle des travailleurs et celle des résidents vivant à proximité des vergers.
À cet effet, un plan d'action sera élaboré, à partir de ce printemps, et précisera des recommandations
spécifiques et des actions à mettre en oeuvre pour réduire les risques à la santé et à l'environnement.
1
L INTRODUCTION
1.1 Contexte de l'étude
Le phénomène d'étalement urbain a permis l'émergence d'une frange rurale/urbaine où se côtoient
complexes résidentiels et zones agricoles. En Montérégie, où se situe près de 70% de la surface totale
des pommeraies du Québec, on estime à plus de 800 le nombre de résidences situées à moins de 30
mètres de vergers commerciaux périurbains. L'application fréquente de pesticides dans ces vergers
suscite des craintes de la part des citoyens vivant à proximité des vergers.
La Direction de la santé publique de la Régie régionale de la santé et des services sociaux de la
Montérégie (DSP) a émis un premier avis de santé publique, en mai 1995, concernant l'application de
pesticides dans un petit verger situé en zone résidentielle dans la ville de Châteauguay. Suite à cet
avis, des citoyens de la région d'Otterburn Park/Mont-Saint-Hilaire déposèrent une plainte auprès du
ministère de l'Environnement et de la Faune (MEF) et du député de Borduas, monsieur Jean-Pierre
Charbonneau, demandant «d'interdire l'utilisation de produits neurotoxiques dans les vergers situés
en zone résidentielle». La DSP et la Direction régionale de la Montérégie du MEF reçurent alors le
mandat d'évaluer les risques à la santé publique reliés à l'application de pesticides dans les vergers
situés à proximité de zones résidentielles.
Compte tenu de l'importance de la pomoculture en Montérégie, un groupe de travail interministériel
incluant des représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux, du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ), du MEF et d'Agriculture et
agroalimentaire Canada (AAC) a été formé pour favoriser, dès le départ, un travail de concertation et
d'échange d'expertises pour réaliser adéquatement le mandat. Des représentants municipaux, des
représentants du milieu agricole (producteurs, Union des producteurs agricoles, Fédération des
producteurs de pommes du Québec et du Comité consultatif de l'agriculture de la ville de Mont-Saint-
Hilaire) et de groupes environnementaux (Nature-Action) ont été associés aux différentes phases du
projet par l'entremise d'un Comité de concertation présidé par le député de Borduas.
1.2 Objectifs et mise en oeuvre de l'étude
L'étude vise à estimer les risques à la santé associés à l'exposition aux insecticides organophosphorés
utilisés en pomoculture en Montérégie. Comme ce type d'étude n'avait jamais été réalisé au Québec, il
2
fut entendu, dès le départ, qu'il s'agissait d'un projet exploratoire. Les résultats obtenus ne prétendent
donc pas répondre à toutes les questions et préoccupations soulevées par cette problématique.
Notre étude exploratoire comporte trois volets: environnemental, santé et social.
1.11 Environnemental
Les objectifs de l'étude environnementale sont:
• de quantifier l'importance des résidus de pesticides dans l'air et au sol à proximité des vergers le jour de l'application;
• de mesurer l'effet des paramètres de pulvérisation .et des conditions météorologiques sur là dérive en contexte québécois.
Ce volet a été réalisé par le MEF, le MAPAQ et AAC au cours de l'été et de l'automne 1996. On a
effectué la mesure des concentrations en organophosphorés déposés sur des capteurs placés sur les
terrains voisins des vergers le jour de la pulvérisation. De plus, le MEF a réalisé des mesures de la
présence de pesticides dans l'air autour de quelques vergers avant, pendant et après la pulvérisation.
Les méthodes d'échantillonnage et d'analyse appliquées sont exposées dans le rapport du MEF
(Giroux et al., 1997). Par ailleurs, afin d'avoir une meilleure compréhension de l'influence des
techniques d'application et des conditions météorologiques sur la dérive, une étude sur la mesure de
dérive a été réalisée dans un verger afin de comparer les paramètres de pulvérisation retrouvés chez les
producteurs participant à l'étude et les paramètres de pulvérisation représentant un scénario du pire cas
(Panneton et al., 1997). On aussi procédé à une revue de littérature sur le phénomène de la dérive
aérienne (Moreau et al., 1997).
1.2.2 Analyse du risque à la santé
Les objectifs du volet santé sont:
• de vérifier si les personnes vivant à proximité de vergers (pomiculteurs et.Ieur famille, résidents en
périphérie) absorbent des quantités significatives d'organophosphorés par rapport aux autres
résidents des mêmes municipalités;
3
• d'estimer le risque d'effets sur la santé de cette population durant les jours suivants une pulvérisation avec des organophosphorés dans les vergers.
Ce volet a été réalisé par la DSP en collaboration avec le Centre de toxicologie du Québec. Nous avons choisi d'étudier les organophosphorés en raison de la plainte des citoyens concernant les risques d'effets neurotoxiques, les risques potentiels d'effets aigus de ces substances et de la possibilité d'effectuer des dosages urinaires d'exposition. Dans le cadre de cette étude, nous avons réalisé une monographie sur les organophosphorés et les risques sur la santé humaine (Carrier, 1997). Cette monographie contient une étude complète et détaillée des grandes familles d'organophosphorés, de leurs usages, de leurs mécanismes d'action sur la cellule humaine, des relations structure - activités, des effets toxiques potentiels, de leur cinétique dans l'organisme, des mécanismes de biotransformation et d'élimination et du monitoring biologique de l'exposition.
L'exposition interne aux organophosphorés a été quantifiée chez les enfants et les travailleurs agricoles en mesurant les alkylphosphates, dérivés urinaires des organophosphorés. Pour les enfants, on a comparé d'une part, les concentrations mesurées dans l'urine avant et après exposition et d'autre part, nous avons comparé les résultats obtenus chez les groupes d'enfants vivant près de vergers à ceux d'un groupe témoin composé d'enfants résidant à plus de 500 mètres d'un verger. Pour les travailleurs, les résultats obtenus après exposition ont été comparés aux concentrations mesurées avant les pulvérisations. Chaque participant a fourni un échantillon d'urine prélevé dans la période précédant l'arrosage avec les organophosphorés, un deuxième échantillon le jour suivant l'arrosage et un troisième échantillon le septième jour suivant l'arrosage. Les enfants du groupe témoin ont fourni trois échantillons d'urine prélevés aux mêmes périodes. Les résultats de cette étude d'exposition ont servi à estimer le risque d'effets adverses sur la santé des personnes exposées. Pour faire cette analyse, nous avons développé un modèle de simulation du devenir des organophosphorés dans l'organisme des humains (modèle toxicocinétique). Les aspects théoriques et méthodologiques de cette analyse sont présentés dans le rapport de la DSP (Belleville et al., 1997).
Tous les participants ou parents de participants devaient également remplir un questionnaire qui visait à identifier d'autres sources d'exposition aux organophosphorés et à évaluer la durée d'exposition potentielle aux organophosphorés à chaque jour durant la semaine suivant la pulvérisation d'organophosphorés dans un verger visé par l'étude. Les travailleurs répondaient aussi à des questions sur le type d'équipement de protection utilisé lors de la manipulation et de la pulvérisation
4
des pesticides. Des analyses statistiques ont été réalisées dans le but de vérifier le lien entre la durée
de l'exposition, le port de vêtements de protection et les mesures urinaires d'alkylphosphates.
Tous les participants rencontrés ont été avisés qu'ils recevraient chez eux les résultats de l'étude les concernant avec leur interprétation. Ces résultats individuels seront considérés strictement confidentiels et ne seront portés à la connaissance d'aucune personne sans le consentement écrit de la personne ou du parent selon le cas.
1.13 La perception du risque
Les objectifs du volet social de notre étude sont:
• d'étudier les perceptions, représentations et connaissances des producteurs et des résidents relativement à l'utilisation des pesticides dans la pomoculture;
• de repérer d'éventuels obstacles à la réception et à la compréhension des résultats de l'étude d'exposition réalisée dans les vergers de la Montérégie.
Ce dernier volet a été réalisé par la DSP. Compte tenu du caractère exploratoire de cette étude, nous
avons procédé à une étude qualitative en utilisant la technique des «focus groups». Une première série
de rencontres a été organisée avec des pomiculteurs. Une deuxième série de rencontres a rassemblé
des personnes résidant aux pourtours des vergers. Certaines de ces personnes avaient participé à
l'étude d'exposition. La méthodologie et l'analyse sont présentées dans le rapport produit par la DSP
(LaRue et al., 1997).
1.3 Présentation
Dans le cadre de cette étude, six rapports de recherches ont été produits et seront disponibles sous peu
(voir références). On y retrouvera, pour chacun des volets de l'étude, la présentation détaillée des
méthodes utilisées et de l'analyse des résultats.
5
2. DOMAINE D'ÉTUDE
2.1 Choix des vergers
Les vergers étudiés sont situés dans les municipalités de Mont-Saint-Hilaire, Otterburn Park, Saint-
Michel-de-Rougemont, Saint-Jean-Baptiste et St-Alexandre. Afin de se rapprocher le plus possible
des conditions réelles et de mieux répondre aux populations voisines des vergers, le comité technique
a choisi de réaliser l'étude chez les producteurs eux-mêmes et chez leur voisins. L'étude d'exposition
(volet santé) a porté sur dix vergers répondant aux exigences méthodologiques de l'étude. De ces dix
vergers, huit furent échantillonnés pour l'analyse environnementale.
2.2 Période de mesure
L'échantillonnage environnemental et les prélèvements biologiques ont été effectués aux différentes
dates d'application des insecticides organophosphorés entre le 29 mai et le 25 juillet 1996.
L'évaluation des paramètres influençant la dérive a été partiellement réalisée à l'automne 1996 et sera
poursuivie au printemps 1997. Les rencontres avec les producteurs et les résidents ont eu lieu au
printemps et à l'automne 1996.
2.3 Populations étudiées pour le dosage des alkvMwsphates dans l'urine
Au total, 76 personnes ont participé à l'étude et ont fourni des échantillons d'urine aux dates convenues. Ces personnes sont réparties dans les groupes suivants:
• les pomiculteurs et leurs employés: 16 personnes ayant manipulé des organophosphorés dans le cadre des activités régulières de la pomoculture;
• la famille des producteurs: 8 adultes et 7 enfants âgés entre 2 et 10 ans;
• les enfants demeurant à proximité des vergers étudiés (zone de recul de 0 à 30 mètres du verger): 23 enfants âgés entre 2 et 10 ans;
• les enfants demeurant à plus de 500 mètres d'un verger (groupe témoin): 23 enfants âgés entre 2 et 10 ans.
6
5. RÉSULTATS
Dans le rapport synthèse, nous présenterons un résumé des principaux résultats des trois volets de
notre étude.
5.7 Environnement
Les mesures effectuées dans l'environnement avaient pour objectifs de quantifier la présence des
pesticides dans l'air ambiant et au sol à proximité des vergers et d'évaluer l'impact des techniques de
pulvérisation et des conditions météorologiques sur la dérive.
5.7.7 Présence des pesticides dam l'air ambiant et au sol à proximité
Lors de l'application, dans les vergers, des résidus de pesticides sont transportés en dehors des zones
visées. L'étude exploratoire effectuée pour des terrains situés à moins de 30 mètres des pommiers
traités révèle la présence de pesticides dans l'air et au sol (Giroux et al., 1997).
5.7.7.7 Pesticides dans l'air ambiant au voisinage des vergers
Les observations faites sur le terrain, pour deux vergers, de même que les résultats de l'analyse
montrent d'abord que la dérive des pesticides, à proximité des vergers, le jour de l'application se
produit principalement sous forme d'aérosol (bruine, très fines gouttelettes). La portion de la dérive
sous forme gazeuse est beaucoup moins importante, .du moins le jour de l'application.
La concentration, dans l'air, des insecticides organophosphorés et des fongicides appliqués est plus
élevée durant la pulvérisation mais ces produits sont encore décelés en concentrations appréciables
dans les 6 à 12 heures qui suivent la pulvérisation. Les concentrations moyennes d'azinphos-méthyl
ont varié de 2706 ng/m^ pendant la période de pulvérisation à atteindre 252 ng/m3 dans la tranche de 2
à 8 heures suivant la pulvérisation. La concentration moyenne du phosmet pendant la période de
pulvérisation était de 2600 ng/m3 pour atteindre 131 ng/m3 au cours des 12 heures suivant la
pulvérisation.
7
3.1.1.2 Concentrations de pesticides au sol au voisinage des vereers
L'analyse des résidus au sol a porté sur trois insecticides organophosphorés, l'azinphos-niéthyl, le phosmet et le méthidathion. Les résultats obtenus pour les huit sites échantillonnés sont présentés dans le tableau 1.
Tableau 1 Résidus de certains insecticides organophosphorés au sol à proximité des vergers le jour de l'application
CODE DATE CONCENTRATIONS (NG/CM2) DISTANCE P/R DU JOUR-MOIS ZONE
SITE TRAITÉE (METRE)
Phosmet < Méthidathion Azinphos-méthyl
101-02 06-06 200 6 - 16 101-03 ' 06-06 66 3 - 8
201-02 31-05 13 6-15 201-03 31-05
- 21 2 - 6
203-02 30-05 39 0,5-12
205-01 31-05 1700 1 - 7
206-01 24-07 1000 2 - 5
301-01 01-06 380 2-13
503-02 14-06 1,7 1 - 9 503-03 ND >40
701-02 29-05 1,0 3-11 701-03 29-05 0,025. 8 - 13 701-03 02-06 1,4 7-30 701-04 29-05 230 3 - 7 701-05 29-05 0,019 1 -4 , 701-05 02-06 DM 3 - 9 701-06 29-05 1,2 2-15 701-06 31-05 550 1
ND: non détecté DM: donnée manquante
Les résultats montrent que les concentrations résiduelles au sol peuvent être très variables pour un
même site et d'un site à l'autre. Pour l'azinphos-méthyl les concentrations vont de non détecté à
8
550 ng/cm^, pour le phosmet elles varient entre 39 et 1700 ng/cm^, et entre 13 et 21 ng/cm^ pour le
méthidathion.
Dans le cas où le terrain échantillonné était situé au coeur même du verger, la concentration au sol est
significativement plus élevée. En effet, comme on pouvait s'y attendre, les concentrations de résidus
les plus élevées sont mesurées pour les sites où la résidence est située dans le verger (résidences des
producteurs eux-mêmes (1700 ng/cm2, 1000 ng/cm2, 380 ng/cm2). Cependant des concentrations
appréciables sont aussi détectées pour certains terrains voisins (200 ng/cm2, 230 ng/cm2), qu'ils soient
placés dans le sens du vent ou non. Même si les terrains situés dans le sens du vent dominant
semblent recevoir davantage de résidus de pesticides (site 101), des résidus parfois élevés sont aussi
mesurés pour des terrains qui ne sont pas dans le sens du vent.
Dans l'ensemble, les résultats obtenus dans cette étude concordent avec ce qui est rapporté dans la
littérature scientifique pour des projets similaires réalisés en Colombie britannique ou aux États-Unis.
3.1.1.3 Conclusion du volet environnement
Lors de la pulvérisation dans les vergers, des résidus de pesticides sont transportés en dehors des
zones visées. Des concentrations sont mesurées dans l'air et au sol des terrains voisins des vergers.
Les personnes vivant dans le voisinage immédiat des vergers (moins de 30 mètres) le jour de la
pulvérisation sont donc exposées à la dérive des pesticides qui y sont appliqués et aux résidus qui sont
déposés au sol.
3.1.2 Evaluation de l'importance de la dérive aérienne lors de la pulvérisation en verger
Cet aspect de l'étude a été développé pour venir en appui des mesures d'exposition et de dosages
biologiques. L'approche retenue est de comparer la dérive obtenue en utilisant des paramètres de
pulvérisation comparables à ceux observés chez les producteurs participant à l'étude (pulvérisation de
référence) à celle obtenue dans un scénario de pire cas. En tenant compte de la pire situation, les
risques d'exposition et d'effets sur la santé peuvent être évalués de façon plus détaillée et sécuritaire.
Le protocole mis en place vise à documenter la variabilité de la dérive en fonction des conditions
météorologiques et des techniques de pulvérisation.
9
Des contraintes de financement ont retardées le démarrage de ce volet de sorte que seules des données
préliminaires obtenues pour la pulvérisation de référence ont pu être saisies. Ces données ont été
prises tard à l'automne alors que la densité du feuillage est passée d'environ 70% à 20% (100%
correspond au plein feuillage d'été). Les détails du site, des méthodes expérimentales et les résultats
détaillés sont donnés dans le rapport Évaluation de l'importance de la dérive aérienne lors de la
pulvérisation en verger (Panneton et al., 1997). De plus, ce projet a permis de préparer une revue de
la littérature sur la dérive aérienne en verger de pommiers (Moreau et al., 1997).
Les résultats préliminaires montrent clairement que la rangée de pommiers adjacente au passage du
pulvérisateur ne retient pas toute la bouillie pulvérisée (figures 1 et 2). En effet, on retrouve dans l'air
à 1,42 m au-dessus du sol, des quantités non négligeables de dérive dans les allées 1,2 et 3 adjacents à
l'allée où le tracteur a circulé. Pour les 3 allées où les mesures ont été prises, la quantité de dérive
mesurée à cette hauteur augmente avec la vitesse du vent, semble plafonner pour un vent d'environ 1,5
m/s puis diminuer pour des vitesses de vent supérieures. Dans la première allée, la dérive en l'absence
de vent (0,22 m/s) est non nulle. Cela résulte de l'action du ventilateur qui est une partie intégrante du
pulvérisateur.
Allée 1 -o-Allée 2 _ x _ M é e 3
0.0 1.0 2.0 Vitesse du vent (m/s)
3.0
Figure 1 Effet de la vitesse du vent sur la dose à 1,42 m au-dessus du sol
1.5 E
S e M s es B O «ri « u e
s e U
0.5
0 I—: 0.0 1.0 2.0
Vitesse du vent (m/s) 3 .0
Figure 2 Effet de la vitesse du vent sur la concentration au sol
11
Au sol, la quantité de dérive recueillie ne semble pas affectée par la vitesse du vent dans la première
allée alors qu'elle a tendance à augmenter avec le vent pour les allées 2 et 3. La quantité recueillie au
sol dans la troisième allée est cinq à dix fois moins grande que celle recueillie dans la première allée.
Des essais supplémentaires seront réalisés, en 1997, pour compléter la prise de données. Les résultats préliminaires obtenus, en 1996, cadrent bien avec les principes et données exposés dans la revue de littérature.
•s
Analyse du risque à la santé associé à l'exposition aux organophosphorés appliqués dans les vergers de la Montérégie
3.11 Effets adverses sur la santé des organophosphorés
3.2.1. î Effets aigus
Chez l'humain, comme chez les autres mammifères d'ailleurs, les effets toxiques qui surviennent à la
suite d'une intoxication aiguë aux organophosphorés sont causés par une inhibition de cholinestérases
et autres estérases, enzymes impliquées dans le fonctionnement normal de l'organisme (système
nerveux, système respiratoire, système glandulaire, vision, etc.). Pour l'azinphos-méthyl, chez
l'humain, cette inhibition sans effet clinique observable (NOAEL) se manifeste autour d'une dose de
0,3 à 0,33 mg/kg de poids corporel /jour.
Trois groupes de symptômes peuvent apparaître suite à une intoxication modérée ou sévère aux organophosphorés: .
• Le premier groupe affecte le fonctionnement des muscles des membres et des muscles
respiratoires (diaphragme et muscles de la cage thoracique). La personne intoxiquée peut ressentir
une grande faiblesse musculaire et avoir de la difficulté à respirer. À la limite, la personne peut
paralyser et subir un arrêt respiratoire.
• Le second groupe affecte la transmission de l'influx nerveux du système nerveux autonome. Ceci
peut entraîner la sécrétion excessive de mucus dans les bronches et bronchioles et la contraction de
leurs muscles lisses pouvant simuler une crise d'asthme. La contraction des pupilles entraîne des
troubles de vision surtout le soir. La stimulation du système gastro-intestinal peut entraîner des
nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée.
12
• Le troisième groupe affecte le système nerveux central. La personne devient confuse, son humeur
est affectée, elle peut avoir des maux de tête, des difficultés à dormir, des troubles de
concentration, de la difficulté à parler, etc.
Outre ces effets aigus, certains organophosphorés ont aussi la propriété de produire des effets
neurologiques retardés soit deux à trois semaines après le début d'une intoxication aiguë sévère. La
paralysie étant provoquée par une dégénérescence des fibres nerveuses, elle peut persister pendant des
mois voir dans certains cas des années. La littérature ne présente pas de cas où ce syndrome
neurologique fut associé à une intoxication à l'un des trois organophosphorés impliqués dans la
présente étude (azinphos-méthyl, phosmet, méthidathion).
Les trois substances utilisées durant l'étude (azinphos-méthyl, méthidathion et phosmet) ont des
structures moléculaires semblables et appartiennent à la famille des organophosphorés de type
phosphorodithioate. L'azinphos-méthyl et le méthidathion ont un potentiel toxique assez voisin alors
que le phosmet est environ dix fois moins toxique que les premières. Sur une échelle graduée de
toxicité légère à élevée, leur potentiel toxique peut être qualifié de modéré à assez élevé.
3.2.1.2 Effets chroniques
Chez l'animal, le NOAEL pour les effets sur le système reproducteur induits pendant la période de
gestation est de l'ordre de 0,25mg/kg poids corporel/jour pour l'azinphos-méthyl et le méthidathion, et
de 2mg/kg poids corporel/jour pour le phosmet. Autant pour l'azinphos-méthyl que pour le
méthidathion, on n'a pas décelé d'effets mutagènes. Avec le phosmet, les données rapportées sur les
effets mutagènes sont contradictoires.
Une étude où des rats ont été exposés à des doses de 5 à 10 mg/kg poids corporel/jour d'azinphos-
méthyl durant toute la vie n'a pas permis d'observer une augmentation de l'incidence de tumeurs.
Le phosmet et le méthidathion sont classifiés «tentativement» par l'EPA comme «possiblement»
cancérigène (catégorie C).
13
5.22 Cinétique de l'azinphos-méthyl chez l'humain
Franklin et al. (1981) ont montré que l'absorption cutanée est la principale voie d'absorption de
l'azinphos-méthyl par les travailleurs qui pulvérisent cet organophosphoré dans un verger dans des
conditions semblables à celles vécues chez les pomiculteurs de la Montérégie.
Feldmann et Maibacch (1974), ont étudié la cinétique de cette substance chez l'humain. Pour ce faire,
ils ont administré à des volontaires, par voie intraveineuse ou par application cutanée, une faible dose
d'azinphos-méthyl marqués radioactivement Ils ont récupéré l'urine de ces personnes pendant cinq
jours suivant l'administration d'azinphos-méthyl marqués. L'analyse de cette étude permet de
déduire, d'une part, que l'absorption cutanée est importante (de l'ordre de 24% dans cette expérience)
et rapide (demi-vie d'absorption cutanée de l'ordre de 3 heures) et, d'autre part, que la vitesse
d'élimination de la dose absorbée est relativement lente (demi-vie 34 heures). De plus, l'élimination
hors de l'organisme est proportionnelle en tout temps à la dose d'exposition. Ainsi, 75% de la dose
administrée par voie intraveineuse est éliminée sous forme d'alkylphosphates dans l'urine.
Le poids moléculaire et le degré de liposolubilité de l'azinphos-méthyl sont assez voisins de ceux du
méthidathion et du phosmet, on peut penser que la vitesse d'absorption cutanée de ces derniers est du
même ordre que celle de l'azinphos-méthyl.
Les alkylphosphates se mesurent dans l'urine pour des concentrations très faibles. Ainsi, la mesure d'alkylphosphates dans l'urine est un moyen très sensible de détecter la présence d'organophosphorés dans l'organisme puisque ces derniers sont éliminés sous cette forme. En effet, sur la base de données obtenues par Feldmann et Maibacch (1974), si on prélève toute l'urine produite dans les 10 jours qui suivent une exposition unique importante aux organophosphorés, la quantité d'alkylphosphates récupérée sera pratiquement égale à 75% de celle des organophosphorés absorbée lors de cette exposition.
14
3.3 Analyse comparative
3.3.1 Groupes d'enfants
3.3.1.] Analyse comparative des résultats d'alkylphosphates
Des dosages d'alkylphosphates urinaires ont été réalisés chez un groupe de 30 enfants dont les
résidences sont à proximité d'un verger ou situées dans un verger (groupe exposé) et chez un groupe
de 23 enfants dont les résidences sont situées à plus de 500 mètres d'un verger (groupe témoin). La
moyenne d'âge du groupe exposé est de 6,1 ans (de 2,3 à 10,9 ans) et celle du groupe témoin est de
5,1 ans (de 2,4 à 10,1 ans).
D'une part, les concentrations d'alkylphosphates urinaires obtenues avant les pulvérisations ont été
comparées à celles mesurées lors des deux échantillonnages suivant les pulvérisations. D'autre part,
on a comparé les résultats obtenus chez le groupe d'enfants résidant près des vergers à ceux du groupe
témoin. L'analyse statistique a été réalisée en comparant les différents paramètres de distribution de
ces deux groupes d'échantillons.
Des concentrations d'alkylphosphates sont mesurées dans les urines des enfants du groupe témoin lors
des trois dates d'échantillons. Même avant l'utilisation des insecticides organophosphorés dans les
vergers, on en retrouve aussi dans les échantillons d'urine des enfants du groupe exposé. La présence
d'alkylphosphates dans ces échantillons traduit une exposition aux organophosphorés autre que celle
attribuable à leur usage dans les vergers (utilisation en agriculture dans la région, application en zone
résidentielle, présence de résidus dans les aliments etc.).
Selon les résultats du tableau 2, les moyennes des concentrations mesurées chez le groupe témoin sont toujours inférieures aux moyennes des concentrations mesurées chez le groupe résidant près des vergers. Cependant, on note une différence statistiquement significative entre les deux groupes, seulement entre les moyennes des échantillons recueillis le jour suivant la pulvérisation.
15
Tableau 2 Résultats des échantillonnages d'alkylphosphates urinaires chez les enfants
ÉCHANTILLONNAGE TEMPS 11
ÉCHANTILLONNAGE TEMPS 2 2
ÉCHANTILLONNAGE TEMPS 3 3
DIFFÉRENCE DES MOYENNES TEMPS
I ET TEMPS 2
DIFFÉRENCE DES MOYENNES TEMPS
1 ET TEMPS 3
TÉMOIN -
Moyenne 37 41 48 4 11
I.C. 95% 20 à 55 29 à 52 32 à 66
Minimum I 16 8
Maximum 158 120 149
EXPOSÉ
Moyenne 40 70 53 30 a=0,008
13
l.C. 95% 26 à 58 51 à 91 32 à 75
Minimum 4 7 11
Maximum 238 183 224
Différence entre les moyennes des deux groupes
3 29 a=0,017
5
iTemps 1 : échantillon prélevé avant la pulvérisation ^Temps 2: échantillon prélevé le jour suivant la pulvérisation ^Temps 3: échantillon prélevé le septième jour suivant la pulvérisation
Chez le groupe des enfants qui vivent près des vergers, l'augmentation des concentrations d'alkylphosphates le jour suivant la pulvérisation par rapport à celles mesurées avant la pulvérisation est significative. L'augmentation observée le septième jour suivant la pulvérisation n'est pas significative.
Donc, autant la différence significative observée entre les moyennes des deux groupes le jour suivant
la pulvérisation que l'augmentation des concentrations d'alkylphosphates urinaires après la
pulvérisation, suggèrent une exposition attribuable à l'utilisation d'organophosphorés dans les vergers
pour les enfants du groupe exposé. Par ailleurs, l'absence d'une augmentation significative de
concentrations d'alkylphosphates le septième jour suivant la pulvérisation tend à démontrer que les
effets de l'exposition se sont dissipés.
16
C'est parmi les enfants des pomiculteurs que l'on retrouve la plus grande exposition. En effet, la
différence entre les moyennes des échantillons prélevés avant la pulvérisation et le jour suivant la
pulvérisation est six fois plus grande que celle observée chez les autres enfants du groupe exposé. De
plus, l'exposition attribuable à la pulvérisation est encore mesurable de façon significative le septième
jour suivant la pulvérisation.
3.3.1.2 Corrélation entre les données d'exposition obtenues des questionnaires, des mesures environnementales et les résultats d'alkylphosphates
Pour quantifier la dérive de pesticides, en dehors des sites traités, des capteurs ont été placés sur les
terrains voisins des résidences du groupe exposé ou sur les terrains de la résidence des enfants qui
habitent dans un verger. De plus, les concentrations d'organophosphorés dans les réservoirs ont été
mesurées avant la pulvérisation. Dans le but d'évaluer si les résultats recueillis dans le volet
environnemental influençaient les dosages biologiques d'exposition, on a procédé avec des tests de
corrélation. Dans un premier temps, on a mis en corrélation «les concentrations d'organophosphorés
mesurées sur les capteurs» et la variable «différence de concentrations d'alkylphosphates urinaires
mesurées entre les prélèvements le jour suivant la pulvérisation et ceux prélevés avant la
pulvérisation». Ce test n'a pas démontré de relation entre les deux variables.
Une seconde analyse de corrélation indique une faible influence positive de la concentration des organophosphorés mesurée dans le réservoir sur l'augmentation des concentrations d'alkylphosphates observée le jour suivant la pulvérisation.
Dans cette études tous les parents des participants devaient remplir un questionnaire qui visait, d'une
part, à identifier les sources d'expositions aux organophosphorés autres que celles attribuables aux
pulvérisations et, d'autre part, à évaluer la durée d'exposition potentielle aux organophosphorés à
chaque jour suivant la pulvérisation. Ainsi, on a voulu vérifier si le nombre d'heures passées à
l'extérieur influence les résultats des concentrations d'alkylphosphates mesurées dans les urines des
enfants du groupe exposé. Les différences entre les concentrations mesurées dans les échantillons
prélevés le jour suivant la pulvérisation et ceux prélevés avant la pulvérisation ont donc été mises en
corrélation avec le nombre d'heures passées à l'extérieur par les enfants du groupe exposé. On n'a pas
observé de relation entre ces variables.
17
On a procédé de la même façon pour les différences entre les concentrations d'alkylphosphates
mesurées dans les échantillons prélevés le septième jour après la pulvérisation et ceux prélevés le jour
suivant la pulvérisation. Celles-ci ont été mises en corrélation avec le nombre d'heures totales passées
à l'extérieur du deuxième jour au septième jour suivant la pulvérisation. Il n'y a pas de corrélation
entre ces deux variables.
3,3.2 Groupes de travailleurs
3.3.2.1 Analyse comparative des concentrations urinaires d'alkvlphosphates
Des dosages d'alkylphosphates urinaires ont aussi été réalisés dans l'urine de 16 travailleurs,
propriétaires de vergers ou employés. La moyenne d'âge de ce groupe est de 50 ans avec un écart
type de 14 ans et des valeurs extrêmes qui s'étendent de 21 à 73 ans. Trois échantillons d'urine ont
aussi été prélevés chez 15 d'entre eux. Un travailleur n'a pas fourni le dernier échantillon d'urine.
Tableau 3 Résultats des échantillonnages d*alky!phosphates urinaires chez les travailleurs
ÉCHANTILLONNAGE
TEMPS | 1
ÉCHANTILLONNAGE
TEMPS 2 2
ÉCHANTILLONNAGE
TEMPS 3 ^
DIFFÉRENCE DES MOYENNES
TEMPS 1 ET TEMPS 2 DIFFÉRENCE DES MOYENNES
TEMPS 1 ET TEMPS 3
Moyenne 24 134 48 110 a=0,001
24 a=0.079
I.C. 95% 17 à 32 79 à 188 20 à 77
Minimum 1 25 9
Maximum 49 314 202
'Temps 1: échantillon prélevé avant la pulvérisation ^Temps 2: échantillon prélevé le jour suivant la pulvérisation ^Temps 3: échantillon prélevé le septième jour suivant la pulvérisation
L'exposition des travailleurs attribuable à l'usage des organophosphorés est plus grande que celle des
enfants du groupe exposé. Ceci est illustré par l'augmentation plus grande de la moyenne des
concentrations d'alkylphosphates le jour suivant la pulvérisation. À l'analyse des distributions des
trois séries d'échantillons chez les travailleurs, on observe que cette augmentation est significative.
Pour que cette exposition soit encore mesurable de façon significative le septième jour suivant la
pulvérisation, il faut retirer de l'échantillonnage les individus qui n'ont pas accompli les taches
inhérentes à la pulvérisation.
18
3.3.2.2 Corrélation entre les données d'exposition obtenues dans les questionnaires, les données environnementales et les résultats d'alkylphosphates
Parmi les renseignements obtenus à partir des questionnaires pour caractériser l'exposition des
travailleurs, on retient que neuf d'entre eux (9/15) ont préparé la bouillie d'arrosage et dix ont procédé
à la pulvérisation ou ont nettoyé l'équipement de pulvérisation et de protection.
Comme moyen de protection individuelle pour diminuer l'exposition lors des pulvérisations et selon
les renseignements obtenus dans les questionnaires, dix travailleurs ont utilisé les survêtements et les
gants. Sept travailleurs se sont protégés avec des masques à cartouche alors qu'un travailleur disposait
d'un masque avec apport d'air autonome. Huit travailleurs portaient des bottes lors de l'arrosage.
La durée des pulvérisations est la seule variable qui semble avoir influencé les résultats de
concentration d'alkylphosphates urinaires chez les travailleurs. Contrairement aux résultats obtenus
chez les enfants, les concentrations urinaires d'alkylphosphates chez les travailleurs ne sont pas
influencées par les concentrations d'organophosphorés mesurées dans les réservoirs. Il n'y a
également pas de corrélation entre le nombre d'heures passées à travailler dans le verger après les
pulvérisations et les concentrations d'alkylphosphates.
5.5.5 Analyse des risques à la santé
Pour estimer le risque attribuable à l'exposition des retombées des organophosphorés pendant et après la pulvérisation des pommiers dans les vergers touchés par l'étude, nous allons comparer la charge corporelle accumulée par les participants (travailleurs et enfants) avec la charge corporelle maximale estimée à l'aide du modèle toxicocinétique au niveau considéré comme le NOAEL. Pour estimer la charge corporelle des travailleurs et des enfants, nous avons:
1. utilisé les concentrations en alkylphosphates mesurées dans l'urine du matin qui a suivi la
pulvérisation et dans l'urine prélevée le septième jour après la pulvérisation chez ces personnes et
ajusté le taux de creatinine mesuré dans l'urine de ces personnes;
2. assumé un débit urinaire moyen de 1 litre par jour pour les travailleurs et de 700 ml par jour pour
les enfants en tenant compte qu'il y a en moyenne 905 mg créatinine/1 d'urine;
3. assumé un débit urinaire en créatinine constant au cours de la journée, ce qui nous permet
d'assumer que pendant une nuit de 8 heures, il y aura 1/3 de la créatinine éliminée à chaque jour;
19
4. établi le risque en azinphos-méthyl équivalent. Ainsi, pour le phosmet, la concentration urinaire en alkylphosphates a été divisée par dix pour tenir compte de la toxicité relative de cette substance par rapport à l'azinphos-méthyl.
3.3.3.1 Chez les travailleurs
Avec la simulation de l'exposition au niveau du NOAEL d'un adulte de poids moyen de 70 kg, nous avons estimé à 16,2 mg la charge corporelle d'azinphos-méthyl atteinte. Nous allons donc utiliser ce niveau comme référence pour la comparaison avec la charge accumulée par les travailleurs qui ont participé à l'étude.
Dans le tableau suivant, nous présentons les résultats de nos estimations.
Tableau 4 Comparaison des charges corporelles maximales en azinphos-méthyl éq atteintes chez les travailleurs les premier et septième jours suivant la pulvérisation et avec celle atteinte avec le NOAEL
Niveau d'exposition
Jour suivant la pulvérisation Septième jour suivant la pulvérisation Niveau d'exposition
Concentration urinaire j Charge corporelle (Hg alkylphosphate/g i maximale estimée
créatinine) j (mg azinphos-méthyl)
Concentration urinaire j Charge corporelle . ( ig alkylphosphate/g i estimée
créatinine) j (mg azinphos-méthyl) Référence NOAEL 5354 16,2 5354 16,2 Minimum observé 25 0,08 9 0,03 Moyen observé 134 0,40 48 0/15 Maximum observé 314 | 6 , 95 202 J 0,6 i
En analysant ce tableau, on constate que le travailleur qui présente la plus forte charge corporelle en a une 17 fois moins grande que celle du NOAEL. À la figure suivante, nous représentons la simulation de la charge corporelle en fonction du temps superposé à celle du NOAEL.
2 0
5 •s ? 6 a Q O O 1 0 -
Figure 3
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Taupj o jcmrs
Simulation de la charge corporelle en fonction du temps: comparaison du NOAEL avec notre pire cas parmi les travailleurs
3.3.3.2 Chez î 'enfant
Avec la simulation de l'exposition au niveau du NOAEL d'un enfant de poids moyen de 15 kg, soit le
poids moyen d'un enfant âgé de 4 ans, nous avons estimé à 4 mg d'azinphos-méthyl la charge
corporelle atteinte. Nous allons donc utiliser ce niveau comme référence pour la comparaison avec la
charge accumulée par les enfants qui ont participé à l'étude.
Dans le tableau suivant, nous présentons les résultats de nos estimations.
21
Tableau 5 Comparaison des charges corporelles maximales en azinphos-méthyl éq atteintes chez les enfants, les premier et septième jours suivant la pulvérisation et avec celle atteinte avec le NOAEL
Niveau d'exposition
Jour suivant la pulvérisation Septième jour suivant la pulvérisation Niveau d'exposition
Concentration J Charge corporelle urinaire i maximale estimée
alkylphosphate/g ] (mg azinphos-méthyl) créatinine) <
Concentration urinaire
(|ig alkylphosphate/g créatinine)
Charge corporelle estimée
(mg azinphos-méthyl)
Référence NOEL 2288 ' 4 2888 ! 4 7 0,013 ï 0.Ô02
70 Ô.Ï3 Maximum observé 183 | 0.32 224 J 0,39
En analysant ce tableau, on constate que l'enfant qui présente la plus forte charge corporelle en a une dix fois moins grande que celle du NOAEL. À la figure suivante, nous représentons la simulation de la charge corporelle en fonction du temps superposé à celle du NOAEL.
y . Temps en jours
Figure 4 Simulation de la charge corporelle en fonction du temps: comparaison du NOAEL avec notre pire cas parmi les enfants
Bien sûr, si l'enfant est plus maigre que la moyenne, le risque sera plus élevé. Mais même dans le cas
où l'enfant aurait jusqu'à 5% moins de gras qu'un enfant normal, la charge corporelle en
organophosphorés serait 3 fois inférieure au NOAEL.
3.4 Perception du risque
Pour étudier le risque tel que perçu par les acteurs sociaux visés par l'enquête, nous avons réalisé deux
séries de «focus groups», où nous avons interrogé des pomiculteurs et des personnes résidant aux
abords de vergers en Montérégie. Une analyse qualitative des données ainsi recueillies a permis
d'identifier les différences et similitudes entre les perceptions de risque chez les producteurs et les
résidents en bordure de vergers et de cerner les besoins d'information de la population quant aux
résultats de l'analyse de risque (LaRue et al., 1997).
3.4.1 Convergences et divergences
Autant les producteurs que les résidents perçoivent les pesticides comme des substances dangereuses
dont l'utilisation implique une certaine compétence et la mise en oeuvre de mesures de protection. Les
producteurs et les résidents semblent aussi partager l'idée voulant que les producteurs soient
pratiquement obligés d'utiliser des pesticides chimiques dans le but d'assurer la viabilité économique
de leurs exploitations. Dans les groupes de résidents que nous avons rencontrés, on reconnaît
d'emblée que l'antériorité d'occupation des producteurs et la vocation agricole du territoire impliquent
l'acceptation de certains inconvénients associés à la pulvérisation perçus comme inévitables. Cette
tolérance s'affaiblit dès que l'on estime que le producteur se conduit de manière abusive ou manifeste
peu de considération pour ses voisins.
Les résultats de notre enquête concordent largement avec ce que l'on pouvait prévoir à partir du
modèle psychométrique de la perception de risque (Covello; Slovic et al., 1980). Ainsi, la
connaissance des produits et des mesures de protection (inspections, homologation des pesticides)
ainsi que la familiarité des producteurs avec le danger font que ceux-ci perçoivent le risque à la baisse.
Alors que les personnes résidant à proximité des vergers ont tendance à percevoir le risque à la hausse
en raison précisément du peu de connaissance qu'elles ont de la pomiculture et des pesticides en
général et des mesures de protection en particulier. Aussi, le caractère involontaire de l'exposition
dans le cas de résidents, la présence de jeunes enfants dans les résidences bordant les vergers et
l'utilisation de mesures de protection visibles par les producteurs sont des facteurs favorisant la
2 3
perception plus élevée du risque par les résidents. On parle ici de perception «à la hausse» et «à la
baisse» dans la mesure où il nous est impossible de dire si ces perceptions surestiment ou sous
estiment le risque avant d'avoir les résultats de l'étude d'exposition.
3.4.2 La transmission des résultats et l'information
Dans l'ensemble, les résidents ont des attentes assez élevées quant à la précision des résultats et aux
recommandations pouvant dériver de notre étude d'exposition. Les producteurs ont surtout exprimé
une certaine méfiance face aux «effets pervers» de la diffusion des résultats de notre étude, craignant
qu'elle n'alimente les discours alarmistes tenus sur les pesticides dans la pomiculture au Québec,
favorisant indûment les pommes venant de pays où l'usage des pesticides est moins sévèrement
contrôlée.
Il est acquis que les personnes demeurant au pourtour des vergers de la Montérégie auraient avantage
à mieux connaître les produits utilisés dans les vergers ainsi que les mesures de sécurité mises en
oeuvre par les autorités publiques pour protéger la santé de la population relativement aux pesticides,
notamment le programme d'homologation des pesticides. Il est aussi évident que les producteurs
doivent être sensibilisés au fait que, malgré les efforts importants qu'ils réalisent, la dérive aérienne est
un phénomène qui affecte de manière importante la vie.des personnes demeurant aux abords de leur
exploitation. ^
2 4
4. DISCUSSION
4.1 Risque et exposition chez les en fants
/
Chez le groupe d'enfants résidant près d'un verger, on a noté une augmentation statistiquement
significative de l'excrétion moyenne d'alkylphosphates dans les urines du matin le jour suivant
l'arrosage des pommiers avec un insecticide de type organophosphorés par rapport à l'excrétion
moyenne mesurée dans l'urine du matin avant la pulvérisation. Cette différence était encore plus
marquante chez les enfants de pomiculteurs qui ont participé à l'étude. De plus, contrairement aux
enfants du groupe précédent, chez ces enfants de pomiculteurs, la différence persiste au moment du
troisième échantillonnage le septième jour suivant la pulvérisation. Parmi les enfants vivant à plus de
500 mètres d'un verger (groupe témoin), on n'observe pas de différence statistiquement significative
entre les moyennes des concentrations d'alkylphosphates mesurées à ces 3 périodes. La présence
d'alkylphosphates, en faible concentration dans l'urine des enfants du groupe témoin, laisse croire à
une exposition à de faibles concentrations de pesticides venant d'autres sources (applications en zone
résidentielle, présence de résidus dans les aliments, etc.).
Quoique ces observations démontrent que les enfants vivant près d'un verger absorbent une quantité
d'organophosphorés qui est significative sur le plan purement statistique, notre analyse des risques
associés à cette exposition nous indique qu'aucun d'entre eux n'a accumulé une charge corporelle
suffisante pour induire un effet toxique aigu ou chronique. Dans le pire des cas, même en émettant
l'hypothèse que l'enfant serait beaucoup plus maigre que la moyenne, la dose corporelle accumulée
serait environ égale au tiers du niveau du NOAEL, c'est-à-dire un tiers de la dose pour laquelle aucun
effet n'a été observé chez les êtres humains dans les recherches antérieures. Cependant, on ne peut
pas exclure totalement que dans des conditions différentes, un enfant ne puisse pas accumuler une
charge supérieure à ce NOAEL. Nous pensons d'ailleurs que notre présence durant la pulvérisation a
pu inciter les parents à plus de prudence. Si tel était le cas, l'exposition obtenue sans notre présence
aurait probablement été plus élevée. Heureusement, il existe une certaine marge de sécurité entre le
niveau sans effet (NOAEL) et la dose pour laquelle des effets toxiques peuvent apparaître (un facteur
d'environ dix). Ce qui sous-tend que la probabilité d'apparition d'effets toxiques est faible.
La quantité d'organophosphorés qu'un enfant absorbe ne dépend pas exclusivement du degré de
contamination du terrain de la résidence où il habite. Elle est en fonction également du temps passé
sur le terrain contaminé et des vêtements qu'il porte lorsqu'il joue sur ce terrain contaminé. En effet,
2 5
notre analyse démontre clairement que la principale voie d'absorption d'organophosphorés par
l'humain est le contact cutané, la quantité absorbée par la voie respiratoire, même durant la
pulvérisation est négligeable. Ainsi, un enfant bien couvert par des vêtements qui joue sur un terrain
largement contaminé pourrait absorber moins d'organophosphorés qu'un enfant ayant une grande
surface de peau à nu qui jouerait sur un terrain moins contaminé. Le temps d'exposition influencera
également la quantité absorbée. C'est probablement pour ces raisons que nous n'avons pas noté de
corrélation entre la présence de résidus de pesticides au sol tels que mesuré dans le volet
environnement et les concentrations d'alkylphosphates dans l'urine des enfants.
4.2 Risque et exposition chez les travailleurs
Chez les travailleurs qui appliquent les insecticides, il y a également une augmentation statistiquement significative des concentrations urinaires d'alkylphosphates entre l'échantillon prélevé avant la pulvérisation et les deux échantillons recueillis après la pulvérisation. Mais, à l'instar des résultats de l'analyse des risques effectuée chez les enfants, la charge accumulée par les travailleurs durant cette étude était bien inférieure à celle pouvant induire des effets toxiques aigus ou chroniques avec les trois substances impliquées dans l'étude. Chez les travailleurs, la principale voie d'absorption est également la peau.
Chez les travailleurs qui n'ont pas effectué de tâches se rapportant à la pulvérisation, les niveaux d'alkylphosphates sont demeurés bas dans les trois échantillons urinaires qu'ils ont fournis. L'exposition des tâches inhérentes à la pulvérisation semble influencer davantage la dose absorbée que l'exposition durant la préparation du produit. Il existe une corrélation positive entre le nombre d'heures passées à pulvériser des organophosphorés et les concentrations d'alkylphosphates mesurées dans les urines des travailleurs.
4.3 Allèreies
)
Finalement, mentionnons que nous ne pouvons pas exclure que certaines personnes puissent présenter
des réactions allergiques ou d'hypersensibilité aux organophosphorés ou à d'autres substances
contenues dans le mélange avec lesquelles les organophosphorés sont mélangés dans le produit
pulvérisé. Ces réactions sont difficilement prévisibles, d'autant plus que chez des sujets prédisposés
aux allergies, elles peuvent être produites par plusieurs substances rencontrées dans notre
environnement.
2 6
4.4 Limite de l'étude sur l'analyse du risque à la santé
L'analyse du risque à la santé ne concerne que les risques associés à trois insecticides utilisés dans les
vergers de la Montérégie. Ces trois insecticides (azinphos-méthyl, méthidathion et phosmet)
appartiennent à la famille des organophosphorés.
Bien sûr, nous sommes conscients que d'autres pesticides sont utilisés en pomocùlture au cours de
Tannée tels les fongicides. L'application de fongicides en mélange avec les insecticides ou
l'application de fongicides seuls sont pratiques courantes en pomoculture. Cette étude ne nous permet
donc pas de nous prononcer sur les risques potentiels encourus pour ces autres produits puisqu'elle ne
visait que les insecticides organophosphorés.
Malgré son caractère exploratoire, l'étude a porté sur un échantillon suffisamment grand de vergers et
d'enfants pour avoir un portrait assez représentatif de la réalité. Les données recueillies dans le cadre
du projet «.Évaluation de l'importance de la dérive lors de la pulvérisation en verger» (annexe II) nous
permettront de vérifier dans quelle mesure les conditions de dérive que nous avons rencontrées se
rapprochent des pires scénarios possibles.
4.5 Présence des pesticides dans l'air ambiant et au sol
Dans la région où s'est déroulée l'étude, avant l'utilisation.d'insecticides dans les vergers, on observe
des niveaux non nuls d'alkylphosphates dans l'urine de la population étudiée. Leur présence est le
signe d'une exposition de cette population à des organophosphorés en provenance d'autres sources.
On note que les niveaux d'alkylphosphates mesurés chez ces personnes avant l'arrosage
d'organophosphorés dans les vergers sont du même ordre de grandeur que ceux observés dans la
population générale par d'autres auteurs aux États-Unis et en Italie.
Les mesures prises dans l'environnement nous révèlent la présence d'organophosphorés dans l'air et
sur les terrains à proximité des vergers. Il est donc indéniable que la dérive aérienne, lors des
pulvérisations, franchit les limites des vergers. Ceci justifie l'importance de continuer à mieux
documenter l'effet des techniques de pulvérisation et des conditions météorologiques sur la dérive en
verger dans le contexte québécois.
2 7
4.6 Risque perçu
Même si l'analyse de risque ne révèle pas de situation inquiétante pour la santé concernant l'utilisation
des pesticides, on doit tenir compte de l'existence d'un risque perçu. Ce risque perçu se répartit
différemment selon que l'on soit producteur ou résident, bien que quelques producteurs aient aussi
manifesté des inquiétudes relatives à leur santé et à celle de leur famille. Il est possible, étant donné
les facteurs qui déterminent la perception de risque, que la simple divulgation des résultats de notre
étude ne suffise pas à calmer les inquiétudes de la population en général relativement à l'utilisation
des pesticides dans la pomoculture. De la même manière, il importe d'éviter de donner l'impression
aux producteurs qu'ils ne sont pas exposés et qu'ils peuvent relâcher leur vigilance quant à la sécurité.
En ce sens, une attention particulière devrait être portée à l'évaluation de la communication de risque
effectuée dans le cadre de cette étude.
En plus des inquiétudes quant aux risques à la santé, l'étude de perception a fait ressortir chez les
résidents, les nuisances causées par l'application de pesticides dans les vergers. Ceci se manifeste par
de sévères restrictions quant à l'utilisation du terrain, notamment par les enfants, ainsi que par divers
inconvénients (se faire arroser, cesser de manger sur la terrasse pendant une pulvérisation, cesser la
baignade, la nécessité de laver les vitres exposées à la dérive, impossibilité de faire sécher les
vêtements à l'extérieur, etc.). Ces inconvénients sont ressentis très vivement par les résidents et
peuvent favoriser le développement d'une situation de conflit avec les pomiculteurs.
2 8
5. CONCLUSION ET RECOMMANDA TIONS
SA Conclusion
L'étude montre que lors des pulvérisations, des pesticides sont transportés en dehors des lieux visés et
que les personnes qui vivent à proximité immédiate des vergers sont exposées à ces produits. À la
lumière des résultats de l'étude sur l'analyse des risques à la santé, on constate que pour les résidents
exposés aux organophosphorés le jour de la pulvérisation et les jours suivants la pulvérisation, le
risque d'altération de leur santé était faible dans les conditions d'exposition de cette étude et en
fonction des données scientifiques disponibles. Même si on ne peut exclure que dans des conditions
différentes la quantité absorbée d'organophosphorés soit plus élevée et même se rapproche de doses
pouvant causer des effets toxiques aigus et chroniques, la probabilité que cette situation se présente
dans la population environnante aux vergers nous apparaît faible. Évidemment, la probabilité que des
effets sévères surviennent est encore plus faible.
5.2 Recommandations
Malgré le faible risque d'effets toxiques posés par les insecticides organophosphorés, la dérive des
pesticides en dehors des vergers doit être minimisée le plus possible pour les raisons suivantes:
• même si l'exposition des résidents aux organophosphorés provenant de la pulvérisation des arbres
fruitiers semble présenter un risque faible pour leur santé, cette exposition demeure involontaire et
non souhaitable;
• bien que la présente étude portait essentiellement sur la santé humaine, on ne peut ignorer les risques possibles d'effets sur l'environnement (cours d'eau, eau souterraine, puits, effets potentiels sur les insectes, animaux et plantes non visés par la pulvérisation);
• les insecticides organophosphorés ne présentent qu'un type de pesticides auxquels cette
population est soumise à cause de la production de la pomme: le risque à la santé associé aux
autres n'étant pas documenté dans cette étude, on n'a donc pas l'assurance que les conclusions
iraient dans le même sens avec ces produits;
• la pulvérisation de pesticides crée des inconvénients pour cette population;
2 9
• les travailleurs, les pomiculteurs et leur famille sont les personnes les plus exposées et cette observation restera vraie pour tous les autres pesticides utilisés en pomoculture. Nous pensons que les producteurs ne peuvent rester insensibles à cette réalité;
• il existe des solutions simples pour réduire l'exposition des travailleurs et de la population. La
lutte intégrée dont les moyens sont le dépistage des insectes, l'utilisation de la méthode TRV (tree
low volume), le choix judicieux d'insecticides moins toxiques et la stratégie phytosanitaire en sont des exemples.
L'élaboration d'un plan d'action pour réduire les risques à la santé et à l'environnement est donc nécessaire.
5.3 Etudes ultérieures proposées
Dans ce projet exploratoire, l'évaluation du risque à la santé visait à établir l'impact des insecticides organophosphorés. Une évaluation plus complète du risque à la santé devra éventuellement tenir compte de l'exposition à plusieurs autres pesticides notamment les fongicides qui sont souvent appliqués en mélange avec les insecticides. Puisqu'en Montérégie, on répertorie 800 résidences situées à moins de 30 mètres de vergers commerciaux périurbains, cette évaluation du risque à la santé est très pertinente.
L'étude exploratoire sur la perception du risque ainsi que la littérature scientifique sur la question établit hors de tout doute un lien entre le faible degré de connaissance des produits, des mesures de sécurité et de protection publique ainsi que des pratiques des pomiculteurs et la surévaluation du risque par la population. Dans ce contexte, on peut penser qu'une campagne d'information ciblant les personnes résidant aux abords des vergers aurait pour effet immédiat de réduire le niveau du risque perçu. Une telle campagne ne saurait être entreprise, cependant, avant d'avoir étudié l'ensemble des aspects sociaux et sociodémographiques de la problématique.
Les discussions avec les groupes de pomiculteurs réalisées dans le cadre de l'étude de perception
laissent penser que ceux-ci ont parfois tendance à sous-estimer le phénomène de dérive aérienne lors
de leurs pulvérisations. Il nous apparaît donc important de sensibiliser les pomiculteurs que malgré
les efforts réels qu'ils réalisent, la dérive aérienne est un phénomène important pour les personnes
demeurant au pourtour de leur exploitation. Une campagne d'information auprès des pomiculteurs sur
3 0
l'importance de la dérive aérienne en verger et sur les moyens mis à leur disposition pour la réduire
serait également à envisager.
31
6. RÉFÉRENCES
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Carrier, Marie-Andrée. (1997). Composés organophosphorés. Direction de la santé publique de la Régie régionale de la santé et des services sociaux de la Montérégie.
Covello, V. T. Communication et perception des risques. Revue Canadienne de Santé Publique. 86 (2) 80-82.
Feldmann, Robert J. and Maibach, Howard I. (1974). Percutaneous Penetration of some Pesticides and Herbicides in Man. Toxicology and applied pharmacology 28, 126-132.
Franklin, C. A., Fenske, R. A., Greenhalgh, R., Mathieu, L., Denley, H. V., Leffingwell, J.T., Spear, R. C. (1981). Correlation of urinary pesticide metabolite excretion with estimated dermal contact in the course of occupational exposure to guthion. Journal of Toxicology and Environmental Health 7, 715-731.
Giroux, I., Bisson, M., et Desrosiers, R. (1997). Étude exploratoire sur la présence de pesticides dans l'air ambiant et au sol à proximité des vergers. Région de Montérégie. Ministère de l'Environnement et de la Faune.
LaRue, R., Boudreault, D. et Aubry, H. (1997). Une étude exploratoire des représentations sociales ét de la perception du risque associées à l'application des pesticides dans les vergers de la Montérégie. Direction de la santé publique de la Régie régionale de la santé et des services sociaux de la Montérégie.
Moreau, P., et Panneton, B. (1997). Présentation des concepts de base et revue littérature. La dérive aérienne des pesticides en vergers de pommier. Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Panneton, B., Roy, P.-M. et Moreau. P. (1997). Évaluation de l'importance de la dérive aérienne lors de la pulvérisation en verger. Agriculture et Agrôalimentaire Canada.
Slovic, P., Fischhoff, B. and Lichtenstein, S. (1980). Facts and Fears, Understanding Perceived Risk, in R. C. Schwing and W. Al. Albers (eds.). Societal Risk Assessment. How Safe is Safe Enough? New York, Plenum, p. 180-216.
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P 12,302 E 4542 Ex. 2 AUTEL'R . BOUDREAULT, DORICE BELANGER. BRUNO B EL L E V1L LE. DENIS ET AL TITRE ; UNE ETUDE EXPLORATOIRE SUR L'EXPOSITION AUX ORGANOPHOSPHORES ET LES RISQUES POUR LA SANTE :
P 12 ,302 E x . 2