Upload
votuyen
View
216
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
2
Que nous racontent les plantes ?
Les plantes façonnent autant d’usages qu’il y a d’époques
et de cultures : tour à tour nourriture, objets de rites et
de divination, marchandises ou médicaments. Mais leur
utilisation reste conditionnée à la connaissance de leurs
propriétés.
Déjà, la conquête du Nouveau Monde était aussi celle de
nouvelles plantes et de savoirs. Si les grandes explorations
de Christophe Colomb et Magellan devaient définir de
nouvelles frontières, l’objectif était aussi de s’approprier la
route des épices. L’exploitation des plantes amérindiennes
a servi l’expansion économique de l’Europe mais égale-
ment revitalisé les connaissances médicinales du vieux
continent.
Des premiers contacts à l’exploitation commerciale, la quête des plantes est donc aussi l’histoire de la rencontre des peuples.
3
Et aujourd’hui ?
En France, le succès des produits biologiques, le retour aux
essences naturelles et l’intérêt pour la défense de la biodi-
versité, attestent d’une nouvelle sensibilité des consom-
mateurs. Cette évolution des mentalités est soutenue par
les dernières découvertes scientifiques sur l’intelligence
complexe du monde végétal.
Notre rapport au vivant évolue d’une logique de domination
à celle de coexistence. Cette approche entre en résonance
avec les modes de vie autochtones, nouveaux objets d’ins-
piration et de fascination. Leurs liens intimes aux plantes
et à la nature est devenu aujourd’hui un modèle pour occi-
dentaux en quête de sens.
4
Les entreprises agro-alimentaires, pharmaceutiques et
diététiques s’intéressent aux propriétés des végétaux
utilisés par ces peuples. Certains cherchent à ouvrir les
bénéfices des plantes au plus grand nombre, en respectant
le bien-être des communautés. Néanmoins l’objectif
reste le plus souvent mercantile : proposer de nouveaux
produits inédits comme promesses d’importants revenus.
Au sein des communautés autochtones, la connaissance
des plantes est un patrimoine culturel primordial. Les
enjeux de préservation et transmission des savoirs sont
devenus vitaux dans leur lutte pour défendre et valoriser
leur territoire.
« La voie des plantes » illustre la rencontre entre deux
visions du monde ; ou comment la pensée considérée
“primitive” est réinvestie par nos sociétés dites “modernes”.
A travers un itinéraire en Amérique Latine, nous voulons
comprendre cette dynamique en marche.
« La voie des plantes » illustre la rencontre entre deux visions du monde ; ou comment la pensée considérée “primitive” est réinvestie par nos sociétés dites “modernes”.
5
Note de réalisation
“La voie des plantes” s’inscrit dans la perspective de l’année
internationale des droits des peuples autochtones, à l’ho-
rizon 2019.
Structurée autour de cinq épisodes en Amérique latine,
cette série documentaire témoigne de la complexité des
enjeux autour de plantes symboliques.
Chaque histoire est incarnée par une personne ou un
groupe. En s’appuyant sur une narration intimiste, « La
voie des plantes » offre une immersion subjective au plus
près des points de vue locaux. Des incrustations écrites
permettent au téléspectateur de situer l’action dans son
contexte, renforçant ainsi sa compréhension des enjeux
spécifiques et globaux.
À travers ces témoignages, nous entendons montrer la
valeur des savoirs autochtones. Repenser l’interaction
entre leur culture et les dynamiques du monde moderne
est aujourd’hui nécessaire.
Derrière l’utilisation des plantes, imaginons une autre conception de notre relation à l’autre et au monde.
6
10% Croissance annuelle des ventes de cosmétiques naturels depuis 2014
2007 Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples Autochtones, et de leurs savoirs.
2019
Année Internationale des Droits des peuples autochtones (ONU)
Définition biopiraterie : La biopiraterie consiste dans l’accès et l’utilisation de ressources de la biodiversité et de savoirs traditionnels associés, en violation des droits de leurs détenteurs (absence de consentement et de partage des bénéfices).
1/3 des espèces végétales recensées sont originaires d’Amérique Latine
Repères
7
Populations autochtones
5 000 groupes humains
370 millions de personnes
Ils occupent 22% des territoires mondiaux, dans lesquels se trouve 80% de la biodiversité mondiale
Amazonie 5,5 millions de kilomètres carrés de forêt
20% de surface perdue depuis 1970
438 000 espèces de plantes répértoriées.
Plus de 25% des essences pharma-ceutiques utilisées dans le monde
9
les savoirs traditionnels, une richesse fragile à transmettre et protéger
La forêt amazonienne est une grande source de richesses.
Outre le bois, le pétrole, elle recèle également des miné-
raux précieux, sources de convoitises. Toutefois, la principale
richesse de l’Amazonie reste sa biodiversité unique.
Au premier plan de ces enjeux, des communautés autoch-
tones s’organisent et repensent les modes de transmission
des savoirs botaniques face à l’urgence de la préservation de
leur territoire.
Épisode 1Les Matsés ont choisi de protéger leur patrimoine en
recensant leurs plantes et les connaissances qui y sont
associées. En 2016, ils rédigent pour la première fois
une encyclopédie dans leur propre langue. En tout, 500
pages destinées à consolider les savoirs mais aussi à les
transmettre aux futurs générations. Un modèle de lutte
pour la préservation de la culture locale.
11
les plantes, une autre approche de la connaissance
Dans la conception autochtone, les plantes sont avant
tout considérées comme des êtres de conscience. Lors
des pratiques rituelles, certaines d’entre elles guident les
chamans sur les voies du monde invisible et de la connais-
sance. Non seulement objets des savoirs, elles en sont
aussi la source.
Ce point de vue, longtemps rejeté comme “irrationnel”, est
revisité par la culture new age mais aussi par la science
moderne.
Le néochamanisme propose désormais des expériences
transcendantales aux occidentaux en quête de spiritualité.
Dans le même temps, certains médecins et scientifiques
cherchent l’articulation entre plantes traditionnelles et
médecine moderne, laissant entrevoir la complémentarité
possible entre deux systèmes de pensée.
Dans la conception autochtone, les plantes sont avant tout considérées comme des êtres de conscience.
12
Épisode 2Dans la culture amérindienne tradi-
tionnelle, les plantes “de vision” sont
utilisées comme moyen d’accès à la
connaissance. Allons à la rencontre du
chamanisme dans les Andes à travers le
cactus San Pedro.
Épisode 3La ville d’Iquitos, au Pérou, propose une
variété inédite de plantes médicinales :
comment s’y retrouver entre remèdes
traditionnels et business du tourisme
chamanique ?
Épisode 4Le Centre Takiwasi à Tarapoto, Pérou,
allie les apports des médecines
amazoniennes et la psychothérapie
occidentale pour élaborer un
protocole thérapeutique efficace dans
le traitement des toxicomanies.
14
commercialisation des savoirs autochtones : partenaires ou pirates du vivant.
Pour répondre à la demande occidentale en aliments et
cosmétiques naturels, les entreprises investissent les terres
autochtones à la recherche de plantes endémiques. Mais
cette exploitation des matières premières et des savoirs asso-
ciés soulève des questions majeures : comment ouvrir au
plus grand nombre les bénéfices des savoirs autochtones
sans compromettre leur mode de vie? Comment éviter la
spoliation des connaissances ancestrales?
15
Épisode 5Depuis des temps ancestraux les Satere Mawe récoltent le
Guarana, ces baies rouges qui nourrissent le corps et l’esprit.
Le mythe fondateur raconte que cette plante est l’essence
de la connaissance. Aujourd’hui ils défendent un modèle de
commercialisation qui respecte leurs traditions et environ-
nement. La plante est devenu le ressort de l’autodétermina-
tion de ce peuple.
Épisode 6Coca-cola life, Pespi true, Lipton green… ces dernières années
les grandes entreprises de boisson mettent en avant des
produits naturels et peu caloriques. Derrière ces produits, on
retrouve une plante : la Stevia. Les propriétés édulcorantes
de la stévia sont connues de longue date du peuple guarani
qui ne reçoit aucun avantage de sa commercialisation. C’est
un exemple phare de biopiraterie.
17
Notre engagement
Grâce au temps passé sur place et aux discussions en amont,
nous voulons donner corps et voix au point de vue local, le
plus fidèlement possible. Trop souvent encore, certaines réali-
sations tendent à instrumentaliser émotionnellement l’image
d’Indiens dans la recherche d’audimat.
De nombreuses communautés autochtones s’organisent en
association ou conseils généraux afin de mieux contrôler les
influences extérieures et renforcer leur autonomie. Notre posi-
tionnement est de travailler en collaboration et transparence
avec ces organisations afin de valoriser les initiatives locales.
Notre engagement est porté par l’association de loi 1901
“Confluences humaines” dont l’objet est la valorisation des
diversités culturelles et du vivre ensemble. Fondée en 2012,
l’association a permis le retour de matériels ethnologiques
(films, enregistrements de mythes et de chants rituels, photo-
graphies) aux communautés indiennes colombiennes du Pira
Paraná, à leur demande. Cette aventure a donné naissance à
un premier documentaire
“La voix des Tatuyos”, projeté en salle de cinéma et festivals.
es naturels, les entreprises investissent les terres autochtones
à la recherche de plantes endémiques. Mais cette exploitation
des matières premières et des savoirs associés soulève des
questions majeures : comment ouvrir au plus grand nombre
les bénéfices des savoirs autochtones sans compromettre leur
mode de vie? Comment éviter la spoliation des connaissances
ancestrales?
19
29 ANS, JOURNALISTE-RÉALISATRICEMon intérêt pour l’Amérique Latine remonte quelques années en
arrière, lorsqu’à l’âge de 18 ans j’ai choisi la Bolivie comme terrain
pour mon premier reportage. Sur place, j’ai recueilli le témoignage
des mineurs, qui chaque jour creusent les entrailles de la montagne
sacrée en quête des dernières poussières de métaux précieux.
Pendant un mois j’ai vécu avec eux, partagé leur coutume et décou-
vert la “Pachamama”, la Terre mère et nourricière. Du coeur des
Andes est montée l’envie de documenter le réel et de m’ouvrir à
d’autres visions du monde.
Après une formation de journalisme à l’Institut d’Etudes Politiques
de Grenoble, j’ai réalisé sur commande de nombreux films pour des
grandes chaînes de la télévision publique et du câble. Aujourd’hui, je
ressens le besoin de mettre mes compétences au service d’un projet
qui me touche et redonne du sens à mon métier.
Dans un contexte où les découvertes scientifiques et techniques ne
suffisent plus à notre quête du bonheur, je veux rappeler ce que les
autochtones ont à nous apporter : une connaissance du monde par
le prisme de la nature. Une approche séculaire qui pourrait, pour peu
qu’on s’y attarde, apporter la cohérence qui fait défaut à l’homme
moderne.
Aurélie Marques
20
29 ANS, COORDINATEUR DE PROJET, RÉALISATEURDepuis l’enfance, des récits de mon père ethnologue, je cultive un intérêt
passionnel pour l’ethnologie et la protection des peuples autochtones.
Après un master en Gestion de projet et entrepreneuriat à l’Ecole de
Commerce de Grenoble, je m’investis au sein d’ONG et entreprises
sociales dans les domaines de la santé et de la microfinance avec de
nombreuses missions et séjour à l’étranger, en Afrique principalement.
Parallèlement, je crée en 2012 l’association Confluences Humaines avec
comme objectif la valorisation des cultures amérindienne et leur patri-
moine culturel. Ce projet me permet de concrétiser mon intérêt pour les
peuples autochtones et a donné naissance à un premier documentaire
“La Voix des Tatuyos” projeté en salles de cinéma et festivals. La graine
était semée. En 2017, fort de cette première expérience, je conçois avec
Aurélie Marques la série documentaire “La voie des Plantes”.
Louis Bidou
CONTACTS
Aurélie MARQUES : +33 7 77 92 40 59 Louis BIDOU : +33 6 95 84 00 88
LAVOIEDESPLANTES-LEFILM.COM