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I.U.F.M. de Bourgogne Centre de Nevers CRPE Année 2002-2003 Un projet d’écriture sur le conte en cycle 3 Joan ROZE 02STA03905 Directrice de mémoire : Nathalie CHARVY

Un projet d’écriture sur le conte en cycle 3 · Le dispositif mis en place page 16 Mise en œuvre pédagogique 1. Vaincre la peur d’écrire, de mal écrire page 19 2. Puiser

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I.U.F.M. de BourgogneCentre de NeversCRPEAnnée 2002-2003

Un projet d’écriture sur leconte en cycle 3

Joan ROZE02STA03905

Directrice de mémoire : Nathalie CHARVY

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PLAN

Plan page 1

Introduction page 3

Références théoriques et mise en place du projet

1. La genèse du projet page 4

2. Comment mettre en place le projet ?

2.1. Quelle lecture pour le projet ? page 7

2.2. L’intérêt de la lecture oralisée page 8

2.3. Un projet d’écriture page 10

2.4. Pourquoi travailler sur le conte ? page 12

2.5. La liaison avec les arts visuels page 13

2.6. Le protocole d’expérience

2.6.1. La classe page 14

2.6.2. La séquence page 14

2.7. Le dispositif mis en place page 16

Mise en œuvre pédagogique

1. Vaincre la peur d’écrire, de mal écrire page 19

2. Puiser des idées dans les textes page 19

3. Repérer les constantes du conte page 20

4. Prévoir le « squelette » de son conte page 23

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5. S’appuyer sur des outils de langue page 26

6. Construire ensemble et s’appuyer sur un outil d’auto évaluation :l’affichagede classe

page 28

7. Un projet mené avec les arts visuels page 29

Bilan page 30

Sources documentaires page 32

Annexes :

annexe 1 : Démarche générale d’un chantier conçu comme module d’apprentissage(extrait de Former des enfants producteurs de textes, Groupe d’Ecouen)

annexe 2 : Proposition de séquence pour un projet d’écritures narratives (extrait deLire et écrire, des apprentissages culturels, Bernard DEVANNE)

annexe 3 : Le conte. Fiche d’évaluation diagnostique.

annexe 4 : Eléments des contes démontrant une inspiration manifeste des contes lusen classe ou à la maison

annexe 5 : Grille d’évaluation pour l’écriture d’un conte

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Introduction

Eduquer, participer à l’élévation de chacun et de tous, programmer

rigoureusement le temps d’enseignement pour embrasser la totalité des instructions

officielles, fournir à chaque enfant les outils indispensables à son émancipation. Vaste

programme !

Pour avoir des chances d’approcher ce résultat, il est indispensable de réfléchir ses

pratiques, de prendre connaissance des chemins pédagogiques déjà empruntés, de se

fixer des lignes directrices. J’ai choisi, pour commencer à explorer ces chemins, de

travailler dans le domaine de la maîtrise de la langue. J’ai pris connaissance de

quelques théories et j’ai gardé celles qui m’ont plu, tenté de les faire miennes pour

élaborer une séquence de lecture-écriture. La construction de celle-ci est en partie

due à l’idée que véhicule la phrase de CLAPAREDE que « L’activité d’un écolier ne

devrait jamais être autre chose qu’un moyen employé par lui pour satisfaire à un

besoin. ». Il me semble également que l’école a le devoir aujourd’hui d’accompagner

l’élève confronté à la complexité de l’écrit et du langage, de mettre à jour les liens

entre les apprentissages pour leur donner une cohérence, un sens. Un projet de

lecture-écriture peut-il aider les élèves à progresser en production d’écrit ?

J’évoquerai dans un premier temps les théories que j’ai reprises à mon compte,

« digérées » et les principes que j’en ai retirés pour construire cette séquence en

cycle 3. Dans un deuxième temps, j’expliciterai et analyserai les séances que j’ai

menées en classe.

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Références théoriques et mise en place duprojet

1. La genèse du projet

Jean FOUCAMBERT insistait dès 1976 sur le fait que c’est l’enfant qui apprend, que

l’enseignement constitue au mieux une aide à l’apprentissage. Il s’agit donc pour

l’enseignant de créer les conditions favorables à la construction de compétences.

Les enseignants-chercheurs du groupe d’Ecouen, persuadés qu’il est possible d’élaborer

une pédagogie grâce à laquelle l’élève acquiert des repères stables lui permettant de

se lancer seul dans la production d’écrit, proposèrent des pistes pour écrire en classe.

Conscients que la production d’un texte engage des compétences complexes, ils

proposèrent d’aider l’élève à se forger une stratégie de production, facilitée par

l’acquisition nécessaire d’un certain nombre d’outils indispensables et bâtie de telle

sorte qu’elle permettrait d’évaluer les progrès effectués grâce à une grille

d’évaluation. Ces pédagogues nommèrent ces projets d’écriture « chantiers ». Chaque

chantier comporte des objectifs propres au type de texte écrit. Cependant tous ont

des buts communs :

- installer l’élève dans une représentation dynamique de l’écrit et de lui-même

par rapport à l’écrit : il est producteur d’un texte qui s’adresse à un

récepteur, il produit un texte entier et non des phrases isolées,

- apprendre à travailler : mener un projet d’un bout à l’autre, se bâtir une

stratégie personnelle d’écriture, accepter le fait d’avoir besoin d’outils pour

perfectionner son texte et se servir de ces outils pour le réécrire.

(cf. Démarche générale d’un chantier, annexe 1)

Bernard DEVANNE, exposant les principes de réussite qu’il retient pour la production

d’écrits à l’école, évoque l’importance du partage culturel, l’organisation de la classe

permettant la prise d’initiatives et l’individualisation des conduites d’apprentissage, le

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développement d’activités en projet, l’inscription de « savoirs linguistiques » au service

de savoir-faire lors de la production de textes. Ainsi, il est pour lui nécessaire :

- de « faire partager, au quotidien, le plaisir des textes » : il préconise l’écoute

collective quotidienne de textes narratifs et poétiques de qualité, même au

cycle 3,

- d’ « ouvrir les espaces culturels » : les activités de lecture et d’écriture en

classe ont tout intérêt à s’ouvrir sur tous les écrits sociaux qui deviennent

signifiants à cet âge pour l’enfant. Grâce à cela, ce dernier s’intéresse à des

questions sociales, peut débattre de sujets d’actualité. C’est une pratique de la

lecture « pour de vrai »,

- de « mobiliser des projets de communication » issus de la vie sociale et

culturelle de la classe afin que les textes aient une fonction pour l’enfant,

qu’ils soient écrits en fonction d’une intention,

- de « désigner des objets d’apprentissage spécifiques » non pas en séance

« décrochée » mais avec des textes correspondant à la typologie étudiée, au

fur et à mesure que le besoin de nouveaux outils est ressenti. Dans cette

perspective, DEVANNE soutient par exemple qu’il est inopérant d’exiger la

mémorisation mécanique des six formes du passé simple dans l’ordre

conventionnel lorsque l’on étudie les récits de voyage à la première personne :

cela ne conduit qu’à donner une image de l’inutilité des contenus scolaires aux

élèves ; en outre, il est beaucoup plus intéressant de comparer des textes de

ce type, d’établir des tableaux de fréquence, d’élaborer un affichage de

classe.

En outre, DEVANNE affirme que moyennant une programmation rigoureuse,

diversifiée et le pointage précis des savoirs et savoir-faire en jeu, il est possible de

travailler la totalité des notions au programme.

(cf. proposition de construction de séquence pour un projet d’écritures narratives,

annexe 2)

Rolland VIAU, professeur à l’université de Sherbrooke(Canada), auteur de La

motivation dans l’apprentissage du français(Edition du renouveau pédagogique, 1999),

explique comment les recherches contemporaines permettent de répondre aux

questions : Pourquoi certains élèves sont-ils démotivés ? Sur quels facteurs de classe

peut-on intervenir pour influencer la motivation des élèves ?

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La motivation de l’élève prend son origine dans la relation et le contexte de formation.

L’image qu’un élève a de lui-même est si importante que Bernard WEINER, chercheur,

a affirmé que ce ne sont pas tant les capacités réelles de l’élève qui comptent pour

qu’il apprenne mais bien celles qu’il pense avoir. Albert BANDURA, professeur à

l’université Stanford en Californie, affirme lui-aussi la prépondérance de l’esprit de

classe sur d’autres facteurs : ce sont les perceptions spécifiques au contexte de

classe qui sont les sources les plus importantes de motivation. Trois de ces

perceptions ont fait l’objet de recherches intenses depuis deux décennies : la

perception qu’a un élève de la valeur d’une activité, la perception de sa compétence à

l’accomplir et sa perception du contrôle qu’il exerce sur cette activité. Considérons

une situation dans laquelle un élève doit reprendre un travail qu’il pensait avoir réussi.

Dans le cas d’une dynamique positive, l’élève s’estime capable de réussir et a le

sentiment de contrôle sur son activité : il comprend l’intérêt de reprendre son travail,

il envisage des stratégies d’apprentissage et persévère. Cela porte ses fruits, il

obtient une bonne performance qui le pousse à recommencer la fois suivante et a un

effet bénéfique sur ses perceptions. Si, au contraire, l’obligation de refaire son travail

entraîne une dynamique négative, l’élève pense que la tâche est secondaire et inutile et

n’accorde aucune valeur à ce travail. Il s’estime incapable d’améliorer sa performance

et a l’impression de n’exercer aucun contrôle sur la situation, invoquant pour se

justifier l’intransigeance du professeur. Ces perceptions ne le poussent pas à

accomplir cette activité, il n’est pas engagé ni persévérant. Sa performance ultérieure

est donc peu améliorée, le contexte est défavorable et ses perceptions en souffrent.

On constate ici l’importance de la dédramatisation de l’erreur, de l’explicitation que

cette erreur peut aussi constituer une étape vers la réussite. Cet article réaffirme

l’importance du contexte de classe dans la motivation de l’élève. C’est cette motivation

qui crée l’implication de l’élève dans son travail et elle est générée en grande partie

par l’image que l’apprenant a de lui.

Ces apports théoriques sont convergents, ils montrent l’importance d’opter pour des

contenus pédagogiques proches des préoccupations de l’enfant, en rapport direct avec

le monde dans lequel il vit et pouvant être réinvestis dans des situations similaires. En

outre, il paraît également nécessaire d’aider l’élève à planifier ses tâches en

déterminant clairement où il devra arriver et de lui donner pour cela l’occasion de se

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saisir d’outils adaptés. Et puis, l’importance de la motivation est réaffirmée,

conditionnée par la perception que l’élève a de ses propres capacités. On touche ici au

domaine de l’évaluation des compétences de chacun, qui doit être pensée plus en

termes de progrès accomplis que de conformité à une norme. Dans cette optique,

chaque effort mérite d’être mis en valeur pour engager l’élève à poursuivre dans cette

voie.

2. Comment mettre en place le projet ?

2.1 Quelle lecture pour le projet ?

J’ai tenté de diversifier les types de lectures faites au cours de la séquence. Ainsi,

les élèves ont été amenés à :

- lire pour rechercher, lorsque je demandais aux élèves de justifier leurs

affirmations par des phrases tirées des textes,

- lire pour comprendre, lors des séances où nous avons travaillé sur le

déroulement de l’intrigue dans un récit,

- lire pour le plaisir. Je leur avais photocopié beaucoup de contes, qu’ils pouvaient

emprunter quand ils le désiraient, qui tournaient dans la classe et que je leur ai

laissés à leur demande (ils m’ont expliqué qu’ils désiraient conserver les contes

qu’ils avaient aimés),

- lire pour s’informer. Lors des réunions quotidiennes du matin, selon l’actualité et

les documents dont je disposais, je parlais d’un sujet(ex : la fabrication des

igloos dans le Grand Nord, le naufrage du Prestige et la marée noire, la

fabrication des bouchons de liège) et je laissais les documents à la disposition

des élèves intéressés. Ils pouvaient les consulter au cours de la journée et

compléter cette documentation par des apports personnels. Le lendemain,

pendant la réunion, nous reprenions les documents apportés en complément.

Ainsi, la réunion était aussi une occasion d’acquérir de nouvelles connaissances

relevant de la culture générale, où les élèves vivaient l’utilité de l’écrit comme

source d’information. Ces moments de lecture dans un but d’information

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n’étaient pas directement liés au projet mais il me parait opportun d’en préciser

l’importance dans les pratiques de classe.

Il me semble qu’il est utile que les élèves perçoivent, consciemment ou non, les

différentes fonctions de la lecture. En effet, si la compétence de lecture est

nécessaire à la formation de l’individu bien au-delà de l’école, cette dernière a le

devoir de le montrer à l’élève. En effet, l’école a pour but de former des citoyens

aptes à la compréhension et à la réflexion sur le monde qui les entoure. Il y a donc un

grand intérêt à proposer à l’école des situations de lecture en lien direct avec la vie

sociale. Citons pour exemple la proposition de DEVANNE de pratiquer en classe la

lecture du journal ou les suggestions de travail sur des textes fonctionnels comme la

lettre ou la recette. C’est pourquoi j’ai jugé indispensable, dans ce projet de lecture-

écriture, d’inclure une réflexion personnelle sur les différentes fonctions de la

lecture.

D’autres types de lecture, comme celle destinée à mémoriser un texte ou à le résumer

auraient pu être envisagées dans cette séquence ; il m’a fallu faire des choix. En

revanche au cours d’une période plus longue, il serait bon de pratiquer d’autres types

de lecture, en songeant toujours à leur pertinence au regard des types des textes

étudiés et des objectifs de séquence.

On ne peut écrire sans en avoir envie. Or, notre projet d’écriture n’engendrerait de

réels apprentissages que si nous «décortiquions » des contes (cf. séances d’outillage

évoquées ci-après) afin de bâtir un guide d’écriture : la fiche d’évaluation. Ces séances

destinées à l’exploration de contes avaient en effet pour objectif d’extraire des

éléments précis constitutifs du conte traditionnel pour les réutiliser lors de l’écriture.

Elles ont nécessité une attention forte portée aux relations entre le sens du texte et

les outils utilisés par l’auteur pour servir ce sens.

Ces séances d’outillage et de travaux écrits devaient donc être contrebalancées par

des moments de plaisir partagé et gratuit afin de ménager l’intérêt des élèves, de ne

prendre le risque de « vider » les contes de leurs charmes. C’est pour cela que j’ai

proposé aux élèves une séance quotidienne de lecture oralisée.

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2.2 L’intérêt de la lecture oralisée

Quelle place fait-on à la lecture oralisée dans les instructions officielles ?

Dans les programmes de 1995, elle est préconisée dans les trois cycles de l’école

primaire, ayant la vertu de susciter le goût de la lecture, de jouer un rôle

d’imprégnation et au cycle 3 d’aider à la compréhension d’un texte et de ses

articulations.

Dans les programmes de 2002 concernant le cycle 3, on insiste sur l’objectif de

«faire de chaque enfant un lecteur assidu » afin de le préparer aux exigences du

collège. Cependant, on insiste aussi sur le fait que pour certains élèves, l’enseignant

doit être conscient que les lectures personnelles passent encore beaucoup par la

lecture à haute voix des adultes car « la voix du maître, parce qu’elle découpe l’énoncé

et le structure par une intonation adéquate, facilite évidemment la compréhension ».

Pour ces derniers plus encore que pour ceux qui ont l’habitude de lire, la lecture

oralisée est indispensable car elle favorise l’attrait pour la lecture.

Pour Evelyne CHARMEUX, les compétences mobilisées lors de la lecture oralisée sont

différentes de celles mobilisées lors de la lecture silencieuse. En effet, la lecture

oralisée passe par une phase de lecture silencieuse puis par une transformation des

indices visuels en indices sonores, qui donne à la lecture une autre dimension, un autre

pouvoir. Puisque «lire, c’est comprendre », celui qui lit ne fait que relire une lecture

faite auparavant. Il propose des indices sonores, sur lesquels les auditeurs

construisent des significations selon leurs attentes, leurs images mentales préalables

sur le sujet. En lecture oralisée, ce sont donc les auditeurs qui sont en situation de

compréhension alors que le lecteur ne fait que restituer un déchiffrage.

La lecture oralisée, lorsque l’on est émetteur, engage d’autres compétences que la

compréhension : il faut avoir déchiffré le texte en lecture silencieuse, se l’être

approprié, être capable de se mettre en scène pour en proposer une interprétation.

Toutes ces compétences doivent être travaillées en classe.

Cette conception trouve un écho dans les programmes de 2002 au chapitre

Compétences devant être acquises en fin de cycle 3 en littérature: « comprendre en le

lisant silencieusement un texte littéraire court », « reformuler dans ses propres mots

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une lecture entendue », « avoir compris et retenu que le sens d’une œuvre littéraire

n’est pas immédiatement accessible[qu’un] travail d’interprétation[est] nécessaire ».

Lorsque l’on lit un texte, la compréhension n’est donc pas immédiatement consécutive

au déchiffrage correct. Le passage du déchiffrage à l’oralisation du texte mobilise

bien d’autres compétences, que les textes officiels préconisent de travailler en

ateliers de lecture.

C’est pour cette raison que j’ai décidé de pratiquer moi-même cette lecture oralisée,

de ne pas l’exiger des élèves. Le projet de lecture-écriture conséquent mis en place ne

me permettait pas de travailler aussi les ateliers de lecture. Cependant je le ferai

dans mon exercice futur, persuadée du bien-fondé de travaux individualisés et

spécifiques sur la lecture.

La lecture oralisée est une lecture-spectacle où le transmetteur se doit d’engager

tout son corps, d’être énigmatique, triste ou drôle, en tous cas expressif. L’objectif

de plaisir de l’auditoire était à tous coups atteint lors de ces représentations

quotidiennes.

J’ai expérimenté un autre avantage de la lecture oralisée de l’enseignant au niveau de

la cohésion du groupe-classe et de la relation maître-élèves. Lors de cette lecture,

les élèves ont la connaissance du déroulement de l’intrigue au même rythme, rient au

même moment ; cela crée une détente collective complice, augmentée du plaisir du

lecteur constatant les effets produits ! De plus, cela élargit les relations maître-

élèves : c’est le maître qui travaille et propose une situation de détente(d’habitude, ce

sont des exercices !).

Lire des textes aux élèves, c’est aussi les installer dans une attente de signification et

participer à leur faire vivre des fonctions et des possibilités qu’offre l’écrit. Le

lecteur incarne l’émetteur, absent lors de la lecture individuelle et ouvre l’appétit du

récepteur d’entrer dans la relation de communication qu’offre l’écrit. Lors de ces

séances, les élèves savent que l’objectif est de se faire plaisir. Ils entrent alors dans

un rapport au texte qui n’a pas pour but une recherche ou une sélection d’informations

et se laissent aller à l’imaginaire, conduire par leurs évocations spontanées. Ainsi les

éléments des contes sont-ils davantage intériorisés, appropriés et potentiellement

réutilisés lors d’écriture de récits.

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2.3 Un projet d’écriture

Pour bâtir une séquence incluant la lecture et l’écriture, il était indispensable de savoir

où les élèves en étaient, de définir des objectifs et des moyens pour les atteindre et

d’évaluer la réussite de la séquence. Ces étapes sont constituantes de la pédagogie du

projet d’écriture, vers lequel je me suis donc orientée.

Après lecture (et relecture…) attentive du chapitre De la lecture des œuvres

littéraires à l’écriture du document d’application des programmes en littérature, cycle

3, j’ai retenu quelques extraits. Ces 4 directions ont été fondatrices de la séquence

menée :

« Le plaisir d’écrire vient naturellement prolonger celui de lire. Les compétences

d’écriture sont en grande partie dépendantes de l’accumulation des lectures. Chez la

plupart des enfants[…] cette relation reste implicite. Il est certainement utile de

l’expliciter.»

Il existe un lien étroit entre la lecture et l’écriture que c’est aussi la fréquentation

des livres et donc du langage écrit qui permet de mieux écrire. C’est pour cette raison

que ce projet a pour dénomination « projet de lecture-écriture ». C’est aussi pour

expliciter cette relation entre la lecture et l’écriture qu’une séance a été consacrée à

la proposition du projet aux élèves et au recueil de leurs réactions. L’écriture est

appropriation personnelle, mélange d’apports divers ; elle n’est pas invention. Il est

nécessaire de le mettre en mots pour que l’activité d’écriture soit considérée comme

accessible.

« L’un des principes des programmes est d’éviter de faire fonctionner à vide des types

de textes que l’on rencontrerait seulement dans le cadre des activités de français et,

au contraire, de les accrocher à des situations authentiques d’apprentissage. Dès lors,

écrire en relation aux textes lus devient, à proprement parler, l’activité d’écriture

principale du champ disciplinaire « littérature ».

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Le lien nécessaire entre lecture et écriture est ici évoqué. Il est indispensable, dans

tout projet d’écriture, d’inclure des phases de lecture afin de mettre en rapport des

textes de même type, de relier les apprentissages plutôt que de les disjoindre. Selon

Edgar MORIN dans Réformons la pensée (article du Monde de l’éducation n°252

d’octobre 1997), « l’aptitude à contextualiser et à globaliser est une qualité

fondamentale de l’esprit humain que l’enseignement parcellisé atrophie, et qu’il s’agit

au contraire de développer. La connaissance pertinente est celle qui est capable de

situer toute information dans son contexte, voire dans l’ensemble global où elle

s’inscrit. »

« On peut […] lancer les élèves dans la planification d’une écriture nouvelle […] en

ancrant l’effort d’invention dans l’exploration d’un genre […] On peut […] tenter de voir

comment, dans le texte auquel on retourne, les personnages sont mis en scène. On peut

découvrir la variété des procédures de désignation […] »

Travailler en projet d’écriture n’évacue pas la nécessité de travailler sur des outils de

langue précis. Au contraire, c’est parce que l’on a décidé d’écrire un texte que l’on a

besoin d’étudier des textes de même type, d’en dégager les invariants, d’acquérir des

outils précis et efficaces pour ce type de texte.

« Il n’est jamais inutile de prolonger l’écriture par une mise en livre des textes

produits. Les élèves y découvrent quelques principes de la typographie et de la mise en

page. »

C’est ce que nous avons fait, pour mettre en valeur le texte écrit mais aussi pour

« apprivoiser »l’objet livre et aller jusqu’au bout du processus de création personnelle.

2.4 Pourquoi travailler sur le conte ?

D’abord, il était plus aisé, avec peu de connaissance de la classe et en n’intervenant que

trois semaines, de choisir de travailler sur le fictionnel. En effet, faire un projet sur

l’affiche, par exemple, nécessite de travailler en vue d’un événement particulier et

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d’être présent jusqu’à cet événement. En outre, l’enseignant commençait à ce moment-

là à travailler sur le narratif . Après mon départ, il étudierait les Contes du chat

perché. Cela fournissait donc aux élèves l’occasion de mobiliser leurs connaissances sur

le conte « de princes et de princesses », de se plonger dans un travail d’écriture, pour

ensuite continuer à approfondir le travail.

Ensuite, j’avais envie de travailler sur l’objectif d’une production individuelle où chacun

pourrait investir son imagination et peut-être même son vécu. A l’instar de

BETTELHEIM, il me semble que le conte parle sous une forme symbolique des craintes

et des désirs inconscients de l’enfant face à ses parents, à l’adulte en général, au

monde qui l’entoure. A travers la production d’un conte, l’enfant aménage à sa façon un

espace de langage dans lequel il s’ex-prime(dans le sens où il donne quelque chose de lui

à ce qui lui est extérieur). De plus, le conte permet une approche positive de certains

drames puisqu’il se termine toujours bien, il est rassurant sur l’avenir, permet

d’envisager celui-ci de façon positive. Khalil GIBRAN dit que les « âmes[des contes]

habitent la maison de demain que vous ne pouvez visiter même dans vos rêves ».

L’écriture d’un conte pourrait donc être une occasion de dire ses peurs présentes ainsi

qu’une exploration du futur.

Enfin, pour une première mise en place de projet d’écriture, le conte a l’avantage de

posséder des caractéristiques stables(peu de variations de la structure typique, il y a

toujours des bons et des méchants aisément repérables, la fin est toujours heureuse).

Il me semblait donc faisable de « boucler » le projet en trois semaines.

Il faut évoquer également l’attrait qu’ont les élèves vis-à-vis de ce type de récit et

consécutivement sur leur motivation pour l’écriture.

2.5 La liaison avec les arts visuels

Une démarche préconisée par les programmes.

Dans le rapport annexé à la loi d’orientation de 89, on cite à plusieurs reprises l’une

des missions de l’éducation nationale qui «doit développer chez le jeune le goût de

créer, d’exercer des activités culturelles et artistiques ».

Au chapitre «attitudes » concernant l’acquisition de compétences transversales des

programmes de 1995, on peut lire que l’élève de cycle 3 doit savoir affirmer ses choix

et ses goûts esthétiques, qu’il développe sa créativité et se montre inventif.

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Dans les programmes de 2002, la première phrase du paragraphe concernant

l’éducation artistique est : « L’éducation artistique développe l’aptitude à l’expression

et le goût de la création ». Ces objectifs faisaient partie de ceux que je poursuivais

pour le projet d’écriture ; relier la maîtrise de la langue et les arts visuels en

poursuivant les mêmes objectifs ne pouvait donc que donner plus de cohérence à la

séquence.

Le projet d’écriture individuelle d’un conte amorçait en effet le processus de création

individuelle, de choix conscients opérés en vue d’une réalisation finale. De plus, je

souhaitais que cette réalisation finale ne soit pas qu’un écrit scolaire mais aussi un

objet dont chacun puisse être fier et qui aurait la possibilité d’être montré hors de la

classe. J’ai proposé que les contes soient reliés séparément et constituent des petits

livres avec couverture et quatrième de couverture. Il semblait alors logique de

consacrer un soin particulier à ces couvertures, de les personnaliser.

2.6 Le protocole d’expérience

2.6.1 La classe

La classe comportait un double niveau CM1-CM2. Il semblait donc intéressant de

travailler sur un projet d’écriture incluant des possibilités de concertation, mais une

rédaction individuelle, propice à la différenciation. Je ne crois que les pratiques de

classe habituelles incluaient le travail en projet, pourtant il m’est apparu très vite que

chacun osait s’exprimer, qu’il régnait dans la classe une grande qualité d’écoute et le

respect des autres. En effet, les compétences maîtrisées par chacun n’étaient pas

homogènes mais cela n’a jamais altéré la qualité de la communication ni du travail au

sein de la classe.

2.6.2 La séquence

__________________FICHE DE SEQUENCE

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Ecole du Chatz

Discipline : Maîtrise de la langue

Titre de la séquence : Le conte, lecture-écriture

Niveau : CM 1 - CM 2

Objectifs généraux : - éprouver du plaisir à entendre lire des contes- lire des contes- avoir envie d’écrire un conte- dégager des outils de contes étudiés- se servir de ces outils pour l’écriture, la révision de son

conte

Remarques : - cette séquence est associée à une séquence d’arts visuels où serontconçues les couvertures des contes,

- une séance de lecture oralisée de l’enseignant a lieu tous les jours.

Progression :L’élève apprend à… Conditions matérielles

Séance 1- évaluationdiagnostique

- sur texte-amorce, écrire lasuite du récit

Début de Les six cygnes,GRIMM

Séance 2 - repérer les caractéristiquestypiques du conte

Les six cygnes

S 3 - repérer les étapes du récitdans un conte- illustrer chaque étape durécit par une(ou des)phrasesextraite du texte

La forêt enchantée, Contes etlégendes du nouveau monde

S 4 - repérer les informationsindispensables à donner dansun début de conte

Les trois fileuses, GRIMMTableau de repérage

S 5 - se concerter, échanger sesidées, lire des contes pour êtreen mesure de…- …prévoir les personnages, leslieux, le problème, la résolutiondu problème, la situation finaledu conte qu’il va écrire

Contes à disposition

S 6 – S 7 - écrire le début de son conte- s’aider des outils déjàconstruits en classe

Cahier de production d’écrits

S 8 - percevoir la lourdeur d’untexte ne comportant pas desubstitut du nom, verbaliser lacause et les moyens d’y

Petit homme, conte algérien

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remédier- réécrire un texte en utilisantdes substituts

S 9 - comprendre le rôle de laponctuation dans lacompréhension d’un texte- revoir le rôle des différentssignes de ponctuation

Petit homme, conte algérien

S 9 bis - dégager deux contraintes àinsérer dans un récit :nécessité d’obstacles à laréussite du héros, unpersonnage ou un objet aide lehéros

Plusieurs contes déjà étudiésen classeCours dialogué

S 10 - écrire la suite de son conte- tenir compte des outilsd’écriture étudiés en classe

Le panneau de classe, descontes et tout autre outil sontà la disposition des élèves

S 11 - corriger ses erreurs- reprendre son texte s’ilcomporte des manques ou desincohérences- commencer à recopier aupropre sur une feuille blancheà l’aide d’une feuille lignée

Idem ci-dessus

S 12 - recopier son conte au propre- se lire les contes les uns auxautres

2.7 Le dispositif mis en place

Des livres en nombre à emprunter

Un élève tient une fiche d’emprunt : les élèves signalent l’emprunt et disent lors de la

restitution s’ils ont lu l’ouvrage. La lecture est possible lorsque le travail est terminé

ou lors des récréations. Les textes sont de tous types. L’objectif est la familiarisation

au livre, la lecture-plaisir. Les élèves de cette classe ont un appétit de lecture

important, ils n’ont pas peur de dire qu’ils ont emprunté un livre mais qu’ils ne l’ont pas

lu et savent dire pourquoi :

«Le début ne m’a pas plu », «Il était trop long ».

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Des contes photocopiés à disposition dans la classe, qui sont lus le soir à la maison ou

à l’école dans la journée. Ces contes ont bien circulé car l’attirance vis-à-vis du conte

n’a pas décru tout au long du projet.

Des lectures oralisées pratiquées quotidiennement par moi-même en début d’après-

midi. Ce sont des contes des frères GRIMM au début, puis des Contes africains,

Contes de sorcières, d’ogres et d’ogresses et Contes à l’envers (DUMAS et

MOISSARD). Il est arrivé quelquefois que j’accède au désir des élèves de leur lire un

autre conte, tant leur plaisir était manifeste. Je me mettais en scène pendant ces

lectures, changeant ma voix selon le personnage, faisant ressortir les moments

cruciaux de l’histoire en parlant à voix basse ou répétant deux fois la phrase. Ces

lectures les ont parfois fait rire au début. Cependant lorsque je leur ai demandé

pourquoi ils réclamaient la lecture oralisée, ils ont répondu que cela les faisait rêver,

qu’ils aimaient que j’imite par des voix différentes les personnages et que c’était

comme un spectacle. Nous touchions là à l’une des fonctions de la lecture oralisée qui

est de rendre vivant et attrayant pour les autres un texte lu au préalable. Nous

manquions de temps pour qu’ils s’exercent individuellement à la lecture oralisée mais il

me semble que ce travail pratiqué au long de l’année aiderait chacun à acquérir une

meilleure aisance à l’oral et peut-être déboucher sur la présentation orale d’un livre,

ou l’exposé.

Une évaluation diagnostique

(cf. annexe 3)

Une production écrite :

Consigne : Lis ce texte, écris une suite et donne-lui un titre.

Un jour, le roi chassait dans une grande forêt. Et il y mettait tant de cœur que

personne, parmi ses gens, n’arrivait à le suivre. Quand le soir arriva, il s’arrêta et

regarda autour de lui…

Pour cette évaluation et étant donné que je n’avais pas encore annoncé que noustravaillerions sur le conte, je ne voulais pas leur proposer un début de texte tropinducteur. J’ai donc proposé une amorce, correspondant à l’étape de complication dansun récit («Un jour… ») pour ne pas faire apparaître de formule comme « Il était une

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fois ». Je me suis alors rendue compte que la présence du personnage du roi, la grandeforêt et les serviteurs ne suffisaient pas à induire l’écriture d’un conte.

Un panneau de classe, recensant les invariants du conte découverts au fil des

séances, les outils importants utilisables pour écrire un conte, et qui restait toujours

dans la classe. Il constituait une référence consultable à tout moment et les élèves

avaient pris l’habitude de s’y référer. Je me suis demandé au bout de quelques séances

s’il fallait ôter ce panneau pour pousser les élèves à mémoriser les invariants du conte.

Je ne l’ai pas fait car j’ai constaté que ceux qui continuaient à s’y référer étaient ceux

pour qui cela était nécessaire, les autres n’ayant plus besoin de cette « béquille ». Sur

une année scolaire, il me semble que je ne l’enlèverais des murs de la classe qu’après

avoir favorisé le réinvestissement des compétences sur plusieurs textes. Ce qui

n’empêcherait pas de le conserver pour avoir la possibilité le revoir à tout moment. La

fiche d’évaluation a été construite à partir des critères recensés dans ce panneau.

Une évaluation finale faite à partir du panneau de classe

(cf. annexe 5)

Les élèves se sont servi de cette grille pour écrire la suite de leurs contes en séances

10 et 11.

J’ai moi-même relu ces suites de contes et pointé les éléments des textes

perfectibles au regard de cette grille. Ils ont ensuite repris leurs textes et corrigé

ces erreurs à l’aide des outils construits en classe. Ils pouvaient utiliser pour cela tous

les documents utiles(cahiers, panneau de classe, manuels, conseils des camarades ou de

la maîtresse…)

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Mise en œuvre pédagogique

1. Vaincre la peur d’écrire, de mal écrire

Au début de la séance 3, j’ai proposé le projet aux élèves. Les réactions furent

enthousiastes, assez bruyantes même… Sauf pour Cécile, qui s’est exclamée : « Oh,

non ! » Je lui ai demandé de nous expliquer la raison de son mécontentement : elle

n’avait pas d’idées pour inventer un conte. J’ai alors soumis le problème à la classe, qui

l’a rassurée en lui répondant :

- qu’ils pourraient se mettre ensemble pour trouver des idées

- qu’ils pourraient prendre des idées dans les autres contes

- qu’ils pourraient mettre des fées, des sorcières, des

sirènes ou des princesses dans leurs récits

J’ai noté ces remarques et distribué à la séance suivante une sorte de« charte »écrite de notre projet d’écriture qui reprenait ces suggestions.Nous assistions là à une déclaration de solidarité du groupe et aux premières

évocations d’aides à l’écriture qui ont suffi pour que Cécile soit finalement prête à

entrer dans le projet. Cela a permis également à ceux qui n’avaient pas été aussi

expressifs qu’elle de trouver des réponses à leur appréhension vis-à-vis de l’écriture.

2. Puiser des idées dans les textes

Dès la présentation du projet, par la réaction de Cécile, avait émergé l’idée de pouvoirs’inspirer des contes lus pour inventer son propre conte ainsi que de chercher desidées ensemble.Pendant cette période où je suis intervenue dans la classe, chaque élève a lu en lecture

silencieuse et volontaire au moins trois contes(cf.3.6 Des livres en nombre à

emprunter) appartenant à ce que l’on nomme «les classiques de l’enfance » et «qui

constituent un patrimoine se transmettant de génération en génération » (document

d’accompagnement des programmes 2002, littérature). Nous avons très souvent mis en

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perspective plusieurs textes, cherchant les analogies ou différences ; cela a permis

aux élèves de mieux comprendre ce qu’est un conte.

Comme le préconisent les programmes, j’ai toujours insisté lors des séances

d’observation réfléchie de la langue sur l’utilité de l’outil de langue étudié dans

l’écriture du conte. C’est un moyen efficace de donner du sens aux apprentissages. En

effet, lors de la séance sur les substituts du nom, les élèves ont rapidement compris la

fonction des substituts et déclaré que ce serait un moyen à utiliser dans leurs propres

textes pour les alléger.

Dès la proposition du projet en séance 2, il est apparu que certains élèves avaient déjà

conscience que la production de texte peut s’appuyer sur le réseau des lectures

antérieures. Nous l’avons souvent redit et les élèves ont été amenés à le vivre : les

reprises de personnages, situations, lieux rencontrés dans les textes lus et

apparaissant dans les textes écrits en sont la preuve. Si nous avions eu le temps, nous

aurions écouté attentivement les contes de chacun et cherché à retrouver dans les

textes écrits des éléments inspirés d’autres contes. Nous aurions pu également

travailler sur le pastiche en conservant les personnages mais en transformant

l’histoire ou encore comparer des versions différentes d’un même conte… les pistes

sont nombreuses.

3. Repérer les constantes du conte

___________________FICHE DE SEANCE N°2

Discipline : maîtrise de la langueNiveau :CM1-CM2Titre de la séquence : le conte, projet de lecture-écritureObjectifs spécifiques : - commencer à repérer les caractéristiques du conte :personnages typiques, éléments irréels, fin heureuse, temps indéfini,

- nommer le genre du texte, justifier

Durée : 1\2 heure

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Organisation dela classe

Déroulement, consignes Matériel Trace écrite

collective 1) Lecture du conte sur lequel lesélèves ont travaillé pour l’évaluationdiagnostique

2) Quel est le genre du texte,pourquoi ?

Repérage des caractéristiques typiques duconte : - éléments irréels : sorcière,enfants changés en cygnes, sort jeté, - personnages typiques : roi,princesse, - fin heureuse : la princesse et sesfrères se retrouvent, la belle-mère estpendue, - formule « Un jour » au début :temps lointain, indéfini.

Contes deGRIMM

Au tableau : « Lessix cygnes est unconte car… »

Bilan de la séance :

Cette séance a bien fonctionné au regard de l’objectif de repérage des

caractéristiques du conte. En outre, les élèves ont nommé sans problème le genre de

texte car ils avaient déjà de bonnes références. Pour ces raisons, la séance aurait pu

être l’occasion d’aller plus loin que la simple justification orale ; j’aurais pu prévoir dès

ce moment de fournir le texte écrit à chacun en lui demandant de justifier par des

extraits du texte ce qu’il affirmait. Cela aurait été l’occasion de travailler la lecture

de repérage.

Nous aurions peut-être gagné du temps et pu consacrer une séance à l’étude des

temps du récit par exemple…

___________________FICHE DE SEANCE N°3

Discipline : maîtrise de la langueNiveau :CM1-CM2Titre de la séquence : le conte, projet de lecture-écritureObjectifs spécifiques : - conforter le repérage des caractéristiques du conte ( cf.séance 2)

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- repérer les étapes d’une histoire

Objectifs du maître : - proposer le projet d’écriture, recueillir les remarques pour pouvoir entenir compte dans le déroulement du projetpour les élèves : - oser s’exprimer par rapport à un projet

- se projeter dans un projet d’écriture

Durée : 50 min

Organisation de laclasse

Déroulement, consignes Matériel Trace écrite

Collectif

Individuel

Collectif

1) Proposition du projet d’écriture d’unconte

2) Lecture oralisée de La forêtenchantée, explication des motsposant problème

3) Conforter le repérage descaractéristiques du conte fait laséance précédente sur Les sixcygnes :

-formule « Un jour », temps indéterminé- éléments irréels : sorcière, transformationdes jeunes filles en oiseaux, éclatement durocher- personnage typique : la sorcière- fin heureuse : les amoureux se retrouvent,la sorcière est changée en serpent.

4) Repérer les étapes de l’histoire :début, apparition d’un problème,résolution du problème, fin.

En arriver à : pour que l’histoire ait unintérêt, il faut qu’il y ait un problème àrésoudre.

5) Trouver les moments dans le texte oùl’on passe d’une étape à l’autre, écrirela ou les phrases concernées.

6) Synthèse

- une photocopiedu conte pourchaque élève- Contes de laprairie et dunouveau monde,La forêtenchantée

tableau derepérage desétapes del’histoire

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Bilan de la séance :

Le repérage des caractéristiques typiques du conte n’a pas posé problème : les élèves

ont bien compris ce qui distingue ce genre de récit des autres. Le repérage des étapes

de l’histoire s’est bien déroulé en oral collectif mais lorsqu’il a fallu trouver dans le

texte les phrases-charnières du passage d’une étape à l’autre, les élèves ont éprouvé

des difficultés. Pourquoi ? Peut-être aurait-il été plus judicieux de proposer plusieurs

contes aux élèves où nous aurions d’abord cherché en grand groupe ces passages-clés.

Cela leur aurait permis de mieux comprendre ce que pouvait être un passage-clé et

quels indices pouvaient nous aider à les trouver. En outre, nous avions travaillé en

début de séance sur des blocs de texte(début de l’histoire, un problème se pose…) et

je leur demandais là d’extraire des phrases, le travail était donc différent.

4. Prévoir le « squelette » de son conte

__________________FICHE DE SEANCE n°4

Discipline : maîtrise de la langueNiveau :CM1-CM2Titre de la séquence : le conte, projet de lecture-écritureObjectifs spécifiques : - repérer les informations indispensables à donner dans undébut de conte en vue d’en écrire un

- prévoir les personnages, lieux, intrigue et résolution del’intrigue de son propre conte

Durée de la séance : 50 minutes.

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Organisationde la classe

Déroulement, consignes Matériel Trace écrite

collectif 1) Lecture par l’enseignante du début duconte

2) Eclaircissements de vocabulaire,apport de l’enseignant : qui étaient lesfrères GRIMM ?

3) Recherche des caractéristiquestypiques du conte à l’œuvre dans celui-ci(cf. séance 2)

4) Repérage du moment où s’arrêtel’extrait lu dans le déroulement desétapes de l’histoire(cf. séance 3) : leproblème est posé

5) Que nous a-t-on donné commeinformation sur l’histoire jusqu’àmaintenant ?

Recherche des éléments indispensables àdonner au lecteur au début d’un récit : - présentation des personnages - présentation des lieux où l’histoire sedéroule - exposition du problème qui va donner lieuà l’histoire

6) Synthèse

7) Prévision individuelle des personnages,lieux et problème donnant lieu auconte de chacun. Choix d’un titre.

Les troisfileuses,GRIMM

Affichage declasse

Sur le cahier deproduction :- mespersonnages- les lieux oùl’histoire sedéroulera- le problème,comment il serarésolu- le titre de monconte

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Bilan de la séance :

Très rapidement, pour la phase 7 du travail, des élèves se sont manifestés en disant

qu’ils n’avaient pas d’idées, qu’ils avaient besoin de travailler en groupe pour en trouver.

Je pense qu’ils ont osé le dire en partie parce que cette possibilité faisait partie de la

« charte » de notre projet d’écriture(« on pourra se mettre ensemble pour trouver

des idées »). Je les ai bien sûr autorisés à le faire et j’ai également suggéré à tous la

lecture silencieuse et libre de contes comme source d’inspiration possible. J’ai précisé

que je n’exigerai la planification écrite des éléments des contes que lorsque tous

seraient prêts. Par contre, nous nous sommes entendus sur le fait que les éléments de

planification pourraient être les mêmes pour plusieurs contes mais que la rédaction

serait individuelle.

Il me semble que là s’est précisément manifesté cet étroit rapport entre la lecture et

l’écriture. La phase prévue d’« immersion dans le conte » n’était pas assez longue pour

nourrir la production. Il était donc nécessaire de remédier et la séance suivante

(séance 5) a été consacrée à la poursuite des lectures, à la recherche collective ou

individuelle d’idées.

Evaluation en cours de séquence et reprises individuelles :

Après les moments de lecture oralisée, j’ai constaté que, spontanément, les élèves

pointaient certaines caractéristiques du conte(en général) dans le conte que je venais

de leur proposer (ex : «Ce conte-là ne commence pas par «il était une fois » ou « Dans

ce conte, il n’y a ni prince ni princesse » ou encore « La résolution du problème ne se

fait pas grâce à la magie mais à la ruse »). Cela m’a permis de constater que pour

beaucoup, le repérage des caractéristiques du conte était acquis.

A ceux que je soupçonnais être en difficulté, j’ai proposé de lire un conte de leur choix

et de me le raconter à l’oral. Nous avons à cette occasion repéré les caractéristiques

du conte(en général) dans ce conte(en particulier) ainsi que les étapes de l’histoire.

Lorsque la narration leur posait problème, je revenais sur les étapes de l’histoire avec

des questions comme : « Alors il n’y a pas de problème dans ce conte ? »ou « Comment

le personnage parvient-il à se sortir de cette situation ? ». Ces reprises individuelles

ont été faites au cours des séances 6 et 7, pendant la rédaction des débuts de contes.

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Il me semble qu’elles ont permis aux élèves de comprendre l’intérêt des travaux

d’étude de l’ossature des contes lus ainsi que de planification de ceux que nous

écririons(cf. séance 5, fiche de séquence).

5. S’appuyer sur des outils de langue

La séance 8 a été consacrée à l’étude des substituts du nom, élément important pour

éviter les répétitions dans un texte.

___________________FICHE DE SEANCE n°8

Discipline : maîtrise de la langueNiveau :CM1-CM2Titre de la séquence : le conte, projet de lecture-écritureObjectifs spécifiques : - percevoir la lourdeur d’un texte où sont présentes denombreuses répétitions du nom

- faire l’inventaire des moyens possibles pour y remédier- Réécrire le texte en utilisant des substituts

Durée de la séance : 50 minutes.

Matériel : un extrait de conte : Petit homme, conte d’Algérie

Bilan :

Les élèves ont perçu la lourdeur du texte que je leur ai lu. Ils ont tenu compte de cet

outil lors de l’écriture de la suite des contes. Cependant, ils se sont très souvent

contentés d’utiliser pour les reprises la troisième personne du singulier ou du pluriel et

assez peu de groupes nominaux. Il me semble que c’est l’habitude d’écrire et la

répétition de ce genre de séance sur le long terme qui serait le plus propice à les

aider.

La séance 9 a été consacrée à la ponctuation. J’avais en effet remarqué la tendance

des élèves à inclure des dialogues dans les textes, sans pourtant en maîtriser la

ponctuation.

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__________________FICHE DE SEANCE n°9

Discipline : maîtrise de la langueNiveau :CM1-CM2Titre de la séquence : le conte, projet de lecture-écritureObjectifs spécifiques : - repérer l’absence de ponctuation dans un texte

- rétablir la ponctuation du texte, justifier ses choix- connaître la fonction des signes de ponctuation

Durée de la séance : 50 minutes.

Matériel : - un texte dénué de toute ponctuation - un tableau des signes de ponctuation à compléter : une colonne « emploi »explicitée par « quand utilise t-on ce signe de ponctuation ? », une colonne« exemples » pour laquelle les élèves devaient inventer une phrase ou chercher dansles textes existants.

Bilan :

Cette séance n’a pas posé de problème, les élèves semblaient avoir bien compris la

fonction de chaque signe de ponctuation. Pourtant, elle a très peu été mise à profit

lors de l’écriture des contes.

Pourquoi ? Peut-être nous sommes-nous dispersés dans l’étude de tous les signes de

ponctuation : « à trop vouloir en faire, on finit par ne plus rien faire », dit le dicton. Il

aurait peut-être fallu, comme le préconise Bernard DEVANNE, cibler uniquement les

signes dont nous avions besoin pour résoudre notre problème.

Au cours de la séance que nous avons faite, les élèves se sont investis dans l’activité

mais ils n’ont pas vu le lien avec leur travail d’écriture. Pour éviter cela, nous aurions pu

mettre à profit de suite dans les productions individuelles ce que nous venions de

remarquer dans le texte , ce qui aurait permis à chacun de transformer la

connaissance acquise en compétence d’écriture.

Nous avons observé les temps employés dans les contes et noté dans notre fiche

d’évaluation la nécessité de conjuguer les verbes aux temps du passé. Cependant, une

séance consacrée aux temps du récit aurait été nécessaire au cours de cette

séquence car j’ai souvent remarqué que les passés simples étaient mal conjugués. Je

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n’en avais pas prévu car l’enseignant avait travaillé ce point en classe peu avant. C’est la

démonstration que le rappel régulier de certaines notions est indispensable en classe.

6. Construire ensemble et s’appuyer sur un outil d’auto- évaluation et d’aide à

l’écriture : l’affichage de classe

Ce panneau de classe était conçu collectivement au fil des séances et figurait en bonneplace dans la classe.

Affichage de classe à la fin du travail d’écritureDans nos contes, il y aura :

- une formule traditionnelle au début (« Il était une fois », « Il y avait une fois », « Dans un pays lointain »…),

- des éléments irréels ( fées, dragons, animaux qui parlent…)- un héros,- un problème,- un objet ou un personnage qui aide le héros à résoudre ce

problème ( formule magique, potion, ami…)- du suspense,- des verbes conjugués aux temps du passé ( imparfait, passé

simple…)- une fin heureuse.

J’ai repris et organisé en tableau ces éléments, pour constituer la fiche d’aide à

l’écriture et d’auto évaluation lors de la relecture. Les élèves s’en sont assez peu servi,

ils ne l’ont pas complétée, comme s’ils pensaient que cela représentait un travail

supplémentaire pour eux. En fait, je crois qu’il aurait été nécessaire qu’ils la

construisent eux-mêmes et/ou qu’il y ait un temps d’appropriation et de découverte

collective des avantages que chacun avait à remplir cette fiche. En revanche, le

panneau de classe a été une référence constante pour beaucoup d’entre eux, ayant

l’avantage d’être très lisible et facilement consultable.

Il aurait été intéressant aussi, si nous n’avions été limités dans le temps, d’instaurer

des séances de lecture oralisée des auteurs de leurs contes. Cela aurait pu constituer

des séances de préparation de lecture oralisée où le lien social que peut représenter le

livre, l’aspect vivant qui se dégage de la lecture expressive auraient été favorisés, et

le plaisir de conter ressenti par chacun. Nous aurions pu par ce biais pratiquer aussi

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l’évaluation par les autres élèves, qui auraient réagi instantanément au manque de

clarté d’un texte, par exemple.

7. Un projet mené avec les arts visuels

Un des objectifs de cette séquence était de prouver à chacun qu’il était capable

d’écrire un texte qui créerait chez le lecteur un plaisir similaire à celui qu’il ressentait

chaque jour à l’écoute des contes, de déclencher chez chaque enfant une envie

d’écrire. Il m’a semblé que la création d’une couverture propre à chaque conte et

composée par l’auteur serait dans la continuité de cet élan créatif. En reliant les

feuilles (dans le sens « mettre une reliure »), nous avons fait de chaque conte un petit

livre. Le texte n’était plus alors qu’une production scolaire : il devenait un objet

susceptible d’être prêté, emprunté, il pouvait être offert ou conservé dans un espace

intime. Cela a, je l’espère, suscité une image plus vivante de l’acte d’écrire, une

attirance renforcée pour l’objet livre.

Quatre séances ont été consacrées à la conception de cette couverture, dont une où

nous avons observé des livres et albums, nommé les constituantes des couvertures

(fond, motif, titre, nom de l’auteur…), commenté les typographies, les tailles relatives

des lettres entre elles, les couleurs utilisées. Ces séances ont, je crois, participé à

donner une image vivante de l’acte d’écrire et du livre comme création réfléchie de

l’auteur.

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Bilan

Les objectifs de séquence ont été en grande partie atteints.

Les élèves ont pris un plaisir non dissimulé à entendre lire des contes, il aurait été

sacrilège de les priver de ce moment où l’imagination de chacun pouvait se débrider à

loisir. Ils ont tous lu au moins quatre contes sans considérer cette lecture comme un

travail mais plutôt comme une découverte. Sur une plus longue durée, il serait

certainement bénéfique de profiter de cette motivation pour que chacun travaille sa

propre lecture oralisée, en ateliers de lecture et en rapport avec un projet de

représentation, par exemple.

Lors de la présentation du projet d’écriture individuelle du conte, quelques élèves ont

été effrayés. Après discussion collective et évocation de toutes les possibilités d’aide

à l’écriture, tous ont adhéré au projet, rassurés par la solidarité dans la classe. J’ai

mesuré là l’importance de la dynamique de groupe pour la motivation de chacun mais

aussi l’importance de la valorisation des progrès accomplis.

Chacun a fait l’expérience de sa capacité à écrire un texte, à mener ce projet à son

terme et a eu l’occasion de faire des rapprochements entre les textes lus et son

projet d’écriture.

Les séances d’élaboration d’outils d’aide à l’écriture n’ont pas posé de problème

particulier : les galops d’essai sur des textes courts étaient concluants. Pourtant, au

moment de transposer ces connaissances dans leurs propres textes, les élèves ont peu

pensé aux outils dégagés. Il est possible que ce soit parce que l’extraction d’outils

d’aide à l’écriture et le transfert dans les textes écrits n’ont pas été assez

rapprochés dans le temps.

Il me semble qu’il est important de penser cette méthode de travail en projet sur une

période longue, de planifier précisément les outils étudiés selon le type de texte écrit

et de jumeler dans une même séance l’étude des outils de langue et leur transfert

dans la production écrite, afin que l’utilité de ces outils soit perçue en pratique par

l’élève.

Chacun a acquis de nouvelles compétences. Les évaluations me permettent d’affirmer

que tous les textes ont gagné en cohérence, que chacun a écrit un conte à

l’ « ossature » et aux caractéristiques conformes au conte traditionnel. Je peux

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maintenant dire que les diverses lectures effectuées au cours de ce projet ont

participé à l’enrichissement des textes écrits.

Pour poursuivre dans la connaissance de ce type de texte, il serait sans aucun doute

bénéfique d’explorer d’autres types de récits issus de la tradition orale(récit des

origines par exemple) et d’évoquer la fonction de mémoire patrimoniale du conte.

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Sources documentaires

Textes officiels :

Nouveaux programmes de l’école élémentaire, B.O hors-série du 14 février 2002.

Littérature, cycle 3, documents d’application des programmes, CNDP, 2002.

Programmes de l’école primaire, Ministère de l’Education Nationale, Direction des

écoles, C.N.D.P, 1995.

La maîtrise de la langue à l’école, Ministère de l’Education Nationale, CNDP, 1992.

Loi d’orientation sur l’éducation, B.O. n°4 du 31 août 1989.

Textes théoriques :

Français, Hatier concours, DHERS, DORANGE, GARCIA-DEBANC, PIERSON, PEGUY.

Objectif écrire 2000. Nouvelle édition. Réseau Académique Languedoc-Roussillon,

CDDP de la Lozère, 2000.

L’exploitation de l’évaluation nationale en CE2, la lecture. Actes du séminaire national

organisé par la direction de l’Enseignement Scolaire. Programme national de pilotage.

Ministère de l’éducation nationale, 2000.

La lecture. Apprentissage, évaluation, perfectionnement. A. BENTOLILA, B.

CHEVALIER, D. FALCOZ-VIGNE. Théories & pratiques. Nathan,1991.

Les contes. Une initiation jubilatoire. Textes et documents pour la classe n° 665 du

1er au 15 décembre 1993, CNDP.

Dictionnaire de Pédagogie. BORDAS, 1996.

Lire et écrire, des apprentissages culturels. Cycle 3, école/collège. Bernard

DEVANNE, Bordas Pédagogie, 1993-1997-2000.

Eduquer et former. Les connaissances et les débats en éducation et en formation.

Editions Sciences Humaines, 2001.

Former des enfants producteurs de textes. Groupe de recherche d’Ecouen, Hachette

éducation, 1988-1994.

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33

Le monde de l’éducation n° 252, octobre 1997, article d’Edgar MORIN : Réformons la

pensée.

Site web :

http://www.eduscol.education.fr

Recueils de contes utilisés lors de la séquence :

Contes de la prairie et du nouveau monde, GRUND, 1980.

Contes de GRIMM, GRUND, 1981.

Contes africains, Lire pour le plaisir.

Contes à l’envers, DUMAS et MOISSARD, L’école des loisirs, 1980.

Contes de sorcières, d’ogres et d’ogresses.

Quelques ouvrages exploitables avec les élèves pour prolonger la

séquence…

Collection Paroles de conteurs, Editions SYROS.

Tapages de conteurs, Editions de la Loupiote.

Mémoires des sources, collection dirigée par Henri GOUGAUD, Le seuil.

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Annexes

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ANNEXE 1 (document extrait de Former des enfants producteurs de textes, groupede recherche d’ECOUEN, Hachette éducation)

DEMARCHE GENERALE D’UN CHANTIERconçu comme module d’apprentissage

Pour les enfants :projet de classe→ projet d’écriture→ projet de chantier1Pour le maître : préparation minutieuse du chantier à l’aide de la trame

2 Cerner les paramètres de la situation de production (échange oral - groupe-classeou petit groupe – ou préparation par quelques notes écrites)

3 Premier jet individuel

4 Dégager les caractéristiques globales du type de texte travaillé par le biais deconfrontations

- entre les premiers jets de la classe (et leur analysepar le maître pour lui-même),

- avec des écrits sociaux de même type→ • outils de formalisation de la superstructure (silhouette – schéma typologique– étiquettes • choix d’énonciation

5 Réécriture(s) partielle(s) ouglobale(s)

Activités de systématisationlinguistiques (grammaire de texte,grammaire de la phrase, lexique,morphologie verbale, éventuellementorthographe)→ outil récapitulatifs

6

7 Production individuelle finale :- maquette- « chef d’œuvre », et envoi aux destinataires

8 Evaluation• pragmatique :

- des camarades- réactions du

destinataire

• systématique :- auto-évaluation

par chaque enfant,- du maître

pour chaque enfant pour l’ensemble de la classe

Situations de réinvestissement, transfert, complexification. Travail de nouvellesvariables, élaboration de nouvelles variables, élaboration de nouveaux outils.

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ANNEXE 2

Proposition de construction de séquence pour un projet d’écritures narratives au cycle3 (extrait de Lire et écrire, des apprentissages culturels, Bernard DEVANNE)

Une anecdote de vacances↓

Un projet d’écritures narratives↓

quatre récits de genres différents pris en charge par quatre équipes (avec apports individuels, travaux d’équipe, confrontationd’une équipe à l’autre) :

- conte- récit policier- récit d’aventure- récit de science-

fiction

→←

Lectures, recherches,analyses :Codes des genres, manièresd’écrire(ex : créer le suspense)

↓Un projet de représentation

↓Transposition théâtrale du récit de science-

fiction :nouvelles expansions du récit, redistribution desinformations

- actions- dialogues- objets, décors

→←

Nouvelles recherches surconstituants du genre S.F.

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ANNEXE 3

Le conte. Fiche d’évaluation diagnostique.Consigne :Lis ce début de texte. Ecris une suite et donne un titre à ton texte.Un jour, un roi chassait dans une grande forêt. Et il y mettait tant de cœur que personne, parmi ses gens, n’arrivait à le suivre. Quand le soir arriva, ils’arrêta et regarda autour de lui...

CM1 CM2Benjamin Fanny Pauline Cécile Simon Johnny Aline Anthony Samuel Bastien Adrien Marine Alexis Nicolas

Respect de lastructure durécit

+ non + non + + + + + + + + + +

Emploi destemps durécit

+ + + + + + + + + + + + + non

Présence desubstituts dunom

il il il il Il il il il il il il il il non

Présence d’untitre

+ + + + + + + + + + + + + +

Cohérence dece titre avecle récit écrit

+ + + + + + + + + + + + + +

Ponctuationmaîtrisée

+ non + non Non non non non + + + + + +

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ANNEXE 3, suite

Bilan : Je souhaite que les élèves, à la séance prochaine, relèvent des indices indiquant que le texte que je leur lirai est un conte. Je n’ai donc pas vouluinduire ce genre de texte pour l’évaluation. Il apparaît que la présence du personnage du roi n’est pas suffisante pour qu’ils reconnaissent le genre dutexte : ils ont tous écrit un récit qui n’est pas un conte.

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ANNEXE 4

Eléments des contes démontrant une inspiration manifeste des contes lus en classeou à la maison

Johnny : - forêt, sorcière habitant dans une grotte - la jeune fille est attirée par les fleurs, veut les cueillir et se retrouve dans laforêt

Contes de la prairie et du nouveau monde, La forêt enchantée

Anthony : - le village s’appelle Togo

Contes africains, Le singe et le crocodile, conte du Togo

Samuel : - pour délivrer le chat du sort, il faut qu’un rat morde le sorcier dans le cœur

Le singe et le crocodile

Aline : - l’héroïne se nomme Mélinda

La forêt enchantée

Benjamin : - le héros se nomme Folflamme

Folflamme

Nicolas : - le chat se rapproche de plus en plus de la maison du sorcier, celui-ci lui jetteun sort

La forêt enchantée

- nécessité d’une morsure de rat au cœur pour que le sort soit annulé

Le singe et le crocodile

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ANNEXE 5

Grille d’évaluation pour l’écriture d’un conte

oui non

1 La présentation :

* le texte est lisible

2 L’histoire :

* la structure du conte est respectée

- le conte commence par une formule

traditionnelle

- il y a un héros

- un problème apparaît

- ce que doit faire le héros est mis en

évidence

* l’histoire est facile à comprendre

* le titre correspond à l’histoire

3 Le temps des verbes

* les verbes sont conjugués à des temps du

passé(imparfait, passé simple)

4 L’orthographe

* les accords sont respectés

* j’ai cherché certains mots dans le

dictionnaire

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Un projet d’écriture sur le conte en cycle 3

RésuméCe dossier expose la mise en place dans une classe de CM1-CM2 d’un projet delecture-écriture sur le conte. La séquence mise en place a porté sur les liensqu’entretiennent ensemble la lecture et l’écriture. Des séances sur les outils dela langue ont été pratiquées ainsi que diverses formes de lecture tout au long duprojet afin d’aboutir à l’écriture individuelle d’un conte et sa mise en livre.

Mots-clésProjet d’écriture / relations lecture-écriture / conte / lecture oralisée / artsvisuels et écriture