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19' Année N e 5516 . — Saint Sébastien LE NUMÈRO 5 CE=NTIMES r nmm Lundi 20 Janvier I90t Fortuné ROBAUDY, Fondateur e à-M$HmerzuR me cw : H .-a . BON ABONNEMENTS Cannes, Alpes-Maritimes & Basses-Alpes . . Fr. Autres départements, Etranger & Union Postale Les Abonnements partent du les et le de one-que mole m$•'aSPtstrsties et Retieniaa : *tue Milmieilvm, *-€A,, CANNES Jet. Ze Cg, w 3IM aoa à ilinie Anaoaoee (7 oel ., 4m° page, . O tte~ ' 28 I Anaoneee légales (9 col ., 4' p') O' 2 S Annonces légales (3d. e) . O' 3 O Six mois 15 18 25 Un An 22 24 40 ORGANE QUOTIDIEN DES STATIONS HIVERNALES . be don b .«u ' perd ai enp , t id Jo (enp,eBnhd xrnal Politique, Littéraire et Mondain de Cannes et de l'Arrondissement de G~rsas !é, o4Ji3 v,; Chzonigae locale t . L pag Estes S . . .a Avis de Décile, de Meue et de Remerciements . t fr., la ligie Les nann .orits nan tnsérds ne .00t p. . end.. . Les Lite. non n&anehi .o sont salades ' J Paraissant à midi et donnant les dernières dépêches Un Juste Hommage Dans le voyage qu'il vient de faire à Saint-Etienne et qui marquera dans les annales politiques de la France, M . Waldeck Rousseau n'a pas seulement tracé avec une élo- quente précision le programme des élections futures : avec ses collègues, il a rendu à la mémoire d'un vaillant français un hommage mérité par d'é clatants services et par une fin hé- roïque digne d'être inscrite sur le li- vre immortel où la patrie inscrit los noms de ses meilleurs, de ses plus courageux enfants. Nous voulons parler de Francis Garnier qui, le premier, pressentit l'importance du Tonkin comme voie commerciale et prit l'initiative de do- ter notre empire colonial d'un des pays qui, ainsi que le notait trèsj'us - tement dans un récent article le Journal des Débats, y font aujour- d'bui la plus belle figure, Ce fut une noble et courageuse existence que celle de Francis Gar- nier. Collaborateur de l'amiral Charner en Cochinchine et inspecteur des af- faires indigènes à Cholon, il voulut se rendre compte de l'utilité que pou- vait présenter le Mékong comme voie de pénétration dans les pays qui s'é- tendaient au nord et au nord-est de notre colonie et c'est dans ce but, qu'il proposa une expédition dont la direction fut confiée à Doudart de Lagrée. Partie de Saïgon le 5 juin 1866, l'expédition remonta le -fleuve jus- qu'au Grand-Lac, visita les ruines gigantesques d'Angkor, continua d'explorer le fleuve jusqu'à Bassac, retrouva les traces de Mouhot, puis, à travers les forêts du Laos, en tou- chant la Birmanie et en explorant los royaumes encore inconnue de l'Indo- Chine septentrionale, :Lion-Tong et Xien Hong, atteignit la Chine méri- dionale et pénétra dites la province de Yun-Nan. C'est à ce moment du voyage que les renseignements déjà recueillis, complétés par mie expédition de Gar nier sur le Hosti Kiang, affluent sep- tentrional du Sông Xoi,g, ou fleuve Rouge, convainquirent les explora- teurs que la véritable voie commer- ciale entre la Cochinchine et la Chi- ne n'éiait pas Io Mékong. Seule, la grande artère du Tonkin, le fleuve' Rouge, présentait toutes les chances désirables de navigabilité . II fallait donc explorer, après le Mékong,' le Song Koï, e ; s'assurer, après la Co- chinchiiie, sinon la possession, du moins le protectorat du Tonkin. Cette exploration, Garnier se ré- servait un jour ou l'autre de la faire. Il n'y avait pas, pour le moment,. à y songer . Il fallait conduire la mis- sion ü son but . M . do Lagrée, en cours do route, était mort ; Son se- cond, après avoir fait dans le royau- me musulman deTa-li une excursion des plias périlleuses, prit le comman- demettt de la mission, 'et, Tamanant le corps de sou chef avec lui, attei- gnit le Yang-tsé-Kiang,' puis' Han- F kéou ét Chaughaï, où il s'embarqua I pour Saïgon . Le voyage avait duré deux ans. La guerre de 1870 força Garnier à ajourner ses projets . Il rentra en France où il commanda avec éclat, à Paris, le 8e secteur .La guerre finie, il revint à son idée et partit pour l'Asie afin d'étudier l'origine des grands fleuves indochinois. Son voyage était commencé depuis trois mois, lorsqu'il reçut du , gourer , Heur de la Cochinchine, le contre- amiral Dupré, l'ordre de revenir im- médiatement à Saïgon . L'amiral lui confiait la mission d'établir, de con- cert avec le vice-roi annamite, la li- berté de la navigation sur ce même fleuve Rouge, dont Garnier avait rê- vé la possession pour la France, Cette grande route , qu'il avait préssentie au cours de sa mission de 1866, le négociant français Jean Du- puis l'avait depuis peu explorée. Garnier, après avoir reçu pleins pouvoirs, partit le 10 octobre 1873 pour Hanoi, avec deux canonnières et une centaine d'hommes pour es- corte. Les faits d'armes qui s'ensuivirent sont quasi légendaires . Lassé des faux . fuyants sous lesquels le vice-roi cachait mal une hostilité évidente, Garnier ouvrit sur la citadelle d'Ha- noi' le feu de ses canonnières et,avec 83 hommes seulement .prit d'assaut ce formidable camp i ..tranché défen- du par une garnison de 7 .000 hom- mes. Après s'être emparé en un mois de tout le delta du fleuve et y avoir organisé une administration et un gouvernement provisoire ; Garnier, le 21 décembre 1873, périssait dans une embuscade dressée par les Pavil Ions noirs. Comme l'a dit le ministre des co- lonies, M . D crais « la France ne saurait trop honorer une gloire aussi noble et aussi pure. Avec non moins de justice, un des anciens compagnons d'armes de Gar- nier, M . Harmand, aujourd'hui mi- nistre de France au Japon,a puajou- ter : « Il avait ce genre d'ambition sans laquelle on ne fait rien d'élevé et qui arrive à se confondre avec les ambitions mêmes de la patrie . De ces ambitions là nous n'en aurons jamais assez. Ces ambitions, comment pourrait- on mieux les encourager que par des hommages aussi solennels et aussi mérités que celui qui vient d'être ren- du par le gouvernement de la Répu- -blique à la mémoire do Francis Ger- hier dont Io nom, entre toua, à l'épo- que contemporaine, a signifié intelli- gence, patriotisme et courage. JEAN ROBERT - --- La sécurité des Travailleurs Nous avons dit dans le compte-rendu de la séance de laChambre do vendredi,que le ministre du commerce avait déposé un projet modifiant la loi du 12 juin 1893, sur l'hygiène et la sécurité des travailleurs dans les établissements in- dustriels. Ce projeta pour but : 1• De soumettre aux obligations dé- terminées par une loi-les petits indus- triels de l'alimentation et les magasins, boutiques, bureau' et autres établisse- ments similaires qui n'y sont pas ac- tuellement assujettis ; 2. D'apporter plus de précision dans la nomenclature des établissements, visés par la loi, dans le but de mettre fin aux controverses auxquelles a donné lieu l'assujetissement de certaines ca- tégories d'établissements, comme les établissements publics, les chantiers de chargement et de déchargement des navires ; . i 3" D'apporter à certains paragraphes les modifications rendues nécessaires. CONSEIL MUNICIPAL Election du Maire Le Conseil Municipal s'est réuni hier matin, à dix heures, à l'Hôtel de Ville, pour procéder à l'élection du maire de Cannes. Cette séance annoncée depuis quel- ques jours par les journaux, avait attiré à l'Hôtel de Ville un nombreux public . La salle des pas-perdus, ha- bituellement déserte, offrait, dès 9 heures 112 du matin, un aspect très animé . Les portes de la salle du Conseil étant encore closes, on ne peut songer encore à y pénétrer pour « voir ce qui se passe e . On en profi- té pour causer de l'événement du jour ; des groupes se forment, des conve-satiops s'engagent, animées, mais le calme le plus parfait règne dans la foule, qui grossit à chaque instant. Q ielques conseillers commencent à arriver et se rendent dans le cabinet du maire.A dix heures précises, les élus de ladernière élection munici- dale traversent la salle des pas- per dus et pénè-trent à leur tour dans le cabinet dumaire, où la plupart de leurs collègues se trouvent déjà. Quelques instants après, les portes de la salle du Conseil s'ouvrent à deux battants et la foule s'y ' précipite. Ed un clein d'oeil, elle est bondée, bondée à tel point qu'un grand nombre de curieux ne pouvant y pé- nétrer demeurent dans la salie des pas-perdus. Tous les conseillers sont à leur poste . Ifs occupent Io rang auquel ils ont droit d'après le nombre des suffrages qu'ils ont obtenu, Seuls MM . Hibert et Serraillier sont ab- sents. M . André Capro . ., premier adjoint préside, assisté do M . Raymond, 2a adjoint. M, Capron eue : c la séance . Il don- ne lecture dos résultats du scrutin do ballottage du 12 janvier et procla- me MM .Joseph Gazage aire, Jear . Ber- trand, Paul Grangier et François Rébuflel élus et installés dans leurs fonctions. M . Barrot, secrétaire de la mairie, procède à l'appel nominal (Ise con- seillers, auquel répondant MM. A . Capron, Raymond, Agarrat, Bertrand, Christiny, Cresp, / D -, armiu, Domôlo, Einesy, , Froment, Vianme, Girard, Hermiad, Heur'ier, Isriard, Jeancard, Lambert, Meiffre' ., Pasteur, Raybaud, Sùe, Bertrand, Gazagnaj l r'e, Grangier, et Robuffel . M . Capron donne lecture de la let- tre suivante, que M . Hibert lui a adressée : Lettre de M. Hibert Ganses, le 15 Janvier 1902. Monsieur et cher collègue, J'ai l'honneur de vous accuser récep- tion de la lettre par laquelle vous m'in- vitez à la séance du Conseil municipal, dimanche, 19 courant, à dix heures du matin, pour .concourir à la nomination du maire de la ville de Cannes. Je regrette que mon état de santé ne me permette pas d'y assister, et vous prie d'agréer, avec mes collègues,l'ex- pression de mes sentiments très dis- tingués . J . HtexRT. M . Capron, déclare qu'il va être procé dé à l'élection du maire, et in- vite le doyen d'âge du Conseil à ve- nir prendre la présidence. M . Jean Bertrand se présente et se place au fauteuil présidentiel, ayant à sa droite M . Capron, et à sa gau- che M . Raymond. Il donne aussitôt lecture du docu- ment suivant: Déclaration de M . Bertrand « Messieurs, L'àge, que vous ne m'envierez pas, m'octroie l'honneur de l la présidence de cette séance ; je l'accepte momentané- mentpour vous faire une déclaration con- forme aux engagements qu'avec mes trois collègues nous avons pris de- vant le corps électoral cannois. Nommes avec un mandat bien déter- miné, que vous connaissez, nous man- querions à notre devoir de républicains si nous ne le remplissions pas. Nos électeurs nous ont chargé de vous demander votre démission, comme l'exige la dignité républicaine telle que nous l ' avons toujours comprise . Si vous restez au pouvoir et q 'obéissez pas au verdict populaire, il nous est interdit d'entrer on collaboration avec vous; nous ne saurions-prendrela responsa- bilitri de vos actes ; nous tenons a res- ter ce que nous sommes, des républi- cains respectueux de la saine tradition et des enseignements qu'elle nous don- ne . Pour moi, je ne saurais présider à la nomination d' un maire, faite dans un esprit si contraire à l'idée démocrati- que et je vous prierai, messieurs, pour poursuivre votre but si peu confor- me aux indications du suffrage univer- sel, de donner la présidence de cette séance a un autre qu ' a moi. Avant de quitter la présidence, M. Bertrand demande si quelqu'un dé- sire prendre la parole. M . Paul Gra1gior lis la déclaration suivante : Déclaration do M .Grangier « Messieurs les Conseillers municipaux, La démocratie cannoise nous a en- voyés à 11Iùtel de Ville, moins pour participer a vos travaux que pour pro- tester contre une politique d ' errements et de compromissions . Quatre de vos anciens collègues vous ayant accusé d'avoir contracté antérieurement un pacte clérical, votre devoir était de rendre la parole au suffrage universe afin de lui prouver que vous n'étiez les alliés dg cléricalisme, l'euneir nos institutions démocratiques. 1! n'est pas toujours sage de si 'fermer dans uné maison coron comme dans une tour d'ivoire .' dédaigne pas impunément Ir populaire ; d'ailleurs vous êtes jugés. En deux tours de scrutin, 1900 électeurs vous ont crié Démission ! r Si, après cette manifestation de . la volonté du peuple, vous vons croyez encore investis d'une autorité morale suffisante, les quatre nouveaux élus, d'un commun accord, ne peuvent pas prendre la responsabilité de vous accor- der leur collaboration et si nous ne faisons pan de la bonne besogne en- semble, le tort ne sera nécessairement pas du côté de ceux qui ne vous recon- naissaient plus le droit d'administrer la ville de Cannes. Cette déclaration, nous la devions à nos commettants,» M . Bertrand quitte la présidence. M . Capron prie M . Lambert, qui est le doyen d'âge des conseillers après M . Bertrand, de prendre place à la présidence. M . Lambert donne lecture . des ar- ticles de la loi municipale réglant I' dispositions relatives à la nominal du Maire . Il annonce ensuite va être procédé à cette élection Un appariteur présente l'ur conseillers et le dépouillent aussitôt . Il donne les ré vante votants, 21 ; M. tient 20 voix ; il y a un et quatre abstentions. En conséquence, M . L clame M . André Capron e, de vouloir bief, prendre la p M . Capron occupe aussi) teuil présidentiel et M . J . Raà se place à sa droite ; tous' doua ., gnent l'écharpe. M . Capron prononce alors le dis- cours suivant : Discours de M . Capron, maire „ Mes chers collègues, 2 Vous venez de me nommer mair Orifice à vous, me voici le premier se, viveur de Cannes . Je vous dis merci du plus profond de mon coeur. „ Je veux que l'une de mes premiè- res paroles soit pour cet ami de la veil- le, qui s'est porté garant auprès de vous de ma bonne volonté et de mon dévoù .' ment . Puis, je veux m'incliner devant mon vénérable prédécrssepr, et lui dire que sa présence fidèle au milieu de nous entretiendra dans notre pensée le souvenir des services qu'il a rendus à ses concitoyens. Quant à moi, toute mon ambition sera de veiller sans trève aux grands intérêts qui me sont confiés, puissam- ment aidé dans ma tache par mes col= laborateurs directs, m'appuyant sur des services bien organisés, et dirigés par des chefs d'élite et d'expérience . - « En aucune affaire je ne perdrai . le contact avec vous, mes chers collègues, et j'aurai a coeur de m'éclairer, cons- tamment de vos avis . Nous n'oublierons jamais que les qualités primordiales; qui doivent présider à l'administration d'une grande cité comme la nôtre, sont' la loyauté, l'ordre et l'économie . '' «Je saurai, au surplus, n'en dente pas, apporter en toutes choses un vi sentiment de ma responsabilité 'p sonnelle . et agir avec la ferme' _m ,i cent .' entier s vil' .^o ;' .

Un Juste Hommage Election du Mairearchivesjournaux.ville-cannes.fr/dossiers/littoral/1902/Jx5_Littoral... · demettt de la mission, 'et, Tamanant le corps de sou chef avec lui, attei-gnit

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Page 1: Un Juste Hommage Election du Mairearchivesjournaux.ville-cannes.fr/dossiers/littoral/1902/Jx5_Littoral... · demettt de la mission, 'et, Tamanant le corps de sou chef avec lui, attei-gnit

19' Année N e 5516. — Saint SébastienLE NUMÈRO 5 CE=NTIMES rnmm

Lundi 20 Janvier I90t

Fortuné ROBAUDY, Fondateur

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à-M$HmerzuR me cw : H.-a. BON

ABONNEMENTSCannes, Alpes-Maritimes & Basses-Alpes . . Fr.Autres départements, Etranger & Union PostaleLes Abonnements partent du les et le de one-que mole m$•'aSPtstrsties et Retieniaa : *tue Milmieilvm, *-€A,, CANNES

Jet. Ze

Cg, w 3IMaoa

à ilinieAnaoaoee (7 oel ., 4m° page, . O

tte~' 28I Anaoneee légales (9 col., 4' p') O' 2 SAnnonces légales (3d.

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Six mois151825

Un An222440

ORGANE QUOTIDIEN DES STATIONS HIVERNALES . bedon b .«u' perd ai enp , t id

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(enp,eBnhdxrnal Politique, Littéraire et Mondain de Cannes et de l'Arrondissement de G~rsas !é, o4Ji3 v,;

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Paraissant à midi et donnant les dernières dépêches

Un Juste HommageDans le voyage qu'il vient de faire

à Saint-Etienne et qui marqueradans les annales politiques de laFrance, M . Waldeck Rousseau n'apas seulement tracé avec une élo-quente précision le programme desélections futures : avec ses collègues,il a rendu à la mémoire d'un vaillantfrançais un hommage mérité par d'éclatants services et par une fin hé-roïque digne d'être inscrite sur le li-vre immortel où la patrie inscrit losnoms de ses meilleurs, de ses pluscourageux enfants.

Nous voulons parler de FrancisGarnier qui, le premier, pressentitl'importance du Tonkin comme voiecommerciale et prit l'initiative de do-ter notre empire colonial d'un despays qui, ainsi que le notait trèsj'us -tement dans un récent article leJournal des Débats, y font aujour-d'bui la plus belle figure,

Ce fut une noble et courageuseexistence que celle de Francis Gar-nier.

Collaborateur de l'amiral Charneren Cochinchine et inspecteur des af-faires indigènes à Cholon, il voulutse rendre compte de l'utilité que pou-vait présenter le Mékong comme voiede pénétration dans les pays qui s'é-tendaient au nord et au nord-est denotre colonie et c'est dans ce but,qu'il proposa une expédition dont ladirection fut confiée à Doudart deLagrée.

Partie de Saïgon le 5 juin 1866,l'expédition remonta le -fleuve jus-qu'au Grand-Lac, visita les ruinesgigantesques d'Angkor, continuad'explorer le fleuve jusqu'à Bassac,retrouva les traces de Mouhot, puis,à travers les forêts du Laos, en tou-chant la Birmanie et en explorant losroyaumes encore inconnue de l'Indo-Chine septentrionale, :Lion-Tong etXien Hong, atteignit la Chine méri-dionale et pénétra dites la provincede Yun-Nan.

C'est à ce moment du voyage queles renseignements déjà recueillis,complétés par mie expédition de Garnier sur le Hosti Kiang, affluent sep-tentrional du Sông Xoi,g, ou fleuveRouge, convainquirent les explora-teurs que la véritable voie commer-ciale entre la Cochinchine et la Chi-ne n'éiait pas Io Mékong. Seule, lagrande artère du Tonkin, le fleuve'Rouge, présentait toutes les chancesdésirables de navigabilité . II fallaitdonc explorer, après le Mékong,' leSong Koï, e ; s'assurer, après la Co-chinchiiie, sinon la possession, dumoins le protectorat du Tonkin.

Cette exploration, Garnier se ré-servait un jour ou l'autre de la faire.Il n'y avait pas, pour le moment,. ày songer. Il fallait conduire la mis-sion ü son but . M. do Lagrée, encours do route, était mort ; Son se-cond, après avoir fait dans le royau-me musulman deTa-li une excursiondes plias périlleuses, prit le comman-demettt de la mission, 'et, Tamanantle corps de sou chef avec lui, attei-gnit le Yang-tsé-Kiang,' puis' Han- F

kéou ét Chaughaï, où il s'embarqua I

pour Saïgon . Le voyage avait durédeux ans.

La guerre de 1870 força Garnier àajourner ses projets . Il rentra enFrance où il commanda avec éclat,à Paris, le 8e secteur .La guerre finie,il revint à son idée et partit pourl'Asie afin d'étudier l'origine desgrands fleuves indochinois.

Son voyage était commencé depuistrois mois, lorsqu'il reçut du , gourer ,Heur de la Cochinchine, le contre-amiral Dupré, l'ordre de revenir im-médiatement à Saïgon . L'amiral luiconfiait la mission d'établir, de con-cert avec le vice-roi annamite, la li-berté de la navigation sur ce mêmefleuve Rouge, dont Garnier avait rê-vé la possession pour la France,

Cette grande route , qu'il avaitpréssentie au cours de sa mission de1866, le négociant français Jean Du-puis l'avait depuis peu explorée.

Garnier, après avoir reçu pleinspouvoirs, partit le 10 octobre 1873pour Hanoi, avec deux canonnièreset une centaine d'hommes pour es-corte.

Les faits d'armes qui s'ensuivirentsont quasi légendaires . Lassé desfaux . fuyants sous lesquels le vice-roicachait mal une hostilité évidente,Garnier ouvrit sur la citadelle d'Ha-noi' le feu de ses canonnières et,avec83 hommes seulement .prit d'assautce formidable camp i ..tranché défen-du par une garnison de 7 .000 hom-mes.

Après s'être emparé en un moisde tout le delta du fleuve et y avoirorganisé une administration et ungouvernement provisoire ; Garnier, le21 décembre 1873, périssait dansune embuscade dressée par les PavilIons noirs.

Comme l'a dit le ministre des co-lonies, M . D crais « la France nesaurait trop honorer une gloire aussinoble et aussi pure.

Avec non moins de justice, un desanciens compagnons d'armes de Gar-nier, M . Harmand, aujourd'hui mi-nistre de France au Japon,a puajou-ter : « Il avait ce genre d'ambitionsans laquelle on ne fait rien d'élevéet qui arrive à se confondre avec lesambitions mêmes de la patrie . Deces ambitions là nous n'en auronsjamais assez.

Ces ambitions, comment pourrait-on mieux les encourager que par deshommages aussi solennels et aussimérités que celui qui vient d'être ren-du par le gouvernement de la Répu-

-blique à la mémoire do Francis Ger-hier dont Io nom, entre toua, à l'épo-que contemporaine, a signifié intelli-gence, patriotisme et courage.

JEAN ROBERT

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La sécurité des Travailleurs

Nous avons dit dans le compte-rendu dela séance de laChambre do vendredi,quele ministre du commerce avait déposéun projet modifiant la loi du 12 juin1893, sur l'hygiène et la sécurité destravailleurs dans les établissements in-dustriels.

Ce projeta pour but :1• De soumettre aux obligations dé-

terminées par une loi-les petits indus-triels de l'alimentation et les magasins,

boutiques, bureau' et autres établisse-ments similaires qui n'y sont pas ac-tuellement assujettis ;

2. D'apporter plus de précision dansla nomenclature des établissements,visés par la loi, dans le but de mettrefin aux controverses auxquelles a donnélieu l'assujetissement de certaines ca-tégories d'établissements, comme lesétablissements publics, les chantiers dechargement et de déchargement desnavires ; .

i3" D'apporter à certains paragraphes

les modifications rendues nécessaires.

CONSEIL MUNICIPAL

Election du MaireLe Conseil Municipal s'est réuni

hier matin, à dix heures, à l'Hôtelde Ville, pour procéder à l'électiondu maire de Cannes.

Cette séance annoncée depuis quel-ques jours par les journaux, avaitattiré à l'Hôtel de Ville un nombreuxpublic . La salle des pas-perdus, ha-bituellement déserte, offrait, dès 9heures 112 du matin, un aspect trèsanimé . Les portes de la salle duConseil étant encore closes, on nepeut songer encore à y pénétrer pour« voir ce qui se passe e . On en profi-té pour causer de l'événement dujour ; des groupes se forment, desconve-satiops s'engagent, animées,mais le calme le plus parfait règnedans la foule, qui grossit à chaqueinstant.

Q ielques conseillers commencent àarriver et se rendent dans le cabinetdu maire.A dix heures précises, lesélus de ladernière élection munici-dale traversent la salle des pas- perdus et pénè-trent à leur tour dans lecabinet dumaire, où la plupart deleurs collègues se trouvent déjà.

Quelques instants après, les portesde la salle du Conseil s'ouvrent àdeux battants et la foule s'y 'précipite.Ed un clein d'oeil, elle est bondée,bondée à tel point qu'un grandnombre de curieux ne pouvant y pé-nétrer demeurent dans la salie despas-perdus.

Tous les conseillers sont à leurposte . Ifs occupent Io rang auquelils ont droit d'après le nombre dessuffrages qu'ils ont obtenu, SeulsMM . Hibert et Serraillier sont ab-sents.

M . André Capro . ., premier adjointpréside, assisté do M . Raymond, 2aadjoint.

M, Capron eue : c la séance . Il don-ne lecture dos résultats du scrutindo ballottage du 12 janvier et procla-me MM .Joseph Gazage aire, Jear. Ber-trand, Paul Grangier et FrançoisRébuflel élus et installés dans leursfonctions.

M . Barrot, secrétaire de la mairie,procède à l'appel nominal (Ise con-seillers,

auquel répondant

MM.A . Capron, Raymond, Agarrat,

Bertrand, Christiny, Cresp, /D-, armiu,Domôlo, Einesy, , Froment, Vianme,Girard, Hermiad, Heur'ier, Isriard,Jeancard, Lambert, Meiffre'., Pasteur,Raybaud, Sùe, Bertrand, Gazagnaj lr'e,Grangier, et Robuffel .

M . Capron donne lecture de la let-tre suivante, que M . Hibert lui aadressée :

Lettre de M. HibertGanses, le 15 Janvier 1902.

Monsieur et cher collègue,J'ai l'honneur de vous accuser récep-

tion de la lettre par laquelle vous m'in-vitez à la séance du Conseil municipal,dimanche, 19 courant, à dix heures dumatin, pour .concourir à la nominationdu maire de la ville de Cannes.

Je regrette que mon état de santé neme permette pas d'y assister, et vousprie d'agréer, avec mes collègues,l'ex-pression de mes sentiments très dis-tingués .

J . HtexRT.

M . Capron, déclare qu'il va êtreprocé dé à l'élection du maire, et in-vite le doyen d'âge du Conseil à ve-nir prendre la présidence.

M . Jean Bertrand se présente et seplace au fauteuil présidentiel, ayantà sa droite M . Capron, et à sa gau-che M . Raymond.

Il donne aussitôt lecture du docu-ment suivant:

Déclaration de M . Bertrand« Messieurs,

L'àge, que vous ne m'envierez pas,m'octroie l'honneur de l la présidence decette séance ; je l'accepte momentané-mentpour vous faire une déclaration con-forme aux engagements qu'avec mestrois collègues nous avons pris de-vant le corps électoral cannois.

Nommes avec un mandat bien déter-miné, que vous connaissez, nous man-querions à notre devoir de républicainssi nous ne le remplissions pas.

Nos électeurs nous ont chargé de vousdemander votre démission, commel'exige la dignité républicaine telle quenous l 'avons toujours comprise. Si vousrestez au pouvoir et q 'obéissez pas auverdict populaire, il nous est interditd'entrer on collaboration avec vous;nous ne saurions-prendrela responsa-bilitri de vos actes ; nous tenons a res-ter ce que nous sommes, des républi-cains respectueux de la saine traditionet des enseignements qu'elle nous don-ne .

Pour moi, je ne saurais présider à lanomination d' un maire, faite dans unesprit si contraire à l'idée démocrati-que et je vous prierai, messieurs,pour poursuivre votre but si peu confor-me aux indications du suffrage univer-sel, de donner la présidence de cetteséance a un autre qu ' a moi.

Avant de quitter la présidence, M.Bertrand demande si quelqu'un dé-sire prendre la parole.

M . Paul Gra1gior lis la déclarationsuivante :

Déclaration do M .Grangier« Messieurs les Conseillers municipaux,

La démocratie cannoise nous a en-voyés à 11Iùtel de Ville, moins pourparticiper a vos travaux que pour pro-tester contre une politique d 'errementset de compromissions . Quatre de vosanciens collègues vous ayant accuséd'avoir contracté antérieurement unpacte clérical, votre devoir était derendre la parole au suffrage universeafin de lui prouver que vous n'étiezles alliés dg cléricalisme, l'euneirnos institutions démocratiques.

1! n'est pas toujours sage de si'fermer dans uné maison coroncomme dans une tour d'ivoire .'dédaigne pas impunément Ir

populaire ; d'ailleurs vous êtes jugés.En deux tours de scrutin, 1900 électeursvous ont crié

Démission ! rSi, après cette manifestation de . la

volonté du peuple, vous vons croyezencore investis d'une autorité moralesuffisante, les quatre nouveaux élus,d'un commun accord, ne peuvent pasprendre la responsabilité de vous accor-der leur collaboration et si nous nefaisons pan de la bonne besogne en-semble, le tort ne sera nécessairementpas du côté de ceux qui ne vous recon-naissaient plus le droit d'administrer laville de Cannes.

Cette déclaration, nous la devions ànos commettants,»

M . Bertrand quitte la présidence.M . Capron prie M . Lambert, qui

est le doyen d'âge des conseillersaprès M . Bertrand, de prendre placeà la présidence.

M . Lambert donne lecture . des ar-ticles de la loi municipale réglant I'dispositions relatives à la nominaldu Maire . Il annonce ensuiteva être procédé à cette élection

Un appariteur présente l'urconseillers et le dépouillentaussitôt . Il donne les révante votants, 21 ; M.tient 20 voix ; il y a unet quatre abstentions.

En conséquence, M . Lclame M . André Capron e,de vouloir bief, prendre la p

M . Capron occupe aussi)teuil présidentiel et M . J . Raàse place à sa droite ; tous' doua .,gnent l'écharpe.

M . Capron prononce alors le dis-cours suivant :

Discours de M . Capron, maire

„ Mes chers collègues,2 Vous venez de me nommer mair

Orifice à vous, me voici le premier se,viveur de Cannes . Je vous dis merci duplus profond de mon coeur.

„ Je veux que l'une de mes premiè-res paroles soit pour cet ami de la veil-le, qui s'est porté garant auprès de vousde ma bonne volonté et de mon dévoù .'ment . Puis, je veux m'incliner devantmon vénérable prédécrssepr, et lui direque sa présence fidèle au milieu denous entretiendra dans notre pensée lesouvenir des services qu'il a rendus àses concitoyens.

Quant à moi, toute mon ambitionsera de veiller sans trève aux grandsintérêts qui me sont confiés, puissam-ment aidé dans ma tache par mes col=laborateurs directs, m'appuyant sur desservices bien organisés, et dirigés pardes chefs d'élite et d'expérience .

-« En aucune affaire je ne perdrai . le

contact avec vous, mes chers collègues,et j'aurai a coeur de m'éclairer, cons-tamment de vos avis . Nous n'oublieronsjamais que les qualités primordiales;qui doivent présider à l'administrationd'une grande cité comme la nôtre, sont'la loyauté, l'ordre et l'économie. ''

«Je saurai, au surplus, n'en dentepas, apporter en toutes choses un visentiment de ma responsabilité 'psonnelle . et agir avec la ferme'_m ,icent .'

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vil'

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