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Jean Paul Gabarre Le premier Homme de l’Histoire 1 ère partie : récits croisés À la recherche de l’essentiel Tome V

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Couverture : Classique

[Grand format (170x240)] NB Pages : 250 pages

- Tranche : (nb pages x 0,07 mm)+2 = 19.5 ----------------------------------------------------------------------------

À la recherche de l’essentiel Tome V - Le premier Homme de l’Histoire

Jean-Paul Gabarre

19.5 661531

Jean Paul Gabarre

Le premier Homme de l’Histoire1ère partie : récits croisés

À la recherche de l’essentielTome V

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Jean Paul Gabarre

À la recherche de l’essentiel Tome V

Le premier Homme de l’Histoire

1ère partie : récits croisés

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Ouvrages composant « A LA RECHERCHE DE L’ESSENTIEL »

• Tome I :

« OH ! MY GOD ! Pourquoi ? » (roman) = une remise en question de nos façons de penser.

• Tome II :

« De la part de JESUS DE NAZARETH » (recueil de méditations) = une traduction en langage contemporain des expressions qu’utilisait Jésus. Ce recueil fait l’objet de 3 livres : – 1er livre (1ère partie) : « A ceux qui ont faim et soif de ce qui est essentiel », – 2ème livre (2ème partie) : « Aux gens d’Eglise » – 3ème livre (3ème partie) : « A ceux qui se sentent concernés par l’avenir de l’humanité ».

• Tome III

« En VERITE… disait Jésus » (pièce de théâtre) = une réactualisation du christianisme originel.

• Tome IV

« Construire la Paix dans le monde » (recueil de lettres suivies d’une conférence) = approche de questionnements spirituels fondamentaux.

• Tome V

« Le 1er Homme de l’Histoire » – 1er livre (1ère partie = récits mixés) = découverte de ce que Jésus voulait véritablement ; – 2ème livre (2ème partie = Le B.A. BA de ce qu’il convient de savoir sur le christianisme et l’islam) = une Conférence (1.) donnée en commun avec un savant musulman, homme de Dieu véritable, = prolongée par (2.) un ensemble de notions de base destinées à aider celles et ceux qui sont d’origine chrétienne ou musulmane (ou ne s’en réclament pas) à vaincre leur ignorance.

Ces 8 livres sont édités chez Ediprint « www.edilivre.com ».

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Pour aider à vivre leur Foi celles et ceux pour qui les valeurs « divines » passent en premier. Pour qu’ils puissent en parler de façon claire… notamment à celles et ceux qui se sont éloignés de leurs religions d’origine.

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Ô combien apparaîtra insensée ce qui passe pour de la Justice en

ce monde… lorsque j’aurai été élevé de Terre ! (Jésus faisait allusion à sa crucifixion) Quelqu’un de la foule lui dit :

– Comment peux-tu dire qu’il faut que le Fils de l’Homme soit élevé ? Et d’abord, qui est ce Fils de l’Homme ?

(d’après Jean 12, 31 et 34)

L’homme ne naît pas Homme, il le devient. (Érasme)

En 2013, pendant la guerre civile de Syrie, un enfant de 4 ans mortellement atteint par un éclat de bombe expire en disant :

« Je vais tout raconter à Dieu ! »

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Prologue « Il était une fois » un riche…

1.

« Un riche s’habillait de pourpre et de lin fin. Chaque jour il faisait bonne chère.

Un pauvre, du nom de Lazare, gisait près de son portail tout couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche. Bien plus, les chiens eux-mêmes venaient lécher ses ulcères !

Or le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham.

Le riche aussi mourut et on l’enterra. Dans le séjour des morts, en proie aux tourments, il leva les yeux et vit de loin Abraham et Lazare en son sein. Alors il s’écria :

– Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je suis à la torture dans ces flammes.

– Mon enfant, répondit Abraham, souviens-toi de ce que tu as reçu dans ta vie, et de ce qu’a reçu Lazare. Maintenant c’est Justice : Il trouve sa consolation et toi, pareillement, tu es à la torture…

Le riche répliqua : – Je te prie donc, père, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père, car

j’ai cinq frères : Qu’il leur fasse la leçon, de peur qu’ils viennent eux aussi dans ce lieu de tourments.

Abraham répondit : – Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent !

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– Non, père Abraham, répondit le riche, mais si quelqu’un de chez les morts va les trouver, ils se repentiront.

Mais Abraham lui dit : – Du moment qu’ils n’écoutent ni Moïse ni les prophètes, même si

quelqu’un ressuscite d’entre les morts ils ne seront pas convaincus. » (Luc 16, 19-31)

2.

Sur le trottoir, la maman et le petit à côté d’elle s’arrêtent. La maman fouille dans son sac, en tire son porte-monnaie, l’ouvre, choisit une pièce qu’elle donne au petit en lui indiquant de la tête le mendiant qui est assis plus loin à la porte de l’immeuble. L’enfant court tout droit vers le pauvre, lui fait un sourire, se penche et pose délicatement le sou dans la casquette qui est à terre. Le visage du mendiant, qui n’a pas quitté des yeux le petit qui arrivait, s’illumine. Il incline la tête en lui disant merci.

L’enfant rejoint sa maman qui s’est entre temps rapprochée et passe, discrète. Elle n’y est pour rien. Le petit remet sa petite main dans la sienne.

Ainsi les mamans comprennent-elles d’instinct que le Paradis, il faut d’abord le vivre ici, pas attendre que l’on soit mort. Et éduquent-elles leurs enfants à regarder au loin.

3.

Il était riche, tellement riche de biens et de certitudes qu’il ne savait plus discerner la Vérité. Un jour, il eut un revers de fortune. Il se rendit compte alors que la plupart de ceux qu’il considérait comme ses amis n’étaient en fait que de vils courtisans qui profitaient de sa richesse. Et il découvrit qu’il était un mort-vivant mais ne le savait pas.

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1ère Partie

Récits croisés

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Chapitre 1 En ouvrant et refermant la porte

– Si c’était moi qui rédigeais, je revisiterais tout : déjà pour être certain qu’on ait envie de tourner les pages…

Je viens en effet de me rendre compte que prétexter une flânerie dans la Presqu’île pour écrire ce que je dois dire n’est peut-être pas une idée folichonne même si ce que je décris en cours de route peut inciter à visiter notre belle ville de Lyon… Oui, c’est vrai : Sans doute devrais-je trouver une autre raison pour que ceux qui s’aventureront dans ces pages les lisent !

– Mais ton idée d’aider les lecteurs à se représenter ce que j’ai vécu pendant ma Passion pour les inviter à établir des ponts entre aujourd’hui et ce qui s’est passé il y a deux mille ans, tu peux la conserver…

Sachant combien il me sera difficile de relever ce challenge, il propose pour m’encourager :

– Si tu veux, on peut tout relire ensemble.

En d’autres temps, fatigué d’avance de devoir reprendre ce qui m’a donné un mal fou et est déjà rédigé, rien qu’à imaginer les efforts que peut entraîner un tel travail, je me serais rebellé : Je suis en effet de ces paresseux qui voudraient voir terminé l’ouvrage qu’ils projettent à peine l’ont-ils entrepris. Mieux (ou pire, c’est selon) : avant même qu’ils l’aient commencé !

Mais les sept ans que j’ai mis à écrire « Oh ! My God ! Pourquoi ? » m’ont tout de même donné ce minimum de sagesse qui aide à comprendre que ce que l’on couche sur le papier importe davantage que le temps passé à l’écrire…

Alors, en effet, pourquoi ne pas tout revoir si un tel exercice doit

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favoriser la lecture… et entraîner quelques-uns à n’en pas rester là ?

Je demande : – Devrai-je parler des interrogations que je me posais avant ta

suggestion de tout reprendre ? – Pourquoi pas ? Essaie !

Me revient : – Etait-il opportun que j’évoque les centaines de courriels anti-arabes

et anti-français, anti-musulmans et anti-chrétiens que je ne cesse de recevoir sur mon ordinateur ? Ces ferments qui, en travaillant notre société de façon insidieuse, par en dessous, menacent notre Paix fragile…

et sont d’autant plus dangereux que leurs envois cachés constituent un terreau idéal pour amplifier les mécontentements qu’ont engendré la désindustrialisation, la mondialisation, la crise financière, le chômage… : ces mails malsains qu’il n’est pas politiquement correct de lire ; que tout bien-pensant se doit de jeter à la corbeille à peine a-t-il repéré leur teneur nauséeuse s’il ne veut être méprisé, ainsi qu’il m’a été reproché ? Ces mails que, moi, je collectionne pour me prouver que je n’ai pas rêvé, que je les ai bien reçus, sur lesquels je persiste à m’arrêter, m’efforçant de creuser jusqu’au roc comme j’ai appris à le faire au cours de ma vie professionnelle afin d’en approfondir les motifs et voir s’il est possible de désamorcer leur nocivité ?

J’hésite encore : – Devrai-je vraiment exposer sur la place publique les réponses

surprenantes que m’ont fait au tout début de « mon aventure littéraire » les autorités de l’Eglise, puisque c’est à elles que j’avais adressé en premier le manuscrit « J’ai soif » (qui devint instantanément le 11 septembre 2001 « OH ! MY GOD ! Pourquoi ? » parce que ce titre en explicitait toute la problématique), tellement il me semblait élémentaire que ce soient elles qui prennent connaissance, avant tout autre, du Message que tu me demandais de communiquer ?

Devrai-je faire état des innombrables refus des éditeurs de tous bords de publier cet ouvrage avant que l’un d’eux (les membres de son Comité de lecture avaient-ils discerné l’importance que pouvaient revêtir de tels écrits ?) ne publie d’un coup les cinq livres que devait comporter en un premier

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temps « A la recherche de l’essentiel » ?

Devrai-je parler de tous les autres obstacles que j’ai rencontrés… Notamment de ma découverte d’un « serpent » que je croyais disparu mais qui se dévoile en sifflant lorsqu’on prononce, entre autres, le mot « Jésus » ?… au nom de la laïcité, bien entendu… comme si c’était moi qui avais inventé que Jésus est l’un des principaux fondateurs de la Civilisation Occidentale !

Devrai-je mentionner les refus de percevoir mes Droits d’Auteur éventuels que m’ont fait essuyer trois Institutions caritatives à forte connotation religieuse auxquelles je voulais les offrir ?… le président de l’une des plus importantes d’entre elles allant même jusqu’à m’écrire le 20 mai 2010 : « Il a été décidé de ne pas donner suite à votre proposition, le lien entre vos travaux et les buts poursuivis par notre association n’étant pas établis clairement. » Pas moins ! Demandait-il (puisqu’il ne la dirige plus) à chacun de ceux qui lui apportaient leurs dons de lui rendre compte de la manière dont il s’était procuré son argent !?…

Je m’inquiète : – Tu crois vraiment qu’il convient de faire un tel déballage sur la place

publique ?… Ne serait-il pas préférable que je jette toutes ces intolérances à la corbeille ?

– A toi de voir. Mais tu peux toujours leur raconter : Ils sont majeurs, non ? Ils jugeront par eux-mêmes !

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Chapitre 2 Sur le chemin du Calvaire – Les vendeurs chassés du Temple

– Un pas ! Encore un pas ! Il faut que j’avance ! Que je tienne ! Jusqu’au bout !

A la poutre qui pèse, me blesse et fait d’autant plus mal que je dois la repousser sans cesse sur le bout de l’épaule pour qu’elle n’enfonce un peu plus dans ma tempe les épines dont je suis couronné, s’ajoute la sueur mêlée de sang qui voile de rouge la silhouette floue du condamné qui marche devant moi, et ceux qu’à ma gauche les soldats repoussent de la voix et de la hampe de leur lance pour dégager le passage. Sueur piquante, aiguë, dont je n’imaginais pas à quel point la brûlure tenace pouvait incommoder les condamnés qu’il m’arrivait de croiser auparavant quand ils allaient au supplice, même si elle ne se peut comparer avec la fulgurance qui m’a fait m’écrouler tout à l’heure quand les soldats m’ont détaché du pilori !

Tant que nous avancions entre les maisons au milieu de la foule qui s’écartait pour nous laisser passer, et jusqu’à ce que nous franchissions la porte de Jérusalem, j’ai réussi à avancer normalement. Mais, maintenant que le chemin monte, c’est tout juste si j’arrive à me pousser. Au point que j’en oublie l’ornière tandis que je m’applique à écarter la tête et dérape. Me rattrape et me rétablis difficilement : En glissant, le poids de la poutre a failli m’entraîner… Dire qu’il y a deux heures à peine je l’aurais portée comme une planche !

Le temps d’ouvrir les yeux, se remettent en ligne les deux condamnés qui me précèdent et vont être avec moi crucifiés. Les referme aussitôt en serrant fort les paupières pour chasser la brûlure. De nouveau, n’en vois plus qu’un. Eux aussi ont été flagellés. Mais il y a plusieurs jours. Depuis, ils ont récupéré. Leurs plaies se sont cicatrisées. Ils resteront en vie plus longtemps.

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Alors que les miennes, chaque nouveau pas les rouvre en les arrachant de ma tunique trempée…

Ainsi, une centaine de coups de fouet plombé auront suffi à faire de moi une plaie vivante. Une loque ! Moi, un travailleur manuel en bonne santé, fort d’avoir sillonné à pied la Palestine et la Décapole alentour pendant près de trois ans pour porter à tous le Message de Paix que je signe aujourd’hui de ma vie. Comme il était écrit.

Bascule d’un coup la ravine par laquelle nous montons. Et la foule. Je me redresse. Non ! il ne faut pas que je perde conscience. Je m’arrête. Reprends mon souffle. Repars. Instinctivement, je jette les yeux au ciel : Mon Dieu !… S’éloigne de nouveau la poutre du compagnon qui me précède. Je tente d’allonger le pas pour le rejoindre. N’y parviens pas : mes jambes ne répondent plus. Prennent de l’avance aussi ceux qui nous accompagnent et nous regardent, indistincts, flous. Du seul côté que je peux voir…

Oh ! mon Dieu, Toi dont l’Esprit a tout créé, depuis l’infini des étoiles jusqu’à la poussière qui vole et couvre mes sandales… Toi dont la présence anime ceux-là mêmes qui trébuchent à chacun de mes pas comme s’ils étaient tous ensemble arrêtés : proches désespérés de me voir me traîner ainsi… amis inconnus silencieux… curieux qui vous apitoyez en m’accompagnant… en nous accompagnant… Dont je ne vois que le mouvement des lèvres tellement en mes oreilles cogne et bourdonne mon sang… Oh ! Dieu !… Mon Dieu !… Mon Père ! comme Tu m’as appris qu’il fallait dire… Toi qui m’as révélé que Tu es Amour… Pour qui je témoigne encore que Tu es tout entier Amour, malgré les apparences… Où es-Tu ?

Te souviens-Tu du jour où Tu m’as envoyé enseigner que nous sommes tous frères et sœurs parce que Tu es vraiment Notre Père ? Me faisant comprendre que c’était ainsi que Tu voulais que j’explique le mystère de notre Fraternité… Où es-Tu ? Toi qui m’a demandé de proclamer ce Message de Paix par toute la Terre ?… et m’as aussi prévenu, ce jour-là, que j’en paierais l’annonce de ma vie !…

A moins que ce soit Marie qui me l’ait prédit la première ?… Un soir qu’elle me couchait et m’enchantait comme d’habitude avec les histoires merveilleuses dont elle a bordé mon enfance ? Ces histoires que je ne me lassais pas de lui faire répéter… Sauf celle qui lui a échappé un soir. Dont elle

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ne m’a plus jamais reparlé. Que, bien sûr, je ne lui ai jamais rappelée. Celle du glaive qui lui percerait un jour le cœur. Pressentiment sinistre dont lui avait fait part Syméon quarante jours après que je sois né… Syméon, ce vieillard qui l’avaient accueillie quand elle venait accomplir le rituel de purification au Temple que doivent observer les nouvelles accouchées.

Ce glaive dont le spectre a fugitivement resurgi alors que je ne m’y attendais pas le matin où je suis parti : Quand, pour un dernier au revoir, je me suis retourné avant de laisser derrière moi la rue dont commençait à s’estomper les angles bleutés des demeures.

Elle m’avait suivi des yeux. Me faisant signe de loin, là-bas, depuis le pas de la porte. Je la voyais sourire. Ensoleillée. J’allais annoncer la Bonne Nouvelle !… Mais son regard était désespéré !

C’est alors que l’histoire du glaive m’est revenue d’un coup et que j’ai compris : Elle savait depuis toujours ! Mais elle avait accepté ce qui m’attendait.

Elle n’a pris la décision de nous accompagner que lorsqu’elle nous a vus revenir de Judée : après que les disciples enthousiastes que je m’étais faits en route lui aient raconté comment, poussé par une colère soudaine dans le Temple de Jérusalem, je m’étais saisi d’une corde à attacher les bœufs, avais fait des nœuds, m’en étais servi pour chasser les marchands. Dispersant leurs bêtes. Renversant les tables du change… Nul ne pouvait m’arrêter !… Les monnaies roulaient sur le parvis… Je criais après tous tandis que les banquiers s’affairaient à ramasser leurs pièces :

– Hors d’ici, voleurs ! La Maison de mon Père n’a pas été bâtie pour devenir un repaire de brigands ! Quittez ces lieux saints ! Allez-vous-en ! Plus vite que ça !

En fait, cette révolte grondait en moi depuis qu’à douze ans, ma majorité, je m’étais laissé aller à interroger les scribes du Temple : La fameuse fois où, pris par cette soif de savoir que les sages de Nazareth ne savaient étancher, j’en ai oublié de rejoindre la caravane qu’avaient prise Marie et Joseph après la Fête, pour rentrer en Galilée…

– Holà ! Le soldat qui me suit me rattrape et repousse un passant que j’ai failli

accrocher avec ma poutre.

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… Ce n’est que le soir de l’esclandre que nous avons jugé prudent de rentrer au pays : Après que Nicodème, l’un des notables qui se trouvait sur le parvis où il avait assisté à la débandade, se soit arrangé pour me rencontrer en secret !… Il voulait me dire qu’il avait bien reçu le Message : qu’il était prêt, lui, à entrer dans la Vérité. Comme l’étaient ceux qui m’avaient suivi… qu’il me fallait désormais former et aguerrir…

A nouveau, je manque de tomber. – Le pauvre ! Le cri de compassion s’est échappé de la foule qui nous serre de trop près :

d’un petit groupe de femmes qui nous a rejoints dès que nous avons quitté le Prétoire. Je tourne la tête pour voir qui s’est ainsi exprimé mais referme aussitôt les yeux sous la brûlure du sel : Je n’ai pas eu le temps de distinguer celle qui a parlé ! Si elle avait connaissance de ce qui se joue sous cette mascarade de Justice, c’est plutôt sur elle et ses enfants qu’elle se lamenterait !…

Je glisse de nouveau. N’arrive pas à me rattraper. Cette fois-ci, le bois glisse de mon épaule et se fiche en terre. Je m’arc-boute et m’accroche à lui pour le retenir comme je peux.

– Viens ici, toi ! La parole du centurion m’atteint, lointaine, estompée… L’ordre n’est pas

pour moi. La poutre se redresse. Celui qui a été interpellé la charge sur son épaule.

Amicalement, le centurion attrape mon bras et me relève : Me voilà condamné, en plus, à l’humiliation de ne même pas être capable de porter ma croix jusqu’au bout ! Pourtant, le chemin n’est pas long du Prétoire au Calvaire où va s’achever le périple qui m’a si souvent obligé de fuir après que j’aie proclamé quel dessein hors du commun le Père a projeté pour l’humanité1. Trajet formidable… qui, pour moi, passe par le lieu-dit du « Crâne » où, dans quelques instants, les deux condamnés qui me devancent et moi allons être crucifiés.

1 Reprenant la promesse de Dieu à Abraham (Genèse 12, 3), « En ta postérité seront bénies toutes les familles de la Terre », rappellera Pierre aux Israélites dans le Temple de Jérusalem après avoir guéri un tétraplégique de naissance. (Actes 3, 25).

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Chapitre 3 De la Kommandantur au Collège Cévenol

– Raconte ça aussi, dit-il tandis que je laisse se refermer la porte de l’immeuble en songeant au chemin qu’il m’a fait parcourir en trois quarts de siècle.

– Tu crois ?

Nous quittons le hall et nous engageons dans l’escalier qui mène au rez-de-chaussée.

C’était il y a longtemps, si longtemps que je ne me souviens même plus de son nom !

Devant le châlit en bois où nous couchions, lui en bas et moi en haut, j’étais debout, prêt à recommencer : Assis sur le bord de son lit, la tête baissée il épongeait dans son mouchoir le sang qui pissait de son nez.

Nous avions passé le début de l’après-midi sur le court de tennis du Collège Cévenol, un établissement scolaire international privé qui réunissait ce mois de juillet une soixantaine de garçons et filles de seize à dix-huit ans de toutes confessions et origines : Etats-Unis d’Amérique, Suède, Allemagne, Hollande, Espagne, Italie… France, bien entendu. Mes parents m’avaient envoyé là pour améliorer mon anglais. Les cours avaient lieu le matin. Nos après-midi étaient libres. Parfois, le soir, avant de nous endormir, les deux autres occupants de notre chambrée ainsi que lui qui était français mais vivait en Angleterre, s’escrimaient désespérément à me faire prononcer correctement les « r » avec l’accent anglais.

Quand mes parents m’avaient inscrit aux cours de vacances du Collège,