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0 Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au développement durable dans sa sphère d’influence Annelise MATHIEU IAE-Aix-en-Provence, CEROG IAE d’Aix-en-Provence, Clos Guiot – Puyricard C.S. 30063 13 089 Aix-en-Provence cedex 2 [email protected] Tel : 04 42 28 08 08 Résumé : Qu’est-ce que l’éco innovation ? L’innovation répond traditionnellement à des contraintes de marché et souffre d’une image négative en matière de développement durable. Pourtant, à en croire la tendance actuelle, il semble que le concept appliqué à des problématiques de développement durable trouve peu à peu sa place dans le débat contemporain sur le « comment les firmes peuvent-elles implémenter les principes de développement durable dans leurs choix stratégiques ? ». Aussi, depuis quelques années, on voit émerger dans la littérature gestionnaire l’idée que l’innovation permettrait à la firme de contribuer activement à la durabilité. Cette approche tout à fait novatrice permet de renouveler les travaux dans le domaine. Compte tenu de la jeunesse de ce champ d’application et les potentialités d’investigations qui y sont liées, nous proposons dans cet article de dresser une typologie des différentes dimensions, contours et ambigüités qui entourent le phénomène. Mots clefs : Développement durable, eco innovation.

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Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au développement durable dans sa sphère d’influence

Annelise MATHIEU

IAE-Aix-en-Provence, CEROG

IAE d’Aix-en-Provence, Clos Guiot – Puyricard

C.S. 30063

13 089 Aix-en-Provence cedex 2

[email protected]

Tel : 04 42 28 08 08

Résumé : Qu’est-ce que l’éco innovation ? L’innovation répond traditionnellement à des contraintes de marché et souffre d’une image négative en matière de développement durable. Pourtant, à en croire la tendance actuelle, il semble que le concept appliqué à des problématiques de développement durable trouve peu à peu sa place dans le débat contemporain sur le « comment les firmes peuvent-elles implémenter les principes de développement durable dans leurs choix stratégiques ? ». Aussi, depuis quelques années, on voit émerger dans la littérature gestionnaire l’idée que l’innovation permettrait à la firme de contribuer activement à la durabilité. Cette approche tout à fait novatrice permet de renouveler les travaux dans le domaine. Compte tenu de la jeunesse de ce champ d’application et les potentialités d’investigations qui y sont liées, nous proposons dans cet article de dresser une typologie des différentes dimensions, contours et ambigüités qui entourent le phénomène.

Mots clefs : Développement durable, eco innovation.

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L’éco innovation ou la contribution de la firme au développement durable dans sa sphère d’influence

Résumé : Qu’est-ce que l’éco innovation ? L’innovation répond traditionnellement à des contraintes de marché et souffre d’une image négative en matière de développement durable. Pourtant, à en croire la tendance actuelle, il semble que le concept appliqué à des problématiques de développement durable trouve peu à peu sa place dans le débat contemporain sur le « comment les firmes peuvent-elles implémenter les principes de développement durable dans leurs choix stratégiques ? ». Aussi, depuis quelques années, on voit émerger dans la littérature gestionnaire l’idée que l’innovation permettrait à la firme de contribuer activement à la durabilité. Cette approche tout à fait novatrice permet de renouveler les travaux dans le domaine. Compte tenu de la jeunesse de ce champ d’application et les potentialités d’investigations qui y sont liées, nous proposons dans cet article de dresser une typologie des différentes dimensions, contours et ambigüités qui entourent le phénomène.

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Introduction des OGM et du clonage dans nos assiettes, risques nucléaires, pollutions

industrielles, fracture numérique, ect… Nombreux sont les exemples actuels qui illustrent

l’idée largement répandue selon laquelle l’innovation est l’une des causes premières du

développement non durable de nos économies et sociétés et l’affichent comme l’une des

sources les plus révélatrices de la crise environnementale et sociale actuelle (Hall &

Vrenderburg, 2003). Du fait des nombreuses externalités négatives qui y sont potentiellement

liées sur l’ensemble de son cycle de vie, la technologie semble, effectivement, pour beaucoup

le signe d’une R&D managériale peu soucieuse des impacts sociétaux de ses applications.

D’ailleurs, il est vrai que c’est au cours des trois dernières décennies que cette dernière a été

le plus largement marquée par des soucis de diminution des coûts de production corrélés à

l’augmentation de la productivité. Pourtant, si l’on en croit le discours actuel en faveur de la

protection de l’environnement et de la préservation des équilibres sociaux, il semble de moins

en moins probable que « la carotte génétiquement dopée » (terme repris de Bernard Rousseau,

membre de la commission Coppens) fera encore courir les groupes industriels dans les années

à venir. En effet, avec la montée des préoccupations sociétales et environnementales,

l’innovation tend à prendre un tout autre sens.

L’urgence environnementale provoquée par nos modes de production et de consommation

actuels implique de repenser globalement nos modes de fonctionnement. Cette nouvelle

dynamique crée de nouvelles problématiques au cœur desquelles les produits et les procédés

de production industriels se trouvent directement concernés (Hart, 1995). Pour les

visionnaires comme les proactifs, l’innovation offre, par ses caractéristiques intrinsèques, de

fabuleuses potentialités dans la recherche de solutions concrètes pour un développement

durable (Patris & al, 2001; Hall & Vrenderburg, 2003 ; Porter &Van der Linde, 1995 ; Hart,

1995). Pour ces derniers, les enjeux environnementaux couplés aux pressions sociétales

constituent des opportunités certaines pour les firmes qui souhaitent s’engager dans le

domaine. L’innovation au service de ces problématiques leur permettraient non seulement de

remédier aux «dégâts du progrès» mais également de démontrer leur participation active dans

le domaine (Abrassart & Aggeri, 2007 ; Porter & Van der Linde, 1995). Vitrine de

l’entreprise et de ses choix stratégiques, c’est à travers cette dernière que les firmes peuvent,

en effet, espérer pallier voir annuler les effets négatifs de leur activité et montrer leurs efforts

dans le domaine (Patris & al., 2001). C’est pourquoi, l’innovation appliquée à des

problématiques de préservation de l’environnement ou de nature plus sociale trouve de plus

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en plus largement sa place au niveau managérial. La Toyota Prius, les fameuses vestes

fabriquées à partir du recyclage de bouteilles en plastique proposées par la marque Patagonia,

le tout nouveau sac à dos éco-conçu à partir de matières naturelles de chez Lafuma, les

ampoules à basse consommation d’énergie de Philips en sont des exemples probants. En effet,

il semble que beaucoup d’entreprises ont d’ores et déjà bien compris l’intérêt de la démarche

et n’ont pas tardé à s’investir largement dans cette voie (Hall & Vrenderburg, 2003).

Si l’engouement managérial pour l’innovation appliquée à des problématiques

environnementales ou sociales n’est aujourd’hui plus à démontrer, les travaux théoriques dans

ce champ se font à l’heure actuelle encore relativement rares et ne permettent pas pour

l’instant de caractériser le phénomène dans sa globalité. Malgré l’émergence timide de

certains travaux dans le champ des gestionnaires (Hart, 1995; Hall & Vrendenburg, 2003) qui

tentent de compléter les investigations économiques sur le sujet (Rennings & Ziegler, 2004),

on observe encore une grande incomplétude des recherches dans le domaine (Laforest, 2005;

Le Ponchat, 2005).

Dans ce contexte, il nous semble opportun de nous interroger sur les différentes dimensions et

les spécificités du concept par rapport à l’innovation classique. En effet, la question qui se

pose à ce niveau est naturellement de savoir si l’éco innovation bénéficie de contours

conceptuels similaires et s’il est possible de catégoriser les travaux dans le domaine selon les

mêmes critères. Aussi, à travers un panorama de ses différentes acceptions, nous souhaitons

mettre en évidence en quoi l’éco innovation diffère ou non de l’innovation classique. Pour ce

faire, nous proposons de: 1) définir et clarifier la terminologie utilisée et établir des

similitudes avec les travaux traditionnels sur l’innovation en proposant une catégorisation

suivant les typologies classiques (section1) ; 2) étudier les spécificités du champ d’application

de l’éco innovation et cerner la complémentarité ou les différences de certains contours de

l’innovation avec ceux de l’éco innovation (section 2).

I/ LES TYPOLOGIES CLASSIQUES DE L’INNOVATION AU SERVICE DE L’INNOVATION EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT DURABLE

L’un des défis les plus sérieux qui se pose aux entreprises d’aujourd'hui est sans aucun doute

la résolution du conflit apparent entre les buts environnementaux et l’impératif de croissance

économique. Afin de résoudre ce dilemme, plusieurs chercheurs ont, au cours de ces dernières

décennies, tenté d’offrir une nouvelle réponse sous la thématique de la Corporate Social

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Responsability et ses concepts périphériques. Cette dernière s’est d’ailleurs largement

imposée comme la contribution de la firme aux principes de développement durable dans sa

sphère d’influence. Pourtant, depuis quelques années maintenant, il semble que les

expériences managériales les plus abouties laissent augurer de l’émergence d’un concept

novateur emprunté aux sciences de l’ingénieur : celui d’éco innovation. Renouvelant les

approches dans le domaine, il se pose pour certains comme l’une des réponses managériales

les plus probables dans les années à venir, et constituera sans doute l’un des premiers leviers

par lesquels la firme pourra espérer rencontrer les attentes durables. Ainsi, pour beaucoup, la

recherche des « meilleures solutions » pour réduire l’impact environnemental des biens et

services produits passera par des innovations tant dans les produits que les procédés mis en

œuvre (Porter & van der Linde, 1995; Shrivastava, 1995). Dans ce contexte, les nouvelles

demandes environnementales offrent de magnifiques opportunités pour faire progresser les

organisations (Hall & Vredenburg, 2003 ; Abrassart & Aggeri, 2007). Aussi, prenant acte de

ses potentialités, certains auteurs s’intéressent de plus en plus au phénomène et tentent d’ores

et déjà de dessiner les premiers contours du concept. Pourtant, à la lecture des différents

travaux, une première question fondamentale se pose : est-il possible de considérer les

contours de l’éco innovation selon les mêmes critères que l’innovation classique et de

s’appuyer sur les outils classiques de catégorisation? Afin de mieux cerner ce concept

émergent, il semble, en effet, intéressant de s’interroger en premier lieu sur les opportunités

de catégorisation offerte par l’innovation classique pour appréhender la notion et de chercher

à savoir s’il est possible de considérer ses contours selon les dimensions traditionnelles.

Classiquement, le terme innovation renvoie à la notion de progrès. A l’heure actuelle, on

observe une grande variété de tentatives de définitions de la notion dans la littérature (Loilier

et Tellier, 1999). Parmi les plus connues et les plus usitées, c’est la définition de Van de Ven

(1986) qui est la plus acceptée. Pour cet auteur, «une innovation est une nouvelle idée qui peut

être soit une recombinaison d’idées anciennes, soit un schéma qui modifie l’ordre présent,

soit une formule ou une approche unique perçue comme nouvelle par les individus qui

l’adoptent “. Ce concept fourre-tout, polymorphe et multidimensionnel, caractérise de façon

indifférenciée, pour les auteurs qui l’utilisent, une multitude de phénomènes dans de

nombreux contextes (Loilier & Tellier, 1999). Le problème c’est que la multiplicité de ces

champs d’application pose le problème de son acception (Machat, 2003; Dewar et Dutton

1986 ; Van de Ven, 1986). Afin d’appréhender la diversité de ces travaux, plusieurs

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typologies (Durieux, 1997 ; Glor, 1997 ; OCDE, 1993 ; Bierfelder, 1986) tentent aujourd’hui

de classer les définitions suivant certains critères. Parmi ces dernières, la synthèse de Durieux

(1997) offre une perspective intéressante et objective. L’auteur recense trois types de

définitions :

Les premières sont dites générales. C’est le cas de celles développées par Burgelman, Kosnik

et Van den Poel (1988). Pour ces derniers, seul le caractère nouveau contenu dans l’acte

innovant est retenu comme critère distinctif. L’innovation est entendue ici comme quelque

chose de particulièrement nouveau.

Les secondes se focalisent sur l’aspect « processus » contenu dans l’acte innovant. C’est le

cas de celles développées par Schon (1967), Carroll (1967), Evan et Black (1967), Knight

(1967) ou Shepard (1967). Le problème majeur lié à ce type de définition c’est qu’en se

focalisant sur une seule dimension du concept, elles en oublient l’aspect contenu.

Prenant acte de cette incomplétude, un troisième groupe de définitions se focalise sur le

contenu proprement dit de l’innovation. C’est le cas de Gordon, Kimberly et MacEachron

(1975), Hage et Aiken (1967), Zaltman, Duncan et Holbeck (1973) ou Rogers & Shoemaker

(1971).

Il est intéressant de noter que les différences entre la deuxième et la troisième catégorie

illustrent un des débats récurrents quant à la nature même de l’innovation. Deux acceptions du

concept coexistent, effectivement, dans la littérature : - une représentation statique pour

laquelle l’innovation est considérée en tant que résultat ; - et une conception dynamique au

sein de laquelle le phénomène est perçu en tant que processus (Loilier et Tellier, 1999). La

première approche s’intéresse au concept à travers ses réalités physiques tandis que la

seconde, particulièrement développée au cours des dernières années, tente de dépasser la

conception statique du phénomène en s’inscrivant dans le courant dit Process Theory

(Tarondeau & Wright, 1995; Loilier & Tellier, 1999).

Glor (1997) propose également de classer les différentes définitions de l’innovation suivant le

degré d’appréciation de la nouveauté retenu. D’après ce dernier, si pour certains le caractère

nouveau de l’innovation est propre à chaque organisation (Downs et Mohr, 1976) dans un

contexte précis (Mohr, 1969), pour d’autres l’innovation est indicosiable de la nouveauté dans

sa conception quasi-universelle (Rogers et Kim, 1985).

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Le panorama des différentes catégorisations classiques de l’innovation renseigne sur la

nécessité de définir et de clarifier les différences entre les différents types d’innovation, de

définir le système de référence pertinent pour apprécier la nouveauté et pour finir, de définir

la nature, l’intensité, le lieu et le moment de l’innovation. A ce sujet, certains auteurs

proposent des synthèses des principales acceptions de l’innovation permettant de mieux

cerner le concept. C’est le cas de Gopalakrishnan & Damanpour (1997) puis Cooper (1998) et

plus récemment Machat (2003) pour qui il est possible de caractériser l’innovation selon trois

niveaux d’analyse communément admis: - la nature de l’innovation (résultat versus

processus); - le système de référence (soit le référentiel d’appréciation de la nouveauté); - les

principales typologies (innovation technologique vs organisationnelle ; innovation radicale vs

incrémentale).

Appliquée au champ spécifique du développement durable, la notion d’innovation se définit à

travers le concept d’éco-innovation. L’analyse de la littérature montre que, tout comme

l’innovation classique, les quelques travaux qui s’intéressent à l’heure actuelle à ce sujet

offrent des définitions disparates du phénomène (Faucheux & al., 2006 ; Hart, 1995; Hall &

Vrenderburg, 2003). Si la thématique s’appréhende, en effet, largement sous le terme d’eco

innovation, de nombreux concepts périphériques foisonnent dans la littérature. Cette forte

hétérogénéité des approches traduit le caractère tout à fait novateur de la problématique tant

au niveau managérial qu’académique et la dimension exploratoire de ces potentialités

d’investigation dans le champ des sciences de gestion. Cette multitude d’approches laisse

également entrevoir la difficulté pour le chercheur de définir les frontières du concept et ses

contours théoriques à l’image de la notion classique d’innovation. De façon générale, les

différentes définitions rencontrées dans la littérature paraissent converger sur l’idée que

l’innovation dans le domaine se situe à l’interface des trois piliers du développement durable.

Pourtant, on observe une absence de consensus sur les champs d’application, les motivations

et les lieux de l’éco innovation au sein des différentes définitions. Les auteurs offrent des

approches des différentes dimensions du phénomène souvent complémentaires, parfois

contradictoires (Faucheux & al., 2006 ; Hart, 1995; Hall & Vrenderburg, 2003). Cette

multiplicité de ses acceptions s’explique, comme pour l’innovation classique, par les

différences de contexte d’utilisation et de sens alloué à la notion en fonction des objectifs

poursuivis lors de son utilisation. Comment alors appréhender la diversité de ces travaux ?

L’analyse détaillée de la littérature laisse émerger l’idée qu’il serait possible de mobiliser les

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typologies classiques de l’innovation permettant de classer les définitions du concept suivant

les critères connus et maîtrisés. Il semblerait, en effet, que du concept observe des dimensions

similaires à celles de l’innovation. En ce sens, nous proposons ici de dresser une typologie

permettant de classer les définitions du concept suivant les critères classiques ci-après :

1) CATEGORIE 1 : LES DEFINITIONS GENERALISTES

Tout comme pour l’innovation classique, un certain nombre de définitions peuvent être

regroupées suivant leur caractère généraliste. A titre d’exemple, l’Ademe (2006) définit le

concept comme «l’ensemble des innovations (techniques, conceptuelles, méthodologiques)

qui contribuent directement ou indirectement à une amélioration de l’état de l’environnement.

L’environnement étant pris au sens large, incluant les ressources naturelles (air, eau, sols,

milieux), la biodiversité, le changement climatique, l’efficacité énergétique et les énergies

renouvelables, le cadre de vie et le développement durable de la société » (Ademe, 2006). Par

cette première définition, le concept matérialise la reconnaissance du fait que la société ne

peut continuer sur les modes de consommation et de production actuels sans endommager

sérieusement l’environnement. Il se pose comme l’une des réponses possibles de la firme à la

problématique du développement durable. En ce sens, si la catégorisation est identique, l’éco

innovation diffère de l’innovation classique car son champ d’application qui est spécifique à

une problématique particulière. Mais, une telle approche, si elle se veut globalisante, ne

traduit pourtant pas toute la complexité du phénomène. C’est pourquoi, il semble nécessaire

de se référer à d’autres travaux pour qualifier le concept.

2) CATEGORIE 2 : LES DEFINITIONS QUI SE FOCALISENT SUR LA DIMENSION

PROCESSUELLE DE L’ECO INNOVATION

Conformément aux travaux classiques, un second groupe de définitions se focalise sur

l’aspect « processus » contenu dans l’acte innovant. C’est le cas, par exemple, de Jones & al.

(2001) ainsi que James (1997) pour qui, « l’éco innovation est le processus par lequel se

développent de nouveaux produits, processus ou services respectueux de l’environnement

(...)”. Ici, les auteurs appréhendent le concept non pas seulement « à travers ses réalités

physiques mais également à travers ses cheminements et ses trajectoires » (Machat, 2003). Ici

on se retrouve confronté au même type de problème : la définition est incomplète car l’aspect

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contenu de l’éco innovation n’est pas représenté. L’éco innovation contient-elle un aspect

processus ?

3) CATEGORIE 3 : LES DEFINITIONS QUI SE FOCALISENT SUR L’ASPECT CONTENU

De la même façon que pour les travaux traditionnels, un troisième groupe de définition se

focalise sur le contenu proprement dit de l’eco innovation. Parmi les travaux, on notera les

apports de Rennings & Zwick (2002). Ces auteurs définissent l’éco innovation comme suit :

« processus, techniques, pratiques, systèmes et produits nouveaux ou modifiés qui ont pour

objectif d’annuler ou réduire les dégâts environnementaux ” (Rennings & Zwick, 2002).

Cette approche centrée sur l’innovation en tant que résultat, s’intéresse au concept à travers

« la ou les réalités physiques dans lesquelles elle s’actualise, à savoir les technologies, des

produits ou des procédés » (d’après Divry & al., 1998 repris par Machat, 2003). En se

focalisant sur l’aspect résultat, les auteurs offre une première description de la nature de

l’innovation en matière de développement durable. Sur ce point, il semble que le débat qui

anime l’éco innovation concernant la dimension processuelle de la nouveauté rejoint

sensiblement celui de l’innovation classique. Quand est-il concernant le débat récurrent sur la

nature de la nouveauté ?

4) CATEGORIE 4 : LES DEFINITIONS SUIVANT LA NATURE DE LA NOUVEAUTE

Une quatrième lecture, complémentaire à la troisième, permet de situer de façon plus précise

les « lieux de l’éco innovation » tout comme il est possible de le faire pour l’innovation

classique. Dans ce domaine, les différents travaux ont pour principal intérêt de définir la

nature intrinsèque de la nouveauté via à l’étude de ses composantes. A titre d’exemple,

Faucheux & al. (2006) proposent de qualifier l’éco-innovation suivant ses domaines

d’actions. Pour ces auteurs, « l’éco-innovation présente trois facettes complémentaires :

d’abord la mise au point de nouveaux procédés et de produits moins polluants; ensuite

l’amélioration de procédés existants; enfin le développement de technologies permettant de

traiter les pollutions résultant d’erreurs du passé» (Faucheux & al., 2006). Cette définition a

pour particularité d’insister sur le rôle de la technologie dans la recherche de solutions

concrètes. Mais un autre type d’éco innovation mérite d’être souligné : celui d’éco innovation

organisationnelle. Les développements récents sur les technologies propres ont, en effet,

pointé du doigt le rôle crucial des innovations organisationnelles dans la contribution de la

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firme à l’effort global (Fukasaku, 2000, Faucheux & Nicolai, 2006). A titre d’exemple,

Fukasaku indique que ce type d’innovation désigne toutes les innovations de produits

favorables à l’environnement qui requièrent des capacités de R&D et de design développées à

travers l’adoption d’éco innovations organisationnelles (Fukasaku, 2000). Pour ces auteurs,

l’amélioration de l’efficience des ressources qui résulte en grande partie des matières

premières, de l’énergie et de la réduction des déchets, ne dépend pas seulement des machines

et équipements mais également des processus de production et de la façon dont la firme est

organisée.

A priori, il semble donc, à l’image de travaux classiques sur l’innovation, que l’éco-

innovation peut être appréhendée dans sa dimension aussi bien technologique

qu’organisationnelle (Ramus, 2001). Cette approche appelle naturellement à un autre type de

réflexion bien connu des auteurs sur l’innovation : celle sur l’intensité du changement induit.

5) CATEGORIE 5 : LES DEFINITIONS SUIVANT L’INTENSITE DU CHANGEMENT INDUIT

Il semble également possible à la lecture des différents travaux, de caractériser l’éco

innovation suivant le degré de discontinuité opéré par l’adoption de la nouveauté. A l’image

des travaux de Schumpeter sur la creative destruction, certains affirment que le

développement durable est à même de redéfinir les conditions du jeu concurrentiel en

proposant des opportunités aux nouveaux entrants et des menaces potentielles pour les acteurs

du secteur déjà en place (Hart, 1995). Dans ce sens, certains proposent des définitions qui se

focalisent sur la dimension radicale de l’éco innovation, suggérant que l’innovation basée sur

une simple amélioration n’a pas lieu d’être en matière de développement durable (Hall &

Vrenderburg, 2003). En effet, d’après certains auteurs, les changements les plus radicaux

constituent un bon moyen de réaliser une croissance durable pour une firme qui désire réduire

ou annuler ses externalités négatives dans le domaine (Hall & Vrenderburg, 2003). C’est le

cas de Rennings (2000), pour qui les éco-innovations se définissent comme suit: « mesures of

relevant actors (firms, private households), wich : (i) develop new ideas, behavior, products

and processes, apply or introduce them, and; (ii) contribute to a reduction of environmental

burdens or to ecologically specified sustainability targets”. Si beaucoup partagent cette idée,

il semble pourtant qu’à l’heure actuelle l’adoption de technologies radicales est un sujet

particulièrement difficile à mettre en œuvre (Hall & Vrenderburg, 2003). Dans la réalité, les

firmes préfèrent encore des approches incrémentales car cela leur permet de maintenir la

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trajectoire technologique et profiter de leurs compétences de base (Faucheux & Nicolai,

2006).

Si ces catégorisations de l’éco-innovation semblent offrir de nombreuses potentialités

académiques d’autres travaux offrent également des focus intéressants qui diffèrent de

l’innovation classique. C’est le cas des travaux relativistes.

6) CATEGORIE 6 : LES DEFINITIONS ABORDANT UNE CONCEPTION RELATIVISTE DU

CONCEPT

Au sens commun, l’eco innovation est appréhendée comme quelque chose de particulièrement

nouveau du point du vue environnemental (au sens large). Pourtant certaines définitions

mettent en lumière des différences d’acception quant à la nouveauté et pointent du doigt la

nécessité de déterminer l’unité d’analyse à retenir pour caractériser cette dernière. En effet, il

s’avère que certains auteurs adoptent une conception relativiste de la nouveauté en matière de

développement durable. C’est, par exemple, le cas de Park (2005) ou de Clift (1995). Pour les

auteurs, il semble que l’éco innovation s’assimile à un arbitrage au sein duquel à usage et

compétitivité similaire, la firme fera le choix de la solution la moins polluante. Ainsi, l’éco

innovation concerne toute modification dans les procédés et produits qui réduit les impacts

sur l’environnement, en comparaison des produits ou des procédés auxquels ils ont été

substitués. Sur ce point l’éco innovation diffère sensiblement de l’innovation au sens

classique. Pourtant, cette dimension spécifique à l’éco innovation incite fortement le

chercheur à se poser une des questions essentielles qui fait débat sur l’innovation : la

définition du système de référence pertinent pour apprécier cette nouveauté (Machat, 2003).

En ce sens les deux concepts observent des similarités intéressantes.

En résumé, cette proposition de typologie rejoint celles développées classiquement par les

auteurs en gestion sur l’innovation traditionnelle. Par exemple, la catégorie 2 insiste sur la

dimension processuelle du phénomène. La troisième, quant à elle, se focalise sur l’aspect

résultat de l’éco- innovation et diffère sur ce point de la deuxième. Les deux se différencient

sur l’acceptation de la nature même de l’innovation (Loilier et Telier, 1999 ; Durieux, 1996).

Enfin, la catégorie 4 renvoie à la typologie classique et incontournable sur les composantes de

l’innovation à savoir technologique vs organisationnelle (Machat, 2001 ; Carrier & Garrand,

2006) tandis que la cinquième illustre le débat existant sur innovation radicale versus

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incrémentale. Ces catégories suggèrent donc la possibilité de mobiliser les outils classiques de

gestion consacrés habituellement à l’innovation à l’éco innovation. Il semble donc que les

catégorisations et typologies théoriques pour aborder le phénomène ne diffèrent pas d’un

concept à l’autre. Si ce premier rapprochement paraît, en effet, assez prometteur sur les

potentialités d’utiliser les outils théoriques et empiriques classiques pour étudier le

phénomène, il semble tout de même nécessaire de s’interroger plus en détail sur ses

spécificités en regard du concept classique. Un certain nombre d’entre elles sont à identifier et

à discuter de ce point de vue. En effet, qu’en est-il des autres dimensions du concept ?

II/ L’ECO-INNOVATION : SPECIFICITES DU CHAMP D’APPLICATION VIS-A-

VIS DE L’INNOVATION CLASSIQUE

Si les typologies classiques semblent offrir un angle d’attaque prometteur dans le champ de

l’éco innovation, il s’avère que plusieurs spécificités relatives au champ d’application du

développement durable peuvent être relevées et que d’autres dimensions du phénomène

méritent également d’être observées. Le champ d’application du développement durable

comporte, en effet, quelques spécificités dans la nature des externalités qui y sont liées, des

stakeholders en présence, des compétences et connaissances mises en œuvre ainsi que dans

les buts poursuivis. Comme nous le verrons, sur ces différents points, les caractéristiques de

l’innovation au service du développement durable et de l’innovation classique apparaissent

tantôt dissemblables et tantôt complémentaires.

1) LA NATURE ET LE NOMBRE DE STAKEHOLDERS EN PRESENCE : VERS UN

ELARGISSEMENT DE LA SPHERE DES RESPONSABILITES DE LA FIRME DANS SA STRATEGIE

INDUSTRIELLE

Les approches traditionnelles de l’innovation se focalisent généralement sur les parties

prenantes primaires : état, fournisseurs, clients, actionnaires. L’innovation est habituellement

considérée comme la réponse aux attentes client ou aux critères classiques de marché dans

une optique essentiellement économique. L’eco innovation a, quant à elle, pour particularité

de tenter d’allier l’amélioration de la performance environnementale à la performance

économique de la firme. Aussi, une des principales difficultés avec le concept réside dans le

fait de devoir lier des attentes de stakeholders primaires et secondaires (Hall & Vrenderburg,

2003). En effet, dans le cadre du développement durable, l’innovation est, certes, issue de

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stimuli traditionnels de marché mais également de contraintes additives issues des pressions

sociales et environnementales dans une optique intergénérationnelle (WCED, 1987). Le

nombre de contraintes et de pressions est donc beaucoup plus important que dans un contexte

classique. Les intérêts des divers groupes qui sont en interaction avec la firme doivent être pris

en compte dans la stratégie industrielle au même titre que les critères classiques. L'entreprise

est ici appréhendée comme une constellation d'intérêts coopératifs et compétitifs. Cette vision

pluraliste de l'organisation formalise l’idée qu’elle est composée et est en relation avec des

groupes différents dont les objectifs ne sont pas identiques et parfois contradictoires

(Freeman, 1984). En effet, ces derniers disposent de capacités d’influence différentes sur

l’entreprise (Michell et al, 1997). De plus, chaque partie prenante a une perception qui lui est

propre de l’innovation et de l’impact de la nouvelle technologie proposée sur la société et

l’environnement. C’est pour cette raison qu’une même innovation radicale peut être

considérée comme trop risquée par rapport à des innovations incrémentales qui sont basées

sur les principes scientifiques connus et maitrisés. En fait, d’après les auteurs, le problème

réside essentiellement dans le seuil d’acceptabilité de la nouveauté sous tendu par le principe

de précaution (Hall & Vrenderburg, 2003). L’internalisation des contraintes additionnelles

générées par la prise en compte des intérêts des diverses parties prenantes remet donc

radicalement en cause la vision classique de l’innovation sur ce point. Pour ces raisons, l’éco

innovation est considérée dans la littérature comme plus complexe et ambigüe de ce point de

vue (Hall & Vrenderburg, 2003). D’autant plus que cette spécificité a un impact indéniable

sur la nature des connaissances et des compétences mises en œuvre.

2) LA NATURE DES COMPETENCES ET DES CONNAISSANCES MISES EN ŒUVRE : ENTRE

COMPETENCES RELATIONNELLES ELARGIES ET SAVOIR FAIRE ECO TECHNOLOGIQUE

La nature incertaine de l’acceptabilité de l’éco innovation implique nécessairement pour la

firme qui l’adopte de porter une attention particulière aux actifs qui y sont liés. C’est pourquoi

certains auteurs proposent des définitions de l’éco-innovation en relation avec les

compétences et les connaissances de l’organisation. C’est le cas par exemple de Oltra & Saint

Jean (2001 2005) ou de Metcalfe (1995). Si l’innovation fait classiquement appel à un certain

nombre de ressources et compétences, l’éco innovation mobilise quant à elle à des ressources

et des compétences technologiques et communicationnelles additionnelles (Mathieu &

Soparnot, 2005). En effet, les meilleures pratiques dans le domaine sont fondées sur certaines

ressources et sur la capacité de la firme à les mettre en synergie. Elles nécessitent notamment

Page 14: Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au

13 

des compétences relationnelles et communicationnelles avec les parties prenantes en présence

(Reynaud, 2001 ; Persais, 2002 ; Mathieu & Soparnot, 2005). Cet effort communicationnel

diffère de celui de l’innovation classique dans le sens où les parties prenantes en présence sont

plus nombreuses et plus hétérogènes. L’entreprise doit notamment développer des ressources et

des compétences relationnelles spécifiques à l’usage de la gestion de la relation avec les

stakeholders en présence et avec qui elle n’a pas l’habitude de composer à ce niveau (Reynaud et

Rollet, 2001).  Une gestion efficiente de la relation et des contradictions qui peuvent en

découler permettra en outre à la firme de bénéficier d’un avantage significatif sur la courbe

d’expérience et favoriser l’acceptabilité de l’innovation par le marché. Des compétences

technologiques spécifiques se développent également sous l’effet d’une stratégie durable

(Persais, 2002). Celles-ci concernent l’efficience écologique des produits mais aussi les

impacts environnementaux des systèmes de production de la firme. D’une part, les

compétences technologiques favorisent l’innovation de produits éco-respectueux. D’autre

part, elles conduisent à développer des processus de production qui permettent de limiter les

risques écologiques de leur activité. D’ailleurs, tout un pan de la littérature sur l’eco

innovation qui s’attache à préciser les spécificités des éco technologies nécessaires à

l’adoption d’éco innovations y est à l’heure actuelle consacré.

L’originalité de l’éco innovation par rapport à l’innovation ne réside pas à ce niveau dans la

nature même des compétences et des ressources (relationnelles vs technologiques) à

développer mais plutôt dans la complexité de ces dernières en regard des savoir-faire

classiques. Les firmes doivent s’adapter à ces nouvelles contraintes additionnelles et élargir

leur champ de compétence de ce point de vue. L’apprentissage organisationnel sociétal est à

ce niveau le garant de l’adaptabilité de la firme aux contraintes additionnelles issues de la

dimension verte des produits et des attentes diverses dont elle fait l’objet (Gond, 2006).

L’eco innovation contient donc un caractère stratégique indéniable et mobilise des

compétences et savoir faire qui doivent intégrer et assimiler des contraintes additionnelles

plus hétérogènes, difficilement assimilables car parfois considérées hors champ de la R&D, et

de temps à autre contradictoires. On ne s’y engage donc pas sans raisons. C’est pourquoi, on

recense dans la littérature de nombreux facteurs à l’origine d’une telle adoption. L’essentiel

des travaux actuels sur l’éco-innovation y sont d’ailleurs consacrés. Il semble donc intéressant

d’identifier les déterminants des eco-innovations et de les différencier de ceux qui

Page 15: Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au

14 

appartiennent au contexte classique (Kemp, 1992). Mais avant d’aborder la nature des

déterminants, il y a lieu de faire un détour sur la notion d’externalité.

3) LA NATURE DES EXTERNALITES GENEREES PAR L’ECO INNOVATION : VERS UNE

RECONSIDERATION DE LA NOTION D’EXTERNALITE POSITIVE

Classiquement, la notion d’externalité positive appliquée à l’innovation est limitée

essentiellement aux retombées économiques de la mise sur le marché de produits nouveaux

ou de la productivité des processus améliorés. En effet, classiquement l’innovation vise

essentiellement la diminution des coûts de production ou l’augmentation de la productivité.

Avec la montée des préoccupation sociétales et environnementales le préfixe éco adossé au

concept d’innovation traduit, une nouvelle réalité pour les organisations, certes radicalement

différente mais tout à fait complémentaire : celle de la nécessité de trouver les solutions

permettant de générer des économies de consommation de ressources naturelles non

renouvelables et d’une diminution des impacts environnementaux des activités industrielles

tout en maintenant la création de valeur. Certains auteurs tels que Jones & al. (2001) ainsi que

James (1997) conçoivent le phénomène de ce point de vue. Pour ces derniers, il s’inscrit dans

le développement durable sans omettre pour autant les critères classiques de gestion. En ce

sens, ils suggèrent que l’éco innovation peut tout comme l’innovation classique à ce titre

permettre à la firme de développer un avantage concurrentiel notoire (Porter & Van der Linde,

1995) en ouvrant de nouveaux marchés ou en proposant de nouvelles versions de produits

déjà existants. La différence c’est qu’ils doivent avoir des attributs environnementaux en

accord avec les nouvelles attentes des consommateurs (ex : la gamme de produits verts chez

Philips). Les innovations environnementales constituent de ce point de vue de réelles

opportunités pour la firme. Elles lui permettent notamment de limiter voire annuler l’impact

environnemental négatif de leur activités tout en augmentant très significativement la qualité

des produits là où les innovations normales n’espèrent pas ce type de retombées positives. Le

bénéfice est donc non pas simplement d’ordre économique comme c’est souvent le cas dans le

contexte de l’innovation classique mais également d’ordre sociétal. On parle alors de la

fameuse notion de double externalité chère à Porter & Van der Linde (1995). La firme

bénéficie alors d’externalités positives qui caractérisent les innovations classiques auxquelles

s’ajoutent les bénéfices liés à la réduction de l’impact des externalités négatives

environnementales. Cette ouverture sur de nouvelles potentialités appelle à un autre type de

questionnement : compte-tenu de cette potentielle double externalité dont pourrait bénéficier

Page 16: Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au

15 

la firme qui s’engage dans un processus éco-innovant, la nature des buts poursuivis à

l’adoption d’une éco innovation est-elle identique à celle d’une innovation classique ?

4) LA NATURE DES SOURCES DE L’ECO INNOVATION: ENTRE COMPETITIVITE ET

ECOLOGIE

Classiquement, l’innovation a fait l’objet de typologies concernant ses sources. Ainsi,

Bierfelder (1986) propose de synthétiser l’évolution de la conception de la notion

d’innovation suivant les objectifs poursuivis. Les buts poursuivis qui sont retenus sont

essentiellement des buts économiques permettant d’allouer une position concurrentielle

favorable à l’entreprise qui la met en œuvre. Mais quand est-il exactement concernant l’éco

innovation ?  

Malgré la jeunesse du champ d’application et le peu de travaux sur le sujet (Bernauer & al.,

2006), quelques recherches permettent d’ores et déjà d’identifier une série de facteurs

sociétaux influençant l’adoption de ce type d’innovation (Hart, 2005 ; Laforest, 2006). En

effet, à première vue, ce sont les motivations d’ordre sociétal qui peuvent expliquer la mise en

place de ce type de projet (Hall & Vrenderburg, 2001). Ces dernière peuvent être regroupées

dans les deux catégories ci-après :

a) Diminuer les nuisances et/ou améliorer les conditions de travail

Lorsqu’on pense éco innovation, on pense en premier lieu que la firme poursuit des

motivations sociales ou environnementales. En effet, pour de nombreux auteurs, pour assurer

leurs engagements à moyens et longs termes les firmes qui en ont les moyens et la volonté

recourent massivement à l’investissement dans l’innovation (Hall & Vrenderburg, 2003).

L’adoption d’une éco-innovation peut être l’expression de la sensibilité environnementale de

la firme (ex : Les vestes fabriquées avec les bouteilles en plastique par Patagonia). On rejoint

alors les déterminants classiques du comportement de protection de l’environnement

(Reynaud, 1997). D’après Hall & Vrenderburg (2003), il existe plusieurs facteurs liés à

l’adoption d’une innovation en matière de DD parmi lesquels on compte la prise en compte

des attentes des stakeholders au-delà des clients et des actionnaires. En d’autres termes, la

motivation est l’intégration effective des attentes environnementales et sociales dans la

stratégie d’innovation. Deux cas de figure sont alors envisageables : premièrement,

l’innovation répond à un principe de développement durable (principe de précaution,

Page 17: Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au

16 

prévention des risques, prise en compte des stakeholders secondaires, …). Ici la firme répond

à ses responsabilité éthiques à discrétionnaires. A ce sujet, Ramus (2001) propose une étude

sur le rôle des employés dans l’adoption d’éco-innovation. Deuxièmement, la firme intègre et

prend en compte des contraintes additionnelles de nature environnementale et sociétale dans

sa stratégie d’innovation tout en maintenant les motivations classiques de l’innovation. A ce

niveau, l’eco-innovation diffère sensiblement de l’innovation classique.

b) Augmenter la légitimité en contribuant au principe de précaution

L’adoption d’une eco innovation peut également être motivée par l’implémentation du

principe de précaution. Ce dernier est aujourd’hui largement retenu comme principe de base

de la durabilité. Selon le rapport de la commission Coppens (2003), « l’obligation de

précaution s’applique quand deux conditions cumulatives sont réunies : un risque de

dommage grave et difficilement réversible à l’environnement et l’absence de certitudes en

l’état des connaissances scientifiques ». D’après ces travaux, l’incertitude serait liée à

l’insuffisance de connaissance et un degré de prédictibilité limité des conséquences liée ou

non au caractère aléatoire du phénomène. Pour de nombreux auteurs (Delchet, 2003), loin

d’être un frein à l’innovation, l’application du principe de précaution favorise les alternatives

novatrices pour répondre à cet impératif. En effet, pour ces derniers, l’éco innovation

constituerait un champ d’application du principe de précaution dans la sphère managériale car

l’objectif ici est de réduire l’incertitude liée aux conséquences de l’activité et des risques

encourus pour l’environnement au sens large. Cela favoriserait la créativité et la recherche

d’alternatives concrètes. Sur ce point, l’innovation classique ne vise pas à répondre à ce type

de problématique particulière.

Si ces premiers travaux montrent que les motivations sociétales liées à l’adoption de l’éco

innovation sont spécifiques à ce champ d’application, il semble que d’autres travaillent

parallèlement sur le rôle des potentialités de l’engagement de la firme dans l’innovation en

matière de développement durable1 en regard des critères classiques de gestion (Hart, 1995 &

2005; Porter & Van der Linde, 1995 ; Hall & Vrenderburg, 2003). A ce niveau la plupart des

travaux recensés dans cette optique se focalisent sur le rôle des incitations réglementaires

environnementales dans l’adoption d’une eco innovation (Rennings, 2000). Certains se sont à

                                                            1 tant en interne (compétences, productivité, réduction de coûts,) qu’en externe (position concurrentielle, création de barrières à l’entrée, avantage concurrentiel, différenciation)

Page 18: Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au

17 

ce titre concentrés sur le rôle des eco innovations dans le développement durable du point de

vue managérial et la position concurrentielle de la firme (Shrivastava, 1995; Hart, 1995;

Fukusaku, 2000). En effet, pour certains, l’adoption d’une éco innovation peut être tout à fait

motivée par des facteurs classiques d’innovation issus des contraintes de marché en termes de

productivité et de compétitivité et en ce sens ne diffère pas de l’innovation classique (Porter

& Van der Linde, 1995 ; Oltra & Saint Jean, 2005). Trois types de motivations peuvent être

recensées :

a) Répondre ou anticiper une pression environnementale institutionnelle

Par rapport à l’innovation traditionnelle, un premier groupe de motivation peut être souligné :

les pressions environnementales institutionnelles. Ces dernières années, la réglementation

environnementale a fait l’objet de nombreux développements dans le champ des sciences

économiques et notamment dans les approches néoclassiques. Elle y est majoritairement

représentée comme le moyen de pousser les firmes à internaliser des coûts externes liés à

leurs activités (Bernauer & al, 2006). De récentes études se focalisent sur le rôle de la

régulation environnementale sur l’adoption d’éco-innovation de produit et de procédés. Ces

dernières permettent de dégager le rôle des nouveaux facteurs institutionnels sur l’adoption de

l’une ou de l’autre de ces éco-innovations. Pour les auteurs, il semble que la réglementation

environnementale joue un rôle significatif dans le développement de procédés verts tandis

qu’elle joue un rôle plus mitigé dans le cas de l’eco-innovation de produit (Cleff & Rennings,

1999 ; Bernauer & al, 2006). Si jusqu'ici les résultats empiriques sont demeurés peu

concluants, il semble que deux tendances se dégagent.

Un premier groupe de travaux postule que la réglementation institutionnelle peut pousser les

firmes à adopter des eco-innovations dans le but de se mettre en conformité réglementaire. En

effet, l’adoption d’une règlementation ou d’une norme du point de vue étatique peut forcer les

entreprises à adapter leurs produits ou procédés de production pour satisfaire aux contraintes

réglementaires. Dans ce cas précis, il semble clair que la firme satisfait, du point de vue du

développement durable, à ses responsabilités juridiques au sens de Friedman (1970) sur

l’échelle des responsabilités de Caroll (1979).

Une autre possibilité peut être retenue par la firme. En effet, d’après certaines recherches sur

le sujet, il semble que l’adoption au niveau étatique d’une réglementation environnementale

Page 19: Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au

18 

peut favoriser les éco innovations de produit du fait des stimuli de marché qui

l’accompagnent. Cela rejoint l’approche la plus communément admise à l’heure actuelle dans

le domaine. Cette dernière conçoit la régulation institutionnelle en matière de protection de

l’environnement comme une opportunité concurrentielle. Elle s’appuie largement sur les

travaux de Porter et Van der Linde (1995) sur la notion de double externalité positive

précédemment citée. Cette dernière traduit l’idée qu’une réglementation dans le domaine

environnemental est potentiellement source d’une double externalité et pousse les firmes à

innover dans le sens du développement durable car elles réalisent des investissements et

créent des nouvelles opportunités qu’elles n’auraient pas envisagées s’il n’y avait eu de

pressions réglementaires dans ce sens (Bernauer & al, 2006 ; Porter et van der Linde, 1995).

Dans ce cas précis, la firme s’adaptera à la réglementation dans le but de profiter d’une

augmentation potentielle de son chiffres d'affaires et des bénéfices induits par la mise en

conformité à la réglementation.

b) Les facteurs classiques de marché : répondre à une pression concurrentielle

ou une attente client

Si la grande majorité des recherches se sont focalisées sur le rôle de la réglementation dans

l’adoption d’éco innovation d’autres facteurs semblent également déterminants (Kemp, 1999).

C’est le cas des facteurs classiques de marché.

Classiquement, l’innovation constitue l’un des moteurs clefs de la compétitivité de la firme

moderne (Aît-El-Hadj, 1997). En effet, depuis la crise des 70’s, l’innovation s’affiche comme

l’une des conditions essentielles de la compétitivité et de la survie des organisations.

Aussi, certains travaux se focalisent aujourd’hui sur le rôle prépondérant des éco innovations

dans la compétitivité actuelle et future des entreprises. Comme le notent Faucheux & al

(2006), « des signes de plus en plus nombreux attestent de la contribution du développement

durable à la compétitivité internationale. Le changement technologique et organisationnel en

matière de développement durable occupe une place d’importance dans la dynamique

compétitive ». Pour certains, l’innovation permet de répondre aux attentes en améliorant la

performance environnementale des produits et des procédés (Abrassart & Aggeri, 2007). En

effet, « elle a le potentiel de contribuer à la croissance tout en améliorant la qualité de

l’environnement et en protégeant les ressources naturelles » (Faucheux & al., 2006). De plus,

Page 20: Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au

19 

face à l’augmentation des pressions sociétales, de nombreuses organisations cherchent

aujourd’hui à redéfinir leur business model grâce à elle (Sharma & Vrenderburg, 1998;

Vredenburg & Westley, 2002)2. Aussi, certaines études empiriques dans le champ des

sciences de gestion ont tenté d’identifier les déterminants de l’éco innovation au niveau des

firmes et des industries en mettant en relief le rôle prépondérant de la compétitivité et de ses

leviers comme motivation. C’est le cas de Ziegler & Rennings (2004). Ces travaux s’appuient

principalement sur l’existence de nombreux exemples managériaux suggérant un lien positif

entre la mise sur le marché de produits verts et l’amélioration de la performance économique

de la firme et de sa compétitivité. A ce titre, certains auteurs ont cherché à analyser les

facteurs clefs du succès des éco-leader à l’aune de la RBV. Pour ces auteurs, l’objectif est

d’établir le lien potentiellement positif entre l’adoption d’éco innovations et l’avantage

compétitif de la firme en s’interrogeant sur les facteurs clefs de succès des exemples réussis

en la matière. Pour ce faire les auteurs se sont intéressés à l’ensemble des ressources et

compétences tangibles et intangibles mobilisées ou construites lorsque la firme se lance dans

une stratégie d’éco innovation.

Certains travaux se sont également intéressés au rôle de l’attente client. Les travaux dans le

domaine se sont essentiellement développés dans les recherches sur le marketing vert et

l’influence des divers facteurs du marché. Classiquement les auteurs considèrent que la firme

qui adopte une éco-conception dans le but de répondre à une attente client se situe dans la

logique « ethics pays » (Bernauer & al, 2006). Pour les auteurs, la firme répond à une attente

classique de marché en produits verts. L’adoption de l’éco-innovation de produit est alors

motivée par une recherche de différenciation par rapport à la concurrence ou le

maintien/augmentation des parts de marché. D’après l’auteur, que l’achat d’un produit vert

soit effectif ou non, cette nouvelle attente client qui ne cesse de croître depuis ces dernières

années, motive certaines firmes à innover dans le sens du développement durable du fait de

ses avantages économiques. En effet elle permet de faire émerger de nouveaux gains

économiques par l’ouverture de nouveaux marchés, la différenciation des produits et le gain

de parts de marché . La motivation à l’adoption d’une éco-innovation est, dans ce cas précis,

le fait d’une motivation purement économique et satisfait aux critères classiques de la mission

de la firme (maximisation de l’utilité des actionnaires par réponse aux attentes clients).

                                                            2 D’après ces auteurs ce changement est très souvent visible dans les rapports de DD ou les pages Web des entreprises concernées.

Page 21: Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au

20 

c) L’efficience comme moteur d’adoption : Diminuer les coûts et augmenter la

qualité des produits

La réduction des coûts ou l’augmentation de la qualité des produits peut également être un

levier efficace à l’eco-innovation (Rennings & Zwick, 2002). En effet, comme le notent

Rennings & Zwick (2001), “environmental innovations may be developed with or without the

explicit aim of reducing environmental harm. They also may be motivated by the usual

business goals such as reducing costs or enhancing product quality” (Rennings & Zwick,

2001).

Il semble donc que les éco innovations peuvent être développées avec des objectifs classiques

issues de contraintes de marché ou réglementaires (Rennings & Zwick, 2002 & 2002; Ramus,

2001 ; Rennings, 2000; Hall & Vrenderburg, 2001). Comment alors différencier les deux

concepts ? Ces différentes motivations oscillent entre des approches classiques et utilitaristes

du phénomène et une motivation sociétale plus déontologique. D’un côté, on pressent une

préférence systématique de la firme pour les critères économiques, le critère éthique

n’intervenant qu’à la marge (De Brito & al, 2005). Dans ce cas, l’éco innovation ressemble

en tout point à l’innovation classique. Ici, l’éco innovation vient renforcer les stratégies

économiques classiques et s’étudiera à l’aide des travaux sur les sources classiques

d’innovation. De l’autre, on s’imagine une préférence quasi-systématique de l’agent d’un

critère de valeur morale, l’agent ne méconnait pas la dimension économique mais la fait

intervenir au second plan (De Brito & al, 2005). Cela constitue une nouveauté du point de

vue de l’analyse classique des déterminants de l’innovation et nécessite de se référer aux

travaux spécifiques dans le champ de l’éco innovation. De fait, à ce niveau il semble que l’éco

innovation observe à la fois de fortes similitudes et différences par rapport au concept

classique. Les travaux les plus récents optent d’ailleurs pour une approche

multidimensionnelle du phénomène. Ils se basent majoritairement sur l’idée que les critères

classiques de compétitivité, les caractéristiques intrinsèques de la firme et l’environnement

institutionnel ont, ensemble, un impact sur l’adoption d’éco innovations (Kemp, Smith & al,

2000 ; Rennings, 2000).

Le tableau suivant permet d’illustrer les points de convergence, les différences et les

spécificités du concept d’éco innovation par rapport à l’innovation classique :

Page 22: Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au

21 

Similarités des concepts Différences des concepts

Aspect processus vs contenu Stakeholders en présence

Innovation technologique vs organisationnelle Nature de l’externalité positive

Intensité radicale vs incrémentale Actifs à mobiliser (éco technologique et relationnel

élargi)

Système de référence pour apprécier la nouveauté Nature de l’apprentissage mis en œuvre (sociétal)

Motivations économiques et réglementaires Motivations sociétales

Tableau 1 : similarités et différences entre les concepts

De la même façon, le tableau ci-dessous précise pour chaque thématique identifiée les

spécificités de l’éco innovation :

Thématique Caractéristiques de

l’innovation

Spécificités de l’éco innovation

Parties prenantes Shareholers Shareholders et Stakeholders

Externalité positive Externalité positive d’ordre

économique et productivité

Double externalité positive au sens de

Porter

Apprentissage mis en œuvre Apprentissage classique Apprentissage sociétal en plus de

l‘apprentissage classique

Système de référence pour

apprécier la nouveauté

Maximal (le marché),

intermédiaire (groupe

d’entreprises), minimal (la firme)

Conception relativiste des produits et

procédés à usage égal

Motivations Motivations économiques et

réglementaires

Motivations sociétales en plus des

buts classiques

Tableau 2 : spécificités de l’éco innovation

CONCLUSION

A la lumière de ce panorama, il semble que les premiers contours de l’eco innovation se

dessinent peu à peu. L’étude proposée ici laisse, effectivement, apparaître de nombreuses

similitudes avec le concept classique. Pourtant, les spécificités du champ d’application,

laissent peser, dans le même temps, de sérieux doutes sur la pertinence de l’utilisation des

outils classiques pour qualifier et mesurer l’éco-innovation. Elle est par nature plus complexe

qu’une innovation classique car elle intègre un plus large panel de critères issus des attentes

des stakeholders qu’elle souhaite prendre en compte (Hall & Vrenderburg, 2003). Elle est

également plus ambiguë car des demandes contradictoires peuvent survenir et impacter le

Page 23: Titre : L’éco innovation ou la contribution de la firme au

22 

processus d’innovation (Hall & Vrenderburg, 2003). Elle est aussi soumise à un plus large

panel d’évaluateurs car elle doit correspondre aux attentes d’un nombre plus élargi de

stakeholders que dans un contexte d’innovation classique (Hall & Vrenderburg, 2003). Elle

est par ailleurs soumise à un éventail plus large de motivations à son adoption. De plus, si on

admet une certaine incertitude qui l’entoure, l’eco innovation est souvent difficile et risquée

car, en interne, elle est à même de redéfinir les trajectoires technologiques alors qu’en externe

ce sont les forces concurrentielles et les attentes de marché qui risquent d’être sensiblement

modifiées (Porter & Van der Linde, 1995; Hall & Vrenderburg, 2003). Pourtant, il semble

qu’elle puisse, à l’instar de certains auteurs (Faucheux & al, 2006), tout de même, être

appréhendée suivant certaines typologies classiques de l’innovation. Pourtant, un certain

nombre de questions restent à élucider. En effet, de nombreuses zones d’ambigüités existent

autour du concept. Peut-on affirmer, par exemple, que les approches processuelles de l’éco-

innovation s’inscrivent pour autant dans le courant dit du Process Theory Model ? Peut-on,

doit-on et si oui comment définir la frontière entre l’éco-innovation et changement? De la

même façon, la nature de la technologie développée peut-elle être appréhendée à travers les

travaux qui visent habituellement à cerner les caractéristiques de l’innovation technologique?

Si c’est le cas, qu’est-ce que l’éco-innovation technologique et qu’en est-il de l’éco

innovation organisationnelle? Quelle théorie de l’innovation est à utiliser pour appréhender au

mieux l’éco innovation ? La jeunesse et la complexité de ce champ d’application offre, en

effet, au chercheur qui s’y intéresse de nombreuses occasions d’investiguer dans des voies

prometteuses et un large choix de problématiques à explorer.

BIBLIOGRAPHIE

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