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89 JUILLETAOÛT 2015
N°
Tiré à part extrait du
TAP COUV2 M4_Mise en page 1 19/06/2015 14:20 Page1
TAP COUV2 M4_Mise en page 1 19/06/2015 14:20 Page2
3IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
INTRODUCTION
Hervé WatierOser le biomédicamenten région Centre-Val de Loire
Oser ! Oui, en matière de bio-médicaments, il faut oser tenter l’aventure d’un rappro-chement entre le monde aca-démique et le monde
industriel. Dans son rapport de 2009 auConseil économique, social et environnemen-tal, Yves Legrain insistait d’ailleurs sur ce point :«Le biomédicament interroge les processus derecherche et les articulations entre différentsacteurs […]. La mise au point des nouveauxmédicaments dépend désormais de la coopé-ration entre les composantes d’un triangle ver-tueux : recherche fondamentale / valorisationet maturation/industrie pharmaceutique. Ilfaut donc développer le processus de mise enréseau et de partenariats. »Reste à le mettre en pratique, ce à quoi s’estattelé Polepharma dans le cadre du pro-
gramme Ambition Recherche & Dévelop-pement 2020 « Biomédicaments » de larégion Centre-Val de Loire. Vaincre les réti-cences, fortes des deux côtés, amener lesuns et les autres à dialoguer, et à identifierles centres d’intérêt communs… Les instruments sont là ; restent la volontéet la motivation. Il faut que les chercheurssoient convaincus que leurs innovations doi-vent être fréquemment confrontées à la réa-lité industrielle, afin de ne pas passer à côtéd’applications nouvelles, ou de perdre sontemps dans des impasses. Il faut aussi que les industriels se convain-quent que l’optimisation de leur outil, à tousles niveaux, peut passer par la case acadé-mique, et qu’il y a des chercheurs qui n’at-tendent que d’être sollicités. Osons !■
Denis RequierDévelopper les partenariats public-privé
L'industrie pharmaceutique vitune révolution avec le dévelop-pement considérable desmédicaments biologiques oubiomédicaments. Aujourd'hui
sept des dix médicaments les plus vendusdans le monde sont des biomédicaments.Les biosimilaires sont devenus une réalité et,par exemple, quatre biosimilaires du Neu-pogen de Roche détiennent 60 % du marchéfrançais. Le monde des start-up pharmaceu-tiques françaises travaillant sur des biomé-dicaments est en pleine effervescence ; citonsInnate pharma , Adocia ou Genfit, par exem-ple, mais aucune en région Centre-Val de Loire. Dans ce contexte, le conseil régional a signé,en février 2014, la convention du programmeARD 2020 pour dynamiser la recherche dans
les biomédicaments, recherche déjà impor-tante avec les travaux menés par le LabExMAbImprove, coordonné par le professeurHervé Watier.Dans le domaine industriel, le constat estinquiétant : la plupart des PME et ETI phar-maceutiques de la région travaillent sur desprincipes actifs pharmaceutiques d'originechimique et non biologique.L'objectif final étant de pallier à cette fai-blesse des industriels pharmaceutiques dela région Centre-Val de Loire dans les biomé-dicaments, le conseil régional a mandatéPolepharma pour contribuer au développe-ment de partenariats public-privé et de pro-jets industriels dans ce domaine.Les 3es assises industrielles du LabEx MAbImprove en sont le témoignage. ■
PR. HERVÉ WATIER, UNIVERSITÉ FRANÇOIS-RABELAIS ET CHRU DE TOURS, COORDINATEURDU LABEX MABIMPROVE ET DE L’ARD 2020BIOMÉDICAMENTS.
DENIS REQUIER, VICE-PRÉSIDENT INNOVATIONDE POLEPHARMA.
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© Polepharma
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05 IP 89 Tap OUV DOS BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:53 Page4
5IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 Tiré à part
DOSSIER
POLEPHARMALes biomédicamentsà l’honneurPour porter les ambitions de la région Centre-Val deLoire dans le domaine des biomédicaments,Polepharma se mobilise. À cette occasion, IndustriePharma a confié les commandes de son dossier aucluster pharmaceutique. Recherche, formation,production, Polepharma a choisi d’aborder tous lesfacteurs clés de succès de la région. À signalerégalement : la présentation d’un événementmarquant qui a lieu à Tours, le 2 juillet, les 3es Assisesindustrielles annuelles du Laboratoire d’ExcellenceMabImprove.
06 DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUECentre-Val de Loire veut prendre le viragedu biomédicament
10 STRATÉGIELes biomédicaments ont trouvéleur dynamique
12 ASSISES INDUSTRIELLES MABDELIVERYQuel avenir pour l’administrationdes anticorps monoclonaux ?
14 COLLABORATIONSIndustriels et académiques conjuguent leurs compétences
18 CLUSTERPolepharma s’est imposé comme un acteur légitime de la filière
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6 IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
Centre-Val de Loireveut prendre le viragedu biomédicament
Quand on aborde le sujet de laproduction pharmaceutiquesur le territoire français, l’évo-cation de la région Centre-Valde Loire (nouveau nom de la
région Centre) devient très vite incontourna-ble. Composée de 6 départements : le Cher,l'Eure-et-Loir, l'Indre, l'Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher et le Loiret, elle abrite à elle seule 40 % de la production française de médica-ments. C’est une région à forte culture indus-trielle. Outre le secteur du médicament, on yfait de la cosmétique, du caoutchouc industriel,de la plasturgie, de la logistique… « Dans tousces secteurs, la région occupe une place de N°1
à N° 3 sur le plan national », assure Thierry Bluet,directeur adjoint de Centréco, agence de déve-loppement et de promotion économiques dela région Centre-Val de Loire (voir encadré).Résultat : en 2014, le Centre-Val de Loire a étéla région française qui a le plus bénéficié d’in-vestissements industriels étrangers. Ainsi,alors que le pays affiche une balance commer-ciale déficitaire de 60 Mrds €, la région possèdeune balance excédentaire comprise entre 700 M€ et 1 Mrd € selon les années (la phar-macie contribuant pour 2 Mrds €). D’ailleurs,l’emploi se porte relativement bien. « On parlebeaucoup de pertes d’emplois industriels enFrance et en Europe, mais il reste des industrielsqui investissent et qui recrutent », estime-t-il.En tout cas, en région Centre-Val de Loire l’in-dustrie pharmaceutique a su maintenir glo-balement son effectif autour de 9 300personnes malgré des fermetures ou cessionsd’activités. Ces dernières années, certainsgrands laboratoires pharmaceutiques ont eutendance à céder des sites à des façonniers, àl’instar de Pfizer qui s’est désengagé de son sited’Amboise auprès de Fareva. Mais finalement,les sites ont perduré et certains se sont même
DOSSIER Polepharma
CENTRÉCO EN BREF
Mieux comprendre et accompa-
gner le développement d’entre-
prises de différents secteurs, tel
est l’un des objectifs de
Centréco, agence de développe-
ment et de promotion écono-
miques, créée en 1994 par le
Conseil régional de la région
Centre-Val de Loire. Centréco a
trois missions principales : la
promotion de la région, l’infor-
mation économique et l’aide au
développement à l’export. Pour
mieux « vendre » la région
Centre-Val de Loire au regard
d’investisseurs français et
étrangers, Centréco travaille en
collaboration avec de nombreux
partenaires : les services de
l’État, Business France (né de la
fusion de l’Afii et d’UbiFrance),
les réseaux consulaires,
les agences de développement
économique départementales
et les agglomérations de la
région.
« Un volet fort de notre activité
porte sur l’information écono-
mique. Nous devons être les
mieux informés possible sur les
tendances qui peuvent avoir
des influences sur la région
Centre-Val de Loire. Nous fai-
sons un travail de veille, de réa-
lisation de tableaux de bord, de
rédaction de notes de conjonc-
tures et de bilans sectoriels.
Tous ces documents sont
diffusés gratuitement aux
entreprises et acteurs institu-
tionnels concernés et servent à
nourrir leurs réflexions », ajoute
Thierry Bluet, directeur adjoint.
Pour ce qui est de l’aide au
développement, Centréco
oriente et accompagne tout
porteur de projet à travers du
conseil et des prestations sur
mesure en étroite collaboration
avec ses partenaires territo-
riaux. Et grâce à son service
Centrexport qui propose un
programme d’actions collec-
tives à l’international, l’agence
soutient le développement
Export des entreprises de la
région. Plus de 50 % du budget
de l’agence sont d’ailleurs
consacrés à cette aide à l’export
à travers principalement
l’organisation de pavillons
régionaux dans de grands
salons internationaux. Dans la
filière pharmaceutique au sens
large (incluant ses sous-trai-
tants), Centréco-Centrexport
propose d’accompagner les
entreprises sur des salons tels
que le Midest ou ICSE/CPhI qui
intéresse tout particulièrement
le cluster Polepharma et ses
adhérents.
THIERRY BLUET, DIRECTEUR ADJOINTDE CENTRÉCO.
Créé par le Conseil régional, Centréco soutient delongue date les industriels de la pharmacie en Centre-Val de Loire dans le développement et la promotion deleurs activités. Mais pour garder son poids dans la production nationale de médicaments, la région veut désormais renforcer son expertise dans le domainedes biomédicaments.
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entr
éco
06-09 IP 89 tap Dos Centreco BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:55 Page6
développés. Cette logique de désengagementne prévaut pas chez tous les industriels étran-gers. La société danoise Novo Nordisk conti-nue d’investir sur Chartres, alors que le site estparfois mis en concurrence avec d’autres ins-tallations en Europe. On pourrait égalementciter le cas de l’Italien Chiesi qui a récemmentinauguré un nouveau bâtiment de productionsur son site de Blois, alors que la société pos-sède trois autres sites : deux en Italie et un auBrésil.Pour ces industriels, le choix du site France (etdu Centre-Val de Loire) est loin d’être le fruitdu hasard. Depuis de nombreuses années, larégion joue de tout son poids pour aider lesindustriels à s’installer, investir et se dévelop-per grâce à des outils et des organisations misen place à leur l’attention. Depuis 1981, larégion dispose, par exemple, du Grepic, Grou-pement régional des établissements pharma-ceutiques industriels du Centre qui joue unrôle d’animateur et de fédérateur des établis-sements pharmaceutiques en région. Chaqueannée, le Grepic organise les Printemps de laproduction pharmaceutique (PPP). Ce congrèsest organisé en partenariat avec le centre deformation IMT (Institut des métiers et tech-nologies), un autre acteur incontournable dela pharmacie en région Centre-Val de Loire, spé-cialisé dans la formation.
Polepharma, le cluster pharmaceutique régional
Puis en 1994, le Conseil régional a mis en placeCentréco. Citons enfin Polepharma. Créé en2002 en Centre-Val de Loire, ce cluster phar-maceutique a désormais étendu son influencesur trois régions limitrophes - Haute et BasseNormandie, Île-de-France – avec un objectifde stimuler le développement économiqueet industriel des acteurs de la filière pharma-ceutique dans ces zones qui représentent 53 %de la production de médicaments en France. Pour communiquer sur les atouts de la régionet attirer des investissements, il faut cepen-dant avoir une vision globale de la filière phar-
maceutique en région. C’est ainsi que Cen-tréco a entrepris dès 2008 de réaliser une pre-mière étude sur le sujet. Elle a été réactualiséeet largement étoffée dans une nouvelle ver-sion parue en 2014, avec l’aide de la DireccteCentre et de l’Insee Centre, pour offrir un éclai-rage complet sur cette industrie en pleinemutation.Parmi les chiffres clés issus de cette étude, onretiendra que la région possède 58 établisse-ments pharmaceutiques à travers 12 centresde R&D et 46 sites de production. 11 d’entreeux sont des sites de production de principesactifs pharmaceutiques. Le plus grand acteurrégional reste sans conteste Servier. Le labo-ratoire pharmaceutique dispose à Gidy, dansle Loiret, de l’un des plus importants sites deproduction de médicaments de France (800salariés). Depuis 1996, le site accueille l’Unitéd’appui clinique Servier, la plus grande unitédédiée à la production de médicaments pour
essais cliniques d'Europe. Au total, le labora-toire emploie plus de 1 200 salariés dans leLoiret. Le deuxième laboratoire en termes d’ef-fectifs est le façonnier Famar, filiale du groupegrec Marinopoulos, qui possède un site àSaint-Rémy-sur-Avre (28) et un site à Orléans(45). Le site eurélien, racheté au laboratoireAbbott en 2007, est spécialisé dans la lyophi-lisation. 200 personnes y sont employées.Mais le plus grand site du façonnier est celuid’Orléans, où le laboratoire a regroupé sur lesite de l’ex-usine McNeil Manufacturing ses2 sites orléanais. Le nouveau site compte plusde 700 salariés. D’ailleurs, l’étude a mis enlumière le fait que la région possède une acti-vité importante dans le faconnage qui s’estrenforcée au cours des 10 dernières années.13 groupes sont maintenant spécialisés à100 % dans le domaine, Famar bien sûr, maisaussi Delpharm, Chemineau, Fareva ou Syner-lab. « Le tissu industriel pharmaceutique est
7IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
LE SITE DE GIDY DE SERVIER ESTL’UN DES PLUS IMPORTANTS SITESDE PRODUCTION DE MÉDICAMENTSDE FRANCE.
LES LABORATOIRES SERVIER INDUSTRIE
NOVO NORDISK PRODUCTION SAS
FAMAR ORLEANS
TECHNOLOGIE SERVIER
BEAUFOUR IPSEN INDUSTRIE
FAREVA
PROGIPHARM (PIERRE FABRE)
SANOFI WINTHROP INDUSTRIE
SANOFI WINTHROP INDUSTRIEMERCK SANTE
LABORATOIRES LEO PHARMA
SOPHARTEX SYNERLAB
ETHYPHARM
CHEMINEAU
EXPANSCIENCE LABORATOIRES
Bourges
Chartres
Châteauroux
Tours
Blois
Orléans
Effectifs salariés
840
400
200
100
50
Secteurs d'activité
Fabrication de médicaments
Biotechnologies
Produits pharmaceutiques de base
Formation professionnelle
Recherche académique
Car
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La filière pharmaceutique en région Centre-Val de Loire
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06-09 IP 89 tap Dos Centreco BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:55 Page7
Industrie Pharma : Que représente la régionCentre-Val de Loire pourle groupe Servier ?
Patrice Martin : La région est le berceauhistorique de notre groupe. Servier y adémarré ses activités en 1954 avec lareprise d’un laboratoire de 9 personnesau centre d’Orléans par le DocteurServier. Aujourd’hui, nous sommes ungroupe de plus de 20 000 personnes dansle monde. La région Centre-Val de Loireabrite un centre de recherches engalénique et en pharmacocinétique quiest installé dans le centre d’Orléans. Nousavons deux sites de production dans leLoiret, Fleury-les-Aubrais, qui estspécialisé dans les formes liquides, etGidy, spécialisé dans les formes solides,qui abrite également un centre derecherches en toxicologie. Nousemployons environ 1 200 personnes enCDI dans la région. Mais au-delà de cechiffre, nous faisons travailler denombreux sous-traitants, deséquipementiers, et formons desstagiaires et des apprentis… Au total, onestime qu’un emploi dans la productionpharmaceutique génère 4 emplois pour larégion Centre-Val de Loire.
Que vous apporte cette région ?P.M. : Au-delà de l’aspect historique,nous restons implantés dans la régionCentre-Val de Loire parce que leshommes et les femmes sont attachés autravail bien fait et qu’il y a descompétences dans le domainepharmaceutique. Nous y avons despartenaires avec l’école PolytechOrléans, Ste Croix St Euverte à Orléans,l’IMT et la faculté pharmaceutique deTours, ainsi qu’avec quelque 200 sous-traitants de biens et de services. Autotal, nous leur consacrons un budget de20 à 22 millions d’euros chaque année.
ENTRETIEN
Servier, qui a démarré son histoire dans le Loiret, emploieaujourd’hui plus d’un millier de personnes en région Centre-Val deLoire. En démarrant une stratégie de « Business développement », lessites industriels du groupe français ont pour ambition de récupérerdes volumes pour garantir une compétitivité dans un marché deconcurrence de plus en plus rude. Détails avec Patrice Martin,directeur des sites industriels orléanais.
8 IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
DOSSIER Polepharma
Est-ce que ces sites travaillentuniquement pour le comptedu groupe Servier ?P.M. : Ces sites travaillent déjà pour notrefiliale de médicaments génériquesBiogaran. Et nous proposons aujourd’hui,sur l’ensemble de nos unités deproduction de chimie fine ou demédicaments, d’ouvrir un certainpourcentage de capacités. Ceci participe àune offre de full service que nousproposons à des tiers et qui va dudéveloppement jusqu’à la production, laconstitution de dossiers pharmaceutiqueset la distribution des médicaments. Les discussions portent actuellement surdes projets en chimie pharmaceutique etdes contacts sont déjà pris avec nos sitespharmaceutiques, en France comme àl’international.C’est pourquoi, fin 2015, et pour lapremière fois, nous participerons au saloninternational CPhI, qui se tiendra àMadrid, parmi la délégation du clusterPolepharma.
Pourquoi ouvrir vos sites de production à des tiers ?P.M. : Le marché pharmaceutiqueeuropéen est stable en nombre de boîteset en contraction en terme de chiffred’affaires. Il nous faut donc trouver desvolumes pour que nos sites de productionconservent une compétitivité et des coûtsde production réduits. Nous nous battonspour continuer de produire en France etdéfendre l’emploi. C’est une volonté denotre président. Déjà, nous sommes l’undes seuls acteurs en France, avec legroupe Sanofi, à continuer de produirenos principes actifs sur le territoire. Ceci nous permet de ne pas avoir deruptures d’approvisionnementcontrairement à ceux qui ont choisi dedélocaliser leur production de chimie fine.C’est un vrai sujet stratégique.
Avez-vous des développements prévus dans les biomédicaments en région Centre-Val de Loire ?P.M. : Le biomédicament est encore unsujet de R&D pour Servier. Nous avonscinq molécules biotech dans notrepipeline, et pour l’instant, nous avons prisl’option de les faire produire en sous-traitance. Néanmoins, une dizaine depersonnes de notre groupe travaillent audéveloppement de compétences dans ledomaine et nous sommes en train deréfléchir à l’opportunité d’avoir ce « knowhow » en interne. Nous pourrions choisird’internaliser des activités dedéveloppement et des productions àl’échelle semi-industrielle. Lesinvestissements dans des unités deproduction sont a priori trop ambitieux.Ces questions à l’étude doivent encoreêtre arbitrées par notre comité exécutif.Néanmoins, il est important que la régions’intéresse au développement decompétences dans le domaine desbiomolécules. Il y a déjà des initiatives quiy contribuent, comme le LabExMAbImprove, le Bio3 Institute de Toursporté par le centre de formation IMT. Lesdéveloppements en matière deproduction biotech, dans les sitesindustriels, restent à venir.
Propos recueillis par Sylvie Latieule
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Servier : «Nous nous battons pour continuerde produire en France »
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9IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
3questions à Marie-MadeleineMialot présidente de Centréco, et vice-présidente du Conseil régional Centre-Val de Loire
Industrie Pharma : Quel est,
aujourd’hui, l’enjeu pour le secteur
pharmaceutique en région Centre-
Val de Loire ?
Marie-Madeleine Mialot : Le Centre-
Val de Loire est la première région de
production de médicaments en
France. Aussi, l’industrie pharmaceu-
tique est un des fleurons de notre
économie régionale. Cette industrie
emploie plus de 9 300 salariés, avec
un effectif stable qui résiste bien à la
crise. L’industrie pharmaceutique
française vit cependant des moments
difficiles, confrontée à la baisse de
son marché intérieur, aggravée par la
crise économique. Au niveau natio-
nal, depuis 2008, l’industrie pharma-
ceutique perd de 1 à 1,5 % de ses
effectifs, chaque année. L’enjeu pour
notre région est donc de pérenniser
nos sites industriels dans ce domaine
pour préserver l’emploi.
Comment accompagnez-vous les
entreprises pharmaceutiques pour
le maintien de leurs activités ?
M-M M. : La région Centre-Val de
Loire bénéficie de la présence d’une
association professionnelle, le Grépic,
et du cluster national de la produc-
tion pharmaceutique, Polepharma.
Elle accueille également plusieurs
établissements permettant d’accéder
à des formations aux métiers de l’in-
dustrie pharmaceutique, notamment
l’IMT, la Faculté de pharmacie de
Tours ou encore le CNAM Centre. Et
puis, nous avons notre agence de
développement et de promotion éco-
nomique, Centréco, qui bénéfice de
20 ans d’expérience. Tout cet ensem-
ble nous permet de soutenir la filière
sur des sujets très divers, tant
techniques que sur la formation,
le développement d’activités ou la
promotion à l’international.
Que prévoyez-vous pour
déployer la région dans le secteur
des biomédicaments ?
M-M M. : Il y a beaucoup d’emplois en
jeu dans la filière pharmaceutique
dans notre région et si les biomédica-
ments sont appelés à prendre une
grande importance dans le système
de santé de demain, notre région doit
prendre le tournant des biomédica-
ments pour ne pas perdre de parts de
marchés. Notre mission sera alors
d’accompagner les entreprises dans
cette mutation, même s’il leur
appartient de prendre cette décision
et de mener les investissements
nécessaires.
C’est ainsi que, le 21 avril dernier,
nous avons posé la première pierre
du Bio3 Institute, le seul projet en
France portant exclusivement sur la
formation en bioproduction, biocon-
trôle et bioréglementation des pro-
duits pharmaceutiques et cosmé-
tiques issus des biotechnologies.
Il s’inscrit dans la continuité des for-
mations proposées dans le domaine
de la bioproduction depuis plusieurs
années par les porteurs du projet
Bio3 Institute : le groupe IMT et les
universités de Tours et d’Orléans. La
Région a, par ailleurs, développé,
différents dispositifs financiers pour
soutenir la recherche et l’innovation
dans les entreprises. Ces dispositifs
sont créés, pour certains, en partena-
riat avec des groupes financiers
publics ou privés, tel le Fonds
émergence innovation doté de plus
33 millions d’euros pour financer des
sociétés en phase d’amorçage issues
de la recherche publique ou privée.
Tous ces dispositifs peuvent soutenir
la production de biomédicaments
dans notre région.
© Centréco
marqué par la présence de nombreux façon-niers. C’est une bonne chose pour le maintiende l’emploi et son développement. Ces entre-prises ont contribué à la refonte du paysageindustriel de la région centre », constate ThierryBluet. Plus de 28 % des emplois pharmaceu-tiques dépendent désormais d’un site de sous-traitance. Sanofi reste néanmoins le troisièmeemployeur régional de la filière pharmaceu-tique. Le groupe possède un site en Indre-et-Loire et un site dans le Loiret qui représententun effectif total de plus de 730 salariés. NovoNordisk dispose à Chartres de la seule unitéde production d'insuline à l'extérieur du Dane-mark et des États-Unis. Ce site compte depuis1961 parmi les sites stratégiques du groupe.Enfin, Ipsen arrive en cinquième position. Il arenoncé à vendre son site de production deDreux. Mieux, il va y investir 20 millions d’eu-ros d’ici à 2016 pour muscler sa production etses cadences. Cette présence forte de labora-toires constitue également une attractivitépour une industrie amont comme la chimiefine. À Pithiviers dans le Loiret, un pôle consti-tué de quatre entreprises, 3M, Isochem, MerckEstapor et Orgapharm, a permis à la ville de
devenir le deuxième site de production de chi-mie fine de France derrière Mourenx, en Aqui-taine, rassemblant 300 salariés. D’autresactivités annexes se sont également grefféescomme du conditionnement pharmaceutique(fabrication d’étui, de cartons, impression d’éti-quettes, conditionnement à façon), de la répar-tition ou de la logistique (FM, Pharmalog,Geodis), ou des équipements et des services àla production. « C’est l’un des attraits de notrerégion, il y a toute l’économie nécessaire au bonfonctionnement d’un site de production phar-maceutique », résume Thierry Bluet.
Mutation industrielle
Bien outillée pour épauler la production phar-maceutique traditionnelle, la région Centre-Val de Loire se pose cependant une nouvellequestion autour de la montée en puissancedes biomédicaments et de la bioproduction. « Les biomédicaments constitueront-ils l’essen-tiel de la production pharmaceutique dans lesprochaines années ? Et si oui, pourra-t-on pas-ser d’une production traditionnelle à la produc-tion de biomédicaments ? C’est aux entreprisesd’y répondre et à nous, acteurs publics du déve-
loppement économique, de les accompagnerdans cette mutation industrielle » estimeThierry Bluet. Si la production de biomédica-ments est loin d’être la majorité en régionCentre-Val de Loire, Centréco observe quedes sociétés sont déjà sur le créneau, commeNovo Nordisk (pour l’insuline), Leo Pharma(pour l’héparine) ou encore Recipharm (pourl’hormone recombinante). Et dans quelquesmois, en septembre 2015, un centre de for-mation spécialisé va ouvrir ses portes, le Bio3
Institute, offrant des formations en alter-nance sur les biomédicaments et bioactifscosmétiques. Porté par les universités deTours et d’Orléans et le groupe IMT, cet orga-nisme a pour ambition de devenir l’institutde référence dans le domaine des métiers dela bioproduction. De son côté, le cluster Pole-pharma mène également une réflexion surce secteur des biomédicaments et la capa-cité du territoire à accompagner les indus-triels dans cette nouvelle direction. La région Centre-Val de Loire est en pleinepréparation de son futur pour conserver saplace de leader dans la production de tousles médicaments. ■ SYLVIE LATIEULE
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06-09 IP 89 tap Dos Centreco BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:55 Page9
10 IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
STRATÉGIE
Les biomédicamentsonttrouvé leur dynamique
Pour porter ses ambitions dans le secteur des bio-médicaments, la région Centre-Val de Loire a su multiplierles initiatives dans le cadre d’une stratégie plurielle.
C’est une longue histoire,entre la région Centre-Val deLoire et les biotechnologies.Au début du XXe siècle déjà,elle abritait le plus grand cen-
tre vaccinal d’Europe. Désormais, elle conso-lide une dynamique solide autour desbiomédicaments, ancrée sur plusieursniveaux. «D’une part, la dynamique biomé-dicaments repose sur le concours de l’État,notamment via les Investissements d’avenir,développe Hervé Watier, à la tête du labora-toire d’excellence MAbImprove. D’autre part,il y a l’action de la région elle-même, qui a parexemple préparé la stratégie 3S (Smart spe-cialisation strategy) dans le cadre des initia-tives phares de la stratégie de croissanceeuropéenne « Europe 2020 », permettant àterme le fléchage de financements européens. »Autre témoin de son ambition, la région Cen-tre-Val de Loire a défini un Domaine poten-tiel de spécialisation (DPS) « Biotechnologieset services appliqués à la santé et la cosmé-tique », parmi les cinq qu’elle compte. Ce DPS
est piloté par Patrick Hibon de Frohen, parailleurs vice-président exécutif de l’Institutdes métiers et des technologies pour lesindustries pharmaceutiques et cosmétiques(groupe IMT) et vice-président du cluster Pole-pharma. « 70 % des médicaments obtenantune AMM aujourd’hui sont des biomédica-ments, rappelle-t-il. Il faut permettre à larégion de se développer dans le cadre de cesproduits ! »En 2001 déjà, le Groupement de rechercheCNRS « Immuno-ciblage des tumeurs » futl’un des premiers réseaux nationaux au seindesquels pouvaient se retrouver les équipestravaillant sur les anticorps thérapeutiques.La création en janvier 2009 du groupementde recherche CNRS « Anticorps et ciblage thé-rapeutique » (GDR ACCITH) a suivi. Dès sesdébuts, le GDR comptait déjà une soixan-taine d’équipes réparties dans l’Hexagone,sous la conduite d’Hervé Watier. Il a débou-ché sur la création du Laboratoire d’Excel-lence MAbImprove, labellisé en 2011, quis’appuie aujourd’hui sur le site tourangeauainsi que le site montpelliérain. Très prochai-nement, une nouvelle structure au servicedes biotechnologies verra le jour dans larégion : le Bio3 Institute (lire “Biocube”, voirencadré), qui viendra appuyer et compléterl’expertise du LabEx MabImprove. En effet,le projet est non seulement voué à assurerla formation (initiale, continue et via l’ap-prentissage) de travailleurs dans lesdomaines de la bioproduction, du biocon-trôle et de l’analyse, du réglementaire dansle secteur des biotechnologies ; mais doteraégalement la région d’un plateau techniqueconséquent afin de répondre aux besoinsdes industriels, notamment des start-up. Lapremière pierre du bâtiment a été posée le21 avril 2015. Patrick Hibon de Frohen (IMT),à sa tête, explique : « Le Bio3 Institute s’ins-crit dans la prolongation de MAbImprove entermes de besoins. » Le projet est en totaleadéquation avec « une étude menée dans lecadre de l’Agence régionale pour l’innovation(ARITT Centre) en 2014, qui a pour objectif dedéfinir les futurs besoins en formation de l’in-dustrie de la pharmacie dans la région, nousapprend-il. Il fallait pouvoir accompagner lesindustriels dans la transformation de leuroutil industriel actuel. » « Le paysage change
DOSSIER Polepharma
UNE FONDATION AUX CÔTÉS DU BIO3 INSTITUTE
La Fondation Philippe-
Maupas a été créée le 20 juin
2013. Xavier Monjanel, direc-
teur général des
Laboratoires Chemineau, en
est le président. « Le projet
du Bio3 Institute est financé
par l’État, la Région, le
Département, la
Communauté d’aggloméra-
tion de Tours et par une
partie d’argent privé. Il s’agit
d’une demande de l’État
qu’au moins 10 % du finance-
ment soient issus d’une
source privée », détaille
Xavier Monjanel. Cette
somme sera donc levée par
la Fondation d’ici juin 2016.
Celle-ci compte déjà parmi
ses membres fondateurs,
des laboratoires pharmaceu-
tiques et équipementiers de
la région, ainsi que les
porteurs du projet : le groupe
IMT, la Chambre de commerce
et d’industrie de Touraine,
l’Université François-Rabelais
de Tours et les groupements
et clusters régionaux (le
Grépic, Polepharma et la
Cosmetic Valley). Enoutre, la
fondation Philippe-Maupas a
aussi pour objectifs la créa-
tion d’un think-tank Health
care and well-beinget la
participation à l’organisation
d’événements et à la mise en
réseau de différents acteurs
travaillant sur les théma-
tiques des biomédicaments.
« Une antenne tourangelle de
Polepharma a été créée et
confiée à Sophie Ehrhardt,
chargée de mission
Innovation et Biomédi-
caments de Polepharma.
Des rencontres entre acadé-
miques et industriels ainsi
que des conférences sur
l’état de l’art de la recherche
sur les biomédicaments ont
déjà été organisées »,
renseigne Xavier Monjanel.
LE BIO3 INSTITUTE A POUR VOCATIONPREMIÈRE LAFORMATION ENALTERNANCE.
© DR
10-11 IP 89 tap Dos dynamc BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:57 Page10
et l’arrivée des biomédicaments a créé unesituation qui a obligé à se poser la questionde l’avenir et de la diversification de nos entre-prises », résume Hervé Watier. Le constat estpartagé par Xavier Monjanel, directeur géné-ral des Laboratoires Chemineau, égalementprésident du Groupement régional des éta-blissements pharmaceutiques industriels duCentre (Grépic) et vice-président de Pole-pharma : « La région Centre-Val de Loire seprête au développement des biomédicamentscar c’est une terre légitime de savoir-faire phar-maceutique avec une forte implantationd’usines de production. Pour favoriser ce viragevers les biotechnologies, la Comue (Commu-nauté d’universités et établissements du Cen-
tre-Val de Loire) a notamment travaillé surdeux projets : le LabEx MAbImprove et l’im-plantation d’outils visant à former les techni-ciens dans le domaine des biotechnologies. Laconstruction du Bio3 Institute est la suitelogique de cette démarche. » Pour permettrela levée de fonds privés nécessaire au finan-cement d’une partie du projet Bio3 Institute,une fondation partenariale a été créée : la fon-dation Philippe-Maupas, dont Xavier Monja-nel a pris la présidence (voir encadré). « Lesindustriels pharmaceutiques de la région Cen-tre-Val de Loire se sont mobilisés pour permet-tre la construction du Bio3 Institute et pour quela dynamique du biomédicament s’installedans la région et attire start-up et capitaux »,ajoute-t-il. Le laboratoire d’excellence MAbIm-prove et le Bio3 Institute se complètent. Outrela dynamique qu’ils impulsent, il était égale-ment nécessaire de « passer d’une dynamiquede site à une dynamique plus régionale »,décrypte Hervé Watier. C’est ainsi qu’a étécréé le programme Biomédicaments, initiédébut 2014 et dont il est le coordinateur. Ceprogramme soutient cinq projets actuelle-ment en cours de développement (voir enca-dré). « C’est un bel exemple d’articulation entreInvestissements d’avenir et politique territo-riale », note Hervé Watier. En résumé, une savante combinaison d’ini-tiatives porte la dynamique biomédicamentsdans la région. « La tâche est ample, constateHervé Watier. Il nous faut jouer sur plusieurstableaux. » Dans l’ensemble, l’avenir sembleaugurer de perspectives assez positives. « Ceserait encore mieux si la politique des établis-sements pouvait être plus engagée dans lesens de cette spécialisation, mais beaucoupde voyants sont actuellement au vert »,conclut-il. ■ RAPHAËLLE MARUCHITCH
C’est en réponse à l’appel à manifesta-
tion d’intérêt Ambition recherche et
développement 2020 (ARD 2020) que le
programme « Biomédicaments » lancé
par la région Centre-Val de Loire a été
conçu en 2012. Les académiques du sec-
teur Biologie-Santé de la région se sont
rassemblés autour de ce programme,
qui engage également l’IMT, le cluster
Polepharma et le Studium, dans la suite
des Investissements d’avenir.
L’objectif imposé par la région : que les
équipes de recherche s’emploient à
développer de l’activité économique
autour des biomédicaments de demain.
Par ailleurs, il est escompté que le
secteur pharmaceutique profite égale-
ment du dynamisme qui se crée pour
s’investir sur le sujet. Le programme
bénéficie d’un financement
de 7 millions d’euros de 2014 à 2016.
Les cinq projets issus du programme qui
ont été sélectionnés portent sur des
sujets variés. Quatre sont des projets de
biologie connectés au déploiement
d’une activité économique, le cin-
quième est un projet de sciences
humaines et sociales. Le cluster
Polepharma a une mission de
connexion en vue de provoquer des coo-
pérations et de promouvoir les compé-
tences régionales en matière de biotech
et d’innovation santé. « Si le programme
est couronné de succès, nous pourrons
le prolonger de trois années supplémen-
taires », précise Hervé Watier.
11IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
LE BIO3 INSTITUTE PROCHAINEMENT OPÉRATIONNEL
Le Bio3 Institute a été éla-
boré dans le cadre du pro-
gramme Investissements
d’avenir et plus précisé-
ment du projet « Investir
dans la formation en alter-
nance ». Il a été labellisé par
l’État en 2012. Ses finalités
sont plurielles, allant de la
formation à la mise à dispo-
sition d’un outil de dévelop-
pement. « Un plateau de
2 000 m2 est destiné à la pro-
duction des protéines
recombinantes et anticorps
monoclonaux ainsi que de
bioactifs cosmétiques »,
détaille Patrick Hibon de
Frohen, co-acteur et parte-
naire du Bio3 Institute.
Parallèlement à la mise en
place du plateau technique,
160 chambres vont être
construites afin d’accueillir
les futurs étudiants en
alternance, salariés, venant
pour des sessions de forma-
tion « dont certaines seront
uniques sur le territoire »,
précise Patrick Hibon de
Frohen. Les premières for-
mations démarreront en
septembre 2016. Le Bio3
Institute prévoit une qua-
rantaine de diplômés dans
un premier temps pour
atteindre le nombre de 80 à
terme. La formation conti-
nue des salariés, quant à
elle, touchera entre 400 et
500 personnes par an. Éla-
boré sur 10 ans, le business
plan du projet prévoit sa
rentabilisation au bout de
deux ans. 7 millions d’euros
ont été investis pour la
réalisation du futur plateau
technique.
XAVIER MONJANEL :« LA DYNAMIQUE DU BIOMÉDICAMENTQUI S’INSTALLE DANS LA RÉGION VAPOUVOIR ATTIRER START-UP ETCAPITAUX ».
PATRICK HIBON DE FROHEN : « IL FAUT PERMETTRE À LA RÉGION
DE SE DÉVELOPPER DANS LESECTEUR DES BIOMÉDICAMENTS ».
© DR
© T. Borredon
UN PROGRAMME QUI PORTE LES AMBITIONS DE LA RÉGION
10-11 IP 89 tap Dos dynamc BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:57 Page11
12 IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
ASSISES INDUSTRIELLES MABDELIVERY
Quel avenir pourl’administration desanticorps monoclonaux?
Quelles seront les prochaines innovations dans l’admi-nistration d’anticorps monoclonaux ? Quels devicesseront utilisés ? À quels défis de formulation devra-t-onrépondre ? Autant de questions qui seront abordéeslors de MAbDelivery.
Les prochaines Assises Indus-trielles annuelles du labora-toire d’excellence MAb-Improve auront lieu à Toursle 2 juillet 2015. Intitulé MAb-
Delivery, le congrès a pour thématique lesinnovations dans les voies d’administrationdes anticorps monoclonaux. Trois sessionsvont se succéder au cours de la journée,autour des voies d’administration, des dis-positifs et enfin des formulations spécifiquesaux anticorps monoclonaux. Il s’agit de la troisième édition des Assisesindustrielles, conçues « pour que les indus-triels puissent débattre de sujets d’actualitéet des problématiques qui leur sont liées, de
façon que les chercheurs puissent découvrirces questionnements qui agitent le mondeindustriel afin d’ancrer leurs recherches dansla réalité », explique Hervé Watier, coordi-nateur de MAbImprove, le LabEx qui or-ganise ces Assises avec l’appui dePolepharma (1). « Les Assises rassemblentautour d’un même sujet aussi bien des indus-triels, des PME de la biotech, que des acadé-miques et des cliniciens », complète RolandBéliard, directeur de la Bioproduction au LFB,chairman de la session sur les différentesvoies d’administration de MAbDelivery. « Le rapprochement public-privé est impor-tant sur la question des anticorps monoclo-naux car c’est une thématique de rechercheappliquée où les connaissances des chercheursdes deux secteurs peuvent profiter à l’ensem-ble », indique pour sa part Nathalie Heuzé-Vourc’h, chercheur Inserm au Centre d'étudesdes pathologies respiratoires, en charge dela session sur les différents dispositifs médi-caux envisagés dans l’administration desanticorps.
La voie intraveineuse, toujoursplébiscitée
Aujourd’hui, la voie intraveineuse (IV) est lavoie de prédilection d’administration desanticorps monoclonaux. « C’est le cas pourla plupart des produits biologiques, et doncpar conséquent pour les anticorps », expliqueRoland Béliard. Si d’autres voies sont actuel-lement en cours de développement ou àl’étude, la voie IV n’est pas pour autant vouéeà disparaître et sera toujours utilisée pouradministrer les anticorps. De fait, elle doitêtre source de progrès. Pour ce faire, « il estd’autant plus important que nous puissionsavoir un retour de la pratique (voir encadré),des limites de l’administration, qui sont l’undes propos de MAbDelivery, complète RolandBéliard. Cela contribue à aboutir à des inno-vations et sert notre finalité : faciliter l’admi-nistration du traitement et donc améliorerle confort des patients. »Aux côtés de la voie IV, la place sera donnéeaux autres voies d’administration. Actuel-
DOSSIER Polepharma
LES 3es ASSISESINDUSTRIELLESMABDELIVERYSE TIENDRONT,LE 2 JUILLET, À TOURS.
© Dominique Couineau
12-13 IP 89 tap Dos ASSISES BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:58 Page12
lement, il existe par exemple des dévelop-pements qui portent sur la voie sous-cuta-née. « L’intérêt porté à cette voie se justifienotamment par le besoin d’une pharmaco-cinétique différente, apprend Roland Béliard.Mais elle entraîne aussi des contraintes,comme celle de réussir à réduire les volumespour l’injection. » En effet, l’administrationd’anticorps monoclonaux requiert des poso-logies importantes, de l’ordre de plusieurscentaines de mg. « La production de formeshautement concentrées - environ 200 mg/ml - représente un enjeu technologique detaille », confirme Sylvain Huille, responsa-ble Formulation du département R&D chezSanofi, en charge de la session sur la formu-lation spécifique des anticorps pour MAb-Delivery. Un challenge consiste aussi à envisager dansle futur des formes à libération prolongée.« Nous visons des durées d’action de plusieurssemaines avec l’idée d’aboutir à une injec-tion par mois ou par trimestre », expliqueSylvain Huille.
Voies pulmonaire et orale,vectrices de challenges
La journée traitera également du dévelop-pement et des enjeux liés à la voie aérosol,par nébulisation. « Aujourd’hui, il existe unattrait certain de l’industrie pharmaceutiquepour cette voie d’administration parce queles poumons ne sont pas faciles d’accès parvoie intraveineuse et que cette voie non inva-sive présente de l’intérêt dans le traitementdes pathologies respiratoires », commenteNathalie Heuzé-Vourc’h. Or l’aérosolisationprovoque des stress physiques qui peuvent
entraîner notamment l’agrégation des anti-corps. « Il est important de tenir compte desparticules d’aérosol générées pour un dépôtpulmonaire optimal. Les formulations et lesgénérateurs d’aérosol doivent être optimiséspour stabiliser les anticorps pendant le pro-cessus d’aérosolisation», expose NathalieHeuzé-Vourc’h. La problématique du maintien de l’intégritédes anticorps est omniprésente. D’une façongénérale, « il faut permettre un maintien dela concentration de la protéine assez long-temps pour que la relation anticorps-cible sepoursuive dans la durée », avertit RolandBéliard. « Les anticorps ne sont pas des molé-cules inertes, ils peuvent interagir avec lematériel. Lorsque l’on fait des dilutions d’an-ticorps à l’hôpital, la question est de savoir sicela peut générer des agrégats », poursuitNathalie Heuzé-Vourc’h. Quant à l’adminis-tration d’anticorps par voie orale, elle estégalement envisagée et fait l’objet d’études.Elle constitue une véritable avancée à longterme avec son lot de « questions technolo-giques à la clef, comme celle du passage dela barrière mucosale par exemple», note Syl-vain Huille. Gageons que MAbDelivery fasseavancer les réflexions sur l’ensemble de cesthématiques. ■
RAPHAËLLE MARUCHITCH
(1) Les Assises sont également organisées enpartenariat avec le Groupe IMT et l'ARITT Centre, enassociation avec le programme ARD 2020Biomédicaments, initié et financé par la régionCentre-Val de Loire.www.mabdelivery.fr
13IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
3questions à Sylvain Huille responsable Formulation du département R&D chez Sanofi
Industrie Pharma : Parlez-nous de la
notion de besoin patient.
Sylvain Huille : Prendre en compte le
besoin patient consiste à s’assurer
que le device est acceptable et
accepté par le patient. Ainsi, s’il y a
par exemple une douleur à l’injection
en voie sous-cutanée, c’est rédhibi-
toire. De même pour la voie orale si
les comprimés sont trop gros. Au-delà
des enjeux technologique et
scientifique, il faut systématique-
ment se demander si l’on répond à
une attente du patient et tenir
compte au plus près de son besoin et
de son ressenti.
À quel stade du développement le
prendre en compte ?
S.H. : Il doit justement être considéré
à tous les stades de développement.
Pour les formes hautement concen-
trées par voie sous-cutanée par exem-
ple, le confort patient et la facilité
d’administration sont fondamentaux.
Il est également essentiel de rester à
l’écoute des besoins du personnel
médical en s’efforçant de faciliter et
de sécuriser les conditions d’adminis-
tration des produits.
Les conditions de dilution et
d’injection pour l’administration par
perfusion IV ou celles de
reconstitution dans le cas des pro-
duits lyophilisés sont des informa-
tions dont il est primordial d’avoir
connaissance.
L’innovation technologique
n’est-elle pas systématiquement
synonyme d’amélioration pour
le patient ?
S.H. : Pas nécessairement. Par exem-
ple, il n’est pas certain que pour l’en-
semble des patients une
administration par voie orale quoti-
dienne soit préférable à une adminis-
tration sous-cutanée tous les 15 jours.
En résumé, avant tout, la technique
doit se mettre au service de besoins
spécifiques. En outre, il n’est pas obli-
gatoire que la technologie soit dis-
ruptive pour assister à une véritable
évolution dans l’administration d’un
anticorps. Par ailleurs, l’innovation ne
réside pas uniquement dans la tech-
nologie mais passe aussi à travers le
coût du traitement.
© Sanofi
Il faut considérer le besoin
patient à tous les stades de
développement.
12-13 IP 89 tap Dos ASSISES BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:58 Page13
14 IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
COLLABORATIONS
Industriels et académiques conjuguentleurs compétences
Industriels et académiques :bien des caractéristiquesopposent ces deux univers.Pourtant, les rapprochementsentre ces mondes se font de
plus en plus fréquents. La région Centre-Valde Loire en est un excellent exemple, notam-ment dans le secteur des biotechnologies.Les raisons qui amènent à conclure ces par-tenariats sont diverses. Souvent, la nécessités’est naturellement imposée. Ainsi, HuguesContamin, fondateur et dirigeant de l’entre-prise des services précliniques Cynbiose, quia conclu un partenariat avec l’unité derecherche Inserm U1100 à Tours (voir enca-dré), raconte s’être « retrouvé en concurrenceavec des plateformes académiques qui déli-vrent des services sur le même marché », peuaprès la création de Cynbiose. Cette situa-tion a interpellé le dirigeant, qui savait quecela ne faisait pas partie des missions ini-tiales de ces plateformes, qui proposent prin-cipalement de tels services par contraintefinancière. La solution d’un partenariat s’estalors profilée. « J’avais naturellement la néces-
sité, de par mes activités, de me rapprocherdes académiques, explique-t-il. Il y avait unvéritable intérêt à développer des modèles enpartenariat avec eux. Pour nous, en valori-sant leur expertise scientifique et pour eux,en bénéficiant de notre savoir-faire en matièrecommerciale et maîtrise des référentiels qua-lité. D’une situation concurrentielle, noussommes alors passés à une situation de créa-tion de valeur. » Bien souvent, d’un côté oude l’autre des partenaires, une connaissancedes milieux industriel et académique exis-tait déjà.La transdisciplinarité semble couler de sourcepour beaucoup. « La collaboration est l’ADNde notre société de biotechnologies GalenusRegeneratio, déclare pour sa part LaurentMousseau, son co-fondateur. Nous ne possé-dons pas toutes les compétences en interneet nous savons qu’elles existent chez d’autrespartenaires. Je pense qu’il n’y a que de cettefaçon que nous pouvons progresser : en fai-sant appel à des compétences éloignées,variées. » « L’approche très translationnelleque revêt notre collaboration nous permetaujourd’hui d’avancer plus rapidement dansnos recherches », ajoute Cyrille Hoarau, méde-
DOSSIER Polepharma
DÉVELOPPER DE NOUVEAUX MODÈLES EN SANTÉ RESPIRATOIREImplantée à Lyon, la société
de services Cynbiose pos-
sède une expertise dans les
études pré-cliniques et tout
particulièrement celles qui
font appel à l’espèce pri-
mate, utilisées afin d’accé-
der aux phases cliniques
dans le développement des
candidats médicaments.
Ces études exploratoires
sont primordiales pour les
industriels, notamment
dans les prises de décision
de « Go/No go ». Les
modèles d’efficacité phar-
macologique proposés par
Cynbiose se veulent une
offre complémentaire inno-
vante à celle des grandes
CRO présentes sur le mar-
ché. Afin de co-développer
des nouveaux modèles en
santé respiratoire, l’entre-
prise a monté un partena-
riat avec une unité Inserm
de recherche académique
(fondamentale, transver-
sale et appliquée) du Centre
d'Étude des Pathologies
Respiratoires de Tours. Le
partenariat devrait débou-
cher prochainement sur une
entité privée adossée au
laboratoire. La société
Cynbiose, créée en 2008, réa-
lise 80 % de son chiffre d’af-
faires avec des industriels et
des sociétés de biotechnolo-
gies et 20 % avec des
académiques. Elle possède
d’autres partenaires, notam-
ment dans le cadre d’appels
à projets nationaux et
internationaux.
http://cynbiose.com/
http://cepr.inserm.univ-
tours.fr/
LES COLLABORATIONS MIXTESENTRE INDUSTRIELS ET
ACADÉMIQUES SONT ACCUEILLIESAVEC ENTHOUSIASME
DANS LA RÉGION.
Afin de mettre en commun leurs savoir-faire, leursréseaux et leurs moyens, équipes académiques etsociétés de biotechnologies s’associent. Tour d’horizonavec trois succès en région Centre-Val de Loire.
© Edy
ta Tolwinska/photog
raphe
14-17 IP 89 tap Dos COLLABO BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:47 Page14
cin enseignant, chercheur en allergologie etimmunologie clinique, qui interagit avecGalenus Regeneratio (voir encadré), toutejeune société créée en 2014. Quant au diri-geant de la société Synthelis, Bruno Tillier, ilcollabore avec des équipes académiquesdepuis la création de son entreprise greno-bloise en janvier 2011. « Avec la région Cen-tre-Val de Loire, tout a commencé lors desjournées scientifiques du Cancéropôle Clara,à Lyon. Hervé Watier {ndlr, à la tête du Labo-ratoire d’Excellence MAbImprove} nous aconvaincus de venir présenter notre techno-logie aux équipes académiques de Tours afinde savoir si nous étions intéressés à devenir lepartenaire industriel de l’une des équipes. »L’intuition fut bonne. Aujourd’hui, Synthe-lis collabore avec l’équipe de recherche tou-rangelle Bios (Biologie et bioinformatiquedes systèmes de signalisation) de l’Inra quifait partie de MAbImprove, dans le cadre duprojet « Biomédicaments » de la région (voirencadré). «Le contexte français est moteur dece type de rapprochements, notamment avecle Crédit d’impôt recherche, souligne BrunoTillier. Antérieurement à la création de Syn-thelis, j’avais une connaissance du monde de
15IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
>
L'ÉQUIPE DE GALENUSREGENERATIO TRAVAILLE AVEC
LE CHRU DE TOURS SURL’ALLERGÉNICITÉ DESPROTÉINES DE L’ŒUF.
© Galen
us Regen
eratio
● Directeur Général : Olivier Brandicourt
● CA : 33,77 milliards d’euros en 2014
● Chiffres clé : - 18 lancements potentiels de 2014 à 2020 dans des domaines thérapeutiques majeurs
- 4,824 milliards d’investissements R&D en 2014
- 49 sites en France dont 26 sites industriels à la pointe de la technologie pour développer des biotechnologies
● Activité : Sanofi est un leader mondial de la santé centré sur lesbesoins des patients, engagé dans la recherche, le développement,la fabrication et la commercialisation de produits de santé. Sanofipropose une offre diversifiée de médicaments, de vaccins et de solu-tions thérapeutiques innovantes pour la santé humaine et la santéanimale. Sanofi en France, c’est 27 500 femmes et hommes experts
au service des patients, le premier partenaire de la recherche dans les sciences de la vie et le premier investisseurR&D, toutes industries confondues, ayant leursiège social en France.
Sanofi 54, rue la Boétie, 75008 Paris Tél. : 01 53 77 40 00Web : www.sanofi.com(formulaire de contact sur le site Internet)
Sanofi
© J
ean
Ch
isca
no
● PDG : Pascal Brière
● Implantation en France : Colombes (92)
● Effectif : 152
● Activité : Fondé en 1996, le laboratoire Biogaran a été créé pour
répondre spécifiquement au développement d'un nouveau marché
jusqu’alors méconnu : les médicaments génériques. Biogaran est
devenu, en quelques années, le 2e laboratoire du marché des
génériques en France et le 3e laboratoire en France en nombre de
médicaments délivrés aux patients1.
En 2014, Biogaran va plus loin en investissant dans un nouveau do-
maine thérapeutique en plein essor, les médicaments biosimilaires,
et lance le 1er biosimilaire anti-TNF�en France en février 2015.2
Biogaran15, boulevard Charles de Gaulle 92707 Colombes cedexTél. : 01 55 72 42 00www.biogaran.fr (formulaire de contact sur le site Internet)
Biogaran
1. Données GERS. Avril 2015.2. Beck A, et al. Approval of the first biosimilar antibodies in Europe :a major landmark for the biopharmaceutical industry. MAbs 2013 ; 5 (5) : 621–3.
14-17 IP 89 tap Dos COLLABO BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:47 Page15
16 IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
DOSSIER Polepharma
Parfois même, les rapprochements sont desretrouvailles : « La collaboration avec Cyn-biose a été facilitée par le fait qu’HuguesContamin et moi nous connaissons depuis denombreuses années», raconte Mustapha Si-Tahar, directeur de l'unité de rechercheInserm U1100 du Centre d’études des patho-logies respiratoires (CEPR) de Tours. Les deuxhommes s’étaient rencontrés à l’institut Pas-teur à Paris, alors doctorants.
Une complémentarité évidente
Il ressort descollaborations une grande com-plémentarité entre les acteurs. C’est d’ailleursparce que les domaines de compétences secomplètent que les partenariats se nouent enpremier lieu. « Cynbiose avait déjà la capacitéà vendre le modèle primate, mais pas dans ledomaine respiratoire. Nous, nous avions l’ex-
la recherche académique car j’avais souventcréé des ponts entre laboratoires publics etindustrie. » S’il est vrai que les industrielsimpulsent fréquemment les rapproche-ments, les académiques saisissent avecenthousiasme les occasions qui leur sontdonnées. Par exemple, le chercheur Inra, ÉricReiter, qui collabore avec la société Synthe-lis, bénéficie de l’expertise de la société dansla synthèse de récepteurs couplés aux pro-téines G, cibles majeures des médicaments.Il explique que « dans de nombreuses étapesde [leur] process, il était intéressant de dispo-ser de ces récepteurs, pour le développementet la caractérisation d’anticorps notamment.» Au demeurant, les partenariats sont aussides rencontres humaines. Tous les collabo-rateurs parlent de la qualité des échanges etdes dialogues que les partenariats leur per-mettent d’installer, de l’ouverture apportée.
pertise fondamentale et clinique dans cedomaine. De fait, pourquoi ne pas réfléchir àrapprocher ces deux valences ?, raconte Mus-tapha Si-Tahar. Nous n’imaginons pas noslaboratoires rester cloisonnés ; il faut dialogueravec le monde industriel pour en comprendreles attentes. » De telles associations permet-tent d’avoir une vision globale, sans rupture,sur une problématique donnée. Par exemple,« il n’est pas toujours aisé de voir la cliniquederrière l’approche fondamentale, analyseCyrille Hoarau. Or la finalité est bien là : voir ceque l’on peut apporter de plus pour le patient. »De fait, les partenariats permettent deconstruire une continuité dans les projets bio-technologiques. «Par le passé, j’ai travaillé avecles laboratoires de l’université que j’accompa-gnais dans la valorisation de leurs travaux derecherche, se rappelle Bruno Tillier (Synthe-lis). Très souvent, ils avaient besoin de finance-ment pour amener à maturité une technologieet compléter leurs résultats avant que l’indus-trie ne se montre candidate à prendre unelicence dessus. » Au-delà de l’enrichissementmutuel que les interactions apportent sur leplan de la recherche, elles permettent aussiaux sociétés de développer leur offre, degagner de nouveaux clients et marchés, d’aug-menter la visibilité. « La gamme de compé-tences et d’outils que nous apportons peutpermettre d’élargir l’offre de Synthelis », noteÉric Reiter (Inra). « Le mode collaboratif dansle développement de notre entreprise a prisnaturellement de l’importance, ajoute LaurentMousseau (Galenus Regeneratio). De procheen proche, nous élargissons aussi notre champd’investigation. » Mieux : les collaborationsprésentent également un intérêt sur le planéconomique. « Par le biais des infrastructuresauxquelles nous participons, nous avons aussiun rôle d’investisseur dans la recherche acadé-
>
AFFINER LE DIAGNOSTIC ET LA PRISE EN CHARGE DE L’ALLERGIE
L’Unité transversale d’aller-
gologie et immunologie
clinique du CHRU de Tours
s’est associée avec la start-
up Galenus Regeneratio sur
le sujet de l’allergénicité
des protéines de l’œuf.
Actuellement, pouvoir dis-
poser d’anticorps humains
naturels en quantité est
problématique. L’objectif de
la collaboration est donc
que Galenus Regeneratio
puisse produire des outils
de diagnostic à partir d’anti-
corps provenant de cellules
de patients allergiques du
CHRU. L’exploit est de dis-
poser de quantité infinie
d’anticorps en immortali-
sant in vitro les cellules
humaines grâce à l’implica-
tion des chercheurs de l’uni-
versité de Tours. Disposer
ainsi d’anticorps permet de
développer « les bons bio-
marqueurs et de développer
les outils diagnostiques
adéquats, explique le Dr
Cyrille Hoarau, du CHRU de
Tours. Avec, pour finalité, de
mieux étudier le profil des
patients pour envisager des
thérapies ciblées, encore
appelée en allergologie
immunothérapies ou
désensibilisation. »
Du côté de Galenus
Regeneratio, les anticorps
monoclonaux fournis par
les chercheurs pourront
être utilisés à différentes
fins, comme dans la
construction de systèmes
d’étalonnage ou de
contrôle, par exemple.
http://www.galenus
-regeneratio.fr/
http://www.chu-tours.fr/
unite-transversale
-dallergologie/
BÉNÉFICIER DE RÉCEPTEURS POUR MIEUX DÉVELOPPERDES ANTICORPS
Première classe de cibles
thérapeutiques de médica-
ments, les récepteurs cou-
plés aux protéines G
revêtent un enjeu de taille
pour la mise au point de
nouveaux médicaments.
C’est sur cette thématique,
dans le cadre du dispositif
ARD (Ambition recherche
développement) 2020
déployé par la région
Centre-Val de Loire, et plus
précisément le programme
« Biomédicaments », qu’une
collaboration a été montée
entre l’entreprise greno-
bloise Synthelis et un
groupe de recherches de
l’Inra qui travaille sur le
développement d’anticorps
pour les récepteurs couplés
aux protéines G, nommé
Bios (Biologie et bioinfor-
matique des systèmes de
signalisation). Synthelis,
pour sa part, produit des
cibles thérapeutiques,
majoritairement des pro-
téines membranaires,
comme les récepteurs cou-
plés aux protéines G. Ce
matériel produit par
Synthelis présente une uti-
lité pour les équipes de
l’Inra pour cribler leurs
banques d’anticorps, afin
de déterminer celui qui
aura un effet sur une cible
en particulier, tandis que
Synthelis pourra faire la
preuve de l’utilité des récep-
teurs qu’il produit dans la
sélection de candidats
médicaments.
http://www.synthelis.com/
http://bios.tours.inra.fr/
bios_group/
SYNTHELIS, BASÉE PRÈS DEGRENOBLE, ENVISAGE UNE
IMPLANTATION DANS LA RÉGIONCENTRE-VAL DE LOIRE, D’ICI À 2015.
© Edy
ta Tolwinska/photog
raphe
14-17 IP 89 tap Dos COLLABO BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:47 Page16
mique », note pour sa part Hugues Contamin(Cynbiose). Mustapha Si-Tahar, son partenairecôté Inserm, complète : « Compter Cynbioseà nos côtés pourra également nous servir delevier pour aller chercher des fonds pour undéveloppement mutuellement bénéfique. »
Des projets sur le long terme
Alors que les collaborations sont encore jeunes,certains mesurent déjà les conséquences trèsconcrètes de ces partenariats et voient plusloin. Les alliances se traduisent aussi par unevolonté de rapprochement géographique. « Pour l’heure, les premiers résultats sont enfaveur de la pérennisation de notre collabora-tion. Nous aimerions qu’elle nous amène àimplanter une antenne sur Tours et à y locali-ser une partie de notre équipe sur une activitéspécifique », prévoit Bruno Tillier (Synthelis).« Nous avons établi un véritable partenariatet c’est ainsi qu’une implantation de Synthelisdans la région Centre-Val de Loire a rapide-ment été évoquée, nous espérons en voir laconcrétisation d’ici la fin de l’année 2015 »,confirme Éric Reiter. Le fait d’établir des asso-ciations entre acteurs industriels réorganiseleur façon de voir les choses. « Aujourd’hui,nous parlons d’“ écosystème CEPR ”, constateMustapha Si-Tahar (Inserm). Je crois que mescollègues et moi sommes arrivés à un modèleinnovant : développer un laboratoire perfor-mant sur le plan académique tout en possé-dant des liens privilégiés avec des partenairesindustriels. » La création d’une filiale à Tours,Cynbiose Respiratory, est d’ailleurs actuelle-ment en cours de finalisation avec les orga-nismes de tutelle du CEPR, l’Université FrançoisRabelais et l’Inserm.À l’avenir, pour certains, les expériences decollaboration ont même vocation à être mul-tipliées. « Nous cherchons à reproduire ce typede modèle autant que possible au sein de notresociété », assure par exemple Laurent Mous-seau (Galenus Regeneratio). Preuve est faiteque les collaborations entre industriels etacadémiques n’additionnent pas seulementles compétences, mais leur permettent dese multiplier. ■
RAPHAËLLE MARUCHITCH
17IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
CYNBIOSE EST EXPERT DANS LESÉTUDES PRÉ-CLINIQUES SUR
L’ESPÈCE PRIMATE.
© Cyn
biose
● Activité : Roche SAS est la filiale française
du groupe pharmaceutique suisse Roche.
Elle occupe la place de leader à l’hôpital et en
cancérologie et emploie 1 100 personnes dont près de 20 % se consa-
crent à la recherche et au développement.
● Recherche :En 2014, Roche SAS a investi 81 millions d'euros dans
la recherche clinique en France (plus de 34 000 patients inclus dans
306 essais) et 6 millions d’euros dans des programmes de recherche
préclinique et translationnelle menés en partenariat avec des
équipes françaises de la recherche académique (plus de 40 millions
d’euros investis depuis 2009, 55 programmes scientifiques en cours
début 2015).
● Implantations en France :
- le siège à Boulogne-Billancourt
- le site de distribution logistique à
Rosny-sous-Bois
Roche SAS30, cours de l’Île Seguin92650 Boulogne-Billancourt CedexTél. : 01 47 61 40 00www.roche.fr(formulaire de contact sur le site Internet)
Roche SAS
© D
R
● Quatrièmerégion par sa superficie, le Centre-Val de Loire s'étendsur 39 151 km2. Avec 2,56 millions d'habitants au 1er janvier 2013,la région se situe au 10e rang national.
● L’industriegénère une part importante du PIB (17 %), avec notam-ment les secteurs de la pharmacie, la chimie et la cosmétique.
● La région, initiateur et financeur du programmeAmbition Recherche Développement 2020(ARD 2020) Biomédicaments,a pour objectif de mobilisertous les acteurs de la filière pharmaceutique, de la recherche fondamentalejusqu’à la production, pour développer ensembleles biomédicamentsde demain.
Hôtel de Région9, rue Saint-Pierre LentinCS 9411745041 Orléans Cedex 1Tél. : 02 38 70 30 30Email : [email protected]
Conseil régionalCentre-Val de Loire
14-17 IP 89 tap Dos COLLABO BAT_Mise en page 1 18/06/2015 17:47 Page17
18 IndustriePharma N°89 Juillet-Août 2015 - Tiré à part
CLUSTER
« Polepharma s’est imposécomme un acteur légitime de la filière »
Industrie Pharma : La der-nière Assemblée générales’est tenue le 12 mai àDreux. Pouvez-vous nousdonner les derniers chif-
fres sur le Cluster ?Guillaume Clément : Cette année encore,nous constatons que nous avons de plus enplus d’adhérents. Sur les régions Centre, Nor-mandie et Île-de-France, nous comptons prèsde 150 adhérents, avec plus de 200 sites cou-verts. Polepharma affiche un ancrage de l’in-dustrie pharmaceutique de toutes les tailles.Nous avons ainsi les gros groupes avec Sanofi,GSK, Merck, Novo Nordisk, mais aussi lesmiddle pharma avec Servier, Ipsen… et lesentreprises plus petites comme Norgine, LeoPharma et Ethypharm. Et au-delà des grandsdonneurs d’ordre, nous comptons égalementde gros façonniers avec Famar et Delpharm,
notamment. Les sites pharmaceutiquesreprésentent environ un tiers de nos adhé-rents. Et, au niveau des fournisseurs, Pole-pharma compte tous les types possibles, dela matière première aux cartons et embal-lages, ou la distribution, en passant par laformation comme l’IMT et les universités.Polepharma fédère les usines pharma et toutleur écosystème amont et aval, en faisantune filière verticale intégrée. C’est ça qui faitque le cluster est la plus importante concen-tration d’industries de santé en Europe.
L’implantation de Polepharma dansles territoires est également importante.G. C. :Dans le cluster, il y a effectivement lesorganisations représentatives, profession-nelles comme le Leem, mais aussi les terri-toires. Le lien filière/territoire fait partie del’ADN de Polepharma. Si nous voulons pou-voir intégrer l’ensemble de la filière et les ter-ritoires, l’ancrage local de Polepharma estimportant : la proximité entre les acteurs estgage du succès de « l’ébullition collaborative »propre au cluster.
Fabien Riolet : Les territoires jouent un rôlenotamment sur la politique de formation.Ils nous accompagnent pour la mise en placede formations pour le personnel en postemais aussi pour les futurs employés. Celaoffre la capacité de trouver du personnelformé sur nos territoires. Il s’agit d’un véri-table avantage compétitif.
Vous nous indiquez que le nombred’adhérents est en augmentation.Comment expliquez-vousce phénomène ?G. C. : Polepharma s’est imposé, ces dernièresannées, comme un acteur légitime et incon-tournable. Dès qu’il y a des nouvelles initia-tives sur l’emploi, la compétitivité ou unbesoin d’échange et de coordination, noussommes toujours impliqués dans les discus-sions. Et la qualité des actions et l’engage-ment des équipes apportent de la valeurajoutée aux adhérents. La conjoncture a un
DOSSIER Polepharma
GUILLAUME CLÉMENT, PRÉSIDENT.
FABIEN RIOLET, DIRECTEUR GÉNÉRAL.
Créé en 2002, le cluster s’est positionné comme uneréférence de la filière pharmaceutique au sein du territoire Centre-Val de Loire, Normandie et Île-de-France. Rencontre avec Guillaume Clément, son président, et Fabien Riolet, son directeur général.
© Polepharma
18-19 IP 89 tap Dos Polpharma BAT_Mise en page 1 18/06/2015 18:00 Page18
impact également. Les gens se rendent biencompte que dans un contexte difficile, il fautêtre acteur, coopérer et avoir une ambitioncommune. La concurrence n’est pas entre lesusines du cluster, mais dans le reste dumonde !
Quelle est la situation de la filièredans vos régions ?G. C. : En termes de tendance, une étude deCentreco montre que l’emploi au sein de lafilière est globalement stable. Nous nous ensortons plutôt mieux que le reste de l’indus-trie dans la région. C’est plutôt encourageant.Du côté des investissements, nous sommessur des montants stables sur le territoire dePolepharma. Attention néanmoins à laconclusion un peu hâtive. Nous sommes plu-tôt sur des investissements d’adaptation,réglementaires et moins sur des investisse-ments de développement. C’est une grandebataille pour nos adhérents de défendre leursite pour être toujours compétitifs et à lapage en termes réglementaires. De même,en termes d’emploi, nos sites, en particuliersur le territoire de Polepharma, sont en majo-rité des sites matures autour des formessèches chimiques. Ces produits matures sontles plus menacés par les déremboursementset les baisses de prix… Ainsi, la vision pré-sente du secteur pourrait paraître positive,mais les indicateurs amènent à la vigilanceet à la mobilisation pour l’avenir.
Avec la reprise des discussionsdu Contrat stratégique de la filière santéet la réunion plénière du Comité stratégique de filière fin mai, quels vontêtre les axes stratégiques portés par le cluster ?G. C. :Nous avons la conviction que l’indus-trie pharmaceutique et ses territoires d’im-plantation ont un destin lié. Du point de vuedes territoires, la filière pharma est un contri-buteur majeur et indispensable. Et du pointde vue de la filière, la sauvegarde et le déve-loppement futurs ne sauraient avoir lieu sansune mobilisation des territoires pour porternos enjeux au niveau national. Cela nous apermis de définir plusieurs grands dossiers.Le premier est de promouvoir la fabricationdu médicament en France. Il est essentielpour les entreprises produisant en Franceque cela se voit dans leurs comptes de résul-tats. Nous avions pensé à un crédit d’impôtproduction sur le modèle du crédit impôtrecherche. Nous comprenons la difficulté decréer un dispositif qui concernerait toutesles industries dans le contexte économiquegénéral. En revanche, nous voulons agir surla possibilité d’alléger certaines des multi-ples taxes spécifiques à la pharmacie, quandl’industrie produit en France. Cette mesure
sera portée dans le groupe de travail Csis surl’attractivité, dans lequel je représenteraiPolepharma.
Votre 2e proposition concerne les génériques. Pouvez-vous détailler cet axe de travail ?G. C. : Il est essentiel de développer une véri-table filière de fabrication du générique enFrance. Sur l’ensemble des génériquesconsommés en France, seuls 30 à 40 % sontfabriqués dans l’Hexagone. Aujourd’hui, laloi française interdit de fabriquer en Franceavant que le brevet soit dans le domainepublic. Le Csis 2007 a levé certains points deblocage. Sur le papier, ce dispositif était inté-ressant. Mais en réalité, de très rares accordsont été signés entre des génériqueurs et deslaboratoires. Cela reste tout à fait marginal.Il va falloir aller plus loin et être plus efficace.Ce sujet s’avère compliqué mais décisif pourconserver les volumes de production enFrance et, par voie de conséquence, les siteset emplois associés.
Quel est le thème de votre 3e axe de proposition ?G. C. : Notre 3e axe concerne la reconnais-sance de la valeur économique et sociétalede la filière pharmaceutique. Si on voit lemédicament uniquement comme source dedépense, on perd la majeure partie de savaleur sociétale. Selon plusieurs études, unemploi direct dans l’industrie pharmaceu-tique peut générer 2, 3 voire 5 emplois enFrance. Il faut avoir en tête cette valeur éco-nomique et sociétale dans les réflexions quepeuvent avoir nos autorités. Ce sujet n’estpas encore dans les axes prioritaires de cetteannée mais on commence déjà à aller versune approche médico-économique plutôtque purement comptable. Nous souhaitonsaller plus loin. Ce sont des valeurs que nousportons au long court.
Polepharma a annoncé au printempsavoir complété son offre de services avec,aujourd’hui, 32 services. Quelles sont les nouveautés ?F. R. : Les grandes nouveautés concernenttoujours des actions pour que nos usinessoient toujours plus compétitives. Nousavons initié deux grands cycles sur deux ans.En premier lieu, un cycle de workshop Com-pétitivité intitulé Diag by Polepharma, lié àl’échange d’expertises, sur site industriel.Ensuite, un cycle intitulé Opex by Pole-pharma. Il s’agit de travailler en profondeursur l’excellence opérationnelle, pour recen-ser les meilleures bonnes pratiques sur cethème. Autre nouveauté, l’organisation des1res rencontres RH Polepharma à Paris, le 30juin. Le talent de nos collaborateurs repré-
sente un de nos avantages compétitifs. Nousorganisons un colloque sur ce thème. L’ori-ginalité de toutes ces actions est qu’elles sonttoujours conçues et pilotées par les indus-triels adhérents, et qu’à chaque fois, noussommes accompagnés par des cabinets par-tenaires de premier plan (ProConseil, Algoé,KL Management) pour apporter méthodo-logie, capitalisation et densité aux journéesde travail et d’échanges. Signalons aussi lelancement au printemps de notre magazineEffervescence.
Cette année, vous mettez également l’accent sur le domaine des biotech-nologies. Pourquoi ce nouvel axe ?G. C. : Sur les dernières années, moins de 5des molécules approuvées au niveau euro-péen seront fabriquées sur un site français.Il nous faut donc comprendre et agir pourretrouver de l’attractivité et attirer de nou-velles molécules sur le territoire. Et elles sontle plus souvent issues des biotechnologies.Il faut prendre le virage des biotechs. Sur leterritoire de Polepharma, nous sommes pro-bablement un peu plus en retard que d’au-tres territoires français, alors même que leberceau de la médecine vaccinale est à Tours !Il est important de commencer à développerdes compétences. Nous regardons commentdévelopper des passerelles aca-démiques/industriels dans le domaine desbiotechs, quelles seront les étapes de produc-tion de demain, ce que cela demande encompétences et en investissements… C’estaussi le rôle de Polepharma.
F. R. : Si nous voulons devenir des acteursde la bioproduction demain, il y a un trip-tyque gagnant : R&D ; capacité de nos usinesà répondre à ces nouvelles technologies etformation. Nous n’allons pas prendre la déci-sion à la place des groupes, mais nousdevons cultiver notre terre fertile pour favo-riser les décisions et les investissements. Surla R&D, nous nous appuyons sur des forcesincontestables comme le LabEx MAbIm-prove. Du côté des usines, nous allons lesaider à se tourner vers ces nouvelles tech-nologies, y compris plus de formes injecta-bles. Et pour la formation, le cluster compteplusieurs plateaux de formation, ceux del’IMT. Avec ces trois points du triangle, notrerôle est d’aider le monde académique à ren-contrer le monde industriel, provoquer lescollaborations… Sur ce thème, nous avonsrépondu à l’appel à projet ARD 2020 Biomé-dicaments de la région Centre-Val de Loire,ce qui nous a permis de recruter une colla-boratrice dédiée à ce sujet et d’ouvrir uneantenne à Tours. ■
Propos recueillis parAurélie Dureuil
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