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AVEC SIMON BEAULÉ-BULMAN, ANNE-MARIE BINETTE, CATHERINE CHABOT, OLIVIER GERVAIS-COURCHESNE, CATHERINE LEBLOND, EMMANUELLE LUSSIER MARTINEZ, KASIA MALINOWSKA, ELISABETH PAYEUR, ANTOINE RIVARD-NOLIN, MAUDE ROBERGE DUMAS ET GUILLAUME RODRIGUE D U 3 AU 11 MAI 2013 THÉ ÂTR E ROUG E BILLETS : 10 $ - ÉTUDIANTS 5 $ / SUR ADMISSION ET À LA BILLETTERIE DU CONSERVATOIRE Conception graphique : Olivier Barrette – Montage : Amarante Design UNE PIÈCE DE YÔJI SAKATE UNE TRADUCTION DE CORINNE ATLAN UNE MISE EN SCÈNE DE CATHERINE VIDAL

théâtr e rouG e...Les hikikomoris se retirent complètement de la société. Dans un coin de leur chambre chez leurs parents, ils restent pendant quelques mois — voire même quelques

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Page 1: théâtr e rouG e...Les hikikomoris se retirent complètement de la société. Dans un coin de leur chambre chez leurs parents, ils restent pendant quelques mois — voire même quelques

Avec Simon BeAulé-BulmAn, Anne-mArie Binette, cAtherine chABot, olivier GervAiS-courcheSne, cAtherine leBlond, emmAnuelle luSSier mArtinez, KASiA mAlinowSKA, eliSABeth PAyeur,

Antoine rivArd-nolin, mAude roBerGe dumAS et GuillAume rodriGue

d u 3 Au 11 mAi 2013 thé âtr e r o uG e

BilletS : 10 $ - étudiAntS 5 $ / Sur AdmiSSion et à lA Billetterie du conServAtoire

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Avertissement

Afin de respecter les droits individuels à l’image et à la vie privée de chacun des participants ainsi que le droit d’auteur, il est strictement interdit de photographier, de filmer ou d’enregistrer,

en tout ou en partie, la prestation qui vous est présentée ou des extraits de celle-ci. Merci de votre collaboration.

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Les voilà, déjà presque hors les murs, fin prêts, âmes et corps tendus vers de nouvelles aventures. En trois ans, ils ont parcouru un sentier qui mène droit au cœur de l’Homme. Ils sont vibrants, simples, émouvants ! J’ose croire que le vertige d’une vie faite de rendez-vous avec toutes sortes de personnages, que cette carrière faite de travail, de complicité et de chance, disons-le, les comblera. Longue vie à tous ces acteurs, à toutes ces forces vives du théâtre.

Ce soir, ils voudront, dans la solitude des personnages, se réfugier dans un cocon hors d’un monde réel, concret et, sans doute, écorchant dans son quotidien. Ils voudront s’évader pour échapper à l’étouffement de la société, pour s’oublier. Mais peut-on vraiment se couper du monde, sans se perdre ?

Voilà ce à quoi nous convie Yôji Sakate.

Benoît Dagenais Directeur intérimaire

mot du directeur

Le Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec est constitué de sept établissements d’enseignement de la musique et de deux établissements d’enseignement de l’art dramatique.

Nicolas Desjardins, directeur général du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec

Francine Grégoire, présidente du Conseil d’administration

Benoît Dagenais, directeur intérimaire du Conservatoire d’art dramatique de Montréal

Photo : Catherine Gravel

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Des papillons s’agiteront par milliers dans mon ventre le soir de la première. Des papillons d’excitation, de nervosité, d’anxiété : le bataillon classique des soirs de première, quoi ! Mais une espèce toute particulière viendra s’y mêler pour les représentations du Grenier. Celle qui me fera vivre l’étrange sensation d’être double : seront assises sur le même siège la jeune femme de 21 ans, qui terminait sa formation de comédienne dans cette même institution, et la femme que je suis aujourd’hui, 15 ans plus tard, devenue avec joie metteure en scène.

Si la pièce traite de réclusion, de pression sociale, de mal-être, de sentiment de non-adéquation, de refus du passage à l’âge

adulte, elle traite également en filigrane de fraternité et du geste créateur dans les jeux de l’enfance. C’est ce que je souhaite ardemment aux jeunes acteurs que vous verrez ce soir. Qu’à leur sortie, ils trouvent leur famille artistique et qu’ils « jouent » avec toute la rigueur, la passion et la vérité dont un enfant peut faire preuve dans ses jeux.

Un gros merci à mon assistante et à mon équipe de concepteurs, votre investissement et votre talent vous rendent indispen-sables. Merci Olivier Sylvestre d’avoir relevé le défi d’adapter cette pièce en québécois en un temps record.

Je tiens également à remercier toute l’équipe du Conservatoire. Un merci particulier à Raymond Cloutier qui m’a lancé

cette belle invitation au cours de son récent mandat à la direction, à Benoît Dagenais, directeur actuel, qui m’accorde une confiance stimulante. Et une salutation chaleureuse à Patricia Nolin rencontrée au moment de ma première année d’études au Conservatoire et dont les conversations artistiques tenues depuis, sont sources d’inspiration.

Simon, Anne-Marie, Catherine, Olivier, Catherine, Emmanuelle, Kasia, Elisabeth, Antoine, Maude et Guillaume, à vous de jouer !

Bonne soirée.

Catherine Vidal

mot de lA metteure en ScèneCatherine Vidal, mise en scène

Le Conservatoire d’art dramatique de Montréal est heureux de collaborer avec Rencontre Théâtre Ados à la diffusion

du théâtre auprès du jeune public.

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Né en 1962, Yôji Sakate est un dramaturge qui fait ses débuts dans le milieu théâtral en fondant la compagnie RINKO-GUM en 1983. Rinko signifie phosphores-cence. Ses pièces ont été récompensées par des prix japonais importants. Parmi celles-ci, Le grenier a reçu un prix pour la Meilleure direction artistique. Ses œuvres ont également été traduites, publiées et jouées dans plusieurs langues. Yôji Sakate conçoit le théâtre comme une « variété médiatique » qui lui permet d’explorer les problèmes sociaux de son pays d’un point de vue journalistique et à travers des conflits entre la collectivité et l’individu. Il oppose la liberté totale de l’imagination aux limites imposées par une société japonaise de plus en plus aliénante.

Parmi ses œuvres, on retrouve notamment Okinawa. Ses sujets traitent de la force d’autodéfense japonaise et de la religion. Sakate aime également côtoyer les autres formes d’art tels la danse, la musique, le cinéma, ce qui a donné naissance à une série inspirée de légendes japonaises et de contes de fantômes sur Yakumo Koizuma (aussi connue sous le nom de Patrick Lafcadio Hearn) qui a atteint une renommée internationale. À travers cette pluralité des échanges, il intègre le théâtre nô traditionnel à la scène artistique contemporaine. Le désir d’intégrer le théâtre nô à sa démarche s’explique par la fascination qu’il éprouve pour la transposition, la substitution et la transformation des acteurs, d’un personnage à un autre. Cette notion de transformation est d’ailleurs au cœur même du théâtre japonais.

Selon lui, c’est ce qui permet à l’acteur de transmettre la sagesse, la connaissance et la compréhension d’une situation donnée. Le langage est la liberté et l’inspiration qui permettent à l’acteur d’explorer les possibilités du personnage. Voilà pourquoi, selon Sakate, ce n’est pas le personnage qui est important, mais bien les éléments en transformation qui l’entourent et qui, par le fait même, métamor-phosent le personnage : « Après avoir formé la compagnie… cela peut paraître bizarre… j’ai senti que la compagnie est venue avant, et le théâtre après. Nous sommes des corps, un groupe, une petite communauté. Les expériences de la communauté sont le théâtre, et le reste (…) est exprimé sur scène comme une expérience de cette communauté. »

D’autres sujets comme l’isolation et le huis clos intéressent aussi Yôji Sakate. « J’ai adoré le film Hell in the Pacific, dans lequel les acteurs Toshiro Mifune et Lee Marvin entretiennent un lien dramatique (…) les portes secrètes, les garde-robes cachés… Je me sens vraiment interpellé par ce genre de mystère ». À son avis, la notion de liberté, au Japon, est à redéfinir. Même si, en théorie, les Japonais sont libres de faire ce qu’ils veulent, en pratique, ils retiennent tous leur souffle et exécutent à la lettre ce qu’ils se font dicter. Cette réalité semble se refléter surtout au niveau scolaire. Avec 13 heures d’études par jour et même davantage, les élèves échouent leurs examens. Les jeunes sont tellement surmenés par le système scolaire qu’un nouveau phénomène social est apparu chez les 18-30 ans.

yôji SAKAte : l’Auteur et Son œuvreKasia Malinowska

Sakate en fait le sujet de la pièce Le grenier. Les hikikomoris se retirent complètement de la société. Dans un coin de leur chambre chez leurs parents, ils restent pendant quelques mois — voire même quelques années — sans sortir, prétextant que le « devoir de réussir » crée une société trop oppressive et une compétition aliénante. Ces jeunes développent une incapacité grandissante à communiquer. Ils subviennent à leurs besoins primaires et quémandent de la nourriture aux parents. Il va sans dire qu’ils deviennent parfaite-ment dépendants de leurs parents. Yôji Sakate s’est donc inspiré de cette réalité en y intégrant les « fameux garde-robes mystérieux » pour écrire une pièce qui brosse un tableau assez complet et très critique de la société japonaise contemporaine, une pièce qui nous ramène au monde de l’enfance, l’ultime refuge d’une société qui court à sa perte.

Inconnu, « Yôji Sakate », sur http://www.theatredurondpoint.fr/auteurs_artistes/fiche_artiste.cfm/276500-yoji-sakate.html, consulté le 26/03/2013 à 12 h

Inconnu. « Yôji Sakate, Japanese theater tradition, about Yôji Sakate », sur http://lamama.org/uncategorized/yoji-sakate/, consulté le 26/03/2013 à 12 h

Hikikomori in Japan, titre de l’émission inconnue, documentaire, Host Bridget, BNN chaine 2, 24 min 2 sec

Roger Pulvers, « Theater is an experiment in community. The world of Yôji Sakate, pioneer of small theater », sur http://performingarts.jp/E/art_interview/0502/1.html, consulté le 26/03/2013 à 12 h

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le GrenierDe Yôji SAkATe

TRADuCTioN : CoRiNNe ATLANADApTATioN : oLivieR SYLveSTRe eT CATheRiNe viDAL

MiSe eN SCÈNe : CATheRiNe viDAL

3, 6, 7, 8, 9, 10 et 11 mai 2013, 20 h – 4 mai 2013, 15 h (relâche le 5 mai)

l’équiPe de SPectAcle Conception du décor et des accessoires : Julie Measroch Conception des costumes : Elen Ewing Conception des éclairages : Alexandre Pilon-Guay Conception sonore : Francis Rossignol et Catherine Vidal Assistance à la mise en scène : Alexandra Sutto Régie : Joannie D’Amours Régie de plateau : Geneviève Perreault Opérateur son : Serge Belleau

l’équiPe de Production Direction technique et de production : François Pilotte Sonorisation : Daniel Beaudoin Accessoires : Joannie d’Amours Réalisation des costumes : Madeleine Bélair et Tiffany Oschmann Réalisation du décor : Serge Belleau Vidéo : Mathieu Corriveau Maquillage : Pierre Lafontaine Photos du programme : Mathieu Corriveau Photographe de plateau : Robert Etcheverry Techniciens de scène : Serge Belleau, Alison Brien-Giroux, Joannie D’Amours et Geneviève Perreault

leS communicAtionSNancy Bélanger, Jocelyne Bouchard, Claudine Gagné, Louise Provost

leS enSeiGnAntS Direction : Benoît Dagenais Voix et parole : Carl Béchard Claquettes et danse : Bernard Bourgault Mouvement et yoga : Françoise Cadieux Improvisation : Raymond Cloutier Diction : Benoît Dagenais, Marie-Eve Pelletier et Danièle Panneton Combat : Huy Phong Doan Création, jeu caméra : Hubert Fielden Jeu, mouvement et masque : Suzanne Lantagne Analyse et culture, atelier de jeu à la caméra : Michel Monty Chant : Yves Morin Tragédie et comédie classiques : Nathalie Naubert Jeu laboratoire : Patricia Nolin Jeu Stanislavsky : Igor Ovadis Jeu et improvisation : Gilbert Sicotte Dramaturgie : Gilbert Turp

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lA diStriBution

1 Anne-mArie Binette Femme quinquagénaire Gérante de plancher Fille d’ascenseur

2 Antoine rivArd-nolin Frère aîné

3 cAtherine leBlond Inspectrice 2 La morte

4 cAtherine chABot Jeune femme

5 eliSABeth PAyeur

Inspectrice 1 Mère

6 emmAnuelle luSSier mArtinez Hasegawa Acheteuse

7 GuillAume rodriGue Adolescent Samouraï 1 Père Homme en combinaison bleue

8 KASiA mAlinowSKA Adolescente

9 olivier GervAiS-courcheSne Homme au bonnet

10 mAude roBerGe dumAS Présentatrice Femme Professeure

11 Simon BeAulé-BulmAn Acheteur Samouraï 2 Homme quinquagénaire Jeune homme Fils

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Le phénomène hikikomori survient dans une société qui prône la réussite à tout prix lorsque les pressions sociale, académique et parentale envahissent l’esprit et le quotidien des jeunes. Un hikikomori vit en retrait de la société et se confine volontaire-ment dans une chambre ou une autre pièce de la maison familiale, pendant une période de plus de six mois, jusqu’à ce qu’il décide de changer de mode de vie. À ne pas confondre avec l’agoraphobie, la peur des lieux publics, des espaces ouverts et de la foule, le syndrome hikikomori se pré-sente comme une dépression réactionnelle avec dépersonnali-sation passagère ou bouffée délirante, une sorte de phobie sociale qui mène l’individu à l’exclusion totale ou partielle de la société. L’hikikomori refuse l’implication relationnelle en évitant tout contact avec le monde extérieur, surtout s’il nécessite une communication, même non verbale, comme de passer à la caisse dans un super-marché. Les hikikomoris n’ont pas de réseau social, sinon virtuel puisque théoriquement anonyme et libre. L’hikikomori n’est toutefois ni grabataire, ni autiste, ni attardé mental. Il existe de très jeunes hikikomoris de 14 ans, mais certains d’entre eux frôlent la quarantaine. Ce comportement débute géné-ralement durant l’adolescence. Au Japon, en 2010, on en comptait environ 230 000  (0,2 % de la population) et ce nombre s’accroît, puisqu’en 2011 près de 264 000 hikikomoris

étaient dénombrés. On trouve des cas de comportement semblables en Espagne, en Italie, en Corée du Sud et, depuis peu, en France.

Quels facteurs propres au Japon, peuvent stimuler autant de jeunes à développer ce syndrome ? L’industrialisation sans limites que connaît le Japon depuis le XXe siècle ? Des changements de valeurs et de culture ? La pression sociale que subissent les jeunes Japonais ? Une frustration en lien avec des troubles qu’ils ont pu vivre à l’école telle l’intimidation ?

Assurément, il existe une forte pression parentale au moment des examens d’entrée dans les universités pour lesquels les jeunes Japonais se préparent tout au long de leur scolarité. L’échec peut donc déclencher un sentiment de haine de ces jeunes envers eux-mêmes, alors que la réussite et le succès génèrent l’amour et le respect de leur famille. L’échec, quant à lui, peut même mener l’individu à penser que son entourage ne l’aime plus. Pourquoi les familles acceptent-elles que leur fils ou leur fille demeure enfermé dans la maison pendant si longtemps ? D’une part, les parents éprouvent de la honte puisqu’ils y voient un échec personnel au sujet de l’éducation de leur enfant. Ils préfèrent taire ce comporte-ment d’exclusion sociale et subvenir aux besoins plutôt que de faire appel à de l’aide extérieure et risquer d’ébruiter la rumeur.

l’hiKiKomori Catherine Leblond

D’autre part, le Japon est un pays géographiquement à l’écart qui valorise l’isolation et la réclusion volontaire. Historiquement, ce pays a même été complètement fermé pendant les XVIIe et XVIIIe siècles. D’ailleurs, dans la littérature japonaise, on trouve plusieurs références à cette société close dans laquelle les moines, entre autres, s’isolaient volontairement pour écrire des œuvres littéraires.

Pour comprendre et expliquer en partie ce phénomène, qui se multiplie et s’élargit, il faut d’abord admettre que les hikikomoris sont bien plus que des personnes déprimées ou paresseuses ayant décidé d’être dépendantes de leur famille, et qu’il s’agit surtout d’un grave problème de société à la fois mystérieux et tabou.

http://japon.aujourdhuilemonde.com/les-hikikomori-un-probleme-insoluble

http://www.ponpokopon.net/hikikomori.html

http://fofole2service.skyrock.com/2196279479-les-hikikomori-phenomene-de-plus-en-recurant-au-Japon.html

http://www.decouvertes63.com/2011/11/25/le-phenomene-hikikomori/

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La légende veut que le théâtre japonais soit né d’un spectacle créé par les dieux pour faire sortir la déesse du soleil. À l’exté-rieur de sa grotte, elle vit tous les autres dieux chantant et dansant au milieu des champs de fleurs. Depuis, grâce au théâtre, le monde n’est plus définitivement plongé dans les ténèbres.

Bien que nous croyions à cette fable sympathique, l’histoire nous apprend que les premières activi-tés théâtrales japonaises se situent au début du Xe siècle. Elles découleraient des sarugaku, « les danses des singes », asso-ciées à la Chine et comparables à la commedia dell’arte et aux farces médiévales. Peu à peu, ces danses se raffinent pour devenir des sarugaku no-nô. Le mot nô vient d’un verbe signi-fiant pouvoir, être capable de, être puissant. Le nô est un théâtre traditionnel japonais qui se déroule sur une journée entière, composé de 5 pièces dramatiques qui varient entre 30 minutes et 3 heures. Chaque pièce est entrecoupée de saynètes comiques nommées kyogen. Le port du masque caractérise le théâtre nô, reconnu pour être un art extrêmement lent qui permet de faire ressortir

la beauté de la simplicité à un moment précis. Cette forme théâtrale était réservée aux nobles et aux samuraïs. Vers le XIVe siècle, Maître Zeami instaure ses propres règles et fonde le théâtre nô tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Au XVe siècle, une autre pratique théâtrale émerge chez les prosti-tuées, le kabuki; « ka » signifiant le chant, « bu » la danse et « ki » l’habileté technique. Les filles de joie reprennent le côté comique des kyogen du nô, et l’adaptent à une clientèle masculine adulte. Ces spectacles donnent lieu à plusieurs émeutes et forcent le shogunat à interdire le droit de jouer aux femmes. C’est alors que les hommes reprennent le flambeau, puisque la pratique est lucrative et populaire. Tous les personnages féminins sont dès lors personnifiés par des hommes. On les appelle onnagata. Ils jouent avec tant de précision et de talent que les onnagata sont propulsés au rang de vedettes. Naturellement, les acteurs sont lourdement maquillés. Aujourd’hui encore, bien que les femmes suivent des formations pour devenir des onnagata, elles ne détrônent pas les stars tradi-tionnelles masculines.

l’évolution deS formeS de théâtre jAPonAiSGuillaume Rodrigue

Au XIXe siècle, après trois siècles de réclusion volontaire, le Japon s’ouvre au monde extérieur et intègre à sa culture le mode de vie occidentale. L’Europe découvre alors le Japon et l’Extrême-Orient. Dans les années 1950, nombre d’artistes japonais se posent la question de l’identité japonaise dans la modernité. Après le bombardement d’Hiroshima, une nouvelle forme de danse-théâtre japonaise apparaît, le buto. Fondée par Tatsumi Hijikata, cette danse, proche de la performance, est un art extrêmement lent. L’artiste est presque nu, le corps est peint en blanc et le crâne rasé. Le buto aborde des thématiques univer-selles et se caractérise par sa poésie et son minimalisme.

Christine Shimizu, L’art japonais, Paris, Flammarion, Collection « La grammaire des styles », 1984

Scott, A.C. The Kabuki Theatre of Japan, London: George Allen & Unwin Ltd., 1955

La tradition secrète du Nô, Gallimard/Unesco, 1960Wikipédia

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À l’instar des différents peuples asiatiques, la culture japonaise est un incroyable amalgame de mœurs, de coutumes et de traditions qui laissent souvent les Occidentaux en état de choc. Le Japon se démarque, entre autres, par sa volonté de faire perdurer ses traditions culinaires, artistiques et sociales.

Ce pays a vécu une évolution singulière liée à différents régimes politiques. Dominé par le shogunat (empire dirigé par des shoguns, une forme de généraux pacificateurs), du début du XVIIe siècle jusqu’au milieu du XIXe, le Japon, pays insulaire, ferme ses portes au monde extérieur durant près de trois siècles. Cette période, dite période d’Edo, dotera le Japon d’une culture en marge de ses voisins asiatiques. Difficile

également de passer sous silence l’importance du samouraï (du mot saburau qui signifie servir), la figure emblématique du guerrier japonais, depuis plus d’un millénaire. De cet ordre guerrier découle un code d’honneur très strict dont l’influence se fait encore sentir aujourd’hui. Ces guerriers très rigides et rigoureux étaient, dès le jeune âge, coupés de tout excès d’affection, de plaisirs oisifs et de confort. Les jeunes samouraïs se soumettaient à un code où le devoir et l’ordre constituaient « l’essentiel ». Bien que cette époque guerrière soit révolue, on décèle encore aujourd’hui la présence de ces codes dans la société japonaise.

De nos jours, les jeunes sont soumis à un système d’éducation extrêmement sévère, axé sur la performance et la réussite. Le plus faible, s’il n’arrive pas à obtenir les résultats escomptés, est souvent laissé à lui-même ou abandonné. Il en découle un peuple extrêmement productif, rigoureux, acharné, très avancé technologiquement, mais refermé sur lui-même.

lA culture jAPonAiSeAntoine Rivard-Nolin

Les Japonais ont du mal à communiquer leurs émotions et l’échec est encore très mal perçu. En conséquence, le Japon est aux prises avec l’un des taux de suicide les plus élevés au monde (26 par 100 000 habitants). Ces suicides sont souvent reliés à des faillites personnelles, des revers en affaires et des difficultés dans le cheminement scolaire. Le suicide était déjà bien ancré chez les samouraïs qui pratiquaient le Hara Kiri, méthode pour s’enlever la vie à l’aide de son sabre, véhiculée comme une manière noble de se repentir de ses péchés. Bien que très peu de Hara Kiri se déroulent encore aujourd’hui, la pratique du suicide, elle, continue d’avoir des suites dans le Japon moderne. Un Japon, d’ailleurs, qui se démarque technologiquement et commercialement à l’échelle mondiale, mais qui vit assurément une crise sociale interne.

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