Terminologie d Affaire

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NEOLOGISMES ET TERMES D'EMPRUNT DANS LE FRANAIS DES AFFAIRES

Une tude de la terminologie en usage dans les offres d'emploi de la presse franaise

Jean SOUBRIER

INSA de Lyon, France

Depuis 1972, date laquelle fut cre au ministre de l'conomie et des Finances la toute premire commission de terminologie, pas moins de six arrts1 relatifs la terminologie conomique et financire ont t adopts par les gouvernements successifs. Ces arrts, qui rendent obligatoires ou fortement conseills plus de 250 termes dans les documents officiels ont pour but avou de faire disparatre de la langue des affaires bon nombre de termes emprunts l'anglo-amricain. Largement relays par la presse et par divers organismes publics ou privs, les travaux des terminologues ont bien sr contribu l'enrichissement du franais avec un certain succs. Dans quelle entreprise n'utilise-t-on pas quotidiennement aujourd'hui des mots comme crdit-bail, logiciel, dpart-usine et savoir-faire au lieu de leasing, software, ex-works et know-how, qui taient les seuls termes en usage voici vingt ans ? Toutefois ces russites terminologiques ne doivent pas occulter la ralit des faits. Les termes de la langue des affaires emprunts l'anglo-amricain demeurent toujours trs priss dans les milieux professionnels. Il n'est pour s'en convaincre que de lire les titres des ouvrages exposs au rayon entreprise, d'une librairie ou, plus simplement encore, de parcourir les pages conomiques et commerciales de la presse franaise. Pourtant, en l'absence de donnes chiffres, notre apprciation du phnomne ne peut tre que subjective et c'est pourquoi nous avons dcid d'entreprendre une tude sur la terminologie en usage dans les offres d'emploi publies dans la presse pour cadres. Ce choix s'est impos nous pour diffrentes raisons alliant des exigences d'ordre pratique des considrations plus thoriques.

Rdiges l'intention du candidat idal, les offres d'emploi concentrent en quelques mots l'image que l'entreprise veut donner d'elle-mme. Elles constituent ce titre un terrain d'observation privilgi. Par ailleurs il faut souligner que le support que nous avons retenu (presse gnraliste) publie des annonces couvrant de trs nombreux secteurs du monde professionnel et cela nous a permis d'avoir une vision assez large du phnomne. Enfin, et ce n'est pas la moindre de nos proccupations, les offres d'emploi, publies selon un rythme rgulier et facilement reprables au coeur d'un magazine simplifient grandement la constitution d'un corpus.

1 Arrts du: 29 novembre 1973, 18 fvrier 1987, 6 janvier 1989, 11 janvier 1990, 30 septembre 1991, 11 fvrier 1993.

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Cette tude, qui ne porte que sur un domaine trs circonscrit de la langue des affaires, s'est fix un triple objectif :Reprer et quantifier les emprunts l'anglo-amricain dans les offres d'emploi.

Vrifier l'hypothse selon laquelle les nologismes officiels ne connaissent qu'une trs faible diffusion auprs des utilisateurs professionnels.

Analyser, dans une perspective linguistique mais galement culturelle, les principaux facteurs qui freinent la diffusion des nologismes dans le monde des affaires et qui contribuent de ce fait l'utilisation plus ou moins gnralise d'une terminologie d'emprunt.

PRSENTATION DE L'TUDE

Afin de constituer notre corpus, nous avons choisi le supplment Russir publi chaque semaine par le magazine L'Express. Ce supplment dtachable, qui contient en moyenne plus d'une centaine d'offres d'emploi, prsente en outre l'avantage d'appartenir un trs vaste service d'offres d'emploi accessible sur Internet auquel nous avons eu recours ultrieurement. Nous avons procd au dpouillement de 12 numros successifs (n 2389 au n 2400 entre le 17 avril et le 3 juillet 1997) et tudi 1473 offres d'emploi rdiges en franais (les quelques offres d'emploi rdiges en anglais n'ont bien sr pas t prises en compte).

MTHODOLOGIE

La premire question qui s'est pose nous fut celle du reprage des emprunts l'anglais dans notre corpus. Sans rentrer dans le dtail de la problmatique du reprage qui reste fondamentalement lie toute activit terminologique2 nous rsumerons ici les choix que nous avons faits :

Quand on parle d'emprunt linguistique, c'est d'abord aux mots que l'on pense3 et bien naturellement nous avons relev tous les termes dont la graphie trahissait l'vidence l'importation lexmatique, c'est--dire l'emprunt de signe complet la fois comme expression et comme contenu4 par exemple : leader, start up, sourcing, challenge , etc.

Nous avons aussi relev quelques graphies hybrides manifestement situes entre anglais et franais comme marchandising, mixt, tlmarketing, entreprenarial ou encore nes d'une inversion de deux termes comme mix marketing.

C'est avoir une ide bien superficielle de l'anglicisme que de ne le considrer que comme un mot emprunt. D'une part nous n'empruntons pas que des mots, et d'autre part il ne s'agit pas toujours du signe complet mais de son expression ou de son contenu

CHUKWU, Uzoma (1993): Le reprage des termes dans un corpus bilingue anglais/franais.

Thse de Doctorat dirige par Ph. Thoiron, Facult des langues. Universit Lumire Lyon 2, 545p.

DEROY, Louis (1956): L'emprunt linguistique, Bruxelles, St. d'dition Les belles lettres, p.67.

HFLER, Manfred (1982) : Dictionnaire des anglicismes, Paris, Larousse, p.VI.

404Nologismes et termes d'emprunt dans le franais des affaires

seulement5. Cette remarque de Josette Rey-Debove nous a incit relever, en marge de notre liste principale, une autre srie d'emprunts traditionnellement dcrits comme des anglicismes clandestins ou anglicismes smantiques. Nous avons ainsi runi des mots (cf. Annexe B) ayant dj fait l'objet d'un dbat ancien (ex : contrle, opportunit, approche, attractif) et rpertoris dans de nombreux ouvrages6, mais aussi des mots d'introduction beaucoup plus rcente qui tmoignent de l'volution de notre langue (dveloppeur = responsable de l'accroissement du volume d'affaires, junior = dbutant, senior = confirm, tre en charge = tre responsable de, etc.). Toutefois, nous avons pris le parti de ne pas comptabiliser ces emprunts smantiques dans notre liste principale dans la mesure o il n'y a pas vritablement d'importation lexmatique mais seulement importation de structure smantique.

Nous n'avons pas non plus retenu dans notre liste principale les emprunts l'anglais qui ont t officiellement franciss aprs consultation des diverses commissions de terminologie. Ces emprunts officiels sont des termes dont la forme initiale est parfaitement compatible avec notre systme morpho-phonologique et qui, de ce fait, ne posent pas de rel problme d'assimilation (ex. : management, maintenance etc.).

Nous n'avons pas davantage retenu les drivations d'emprunts totalement francises dans leur forme (ex. : vous managerez un centre de profit... ou vos qualits managriales...) mme si celles-ci sont parfaitement contestables comme, par exemple, le terme profitabilit.

RSULTATS

Au terme de notre phase de reprage nous avons pu tablir une liste de 142 emprunts lexicaux l'anglais (mots simples ou mots composs) relevs dans 1473 offres d'emploi. Cette liste que nous prsentons sous forme de tableau en Annexe A, appelle un certain nombre de commentaires.

L'lment le plus important de cette liste figure dans les chiffres placs en regard de chaque entre. Ces chiffres indiquent les occurrences enregistres pour chacun des emprunts. Ces occurrences varient de 542 1. Mais le fait le plus surprenant est que deux mots, marketing et leader, totalisent eux seuls prs de 65 % des occurrences releves.

Inversement, on constate que plus de la moiti des emprunts relevs (83 sur 142) n'ont qu'une seule occurrence dans notre corpus.

Par ailleurs nous avons cherch quantifier la frquence moyenne d'emploi des termes d'emprunts dans l'ensemble de notre coipus.

REY-DEBOVE, J. et G. GAGNON (1980) : Le dictionnaire des anglicismes, Paris, Le Robert, p. IX.

REY-DEBOVE, J. et G. GAGNON (1980) : Le dictionnaire des anglicismes, Paris, Le Robert. WALTER, Henriette et Grard WALTER (1991) : Dictionnaire des mots d'origine trangre,

Paris, Larousse. WALTER, Henriette (1997) : L'aventure des mots venus d'ailleurs, Paris, Robert Laffont.

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