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1 Te mau reo mā’ohi Les langues de Polynésie ’Ia ora na Kia ora Ena kotou Ka’oha nui ’Ia ora Aroga X

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Te mau reo m ā’ohi Les langues de Polynésie

’Ia ora na Kia ora

‘Ena kotou

Ka’oha nui

’Ia ora

‘Aroga

X

Evaluation psycholinguistique des programmes d’enseignement bilingue français/tahitien en Polynésie française

Communication orale dans le cadre du

11ème Inter-congrès des Sciences du Pacifique

& 2ndes Assises de la recherche française dans le Pacifique

Tahiti, 2-6 mars 2009

Session 4 — Culture et politique : les enjeux de la modernité

Mirose Paia, Isabelle Nocus, Jacques Vernaudon

Contexte diglossique: le poids de l’histoire coloniale …

� Implantation missionnaire fin du XVIIIè siècle– Scolarisation des tahitiens / Création d’écoles religieuses (à partir

de 1806);– Publication de plus d’une centaine d’ouvrages religieux et

scolaires en tahitien.

� Politique de francisation (à partir de 1857)– Usage interdit de la langue tahitienne dans les écoles / Création

des écoles françaises;

– Fin des sanctions infligées aux élèves parlant le tahitien (1970).

Contexte diglossique: les actions de scolarisation

� A partir des années 80: Reconnaissance des langues polynésiennes et

introduction à l’école

– Admission de la langue tahitienne au baccalauréat en 1981.

– Ouverture du DEUG de Reo mä’ohi (1990), d’une Licence de Langues et Civilisation Polynésienne (1993), d’un CAPES tahitien-français (1991).

– 20/10/1982 : Enseignement obligatoire du Reo Mä’ohi en maternelle et en élémentaire (2h40 / hebdomadaires).

– Loi organique 2004 portant les statuts de la Polynésie française (art. 57).

« La langue tahitienne est une matière enseignée dans le cadre de l'horaire

normal des écoles maternelles et primaires, dans les établissements du second

degré et dans les établissements d'enseignement supérieur.»

Quels constats en 2005 ?

� Demande de formation des maîtres (locuteurs et non locuteurs)

� Enseignement des langues polynésiennes assuré de manière partielle dans les écoles (peu de motivation, folklore…)

� Insuffisance d’outils et de supports pédagogiques

� Problèmes sociolinguistiques propres au contexte diglossique (dévalorisation des langues polynésiennes, mélange des langues, double contradiction…)

=> Sur le modèle calédonien, mise en place d’une expérimentation visant au renforcement de l’enseignement des langues et de la culture polynésiennes àl’école primaire.

Le dispositif d’expérimentation LCP (2005-2008)

– Objectifs de l’enseignement LCP: •• PPéédagogiquedagogique :: Contribuer au développement personnel de l’enfant et à sa réussite scolaire

•• PatrimonialPatrimonial : Valoriser le patrimoine linguistique et culturel polynésien et participer à sa transmission

•• SociSociéétaltal :: Apprendre à vivre ensemble en valorisant la diversité culturelle et linguistique

–– RecrutementRecrutement et formation de 19 enseignantsformation de 19 enseignants « locuteurs natifs » en langues polynésiennes à la rentrée scolaire 2005-2006. (400 h de formation)

–– AffectationAffectation aux aux cycles 1 et 2.cycles 1 et 2.–– EnseignementEnseignement du ProgrammeProgramme scolaire franscolaire franççaisais (+ compétences culturelles)

en langues polynlangues polynéésiennessiennes– à raison de 5 heures hebdomadaires (1h par jour) par niveau scolaire.–– 1537 1537 ééllèèves, sur 13 circonscriptions, ves, sur 13 circonscriptions, 15 sites concernconcernééss.

MINISTÈREDE L’ÉDUCATION

chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche

Évaluation du dispositif LCP: contrat de recherche

�� DemandeurDemandeur :: le Ministère de l’éducation de la Polynésie française & la Direction de l’Enseignement Primaire

�� Objectif Objectif :: évaluer les effets du dispositif «l’Enseignement des langues et de la culture polynésienne à l’école primaire de la Polynésie française » (dispositif LCP) sur le développement du langage et la réussite scolaire.

�� Langue choisie Langue choisie :: tahitien

�� 77 des 15 sites expérimentaux

�� Mise en Mise en œœuvreuvre ::

– Jacques VERNAUDON, Laboratoire Transcultures de l’Université de Nouvelle-Calédonie.

– Mirose PAIA, (INALCO, Paris), détachée à la DEP

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Participants

Cohortes Groupes Âge moyen à la 5ème session

Effectifs

Contrôle 62 Cohorte 1 (n= 131)

Expérimental

5 ;10 ans

69

Contrôle 70 Cohorte 2 (n= 157)

Expérimental

6 ;10 ans

87

Contrôle 75 Cohorte3 (n= 133)

Expérimental

7 ;10 mois

58

421 Tableau n° 2: Récapitulatif des participants (effectifs, âge) en fonction des groupes (contrôles vs expérimentaux)

Un groupe contrôle + un groupe expérimental appariés sur l’âge, le sexe, la CSP des parents, le QI non-verbal, le niveau initial en vocabulaire en français et le degré de pratique de la langue maternelle.

PS-MS-GS

MS-GS-CP

GS-CP-CE1

Profils langagiers des élèves

D’après l’enquête réalisée auprès des familles:• Les 3/4 des familles interrogées sont bilingues tahitien/français. • 54% des parents s’adressent à leur enfant le plus souvent en français ou dans un mélange tahitien-français (28%). •La grande majorité des enfants (plus de 83%) répond en français à son entourage. •Rares sont les enfants qui utilisent alternativement le tahitien et le français (moins de 14%), ou le tahitien uniquement (moins de 5%).

•Le tahitien est la langue d'origine d'au moins trois quart des enfants, mais la

plupart ne l’ont pas comme véritable langue maternelle.

•Le tahitien demeure bien une langue de socialisation très présente.

•La proportion de parents qui pensent que sa transmission est importante (97%)

révèle également sa très forte légitimité.

Procédure

Cohorte 1 Cohorte 2 Cohorte 3

Janvier 2006 : Constitution des classes expérimentales 1ère

session (+ 4 mois)

Avril 2006 (3ème trimestre)

PS MS GS

2ème session (+ 9 mois)

Septembre 2006 (1er trimestre)

MS GS CP

3ème session

(+ 16 mois)

Avril 2007 (3ème trimestre)

MS GS CP

4ème session

(+ 21 mois)

Septembre 2007 (1er trimestre)

GS CP CE1

5ème session

(+28 mois)

Avril 2008 (3ème trimestre)

GS CP CE1

Tableau n°1 : Calendrier des évaluations et niveaux scolaires correspondants

Pour tous les élèves :• En français : 5 épreuves de la batterie d’Évaluation du

Langage Oral (ELO, Khomsi, 2001) • En tahitien : 5 épreuves inspirées du ELO

• Lexique en réception LexR• Lexique en production LexP• Compréhension immédiate CI• Production d’énoncés Morsyn• Répétition d’énoncés Repsyn

Outils d’évaluation

Épreuves complémentaires: indicateurs de réussite scolaire

Pour les élèves en fin de GS :• 1 épreuve de reconnaissance de lettres, mots et non-mots

Pour les élèves en GS et CP :• 1 épreuve de phonologie (DEP, 2001)

Pour les élèves en CP et CE1 :• 1 épreuve d’identification de mots écrits (Khomsi, 2001) en français et en tahitien ;• 1 épreuve numérique (DEP, 2001)

Résultats : Progrès des élèves dans les épreuves langagières

Les groupes contrôles et expérimentauxprogressent significativement dans les deux langues :-le dispositif LCP ne nuit pas au développement du français;

-tous les élèves évoluent bien dans un milieu bi ou plurilingue.

Effet du dispositif sur le tahitien : comparaison expé vs contrôle

� Quelles que soient la cohorte et la compétence, dès la 2ème session, il existe un effet massif du dispositif LCP.

� Les différences se creusent au fil des sessions

� Les effets sont plus nets pour les plus jeunes.

0

1

2

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Moy

. cel

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LexP

t1

LexP

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LexP

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LexP

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LexP

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Cell

expérimentale

contrôle

Graphique des interactions pour LexPt1-5 Effet : Catégorie pour LexPt1-5 * classe

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Moy

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LexP

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LexP

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LexP

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Cell

expérimentale

contrôle

Graphique des interactions pour LexPt1-5 Effet : Catégorie pour LexPt1-5 * classe

Cohorte 3

GS-CP-CE1Cohorte 1

PS-MS-GS

Effet du dispositif sur le français: comparaison expé vs contrôle� Quelles que soient la cohorte et la compétence, pas de différence

entre les 2 groupes globalement.

Cohorte 3

GS-CP-CE1

Cohorte 1

PS-MS-GS

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Graphique des interactions pour LexPf1-5 Effet : Catégorie pour LexPf1-5 * classe

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22,5

Moy

. cel

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LexP

f1

LexP

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LexP

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LexP

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Cell

expérimentale

contrôle

Graphique des interactions pour LexPf1-5 Effet : Catégorie pour LexPf1-5 * classe

� Les groupes expé présentent un retard en sessions 2, 3 et 4 mais rattrapent ce retard à la session 5.

� Les groupes expé présentent un retard en sessions 2, 3 et 4 mais rattrapent ce retard à la session 5.

Effet du dispositif LCP sur le français écrit et les mathématiques

� Pas de différences entre les 2 groupes pour les cohortes 1 & 2

Cohorte 3

GS-CP-CE1

0

5

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Moy

. cel

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IMEftot2 IMEf3 IMEf4 IMEf5Cell

expérimentale

contrôle

Graphique des interactions pour IMEf2-5 Effet : Catégorie pour IMEf2-5 * classe

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Moy

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Mathf2 Mathf3 Mathf4 Mathf5Cell

expérimentale

contrôle

Graphique des interactions pour math2-5 Effet : Catégorie pour math2-5 * classe

� Pour groupe expé de la cohorte 3 : retard en IME et mathsau CP puis performances identiques à groupe contrôle au CE1.

� Pour groupe expé de la cohorte 3 : retard en IME et mathsau CP puis performances identiques à groupe contrôle au CE1.

Liens et contributions entre les compétences orales et écrites en français et en tahitien (modèle provisoire)

GS

Compétences en français

Vocabulaire &

Compréhension et production syntaxique

CP Identification du mot écrit

Compétences en tahitien

Vocabulaire &

Compréhension et production syntaxique

Identification du mot écrit

Vocabulaire &

Compréhension et production syntaxique

Compréhension et production syntaxique

Vocabulaire &

Compréhension et production syntaxique

Vocabulaire &

Compréhension

et production syntaxique

CE1 Identification du mot écrit

Identification du mot écrit

Effets de facteurs secondaires� Effet « classes » : forte hétérogénéité dans les résultats au sein

des 7 classes expérimentales

�la mise en œuvre du programme pédagogique n’est probablement pas effectuée avec la même intensité et la même régularité dans tous les sites.

� Effet « sites » (Moorea vs Tahiti)

� La pratique du tahitien semble plus renforcée à Moorea, notamment par la famille, et les effets du dispositif y sont encore plus nets sur le tahitien.

� Effet « cohortes » (1 vs 2 vs 3)

� cohorte 1 = cohorte 2 > cohorte 3

� Effet nombre d’heures d’enseignement:

� NC (0h/5h) vs PF (2h40/5h)

Conclusions

1. Effet massif du dispositif LCP sur le tahitien.

2. Ralentissement du développement des compétences orales en français du groupe expépar rapport au groupe contrôle, puis plus de différence en fin d’étude.

2. Ralentissement du développement des compétences orales en français du groupe expépar rapport au groupe contrôle, puis plus de différence en fin d’étude.

3. Pas d’effet immédiat de transfert sur l’écrit, mais même niveau en fin de longitudinale.

3. Pas d’effet immédiat de transfert sur l’écrit, mais même niveau en fin de longitudinale.

Réplication des résultats d’un dispositif analogue évalué en Nouvelle-Calédonie (Nocus, Florin, Guimard et Vernaudon, 2007)

En accord avec l’ensemble de la littérature internationale sur le développement bilingue (pour une revue, voir Bialystok, 2001).

En accord avec l’hypothèse de Cummins (1979; 2001) mais aussi avec l’hypothèse de Geva et al (1997)

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MāāāāuruuruMerci Tei koa hoki

Māāāāro’i nui koùtau nui Togia