11
HAL Id: hal-00929357 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00929357 Submitted on 1 Jan 1993 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. État de la recherche caprine, notamment sur le lait de chèvre : cas des pays européens non méditerranéens P Morand-Fehr To cite this version: P Morand-Fehr. État de la recherche caprine, notamment sur le lait de chèvre: cas des pays européens non méditerranéens. Le Lait, INRA Editions, 1993, 73 (5_6), pp.455-464. hal-00929357

État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

  • Upload
    others

  • View
    5

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

HAL Id: hal-00929357https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00929357

Submitted on 1 Jan 1993

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

État de la recherche caprine, notamment sur le lait dechèvre : cas des pays européens non méditerranéens

P Morand-Fehr

To cite this version:P Morand-Fehr. État de la recherche caprine, notamment sur le lait de chèvre : cas des pays européensnon méditerranéens. Le Lait, INRA Editions, 1993, 73 (5_6), pp.455-464. �hal-00929357�

Page 2: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

Lait (1993) 73, 455-464

© ElsevierliNRA455

Lait de chèvre en Europe

État de la recherche caprine, notammentsur le lait de chèvre: cas des pays européens

non méditerranéens

P Morand-Fehr

Station de nutrition et alimentation, INRA, Institut national agronomique Paris-Grignon,16, rue Claude-Bernard, 75231 Paris Cedex 05, France

Résumé - La présente étude a pour objectif de caractériser la recherche caprine en Europe et, enparticulier, dans les pays européens non méditerranéens. Les travaux publiés de 1982 à 1992 dansle domaine caprin ont représenté 17% des articles sur les ruminants en 1982 mais 22% en 1992.Les articles traitant de la composition du lait ou de technologie laitière représentent 7,8% environdes articles publiés sur les caprins au cours des 12 derniers mois d'avril 1992 à avril 1993 dans labanque de données du CAB. Les articles européens représentent 30% du total des articles publiésdans le monde sur les caprins, la France 21% du total européen, les autres pays méditerranéens(Portugal, Espagne, Italie, Yougoslavie, Grèce) 31%, le Royaume-Uni 13%, l'Allemagne 10%, laSuisse 4%, la Scandinavie 10% et l'ex-Europe de l'Est 8%. Parmi les thèmes de recherches patholo-giques les plus fréquemment étudiés, il faut citer dans les pays européens non méditerranéens lesparasitoses (Royaume-Uni, Norvège, Danemark, Roumanie) mais aussi les sujets d'actualitécomme l'arthrite encéphalite caprine (CAE) (Allemagne, Royaume-Uni, Norvège, Suisse, Autriche)et l'acquisition de l'immunité chez le jeune (Roumanie). Peu de travaux en génétique, sinon la sélec-tion pour améliorer la résistance aux maladies (Norvège). Les études sur la reproduction se focali-sent sur l'ovulation et notamment l'effet de photopériodisme (Norvège, Royaume-Uni), la congélationdu sperme (Allemagne), la superovulation (Allemagne) et le diagnostic de gestation (Allemagne,Royaume-Uni). Les travaux sur l'alimentation de la chèvre laitière se poursuivent au Royaume-Uniet en Norvège, et sur l'alimentation de la chèvre productrice de poils en Écosse. La nutrition et lemétabolisme minéral ont été réactivés à la suite de l'accident de Tchernobyl et des pollutions indus-trielles: P, Ca, Mg, Na (Royaume-Uni, Allemagne, Suisse), Se, Ni, Cu (Allemagne, Hongrie, Suisse,Finlande). Enfin, 2 sujets très en vue ces dernières années, qui ont déjà été bien travaillés enFrance: l'effet de l'hormone de croissance (Royaume-Uni) et le métabolisme du glucose commeprincipal facteur limitant à la production laitière (Allemagne, Suisse) ont été poursuivis. Les re-cherches des pays européens non méditerranéens sur le lait et les produits laitiers caprins se carac-térisent par leur position de faibles producteurs et d'importateurs de produits laitiers. Beaucoup derecherches sont réalisées sur la composition et la qualité diététique du lait (Allemagne, Suède, Bel-gique) sur la qualité hygiénique (Royaume-Uni), et sur sa pollution par des éléments radioactifs(Norvège, Russie, Suisse), par la somatotropine injectée (Royaume-Uni) par des médicaments(Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérationsretiennent l'attention en Allemagne, Royaume-Uni, Norvège et Autriche. Les recherches de techno-logie laitière sont limitées dans ces pays: structure des caséines (Allemagne, Pologne), traitement àla chaleur (Allemagne), technologie pour fabriquer du yogourt (Norvège). Les recherches caprineseffectuées dans les pays européens non méditerranéens sont très rarement réalisées par des cher-

Page 3: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

456 P Morand-Fehr

cheurs ne travaillant que sur les caprins qu'ils utilisent fréquemment comme modèle expérimental.Néanmoins, elles sont le plus souvent de très bonne qualité notamment en pathologie, nutrition, re-production et qualité hygiénique du lait et du fromage. Elles doivent profiter aux pays européens pro-ducteurs ; c'est ce à quoi s'emploie, entre autres, le réseau FAo-CIHEAM de recherches coopéra-tives sur les ovins et les caprins.

pays européens non méditerranéens 1 recherche caprine liait de chèvre

Summary - The state of caprine research, particularly as regards goat's milk, in non-Mediterranean European countries. The aim of this study was to characterize goat research in Eu-rope, particularly in non-Mediterranean European countries (NMEC). In 1982, only 17% of studies onruminants dealt with goats as against 22% in 1992. For the last year ~e April 1992-April 1993), ~7.8% of papers pubtished on goats in the CAB international databank have dealt with goat's milk com-position or technology. Thirty percent of papers on goats pubtished throughout the world are Europe-an, with France contributing 21 % of the European total, Mediterranean countries (Portugal, Spain, Ita-Iy, ex-Yugoslavia, Greece) 31%, the UK 13%, Germany 10%, Scandinavia 10%, ex-East Europeancountries 8% and Switzerland 4%. In the NMEC, research on goat pathology is important, parasitosisbeing one of the most frequently studied diseases (the UK, Norway, Denmark, Romania), but currentissues have also been investigated such as CAE (caprine arthritics encephalitis) (Germany, the UK,Norway, Sweden, Switzerland, Austria) and acquired immunity in young goats (Romania). Little re-search has been carried out in genetics except on selection to improve disease resistance (Norway).Studies related to reproduction have been focussed on ovulation, particularly on the effects of photo-periodicity (Norway, the UK) semen freezing (Germany), superovulation (Germany) and pregnancy di-agnosis (the UK, Germany). Research on dairy goat nutrition is ongoing in Norway, the UK and onthe nutrition of the hair-producing goat in Scotland. Studies on mineraI nutrition and metabotism havebeen reactivated after the Chernobyl disaster and indus trial pollution: on P, Ca, Na and K (the UK,Germany, Switzerland), Se, Ni and Cu (Germany, Hungary, Switzerland, Finland). Lastly, research on2 important subjects, already weil studied in France, has been developed, ie: in the UK, the effect ofgrowth hormone ; and in Germany and Switzerland, glucose metabotism as the main factor timitingmilk secretion. NMEC research on milk and cheeses has been characterized by their position as timit-ed producers and importers of goat's milk products. A large amount of research has been carried outon milk composition and dietetic quatity (Germany, Sweden, Belgium), hygienic quatity (the UK), pol-lution by radioactive elements (Norway, Russia, Switzerland), injected somatotropin (the UK), drugs(the UK) or insecticides (Denmark), Methods for detecting adulteration with other milks have beenstudied in Germany, the UK, Norway and Austria. Research on milk technology has been timited: thestructure of caseins (Germany and Poland), heat treatment (Germany), and yoghurt (Norway). In theNMEC, caprine research is rarely carried out by researchers working exclusively on goats. The latterare used as experimental models. Nevertheless, these studies are frequently of high quatity, perticu-larlyas regards pathology, nutrition, reproduction, and the hygienic quatity of milk and cheeses. Theyshould be of benefit to goat cheese and meat producing Mediterranean countries. This is one of thepurposes of FAO-ICAMA's network of cooperative research on sheep and goats.

non-Mediterranean European countries (NMEC) / goat research / goat's milk

APERÇU HISTORIQUE causes. La plupart des pays industrialisésont réduit leur élevage caprin au 1ge siècleet dans la première moitié du 20e siècleparce que, entre autres, il était le témoind'une certaine pauvreté. Lorsqu'il persis-tait, les éleveurs caprins, pour des causes

La recherche caprine ne s'est développéeréellement que depuis 30-35 ans, en toutcas plus tardivement que chez les ovins etles bovins. Ce fait est dû à diverses

Page 4: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

Étatde la recherchecaprine

sociologiques et culturelles, étaient moinsouverts que d'autres au progrès technique.Enfin la recherche sur les grandes es-pèces (volaille, porc, bovin) a absorbédans un premier temps la plupart des cher-cheurs mais il faut bien avouer que s'inté-resser à l'espèce caprine risquait de moinsfavoriser une promotion professionnelleque des travaux sur bovins ou ovins.

Néanmoins, très tôt en Europe, des re-cherches sur les ruminants, souvent trèsintéressantes, ont utilisé la chèvre commematériel animal. C'est le cas de la Grande-Bretagne, de la Scandinavie, de laFrance...

À partir des années 60, la recherche surdes thèmes liés aux productions caprinesa pu se développer dans les pays euro-péens, en tout cas dans les pays quiavaient gardé un élevage caprin actif,d'abord en France (génétique et reproduc-tion puis nutrition, pathologie et technolo-gie laitière), en Norvège et ensuite en Es-pagne, en Italie...

Enfin les recherches à partir de 1970-1975 se sont fortement développées danscertains pays asiatiques, africains et sud-américains, grâce au financement des or-ganisations internationales (FAD, BanqueMondiale, CEE... ) ou de l'aide bilatérale.Des thèmes de recherches répondant auxproblèmes posés par le développement del'élevage caprin en zone tropicale sècheou humide sont apparus en Europe dansdes instituts de recherche spécialisés ounon, en particulier dans le Bénélux, enGrande-Bretagne, en Allemagne, enFrance et en Scandinavie.

QUELQUES CARACTÉRISTIQUES DELA RECHERCHE CAPRINE EN EUROPE

Malgré les difficultés accrues pour financerles recherches dans certains pays euro-péens au cours des dernières années, la

457

situation qui vient d'être décrite est encoretrès actuelle en 1993 parce qu'elle distin-gue l'Europe méditerranéenne où se trou-vent 80% environ des effectifs caprins del'Europe (90% si l'on inclut les pays del'Est: Yougoslavie, Bulgarie et Roumanie,FAD 1991), et l'Europe non méditerra-néenne où l'élevage caprin n'a plus qu'uncaractère résiduel (moins de 10% des ef-fectifs européens).

.Dans les pays méditerranéens euro-péens, la recherche caprine s'est dévelop-pée pour répondre aux besoins de l'éle-vage caprin. La recherche sur les aspectstropicaux, malgré la position géographiquede ces pays, est encore assez peu déve-loppée sauf en France, et dans unemoindre mesure, en Espagne.

Dans les pays du Nord de l'Europe, lachèvre sert de modèle expérimental enphysiologie animale, en reproduction, ennutrition, en pathologie... De plus lesthèmes liés à l'élevage caprin tropical sesont développés, notamment en patholo-gie, utilisation des aliments, évaluation desgénotypes... Mais dans ces pays où l'éle-vage caprin est faiblement développé, uneposition d'importateur de produits caprins,en particulier de produits laitiers, a suscitéle développement d'une recherche sur laqualité diététique et hygiénique du lait, cer-tains aspects de pathologie et enfin sur lacaractérisation des produits caprins.

La France a une position charnièreentre ces 2 groupes de pays, par le déve-loppement de son élevage caprin en vuenotamment de la production de fromages,en raison de son passé colonial et du dé-veloppement précoce de ses rechercheszootechniques. La Norvège, et la Suisse,sont aussi parmi les pays du Nord ceux quiont le plus développé les recherches appli-quées à l'élevage et aux productions ca-prins.

Actuellement les recherches caprinesen Europe ont encore une dimension limi-

Page 5: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

458 P Morand-Fehr

tée et souvent assez peu structurée sur leplan national en raison en particulier decertaines politiques régionales récemmentmises en place. En Europe du Nord, saufen Norvège, il y a très peu de chercheursspécialisés en caprins, mais plutôt deschercheurs spécialisés en pathologie, re-production, nutrition, qui sont amenés defaçon épisodique à traiter des sujets ca-prins.

En Europe méditerranéenne, les cher-cheurs spécialisés en caprins sont sou-vent polyvalents et peuvent jouer un rôledans le développement. Dans certainscas, leur isolement et leur difficulté pourobtenir un soutien de la recherche scienti-fique spécialisée est un handicap pour ledéveloppement de la recherche caprine.

Toutefois, pour pallier ces inconvé-nients, différentes structures internatio-nales ont été mises en place. Le groupeA7 de la Fédération internationale de laite-rie (responsable : JC Le Jaouen) s'inté-resse aux recherches conduites en tech-nologie laitière pour les laits d'espècessecondaires (bufflesse, brebis, chèvre). Legroupe «petits ruminants» de l'organisa-tion ICAR s'occupe de toutes les mé-thodes de contrôle ou de mesure sur ani-maux, et en particulier du contrôle laitier(responsable: F Barillet). Le réseau de re-cherches coopératives sur les ovins et lescaprins soutenus par le bureau européende l'organisation pour l'alimentation etl'agriculture des Nations-Unies (FAO) etpar le Centre international des Hautesétudes agronomiques méditerranéennes(CIHEAM) (responsable: P Morand-Fehr)a pour mission de développer les re-cherches coopératives qui puissent contri-buer à améliorer les revenus et le bien-être des éleveurs de petits ruminants,mais aussi à combler l'isolement des cher-cheurs spécialisés notamment en caprins.Pour cela, ce réseau s'est attaché à entre-prendre des travaux qui pour être effi-caces doivent être entrepris sur plusieurs

sites géographiques, selon un protocoledéfini en commun. Actuellement, il estconstitué de 3 sous-réseaux: systèmes deproduction, matériel animal et nutrition, etde nombreux groupes de travail. Il est trèsattaché à publier le résultat de ses travaux.Parmi les principaux documents publiéspar ce réseau, citons: Évaluation desovins et des caprins méditerranéens, Goatnutrition, Terres collectives en Méditerra-née, Systèmes de production caprins.

OBJECTIFS DE LA PRÉSENTE ÉTUDE

Dans la première étude, nous nous propo-sons d'analyser l'état de la recherche ca-prine dans les pays européens non médi-terranéens (PENM) puisque dans lesjournées scientifiques et techniques du laitde chèvre organisées à Surgères, des ex-posés sont prévus sur l'état de la re-cherche en Espagne, au Portugal, en Italieet en France.

Toutefois, nous évoquerons rapidementles pays de l'ex-Europe de l'Est, classésgénéralement ou assimilés à la zone médi-terranéenne: Yougoslavie, Bulgarie, Rou-manie. Nous nous attacherons à estimer lepoids de la recherche caprine et surtout àidentifier les thèmes de recherches en in-sistant sur celles relatives au lait dechèvre, qui ont été récemment abordéesou qui font actuellement l'objet de pro-grammes de recherches dans ces pays.

Pour cela, nous avons utilisé cinqsources d'information:- S1 : activités des équipes faisant partiedu réseau FAO-CIHEAM précédemmentévoqué;- S2 : actualisation du répertoire publié parKing (1988) et édité par CAB International;- S3: Symposia ou conférences récentscomme les Proceedings of the 5th Interna-tional Symposium on machine milking of

Page 6: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

Étatde la recherchecaprine

small ruminants (Budapest, May 14-20,1993) and of V International Conferenceon goats (New-Delhi,March 2-8,1992) ;- S4 : articles publiés au cours des 10 der-nières années (1982-1992) sur les caprins,stockés dans la banque de données docu-mentaires du CAB International; cettesource, qui a été utilisée pour les analysesquantitatives, présente des risques d'im-précision; plusieurs publications peuventtraiter les résultats d'un même travail expé-rimentai ; les études sur l'ensemble des ru-minants (dont les caprins) ont le mêmepoids que les études spécifiques sur ca-prins; les articles de synthèse comptentde la même façon que les travaux expéri-mentaux originaux;- S5 : une analyse sur 1 452 articles pu-bliés dans le monde, répertoriés dans labanque de données du CAB Internationalentre avril 1992 et avril 1993 (CAB Abst1992-1993), et traitant spécifiquement descaprins dans des travaux expérimentauxoriginaux ; les articles redondants, les syn-thèses bibliographiques et les études nonoriginales ont été éliminés. Cette sélectiond'articles a servi à identifier les pays pu-bliant les articles de recherche caprine, etles thèmes de recherches traités.

En effet l'information sur les articles pu-bliés a été privilégiée par rapport au pro-gramme annoncé des stations de re-cherches parce qu'en réalité, il est apparuque dans certains pays, une distorsion im-portante existe entre les travaux réalisés etles programmes de recherches affichés.

IMPORTANCE RELATIVEDE LA RECHERCHE CAPRINE

La source d'information S4 a permis d'ap-précier l'importance des articles évoquantou traitant des caprins publiés dans lemonde au cours des dernières années. Sile nombre des publications sur les rurni-

459

nants et sur les caprins a baissé au coursdes 10 dernières années en raison de lacrise dans les pays en développement etdans certains pays développés, la propor-tion des articles sur les caprins par rapportà ceux traitant des ruminants ou d'une es-pèce de ruminants a été en augmentationrégulière de 17% en 1982 à 22% en 1992(fig 1A), ce qui signifie que les caprins sontrelativement de plus en plus étudiés.

La même source d'information indiqueque les articles ayant trait à la compositiondu lait ou à la technologie laitière caprinesont en nombre variable d'une année àl'autre mais tendent à se maintenir à unnombre de 150-170 publications par andepuis 1984. Leur proportion par rapport àl'ensemble des articles se rapportant auxcaprins a été en augmentation de 1982 à1984, puis a fluctué pour se stabiliser à 8-10% (fig 1B).

Ces observations confirment bien l'im-portance de la recherche sur la productionlaitière et l'utilisation du lait de chèvre. Lasource d'information S5, bon observatoirede la situation actuelle de la recherche ca-prine, permet de constater que l'Europehors ex-URSS publie actuellement environ30% des articles originaux sur les caprins,pour un effectif caprin représentant 2,9%des effectifs mondiaux (FAO, 1991), ce quimontre le poids de la recherche caprine enEurope (tableau 1). Les PNEM publient en-viron 50% de l'ensemble des articles origi-naux publiés sur les caprins par l'ensemblede l'Europe sans l'ex-URSS pour un effec-tif de moins de 10%; c'est dire l'impor-tance de la recherche de l'Europe non mé-diterranéenne.

La France vient en tête des pays euro-péens (21% des publications européenneset 6,4% des publications mondiales der-rière l'Inde, 24% et les États-Unis, 7,4%)devant l'Espagne: 14,1%, la Grande-Bretagne: 13,1%, l'Allemagne: 10,1%,l'Italie: 7,9%, la Grèce: 5%, le Danemark:

Page 7: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

460 P Morand-Fehr

4,1%, la Suisse: 3,8% et la Norvège:3,6% (tableau Il).

La répartition des thèmes de re-cherches caprines au niveau mondial estindiquée au tableau III grâce à la sourced'information S5. La pathologie est lethème dominant traité en recherche ca-prine (environ 40%) devant la nutrition-alimentation (21,3%) la physiologie de la

"" PubllcallonsChèvrea

22

21

20

19

18

17 +----+Année 82

14

12

10

8

6

4

2

oAnnée 82

reproduction (9,1%), l'anatomie-physio-logie générale (8,7%), alors que les ar-ticles sur le lait (composition, qualité, tech-nologie laitière) atteignaient 7,8%, pour-centage bien supérieur à celui des autresproductions: carcasses, viande, poils. Lestravaux sur la génétique des caprins et surles systèmes d'élevage caprins sont ennombre plus limité.

A22 22

17

87 88 89 90 91 9283 84 85 86

B"" Publlcallons lait de chèvre

83 84 85

12,1

86 87 88 89 90 91 92

Fig 1. A. Pourcentage des publications «chèvres" dans les publications «ruminants". B. Pourcen-tage des publications «lait" dans les publications «chèvres".A. Percent of papers on goats of ail the papers published on ruminants. B. Percent of papers ongoat's milk of ail the papers published on goats.

Page 8: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

État de la recherche caprine

Tableau 1. Origine des articles scientifiques pu-bliés sur les caprins (CAB, période avril 19921avril 1993).Sources of scientific papers on goats throughoutthe world (CAB: period from April 19921April1993).

Articles Effectifsscientifiques (FAO, 1991)

Total 1452 521 millionsde têtes

Asie 37,0% 55,9%Amérique du Nord 12,2% 2,9%Amérique centrale+ Caraïbes 0,4% 0,3%Amérique du Sud 3,3% 4,2%Afrique 13,5% 32,4%Océanie 4,6% 0,4%Europe 30,4% 2,9%

THÈMES DE RECHERCHES CAPRINESEN EUROPE NON MÉDITERRANÉENNE

L'analyse sur les thèmes de recherchescaprines dans les PENM a été réalisée àpartir des sources d'information S5 et S1,S2, S3. Nous n'avons pas retenu lesthèmes spécifiques relatifs à l'élevage ca-prin dans les pays en développement maisseulement ceux ayant trait aux problèmesposés par l'élevage et les productions ca-prines en Europe en analysant particulière-ment les sujets relatifs au lait de chèvre.

Sujets relatifs à la production caprine

Les études sur la pathologie caprine sesont sensiblement développées au coursdes dernières années et en particulier surles parasitoses; à titre d'exemple, mention-nons que la biologie des parasites est étu-diée en Norvège et en Roumanie, les

461

Tableau Il. Origine des articles publiés sur lescaprins en Europe (CAB, période avril 19921avril1993).Sources of scientific papers published on goatsin Europe (CAB: period from April 1992/April1993).

Articles Effectifsscientifiques

Total 442 15,2 millionsde têtes

France 21,0% 7,2%Espagne 14,3% 20,4%Italie 7,9% 7,9%Grèce 5,0% 39,3%Portugal 0,7% 4,9%Grande-Bretagne 13,1% 0,4%Allemagne 10,4% 0,5%.Benelux 2,3% 0,3%Suisse 3,8% 0,6%Autriche 1,1% 1,7%Ex-Yougoslavie 2,7%Russie 2,9%Ex pays de l'Est 5,2% 10,6%Danemark 4,1%Norvège 3,6% 0,7%Suède 1,6%

Total paysméditerranéens 48,9% 79,7%

Total pays nonméditerranéens 51,1% 20,3%

conditions d'utilisation des divers anthel-minthiques et la résistance des chèvres àces produits en Yougoslavie et auRoyaume-Uni, le profil parasitaire en fonc-tion des conditions d'élevage dans diverspays et la fasciolose au Danemark en par-ticulier.

Par ailleurs, une équipe de Cambridge(Royaume-Uni) s'intéresse à la Iymphadé-nite caséeuse et une équipe d'Uppsala(Suède), aux souches de mycoplasmesprésentes chez les caprins.

L'arthrite-encéphalite caprine (CAE) faitl'objet de nombreuses études sur la situa-

Page 9: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

462 P Morand-Fehr

Tableau III. Secteurs de recherches faisantl'objet d'articles scientifiques sur les caprins (pu-bliés dans les CAB entre avril 1992 et avril1993).Topies of scientifie papers on goats (publishedin CAB from April 1992 to April 1993).

PathologieDont parasitologie

NutritionDont utilisation des aliments

Anato-physiologieDont physiologie de la reproduction

Génétique sélectionDont évaluation des races

ProduitsDont lait produits laitiers

Carcasses viande

Systèmes d'élevage

39,7%15,1%

21,3%7,7%

17,8%9,1%

5,9%3,6%

10,8%7,8%1,4%

4,5%

tion épidémiologique des différents pays,sur les méthodes de détection et sur lescaractéristiques du virus (Allemagne,Suisse, Autriche, Royaume-Uni, Norvège).

Dans le domaine de la reproduction, lestravaux entrepris cherchent surtout à amé-liorer les résultats d'insémination artificielleen étudiant la congélation de sperme (Alle-magne) et les effets de la PMSG (PregnantMare Serum Gonadotropin), d'autres hor-mones et du photo-périodisme sur l'œstrus(Royaume-Uni), à mettre en évidence lescauses de mauvais résultats de reproduc-tion dans les élevages (Norvège), à amélio-rer les techniques de diagnostic de gesta-tion (Allemagne, Royaume-Uni) et enfin àétudier la superovulation en vue de mettreau point les techniques de transfert d'em-bryons (Allemagne).

Il n'est pas étonnant que les travaux degénétique sur les caprins dans les PENMsoient très réduits; Nous n'en avons paseu connaissance à l'exception de la Nor-vège et de la Suisse sur la chèvre laitière

et en Écosse sur la chèvre productrice depoils. Mais l'espèce caprine peut être utili-sée comme modèle animal pour étudier lasélection sur la réponse immunitaire et surla résistance aux maladies, comme enNorvège.

Les travaux de nutrition sur caprins sontrelativement nombreux en raison de l'utili-sation de la chèvre et souvent de la chèvrenaine comme modèle de ruminant; ce quiest le cas en Allemagne et en Suisse, quide cette façon ont réduit leur coût expéri-mentaI. C'est ainsi que des travaux sur larégulation de l'ingestion sont réalisés enHollande, sur le métabolisme azoté durumen en Bulgarie et en Suisse et sur larégulation hormonale des métabolismeslipidique et glucidique (Suisse, Allemagne).Comme en France, des travaux démarrenten Allemagne sur le métabolisme duglucose en tant que principal facteur limi-tant de la production laitière du ruminant.Les oligo-éléments, en particulier ceux quipeuvent être liés à des pollutions indus-trielles comme le sélénium, le nickel, le mo-lybdène et le cadmium sont aussi très étu-diés chez la chèvre en Allemagne, Hongrie,Suisse et Finlande, et notamment leur impli-cation dans des carences secondaires.

Le Royaume-Uni entreprend des re-cherches déjà bien développées enFrance et en Norvège sur la nutrition deshautes. productrices de lait et mêmeanalyse les effets de l'hormone de crois-sance sur les performances laitières. LaHollande et la Norvège poursuivent desétudes sur l'alimentation lactée deschevreaux, et la Russie, sur l'intérêt del'urée chez le che-vreau sevré. Enfinl'Écosse travaille sur la nutrition deschèvres productrices de poils, en particu-lier sur les répercussions de la quantité etde la nature de l'apport azoté sur la pro-duction et la qualité du poil.

Des sujets déjà très étudiés dansd'autres espèces comme la production de

Page 10: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

État de la recherche caprine

biogaz à partir de fumier de chèvre et lestress au cours du transport en relationavec le bien-être des animaux sont étudiésrespectivement en Allemagne et auRoyaume-Uni.

Sujets relatifs au lait de chèvre

Une importante recherche s'est développéeau cours de ces dernières années dans lesPENM sur la valeur nutritionnelle,diététi-

que et hygiénique du lait de chèvre.La composition en acides gras est étu-

diée notamment en Tchécoslovaquie, lacomposition et la structure. des caséinesau Royaume-Uni, en Allemagne et en Po-logne, la composition minérale en Belgiqueet plus particulièrement la biodisponibilitédu fer du lait de chèvre en Suède.

Mais la préoccupation essentielle résidedans la présence dans le lait de chèvre,d'éléments à risque pour la santé humaine.La catastrophe de Tchernobyl a entraînédes travaux sur la radioactivité du lait dechèvre et notamment la présence decœslurn et de strontium (Russie, Norvège,Suisse). Mais la présence de résidus d'in-secticides ou de médicaments inquiète leDanemark et le Royaume-Uni.

Des travaux sur la qualité hygiénique dulait se sont développés en Grande-Bretagne sur les germes pathogènes et no-tamment les listeria, sur la méthode pourdéceler les laits mammiteux (Autriche).

Autres recherches qui révèlent les pré-occupations de ces pays consommateursde lait et de produits laitiers caprins: cellesqui tendent à améliorer les techniquespour déceler l'adultération de ces produitspar des laits d'autres espèces, afin de défi-nir des règles commerciales efficaces(Royaume-Uni, Autriche, Allemagne, Nor-vège).

En revanche, il existe très peu de tra-vaux sur la technologie laitière en raison

463

de la faible activité de fabrication de cespays. La Norvège se préoccupe des nou-veaux produits en travaillant la fabricationdu yogourt de chèvre, et l'Allemagne étu-die les effets de la chaleur sur les caracté-ristiques du lait de chèvre.

CONCLUSION

La recherche caprine dans l'Europe nonméditerranéenne n'est pas à négliger enraison de sa qualité scientifique. Ce n'estpas une recherche tournée vers la produc-tion ; en effet les recherches sur la généti-que et la sélection, sur l'utilisation des ali-ments et sur les systèmes d'élevage,excepté en production de poils en Écosseet de lait en Norvège sont peu dévelop-pées. En revanche, des points d'excel-lence en pathologie, en nutrition-métabolisme, et même en reproduction ap-paraissent à travers les travaux où lachèvre est utilisée comme modèle de rumi-nants. En outre, les travaux conduits sur lavaleur diététique, nutritionnelle et hygiéni-que du lait de chèvre sont très intéres-sants. Ils traduisent les préoccupationsdes consommateurs de ces pays où l'Eu-rope méditerranéenne tend à exporter sesproduits. Peut-être faudrait-il même entenir compte pour mieux cibler les efforts àl'exportation. De toute façon, ces travauxdevraient inciter à l'avenir, l'Europe médi-terranéenne à être très exigeante vis-à-visde la qualité du lait de chèvre et de sesproduits transformés, condition nécessairepour développer des relations commer-ciales avec ces pays.

REMERCIEMENTS

Nous remercions tous ceux qui nous ont appor-té des informations pour cet article, en particu-lier E Tuncel (Turquie), Emilia D Leitao (Portu-gal), Y Hatziminaoglou (Grèce), N Tzanetakis(Grèce), A Falagan (Espagne), G Haenlein (Eu),

Page 11: État de la recherche caprine, notamment sur le lait de ... · (Royaume-Uni) ou par des insecticides (Danemark). Enfin les méthodes détectant des adultérations retiennent l'attention

464 P Morand-Fehr

T Skjevdal (Norvège), R Daccord (Suisse), MTrabalza-Marinucci (Italie), S Kukovics (Hong-rie) et R Rubino (Italie).

RÉFÉRENCESFAO (1991) FAO Quat Bull Stat 3, 1, 105 PKing IWB (1988) Directory of current research on

sheep and goats. CAB Int Oxon, UK, 271 P

CAB Abstracts (1992-1993) Profiles: goats.Sorties 1993 : 16-4; 20-3; 22-2; 12-2; 1992 :21-12,5-12,29-10; 9-10, 21-8, 31-7, 20-6, 19-5,8-4

Summaries of the 5th Intem Symp on machinemilking of small ruminants. Budapest (Hunga-ry) May 14-20-1993, 192 P

Proceedings of the 5th Intern Conf on goats,New Delhi (India), March 2-8, 1992, 5 vo-lumes